Le Grand Jeu
Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Discussion démarrée par: Kairi le vendredi 16 juillet 2010, 15:26:24
-
« Excusez-moi ? Mademoiselle ?... Mademoiselle ? Mademoiselle, vous m’entendez ? »
La voix, d’abord inquiète, devint vite agacée. Kairi sortit soudain de sa torpeur et jeta un regard à la cliente qui l’interpellait.
« Pardon. Excusez-moi ? Vous désirez quelque chose, madame ? »
La cliente haussa les sourcils et lui montra un chemisier pourpre.
« Vous auriez le même en taille 38 ? »
La jeune femme prit le chemiser et hocha la tête.
« Je vais voir à la réserve ce qu’il en est madame. Si vous voulez bien attendre quelques instants »
La femme acquiesça et Kairi s’en alla vers les escaliers en fer qui descendaient en spirale vers la réserve. Elle avança alors vers l’endroit où les chemisiers étaient entreposés et se mit à fouiller d’un air absent.
Elle n’avait pas vraiment la tête au travail. En fait, elle n’avait pas la tête à grand-chose. Elle avait l’impression d’être totalement vide à l’intérieur comme si on lui avait arraché son âme. Elle ne vivait plus, elle survivait tout juste. Plus rien n’avait d’importance autour d’elle depuis la disparition de son amour, Hirano. Chaque jour, elle souffrait de devoir se réveiller et vivre sans lui. C’était horrible et tellement cruel.
La seule chose qui restait du jeune homme qu’elle avait tant aimé était le petit démon qui l’accompagnait tout le temps, Grendel. Celui-ci aurait pu rester avec le livre mais, libéré, il avait choisit de rester auprès d’elle comme s’il voulait la réconforter et pour tenir une promesse faite au jeune homme, celle de veiller sur sa bien-aimée. Malheureusement, même la présence et les tentatives du petit démon pour la réconforter, Kairi n’arrivait pas à se remettre de la mort d’Hirano. Elle n’avait plus aucune envie de vivre, elle voulait juste retrouver celui qu’elle aimait. Elle avait plusieurs fois attentée à ses jours mais le démon l’avait toujours empêché d’aller jusqu’au bout lui rappelant à chaque fois qu’Hirano ne voudrait pas la voir mourir mais vivre. Les paroles avaient toujours fait mouche mais pour combien de temps encore. Plus les jours passaient, plus elle se sentait seule et abandonnée. A quoi est-ce que ça servait de vivre dans ces cas là ?
Au bout de dix minutes, Kairi se rendit compte qu’elle cherchait dans le vide. Revenant à la réalité, elle trouva le chemisier voulu et remonta vers la boutique.
« Eh bien ! Vous en avez mis du temps, mademoiselle ! »
La cliente fulminait et en regardant l’horloge, la jeune femme constata que ça faisait plus d’un quart d’heure qu’elle était descendue.
« Veuillez m’excuser, madame. Voilà le chemisier »
Elle lui tendit la pièce d’étoffe qui redonna un léger sourire à la cliente ce qui n’était pas le cas de la jeune vendeuse.
« Très bien, je le prends ! »
Kairi passa alors derrière le comptoir et enregistra la vente mécaniquement. La cliente paya la somme demandée et sortit faisant retentir la clochette de la porte d’entrée. Kairi se sentait oppressée, elle alla ouvrir la porte et se tint sur son pas en respirant l’air frais et humide. Il pleuvait, à torrent même, mais elle n’en faisait aucun cas. Bien qu’elle soit en partie protégée par l’entrée, le devant de sa robe fut en partie mouillé. Elle portait sa robe mauve pâle, une des préférées d’Hirano. C’était une robe toute simple qui lui arrivait juste en dessous des genoux et qui se boutonnait sur le devant. Elle disposait de petites manches courtes car malgré la pluie, il faisait plutôt lourd. Au bout d’un moment, elle finit par retourner dans le magasin. Elle jeta un coup d’œil à l’horloge : 18h45. Encore quinze minutes et elle pourrait fermer le magasin et rentrer chez elle où l’attendait Grendel. La jeune femme blonde préférait le voir rester chez elle plutôt que de sortir avec elle. Bien sûr, il n’était visible que par elle mais il avait une fâcheuse tendance à parler à tort et à travers et elle avait toujours peur qu’on la voit parler toute seule. Elle soupira et commença à faire les comptes de la journée pour rentrer le plus vite possible à son appartement.
-
« Après cette courte page de pub, retrouvez la météo puis les informations du pays, surtout ne zappez pas ! »
La télévision encore allumée avait finis par le réveillé. En ce moment Nicolas n’arrivait pas a trouvé le sommeil à des heures convenables, étant en « vacance » actuellement il s’en fichait et passait des nuits blanches, pour s’affaler comme une loque sur son lit l’après midi et prendre un peu de repos, repos qui ne lui était accordé visiblement qu’a ces horaires là.
Il ouvrit les yeux péniblement et prit une grande inspiration, il regarda sa montre…18h, il avait déjà dormis 5h mais encore fatiguée par ses nuits précédentes il préféra éteindre la télévision et tenter de se rendormir.
Comme à chaque fois qu’il se couchait ses idées vagabondaient, en ce moment ses rêves viraient de l’agréable plage d’Hawaï à des courses poursuites effrénées peu agréables avec divers créatures de l’au-delà. Et il pensait un peu à sa vie actuelle, son démon, mais bon cela ne le préoccupait pas plus que ça et il était en train de somnoler, et allait bientôt s’en dormir quand une voix rauque le sortit de sa torpeur.
* Voilà sur quoi je tombe lorsque j’ai le malheur de revenir…une loque affalé sur son lit, vraiment je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer. *
Le jeune homme grogna, décidément le jour où il avait invoqué ce démon…
*Tu ne veux pas me foutre la paix et me laisser dormir tranquille ? *
*Crétin…t’a déjà oublié que tu avais promis de faire une course pour Alice ? A vrai dire si elle n’avait pas un objet auquel je tiens particulièrement, je n’en aurais eu rien à faire, mais là…bouges toi !*
Pour comprendre pleinement la remarque du démon, il fallait remonter plusieurs jours auparavant, Nicolas avait été convié a une réception chez des amis de la famille…réception somptueuse dans une villa, bref le rêve pour tous. Y voyant une façon de s’amuser un peu il s’y rendit, plus par défaut que par indication d’ailleurs, au cours de la soirée il rencontra la fille de la propriétaire de la maison avec qui il sympathisa, cela aurait bien pu s’arrêter là si son démon n’avait pas remarquer dans la maison un objet avec un fort « potentiel » magique, objet qui n’était autre que la bague de la demoiselle en question.
Lui faisant miroiter le coté intéressant d’avoir un tel objet, il le convint de revenir mais pour cela il lui fallait une raison, quoi de mieux que de jouer les personnages serviables qui vont faire une course ?
« Merde c’est vrai que c’est aujourd’hui ! J’avais totalement zappé ça, une chance qu’en ce moment je dorme habillé, ça me fera du temps de gagné…je me fais des blagues tout haut à moi-même décidément ça ne va pas fort. »
Il regarda à nouveau sa montre, 18h10, la boutique était à environ 30 minutes à pied, vraiment ça allait faire juste, d’autant qu’il ne se rappelait plus de l’horaire exact de fermeture de la boutique. Il était plusieurs fois passé devant depuis qu’il était arrivé dans cette ville, mais n’avait jamais vraiment fait attention à qui la tenait ni les horaires de fermeture ou d’ouverture.
*Mais dépêche toi, tu va être en retard ! *
Il courait vite, esquivant les passants au mieux mais des fois les bousculant, empruntant le sol pavé de petites ruelles pour gagner quelques précieuses secondes, prendre sa voiture à cette heure de pointe ne servait à rien, il aurait été coincé dans les embouteillages…non vraiment il avait fait le bon choix et… attention !
Faisant un pas de coté il esquiva un poteau qui lui barrait la route, continuant sa marche à la fois haletant et anxieux.
Il s’arrêta quelques secondes pour reprendre son souffle n’en pouvant plus, chose qui lui fut reprocher par son démon avec des termes injurieux, puis il reprit sa course et rejoins la route principale, en voyant où il était il eu un léger sourire, ce n’était plus très loin !
« Boutique en vue ! »
Lâcha t il, il en profita pour regarder sa montre, un peu plus de 18H45, la boutique n’avait pas l’air fermé, une chance ! Il vit au loin une cliente qui sortait apparemment de la boutique, cela lui rendit le sourire, mais la cliente visiblement elle était contrariée…tant pis !
Arrivant devant la boutique il s’arrêta un instant pour essuyer la sueur qui perlait sur son front et reprendre un peu son souffle, histoire d’au moins pouvoir dire ce qu’il souhaitait acheter et ne pas haleter comme un phoque.
En entrant il remarqua la vendeuse derrière son comptoir, visiblement perdue dans ses pensées et n’attendant plus que de fermer son magasin, elle semblait triste et désabusée…cela n’était pas ses affaires mais il avait un coté en lui qui le faisait toujours se mêler des affaires des autres, même si ceux-ci n’en exprimait pas le souhait, ne serait ce pour leurs rendre le sourire.
* Enfin on verra après déjà le chemisier…*
Il prit le chemisier en question…zut, il n’y avait pas la bonne taille.
« Excusez-moi ? Mademoiselle ? Ce chemisier pourpre, une de mes amies l’a commandé en taille 38 si je ne me trompe pas et j’aurais aimé le récupérer si possible ! »
Dit il en s’emparant d’un chemisier du même genre et en lui présentant, devant l’absence de réaction il réitéra
« Mademoiselle ? Quelque chose ne va pas ? »
-
Kairi ne fit pas attention à la clochette qui teinta annonçant l’arrivé d’un nouveau client. Elle se consacrait à ses comptes. Du moins c’était l’impression qu’elle donnait car en fait, elle ne comptait rien, elle était juste perdue dans ses souvenirs.
Elle ne vit pas le jeune homme prendre un des chemisiers et venir vers elle avec.
« Excusez-moi ? Mademoiselle ? Ce chemisier pourpre, une de mes amies l’a commandé en taille 38 si je ne me trompe pas et j’aurais aimé le récupérer si possible ! »
Comme pour la cliente précédente, elle n’entendit pas les propos du nouveau venu, toujours hantée par le visage d’Hirano.
« Mademoiselle ? Quelque chose ne va pas ? »
Soudain, la jeune femme revint à la réalité.
« Par… pardon… Vous… Vous disiez ? Ce chemisier… en taille 38 ? Je vais voir ! »
Son cerveau avait quand même enregistré les informations demandées pas le jeune homme. Elle s’empara du morceau de tissu et reprit le chemin précédent. Elle redescendit dans la réserve et se remit à chercher dans le secteur des chemisiers mais cette fois, elle ne perdit pas le file de ce qu’elle devait faire. Malheureusement aucun chemisier en vu. Elle remonta donc vers le magasin.
« Je suis désolée mais je n’ai rien. Je vais regarder dans le carnet de commandes si vous voulez ? »
Sans vraiment attendre l’assentiment du client, elle prit le calepin et le feuilleta jusqu’à tomber sur la page concernant le fameux chemisier… qu’elle avait totalement oublié de commander. Elle devint livide. Voilà qu’elle n’arrivait même plus à travailler correctement.
Les larmes commencèrent à poindre dans ses jolis yeux noisette emplis de tristesse. Kairi regarda le jeune homme d’air désolé.
« Je… je suis navrée, j’ai complètement oublié de le commander. Je vais le faire de suite et… vous pourrez l’avoir d’ici deux jours. Bien sûr, je vous ferais une remise sur le prix… »
Elle cligna plusieurs fois les yeux pour éviter de pleurer. Elle ne pouvait pas se le permettre devant un client. Si ça continuait comme ça, elle allait finir par perdre son travail. Sa patronne avait été plutôt compréhensive jusqu’à présent mais si Kairi la mettait en difficulté en ne faisant pas les commandes voulues, elle allait devoir la mettre à la porte. La jeune femme ne put que balbutier à nouveau :
« Je suis vraiment désolé, monsieur ! »
-
« Par… pardon… Vous… Vous disiez ? Ce chemisier… en taille 38 ? Je vais voir ! »
Aussitôt après ces paroles, la vendeuse s’empressa de descendre dans ce qui semblait être visiblement une remise, ou un endroit dans lequel le magasin devait stocker ses réserves et les commandes de ses clients.
Elle revint bredouille, visiblement ailleurs elle proposa néanmoins de regarder sur sa liste où ce damner chemisier pouvait bien être.
Prise de stupeur après avoir regardé quelques instants elle s’exclama
« Je… je suis navrée, j’ai complètement oublié de le commander. Je vais le faire de suite et… vous pourrez l’avoir d’ici deux jours. Bien sûr, je vous ferais une remise sur le prix… »
La surprise avait laissé place à la tristesse, la jeune femme avait l’air triste…si triste, Nicolas ne put s’empêcher d’avoir un pincement au cœur, faire des erreurs arrivent à tout le monde et ce n’était qu’un chemisier. Etant plutôt doué naturellement d’empathie, il pouvait deviner sans trop se tromper ce que ressentait les personnes qu’ils côtoyaient que ce soit à leur manière de parler ou d’agir, plutôt intéressant des fois, cela pouvait être un fardeau lourd.
Et lorsque qu’elle cligna des yeux pour retenir ses larmes en cherchant ses mots pour s’excuser une nouvelle fois, il ne put s’empêcher de vouloir un peu la consoler, elle était visiblement en proie à une immense tristesse qu’elle ne gardait que pour elle, ses mains tremblaient un peu, visiblement elle s’était rongé les ongles, signe qu’elle avait du se faire un sang d’encre.
* Deux jours…tu as entendu ? On va devoir patienter encore deux jours pour récupérer la bague ? Tout ça à cause de cette incompétente ! Franchement des fois y’a des nuls…tu ne trouves pas ? Tu m’écoutes ? *
Nicolas lui sourit, un sourire qui se voulant surtout rassurant, lui montrant que le chemisier n’était pas très important et que ce qu’elle prenait pour une erreur de fin du monde, n’était rien et qu’il ne la jugeait pas.
« Du calme, du calme…ce n’est pas grave, ce n’est qu’un chemisier vous savez, ce n’est pas comme si c’était important au point d’en pleurer toute les larmes de son corps.»
*Quoi ?! Tu lui trouves des excuses ? Bien sur que ce chemisier est important pour la suite ! Je ne te comprends vraiment pas !*
N’écoutant pas les vociférations du démon rageur, il sortit un mouchoir de sa poche et le lui tendit car malgré le fait qu’il ait voulu se faire plutôt rassurant, il la sentait sur le point d’exploser, clignant de plus en plus souvent des yeux et ayant de grandes difficultés a parler.
« Tenez, vous en aurez visiblement plus l’usage que moi. Et à vrai dire si au lieu d’une remise je pouvais savoir ce qui met une charmante jeune femme dans un tel état je préférerais autant ! A moins que vous ne jugiez ma demande déplacé, car inhabituel ça c'est certains ! Ne me dites pas que c’est à cause d’un chemisier pourpre quand même ? »
Il avait finis sur une boutade espérant que celle-ci lui redonne le sourire, mais il ne s’était pas fait d’illusion, sa tristesse était beaucoup trop ancrée et une simple boutade pour une telle tristesse était dérisoire.
-
A priori, le nouveau client semblait bien moins acariâtre que celle qui l’avait précédé malgré cela Kairi se sentait toujours aussi mal. A sa douleur d’avoir perdu son aimé se rajoutait la souffrance de passer pour une incompétente.
« Du calme, du calme…ce n’est pas grave, ce n’est qu’un chemisier vous savez, ce n’est pas comme si c’était important au point d’en pleurer toute les larmes de son corps »
Rien qu’à ses mots, elle avait encore plus envie de fondre en larmes. S’il avait fait preuve de colère, elle aurait pu gérer ça différemment mais sa gentillesse ne faisait que rajouter au désarroi de la jeune femme qui avait de plus en plus de mal à contenir ses larmes. Avec un sourire qui se voulait rassurant pour elle, il lui tendit son propre mouchoir.
« Tenez, vous en aurez visiblement plus l’usage que moi. Et à vrai dire si au lieu d’une remise je pouvais savoir ce qui met une charmante jeune femme dans un tel état je préférerais autant ! A moins que vous ne jugiez ma demande déplacé, car inhabituel ça c'est certains ! Ne me dites pas que c’est à cause d’un chemisier pourpre quand même ? »
Kairi esquissa un bien piètre sourire devant le client qui souhaitait l’aider. Le flot de liquide salé ne put se contenir plus longtemps et les perles d’eau se mirent à rouler sur les joues de la jeune vendeuse, incapable de les arrêter. Elle fit un léger geste négatif de la tête.
« Non… ce n’est pas à cause… de… du chemisier… C’’est… j’ai perdu quelqu’un… il y a peu de temps… et je... je ne… »
Elle n’acheva pas sa phrase, le chagrin prenant le dessus. Elle ne se préoccupait plus du jeune homme devant elle. Elle avait besoin de se libérer de la tension qui le tenaillait depuis un moment. Elle fut secouée par des sanglots qu’elle essayait à peine de contenir.
La jeune femme n’avait pas pris le mouchoir tendu, elle attrapa plusieurs mouchoirs de papiers d’une boîte cachée sous le comptoir de bois et se tamponna les yeux avec. Elle posa une main sur la plaque de bois et tenta de se calmer en agrippant le rebord. De son autre main, elle essuya de multiples fois ses larmes, cherchant à assécher ses yeux mais ses larmes étaient bien de se tarir. Néanmoins, ses spasmes se calmèrent au bout de quelques instants.
« Je… je suis désolée… je n’ai pas à vous ennuyer avec tout ça »
Ses joues, déjà, colorés par les pleurs, ne rougirent pas davantage devant sa gêne mais Kairi, elle, la ressentait très bien. Elle jeta les mouchoirs maintenant trempés et en attrapa quelques autres qui prirent le relais des premiers.
-
Il avait souhaité que cette boutade, le fait qu'il ne la juge pas, le fait que quelqu'un semble se soucier plus d'une personne que d'un chemiser la touche...lui remonte le moral, peut être même lui donne un sourire. Il s'aperçu de son erreur lorsqu'il vit dans les yeux de la jeune femme que des larmes commençaient à naitre, et lorsqu'elle lui dit enfin dans un semblant de phrase.
« Non… ce n’est pas à cause… de… du chemisier… C’’est… j’ai perdu quelqu’un… il y a peu de temps… et je... je ne… »
Il ne put que constater sa maladresse, pourquoi lui avait il demandé ça? Pourquoi lui avait il donc demandé cela?? Il n'aurait pas pu la laisser à sa peine?! La laisser faire son deuil tout simplement?
La laisser seule...?
Il ne put s'empecher de baisser la tête d'un air triste, le sourire jovial qui apparaissait sur son visage généralement avait laissé place à un aspect grave, les yeux baissés, les mains tremblantes, il songeait... il repensait au gens qu'il avait perdus...à ceux qu'il avait laissé tombé...certains étaient morts, d'autres c'était éloigné de lui...
*Eh c'est pas le temps de penser à ça...faut que je me resaisisse, devant toi il y a une jeune fille en pleurs...tu sais pourquoi, et tu sais combien ça peut être douloureux alors bon sang aide là !*
*Et pourquoi? Pourquoi ça serais toi? T'en as déjà assez bavé non? Elle va faire ressurgir en toi des souvenirs que tu preferais oublier...en quoi ça te concerne sérieusement?*
« Je… je suis désolée… je n’ai pas à vous ennuyer avec tout ça »
Malgrés ce qu'elle venait d'endurer elle tenait à rester digne...garder une certaine fierté, ne pas s'émouvoir devant le premier venu. C'était normal, mais si elle continuait, si elle continuait de garder son chagrin pour elle...ce chagrin la tuerait.
Les yeux dans le vague, il se souvenait de ce qu'on ressent à ce moment là, ce n'était qu'un souvenir, mais il était encore assez puissant pour que son être tout entier tremble...pourquoi? Pourquoi fallait il que les gens auquels nous tenons meurent? Impuissant fasse à tout cela...
*Tu es révolté contre ce monde que tu ne peux changer...c'est pour ça en fait que tu fais ça, n'est ce pas vrai?*
*Tout changer...tout doit changer...c'est vraiment trop...douloureux.*
Serrant les poings, il releva la tête et afficha un sourire qu'il était bien loin de ressentir. Seul un début de larme resté logé dans ses yeux, n'arrivant pas à tomber, pouvait mettre en doute ce sourire amical.
Il la regarda dans les yeux et lui dit sur un ton triste, ayant un peu de mal a trouver ses mots.
"Je...toute mes condoléances...vous...ne m'ennuyer pas, c'est moi qui vous ai demandez et qui devrait m'excuser, c'est sans doute un peu de ma faute si vous pleurez en ce moment...j'ai du vous rapellez de mauvais souvenirs."
"Vous deviez beaucoup tenir à cette personne...moi même j'ai..."
Il s'arrêta, un noeud encombrait son cou l'empechant de continuer à cet instant.
"Perdu des personnes auquels je tenais...une personne en particulier...mais excusez moi... Vous...vous passez cette épreuve avec de la famille à vos cotés? Des amis pour vous confiez? Je..je dis ça parce que j'étais seul au monde quand c'est arrivé, et je ne le souhaite ça a personne !"
*Merde je suis émue c'est certains mais pourquoi je lui raconte tout ça? Elle doit s'en fiche pas mal.*
-
Le jeune homme sembla touché plus qu’il n’aurait dû. N’importe qui aurait présenté effectivement présenté ses condoléances mais n’aurait rien demandé de plus mais là, il voulait savoir si elle n’était pas seule pour affronter ça. Selon ses dires, il aurait, lui aussi, perdu des personnes auxquelles il tenait. Kairi était désolé pour lui.
« Merci pour votre sollicitude »
La jeune femme renifla encore et essaya de se calmer un peu. Ses larmes commencèrent à s’espacer tout comme ses sanglots. Elle commençait à se ressaisir tout doucement même si sa tristesse était toujours aussi pesante.
« Non… non, je… je n’ai personne. Il était… tout ce que j’avais. Je n’ai plus personne »
Elle s’abstint, bien sûr, de mentionner Grendel. Si elle disait qu’un petit démon l’accompagnait partout ou presque, elle allait passer pour une cinglée ou quelque chose d’équivalent. La jeune femme avait eut la sensation de devenir folle à cause de son chagrin mais malheureusement, ce n’était qu’une illusion. Après tout ne dit-on pas heureux les fous et les enfants. Au moins, si elle perdait l’esprit, elle serait moins malheureuse mais ce n’était pas encore pour tout de suite.
« Je suis désolée que vous ayez, vous aussi, perdu des personnes qui vous étaient chères ! »
Malgré sa douleur, elle éprouvait toujours de la compassion et de l’empathie pour les autres. Un exploit vu son état. Elle s’essuya les yeux avec ses mouchoirs en papier avant de les jeter à la poubelle. Les larmes avaient cessé de couler.
« Je vous ai suffisamment retenue, monsieur. Vous avez bien mieux à faire que de rester ici à tenter de me consoler »
Elle esquissa un léger sourire afin d’essayer de rassurer son interlocuteur. Kairi tenta de changer de conversation. Elle détestait se faire plaindre. Sans compter que cet homme était un parfait inconnu. Elle n’avait pas, elle n’allait pas se confier à lui comme ça.
« Pour le chemisier, je m’en occupe dès demain matin. Dans deux jours, il sera là ! »
Un nouveau sourire s’afficha sur ses lèvres mais il était totalement démenti par le tristesse et la douleur qui s’exprimaient dans ses yeux.
-
Nicolas tentait de se reprendre ! Bon sang qu'est ce qui lui arrivait? C'était juste une personne qui a perdu quelqu'un ! Rien d'autre ! Pourquoi lui tenir la jambe comme ça et l'ennuyer aussi inutilement?
L'objectif est de récupérer un peu plus de pouvoir : le chemisier, l'invitation, tout cela n'était fait que dans ce seul but !
*C'est la seule chose qui doit me préoccuper, le fait que ce soit retarder un peu n'est pas si grave, Alice l'aura un peu plus tard je l'appellerais pour lui dire que je passerais d'ici deux jours avec le chemisier.*
Deux jours...cela laisserait plus de temps pour organiser le plan, celui ci était déjà minutieux mais du temps en plus permettrait de le perfectionner. En effet la bague n'était pas une finalité en soi, juste un moyen d'acquérir du pouvoir... un pouvoir.
C'était un cercle vicieux, mais c'était ce qu'il avait choisis, il se disait que s'il possédait un grand pouvoir alors il pourrait protéger ce dont à quoi il tenait.
Idéaliste? Surement.
"C'est moi qui vous ai retenue, ne vous excusez pas. J'ai parlé un peu pour ne rien dire d'important... cela ne m'ennuie pas du tout d'avoir tenter de vous rassurer, à vrai dire cela m'a fait du bien aussi en quelque sorte j'imagine."
Reprenant son attitude habituelle il sortit un stylo bic et arracha un morceau de papier de son agenda et écrit dessus plusieurs bribes de mots, avant de le déposer sur le comptoir de la jeune vendeuse.
"Dans deux jours? Ok. Je vous ai noté mon numéro sur ce papier, appelez moi dès qu'il sera arrivé, s'il arrive plus tôt n'hésitez pas. Et si vous faites un paquet noté le au nom de "Nicolas A." merci."
Il s'éloigna de la caisse et se mit en direction de la sortie, ne pretant qu'un regard distrait au objets vendu présent dans la boutique, se stoppant sur le pas de la porte avant de sortir il lança.
"Tenter de vous consoler ne m'a pas gêné de tout, c'est plus le fait de n'avoir pas réussi qui m'ennuie , enfin...au plaisir. Si vous avez envie d'en parlez vu que vous semblez assez seule..."
Il fit un signe de la tête assez compréhensible accompagné d'un sourire aimable puis sortit de la boutique.
*Mais t'es pas dingue? Tu fous quoi? Tu crois que t'as pas mieux à faire que ça?*
-
« Nicolas ? Très bien, je vous préparerai le paquet et je vous téléphone dès que le chemisier est là… Merci encore pour votre présence »
Il lui fit comprendre de l’appeler si cela n’allait pas. Kairi hocha la tête mais savait qu’elle ne ferait pas appel à lui. Ni à lui, ni à quelqu’un d’autres. Il avait dit avoir perdu des personnes auxquelles il tenait mais la jeune femme avait paradoxalement la terrible impression que personne ne pouvait vraiment comprendre sa douleur même lui.
Une fois Nicolas parti, elle alla fermer la porte et mit l’écriteau « fermé ». Une fois cela fait, elle rangea les quelques affaires en désordre et fit un peu de ménage avant de faire sa caisse. Elle agissait mécaniquement comme un robot. Des gestes qu’elle avait fait des dizaines, des centaines de fois et qu’elle referait encore demain si elle était encore là demain. Chaque jour, chaque nuit, elle espérait que la mort vienne la chercher même si c’était en vain. Une fois son travail achevé, elle leva les yeux vers l’horloge « 20h ». Il était temps de rentrer.
La jeune femme enfila son manteau et prit son sac. Elle rouvrit la porte du magasin et sortit avant de la refermer jusqu’au lendemain. Elle prit alors la direction de son appartement. Les yeux rivés au trottoir, elle avançait en repensant à son amour perdu. Elle n’arrivait pas à se défaire de ses pensées, de lui. Ce qu’ils avaient vécu avait été si intense, si profond, qu’elle ne pouvait penser à autre chose.
Au bout d’un vingtaine de minutes, elle arriva enfin à son petit immeuble, et grimpa les escaliers de métal menant au premier étage et à son appartement. Elle glissa la clé dans la serrure et hésita. Pourquoi rentrer ? Pour se retrouver dans un endroit remplit de souvenirs et de douleurs ? Mais comme une drogue, elle ne pouvait pas quitter cet endroit. Ils avaient été si heureux ensemble. Kairi finit par ouvrir la porte et rentrer chez elle.
« Ben dis donc t’en a mis du temps ! »
Inutile de demander qui l’invectivait ainsi, Grendel bien sûr ! Son petit démon favori et compagnon d’Hirano.
« Navrée mais un client est venu dix minutes avant la fermeture. Je ne pouvais pas le mettre dehors comme ça ! »
Elle n’avait pas vraiment de parler ce soir, pas plus que les autres soirs d’ailleurs. Elle enleva son manteau et déposa son sac avant de s’asseoir sur le sol devant la petite table basse qui lui servait aussi pour les repas. Elle croisa ses bras dessus et posa sa tête dessus. Grendel voleta alors jusqu’à elle.
« T’as l’intention de faire à manger ce soir ? Ou tu comptes encore jeuner ? Parce que moi, j’aime pas du tout ce régime ! »
Kairi soupira avant de se lever et d’attraper une boîte de biscuits dans un placard et de le déposer sur la table.
« Tient t’as qu’à manger ça si tu as faim ! »
Sans attendre la réplique du démon ailé, elle alla dans la salle de bain et ferma la porte à clé. Elle avait parfois du mal à supporter la petite chose qui avait accompagné partout son compagnon et qui maintenant faisait de même avec elle. Des fois, elle s’en serait bien passée. Elle enleva sa robe et ses chaussures avant de se glisser sous la douche. Elle ouvrit l’eau et se laissa choir dans le bac de la douche, l’eau coulant sur elle. Elle attendit une bonne vingtaine de minutes comme ça, prostrée et sans aucune volonté. Finalement, elle s’extirpa de la douche, enfila un pyjashort et sortit de la salle de bain.
"ben dis donc il t’en faut du temps ! Pfffff… t’es bien une fille, toi ! »
Kairi ne répliqua pas et poussa simplement la table basse avant d’aller chercher le futon roulé dans son armure. Une fois déplié, elle éteignit la lumière et se coula sous la couette.
« Bonne nuit Grendel ! »
Le petit démon ne répliqua pas sachant que ça ne servirait pas à grand-chose. Kairi ne s’endormit avant plusieurs heures et seulement après avoir versé un certain nombre de larmes s’attirant ainsi les réprimandes de Grendel mais elle s’en moquait bien.
*************
Deux jours plus tard, le chemisier attendu par l’amie de Nicolas était enfin arrivé. Kairi chercha donc à joindre le jeune homme pour lui dire que le paquet l’attendait au magasin et qu’il pouvait passer quand il voulait.
Ses deux derniers jours avaient été semblables à tous les autres. Elle était simplement plus pâle et encore un peu plus maigre. Elle mangeait à peine, n’éprouvant aucun plaisir et ne ressentant aucune nécessité à s’alimenter. Elle s’occupait toujours du magasin et faisait un peu plus attention aux commandes mais agissait toujours aussi mécaniquement.
-
Paradoxalement, le chemin du retour sembla à Nicolas bien ennuyeux, bien que le démon le fustigeait de remarques quand à la compassion dont il avait fait preuve quelques instants plus tôt, et qu'il le harcelait toujours quand au "plan" pour récupérer le dit objet magique.
Ses pensées allaient droit à la jeune vendeuse, sa tristesse l'avait touchée, parce que sans doute sincère il ne pouvait l'ignorer et passer à autre chose comme il l'avait fait de nombreuses fois. Cela lui aurait semblé presque criminel aujourd'hui de passer à autre chose et de ne plus songer à elle, comme elle l'avait souhaité sans doute lorsqu'elle lui avait dit qu'elle l'avait suffisamment retenue.
Et voilà...il lui semblait avoir à peine quitté le pas de boutique qu'il était déjà arrivé, il n'en fut pas surpris le moins du monde, lorsqu'il était plongé dans ses pensées il pouvait rester des heures à réfléchir, à sourire, rêver et finalement se perdre dans ses souvenirs et ses envies, ses regrets et ses remords et revenir à son point de départ, des heures plus tard.
Cela le fit sourire, son retour avait été pour lui bien plus rapide que son départ, plus rapide à un point phénoménal, et la pourtant rien ne pressait. Il aurait même eu presque envie de ressortir pour se balader et ne penser à rien...après tout qu'est ce qui l'en empêchait? Néanmoins il rentra chez lui, et une fois la porte claqué il s'allongea sur son lit, point de départ de sa "journée".
Allongé sur le dos, les bras croisés et les mains derrières la tête il songeait, ne prêtant qu'une oreille distraite aux vociférations du démon, qui toujours là, avait été plus rageur que jamais sur le chemin, mais bizarrement sa voix lui semblait plus lointaine, comme s'il n'était plus en lui mais bien loin désormais.
*Vraiment tu aurais pu te retenir de faire un numéro pareil à la vendeuse...et puis elle vraiment...enfin le plan...tu comptes faire quoi pour récupérer la bague? Tu pourrais me le dire...non c'est vrai je pourrais utiliser mes pouvoirs mais bon...tu m'écoutes? Tu m'entends?*
*Je ne pense pas qu'elle m'appelleras...moi je n'aurais surement pas appeler un inconnu me proposant son aide...*
*HEIN? De quoi tu parles là? Oh..oh oh oh ! Ne me dit pas que t'es encore là dessus?*
*Peut être qu'en essayant de faire plus ample connaissance avec elle ? Mmh, comment faire...l'inviter? C'est peut être un peu précipité...mais si j'ai pas le choix...*
*Mais tu m'entends bordel? LA BAGUE ! Ne pense qu'a ça ! Parce que si dès qu'une petite mijoré avec ses problèmes t'accostent et que tu te sens de jouer les super man à chaque fois pour les résoudres...on est pas sortis !*
Il n'avait pas vraiment faim, l'estomac un peu dans les talons et un peu, non assez rageur de n'avoir rien pu faire pour l'aider. Bien que tentant de se rassurer lui même avec un "C'est l'intention qui compte", cela ne suffisait pas à ses yeux.
S'étirant un peu il y songea la nuit entière, mais ne trouvant rien de probant pour qu'elle lui parle un peu plus il finit par se laisser tomber dans un sommeil profond. Se tordant sur son lit au rythme effréné de ses rêves.
Les deux jours passèrent rapidement pour le jeune homme, qui lorsqu'il ne devait pas débattre avec le démon de l'utilité d'aider la race humaine, il devait songer à comment aider la jeune femme, réaliser un plan pour pouvoir dérober la bague ou encore prendre quelques instants pour songer à sa vie qu'il trouvait dépourvue de sens.
En ce réveillant ce matin là les idées noires l'assaillaient, comme d'habitude, préférant songer à autre chose qu'a ses démons, en fuyant ainsi la réalité et reportant à plus tard l'inévitable rencontre avec eux pour une mise au clair parfaite, il se dirigea quelques peu endormis vers la douche. Laissant couler l'eau chaude sur sa peau et la cabine se remplir de vapeur il songeait.
*Peut être des points communs? Non c'est décidé...je dois l'aider, ou au moins faire tout pour, je vais discuter un peu avec elle et si cela ne se passe pas trop mal, peut être que l'invitation à prendre un verre lui semblera bonne.*
*Quoi? Tu va l'inviter à sortir ? Mais prend le chemisier et casse toi ! Tu crois vraiment qu'on à pas mieux à faire...en plus...*
*En plus quoi?*
*Je n'en suis pas certains, les résidus sont faible et il me faudrait plus d'éléments pour pouvoir l'affirmer...mais visiblement elle a été en contact avec un démon récemment...mais je n'en suis pas sur ! C'est sous réserve ! *
*Tu n'aurais pas pu me le dire plus tôt non bien sur? Je me demande ce que tu caches encore...enfin quoi qu'il en soit ça ne change pas mes plans, et ça va peut être me faciliter la tâche qui sait ! Si tu en es certains cette fois, préviens moi directement.*
Sur ces mises en gardes il s'habilla, chemise noire, jean bleu foncé ainsi qu'une veste bleue foncé s'accordant parfaitement avec son pantalon, pour aller avec tout cela une paire de chaussure noire plutôt chic, au moins sa tenue ne le ferait pas rougir de honte.
Alors qu'il s'habillait il avait visiblement reçu un appel, le magasin probablement pour lui annoncer que la commande était arriver. Nicolas regarda sa montre, 11h, il était temps d'y aller, sortant de chez lui il se dirigea vers la boutique, le temps était agréable un ciel bleu et un temps sec sans être trop chaud, vraiment c'était agréable.
Cette fois ci, le chemin lui paru plus long, il avait hâte d'y être, hâte que ce soit finis oui ! Qu'au moins si jamais cela ne marchais pas, il retrouve ses esprits ! Marchant d'un pas vif, il pu voir qu'il avait été rapide, puisqu'il avait fait le trajet en 20 minutes environ, sur le coup il eu un doute...et si ce n'était pas la même vendeuse? Aie...y aller tout de même?
*Non je pense que...ça serait louche quand même..enfin..*
En entrant dans la boutique, il eu un soupir de soulagement en s'apercevant qu'il s'agissait toujours de la même vendeuse, une chance ! Malheureusement celle ci était occupée avec une cliente à la caisse, prenant son mal en patience Nicolas se dirigea vers les vêtements entreposés ça et là, notamment vers les chemises, vêtements qu'il affectionnait tout particulièrement.
*Faudrait que je pense à lui demander son nom quand même...bon et toi dès qu'elle arrive je veux une réponse, claire et précise.*
-
Kairi servait une cliente quand Nicolas entra dans la boutique. Elle lui fit un signe de tête avant de continuer à renseigner la dame sur les jupes qu’elle avait repéré. Après plusieurs minutes de délibération, la cliente opta pour jupe longue noir et droite.
« Excellent choix, madame. Si vous voulez bien me suivre, je vais vous faire un paquet »
La jeune femme se dirigea vers le comptoir, enregistra la vente et fit le dit paquet.
« Voilà, madame. Au revoir et bonne journée à vous ! »
Kairi lui adressa un sourire un peu trop commercial pour être ressenti et l’accompagna jusqu’à la porte. Elle se tourna ensuite vers le jeune homme.
« Bonjour monsieur. J’ai mis votre paquet de côté. Je vais aller le chercher. Je reviens dans cinq minutes »
Son sourire envers lui était un peu plus sincère qu’avec la cliente. Après tout, il s’était montré gentil avec elle ce qui méritait un effort de sa part. Elle descendit jusqu’à la réserve, puis jusqu’au bureau du fond. Histoire de ne rien oublier, elle avait tout de suite mis le chemisier de côté, étiqueté du nom de « Nicolas A. ». Elle attrapa le paquet et le rapporta avec elle. Elle vit alors que le jeune homme regardait les chemises, elle ne put s’empêcher de le lui faire remarquer.
« Y a-t-il quelque chose qui vous plaît ? Voilà le paquet – elle le déposa sur le comptoir avant d’aller à la rencontre de Nicolas – Comme je vous l’ai dit, je vous ai fait une remise sur le prix du chemisier. J’espère que votre amie ne sera pas trop embêtée par ce retard ! »
La jeune femme se mit, un peu malgré elle, à détailler l’homme devant elle et de le comparer à Hirano. Elle ne pouvait faire autrement. Si, au niveau carrure, ils se valaient, au niveau de la taille, Nicolas était beaucoup plus grand. Il devait bien faire quinze centimètres de plus que son compagnon. Il possédait des yeux tirant sur le mauve et des cheveux sombres. Rien à voir avec Hirano. Par contre, tout comme ce dernier, il semblait assez attentionné envers les autres. Du moins, c’est ce qu’il laissait croire.
La jeune vendeuse ne voyait pas Nicolas pour lui-même mais bien par rapport à Hirano. Pour elle aucun homme ne pouvait lui arriver à la cheville. Peu importe le physique ou le caractère, aucun ne pouvait trouver grâce à ses yeux. La seule chose qu’elle pouvait accorder à ce jeune homme c’était sa gentillesse et son attention envers elle.
« Si quelque chose vous plait, je peux vous faire une réduction aussi ! Au fait, je ne me suis pas présenté la dernière fois, je me nomme Kairi, Kairi Izumi »
Elle s’inclina pour le saluer de nouveau.
-
Pour lui les chemises représentaient le sommum de l'élégance et du raffinement qu'il était possible d'avoir en ce bas monde, chaque type de chemise représentant un style différent, en résumé pour lui cela représentait une certaine classe. Ses préférences tendaient vers des chemises aux teintes unies et plutôt sobres, même s'il lui arrivait de changer de style quelques fois en de rares occasions.
Le plus gênant a vrai dire c'était de prendre soin des dites chemises...cela prenait un temps fou ! Heureusement le pressing, les nouvelles chemises et un peu d'organisation permettait d'en avoir toujours quelques une sous la main, sans qu'elles soient prises par défaut car c'était la seule présentable.
Bien sur la chemise ne faisait pas tout, mais c'était une bonne base comme d'habitude on commence par prendre la meilleure partie, celle qu'on ne peut changer et qu'on doit absolument prendre, puis on voit après avec le reste ce qui colle le mieux.
Cette fois ci, son dévolue se jeta sur une chemise en soie blanche avec quelques armoiries sur le col, il sourit en la regardant sous plusieurs coutures, la texture était agréable au toucher, la teinte unie comme il les appréciaient, les armoiries montraient une certaine marque...seul les boutons étaient un peu toc.
Il s'agissait de bouton commun, mais ceux ci était pour lui trop simple pour aller bien avec la chemise.
Ce fut la jeune femme de la dernière fois qui le sortit de l'examen qu'il pratiquait sur les chemises du magasin, elle lui indiqua qu'elle allait chercher le chemisier et qu'il fallait encore qu'il patiente quelques instants.
*Elle n'est vraiment pas mal, ce qui est vraiment gênant..Mmh..Ils sont vraiment trop simple pour quelque chose de cette qualité.*
La durée de cette réflexion qu'il se faisait suffit à ce que la vendeuse arrive à ses cotés pour s'assurer qu'il trouve son bonheur dans les vêtements qu'il regardait, tout en lui indiquant qu'une réduction avait été faite sur le chemisier.
"Mmh...non ce n'est pas grave...ne..le retard, n'est pas important."
Cette réflexion était plus une réponse de politesse que vraiment interessé, il cherchait désormais une ceinture en cuir qui s'accorderait le mieux avec ses chaussures, les chaussures étaient noires et en cuir, il fallait donc une ceinture, pas trop large, sobre et noire avec...peut être de l'argent sur la boucle?
Le silence présent le fit sortir de ses pensées, il n'était pas venu là pour ça, bien qu'il y avait des articles intéressant ici ce n'était pas son but ! Lorsqu'il se retourna il fut assez surpris du changement physique de la jeune femme, celle ci se laissait visiblement dépérir...elle semblait encore plus mal qu'avant et physiquement très atteinte.
*Alors ? Tu sens quelques choses de démoniaque chez cette fille?*
*Chez elle non, mais c'est clair qu'elle est en contact avec un démon, inférieur certes, mais un démon quand même.*
« Si quelque chose vous plait, je peux vous faire une réduction aussi ! Au fait, je ne me suis pas présenté la dernière fois, je me nomme Kairi, Kairi Izumi »
Kairi...c'était un jolie nom, pas très commun ici, du moins il ne l'avait entendu que peu de fois, une réduction? Encore ? Décidément à force elle allait se ruiner.
"Kairi? C'est assez jolie. Enchantée ! Je m'apelle Nicolas Ashtreim. Une réduction encore? Vous êtes sûre ? Vous n'allez pas avoir des soucis à force? Je veux dire au niveau de votre trésorerie !"
Néanmoins il lui montra les quelques articles qui l'intéressait, la chemise et il lui indiqua quelques ceintures noires qui pourrait convenir à sa recherche en lui précisant qu'il aimerait qu'elle s'accorde à ses chaussures.
Alors qu'elle l'aidait à choisir parmi les ceintures et qu'il n'y avait plus personne aux alentours, il ne put s'empêcher de lui faire une remarque.
"Kairi? Vous me semblez un peu claqué depuis la dernière fois, vous avez l'air bien plus maigre, encore un peu et bientôt on verra à travers ! ...Euh désolé mais..enfin vous avez l'air encore plus mal en point qu'il y a 2 jours, c'est moi ou c'est bien cela?"
-
Kairi sourit en entendant les paroles de Nicolas.
« Ne craignez rien pour la trésorerie. Je ne fais pas ça tout le temps et le magasin marche plutôt bien, alors ça – elle tenta même de faire un brin d’humour – et puis je n’ai pas non plus dit que je réduirai votre note de 50% »
Elle observa les vêtements qu’il choisissait. Il semblait faire attention à lui et à sa façon de se vêtir. Elle trouvait d’ailleurs qu’il avait bon goût. Elle tenta de le conseiller et essayait de se remémore ce qu’elle avait en réserve. Tout n’était pas forcément exposé ici. D’ailleurs, elle se rappela une ceinture de largeur moyenne, noire et dont la boucle, couleur argent, rappelait les armoiries de la chemise. Mais elle n’eut pas le temps de l’évoquer, Nicolas évoqua alors son physique et surtout son aspect maladif. Elle pâlit, du moins, elle aurait pâlit si sa peau n’avait pas déjà cette teinte laiteuse.
« Je… je ne pensais pas que ça se voyait »
Elle ne prenait pas vraiment le temps de se regarder dans les miroirs. D’ailleurs, elle avait plutôt tendance à les fuir surement parce qu’elle se ferait peur à elle-même en se voyant dedans. Elle était gênée que cela se voie.
« Je ne mange pas beaucoup ces derniers temps – elle évita de dire qu’elle ne mangeait rien du tout – je n’ai pas très faim ces temps-ci – son regard se perdit sur le plancher – En fait, je n’ai pas faim du tout depuis… pas mal de temps ! »
Depuis la mort d’Hirano, elle ne se rappelait pas avoir fait un seul repas. Elle ne mangeait que quand son ventre hurlait littéralement de faim ou qu’elle sentait qu’elle allait tomber dans les pommes, sinon elle grignotait de temps à autre. D’ailleurs, le malaise ne se fit pas attendre. L’absence de nourriture associée au fait qu’il s’était rendu compte de son état, elle en avait des vertiges. Elle porta sa main à sa tête et la secoua une fois ou deux pour chasser les petites étoiles qu’elle voyait. Elle alla, un peu chancelante, jusqu’au comptoir où elle s’appuya mais elle fit comme si elle allait bien.
« Je vais essayer de manger plus ! »
Elle n’y croyait pas elle-même mais faisait un effort pour donner le change au jeune homme.
« J’ai… j’ai une ceinture qui devrait bien aller avec la chemise que vous regardiez. Je vais voir si je la trouve »
Kairi quitta l’appui sécurisant du comptoir pour commencer à descendre vers la réserve. Cependant elle n’aurait pas dû quitter aussi son appui. Son malaise n’était pas encore passé et elle perdit l’équilibre sur l’avant dernière marche.
« Ahhhhhh ! »
Elle tomba en poussant un cri. Elle ne perdit pas connaissance mais elle avait très mal aux côtes, à la cheville et au poignet droit. Elle avait mis son bras devant elle, instinctivement, pour se réceptionner. Elle chercha à se redresser mais ne put que lâcher un nouveau cri légèrement moins puissant que le précédent.
-
Pas besoin d'avoir des dons de voyance pour percevoir que sa remarque ne pouvait être que juste, être un peu attentif suffisait et lui l'était plutôt beaucoup. Autant il se disait qu'une femme comme elle devait rayonner habituellement et naturellement, autant là elle semblait malade et même pire. Elle semblait fatiguée, mais surtout elle perdait en couleur et donnait la désagréable impression d'être une étrangère à son corps, n'en prenant plus soin et n'y faisant plus attention.
Une mine un peu fatigué, pas de maquillage, un manque de vitalité...c'est clair qu'elle n'était pas au mieux de sa forme cette charmante Kairi. Il était presque sur qu'elle passait des journées entières sans manger perdu dans ses songes, il se demandait même comment elle faisait actuellement pour tenir debout.
« Je… je ne pensais pas que ça se voyait »
Lui avoua t elle a demi mots, faute de pouvoir dire qu'elle allait bien ce que son apparence aurait démenti tout de suite, mais chose qu'elle aurait sans doute faite songea t il si elle l'avait pu.
Tout en regardant dans toute les directions possibles, plancher, vitrine, vêtements sauf celle de son interlocuteur elle lui avoua, avec une pointe de honte dans la voix cru t il discerner, que depuis un certain temps mangeait de moins en moins !
* Voir même pas du tout ! * - Compléta t il mentalement -
Et lorsqu'elle annonça qu'elle allait essayer de manger plus il dû retenir un éclat de rire qui montait, mais ne pu s'empêcher de sourire. Vraiment? Le pensait elle si niais pour qu'il gobe un pareil mensonge?
*D'un coté elle essaye de me rassurer ou de se rassurer un peu. Je suis passé par là, je sais bien comment ça se passe et ce qui peut nous trotter dans la tête. Et manger viens en dernier après tout le reste.*
Elle prétexta qu'elle avait une ceinture qui pourrait lui convenir dans la réserve, pour lui s'était un moyen de dissimuler son mal aise quand au fait qu'elle ne soit pas au mieux de sa forme...peut être n'aurait il pas dû être si direct...si, il le fallait bien, mieux fallait que ce soit lui qui lui dise qu'une cliente énervée par une journée rude.
Elle disparu donc, se dirigeant vers la réserve, sur le coup sa démarche semblait un peu chancelante mais rien de plus, il se remit donc à regarder les ceintures et à re re re regarder les autres chemises...peut être celle ci...
"Kairi je voulais vous demander...cela va vous paraitre peut être un peu bizarre...même beaucoup sans doute mais vraiment il faut que..."
« Ahhhhhh ! »
Un cri déchira le semi silence qui s'était installé, il reconnu la voix ou plutôt le cri de Kairi, sur le coup un tel cri le tira violemment du simple examen qu'il faisait, le cri semblait brutal et le fait qu'il n'entende que des bruits sourds après le fit courir vers la remise.
"Kairi? Vous allez bien?" - Lacha t il presque instantanément assez inquiet -
Manquant de glisser en voulant aller trop vite, il se rattrapa in extremis à une rambarde. Une fois au niveau de réserve il vit Kairi sur le sol de la réserve, visiblement elle s'était fait mal et semblait souffrir.
Descendant les escaliers assez vite, il se retrouva en un instant aux cotés de la jeune femme, un genou sur le sol pour se mettre au niveau de Kairi il demanda assez alarmé.
"Vous vous êtes fait mal? Vous avez un canapé, un divan ou un autre endroit où vous serez plus à l'aise que sur le sol d'une réserve?"
Tentant de faire un peu d'humour pour qu'elle ne songe plus à la douleur il plaisanta
"Je me doute que vu le poids que vous faites actuellement vous seriez bien capable de vous envolez, mais vous avez visiblement besoin d'encore quelques cours supplémentaires à mon avis !"
( C'est pas très bon, mais il est sous le coup de l'émotion :p ! )
-
La jeune femme entendit Nicolas descendre à toute vitesse. Rien d’étonnant à cela vu le cri qu’elle avait poussé. A moins d’être dépourvu de toute sensibilité et de toute humanité, ce qui ne semblait pas du tout être le cas du jeune homme, n’importe qui serait venu voir ce qui s’était passé. Elle sourit à sa remarque sur le fait qu’elle devrait encore attendre pour apprendre à voler.
« J’ai glissé sur une des marches. Non, il n’y pas de canapé juste une chaise dans le bureau du fond là-bas »
De sa main valide, elle désigna la porte close au fond de la réserve. Elle tenta alors au moins de s’asseoir, se serait toujours mieux que d’être à moitié allongée au sol. S’aidant de son coude et de son bras valide, elle y parvint. Elle grimaça quand même sous la douleur.
« Je crois que je me suis foulée le poignet et la cheville ! »
Elle dit foulé et espérait que ce n’était pas cassé vu la douleur qu’elle ressentait. Elle soupira. C’était la poisse, vraiment. Elle se fichait bien de ses blessures comme de beaucoup de chose mais elles risquaient de la condamner à rester chez elle pendant plusieurs jours. Kairi déprimait déjà tellement, ça allait être un calvaire. Au moins son travail la forçait à sortir et à faire un minimum d’efforts. Là, elle n’aurait plus rien à faire sinon à contempler ses murs et subir le discours incessant de Grendel.
La jeune femme jeta un coup d’œil autour d’elle, essayant de trouver comment elle allait pouvoir se relever. Elle ne pouvait pas rester éternellement allongée au sol. Ne voyant rien qui pouvait l’aider, elle reporta son attention sur le jeune homme près d’elle.
« Vous… vous pourriez m’aider à aller jusqu’au bureau s’il vous plait ? Je vais téléphoner à ma patronne, elle viendra tenir la boutique cet après-midi »
Par chance, il était midi. La boutique était donc fermée ou supposée fermée. Aucun client ne devrait donc entrer. Cela lui donnait un peu de temps devant elle.
-
"Bien sur que je vais vous aidez, de toute façon je l'aurais fait même si vous ne me l'aviez pas demander."
Joignant le geste à la parole il lui fit signe de mettre son bras autour de son coup et de s'appuyer avec sa cheville valide de l'autre coté pour se relever. Quand il se leva il se rendit compte qu'elle pesait encore moins que ce qu'il craignait, qu'elle soit tombé dans les escaliers ne l'étonnait plus en rien désormais.
Avançant ainsi doucement jusqu'à l'endroit désigné par Kairi, il trouva en effet le siège et le bureau, ce n'était pas du grand luxe mais c'était mieux que le sol gelé de la réserve. Avec une grande attention, il l'aida à s'asseoir sur la chaise , malgré cela elle ne put réprimer une grimace de douleur qui tordit son jolie visage.
Une fois qu'elle fut posée sur la chaise, il s'empara du téléphone, il n'avait nullement l'intention de lui donner directement pour qu'elle appelle sa patronne après ce qu'il était arrivé ! En effet, n'importe qui aurait pris quelques minutes pour soi avant de penser a son travail, les plus fainéant auraient même faire pire !
"Ta ta ta - Il fit un signe négatif de la tête - Hors de question que vous téléphoniez à votre patronne de suite, vous la préviendrez plus tard et bon je lui expliquerais pour qu'elle se montre compréhensive si c'est une harpie. Déjà...un médecin - il se gratta la tête - à oui c'est ce numéro là."
Pianotant sur les touches du téléphone il composa ainsi le numéro qu'il avait taper déjà plusieurs fois depuis qu'il était ici, celui du médecin de famille. Un brave vieil homme qu'il avait connu depuis son arrivé ici et qui s'était toujours montré sympathique et chaleureux, bien qu'il le soupçonnait de forcer un peu sur la bouteille en dehors des heures de travail, celui ci restait tout de même un ancien médecin de renom. Kairi voulu protester, néanmoins plaçant son index sur sa bouche en signe de se taire.
Lui expliquant le problème, ce qui était arrivé et où apparemment la douleur se faisait ressentir, celui ci, bien que grognon d'avoir à se déplacer à l'heure d'un repas qu'il prévoyait visiblement arrosé, dit qu'il passerait directement et donna néanmoins plusieurs consignes à Nicolas le temps qu'il arrive.
"Bon maintenant on va appeler un livreur, une pizza, peut importe à vrai dire mais moi j'ai les crocs ! Et vous avez promis de manger non? Alors vous prendrez quoi? Réfléchissez pendant que je tape le numéro...si c'est un bol de riz ou du ramen instantané je ne discute plus je vous assomme !"
Il voulait vraiment qu'elle se détende et qu'elle songe plus à elle même qu'a son travail, elle venait de se blesser plus ou moins gravement, mais l'accumulation de ces évènements n'était pas vraiment bonne ni pour le moral, ni pour le physique.
"Vous me tendrez votre poignet tout à l'heure, que je regarde si ce n'est pas casser. Parce que vu la grimace de tout à l'heure ça à l'air de faire plus mal qu'une simple foulure."
-
Avec précaution, Nicolas l’aida à se relever. Elle avait vraiment mal mais essaya de le montrer le moins possible. Elle n’avait jamais aimé se plaindre et, même maintenant, elle ne l’envisageait pas. Si elle y avait pensé, elle aurait essayé de parler avec quelqu’un de son mal-être et de sa douleur hors il n’en était rien. Elle préférait vivre recluse sur elle-même plutôt que de demander un semblant d’aide à qui que se soit.
Ils mirent plusieurs minutes pour atteindre le bureau. Une fois arrivé, il la déposa avec douceur sur la chaise derrière le bureau. La pièce était fonctionnelle et n’offrait que très peu de confort. Le fait d’être en sous-sol rendait la pièce assez froide et les murs de béton n’arrangeaient rien. Le bureau de métal et la chaise de dactylo noire composaient l’essentiel du mobilier. Une armoire en métal pour dossiers se situait contre le mur, derrière le bureau et complétait l’ensemble. Sur ce dernier, beaucoup de papiers s’amoncelaient, commandes, reçus de toutes sortes, bloc notes, catalogues de vêtements… En plus de tout ça un téléphone s’y trouvait. Nicolas attrapa d’ailleurs le combiné avant qu’elle est même eut le temps de lui dire merci.
Il se mit alors à appeler quelqu’un devant une Kairi complètement éberluée et incapable de placer un mot. C’était étrange, elle n’avait même plus la force de le contredire ou de l’empêcher de dire ou faire quoi que se soit. Au « docteur » qu’il employa, la jeune femme se dit qu’il devait appeler une connaissance du corps médical. Cela paraissait bien logique vu la situation.
Une fois cela fait, elle pensait qu’il resterait peut-être avec elle en attendant le médecin mais visiblement, il ne comptait pas la quitter de si tôt. Il voulait la faire manger à présent. Le ton qu’employait Nicolas était si impératif, bien qu’avec un brin d’humour, qu’elle ne pensa pas vraiment à discuter. Kairi n’avait toujours pas faim mais ne refusa pas.
« Ce que vous voudrez, ça m’est égal »
Elle se mit à scruter le jeune homme qui composait un nouveau numéro, celui d’un livreur de pizza ou autre. Il lui rappelait Hirano par ce côté un peu protecteur. C’était d’ailleurs dans cette pièce qu’ils s’étaient connus. Il l’avait sauvé quand des voyous avaient voulu abuser d’elle. Sans détacher ses yeux noisette du jeune homme, elle ne put s’empêcher d’essayer de comprendre ce qui l’amenait à s’occuper d’elle ainsi.
« Pourquoi faites-vous ça ? Je ne suis rien pour vous »
-
Bien qu'il ne détestait pas ça, les fast food et pizzeria n'étaient pas la tasse de thé de Nicolas. La nourriture était bonne il en convenait, mais l'ambiance laissait franchement à désirer.
Pièce sale pour ne pas dire franchement dégueulasse, personnel peu agréable n'étant embauché qu'un été juste pour faire le compte et qui changeait comme la couleur du papier peint, contrôle sanitaire plus qu'irégulier...bref quand on y pense c'est bon mais malsain.
Le fait qu'il commande lui épargnerait au moins à devoir s'assoir dans une pièce insalubre et pleine de crasse, en attendant d'être servis par un homme au visage au mieux inexpressif sinon franchement patibulaire. Le pire étant sans doute dans les lieux où les employés devaient réciter un petit discours de bienvenue avant de servir le client, c'était à en mourir de rire ! Vraiment c'était à se demander s'il ne s'agissait pas d'un numéro comique...c'était pitoyable, en plus de voler les employés sur leurs salaires ils leurs prenaient leurs dignité en plus.
Quoi qu'en regardant aux alentours...la pièce sombre et froide que représentait la réserve à ses yeux n'étaient guère plus attrayante. Néanmoins niveau salubrité c'était toujours mieux que dans un fast food, et puis il déjeunerait avec une charmante jeune...dépressive...non, une charmante jeune femme, c'était ça le mot qu'il cherchait, femme. C'est vrai que c'était un cadre de rêve !
Il adorait ça, ironiser sur sa situation, sur celle des autres, un de ces petits plaisirs pour se foutre de la gueule des autres en touchant à ce que personne n'ose dérangé, avec un brin d'élégance unique.
Quoi qu'il en soit Kairi avait l'air un peu ailleurs désormais, c'est du moins l'impression qu'il en avait, le ton sur lequel elle prit le fait qu'il commande de la nourriture ne le vexa pas mais le fit quelque peu soupirer.
La commande était passé, et deux belles pizzas accompagnés de tout ce qu'on peut trouver de plus malsain, cancérigène, gras et huileux était en route pour la boutique. Mmh ça allait être un festin ! Vraiment ! Elle l'interpella avec une autre question à ce moment là.
« Pourquoi faites-vous ça ? Je ne suis rien pour vous »
*Voilà la question que je me pose depuis...Mmh 2 bons jours, pourquoi tu fais ça? Vas répond gentillement à la Damoiselle, parce que ça m'intéresse aussi.*
Mine de rien, il cherchait une chaise ou quelques choses sur quoi s'assoir...mais qu'est ce qui pourrait servir de siège dans ce débarras de vêtements? N'ayant pas trouver quelques choses qui lui convenait il s'assit dos à un mur, non loin d'une pile de vêtements, le tout à la droite de Kairi.
"Eh bien - Il se gratta derrière la tête - mon karma n'est pas au mieux de sa forme en ce moment, et pour le remonter j'avais le choix entre vous aidez ou éradiquer le cancer de la surface de la Terre, et j'ai toujours aimé la difficulté."
Il s'étira un peu et regarda sa montre, 12H05.
" Je répond très difficilement au question directe, je suis assez évitant à ce qu'il parait. Néanmoins, je répondrais ceci à la votre : Je ne suis pas là pour choisir qui je dois aider, si je peux aider tout le monde je le ferais tout simplement parce que je le peux. Satisfaite? "
"A mon tour de vous demandez maintenant quelque chose, pourquoi voulez vous absolument ne pas vous faire aidez en dissimulant tout votre mal être?'"
-
Nicolas ne répondit pas tout de suite à sa question. Il cherchait un endroit où se poser vu la manière dont il regardait tout autour de lui. Mais l’ameublement spartiate du bureau ne lui permettait guère de trouver un quelconque endroit. Finalement, il choisit le sol et s’adossa au mur à la droite de la jeune femme. Celle-ci fit pivoter sa chaise avec son pied valide pour se tourner vers lui. Il semblait fuir sa question ou plutôt fuir la réponse. D’ailleurs, il ironisa à nouveau, évitant soigneusement de répondre mais finalement Nicolas lui donna la raison la plus simple du monde, l’envie d’aider les autres.
Kairi l’observait cherchant à savoir s’il lui disait la vérité. L’altruisme était une chose bien rare de nos jours et si elle avait envie de le croire, elle savait aussi que certains hommes étaient tout à fait capables de masquer leurs vrais sentiments pour jouer la carte de la sensibilité. Erogène était comme ça et il lui avait fait tant de mal. Mais Hirano lui avait aussi appris que les hommes pouvaient être sincères. Cet homme l’était peut-être.
« A mon tour de vous demandez maintenant quelque chose, pourquoi voulez vous absolument ne pas vous faire aidez en dissimulant tout votre mal être ? »
La jeune femme revint à nouveau à la réalité et surtout au jeune homme en face d’elle.
« Disons que je n’ai plus personne pour m’aider ou m’écouter et je… je ne pense pas qu’on puisse m’aider. Je n’ai pas envie d’embêter les autres »
Elle ne pouvait pas vraiment se confier à quelqu’un. Si elle le faisait cela signifiait parler d’Hirano bien sûr mais aussi parler de Terra, des démons, du grimoire et de toutes ses choses dans lesquelles elle avait évolué auprès du jeune homme. Qui la croirait ? On la prendrait pour une folle et se serait l’hôpital psychiatrique.
« Aïe !!! »
La douleur revint l’agresser. Décidément, elle croyait de moins en moins à de simples foulures au moins pour le poignet. La douleur à la cheville était intense mais moins importante que celle du poignet. Elle n’arrivait d’ailleurs pas à le bouger et la douleur était violente. Que se soit cassé n’avait rien d’extraordinaire vu qu’elle mangeait peu, son corps s’était certainement fragilisé. Elle s’appuya contre le dossier et se concentra pour essayer d’occulter un peu la douleur mais c’était vraiment difficile.
-
La réponse de Nicolas avait visiblement placée la jeune fille dans un état d'incertitude et de doute, c'est vrai que sa question était sérieuse et donc qu'elle en attendait une réponse honnête.
Néanmoins on ne pouvait pas trop le blâmer sur sa conduite, comme toujours, pour ce qui touchait à lui il avait du mal à répondre et souvent ne savait pas trop quoi dire s'il voulait être honnête, il répondait donc au tac o tac une bêtise ou une autre, un moyen d'éviter la question tout en plaisantant.
Cette fois ci, il avait tout de même tenté d'être sérieux en donnant la réponse qui lui semblait le plus exacte, sur le coup il avait sortit ça parce que ça lui avait semblé juste. Il n'aurait jamais à ce moment songé que cela aurait pu être interprété comme un excès de zèle de sa part, ou comme une vantardise. En effet, il considérait plus ça comme une faiblesse que comme une véritable preuve de force, donc il n'y avait rien de glorifiant à ce qu'il dise ça.
*Pourquoi est ce qu'elle m'observe comme ça? J'ai fais quelque chose bizarre?* -S'interrogea t il même d'un coup -
« Disons que je n’ai plus personne pour m’aider ou m’écouter et je… je ne pense pas qu’on puisse m’aider. Je n’ai pas envie d’embêter les autres »
Reprenant ses esprits, elle articulait une réponse autour de sa question, réponse qui bien souvent était la même, parce qu'a force d'entrer dans un monde de désespoir, on se sens seul et insignifiant pour les autres.
"Si c'est la seule raison je suis prêt à vous écouter et part la suite, une fois que j'en saurais plus je pourrais vous aidez à aller mieux. Quand à m'embêter...si vous m'embêtiez réellement j'aurais appeler un médecin quelconque et je serais partit tout simplement. Dites vous que vous me rendez service en me laissant vous aidez, cela me fait plaisir."
Il lui sourit, pourquoi donc toutes les personnes qui ont besoin d'un coup de pouce fuient les personnes qui veulent les aidez? Cela rendait sa tâche d'aide bien plus ardue, car déjà qu'une aide venant d'un inconnu peut être suspecte, là il fallait toujours carrément insister pour aider.
Mais le vrai problème venait certainement de lui, pourquoi ne pouvait il tout simplement pas laisser tomber ! Il était obstiné, c'était terriblement énervant dans certaines situations, il voulait toujours qu'il puisse se dire qu'il n'avait rien à regretter.
Il fut sortit de ses pensées par le cri de douleur de la jeune femme, ses yeux sortir du vague où ils étaient tomber et il se leva directement pour aller vers Kairi, il était en effet assez inquiet.
"Pendant que j'essaye de voir si c'est cassé ou pas, vous me racontez votre histoire? Et regardez moi, sinon vous allez avoir encore plus mal si vous continuez a regarder votre poignet."
Une fois à ses cotés, il prit son poignet et tenta de faire de son mieux, selon les indications du médecin pour voir ce qui était cassé ou simplement foulé.
-
Kairi se tenait le poignet mais la douleur commençait à lui faire venir les larmes aux yeux. Nicolas se précipita vers elle et lui conseilla de ne pas regarder sinon, elle risquait d’avoir plus mal encore. C’était étrange comme manière de faire mais la jeune femme commençait à avoir vraiment trop mal pour discuter. Elle releva alors la tête et fixa ses yeux sur le visage de son docteur intérimaire. Elle le regardait, juste lui, en évitant bien, sur ses conseils, de baisser les yeux sur son poignet qu’elle avait finit par lui abandonner.
Elle grimaça lorsqu’il se mit à palper le membre. Nicolas voulait connaître son histoire mais elle ne voyait pas comment lui raconter ça. D’ailleurs, elle ne le pouvait pas ou en tout cas pas totalement. Il se montrait si gentil. Elle pouvait peut-être lui parler de certaines choses sans pour autant déborder sur le côté ésotérique et mystique.
« Et bien, je ne sais pas trop par où commencer – elle grimaça sous la douleur –Je suis venue dans cette ville car j’y ai trouvé un travail. Je n’ai plus de famille alors ça ne me posait pas de problèmes de déménager. Evidement, je suis tombée sur un ex petit-ami qui… qui a voulu abuser de moi. Je m’en suis sortie mais ça n’a pas été facile. Un jour, trois hommes sont descendis ici, dans ce bureau et ont voulu… - elle baissa la voix – abuser de moi mais un jeune homme les en a empêché – un beau et vrai sourire s’afficha sur ses lèvres alors qu’elle se rappelait ce souvenir – Il s’appelle… il s’appelait Hirano. On est vite tombé amoureux l’un de l’autre. J’étais si bien avec lui. Il était doux, gentil et il me comprenait. C’est si… banal mais je me sentais si bien, j’étais si heureuse. On voulait passer notre vie ensemble, se marier, avoir des enfants et puis, un jour… »
Elle n’acheva pas sa phrase, c’était inutile. La fin était aisément devinable. Les larmes affluèrent de nouveau autant à cause de la douleur physique que de la douleur moral qu’elle ressentait.
-
A chaque parole prononcée, à chaque mots articulée Kairi semblait sombrer un peu plus dans son passé. Un passé en dent de scie sûrement, du bonheur aux larmes ne disait on pas qu'il n'y avait qu'un pas?
Un pas qu'elle semblait d'ailleurs franchir assez aisément s'il en croyait ses explications.
Tel l'heure sur la pendule de la salle à manger, la joie et la tristesse se lisait sur son visage quand elle lui racontait ce qu'était son histoire, une histoire triste assurément, mais hormis dans les contes de fée connaissons nous des histoires heureuses?
*Nous sommes le théatre tragique des dieux.* -Soupira le démon-
Il l'écoutait, sans broncher, sans laisser rien transparaître. Contrairement à l'enfant sage à qui on raconte une histoire, lui se délecte de chaque passage lu, il ne pouvait en faire autant. Il avait en face de lui une femme triste, mélancolique et fermée au monde qui l'entourait et cela il le savait, il l'avait même sû la première fois qu'il eu croisé son regard. On peut changer beaucoup de chose chez quelqu'un avec un peu de chirurgie esthétique ou de sport, mais aucune science au monde ne peut modifier le regard d'une femme.
Il l'avait sû sans le savoir. Il l'avait vu sans y réfléchir mais un sixième sens l'avait avertit, l'avait intrigué, l'avait dérangé. C'était imperceptible, mais à partir du moment où il avait sû cela, c'était finis, il chercherait venir en aide quoi qu'il advienne. Pourtant lui aussi avait eu son lot de souffrance, cependant il les voulaient invisibles, effaçables, plus que cela : inexistantes.
Souffrir c'était pour lui être faible, on avait souffert parce que l'on était pas assez bon, pas assez doué. Il fallait cacher ce coté imparfait, le nier, l'enfouir. Et pourtant, c'était cela qui lui permettait de comprendre les autres dans leurs douleurs et leurs peines, de les comprendre d'un seul regard, il voulait effacer ce qui constituait son essence.
Elle pleurait. Le récit de Kairi était finis ou s'était finis de lui même et la jeune femme pleurait la perte de son ancien amant, plus que cela, de son amour qu'elle ne reverrait plus jamais.
La gorge nouée par ce récit tragique, Nicolas tenta tout de même de trouver des mots...Les mots qui feraient qu'elle pourrait affronter le futur, ceux qui la feraient espérer ou mieux : arrêter de désesperer.
Posant sa main sur l'épaule de Kairi, il dit.
"Je pense que personne ne pourra jamais comprendre exactement ce que vous ressentez, car personne ne sera jamais vous, ni lui. - Il parlait d'Hirano-. Mais il y a une phrase qui m'a aider lorsque je traversais des moments difficiles...c'est à dire tout le temps, cette phrase est la suivante."
Il marqua une pause, cette phrase...il l'avait en tête depuis qu'il l'avait lu. C'était la phrase d'un livre qu'il avait prit une fois parce que le titre lui plaisait, le labyrinthe, c'était cela le titre. Elle lui plaisait parce qu'elle reflétait une partie de lui même, une partie de son combat, de sa volonté de s'en sortir quoi qu'il arrive, même dans les pires moments on devait toujours tout faire pour se battre, ne jamais rien lâcher, ne jamais céder.
"Il n'y a pas de labyrinthe dont je ne puisse trouver la sortie."
-
Kairi était surprise par les propos de Nicolas. D’habitude, les gens lui disaient toujours « je comprends » et « je suis désolé pour vous » ce qui l’énervait vu qu’elle pensait que personne ne pouvait comprendre. En effet, personne ne pouvait se mettre à sa place. Pour une fois, quelqu’un avait la délicatesse et l’intelligence de dire qu’il ne pouvait pas totalement comprendre son ressentit. Elle en fut touchée.
« C’est une jolie phrase ! Vous avez probablement raison, il y a peut-être une fin à la douleur que je ressens mais c’est comme si j’étais dans un long tunnel dont je n’aperçois pas la sortie, ni même une toute petite lumière qui me permettrait d’espérer la fin de mon supplice »
A discuter avec le jeune homme, elle en avait presque oublié la douleur. Presque car elle était quand même intense. Néanmoins, elle se sentait un peu mieux. C’était étrange, elle n’aurait jamais imaginé que de discuter avec un inconnu lui ferait un peu de bien. Pourtant c’était le cas. Elle lui offrit un superbe sourire. Un de ceux qu’elle faisait avant la disparition d’Hirano.
« Merci Nicolas. C’est la première fois que je me sens un petit peu mieux en parlant avec quelqu’un ! »
Elle était bien sûr bien loin d’être remise de la mort de son ami mais c’était une petite éclaircit dans le ciel de tempête qui la poursuivait depuis des semaines.
Un bruit de clochette se fit alors entendre. C’était la porte d’entrée du magasin. Vu l’heure, il ne pouvait s’agir que du médecin ou du livreur de pizza. Que se soit l’un ou l’autre, Kairi était trop limitée dans ses mouvements pour faire quoi que se soit.
« Vous voulez bien aller voir. Je pense que ça doit être soit le déjeuner, soit le médecin ! »
Secrètement, la jeune femme espérait bien que se soit la seconde personne. Malgré sa promesse de grignoter quelque chose, son estomac était un peu trop noué pour ça. Par contre le médecin serait vraiment très bien venu. Au moins, elle serait fixée sur son sort. Enfin surtout sur ce qu’elle avait comme blessure. Si c’était de simples foulures, quelques jours et du repos et tout irait bien, façon de parler bien sûr. Par contre si c’était cassé, elle en avait pour au moins six semaines de plâtre, sans compter la rééducation derrière comme si elle n’allait pas déjà assez mal comme ça.
-
Il avait prononcé cette phrase d'un souffle, accentuant bien le coté important et solennel de chaque termes, de chaque mots. Elle avait un sens un sens profond pour lui, ce genre de sens qui permet de vivre, qui permet de ne pas sombrer dans la dépression après une épreuve.
Plus qu'une phrase c'était une manière de vivre, une philosophie qu'on adopte ou pas à chaque instant.
La phrase, non, l'ensemble des choses qu'ils avaient dites avait soulagé Kairi, il en était heureux car, comme ça, il avait le sentiment d'avoir servis et d'avoir rendu service. C'était un plaisir simple, et pourtant savoir qu'il avait réussi quelque chose d'aussi complexe que de rendre le sourire, ne serait ce qu'un moment, à quelqu'un était pour lui était tout simplement génial.
Quand il la vit enfin faire un vrai sourire, un qu'elle ressentait intérieurement et non pour la galerie, il se surprit lui aussi à sourire. Il la trouvait vraiment superbe quand elle souriait vraiment, c'était presque un crime pour lui qu'on la rende si malheureuse car ainsi on cachait au monde l'une des plus belles choses qu'il eu pu voir : Le visage d'une femme heureuse.
"Merci beaucoup aussi, c'est un...je veux dire merci du compliment, je n'ai pas l'impression d'en avoir fait tant pour vous."
* Mais que c'est niais, mais que c'est niais. Mais qu'est ce que j'ai fais pour que tu te conduises comme un chevalier blanc?*
Les vociférations du démon l'amusait maintenant, parce qu'il l'avait rendu plus sereine un instant et que de voir une personne heureuse après tant de douleur l'apaisait... cela valait toute les récompenses du monde et rien n'aurait pu altérer ce moment de joie qu'il ressentait d'avoir pu l'aider.
Le démon aurait beau employer tout les sarcasmes qu'ils voulaient, c'est comme s'il n'était pas là.
Rien n'aurait pu déranger ce moment? Le destin ou simplement la vie n'était pas tout à fait d'accord, puisqu'a cet instant ils entendirent tous le bruit de clochette du magasin, une personne était rentré le médecin ou le livreur? Kairi en était arrivé aux mêmes déductions et lui en fit part directement.
Dans l'état où se trouvait Kairi, il était impensable pour lui qu'elle ne songe même à se déplacer et visiblement là dessus ils étaient sur la même longueur d'onde.
Se dirigeant vers l'escalier en fer responsable en partie du malheur de Kairi, celui ci se dirigea vers l'entrée de la boutique.
Un petit homme, le crane rasé et portant une moustache comme celle que l'on voit dans les films historiques se tenait là devant le comptoir. Réajustant ses lunettes, il regardait dans les environs à la recherche du malpoli qui l'avait dérangé alors qu'il allait faire un repas de gala chez un industriel.
Ce qui expliquait qu'il soit habillé plutôt chic avec un costume et une cravate, lui qui préférait habituellement les tenues simple que son les shorts et les tongs.
"Professeur Fuyutsuki ! Merci de vous êtres déplacés si vite, je sais que vous êtes très occupé ces derniers temps."
"Mmmoui..mmoui... - grogna le vieil homme en se gratant l'arrière du crâne - Bon conduis moi à ton urgence s'il te plait, pas que je m'ennuie mais le gal...les autres patients n'attendront pas !"
"Bien sur, c'est par ici."
Suivant Nicolas, le vieil homme arriva finalement dans la réserve où se trouvait Kairi, celle ci tenait toujours son poignet endolori avec une inquiétude visible sur le visage.
-
Kairi s’étonnait toujours du comportement du jeune homme près d’elle. Il était gentil, affable et serviable. La ressemblance avec son ancien compagnon était plus que troublante. Il l’abandonna le temps d’aller voir lequel des deux personnes attendues venait d’arriver. Elle regarda alors qu’il quittait le bureau et entendit ses pas dans les escaliers de fer qui le faisaient remonter dans la boutique.
Une fois parti, elle se sentit étrangement seule. Bien sûr, elle l’était mais avec Nicolas, cette impression de solitude angoissante n’avait plus court. Bien qu’ils ne se connaissent pas, le courant passait bien entre eux et, surtout, la jeune femme ressentait un certain mieux en elle. Cela ne lui était encore jamais arrivé depuis le départ d’Hirano, jamais.
Elle entendit des bribes de voix au-dessus de sa tête. Bientôt de nouveaux pas se firent entendre, ceux de Nicolas et ceux d’une autre personne. Kairi supposa, à juste titre, qu’il s’agissait du médecin. Si ça avait été le livreur, la jeune homme aurait pris les pizzas et serait redescendu seul. Elle vit qu’elle avait raison en voyant une silhouette plutôt imposante suivre Nicolas dans le bureau.
Un homme, extrêmement bien habillé, qui devait avoir entre cinquante et soixante ans, entra et lui jeta un regard un peu contrarié. Vu sa tenu, il devait aller se rendre à une réception ou quelque chose comme ça. La jeune femme se serait bien levée pour le saluer mais vu son état, elle se contenta d’un « bonjour docteur ». Celui-ci répondit d’un simple signe de tête avant de venir près d’elle. Avec une grande douceur, en contraste avec son attitude un peu bourrue, il prit le poignet de la blessée et commença à le tâter comme l’avait fait Nicolas un peu plus tôt et probablement sur ses conseils.
A plusieurs reprises, il lui demanda si cela lui faisait mal et si oui, quelle était l’ampleur de la douleur. Concentrée sur ses réponses, elle en oubliait presque son mal-être. Un esprit occupé finissait toujours par se concentrer sur le moment sans divaguer ailleurs. Elle n’oubliait cependant pas le jeune homme et de temps à autre relevait la tête pour lui accorder un léger sourire qui se voulait rassurant. Après cinq bonnes minutes d’examen, le verdict tomba.
« Vous avez beaucoup de chance, mademoiselle. C’est une foulure. La douleur est plus importante car il s’agit de ce que l’on appelle une foulure aggravée. C’est à la limite de la fracture. Je vais vous poser une attèle et vous prescrire antidouleurs et pommade. Par contre, repos absolu pendant au moins quinze jours »
« Quinze jours ? »
En entendant le professeur dire qu’il ne s’agissait que d’une foulure, elle s’attendait à n’avoir que quelques jours de repos, pas deux semaines. Elle soupira. L’homme fouilla dans la trousse qui l’accompagnait et en sortit bandes et une attèle. Visiblement, de l’explication que lui avait fourni Nicolas, il avait du prévoir les produits dont il risquait d’avoir besoin. Toujours avec douceur, il lui banda le poignet assez serré afin de le maintenir en bonne position. L’attèle fut à son tour posée.
« Vous devrez refaire le bandage deux fois par jour afin de mettre la pommade. La bande devra être mise assez serrée pour maintenir votre poignet comme il convient. Bien, maintenant, occupons-nous de cette cheville ! »
Le médecin se pencha alors vers la cheville de Kairi qui avait doublée de volume depuis sa chute. Elle tressaillit quand il retira sa chaussure. Un rapide examen confirma que ce n’était qu’une simple foulure, rien d’extraordinaire ici, et heureusement. Une simple bande était nécessaire que l’homme s’appliqua à lui mettre avant de se relever. Il sortit un carnet d’ordonnance et nota les produits dont elle aurait besoin dans les prochains jours.
« Voilà, dit-il en signant le papier à en-tête – Je vous reverrais dans deux semaines. D’ici là, repos complet et ne posez pas le pied par terre »
Il posa l’ordonnance sur le bureau avant de se tourner vers Nicolas.
« Bien, je vais pouvoir y aller à présent »
-
Restant dans un coin de la pièce, attendant patiemment le verdict du docteur, Nicolas observait d'un air distrait les soins qu'il prodiguait. Il avait déjà son avis sur la réponse et pour lui, c'était plus comme une correction d'examen qu'autre chose, sachant que Kairi ne risquait rien il attendait que le docteur prononce le mot magique : Foulure aggravée.
Lorsqu'il l'entendit un sourire se lu sur son visage, il avait raison c'était bien ça, pas trop mal pour un débutant. Comme il s'y attendait, le docteur lui fit une attèle puis s'occupa de la cheville de Kairi, là il n'avait pu l'examiner et c'était plutôt impatient qu'il attendait le diagnostique du spécialiste.
Verdict : foulure également
Cela n'allait pas arranger les affaires de Kairi c'était certain, son travail était la seule chose qui devait la faire sortir ces temps ci. Elle fut même surprise de la durée de l'arrêt que le médecin lui préconisait, pourtant vu son état cela n'avait rien de bien étonnant. Prenant congé en lui donnant une ordonnance médicale, le médecin se tourna vers Nicolas pour qu'il le suive et le raccompagne, visiblement celui ci avait encore des choses à lui dire.
Faisant un signe amical en guise d'au revoir à sa patiente, le médecin monta les marches précédés de Nicolas, une fois sur le pas de la boutique ses soupçons furent confirmé lorsqu'il voulu s'entretenir avec lui.
"Nicolas, je vais devoir y aller mais je tenais a vous prévenir avant de certaines choses. Notamment du fait que cette jeune femme ne soit pas au mieux de sa forme actuellement, cette foulure aggravée résulte en grande partie d'une carence alimentaire aigüe. En plus simple ses os, ligaments, muscles, deviennent de plus en plus fragile, il est impératif qu'elle retrouve un régime alimentaire sain."
"Oui je vais faire mon possible, encore merci docteur...je ne vous retiens pas plus. Encore merci."
En effet, le docteur avait fait tout ce qui était en son pouvoir et maintenant il fallait laissé le temps à ses soins d'agir. Il quitta donc le vieil homme sur le pas de la porte, ses quelques conseils résonants encore dans sa tête...c'était à prévoir évidemment, le fait qu'il conseille à Kairi de manger plus était inévitable.
Néanmoins, il avait eu au moins la délicatesse ou la sagesse de ne pas lui dire directement et de laisser Nicolas se charger de cette tâche, dans un cas similaire et à des rôles inversés, le jeune homme aurait sans doute fait de même.
Rejoignant finalement Kairi, il se dit qu'il avait envie d'en savoir plus sur cette jeune femme qui attirait son attention sans qu'il sache pourquoi, sa douceur? sa fragilité? Il l'ignorait mais il avait envie d'en savoir plus. Il avait même à cet instant oublié l'existence les mises en garde de son alter ego sur la présence d'un démon proche de Kairi.
"Alors? Foulure aggravée c'est bien ça? Au moins ce n'est pas cassé...vu votre état c'est quasiment un miracle ! Le doc' est d'ailleurs d'accord avec moi, puisqu'il m'a conseillé de vous faire manger...je crois que personne ne vous aura dit ça autant de fois "
S'installant à coté d'elle il examina un peu les soins d'un air approbateur, regardant sous chaque couture les bandages réalisés avec soin.
"C'est du travail de pro. Vu votre état je pense que vous devriez engagé quelqu'un pour vous aidez dans les tâches quotidiennes...vous savez que je fais ça à très bon prix?" - Plaisanta t il de nouveau en attendant l'arrivée du livreur-
-
Kairi regarda disparaître le médecin et Nicolas dans la réserve et les entre aperçut remonter l’escalier en colimaçon. Elle soupira, portant la main valide à son front. Qu’allait-elle pouvoir faire dans cet état ? Elle n’avait pas beaucoup d’amis, il s’agissait plus de connaissances qu’autres choses. Depuis sa rencontre avec Hirano, son monde s’était cantonné à lui. Le grimoire, le démon et Terra avaient aussi contribué à l’isoler du reste du monde. Et maintenant, elle n’avait plus personne pour l’aider mis à part le jeune homme qui lui avait porté secours. Mais il en avait déjà pas mal fait. Elle ne pouvait pas vraiment lui en demander plus. Elle ferma les yeux en respirant profondément, cherchant à calmer l’angoisse qui la gagnait de seconde en seconde mais c’est le moment que choisit, sans le vouloir, le jeune homme pour réapparaître aux côtés de sa demoiselle en détresse.
Elle sourit alors qu’il parlait comme si lui-même était médecin lui conseillant de manger davantage. Effectivement, on ne le lui avait jamais autant dit ça que dans l’heure qui venait de s’écouler.
« Je vous promet de faire un effort pour manger Nicolas »
Alors qu’il examinait son poignet, il lui proposa son aide comme aide-ménagère. Cela aurait pu paraître risible mais ses yeux démentaient son côté enjoué. Il pensait vraiment la proposition qu’il venait de lui faire.
« J’imagine, à tort peut-être que le prix n’est pas vraiment un argument et que si je vous dis que je n’ai pas les moyens de me payer votre aide vous me l’offririez quand même. Je me trompe ? »
Même si cela lui faisait mal de l’admettre, elle ne pourrait pas se débrouiller seule. Kairi ne savait même pas comment elle allait faire pour remonter l’escalier et encore moins comment rentrer chez elle. Le taxi était la seule solution mais le chauffeur ne pourrait pas venir la chercher ici, la ramener chez elle et aller chercher ses médicaments sans compter tout le reste. Le quotidien allait devenir un enfer pour elle qui ne pouvait plus se déplacer facilement. Mais plus que tout s’était la solitude qu’elle redoutait. A rester enfermée, toute la journée, seule, elle finirait par devenir folle ou pire. Elle se résolut donc à accepter son offre. Tout plutôt que la solitude étouffante de son appartement. Bien sûr, il y avait Grendel mais ça ne suffirait pas à la faire aller de l’avant.
« Très bien. Si vous pouvez m’aider un peu, je… je ne suis pas contre »
Cela coûta beaucoup à la jeune femme d’accepter de l’aide mais ses choix étaient plutôt restreints. C’est alors qu’un nouveau tintement de la porte retentit.
« Je pense que c’est le livreur cette fois ! J’ai de l’argent dans mon sac sous le comptoir, vous n’aurez qu’à prendre ce qu’il faut »
La moindre des choses qu’elle pouvait faire s’était de payer le déjeuner.
-
Un sourire amusé s'afficha sur le visage du jeune homme lorsqu'elle lui annonça qu'elle ne pourra peut être pas le payer, mais que malgré cela, elle le sentait prêt à l'aider. Etait il si transparent? Pouvait on lire en lui aussi facilement que cela? Cela semblait le cas. Evidemment qu'il l'aiderait, il ne pouvait pas la laisser comme ça, la compassion qu'il ressentait le lui interdisait. Son geste était totalement dépourvu d'intêret, il aurait réagi comme cela pour la plupart des gens s'ils avaient été dans une tel détresse.
Lorsqu'elle accepta enfin son aide, il en fut soulagé. Un instant il crut qu'elle allait dire non, porté par un élant de gêne elle allait décliner son offre sans même y réfléchir car pour elle il n'en était pas question. Après tout elle ne le connaissait quasiment pas, néanmoins si elle pouvait un tant soit peu lire en lui comme ce fut le cas quelques instants auparavant, elle pourrait voir qu'elle ne risquait rien.
*Et toi? Tu es sur que tu ne risques rien? La présence démoniaque...*
Le ton sur lequel il disait ça était ironique car il savait que cela n'en serait que plus terrible pour le jeune homme. Et cela lui revenait maintenant en pleine figure, s'il n'avait pas fait l'impasse plus tôt sur ceci il n'aurait pas été dans pareil situation. Néanmoins c'était désormais le cas, la personne qu'il allait aidé possèderait elle aussi un démon.
Fallait elle la prendre à part et lui dire qu'il savait? Jouer en somme carte sur table? Surement un mauvais choix car elle risquerait de nier en bloc, de plus elle risquait aussi de s'en défier.
D'un autre coté, si le démon était puissant et qu'elle l'attirait dans un piège c'était sa vie qu'il mettait en jeu. Il ne fallait pas le négliger. Non, c'était idiot. Si le démon était puissant son alter ego n'aurait pas manqué de lui faire remarquer ou n'aurait pas eu tant de mal à en repérer les traces.
A moins qu'il ne se camoufle de ses pairs...
"Je vous aiderais avec joie Kairi, à la condition que vous arrêtiez de me vouvoyez pour que je puisse en faire autant ! - Entendant la clochette- Je vais chercher le repas ! "
Manger leur ferait du bien car à trop réfléchir le ventre vide, cela ne donne jamais rien de bon !
Des frites, un burger avec une petite sauce...une pizza...il avait faim de tout ! Décidémment il était grand temps que le livreur arrive.
Suivant les directives de Kairi il prit de l'argent dans son sac pour payé la moitié du repas, l'autre moitié serait financé par lui même. Il remercia rapidement le livreur qui lui aussi n'avait pas que ça à faire et redescendit avec les sacs en papier chauds dans les mains, ceux ci contenant les victuailles tant attendus !
-
Kairi sourit et hocha la tête à la demande du jeune homme. Étant donné qu’ils allaient se côtoyer un certain temps, il valait probablement mieux passer au tutoiement. Elle le regarda s’éloigner et jeta un nouveau regard désolé vers son poignet bandé. C’était vraiment la poisse. En attendant que Nicolas revienne, autant appeler sa patronne. Elle attrapa le combiné de sa main valide et réussit à composer le numéro. Une, deux, trois sonneries puis un « allo ? ».
« Bonjour madame Hazuki, excusez moi de vous déranger mais j’ai un léger accident au magasin… Oh non, non, j vais bien… enfin, je suis tombée dans les escaliers et j’ai le poignet et la cheville foulés… Je dois me mettre en arrêt pour quinze jours… oui, c’est le médecin qui l’impose… je suis vraiment désolé madame… oui, je prendrais soin de moi… merci, madame… au revoir »
Kairi raccrocha le combiné et souffla. Heureusement pour elle, sa patronne était compréhensive et vraiment adorable. Elle s’était plus inquiétée pour sa santé que pour l e magasin. Elle lui avait assuré qu’elle ne perdrait pas sa place à condition de bien se soigner. Décidément, ils s’étaient tous passé le mot. Les pas de Nicolas sur l’escalier de métal raisonnèrent, annonçant son retour et le repas. La jeune femme lui sourit.
« je viens d’appeler ma patronne et je lui ai dit que je serais en repos forcé pendant deux semaines. Elle trouvera quelqu’un pour me remplacer. C’est une bonne nouvelle, j’avoue que j’avais peur de perdre ma place »
Elle souriait, un faible sourire, mais un sourire quand même. Même si sa vie était triste et morne, son travail lui permettait de sortir et, parfois, de se changer un peu les idées. Elle jeta un coup d’œil aux sachets ramenés par le jeune homme. L’odeur était plutôt attirante.
« Ça sent bon ! »
Elle attrapa l’un des sacs de papier et en sortit une boite contenant un burger ainsi qu’une portion de frites. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’en avait pas mangé. Elle ouvrit la boite de carton et se saisit du sandwich américain avant d’en croquer un bout. Elle mâchouilla un instant avant d’avaler. Un nouveau sourire adressé à Nicolas précéda :
« Vous… enfin… tu vois, je mange ! »
Elle s’attaqua à un deuxième morceau. Kairi se forçait et son estomac émit une légère protestation. Cela faisait un moment qu’il n’avait pas été remplit alors elle devait manger doucement pour éviter d’être malade.
-
Il exhala un soupir de soulagement, elle mangeait enfin ! Dire qu'il était aux anges auraient été mentir, mais c'est vrai qu'il était content qu'elle puisse enfin manger, son estomac qui émettait quelques gargouillis n'aurait visiblement pas contredis Nicolas.
Piochant à son tour dans le sac il dégusta sa portion de frite à son tour, toujours l'esprit actif quand à la situation de la jeune femme il se demanda un instant comment pourrait elle se déplacé avec une cheville foulée. Entre deux morceau de big mac il ajouta.
"Vous..tu, tu voi j'ai aussi un peu de mal. Je voulais te demander pour te déplacer, je sais que tu ne va pas aimer ça vu que j'ai pu voir que tu avais du mal à te faire aider, mais plutôt fauteil ou béquille? T'assister dans tes déplacments ne me gêne pas tu sais."
C'était vrai, cela égayait sa vie de pouvoir participer à celle des autres. Sortir, rire, discuter, c'était ce qu'il aimait sincèrement et il espérait qu'elle ne le trouverait pas trop collant. Et puis avoir une amie dans une boutique de vêtement à des avantages ! Il blaguait pour lui même, il était content qu'elle accepte plus ou moins son aide donc il se laissait aller.
"Je suis heureux que tu puisses garder ton travail, ça m'a l'air d'être important pour toi, plus que pour simplement gagné de l'argent. Enfin ! Maintenant tu dois te reposer comme l'a dis le médecin donc on va se faire une sortie une fois qu'on aura trouvé ton moyen de locomotion ! Il fait un temps superbe, on va sortir une fois qu'on aura finis de manger et que ta remplaçante sera là ! "
Une sensation d'exaltation le parcourait et c'était visible, il se sentait en vie de pouvoir faire quelque chose d'utile. C'était bête mais cela lui plaisait, bien sur cela n'était pas au goût de tous et notemment du démon qui le réprimanda une fois encore
*Le démon...*
*Merde avec le démon, t'es bien un démon toi et t'es plus emmerdant que véritablement dangereux.*
*Quoi?!
*Je ferais attention t'en fais pas, je ne suis pas idiot non plus mais là tu es peut être un peu trop sur tes gardes.*
Le démon passablement irrité émit un grognement mais n'en dis pas plus, il avait agit sous le coup de l'irritation et rien de bon ne sortirait d'un tel état.
-
Lorsque Nicolas évoqua l’option béquille ou fauteuil afin qu’elle puisse se déplacer, Kairi faillit s’étouffer avec un morceau de son burger. Elle toussa à plusieurs reprises avant d’arriver à se reprendre.
« Je… J’avoue ne pas y avoir songé »
Il était vrai qu’elle n’avait pas du tout pensé à ça mais il n’avait pas tort. Comment allait-elle gérer ça ?
« Je ne sais pas du tout mais je ne suis pas partante pour le fauteuil. Ce ne serait pas pratique et je ne suis pas sûr de le supporter »
Elle se retrouvait lourdement handicapée avec ses deux entorses mais de là à se retrouver dans un fauteuil roulant, il ne fallait quand même pas exagérer. Bien qu’elle se demandait comment gérer des béquilles avec un poignet amoché. Cependant, elle verrait cela plus tard. Là, ça faisait un peu trop de choses pour elle à gérer en même temps et vu son état psychologique et physique, il ne lui faudrait pas grand-chose de plus pour la faire à nouveau craquer.
« C’est gentil à toi de t’occuper de moi. Je sais bien que je te l’ai déjà dit mais je suis sincère. Depuis Hirano, personne ne m’a jamais aidé comme ça »
Elle ne précisa pas qu’en même temps, elle n’avait laissé personne s’approcher d’elle. Et cette fois-ci, c’était les circonstances, c’est-à-dire son accident, qui avaient fait qu’elle laisse Nicolas s’approcher d’elle et le laisser lui venir en aide.
« Oui mon travail compte beaucoup pour moi. C’est quelque chose que j’aime bien faire et puis… - son regard redevint triste – et puis, ça me force à sortir de chez moi, à faire quelque chose de ma journée »
Son visage redevint triste et la frite qu’elle tenait en main mit un bon moment avant de rejoindre son estomac. Cependant l’humeur enjouée de Nicolas était communicative. Aussi la jeune femme retrouva un peu de son sourire.
« Je n’aurai pas de remplaçante. C’est madame Hasuki qui viendra prendre le relais le temps de ma convalescence. Par contre, elle ne viendra que demain matin. J’ai juste à fermer le magasin en partant cet après-midi »
Kairi finit par repousser le reste de son hamburger. Elle en avait mangé un peu plus que la moitié et c’était la même chose pour ses frites. Elle avala quelques gorgées de soda avant de le reposer aux cotés du reste de son repas.
« Je suis désolé mais je n’ai pas vraiment envie de sortir aujourd’hui. Je voudrais juste rentrer chez moi »
Une nouvelle fois, son regard alla se perdre dans le vide. Ce n’était pas en moins de deux heures qu’on peut retrouver le goût de vivre. Il faudrait plus de temps que ça mais Nicolas avait réussi un véritable exploit en arrivant à la faire rire et surtout à lui faire avaler un peu de nourriture. Bien sûr, elle n’avait pas fini son déjeuner mais pour quelqu’un qui ne mangeait quasiment plus, c’était déjà pas mal. Si elle avait mangé davantage, son estomac n’aurait pas supporté l’apport brutal d’aliments. Elle jeta un coup d’œil à son compagnon qui, lui, mangeait avec appétit.
« Quand tu auras fini, tu pourras m’aider à rentrer chez moi ? Je pense qu’un taxi sera nécessaire. Je ne pense pas vraiment pouvoir rentrer à pied même avec ton aide. J’habite quand même à 20/30 minutes d’ici. Et je ne suis pas certaine que tu veuilles me porter sur tout le chemin ! »
Kairi souriait en disant cela. Elle essayait de se montrer un peu plus positive et enjouée pour le jeune homme qui était si gentil avec elle et qui lui faisait tant penser à Hirano.
-
Nicolas exhala un soupir amusé, il est vrai que la situation était surprenante. Il était la en train de manger avec ce qui n'était quelques heures plus tôt qu'une inconnue. Un visage dans la foule, anonyme et anodins.
Et désormais c'était une personne qu'il reconnaitrait dans la foule, il la distinguerait de la masse et dans la masse. C'était à la fois si simple et facile, et pourtant c'était quelque chose de grand.
*Ne confond pas connaissance et confiance. Si tu comptes sur les autres, tu seras inévitablement déçu. C'est une chimère de croire que ce qui lie les hommes est autres chose que leurs propres intérêts...*
*A quoi servirais donc la confiance si elle ne peut pas être accorder à autrui?*
*C'est une invention de masochiste, seul ceux qui veulent souffrir un jour abandonne leur confiance aux autres Seul tu souffriras moins qu'entouré.*
*J'ai fais l'expérience des deux, la souffrance est différente c'est tout. C'est une façon de vivre, un choix.*
Deux visions de la vie, deux façons d'agir, des points communs et des différences, néanmoins beaucoup plus de point commun que ce dialogue ne le suggère. Même s'il contre les arguments du démon, cela n'empeche pas Nicolas de penser en son fort intérieur qu'il n'avait peut être pas tort.
Néanmoins il voulait croire le contraire, ses expériences lui avait montrer la noirceur de l'âme humaine.
Souvent, plus souvent qu'il ne l'aurait souhaité. Et pourtant, malgré cela il avait vu des choses magnifiques au sein de chacun, et rien que de voir ça suffisait à accepter le reste.
"Bien sur, je vais appeler un taxi. Veux tu que je t'aide ou je te laisse avec le taxi une fois à l'intérieur, je veux dire pour regagner ta maison."
Aussitôt dit, aussitôt fait, il s'exécuta et saisit le téléphone et l'annuaire pour commander à Kairi un Taxi.
Pianotant avec ses doigts sur la table le temps d'attente avant de percevoir la voix charmante de l'hotesse, celle ci lui indiqua la démarche à suivre ainsi que le temps d'attente. Raccrochant il annonça à Kairi.
"Le taxi sera là d'ici 20 minutes, il y a quelques embouteillages pas loin d'ici donc un peu gênant pour la circulation. Tu prépares tes affaires?"
-
« 20 minutes ! »
Il va sans dire qu’elle aurait espérer un taxi plus rapidement mais au dire de Nicolas, il semblait bloqué dans un embouteillage. Kairi jeta un coup d’œil vers les escaliers en métal.
« Au fond, ce n’est peut-être pas plus mal. Il va me falloir un moment pour réussir à remonter l’escalier. Et je crains avoir besoin de ton aide pour arriver jusque chez moi ! »
Un léger sourire gêné vint se poser sur ses lèvres faisant comprendre à son compagnon qu’elle allait avoir besoin d’aide pour remonter. Dans cette pièce, elle n’avait pas vraiment d’affaires. Elle ne fit que ramasser, tant bien que mal, les reliefs de leur repas pour les mettre dans le sac de papier, histoire de les jeter avant à la poubelle en quittant les lieux. Elle fourra l’ordonnance dans sa poche.
« Bon, ben on peut y aller, je crois »
Nicolas vint se mettre à côté d’elle et passa le bras de la jeune femme autour de son cou et passa le sien autour de sa taille. Avec une infinie douceur, il la releva et l’aida à marcher ou plutôt à sautiller vu qu’elle devait éviter de poser le pied au sol.
Elle était désolé d’être un tel fardeau pour le jeune homme, au sens propre comme au figuré. Il leur fallu un bon moment pour rejoindre le rez-de-chaussée du magasin. A deux reprises, ils avaient bien finis finir tout les deux au sol mais l’adresse de Nicolas empêcha la catastrophe.
Finalement, entre le départ du sous-sol et leur arrivée dans le magasin, cela prit un bon quart d’heure. Kairi s’appuya contre le comptoir.
« Mes affaires sont dessous, tu pourras me les attraper, s’il te plait ? »
Toujours aussi serviable, son sauveur se pencha et attrapa sac et manteau juste au moment où le taxi se garait devant le magasin. Nicolas aida de nouveau la demoiselle en détresse à se déplacer et l’aida à fermer à clé la boutique. Avec moult précautions, il la déposa à l’arrière du taxi avant d’aller jeter le sac de papier à la poubelle et de venir près d’elle dans le taxi. Kairi donna l’adresse au chauffeur qui opina de la tête indiquant par là qu’il connaissait l’endroit.
Laissez plus ou moins seuls par leur chauffeur, Kairi glissa son regard vers son compagnon. Une nouvelle fois, elle ne pouvait s’empêcher de le comparer à l’amour qu’elle avait perdu. Hirano aurait fait la même chose que lui-même pour une parfaite inconnue. Un peu plus et elle aurait finit par croire qu’il lui était rendu, que le corps de Nicolas allait se transformer et celui d’Hirano, apparaitre mais c’était impossible.
« Merci encore pour ton aide. Je crois que si tu n’avais pas été là, c’est les pompiers que j’aurai du appeler »
Bientôt la résidence où habitait la jeune femme fut en vue. Le taxi s’arrêta et annonça le prix que Kairi régla alors que le jeune homme était déjà dehors et faisait le tour de la voiture pour venir la chercher. La porte s’ouvrit alors que le chauffeur tendait la monnaie à la demoiselle. Nicolas l’aida à s’extirper du véhicule et ils reprirent l’ascension des escaliers qui, ceux-ci, menaient chez elle. Une nouvelle fois, la montée fut longue et laborieuse mais il y avait un peu plus d’espace que dans les escaliers en colimaçon du magasin. Ils arrivèrent enfin au palier extérieur du premier étage.
« C’est par là, à gauche, le dernier appartement »
Kairi désigna la dernière porte de la rangée. Alors qu’ils avançaient vers l’appartement de la jeune femme celle-ci se rappela brusquement de la présence du petit démon. Mais presque aussitôt, elle se rappela aussi que seule elle pouvait le voir et l’entendre. Elle souffla. Arrivée à l’appartement, elle ouvrit la porte et aidée de Nicolas entra.
Les lieux n’avaient pas changés depuis la mort d’Hirano. Il y avait une seule pièce avec une kitchenette dans un coin, un canapé futon, une table basse, un meuble en face supportant la télé. Une porte au fond donnant sur la salle de bain et un grand placard. Par chance, le manage était fait.
« Ben tu rentres bien tôt et qui c’est lui ? Et qu’est-ce qui t’es arrivé ? »
D’un regard noir, elle demandait silencieusement à Grendel de se taire. Même si personne ne pouvait le voir et l’entendre, elle craignait d’être déstabilisée par ses propos. Nicolas la guida jusqu’au canapé où il la déposa avant d’aller refermer la porte.
-
Encore désolé pour le retard !
L'arrivée devant la porte de l'appartement de la jeune femme fut un immense soulagement pour le jeune homme. Non seulement le fait qu'il ait dû la porter un moment l'avait fatigué physiquement, mais les épreuves qui s'étaient enchaînées depuis le matin et le début de la semaine l'avait aussi émousser mentalement.
Mais au moins il avait eu un bon repas aujourd'hui ! C'était loin d'être la seule chose positive de la journée, néanmoins c'était la plus reposante et relaxante. Se relaxer... il en brulait d'envie, un bain bain, une douche et s'allonger sur son lit pour ne penser à rien et se laisser aller.
un sourire se dessinait déjà sur son visage rien qu'a l'idée, décidément il lui en fallait peu. Le sentiment de relaxation s'estompa lorsqu'il eu pénétré dans l'appartement.
Celui ci était propre comparé au sien, rien ne semblait être dérangé. Pas de vêtements trainant en boule par terre, pas d'assiettes sales sur le rebord de l'évier, pas de lit défait.
Tout était ordonné, trop ordonné a vrai dire. Cette netteté de magasin le dérangeait un peu puisqu'il la trouvait sans "vie" mais cela n'était pas tellement étonnant, la jeune femme avait du vivre dans un état de replis sur elle même depuis la mort de son fiancé. Faire la fête tout les soirs ne devaient pas être sa préoccupation principale et sa maigreur expliquait facilement la propreté de sa vaisselle, c'était maintenant certains pour lui que c'était le premier vrai repas qu'elle faisait depuis longtemps.
Une sensation lui parcouru le corps, l'adrénaline parcourant chacune des fibres de son corps pour se diriger vers son coeur, une sensation étrange qui dérange, sentir quelque chose qu'on ne peut voir mais qu'on sait présent.
Il tourna la tête dans toutes directions cherchant un ennemi invisible et inaudible, sa respiration se faisait plus rapide, son coeur battait plus vite, il n'avait pas peur et ne se sentait pas en danger mais l'intrigue le rendait méfiant lui qui était plutôt bienveillant et avenant jusqu'ici.
Il se mordit la lèvre inférieur tandis qu'il fermait la porte après avoir déposé calmement Kairi, il tenta d'examiner d'un coup d'oeil plus précis ce qui avait pu lui échapper la première fois et naitre en lui une telle sensation de méfiance.
Cela pouvait être n'importe quoi, un objet, une présence... La notion de "démon" lui revint soudainement, et instinctivement il ne put s'empècher d'interroger le démon.
*Quelque chose que je ne peux expliquer me dit de me mettre sur mes gardes...est ce vraiment si dangereux ici?*
*La fille est inintéressante en tout cas, après...il y a un démon ici...mineur visiblement d'après les résidus psychiques...*
Mineur? C'était une bonne nouvelle assurément, mais tout dépendait après de ce que le démon qualifiait de "mineur". Après tout c'était un démon, s'il le grillait à la broche en lui balaçant une boule de feu, aussi mineur qu'il soit ce démon serait dangereux.
Tout en restant sur ses gardes il essaya d'en savoir plus en questionnant Kairi.
"Au fait, ça fait longtemps que tu habites dans le coin? En tout cas chapeau pour le ménage c'est assez propre !"
-
Kairi observa son sauveur aller refermer la porte. Quelque chose dans son comportement avait changé mais elle n’aurait su dire quoi. Elle secoua la tête comme pour chasser cette idée. C’est elle qui devait se faire des films. Il devait simplement être impatient de rentrer chez lui. Après tout, il l’avait suffisamment aidé, il avait bien le droit à un peu de repos.
« Je vis ici depuis presque deux ans maintenant et pour le ménage. Ben, on va dire que ça m’occupes »
Rien de très original, il fallait le reconnaître mais c’était vrai. Quand des idées noires occupaient son esprit, elle se mettait à tout récurer de fond en comble comme si chasser la saleté lui permettait aussi d’effacer sa mémoire mais c’était bien sûr peine perdue.
Elle jeta un coup d’œil à Grendel qui ne cessait de voler autour du jeune homme. D’un regard sombre, elle essaya de lui dire d’arrêter mais le petit démon n’en faisait absolument pas cas. Il regardait Nicolas sous toutes les coutures. La jeune fille pensa que c’était pour le jauger. Après tout, depuis la mort d’Hirano, c’était le premier homme, et même la première personne, à franchir le pas de son appartement. Le démon devait vouloir jouer les chaperons ou quelque chose comme ça. Cela la fit sourire.
Même si Grendel pouvait se montrer désagréable, il essayait toujours de l’aider du mieux qu’il pouvait. Essayant de lui parler et de lui remonter le moral. Ce n’était pas forcément couronner de succès mais elle lui en était reconnaissante. Il prenait très à cœur la mission que lui avait confié son jeune maître qui devait aussi lui manquer. Soudain, le petit démon revint en vitesse près d’elle. Son air ne disait rien qui vaille. Kairi n’aimait pas ça.
« Ton nouvel ami est spécial »
Le regard surpris et interrogateur de la jeune femme faisait office de question.
« Il a un démon en lui. Je peux le sentir. Il me parait même assez puissant. Méfie-toi de lui ! »
Le démon vint se percher sur son épaule comme un perroquet dans le but on ne peut plus clair de vouloir la protéger. Kairi tourna un regard interrogateur vers Nicolas. Lui, un démon ? Non, c’était impossible. Il était si gentil, si serviable. Il ne pouvait posséder un démon ou un démon ne pouvait le posséder. Elle était atterrée et ne savait pas comment réagir. Peut-être l’avait-il raccompagné juste pour l’attaquer ? Pourtant elle avait bien du mal à croire à cette hypothèse. Non, il ne pouvait pas vouloir lui faire du mal. Mais que faire alors ? Lui poser directement la question ? Ce n’était pas vraiment prudent. Le remercier et lui dire qu’elle n’aurait finalement plus besoin de lui ? Il risquait de se poser des questions. Attendre et voir ce qui allait arriver ? Dangereux, il risquait de l’attaquer.
Kairi se sentait bien impuissante en cet instant. Peut-être que la dernière option était la meilleure et essayer d’en apprendre un peu plus sur lui.
« Et… et toi ? – elle essaya d’avoir un ton normal – ça fait combien de temps que tu vis ici ? D’où viens-tu ? Tu est né ici, dans cette ville ? »
Elle n’était pas douée dans le domaine de la recherche d’informations. Comme détective, elle n’aurait jamais eu de clients. Nicolas risquait de se poser des questions avec les phrases maladroites qu’elle venait de dire. Mais tant pis, ce qui était fait, était fait, il n’y avait plus qu’à attendre et à voir ce qui allait arriver.
-
Il soupirait. Décidément chacune de ses rencontres ces derniers temps étaient spéciales. Néanmoins il ne détestait pas pour autant ça, l'aventure guidait sa vide comme le hasard guidait le monde.
La présence d'un démon avec la jeune fille l'intriguait fortement, elle semblait frêle, impuissante et si douce...qu'elle puisse avoir un démon lui semblait invraisemblable. Stop. Stop. Stop. Pas de sentiments, il le savait plus que tout le monde, les apparences sont souvent trompeuses et la première l'est toujours.
Elle l'assaillait de question, ce qui ne lui ressemblait guère, elle qui se faisait discrète. Sa présence même n'aurait quasiment être pu devenir par rien, si ce n'est la respiration tranquille et posée qu'elle avait. Il lui semblait qu'elle avait un brin changer, une expression sur son visage? Une manière de parler? De se comporter? Attendait elle quelque chose? Que craignait elle?
Affichant un sourire de circonstance il répondit à sa question, ou du moins à ses questions.
"L'art de poser plusieurs questions en une, c'est de l'impatience ! Pour répondre à tes questions non je ne suis pas originaire d'ici mais d'Europe comme tu as pu le remarquer...en fait pour faire bref mes études font que j'alterne entre ici et l'Europe."
Il expliquait ça sans passion, pour lui c'était juste technique. Un détail. S'il n'avait jamais croisé ce démon il aurait parler sans doute plus explicitement ces études, sa famille, ses amis...
Maintenant cela lui semblait loin, presque la vie d'un autre, juste une couverture pour assurer ses vraies buts et motivations, rien d'autre.
Maintenant qu'il possédait un vrai pouvoir faire des études pour le simple fait d'en faire pour avoir un travail et gagner de l'argent et être suffisament à l'abri du besoin n'était plus une prérogative pour son bien être. L'argent il pourrait le gagner autrement, en ce servant de se pouvoir. Il pourrait étudier ce qu'il jugerait interessant et utile pour lui, la connaissance était un bien précieux il ne l'oubliait pas.
Le pouvoir qu'il avait lui donnait désormais d'autres buts, plus grands, plus beaux. A chaque fois qu'il y pensait, il jubilait. C'était un rêve, tant de pouvoir l'affolait, il en voulait encore plus.
Hier, sans pouvoir, il pensait qu'il y avait des rêves qu'il devrait mettre de coté, qu'il ne pourrait jamais réalisé.
Aujourd'hui il pouvait réaliser plus qu'il n'aurait jamais pu croire possible, cela le faisait évoluer dans un monde qu'il n'avait jamais ne serais ce qu'imaginer auparavant.
Demain il voulait pouvoir tout faire, tout réaliser et se battre pour ses rêves, parfois fou, parfois altruiste, il ne renoncerait jamais puisqu'il les savaient possible.
Il s'assit en face d'elle et décida de jouer le tout pour le tout, il était prêt et s'il devait lui arriver quoi que ce soit de dangereux ce serait maintenant, tandis qu'il dirait qu'il la trouvait distante et la mettrait à nu.
"Mais...je sais pas, j'ai l'impression que ça va pas fort toi depuis quelques instants? J'ai fais quelque chose qu'il ne fallait pas? Et toi sinon, ta famille, tes amis, tes origines...dis moi tout ! "
-
Kairi était sur ses gardes. Elle observait chacune de ses attitudes essayant de percevoir le côté démon du jeune homme. Elle savait que Grendel ne lui mentirait pas, surtout pas sûr ça. Néanmoins, son empressement à poser de multiples questions ne fut pas en sa faveur. Nicolas se rendit compte que quelque chose n’allait pas.
La jeune femme s’empourpra et se renfonça dans son canapé comme si elle tenait à disparaître dans la mousse de celui-ci. Il répondit néanmoins à ses questions nombreuses réponses ne lui fournissaient pas de réels renseignements sur le démon qu’il renfermait ; En même temps, elle ne devait pas s’attendre à ce qu’il lui annonce de but en blanc qu’un démon vivait en lui.
Elle regarda Nicolas venir s’installer juste en face d’elle les yeux dans les siens comme s’il pouvait voir au-delà d’elle. Kairi se demanda si le démon qu’il portait avait perçu la présence de Grendel. Après tout, si le petit démon sentait la présence de son congénère, l’inverse devait être possible aussi. D’ailleurs la question qu’il posa ne fit que conforter la demoiselle dans cette idée.
« Mais...je sais pas, j'ai l'impression que ça va pas fort toi depuis quelques instants? J'ai fais quelque chose qu'il ne fallait pas ? Et toi sinon, ta famille, tes amis, tes origines...dis moi tout ! »
Elle s’empourpra. La jeune femme aurait bien voulu demander à Grendel si l’autre pouvait sentir sa présence mais c’était impossible avec Nicolas dans la pièce. Elle essaya de se donner une contenance et afficha un bien maladroit sourire.
« Si, si ça va. Eh bien, je n’ai pas grand-chose à dire sur moi. Je suis Japonaise d’origine. J’ai fait des études et j’ai déménagé dans cette ville pour trouver un travail. J’ai… - elle hésita un instant – j’ai eu une mauvaise expérience avec quelqu’un et puis j’ai rencontré Hirano – son visage s’illumina au souvenir de l’amour de sa vie – nous avons été si heureux ensemble. Il m’a fait comprendre que tous les hommes n’étaient pas mauvais et cruels »
Ses yeux affichèrent une grande tristesse et se plongèrent dans ceux du jeune home, oubliant même qu’il portait un démon au fond de lui et qu’elle devait se méfier.
« As-tu déjà aimé ? Aimé quelqu’un plus que tout plus que ta propre vie ? Quelqu’un pour qui tu serais prêt à tout ? Une âme sœur ! »
Oui, c’était cela Hirano pour elle, son âme sœur. L’autre partie d’elle-même. A moins d’avoir vécu la même chose, personne ne pouvait comprendre sa peine. Et son désespoir. Les larmes affluèrent à nouveau dans ses yeux et roulèrent sur ses joues. Quand Hirano a été tué, c’est une partie d’elle qui est morte aussi. Et chaque jour qui passait lui faisait regretter de toujours être en vie
-
L'intensité avec laquelle elle le regardait le mettait mal à l'aise. Son regard plongé au plus profond du sien, comme si elle pouvait lire les secrets de son âme. Il ne craignait pas qu'elle découvre ce qu'il avait fait d'atroce, il assumait entièrement. Il craignait qu'elle ne découvre comment il avait pu être faible et naïf par le passé.
Elle respirait les sentiments passionnels, l'amour, le bonheur mais aussi la tristesse et la désillusion.
Cela le prit aux tripes, le dérangeait, ces sentiments le mettait si mal à l'aise...lui qui pensait la mettre à nu...se trompait. C'était exactement l'inverse qui se produisait, elle avait mis à jour une part de lui qu'il aurait aimé oublié, voir disparaitre, qu'elle n'eut jamais existé qu'en rêve.
Une part de lui était en colère, contre elle mais aussi contre lui même. Comment pouvait elle être aussi naïve? Le bonheur n'existe pas et l'amour est le pire des maux. L'amour est trop souvent une sensation de tourment, de maitre à esclave, l'un est trop amoureux et l'autre pas assez quand pas du tout.
Il avait été comme ça lui aussi, amoureux à en crever, il aurait tout fait pour elle. Il aurait été contre son propre intérêt, car c'était ça l'amour.
Savoir que nous allons dans le sens contraire de nos intérêts, et pourtant le faire quand même à 200 à l'heure, pour elle, pour lui, parce que rien d'autre n'est plus important.
Quelle démesure ! Qu'elle naïveté ! Quelle beauté.
La question qu'elle lui posa était prévisible et pourtant, elle lui infligea une brûlure glacée au plus profond de son âme. Ses sentiments étaient contradictoires, il savaient qu'il ne pouvait y croire et pourtant il le voulait.
Depuis qu'il avait renoncé à cette stupide croyance il s'était endurci, avait agit comme jamais, était plus lucide...mais il avait toujours un désir de combler ce rêve qu'il savait impossible de la revoir, lui tenir la main...de savoir que sa présence seule suffirait à le combler.
Ses doigts se crispèrent sur ses genoux, sa respiration se stoppa, la tension était au maximum lorsqu'il formula sa réponse.
"J'ai déjà aimé plus que ma vie, oui. Je sais que c'était unique, que jamais plus je ne retrouverais pareil sentiment. Ses yeux, sa bouche, la chaleur de la paume de sa main...son sourire...juste la voir sourire était un bonheur...tu ne peux pas imaginée ce que j'étais prêt à faire, à donner..."
Son coeur de glace fondait quelques peu suite à ces souvenirs, au bonheur qu'il avait connu. Un instant il était revenu dans le passé, un instant il avait ressenti un soulagement fugace.
Puis d'autres arrivèrent, les uns après les autres, comme les maux libérés de la boite de pandore déferlait sur le monde. Il reprit une voix froide, dénué de passion et de sentiment.
"Mais tout cela est finis. Elle ne ressentait pas la même chose que moi et logiquement, lorsqu'elle s'est lassé de moi elle m'a quitté. L'amour pour moi...est une relation de dupes, je la crains plus que je ne l'envie. Je vais être cru mais...le sexe me suffit. L'amour n'est plus une chose que je désire."
Ces mots étaient froids et clairs. Mentait il? Désirait il encore une once d'amour dans sa vie? Bien sur, il souhaitait une personne qui soit comme lui, une âme soeur, néanmoins il ne croyait pas en son existence. La seule personne qu'il pourrait aimé sans être trompé ou désabusé était lui même.
-
A la réaction du jeune homme, Kairi regretta presque d’avoir posé une telle question. Aux muscles contractés et à son air triste, elle comprit qu’il devait avoir vécu quelque chose d’approchant et soudain elle s’en voulut d’avoir réveillé ce souvenir douloureux chez lui. Elle ne voulait pas le blesser. Mais à aucun moment elle n’aurait imaginé qu’il eu pu souffrir un peu comme elle. Il semblait si plein de vie, si gentil. Tout le contraire d’elle qui ressemblait plus à une morte-vivante qu’autre chose. Vu son état elle aurait pu jouer dans un remake de « La nuit des morts-vivants » ou « Bienvenue à zombieland ».
Les mots qu’il prononçait étaient durs, froids et emprunts d’une profonde douleur, d’une profonde tristesse. Cette souffrance faisait totalement écho à la sienne. Instinctivement sa main valide alla se poser sur celle de Nicolas et la pressa doucement. Sa main était froide, glacée comparé à celle du jeune homme mais elle voulait lui témoigner un peu de douceur et une certaine forme de réconfort.
« Je… je suis désolée. Je ne voulais pas te blesser. C’est juste que je pensais que… que personne ne pouvait comprendre ma douleur. Je suis navrée de t’avoir fait revivre des souvenirs douloureux »
Elle esquissa un sourire qui se voulait compatissant. Voilà maintenant que les rôles se trouvaient inversés. C’était elle à présent qui tentait de lui remonter le moral. L’idée du démon lui était totalement sortie de l’esprit, elle n’y pensait plus du tout. Elle voyait juste une personne qui souffrait, tout comme elle.
« L’amour est un beau sentiment. Et même si je souffre d’avoir perdu l’homme de ma vie, je préfère avoir eu la chance de le connaitre et de l’aimer que de ne l’avoir jamais rencontré – elle pressa un peu plus sa main contre celle de Nicolas en rougissant – Le sexe est quelque chose d’éphémère qui ne nécessite pas de sentiments mais c’est tellement mieux quand on se donne à la personne qu’on aime. Les sensations sont bien au-delà de tout »
Kairi se sentait extrêmement maladroite à l’évocation du sexe. Ce n’était pas vraiment dans ses habitudes d’en parler. Ses expériences en la matière avaient plutôt été mauvaises mis à part avec Hirano bien sûr. Elle n’oublierait jamais sa fougue, sa tendresse, sa passion. A chaque qu’il l’avait touchée, caressée, aimée, elle avait touché le paradis.
« Ouais c’est mignon tout ça mais se serait bien que tu n’oublis pas qu’il porte un démon ton ami »
Et voilà, il fallait bien qu’un trouble fête vienne gâcher ce moment. La jeune femme réalisa soudain ce qu’elle faisait et retira brusquement sa main. Peut-être faisait-il cela juste pour l’amadouer. En suivant Hirano sur Terra, des monstres elle en avait vu et elle savait qu’ils étaient capables des pires bassesses pour avoir ce qu’ils voulaient. Pourtant ? Elle avait bien du mal à croire que se soit le cas de Nicolas. Son instinct lui soufflait que ce n’était pas possible qu’il soit mauvais. Le démon se remit à voleter autour du jeune homme, passant et repassant devant lui. Ce qui agaçait prodigieusement Kairi.
« Il porte un démon j’en suis certain. Fiche le dehors c’est plus prudent. Je tiens pas à ce qu’il te fasse du mal. Hirano serait pas content »
La jeune femme replongea ses yeux dans ceux de Nicolas ; Il semblait si sincère. Sans faire plus cas de lui, comme s’il n’était qu’une statue et oubliant qu’il pouvait l’entendre, elle s’adressa directement à Grendel.
« Il n’est peut-être pas méchant ce démon »
Se rendant soudain compte de ce qu’elle venait de dire, elle écarquilla les yeux. Elle venait de se vendre sans même s’en rendre compte. Mais qu’elle idiote. Ses yeux s’écarquillèrent et montrèrent toute sa crainte. Si le démon voulait s’en prendre à elle, il n’allait pas gêner. Elle se recula dans le canapé comme si elle voulait s’échapper mais vu l’état de son poignet et de sa cheville, elle ne risquait pas d’aller bien loin. Elle déglutit. Il était trop tard à présent. Les dés étaient lancés et elle n’y pouvait plus rien.
-
Les mots qu'ils avaient prononcés, il ne les regrettaient pas une seule seconde, c'était sa vérité pure et nue. Sans artifice ou douceur pour l'accompagner, c'était la réalité dure et froide qu'il avait subis de plein fouet. Il n'accusait personne de son malheur, de ce qui était arrivé, ce n'était pas de la faute de son ancienne amour, pas de sa faute aussi niais pouvait il être à l'époque, c'était uniquement des évènements. Juste des évènements. Des actes sur lequel on porte un jugement, c'est tout, c'est simple, ça se passait de commentaires.
C'était le jugement qui était néfaste ou au contraire positive, ceci en fonction des conséquences de l'acte par rapport à nous, rien d'autre. L'acte arrivait, point. Il n'était pas là pour nous rendre heureux ou malheureux, il était présent c'est tout. Mais cela à l'époque Nicolas ne l'avait pas compris, c'est pourquoi il avait désespéré un moment, un long moment.
"Je te remercie, vraiment mais ne t'en fais pas. Tu as peut être trouvé mes mots brutaux mais ils ne l'étaient pas, ce n'est que la vérité, du moins la mienne concernant cela. Pour le sexe je suis d'accord avec toi...cependant c'est déjà un petit plaisir sans conséquence ! "
Il souriait de nouveau, parler de sexe à Kairi qui semblait frêle et si...pure? Lui semblait déplacé mais aussi drôle. Il s'était aperçu qu'elle avait un moment posé sa main sur la sienne, puis l'avait retiré en hâte un moment après, c'était normal qu'après la récente mort de son amour s'attaché à quelqu'un d'autre pourrait lui sembler comme une tromperie d'une certaine manière.
Qu'en penserait il s'il la voyait? L'aimait elle si peu pour déjà se livrer sur un sujet comme celui la à un inconnu? Tel devait être sans doute les questions qui l'assaillaient, ainsi quand elle retira sa main il n'y prêta même pas attention, qu'elle la pose déjà sur la sienne était preuve de grande compassion vis à vis de ce qu'elle vivait, c'était incroyable.
Tout aurait pu continuer ainsi, sur l'admiration réciproque, la compassion, l'amour perdu...oui tout aurait pu continuer ainsi si seulement certaines paroles n'avait pas été prononcées...
« Il n’est peut-être pas méchant ce démon »
A ces mots un frisson parcouru son corps, le temps pour lui se stoppa, ses machoires se serrèrent et se crispèrent, sa respiration devenait haletante.
Elle ne s'adressait pas à lui, elle ne pouvait pas. Elle avait tourné la tête et ce discours...comme si elle parlait à un être invisible, un sentiment de menace l'envahi un instant.
Il ne retenait de ces mots que "ce démon", les mots avant étaient inexistants...pourtant ils avaient leurs importances. Elle semblait vouloir disparaitre, se rendant compte de son erreur que trop tard.
"Co...co...comment? Qu'est ce que tu as dit? A qui parlais tu?"
Son coeur battait fort, si fort. Elle semblait aussi effrayé que lui, le démon lui parlait mais il n'entendait rien. C'était visiblement trop tard, elle savait ce qu'il était, du moins en partie, il fallait jouer carte sur table. Il soupira, c'était trop tard il fallait aller de l'avant, jouer aux dupes ne servirait à rien.
"J'ai...j'ai effectivement un démon en moi...cependant je...il n'est pas moi. J'ai ma volonté. Tu ne dois pas avoir peur...je ne pensais pas que tu pourrais le découvrir, ce n'est pas vraiment quelque chose de commun et je ne voulais pas t'effrayer davantage..."
Ses paroles étaient sincères, même s'il craignait que le démon de la jeune fille s'en prenne à lui. Il n'avait jamais souhaité faire peur à Kairi, en un sens elle avait vécu comme lui et elle lui faisait penser à ce qu'il avait pu être par le passé, quelqu'un de perdu.
-
« Co...co...comment? Qu'est ce que tu as dit? A qui parlais-tu? »
Eh voilà, à force de parler à un petit démon qu’elle était la seule à voir, ce qu’elle craignait venait de se produire. Quelqu’un l’avait vu faire et pas n’importe qui ! Un homme qui lui-même portait un démon en lui. Mais comment avait-elle pu faire une bêtise aussi énorme ? Elle ne saurait le dire. La fatigue physique et psychologique n’y étaient certainement pas pour rien. Jusqu’à présent, elle avait toujours essayé de faire très attention. C’était d’ailleurs pour ça qu’elle ne voulait pas trop que Grendel sorte avec elle. Au moins, s’il n’était pas là, les risques de bévues étaient moindres. Mais là, elle venait de mettre les pieds dans le plat et la remarque de Nicolas prouvait qu’il avait bien tout entendu.
Ses yeux marron se posèrent sur le jeune homme qui paraissait… effrayé. Elle ne pensait pas qu’il aurait une telle réaction. Kairi pensait qu’il se jetterait sur elle pour dévorer son âme ou quelque chose d’équivalent. Mais Nicolas semblait plus craindre sa réaction à elle que de se préoccuper de dévorer son âme. Il se reprit cependant très vite et son attitude avait changé. Il semblait à la fois résigné et résolu. Elle l’entendit soupirer.
« J'ai...j'ai effectivement un démon en moi...cependant je...il n'est pas moi. J'ai ma volonté. Tu ne dois pas avoir peur...je ne pensais pas que tu pourrais le découvrir, ce n'est pas vraiment quelque chose de commun et je ne voulais pas t'effrayer davantage... »
La jeune femme cessa de s’enfoncer dans son canapé et se redressa autant qu’elle put malgré ses blessures. La sincérité de Nicolas la touchait. S’il avait voulu s’en prendre à elle, il l’aurait fait et depuis quelques instants déjà mais ce n’était pas le cas. Il n’avait donc pas de mauvaises intentions. Kairi lança un coup d’œil explicite à Grendel qui avait du suivre lui aussi, toute la scène.
« Ouais, il a pas l’air mauvais mais reste prudente quand même ! »
Le petit démon ailé revint se poser sur son épaule comme un petit perroquet. La jeune femme inspira profondément afin de se donner un peu de courage. Elle aussi devait jouer cartes sur table et ça n’allait pas être simple à expliquer.
« Moi… moi aussi… j’ai un démon. Enfin, ce n’est pas le mien à l’origine. Il appartenait à mon… mon compagnon. Quand il est mort, il lui a demandé de veiller sur moi. Il n’est pas visible pour les gens. On ne peut le voir que grâce à un grimoire auquel il est lié. Il n’est pas méchant non plus et… sans lui… il y a longtemps que… je… ne serais plus là… »
Une manière comme une autre de dire qu’elle se serait suicidée depuis longtemps déjà. Le petit démon l’avait souvent encouragé à vivre, lui répétant qu’Hirano ne voudrait pas ça, qu’il voudrait qu’elle reste en vie et qu’elle soit heureuse.
« Ah bon ? Alors je t’ai aidée un peu ? Tu sais… même si je te l’ai jamais dit, je t’aime bien ! »
La remarque étonna Kairi qui ne s’attendait pas à une telle réaction de sa part. Elle tourna son visage vers lui et lui adressa un joli sourire. Puis son attention se reporta sur Nicolas. Qu’allait-il dire et pensé de tout ça ? Si ça se trouve, il allait la prendre pour une folle qui parle toute seule ? Sa tension était visible sur son visage. Elle craignait la réaction de Nicolas.
-
Comment on pouvait passer de l'amour à la haine, et du rire au larmes, Nicolas effectuait un étrange virage. Précédemment tendu lorsque son secret venait d'être mis en pleine lumière il était désormais d'humeur jovial.
Cependant cela n'avait pas l'air d'être le cas pour tout le monde dans cette pièce, Kairi même si elle avait connu un moment de soulagement visible appréhendait de nouveau la suite de la discussion, c'est avec une paleur et une mine décontenancé qu'elle se lança dans l'explication de sa situation, qui pour le moins n'avait rien a envié dans son étrangeté à celle de Nicolas.
Ainsi elle avouait posséder un démon elle aussi, au moins elle jouait carte sur table. Visiblement elle lui parlait comme on pouvait parler à un ange gardien invisible aux yeux des autres, un animal de compagnie qui parlerait en somme.
"C'est...pour le moins extraordinaire...je pense que...tu as quelque chose à boire? "
Il était réellement choqué par la prise de conscience qu'il venait d'avoir, pas par la particularité de Kairi en somme elle était comme lui. Mais qu'une personne possédant un démon elle aussi puisse être aussi...discrète et indétectable le mettait mal à l'aise.
Il se rendait compte que toute les personnes qu'il croisait pouvait en être, que même ses amis, ses rencontres pouvait avoir un pouvoir...le démon en lui ne pourrait pas tout le temps le détecter alors que faire? Ne fait confiance à personne hormis soi même? Continuer à vivre comme avant?
Il ne le pourrait pas, il le savait pertinemment.
Le démon de Kairi semblait toutefois moins exécrable que le sien, bien que les remarques de forme semblait les mêmes leurs fonds semblaient différent.
Celui de Kairi semblait protecteur, presque un ange gardien, tandis que celui de Nicolas était destructeur et violent comme une bête sauvage...et pourtant Nicolas ne détestait pas ça, ce coté sombre qu'il partageait avec lui.
Il fallait l'avouer, si Nicolas possédait un coté aimable l'inverse était aussi présent, un coté pervers et sadique qui se cachait dans les tréfonds de son âme. Un coté qu'il cachait par une surprésence de gentillesse et de bonté, mais tant va à la cruche qu'a la fin elle se brise, le démon n'allait pas être la goutte d'eau qui allait faire tout déborder?
*Je me demande encore combien de temps tu tiendras...j'ai tout mon temps personnellement...*
Le pire dans tout cela était purement et simplement qu'il n'aurait aucune excuse, ce ne serait pas le démon qui prendrait le contrôle de son corps. Juste lui qui n'aurait plus aucune tenue, plus aucune restriction, comme une bête déferlant sur le monde.
"Eh bien dis donc ! Ton démon à l'air fort sympathique ! J'espère que tu songeras à me présenter à l'occasion !"
-
La jeune femme ne put contenir un rire devant l’expression de Nicolas et surtout sa réplique. Il était vrai que la situation pouvait presque être risible. Que deux personnes se rencontrent et que chacune possède un démon, c’était loin d’être monnaie courante, c’était certain. Les probabilités même pour que cela arrive était proche de zéro. Mais il ne faut jamais dire jamais. Et là, l’improbable était devenue réalité.
« Ahahahah… Je n’ai pas d’alcool ici, si c’est ce que tu entends par « quelque chose à boire ». Sinon j’ai de l’eau ou du jus de fruit au frigo ! »
Finalement, la situation se détendait. L’angoisse qu’elle avait ressentie précédemment venait de totalement passer à la trappe. Elle se sentait rassurée et en confiance. Ce qui pouvait d’ailleurs être un problème. Elle avait toujours eu tendance à faire facilement confiance aux gens, parfois trop facilement et elle en avait payé le prix. Malgré tout, elle ne parvenait pas à se défaire de ce travers.
Rassurée par la réaction de Nicolas, elle lui faisait de nouveau confiance. Et tant pis, s’il portait un démon. S’il avait voulu l’attaquer se serait fait depuis longtemps. On ne pouvait pas dire qu’elle était particulièrement menaçante, ni en état de se défendre. Forte de ce constat, elle voyait de nouveau Nicolas comme un ami et non comme un porteur de démon. Elle éclata franchement de rire quand il décrivit Grendel comme sympathique.
« Oh ! Eh ! Ça va un ! Mais je suis sympathique d’abord »
Le petit démon plissait ses yeux et croisaient ses bras, prenant une tête boudeuse. Il détestait qu’on se moque de lui ou qu’on dise du mal de lui. Oh bien sûr, il n’était pas méchant. Du moins, pas avec elle. Par contre, il pouvait être agaçant au possible et parfois franchement irritant.
« Je ne sais pas si « sympathique » est vraiment le terme qui peut le mieux le décrire. Disons qu’il n’est pas méchant mais il peut se montrer parfois assez… agaçant comme une craie qui grince sur un tableau noir. Néanmoins, je lui dois beaucoup depuis… depuis la mort d’Hirano… - un voile de douleur passa devant ses yeux néanmoins elle chercha à dépasser sa peine – Pour ce qui est de vous le présenter, ça va être compliqué. Le grimoire est perdu. Je pense qu’il existe toujours vu que Grendel est son gardien mais depuis la mort d’Hirano, je ne sais pas où il est. Or comme je vous l’ai dit, on ne peut le voir que si on touche cet objet. A moins que… - Kairi se tapota les lèvres avec l’index de sa main valide, indiquant ainsi qu’elle était en pleine réflexion – Peut-être votre… démon pourrait vous permettre de le voir… sinon je crains que cela ne soit pas possible »
Hélas, effectivement, il n’y avait pas d’autres moyens pour que Nicolas puisse voir le petit démon. La jeune femme espérait que cela soit possible, juste histoire de ne pas ressembler à une folle alors qu’elle parle dans le vide. Bien sûr, le jeune homme savait désormais ce qu’il en était mais ça devait quand rester bizarre.
-
|Vraiment désolé pour le retard, énormément de taff en ce moment] ! =(
Maintenant à l'aise, Nicolas s'enfonça dans une posture plus adéquate et tranquille. Croisant les jambes, au contraire décroisant les bras, sa tête dans les mains.
Il retint un baillement au début du monologue de la jeune femme, du jus d'orange avait elle dit? Cela suffirait bien ! Ne quittant pas son interlocutrice du regard il entreprit de se servir un verre de ce délicieux nectar - allusion au jus d'orange maladroite - et d'y gouter.
Kairi lui racontait une histoire bien...complexe s'il en croyait ses oreilles, bien qu'il avait eu récemment à faire des choses compliqués, étranges et anormales cela ne l'habituait pas forcémment au surnaturel et à ses histoires.
Il s'était à peine habitué à son démon que déjà on lui en présentait un autre? Gardien d'un livre magique? Situation complexe que celle ci, que faire?
Finissant son verre, il le reposa sur la table et souria à son interlocutrice.
"Ce n'est pas grave si je ne le vois pas tu sais, je pense que s'il est si lié à ce livre et qu'il est perdu tu seras la seule personne avec ton ex fiancé à pouvoir le voir. D'ailleurs, ce n'est pas vraiment utile. Je veux dire...tu as repris une vie "normale" - si ne rien manger est normal bien sur -, la magie, le livre perdu...cela ne t'intrigue pas plus que ça non?"
Son regard pourpre la fixant d'un air interrogateur il songeait au poid de la réponse qu'elle allait apporter. Il imaginait aisément que suivre les traces de son ancien amour était un chemin tentant, peut être imaginait elle qu'avec la magie elle pourrait le ressuciter, revenir dans le temps ou autre. La magie n'a de limite que celle qu'on lui donne, ceci est bien connue.
*De toute manière elle n'a aucun lien, hormis ce démon mineur, avec la magie...mais n'est ce pas le premier pas le plus dur? Le reste va tout seul après, et ce premier pas elle l'a franchis involontairement...*
Nicolas hésitait, il aurait aimé savoir dans quel circonstance était mort Hirano, savoir s'il avait un tempérament aventureux, tranquille...dans quoi pouvait il se fourrer pour se retrouver mort comme ça?
Nicolas sentait que le livre était quelque chose de puissant, pas un artefact majeur certe mais suffisament puissant pour l'aider.
Cependant elle ne savait même pas où il était, à quoi servait il de spéculer là dessus? Toutefois avec une "aide" démoniaque...ou un raisonnement logique et implacable.
Les gardiens sont appelés ainsi car ils ont un certain lien avec ce qu'il garde. Livre, grotte, talisman, cela représente toujours quelque chose pour eux, ce "Grendel" doit savoir où se trouvait le livre, c'était certain cependant pour éviter une folle entreprise à Kairi il devait bien se garder de lui dire.
C'était un raisonnement logique, raisonnement auquel Nicolas était parvenu pendant qu'il se servait un verre.
Néanmoins...c'était se servir d'elle...elle qui lui avait accordé sa confiance, n'était ce pas révoltant? Pourtant il ne la tromperait pas, pas vraiment. Il cherchait à récuperer un livre dont elle n'avait que faire. De toute les manières, rien ne servait de se donner des excuses, il avait besoin de ce livre, c'était tout, c'était simple. Il n'avait qu'une seule vie, pas de temps à gacher en remords ou en précautions inutile.
*Tu peux le voir? Le sentir? Communiquer avec lui?*
*Moi...non. Toi...c'est à voir...j'aimerais que tu fasses un...test si tu veux bien...*
-
Nicolas semblait un peu plus détendue et elle aussi d’ailleurs. Sa nature bienheureuse revenait doucement au contact du jeune homme. C’était la même chose avec Hirano. Même quand elle était de mauvaise humeur, il réussissait toujours à la faire rire et à lui remonter le moral. A priori, Nicolas avait le même effet sur elle. La question qu’il lui posa était inattendue tout comme légitime. Elle-même ne se l’était pas vraiment posée mais elle connaissait pourtant parfaitement la réponse.
« Oui, ma vie est normale maintenant. Non, ma magie, le grimoire, tout cela ne m’intéresse pas. Ça ne m’a d’ailleurs jamais intéressée. Je ne la côtoyais qu’à cause d’Hirano mais je n’y porte aucun intérêt et encore moins maintenant. Je ne sais pas si Grendel pourrait retrouver le grimoire mais je m’en fiche un peu. Qu’il reste là où il est ! Au moins, il ne fera plus de mal à personne ! »
Kairi jeta un coup d’œil au démon qui hocha la tête.
« Oui, laisse-le où il est, c’est mieux comme ça ! Hirano ne voudrait pas que tu t’intéresses à la magie ou à la sorcellerie. Tu vois bien que ça ne lui a rien apporté ! »
Ce n’était pas tout à fais vrai, Hirano avait pu aider bon nombre de personnes et vaincre de nombreux personnes mais Grendel ne voulait pas encourager la jeune femme dans cette voie. Son maître n’aurait pas voulu la voir risquer sa vie comme lui l’avait fait. D’ailleurs si elle s’y essayait, il y avait fort à parier qu’Hirano reviendrait d’entre les morts pour lui secouer les cornes. Donc, il ne fallait certainement compter sur lui pour inciter Kairi à se lancer dans la magie et le surnaturel.
« Tu n’es pas obligé de rester, tu peux t’en aller si tu le souhaites. Je t’ai suffisamment ennuyé. Tu as certainement pleins de choses à faire et j’ai pris beaucoup de ton temps »
Elle aurait bien aimé discuter encore avec lui mais elle ne souhaitait pas l’embêter avec ses questions. Cela attendrait une autre fois sauf s’il avait envie de rester.
-
Songeant à ce projet dément qu'était celui de récupérer un tel livre il n'écoutait qu'en partie les réponses de Kairi et se contentait d'un hochement de tête ou d'un "oui" approbatif .
Cependant il était tout de même suffisamment "présent" pour comprendre la question qu'on lui posait, il était vrai qu'il n'était pas tard même il avait déjà passé un moment dans l'appartement de Kairi et il devait réfléchir posément à ce qu'il s'apprétait à réaliser, un tel projet demandait de peser le pour et le contre puis de trouver le moyen de le réaliser dans le premier cas.
"Tu ne m'as pas ennuyé du tout, j'ai bien aimé parler avec toi. Ce n'est pas tout les jours qu'ont se trouve une "soeur" ! Je te laisse mon numéro au cas où quelque chose n'irait pas, bonne fin de journée et repose toi ! Grendel où que tu sois et...quoi que tu sois je compte sur toi ! "
Sortant un crayon et un post it de sa poche de blouson il griffonna son numéro de téléphone et le posa sur la table, il la salua et prit rapidement congé de Kairi. Il n'aimait pas se l'avouer mais depuis qu'il avait réfléchit à ce projet il éprouvait une certaine résistance à se trouver à ses cotés, il n'aimait pas jouer double jeu même si cela présentait une certaine necessité dans certains cas.
Inspirant l'air frais et fermant les yeux un cour instant il stoppa sa marche qui le conduisait chez lui, il avait opté pour la marche plutôt que le taxi moins par commodité que par envie, marcher lui permettait de réfléchir plus facilement qu'en restant statique. Il avait besoin de bouger, de se dépenser, il avait une telle énergie en lui qu'il lui était parfois difficile de la contenir.
Marchant dans la rue, regardant droit devant lui, il ne voyait pourtant pas les passants, son esprit était ailleurs. Il revoyait la jeune femme si gentille et serviable, si blessée par la perte de son amour. Encore une fois elle lui rappela ce qu'il avait pu être un moment, cependant devait il pour autant remettre en question la réalisation de son rêve pour elle?
Ne serait ce pas trahir toute les personnes qui avait déjà participé à ce rêve? A toutes ces choses a quoi il avait renoncé pour poursuivre sa route? Pour que tout ceci n'est pas été fait en vain ne fallait il pas en faire davantage?
*Non...je ne peux pas abandonner la. J'ai déjà fait trop pour ce rêve pour que je prétende l'abandonner maintenant, ce serait avoir perdu une partie de ma vie et trahir ceux qui m'on aider à le réaliser. *