I'll be waiting - Lenny Kravitz
Les Terres Sauvages de Terra avaient peu à peu lassé Despina, toujours aussi instables, toujours imprévisible, elle n'avait plus tellement envie de cet exostisme aléatoire qu'elles lui offraient ; au début cela l'amusait de ne jamais rencontrer les mêmes lieux, de toujours être face à la beauté d'une nature peu naturelle, Aphrodite était d'un imagination débordante et Despina l'en remerciait volontiers. Aujourd'hui Despina avait opté pour les landes dévastées, lieu bien plus mélancolique où l'on ne risque pas de croiser quelqu'un de bienveillant, ce que Despina n'avait pas spécialement envie.
A force de rencontrer des gens adorables, vulnérables, elle perdait de sa puissance, la naïveté humaine commençait fortement à l'exaspérer, elle préférait beaucoup plus l'époque où les païens la craignait et où personne n'osait la regarder dans les yeux. Elle avait sa part de fautes là dedans, elle avait mis de côté son voile de dentelle noire, laissant son visage à la vue de tous. Ainsi elle paraissait moins mystérieuse et moins dangereuse, parce qu'avec une chevelure couleur de blés héritée de Déméter et des yeux d'un bleu profond comme les océans de son père, elle ne pouvait pas paraître cruelle et dominatrice.
D'ailleurs lorsqu'elle pensa à son voile, l'envie de le remettre pour retrouver son apparence antique lui prit, elle le sortit de sa poche et le déposa comme le faisait Anytos lorsqu'ils sortaient tout les deux dans des lieux fréquentés par les païens. Être cachée sous son voile lui apportait quelque chose d'indéfinissable, elle se sentait Maîtresse à nouveau, elle retrouvait juste son caractère légendaire, qui n'était que légendaire. Despina n'avait jamais été ce que les païens pensaient, mais on lui avait toujours appris à paraître ainsi, c'est peut-être cela qui fit qu'elle tomba si vite dans les filets d'Arès.
Tout à coup, ses oreilles perçurent une voix, un son mélodieux et poétique venant de derrière les rochers. Elle reconnut rapidement le poème de Rimbaud, et elle vit également l'espace d'un seconde une mer rousse se dessiner au delà des rochers. Quelqu'un de puissant était derrière ces rocher, et Despina ne put s'empêcher de s'avancer rapidement pour découvrir qui était-ce. C'est alors qu'elle sentit un aura négatif, mais quelque chose qui restait raffiné et féminin, ces choses qui attiraient irrésistiblement Despina. Toujours à quelques mètres du sol, lévitant comme à son habitude, elle passa par dessus les rocher et descendit doucement vers le sol.
La voix de la jeune femme revint à nouveau à ses oreilles, la demande de décliner son identité était dite de façon si douce et agréable que Despina ne fit que descendre au sol, aucune crainte à présent, même si cela était un comportement naïf, loin d'être habituellement celui de Despina. Elle se posta face à la jeune femme et dit d'une voix toute aussi douce :
"Auparavant j'aurais dit La Maîtresse, mais Despina conviendra amplement, et je vous retourne la question mademoiselle."