Le Grand Jeu

Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Discussion démarrée par: Amy Beckett le samedi 19 juin 2010, 18:29:24

Titre: Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le samedi 19 juin 2010, 18:29:24
Debout devant son cher tableau, Amy tapait la vitre en verre le protégeant avec son stylo. Elle réfléchissait. C’était ainsi qu’elle réfléchissait toujours. En martelant doucement avec son stylo Staedler fétiche «  La naissance ». De Miro, évidemment. On ne faisait pas mieux depuis lui, selon elle. Elle glissa doucement, toujours perchée sur ses talons, dans son habituelle jupe noire impeccable, son chemisier blanc et son long collier de perles noires dont le prix ferait rougir quelqu’un de censé, pour venir rejouer ce manège face à un Malevitch, scrutant les détails du tableau de ses yeux fins et perçants. Et elle grinça violemment des dents.
Elle n'aimait pas être contrariée, non, elle détestait cela. Et elle haïssait aussi quand ses plans ne se déroulaient pas à la perfection.


-   Crétin ! hurla t’elle.

Un soupir se fit entendre de son portable, en haut-parleur, posé sur son bureau. Elle s'était retournée, vive, fusillant du regard ce bureau. Son stylo lui avait glissé des mains, et faisait une tache noire sur son tapis abstrait. D’un geste rapide, ses talons claquant sur le sol, elle se rapprocha du bureau, empoignant le portable entre ses doigts parfaitement manucurés, et rapprocha sa bouche le plus possible du portable, répétant l’insulte plus violemment. A l’autre bout du fil, l’homme sursauta.
Elle s’installa sur son bureau, croisant les jambes, ruminant, les sourcils froncés.


-   Madame, je vous jure …
-   Mademoiselle ! martela t’elle. Oh, et puis, ferme-la ! C’est de ta faute si nous en sommes là !

A l’autre bout du fil, il y eut un nouveau soupir. Elle reposa le téléphone. Voilà qu’un de ses plus précieux collaborateurs, inculpé de vols d’ouvrages rares dans les archives du Vatican, venait de se faire pincer. Et joliment, encore ! Les sources remonteraient jusqu’à elle, elle le sentait. Et si on découvrait que c’était elle qui avait commandité ce vol d’ouvrages rarissimes et précieux, qui avait même tout organisé, pour sa simple collection personnelle, elle était fichue. Elle pesta contre elle-même. Contre lui.

-   Tu m’as donné le nom d’un incapable ! répliqua t’elle violemment.
-   Tout n’est pas perdu, assura la voix, sourdement.

La jeune femme haussa un sourcil.

-   Continue, ordonna t’elle.
-   Tout est encore jouable … A niveau des avocats, vous …
-   Tu es encore plus con que je le pensais, le coupa t’elle. Si je suis avocate de cet homme, je suis coulée ! Ils me ridiculiserons en public !
-   Non, je veux dire … J’ai le nom de l’avocat qu’à demandé le Vatican.
-   Ils ont besoin d’un avocat, eux ?
-   Ne soyez pas méprisante … Evidemment, pour un procès, oui …
-   Ils ne prennent pas d’avocats italiens ?
-   Non, ce sont des incapables … Ils ont pris un avocat japonais. 

Elle eut un rire moqueur. Situation grotesque ! Elle se croyait dans une pièce de Ionesco, absurde au possible.

-   Le procès se déroule au Japon, Mademoiselle, continua la personne au bout du fil. C’est pour cela qu’ils ont demandés les services d’un avocat japonais.
-   Pour quelle raison ?
-   Je l’ignore … Sûrement de la paperasse.
-   Et que proposes-tu ?

L’homme soupira à nouveau, tandis qu’elle fronçait les sourcils.

-   Si vous parvenez à avoir cet avocat japonais … Vous pouvez gagner, susurra t’il.
-   Qui est-ce ?
-   Un excellent avocat.
-   Ne sois pas si catégorique ! répliqua t’elle.

Il toussa, se corrigeant. Il connaissait bien le côté caractériel de l'avocate.

-   Toujours est-il que le procès se déroule au Japon. Joignez cet avocat, soudoyez-le, que sais-je !
-   Idiot ! Si j’avais ce dossier sur mon bureau, je ne l’abandonnerais pas, même pour une poignée monumentale de fric ! Il peut faire grimper sa popularité en flèche !
-   J’ai vu vos procès, Miss Beckett. Je vous sais capable de beaucoup de choses … N’oubliez pas que nous sommes tout deux impliqués, et que s’ils découvrent ceci, ils en découvrirons d’autres … Il s’appelle William Dolan.

L’homme raccrocha, tandis que la jeune femme attrapait violemment son portable, le lançant par la fenêtre ouverte. Le bruit de l’appareil rencontrant les pavés la soulagea, et elle attrapa son téléphone de fonction. Elle tapota les touches, distinctement, et entendit la voix de sa nouvelle secrétaire. Elle s’amusait à en changer comme de chemise, vite lassée de l’une comme de l’autre :


-   May ? S’il vous plaît, joignez-moi un certain Mr Dolan. Cet après-midi, oui. Et annulez tout mes rendez-vous de cet après-midi, s’il vous plaît. Oui, c’est important.

Elle raccrocha aussi, et passa sa main dans sa nuque. Cette affaire était importante. Elle qui aimait tant jouer avec le feu venait presque de tomber dans la lave … Et cela ne faisait que commencer. D’un geste vif, elle remit en place la mèche qui lui barrait le visage, fixant face à elle la porte close. Elle allait devoir mettre tout son talent de comédienne dans cette histoire. Et ne négliger aucun détail. Il y avait trop à perdre, trop de risques, elle ne pouvait pas se permettre de perdre la partie. Le lot était trop important. C'était elle, son statut, et sa soif de choses anciennes et réputées qui étaient sur le tapis.
Aussitôt, elle passa un autre coup de téléphone, joignant un de ses indicateurs. Autant savoir qui était cet avocat, autant tout savoir de lui. Elle avait envoyé cet indicateur fouiner chez chaque grand avocat du Japon, surveillant ses arrières du mieux qu’elle pouvait. Il ne fallait prendre aucun risque. Et abattre toutes ses cartes. Elle voulait conserver et bouquins précieux, et dignités. «  Mon plus gros appât » soupira t’elle. Elle se frotta les mains, anxieuse. Dehors, le ciel se couvrait. Elle s'alluma une cigarette.

Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le samedi 19 juin 2010, 20:06:32
       William Dolan chantonnait dans son bureau, en touillant le sable de son jardin zen. C'était rare qu'il soit de bonne humeur et pour cause, il se passait des choses très amusante dans sa vie. Il faisait bien sûr référence au fait qu'il soit l'avocat du Vatican... Maitre Dolan avocat de la sainte mère l'église. Il avait failli exploser de rire lorsqu'on lui avait proposé l'affaire. Et pour cause, c'était difficile de trouver un avocat aussi véreux que lui. A croire qu'ils l'ont fait exprès. William pouffa de nouveau alors qu'il y repensait. C'était vraiment trop drôle, et au-delà de ça, c'était une véritable aubaine. S'il parvenait à gagner ce procès, sa réputation ferait un pas de géant sur l'échelle internationale où il n'est que peu connu. Par contre, vu que c'est une affaire internationale, il ne disposera pas d'autant de cartes que de coutume. Normalement, un pot de vin et de bonnes relations suffisent à lui assurer la victoire au procès mais dans une affaire aussi important que celle-là, la corruption n'est pas envisageable. Quoiqu'il en soit, cela avait l'air assez facile de toute façon, et c'était plutôt l'avocat de l'autre partie qu'il prenait en pitié. Un certain maitre Beckett. Soit elle aimait perdre, soit c'était une petite avocate famélique à qui même une défaite devant le monde entier serait profitable. Dolan se fera une joie de l'humilier.

      -Le saint empire Dolanien va s'étendre grâce à la faveur papale, s'exclama-t-il en empilant les galets de son jardin les uns sur les autres.

       C'est à ce moment que la sonnerie de son téléphone se mit à retentir dans le bureau silencieux. L'édifice de galets s'écroula alors qu'il soulevait ses dossiers pour atteindre le combiné qui était enfouit dessous, puis il décrocha sans se départir de sa bonne humeur.

       -Mademoiselle Saori? Demanda l'avocat alors qu'il rebâtissait sa "tour".

       -Monsieur Dolan, j'ai le cabinet de maitre Beckett au téléphone, répondit une voix féminine à travers le haut-parleur.

       La dénommée Saori fronça les sourcils lorsqu'elle entendit son patron s'esclaffer. Ce n'était vraiment pas son genre.

       -Vous voulez que je vous les passe? Proposa la jeune fille interloquée.

       -Non merci. Je sais déjà ce qu'ils veulent. Convenez d'un rendez-vous et dites leur que je serais enchanté de rencontrer mon adversaire.

       -Très bien monsieur Dolan. Je vais consulter votre planning.

       William raccrocha doucement le téléphone d'un air songeur. Il ne riait, ni ne souriait plus. Il attrapa un galet dans sa main et commença à le triturer alors qu'il réfléchissait, un coude posé sur le bureau. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui vouloir? William n'avait pas pour habitude de converser avec ceux de la partie adverse, car si c'est elle qui veut lui parler, cela sera forcement en sa défaveur. En refusant poliment sa conférence téléphonique, il testait sa motivation. Si elle ne voulait que lui parler pour des futilités, elle ne ferait pas le déplacement jusqu'à son bureau. Ainsi, il gagnait du temps en aillant pas à subir un blabla inepte et sans valeur. Par contre, si elle acceptait de le rencontrer, cela pourrait devenir très intéressant.

       L'avocat se leva de son fauteuil et contempla le ciel à travers sa baie vitrée. Il voyait son reflet qui le regardait, flottant dans le vide derrière la cloison en verre. Un homme jeune et pourtant froid, dont les yeux verts émeraude le fixaient avec un air triomphant. Le temps se couvre... Oui, mais pour qui?
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le samedi 19 juin 2010, 20:46:23
Une nouvelle cigarette. L’autre ? Elle avait mordue dedans, rageuse. D’un geste vif, elle sortit de sa voiture, et entra dans les bureaux. Elle portait un de ces longs manteaux noirs, chics, chauds, et marchait d’un pas sûr et rapide. Elle prit plaisir à faire claquer chaque porte qu’elle croisait, et arriva enfin devant cette de l’avocat. Elle était accompagnée d’une May effrayée, perdue dans toute cette agitation. Amy poussa la porte, doucement, changeant totalement d’attitude, et emprunta un sourire parfait pour saluer la secrétaire de son adversaire.
Cette même secrétaire lui demanda de patienter, mais elle n’en fit rien. Elle lui fit signe de la laisser faire, tapa quelques coups à la porte de l’avocat et entra doucement dans la pièce, tandis qu’il était de dos, face à sa fenêtre. Elle toussa un peu, pour signaler sa présence, et referma la porte derrière elle, sans douceur mais sans violence.
Toute une introduction. La partie allait se jouer maintenant. Elle retira son manteau, l’accrochant à un portemanteau qui ne se trouvait pas loin, afin de paraître dans sa tenue habituelle face à cet avocat. Elle attendit patiemment qu’il daigne se retourner vers elle, debout, avec toujours cet air sérieux sur le visage, cette lourde façade qui était loin de s’écrouler, une pochette en carton sous un bras, une cigarette à la bouche. Elle ne ressemblait pas aux avocates habituelles, ni même à un avocat normal. Elle ressemblait davantage à une étudiante en droit qui vient passer un entretien pour un stage.
Bref.


-   Maître Dolan, salua t’elle d’un ton entre ironie et respect.

Elle inclina le visage, doucement. Elle n’avait pas tellement peur de lui, non. Elle dissimulait ses crocs et ses griffes, et se savait assez solide pour répliquer. Elle avait réussie à avoir son indicateur, dans la voiture la conduisant ici, et quelques renseignements quant au déroulement de l’affaire. L’homme avait réussit à dissimuler plusieurs ouvrages, et elle irait les récupérer d’ici peu.
Le reste, elle le réglerait ici.


-   Cela paraîtrait déplacé de prononcer l' «  Enchantée » habituel, étant donné que je n’aurais jamais souhaité avoir à faire cette visite, commença t’elle. Mais je n’ai pas le choix, il me semble …

Elle lui adressa un grand sourire. Elle devait à tout prix s’en sortir, et jouer carte sur table. Peu de temps, peu de moyens, et très peu de chances de s’en sortir. Il n’avait pas l’air d’un tendre. Son « ami » l’avait nommé comme étant un excellent avocat. Son indicateur ne l’avait pas nommé d’irréprochable. C’était déjà ça ! Un vieux bigot qui n’accepte aucune corruption ne méritait qu’une petite « visite » nocturne des amis d’Amy, et l’affaire serait réglée. Pour le moment, elle estimait avoir déjà assez d’ennuis comme ça pour venir en rajouter.
Elle inspira longuement, puis s’installa sur le fauteuil, jambes croisées, tirant une bouffée sur sa cigarette.


-   Nous devons parler, assena t’elle d’un ton grave. Vous savez pourquoi je suis là, il me semble ?

Son ton sérieux avait brusquement changé, devenant presque amusé. Elle possédait ce regard qui expliquait clairement le fond de sa pensée, adressée à William : Lâchez l'affaire.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le samedi 19 juin 2010, 22:50:03
       Dolan toujours dans son bureau feuilletait un dossier. Non, ce n'était pas l'affaire des œuvres volées. Il ne négligeait pas le Vatican mais il n'allait pas non plus y passer toutes ses soirées. L'avocat fronça les sourcils lorsqu'on cogna à la porte. Il fut un peu long à la détente car personne ne frappait d'habitude. C'était sa secrétaire qui guidait les visiteurs après qu'elle l'ait prévenue par l'interphone. L'avocat ne put d'ailleurs s'empêcher de regarder s'il était toujours en fonctionnement lorsqu'une jeune femme entra. William la reconnut de suite grâce à la photo qui figurait sur sa carte d'identité. Évidement, il avait épluché tout ce qui la concernait. Enfin presque... On a tous nos petits secrets.

       Et bien, en voilà des manières! On entre sans demander la permission, on fume dans son bureau, on s'assoit sans y être invité... Nous arrêterons la liste ici. Pourtant, William ne s'en formalisait pas, il l'accueillit avec un sourire de bienvenu et se leva jusqu'à ce que la dame ait pris ses aises. Il était heureux que mademoiselle Beckett ne soit pas monsieur Beckett, car un homme qui se serait permis de tels écarts aurait été raccompagné à la sortie avec les molosses de Dolan accrochés à ses mollets. L'avocate avait raison, les femmes sont le petit péché mignon du juriste alors pourquoi ne pas en profiter.

       William décocha un sourire radieux à la jeune fille. Sourire qui ne perdit rien de son éclat lorsqu'elle lui avoua qu'elle n'était absolument pas enchantée d'être là. Il s'en doutait un peu d'ailleurs. Par contre, lui était absolument ravi de la voir. C'était toujours un plaisir de recevoir un éminent collègue venu lécher ses basques. Pourtant, il y avait fort à parier qu'elle n'en fasse rien, elle n'avait pas l'air d'être taillé dans le même bois que celui des sous-fifres. C'était tant mieux pour elle, car les lèches-bottes n'obtenaient rien de lui, même s'ils amusaient beaucoup notre cher Dolan. Cependant, Il ne put s'empêcher d'afficher une moue déçue lorsqu'elle exprima sa volonté de rentrer directement dans le vif du sujet. Nous sommes des avocats après tout, et les juristes tournent toujours autour du pot avant d'y mettre le pied.

       -C'est un réel plaisir de vous rencontrez mademoiselle Beckett. Même si ce plaisir n'est pas réciproque, commenta-t-il en feignant une profonde tristesse.

       William se leva de son siège et lui tourna le dos pour farfouiller sur une étagère. Il trouva enfin la télécommande de son mini bar et un pan du mur pivota sur lui-même pour offrir les divers boissons qu'il contenait. Elles allaient du scotch... au scotch. Et oui, le gadget était peut-être très amusant mais les choix était limités. L'avocat sortit donc deux verres et une bouteille qu'il posa sur son bureau en noyer. Il lui proposa poliment un rafraichissement puis se servit son propre verre. Il se rassit tranquillement et observa la femme qui se tenait devant lui. Jolie et pure ; c'était les deux mots qui venaient lorsqu'on la regardait une première fois. Arachnéenne; c'était celui qui venait à l'esprit lorsqu'elle bougeait. Et enfin, impulsive; c'est le mot qui s'imposait lorsqu'elle parlait. Divine créature; c'est ce que Dolan espérait.
       L'examen terminé, il trempa délicatement ses lèvres dans le liquide ambré et dégusta son alcool. Oh! Il n'avait pas oublié la question de sa collègue rassurez-vous. Il l'ignorait tout simplement.

       -Une sale affaire dans laquelle nous sommes plongé, glissa-t-il en caressant le bord de son verre. Je ne comprends pas que l'on puisse toucher à la propriété d'une aussi honorable institution que l'église.

       Dolan fixa son regard émeraude sur la jeune fille et ébaucha un petit sourire amusé. Il allait vraiment bien s'amuser avec sa collègue.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le samedi 19 juin 2010, 23:12:46
Un puritain ? La jeune femme s’en étonna intérieurement, mais n’en fit rien ressortir. Elle se contenta d’attraper du bout des doigts son verre de scotch, et de le regarder avant de le boire. Elle l’huma, rapidement. C’était un réflexe qu’elle avait acquis pour deviner si on trouvait une substance peu recommandable dans la boisson. Ce qui ne fut pas le cas, et ce qui la rassura. Il ne semblait pas dangereux pour le moment. Aucune raison de s’affoler, se rassura t’elle. Elle but une gorgée du scotch, et accueillit avec un sourire satisfait la chaleur de l’alcool lui brûlant la gorge. Elle adorait cette sensation, qui lui rappelait qu’elle était bien vivante. Mais qui la rappelait aussi à la réalité, qui détestait qu’on lui échappe.
Elle posa sa pochette sur le bureau, de manière presque négligente, et acheva sa cigarette avant de répondre.


-   Nous sommes à une époque bien inconvenante, que voulez-vous … soupira t’elle, feignant d’être peinée par cette nouvelle. Il est vrai que l’Eglise respecte tellement de choses qu’il paraît déplacé de ne pas la respecter, elle.

Cette dernière phrase était taillée dans une profonde ironie, détectable sans aucun effort. Elle écrasa du bout des doigts le bout de sa cigarette, avant de la jeter dans une poubelle, prés d’elle, avec un certain mépris. Puis elle posa sagement ses mains sur ses cuisses, dévisageant son interlocuteur. Selon elle, il était du genre à bien cacher son jeu, à dissimuler des cadavres sous son bureau, à trafiquer les ordinateurs pour inspecter ses collègues.
«  Allons, tout le monde n’est pas comme toi, songea t’elle. ». Elle se massa les tempes du bout des doigts, affichant un air presque fatigué, puis releva ensuite les yeux vers lui. Des yeux brillants, toujours, aussi vivants que deux pierres coincés dans les orbites vides des statuaires grecques, leur donnant ainsi un souffle de vie. Elle joua un instant avec ses perles, comme on triture un chapelet pendant les prières, puis repris la parole.


-   Maître Dolan, je ne vais pas y aller par quatre chemins, quand on sait qu’ils mènent tous au même endroit, n’est ce pas ?

«  De toute façon, je n’ai pas grand-chose à perdre » pensa t’elle en cessant brusquement de jouer avec son cher collier. Dans sa voix, on trouvait un accent inconnu, avec une légère consonance française, une manière presque germanique de prononcer les « ch », un petit roulement sur les "r", le tout sur un fond doux et sobre. Comme une femme mondaine, qui appuie sur chaque mot, les pressant pour en faire ressortir le sens.

-   Ce n’est pas déplaisant d’avoir affaire à vous, non, loin de là, j’avoue même que dans d’autres circonstances, cela aurait pu être intéressant et instructif …

Elle avait très envie d’une autre cigarette. Elle se contenta de boire une nouvelle gorgée d'alcool.

-   Ces ouvrages ne sont d’aucune utilité au Vatican, étant donné qu’ils y sont entreposés, pour la plupart, sans aucune raison valable. Des anciennes censures, comme Galilée, des carnets d’artistes qui seraient plus à leur place dans les bibliothèques du Louvre que dans des archives auxquelles personne ne peut accéder … Vous n’êtes pas d’accord ?

Comme un réflexe, sa main avait à nouveau saisie le collier, jouant avec les perles. Elle dévisageait l’avocat, le sourire aux lèvres. Cette question, de par son ton, invitait presque à répondre de manière affirmative.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le dimanche 20 juin 2010, 13:38:56
       Intéressant... Elle semblait l'avoir cru. Bien évidement, William se fichait éperdument de l'église, de son manque de tolérance et même qu'il y ait de vieux parchemins d'une valeur culturelle inestimable qui pourrissent dans ses archives. Seul l'argent et le pouvoir l'intéressait. Mais le mieux c'est qu'il en ait conscient et cela grâce à quelques rudiments de philosophie. Une matière très utile pour se connaître soi-même. Il pourrait défendre l'église tout comme il aurait pu l'incendier. William est un mercenaire de l'opinion, il se range du côté du plus offrant. De tout évidence ce n'était pas le cas de miss Beckett qui avait répliquée sur le sujet avec véhémence. Il semblerait que cette passionné d'art ne soit pas en bon terme avec l'église. D'ailleurs, personne n'aime l'église. Que ce soit les scientifiques ou les artistes, tous ont encore le goût amer de cette longue période de notre histoire gâché par le fanatisme religieux : l'obscurantisme. Qui sait où en serait l'humanité s'il n'y avait pas eu cette "pause" dans les progrès de notre civilisation.

       -Allons mademoiselle Beckett, commença l'avocat. L'église a tant perdu pendant la révolution. Il est normal qu'elle conserve les trésors qu'ils ont accumulés pendant leur age d'or.

       William esquissa un sourire pour lui-même. En fait, il ne pouvait pas vraiment dire s'il était d'accord avec ce qu'il avançait tellement il s'en fichait, mais comme il est l'avocat du Vatican il est normal qu'il les défende. En fait, ce n'est pas obligatoire, mais c'est tellement amusant.

       -De plus, de nombreux ouvrages sont controversés et pourraient nuire à l'église. Déjà que leur nombre de fidèles décroit, il serait idiot de scier encore plus la branche sur laquelle elle repose. L'instinct de conservation est un droit naturel. Je suis sûr que vous aussi vous devez cacher certaines choses qui vous nuiraient s'ils venaient à être découvert. Mais on s'égare...

       William la fixa un instant et lui décocha un sourire entendu. Sans la lâcher des yeux il but une gorgée de son scotch et poussa un soupir de contentement. Puis, il s'installa un peu mieux dans son siège comme s'il s'apprêtait à encaisser un long monologue.

       -J'ai cru comprendre à mon grand damne que vous n'étiez pas venu pour échanger des formules de politesse, constata-t-il. Dites-moi tout mademoiselle Beckett.

       Finalement, William ne savait pas trop ce qu'elle lui voulait. Elle essayait peut-être de lui soutirer des informations qui l'aideront pour le procès ou bien elle voulait l'acheter. L'avocat était tout ce qu'il y a de plus corruptible mais il ne voyait vraiment pas ce qu'elle pouvait lui offrir de mieux que ce qu'une affaire comme celle-là lui rapporterait. Dolan appréciait bien cette jeune fille. Il l'a trouvait amusante, même si elle faisait une avocate bien singulière.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le dimanche 20 juin 2010, 17:46:03
Il n’était pas dupe, effectivement. Elle cessa de jouer avec son collier, faisant bouger ses doigts, comme pour les échauffer, à la manière d’une araignée agile et avide de nourriture. Elle aurait voulue le répondre tout de suite, mais connaissait bien ce manège. Au lieu de répondre brusquement, elle s’enfonça davantage dans son siège, sans cesser de le fixer, et attrapa son verre au passage. Sans le boire, elle le coinça entre ses doigts fins, et adressa un sourire à l’avocat.

-   Disons que je conserve mes intérêts, répliqua t’elle d’un ton simple, comme une réponse naturelle. Mes intérêts, et surtout ma future collection d’ouvrages d’excellence.

Dernier mot prononcé en sifflant légèrement. Là, elle but une gorgée, et releva un peu le visage, pour mieux encore regarder l’avocat, fixant son regard sans aucune crainte, avec même une assurance hors du commun, après ce qu’elle venait de dire. Hop, la première pile de carte était étalée sur la table. Elle venait clairement de lui faire comprendre pourquoi elle était là, et ce qu’elle attendait réellement de lui.
De la pitié ? Non, sûrement pas … Corruption, oui, sûrement. Mais il n’était pas un avocat qui se laissait embobiner facilement, son indicateur lui avait dit. « A prendre avec des pincettes », avait-il même précisé. Elle ne jouerait pas au trouble jeu du chantage, non plus, à moins que cela ne soit sa dernière carte, tout comme elle n’utiliserait pas le vol, ni le Beretta qu’elle gardait sur elle.  Il fallait la jouer finement, sans faire de taches, sans un mot de travers, même. Elle inspira, but la dernière gorgée de son verre et invita l’avocat à lui en resservir un, toujours droite sur sa chaise.


-   Je ne vous demande pas de compréhension, puisqu’il semble que nous n’ayons pas les mêmes … centres d’intérêts, disons. Vous avez compris, il me semble, que je ne tiens pas à ce que mon client perde ce procès. Il y a beaucoup trop en jeu sur cette affaire.

Elle se racla doucement la gorge, toussant légèrement, avec une certaine féminité. Pas le droit à l’erreur. Elle le savait. Elle sentait que sa voix devenait presque sifflante, au fur et à mesure des mots.

-   Ce genre de livres ne doit pas rester secrets. On dirait que le gouvernement s’obstine à conserver son peuple dans un état de quasi-ignorance, soupira t’elle.

Elle se laissa tomber dans son fauteuil, passant sa main sur son front.

-   Je parle au nom de l’enseignement et de la Culture, continua t’elle.

Evidemment, elle mentait. Le peuple ne l’intéressait que partiellement. Elle se moquait même presque de ce que la population mondiale pouvait savoir. C’était pour son enrichissement personnel, voilà tout. Sauf que ça, elle ne comptait pas l'avouer à l'avocat.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le dimanche 20 juin 2010, 20:53:43
       Ainsi, elle est une collectionneuse. Pourquoi pas? C'est un passe temps très sain mais il peut rapidement devenir une pathologie, surtout lorsque cela peut nous trainer en justice. Une chose que William ne souhaitait surtout pas pour sa nouvelle amie. Malheureusement, si elle trempait dans cette affaire, il serait bien obligé de faire un choix entre l'amitié, et la gloire et la fortune. Quel choix difficile! Le seul moyen pour briser ce dilemme serait qu'elle reparte de son bureau comblée, mais ça, ça ne dépendait que d'elle. Elle voulait quelque chose de William mais la question est : Est-ce qu'elle possède quelque chose qui intéresserait Dolan? Si miss Beckett pouvait répondre à cette question, elle avait gagnée.

       La jeune fille lui annonça alors ce dont il se doutait déjà. Elle ne veut pas perdre l'affaire. Il n'y avait donc plus de doute possible : elle voulait trouver un arrangement. Et pourquoi pas? William n'appartient à personne et change son fusil d'épaule ne le dérangeait nullement tant qu'il est payé pour ça. Malgré tout, il restait sceptique. Il ne voyait vraiment pas ce que mademoiselle Beckett pouvait proposer de mieux que le Vatican. Et de cela, William voulait l'en avertir. A sa façon bien sûr.

       -Tout d'abord, soyez assuré que le héraut de l'enseignement et de la culture à des yeux magnifiques, la complimenta-t-il en regardant justement ses deux iris bleus. Malheureusement, je ne vais pas abandonner une affaire aussi importante pour vos beaux yeux. Je vais gagner miss Beckett. Ce n'est pas de l'orgueil mal placé et je ne me moque pas de vous, mais vous devez admettre que les dés ne jouent pas en votre faveur, et cela indépendamment de votre talent.

       William s'interrompit un instant pour remplir de nouveau le verre de la jeune fille d'alcool de malt. Il ne lui manquait pas de respect. Ses yeux étaient dépourvus de la moindre malice et sa voix était calme et posée, sans la moindre irrégularité propre à la raillerie. Il ne faisait qu'exposer ce que tous deux savait déjà.

       -Maintenant mademoiselle, reprit-il en poussant le verre à demi rempli vers elle. Dites-moi comment nous allons faire pour que ce scénario n'arrive pas. Dites-moi comment la culture et l'éducation triompheront une nouvelle fois de l'obscurantisme religieux.

       Tout en prenant son verre, il observa la jeune fille qui se tenait droite dans son siège. C'était le genre de femme qui obtenait tout ce qu'elle voulait. William était curieux de savoir jusqu'où elle était prête à aller pour ne pas faire mentir sa réputation.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le dimanche 20 juin 2010, 21:30:42
Vivement, Amy rejetta la tête en arrière, de manière assurée, et se replaça bien droite dans son siège. Il n’était pas incorruptible. C’était un point pour elle. Cela signifiait qu’il y avait moyen de s’entendre. Mais là, elle n’avait que peu de choix. Soit sortir toutes ses cartes, là, violemment, à sa manière, prendre la parole, enflammée comme jamais, pourquoi pas jouer la petite martyre, ou même la jeune fille facile. «  Non merci, grogna t’elle intérieurement. Je ne jouerais à aucun de ces jeux de rôles là. ». Elle allait devoir trouver autre chose pour contenter l’avocat. Lui rendant un regard brillant, elle but une gorgée, se leva, et attrapa son manteau, doucement. Elle se réinstalla au bureau, recroisant les jambes, et eut un sourire.
Elle plongea les mains dans ses poches, et avec précaution, posa un à un des objets sur le bureau, face à William : un carnet de chèque, un pistolet, une liasse de billets, des dossiers contenant des affaires qu’il pouvait prendre en main s’il abandonnait celle-ci, certes moins appétissants, mais au moins plus passionnant. Des affaires restées secrètes, qui taperaient fort si on les ressortait du placard.
Une fois cela fait, elle se remit à triturer son collier.

-   Argent, meurtre, affaire crapuleuse, esclaves, œuvres d’art, propriétés, vous rendre un service  si vous le souhaitez, ou simple amour de l’art, mais pas de pitié en vers moi, je vous en prie, je déteste cela … Mais je ne joue pas au jeu malsain du chantage, mon cher. Cela n’est que ma dernière carte.

Effectivement. Elle avait tout un dossier sur lui, dans son manteau. Elle avait un indicateur, des gens qu’elle pouvait prévenir aussitôt pour qu’ils exécutent des ordres crapuleux. Tout un arsenal violent et avec un seul but : conserver les richesses entreposées au Vatican.
Elle soupira longuement.


-   Je sais que nous pouvons nous entendre, prononça t’elle de manière distincte. Même si je sais qu'il est difficile de vous impressionner.

Ses yeux le fixaient, des yeux froids, durs, qui ne lâcheraient pas leur prise. Tout comme elle, qui ne lâcherait pas cette affaire. Elle était prête à tout pour réussir.
Elle avait même mise son ego de côté, quand il avait dit qu’il la vaincrait sans problèmes. Elle était forte, certes, reconnue, et détestait que l’on doute d’elle. Qu’on la rabaisse. Elle attrapa doucement son verre, buvant une nouvelle gorgée. Il pouvait, s’il voulait, feuilleter les dossiers, se servir. Elle avait sortit le grand jeu, espérant que cela puisse le satisfaire. Elle devait gagner.
Elle sentit son nouveau portable vibrer dans sa poche. Toc ! Un de ses « amis » avait récupéré une partie des livres. Elle eut un sourire, vif,  heureuse d’au moins remporter cela.
Elle croisa ses bras sous sa poitrine, regardant à nouveau autour d'elle. Elle ressemblait à une louve affamée, cherchant une proie tout en protégeant sa descendance. Redoutable.

Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le lundi 21 juin 2010, 12:44:04
       William regarda avec attention chaque objets que sortait son invité. Il dut, cependant, masquer sa surprise lorsqu'il vit le revolver. En effet, William ne s'entendait pas à ce qu'elle porte ça sur elle. Peut-être s'était-il laissé berné par son visage d'ange. Mais qui ne le serait pas? Dolan ne se sentait pas menacé par cette femme, même s'il refusait toutes ses propositions, ou bien s'il l'énervait. L'arme n'était pas là pour le tuer mais pour le symbole qu'elle représente. Mademoiselle Beckett ne serait pas assez folle pour tuer un avocat dans son bureau alors que tout le monde sait qu'elle s'y trouve.
       La pseudo-surprise passée, William examina les objets qui étaient devant lui. Il prit un dossier, feuilleta rapidement, lisant en diagonale pour se faire une idée de quoi ça parlait. Ses mires vertes filaient sur la papier s'arrêtant parfois sur un mot. Lorsque cela arrivait, elles se figeaient puis remontaient lentement sur mademoiselle Beckett avant de se replonger dans leur lecture. Lorsqu'il eut plus ou moins fini, il déposa le dossier à sa place et balaya de nouveau les objets des yeux.

       -L'argent ; je doute que vous en ayez assez. Le meurtre ; je suis déjà équipé. Le service ; nous en reparlerons plus tard, énuméra-t-il. Quand à ses dossiers ils sont vraiment très intéressant – William fit une pause et afficha une moue désolé – N'importe qui éprouverait un grand plaisir à réveiller ses sinistres affaires, ne serait-ce que pour l'amour du métier. Malheureusement, ce n'est pas ça qui me fait vibrer dans le métier de juriste. Je ne prend pas de plaisir à remuer la saleté qui a décantée et aucune de ses affaire ne me procurerait la renommée internationale comme celle du Vatican.

       William poussa un soupir et commença à pianoter sur son bureau en noyer. Il se doutait bien que Beckett n'aurait rien à lui proposer qui égale une affaire comme celle du Vatican. C'était impossible. Dolan le savait mais par politesse, il l'avait tout de même laissé exposer ses propositions. C'est sûr que William n'aura aucune pitié pour elle, mais c'était tout de même dommage. Quand au chantage, il était curieux de savoir de quoi il s'agissait. Tout le monde sait que William est une pourriture qui fait libérer des gangsters par la corruption, mais personne n'a de preuves bien entendu. L'avocat se demandait si elle allait se mettre à bluffer en dernier recours.
       Malgré tout, William s'amusait toujours, comme à chaque fois que deux langues s'agitent pour s'affronter à coup de non-dits et d'arguments. C'est ça qui faisait vibrer l'avocat. Ce genre de combat silencieux, qui semblaient non-violent. Pourtant l'impact des mots pouvait blesser plus profondément qu'un simple coup de poing et même mettre K.O. Ces attaques mentales envoyés tranquillement et sans sueur, bien planté au fond de son fauteuil moelleux, c'était le summum de la guerre, et lorsque William était en présence d'un autre juriste qui manie les mots à son niveau, c'était un véritable délice. L'avocat regarda alors son interlocutrice avec une gourmandise qu'elle pouvait interpréter comme elle le voulait, et la gratifia d'un mince sourire. Le jeu n'allait pas s'arrêter aussi prématurément.

       -Je suis curieux miss Beckett, souffla-t-il. Qu'est-ce que vous entendiez par petits services et esclaves?

       Dolan avait bien sûr tiqué lorsqu'il avait entendu le mot esclave. Il devait bien avouer qu'il ne comprenait pas ce qu'elle voulait dire. Quand aux petits services, c'était bien de la curiosité. Les services que pouvaient lui rendre Beckett pouvait être très simple, mais encore aurait-il fallu qu'ils aient la même notion du "service" que lui.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le mardi 22 juin 2010, 12:44:48
L’avocate joignit les mains, coinçant ainsi son collier entre ses doigts. Elle n’était pas anxieuse, enfin, si peu. Il semblait qu’il se soit intéressé, un temps, à elle. Cela était toujours bon pour ses plans … Elle leva un sourcil en entendant sa dernière phrase, légèrement surprise par cette question. Devait-elle y déceler des sous-entendus plus ou moins avenants, ou était-ce juste une question emplie d’une innocence sans bornes ? Le connaissant – tout du moins à travers le portrait qu’on lui en avait brossé – elle crut comprendre que la première solution semblait la plus évidente. Elle attrapa un petit sourire, et s’accouda au bureau, le fixant, le dévisageant, afin d’essayer de deviner ce qu’il entendait par ses propos. Elle n’était pas bien discrète, on voyait bien qu’elle essayait de découvrir qui il était vraiment, mais elle se moquait de ce manque parfait de discrétion.
Elle sourit à nouveau.


-   Par services, je peux m’arranger … Dites-moi ce que vous voulez, où, comment, quand, et je saurais vous satisfaire. Je suis très polyvalente en cette matière.

Nouveau sourire. « Jouons au même jeu » songea t’elle. Jouons à lancer des phrases plus ou moins tordues, au sens plus ou moins cachés. Nous verrons bien qui fera tomber le voile … elle passa sa main dans ses cheveux, les recoiffant doucement, regardant les environs, vérifiant une énième fois s’il n’y avait personne autour d’eux.

-   Quand je parle d’esclaves, je vous assure ainsi que je dispose de plusieurs … Affaires, en dehors du Palais de Justice. Ne prenez pas d’air offusqué, je sais que vous n’êtes pas un saint, Maître Dolan.

Elle se réinstalla confortablement dans son siège. Etait-ce du bluff ? Non, elle était assez informée. Ils traînaient dans les mêmes affaires, et son indicateur avait pû déceler ici et là quelques histoires cachées. Pas suffisamment pour les traîner en justice, mais juste assez pour savoir qu’il était impliqué dans des affaires plus ou moins propres. Mais elle ne se sentait pas l’envie de le réprimander ; elle-même n’était pas mieux pour ce genre d’histoires.
Amy Beckett, jeune avocate si propre sur elle … Elle riait intérieurement quand on usait de ces termes pour la désigner. Amy était loin d’être une sainte, c’était sûr. Elle le savait mieux que tout le monde. Au point de jongler avec le chantage la plupart du temps … «  Pour blesser quelqu’un, attaque-toi au gens auquel cette personne tient. » Sa phrase de prédilection. Et elle savait s’en servir.


-   Je ne veux pas devenir violente, sachez-le. Je suis assez informée pour savoir que jouer à ce jeu, face à vous, prendrait une allure de Guerre Froide.

Bien que, contrairement à lui, elle ne tenait à personne sur Terre. Un détachement qui lui évitait bien des ennuis … Elle sortit une cigarette de son sac, et l’alluma. Elle en avait besoin.

Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le mardi 22 juin 2010, 15:45:22
       A qui Dolan pouvait-il bien tenir si ce n'est sa propre personne? Qui dans ce monde n'avait de valeur que pour lui? Et surtout est-ce que cette personne serait plus précieuse que ses objectifs? Que de questions dont certaines réponses étaient inconnus de William lui-même. Si Beckett pouvait être comparée à une araignée, habile tisseuse qui attire ses proies pour les dévorer, le juriste était plutôt un serpent, peu agressif en temps normal, mais mortel lorsqu'il est acculé. Amy Beckett n'est pas une ennemie, pas encore. Pour l'instant, ce n'était qu'une collègue avec qui il parlementait pour trouver une solution qui satisfasse les deux parties. Le serpent joue avec l'araignée, curieux d'étudier cette étrange créature, mais c'est qu'il ne sait pas qu'elle aussi à des crocs venimeux.

       William souffla sur une volute de fumé qui s'approchait dangereusement de son nez. Lorsque l'opportun fut chassé, il gratifia l'avocate d'un sourire entendu, ravi qu'elle est plus ou moins compris son sous-entendu. Bien sûr, ce n'était qu'un jeu et aucune avance n'avait été explicitement faite. Quand au fait qu'il avait quelques business assez frauduleux, il préférait laisser miss Beckett dans l'incertitude plutôt que de lui avouer. C'était plus amusant et ça lui évitait d'éclaircir les choses. Aussi, il prit une expression pénitente.

       -C'est vrai je ne suis pas un saint, mais maintenant que je défends l'église, c'est comme si je défendais dieu lui-même, déclara-t-il avec ferveur. Peut-être serais-je béatifié.

       Il éclata de rire suite à sa déclaration et se leva enfin de son fauteuil. Il s'appuya ensuite sur sa bais vitrée et observa les passant en contrebas, anonyme, semblable à des fourmis lorsqu'on les regard du 47e étage d'un building érigé par ses soins. C'est heureux que William ne soit pas devenu mégalomane avec tout ça... enfin pas trop.

       -La violence est le dernier recours de ceux qui n'ont plus rien à dire mademoiselle Beckett, lâcha-t-il sans cesser son observation des masses. Je me doute bien que vous n'irez pas jusque là.

       Évidement, William n'en pensait pas un mot. La violence est nécessaire et il l'utilise allégrement lorsqu'elle peut le servir. Il invitait surtout sa consœur à ne pas rentrer dans une spirale de violence qui se solderait pas un match nul ou une victoire obscurcie par les pertes subies. Dolan s'approcha de la jeune fille, mettant fin à sa contemplation et fit le tour de son siège pour se positionner dans son dos. Il posa ses coudes sur le haut dossier du fauteuil de son invité pour déléguer une partie de son poids et poussa un petit soupir. William savait bien que c'est désagréable d'avoir quelqu'un dans son dos, surtout pour des gens comme eux, qui se méfient de la moindre sournoiserie. C'était juste une façon de l'inviter à se lever. Il aime la danse des corps lors des joutes verbales. Cela donne plus de charme et de présence à un échange qui est déjà exquis.

       -Que ferez-vous si vous sortez de mon bureau sans avoir été pleinement satisfaite d'une manière ou d'une autre?

       Que faisait le serpent? Il regardait si l'araignée avait des crocs, espérant simplement de ne pas s'être approché trop près du redoutable arachnide.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le mardi 22 juin 2010, 16:39:21
Amy ne se laissa pas déstabiliser ainsi. Afficher une mine déçue, colérique, serait malvenu, et pourrait faire tomber toute sa pile de cartes. Elle se contenta de pousser un long soupir, tirant une nouvelle bouffée de tabac réconfortant sur sa cigarette. Mais elle ne leva pas les yeux sur lui, elle continua de regarder face à elle. Elle savait bien quoi répondre, elle ne perdait jamais ses mots. Mais elle comptait bien savourer sa cigarette avant de continuer à parler. C’était un de ces rares moments où son ego était satisfait : fumer une cigarette revenait à vider quelqu’un de son essence. Et elle savait que ce qu’elle faisait à cette cigarette, la cigarette ne lui ferait pas. C’était sa manière de se rassurer.

-   Hubbard disait : « Si vous ne trouvez pas quoi répondre aux arguments de quelqu’un, tout n’est pas perdu, vous pouvez encore l’injurier », annonça t’elle. Vous avez bien deviné que je ne me rabaisserais jamais à cela. Je peux me montrer plus ... habile.

Son ton était teinté d’une sorte d’avertissement. Qu’il ne tente jamais de penser qu’elle n’était qu’une fille du peuple, dont les seules défenses étaient injures et coups. Non, elle était plus habile que cela ; des mots, des phrases … Cela faisait partie de son travail. Elle jeta sa cigarette achevée dans la poubelle, et se releva doucement. Elle n’était pas bien grande, trichant avec ses talons, et cet homme devait bien faire une tête – si ce n’est plus – de plus qu’elle. Mais elle gardait son allure assurée, sa silhouette de femme qui ne se laisse pas démonter. Même si ses poings étaient petits, ses bras fins et sa stature digne d’une étudiante en première année de droit, elle avait ce regard qui disait tout sur sa personnalité.


-   Je pense que je reviendrais vous hanter, jour après jour, répondit-elle avec un sourire. Ou que je vous maudirais jusqu’à la dernière génération. Ou je vous prendrais dans ma toile.

Elle sortit son portable de sa poche. Un message ? Elle accueillie cette nouvelle avec un sourire.

-   Mais je voudrais que vous compreniez … Si je ne m’attache nullement au gens, c’est pour leur éviter d’avoir des ennuis, quand je tiens tête à une personne plus cinglante que moi.

Elle releva les yeux vers lui. Une menace ? Sûrement. Ou sûrement pas. Le message réclamait une réponse, qu’elle ne donnerait pas tout de suite.

-   Je n'aimerais pas en venir à ce point avec vous, William.

Elle rangea son portable dans sa poche, et d’un geste vif, se réinstalla sur le siège, continuant de regarder face à elle. Son ton n’était même pas violent. Un peu dur, certes, ferme dans le fond, mais aucunement violent. Un avertissement, une menace, ou dieu sait quoi d’autre, des mots qu’elle prononçait avec sa voix habituelle, avec son ton un peu tranchant.
Juste assez pour une coupure. Elle leva la main, vers lui, comme une offrande, une main impeccable, avec une bague argentée. Un cadeau. D'autrefois.


- Et vous ?

Elle releva les yeux vers lui. Un regard quelque peu malsain, une invitation à jouer.

- Savez vous mordre ?
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le mercredi 23 juin 2010, 19:53:51
       Bien entendu, miss Beckett n'a rien d'une femme du peuple. C'était une prédatrice, tout comme lui. Quel dommage qu'elle soit devenu son ennemi en le menaçant avec subtilité! Mais ça ne fait rien. Après tout, être l'ennemi de Dolan n'est qu'ennuyeux à long terme. D'ailleurs la plupart du temps, ceux qui sont sur la liste noir de l'avocat ne le savent même pas. C'était le cas de la demoiselle qu'il regardait évoluer dans l'espace. Sa démarche était sans conteste celle d'une femme de qualité ; le genre de femme qui plait à William. Ça façon de se mouvoir et ses formes trompeuses étaient un régal pour les yeux du juriste. Il ne le cachait pas d'ailleurs, ses mires vertes glissaient sur elle sans gêne et sans tabous. Il en profitait car en aucun cas cela ne lui portera préjudice. Au pire, elle se mettrait dans la tête qu'elle détient le pouvoir de séduction sur lui. Ce qui n'était pas forcement faux, mais encore fallait-il ne pas se tromper sur le degré d'influence que ça a sur le juriste. Délicieuse enfant...

       William n'était pas dupe. Il profitait de ces instant de volupté car cela ne durera pas. Elle finira bien par mettre le serpent au pied du mur. Les menaces étaient explicites ; elle comptait sans doute le faire chanter grâce à l'affection qu'il porte à une tierce personne. C'est cette faiblesse qu'elle voyait chez lui. Pourtant, il n'avait pas hâte que cela arrive, puisque cela déclencherait officiellement les hostilités mais il savait qu'il n'y échapperait pas. Aussi, il prit volonté la main offerte, paume contre paume, et la leva vers lui, obligeant la jeune fille à se rapprocher de lui. Ses yeux verts étaient fixées sur elle dans une expression difficile à décrypter, car elle mêlait plusieurs sentiments entre eux. Le défie, l'excitation, la froideur et l'amusement. Tout un panel d'expressions que son visage se chargeait de transmettre vers la jeune fille. Finalement, il déposa un baiser fugace sur le bout de ses doigts fins avant de les relâcher.

       -Je mords lorsque j'y suis contraint, mademoiselle, souffla-t-il. Et je ne suis pas pressé d'entendre ce qui m'y obligera, car vous êtes douée. Pas trop j'espère, mais je dois vous reconnaître un certain talent.

       Malgré le défi lancé, il la gratifia une nouvelle fois d'un sourire courtois. Il lui tourna brièvement le dos pour attraper son verre qui était resté sur son bureau et le vida d'une traite avant de pivoter de nouveau vers elle, un peu moins rigide.

       -"L'attachement personnel est un luxe que nous ne pouvons nous permettre qu'après avoir éliminé tous nos ennemis. Avant cela tous ceux que nous aimons sont des otages qui sapent notre courage et corrompent notre jugement", récita-t-il avec la fluidité de l'habitude. C'est de Orson Scott Card. Je n'ai pas lu un seul de ses livres mais cette phrase m'a marquée. Elle a des allures de vérité pour les gens qui sont dans notre triste situation. Cependant, on ne peut éliminer tous ses ennemis. Ils repoussent comme la mauvaise herbe à l'endroit même où on les a arraché. Sommes-nous donc condamné à ne jamais aimé? Je pense que non, à condition que l'on soit prêt à rendre le bonheur qui nous a été offert, sous forme de malheur. C'est un lourd tribut mais il faut savoir ce qu'on veut dans la vie.

       Beaucoup de métaphores pour un résultat qui aurait pu tenir en une phrase, mais c'était tellement plus amusant de cette façon. Quand tout cela sera fini, il faudra qu'il pense à l'inviter à diner.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le mercredi 23 juin 2010, 20:38:23
Le message était clair. Son regard, sa stature, tout était d’une clarté évidente. Si le jeu se déclenchait, la partie serait longue et pointue. Avait-elle réellement besoin de tout cela ? Elle voulait ces livres. Elle en possédait déjà une partie, ce qui était un enchantement pour elle, un soulagement, un réel plaisir. Elle s’imaginait déjà, le soir, dans son lit, en train de les lire, de les savourer, de les dévorer, un à un, comme des proies entre les griffes d’un prédateur, qui ne s’en lasse pas.
Cette pensée, immédiatement, la fit sourire. Imaginait-elle, ne serait-ce qu’un instant, cet avocat comme une proie potentielle ? Hum, sans doute, après tout, elle était humaine. Et ne le considérait pas – tout du moins, pas tout de suite – comme une ennemi. Et quand bien même il se révélerait son adversaire, ce genre de jeu étaient relativement amusants … Elle chassa ses pensées de sa tête, et elles partirent aussi vite qu’elles étaient venues. Elle attrapa son téléphone portable, et répondit d’un geste vif  à son ami. Elle écrivit un « non » catégorique, et le rangea dans sa poche, à nouveau.


-   Décidemment, je vais finir par croire que je ne suis pas seule sur cette Terre, répondit-elle avec toujours le même sourire. Serions-nous tout les deux des prédateurs, avec toute une armada redoutable ?

Elle s’en extasiait presque, comme si cela était une bonne nouvelle, comme si cela était particulièrement enchanteur de savoir que, ici, elle était n’était la seule à être capable d’imposer sa loi, aussi dure et violente soit-elle.  Doucement, Amy s’approcha de l’avocat, le dévisageant avec un certain amusement. Elle n’était pas bien grande face à lui, effectivement, mais ce constat ne l’agaça pas outre mesure. Ils étaient bien différents, tout les deux, et pourtant si singuliers … Elle retrouvait dans les yeux de cet homme la même lueur que dans le sien, quand elle venait à se montrer plus dangereuse que tout animal venimeux et tueur, quand elle déclarait sa guerre, ou quand elle voulait faire comprendre que les seules règles qu’elle suivrait seraient les siennes.

-   Ce que je veux, c’est vivre, répliqua t’elle. Quel qu’en soit le prix.

Elle ne parlait plus des livres, quel intérêt ? , la conversation avait pris une toute autre tournure, bien plus appréciable que celle d’un débat sur la littérature classique et rarissime. Elle trouverait le temps de lui reparler de cette affaire, se doutant bien que cette journée était loin d’être finie, pour lui comme pour elle …


-   Au bal des prédateurs, j’ai hâte de voir qui parvient à mordre l’autre, annonça t’elle avec un plus grand sourire, toujours aussi énigmatique.

Ce n’était pas une menace de guerre, le ton n’étant ni menaçant, ni belliqueux. Juste une invitation à danser. Elle s’approcha doucement de son oreille, les yeux brillants.

-   Mais je connais de meilleurs endroits pour danser, annonça t’elle. Et j’adore la cuisine française.

Elle s’éloigna le lui, le gratifiant d’une rapide révérence, attrapa son arme, son manteau, et sortit d'un pas vif, suivie de sa secrétaire. Non, elle ne se voyait pas l’inviter à dîner, ni à danser. Il savait comment la joindre, et elle savait très bien qu’il le ferait. Tout simplement parce que leur conversation était très loin d’être terminée, voir même qu’elle ne faisait que commencer … 
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le jeudi 24 juin 2010, 12:13:02
       William la gratifia d'un dernier sourire avant que la porte ne se referme derrière elle. Puis son sourire mourut aussitôt dans le silence qui suivit. Paisiblement, le juriste retourna à son bureau, il prit le verre de la jeune fille et le fit tourner entre ses doigts. Il observa la marque des lèvres de la jeune fille, laissée sur le cristal, puis les jointures de ses doigts se mirent à blanchir alors qu'il augmentait la pression sur le récipient. Finalement, d'un geste rageur, il lança le verre qui explosa contre le mur voisin dans bruit d'éclat. Son coup de sang passé, il poussa un long soupir pour se calmer et se rassit à son bureau. Aucune trace de colère sur le visage fermé de l'avocat, pourtant il bouillait d'une rage contenue. Ce qui n'était pas étonnant vu qu'il venait de se faire une ennemie. Une ennemie dangereuse qui plus est. Les colères de l'avocat étaient toujours froides et invisibles, ce qui les rendaient d'autant plus déstabilisantes. On préférait toujours voir quelqu'un tempêter plutôt que de le voir contenir sa colère et la déchainer par des moyens plus sournois et souvent plus douloureux.
       Le problème, c'est que William marchait à l'aveuglette. Même si mademoiselle Beckett n'est pas en situation de supériorité, elle détient l'initiative. Elle semble avoir un plan alors que William restait dans l'expectative, obligé de contrer toutes les attaques de la jeune fille sans riposter. Bien sûr, tout cela va changer. Elle s'est informée sur lui? William en fera de même et redoublera d'efforts sur le dossier du Vatican qu'il considérait comme acquis. On ne peut partir en guerre sans les outils adéquats, alors il n'avait qu'à s'armer. Ce n'est pas le métier d'un avocat que d'enquêter, mais William avait quelques contacts qui lui permettrait de fourrer son nez dans les investigations de la police et pourquoi pas développer les points qui l'intéressent, lui-même.
       Ceci étant dit, au travail! Mais tout d'abord, William décrocha le combinée de son interphone et fut directement en contact avec sa secrétaire.

       -Monsieur Dolan? Demanda une voix inquiète, signe que sa secrétaire avait entendue le verre éclater en morceaux.

       -J'aimerais que vous preniez contact avec la secrétaire de mademoiselle Beckett, fit William d'un ton posé. Dites-lui que je souhaiterais inviter ma chère consœur à diner. Évidement, je passerais la chercher en voiture où bon lui semblera.

       -Ce sera fait, monsieur Dolan, rétorqua la secrétaire, un peu rassurée par la voix de son patron. Dois-je donner une date?

       -Je lui laisse le loisir de la fixer, ainsi que l'heure.

       -Bien... Autre chose?

       -Oui. Faites venir une femme de ménage dans mon bureau, s'il vous plait.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le jeudi 24 juin 2010, 18:31:37
Une heure, une date à fixer ? Amy passa lentement ses doigts sur son agenda, avec une infinie douceur. Des traces fines, marquée par l’enfoncement de l’ongle dans le papier, délimitèrent une date. Pas le soir même, non, il fallait que chacun reprenne correctement ses esprits. Le lendemain ? Non, elle avait une affaire à régler. Elle prit donc comme choix deux jours après leur rendez-vous, avec une certaine euphorie, en informant sans tarder son hôte. Elle n’arrivait pas à le considérer comme un ennemi, malgré que son instinct lui ordonnait le contraire.

Deux jours étaient passés depuis cette rencontre assez marquante, et la jeune avocate vaquait à ses occupations, pour le moins singulière. Elle avait aussitôt après l’entrevue engagée un tueur à gages pour assassiner son cher cambrioleur raté. Elle s’en sortirait sûrement … En tout cas, il ne serait plus là pour parler. Et c’était un nouveau point pour elle, bien qu’elle avait devinée que son adversaire ne lâcherait pas l’affaire. Et surtout que William devinerait sans aucun problème qui avait commandité ce meurtre crapuleux aux allures de suicide.
Vivement, elle attrapa une bouteille de Chivas Regal, s’en servant un verre. Elle était retournée chez elle, dans sa demeure bien tenue, sans aucun domestique pour venir troubler sa soif de paix et de solitude. Ce soir, il n’y avait que sa secrétaire, qui venait ranger son bureau personnel en échange d’un chèque assez conséquent. Elle adorait pouvoir ainsi dominer les gens, par la seule force de l’argent. Un plaisir bien singulier …


-   Miss Beckett ! Téléphone pour vous !

La jeune femme serra les dents, et décrocha, s’allumant une cigarette. Aussitôt, elle reconnue la voix à l’autre bout du fil.

-   Mademoiselle Beckett ?
-   C’est bien moi, répliqua t’elle d’une voix lourde.
-   Seriez-vous occupée ?
-   Figures-toi que j’ai un rendez-vous, ce soir, répliqua t’elle en buvant une gorgée de whisky.
-   Je venais vous informer : j’ai envoyé des copies des livres dérobés au Vatican. J’espère qu’elles sont crédibles.
-   Je l’espère pour toi.

Son ton était sec, cinglant, sans aucun état d’âme.


-   Mais il y a autre chose, Miss, continua l'homme.
-   Pardon ? s'étonna t'elle.
-   Une personne dont nous ignorons l’identité est venue rechercher des informations sur vous, et …

Amy raccrocha aussitôt. «  Mon cher, songea t’elle, sachez que je reste informée de tout ce que vous tenterez de faire envers et contre moi. » Elle  but son verre, d’une traite. Il n’était pas difficile de deviner qui cherchait après elle. Mais qu’importe … Il avait bien le droit de prendre sa revanche. Il fallait juste qu’il ne tombe pas que certains dossiers plutôt glauques où son nom était mentionné. Et ça, elle était certaine qu’il ne les découvrirait jamais … Ou il aurait droit au respect et à la fureur de la jeune femme.
Elle inspira violemment, et écrasa sa cigarette sans même la terminer, ouvrant son armoire. Elle aimait ce genre de jeux assassins, il fallait l’avouer. Elle regarda l’heure : Quand passerait-il la prendre ? Bientôt. Elle se demanda s’il la haïssait, s’il comptait l’égorger à la fin de la soirée. Sûrement. Son armoire était, contrairement à ce qu’on aurait pû penser, dans un désordre fulgurant. D’une poigne violente, elle arracha la robe qu’elle souhaitait du fin fond de son armoire. Une robe de toute beauté … (  http://farm3.static.flickr.com/2212/2465166893_1eb20eb945.jpg ) Elle détestait la monotonie, et comptait bien prouver à cet avocat qu’elle avait plus d’un tour dans son sac. C’est donc dans cette tenue qu’elle descendit les marches du perron de sa demeure, une cigarette toujours entre les dents, un loup en satin au relevé au dessus de sa tête, où l’attendait une voiture assez splendide. Elle ne put s’empêcher de vérifier si son Beretta était toujours prés d’elle, et quand elle sentit sa présence contre sa peau, elle afficha un sourire. D'un geste vif et toujours gracieux, elle ouvrit la portière de la voiture, faisant entrer son museau à l'intérieur.


- Enchantée, annonça t'elle d'un ton mielleux, mais teinté de cynisme.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le jeudi 24 juin 2010, 21:06:57
       William se remémorait les derniers détails. Assit sur le siège arrière de sa berline, le bras sur l'accoudoir, il tentait de tuer le temps en regardant à travers la vitre. Pas grand chose à voir, il était tard et seule la lente mutation du paysage surchargé de buildings du centre-ville, en demeures bourgeoises du quartier nanti égayait les yeux de notre avocat. Les lampadaires éclairaient périodiquement le visage toujours fermé du juriste, ainsi que le costume noir, presque nacré, aux reflets émeraude qu'il portait pour l'occasion. Ideki, son chauffeur l'observait depuis un moment par le biais de son rétroviseur. William le remarqua au bout d'un moment et lui jeta un regard interrogateur.

       -Hum... Je me demandais, monsieur Dolan, improvisa le chauffeur d'un ton bourru. Est-ce un rendez-vous d'affaire ou… Enfin... Bref...

       Pas facile de terminer sa phrase lorsque des yeux perçants, donnant l'impression d'être jugé en permanence, sont braqués sur vous. Voilà ce que c'est d'être laxiste avec son personnel. On essaye d'être aimable et gentil avec eux, pour pouvoir travailler dans une ambiance agréable et ils prennent tout de suite des libertés. Cependant, Ideki avait de la chance, William l'aimait bien.

       -Un peu des deux, répondit l'intéressé en cessant son regard inquisiteur. J'attends de toi une conduite irréprochable, bien entendu.

       -Bien entendu, rétorqua immédiatement le chauffeur, un brin vexé.

       Finalement, la voiture s'arrêta devant une demeure. Celle de sa cavalière pour la soirée. Miss Beckett avait, en effet, descendue les marches de son perron lorsque la voiture se présenta. Elle avait également affichée son plus beau sourire de circonstance. Par contre, ses jolies mains n'avaient pas eu à toucher la poignée de la porte et elle n'avait surement pas dû l'ouvrir pour se présenter à Dolan. En effet, à peine arrêté, Ideki était aussitôt descendu de la berline noire dont la carrosserie lustrée reflétait les lumières des environs. Il avait ensuite ouvert la portière à Dolan qui était descendu pour attendre sa gracieuse dame. Tout autre comportement aurait fait de lui un bien piètre galant homme.

       -Vous êtes ravissante mademoiselle Beckett, déclara Dolan en abreuvant ses mires émeraude de sa beauté.

       Sans cesser de la regarder, William se décala sur le côté et ouvrit la portière pour la dame. Une fois celle-ci installée, il la referma et fit le tour de l'imposant véhicule pour passer la porte préalablement ouverte par son chauffeur. Installé près de la jeune fille, il donna l'ordre à Ideki de se mettre en route. Le trajet ne fut pas bien long. Pour briser le silence et occuper son invité, William eut la courtoisie de lui faire la conversation sur des sujets banals qui n'ont pas besoin d'être relatés. Il s'était totalement métamorphosé. Il avait troqué son visage fermé et son ton distant pour une humeur avenante, comme il sied à un cavalier agréable.

       Le couple sut qu'il était arrivé lorsque la berline aux vitres teintées s'arrêta devant un bâtiment éclairé par des projecteurs, faisant ainsi mentir la nuit et révélant une façade blanche dont l'entrée était encadrée de deux piliers en pierre. Des valets en uniformes rouges faisaient le guet aux abords du restaurants, à l'affut des clients importants qui leur feraient l'honneur de diner ici. A peine la voiture s'était immobilisée que Ideki était descendu pour ouvrir la portière à miss Beckett coiffant au poteau les valets. William ouvrit lui-même sa porte et rejoignit la dame. Il lui proposa galamment son bras et ils franchirent l'entrée du restaurant. A l'intérieur, l'ambiance était tamisée. Des lampes aux courbes gracieuses éclairaient indirectement la salle par le biais du mur qui alternait entre d'agréables tapisseries ocres et du marbre rose. Les légers cliquetis des couverts en argent était la seule chose que l'on pouvait entendre dans ce temple de la cuisine française. A peine eurent-ils posés le pieds sur le tapis bordeaux du restaurant que le couple fut accueillit par un majordome qui les inonda de nombreuses marques de politesse et les invita à le suivre. Quelques valets aussi discrets que des ombres vinrent leur proposer d'ôter leur manteau, puis s'éclipsèrent, bredouille en ce qui concerne William, puisqu'il n'avait pas jugé utile d'apporter le sien. Leur hôte les guida à l'écart des gens, une table solitaire dont la décoration semblait un peu plus travaillée et qui ne souffrait d'aucune proximité avec les autres clients. Et oui, même dans un restaurant étoilé, William prenait ce qui se faisait de mieux et de plus intime. Il y a les bourgeois, les riches et il y a William Dolan.
       L'avocat attendit que la dame est pris place sur la chaise préalablement tirée par un valet, pour s'asseoir face à elle. Il la gratifia d'un sourire et embrassa la pièce d'un regard circulaire.

       -J'espère que vous appréciez miss Beckett. Cela a été difficile de faire venir un chef cuisinier français depuis son pays d'origine, et de faire bâtir le restaurant dans un délai aussi court. Je suis assez fier de mon entreprise.

       Il semblerait que Dolan soit de meilleure humeur puisqu'il parvient à faire des plaisanteries. Rien de plus normal puisque l'agréable compagnie dont il jouissait n'était autre qu'une dame de qualité ; sa très chère consœur maitre Beckett. Pas d'ennemie ce soir, William n'aurait pas le courage de considérer ainsi sa ravissante cavalière.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le vendredi 25 juin 2010, 15:30:45
La jeune femme avait accueillie, avec un sourire ravi et flatté, les compliments de l’avocat. Elle était ainsi, de nature, à aimer les compliments, mais elle parvenait à stopper son ego avant qu’il ne soit trop gourmand de ce genre de choses. C’était une soirée comme elle n’en avait eu que peu durant sa vie ; chauffeur, restaurant étoilé et bien tenu, avec un homme de charmante compagnie, autour d’une table éloignée du reste des humains. Elle aimait cette censure du monde extérieur, ne se sentant pas si proche que ça de ses congénères bipèdes et terrestres. La solitude valait mieux,  parfois.
Oh, et puis elle s’agaçait elle-même à penser ainsi ! Elle éjecta vite ses idées, d’un geste de la main, puis afficha un sourire complet à son cavalier. Elle ne se sentait pas mal à l’aise, malgré sa tenue qui était loin d’être irréprochable, voir même tout à fait dans son élément. Elle accueillie la plaisanterie de William avec un petit rire.


-   Vous avez bien fait, je suis conquise, répondit-elle.

Elle ne se sentait plus du tout en danger, maintenant. Ils avaient discutés, plus tôt, de quelques sujets plus ou moins importants – météos, voyages, paysage, toutes ces choses banales – mais cela ne l’avait pas ennuyée. En vérité, elle s’était même demandée depuis combien de temps elle n’avait pas, ainsi, bavardée gratuitement et en toute insouciance avec une personne, sans qu’il n’y ait d’histoires d’assassinats, de chèques ou d’affaires pénales derrière. Et sa conclusion fut que cela faisait bien longtemps. Depuis le temps où elle avait décidée de ne plus s’attacher à personne.
Noire période. Amy entreprit de remettre correctement une des parcelles de sa robe, pour se changer les idées.


-   La France était un beau pays, lança t’elle d’un ton quelque peu nostalgique. Pas tant que l’Allemagne ou l’Italie, à mon goût, mais tout de même séduisante …

Elle remarqua qu’un des majordomes – elle détestait le terme « serveur » - venait de déposer deux cartes des repas et une carte des vins sur la table. Intriguée, elle n’osait pas cependant y toucher. Elle n’avait pas beaucoup de connaissances en matière d’alcool, elle devait bien l’avouer. Elle releva les yeux vers l’avocat.

-   Vous avez dû beaucoup voyager, non ? demanda t’elle d’un ton curieux. Vous m’avez l’air ainsi, à ne pas vous complaire dans un seul paysage, préférant en goûter d’autre. Je me trompe ?

Elle eut à nouveau un large sourire, les yeux brillants. Il faudrait qu’elle songe à retourner voyager, tiens, Moscou lui manquait beaucoup, autant que Paris. Ce soir, elle ressemblait beaucoup à une jeune étudiante, et cette remarque intérieure la fit sourire.

Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le samedi 26 juin 2010, 23:09:42
       William prit la carte des vins qui semblait avoir été délaissée par notre jeune amie. Peut-être était-elle un peu jeune pour connaître les vins ou même les apprécier. Il parcourut la liste rapidement, puis referma la carte. La demoiselle semblait à l’aise avec lui et William en était ravi. Elle lui parlait de voyage, de découverte. Elle ressemblait à une artiste, dans sa façon de penser et de voir les choses. Sa robe très particulière en était la preuve. William a toujours pensé qu’il s’agissait d’une race à part. Contrairement à lui, elle voit un intérêt à l’art en tant que tel. Il n’est jamais venu à l’esprit de William, qu’on pouvait lire un livre pour la beauté du style d’écriture et non pas seulement pour s’instruire. Ne parlons même pas des peintures, vectrices d’émotions. Beckett et Dolan étaient opposés et ne pouvaient pas vraiment se comprendre l’un l’autre.

       -J’ai toujours voyagé pour des raisons professionnelles et je n’ai pas pu me faire une idée objective de la beauté de chaque pays que j’ai visité, résuma-t-il avec un sourire d’excuse. Vous dites sans doute ça parce que mon nom ne sonne pas vraiment japonais. Disons alors que je quitte un paysage lorsqu’il ne me plait pas.

       Il parlait évidemment de terra mais comment pourrait-elle savoir ? Son dossier parlait plutôt de l’Angleterre. Il l’avait falsifié lui-même pour expliquer son enfance passé à Nexus. Il n’avait d’ailleurs jamais eu de problèmes avec ça. Sa capacité d’adaptation était plutôt impressionnante.
       William ouvrit le menu. Ce restaurant, il ne l’avait pas choisi au hasard. Il espérait seulement que sa dame apprécie l’art sous toutes ses formes, y compris l’art culinaire. Il pensait bien sûr, que Mademoiselle Beckett était une habituée de ce genre d’endroit et ne comptait pas l’impressionner avec un excès de luxe. Mais encore une fois William oubliait qu’elle n’est pas de la même espèce que lui. Le sommelier se présenta au couple pour les conseiller sur les vins disponibles. Dolan jeta un bref coup d’œil pour s’assurer que la jeune fille lui laisse la liberté de choisir, puis demanda un « Cheval blanc de 2000 ». Le sommelier s’inclina en assurant à monsieur qu’il avait fait un choix judicieux et le couple se retrouva de nouveau seul.

       -Dites-moi miss Beckett, commença l’avocat. Comment une passionnée d’art a-t-elle fini par s’intéresser au droit ? Je vous verrais bien dans une exposition, même si cela ne vous permettrait pas d’exprimer vos autres talents.

       Pendant, ce temps un serveur arrivait déjà avec un petit chariot qui servait à transporter un seau et une serviette. L’homme sortit une bouteille de bordeaux. Il montra l’étiquette du vin que William avait choisi, puis l’ouvrit. Il versa un fond du liquide couleur sang dans le verre de mademoiselle Beckett et attendit patiemment que la dame goutte. Ceci fait, il finit de lui remplir son verre et remplit également celui de William avant de disposer en laissant la bouteille dans le seau d’eau fraiche.
       William adorait tout ce protocole. Tout un petit monde qui s’était créé avec pour base la bienséance et la galanterie. Le but de ce petit monde était de séparer les gens riches et puissants, du vulgum pecus, et cela pour justifier des tarifs toujours plus exorbitants et une qualité de service frisant la perfection jusque dans les moindres détails. C’était ça qui amusait William Dolan dans ce genre de restaurant très huppé. Il prit son verre de st Emilion et le fit tourner lentement afin qu’il s’aère. Tandis que le liquide couleur rubis tournait docilement dans le verre en cristal, deux yeux amusés étaient fixés sur la jeune fille. Charmante soirée.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le dimanche 27 juin 2010, 10:40:52
Elle le trouvait vraiment enveloppé de mystère. Et considérait cela comme un jeu ; elle adorait ce genre de tableau, abstrait ou symboliste, ou chaque détail offre une nouvelle vision de l’ensemble, mais dont on ne saura jamais la réelle définition. Elle considérait cet homme ainsi, comme un personnage auquel chacun apporte une légende différente, mais dont on ne connaîtra jamais l’histoire. Elle n’était pas satisfaite de sa métaphore, elle avait fait beaucoup mieux autrefois. Elle s’appliqua à saisir son verre de vin, comme le faisait ces grandes dames françaises, et l’huma.
Il semblait délicieux, et ne semblait contenir aucun poison. Elle s'en voulut, un instant, d'imaginer que William puisse essayer de l'empoisonner, mais ce genre de réflexes avaient la vie dure ...


-   L'art n'est pas chaste, on devrait l'interdire aux ignorants innocents, ne jamais mettre en contact avec lui ceux qui y sont insuffisamment préparés. Oui, l'art est dangereux. Ou s'il est chaste, ce n'est pas de l'art, récita t’elle. De Picasso.

Ce n’était pas une réponse en soi, juste une sorte d’interlude.  Elle but une gorgée de l’alcool, qui anima aussitôt ses papilles et le fond de sa gorge, et l’arôme du vin enivra son esprit, ce qui déclencha un petit sursaut, et ses yeux s’ouvrirent presque démesurément pendant un instant. Décidément, elle se trouvait bien fragile à réagir ainsi face à une boisson ! Mais elle se savait sensible face aux bons alcools : tandis que son palais s’était habituée aux alcools forts et presque sans goûts à force d’en boire, il ne se remettait pas de ses rencontres avec des vins qui conservaient un goût pour le moins épatant.
Elle toussa un peu, chassant ce chamboulement, et reprit :


-   J’aime l’art pour son danger, mon cher. Je voulais être comédienne – croyez-le ou non – mais ce n’était pas de l’avis de mes géniteurs, qui me voulait avocate et fortunée. Eux vivaient dans ses conditions insalubres, et ils ont réussis à me convaincre que, si je visais haut, je pourrais ensuite redescendre pour vivre mes rêves. En bref, sacrifier une partie de ma vie, pour amasser assez d’argent pour ensuite tout plaquer et faire ce que je voulais vraiment.

Elle passa sa main dans ses cheveux, le regard troublé. Elle revoyait son père, menaçant, et sa mère, implorante, qui lui ordonnaient de partir à Yale, et non pas dans cette Académie de Théâtre qui aurait pu lui permettre de ne pas résoudre son adolescence aux longues études dans une bibliothèque froide et austère. Au bout du compte, elle se sentait plus perdante que gagnante …

-   Mais qui aurait cru qu’une fois arrivé au sommet, il soit si difficile de redescendre ?

Effectivement, elle était désormais bloquée au rang d’avocate. Elle se redressa finalement, buvant à nouveau une gorgée du vin, se laissant piquer par les saveurs, et passa sa main dans sa nuque.

-   Alors je nourris comme je peux mon appétit pour l’art, termina t’elle. Je ne voudrais pas en arriver à ce triste statut de femme frustrée. La vie est trop belle pour la jeter du haut d’une falaise, même si elle est capricieuse.

Du bout des doigts, elle attrapa une carte des repas, l’installant devant elle. Et là, elle venait de dire ce qu’elle pensait. Elle détestait être ainsi nostalgique, par moment. Cela ouvrait des brèches à des ennemis potentiels, et n’assurait pas son statut de femme forte et indestructible. Mais au fond, elle ne se mentait plus, cela ne servait à rien ; elle avait toujours eu envie de devenir comédienne, mais elle savait très bien qu’en étant avocate, elle avait une plus grande influence sur le monde qui l’entourait. Si elle redescendait au statut de comédienne, elle n’aurait ni notoriété, ni respect, et plus personne ne la craindrait. Autant reste au sommet, la chute pourrait être mortelle.

Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le lundi 28 juin 2010, 18:37:51
       William ne put retenir un sourire ravi devant sa réaction lorsqu’elle gouta au vin. Il ne se moquait pas ; ce vin était une pure merveille. L’avocat observa sa robe pourpre soutenue, puis avisa son nez fruité, sans agression. Il gouta enfin le liquide en le laissant embraser sa langue de milles couleurs qui lui étaient difficile de cerner en une gorgée ; caractère corsé et opulent, on ne sentait presque pas le tannin d’une infinie douceur, sans parler d’une acidité inexistante. Un grand vin. Ca aussi c’est de l’art. Un art que William pouvait comprendre et que même un être grossier pouvait apprécier. Même si ce dernier ne détectait pas toutes les subtilités de l’arôme, il pouvait tout de même comprendre qu’il venait de goûter à une légende, comme un badaud se retrouvant face à une peinture qui le dépasse et dont l’affaissement de sa mâchoire montre sa révérence face à l’œuvre.

       L’avocat acquiesça aux propos de la jeune fille. Il n’avait que cela à faire, car il n’était pas dans son cas même s’il aurait pu. Ses parents aussi avaient un chemin tout tracé pour lui, mais il l’avait refusé et choisi sa propre voie. Tout le monde n’avait pas la possibilité de le faire et sans certains facteurs, William aurait ressenti la frustration de sa cavalière, car il l’aurait également vécu. Dolan observa la jeune fille alors qu’elle parcourait le menu des yeux et esquissa un sourire satisfait. Lorsqu’il avait dit qu’il ne l’avait pas emmené ici par hasard, il n’avait pas exagéré. Ce restaurant risquait de lui plaire au-delà de ses espérances. William était un habitué. Le menu était en français et à force de demander au serveur la signification de chaque plat, il avait fini par les mémoriser pour la plupart. En effet, les titres des plats ne donnaient que peu d’indices quand à leur contenu, mais vu que tout était divin, ce n’était pas une fin en soi. Un exemple ? « Amertume douce et caramélisée d’un lapin aux agrumes séchés, tiède buffala à l’huile vierge et melon grillé au goût d’eau salée » ou encore, « Loyauté de foie gras de canard cuit posément, paysage onirique d’une carotte-roquette voilée d’une tête de moine ». Tous les plats avaient les mêmes noms plus mystérieux les uns que les autres du « Agneau allaitons Aveyronnais aux notes boisées et grillés de noisettes, brochette maraîchères de jonc odorant arrosées d’huile d’argan » pour les plats, jusqu’au «Quatre vingt-et-un balancé noblement cacahuètes grillées et beurre salé, trinquant pastis au pétales de fleur » pour les desserts.

       -Je vois, commença William en refermant son menu. Je n’ai pas non plus embrassé cette carrière pour la passion de la justice. Comme vous, je l’ai choisi car cela me hisserait dans les hautes sphères de la société. Par contre, j’ai choisi ce dernier point. Je suis tout de même ravi de savoir qu’il y a des choses qui arrivent à éclairer vos yeux et pour lesquelles vous mettez tout votre talent.

       La conversation pouvait dériver vers le sujet qui les a amené à se rencontrer. William n’avait qu’à ajouter une petite phrase pour plonger dedans. Cependant, encore une fois, il n’était pas pressé de l’aborder. Miss Beckett avait sans doute remarquée cette dangereuse approche vers le sujet qui fâche. Il lui jeta un regard significatif, puis bifurqua sur des propos plus légers.

       -Vous pourriez, si vous le voulez, tout plaquer et revenir à vos ambitions initiales. Je ne dis pas ça pour me débarrasser d’une concurrente, précisa-t-il en s’esclaffant discrètement. A moins, que l’argent et le pouvoir aient développés un appétit et une addiction auquel il vous est difficile de renoncer.

       Pas de reproches dans la voix de Dolan. Simplement de la compréhension, car il était dans ce cas et ne pouvait qu’approuver, si c’était bien l’argent qui retenait la jeune fille. Il sait très bien ce que le pouvoir et l’argent font aux humains. Ils ne les rendent pas heureux à proprement parler, mais ils lui offrent le contentement et l’étalage de tout ce qu’ils perdraient sans eux. Alors que les pauvres veulent devenir riches, les riches ne veulent jamais devenir pauvres. C’est bien la preuve que l’argent fait le bonheur, même si la définition du bonheur reste encore à être élucidée.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le lundi 28 juin 2010, 20:29:01
Amy retomba sur son siège, pareille à une adolescente fatiguée à la suite de longues révisions. Elle passa sa main sur ses yeux, les frottant légèrement, et reprit le menu en écoutant William parler. Ainsi, il comprenait ? Elle eut un sourire ravi, et parcourut des yeux les différents noms des plats. Elle ne haussait même pas les sourcils, les noms étaient trop enchanteurs pour la gêner. Elle préférait se laisser guider par son instinct ; elle n’était allergique à aucune chose – sinon la pauvreté et la misère, faisant d’elle une femme peu généreuse, ou très, selon ses humeurs – et se sentait d’humeur à tester différents plats.
Mais elle ne pu qu’accueillir la remarque de l’avocat avec un sourire et un hochement de tête. Elle but une nouvelle gorgée d’alcool, sa bouche s’étant un peu habituée aux vapeurs fortes et violentes qui faisaient trembler ses sens, et reprit la parole :

-   Vous avez bien deviné. Grâce à mon statut, j’accède à une notoriété qui m’offre des droits, des gourmandises et des pouvoirs relativement puissant, que je n’aurais pas eu en devenant comédienne. Et vu à quel point le peuple vénère la Justice …

Ses derniers mots étaient presque moqueurs. Oui, elle méprisait ce qu’elle appelait « Le Peuple », groupement naïfs et trop candides pour en être adorables. Ce peuple qui plaçait beaucoup d'espoir en la Justice, permettant ainsi aux gens mal avisés de faire ce que bon leur semble, sans que " Le Peuple " ne vienne causer trop de problèmes.

-   Je suis arrivée à un point où je peux aisément manipuler qui je veux, souffla t’elle. Sauf vous, peut-être, mais qui sait, cela viendra sans doute … Je ne fais jamais d’entorse à mes règles.

Elle arbora ce sourire combatif, un brin provocateur, avec une once de défi, lui annonçant qu’elle comptait bien le mettre dans le même panier que tout ses petits pantins, à moins peut-être qu’il ne lui prouve le contraire.
Un serveur arriva, elle commanda d’une voix subitement douce, fine et féminine, loin de celle qu’elle avait utilisé pour parler à William. Une fois le serveur partit, elle sortit un petit miroir d’une de ses poches, et un bâton de rouge à lèvres, pour se remaquiller. La coquetterie n’était pas son péché mignon, normalement, mais quand elle était en galante compagnie, elle ne pouvait s’empêcher de redevenir cette femme qui veut plaire de par son physique. Elle ne s’aimait pas ainsi, se trouvant trop banale, trop faible, mais ne voulait en rien changer cela. C’était une soirée agréable, diable !, alors elle n’allait pas partir dans des états d’âmes désastreux et trop existentiels !
Elle rangea son miroir et son rouge à lèvres, dans une des poches de sa robe, et se recoiffa vainement.


-   C’est agréable d’être au sommet. On peut ainsi profiter de tout, et tout est à portée de main, sans qu’aucun effort ne soit fait. Alors je suis piégée, peut-être, mais le piège est trop plaisant pour que je cherche à m’en échapper.

Un ton délicieux, presque suave, mais pas trop mielleux. Elle contrôlait au mieux chaque parcelle de son corps, et sa voix en première.
Plaisant, songea t’elle en jetant un nouveau regard à William.

Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le jeudi 01 juillet 2010, 20:45:55
       Le mépris du peuple. Un phénomène très intéressant qui vient d’un sentiment de supériorité et surtout d’une volonté de se démarquer du cheptel. Ce phénomène touche beaucoup de gens, si bien qu’à force de vouloir se démarquer, on finit par être comme tout le monde, puisque tout le monde veut se démarquer. Un cercle vicieux qui se retourne contre celui qui y entre, et un juste châtiment pour le vilain petit canard qui par soucis de singularité, troque le pâturage du « peuple » pour se retrouver dans le camp de « ceux qui ne veulent pas faire comme tout le monde ». On a beau se débattre autant que l’on veut, on restera toujours d’une banalité affligeante. Miss Beckett est banale, mais par chance, William l’est aussi.
       Cette vision noire et pessimiste, c’est bien sûr à Dolan qu’on la doit. Il se considérait membre du peuple que Beckett méprise. Mais parmi le peuple, il y a les meneurs ; ceux qui influencent le troupeau. Pour se démarquer de la foule, il est inutile d’arborer des bijoux rares ou de sombrer dans l’extravagance. Il suffit de s’élever au-dessus de la plèbe et la diriger. Seul le pouvoir est original. Rien d’autre.

       -Le « peuple » a raison de vénérer la justice, car c’est la seule chose qui protège les faibles, des forts, lança William avec une pointe de compassion. On lui pardonne facilement ses fautes car mieux vaut une justice corrompue plutôt que l’absence de justice, synonyme d’anarchie.

       Un rictus se dessina sur le visage de William alors que l’avocate prétendait pouvoir le manipuler. Cependant, ce qui faisait sourire Dolan, ce n’était pas un excès d’égo qui lui disait que cela n’arrivera jamais bien, mais bien un franc amusement devant l’ironie de la situation. Amy le manipulait déjà, même si elle ne s’en rendait pas compte. Elle ne pouvait pas savoir à quel point William était sensible à la féminité sous toutes ses formes. Le fait qu’il en soit conscient était un bon point pour lui, mais si ça avait été un homme à la place de Beckett au procès du Vatican, il n’y aurait pas eu de négociations et l’affrontement aurait été violent et immédiat. Alors oui, l’avocate le manipulait. Chaque geste gracieux, chaque mot suave roulé dans une gorge féminine, ainsi que tous les regards azurés que William encaissaient, servaient les desseins de Beckett, quel qu’ils soient.
       Le rictus disparut lorsque le serveur arriva. William commanda un plat à la suite de sa cavalière. Plat qu’il oublia aussitôt que le serveur fut parti avec les commandes. Il observa la dame se remaquiller. Ses yeux verts suivaient le bâton rouge qui glissait sur les lèvres pour y déposer une couche vermeille. William se demanda avec envie quel goût pouvait bien avoir ces lèvres, puis reporta son attention sur les yeux turquoise.

       -Même au sommet, il reste des choses difficiles à atteindre et qui nous donne une raison d’exister. Je ne pense pas me fourvoyer en supposant que l’art vous donne du fil à retordre. Par contre, j’espère que vous, vous ne savez pas la nature de mon péché mignon.

       Sa déclaration fut suivit par un léger rire. William connaissait la faiblesse de l’avocate, mais elle ne connaissait pas encore son propre talon d’Achille.

       -Alors à votre avis, commença l’avocat en remplissant son verre et celui de sa compagne. Croyez-vous que nous arriverons à régler cette méchante affaire sans que l’un de nous n’ait à descendre de son sommet ?

       Il était rentré dans le vif du sujet d’emblé, sans prémisse, ni préliminaire. La soirée était agréable, mais il ne voulait surtout pas que Beckett oublie pourquoi elle est ici.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le jeudi 01 juillet 2010, 21:27:29
Elle ne prit pas cette phrase comme une attaque. Effectivement, elle comprenait, même si une pointe de déception naquit dans un recoin de sa tête, faisant légèrement grimacer sa bouche fraîchement maquillée. Ainsi, ils allaient parler travail ? Dans ce cas, elle allait prendre son rôle de femme de droit et de pouvoir très à cœur. Elle but une nouvelle gorgée d’alcool, ce qui fit pétiller ses yeux, leur redonnant cette flamme habituelle dans le regard, cette flamme de battante, de victorieuse, de femme qui ne se laisse pas faire. Amy reposa son verre avec une extrême délicatesse.
Elle ne connaissait pas son point faible ? Tant pis, elle savait très bien jouer sans cela. Elle balaya d’un trait son profil menaçant, conservant celui de personne agréable. Tout de même, elle n’allait pas s’enflammer ! Elle posa ses coudes sur la table, reliant ensemble ses deux mains, paume contre terre, et appuya sa tête sur ses mains, prenant un air pensif. Elle ne comptait pas répondre tout de suite. Son petit jeu, pour le moment, fut de fixer l’homme en face d’elle avec un regard transperçant, qui mettait mal à l’aise, avec dans l’idée de ne pas le quitter des yeux. Détournerait-il le regard ? Elle osa penser qu’il ne le ferait pas, même si un doute subsistait. Elle ne faisait pas peur, dans l’instant même, mais imposait une onde de respect propre à sa personne.
Puis un immense sourire naquit sur ses lèvres, sans dévoiler ses dents, créant une légère fossette sur sa joue droite.


-   Méchante affaire ? reprit-elle d’un ton presque offusqué.

Elle conservait son sourire, mais tâchait de le rendre un peu moins vif, non sans cesser de fixer l’avocat avec ses prunelles brûlantes.

-   J’ose dire que la balle est dans votre camp, ajouta t’elle.

Elle prononçait ses phrases avec une certaine douceur. Elle récupéra son verre, et en but une gorgée. Une goutte s’en échappa et vint glisser le long de sa lèvre, et rouler un peu en dessous de sa bouche. Elle ressemblait, à s’y méprendre, à une vampire. Mais cette comparaison ne la satisfaisait pas ; ainsi, elle passa un doigt sur sa bouche – pas toute la main, trop grossier – pour venir tuer cette larme d’alcool, mais continuait de fixer l’avocat.

-   J’ai en ma possession une partie des ouvrages, reprit-elle en jetant un œil sur son doigt, rougi par la goutte de vin. L’inculpé, sans doute trop meurtrit par ses actes si peu catholiques, s’est pendu hier, quel dommage … continua t’elle d’un ton teinté une ironique tristesse. Sans inculpé, l’affaire prend un nouveau tournant, n’est ce pas ?

Elle sourit à nouveau, et se gratta la nuque, doucement, ses ongles soignés se frottant contre la peau de son cou, relevant avec douceur son visage.

-   Si nous récapitulons, je peux lancer une série « d’indices » qui mènera à une personne peu susceptible de dévoiler mon nom. A vous d’accepter.

Amy leva les yeux au ciel, un instant.

-   A vous de choisir si vous continuez sur ma voie, ou la votre. Si vous optez pour la première option, aucun de nous ne souffrira. Si vous préférez ignorer mon offre, ce sera un combat sans merci qui commencera … (elle toussa doucement, et replaça son regard sur lui). Et je peux vous dédommager, si vous jugez cela nécessaire, ou même si cela peut apaiser votre conscience … Si vous choisissez la première option.

Elle sourit, et but à nouveau, tandis que le serveur arrivait, avec les plats.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le samedi 03 juillet 2010, 22:43:20
       Ca n’enchantait pas vraiment Dolan de parler travail, mais de toute façon ils allaient y venir à un moment ou à un autre. Autant que ça soit en début de soirée avant de casser une ambiance qui aurait pu être agréable. Il ne faisait que lui rappeler le but de ce diner même si… il y avait des chances pour que William l’ait invité quoiqu’il arrive. Quand au regard qu’elle dardait sur lui, il n’eut pas de mal à le soutenir puisqu’il ne le considérait pas comme menaçant. C’était une sorte d’introduction à l’importante révélation qui suivit. C’était elle qui détenait une partie des ouvrages volés et c’était sans doute elle qui avait tout calculé. La coupable, William était en train de dîner avec. Il se doutait qu’elle n’était pas forcement blanche mais il était loin de se douter qu’elle soit autant impliquée. Si l’inculpé était mort, son successeur était tout indiqué. L’avocat n’avait qu’à faire part de sa découverte à la police pour que la jeune fille ait toute leur attention. A partir de ce moment là, le procès était presque gagné car Dolan allait propager le scandale, à moins qu’on l’aide à se pendre lui aussi.

       -Vous prenez des risques en me disant cela, fit-il au bout d’un moment. Vous êtes si sure de vous que j’en ai presque des frissons.

       Les serveurs déposèrent les plats devant eux, servant la dame en première, et annonça le nom de chaque plat avec une fierté contenue. William ne prêta aucune attention aux valets gesticulants. Il était tout à ses réflexions, jaugeant sa cavalière d’un regard inquisiteur. L’araignée était-elle si dangereuse pour révéler ainsi ses cartes ? Dolan devait l’avouer, cette façon d’agir le déconcertait. Et pour cause, elle venait de lui révéler des détails cruciaux qui pouvaient la faire plonger. L’avait-elle fait par excès d’orgueil, par étourderie ou y a-t-il un plan obscur qui a échappé à l’avocat ?
       Les serveurs se retirèrent, laissant derrière eux les chefs d’œuvre culinaire qui laissaient échapper de délicieuses volutes de parfum exquis. Pourtant William n’avait pas l’air d’y prêter attention. Il laissa échapper un soupir défait, comme s’il capitulait et haussa les épaules avec lassitude.

       -Cette proposition est bien plus intéressante que toutes celles dont vous m’avez fait part et je serais presque tenté de dire oui. Disons pour l’instant que c’est envisageable. Je ne peux rien décider sans détails bien sûr. Nous aurons tout le temps de mettre cela au clair, mais pour l’instant, partez du principe que je suis favorable à votre projet.

       Oui. William Dolan est en tout point corruptible. Si cela lui évitait une guerre ouverte avec Beckett et que rien n’était changé par rapport à la renommée qu’il allait gagner au procès du Vatican, il était tout à fait prêt à rentrer dans le jeu de sa collègue. Il devait néanmoins esquiver les coups fourrés et c’est pour ça qu’il n’avait pas donné une réponse définitive. Si Beckett avait en effet, un coupable parfait qui paierait à sa place, Dolan ne voyait pas d’objection à opposer. Il allait se montrer prudent. Quand aux dédommagements promis, cette charmante soirée était un acompte suffisant. De plus, ce n’était pas l’argent qui l’intéressait chez mademoiselle Beckett.



Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le dimanche 04 juillet 2010, 10:10:29
La jeune femme haussa un sourcil. Si tôt ? Cet homme acceptait déjà sa demande ? Elle ne pouvait s’empêcher de douter de sa réponse. Cachait-il quelque chose ? Préparait-il une revanche toute aussi sanglante ? Elle chassa bien vite ses idées, reposant ses mains sur la table, coincée entre une attitude déconcertée et ravie. Elle voulait au moins savourer cette victoire, elle n’aurait pas à argumenter pendant des heures avec lui pour soutenir son projet, mais elle ne pouvait empêcher qu’un certain scepticisme naisse en elle. Paranoïaque ? Peut-être, mais si elle restait en vie malgré ses activités extra-justice, c’était parce qu’elle était méfiante.
Qu’importe, il avait choisit la bonne solution. C’était l’avantage.


-   J’en suis ravie, répondit-elle en inclinant légèrement la tête.

Amy n'ajouta aucun autre mot. La parcimonie, dans ce genre d'affaires, était un des pions les plus importants. Trop parler menait à poser des questions, et se taire à douter profondément. Elle attrapa ses couverts, les coinçant entre ses doigts fins, et les jaugea. De l’argent ? « Cesse d’être vénale » songea t’elle en oubliant vite ce détail. Elle était juste ravie qu’on l’emmène dans un restaurant chic et français, et si les couverts étaient en argent, elle n’en serait que plus enjouée. C’était ces petits détails qui vous rappelez que vous êtes riche, bien portante et soignée, qui faisaient plaisir à Amy. Se savoir à l’abri du besoin, et même sous la coupole de la corne d’abondance était un plaisir immense.
Bref, elle adorait son statut.
Mais son attention revint à l’avocat, tandis qu’elle goûtait un morceau de son plat. Une question lui trottait en tête. Elle but une nouvelle gorgée d'alcool, et releva les yeux sur lui.


-   Avez-vous peur de moi, William ?

Elle avait une voix curieuse, mais experte, non pas celle d’une petite fille qui essaye d’être discrète, ni celle d’une journaliste avide de potins, mais celui d’une femme qui demande sérieusement à son mari si, oui ou non, il la trompe.

-   Et me haïssez-vous réellement ?

Après tout, il y avait de quoi, connaissant la jeune femme. Elle n’était ni inoffensive, ni douce, mais acharnée et n’ayant pas froid aux yeux. Certains préféraient les faibles soumises qui hochaient la tête sans cesse – peut-être était-ce le cas de Dolan, bien qu’elle en doutait vraiment – et quand on voyait que Beckett était loin d’être ainsi, on pouvait se permettre de la détester. Elle n'était pas une tendre, et se trouvait loin d'être une brebis égarée et innocente, préférant le rôle de la louve assoiffée de sang, qui joue mille tours au troupeau pour le diriger dans la direction qu'elle souhaite.
D'ailleurs, on l'avait déjà traitée de garce. Elle eut un sourire, et avala une deuxième bouchée.

Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le samedi 31 juillet 2010, 23:39:16
       William s'amusait de l'effet de sa réponse. Qu'il accepte aussi facilement ne pouvait que présager une traitrise quelconque ou un mensonge. Pourtant, ce n'était pas le cas. La suspicion de miss Beckett était donc superflue, à condition qu'elle ne lui prépare pas de coup fourré. Au tour de William d'être paranoïaque mais la proposition de l'avocate était trop belle pour être parfaite. Il y avait forcement un vice quelque part et lorsque William l'aura trouvé, les négociations seront revenues au point de départ. Voilà pourquoi il avait éviter de donner une réponse définitive.

       Quelques mots sortis des lèvres féminines mirent fin aux brèves pourparlers. La rapidité avec laquelle les deux juristes avaient expédiés l'affaire laissait présager qu'ils allaient y revenir prochainement. Pour l'instant, William se satisfaisait de la clôture du sujet et s'intéressa d'avantage au plat qui était devant lui. Il prit une bouchée du mets raffiné et constata que le goût était encore plus exaltant que le fumet. Ses papilles ainsi cajolés, il baissa le nez sur son assiette et entreprit de la vider méthodiquement. A peine avait-il commencé qu'une question le figea sur place, laissant sa fourchette à mi-chemin entre l'assiette et sa bouche, une expression interloquée peinte sur son visage. Ce n'était pas tant le contenu, mais le ton de reproche ainsi que la familiarité de la jeune fille qui l'étonnait. C'était la première fois qu'elle l'appelait William et heureusement qu'elle avait poursuivie sur le vouvoiement, sinon il aurait pu s'étouffer de surprise. La deuxième question semblait l'avoir achevée car la fourchette retomba mollement sur le bord de son assiette. Ce n'était pas tant la question qui était difficile, mais bien la réponse.

       -Celui qui n'aurait pas peur de vous serait bien sot ou inconscient, Amy, expliqua-t-il calmement, comme un époux explique à sa femme ce que faisait une inconnue à demi-nue dans le lit conjugale. Peut-être qu'au-delà de la peur, c'est de la méfiance que j'éprouve. D'ailleurs je serais vexé que vous ne partagiez pas ce sentiment.

       Il leva les yeux, dardant sur elle un regard pernicieux qui la défiait de dire le contraire. William a peur d'elle et Amy également. Si ce n'était pas le cas, elle était bien sotte, car ce qu'il venait de dire valait autant pour lui que pour elle. Dolan avait peur d'un conflit stéril entre deux juristes où il n'y aurait ni gagnant, ni perdant. Ils avaient tout les deux les moyens d'entrainer l'autre dans sa chute. Les batailles autodestructrices n'intéressaient pas le juriste.
       Dolan se resservit un verre de vin, s'offrant ainsi un petit moment de réflexion. La deuxième question avait été de loin la plus troublante. Avait-il dit ou fait quelque chose qui pourrait lui faire penser qu'il la détestait? Il en était mal à l'aise rien que d'y penser. Ses manières avaient été impeccables et il n'avait fait aucune erreur. A moins qu'elle ne lise dans les pensées, car alors là, William comprendrait cette question qui semble presque être un vœux. En effet, il la haïssait bel et bien, mais comme toujours avec Dolan, tout est une question de point de vue et de mesure. Comprenons-nous bien, l'avocat détestait son ennemi et celle qui trouble sa quiétude, tout simplement. Beckett était le caillou dans la mare ; elle bouleversait les plans de l'avocat et il la détestait pour ça. Pourtant, il n'y avait aucune haine dans ses yeux alors qu'il regardait la jolie jeune fille face à lui.

       -Je suis peiné que vous me posiez cette question, avoua William. Veuillez accepter mes excuses si j'ai fait quelque chose qui vous a fait penser cela.

       Le juriste prit une brève gorgée de vin et fit disparaître son expression peiné et son ton navré. Un peu trop vite d'ailleurs…

       -Je ferai mon possible pour vous convaincre que je ne vous hais pas, fit-il avec un sourire roublard. Vous avez un compagnon?

       La question avait surgie de nulle part. En plus de la réponse, c'était l'effet de cette question qui intéressait William. C'était de la pure provocation évidemment, mais cela restait tout de même bon enfant.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le vendredi 20 août 2010, 19:06:45
Cette fois, ce fut au tour de la jeune femme de s'étrangler avec la boisson qui coulait dans sa gorge. Elle l'avait écoutée en buvant, d'un air attentif, avec un étrange sourire sur les lèvres ; ni agressive, ni passive, le juste milieu qu'elle trouvait à son goût. Tout comme le vin qu'elle dégustait. Ainsi, elle avait portée le verre à ses lèvres, sans quitter le regard de l'avocat. Et, ainsi, en l'entendant, le vin avait effectué une pirouette malicieuse.
Ses joues devinrent aussitôt rouges, et elle hoqueta silencieusement, la bouche ouverte, les yeux grands ouverts. Aussitôt, la boisson continua sa route, laissant la jeune femme haletante, le regard rivés sur son assiette. Elle porta, par pur réflexe, sa main à sa gorge, et leva à nouveau les yeux vers son invité. Que voulait-il ? L'indisposer ? Une lueur de colère passa rapidement dans son regard, cette même lueur qui passe rapidement sur une lame levée dans la nuit, avec un avertissement clair : Ne joue pas avec moi à ce jeu là, à moins de chercher réellement des ennuis et soubresauts qui pourraient te coûter plus que ta vie.
Cependant, cette lueur s'effaça aussitôt, pour qu'un nouveau sourire vienne se poser sur le visage de la jeune femme.


- Tu ...

Elle se tut aussitôt. " Une défaillance. Ne tutoie personne avant qu'il ne t'ai tutoyé. Ne perds pas tes moyens si facilement ! " Sa conscience lui lançait des piques, pour qu'elle récupére son statut de femme sérieuse, qui ne se laisse pas abattre ni même impressionner.

- Vous le trouverez facilement. Enterré au fond de mon jardin.

Elle l'avait dit d'un ton sérieux. Elle rigolait, évidemment, mais quiconque aurait entendu cette phrase aurait pû croire qu'elle ne mentait pas. Elle hésita à boire à nouveau, et avala un morceau de son plat rapidement, se remettant les idées en place.

- Ce n'est pas l'envie qui me manque, croyez-moi, répondit-elle aprés avoir avalé. Mais c'est surtout le temps et ... l'endurance de cette personne.

Elle se rendit compte de ce qu'elle disait, mais ne revint pas sur sa phrase. Si elle prenait un air gêné et lançait un " Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire ... ", au vu du double sens de cette "endurance", cela montrerait une certaine faiblesse d'esprit. Elle parlait évidemment d'endurance, dans le sens où la supporter quotidiennement relevait du miracle. Elle but finalement une gorgée, à nouveau. Cette fois, elle constata avec soulagement que cette gorgée  ne souhaitait pas faire comme la précédente, et crapahuter dans son oesophage.

- Si je change souvent de secrétaire, c'est pour éviter qu'une d'elle ne finisse par me poignarder, ricana t'elle. Et ce genre d'égarement peut conduire à beaucoup de soucis. Si je m'attache à une personne, quelqu'un, un jour, saura comment faire pour me faire tomber. Pour ma survie, et celle des autres, je me dois de rester solitaire.

Evidemment, elle avait parlé avec un ton froid, et sec, comme si elle lançait un théoréme vérifié et re-vérifié sur le tapis.

- Mais cela ne veut pas dire que je me prive de certaines bonnes choses de la vie, croyez-moi !

Elle avala une autre bouchée du plat - divin ! - et jeta un oeil distrait vers le dehors. Depuis longtemps, elle avait cessé d'être humaine. Elle cala sa tête dans une de ses mains, comme une enfant qui rêve en plein milieu d'un repas.

- C'est épuisant d'être humain ... Depuis longtemps, j'ai décidée de ne plus faire cet effort, soupira t'elle.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le mardi 24 août 2010, 22:59:33
       William fut ravi de l'effet que provoquait sa question innocente. Il eut du mal à retenir un rire qu'il parvint in extremis à transformer en sourire plus qu'appuyé. La lueur qui flamboyant dans les yeux de la jeune fille ne fit rien pour l'aider à se maitriser. On aurait dit qu'elle voulait le tuer, ce qui était plutôt cocasse pour une question comme celle-là. Et puis, ce n'est pas comme si elle pouvait mettre ses menaces à exécution... N'est-ce pas?
       Le juriste ria poliment à la blague de la jeune fille. Il avait failli hésité vu son ton on ne peut plus sérieux mais cela faisait parti du style de sa collègue. Elle avait un petit côté glauque que Dolan commençait à apprécier. Vraiment sa compagnie était des plus agréable. Il l'écouta ensuite parler de sa vie privée sans s'arrêter sur l'ambivalence de "l'endurance" que la jeune fille avait employé. Même s'il l'avait remarqué, rien sur son visage ne montrait que c'était le cas. Cela aurait été grossier et la mettre dans l'embarras n'était pas son objectif. L'avocat l'encouragea donc du regard et prit lui-même une gorgée de son vin sans se départir de l'intérêt qu'il montrait pour elle.

       Ce qu'elle venait de lui apprendre était très intéressant. Non pas du point de vue de leur affaire, mais plus vis à vis de la curiosité de Dolan. Ce dernier se demandait d'ailleurs à quoi pouvait bien ressembler le quotidien de cette très jeune fille – en effet, jamais elle n'avait parue plus jeune qu'en ce moment – pour qu'elle doive faire attention à sa sécurité. Sur ce point, William réalisait qu'il avait de la chance. Il n'avait recours à des gardes du corps que pour des déplacements risqués mais il pouvait tout à fait se promener en toute sécurité. Quand à ses employés, il n'avait jamais pensé au fait qu'ils pourraient le mettre en danger. C'était contraire à toutes ses certitudes. Ce qui rendait Beckett plus dangereuse, même si à l'heure actuelle, elle avait quelque peu perdu de sa prestance. On aurait dit qu'elle faisait enfin son âge.

       -Vous vous dirigez vers une vie bien triste, glissa doucement l'avocat. Mais j'avoue que j'ai du mal à me mettre à votre place car je n'ai pas ce genre de problèmes. Je ne fais rien qui pourrait m'en attirer d'ailleurs.

       William lui jeta un regard appuyé, prolongeant sciemment le silence pour faire passer son message. Ce regard pouvait être interprété de plusieurs façon. Ça pouvait être un moyen de lui faire comprendre qu'il savait qu'elle trempait dans des histoires peu catholiques. Ou bien, il pouvait la défier de lui attirer des problèmes qui le pousseraient à devenir aussi paranoïaque qu'elle.

       -Si vous avez peur que vos ennemis vous atteignent à travers vos proches, c'est parce que ces proches sont des proies, éluda le juriste. Vous passez à côté de beaucoup de chose. Oh! Je ne parle pas d'une vie de famille. Il n'y a pas de place pour ça, mais un compagnon... pourquoi pas. Encore faut-il que cette personne soit de la même espèce que vous. Ainsi, atteindre cette personne serait aussi difficile que vous atteindre vous. A moins que vous ne puissiez faire confiance à quelqu'un qui vous ressemble.

       William avait planté ses mires vertes sur celles de sa compagne au moment où il venait de lui conseiller de s'attacher, de préférence, à ses pairs. Il ne la quittait pas des yeux alors qu'il entreprit de remplir leurs verres de vin. Un exercice hasardeux quand on ne regarde pas ce que l'on fait mais ça ne posait pas de problème pour William qui était assez fier de sa vue panoramique.
       Le juriste savait parfaitement que ses allusions étaient toutes perçues par la jeune fille. Il faut dire qu'il ne s'embarrassait pas de discrétion. Parlons sans ambages : Il la courtisait ouvertement.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le mercredi 25 août 2010, 22:01:21
Il fallait dire que la jeune fille ne comprit pas tout de suite ce qu’il entendait par ses paroles. Elle se contenta, les yeux dans le vague, de fixer un point inconnu, et de boire à nouveau une gorgée. Les verres de whisky qu’elle s’enfilait chaque soir l’avait rendue quasiment résistante, et comme disait son père : «  Si le vin est bon, jamais tu n’en sortiras avec une gueule de bois. » Elle n’avait jamais encore pu vérifier cet adage. Les rares migraines qui la prenaient un lendemain de soirée, repas ou réunion s’évanouissaient rapidement, si bien que soit elle était très résistante, soit tous les alcools qu’elle dégustait étaient « bons ».
Bref. Ainsi, elle ne porta pas attention à sa remarque, mais sa main se stoppa aussitôt, avant même que le verre n’atteigne ses lèvres. Avait-elle mal entendue ? Son regard recroisa aussitôt celui de l’avocat, et elle comprit que non. Elle avait très bien compris le sens de ses mots. Même à ce jeu, elle ne détournait pas le regard. Elle ressemblait à un petit animal à l’affût, à ce moment ; un sourcil relevé, la bouche entrouverte.
Puis elle esquissa un sourire.


-   Vous me parlez là d’un compagnon résistant et quasiment immortel, ajouta t’elle en reposant son verre, sans le boire.

Elle passa sa main sur son cou, remit une mèche derrière une de ses oreilles.

-   Vous me parlez là d’une personne qui serait comme moi, certes. Digne de confiance ? Je ne sais pas. La confiance se mérite.

Elle avait pu paraître froide, à son ton, mais ce n’était pas le cas.

-   Mais si cette personne possède le même statut et est de la même espèce que moi, je pense que … Le jeu en vaudrait la chandelle.

Son ton s’était fait plus doux, cette fois. Ah, le jeu, oui … Elle aimait jouer. Elle adorait ce genre d’amusements si agréables et tranchants. D’un geste furtif, son pied frôla la jambe de l’avocat, pour ensuite venir se remettre à sa place. Rien dans son attitude ne laissait entendre que ce geste était prémédité.

-   Deux prédateurs seraient alors lâchés dans une partie folle … Ce serait dangereux, non ?

Ses quatre derniers mots étaient ironiques, presque provocant. Elle invitait clairement à entamer une partie qui ne serait pas de tout repos, et qui serait même plus amusant que ce qu’ils pouvaient imaginer. A eux deux, ils offraient un cocktail explosif au reste du monde. C’était sûrement cela qui l’amusait follement.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le vendredi 27 août 2010, 01:54:29
       William se mit à sourire comme un enfant qui joue à son jeu favori. Beckett était rentrée dans la partie et ça ne pouvait que contenter l'avocat qui était ravi de la tournure que prenait les choses. Les non-dits, les sous-entendus évidents et les allusions aussi transparentes que du verre mais qui restaient tout de même voilées, c'était le terrain de jeu préféré de Dolan ; un bac à sable dont il connaissait chaque grain. Pourtant, les deux juristes connaissaient les enjeux de leur entrevue. Chacun cachait son jeu et le défendait à coup de bluff et de relance. Qui aurait le dernier mot lorsqu'il faudra abattre les cartes? Lui-même n'en savait rien et c'est ce qui rendait la partie si... excitante.

       Dolan sentit un léger frôlement sur sa jambe. Lui avait-elle fait du pied? Bien sûr que oui, mais son attitude montrait que ce geste n'avait rien d'ostentatoire. Tout comme ses paroles dont le sens était clair mais jamais évident. Elle n'allait cependant pas s'en tirer à si bon compte. Au lieu d'ignorer le geste, il pencha légèrement la tête et fit semblant d'être surpris. Puis, comme si soudain il réalisait ce que la jeune fille avait fait, il se mit à darder sur elle un regard où brillait une légère lueur de désir. Lueur qui s'éteignit bien vite ; il ne fallait pas trop exagérer non plus. Le but était simplement de signifier qu'il avait avisé le frôlement ainsi que son sens.

       -Très, rétorqua-t-il immédiatement à la question de la jeune fille.

      Le ton de l'avocat se démarquait de par son sérieux. En effet, lors d'un tel jeu, il pouvait y avoir des dommages collatéraux non négligeables. Il adoucit cependant son pseudo avertissement par un sourire qui montrait une nouvelle fois qu'il s'amusait comme un fou.
       Alors qu'ils parlaient, la soirée avait bien avancée. Les assiettes étaient vides et ils n'avaient presque plus de vin. William n'avait rien prévu pour le reste de la soirée, car il pensait que le diner allait être uniquement consacré à la résolution de leur différent. Jamais il n'aurait imaginé qu'ils n'allaient échanger que quelques mots à ce sujet. En fait, ils n'en avaient presque pas parlés.

       La fin du diner fut concrétisée par le chef cuisinier qui s'était déplacé personnellement à leur table pour s'assurer que les mets leur avaient plus. Pour sa part, William lui assura que le repas avait été divin et le remercia de s'être déplacé pour s'en assurer. Même si c'était la moindre des choses vu que William n'était pas un client étranger à la maison. Lorsque le chef fut parti, William fronça les sourcils dans une mimique théâtrale de profonde réflexion.

       -Je me demandais mademoiselle Beckett si vous accepteriez une promenade digestive? ... La mer n'est pas loin, glissa-t-il comme s'il s'agissait d'un argument imparable. Quand à votre sécurité en absence de garde du corps, je vous promets de faire un rempart de mon corps en cas d'attentat sur votre délicieuse personne.

       William lui décocha un sourire taquin en référence à ce qu'elle lui avait dit un peu plus tôt quand à sa crainte pour sa sécurité.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le vendredi 27 août 2010, 02:10:22
La jeune femme savait tout aussi bien interpréter certains signes , c'était même là son point fort. Elle avait captée son regard, et cette lueur, et ainsi avait pû comprendre un instant sa pensée, ce qui lui fit fortement plaisir. Savoir qu'on ne laisse pas quelqu'un indifférent est plaisant, en vérité. Elle ne voulait pas se souvenir depuis quand elle n'avait pas ressentie cela ; un bon bout de temps, sûrement. Gravée dans sa mèmoire, elle se souvint de ses soirées étudiantes où elle s'amusait follement, profitant de tout ce qui lui était interdit durant l'année scolaire. Elle se surmenait chaque jour pour aller plus loin, et ce n'était que ces soirs là où elle se détendait, se lâchait un peu.
Elle ne s'en sentait pas honteuse pour un sou, d'ailleurs. Elle connaissait les êtres humains. Et savait que honte, pitié et regret devaient être barrés de son esprit, sous peine de finr enfermée dans une prison de frustration désolante. Ce qu'elle ne souhaitait pas. Au final, elle se jugeait intelligente et extrêmement mature, parfois, au risque de paraître orgueilleuse ou égocentrique. " Il en faut un peu, tout de même" songea t'elle.

Elle ne déclina pas l'invitation de son cher partenaire, et se leva même avec douceur et grâce de sa table. Le goût du vin délicieux était ancrée dans sa gorge, et elle se sentait en assez bon état. Elle plissa avec la paume de sa main sa robe excentrique et étonnante, et sortit de sa poche, rapidement, un paquet de cigarette.
Ce genre de réflexes avaient la vie dure, elle devait bien l'avouer. Ainsi, ils quittérent les lieux. Aussitôt dehors, elle alluma sa cigarette, et se la colla sur les lèvres, inspirant le délicieux arôme de cette drogue assassine. Elle se sentit, presque, comblée. Elle se retourna vers l'avocat, les yeux brillants, la cigarette coincée entre deux dogts. Quelques cheveux avaient quittés sa coiffure parfaite, mais elle gardait sa stature habituelle. Bien que, d'ici, on pouvait mal deviner qu'elle portait plus tôt un tailleur digne et chic.


- Alors, où allez-vous m'emmener ? demanda t'elle d'un ton teinté d'amusement.

Elle avait hésitée à le tutoyer, mais décida qu'elle ne le ferait pas. Tout du moins, pas maintenant. Elle réfléchissait trop, et ne se trouvait pas assez naturelle, parfois. Elle chassa cette pensée de son esprit, comme une araignée trop envahissante, et lui tendit sa main, l'invitant à ce qu'il lui tienne le bras.
Elle se sentait vraiment bien, d'ailleurs. Elle avait juste bien mangée, bien bu, et cette cigarette venait ajouter un nouveau délice. Il faisait nuit sur la ville, seule la lumière des lampadaires éclairaient des parcelles de vies, invitant chaque personne à imaginer ce qui pouvait se tramer dans l'ombre.


- Je vous avouerez que j'ai hâte que vous m'invitiez à partager un autre moment aussi ... agréable, ajouta t'elle.

Elle ponctua cette phrase d'un sourire, et une lueur vint traverser son regard.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le lundi 30 août 2010, 18:37:29
       William prit volontiers le bras de sa compagne et l'entraina le long de la route qui longeait le restaurant. Pas de voiture, leur destination était à deux pas d'ici. Il se permit tout de même de prévenir son chauffeur en envoyant un rapide SMS et rangea le portable source de distraction.

       -Rien de grandiose j'en ai bien peur, répondit l'avocat. Le plage est à quelques pâtés de maison. Je pensais vous y emmenez.

       Dolan sourit ensuite à son commentaire. Le moment... agréable était loin d'être terminé. Ils marchèrent à peine quelques minutes avant d'entendre le bruit des vagues. William l'avait conduit sur une avancée qui donnait sur la plage située à 3 mètres en contre bas. L'endroit était typique. Un muret en pierre d'un mètre de haut empêchait la mer de déborder sur la route lorsqu'elle était particulièrement démontée. Une baraque à frites, fermée à cette heure tardive, était juste à côté du couple, à moitié invisible parmi les ombres. Mais c'était surtout la mer qui rendait l'endroit si magnifique. Deux lunes se faisaient la cour. L'une maitresse du ciel rayonnait dans ciel d'une lueur diaphane tandis que l'autre, pâle reflet tremblotant sur la surface agitée de la mer, semblait vouloir rejoindre sa sœur jumelle.
       William s'appuya sur le muret pour contempler l'océan avant de rediriger son attention sur la jeune fille qui l'accompagnait.

       -Je suis heureux que vous ayez trouvée ce moment agréable. Il l'a été pour moi aussi, fit-il tout bas. Grâce à toi.

       Un sourire à ses lèvres, il s'approcha de la jeune fille et prit ses mains. Avec patience, il l'approcha de lui et dévora la distance qui séparait sa bouche de la sienne. La lenteur permettait à la jeune fille de se retirer à tout moment. Au bout d'un moment, les lèvres de l'avocat se collèrent à celles de sa consœur.

[Un peu court. Je me rattraperai  :)]
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le lundi 30 août 2010, 18:49:16

C'était aussi, selon elle, un endroit fabuleux. Les reflets de la lune tardive rendait la scéne bien attrayante ; elle offrait ainsi une réelle illusion d'autres mondes singuliers et dissimulés. Elle se prenait souvent à rêver , il fallait l'avouer, devant de tels spectacles. La nature offrait, et avec bonheur, des attractions bien délicates à savourer.
La nature ... Entre autre. Amy suivit donc l'avocat, sans mot dire. Elle avait la sensation que, la nuit, tout pouvait arriver, le meilleur comme le pire. La nuit, tout prenait vie, ou tout mourrait. C'était la lune qui avait ce pouvoir, elle en était persuadée. Sa cigarette s'éteignit quand elle arriva au lieu prévu. Elle avait la sensation de sentir le tabac froid, mais s'en fichait un peu ;  ce nuage de tabac la protégeait, elle le sentait. C'était sa carapace, son passe-temps, son délice ; une cigarette et rien d'autre. Sur le coup, d'ailleurs, elle s'en ralluma une. Tout du moins, c'était ce qu'elle pensait jusqu'à présent.


- C'est un spectacle fabuleux, répondit-elle.

Quand elle l'entendit parler, elle ne put réprimer un tendre sourire. Ce genre de remarques étaient délicieuses à entendre. Le tutoiement n'était même pas vulgaire, ni irrespectueux, il venait ajouter une dose de délice au moment. Elle tourna alors son visage vers lui, dans le but de lui répondre, et n'osa même pas réfléchir d'ailleurs. Elle osa même pencher un peu la tête pour, elle-même, cueillir ses lèvres, les caresser avec les siennes.
Puis elle recula son visage, le toisa un moment, les yeux brillants.  " La nuit est magique. " songea t'elle. Alors, elle noua ses bras autour de son cou, laissant tomber sa cigarette sur le sol, pour elle aussi venir l'embrasser.
Et cela faisait bien longtemps que ça ne lui était pas arrivé. Des baisers, elle n'en gardait que des souvenirs enfouis, enterrés même. Elle sentit se raviver en elle une lueur qu'elle croyait éteinte.


( De même, désolé. )
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le lundi 30 août 2010, 19:20:11
       Tobi assit sur un muret fumait une cigarette lorsque son portable se mit à vibrer. Il sortit l'appareil de sa poche avec précipitation et regarda le message qui était vide. Peu importe car le destinateur n'était autre que William Dolan. Le signal venait d'être envoyé.

       -En position Kuro, fit-il d'une voix calme mais pressante.

       Le dénommé Kuro et lui-même allèrent se cacher derrière la baraque à frite et sortir leurs pistolets dissimulés dans leur pantalon. Il attendirent quelques minutes, cachés dans l'obscurité lorsqu'ils entendirent des pas qui se rapprochaient. Inutile de regarder de qui il s'agissait. Tout était en place. Un sourire aux lèvres, les deux Yakuzas, hommes de main de maitre Dolan attendirent silencieusement le signal de leur employeur.


       William tira tout le plaisir de ce baiser tendre et langoureux. Alors que les bras de la jeune fille se nouaient autour de son cou, l'avocat enserra la belle. Puis, il fit claquer ses doigts. Les deux hommes tapis dans l'ombre sortir à découvert et pointèrent leur arme sur Amy. William, quand à lui, interrompit délicatement le baiser et se mit à bonne distance de sa consœur.

       -Faites mine de vous emparer de votre arme et ces messieurs vous abattrons sur place, annonça-t-il d'une voix douce.

       Dolan se doutait que sa dame était armée comme elle l'avait montrée lorsqu'elle était dans son bureau. Pas de sourire triomphant. Pas d'arrogance mal placée, même s'il était persuadé d'avoir gagné. Il avait opté pour son habituelle expression impassible. William abattait enfin ses cartes et il y avait peu de chance pour qu'Amy possède un jeu meilleur que le sien.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le lundi 30 août 2010, 19:35:59
La jeune femme resta uniquement de marbre. Immobile. Elle se contenta de lever un sourcil, le regardant d'un air digne et neutre. Même pas de mépris. Elle inspira profondément, et regarda autour d'elle. Elle n'aimait pas ce genre de situations gênantes. Son père lui taperait sur les doigts, si il était là. " A la bonne heure, songea t'elle. Cela m'apprendra. " Il tenait donc tant que ça à ce que son procés réussisse ? Elle se gratta derrière l'oreille, et sortit son paquet de cigarette de sa poche. Puis son briquet. Elle s'en alluma une , sans parler, toujours aussi immobile. Elle inspira la fumée, puis les dévisagea un par un.
Elle secoua la tête, comme si elle allait répondre.
Puis leva la main.
Chaque paire d'oeils des Yakuzas fixaient ses doigts.Tandis qu'elle énumérait avec ses doigts.
'Trois"
Elle tira une bouffée de sa cigarette.
" Deux"
Elle la laissa dans sa bouche.
" Un "
Elle plongea vivement son autre main dans sa poche, en sortant une petite bombe lacrymogéne. Elle connaissait assez bien Seikusu pour savoir ce qu'elle risquait ici. En un éclair, elle la lança sur le sol, et une épaisse fumée sortie aussitôt de l'objet.

En un éclair, elle laissa là sa paire de chaussure - peu commode - et courut en décrochant son portable.


- Amy ?!
- C'est moi ! Aide-moi !
- Que se passe t'il ?
- Il m'a eu ! Cet enfoiré m'a eu !

Un long silence au bout du fil.

- Quoi ? hurla t'elle. Réponds !
- Tu t'es fait avoir comme une bleue.
- Va te faire voir ! Je n'ai qu'un poignard et une bombe lacrymogéne !
- Il t'a fait son numéro de charme, hein ? Je t'avais dis de te méfier.
- Aide-moi ! Tu me ferais la morale plus tard ! hurla t'elle.
- Je m'en occupe, fais-moi confiance ...

Elle courut à toute vitesse, à perdre haleine, dans une ruelle sur sa droite. Ah, si elle avait sue ! Elle fronça les sourcils. Elle aurait sa peau, ça elle pouvait le jurer. Ils étaient du même monde, qu'il ne l'oublie pas. Deux prédateurs lachés dans l'aréne. ...

- Ouais, ça va être dangereux, murmura t'elle en se plaquant contre un mur.

Elle devinait que son collaborateur ferait le nécessaire. Elle avait confiance en lui. Et possédait quelques amis apte à l'aider, à qui elle envoya quelques messages bien placés, les informant de sa situation. Elle savait que, d'ici peu, elle récupérerait une arme, au moins. Et quand bien même il finirait par la capturer, ou dieu sait quoi encore, elle se battrait encore, et toujours. Et elle n'avait pas qu'un seul atout dans sa manche ...
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le lundi 30 août 2010, 19:48:34
       William l'avait pourtant prévenu. A peine la jeune fille esquissa le mouvement que les deux Yakuzas avaient tirés. Ce n'était pas sage de faire des mouvements brusques lorsqu'on est braqué par deux professionnels à une distance où il serait difficile de rater un tir. Sa main n'avait pas atteint sa poche lorsque la détonation retentit, perçant la nuit silencieuse. William n'était qu'à deux pas d'elle et même si par un miracle quelconque elle avait réussie à esquiver les coups de feu, il pensait être assez vif pour lui décocher un coup de poing qui l'assommerait pour le compte.

       Dolan préférait l'avoir vivante de préférence mais ce n'était absolument pas une obligation et comme il venait de lui annoncer, le moindre mouvement suspect serait interprété comme une tentative de se défendre. Mettre la main au fond de sa poche en était clairement une, même si de toute évidence miss Beckett ne voulait que prendre son paquet de cigarette. La bavure! Il n'y avait qu'à espérer que les deux Yakuzas avaient eu la galanterie de tirer sur un point non vital comme ses épaules ou ses jambes. Vous avez perdu mademoiselle Beckett...
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le lundi 30 août 2010, 20:16:11
( Désolé, je prends trop d'initiatives. Soyons plus réalistes, Amy ! )


Ouch ! Quoi ?
La jeune fille réalisa plus tard son erreur. Une balle dans la cuisse l'avait fait tomber. Une autre avait effleuré son bras, laissant une cicatrice sur sa peau. Ainsi, elle avait glissée, et était tombé sur le sol. Un grand coup. A l'arrière de son crâne.
Elle avait beau dire, elle aurait dû se méfier. C'était un adversaire de taille, celui-là. Mais elle avait dit son dernier mot, cette fois. Quoi qu'il puisse lui demander, elle était décidée à se battre jusqu'au bout. C'était ce qu'elle avait eu en tête, quand son crâne avait heurté violemment le sol, la faisant chavirer dans un domaine qu'elle connaissait bien ; celui des rêves. Sonnée, abattue, elle venait de rêver de ce qu'elle aurait fait si elle avait pu se le permettre. Si elle avait eue plus de temps, plus de chance, plus de stature, plus ... Elle s'en foutait aprés tout. " Ce qui est fait, est fait " songea t'elle. Elle toussa légérement. Elle se sentait mal, comme si tout son corps était engourdis.
Mais là ... Aprés ce passage chez Morphée ... Où était-elle ? Sa tête lui tournait atrocement, elle avait besoin d'une cigarette, au plus vite.


- Ah ... Putain ... maugréa t'elle en fronçant les sourcils.

Elle ne distinguait plus rien, devant ses yeux embués. Où était-elle donc ? Elle avait froid, soif, et besoin de fumer. Elle n'osait même pas vérifier si la lame qu'elle avait accrochée à une jaretelle était toujours là. Mais elle devinait que ses cigarettes avaient dû déserter ...
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le lundi 30 août 2010, 21:22:23
        Amy s'effondra sous ses yeux et ne bougea plus. Mince, ils l'avaient tué! William se précipita sur le corps inanimé et l'inspecta avec minutie. Une balle était entrée dans sa cuisse et l'autre lui avait effleurée l'épaule. Elle avait également une blessure au niveau de la tête qu'elle s'était faite en tombant sur le macadam. Ce qui alarmait l'avocat était qu'elle perdait beaucoup de sang. L'artère fémorale était peut-être touchée.

       -Maintenez-la en vie le temps que nous arrivions au cabinet, ordonna Dolan.

       Elle pouvait être blessée mortellement, ça n'avait pas d'importance. Si elle arrivait à s'accrocher à la vie le temps d'arriver au cabinet, elle serait tirée d'affaire. L'un des Yakuzas s'approcha de la jeune fille et passa un morceau de tissu autour de sa blessure à la jambe. Il serra fort et la hissa sur son épaule. Le deuxième Yakuza pointait toujours son arme sur la jeune fille pourtant inanimée. Il n'avait pas apprécié le fait de tirer sur une femme mais il n'était toujours pas rassuré. Pour lui, cette femme était de la même trempe que Dolan et restait dangereuse, même mourante.

       Il fallut à peine cinq minutes pour qu'une voiture vienne prendre William et ses hommes et encore une bonne dizaine de minutes pour arriver dans le parking souterrain du building. La sécurité était élevée. Impossible de pénétrer dans le parking si on ne disposait pas d'un badge, car la lourde porte qui en scellait l'entrée n'ouvrait le passage qu'à cette condition. Une fois dans le parking, une entrée était dissimulée pour accéder aux fondations de l'immeuble. Portes sécurisées et gardées, la place forte était aussi bien protégée que le coffre d'une banque internationale.
       Les fondations étaient réparties en deux sections distinctes. D'une part, il y avait des quartiers d'habitations. Même si les hommes de Dolan ne passaient pas plus d'une semaine entière dedans, il fallait tout de même pourvoir à leur besoin. Il fallait d'ailleurs traverser toutes cette infrastructure pour se rendre à la deuxième section du sous-sol. C'était de loin la plus importante ; la salle du portail. C'est là, sur cet ancien entrepôt que William avait fait construire son building grâce aux richesses de Terra. Il s'agissait d'un immense salle. Des cellules étaient disposées un peu partout et au fond une arche de pierre laissait parfois passer des bourrasques de sables. Il s'agissait du portail qui menait aux frontières des landes dévastées. Ici plus qu'ailleurs la concentration en gardes était élevées.

       William, ou plutôt ses hommes, conduisirent Amy Beckett dans la salle de loisir des gardes. Elle fut étendue précipitamment sur une table tandis qu'on faisait appeler l'esclave guérisseuse de Dolan ; Iaso, une demi-déesse qu'il avait capturé pour exploiter son pouvoir (http://hentai.forum-rpg.net/index.php?topic=3298.0). Grâce à elle, la jeune fille fut immédiatement remis d'aplomb. Son corps était de nouveau intact.

       Après cette guérison miraculeuse, Amy Beckett fut conduite dans une des cellules situées dans un coin de la salle du portail. Là où elle pourrait avoir un semblant d'intimité, et surtout, là où elle ne pouvait pas voir le portail. La jeune fille était peut-être la prisonnière de Dolan, ce n'est pas pour autant qu'il lui ferait l'affront de la sous-estimer.
       Les hommes de Dolan la déposèrent sur un lit et lui passèrent les menottes. Ils se mirent à la fouiller sans vergogne, lui retirant toutes ses armes et ses moyens de communications – De toutes façon, les portables ne captaient pas dans cette zone-. Puis, il la déposèrent dans une cellule dans un coin de la salle du portail. Bien entendu, il s'agissait d'une sorte de cellule V.I.P. Les terranides, eux, avaient de la paille en guise de lit, mais par chance, William avait beaucoup plus d'estime pour sa collègue que pour de vulgaires bestioles.

       William resta dans la cellule alors que ses gardes fermaient la porte derrière lui. Ils s'en allèrent sans demander leur reste, laissant les deux prédateurs entre eux. L'avocat sortit de sa poche un anneau qui semblait fait intégralement de saphir ou d'un quelconque cristal de la même couleur. Il s'agissait de l'ultime défense de William. Un artefact provenant de Terra qui s'attaquait à tout ce qui l'approchait à moins de 30 centimètres jusqu'à ce que mort s'ensuive. Il ne s'agissait pas d'une arme à l'origine mais vu le pouvoir que possédait William, c'en était une entre ses mains. Après avoir fait tourner l'anneau entre ses doigts, il le rangea de nouveau, car Amy se mettait à bouger.

       L'avocat sourit en entendant le juron qu'elle poussa. Il se mit à lui caresser les cheveux d'un air pensif, la laissant totalement émerger de son sommeil.

       -Tout va bien, Amy, déclara Dolan sans cesser ses caresses. Tu n'as rien. Je me suis occupé de tes blessures.

       Bien que William paraisse détendu, il restait légèrement sur ses gardes. Même si elle était menottée, elle restait dangereuse vu l'artillerie qu'elle portait sur elle. La bombe lacrymogène était l'arme de base d'une belle femme mais le poignard... Elle devait sans doute savoir s'en servir.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le lundi 30 août 2010, 21:33:15

La jeune fille se frotta les yeux, mal réveillée par cette histoire. Elle était en vie, certes, mais dans quel état ? Elle sentait sa cuisse la tirer violemment, et son épaule était chaude comme de la braise. Elle soupira, passant sa main sur ses lèvres séches. Elle ne se sentait pas bien. Elle se frotta à nouveau les yeux, qui la faisait beaucoup souffrir décidemment, et secoua la tête en sentant une main sur ses cheveux. " Qui est-ce ? " songea t'elle. " Où suis-je ? "
Puis tout lui revint en tête.
Le resto, le baiser, les armes, la fuite inventée par son imagination.
Elle recula prestement, fixant l'avocat avec des yeux grands ouverts. Elle voyait bien, à présent. La bouche fermée, elle le fixa. Ses yeux étaient emplis d'une immense haine, d'un profond égoût, d'une manque de sommeil et de cigarette inquiétant, d'une douleur. Elle secoua la tête, passa sa main sur son front, et ouvrit la bouche.
Juste pour inspirer violemment. Elle la referma aussitôt, non sans cesser de fixer l'avocat. Elle se moquait bien de savoir où elle était, ce qui pouvait advenir d'elle. Jamais, au grand jamais, elle n'adresserait la parole à cet ... " Cesse d'y penser. C'est trop d'honneur. ". Elle inspecta les alentours. " Tant pis, songea t'elle".

Aussitôt, elle remua, montrant son dos à William. Elle ne voulait même pas lui adresser la parole, ni user de son énergie pour lui. Elle se recroquevilla sur elle-même, les poings serrés au possible, et ne décocha pas une phrase.
Même pas un geste. Elle était bien décidée à ne pas bouger. Ce silence dura quelques minutes, puis, elle sentit qu'un mot voulait outrepasser les barrières de ses lèvres. Toute une file de mots, d'ailleurs. Elle soupira.


- Meurs, souffla t'elle.

Elle tourna le visage vers lui. Pas l'ombre d'une larme, juste de la haine.


- Créve, toi et toute ta bande de mafieux absolument éxécrables, lança t'elle dans un murmure. Ou laisse-moi crever. Mais ne t'avise même plus de poser la main sur moi.

Puis elle retourna à la contemplation du mur, face à elle, ne voulant même plus le voir. Elle était capable de se laisser mourir. Elle était capable de tout. Ces derniers mots, elle se souvenait bien quand, pour la dernière fois, elle les avait prononcés. Et elle aurait aimé ne plus jamais avoir à les dire un jour ... Elle se mordit la lèvre inférieure. Elle avait vécue pire que ça, elle saurait tenir.

- Je sais que je n'ai qu'une putain de fierté hautaine, dit-elle d'un ton las. Je sais que je suis froide, plate, égoïste ... Mais je ne te laisserais jamais me briser. Je préférerais le faire moi-même. Si j'ai le malheur de perdre ... Mais tu n'as pas encore gagné, William Dolan. Tu ne m'impressionnes pas.

Ceci était vrai ; même si elle n'avait plus aucune arme, elle voulait se battre, et s'en sentait capable. Elle ne se laisserait jamais faire.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le lundi 30 août 2010, 22:15:53
       William ploya sous l'assaut des mots qui sortaient de la bouche de la jeune fille. A quoi s'attendait-il? Un peu de compréhension peut-être. Ils faisaient tous les deux partie d'une race qui ne souffrait pas la concurrence et qui détruisait tout ce qui dresse sur son chemin. Lorsque deux prédateurs se rencontrent, ils ne font pas la paix, surtout lorsque l'un investit le territoire de l'autre. Non, ils se battent à coup de griffes et de crocs jusqu'à ce que le vaincu gise au pied du vainqueur. Ainsi allaient les choses dans leur monde ignoble.

       L'avocat retira sa main lorsqu'elle lui demanda de ne plus la toucher. Il n'y avait pas de colère sur son visage. Seulement l'air résigné de celui qui a fait ce qui devait être fait, même si c'était douloureux. Ce qu'il allait faire d'Amy Beckett maintenant, lui-même n'en savait rien. S'il écoutait sa raison, il aurait dû l'abattre froidement et sans sommations. Mais il ne pouvait pas se résigner à une telle extrémité. Même s'il s'était joué d'elle, William était tombé sous le charme de cette femme forte et disciplinée. La tuer serait comme tuer son âme sœur. Il n'avait pas le cœur à le faire même si c'était la solution la plus sage et la plus raisonnable.

       -Je suis désolé Amy, tu ne m'as pas laissée le choix, déclara doucement l'avocat. J'étais sincère lors de notre diner. Je ne me suis joué de toi qu'à la fin. Il le fallait pour éliminer la menace que tu représentais pour moi.

       Les derniers mots de la jeune fille le blessa encore plus que les précédents. Il se fichait bien de savoir qu'il avait gagné et qu'il avait eu le dernier mot au jeu de la duplicité. L'estime et la tendresse qu'il avait pour elle, n'était en rien ébranlée. Encore une fois, c'était une nécessité. Avant même qu'elle n'avance ses premières propositions d'arrangement à l'amiable, William savait qu'aucunes ne seraient valables. C'était lui ou elle.

       -Tout aurait pu être bien différent si nous n'avions pas été ennemis, glissa-t-il sans oser la toucher de nouveau. Tu as toutes les raisons de me détester mais tu ne pourras pas effacer l'affection que j'ai pour toi.

       William observa le dos de la jeune fille et poussa un soupir. Il ne savait que dire d'autre à une femme qui le haïssait au plus haut point... et qui avait toutes les raisons de le faire.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le lundi 30 août 2010, 23:36:23
- Je ne me prendrais plus à ton putain de jeu !

Elle venait de se retourner, violente comme jamais. Elle avait criée toute sa haine, sa rancoeur. Ses yeux lançaient des éclairs, violents et dangereux, et ses pommettes étaient rouges. Rouges de haine, de colère, d'envie de tuer, de tout casser. Elle se sentait désemparée. Elle pouvait faire beaucoup de choses, pour se sortir d'ici. Il y avait mille moyens de tuer et de se tuer, elle le savait, et les connaissait suffisament. Mais là, ses forces lui manquait énormément. Elle se sentait vide, vulnérable comme si elle venait de naître, et que la première personne qu'elle voyait la faisait tomber du berceau. Ce sentiment de ne pouvoir rien faire, rien changer, demeurer immobile et accepter sans pouvoir dire son mot, juste subir ... Elle le détestait, ce sentiment.
Elle le haïssait de tout son être.


- Je pourrais me mordre la langue, tu sais. Il paraît que ça te tue, que tu te vides de ton sang doucement ... Cela t'épargnerait "l'immense sacrifice" qu'est celui de m'abattre, siffla t'elle en pointant son index sur sa propre tempe, imitant sa mise à mort.

Elle se retourna, lui montrant son dos. Elle devait survivre, elle en avait maté des plus violents, des plus forts. Pour faire honneur à son nom, à ce qu'elle avait batît, elle devait se battre, et mordre, frapper, extérioriser sa haine. Mais elle en était incapable. Elle avait le sentiment qu'elle était en train de mourir ... Elle passa sa main sur sa joue, et constata qu'elle était trempée. " Non, non ... Je ne peux pas être en train de pleurer ... " songea t'elle, consternée. Elle ne s'en était même pas rendue compte, tout d'abord. Mais maintenant, constatait que c'était le cas. Elle versait des larmes, parce qu'elle se sentait faible, et peu importante.
Elle ne voulait pas en être réduite à subir.
Elle aussi, avait aimé ce diner, évidemment. Elle aussi s'était amusée, et avait même cru qu'un instant, elle pouvait ... " Pauvre conne"


- Tu voulais savoir pourquoi je ne faisais confiance à personne, n'est ce pas ... souffla t'elle dans un sanglot. Pourquoi je n'avais personne auprés de moi ...

Elle lui lança un regard affreux, sombre et violent, tandis qu'une larme coulait sur sa joue.

- Tu es la réponse à cette question, William Dolan.

Son ton était froid, glacé même, tandis qu'elle le fixait, toujours recroquevillée sur elle-même. Ses yeux, baignés de larmes, était si noirs, si haineux ...
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le mardi 31 août 2010, 10:25:48
       C'était pourtant évident qu'elle n'allait pas le croire après sa traitrise, mais ça lui fit tout de même un choc lorsqu'Amy se retourna pour lui cracher sa haine au visage. Quand à la thèse du suicide, William n'y croyait pas trop. Elle n'avait aucune raison de lui rendre se service ; se tuer pour que les mains de Dolan reste immaculées. Ce n'était pas le meilleur moyen pour le faire souffrir.
       Le juriste se retint difficilement de la serrer dans ses bras lorsque les premières larmes se mirent à couler sur ses joues. Il valait mieux puisqu'il était fort probable qu'il la dégoute. Il l'écouta également sans réagir lui expliquer pourquoi elle ne faisait confiance à personne... C'était compréhensible. En cette instant, William se demandait s'il n'aurait pas mieux fait d'accepter son offre et ne jamais envoyer ce SMS. Ils seraient sans doute en train de faire l'amour et ce n'est pas un regard rempli de haine qu'elle darderait sur lui. L'amour et la haine... C'est si facile de passer de l'un à l'autre.

       William se leva du lit de la jeune fille et se dirigea sans un mot vers la sortie. Des gardes virent lui ouvrir alors qu'il se présenta devant la porte en acier, mais il se retourna une dernière fois avant de la franchir.

       -Tu resteras là jusqu'à la fin du procès, l'informa-t-il. Je suppose que tu ne travailles pas seule, mais sans toi, tes collaborateurs ne valent rien face à moi. Je... Mes hommes t'enlèveront tes menottes.

       William semblait vouloir rajouter quelque chose mais il se rembrunit et sortit enfin du champ de vision de la jeune fille. Comme promis, les hommes de main retirèrent les entraves de mademoiselle Beckett avec autant de précautions que s'il s'agissait d'une bombe à retardement.

       Maitre Dolan quand à lui remonta dans son bureau grâce à son ascenseur privé. Il gardait son éternel expression impassible mais c'était un conflit intérieur qui le rongeait. Il avait beaucoup de mal à se convaincre de n'avoir aucun regret. Puis, il se rendit compte qu'il ne regrettait pas ce qu'il avait fait. Il regrettait la façon dont cela avait commencé. Si seulement il avait pu rencontrer cette jeune fille au détour d'un tribunal ou même lors d'un banal accrochage en voiture, mais surtout pas dans une situation qui en faisait la cible à abattre. Dolan avait l'impression d'avoir mis en cage son propre cœur.

       -C'est épuisant d'être humain... Depuis longtemps, j'ai décidé de ne plus faire cet effort, récita-t-il les yeux fermés tandis qu'il se remémorait le restaurant.

       Bizarrement, cette phrase lui fit du bien.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le mardi 31 août 2010, 10:51:28

La jeune femme le laissa partir, mais ne put s'empêcher, au moment où il quittait la pièce, d'appuyer la main sur son coeur, le regardant.

- Regarde, c'est ici qu'il faut viser, dit-elle avant de se retourner, se laissant ôter les menottes

. Elle resta immobile pendant un long moment. Et ses collaborateurs que feraient-ils ? La laisseraient-ils croupir ici ? Ils n'avaient pas reçus l'ordre de détruire les preuves. Ils n'avaient aucun ordre. Sans elle, ils ne pouvaient pas faire grand-chose ... Elle inspira longuement, et sentit quelque chose se coincer dans sa poitrine. " Ressentir, c'est une émotion solitaire " songea t'elle gravement.
Elle suffoqua. Que se passait-il ? Elle tapa de la paume de sa main contre son torse. Etait-ce cela, une crise d'angoisse ? Pourtant, elle ne se sentait pas angoissée. Non, elle connaissait ce symptome. C'était une crise normale, chaque personne en avait au moins une fois dans sa vie. Elle sentait son coeur qui lui faisait mal, et sa respiration était difficile.
Cela passerait. Cela passait toujours. Et de toute façon, elle pouvait bien crever ici, qu'elle n'en aurait rien à faire. Elle se massa les poignets, en attendant que cela passe.
" C'est épuisant d'être humain. " songea t'elle en s'essuyant les joues " C'est fatigant d'essayer de vivre ". Elle avait juste envie d'écouter de la musique, et de fumer une bonne cigarette. Elle fit craquer ses doigts.


- Ouch ...

Elle grogna, fronçant les sourcils. Elle avait oubliée à quel point c'était douloureux, ce genre de crises. Elle avait même du mal à respirer. Elle roula des yeux, exaspérée. Elle restait convaincue qu'elle perdrait ce procés. Elle hoquecta. Bah, elle parviendrait toujours à s'en sortir, quitte à mettre sa fierté de côté et à demander de l'aide à son père.
Elle toussa plus fort. C'était vraiment douloureux. " On dirait qu'on m'arrache le coeur " songea t'elle en baissant la tête, toujours recroquevillée sur elle-même.
Sous ses dents, elle sentait sa langue qui remuait. Elle baissa les yeux. " Ce serait lâche, et plutôt triste " pensa t'elle. Elle se foutait bien qu'il regrette ou non ses actes ; le présent étant ce qu'il était, elle devait réagir au plus vite, et non pas essayer de se tuer bêtement. Elle ne se voyait pas faire cela. Elle ne se voyait pas agir ainsi. Cela ne lui ressemblait pas de baisser les bras.
Elle se battrait jusqu'au bout. Elle serra les poings. Ses collaborateurs sauraient vite où elle était passée. Ils auraient préparés quelques petites choses. Au pire, elle savait que s'ils n'avaient pas eu de ses nouvelles d'ici 24h, une précieuse amie serait prévenue. Au bout deux jours,  son père serait prévenu. Et lui saurait comment la sortir de là.
Elle releva la tête, le regard haineux. Oui, elle se battrait. Elle n'était pas entiérement fichue. Même si son coeur et ses poumons étaient enflammés, elle pouvait se battre.


- Tu ne m'auras pas comme ça, souffla t'elle. Tu ne sais pas à qui tu as affaire.

Elle leva les yeux au plafonds, et récita doucement :

- Ce qui est le plus affreux, c'est quand une personne se fait une image de vous, et que vous voyez, dans ses yeux, que jamais vous ne serez ce qu'elle voudrait que vous deveniez ...

Elle baissa les yeux. Elle se souvenait bien de la dernière fois qu'elle avait entendue ses paroles. La dernière fois qu'elle avait osée faire confiance à une personne, c'était clairement ce qu'elle lui avait dit. Avant de lui coller une balle dans le crâne. " Que cela te serve de leçon, Amy Beckett, pesta t'elle intérieurement. " Requiem for a dream( http://www.youtube.com/watch?v=e2Ma4BvMUwU)  lui trottinait dans la tête. Elle se laissa envahir par cette musique.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le mardi 31 août 2010, 20:26:37
       Cela faisait deux jours que l'araignée était hors d'état de nuire. L'enquête qui précédait le procès avançait bien vu qu'Amy Beckett n'était plus là pour coordonner l'étouffement de l'affaire. De nouvelles preuves avaient surgis, des œuvres volées avaient été retrouvées par les forces de police. Bien sûr, William faisait son possible pour les aider dans la mesure du possible bien que son aide était symbolique. En effet, son influence hors du Japon était extrêmement restreinte. C'était d'ailleurs pour palier à ce problème que l'avocat comptait sur le bon déroulement de ce procès. Les vrais coupables allaient être arrêtés et William les expédierait directement en prison. Pas de zones d'ombres, pas de doutes quand à l'efficacité de la justice. Ce procès se devait d'être parfaitement mené, sans vices de procédures ou de corruptions qui feraient le régal de la presse à scandale. La réputation internationale de William Dolan devait rester sans taches... dans un premier temps.

       Le héros papal était dans son bureau et décortiquait les dossiers de la police pour prendre de l'avance sur l'affaire. Sa victoire devait être écrasante et incontestée. Il n'allait pas se contenter d'un succès facile et peu mérité vu la facilité du procès. Non, il fallait que le tribunal raisonne pendant encore longtemps de son triomphe. Sans Amy Beckett, c'était presque trop facile. Pendant ces deux jours, William avait fait attention à sa sécurité plus que de coutume. Il était presque devenu aussi paranoïaque que Beckett. Il ne sortait pas de son building et avait opté pour une garde rapprochée qui ne le lâchait pas un seul instant. En effet, il savait que les amis de Amy savaient qu'il lui était arrivée quelque chose et il ne fallait pas être un génie pour deviner qu'il en était l'auteur.

       William prit l'ascenseur secret qui descendait au sous-sol du building pour la première fois depuis deux jours. Peut-être qu'il y avait eu de l'évolution du côté d'Amy Beckett. La déception et la rage étaient peut-être passées. De plus, lui rendre une visite de politesse était la moindre des choses.
       Après avoir franchit les multiples sécurités, William entra dans la salle du portail. Une lumière rosée émanait de l'arche en pierre. Ce qui signifiait qu'à Terra comme ici, le crépuscule commençait. L'avocat se dirigea vers la cellule de la jeune fille et s'arrêta devant la porte. Il observa un instant la jeune fille à travers les barreaux de sa cage et s'annonça.

       -Bonjour mademoiselle Beckett.

       Il n'ajouta rien d'autre, attendant une quelconque réaction de la part de la jeune fille.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le mardi 31 août 2010, 22:26:19
Deux jours à attendre. Elle avait espérée que ces jours soit un enfer aussi bien pour celui qui l'avait coinçée ici que pour elle. Deux jours à se taire, à fixer un mur, totalement stoïque, ne s'alimentant pas. Deux jours, même, où elle n'avait pas fermée l'oeil de la nuit. Deux jours où elle n'avait rien fait, rien dit. Elle savait que son père devait être en route pour le Japon, et que son amie pourrait l'aider, une fois dehors et en route pour son procés. Elle n'avait aucune notion du temps, ici, mais se doutait qu'une longue période était passée.
Cependant, elle ne ressemblait pas à un zombie. Elle gardait cet air digne, impassible. Elle ne comptait pas faire tomber sa fierté si bas. Mais, au moment où l'avocat se présenta face à sa porte, elle sentit à nouveau son coeur faire des siennes. Elle cala sa paume contre sa poitrine, reprenant son souffle, et leva les yeux vers lui. Des yeux las, fatigués. Elle inspira longuement, et baissa la tête.
Puis leva une de ses mains, le saluant de la main.


- Booonjour, monsieur Dolan. Bien dormi ? Pas de vilains cauchemars ?

Elle lui adressa un sourire ironique. Sa voix était entrecoupée, à cause de sa respiration assez suffoquante et douloureuse. Elle savait que cela passerait, pas de soucis à se faire. Sans doute était-elle un peu claustrophobe ...

- Auriez-vous, par le plus grand des hasards, une cigarette ? demanda t'elle d'un ton presque aimable.

Elle abbatit ses mains sur ses cuisses, et les tapota du bout des doigts. Elle était assise sur ce qui lui servait de lit, la tête appuyée contre le mur. Elle devait se montrer aimable, et pas agressive. Cela lui ruinerait ses chances d'avoir une cigarette, ou le moindre traitement de faveur. Bien qu'elle doutait véritablement que cet homme soit capable de pitié ou de compassion. Elle posa à nouveau sa main sur son coeur, le serrant. La douleur était vive, violente ... " Eh, ça va aller. " se rassura t'elle.
Elle toussa légérement.


- Et, quelle heure est-il ? demanda t'elle, à nouveau, d'un ton qui s'efforçait d'être aimable, en levant les yeux vers lui. J'aimerais savoir.

Elle se plaça en tailleur sur son lit, détournant le regard pour regarder devant elle. Sa tenue l'importunait, tout comme l'idée de ne pas pouvoir se laver. Elle grimaça, soupira, et se cala contre le mur.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le mercredi 01 septembre 2010, 11:40:36
       William fit le choix de ne pas relever l'ironie dans le ton de l'avocate. Sans un mot il fit signe à un garde d'approcher et lui demanda son paquet de cigarettes. L'homme le lui donna, cachant à merveille sa révulsion de se séparer aussi facilement de ses Malboro, et lui fit signe que miss Beckett refusait de s'alimenter. William acquiesça et on lui ouvrit la porte de la cellule. Un pas en avant et la porte se referma derrière lui.
       Dolan sortit deux cigarettes du paquet et le posa sur un coin du lit. Il en passa une à Amy et l'alluma avant de s'asseoir juste à côté d'elle. Il alluma sa propre blonde et tira une bonne bouffée qui s'échappa de sa bouche en un épais nuage blanc.

       -Je vous ai négligée durant ces quelques jours, veuillez m'excuser, fit-il en rompant le silence qui se prolongeait. Il est actuellement 20h. Je vous rendrai votre montre et je vous donnerai des vêtements de rechange ainsi que la possibilité d'utiliser la salle de bain. "J'apprécierais" également que vous ne mourriez pas d'inanition.

       Il ne jugea pas utile de lui préciser que la seule salle de bain était celle des gardes, mais vu qu'aucun d'eux n'oserait braver les ordres de Dolan pour la toucher, ce détail n'était pas nécessaire. Question sexualité, les gardes de Dolan avaient de quoi faire avec la marchandise, inutile de risquer sa vie sur miss Beckett. Dans l'heure, il préférait aborder des sujets qui intéresserait l'avocate.

       -Le procès commencera dans une semaine, donc j'ai bien peur que vous deviez rester ici pendant ce temps, annonça l'avocat en tirant sur sa cigarette. Ensuite, je devrais vous tuer.

       Cela avait été dit sans émotion, comme si c'était la conclusion d'une logique que Beckett maitrisait mieux que lui.

       -En fait, j'aurais dû le faire depuis le début, conclut-il. J'ai trouvé une autre alternative. Elle risque de ne pas vous plaire cependant. Vous êtes morte ici. Partez du principe que je vous ai froidement abattu après notre diner. Toutefois, je vous donne la possibilité de tout recommencer dans un autre monde, avec assez d'or pour vivre la vie que vous voudrez.

       Si elle refusait cette offre, William n'aurait d'autres choix que de la tuer. Il y avait réfléchi et n'avait trouvé aucune autre solution que de l'exiler sur Terra. S'il la libérait, l'avocat était convaincu qu'elle vouerait toute son âme à le détruire. Ce qu'elle finirait par réussir au bout d'un moment et il était hors de question que cela se produise.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le mercredi 01 septembre 2010, 12:21:59
D'un geste vif, la jeune femme attrapa sa cigarette, et la coinça entre ses lèvres, ignorant l'avocat et ses paroles. Elle l'alluma vivement, savourant le contact du tabac et de son organisme. Aussitôt, elle se détendit, comme visiblement droguée. Elle se sentait mieux. Et écouta l'offre de l'avocat, qu'elle accueillit avec impassibilité. Pas question de lui montrer le moindre sentiment, elle s'était déjà ridiculisée la veille. Cette pensée la terrifia. Elle était toujours autant en proie à ses sentiments, mais sa fierté était toujours là, pointante et invincible, une fierté qui ne l'aiderait peut-être pas beaucoup, mais qui lui était trés utile.
Elle balança sa tête, faisant craquer sa nuque. A force de rester dans la même position, tout le temps, elle allait s'attraper un torticolis. Cette idée ne l'amusait pas beaucoup, il fallait le dire. Elle soupira, expirant une fumée pâle. Elle en avait bien besoin, de cette cigarette enchanteresse. Elle retira la cigarette de sa bouche.


- Je refuse.

Elle toussa légérement, et reprit une bouffée de cigarette.

- Je refuse de détruire toute l'oeuvre d'une vie. J'ai donnée tout ce que j'avais pour ce travail, j'ai travaillée comme jamais je ne l'aurais jamais fait pour autre chose. Je préfére mourir plutôt que d'abandonner cela, même contre des tonnes d'or. Mon travail, ma passion, m'importe plus que vous ne pouvez l'imaginer.

Son ton était neutre, sans éclat de voix, comme si elle était expliquait quelque chose de normal,  une théoréme vérifié mille fois, que l'on ne pouvait mettre en doute. Pour elle, il était impossible de tout abandonner.

- Alors, vous allez faire comment ?

Elle se tourna vers lui, les yeux dans le vague, le fixant sans détourner le regard ni cligner des yeux. Le même regard qu'elle avait eu la première fois qu'elle était venue lui parler.

- Me pendre ? Me tirer une balle dans le crâne ? Me noyer ? Me brûler, peut-être ? Me tailler les veines dans mon sommeil ? Pitié, soyez inventif.

Elle détourna le regard, tirant sur sa cigarette un grand coup. Elle n'avait pas faim, ne se considérant presque plus comme vivante. Elle avait l'impression de baigner dans de l'éther, du formol, assistant aux agissements d'autrui, tout en espérant qu'on ne brise pas le flacon dans lequel elle était. Elle pouvait bien faire croire aux autres qu'elle était morte, elle savait qu'on serait capable de la reconnaître.
Mais cette pensée l'insupportait.


- C'est bien, n'est ce pas, de jouer au dominant ?

Elle sentit qu'elle aurait bientôt finie sa cigarette.

- Concrétement, jamais je ne vous aurez tué, William. Vous avez le droit de ne pas me croire, et c'est légitime, mais je peux vous assurer que je n'aurais pas pu vous faire du mal. Respect, ou quoi que ce soit d'autre, je l'ignore ...

Elle passa sa main sur son front. C'était vrai. Jusque là, il ne lui avait rien fait de mal. Elle s'était presque laissée convaincre de rendre les livres - aprés en avoir fait une copie - pour ne plus avoir de soucis, au lieu de tenter de lui faire le moindre mal.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le mercredi 01 septembre 2010, 15:17:56
       Ah la garce! Il avait trouvé une solution pour ne pas la trucider et voilà qu'elle la lui renvoyait à la figure. Elle aurait au moins pu être intriguée par le monde dont il lui parlait. Le traiter de cinglée et le railler sur le fait que les mondes parallèles, c'est bon pour les enfants et les geeks, ou quoique ce soit qui lui prouve qu'elle l'avait écoutée jusqu'au bout. William se renfrogna déçu de son échec cuisant. Et en plus, elle retournant le couteau dans la plaie en lui demandant comment il allait l'exécuter. L'avocat ne lui fit pas le plaisir de lui répondre évidement. Il se contenta d'avaler de grosses bouffées de sa cigarette à moitié consommée. Il n'avait pas l'habitude de fumer et il n'appréciait pas beaucoup cette manie, mais il devait bien avouer que fumer avait un effet relaxant.
       Par contre, sa question lui arrachait une expression étonnée. Elle croyait qu'il "jouait" au dominant? Quelle absurdité! Il est dominant. Inutile de jouer ce qu'on est déjà. Heureusement, que la cigarette le relaxait, cela lui évitait de s'énerver. Peut-être que c'était ça qu'elle voulait : avoir le plaisir de le faire sortir de ses gonds. Et bien, elle pouvait toujours attendre. Sale petite peste!

       Il lâcha tout de même une exclamation sceptique lorsqu'elle lui assura qu'elle ne l'aurait pas tué elle. Oh, mais si elle était assez intelligente pour entrevoir une solution pacifique, il ne demandait qu'à voir.

       -Vous ne m'auriez pas tué, voyez-vous ça, fit-il avec ironie. Alors dites-moi ma chère collègue, que feriez vous à ma place? Vous me libèreriez pour vous retrouver avec un poignard planté dans le dos deux jours plus tard? Allez-y! Donnez-la moi votre solution miracle.

       Au fur et à mesure que Dolan parlait, la colère s'insinuait dans ses propos. Bravo! Elle avait réussie à l'énerver. Le juriste dardait un regard furieux sur la jeune fille qui se moquait ouvertement de lui. Mais le pire c'est qu'il n'était pas furieux après elle. Il était furieux contre lui-même. Furieux de ne pas avoir la force suffisante pour cesser ses palabres et lui loger une balle dans le crâne. Furieux de ne pas trouver une solution acceptable. Furieux qu'Amy le déteste et que cela soit entièrement de sa faute.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le mercredi 01 septembre 2010, 16:31:53

Effectivement, elle se sentait gagnante. Toc, il était énervé. Même si elle mourrait demain, elle aurait la satisfaction d'avoir pu jouer avec les nerfs de l'avocat. Elle ne cherchait pas tellement à l'énerver, à la base, elle voulait juste avoir la preuve qu'il n'était pas tout à fait impassible. Ce flattait l'ego de la jeune femme, de le voir s'emporter. Sa voix trahissait son sentiment. Il était furieux ... Contre elle ? Sans doute. Contre lui-même, c'était tout autant plausible ; il devait au moins s'en vouloir un peu. Il l'avait dit lui-même. Elle se consola avec cette idée, qu'il n'est pas voulu, la première fois qu'il l'avait vue, lui loger une balle dans le crâne. " T'es conne, c'est pire, songea t'elle. Cela signifie qu'il n'a pas voulu abandonner son traître projet, préférant t'enfermer que te laisser partir tranquillement. " Cette idée lui remit un peu le cafard.
Mais elle releva la tête. Elle allait lui répondre. Et clairement. Elle jeta un oeil furtif vers lui, mais préféra regarder ses mains.


- Je vous l'ai proposé au restaurant. Tout mettre sur le dos de quelqu'un d'autre. Vous ne m'avez même pas écouté, à ce que je voit.

Elle se frotta les mains sur les cuisses, puis le regarda à nouveau.

- Je ne veux même pas vous parler de confiance, vous et moi savons trés bien que cela ne serait pas jouable ... Je voulais vous parler d'un contrat. Je suis prête à rendre les livres. Couché sur papier, plié, signé. Je ne peux rien vous proposer d'autre, étant donné la situation ...

Elle avait faillie ajouter " Dans laquelle tu nous as mis. " mais se tut. Pas besoin de chercher la petite bête davantage. Même si elle voulait l'énerver, elle ne serait pas de taille à se battre. Mine de rien, ne pas manger affaiblissait beaucoup. Elle ne s'en était pas rendue compte, étant donné qu'elle n'avait pas eu l'occasion de faire de grands efforts, mais savait trés bien ce dont elle était capable, ou pas, dans son état actuel.
Puis ses yeux devinrent noirs et tranchants.


- A votre place, j'aurais accepté cette offre depuis le début. Et nous n'en serions pas là.

Elle détourna le regard.

- C'est affreux de constater dans le regard de quelqu'un qu'il ne sera jamais ce que je voulais qu'il soit, soupira t'elle. Les regrets sont inutiles, et faire marche arrière impossible.  Jamais je n'aurais fait un coup aussi bas que le votre.

Elle persistait à ne pas le regarder, tournant la tête sur le côté. Pardonner ? Difficile. Et il n'en était même pas question, pour un homme qui ne souhaitait que sa déchéance.

- Mon travail est la seule chose qu'il me reste ... S'il faut m'arracher ça, autant me caler une balle dans le crâne, murmura t'elle d'une voix remplie de tristesse.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le mercredi 01 septembre 2010, 21:45:27
       Ah oui, sa proposition... Comme il l'avait dit, elle était sensée et correcte. C'était tout à fait envisageable mais ça restait tout de même plus simple de coller miss Beckett au fond d'une cellule. De cette façon, il s'épargnait les coups fourrées et les éventuelles traitrises de sa part. On ne peut pas faire confiance à quelqu'un qu'on vient juste de rencontrer, et qui s'avère être une ennemie dangereuse par dessus le marché. Bien évidemment, William n'avait ni la folie, ni le courage de le lui dire en face. Ce n'était pas de la lâcheté, c'était plutôt qu'il n'avait pas envie de subir un nouveau flot de gentilles invectives tel que: "Meurs!" ou sa version développée: "Crève, toi et toute ta bande de mafieux absolument exécrables". William savait qu'il avait fait le bon choix, mais il se demandait tout de même s'il n'aurait pas mieux fait de tenter le diable. En effet, il s'était passé une chose à laquelle l'avocat ne s'attendait pas. Il avait trop bien joué le jeu de la séduction, au point qu'il s'était lui-même épris de la jeune fille. Et maintenant, même si elle ne le savait pas, chaque mots ou expressions chargés de haine dirigées contre lui était plus aiguisées qu'une lame de rasoir. La jeune fille n'avait aucune idée de la portée de ses insultes qui était un exutoire. Elle ne croyait sans doute pas atteindre William avec ça. Pourtant, ça lui tailladait le cœur.

       Lorsqu'il la vit aussi accablée, il ne put, cette fois, s'empêcher de poser une main sur son épaule. Grossière erreur qui pouvait lui couter plusieurs contusions vu qu'elle n'était plus menottée. C'est pour cette raison qu'il ajouta aussitôt:

       -Que ferais-tu si je te laissais partir? Demanda-t-il d'une petite voix.

       Non, Dolan. N'y pense même pas! N'étudie surtout pas cette hypothèse! Amy Beckett était beaucoup trop dangereuse, surtout après ce qu'il lui avait fait. S'il se laissait avoir et qu'il la libérait, elle vouerait toute son énergie à venger l'affront qu'il avait commis en profitant de sa crédulité et de ses sentiments de jeune fille. Elle serait sans pitié et l'écraserait comme un insecte. Le simple fait qu'il soit trop faible pour l'éliminer, montrait bien que cette femme ne ferait qu'une bouchée de lui. Sa capture n'était due qu'à un heureux hasard. Il n'avait pas été meilleure qu'elle et il ne fallait surtout pas qu'il s'imagine qu'il pouvait avoir le dessus sur elle une deuxième fois.

       Ne commets pas cette folie William! Tu n'as qu'à sortir de cette cellule et ordonner au garde de l'abattre. Seulement deux petit mots et le problème serait résolu. "Tue-la!". Rien de plus facile.


Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le mercredi 01 septembre 2010, 22:02:59
La jeune femme était restée interdite, de par le fait qu'il ose poser sa main sur son épaule. Elle avait envisagée, même, de lui sauter dessus et de le frapper comme elle ne l'avait jamais fait. Mais cela gacherait toute manière de s'en sortir ne serait-ce qu'un minimum. Et, de toute façon, elle n'avait pas force de le combattre, ni même de lui tenir tête. Elle se contenta de hausser les épaules, le laissant faire. Qu'il pose sa main sur son épaule, si ça lui chante ! Cela n'effacerait pas les bleus qu'elle avait au coeur ...
Mais elle reçut sa phrase, cette idée comme un miracle. Elle n'osa même pas y croire, mais elle savait qu'il l'avait dit. Donc, qu'il le pensait. Elle inspira longuement, regardant le sol sans oser répondre. Elle ne savait pas à quoi était dû ce revirement de situation. N'avait-il pas, plus tôt, le projet de l'assassiner ? Etait-ce encore un piège ? Elle porta une de ses mains à son front, se massant les tempes. Devait-elle le croire ? Et que devait-elle répondre ?
Les doutes s'insinuaient en elle, la mordant, la piétinant. Elle détestait ne plus faire confiance à une personne. Et pourtant ...


- Je te demanderais de me faire confiance, souffla t'elle.

Elle le dit sans même oser y croire. Il partirait sûrement en lâchant un " Désolé, mais c'est impossible " aprés cet aveu, mais elle l'avait dit. Elle avait mis sa parole sur le tapis. Sa faiblesse la trahissait. Elle ferma les yeux. Sa faiblesse ... d'oser s'attacher à une personne. Elle se frotta les yeux, peu convaincue d'elle-même.


-" Vous guérirez, mon ami, c'est un cadavre qui vous le dit ", récita t'elle à voix basse.

Cette phrase n'avait peut-être pas de sens. Un être humain n'aimait pas revenir sur ses erreurs, préférant essayer de les effacer. Elle se sentait si usée ... Elle lui jeta un regard furtif, essayant de capter ce qu'il pouvait bien penser. Ce qu'il pensait d'elle, de lui-même, de la situation, de l'avenir ... " Sans doute sommes-nous éternellement forcés à ne jamais nous recroiser ". Cette pensée faillit la faire pleurer, accablant son coeur de tristesse. Elle ne pouvait pas se faire à cette idée.
Elle sentait bien à quel point l'humanité qui pointait en elle était accablante. Comment pouvait-elle s'éprendre d'un homme qui l'avait séquestré, qui s'était joué d'elle ? " Humph, si mon père était là " pensa t'elle. " Il me remettrait dans un avion pour New-York, avec comme objectif de ne jamais revenir au Japon. " Elle plia le dos, se repliant sur elle-même, le visage dans les mains. Sa fermeture éclair, dans son dos, lui était douloureuse. Elle devinait sa peau marquée par ce systéme de fermeture performant. En cet instant, elle ne s'était jamais sentie aussi humaine.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le mercredi 01 septembre 2010, 23:15:31
       Tu es un lâche Dolan. Un lâche doublé d'un faible et j'ai honte d'être ta narratrice. Mais bon... Faisons avec. William avait pris ça décision avant même que la réponse de la jeune fille ne soit lâchée. Il allait la libérer, sans condition. Il venait de décider d'être un indécis, un imbécile qui réduit à néant ses plans échafaudés avec perfection. Maintenant, il n'avait plus qu'à espérer que l'avocate soit moins molle que son confrère et lui envoie un tueur à gage qui ferait bruler sa cervelle de moineau avec les compliments de miss Beckett. C'était la seule chose qu'on pouvait lui souhaiter. William n'eut donc aucune réaction face à la réponse de la jeune fille. Elle n'aurait pas répondue que ça n'aurait rien changé. D'ailleurs, il ne savait pas quoi penser de cette réponse. Lui faire confiance? Si seulement il pouvait...

       La jeune fille récita ensuite une phrase à voix basse. Il n'en connaissait pas la signification même s'il pouvait avancer des théories. Il eut toutefois la présence d'esprit de ne pas essayer pour éviter de se fourvoyer.
       Amy le regardait. Ce qu'elle pouvait voir était un homme qui se laissait envahir par sa conscience et ses émotions. Maintenant plus que jamais, il se rendait compte qu'il n'avait pas les épaules pour être ce qu'il aimerait être ; un homme d'affaire sans pitié qui écrase les autres pour amasser toujours plus de pouvoir. Malheureusement, il y avait quelque chose de plus fort que son avidité, c'était les sentiments qu'il entretenait pour la femme qui était assise à côté de lui.

       -Tu es libre, souffla-t-il totalement désespéré par sa propre bêtise.

       Lorsque ces mots furent prononcés, Amy s'était recroquevillée sur elle-même. William passa une main sur sa joue et sentit l'appel des lèvres de la jeune fille. Son souvenir restait encore gravé sur les siennes. Cependant, à peine s'était-il approché de quelques centimètres qu'il se rendit compte de ce qu'il s'apprêtait à faire. La dernière chose qu'Amy voulait c'est qu'il la touche, lui qui avait trahi sa confiance. De plus, il avait peur qu'elle accepte son baiser par peur qu'il change d'avis. Le simple fait qu'elle puisse penser ça de lui, lui donnait la nausée. Il retira donc sa main, comme s'il l'avait posé sur du métal chauffé à blanc et se contenta de la toucher avec les yeux.

       -Tu es libre, répéta-t-il d'une voix plus claire.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le mercredi 01 septembre 2010, 23:47:09
Pour dire vrai, la réponse de l'avocat ne fut pas une réelle surprise. Elle se contenta d'hausser les sourcils, de le fixer avec un regard remplit d'indécision. Elle était faible, autant que lui, lui semblait t'il. Elle chassa cette pensée ; elle ne voulait que se reposer. Tomber sur son lit, boire du whisky et s'apaiser un peu de toute cette machination. Elle était lasse d'être là, d'être debout. Elle ne souhaitait que dormir, un peu, beaucoup. Elle ne savait pas ce qu'il se passerait, mais elle s'en moquait.
D'un geste, elle se releva, les mains dans les poches, tête baissée. Elle n'avait pas ignorée son geste. Elle avait même sourie quand il avait posé sa main sur sa joue. Mais elle s'était contentée, du bout des doigts, de caresser cette main. Et de, doucement, se lever, et quitter cette pièce, et ses souvenirs. Souvenirs trops brûlants. Elle ferma les yeux, et quand elle le rouvrit, la porte de sa cellule était ouverte. Elle inspira longuement, et osa mettre un pied hors de l'endroit qui avait été sa prison. Mais avant de disparaitre, elle se retourna vers lui :


- Nous nous reverrons, promit-elle. Fais-moi confiance.

" Oui, aprés le procés " songea t'elle. Cette fois, ce serait elle qui l'inviterais, sans doute. Il n'y avait pas de menace, dans sa voix, juste une sorte de tendre promesse. Elle détourna le regard, et se laissa conduire hors de ce lieu sordide. Elle n'était pas méchante, non. Mais lasse. Elle serait, un jour, apte à le revoir, et peut-être à renouer quelque chose. Pour le moment, non. Il restait des lambeaux de haine, de rancoeur, en elle. Elle devait les détruire, avant de le retrouver. Ils étaient appelés à se revoir.
Elle se retrouva tout de suite dehors. Et se précipita vers une cabine téléphonique, assomant la personne qui appelait dans l'espoir de glaner quelques secondes au combiné. Elle appela sa voiture, son père, n'importe qui digne de la renvoyer chez elle, lui donnant rendez-vous loin de ce lieu. Elle ne voulait pas de mal à cet homme. La voiture ne mit pas longtemps à arriver. Il était vingt et une heure, maintenant, et la nuit tombait doucement ... " J'aimerais qu'il neige bientôt, souhaita t'elle du bout des lèvres, avant de monter dans la voiture.
Son père était face à elle, un petit sourire sur le visage.


- Où étais-tu ? demanda t'il, inquiet.
- En vacances, murmura t'elle.

Il comprit aussitôt qu'elle ne répondrait pas, et la déposa chez elle, dans sa belle maison.
Maison où, une fois qu'elle entra, se servit un verre de whisky, et s'étala sur son lit. Son portable sonna, violemment. Elle fronça les sourcils.


- Humm ? demanda t'elle d'une voix excédée et fatiguée.- Amy, tu aurais besoin de mes services ?

Elle reconnut aussitôt la voix de son collaborateur. Elle toussa.

- Oui, j'aimerais.
- Que veux-tu ? Je sais ce qu'il s'est passé, et je ...
- Je voudrais un paquet de cigarette, s'il te plaît. 
- Tu te moques de moi ... ?
- Aucunement.

Elle raccrocha, serrant le téléphone entre ses doigts. Et baissa les yeux. Peut-être que, cette nuit, William enverrait une personne foutre le feu à sa demeure. Elle fit la moue. " Je n'en suis pas convaincue, songea t'elle. "

( Ce n'est pas encore terminé, ne tente pas de t'enfuir ! (: )
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le dimanche 05 septembre 2010, 11:56:52
       L'audience venait d'être levée et le verdict avait été rendu. L'église avait gagné et avait obtenu la restitution de leurs biens avec des intérêts. Mais pour ça encore fallait-il tous les retrouver. Toutefois, ça ne concernait pas William Dolan qui s'en moquait éperdument. Le principal était qu'il avait remporté la victoire. Le juriste avait exposé sa plaidoirie à la cour avec une simplicité déconcertante. Le tribunal était son élément et la manière dont il y évoluait paraissait toute naturelle. Cependant, William n'avait pas lancé un seul coup d'œil sur le banc des accusés ; là où mademoiselle Beckett était assise avec son client. Il savait pertinemment que si par malheur il croisait ses yeux turquoises, il risquait de trébucher sur un mot. Quand ce fut le tour de la jeune fille, William n'eut aucun mal à la regarder s'approprier le tribunal. Elle se fichait bien de l'homme qu'elle était sensée défendre. La jeune fille ne voulait que protéger ses biens qu'elle estimait pardessus tout.

       Lorsque la décision de la justice tomba, Dolan n'eut aucune réaction. Il fut cependant emporté par l'enthousiasme du représentant du Vatican qui lui serra la main avec véhémence L'avocat fit donc semblait de se réjouir de leur victoire et l'écouta lancer des commentaires sur le procès à propos de choses qu'il ne comprenait absolument pas. William en profita pour jeter un coup d'œil vers miss Beckett, belle et droite, à côté de son client anéanti. Elle était magnifique...

       Maitre Dolan avait laissé son client affronter les journalistes qui attendaient avec impatientes, sur les marches du tribunal, les premiers commentaires à propos du procès qui était l'un des plus important de ce siècle pour le Vatican. Le jeune avocat habillé d'un costume gris métallique trainait délibérément le pas. Avant de partir, il voulait revoir Amy, la regarder, échanger un mot avec elle et peut-être même la toucher...

       Il attendit donc que l'avocate sorte seule de la salle d'audience. Son client avait dû être emmené par les forces de police. Ça faisait une semaine qu'il ne l'avait pas vu et son cœur s'agitait dans sa poitrine. Bien entendu, William paraissait totalement détendu. Avec un air légèrement ennuyé, il semblait attendre son rendez-vous pour un quelconque déjeuner d'affaire. L'impassibilité de Dolan vacilla malgré tout pendant un dixième de seconde lorsque la jeune fille franchie les élégantes portes en chêne du tribunal.
       Cette réaction ne semblait peut-être pas digne de Dolan. Aussi jolie soit-elle, l'avocat avait assez d'expérience pour ne pas être déstabilisé par une dame. Mais il fallait le comprendre, cette femme était son alter ego. Elle était de la même espèce que lui. Une femme de loi, intelligente et bien plus dangereuse que lui. Jamais il n'aurait l'occasion de recroiser une telle femme. Pourtant, c'est également la seule femme à qui il a fait du mal. Surtout, maintenant que ce procès était fini, il se rendait compte qu'il s'était trompé dans le sens des priorités. Amy valait plus qu'une affaire, aussi importante soit-elle. Il s'en était rendu compte trop tard.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le dimanche 05 septembre 2010, 20:45:07
Le procés avait été un succés, et digne de ce nom. Même si elle avait perdue, elle avait sa fortune : une photocopie propre et sérieuse de chaque ouvrage. D'ici peu, elle rendrait, par l'intermédiaire de ce pauvre type, les véritables ouvrages. Pour le moment, cela n'était pas d'actualité. Son collaborateur avait cette mission. Pour le moment, il l'attendait dehors, sagement, prêt à intervernir en cas de problémes.
Un instant, elle se sentit conne, tout simplement. Idiote de penser qu'il pouvait encore oser lui faire du mal. Elle se frotta le bras nerveusement, avant d'ouvrir les portes de la salle d'audience. Elle savait qu'il était à l'intérieur. Elle hésitait à entrer. Durant son triste séjour, elle s'était rongée la peau autour des doigts, rendant ses mains - normalement parfaitement manucurée - couverte de croutes rouges et de cicatrices infimes. Déjà, cela lui avait fait perdre sa confiance ... Elle soupira longuement et d'un geste vif, sortit de la salle d'audience.

Elle portait, contrairement à ses habitudes, un tailleur rouge et une chemise noire, un collier de perles nacrées assortie à deux boucles d'oreilles, et des talons relativement élevé noir vernis, qui amplifiait le sentiment de respect qui ressortait de sa silhouette.
Elle lui adressa un sourire, vague et discret, celui qu'elle utilisait habituellement pour saluer ses confréres. Et se posa prés de lui, les bras croisés sur son buste. Elle fumait moins, depuis quelques temps, et relâchait son anxiété sur des chewings-gums " Five ". Son père veillait sur elle, attendant d'être sûr qu'elle soit entre de bonnes mains pour repartir à Manhattan. Elle le remarqua, dans la salle, et lui fit signe qu'il pouvait partir. Elle ne supportait pas d'être surveillée par son père. Pas à son âge ...


- Joli procés, dit-elle simplement. Cela va faire monter d'un cran votre réputation.

Elle se moquait bien que la sienne perde son grade ... Elle pouvait vivre avec quelques clients en moins. Cela n'était pas le plus important pour le moment.

- Je n'ai dis à personne ce qu'il s'est passé, souffla t'elle. Je ne veux pas qu'on me le rappelle, ni que l'on s'en mêle, ni même que vous ayez des ennuis.

Elle passa sa main dans ses cheveux, battant des cils comme pour se réveiller d'un sommeil incontrôlable. Elle n'était pas fatiguée, mais n'était pas à son aise. Sans le vouloir, elle ressentait une sorte de paranoïa à l'égard de l'avocat. Même si elle luttait contre ce sentiment, elle ne s'en sentait pas moins déstabilisée. " Et vulnérable " songea t'elle à regret.

- Je pars bientôt. Quelques temps à Berlin, pour me ressourcer, et pourquoi pas Moscou ... avoua t'elle sans le regarder.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le lundi 06 septembre 2010, 09:47:37
       Alors que William attendait Beckett, il croisa le regard d'un homme assit dans l'antichambre. Normalement, il ne s'y serait pas arrêté mais quelque chose avait attiré son attention. L'homme le lui rendit et il se jaugèrent pendant plusieurs minutes sans que ni l'un, ni l'autre ne semble vouloir détourner les yeux en premier. Ce fut Dolan qui s'en chargea et se remit à fixer la porte de la salle d'audience. L'homme qu'il venait de voir était du même sang qu'Amy. Quand à savoir si c'était son oncle, son père, son grand-père ou un cousin... Il savait juste qu'il venait d'apercevoir monsieur Beckett. Ce qui fut confirmé lorsque la jeune fille fit signe à l'homme de se retirer.

       La bouche de William s'affaissa lorsqu'elle le félicita pour le procès. La raison était que l'avocate lui rappelait simplement le choix douloureux qu'il avait fait. Quand au fait qu'elle n'ait rien dit à personne pour sa séquestration, c'était sans doute la raison pour laquelle l'homme dont il avait croisé le regard ne l'avait pas étranglé de ses propres mains. Il ne fallait pas être un fin observateur pour voir que son regard, si proche de celui d'Amy, était tout aussi dangereux.

       Dolan mit bien quelques secondes avant de réaliser qu'elle était en train de lui faire ses adieux. Lorsque ce fut fait, un grand vide se creusa en lui. Il se força tout de même à sourire. Un sourire vide et rempli de tristesse. Il n'avait aucun droit de penser à lui en ce moment. Il posa donc sa main sur l'épaule de la jeune fille et hocha la tête.

       -Bonne chance, Amy, souhaita-t-il avec toute la bonne volonté du monde. Je te souhaite d'être heureuse.

       Il lui fit un nouveau sourire plein de regret et retira sa main... Enfin, non... sa main était toujours sur l'épaule de la jeune fille. Elle refusait d'obéir à la raison qui lui ordonnait de se retirer. Dans ce cas, il n'avait qu'à l'enlacer pour lui dire adieu, même s'il poussait un peu trop sa chance. Il la serra donc dans ses bras. Ses cheveux ébène effleuraient sa joue. Une douce caresse sur sa peau qui le fit frissonner de plaisir. Se fut ensuite les effluves du parfum de la belle qui vinrent embaumer ses sens dans un linceul d'apathie salutaire. Le carcan de ses bras se resserrèrent imperceptiblement autour d'Amy, tandis que sa raison mue par la honte et le remord tentait de la délivrer de leur contact impur. C'est cette dernière qui finie par gagner alors que William s'éloigna progressivement, résigné à laisser la jeune femme s'échapper de sa vie.
       Dolan l'aurait vraiment laissé partir. Bien entendu, c'était prévu. S'il n'avait pas croisé une dernière fois les yeux turquoises, il l'aurait laissé partir. Mais ce ne fut pas le cas. Les mires vertes de l'avocat se posèrent inévitablement sur celles d'Amy Beckett et y restèrent ancrées. Comme le poisson ferré par la ligne, il commença lentement à se faire remonter jusqu'au contact critique où sa bouche effleura celle de la jeune fille. Ses lèvres réveillées par cette sensation fraiche et humide, se mirent alors à en chercher plus jusqu'à ce qu'elles soient entièrement soudées à ses sœurs. La langue de William sans doute jalouse que les deux voisines aient trouvées leur âme sœur, se mit elle aussi en quête de sa partenaire. Elle la trouva, invitant la langue d'Amy par quelques pressions à entrer dans une danse langoureuse.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le vendredi 10 septembre 2010, 20:05:33
La jeune femme devinait assez les pensées de cet homme ... Il ne devait pas être trés en forme. Elle songeait même qu'il regrettait sans doute ce qu'il s'était passé.  Elle poussa un long soupir, comme pour extérioriser ce qui était en train de poindre en elle. Du regret ? Sans doute ... Cela ne serait guère étonnant, d'ailleurs, que de constater qu'elle regrettait ce départ précipité. Perdue dans ses pensées, elle sursauta quand elle sentit sa main sur son épaule. Elle était prête à répliquer, perdue dans sa paranoïa effective, prête à lui planter le couteau qu'elle gardait désormais coincé dans sa veste, prête à l'agripper et le planter n'importe où.
Mais non. Elle se contenta de l'écouter, silencieuse, sentant une tristesse arracher son coeur en petits morceaux douloureux. Elle se retint de soupirer, exaspéré par ce genre de sentiments qu'elle voulait rejeter, au fond d'elle. Les sentiments humains, jusque là, n'avaient étés que des pièges.

Mais elle ne put pas le faire reculer. Elle ne s'en sentait pas capable. Elle se contenta de relever les yeux sur lui, de croiser son regard, sachant trés bien ce qu'il adviendrait.
Elle aurait voulue se planter une balle dans le coeur. A cause de sa stupidité, de la leçon qu'elle était censée tirer de cette histoire ( " Mr Dolan est méchant, il veut te tuer ! " ) , mais elle ne put s'y résigner. Automatiquement, elle s'efforça, mue par ce genre de choses qu'elle ne pouvait pas expliquer, de ne pas quitter des lèvres. Voir même, de prolonger ce moment. Tout en espérant qu'il n'y ait aucun Yakuzas dans la pièce.
Puis elle se recula, vivement, l'air surprise, non sans quitter ses yeux.


- Nous sommes adultes, responsables, et connaissons la réalité. Nous savons ce qu'il se passera si ... soupira t'elle d'une voix pleine de regrets.

Elle fit demi-tour, rapidement, et s'enfuit. Elle courut dehors, quittant le lieu, entrant dans sa voiture, sans réfléchir, entourée de brume. Son père l'y attendait, sage et patient. Elle lui fit signe de démarrer, et aussitôt plongea sa tête dans ses mains. Elle ne se sentait pas bien, elle n'avait pas les idées claires.

La fin de la journée arriva rapidement, et elle la passa cloitrée dans sa chambre, une bouteille dans une main, bouteille qu'elle ne parvenait pas à boire, les yeux fixés sur son lit, assise sur le sol. Elle avait tellement d'idées en tête, et cette fichue sensation d'avoir foutu en l'air quelque chose de fantastique ... Elle se mordit la lèvre inférieure. Elle ne se sentait même pas elle-même, comme si ses actes étaient incontrôlés, irréfléchis. Elle n'avait pas envie de partir, dans trois jours, sans le revoir. Elle se sentait comme une adolescente, qui ne pense et n'agit que par pulsions et saute d'humeurs.
D'un bond, elle se releva.
D'un bond, elle attrapa le tailleur qu'elle avait mis la première fois qu'elle l'avait vue.
D'un bond, elle prit le volant de sa voiture, attrapa le dossier " Dolan ". Son adresse était notée sur ce papier froid, sans vie, souvenir d'une affaire désormais classée.

Si bien que, le soir-même, à 20h17, elle toquait à sa porte. Et se rendit compte au dernier moment d'où elle était.


- Je suis possédée, souffla t'elle quand la porte s'ouvrit.

Elle ressemblait à une enfant qui se rend, qui vient s'excuser de son comportement, une personne aux yeux brillants et étincellants, et au coeur battant.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le mercredi 15 septembre 2010, 18:48:09
       Le baiser était fantastique. William avait pensé que ça lui suffirait et qu'il accepterait volontiers de ne plus jamais la revoir après ça. Mais il se trompait. C'était même pire. Il en voulait plus alors que ce baiser était une chose qu'il ne méritait même pas. Ça devenait une addiction. Ce deuxième baiser avait été plus intense que le premier car il était baigné de désespoir et de regret, non pas de trahison.
       La façon dont Amy avait mise un terme au baiser avait été soudaine et brutale. Comparé à la douce chaleur de sa bouche l'air ambiant semblait lui bruler la gorge. Il soutint tout de même son regard, encaissant les paroles qui torturaient son cœur de par leur véracité. C'était un résumé de ce qu'il savait déjà mais l'entendre suffisait à déchirer la fragile toile de rêves que William s'était mis à tisser durant leur baiser. Elle lui fila ensuite entre les doigts avant qu'il n'ait réuni ses pensées pour lui dire un dernier mot.

       Maitre Dolan resta un instant à la même place sans bouger, regardant l'endroit où s'était tenue Amy sans vraiment le voir. Au bout d'un moment, il semblait s'extirper de sa torpeur et une lueur de vie recommença à bruler dans ses prunelles. Il quitta alors le tribunal et rentra directement chez lui. Chez lui d'accord, mais lequel? Les propriétés de Dolan étaient nombreuses. Le jeune homme n'avait aucune envie d'aller s'enterrer dans le petit studio qu'il avait aménagé dans son building. Il préféra se réfugier dans l'appartement situé à 100 mètres de son lieu de travail.
       Il se fit donc déposer par son chauffeur devant l'un des gracieux immeubles qui bordaient le boulevard près du centre-ville. La porte s'ouvrit sur une pièce spacieuse décorée de façon moderne tout en noir et blanc. Les deux couleurs s'entrelaçaient sur le papier peint, créant des motifs hétérogènes parfois simples et parfois osés. Le mobilier jouait également le jeu et était arbitrairement soit noir, soit blanc. La seule chose qui avait une couleur polychromatique était Dolan qui commençait à jeter ses affaires sur le divan de son salon. Il s'y installa ensuite et alluma la télé pour s'abrutir devant des émissions toutes plus lobotomisantes les unes que les autres.

       Lorsque vint le soir, quelqu'un tapa à la porte. William grogna d'être ainsi dérangé et se hissa finalement sur ses pieds pour aller ouvrir. Il n’était vraiment pas d’humeur ce soir, et qui que ce soit, il n’allait pas faire d’effort de courtoisie et chasser l’importun. C’était, bien sûr, sans s’imaginer que c’est Amy Beckett qui attendait sur le palier de sa porte.

       La main sur la poignée de la porte, il regardait avec un air stupéfait la jeune fille qui l’observait comme si elle avait fait une bêtise. Lorsque la surprise fut passée, William se rembrunit et ouvrit la bouche comme pour demander ce qu’elle faisait ici, mais la referma aussitôt quand il avisa que sa question était totalement stupide. La raison de sa venue était une évidence qui ne souffrait aucune question, ni confirmation.
       Toute parole étant inutile, il s’approcha d’elle avec hésitation, puis comme si un arbitre avait tiré le signal du départ, William se jeta littéralement sur la jeune fille. Ses lèvres trouvèrent les siennes aussitôt et il poussa un soupir de bonheur en retrouvant la douce atmosphère de la bouche d’Amy. Il l’enlaça et la serra tout contre lui dans une étreinte passionnée. Par petits pas, il la fit entrer dans son appartement sans interrompre son baiser. L’homme la colla ensuite sur le mur d’à côté et claqua sa porte d’entrée, tout en continuant de la dévorer. Ses caresses et ses étreintes étaient douces mais évoquaient une faim insatiable du corps sur lequel elles étaient exercées. Il avait besoin d’elle et c’était une chose que miss Beckett pouvait parfaitement lire en lui.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le samedi 18 septembre 2010, 13:22:05


Elle n'avait pas pû s'en empêcher. Une partie d'elle était persuadée, encore à ce moment, qu'elle n'aurait jamais dû venir ici, frapper à cette porte, et rester avec lui. Mais le raisonnable n’était même plus de mise, à cet instant. Il s’était évaporé, comme un souvenir qu’on chasse de la main, las.
Elle n’avait qu’une envie, et c’était lui. Même si depuis bien longtemps, elle avait décidée que penser et ressentir était une perte de temps, tout s’était effacé en quelques maigres secondes. C’était un tourbillon : pas moyen de faire demi-tour, ni de reculer. Elle n’en avait pas envie. Elle le suivit à l’intérieur, les bras coincés autour du cou de l’avocat, l’embrassant avec une envie qu’elle avait dû retenir pendant quelques heures délicates et difficiles, emmagasinant en elle une profonde envie, un désir brusque. Elle le laissa claquer la porte, et sentit son échine frissonner avec violence. Des frissons délicieux, agréables, qui lui piquaient la peau et le cœur, tandis qu’elle sentait les mains de William contre elle. Elle voulait s'imprégner de lui, enivrée par son odeur, sa chaleur, tout ce qu'il dégageait.
Ils se dévoraient littéralement, ne voulant même plus se lâcher. Elle n’avait de cesse de l’embrasser, et détacha ses mains de son cou pour venir les loger dans le dos de l’avocat, étreignant ses vêtements, devinant en dessous sa peau. Cette pensée l'électrisa totalement, déchargeant sur toute son épiderme un frisson violent, qui l'agita un moment.
 
Elle rejeta un moment sa tête en arrière, reprenant une bouffée d’air, un peu dépassée par les événements, mais revint ensuite l’embrasser, sans réfléchir davantage, agrippant avec sa bouche fine et brûlante les lèvres de l'avocat. Elle ne souhaitait que cela, après tout. Être avec lui. Elle n’avait prévenue personne, et personne ne savait où elle était à ce moment. Même si, par réflexe, elle avait conservée sa lame accrochée – comme d’habitude – à une jarretelle sur sa cuisse droite, elle n’avait pas d’autres moyens de défenses, et pour cause ; elle n’avait pas peur de lui. C’était un tout autre sentiment qui l’avait envahie. Plus sourd, plus fort, et plus violent que l’angoisse. Elle retira temporairement une de ses mains du dos de William, pour venir étreindre une des mains de l'avocat, tout contre elle, effleurant ces mains si douces, si protectrices, si dangereuses à la fois.

Hissée sur ses talons, elle resserra son étreinte, plus fort encore, voulant le sentir prés d’elle.

Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le lundi 20 septembre 2010, 00:19:09
       Les sens en folie. Tout s’agitait. En perpétuel mouvement. L’esprit, le cœur et le corps. Tous s’animaient dans une farandole de couleurs, de sensations et de sentiments. Les mains de l’avocat découvraient ce qu’il n’avait osé rêver, ce que son imagination n’avait qu’entraperçue. La réalité était, bien évidemment, plus exaltante que n’importe lequel de ces fantasmes. Les doigts ne savaient même plus par où commencer. Il caressait la joue duveteuse, puis revenait précipitamment sur les hanches de la jeune fille qu’il pétrissait avec passion. C’était un conflit permanent entre le besoin de sentir la peau d’Amy et l’envie d’apprendre ses formes par cœur. C’était un problème qui avait pourtant une solution évidente…

       Les doigts se mirent à tricoter sur les boutons de la veste de la jeune fille. Rendus maladroits par l’excitation et l’empressement, ils glissèrent de nombreuse fois sur le tissu avant de le libérer de ses attaches. Lorsque la voie fut enfin libérée, les extrémités de Dolan s’introduisirent dans l’ouverture telle des squales se frayant un chemin dans un banc de poissons effrayés. Malgré la défaite cuisante que venait de subir la veste de l’avocate face à la dextérité de Dolan, il restait tout de même le chemisier qui l’empêchait d’avoir accès à l’objet de son désir.
       L’avocat se consola de cette mésaventure en se vengeant sur la jeune fille dont il croqua le fruit suspendu à ses lèvres. Il en aspira tout le suc, se régalant de son nectar enivrant qui lui avait tant manqué depuis leur baiser au tribunal. Sa langue se mit à explorer la caverne chaude et humide qui s’offrait à elle. Elle en explora chaque parcelle, s’aventurant sur les incisives tranchantes et sur la douceur de son homologue. Mélange sucré-salé qui pouvait ravir n’importe quel palais délicat.

       Les mains de l’avocat, fatiguées de se heurter au chemisier, se retirèrent pour le moment. Le temps n’étant pas encore venu, pour cet ultime rempart de la pudeur, de tomber, mais il ne perdait rien pour attendre. Au lieu de cela, William empoigna le galbe des fesses de sa partenaire et la souleva légèrement pour la coller tout contre lui. Ainsi surélevé, le cou gracieux de la belle était maintenant à la portée de sa bouche. Cette dernière quitta les lèvres vermillons et se glissa sur la peau fine et sensible qui délimitait le visage, merveille d’esthétisme, et le corps si désirable de la jeune fille. Il y déposa de nombreux baisers, n’arrivant pas à concevoir qu’un seul centimètre carré de peau ne subisse pas la profanation de sa bouche.

       Délicatement, l’avocat se remit en mouvement. Chargé de son précieux fardeau,  il se dirigea vers son sofa et s’y assit. La jeune fille le surplombait, seule maitresse de son ancien ennemi. William glissa sa main sur la cuisse de la jeune fille qui était dorénavant à sa portée. Il caressa avec envie la peau albâtre et remonta progressivement jusqu’à franchir la barrière de tissu du tailleur. Elle semblait de ne pas oser s’aventurer plus loin, aussi, elle se contenta de malaxer, pétrir et administrer tous autres caresses qui électrisaient le jeune homme. Son autre main, dextre, ne semblait pas quant à elle s’embarrasser de fausse pudeur, car elle faisait glisser la veste des épaules de miss Beckett. Le vêtement, auparavant affaibli, rendit son dernier souffle et s’effondra sur le sol, vaincu. Ce fut alors l’occasion pour la bouche de Dolan de quitter le cou de la jeune fille pour venir s’aventurer sur la naissance de ses seins. Les doigts de l’avocat tricotèrent une fois de plus sur les vêtements et faisaient sauter les boutons du chemisier qui s’ouvrait lentement, libérant le passage aux lèvres téméraires qui se jetaient sur les parcelles de peaux misent à nues.

       Lorsque le dernier bouton fut retiré et que les pans de vêtements s’écartaient d’eux-mêmes, William revint déposer un fugace baiser sur les lèvres de sa compagne avant de plonger son regard émeraude dans les yeux azur de la jeune fille.

       -Pour chaque heures de malheur que je vous ai infligé, ma dame, je vous rendrai une année de bonheur.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le lundi 20 septembre 2010, 00:40:51

Trés vite, oui, mais elle ne s'en plaignait pas. Surtout aprés la promesse qu'il venait de lui faire ... Qu'elle accepta d'ailleurs avec un franc sourire. L'époque des coups bas, des langues fourchues et des haines impalpables étaient passées ... Tout semblait derrière eux. En cet instant, ils étaient seuls maîtres d'un jeu incontrôlable. Si un jour, on avait prédit à Amy qu'elle finirait dans cette position, avec cette personne, elle aurait rit aux éclats.
Mais désormais, c'était une position qu'elle ne voulait plus jamais quitter ... Assoiffée de lui, affamée de sa peau et de toute sa personnalité, elle ne le quittait plus ni des doigts, ni de la bouche. Elle lui rendait un à un ses baisers, prise dans un tourbillon violent et incontrôlés, l'enserrant contre elle, son esprit n'étant plus occupée que par lui. Elle sentait poindre en elle des sensations qui ressurgissaient, sortes de réminiscences inflammables et enflammées, qu'elle ne voulait même pas arrêter. Elle aurait pû le remercier de faire ainsi tomber sa veste, et d'ouvrir sa chemise timide. Sentir ainsi ses mains contre ses cuisses, sa peau, le sentir la toucher avec envie, l'enflammait violemment.
Même si elle ne savait plus tellement où elle était, qui elle était, pourquoi elle était-là, elle ne cherchait même plus de réponses.

Elle laissa, quand la chemise s'ouvrit, apparaître des dessous noirs et dentellés, plaqués à sa peau fine et blanche. Elle s'en sentait encore plus electrisée, envieuse de toutes ses attentions qui faisait, à chaque instant, monter en elle des sensations délicieuses.


- Une éternité, j'espère, une éternité ... soupira t'elle avant de rattraper entre ses lèvres la bouche de son amant.

Elle plaqua aussitôt ses mains sur son torse, le caressant de ses paumes, avec une douceur qui dissimulait une passion difficile à contenir, et fit remonter, telle une araignée vive et douce, ses doigts vers le haut de la chemise de Dolan, faisant sauter un à un les boutons avec une certaine patience, presque agaçante.
A l'instant même où elle osa défaire le dernier bouton, ses lèvres dégringolèrent avec fracas dans le cou de l'avocat, lui faisait subir mille tourments, plus vicieux et attisants les uns quee les autres, tandis qu'elle savourait de sa main l'épiderme vive de William, le sentant tout contre elle. Elle sentait clairement sa poitrine qui se soulevait à chaque respirations presque haletante, mais toujours sensuelle, gonflant le torse de la jeune femme d'une envie foudroyante. Petit à petit, sa coiffure si stricte et soignée se défaisait, laissant tomber quelques mèches folles et rebelles sur sa nuque, son dos. Son attitude droite et rigide tombait peu à peu, au même titre que celui de femme froide, laissant apparaître l'aspect d'une femme tombée pour un homme ...
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le lundi 25 octobre 2010, 17:08:51
       La promesse n'était pas une brise légère qui passait pour caresser les oreilles d'Amy, puis qui allait disparaître comme elle était venu. Certes, William n'est pas quelqu'un de fréquentable et il n'est pas toujours agréable d'être son ennemi, comme pouvait en témoigner sa consœur. Pourtant, à son grand dam, il n'est pas quelqu'un de méchant, ce qui le mettait dans des situations toujours très compliquées et dangereuses. Comme par exemple, relâcher une femme aussi mortelle que lui, après l'avoir séquestré pendant plusieurs jours. Voilà qui n'était pas très malin, mais pour la première, et sans doute la dernière fois de sa vie, cela lui avait été profitable. Au lieu d'avoir un cadavre encombrant dont il fallait se débarrasser, il avait sur les genoux un corps bien vivant dont les ondulations éveillaient son appétit.

       William s'amusait de l'état de la coiffure de la jeune fille. Un petit sourire étira légèrement la commissure de ses lèvres, seul signe qu'il l'avait remarqué. Il souriait de ce léger changement qui faisait d'autant plus ressembler Amy à une femme disons... normal. Aucun doute qu'elle aurait pu être un parangon de féminité, mais William la voyait plus comme une sorte d'avatar hermétique aux faiblesses d'une humanité trop vulgaire pour elle. Un fantasme ou une idolâtrie auquel le juriste se plaisait à croire.

       Ce fut au tour du chemisier de s'effondrer au sol, poussé de son perchoir par l'impitoyable habileté du maitre. Ce dernier ne semblait pas s'arrêter là et sa main, fidèle séide de ses noirs desseins, passa dans le dos de la belle et dégrafa le soutien-gorge sans avoir besoin de s'y reprendre à deux fois. La dentelle ne fit bientôt plus obstacle au regard profane de Dolan qui le chassa bien vite pour s'abreuver de la vue des deux orbes offertes à ses caprices. Lorsque toucher avec les yeux ne suffit plus, son regard vert se posa sur les mires de la jeune fille. Une flamme de désir brulait au fond de ses prunelles et un sourire s'étala sur son visage, promesse de futures profanations qu'allait bientôt subir ce corps innocent, qu'Amy avait eu l'imprudence de lui livrer.

       Commençons donc. Tout était minutieux... au début en tout cas. Il ne fallait pas tricher. Tout d'abord, le départ était bien lancé à partir du lippe de la jeune fille. William s'y accrocha donc, profitant de l'occasion pour voler un baiser en toute impunitée. C'était un long voyage qu'il allait entreprendre et il lui fallait se rassasier le plus possible à la source fraiche avant de l'entreprendre. Il s'accrocha donc à sa bouche dans un baiser lent mais gourmand, aspirant tout ce qu'il pouvait avant de glisser doucement mais inexorablement. Leurs bouches se désolidarisèrent sous le son des soupirs désemparés. Celle de William s'arrima au menton de la jeune fille, le temps qu'il fasse les dernier préparatifs de la traversée. Pour cela, une main vient s'appuyer entre les omoplates de sa compagne. Tel le contrefort d'une cathédrale, elle devait supporter le poids de cette merveille d'architecture dont la massa fluette allait bientôt lui être confiée. Son autre main n'avait qu'une fonction de contre-maitre et ne faisait que diriger la manœuvre. Ses doigts fins posé sur le sternum de la jeune fille, elle n'attendait que les instructions pour pousser délicatement et faire pencher le buste.

       Tout était prêt. William commença donc la traversée. Sa bouche descendit de son promontoire qu'on aurait habituellement appelé menton et dégringola dans la cou de la jeune fille. Elle ralentit sa chute en laissant trainer sa lèvre qui traça un sillon humide sur la peau brulante. Enfin arrêtée, elle entreprit de s'attaquer à ce qui l'entourait. Les deux lèvres explorèrent donc le tapis de fleur sensible, le couvrant de baisers légers et frais. William commençait à avoir le tournis alors que les effluves du parfum de sa compagne lui embrumaient les sens. Il voulut donc s'aventurer plus bas mais son cou n'était évidement pas infiniment extensible. Voilà à quoi servait ses mains judicieusement disposées. Il pencha délicatement le buste qui coulissa  comme une machine particulièrement bien huilée. Aussitôt de nouveaux horizons étaient accessibles aux lèvres qui glissèrent sur le corps en mouvement, leur offrant ce qui se trouvait un plus bas sur le corps d'une perfection déroutante. Notamment, deux éminences que le juriste n'avait, pour l'instant, que regardé. Les monts ovales surmontés chacun d'une cerise rosée qui ne demandait qu'à être happé, ne semblaient pas si infranchissables. Le bouche téméraire entreprit donc l'ascension de l'une d'elle. Elle remonta sur les pentes escarpées, assurant ses prises en suçotant la peau plus malléable à cette endroit. Lorsqu'elle arriva au sommet, elle comptait bien profiter de sa victoire en s'offrant une part de ce fruit tant convoité. On lui fit alors subir milles sévices, pincé, aspiré, agacé, il n'était plus qu'un jouet dans la bouche de l'avocat. Coups de langue et caresses le faisaient durcir augmentant de plus belle les attention qu'on lui prodiguait. Soudain, l'avocat avisa que l'homologue de cette tétine soumis à tant d'attention devait l'envier voir la jalouser. Malheureusement, la nature ne l'avait pas doté de plusieurs bouche. Ainsi, en guise de consolation, il envoya sa main mouler le sein dans sa paume comme pour s'imprégner de sa forme. Puis, il prit l'orbe à pleine main, coinçant le petit de morceau de chair rose entre son annulaire et son majeur. Il fit ensuite rouler le fruit durcit et caressa tendrement le sein, tentant de le consoler d'avoir été ainsi délaissé par la douceur de ses lèvres.

Une étape était passée et l'heure était venue pour que le voyage se poursuive. A contrecœur, la bouche de William se détacha du sein et poursuivit sa lente descente du corps qui s'inclina pour lui laisser accès à un nouveau décor. Le lèvres de l'avocat glissaient cette fois sur une étendue de peau albâtre. La traversé fut longue et plus d'une fois elles bivouaquèrent sur une parcelle de peau qu'elles ne quittaient qu'après s'être imprégnés de son odeur et de sa chaleur. La bouche de l'avocat erra sans véritable but jusqu'à une oasis sur laquelle elle se jeta littéralement. L'homme assoiffé de désaltéra longuement sur le nombril de la jeune fille, insérant sa langue dans la petite cavité qui n'avait rien fait pour mériter un tel traitement. Il caressa une dernière fois l'écrin de cet îlot particulier dans un désert lisse et parfumé, puis reprit son chemin, cap vers le sud. Il ne parcourut pas beaucoup de chemin avant d'être stoppé net par une barrière de tissu. De toute façon, il ne pouvait plus incliner le corps de la jeune fille qui était presque couchée sur son bras. C'était donc la fin du périple? Cela manquait de chute pour une fin qui n'était visiblement pas à la hauteur du voyage. Sa main vint donc à la rescousse et commença à déboutonner les fixations du tailleur, mais William voyait bien que mettre à bas un tel ennemi ne serait pas une mince à faire. Même sans ses attaches, le monstre semblait toujours aussi invincible. Bloqué entre Amy et lui, il ne voudrait jamais coulisser. C'est donc avec l'énergie du désespoir qui William rassembla ses forces pour soulever suffisamment la jeune fille afin que la bête lâche enfin prise. Il tira... et le vêtement se mit enfin à glisser, découvrant d'abord les hanches de miss Beckett. Encouragé par cette victoire, William réussit à tirer suffisamment le tailleur pour que le plus intéressant soit hors de sa juridiction. Malgré ce contretemps et le suspens presque insoutenable qui en découlait, le voyage put reprendre son court.

       Sa bouche s'aventura sur le pubis de la jeune fille mais peina à avancer, car la souplesse de William avait ses limites. Qu'à cela ne tienne, il mit ses deux bras dans le dos de la jeune fille à demi allongée et la souleva pour la poser sur le sofa et ainsi en délester ses genoux. Il put donc s'agenouiller sur les coussins et reprendre son office sans être gêné par de basse préoccupations techniques. Il attrapa le haut de la culotte de son aimante avec ses dents et la fit glisser vers le bas, s'aidant de ses mains pour que le sous-vêtement ne lui résiste pas. Enfin fut mit à jour quelque chose qui semblait être une bonne conclusion à se long périple. « L'audacieux aventurier découvrit enfin le trésor tant convoité et fêta avec ses complices la fin de leur odyssée ». Ça sonnait bien et ça avait un arrière-gout de vérité – pour ceux qui ont de l'imagination bien entendu -.

       William profita donc de son « trésor » et invita ses « complices » à la curée. Ses mains caressèrent délicatement l'entrejambe de la jeune fille, s'attardant tout d'abord sur la peau si fine et sensible qui constituait l'intérieur des cuisses. Elles ne frôlaient qu'accidentellement les lèvres implorantes de l'intimité qui semblait attendre son tour. Puis, l'heure des fausses négligences passa et la main de William s'aventura sur la fleur sensible dont les pétales s'ouvraient sous ses doigts. Elle caressa d'abord ses derniers avec une certaine fascination, puis elle accéléra, se servant du nectar qui commençait à filtré de la fleur pour glisser sur ses reliefs. Tandis qu'elle explorait l'intimité, un détail attira son attention. Le petit bouton qui sertissait le haut de la fleur devint l'objet de toutes les curiosités. Les doigts de l'avocat se mirent alors à patiner dessus, attaquant le bouton inoffensif avec une agressivité cruelle et inqualifiable. Puis comme pour le guérir William le prit finalement en bouche, administrant ses coups de langues curatifs sur le petit morceau de chair lésé. Les doigts de Dolan à demi frustrées de ne plus avoir accès à leur souffre-douleur décidèrent de s'attaquer à d'autres innocents. Sans crier gare, un doigt se fraya un chemin entre les parois humides et brulantes. Il en sortit aussitôt, comme effrayé que cette caverne mouvante s'effondre sur lui. Puis, il retenta l'expérience avec plus d'ardeur cette fois, laissant l'intimité se refermer autour de lui, épousant jusqu'au moindre détail ses formes rugueuses. Un autre doigt vint également s'enfoncer dans le puits brulant, avant-poste d'un enfer dans lequel on se damnerait volontiers.
       Tandis que William lapait consciencieusement le bouton de plaisir, il faisait délicatement coulisser ses doigts à l'intérieur d'Amy, appréciant ce contact qui l'excitait autant qu'elle. Il allait d'ailleurs bientôt la libérer cette excitation, car la première partie s'achevait...

       Oh! Nous avons oublié de mettre un titre à ce fabuleux voyage qui ne semble pas être considéré comme une nécessité par certains membres de la gente masculine, mais qui reste pourtant une épopée fantastique. Voyons... Un nom... Préliminaires?
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le lundi 25 octobre 2010, 17:48:47

Une femme normale ? Amy ne pouvait s'y résoudre. Même si elle était forcée d'avouer que toutes ces choses qu'elle ressentait en cet instant même était purement ... humain. Tssk, si elle n'était pas avec lui, elle aurait pu s'échapper vaillamment, refusant de se perdre comme les autres. Elle avait appris à se satisfaire de quelques plaisirs innocents et contrôlés, et avec le temps, elle n'y avait plus prêté tellement d'attentions. Mais là, sous les assauts de son confrère, elle sentait remonter en elle cette envie, ce plaisir qu'elle avait toujours contenu.
Une explosion, dirons-nous.

Ainsi, la jeune femme s'était laissée aller, ne souhaitant plus que sa présence à lui, contre elle, pour elle, ignorant même les alentours. Elle avait sentie sa respiration, petit à petit, enflammer son palais et ses poumons. Elle avait l'impression, même, que son coeur allait bondir hors de sa poitrine, tellement il battait vite. Il battait de désir, mais d'appréhension. Depuis combien de temps ce genre de choses ne s'étaient pas produites ? Son corps en était engourdis, et ce réveil brutal mais délicieux la ramenait à la vie.
Vie insufflée par les caresses délicates de l'avocat sur sa peau. Elle se sentait comme un brasier, et quand elle sentit sa bouche glisser contre sa poitrine, elle avait crue mourir de plaisir. Elle sentait s'hérisser ses cheveux, son épiderme entière, et sa poitrine se soulevait de manière saccadée et quelque peu violente, comme si une partie refoulée d'elle voulait s'extraire de son corps.  Elle se sentait une autre. Cette minutie, ces mains contre elle, glissant légérement, éveillait son corps doucement, tandis qu'elle cherchait à toucher Dolan, à l'effleurer de ses doigts, à conserver un contact, comme pour l'empêcher d'aller plus loin, de peur d'exploser.

Evidemment, s'il y avait bien une personne qu'elle ne pouvait contrôler, c'était bien lui. Elle serra les poings, violemment, impuissante, partagée entre ses envies de femme et son caractére d'incontrôlable. Mais elle ne pouvait rien faire, et cela lui sauta au yeux au moment où elle sentit sa bouche arriver à un point crucial de son anatomie. En un instant, elle eut l'impression que son coeur, dégringolant, venait battre dans son bas-ventre, animant tout son corps. Elle respira de plus en plus fort, soupirant, tandis que sa poitrine se relevait au rythme d'une respiration irrégulière et incontrôlée.
Le plaisir arrivait, fulgurant, et l'envie remontait en elle d'un grand coup. Irraisonnée, elle accueillit ces pulsions avec un long soupir, et enserra dans ses poings le tissu du sofa. Elle se fit un peu mal, mais cette douleur ne fut pas mortelle. Forcée de reconnaître les désirs de son anatomie et de son esprit, elle se reprit à vouloir le serrer contre elle, à vouloir prendre sa main dans la sienne, de manière symbolique tout du moins. Elle rejetta son visage en arrière, les joues rougies par cette action, tandis que ses cuisses s'échauffaient violemment et ouvertement, et que ses soupirs devenaient plus appuyés.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le mercredi 27 octobre 2010, 12:34:07
       William en avait fini ici. Sa bouche se sépara du chaudron bouillant et revint vers des contrées plus civilisées. Il posa ses lèvres fraiches sur la joue rouge d'Amy. Un geste tendre qui se séparait de toute forme de luxure. C'était sans doute nécessaire pour ce qui allait suivre. L'avocat se mit alors à caresser une des merveilleuse jambe de son amante, comme un menuisier qui contemple son ouvrage. Il finit de retirer au passage le tailleur et la culotte qu'il fit glisser jusqu'au bout de ses pieds et qui vint vite rejoindre les autres gardiens de pudeur vaincus.

       William ne put s'empêcher de sourire en voyant ce corps nue. Quoique pas tout à fait... L'homme s'apprêta à lui enlever également la jarretelle, mais ses mouvements se figèrent lorsqu'il sentit la silhouette caractéristique d'un couteau à travers la dentelle. Ce petit détail lui rappela qu'elle avait été son ennemie et qu'elle restait une femme très dangereuse. Il décida donc de lui laisser ce sous-vêtement qui ne dérangeait pas finalement. Dolan revint ensuite lui couler un nouveau baiser, étape indispensable - il semblerait - avant d'entreprendre le moindre projet. Une fois que le ravitaillement fut fait, il se fraya un chemin jusqu'à son oreille.

       -L'endroit n'est pas convenable pour une juriste de votre statut mademoiselle Beckett, susurra-t-il en passant ses mains sur son fessier.

       D'une poussée vive il la souleva du sofa et la hissa contre lui. Décidément, porter la jeune fille n'était pas pour lui déplaire, mais cette fois il l'emmena dans la chambre à coucher. L'environnement était toujours noir et blanc, même si dans la pénombre on ne pouvait qu'apercevoir le grand futon posé à même le sol d'un blanc crème. C'est là que William posa sa précieuse avocate. Avec précipitation, et surement pas avec la même cérémonie qu'il avait déshabillé Amy, il ôta ses propres vêtements qui voltigèrent dans un coin de la pièce. Puis, Il rejoignit sa compagne sur le matelas.

       Il avait terriblement envie d'elle. Cette femme était parfaite. Sans doute pas selon les critères du commun des mortelles, mais elle correspondait parfaitement aux siens. C'était énervant mais il fallait se rendre à l'évidence. Jamais il ne trouvera une autre femme qui lui ressemble autant qu'elle. Bien sûr, leurs différences étaient évidentes mais leurs points communs l'étaient tout autant.

       William se colla contre le corps chaud de sa belle. Il sentait chaque parcelles de peau. Jusqu'à ses seins sur son torse et ses jambes frôlant les siennes. Mais maintenant, il était temps de consommer. L'homme darda sur la jeune fille un regard vert, tandis qu'il se guidait lentement vers l'entrée d'une caverne déjà visitée. Il poussa doucement, lui laissant le temps de s'ouvrir pour un visiteur plus volumineux que quelques doigts, et continua sa lente progression. William se sentait aspiré et comprimé dans l'antre qui pulsait en parfaite résonance avec son appendice. Sans la quitter des yeux, il s'enfonça jusqu'à la garde puis cessa de bouger pendant quelques secondes, profitant de cette communion symbolique et physique entre deux êtres. Puis, tout doucement, il se mit à bouger, entreprenant un geste cyclique dont la période allait s'accélérer en même temps que l'excitation des deux protagonistes.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le mercredi 27 octobre 2010, 13:42:52


La jeune femme ne fut pas étonnée de voir qu'il n'avait pas retiré ni la jaretelle, ni l'arme. Cet objet offrait à la scéne quelque chose d'atypique, mais pas de déplaisant. Peut-être même que cet objet pimentait leurs ébats ... Elle se laissa porter avec délicatesse, n'opposant pas de résistance à ce changement de lieu qui semblait même approprié. Elle se posa doucement sur le futon - cela lui changeait, elle qui dormait dans un grand lit occidental dont elle s'écorchait les coudes quand elle en tombait, dans son sommeil -  appuyée sur ses mêmes coudes, afin de le regarder. Ses fins yeux bleus le dévisagérent. Sa bouche resta froide, puis elle esquissa un long sourire, à la fois amusé et d'un sérieux troublant. Ses yeux pétillaient déjà, et elle se prit à imaginer son père la chercher partout, à ce moment même. Cela augmenta même son envie ; aprés tout, savoir que l'on fait une bêtise n'est-il pas le meilleur des aphrodisiaques ?
En tout cas, c'était son cas. Et c'est le coeur battant qu'elle accueillit à nouveau son "ennemi" entre ses bras, perçant ses iris verte des siennes, sentant son épiderme chaude contre la sienne, tout autant bouillante. " Deux brasiers, deux prédateurs ... " Elle eut un immense sourire, et se plaqua contre lui, plus fort, ses bras enlaçant son dos, doucement.

Puis vint l'instant, le moment où elle fut déchirée entre un plaisir non dissimulé lié à une sorte de délivrance, et entre une certaine douleur, due à plusieurs années d'abstinence, mais aussi à ce sentiment qu'était celui de la défaite. Choir devant ses sentiments et ses émotions était difficile à avaler, pour elle. Mais ce sentiment s'évapora quand elle ressentit un plaisir poitant dans son bas-ventre, et qu'elle retrouva avec le sourire. Le corps et le coeur tendu, elle pressa entre ses fins doigts la peau du dos du juriste. Elle non plus ne le quittait pas des yeux, où il pouvait tout lire d'elle. D'un geste tendre, fin et précautionneux, elle souleva une de ses jambes pour venir la coller contre celle de l'avocat, l'effleurant doucement, une de ses mains revenant se cacher dans sa nuque, le caressant du bout des doigts.
Lentement, elle remua elle-même son bassin, l'attisant avec un plaisir non dissimulé, les yeux toujours brillants. Elle eut cette sensation, ces granulés qui s'agitaient dans son coeur, ces sentiments qui montaient en elle. Agir ainsi avec un ennemi était immoral ... Cette idée lui plaisait énormément.

Elle revela doucement son visage, le dissimulant contre le cou de Dolan, ses lèvres capturant la peau de son cou, le couvrant de baisers au même rythme qu'elle donnait ses coups de bassin, augmentant les sensations. Même si savoir qu'elle avait perdue la main depuis toute ces années lui était insupportable, elle n'avait pas oubliée toutes ces sensations ... Un long soupir de plaisir s'échappa de ses lèvres, signe d'un nouveau commencement, celle de l'arrivée d'un plaisir indicible et délicieux.


- Je ne veux plus te quitter, murmura t'elle dans un souffle, d'une voix presque triste.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le jeudi 28 octobre 2010, 16:37:12
       Le plaisir était là. Le souffle chaud de William dégringolait sur la nuque d'Amy comme une avalanche de chaleur torride, puis la douce atmosphère s'évaporait, laissant la peau brulante subir la tiédeur de l'air ambiant. Et tout recommençait, dans un cycle que l'on pensait sans fin. L'avocat poursuivait ses va-et-vient les yeux clos, blotti contre l'épaule de sa consœur. Le rythme était régulier suivant docilement celui de sa respiration afin de se donner une référence temporelle dans un monde qui se libérait totalement de l'emprise du temps. Puis, le plaisir commença à le submerger. L'oreille contre le creux de son épaule, il entendait les à-coups du cœur de sa compagne, le plongeant dans une transe qui lui fit peu à peu perdre le sens des réalités. Ses mouvement devinrent anarchiques et désordonnés, un peu moins académiques. Ils fluctuaient entre des phases d'accélération intenses où le plaisir était le seul juge de ses actions, puis des moments de relaxations où la bouche avide de Dolan partait en quête de perles de sueur qui se seraient retrouvées sur la peau de son amante.

       La question de sa compagne le fit légèrement émergé de son monde. Les mots... c'était comme s'ils lui étaient étrangers. La respiration saccadée, il parvint tout de même à lui répondre.

       -Ainsi soit-il...

       Ces mots lui paraissaient faibles et sans consistances dans sa bouche. Pourquoi? Parce qu'il lui a déjà menti et trompé? De la crédibilité, il n'en a pas beaucoup, mais que pouvait-il bien faire d'autre... Dans un acte désespéré, il partit en quête des lèvres de la jeune fille. Il la gratifia d'un baiser, mais il ce n'était pas une gourmandise ou un geste de tendresse. Il était dévorant, dominant. C'était une possession, appuyé par sa main qui vint s'emmêler dans la chevelure de la jeune fille, plaquant encore un peu plus ses lèvres contre les siennes. Oh que non, il n'allait pas la quitter, car elle lui appartient, tout comme il lui appartient. Par se baiser il la rassurait et par se baiser il la dominait...

       L'étreinte redoubla de vigueur. William puisait dans ses forces pour accélérer le rythme déjà soutenu. Un linceul de fatigue commença à enserrer ses muscles, mais l'excitation et le désir l'incitait à faire fi de ses basses préoccupations matérielles. Après le baiser qu'il venait de lui donner, William était envahi d'une vigueur primaire et animale. Mais ce n'était pas assez. Sa possession manquait de dépendance. Il la voulait sienne, toute entière et juste pour lui.

       Les mains de William quittèrent les différents postes où ils étaient stationnés pour une mission plus importantes. Le rythme que William donnait ralentit drastiquement alors qu'un changement allait avoir lieu. Ses bras passèrent sous les jambes de la jeune fille, les redressant alors que ses membres venaient naturellement s'emboiter dans le creux de ses genoux. Ses main virent ensuite se poser sur ses fesses et avec un effort il la redressa toute entière. A genoux sur le lit, il portait entièrement Amy qui venait s'empaler sur lui. Il la soulevait, puis la gravité faisait son office la laissant s'enfoncer d'elle-même sur son sexe dressé. Comme elle était légèrement surélevée, William n'eut aucun remord à lui dévorer la poitrine qui passait sous son nez à chaque va-et-vient.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le jeudi 28 octobre 2010, 17:12:36


Le coeur battant, dominant son organisme en y injectant de longs soupçons de plaisirs ininterrompus, elle n'entendait qu'à moitiée sa réponse, mais en devina le sens sans problémes. Et puis, quels impacts pouvaient avoir ces mots ? Il n'y avait plus là qu'une sorte d'instinct animal ; les deux âmes étaient reliées, pas besoin de savoir ni de comprendre, tout était là. Ce n'était qu'un immense ressenti anarchique. Car, ce qu'elle ressentit le plus à cet instant, violent et immodéré, fut le frisson qui se propagea dans tout son être quand elle sentit ses lèvres contre les siennes, désirantes et appuyées. Amy ne pouvait se résoudre à abandonner ses lèvres, qui étaient devenues, pour elle, une des drogues les plus éprouvantes.
Mais elle ne pouvait plus parler, ni même exprimer ses ressentis, tant sa fonction humaine avait disparue. Les seules choses que sa voix exprimaient étaient des soupirs, des gémissements qui, bien que timides, n'étaient pas muets.

Elle était tout à fait dépendante de lui, à présent. Un pacte violent venait d'être signé, faisant taire à jamais ses idées de meurtre ou de haine. Ce qui lui arriva par la suite fut d'autant plus troublant qu'elle abandonna toute idée de révolte. L'avocat l'avait brusquement hissée, tandis qu'un long, trés long frisson avait agitée le creux de ses reins jusque sa nuque avec fracas, lui arrachant un cri de plaisir qu'elle ne se connaissait pas capable de pousser. Un autre ravagea son esprit, quand elle sentit la bouche de William étreindre sa poitrine, sans timidité ni carcan. De toute façon, il était clair que l'humain était terrassé.
Elle voulut, dans un premier temps, tenter de se raccrocher à lui, sa main caressant avec vigueur les cheveux de son amant, mais elle ne put s'y résoudre, et finalement se retrouva, à nouveau, la tête rejettée en arrière, le souffle court, le plaisir violent et fulgurant martelant son être tout entier. L'une de ses mains attrapa, avec effort, une des mains de l'avocat, l'enserrant de plus en plus fort, au fur et à mesure que le plaisir montait en elle, et devenait plus irraisonné. Elle sentait chaque parcelle de sa peau prête à se tendre, violente, submergée par un plaisir dont le nom lui semblait effacé.

Elle aurait voulue dire quelque chose, mais ne put rien prononcer, sa respiration brûlant sa gorge. Sa main libre chercha comme support la nuque de William, ou plus précisement sa clavicule, l'attrapant entre ses doigts fins. Puis ses gémissements devinrent plus forts, plus violents, sentant son organisme s'embraser sans aucune limite, désirante et désirable. Il était ancré en elle, désormais ...
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le samedi 30 octobre 2010, 14:03:32
       William se nourrissait des doux gémissements qui parvenaient à ses oreilles. Ils étaient autant une source d'excitation que d'encouragement. Comme guidé par cette voix veloutée, il tenta de s'approcher de la source. Il arriva à sa gorge totalement mise à nue pour lui. Ses lippes pincèrent la peau fine, modifiant avec subtilité les harmoniques des vibrations qui filtraient à travers. Ce cou était aussi un enchantement pour son nez. Il ne pouvait plus se passer de son parfum dont les effluves le rendaient euphorique, tel l'opium des rêveurs voulant oublier leur spleen.

       La fatigue qui pointait, commençait à devenir de plus en plus difficile à ignorer. Même si la jeune fille était aussi légère qu'une plume, la faire osciller sur lui à cette vitesse était plutôt éreintant. Dans un dernier râle, il se laissa retomber, entrainant Amy avec lui. Ainsi, le couple se retrouva de nouveau dans leur position originelle, William au-dessus menant l'orchestre. Même un peu essoufflé, il n'avait rien perdu de son ardeur. Sa main glissa sur tout le corps de la jeune fille pour finalement s'arrimer à sa cuisse qu'il releva légèrement. La chaleur commençait à le submerger et ce n'était pas dû à l'effort.

       L'incendie était en train de gagner du terrain. C'était un combat perdu d'avance entre la raison qui n'était plus qu'un mirage vacillant et le déchainement de la passion. Elle semblait bruler son corps de l'intérieur, mais sans douleur. Il n'y avait que cette chaleur torride et cette sensation étrange, comme de l'électricité liquide qui s'accumulait dans son bas-ventre. Cette dernière tentait se décharger dans son corps en envoyant sporadiquement des décharges de plaisir qui venait électriser les membres de l'homme, mais ces tentatives étaient vaine, car l'accumulation continuait, inexorablement. Et à force, elle allait exploser. William le savait, c'était le point final de la luxure, une explosion d'extase indescriptible, l'œuvre la plus essentielle et la plus abouti de la nature.

       Ça y est. La pression commençait à être trop forte et la jarre qui contenait son orgasme était fissuré. La réaction en chaine suivit sans surprise, partant, de son bas-ventre elle embrasait tout ce qu'elle rencontrait. Onde de choc impossible à arrêter qui transperçait toute les fibres de son corps, les laissant ensuite électrisés  par la sublime déflagration. Sa semence s'échappait de son corps par spasmes à l'intensité décroissante. Un frisson le parcouru et William s'affaissa sur le corps de sa belle. Il chercha sa bouche et s'abreuva une nouvelle fois à sa source. Le calme après la tempête...
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le samedi 30 octobre 2010, 14:29:26


Niché l'un contre l'autre, la jeune femme rassembla ses souvenirs ... Elle avait sentie sa peau et tout son corps se tendre avant qu'il ne la repose sur le futon, annonçant un roulement de coeur irrépressible ; en un instant, elle avait eue l'impression de n'être qu'une vague de plaisir. Et cela était arrivé, sans expliquer réellement pourquoi, exactement en même temps que lui : le corps tendu, le plaisir organisme accumulé , qui coule et qui s'agite, sans s'arrêter, prenant possession de chaque corps et de chaque esprit. Un orgasme qu'elle attendait, mais qui la surprit par son intensité. Elle n'avait même pas le souvenir d'avoir ressentie cela un jour ...
Elle releva doucement ses bras ballants, venant plaquer ses mains douces, qui se rafraichissaient lentement, au contact de la peau de l'avocat, le sourire sur les lèvres. Elle ne pouvait s'en empêcher ... Ses joues étaient rouges, ses yeux brillants, son coeur battant. Comme lors d'une "première fois" ... La comparaison la fit sourire davantage, tandis qu'elle jetait un regard long vers l'homme calé contre elle.

Elle le trouvait presque rassurant, maintenant. Pour rien au monde, elle n'aurait quitté ses bras. La nuit était encore bien présente, autour d'eux, mais la peur de l'obscurité avait disparue ... Du moins tant qu'elle le sentait prés d'elle. Elle se mordit vivement la lèvre inférieure, chassant cette idée de son esprit. L'une de ses mains vint caresser la joue de l'avocat, se nichant dans son cou avec délice.
Elle avait une légére impression de surréalisme, comme si elle rêvait littéralement. Comme si elle allait se réveiller ... Elle se sentait, étrangement, apaisée. Dans cette position, elle ferma les yeux, capturant la présence de William de toutes les manières possibles, se sentant en confiance totale. Elle se remmémora les phrases qu'elle lui avait adressé à la sortie du tribunal, se sentant bien obligée d'admettre une chose ...


- Je n'en reviens pas ...

Cette phrase, chuchotée avec un sourire et avec le ton d'une femme ravie, pour elle en premier lieu, pour lui aussi sans doute, n'était pas une conclusion, ni une morale. Sa main caressa doucement la bouche de William, tandis qu'elle restait tout contre lui, les yeux fermés, tombant doucement dans une once de sommeil.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le samedi 06 novembre 2010, 19:14:14
       William réfléchissait à la suite des évènements. Dans ses bras, une femme adorable qui glissait lentement vers le pays des songes. Lui faire du mal n'était plus dans ses projets. Le temps où elle était son ennemi était définitivement révolu et leur relation professionnelle s'était achevée à la fin du procès. Il n'y avait plus qu'un homme et une femme avec des envies, et non des objectifs.
       Ceci posée, il s'agissait maintenant d'un problème de confiance. Dolan n'aurait jamais pardonné s'il avait été à la place d'Amy (D'ailleurs, elle n'avait jamais dit qu'elle lui avait pardonné). Au contraire, il aurait tout fait pour détruire la personne qui avait réussi à le piéger, ne serait-ce que par fierté. Comme William ne comprenait ce qui lui est étranger, il avait d'autant plus de mal à assimiler le comportement d'Amy. Il voulait y croire... vraiment, mais sa nature l'en empêchait.

       En vérité, il aurait dû la tuer. Dans son sommeil, c'est lâche mais efficace, et donc comme cette première valeur n'a aucun poids devant la deuxième, c'était ce qu'il fallait faire. Cependant, William ne prit même pas la peine de commencer à échafauder un plan car il savait très bien qu'il serait incapable de faire une telle chose. Tête brulée jusqu'au bout, non seulement il n'allait pas la tuer, mais il allait faire un bout de chemin avec elle. Oui, quitte à être fou, autant en retirer ce qu'il y’en a de plaisant. Dolan s'endormit donc sur cette pensée.

* * *

       William se réveilla avec la quiétude de l'ignorant. Vous savez cette période de quelques dixièmes de secondes qui précède le réveil. Ce moment où on ne se rappelle de rien, où on a oublié nos problèmes, nos déceptions ou/et nos chagrins. Bien sûr, cette période est une malédiction puisque l'affliction est d'autant plus vive lorsqu'on se remémore des choses désagréables. Cependant, ce ne fut pas le cas de Dolan qui n'était pas triste mais anxieux par rapport à sa décision de la veille. Pourtant, les bras chauds qui l'entouraient avaient le don de l'apaiser. Il les écarta tout doucement pour ne pas réveiller sa belle et s'extraya du lit.

       Il enfila rapidement un caleçon et sortit de la chambre en refermant la porte coulissante derrière lui. Quelques minutes plus tard, il revenait avec deux tasses fumantes. William en déposa une sur la table de chevet près d’Amy et posa la sienne de son côté. Il entreprit ensuite de réveiller sa belle en effleurant gentiment ses lèvres.

       -Bonjour mademoiselle Beckett, souffla-t-il dans son oreille.

       Il lui administra un autre baiser pour finir de la réveiller et lui fit ensuite parvenir sa tasse de thé.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le dimanche 14 novembre 2010, 17:52:06


Au moment de son réveil, elle ne sut plus où elle était. Vous savez, ce genre de moments où vous pensez être dans un lieu que vous connaissez, mais que cela n'est pas le cas. En se tournant, le lit vide un moment, elle rechercha un de ses habituels coussins brodés, qu'elle connaissait par coeur. Elle n'osa pas ouvrir les paupières, inquiéte pendant un dixiéme de secondes, puis afficha un sourire mutin en se souvenant de tout.
Où elle était, pourquoi, comment ... Son coeur s'échauffa un moment, tandis qu'elle savourait les draps avec un plaisir non contenu.
Quand il arriva, et qu'il déposa un de ces tendres et rares baisers, elle ouvrit doucement les yeux, légérements embués par ce petit sommeil. Quand elle l'aperçut, elle sentit, à nouveau, poindre en elle ce plaisir si doux, si passionnel à la fois, qui lui donnait l'impression qu'elle avait des granulés qui roulaient dans son coeur.


- Bonjour, récita t'elle, en français, avec un sourire.

De ses doigts fins, elle attrapa entre ses doigts la tasse de thé, sentant son organisme se réveiller petit à petit. Elle se redressa, le drap calé contre sa poitrine, comme unique signe d'une pudeur qu'elle conservait - son éducation, sans doute, et leva les yeux vers lui. Sans rien dire, sans même oser un seul mot, malgré que, dans son esprit, s'accumulaient des phrases, des gestes. Elle sentait une sorte de blocage dans son corps. A quoi était-ce dû ? Le craignait-elle encore ? Non, elle le sentait, elle n'avait pas peur de lui. Une timidité quelconque ? Son corps encore engourdi ? Elle ouvrit la bouche, à plusieurs reprises, mais la referma aussitôt, ne sachant même pas quoi dire, ses yeux ne se fixant nul part.
Elle dut, à contre-coeur, admettre qu'elle n'avait pas l'habitude de ce genre de situations. Ce qui l'attrista quelque peu. Elle passa sa main dans ses cheveux.


- Je crois que tu as réussit à ...

Elle le regarda dans les yeux, faisant la moue.

- M'étonner ... M'intimider, même ...

Ellle accompagna cette phrase d'un sourire timide. Cela n'était pas, franchement, une remarque méchante ou blessante. C'était les seuls mots qu'elle pouvait exprimer.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: William Dolan le mercredi 08 décembre 2010, 09:41:54
       William observa Amy se réveiller comme une fleur qui éclot et déploie ses pétales dans toutes les directions. Il avait pensé que ce qu’ils avaient partagé changerait quelque chose à son… appréhension, mais ce n’était pas le cas. Plus il la voyait resplendir, désirable, plus il culpabilisait de l’avoir un jour fait souffrir. C’était peu probable que ce sentiment passe un jour.

       La jeune fille la salua accompagné d’un sourire à son attention. Du français. C’était une jolie langue, dont il ne comprenait pas un traitre mot à part celui qu’elle venait dire, mais il la trouvait un peu trop difficile à maitriser. A croire qu’on l’avait inventé pour que seul ceux qui sont nés avec, puissent déployer son potentiel.
       William fit écho à son sourire et ne put s’empêcher de glisser un bras derrière elle, l’enlaçant tendrement, histoire de garder un contact permanent sans lequel il semblait ne pas pouvoir survivre pendant plus de cinq minutes. Il prit ensuite une gorgée de son thé brulant et la déposa sur la table à côté de lui. Décidant de bien prendre la remarque qu’elle venait de faire, il lui décocha un sourire qui se voulait rassurant, puis approcha son visage à quelques centimètres du sien.

       -T’intimider ? Gronda-t-il. J’espère avoir fait bien plus.

       Vorace, il attrapa la lippe de la jeune fille entre ses lèvres et la mordilla tout doucement avant de se retirer, tirant un peu dessus avant de la relâcher. Un regard émeraude et sauvage, rivé sur elle. Dolan était intimidant ? He bien, il y avait de quoi, car l’avocat n’avait rien d’inoffensif ou d’innocent. L’intimidation était un moindre un mal, voir même un minimum.
       Le regard de l’avocat se réchauffa, perdant de sa « dangerosité » et il reprit son sérieux, car finalement ce n’était qu’une blague, même si l’humour de l’avocat était on ne peut plus approximatif.

       -Tu pars toujours pour l’Europe ? Demanda-t-il, passant du coq à l’âne. Je t’avoue que je m’habituerais volontiers à ta présence.

       Était-ce une invitation ? Une sorte de proposition déguisée derrière une pudeur et une maitrise très précise des mots ? C’était à Amy de juger.
Titre: Re : Une affaire bien compliquée ( pv )
Posté par: Amy Beckett le samedi 11 décembre 2010, 14:27:44


Elle l'appréciait réellement. Elle ne pouvait pas s'en dissimuler, ni se le cacher : il avait sur elle une certaine emprise qu'elle ne souhaitait pas refouler. Pas maintenant, en tout cas. Elle était trop bien, à cet instant précis, pour que sa fierté ne reprenne le dessus, lui ordonnant d'admettre que William était un monstre qui l'avait torturé.
Non. Cela s'inscrivait dans sa mémoire, mais les sentiments apposés sur cet instant n'étaient plus reliées à la haine. C'était tout autre.

Elle soupira, se calant contre lui, en songeant à ce qu'il venait de dire. Rester ? Partir ? Elle ne savait que répondre. Céder à des pulsions féminines et instables, ou admirer un paysage fabuleux, savourer la beautée, et rien d'autre. Calme ou passion. Mais, dans les deux cas, une découverte fabuleuse était à la clé ... Même si elle n'était pas du même gabarit.
Son portable sonna, elle l'entendit, mais n'y prêta pas attention. Elle regardait dans le vide, réfléchissant juste, un peu. Puis elle releva les yeux sur lui.


- Pars avec moi.

Elle eut un sourire mutin, se moquant d'elle même.

- Ou enferme-moi chez toi.

Elle se serra davantage contre lui.