Le Grand Jeu
Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Le parc et son sous-bois => Discussion démarrée par: Erwan Mc Laan le jeudi 24 février 2011, 22:43:09
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" Qu'est ce que je fais là ? "
Il se massa les tempes, d'un geste vif. Et entendit, à ses côtés, celle qui l'accompagnait vomir violemment.
" Ah, je me souviens ... "
Il se releva, les yeux embués.
" Putain. "
Et il la regarda. Déjà, elle s'éloignait. Il détestait les adolescentes qui se croyaient capable d'ingurgiter de l'alcool pour venir le vomir ensuite. Et s'enfuir, sans demander son reste. Tout lui revint en tête ... Ah oui, cette soirée, cette jeune fille charmante ... Qu'il emmena dans sa voiture, avec des arrières-pensées qu'elle partageait, au vue de ce qu'elle lui disait ...
Juste qu'à ce qu'elle vomisse. Et qu'une migraine l'attrape, lui. Il mit ses mains dans ses poches, inspectant les environs. Boisés, tiens, ces fameux environs. Était-ce un parc ? Il fit quelques pas dans une direction, au hasard. Et entendit des bruits. Sourds.
Une autre jeune fille, tiens. Qu'il ne connaissait pas ... Que faisait-elle là ? Il se sentit brusquement l'âme d'un voyeur , et cessa toute activité. Quand quelque chose retint son attention. Deux hommes, un peu trop peu-commodes sur les bords. Un " Putain ... " s'échappa d'entre ses lèvres.
Ce genre de cons, il détestait. Il remarqua que, déjà, ils s'attaquaient à cette inconnue. D'un geste vif, il sortit de sa poche ce-fabuleux-pistolet-qui-lance-des-décharges-électriques - dont il ne savait pas prononcer le nom, d'ailleurs - et avança d'un pas rapide, sans aucune discrétion, dans leur direction. L'un des deux - celui qui ne tenait pas la jeune fille par les poignets, le vit.
Chtounk, une décharge.
Le second la lâcha, justement, pour venir régler le compte de ce jeune inconnu-téméraire.
Chtounk, une décharge. Encore.
Il se massa à nouveau les tempes, relevant son visage vers elle, après avoir surveillé les deux corps inanimés sur le sol. Avec son long manteau noir, il devait effrayer, lui aussi.
- Je ne sais pas si ... C'est ça, le destin ... essaya t'il d'argumenter.
Il se mordit la lèvre inférieure.
- Je suis ... ravi.
Un sourire furtif.
- Vous allez bien ?
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La journée avait été rude. Après être passée chez elle pour prendre un bon bain chaud, elle avait décidé de sortir. Il faisait chaud dehors, et ça faisait longtemps qu'elle ne s'était pas permis une petite balade. Enfin balade, elle voulait aller au cinéma. Habillée d'une simple robe courte, elle avait pris son sac à main, ses clés, ses clopes, son porte-monnaie, et était sortie. Le film était... Long, et ennuyant. Vraiment. Le terme de "film d'action" ne convenait, dans ce cas, pas vraiment. Déçue, elle était sortie alors que la séance n'était pas terminée, histoire de se changer les idées. Posée devant le cinéma, elle sortit une cigarette de son paquet, un briquet, et l'alluma. Ah, cette bonne vieille sensation de nicotine qui remplit vos poumons. Exquis.
Lisbeth bailla. Non pas qu'elle était fatiguée, mais plutôt qu'elle s'ennuyait. Elle qui pensait passer une bonne soirée tranquille pépère, ben c'était foutu... C'est alors qu'elle entendit un ricanement sur sa droite. Haussant un sourcil, elle ne bougea pas, mais tourna son regard. Deux hommes la regardaient du coin de l'oeil, un vieux sourire pervers aux lèvres. Aie. Leurs intentions n'étaient pas bien difficiles à deviner. La jeune femme soupira. Non, ce n'était décidément pas sa soirée. Elle mit son sac à main sur son épaule, et partit. Elle ne marchait pas vite, essayant d'avoir l'air le plus naturel possible.
Elle ne chercha pas à savoir où elle allait, cherchant plutôt à semer les deux lascars qui la suivaient. Ils lui avaient emboité le pas directement, sans se poser de questions. Déglutissant lentement, elle finit par arriver dans un espèce de parc, envahi par les arbres. Là, elle se mit à courir. Ils accélérèrent eux aussi le pas, puis se mirent carrément à la courser. Pas très grande et plutôt frêle, ils ne mirent pas longtemps à la dépasser. Elle s'arrêta, jetant sa cigarette un peu plus loin, et plongea son regard dans les leurs. Ils étaient costauds, quand même...
"Qu'est-ce que vous me voulez ?"
L'un des deux gars s'approcha d'elle. Lisbeth fit un pas en arrière.
"C'est toi qu'on veut."
Sans prendre la peine de lui expliquer quoi que ce soit, l'autre gars vint lui attraper les poignées. Coincée, Lisbeth tenta de le mordre, sans succès.
"Le premier qui m'touche, j'le bute."
"Ha ha, toi ? Laisse-moi rire."
Elle le savait, qu'elle était fichue. Mais, peut-être qu'en leur faisant peur ou qu'en les occupant, elle aurait une chance... ? Lorsque celui qui ne la tenait pas empoigna l'un de ses seins, elle ne put s'empêcher de lui mettre un coup de pied bien placé.L'homme la regarda alors avec fureur tandis que l'autre pouffait de rire.
"Tu n'aurais jamais dû faire ça."
Lisbeth déglutit de nouveau. Celui qui la tenait s'apprêtait à la toucher lorsqu'il s'écroula d'un coup. Prise dans le feu de l'action, la jeune femme n'avait pas vu un autre homme arriver, et leva les yeux au ciel. Encore un ?! Ah. Peut-être pas. Il venait de mettre l'autre gars KO. Puis il lui parla. Le destin ? Hein ? Ravi ?! Lisbeth replaça sa robe correctement, se maudissant intérieurement d'en avoir mis une aussi courte. Les membres tremblants, elle s'écroula par-terre. C'est qu'elle avait besoin de reprendre ses esprits, hein. Puis elle leva son regard vers cet homme, celui qui l'avait sauvée, envers qui elle avait une dette, maintenant...
"M-Merci... Je... Non, ça va pas trop... J-Je sais pas ce que j'aurais fait sans vous..."
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- Tout le plaisir est pour moi.
Il jeta un regard - Ô combien méprisant - aux deux hommes, à terre. Ah, qu'il aimait faire la leçon, ainsi ! Et revint vers elle, pour l'aider au moins à s'asseoir sur un banc, non loin de là. Il l'aida, doucement, à se relever, sa main empoignant son bras, l'appuyant contre lui, puis il se décida à la porter - elle n'avait pas l'air en état de marcher pour le moment, et il voulait éviter la chute - pour venir l'asseoir sur ce banc. Doucement.
Pour tout dire, elle était bien légère, il n'avait pas souffert en la portant ainsi.
- Je pense que nous avons tous deux passés une soirée pour le moins ... déconcertante.
Il sentit un des deux corps remuer, et envoya une décharge. Ce qui eut pour résultat de le calmer. Par précaution, le deuxième en reçut une nouvelle. Il n'aimait pas jouer avec le feu, mais n'osait pas la ramener à sa voiture. Pour le moment, il n'était pas en parfait état de conduire. Il devait attendre encore ... Un quart d'heure, oui, et tout sera passé ... Il toussa, pour s'éclaircir la voix. Ce n'était même pas du bon vin ....
Puis il releva les yeux vers elle, des yeux clairs et fins, qui brillaient tout de même un peu trop - l'alcool - s'assurant qu'elle n'avait subie aucun autre méfait. Ses poignets avaient l'air endoloris ... Il attrapa entre ses mains ledit poignet, et constata rapidement que ce n'était qu'une ecchymose superficielle , cela disparaitrait vite. Cependant, curieux, il osa poser une question.
- Vous devez aimer cet endroit ... Pour y traîner à des heures aussi dangereuses.
Il sortit de sa propre poche une cigarette, et inspira une grande bouffée de tabac. Il sentit son cœur palpiter, et ses esprits revenir doucement. D'ici 5 minutes, il parviendrait sûrement à la conduire loin d'ici ... Il se sentait déjà un peu mieux.
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Complètement paralysée et apeurée, Lisbeth n'osait pas bouger d'un poil. Cet homme, qui était venu la sauver... Est-ce qu'elle pouvait lui faire confiance ? Il était apparu comme ça au bon moment, mais... Et si, lui aussi, il avait des idées malsaines ? La jeune femme secoua la tête, comme pour se répondre intérieurement. Non, il avait l'air gentil. Il ne lui ferait pas de mal... Ou tout du moins, pas autant que les deux autres gogols avaient failli lui faire. Un petit cri s'échappa d'entre ses lèvres lorsqu'elle sentit le jeune homme la soulever. Ses deux mains s'agrippèrent à sa nuque et elle nicha son visage dans son cou, avant de s'assoir sur un banc, situé non loin. Elle s'assit bien droit, les mains sur les cuisses, et sourit faiblement lorsqu'il parla.
"Soirée déconcertante... Effectivement. Soirée assez étrange, même..."
Lisbeth sursauta ensuite. Deux nouvelles décharges électriques s'échappèrent du pistolet du jeune homme, afin de paralyser complètement les deux autres mecs. Puis il plongea son regard dans le sien. Là, elle ne sut pas trop comment réagir, étant un peu gênée. Elle ne parvenait pas à détourner le regard. Elle était capable de se noyer complètement dans ses yeux. Puis il lui attrapa le poignet. La jeune donzelle s'empourpra légèrement et se passa rapidement sa main libre dans les cheveux, ses yeux -cette fois-ci- s'échappant des siens. Elle haussa un sourcil en l'entendant de nouveau parler.
"Euh... Non... Pas vraiment. J'étais au cinéma à l'origine... Mais comme le film ne m'a pas plu, je suis sortie fumer une cigarette, quand j'ai vu ces deux hommes m'observer. Sans réfléchir, je suis partie, et... J'ai atterri là."
Un petit sourire timide sur les lèvres, elle le regarda ensuite faire, prenant sa cigarette et l'allumant. Ouais, c'était pas une mauvaise idée. Elle aurait bien besoin de fumer, elle aussi. Elle bougea alors ses mains tremblantes de peur -encore- dans son sac à main et en ressortit une cigarette, qu'elle alluma de suite après. La nicotine la calma un peu. Mais juste un peu. Malgré tout, elle tremblait toujours. Elle reposa ensuite son regard vers celui de son sauveur, n'osant plus le poser dans le sien. Ses yeux vagabondèrent sur ses cheveux, son visage, globalement, ses lèvres, son torse...
"Et.. Tu t'appelles comment ? Moi, c'est Lizzy..."
Elle l'avait tutoyé, et ne s'en était même pas rendue compte. Tirant de nouveau sur sa clope, elle attendit une réponse, essayant de calmer ses tremblements.
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Il toussa légèrement, ouvrant grand les yeux. Qui il était ? Reprends tes esprits ... Il se posa, un moment, sans rien répondre. Là, ça y est, il était capable de conduire. Et de réagir normalement. Il se releva du banc, pour se dégourdir les jambes, non sans la quitter du regard ... Dingue ce que la vie offrait comme dangers. Il s'en rendait sincèrement compte, aujourd'hui même. Mais il ne devait pas se concentrer sur cela, non, ce n'était pas le moment de philosopher sur la vie et ses méfaits, il aurait toute sa soirée pour ça. Ou sa nuit ... Ses insomnies devenaient malignes, ces temps-ci. Il ne pouvait les chasser, et passait ses nuits à chercher une inspiration qui ne venait pas, pour lui permettre d'écrire à nouveau quelques vers ...
Il sourit, décidé à répondre.
- Je m'appelle ... Erwan. Erwan Mc Laan.
Il ne put s'empêcher d'ajouter :
- Je suis français.
Détail inutile, mais on l'aurait jugé écossais ... Et il détestait ça. Il revint vers elle, la choyant du regard. Il ne voulait pas l'effrayer, qu'elle se mette à partir en courant en pensant qu'il était un psychopathe doublé d'un taré. Il n'avait plus cette lueur dans le regard ... Il avait cuvé doucement cet alcool dégueulasse qu'il avait ingurgité plus tôt.
- J'ai une voiture ... Je peux nous ... éloigner d'ici.
Il se releva, reprenant contenance. Et regarda au loin, évitant de lui souffler la fumée dans le visage.
- Ce serait préférable pour vous ...
Pourquoi cherchait-il à la protéger ? Il pouvait la laisser là, ne pas s'en charger, juger qu'il avait déjà suffisamment de soucis ... Mais il s'en sentait incapable. Il s'en voudrait, s'il lui arrivait le moindre mal ... Étrangement.
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Lisbeth s'était accrochée. Accrochée à lui. A l'espoir qu'il représentait pour elle. L'espoir de l'emmener loin d'ici et de lui faire oublier cette soirée. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais c'était comme ça. Même si elle avait peur, elle lui faisait petit à petit confiance. S'il n'avait pas été là... Qui sait ce qui se serait passé ? Elle tira une nouvelle fois sur se cigarette, son regard dérivant de temps à autre vers le corps du jeune homme. Ah. Erwan, qu'il s'appelait... Prénom qu'elle appréciait beaucoup. Il était Français ? Un sourire se dessina progressivement sur les lèvres de Lisbeth.
"Je suis Anglaise."
Pourquoi elle avait dit ça, elle n'en savait rien. Mais elle avait ressenti le besoin de lui préciser. En même temps, il avait bien dû voir qu'elle n'était pas Japonaise. Lisbeth porta de nouveau son tube de nicotine et de goudron à ses lèvres. Elle était devenue accro en moins d'une semaine. Pathétique. Mais, au moins, ça la calmait. Un peu... Erwan parla de nouveau. Ce qu'il dit... Lisbeth releva soudainement le visage, plongeant cette fois-ci son regard dans le sien. Ses yeux à elle étaient emplis d'une peur, d'une incertitude, d'un besoin d'être rassurée, mais aussi d'une lueur d'espoir, de confiance... Une voiture...
"Oh... Eh bien, d'accord... Je te... Suis..."
Elle se leva, doucement. Ses jambes tremblaient encore -moins qu'avant-, mais elle était encore toute tremblante. Ses muscles avaient bien plus de mal à se remettre de cet épisode que sa tête. Secouant le visage, elle tira une dernière taffe, jeta sa cigarette par-terre, et l'écrasa doucement. Elle mit son sac à main sur son épaule, et se passa une main dans les cheveux. Elle avait encore un peu de mal à tenir debout. Mais elle ferait l'effort de marcher jusqu'à sa voiture.
Elle leva de nouveau le visage vers lui, un sourire un peu plus franc planté sur ses lèvres.
"Allons-y."
Elle enfonça ses deux mains dans les poches de sa robe et leva davantage la tête, jusqu'à poser son regard sur le ciel étoilé. Ses yeux brillaient, les étoiles s'y reflétant. Et, à l'intérieur d'elle-même, Lisbeth espéra qu'elle ne faisait pas une bêtise...
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Après cet épisode, restait à se souvenir d'où était cette voiture. A l'orée du parc, sans doute ... Il avait la fâcheuse habitude de se garer hors des parkings et des endroits qui avaient comme but, à la base, d'être tout, sauf des endroits pour y nicher la voiture. Surtout ce soir ... Après avoir un peu bu, et surtout dans l'urgence que la première jeune fille qu'il avait rencontré vomisse ce qu'elle avait -trop- bue, il n'avait pas dû faire attention. Il lui fit signe de le suivre, sans pour autant partir loin devant elle. Il comptait rester prés d'elle, histoire qu'il ne lui arrive rien d'autre. T'es con, t'es loin d'être un ange gardien .... Il arriva au bout de sa cigarette, et la jeta derrière lui, sans délicatesse.
- Anglaise, dis-tu ?
Il eut un sourire.
- Comme Sir Edward Brune-Jones ...
Un de ses peintres favoris ... Il la toisa, la dévisageant un moment. On la jurerait sortie d'un tableau, un de ces portraits devant lequel vous vous attardez, parce que quelque chose brille sous cette peinture. Le goût du mystère ...
Il reconnut rapidement la forme de sa voiture, au loin, et pressa le pas. En quelques gestes, elle clignota, s'alluma, et les laissa entrer. Sa voiture sentait un peu trop le tabac, ces temps-ci. Ses insomnies le conduisait à traîner partout, une clope au bec. Il lui ouvrit la portière, l'installant à l'avant, et démarra en trombe.
Elle cala. Une fois. Puis elle repartie vers la route, et il conduisit, se retenant de fumer à nouveau. Non, il ne voulait pas passer pour un toxico.
Il faisait noir, les lampadaires n'étaient pas très rassurants ... Tandis que quelques endroits étaient tapissés de lumières, d'autres étaient dans le noir le plus complet, laissant entendre que n'importe qui pouvait se trouver dissimulé sous ses formes étranges. Il connaissait la route, il la connaissait bien.
Il reconnut les formes de son appartement, là-bas ; un bel et grand immeuble, qui se dressait de manière phénoménale au milieu d'un quartier calme et reposé. A savoir, un parc léger, digne d'un jardin à la française, et quelques autres bâtiments chics et reposants. Son appartement était dans un ton " Art Nouveau ", digne d'un hôtel d'Horta. Il s'arrêta, regardant autour de lui.
Puis il la regarda.
- Nous y sommes.
Il avait repris ce ton froid, l'alcool avait disparu de son corps. Il redevenait lui-même. Il lui fit signe de le suivre, à nouveau. A cette heure, rien n'était ni sûr, ni tranquille. Il l'emmena donc chez lui, au troisiéme étage, dans quel but ... ? La mettre en sécurité, sans doute. Il la fit donc entrer, refermant la porte dans un silence profond. La pièce principale de cet appartement n'avait rien de vraiment audacieux ; si ce n'est une ambiance empreinte d'orientalisme , et de romantisme, avec des reproductions de Friedrich et de Delacroix sur les murs.
Il la fit asseoir sur un canapé aux allures Louis XV, sobre et audacieux - qu'il avait déniché en France, avant de partir - , face à " La mort d'Ophélie " de Millais ( un peintre britannique ) et disparut pour aller chercher de quoi la soigner.
- J'espère que ... Tu n'es pas effrayée.
Il se retint d'ajouter qu'il ne lui voulait aucun mal, cela n'était jamais rassurant. Puis il revint, face à elle, posant quelques affaires sur une table basse en ébène.
- N'aie pas peur, je ne te ferais pas de mal. assura t'il.
Il lui tendit la main, afin qu'elle y pose son poignet, qui risquait d'être douloureux s'il ne faisait rien.
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Tout était si... Étrange... A peine un quart d'heure avant, elle manquait se faire violer -et qui sait, peut-être même tuer.
Maintenant, elle était en compagnie d'un autre homme, tout à fait charmant soit-dit en passant, mais qui... Lisbeth ne savait pas vraiment quoi en penser. Il apparaissait d'un coup comme ça pour la sauver, décidait de rester avec elle... Elle faisait donc si pitié que ça ? A moins qu'il ne veuille lui aussi profiter d'elle... ? Elle aurait pu partir, et le laisser là, le remerciant d'un simple geste de la main. Mais non. Le mystère et la curiosité l'avaient emporté. Elle était intriguée. Très intriguée. Erwan ne semblait pas méchant, aux premiers abords... Mais peut-être n'était-ce qu'une façade ? Tu te poses trop de questions ma vieille... Elle fut étonnée qu'il connaisse le nom de ce peintre. Du XIXème siècle, seuls ceux qui s'intéressaient vraiment à l'art pouvaient en avoir entendu parler.
Ils finirent par arriver jusqu'à sa voiture. Là, Lisbeth esquissa un moment de recul. Principalement quand il lui dit de monter. Se mordant la lèvre inférieure, elle ne savait pas quoi faire. Et... Et si elle faisait une bêtise, en acceptant de le suivre ? Après tout, ils ne se connaissaient pas... Et pourquoi accepterait-il de l'aider. Raa, elle se posait trop de questions. Elle jeta un rapide coup d'oeil vers le jeune homme. Et, s'arrêtant de réfléchir, grimpa dans l'automobile. L'odeur de la cigarette ne la dérangeait pas. Grande fumeuse, elle comprenait ce qu'il pouvait ressentir, et pourquoi il pouvait fumer autant.
"C'est gentil de m'aider..."
La jeune demoiselle ne vit rien du paysage. Pas très à l'aise, elle préféra fermer les yeux, se laissant aller dans ce silence, à la fois froid et serein. Des tonnes de questions se bousculaient dans sa tête, mais elles n'osaient pas les lui poser, de peur de le brusquer, de le faire fuir, qu'il lui fasse du mal, qu'il ne comprenne pas vraiment là où elle voulait en venir. Ce fut une nouvelle fois la voix d'Erwan qui la tira de ses rêveries. L'immeuble dans lequel il habitait n'avait rien de particulier, plutôt banal même. C'était le paysage autour qui était sinistre et glauque. Un frisson lui parcourut l'échine. Non, elle n'était vraiment pas rassurée.
Ils montèrent jusqu'au troisième étage, et pénétrèrent dans l'appartement du garçon. Lisbeth regarda tout autour d'elle, émerveillée. Peu de personnes avaient autant de goût. On aurait dit une gamine devant son premier bonbon. Elle tourna ensuite son visage vers Erwan, un petit sourire timide aux lèvres.
"Non... Ça va. J'ai un peu froid, mais je n'ai pas peur. C'est gentil de t'en préoccuper."
Assise sur un canapé très agréable, elle profita de l'absence du jeune homme pour regarder un peu partout, et ancrer le maximum d'images dans sa tête. C'était vraiment beau chez lui, très agréable, très convivial. Ne le voyant pas revenir, elle prit appui sur le côté du canapé et tenta de se relever. Mais se rassit de suite. Son poignet gauche lui faisait décidément mal. Soupirant, elle leva le visage en le voyant finalement revenir avec quelques affaires, sûrement pour la soigner. Elle s'empourpra alors de nouveau.
"Tu n'es pas obligé de faire tout ça pour moi..."
Elle avait dit ça dans un murmure. Audible, mais un murmure. Sana attendre, elle présenta son poignet à Erwan. Poignet qui commençait à prendre une vilaine couleur violette. Grimaçant en le voyant, elle sentit de nouveau un frisson la parcourir lorsqu'il prit son poignet dans sa main, et qu'il commença à appliquer de la pommade dessus. On aurait pu croire que c'était le fait que la pommade soit froide qui la fasse frissonner, mais non. C'était ses mains. Il avait la peau douce... Détournant le regard, elle trouva subitement un grand intérêt pour le sol.
"Et euh... Tu fais quoi dans la vie ?"
... Question conne. Mais elle ne savait pas quoi dire. Elle était plus que gênée par la situation. Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes, d'être aussi timide. Mais là, c'était... Différent, sans qu'elle sache l'expliquer.
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Avec un sourire, il ne put s'empêcher de lui répondre.
- Laisse-moi t'aider, tu pourras t'exprimer ensuite.
Il releva les yeux. Il aurait dû le savoir ; il était intimidant. Beaucoup (trop) de gens lui avaient dit qu'il était déstabilisant. Un point en moins, ou en plus ... Enfin, en ce moment même, ça avait le mérite de le mettre un peu mal à l'aise.
Cette sensation disparut aussitôt qu'elle posa cette question. Il fronça les sourcils. Devait-il dire la vérité ? Il ne se voyait absolument lui dire qu'il gérait une boite de striptease, elle s'en défenestrerais. Il pourrait toujours essayer de compenser avec un "C'est de l'Art, tu sais ?" ... Mais personne n'y croirait. Il releva les yeux vers elle. Quel âge pouvait-elle avoir ? Elle semblait si fine, si jeune ... Il se retint de poser la question. Plus tard, il s'en inquiéterait.
- Je suis ...
Il fouilla dans sa mémoire.
- Écrivain.
Il faillit se mettre une claque. Le métier le moins simple à cacher. Il enroula le poignet de la jeune fille dans un maigre bandage, et le reposa doucement, lui rendant. Il fallait qu'il digère sa propre connerie ... Même s'il griffonnait quelques proses ici et là, il n'était en aucun cas un écrivain digne de ce nom. Mais il ne laissa aucun de ses traits exprimer ses sentiments. Il osa lui rendre la pareille, curieux de savoir qui elle était.
- Et toi, que fais-tu de cette vie qu'on t'a offerte ?
Il se releva, se dirigeant vers le bar. Non, assez d'alcool pour la soirée ... Il le referma, puis le rouvrit. Le vin le narguait. Il attrapa la bouteille, et soupira. 30 ans d'âge. Comment résister ? Il brancha rapidement la chaîne audio, choisissant "Hey you ", des Pink Floyd ...Là aussi, une valeur sûre. Pour une raison qui lui échappait, ce groupe lui tenait à cœur depuis quelques jours.
Quand il releva les yeux, pour revenir vers elle, il la regarda attentivement. Il ne détournait même pas les yeux, ne s'en cachait pas. Elle l'intriguait ... Non, elle était belle, c'était évident, mais qu'avait-elle de plus pour qu'il daigne s'en occuper ainsi ?
Il s'extirpa de ses pensées, pour venir s'asseoir prés d'elle, la bouteille à la main.
- Je ne compte pas te faire boire pour abuser de toi, je te rassure.
Assura t'il avec aplomb. Ce n'était que la vérité.
- En tant qu'anglaise ... Tu as déjà dû entendre parler du vin français ?
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La douceur de ses mains et de ses gestes la troublaient profondément. Il faisait ça si bien... Mais pour quelles raisons ? Lisbeth le laissa lui bander le poignet. Il était écrivain ? Quelle coïncidence...
Le regard de la jeune femme s'illumina légèrement, et elle releva le visage, le regardant alors, un petit sourire sur les lèvres. Elle retrouvait peu à peu sa joie de vivre. Décidément, rien qu'avec un mot et quelques paroles il avait su la faire sourire.
"Oh ! Je suis romancière moi ! Quelle coïncidence !"
Erwan se leva de nouveau, une fois le bandage terminé. Lisbeth s'assit correctement sur le canapé, en attendant qu'il revienne s'assoir. Il s'en alla vers le bar. Là, elle fronça les sourcils. Il cherchait quoi là... Il voulait qu'elle boive ? Elle leva les yeux vers le plafond en attendant son retour, jouant machinalement avec une mèche de ses cheveux. Son regard était vide, comme si toute âme avait quitté son corps. Sauf qu'au contraire, elle réfléchissait. Encore. On lui avait souvent reproché d'être dans la lune. Elle en donnait encore la preuve maintenant.
La jeune damoiselle sursauta légèrement en le sentant à côté d'elle. Elle ne l'avait pas vu revenir, perdue dans ses songes. Ses yeux se posèrent immédiatement sur la bouteille de vin, et son rythme cardiaque s'accéléra quelque peu. Si, il voulait la faire boire... Il lui assura le contraire. Se mordillant de nouveau les lèvres, elle ne tourna son visage vers le sien que lorsqu'il lui posa une question.
"Oui. Je suis allée en vacances en France, étant plus jeune. Mais, je n'en ai jamais goûté..."
Elle lui adressa un petit sourire, et se recala de nouveau dans le fond du canapé. Là, elle remarqua que sa robe était encore remontée. Se maudissant encore intérieurement, elle posa ses mains sur ses cuisses, qu'elle croisa, et essaya de faire un peu descendre le vêtement -sans grand succès. Elle attendit qu'Erwan lui serve un verre de vin, bien gentiment. Elle porta son verre à ses lèvres, et prit une petite gorgée du liquide. Ses papilles se délectèrent de ce goût si particulier.
"Merci."
Elle allait porter une deuxième fois le verre à sa bouche pour en prendre une deuxième gorgée lorsqu'une petite voix intervint dans sa tête. Elle ne tenait pas l'alcool. Au bout de trois bières, elle était KO. Là... Il suffisait qu'elle reprenne un deuxième verre de vin, et elle chanterait toute la nuit. Elle posa alors son verre sur la table basse, et se tourna vers le garçon, s'asseyant en tailleurs, oubliant totalement qu'elle était en robe courte et qu'elle n'avait pas de collant. Son regard se plongea dans le sien.
"Euh... Même si tu ne comptes pas me faire boire, je veux d'abord te prévenir que... Je ne tiens pas du tout l'alcool..."
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Il eut un sourire en voyant sa réaction ; ainsi, elle ne connaissait le vin français que de renom ? Il allait effacer cette erreur. Ce nectar devait sa réussite à la France, tout comme le whisky s'attacher à l'Écosse, et le saké au Japon ... Une histoire de culture. Il servit le vin avec parcimonie, et en goûta aussi. Une réussite, il fallait l'avouer ... Il ne se souvenait même plus du prix de cette bouteille.
En matière de gastronomie, il était exigeant et dépensier, et cela, il ne pouvait pas le renier. Je suis français, en bref ... . Il n'osa pas la regarder avec constance quand elle se rhabilla, gênée, mais ne put s'empêcher d'être charmé par cette attitude. Ce genre de prudence, de pudeur ... C'était habituel, chez les jeunes femmes. Cela contribuait à leur charme mutin.
Mais lui-même, au moment de boire une nouvelle gorgée, se retint. Argl. Il ne voulait pas terminer dans le même état qu'auparavant... Il passa sa main dans ses cheveux, reposant lui aussi son verre avec délicatesse.
Et il capta son regard. Dieu, qu'il était palpitant, ce regard si fin et pétillant. Agréable comme jamais ... Il n'osa pas détailler son corps, captivé seulement par ce regard. Un sourire naquit sur ses lèvres, tandis qu'il s'apprêtait à répondre, gracieux.
- Je comprends ...
Il détourna le regard.
- Je deviens moi-même intenable, quand je bois ...
Il jeta un œil furtif, au dehors, vers cette nuit calme, et la regarda à nouveau.
- Romancière, donc ? Et anglaise, de surcroît ... Que de qualités.
Nouveau sourire, jusqu'à ce qu'il réagisse. Il ne voulait pas l'effrayer, ni la faire fuir ... ce serait bien la là dernière de ses envies, à cette heure.
- Qu'est ce qui t'a amené au Japon ?
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Son sourire s'agrandit légèrement en l'entendant parler. Néanmoins, sans en être vraiment consciente, elle reprit son verre en main, et en but de nouveau une gorgée. En même temps, il était tellement bon... Ce petit goût fruité... C'était un délice. Lisbeth comprenait maintenant un peu mieux les alcooliques sans abris qu'elle avait croisés à Paris. Ils aimaient les bonnes choses. Ils en abusaient, certes, mais leur amour pour le vin était compréhensible. Elle reposa ensuite son verre sur la table basse, rougissant légèrement sous son compliment.
Son sourire s'effaça toutefois de suite après. Ce qui l'avait emmenée au Japon... La jeune demoiselle détourna le regard. Elle le posa vers la fenêtre, ses yeux se noyant complètement dans le ciel étoilé. Un soupir s'échappa d'entre ses lèvres. Un soupir de tristesse.
"Ce qui m'a amenée au Japon..."
Avant de répondre, la jeune demoiselle se leva du canapé, prenant soin de prendre son verre avec elle. Elle se dirigea ensuite vers la fenêtre et croisa les bras, un méchant frisson lui parcourant l'échine. Son regard s'attrista quelque peu, mais ça, Erwan ne pouvait le voir que sur le reflet de la vitre. La nuit était noire. Mais magnifique.
"Mes parents sont décédés il y a quelques années. A cette époque, j'étais fan du Japon, des mangas... Je ne connaissais rien à la langue, mais j'ai décidé de partir. J'ai pris mes clics et mes clacs, et je suis partie... Je n'avais plus rien à perdre, de toute façon..."
Évoquer ces souvenirs ne l'enchantait guère, mais c'était une question de politesse. Toujours dos à lui, elle lui retourna la question.
"Et toi ? Pourquoi être venu ici ?"
En attendant sa réponse, elle porta le verre de vin à ses lèvres, et en but rapidement trois gorgées. Elle allait s'enivrer ce soir... Peut-être... Mais tant pis.
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Il l'écouta parler, sans rien ajouter, ni même boire une gorgée. Cette tristesse, il avait pu la sentir, la voir ; avec cette lueur sombre dans le regard, que seuls ont les mélancoliques, ceux qui regrettent, se souviennent sans aucune délicatesse, ceux qui ... souffrent. Il n'osa rien dire, se contentant de se lever doucement, de la regarder sans même l'approcher. Quand il la vit boire, elle, et ingurgiter chaque gorgée comme si elle allait noyer chaque souvenir, il se rapprocha, comme une ombre.
Et posa une main sur son épaule. L'autre main vint attraper le verre, pour lui ôter doucement des mains. Il le déposa sur une étagère, non loin de là, avec précaution, sans même oser lui arracher violemment des mains. Il ne voulait pas la voir ressasser toute la soirée.
- Je ne veux pas que tu soit ...
Il n'osa pas dire le dernier mot ; il ne le connaissait même. Il ne voulait pas qu'elle pleure, peut-être, parce qu'il détestait qu'une femme pleure, il se sentait tellement impuissant. Il ne voulait pas qu'elle ressasse toute la soirée, ce serait mauvais pour elle, pour lui ... Bref, tout ce que l'alcool réservait en mauvaise surprise, il voulait le lui épargner.
- Je ne sais même plus pourquoi je suis venu ... Par curiosité, je pense.
Par réflexe, il chipa une gorgée, dans son verre. Tiens, c'était Wish you were here, maintenant, qui résonnait dans la pièce. Ah, qu'il aimait cette chanson ... Paris, la superbe Paris, l'avait enivré sur cet air.
- Tu te retrouves donc seule ici ?
Pourquoi avoir dit ça ? Raaah, t'es con.
- Je ne voulais pas ... remuer le couteau dans la plaie. Navré.
Il toussa, s'éclaircissant la gorge.
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Lisbeth sursauta. Elle était tellement plongée dans ses pensées qu'elle n'avait pas senti Erwan s'approcher. La main qu'il posa sur son épaule n'était pas violente, non, au contraire. Elle se voulait même rassurante... Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il lui prit son verre des mains, sa bouche s'entrouvrit. Comme si elle voulait parler. Mais aucun son ne sortit d'entre ses lèvres. Elle baissa son regard et ferma les yeux. Il avait raison, elle ne devait pas boire.
La musique qui retentissait dans la pièce mettait un peu de gaité dans le coeur de la jeune femme. Musique pas spécialement gaie. Mais les tonalités lui redonnaient un peu plus de vie. Lui était venu par curiosité... Il en avait, de la chance. D'avoir eu la possibilité d'être curieux à ce moment là.
Les mots qu'il prononça ensuite rouvrirent les yeux de Lisbeth. Là, elle ne sut pas quoi dire. Oui, elle était toute seule... Elle n'avait que très peu de contacts, préférant rester solitaire, et ne pas emmerder les autres. Son rythme cardiaque s'accéléra une nouvelle fois. Sans qu'elle ne comprenne vraiment pourquoi.
Elle finit par se retourner vers Erwan. Une larme involontaire glissa lentement le long de la joue de la jeune demoiselle. Peut-être était-ce de la tristesse, de la mélancolie, de la nostalgie... Ou peut-être la joie d'avoir trouvé quelqu'un qui l'aidait ? Son regard se baissa une nouvelle fois.
"C'est pas grave... Et puis, de toute façon... Ce qui est fait est fait. Je ne pourrai jamais revenir en arrière."
Une grimace apparut soudainement sur ses lèvres. Un faux mouvement du poignet, et une douleur fulgurante qui apparut. Elle prit son poignet avec sa main et se le massa, gémissant légèrement de douleur. Quel spectacle pathétique elle devait donner...
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- Calme-toi ... S'il te plaît.
C'était sans doute des mots anodins, là, qu'il se permettait de prononcer. Sans grande importance. La dernière fois qu'on lui avait dit ça, c'était sans doute lors d'un malaise va-gal. Il en avait eu beaucoup, à une époque. Souvent, devant les danseuses du club de son père, qui venaient alors vers lui, pour essayer de le maintenir en état. Il se souvenait qu'elles étaient tendres avec lui, comme des mères.
Un sourire perça sur ses lèvres, un moment, puis il passa sa main sur la joue de la jeune fille, balayant la larme. Il ne savait pas vraiment quoi ajouter. Il avait la sensation que le temps était suspendu, dans son envol. Qu'il pouvait à tout moment retomber, et lourdement. Et ça ne lui ressemblait qu'à peine de se comporter ainsi, en protecteur. Peut-être une réaction inconsciente à un refoulement. Pas le moment de disserter sur une psychanalyse que tu n'as jamais pu comprendre ...
Il ne put se retenir de la serrer un peu contre lui, geste vain d'une tendresse qu'il ne maitrisait pas.
- Revenir en arrière, tu dis ... Nous savons tous les deux que c'est impossible. Il vaut mieux ... avancer.
Tssk, il se trouvait lamentable. Ce genre de phrases toutes faites ...
- C'est une réalité ... difficile à digérer.
Il attrapa son poignet entre ses doigts, comme pour le protéger davantage.
- A partir d'aujourd'hui, jure-moi ... Que tu ne feras que ce dont tu as envie. Histoire que cette réalité ... ait un autre goût que celui du regret.
Il la regarda, souriant. Souhaitant la voir sourire. Plus que tout.
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Les yeux clos, Lisbeth se haïssait, à cet instant précis. Elle qui, d'habitude, se montrait si forte, si courageuse... Elle qui cachait ses troubles et ses envies, là, elle craquait. Un surplus de choses. Peut-être la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Elle n'avait plus conscience du temps qui s'écoulait. Elle était comme prise dans un étau qu'elle pensait scellé. Ses joues s'empourprèrent légèrement lorsque la main d'Erwan s'y déposa. Inconsciemment, la jeune femme leva sa propre main et la posa sur celle du garçon.
Ses gestes étaient si doux... Ses yeux se rouvrirent doucement en le sentant la serrer contre lui. Sans réfléchir, elle glissa ses deux bras autour de son bassin et vint doucement poser sa tête sur son épaule. Elle se sentait bien, là. Elle se sentait protégée, ainsi entourée des bras du garçon. Elle l'avait laissé parler, ne trouvant rien à répondre, préférant écouter sa voix sans briser ce petit moment de chaleur.
Elle se recula légèrement lorsqu'il prit son poignet dans sa main, et plongea son regard dans le sien. Ses yeux étaient si troublants... Lisbeth essaya de sourire, doucement.
"Erwan..."
Elle ne parvenait pas à formuler correctement sa phrase. Elle était profondément troublée par tant de protection et de douceur... Jamais personne n'avait, en si peu de temps, pris autant soin d'elle depuis la mort de ses parents. Tous les hommes qu'elle avait rencontrés l'avaient jetée comme une vieille chaussette, soit-disant qu'elle était trop souvent dans la lune et qu'ils ne la comprenaient pas. Mais lui... Lui il avait l'air différent.
La jeune demoiselle baissa de nouveau son regard. Regard qui vint se poser sur son poignet, entouré de sa main. Doucement, elle recula son bras, afin que ce ne soit plus son poignet qui soit entre les doigts du garçon, mais ses propres doigts à elle. Rougissant de nouveau, elle posa son regard encore plus bas, sur le sol.
"Et si... Et si là, j'ai envie... Que tu me prennes dans tes bras et que tu me serres fort... Je peux... ?"
Elle n'avait pas juré, parce qu'elle savait pertinemment qu'elle ne parviendrait pas à tenir cette promesse. Elle avait déjà essayé, sans succès...
-
Erwan eut un sourire , mince certes, mais un sourire tout de même. Dieu, qu'elle est frêle ... Il avait presque peur de la briser, à trop la serrer contre lui. Avait-il encore des envies de se sentir protecteur ? Tssk, tu en as toujours été incapable, ne rêve pas ...
Mais il ne put se retenir ... Là, il ne pouvait pas ...
D'un geste vif, peut-être un peu trop violent d'ailleurs, agissant, dicté par une pulsion qui lui était étrangère jusque là, il la serra contre lui. Pas très fort, non, il ne voulait pas qu'elle s'émiette.
Il ne voulait pas qu'elle s'envole. Une de ses mains l'enserra donc, affectueusement. L'autre vint se loger dans sa nuque, l'effleurant du bout des doigts. On l'avait toujours calmé ainsi. Il se sentait lové, contre elle, comme ça. Le temps ; suspendu. Le reste ; disparu.
- Maintenant, jure-le moi, chuchota t'il, doucement.
Ce n'était presque qu'un caprice, mais il voulait qu'elle jure. Les promesses ne disparaissaient jamais entiérement. Sa main remonta le long de la nuque de la jeune fille, appréciant le contact de sa peau, et il ferma les yeux, un moment.
Elle était si douce. Il revint doucement à ses esprits, chassant toutes pensées jugées mal placées. Oh, si ça ne tenait qu'à lui, il l'aurait déjà embrassé. Mais il ne voulait pas profiter des jeunes filles perdues.
A une époque, il ne l'avait que trop fait.
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Qu'est-ce qui lui passait par la tête ? Elle manquait se faire violer, et la voilà à réclamer des câlins de la part d'un homme qu'elle venait tout juste de rencontrer... Homme tout à fait charmant, mais... En fait, il troublait profondément Lisbeth. Ses yeux plongés dans les siens, elle les écarquilla encore un peu plus lorsqu'elle se sentit projetée dans ses bras.
Tremblante, elle glissa une nouvelle fois ses bras autour de son bassin, et reposa son visage sur son épaule. Il était grand par rapport à elle. Ses deux prunelles se fermèrent lentement. Son corps faisait petit à petit confiance à celui d'Erwan, et ses tremblements s'estompèrent. Elle nicha son visage dans son cou lorsqu'il lui parla de nouveau. La main qu'il avait posée sur sa nuque l'incita à lui répondre.
"Je... Je te jure... Que je ferai ce dont j'ai envie..."
Ayé. Elle l'avait dit. Elle regrettait déjà. Elle essaierait, bien sûr, de tenir cette promesse. Mais, elle était presque certaine qu'elle n'y parviendrait pas. Comme d'habitude, elle serait tentée d'aider les autres, et, comme d'habitude, elle se retrouverait dans la merde. On connait tous la suite...
La jeune demoiselle resta bien une minute dans les bras du garçon après avoir parlé. Elle ne voulait pas les quitter. Ils étaient si protecteurs, ses bras. Ils lui donnaient une telle impression de sécurité. C'était comme quand elle était petite, et qu'elle avait toutes ses peluches autour d'elle... Un sentiment de sérénité et de quiétude s'insinua progressivement dans les veines de Lisbeth.
Au bout d'un moment, elle se décolla de lui. Elle ne voulait pas non plus abuser. Son regard se posa de nouveau dans le sien. Elle, elle le regardait avec des yeux brillants, reconnaissante de ce qu'il lui apportait. Doucement, elle finit par rompre ce silence.
"Je... Tu m'as dit qu'à partir de maintenant... Il fallait que je laisse aller mes envies..."
Lisbeth détourna le regard, ses joues s'empourprant de nouveau. Allez, ose ma vieille.
"Et si... Et si j'avais envie de.. De t'embrasser là, tu me laisserais faire... ?"
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... Elle avait jurée, il se sentait empli d'un bonheur singulier. Là, même, inondé. Il ne pouvait même se résigner à la lâcher, un moment, à la libérer d'entre ses bras. Pourtant, c'est ce qu'elle fit, et il ne put s'empêcher de soupirer, déçu, un instant, qu'elle se détache ainsi de lui.
Il l'écouta parler, n'imaginant même pas un seul instant ce qu'elle pourrait dire ... Et il ne fut que surpris de ses propos. Il la vit, doucement, détourner le regard, et prononcer ces mots qui devaient lui écorcher l'être tout entier. Ce genre de pudeur, de timidité ... Elle ne devait pas se sentir réellement à son aise. Il ne pouvait pas prolonger cette douleur.
Doucement, il glissa vers elle. Sa main, fine, froide, vint se glisser sous son menton, relevant son visage vers le sien avec une infinie douceur. Il voulait les voir, ces yeux si doux. Il ne souhaitait que cela ; si bien qu'il passa cinq longues secondes, la regardant, sans rien dire. Jusqu'à ce que ... Jusqu'à ce que sa bouche, elle aussi, glisse vers la sienne. Infiniment douce, lente. Il s'y sentait accroché, il ne pouvait plus envisager aucune autre idée. Alors, il l'embrassa. D'abord sur ses lèvres, doucement. Puis sur ses joues, lentement, savourant le contact de cette peau chaude et tendre. Puis il revint vers sa bouche, avec même une infinie tendresse, encore une fois, pour ne pas la brusquer. Il savait se montrer incontrôlable, mais ne souhaitait pas être trop ... animal.
Pas tout de suite, en tout cas.
Il l'embrassa, ainsi, puis cette même bouche glissa vers son oreille, maline.
- J'ai envie de te garder auprès de moi, la nuit entière.
Sa main revint s'enrouler autour d'elle, doucement, pour revenir la serre contre lui, non sans cesser de lui livrer une multitude de baisers. Il ne faisait que ce qu'il avait envie de faire ... Sa main, fine, glissa le long de sa nuque, caressant même son cou, la base de sa tête, le bas de ce cou si frêle, si doux, savourant chaque passage contre sa peau. Douce, tendre ... Tandis que cette main, là, autour d'elle, ne lâchait pas le bas de son dos, la maintenant prés de lui, contre lui, avec une infinie ... Envie. Appelons ça comme ça.
Si fine, elle ressemblait à une nymphe, sortie d'un de ces mythes dont on n'avait oublié la saveur ... Jusqu'à ce que ce mythe revienne à nouveau, et ce dans ses plus beaux atouts.
-
Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ?
Toutes ses barrières étaient tombées face à Erwan. Toutes. Son voile de pseudo-protection et qui faisait qu'elle était tout le temps froide et distante avec les gens, cette nonchalance vis-à-vis des autres. Tout était tombé. Il avait réussi à tout briser. Si c'était déplaisant ? Oui et non... Elle se sentait mise à nue, ainsi. Totalement à la merci du garçon. Sa faiblesse, sa timidité, sa pudeur, tout se ressentait ce soir. Tout ce qu'elle avait caché depuis le décès de ses parents. Cette fragilité qui la caractérisait tant. Elle était dépouillée de ses protections, et un étrange sentiment s'insinuait en elle. Elle avait à la fois peur, et à la fois, elle avait confiance en lui. Il avait le pouvoir sur elle, ce soir-là. Elle avait tout oublié, les gestes à faire pour prouver à une personne qu'on était attiré par elle, les paroles à dire pour ne pas blesser, tout.
Elle était enfin redevenue elle-même. Enfin.
Lisbeth avait tout de même osé quémander un baiser auprès d'Erwan. Elle crevait d'envie de l'embrasser, mais jamais, dans son état actuel, elle n'aurait été capable de faire le premier pas. Ses yeux s'ouvrirent doucement lorsqu'elle sentit sa main se glisser sous son menton. Et elle le regarda. Pendant quelques secondes seulement, mais ces secondes lui parurent l'éternité. Et elle ne voulait pas que l'éternité s'arrête. Elle ne savait pas ce qu'il se passait, mais plus rien ne comptait que lui. Lui, et lui seul. Le reste, elle s'en foutait complètement. La jeune femme écarquilla ses yeux brillants lorsqu'elle sentit les lèvres d'Erwan sur les siennes. Elle ne savait plus comment réagir. Devait-elle répondre à son baiser d'un coup ? Ne sois pas idiote, il y va doucement, et toi tu veux de suite accélérer les choses. Devait-elle le laisser faire ? Oui, elle le laisserait faire. Ses deux prunelles se refermèrent de suite après, lorsque les lèvres du garçon glissèrent vers sa joue brûlante de timidité.
Lisbeth vint de nouveau se serrer contre lui. De la tendresse. Il lui apportait de la tendresse. Un frisson lui parcourut l'échine lorsqu'elle sentit ses mains partir à la découverte de son cou et de sa nuque. Elle, elle avait glissé ses deux mains dans son dos, s'y agrippant avec force, comme si elle avait peur qu'il ne s'en aille sans explications.
"Erwan... Promets-moi... Promets-moi que, au moins pour ce soir... Que tu vas rester avec moi. Promets-moi de pas m'abandonner... Pas ce soir..."
Ces mots, ils étaient sortis tout naturellement. Lisbeth ne l'avait pas prémédité, et elle s'en fichait. Elle savait pertinemment qu'elle pouvait être sincère avec lui. Autant l'être jusqu'au bout. Pendant qu'elle parlait, l'une de ses mains était venue se poser sur la joue du garçon. Elle la lui caressait du bout des doigts, comme si elle avait peur de briser cet instant magique en lui montrant cette envie qui lui tiraillait les entrailles...
-
Dans un geste lent, sans même esquisser le moindre sourire, il posa sa main sur celle de Lisbeth, celle qu'elle avait posée sur sa joue. Il l'attrapa entre ses doigts, fins et délicats, et tourna légèrement sa bouche, pour venir embrasser les doigts de la jeune fille, doucement, du bout des lèvres. Il ferma même les yeux, un moment, puis la serra outrageusement contre lui, sa tête venant se nicher dans son cou. Prés de son oreille. Toute proche de lui.
Il murmura, alors, d'un ton ferme, mais d'un voix langoureuse :
- Je ne t'oublierais pas, ce soir ...
Il ne la négligerait pas, non, cela était inconcevable, à son esprit. Elle était si ... Pas de mot, non, ils pourraient tout gâcher. Ses lèvres dévalèrent alors sa nuque, effleurant sa peau avec délice, parsemant sa nuque, ses épaules, de baisers. Sa main, alors, vint se nicher dans le creux de son dos, remontant le long de sa colonne vertébrale, comme s'il voulait la sculpter, caressant ses formes avec douceur. Ses dos redescendirent, alors, le long de son dos. Elles glissèrent sur ses hanches, le bas de ses reins, sans pour autant aller plus loin. Là, qu'il était délicat. Il ne voulait pas la réduire en morceau. Il ne voulait ... qu'elle.
- Je te le promets ...
Souffla t'il à nouveau, avant de revenir l'embrasser. Il sentait son propre cœur palpiter, et tout ce flot d'envies monter, toute cette pagaille qui l'assaillait ... Non, du temps, il lui fallait du temps. Ne pas la brusquer ... Elle pourrait s'envoler.
-
Lisbeth se sentait étrangement bien. Cette peur qui la tiraillait s'épuisait seconde après seconde, pour se transformer en confiance. Elle faisait pourtant rarement confiance aux gens, surtout si peu de temps après les avoir rencontrés. Mais là... C'était différent. Elle n'aurait su dire en quoi, mais ça l'était.
Son sourire s'attendrit en voyant Erwan glisser ses lèvres vers sa main. Main qui raffermit un peu sa prise sur la sienne, ne voulant pas la quitter. Des frissons lui dévorèrent l'échine en sentant ses mains se balader un peu partout sur son corps. C'était si agréable. Ça faisait tellement longtemps qu'on n'avait pas pris autant soin d'elle.
Ses deux prunelles se fermèrent alors qu'il l'embrassait de nouveau. Cette fois-ci, elle décida de mettre un peu plus de fougue dans le baiser. Et elle le fit durer plus longtemps. Elle en voulait encore de ses lèvres, elle les voulait partout sur sa peau... Cette douceur sans fin la faisait terriblement craquer.
Leur baiser dura longtemps. Leurs lèvres se frôlaient, se quittant à peine pour se sceller de nouveau. Puis Lisbeth y mit fin, et rouvrit ses mirettes, les plongeant immédiatement dans celles d'Erwan. Il était beau...
Seuls quelques mots s'échappèrent de ses lèvres, en un murmure quasiment inaudible.
"Je me sens bien... Là... Avec toi..."
Ses deux mains vinrent se glisser autour du bassin du jeune homme. Elle, elle se colla de toutes ses forces contre lui, nichant son visage dans son cou. Elle sentait son coeur battre dans sa poitrine et lui avait dû se rendre compte de la vitesse à laquelle celui de la demoiselle battait. C'en devenait presque inhumain.
-
S'il y avait une chose, là, qui était en train de le ronger, c'était ce cœur. Le cœur de cette jeune fille, qui battait la chamade, qu'il sentait résonner en lui. Diable, qu'il se sentait vide, ce soir ... Ce soir. Qu'elle lui dise qu'elle se sente bien avec lui l'inquiétait, il fallait l'avouer. Personne ne devait se sentir en sécurité, entre ses bras. Personne, non ... Alors, pour faire taire ses pensées qui l'accablaient, il embrassa ses cheveux, il passa sa main dans sa chevelure, et il se baissa pour, à nouveau, l'embrasser. Soudainement, certes, violemment, peut-être. Ses mains remontèrent le long de son dos, et il en ressentit un frisson, violent, qui l'électrisa.
Trop tard.
Une main appuya sur son dos, remonta et enlaça sa nuque, fine. L'autre n'eut aucun répit, et glissa le long de ses hanches, de ses fesses, pour arriver à sa cuisse. Qu'il maintint contre lui. Sa bouche rejoignit son cou, un moment, savourant son parfum, sa peau. Dehors, à ce moment un lampadaire mourut, plongeant la rue dans le noir le plus complet. Si cela était un signe, il ne savait comment l'interpréter ...
- Je l'espère ... répondit-il du bout des lèvres, à son oreille.
-
L'instant était tout simplement magique. Quoi que. Magique n'est peut-être pas le mot juste. Aucun mot ne pouvait réellement décrire le moment que Lisbeth passait. Son corps tout entier voulait Erwan. Il le réclamait. Poussait des cris d'envie, et de désespoir de ne pas l'avoir encore fait sien. Mais il fallait qu'elle attende. Elle le voulait, oh oui, elle le voulait. Néanmoins, faire durer le plaisir était une chose beaucoup plus appréciable. Découvrir et apprécier chaque millimètre carré du corps du jeune homme.
Lorsqu'il l'embrassa avec tant de fougue, elle crut bien craquer. Sa raison le lui interdit, et elle parvint ainsi se contrôler. Ses lèvres partirent à la rencontre des siennes, sa langue se mêla avec celle du garçon, ses mains agrippèrent son haut. Un violent frisson lui parcourut l'échine lorsqu'elle sentit sa main se poser sur sa cuisse. Sa respiration se saccada, ses sens s'enivrèrent. Son corps, son odeur, sa douceur, tout, tout la rendait folle. Au bout d'un nombre indéterminé de secondes, leurs lèvres se décollèrent. Lisbeth leva doucement le visage vers le sien, et plongea son regard dans ses yeux envoûtants. Elle le regarda avec des yeux brillants, les lèvres entrouvertes.
Et glissa sa main dans ses cheveux lorsqu'il lui baisa le cou. Un nouveau frisson la parcourut à ses paroles. C'était tellement agréable... Doucement, elle se décolla de lui, posant ses deux petites mains sur le torse d'Erwan. Elle reposa son regard dans le sien, la respiration saccadée.
"Erwan je... Mon corps, il..."
Comment formuler ça. Comment le lui dire, sans qu'il ne lui saute dessus. Comment le lui avouer, sans qu'il ne le prenne mal. Ses yeux se détournèrent de son visage, pour se poser un peu plus. Ses joues s'empourprèrent davantage. Puis, prise d'un élan d'affection, elle revint coller son corps frêle contre le sien. Cherchant de nouveau de la douceur. Ses lèvres s'ouvrirent de nouveau tandis qu'elle le regardait dans les yeux. Pour formuler ces quelques mots.
"Mon corps... Il réclame le tien..."