Le Grand Jeu

Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Discussion démarrée par: William Dolan le dimanche 14 février 2010, 22:40:25

Titre: Une pause s'impose (Terminé)
Posté par: William Dolan le dimanche 14 février 2010, 22:40:25
   Il est 12h47, nous sommes le 12 janvier. L’activité du cabinet Dolan avait baissé. Il était l’heure de manger et les employés s’étaient égayés dans la ville à la recherche d’un encas bien mérité. Mais pas pour William dont les responsabilités le tenaient éloigné des préoccupations telles que la faim.
   Cent milles idées tourbillonnaient dans la tête de maitre Dolan. Beaucoup de décisions à prendre, de problèmes qu’il devait résoudre. Le stress était monnaie courante pour lui et il savait le gérer. Cependant, ça faisait un certain moment qu’il passait ses nerfs sur son jardin zen, touillant le sable avec son râteau en bois et positionnant les galets de manière esthétique. C’était un cadeau de ses employés pour son anniversaire ; une attention amusante et touchante qui lui avait fait très plaisir. Comme quoi même dans des sociétés qui visaient le profit en faisant fi de la morale, on pouvait passer des moments simples et agréables.

   Non, décidemment il n’arrivait pas à se concentrer. Prendre un peu l’air lui ferait le plus grand bien. Une pause s’impose. William prit sa veste et se prépara à quitter son bureau. Il jeta un regard hésitant à son attaché-case et décida finalement de prendre une « vrai » pause. Il sortit donc de son bureau en y enfermant ses soucis et ses obligations.
Après, une longue descente en ascenseur, William sortit de l’immeuble sans prêter attention à la plaque d’or gravé où on pouvait lire « Cabinet Dolan. Droit Pénal. ». Une berline l’attendait garé juste devant l’entrée. Le chauffeur vit William arriver et lui ouvrit la portière avec un sourire sincère.

- Bonjour monsieur Dolan, où désirez-vous aller ? demanda-t-il.

- Bonjour Ideki. J’aimerais profiter de votre sagesse pour me trouver un bon restaurant, répondit William en entrant dans la voiture.

   Le chauffeur fit un hochement de tête et se mit au volant de l’engin. Celui-ci s’inséra dans la circulation et progressa lentement dans le centre ville. A travers les vitres de la berline, William regardait les rues défiler, les visages anonymes qui passaient et qu’il oubliait quelques secondes plus tard. Au bout, d’un quart d’heure la voiture s’immobilisa devant un petit restaurant que Dolan connaissait vaguement. Il n’y avait jamais été mais le changement lui ferait du bien.

   - Vous y êtes monsieur.

   - Merci Ideki, ne m’attendez pas. Allez manger vous aussi.

   Maitre Dolan était un bon patron. Il savait être généreux avec ses employés alors qu’avec le salaire dont ils bénéficient, il pourrait très bien les traiter comme des moins que rien, qu’ils ne s’en plaindraient pas pour autant. Cependant, il ne cherchait pas leur amitié. Il aurait très bien pu inviter Ideki à manger avec lui mais il y avait des limites à ne pas franchir. Toute la subtilité était là ; entretenir de bonne relation avec ses employés sans pour autant leur faire oublier qui commande. C’est essentiel.
   William poussa la porte de l’établissement et observa le restaurant. Ideki avait très bien choisi. Il régnait une ambiance calme. Les lampes, avec des abas jours bordeaux, éclairaient les lieux d’une douce lumière tamisée. Les tables étaient séparées par des cloisons d’un mètre de hauteur qui assuraient l’intimité des clients. Cet endroit était tout à fait charmant.
   Une serveuse qui avait vu William entrer vint à sa rencontre et le conduisit à une table. Lorsqu’il fut débarrassé de l’inconfort de sa veste, l’avocat s’installa sur le siège rembourré et parcourut le menu des yeux. Il avait des envies de fruits de mer. Les douceurs Marine le détendrait surement.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le dimanche 14 février 2010, 23:27:27
Marine avait passé sa matinée à la bibliothèque. Son endroit favori, celui où elle trouvait le silence et le plaisir du savoir. Elle y était arrivée très tôt, dès l’ouverture, à huit heures. Si elle s’était ouverte avant, Marine s‘y serait précipité. Mais elle se contentait de suivre les horaires affichés à l’entrée de la bibliothèque.

La guerre des Gaules de César et Les Histoires d’Hérodote avaient été ses lectures de la matinée. Elle aimait beaucoup les auteurs antiques. Lorsqu’elle leva la tête de son ouvrage, ses yeux tombèrent sur l’horloge accrochée juste en face d’elle. 12h58. Elle ne pensait pas qu’il était aussi tard. Elle aurait bien sauté son repas pour continuer sa lecture mais elle avait déjà sauté son petit-déjeuner. De plus, son repas d’hier soir ne s’était composé que d’un simple sandwich. Son estomac d’ailleurs se fit alors une joie de se rappeler à elle. Un gargouillis se fit entendre. Bon, plus le choix. Elle allait devoir se restaurer. Elle referma son livre, le rangea dans les étagères et sortie de la bibliothèque.


Le soleil brillait, elle fut éblouie. Elle mit sa main au-dessus de ses yeux comme une visière pour se protéger. Elle ne savait pas où aller manger. La jeune femme décida de se rendre au centre-ville. Elle y trouverait bien un endroit où déjeuner. Elle marcha un moment au travers des rues mais finit par tomber devant l’enseigne d’un petit restaurant sans prétention. Elle regarda la carte. Elle lui plaisait et les prix aussi. Elle entra dans le petit restaurant. Elle apprécia l’ombre et la fraicheur du restaurant. Sa tenue lui tenait chaud aussi, mais pour rien au monde, elle ne se serait habillée autrement. Sa jupe longue noire en satin qui arrivait au sol et recouvrait ses bottines, son chemisier blanc à manches longues et évasées et son corset noir en dentelle brodé. Une tenue et un style qu’elle affectionnait. Aujourd’hui, pour souffrir un peu moins de la chaleur, elle avait attaché ses cheveux châtains-roux avec un ruban noir.

Une serveuse vint à sa rencontre.

« Bonjour, madame. Une table pour une personne ? »

Marine acquiesça. Comme toujours son visage n’exprimait rien. Elle restait toujours impassible. Elle paraissait froide et indifférente. Son visage n’exprimait que très rarement ses sentiments. Un travail de longue haleine du à son entrainement passé.

Elle suivit la jeune femme et s’installa. Elle prit la carte et se demanda ce qu’elle allait prendre. A nouveau, son estomac se rappela à elle. Elle regarda la serveuse.


« Une entrecôte se sera parfait. Merci »

Elle redonna la carte à la jeune fille et regarda fixement son verre en face d’elle.

*J’aurai du amener un livre avec moi !*
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 15 février 2010, 14:57:26
Un ange passe ! Bien que le silence règne dans le restaurant, ce n’était pas au sens figuré que cette expression prenait tout son sens. Une dame venait juste d’entrer. Une œuvre de la nature qui ne souffrait d’aucuns défauts. William aimait penser que certaines femmes étaient faites par des artistes célestes. Ils créaient des nymphes puis les laissaient s’abimer sur terre. Quel gâchis… «Monsieur ?». Bien sûr, William n’y croyait pas mais c’était tellement apaisant d’y penser. Entretenir le maigre espoir que nous ne sommes pas qu’un amas de chair qui pense. Lorsqu’on regardait cette femme il était difficile de croire qu’il n’y à rien d’autre que la matière, sinon pourquoi William était tant attirer par elle. « Monsieur ? » Son attention était entièrement dirigée vers cette femme qui évoluait dans ce monde trop imparfait pour elle. L’avocat était tellement captivé par sa beauté qu’il en oubliait la serveuse qui essayait d’attirer son attention depuis plusieurs minutes. « Monsieur ? Votre commande. »
William sortit enfin de sa torpeur et tourna la tête vers la jeune fille qui le regardait bizarrement.

   -Excusez-moi, j’étais ailleurs. Je prendrais une douzaine d’huitres et un tourteau, s’il vous plait.

La serveuse hocha la tête et allait se diriger vers les cuisines lorsque William la retint.

   -Un Fronsac, fit-il

   -Je vous demande pardon, rétorqua la serveuse en lui lançant un regard inquiet.

   -un Canon-Fronsac. C’est un bordeaux. Il a ira parfaitement avec l’entrecôte de cette dame, fit-il en fixant Marine. Mettez le sur ma note je vous prie.

La serveuse fronça les sourcils et acquiesça. Elle jeta un dernier regard à cet étrange jeune homme puis se retira d’un pas pressé. William sentit quelque chose lui serrer l’estomac ; c’était le stress. Il regrettait déjà d’avoir commander cette coupe. Cette jeune fille devait se faire aborder au moins cinq fois par jour et il doutait vraiment qu’elle accepte un verre de vin venant d’un inconnu. Mais bon, alea jacta est. Et puis, ça lui ferait du bien de se faire éconduire. C’est bon pour la modestie.

Quelques minutes plus tard, la serveuse revint dans la salle avec un verre de vin posé sur un plateau. William fit semblant de ne pas la voir, se concentrant sur son menu et plus précisément sur la liste des desserts qui sur le moment, était absolument captivante. La serveuse s’arrêta près de Marine et lui décocha un sourire amusé.

   -Le monsieur près de la fenêtre souhaite vous offrir ce verre pour accompagner votre repas.

Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le lundi 15 février 2010, 16:09:51
Marine attendait son plat quand la serveuse arriva un plateau à la main et un sourire aux lèvres.

« Le monsieur près de la fenêtre souhaite vous offrir ce verre pour accompagner votre repas »

La serveuse déposa un verre de vin rouge et désigna l’homme assis près de la fenêtre avant de s’en aller. Marine pencha la tête afin d’apercevoir l’homme en question. Malheureusement, elle n’en vit pas grand-chose. Il s’était retranché derrière la carte du restaurant.

*Quel courage !*

La moindre des choses aurait au moins été qu’il la regarde. De sa tenue, la jeune femme en déduit qu’il s’agissait probablement d’un homme d’affaire. C’était bien la première fois qu’elle se faisait abordé ainsi. Il était d’ailleurs rare qu’elle se fasse aborder. La plupart du temps, son visage inexpressif suffisait à décourager la majorité des hommes. A cela il fallait ajouter le fait qu’elle ne recherchait pas vraiment les endroits où les gens se réunissent, limitant d’autant plus ce genre de comportement. Elle en était là de ses réflexions lorsque la serveuse revint avec son plat.

Marine commença à attaquer ce dernier et calma ainsi les réclamations de son estomac. Elle jeta un coup d’œil ou deux à l’homme qui lui avait commandé le verre de vin. Elle finit par l’apercevoir. Un homme élégant, beau, elle devait bien le reconnaître mais c’était le genre de chose auquel elle ne faisait pas plus que ça attention. Une fois qu’elle l’eu aperçu, elle se concentra sur son plat sans faire plus cas de William Dolan.

Lorsqu’elle eut terminée son dernier morceau de viande, elle appela la serveuse et lui demanda l’addition. C’est alors qu’elle aperçût l’homme à nouveau. Elle l’avait complètement oublié. Elle regarda le verre devant elle, toujours plein. Elle n’aimait pas le vin. Elle n’aimait pas l’alcool de manière générale. La serveuse lui tendit l’addition qu’elle régla.


« Madame, votre addition n’est pas si élevé »

« Je sais, c’est pour  le verre de vin que je n’ai pas bu »

Elle trouvait ça plus juste que se soit elle qui paye étant donné qu’elle n’y avait pas touchée.

« Vous voudrez bien remerciez ce monsieur pour son verre mais je ne bois pas d’alcool »

Elle se leva pour s’en aller. Elle allait sortir du restaurant quand elle s’arrêta. Elle regarda William Dolan et inclina simplement la tête, pour le remercier, avant de sortir. Comme toujours aucune expression sur son visage. Elle n’éprouvait pas grand-chose pour son geste. Cela ne l’avait pas dérangé mais elle n’en voyait pas bien l’utilité. Peut-être était-ce une manière de l’aborder ? C’était probablement le cas même si elle ne comprenait pas pourquoi. Elle se retourna et attrapa la poignée de la porte. Elle ne pensait plus qu’à une chose, rejoindre la bibliothèque.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 15 février 2010, 17:38:09
Echec. Un échec risible qui plus est. William Dolan, directeur du cabinet Dolan, pourriture au service du banditisme et esclavagiste à ses heures, n’arrivait même pas à aborder une jeune fille dans un restaurant. Vraiment la situation était on ne peut plus cocasse. Après tout, il l’avait bien cherché. William laissa un billet sur la note et se leva. Il passa près de la table de Marine et pris une gorgée du vin qu’elle avait laissé. Trop tiède. Il fit la moue et sortit du restaurant. Heureusement pour lui son chauffeur l’attendait, il devait avoir un sixième sens qui devait l’alerter quand Dolan était contrarié. Ca ne pouvait être que ça. En effet, s’il avait dû attendre sur le trottoir, il aurait sans doute ruminé sa défaite et son humeur se serait très vite dégradée. Mais maintenant la petite pause était finie. Maitre Dolan allait enfin revenir à des préoccupations plus raisonnables. D’un geste assuré il ouvrit lui-même la portière de la berline et s’y engouffra. Tout de même, c’était rageant. Pourquoi ce genre de femmes provoquait des réactions aussi stupides.

   -Au cabinet, fit-il d’un ton implacable.

Ideki sentit surement la tension qui émanait de son employeur car il hocha la tête sans un mot et alluma le contact. La voiture obéit aussitôt et poussa un léger rugissement avant de s’enfoncer dans la masse de la circulation. A nouveau les rues défilaient à travers la vitre. Les visages anonymes qui défilaient et qu’il… Non. Pas, si anonymes que ça.

   -Ideki ! La femme habillée en noir et blanc, sur le trottoir à droite. Vous la voyez ? demanda-t-il d’une voix éteinte.

Le chauffeur quitta la route des yeux et regarda dans la direction que lui indiquait son patron. Il vit alors une jeune femme rousse au visage fermé qui répondait plus ou moins à la description. Ideki hocha donc la tête pour signifier qu’il l’avait bien vu et jeta un regard interrogatif à William par le biais du rétroviseur.

   -Parfait. Suivez-la.

Un autre hochement de tête et le chauffeur entreprit de la suivre. Il ne posait pas de questions. On ne le paye pas pour ça. Si Monsieur Dolan veut suivre cette personne c’est qu’il a ses raisons. Mais à peine avait-il commencé la traque que la jeune fille disparut dans un bâtiment : La bibliothèque. Ideki ouvrit la bouche mais son patron le prit de court.

   -J’ai vu. Garez-vous.

La voiture s’arrêta sur le trottoir. Ce qui provoqua des coups de klaxonne d’automobilistes outrés mais William ne les entendait même pas. Il poussa la porte battante et entra dans la bibliothèque qu’il connaissait bien pour y avoir passé des heures à étudier lorsqu’il était encore à la fac. Mais la soif de savoir n’était pas ce qui l’avait poussé à entrer. Il jeta un regard circulaire dans la salle silencieuse et ses yeux vert s’arrêtèrent aussitôt sur l’objet de sa quête. Il prit une grande inspiration pour se donner du courage. Du courage il en fallait pour affronter une femme à l’expression aussi glaciale. Il se dirigea donc vers la demoiselle et l’interpella.

   -Veuillez m’excuser madame, je m’appelle William Dolan. Je suis venu pour m’excuser pour mon comportement intolérable au restaurant.

Sa voix ne flanchait pas et son expression était neutre. Il avait affronté des juristes hostiles et des juges sévères dans des tribunaux qui étaient le théâtre d’affaires de plusieurs millions de Yens, alors ce n’était pas une jeune fille fan de livres qui allait le déstabiliser… C’était du moins ce qu’il tentait de se persuader. Il marqua une pause et remit ses lunettes en place ; un tic qui le prenait lorsqu’il était mal à l’aise.

   -Je dois cependant vous avouez que ce n’est pas la seule raison qui m’a poussé ici.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le lundi 15 février 2010, 22:28:37
Marine avançait dans les rues de la ville. Ce moment de détente au restaurant lui avait fait du bien. L’image de William Dolan lui revint à l’esprit. Elle ne savait pas pourquoi. L’homme avait une certaine prestance et du charisme, ça elle l’avait remarqué. Ce qui était assez rare de nos jours. Elle effaça l’image du jeune homme de son esprit et continua son chemin.

Elle franchit à nouveau les portes de la bibliothèque et se rendit auprès des rayonnages de philosophie. Elle choisit un livre de Platon au titre au combien évocateur : Le philosophe. Elle commença à la parcourir en restant debout devant l’étagère.


« Veuillez m’excuser madame, je m’appelle William Dolan. Je suis venu pour m’excuser pour mon comportement intolérable au restaurant »

La voix de William Dolan la surprit. Elle releva la tête et se retrouva face à face avec l’homme du restaurant. Elle qui l’avait pris pour un homme peu courageux. Elle revoyait son jugement à son propos. Un simple froncement de sourcil indiquait sa surprise. Elle referma calmement son livre. Elle se demandait pourquoi il avait parcouru toute cette distance seulement pour s’excuser. Elle n’attendait pas d’excuses. Son geste ne l’avait pas offensé, juste surprise.

« Je dois cependant vous avouez que ce n’est pas la seule raison qui m’a poussé ici »

Marine fut à nouveau surprise. Elle ne voyait pas quelles raisons pouvaient le pousser à venir la voir. Elle l’observa à nouveau un peu plus en détail. Son visage semblait tout aussi inexpressif que le sien. Embêtant ! Elle se faisait toujours une joie de lire sur les visages et de décrypter les sentiments des gens. Là, ce n’était pas possible. Mais Marine ne s’en inquiétait pas pour autant.

Elle regarda l’homme dans les yeux.

« Monsieur Dolan, je vous remercie d’être venue vous excuser mais il n’y avait aucune raison. Je n’ai pas été froissée par votre geste. Surprise, tout au plus ! »

Elle fit une pause. Son ton neutre avait fait place à un ton un peu plus chaud mais rien d’extraordinaire non plus. Elle poursuivit :

« Quand à savoir quelle autre raison a pu vous poussez jusqu’ici. Je ne vois pas du tout. Visiblement – elle le regarda des pieds à la tête – vous êtes un homme d’affaire. Or je n’ai aucun lien avec ce milieu. Je ne puis donc vous êtres d’aucunes utilités. Je crains que vous ne vous soyez déplacé pour rien, monsieur Dolan »

Elle esquissa un léger sourire avant que son visage ne reprenne son habituelle froideur. Ce sourire n’avait rien d’ironique. C’était plutôt comme une excuse de la peine qu’il s’était donné à vouloir la retrouver pour rien.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 16 février 2010, 11:53:12

William détestait aborder les dames de cette façon, comme un vulgaire dragueur aux cheveux gominés. Mais il n’avait pas vraiment le choix. Il était décidé à oublier cette femme mais l’avoir recroisé dans la rue lui avait fait l’effet d’une décharge électrique. Et voilà qu’il se retrouvait à lui présenter ses excuses dans la bibliothèque. Le problème avec ce genre de rencontre c’est qu’on le voyait venir à cent mètres ; la seule raison valable d’aborder une inconnue de cette façon c’est pour la draguer. Les femmes ne sont pas idiotes, elles le savent pertinemment mais font semblant de l’ignorer. Pour un homme comme William qui maitrise son monde de A à Z c’est une situation très embarrassante. A moins qu’il n’arrive à retourner la situation et qu’il la surprenne.

   -Madame, vous me voyez ravi de ne pas vous avoir froissée mais ce n’était pas dans ce sens que je m’excusais.

   Par expérience maitre Dolan savait que la franchise était une arme redoutable. Lorsqu’on ne contrôle plus rien la franchise est une sorte de quitte ou double. Elle déstabilise l’adversaire et renverse l’issue de la conversation. Mais elle peut également braquer l’interlocuteur, ce qui est catastrophique. Il suffit de bien gérer la dose de franchise, de la mélanger avec un soupçon d’humour et saupoudrer le tout avec de bonnes manières. Bien sur, on pourrait argumenter sur le fait qu’une conversation, entre un gentleman et une femme, n’a rien d’une joute verbale mais William Dolan ne serait pas d’accord sur ce point. La guerre des mots est déclarée à chaque fois qu’on ouvre la bouche. Le but de cette guerre étant, ici, de gagner l’estime de sa partenaire, ou à défaut, son intérêt.

   -Je m’excusais pour la maladresse de ma démarche. Votre beauté m’a fait paniquer et je désespérais de trouver un moyen d’attirer votre attention.
   Il marqua une pause et lui fit un de ses rares sourires.
   -Vous conviendrez que vous aborder dans une bibliothèque n’est pas non plus, l’une de mes plus brillantes idées.

   En effet, quelques étudiants qui se croyaient cachés derrière leur pile de livres regardaient la scène. Même si la voix de Dolan était calme et profonde, on l’entendait d’un bout à l’autre du rayon philosophie. Parfait. S’il se faisait éconduire, des dizaines d’étudiants en manque de potins allaient avoir un sujet de conversation. Que Marine soit béni de ne pas avoir choisi la section du droit pour feuilleter son livre car des érudits auraient pu le reconnaître. Certains auraient payés cher pour voir l’avocat le plus puissant et le plus malhonnête de Kyoto se faire envoyer paitre par une inconnue amoureuse de culture.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 16 février 2010, 14:31:19
Les phrases de William Dolan surprirent beaucoup la jeune femme. Elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre de réponse. Le mot qui la surprit le plus fut quand il dit « belle ». Belle ? Elle mit un moment à comprendre. Elle ne s’était jamais considérée comme belle. Elle se voyait comme très ordinaire. Pas forcément laide mais commune, très commune. Son apparence ne la préoccupait guère. Elle n’avait jamais vraiment aimé son corps. Une poitrine trop imposante et de trop nombreuses cicatrices la complexaient.

Lorsque l’homme eut finit son discours et que les mots finirent par pénétrer totalement son esprit. Son visage perdit sa neutralité habituelle pour faire place à une réelle surprise. Elle fut abasourdie au point de laisser son livre tomber au sol dans un bruit sourd qui raisonna dans la bibliothèque.

Elle mit quelques minutes à se reprendre. Quand elle comprit que le livre lui avait échappé des mains, elle se baissa pour le ramasser. Cela lui donnait quelques secondes pour réfléchir à ce qu’elle allait lui répondre. Malheureusement, rien ne lui venait à l’esprit.


« Je… je ne sais pas vraiment quoi vous dire »

Elle était extrêmement gênée surtout par le fait qu’elle ne savait pas comment se comporter.

« Je ne pense pas être particulièrement intéressante, ni belle pour reprendre votre terme »

Elle lui sourit. Pour la première fois, elle lui offrit un vrai sourire.

« Je pense que vous devriez chercher quelqu’un de plus intéressant que moi. Vous êtes très bel homme et visiblement très cultivé. Vous ne devriez avoir aucun mal à trouver une jeune femme qui sera infiniment plus belle et bien plus intéressante que moi. Moi je n’ai vraiment rien de particulier »

Elle pensait ce qu’elle disait. Elle considérait ne pas méritée un tel intérêt, ni une telle sollicitude de la part de ce jeune homme.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 16 février 2010, 15:52:03
      Les propos de la jeune femme le déstabilisèrent quelque peu, mais au moins il contrôlait de nouveau la situation. Cette jeune fille se trouvait quelconque. Etrange. Il s’attendait à se faire snober, au mieux, et voilà qu’elle était surprise. La beauté est quelque chose de très relatif. Heureusement d’ailleurs sinon il serait très difficile de trouver chaussure à son pied. William l’observa une nouvelle fois comme il l’avait fait au restaurant. Aucuns doutes là-dessus ; elle était magnifique. Et s’il était le seul à le voir c’était encore mieux. Il avait découvert un trésor qu’il était apparemment seul à voir. C’était une sensation exaltante et rassurante à la fois.
      Dolan jeta un regard au livre qu’elle tenait dans les mains. Ce brave Platon, « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » une mise en garde rarement respectée par les philosophes de nos jours. Mais le fait que ce ne soit plus les mathématiciens qui fassent avancer la métaphysique n’intéressait pas plus que ça William. La seule chose qui l'intéressait dans cette matière était l’étude de l’argent. En effet, maitre Dolan avait dévoré les œuvres de G.Simmel. Bref, les gens qui s’intéressent à la philosophie n’ont rien de quelconque. Cette matière même si elle ne change pas nos vie, nous indique au moins quel chemin on a pris. C’était l’avis de W.Dolan.
      Les compliments de Marine étaient touchants mais ils ne faisaient pas mouche. William savait ce qu’il était et l’image qu’il renvoyait. Jusqu’à preuve du contraire en tout cas. A vrai dire l’avocat cherchait ce qu’il pouvait bien lui dire. Même s’il mourrait d’envie de lui démontrer qu’elle se trompait, c’était peine perdu. Les mots n’ont que peu de pouvoir pour changer la perception des gens. Les actes sont, dans ce domaine, beaucoup plus efficaces.
      Délicatement, il prit le livre que Marine serrait contre elle ; un prétexte pour toucher ses mains. Rien de plus.

      -Si vous le permettez j’aimerais vous prouvez le contraire. Malheureusement…

   Il jeta un coup d’œil au livre et lui décocha un sourire plein d’humour.

   -J’ai bien peur de ne pouvoir rivaliser avec Platon. Accepteriez-vous de le quitter pour moi une petite heure ?
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 16 février 2010, 16:30:19
Visiblement, ce qu’elle lui avait dit l’avait quelque peu déstabilisé. Marine le comprit à son attitude mais elle ne voyait pas, ce qui dans ses propos, avait pu produire cet effet. Elle n’avait fait que lui dire la vérité, rien d’autre.

William Dolan tendit les mains pour prendre le livre qu’elle tenait. Elle n’essaya pas de l’en empêcher. Leurs mains se frôlèrent à peine. Il prit le livre et regarda la couverture. Il lui sourit.


« Si vous le permettez j’aimerais vous prouvez le contraire. Malheureusement… J’ai bien peur de ne pouvoir rivaliser avec Platon. Accepteriez-vous de le quitter pour moi une petite heure ? »

Cette proposition était des plus inattendues. En temps ordinaire, elle l’aurait envoyé sur les roses. Elle ne lui aurait d’ailleurs probablement même pas adressé la parole. Elle n’aimait pas discuter avec les gens. Ils parlaient souvent pour ne rien dire. Parler de tout et de rien n’avait aucun intérêt pour elle. C’est probablement pour ça qu’elle préférait la compagnie des livres.

L’homme en face d’elle semblait être cultivé. Or cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas discuté avec quelqu’un pour échanger des idées.


Marine était partagée entre son envie de le suivre et celui de rester en sécurité auprès de ses livres. Mais elle repensa aussi au pourquoi de sa venue à Seikusu. Elle avait abandonné sa vie de combat pour mener une vie normale. Une vie à laquelle elle avait bien du mal à s’adapter. Elle restait en retrait des gens le plus souvent parce qu’elle ne savait pas vraiment se comporter avec eux et que leur conversation lui paraissait des plus futiles. Mais elle aussi devait faire des efforts.

Elle regarda William Dolan et son sourire lui paraissait engageant. Il avait fait un réel effort en venant la retrouver ici. Elle pouvait bien en faire un à son tour même si elle ne savait pas très bien à quoi s’attendre. Mais après tout, elle savait se défendre et au vu de l’homme en face d’elle, elle n’aurait aucun mal à le mettre au tapis. Elle lui sourit.


« D’accord. Je vous suis. Vous pouvez vous féliciter, monsieur Dolan, d’arriver à rivaliser avec Platon. Mais je le retrouverais tout à l’heure. Il m’attendra »

Les dés étaient jetés à présent. Marine verrait bien ce qui se passerait.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 16 février 2010, 18:14:11
          Dolan éclata d’un rire franc. Ce qui lui attira des exclamations agacées des lecteurs qui tentaient de faire abstraction de sa présence, notamment une jeune étudiante dans son dos qui le regardait d’un air féroce. William Dolan soutint son regard jusqu’à ce qu’elle détourne les yeux. Heureusement, que Marine ne pouvait pas voir ça. Elle aurait peut-être reconsidérée son invitation mais maitre Dolan avait du mal à supporter que quelqu’un ose le reprendre. William prônait la galanterie et la politesse mais quand ça l’arrange. Lorsque l’on confronte une personne, il faut en avoir les moyens sinon… On s’écrase. Le pouvoir… C’est ça. « La raison du plus fort est toujours la meilleure ». Cette jeune étudiante aurait mieux fait de se pencher sur les ouvrages de Lafontaine avant d’indisposer William Dolan.
          Quoiqu’il en soit, il était ravi d’avoir gagné son duel avec Platon. Il avait rossé l’athénien avec brio mais vu que le pauvre homme était mort depuis plus de deux milles ans, le combat n’était pas très loyal. William reporta son attention sur Marine. Il mit un doigt sur sa bouche pour s’obliger à garder le silence. Puis, il l’entraina hors de la bibliothèque.

          Ideki qui s’était garé tant bien que mal sur le trottoir, se disputait maintenant avec un contractuel qui voulait lui mettre une amende. Ses éclats de voix cessèrent lorsqu’il vit monsieur Dolan sortir de la bibliothèque accompagné de la femme qu’il suivait quelques minutes plus tôt. Son patron avait l’air de bonne humeur car il ne semblait pas indisposé par la situation. Il le vit passer près de l’agent et lui arracher la contravention des mains avant de la fourrer dans la voiture. Tout cela sans lui lancer un seul regard.
          Ideki observa la femme. Elle était quelconque. Jolie, mais pas de quoi intéresser Dolan. Il s’agissait sans doute d’une connaissance, voir d’une cliente. Mais après tout ça ne le regardait pas. Avec un léger signe de tête, Dolan lui avait fait comprendre qu’il était inutile d’ouvrir la portière. Il se mit donc derrière le volant et regarda la scène dans le rétroviseur.

          -Il me semble que je ne connais pas votre prénom, fit Dolan en ouvrant la portière pour la dame.

          William observait attentivement la demoiselle. Inviter une dame à entrer dans la voiture d’un inconnu était un peu cavalier. C’est pour ça qu’au premier signe d’appréhension de Marine, il lui proposerait immédiatement de marcher. Lui faire peur n’était absolument pas le but, et de nos jours les femmes avaient raison d’être prudente.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 16 février 2010, 20:55:58
Marine fut surprise par son éclat de rire. Mais c’était un rire agréable à entendre, elle ne le releva pas. Elle avança vers la sortie. William, courtois, lui ouvrit la porte pour la laisser sortir en premier. Il semblait attentionné à son égard. Marine, si elle n’en avait pas l’habitude, appréciait le geste. Elle le suivit et vit qu’il se dirigeait vers une belle  voiture à moitié garée sur le trottoir. Un homme se disputait avec un contractuel. L’homme stoppa net lorsqu’il vit William Dolan. Ce dernier attrapa la contravention sans en faire plus cas que ça.

La jeune femme ne s’attendait pas à tout ça. Elle avait bien compris que William Dolan était un homme d’affaires mais elle n’avait pas imaginé qu’il gagnait assez d’argent pour posséder une telle voiture et ce qui apparaissait comme un chauffeur. Visiblement cet homme n’était pas n’importe qui. Elle se demandait quelle profession il pouvait bien exercer.


D’un signe de tête, il fit signe au chauffeur de s’installer alors qu’il ouvrait la portière arrière pour elle.

« Il me semble que je ne connais pas votre prénom »

« Peut-être parce que je ne vous l’ai pas dit – elle lui sourit – Je m’appelle Marine »

Elle s’installa à l’intérieur de la voiture. La jeune femme ne craignait pas vraiment qu’il l’attaque. Elle connaissait assez de techniques de combat pour savoir se défendre de toute façon. Les sièges étaient plus que confortables. Le jeune homme s’installa à ses côtés.

« Puis-je savoir qu’elle est votre profession monsieur Dolan ? A moi que cela vous gêne d’en parler »

Elle laissait sa curiosité prendre le dessus. Cet homme l’intriguait beaucoup.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 16 février 2010, 22:41:06
          William sourit à la question de la demoiselle. Bien sur que non ça ne le dérangeait pas. Tant qu’il ne lui révélait que partiellement la vérité. Il n’allait surement pas lui dire qu’il est un avocat véreux qui fait sortir de prison des pourritures de la pire espèce et qu’il a également un passe temps qui consiste à vendre des terranides aux Yakusas. Les plus chanceux de ces terranides était vendus à des millionnaires qui s’offraient des esclaves « fantaisistes ». Mais les moins chanceux étaient vendus à des laboratoires et dieu seul sait ce qu’on leurs faisait subir. Voilà la profession de William Dolan. Une sinécure…

          -Je suis avocat dans le droit pénal, répondit-il avec un sourire amusé. J’espère que vous n’avez commis aucuns crimes chère Marine sinon je me verrais dans l’obligation de vous défendre.

          Ideki lui jeta un regard curieux à travers le rétroviseur et William se rendit compte qu’il ne lui avait donné aucune destination.

          -Vous avez l’air très cultivé mademoiselle. Aussi j’aimerais vous montrer quelques pièces de ma collection personnelle. Des objets que vous ne verrez jamais dans un musée.

          Marine avait l’air intéressé par la culture alors c’était à la culture qu’il allait l’emmener. William Dolan avait une collection très rare d’objets et d’artefacts. Très rare et très intéressante.

          -Au manoir Ideki.

          L’ordre fut donné et la voiture progressa. Ils quittèrent le centre ville et les buildings se firent plus rares. On pouvait voir la frondaison des arbres du bois de Seikusu approcher. Mais au moment où ils allaient entrer dans la forêt, la voiture bifurqua et prit un chemin fait de petits cailloux blancs qui crissaient sous les pneus de la berline. La silhouette d’un manoir se dessina et la voiture s’arrêta devant un somptueux portail en fer. Celui-ci s’ouvrit dans un grincement inquiétant et la voiture redémarra. Elle progressait maintenant dans une allée qui menait directement à l’entrée de la splendide bâtisse. Le gazon parfaitement tondu, les haies taillés et la pierre blanche contribuaient au parfait cliché du manoir de campagne. Cette demeure était sans personnalité, sans vie, et pour cause, William Dolan n’y habitait pas. Même s’il s’agissait de sa résidence officielle, il n’y passait que rarement. Maitre Dolan passait le plus clair de son temps dans son bureau ou en rendez-vous d’affaire pour faire croitre son entreprise. La surcharge de travail ne lui donnait même pas le temps de profiter de son argent. Mais l’argent appelle l’argent. Le pouvoir appelle le pouvoir. William est un éternel insatisfait qui ne se contentera jamais de ce qu’il a.
Lorsque la voiture s’arrêta, William sortit et ouvrit la portière pour la dame. Il lui offrit son bras et la conduisit jusqu’à la résidence. Un majordome salua le propriétaire. Comme on s’y attendait l’intérieur et l’extérieur était en parfaite continuité. Tapisseries, marbre, lustres, tout ce qui pouvait faire mettre des zéros sur les chèques de William étaient bon à prendre. Mais même si ce luxe était impressionnant, il ne contait pas là-dessus pour impressionner sa compagne. Marine n’était pas une femme qui se laisse capturer par la richesse et l’opulence ou alors il s’était trompé. Tous ces espoirs étaient basés sur sa « collection ».

          William la guida à travers une demeure, jusqu’à une salle immense. A première vue cela ressemblait à un musée. Des armes étaient accrochées aux murs et des objets étaient placés dans des vitrines. Une vraie caverne d’Ali baba mais aucuns de ces objets n’étaient originaires de la terre. Il provenait tous, sans exceptions, de Terra. Sa « collection » personnelle était une réserve d’objets magiques en tout genre. Mais d’un point de vue extérieur il s’agissait simplement de merveilles archéologiques : des armes du moyen-âge en parfaite état, des poteries antiques intacts et rutilantes. Terra copiait la terre, c’était une certitude. Les objets qui y étaient fabriqués ressemblaient à des œuvres d’époques révolues sur terre. Un examen un peu plus approfondit aurait montré des différences entre les œuvres antiques terriennes et celles de terra. Cependant, il faudrait que Marine vienne elle-même de terra pour se douter de quelque chose. Ce qui était évidemment une éventualité ridicule.

          -Ca vous plait ? demanda William avec un sourire radieux.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 16 février 2010, 23:37:04
*Un avocat*

Quelque part, elle aurait pu s’en douter. Il avait des connaissances et parlait bien. A cela, il fallait ajouter un charisme important. Tout ce qui était utile à cette profession.

« Vous avez l’air très cultivé mademoiselle. Aussi j’aimerais vous montrer quelques pièces de ma collection personnelle. Des objets que vous ne verrez jamais dans un musée »

Voilà qui était des plus intéressants. Marine aimait effectivement tout ce qui avait trait à la culture. Elle acquiesça simplement.

Il indiqua au chauffeur où aller, apparemment chez lui. Le paysage se mit à défiler au travers des vitres de la voiture. Marine retrouva son visage impassible et se mit à regarder par la fenêtre. Elle n’éprouvait pas le besoin de parler à William. Elle attendait simplement de pouvoir porter un œil sur sa dite collection.
Au bout d’un moment, la voiture s’engagea dans une allée qui déboucha sur un manoir. La jeune femme n’en fut pas surprise. Le bâtiment correspondait bien à son propriétaire.

Le jeune homme lui ouvrit la porte et lui offrit galamment son bras qu’elle accepta. Il la fit pénétrer dans la demeure. Marine constata que tout à l’intérieur, le mobilier, les peintures, les tapisseries, étaient choisis avec goût. Marine n’était pas impressionner par tout ça même si elle trouvait ça beau.


Ils finirent par déboucher sur une pièce immense où était renfermé nombres d’objets venus du passé : armes, poteries, objets du quotidien, jarres, fragments de mosaïques, pièces de monnaie, bijoux et tant d’autres choses encore.

C’était une collection impressionnante. Marine devait bien le reconnaître. Celle-ci n’avait rien à envier à des collections de musées.


« Ça vous plait ? »

Il lui souriait.

« Se serait difficile de dire que ça ne me plait pas »

Elle ne souriait pas. Les vieilles habitudes reviennent vite au galop. Son visage était des plus froids. Elle lâcha le bras de maître Dolan pour regarder la collection de plus près. Elle avança dans la salle et se concentra sur les différentes pièces de la collection. Un peu plus et elle en oubliait presque la présence du jeune homme. Tout son esprit était dirigé vers les différents objets qu’elle voyait.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 17 février 2010, 13:18:59
          William jeta un coup d’œil aux artefacts exposés dans la galerie. Rien à faire, il n’arrivait pas à s’y intéresser. D’ailleurs il n’était plus venu dans cette salle depuis qu’il l’avait créé. Ca ressemblait à de l’avarice de stocker des objets précieux simplement parce qu’ils ont une valeur inestimable. Mais parmi tout le catalogue de vices humain, William préférait être affecté par l’avarice et l’avidité. Ceux sont des défauts qui nous conduisent au sommet. Ceux sont eux qui l’ont empêchés de s’enterrer sur Terra parmi les rêves et les chimères de ce monde incohérent. Eux qui lui ont permis de devenir Maitre Dolan, riche, puissant et respecté.

          Marine avait l’air captivée par sa collection. Elle pouvait déambuler à sa guise car les objets les plus dangereuses étaient hors de sa portée derrière les vitrines. Si elle voulait les manipuler William n’avait qu’à prétexter qu’ils sont trop fragiles. L’avocat éprouvait un plaisir malicieux à chaque fois qu’il montrait sa collection. Les érudits avaient de quoi s’arracher les cheveux à essayer de trouver une explication à l’existence de tels objets.

          -Vous êtes une des rares personnes à avoir vu cette collection. Elle n’est pas ouverte au publique car il faut dire je ne trouve que peu d’utilité à l’histoire. A quoi bon apprendre notre passé puisque l’histoire nous montre justement que nous n’en tirons aucunes leçons ?

          Cela avait été dit avec nonchalance. Histoire de voir la réaction de Marine. Il n’avait pas menti car il pensait vraiment que l’homme ne tirait aucunes leçons de son passé mais ce n’est heureusement pas la seule fonction de l’histoire. L’histoire sert aussi à évoluer en se servant de la sagesse de nos ainés. La renaissance en est la preuve indiscutable. Cet exemple à lui seul suffisait à démentir ce que William venait d'affirmer.

          -Qu’en dites vous ?
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mercredi 17 février 2010, 14:44:45
Marine continuait d’avancer dans les allées sans plus faire cas de William Dolan jusqu’à ce qu’il se rappel à son bon souvenir.

« Vous êtes une des rares personnes à avoir vu cette collection. Elle n’est pas ouverte au publique car il faut dire je ne trouve que peu d’utilité à l’histoire. A quoi bon apprendre notre passé puisque l’histoire nous montre justement que nous n’en tirons aucunes leçons ? Qu’en dites-vous ? »

Cette réflexion de l’avocat ne plut guère à Marine. Elle ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il dise ça. Tout en continuant son examen des différentes pièces, elle lui répondit d’un ton neutre mais affirmé :

« Je suis loin d’être d’accord avec vous, monsieur Dolan ou préférez-vous que je vous appelle maître Dolan ? Comment pourrait-on comprendre notre présent sans connaître notre passé ? C’est une succession de faits passés qui nous ont amenés au moment où nous sommes drainants avec eux la somme des connaissances acquises au fil des siècles – elle continua d’avancer tout en continuant son discours  – Lorsque vous dites que les hommes ne tirent aucunes leçons du passé vous entendez peut-être par là, le phénomène de guerre. C’est un fait que les guerres sont récurrentes à travers l’histoire. Elles existaient, existent et existeront toujours. Certains philosophes issus de l’école pessimiste considèrent que cela fait partie du propre de l’homme et que ce dernier, mauvais par nature, ne peut faire que le mal. A l’inverse, les existentialistes pensent, eux, que l’homme dispose de son libre arbitre et peu donc faire ses propres choix, bons ou mauvais – elle sourit  – Pour ma part, je suis assez d’accord avec les existentialistes. Chaque homme dispose de son libre arbitre et s’il choisit de voir son propre intérêt sans faire cas des autres, quel qu’ils soient,  il fera le mal déclenchant des guerres si cela peut servir ses intérêts »

Elle se retourna et avança dans la direction de l’homme de loi. Arrivé à sa hauteur, elle le regarda droit dans les yeux.

« Qu’en pensez-vous monsieur Dolan? »

Elle souriait. Cela faisait si longtemps, qu’elle n’avait pas parlé ainsi. L’échange d’idées, les débats l’avaient toujours passionnée. Et là, elle se retrouvait avec un maître de l’éloquence qui, de surcroit, était forcément quelqu’un de cultivé. Franchement, elle ne regrettait pas de l’avoir suivie. Il la passionnait.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 17 février 2010, 16:34:34
          Un mince sourire s’étala sur le visage froid de Dolan. Il était ravi de la tournure que prenaient les choses. Ravi d’avoir une interlocutrice qui n’acquiesce pas comme une dinde à chaque fois qu’il profère une aberration. Comme quoi ce n’est pas si compliqué d’avoir une opinion.
          L’existentialisme… Cette jeune fille devait avoir dévorée Aristote. Inutile de l’attaquer sur ce terrain.

          -Je parlais en effet des guerres. Mais pas seulement. L’histoire de l’homme est une boucle, avec certes des divergences qui font qu’il est difficile de voir les similitudes mais elles sont bien là. La civilisation romaine par exemple ; après s’être étendue forte de sa puissance et de sa supériorité, elle a plongée dans la décadence et s’est autodétruite. La décadence a toujours annoncée le déclin d’une civilisation. –Il écarta les bras- Ne sommes nous pas en plein dedans ? Les hommes savent l’histoire Marine, mais ils ne savent pas l’histoire qu’ils font. Et ils ne le sauront jamais.

          De belles paroles maitre Dolan. Mais la Rome antique était un sujet qui s’essouffle. Ce que venait de dire William, cette jeune érudit y avait sans doute déjà pensée. Pas de quoi en faire une thèse. La spécialité de l’avocat était les sophismes. Ils les utilisaient avec générosité lors de ses plaidoiries. Il était sûr de pouvoir convaincre n’importe qui que la mer est du sable. Essayons donc…

          -Seul l’homme est capable de discerner le bien et le mal alors ce serait un comble qu’il ne puisse pas être capable de faire les deux. Mais tout cela est relatif. Je pourrai pousser votre raisonnement jusqu’à dire que l’homme ne fait jamais le mal. Croyez-vous que le tyran se soit donné son titre lui-même ? Non, il dirait qu’il a pris les mesures nécessaires pour le bien de sa patrie. L’homme est incapable de faire le mal. Si j’étais appelé en tant qu’avocat au jugement dernier pour défendre un meurtrier voilà ce que serait ma plaidoirie : -il se tourna vers un jury invisible et parla avec véhémence - C'est le seul orgueil de l'homme qui érige le meurtre en crime. Cette vaine créature qui croit être la plus sublime du globe. Quand on m'aura convaincu de la sublimité de cette espèce, quand on m'aura démontré qu'elle est tellement importante, que nécessairement les cieux s'irritent de son trépas. Je pourrais croire alors que le meurtre est un crime. C'est le prix ridicule que nous attachons à la vie qui nous fait éternellement déraisonner sur le genre d'action qui engage un être à se délivrer de son semblable.

           Il se retourna enfin vers Marine avec un demi-sourire aux lèvres.

          -A propos, vous me feriez un très grand honneur si vous m’appeliez William.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mercredi 17 février 2010, 21:05:11
Marine lui rendit son sourire mais, une nouvelle fois, n’était pas d’accord avec ses propos.

« Je ne pense pas, William, que votre vision soit juste. L’homme est capable du pire comme du meilleur. Vous, vous tombez dans la version positive du manichéisme. Un homme sait toujours au fond de lui s’il fait le bien ou non. Mais ce n’est pas pour ça qu’il acceptera de le dire à voix haute. Ce sera toujours un problème entre lui et sa conscience. A moins qu’il ne s’agisse d’un sociopathe ne faisant aucune distinction entre le bien et le mal. Il est évident que se sont les êtres humains qui se jugent entre eux et qui déterminent le bien du mal. Ils doivent ériger des règles basées sur les mœurs et la morale de leur époque. Ces règles sont bien sur arbitraires mais une société ne peut vivre sans ou c’est l’anarchie. Pour reprendre votre exemple du tyran suivant les époques ce terme n’avait pas la même signification. Dans la Grèce ancienne, le terme n’était pas péjoratif. Il désignait simplement la personne prenant le pouvoir par la force. Cela ne signifiait pas pour autant qu’il était un mauvais gestionnaire de la cité. Aujourd’hui, ce terme est totalement péjoratif. Il symbolise la prise de pouvoir illégitime mais également l’oppression d’un homme sur une population. Le tyran peut bien sur se considérer comme le meilleur homme de la planète cela ne signifie pas qu’il l’est.  Là, c’est la population qui le jugera par rapport à ce qu’il lui aura fait subir. Le bien et le mal sont des notions toujours complexes à définir. On ne peut pas dire que tout est blanc ou noir. Pour moi, il y a seulement une multitude gris plus ou moins foncé, plus ou moins clair »

Décidément Marine se sentait comme un poisson dans l’eau. Le simple fait de se retrouver dans un contexte qui lui plaisait et qui la passionnait, la transformait totalement. Plus leurs joutes verbales avançaient, plus Marine se détendait. Elle laissait tomber ses défenses. Ses yeux s’illuminaient et son visage, d’habitude si sérieux, rayonnait avec son sourire. Sa joie était plus que perceptible.
 
Tout à coup, elle partit à rire. Elle venait de se rappeler l’épisode de la bibliothèque.


« Décidément William, entre vous et Platon, mon choix est vite fait. Et ce n’est pas le philosophe qui gagne »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 17 février 2010, 22:42:23
          William prit un air faussement peiné

          -Dois-je en déduire que je ne suis pas un bon philosophe ? Et bien soit, je me consolerai en sachant que j’ai toute votre estime.

          Tandis que William plaisantait, il repassait en revu ce que venait de dire la jeune fille à la recherche d’une faille dans laquelle s’engouffrer. Il la fixa avec bienveillance. Son sourire. Ses yeux pétillants de joie. Maitre Dolan ouvrit finalement la bouche pour relancer le débat mais sa voix mourut au fond de sa gorge. Il secoua la tête et eut un sourire désabusé.

          -Je ne vois rien à redire. Je me considère remis à ma place et vous offre ma reddition. En vérité, je vais me retrancher derrière mon esprit manichéen et ma vision absolue. Derrière de tels remparts je pourrais aisément tenir un siège face à votre argumentaire en attendant le cessez-le-feu.

          Il lui décocha un sourire tendre et repensa à ce qu’elle lui avait dit dans la bibliothèque. Son expression se fit malicieuse. Il prit sa main dans la sienne.

          -Néanmoins, vous aviez tord sur une chose demoiselle (il approcha sa bouche de son oreille et lui susurra : ) Vous n’avez rien de quelconque.

          Il reprit un air sérieux et s’écarta de son visage pour pouvoir la contempler. Ses yeux verts plongeaient dans ceux de Marine. William se faisait peur parfois. Il avait eu un coup de foudre pour cette femme et il se rendait compte que son instinct ne l’avait pas trompé. C’était presque magique... Non. Pas magique. C’est juste de la chance. Une chance incroyable. Dire qu’il était passé à côté d’elle pendant si longtemps. Mais maintenant qu’elle était là, il ne la laissera pas repartir aussi facilement.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mercredi 17 février 2010, 23:24:58
Le sourire de Marine s’élargit quand il décréta qu’il n’était pas un bon philosophe. Il s’amusait de lui-même. Il sembla chercher un moment de quoi rétorquer mais finalement choisis d’admettre sa défaite. Elle se disait qu’il aurait certainement pu trouver quelque chose mais visiblement, il n’en avait pas envie. La jeune femme accepta sa reddition en lui souriant et en inclinant la tête.

Il lui souriait mais son expression changea quelque peu. Du moins, c’est l’impression qu’elle avait. Il lui prit alors la main avec douceur.


« Néanmoins, vous aviez tord sur une chose demoiselle. Vous n’avez rien de quelconque »

Il s’était penché pour lui parler à l’oreille. Là, Marine était perdue. On pouvait lui parler de philosophie, d’histoire, de sciences. Elle n’aurait aucun mal à disserter. Mais dès qu’on abordait les rapports humains, c’était une catastrophe. Ce n’était pas le genre de choses qu’on trouvait dans les livres.

Elle vit qu’il s’était écarté d’elle mais qu’il la regardait droit dans les yeux. Il avait de très beaux yeux verts, elle ne s’en était pas rendu compte avant. Ne sachant pas comment réagir, elle fit la seule chose qui pouvait couper court à cette situation. Son visage redevint de marbre. En général, ça lui permettait de reprendre le contrôle aussi bien d’elle-même que de son interlocuteur qui finissait par la laisser tranquille.

« Je ne sais pas monsieur Dolan si vous êtes ou non un bon philosophe, mais je sais que vous êtes un excellent juriste et un très bon orateur. Quand à votre remarque disant que je n’étais pas quelconque, vous savez ce n’est pas parce que j’ai des connaissances que je suis spéciale. Je suis bien loin d’être la seule. De plus, nombre de personnes ont des connaissances bien plus étendues que moi, comme vous. Moi, je n’y connais rien en droit »

Elle avait volontairement dit « monsieur Dolan » afin de réinstaurer une certaine distance entre lui et elle. Même si son visage était redevenu froid, son ton était doux. Elle ne voulait pas manquer de respect à William Dolan, ni le blesser. Mais elle devait se protéger de choses qui lui étaient étrangères et qu’elle ne maîtrisait pas
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le jeudi 18 février 2010, 12:54:31
          William parvint à retenir un rire qui se traduit finalement par un franc sourire. Il croyait avoir finalement cerné la dame. Il lâcha cependant sa main pour ne pas l’embarrasser outre mesure.

          -Ne dévaluez pas la connaissance de cette façon ma dame. Tous ceux qui ont l’amour du savoir en eux sont admis au panthéon des gens « spéciale » ; même ceux qui ont eu une vie difficile. Surtout eux en fait.

          William marqua une pause pour que la jeune fille s’imprègne totalement de ce qu’il venait de dire.
          Maitre Dolan n’était pas un fin psychologue mais il avait tout de même certaines notions. La dévalorisation de soi-même, le mal être lors de contacts sociaux. William l’avait pris pour de la timidité au début, mais au moment où il avait instauré un climat de jeux et d’échanges, cette timidité aurait du s’estomper. Or, Marine s’était recroquevillée derrière son masque d’impassibilité. Un système de défense efficace contre tous ceux qui voudraient la connaître un peu mieux.

          Alors quoi ? Pourquoi Marine se protégeait ainsi ? Difficile à dire. Un choc émotionnel. Un passé honteux, difficile ou traumatisant. Pour l’instant c’était impossible à dire. Oh bien sur, William pourrait jouer la carte du « je te comprends moi aussi j’ai vécu des moments difficiles». Cependant,  si William usait de l’hypocrisie dans le milieu professionnel, c’était seulement par obligation. Ce procédé le faisait vomir. Il n’y avait aucune gloire à se servir si facilement de la faiblesse des autres pour servir son propre intérêt.
          Que faire dans ce cas ? Comment approcher quelqu’un qui ne veut pas être approché ? Il pouvait facilement lui faire retrouver le sourire en la bombardant de réflexions philosophiques mais il savait que c’était une impasse.

          Il s’arracha à la contemplation de la jeune femme torturée et arpenta la salle en faisant semblant de s’intéresser aux bibelots.

          -Vous dites que je suis excellent juriste et très bon orateur, fit-il au bout d’un moment.

          Il s’arrêta finalement et fixa Marine de son habituel regard froid.

          -Pourtant je ne parviens pas à briser la carapace dont vous vous enveloppez à chaque fois que vous perdez le contrôle. Avant d’essayer de connaître le monde qui vous entour en vous abreuvant de philosophie, je vous suggère d’apprendre à vous connaître vous-même. Comme disait ce cher Aristote : La connaissance de soi requiert autrui. Mais peut-être n’avez vous pas envie de vous connaître ma dame. Peut-être que c’est pour ça que vous ne laissez personne vous approcher.

          C’était l’avocat qui parlait. Un orateur froid et implacable qui faisait fi des sentiments pour mettre le doigt là où ça fait le plus mal. William savait qu’il était allé trop loin, et même hors des limites de la galanterie. Marine allait même peut-être s’offusquer ou bien se mettre en colère. La colère. Une alliée de choix pour qui sait la manier.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le jeudi 18 février 2010, 15:38:55
« Pourtant je ne parviens pas à briser la carapace dont vous vous enveloppez à chaque fois que vous perdez le contrôle. Avant d’essayer de connaître le monde qui vous entour en vous abreuvant de philosophie, je vous suggère d’apprendre à vous connaître vous-même. Comme disait ce cher Aristote : La connaissance de soi requiert autrui. Mais peut-être n’avez vous pas envie de vous connaître ma dame. Peut-être que c’est pour ça que vous ne laissez personne vous approcher »

Ces mots raisonnaient dans la tête de la jeune femme. Avait-il donc deviné sa vie ? L’avait-il mise à jour ? Se connaître soi-même. Elle ne comprenait pas vraiment ce que cela signifiait. Elle se connaissait, elle connaissait ses capacités. Mais elle se doutait que ce n’était pas de cela dont il parlait. Une partie d’elle-même lui échappait mais elle n’était pas sur de vouloir la connaître. Elle avait tellement souffert. Elle avait accepté une vie qui en fait n’en était pas une. Elle avait considéré ça comme sa vie sans jamais la remettre en cause jusqu’à il y a peu de temps. Mais de la vie, de la vraie vie, elle ne connaissait rien ou presque.

Les paroles de William Dolan lui faisaient mal, très mal même car elle savait que c’était vrai.  Son existence n’était pas des plus réjouissantes mais elle lui convenait. Du moins, elle s’en persuadait. Ses livres, sa solitude, son apparence, son attitude la protégeaient. Même si elle voulait changer. Elle pensait ne pas en être capable.


Elle regarda le jeune homme. Il ne lui souriait plus. Son visage était tout aussi fermé que le sien. Elle n’était pas en colère contre lui. Ses sentiments étaient mitigés à son propos. Elle ne comprenait pas l’intérêt qu’il avait pour elle. Elle n’était rien de plus qu’une ombre. Elle esquissa un léger sourire.

« Vous avez raison monsieur Dolan. Je n’ai pas envie d’être approché. Je n’ai rien à offrir aux autres. Si j’avais vécu une vie normale, se serait différent mais on ne m’a pas laissé cette chance »

Sa voix s’était voilée en prononçant ces derniers mots. Elle sentait sa gorge se nouer. Elle essayait de vivre une vie mais elle venait de comprendre que la vie normale à laquelle elle aspirait, elle ne l’aurait jamais. Un peu plus et elle se serait mise à pleurer. Mais ça n’aurait servit à rien. On lui avait si bien appris à ne pas craquer et elle avait été une si bonne élève.

« Je suis consciente du fait que ma vie n’en est pas vraiment une mais elle me convient et je n’en demande pas plus – son regard devint plus dur, plus agressif – Je ne juge personne et je ne veux pas qu’on me juge ou qu’on juge ma vie. A votre échelle, ma vie vous semble bien dérisoire ou sans intérêts. Pour moi, c’est… la paix et la stabilité et je ne veux pas en changer »

Marine se retourna et avança vers la porte. Elle se sentait vide et malheureuse. Elle voulait juste repartir d’ici et replonger dans un univers où personne ne lui ferait de mal. Sans se retourner, elle lança à l’homme de loi :

« Je crois que votre heure est terminée, monsieur Dolan. Platon m’attend. Inutile de me ramener en voiture, je préfère marcher – Elle se retourna et s’inclina- Merci pour cette heure, monsieur Dolan, je l’ai apprécié sauf la fin peut-être »

Elle était sincère. Elle avait aimé être en compagnie de maître Dolan, de discuter avec lui, d’admirer sa magnifique collections d’objets anciens. Elle était honorée qu’il lui ait accordé ce privilège. Elle se tourna et franchit la porte.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le jeudi 18 février 2010, 17:21:59
          Prévisible. Et maintenant maitre Dolan ? Vous avez surement pensé à une brillante parade contre la fuite. A part l’enfermer à double tour dans votre splendide manoir évidemment… Cours imbécile.
          William sortit de la pièce en trombe -sans pour autant courir. William Dolan ne court pas- et rattrapa Marine dans un corridor éclairé par d’immenses fenêtres orientées plein sud. Des miroirs étaient installés sur le mur face au soleil, ce qui rendait le tout assez lumineux. Il lui bloqua le passage et la stoppa en posant ses mains sur ses épaules. Bien sur, il n’y avait aucune violence dans le geste, seulement de la fermeté.

          -On ne peut pas être satisfait d’une vie sans contact avec ses semblables. Tu ne combleras pas le vide qui t’habite en te perdant dans les écrits de gens plus brillants que toi et moi.

          Il marqua une pause et poussa un soupir impuissant.

          -Pour l’amour du ciel aide-toi, toi-même.

          C’était en toute conscience qu’il était passé au tutoiement. C’était plus facile pour lui demander quelque chose d’aussi personnel. Marine s’était créée un petit monde fait à partir de constantes. Aucunes surprises, aucuns impondérables. Un parfait cocon dans lequel s’endormir et oublier la violence du monde extérieur. Mais le bonheur se mérite et il faut prendre des risques pour l’atteindre.
          « Laisse-moi t’aimer ». Il le pensait si fort mais ça ne voulait pas sortir. Ces mots restaient coincés au fond de sa gorge. Entravés par un sarment de retenu et de stoïcisme. William Dolan ne dit pas ce genre de chose. Cela irait à l’encontre de son image. Pourquoi le pensait-il dans ce cas ? Il eut soudain l’impression que ces intestins faisaient des nœuds. Il crevait d’envie de le dire. Et ça se voyait sur chacun de ses traits mais l’avocat froid et calculateur qu’il prêtant être ne se risquerait jamais à se dévoiler de la sorte. C’est une preuve de faiblesse. Et pourquoi ne pas se mettre à pleurer comme une petite fille tant qu’on n’y est ? Ca, ça serait la cerise sur le gâteau. L’avocat véreux qui se met à être sentimental.
          Alors quoi ? La laisser partir ? Il savait très bien que c’était hors de question…

          -Laisse-moi t’aimer, Marine.

          Si tout à l’heure il avait senti que ses entrailles se tortillaient dans tous les sens, il avait maintenant l’impression de ne plus en avoir du tout.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le jeudi 18 février 2010, 17:51:58
Alors qu’elle avançait dans un long corridor, elle entendit des pas rapides qui la rattrapaient. William Dolan la rattrapa et l’arrêta, ses mains posées sur ses épaules.

« On ne peut pas être satisfait d’une vie sans contact avec ses semblables. Tu ne combleras pas le vide qui t’habite en te perdant dans les écrits de gens plus brillants que toi et moi »

Il fit une pause. Marine ne savait pas quoi lui dire mais il reprit rapidement.

« Pour l’amour du ciel aide-toi, toi-même »

Il la tutoyait, supprimant la distance qu’elle avait mise entre eux. Il continua, prononçant les mots les plus improbables qui soient pour elle.

« Laisse-moi t’aimer, Marine »

Elle resta interdite devant ces paroles. Comment pouvait-il dire ça ? Comment pouvait-il dire une telle énormité ? C’était inconcevable pour la jeune femme. Comment pouvait-il tomber si bas ? Lui, un grand avocat. Cette fois c’est la colère qui la prit.

« Comment pouvez vous dire ça ? Vous ne me connaissez pas – son ton devint ironique - Le coup de foudre je n’y crois pas. Si vous cherchez une femme à mettre dans votre lit, choisissez en une autre. Je suis certaine qu’un nombre incalculable de femmes ne demande pas mieux. Ce qui est navrant, monsieur Dolan, c’est que je pensais que vous étiez au-dessus de ça. Que suis-je pour vous ? Une proie ? Un challenge ? Allez au diable, maître et maintenant laissez moi partir »

Ses yeux lançaient des éclairs et son visage reflétait toute la colère qu’elle éprouvait. Elle bouscula ledit William Dolan et continua sa progression en direction de la sortie.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le jeudi 18 février 2010, 18:53:10
          Prévisible ? Non, pas vraiment. William Dolan mouché par une gamine. D’un point de vue extérieur, c’était hilarant.
          William la regarda partir sans un mot. Il s’était mal exprimé ou alors elle l’avait mal comprise. L’avocat n’aimait pas cette Marine, mais il aurait pu. Le coup de foudre existe bel et bien, mais seulement pour les personnes sentimentales et volages. Ce que n’est pas William. Il sentait seulement qu’ils étaient « compatibles ». Oui, il aurait pu l’aimer si elle avait acceptée de lui accorder une chance.

          Il retourna dans la salle d’exposition et s’accouda à une vitrine pour réfléchir. D’abord ce fut la rage qui l’étreignit. Comment ce petit bout de femme pouvait lui manquer de respect de cette façon. Avoir osé le comparer à un minable chasseur. Lui, William Dolan, un coureur de jupon. Elle allait payer pour ça. « Je vais faire de ta vie un enfer Marine. Je vais te faire entrer dans ce monde que tu redoutes tant, d’une façon beaucoup moins douce que celle que je t’ai proposé ». Et puis la rage passa, accompagnée de son lot de regrets.
          Ce fut autour de l’analyse froide et tempérée de la situation. Qu’est-ce qu’il avait mal fait. Il n’aurait peut-être pas du la braquer. Il avait manqué de patience. La brusquer n’avait pas été une bonne stratégie. Et ce malentendu qui avait fini de détruire tout espoir.
          Ensuite vint le désespoir. Mais ça, maitre Dolan n’était pas habitué à ce sentiment. Sans crier gare, il abattit son poing sur la vitrine qui se brisa sous la férocité de l’attaque. William jeta un coup d’œil à sa main. Tssss, il s’était éraflé. Même ça il n’y arrivait pas.

          Alors qu’il s’enroula la main dans un mouchoir pour éviter de tacher son costume hors de prix, un domestique entrebâilla la porte.

          -Tout va bien monsieur Dolan ? demanda-t-il inquiet.

          -Tout va pour le mieux. Je vais me retirer maintenant.

          Le domestique s’inclina au passage de Dolan. Ce dernier sortit de sa résidence et se planta devant la porte de la voiture. Ideki ne l’avait pas vu et regardait Marine qui s’éloignait sur le sentier qui menait au portail.

          -La porte ! ordonna Dolan en jetant un regard noir à son employé.

          Le chauffeur sursauta et mit quelques précieuses secondes avant de comprendre ce qui se passait. Dés que cela fut fait, il ouvrit la portière et William entra dans la voiture. Il allait oublier Marine et retourner dans son monde de travail. Son cocon à lui. L’analogie avec ce qu’il avait dit à Marine le fit sourire mais l’heure n’était pas à l’introspection.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le jeudi 18 février 2010, 21:33:28
*On ne peut pas être satisfait d’une vie sans contact avec ses semblables. Tu ne combleras pas le vide qui t’habite en te perdant dans les écrits de gens plus brillants que toi et moi - Laisse-moi t’aimer, Marine*

Les paroles de William ! Marine n’arrivait pas à se les sortir de la tête. Il avait raison, sa vie ne lui plaisait pas plus que ça mais, au moins, elle l’empêchait de plonger, de se noyer en lui apportant un certain équilibre.

Elle finit par sortir de la belle demeure et se retrouva au soleil. Tout semblait si calme dehors en contradiction totale avec ce qu’elle ressentait. Elle passa devant la voiture et le chauffeur sans faire attention. Elle avançait sur le gravier blanc. Les mots la poursuivaient toujours.


Elle se rendit compte qu’elle avait été dure avec lui mais elle avait eu peur. Peur de lui, peur de ce qu’il avait pu voir d’elle. Cette peur s’était transformée en colère.

Malheureusement, on peut fuir les lieux, on peut fuir les gens mais on ne se fuit pas soi-même. Marine le comprenait. Ce n’était pas tant William Dolan qu’elle fuyait qu’elle-même. Elle était malheureuse, pathétique et pitoyable.

Elle avança plus vite en croisant ses bras sur sa poitrine. La tête baissée, elle regardait le sol et vit qu’il devenait flou. Elle pleurait. Il lui avait dit la vérité, une vérité qui lui avait fait mal. Il avait fait, sans le savoir, craquer le vernis qui la recouvrait.

Elle n’envisageait plus la bibliothèque. Elle voulait juste retrouver sa chambre d’hôtel et sa solitude sécurisante, écrasante, étouffante. Mais au moins, personne ne la blesserait et surtout elle ne blesserait personne. Elle ne cherchait pas à essuyer ses larmes, elle s’en moquait. Elle voulait juste rentrer, se coucher et tout oublier.

Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le vendredi 19 février 2010, 00:34:00
          -Rien à foutre.

          Ce fut la réponse de Dolan lorsqu’Ideki lui demanda la destination. Du tac-o-tac. Certes c’était vulgaire, et oui, il est vrai que le pauvre chauffeur ne méritait pas tant d’aigreur mais il faut dire que ça faisait du bien au jeune juriste. Sans demander son reste Ideki alluma le contact et fit avancer le bolide sur le sentier d’un blanc immaculé.
          William essayait de se calmer en pianotant sur l’accoudoir de la berline. Les arbres et les haies impeccablement taillés défilaient devant ses yeux. Puis une tignasse rousse assez familière qui disparut aussi rapidement qu’elle était apparut. William pianota de plus belle. Son air renfrogné ne devait pas être rassurant car Ideki lui jetait de temps en temps des coups d’œil nerveux pensant qu’il ne le voyait pas.
          La voiture s’arrêta devant le portail. Le chauffeur actionna son émetteur et les vérins poussèrent sur les énormes portes qui s’ouvrirent en grinçant.

          -Monsieur… Votre… amie risque de ne pas pouvoir sortir sans la télécommande qui actionne l’ouverture automatique, risqua Ideki d’une voix guindée.

          William observa son employé avec admiration. Il a du lui en falloir du courage pour lui dire ça. Vraiment, il était impressionné. Il méritait une augmentation. Bien sur, il ne l’aurait pas mais il la méritait tout de même. Quand à Marine il était mitigé entre deux options : Lâcher les chiens ou bien envoyer un domestique lui ouvrir le portail. Il pourrait aussi lâcher les chiens et venir héroïquement à son secours mais il n’était pas certain que les molosses reconnaissent William Dolan en tant que maitre légitime. Finalement, il ouvrit la portière et fit mine de descendre mais avant, il échangea quelques mots avec Ideki.

          -Je n’aurais plus besoin de la voiture pour aujourd’hui. Prenez votre après-midi. Considérez ça comme une façon de m’excuser, fit l’avocat de son habituelle voix distante.

          -Il n’y a pas de mal monsieur, rétorqua Ideki d’un ton bourru.

          William tapota la voiture qui se mit en branle et il la regarda s’éloigner, disparaissant à un tournant avec son confort, sa vélocité et son air climatisé. Le portail commença à se refermer et le processus cessa dès que William interposa son pied entre les capteurs de sécurité. Il n’y avait plus qu’à attendre la dame qui était obligée de passer par ici si elle voulait avoir une chance de sortir de cet endroit infernal. Et si elle lui demanda ce qu’il fichait à l’attendre devant le portail, il n’avait qu’à rétorquer qu’il fallait bien quelqu’un pour mettre son pied devant le capteur.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le vendredi 19 février 2010, 11:25:06
La jeune femme sursauta entendant le bruit de la voiture. Cette dernière passa à toute vitesse près d’elle. Visiblement, maître Dolan avait choisi de regagner son cabinet ou, suivant son conseil, d’aller chercher une autre fille. Dès l’instant où il la laissait tranquille, ça lui convenait.

Lui convenir ? Pas si sûr. Jusqu’à leur dispute, elle s’était sentie bien avec lui. D’aussi loin, qu’elle pouvait se le rappeler, ça ne lui était jamais arrivé. Pouvoir discuter avec quelqu’un qui est capable de vous contredire tout en pouvant étayer ses propos, c’était rare. La jeune femme se disait que c’était certainement à cause de sa profession. En tant qu’avocat, il avait l’habitude de débattre. Mais quand même, il avait pris le temps de le faire avec elle.

Les haies se succédaient. Marine prit le temps de regarder un peu autour d’elle. La marche lui faisait du bien. Elle se calmait. Le jardin était très beau, bien entretenu et si calme. Marine enviait ça au juriste. Avoir un si bel endroit tranquille juste pour lui, quelle chance !


Marine aperçut enfin les grilles qui menaient à l’extérieur mais elle vit aussi William Dolan qui attendait juste devant. Elle s’arrêta. Elle pensait qu’il était parti à cause de la voiture qui l’avait dépassée. Pourtant, il était là à quelques mètres d’elle. Elle vit alors qu’il avait mis son pied de manière à empêcher la grille de se refermer. Oui, elle aurait du y penser. Quelqu’un d’aussi riche, possédant une si belle demeure avait forcément mis des sécurités autour comme un portail électrique.

Elle se dirigea vers lui en essuyant ses larmes. Elle espérait qu’il ne verrait rien. Arrivée à son niveau, elle le regarda. Son visage était froid. Comment pourrait-il en être autrement après la scène qu’elle lui avait faite ? Marine se devait de s’excuser. Elle pensait ce qu’elle avait dit mais elle n’aurait pas du le dire ainsi. Elle prit une profonde respiration et malgré le fait qu’elle n’en avait aucune envie, elle s’obligea à le regarder dans les yeux.


« Monsieur Dolan je tiens à m’excuser pour la scène de tout à l’heure. Je n’aurai pas du m’emporter comme je l’ai fait. Mes propos étaient insultants à votre encontre alors que vous aviez été – elle eu du mal à prononcer ce mot – gentil avec moi. Je suis navrée de vous avoir blessé. Néanmoins, je ne retire pas tout ce que j’ai dit monsieur Dolan. Je ne pense pas être une femme pour vous »

Elle avait parlé avec beaucoup de douceur même son visage s’était légèrement adouci. Elle regarda le pied de William Dolan.

« Vous auriez pu demander à quelqu’un de m’ouvrir. Vous n’étiez pas obligé de maintenir cette grille ouverte vous-même. Mais cela aura au moins eu l’avantage de me permettre de vous présenter mes excuses. J’espère ne pas trop avoir gâché votre journée – Elle s’inclina – Au revoir monsieur Dolan »

Elle franchit alors la grille.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le vendredi 19 février 2010, 12:15:00
          Des excuses ? Il ne s’y attendait vraiment pas. Mais les surprises devenaient presque banales lorsqu’on côtoyait Marine. Par contre si elle s’imaginait qu’il l’avait attendu dans le froid et qu’il s’était condamné à 2km de marche en abandonnant sa voiture, juste pour entendre des excuses, elle se mettait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. On ne se débarrasse pas si facilement de William Dolan, jeune fille. Il faut se faire une raison.
          William se mit à la hauteur de Marine, calquant son rythme de marche. Il passa une main sur sa nuque feignant une profonde déception.

          -Vous me voyez fort contrit madame, se plaignit-il. J’avais préparé tout un discours éloquent pour vous convaincre que je n’étais qu’un goujat. La première partie de mon argumentation avait pour but de m’excuser de la façon dont je vous ai jugé et la deuxième partie avait pour ambition de lever le malentendu sur lequel nous nous sommes quitté.

          Il mit sa main en visière et regarda en direction du centre-ville. Les buildings semblaient les narguer de par leur distance. Et en matière de désagrément, le froid mordant de l’hiver faisait bien pâle figure devant le débit de paroles de William. Il allait passer encore un long moment avec Marine. A moins que celle-ci, agacée par le juriste décide de le rosser et de le laisser inconscient sur le bas-côté. Ce qui était le seul moyen raisonnable pour se débarrasser définitivement de lui.

          -De toute façon nous avons tout notre temps, annonça-t-il. Nous sommes partis pour une demi-heure de marche. Et si les dieux du voyage sont avec moi j’arriverai peut-être à vous égarer et rallonger le trajet.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le vendredi 19 février 2010, 17:58:52
Cet homme était particulièrement déstabilisant. Pourquoi insistait-il ainsi ? Il lui faisait l’effet d’une sangsue qu’on arrivait à détacher de la peau qu’avec du feu provenant d’un briquet par exemple. Malheureusement, elle ne fumait pas et n’avait pas de briquet. Par conséquent, impossible d’immoler William Dolan. C’était dommage, ça aurait réchauffé la jeune femme. Elle frissonna. Le stress associé au froid la faisait grelotter. Elle regrettait de ne pas avoir pris sa cape. En ville, avec le soleil, ça allait, mais là, c’était autre chose.

Ils marchaient en silence. De temps en temps, une voiture les dépassait. Cette situation devenait vraiment compliquée. Marine était fatiguée de tout ça. Elle s’arrêta et se tourna vers l’homme de loi. Elle voulait comprendre :


« Pourquoi me suivre ? Pourquoi insister ainsi ? Je me suis excusée, vous aussi. Nous sommes quittes. Pourquoi tenez-vous tant à m’accompagner ? Vous sentez vous une âme de Saint George ? Je sais, et vous savez, que vous avez raison à mon sujet. Mais, même si je faisais un effort, ce dont je ne pense pas être capable, qu’entendez-vous par « m’aimer » ? Je… je ne comprends pas ce que vous voulez ou ce que vous voulez faire. Alors expliquez-moi ! »

Son visage exprimait à la fois son désarroi et son interrogation. Elle en avait besoin, elle avait besoin de comprendre. Peut-être parce qu’elle ne savait pas ce qu’aimer voulait dire. Après tout, à part cet homme devant elle, personne ne lui avait jamais dit ça. Tout comme elle ne l’avait jamais à quelqu’un. Pour elle se n’était rien de plus qu’une définition dans un dictionnaire, une chimère impossible à connaître. Non, au fond, elle ne savait pas ce que s’était d’aimer.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le vendredi 19 février 2010, 20:09:25
          La situation était décidemment très amusante. Le malaise de Marine était palpable et pour une raison inconnue, cela faisait bien rire notre jeune juriste. Il faut dire que le tableau était on ne peut plus cocasse ; un homme d’affaire éprit d’une donzelle hostile qui tente désespérément de le fuir. Et en plus elle grelottait. Avec un soupir, William lui mit sa veste sur les épaules. Un pur automatisme, rien de sensationnel. En fait, il pensait plutôt à la question de Marine.

          -Eh bien, contrairement à ce que vous pensez ce n’est pas pour le sexe. Et figurez-vous que ce n’est pas non plus pour ajouter une érudite irascible à mon tableau de chasse. Hum. Comment vous dire ça sans que vous m’accusiez d’être un libidineux bellâtre.

          Il fit mine de réfléchir en tapotant ses lèvres de ses doigts fins.

          -Disons que j’apprécie votre compagnie. Votre sourire aussi lorsque vous défendez vos idées –n’hésitez pas à m’interrompre si je deviens trop romanesque, lui dit-il en aparté- Votre beauté, mais cela va sans dire. Vous n’êtes pas malléable et réceptive aux sophismes. Vous avez vos opinions. Vous êtes cultivée. La suite de la liste comporte tout un tas de raisons chimiques sur lesquels je ne suis pas un expert et qui pourrait vite vous dégouter. C’est ce qu’on appelle l’a… -il s’interrompit- Mince si je le dis vous allez de nouveau me faire une scène. Bref, ce sentiment se construit et se développe, à condition de le laisser mûrir.

          William ne savait pas vraiment s’il était amoureux de cette femme et ne voulait pas le savoir. De toute façon même s’il l’était ça ne changerait pas grand chose. Il n’avait rien d’un amoureux transit et gardait les pieds sur terre. Pour William il y avait plusieurs formes d’amour. En fait, l’amour était différent pour chaque individu. On avait juste regroupé des sentiments humains qui semblaient avoir des similitudes entre eux et on les avait tous mit dans le même sac. Pour William il s’agissait d’une symbiose qui s’opérait avec un membre du sexe opposé. Un mariage parfait entre deux caractères miscibles et complémentaires. Rien d’extraordinaire mais ça n’avait rien de négligeable non plus.
          Ce qui était sûr c’est qu’il se plaisait avec Marine. Mais il ne pouvait pas non plus se contenter de son amitié. Il la voulait pour lui. Le trésor qu’il était le seul à voir.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le dimanche 21 février 2010, 23:18:17
Marine était quelque peu… décontenancée par les propos de William. Il ne répondait pas vraiment à sa question. Mais à quoi pouvait-elle s’attendre ? On ne définit pas un sentiment comme on énonce une formule mathématique. De plus, le jeune homme semblait s’en amuser. Elle savait qu’il ne se moquait pas d’elle mais plutôt de la situation. Elle ne s’en offusquait pas.
 
Elle resserra la veste sur elle. Curieusement, elle commençait à apprécier William. Il était intelligent, cultivé, obstiné. Des qualités rares, des qualités qu’elle appréciait.


« Vous allez probablement me trouver obtus et obstinée, si ce n’est déjà fait, mais je ne comprends toujours rien à tout ça. Néanmoins, je veux bien vous accorder le bénéfice du doute concernant vos intentions »

Elle lui sourit.

« Que voulez-vous faire à présent, William ? Continuez à marcher avec moi sur cette route jusqu’à mon hôtel pour me raccompagner ou vous préférez rentrer chez vous ? »

Marine l’avait appelé par son prénom comme pour lui proposer un cessez le feu, une sorte de trêve. Elle n’attendait rien de particulier quand à la suite des évènements. Les deux solutions qu’elle lui avait proposées, avaient leurs avantages et leurs inconvénients. Elle était curieuse de savoir comment l’avocat allait réagir face à ce choix.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 22 février 2010, 12:01:38
          Il est normal qu’elle ne comprenne rien. Ce genre de chose ne s’explique pas. Et puis, comme cela entre dans le registre de la métaphysique, William préférait garder sous le coude le passionnant débat qui en découle. Il fut tout de même surpris qu’elle lui demande de la raccompagner. Un grand honneur, sans nul doute, mais c’est surprenant. Ce petit bout de femme était imprévisible et Dolan en était ravi.

          -Je pensais que vous retourniez à la bibliothèque. Je m’enorgueillis de voir que Platon ne peut décidemment pas rivaliser avec moi.

          Il prit son temps avant de lui annoncer sa réponse qu’elle connaissait déjà. Etait-il vraiment nécessaire de le lui dire ? Bien sur que oui. Les femmes ne sont jamais avares de preuves que l’on tient à elles.

          -J’ai donc le choix entre rentrer chez moi et me complaire dans l’oisiveté ou bien jouir de votre présence. Ce n’est pas une proposition, c’est un Diktat.

          Avec un demi-sourire, il lui proposa son bras afin de regagner la civilisation, avant qu’il ne meurt de froid. Mais le changement d’attitude de Marine était une consolation qui lui faisait totalement oublier le confort de la berline. Non pas qu’elle est lunatique mais le juriste ne pouvait tout simplement pas prévoir ses réactions. Elle incarne l’aléatoire dans une vie trop linéaire. Aléatoire… Façon de parler. Pour William l’aléatoire n’existe pas. Il s’agit simplement d’une succession d’événement trop complexe pour être analysés et prévus. Une absence de contrôle que les hommes, par orgueil, ont appelé aléatoire. Cette source d’humilité, de sublimité avait un nom plus concret dorénavant. Marine.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le lundi 22 février 2010, 14:25:30
Elle accepta son bras et ils se remirent en route dans le vent glacial. Heureusement, les rayons de soleil réchauffaient quelques peu l’atmosphère.

« Vous pensez vraiment que je vous impose l’équivalent du traité de Versailles ? J’espère que mes réclamations sont cependant moins exigeantes que celles qui furent imposées à l’Autriche-Hongrie ! »

Elle plaisantait. Elle se doutait bien qu’il avait juste utilisé ce terme pour plaisanter. Elle voulait lui rendre la pareil. Elle enchaîna :

« Quand à Platon, il est certain que vous avez un avantage non négligeable sur lui, William – elle fit une pause dans ses propos – Vous, vous êtes en vie ! »

Ils marchèrent en silence, avançant sur le bas-côté de la route que peu de voitures semblaient empruntées. Ils devaient représenter un couple fort atypique. Lui, en costume au prix exorbitant, elle, en tenue du XIXe siècle. Plus mal assortie, c’était difficile à imaginer. Cela continua à faire sourire Marine. Elle se moquait bien de ce que pouvait dire les gens à son propos, elle s’en fichait. Etant donné son peu de contact avec la société, ce que celle-ci pouvait penser d’elle était le dernier de ses soucis.
 
Ce qui la gênait peut-être davantage, était le fait que maître Dolan, lui, était un personnage public et important. Au vu de sa maison, de son costume, de ses employés, de sa voiture, il était certainement un avocat de renommé. La jeune femme ne voulait pas lui porter tort. Néanmoins, elle se dit qu’il avait fait le choix de l’accompagner et qu’il en avait mesuré les conséquences si on les voyait ensemble.


Il leur fallu trois quart d’heure pour rejoindre l’hôtel où elle occupait une chambre. Il se situait en périphérie de la ville. Ils arrivèrent devant une bâtisse aux murs à la peinture écaillée et qui avait connue des jours meilleurs. Même le mot « hôtel » n’était que partiellement visible. Marine, arrivée depuis peu en ville, n’avait pas les moyens de se payer mieux. Mais les chambres étaient tenues propres et elle n’en demandait pas plus. Malgré tout, on pouvait croiser de temps à autre un ou deux cafards qui se baladaient mais rien de méchant. La jeune femme connaissait bien pire. Dormir dans la boue, dehors, sous la pluie, entourée de vermines, ça n’avait rien d’agréable. A côté de ça, cet hôtel passait pour un palace à ses yeux.

Elle lâcha le bras du juriste devant la double porte dont l’une, en verre, était partiellement brisée.

« Merci de m’avoir raccompagnée, William – elle enleva la veste de ses épaules, la plia et la tendit à l’homme de loi – Merci pour votre veste. Je crois que s’est là que nous nous disons au revoir. Nous aurons peut-être l’occasion de nous recroiser à la bibliothèque. Dans tous les cas, merci William de m’avoir permis de voir votre collection »

Elle passa sous silence les incidents qui avaient succédés à cette visite. Inutile de rappeler de mauvais souvenirs encore bien frais dans leur mémoire à tous deux.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 22 février 2010, 16:47:07
          William haussa un sourcil lorsqu’il aperçut la bâtisse en mauvais état. Le titre « d’hôtel » était sans doute autoproclamé car cette bicoque n’en avait vraiment pas l’air. Cependant, il ne fit aucuns commentaires. Il s’avisa soudain qu’il n’avait jamais demandé à Marine, sa profession. Sa situation est visiblement précaire. Comme quoi cette jeune fille est loin de lui avoir révélée tous ses secrets. C’était une torture pour William de la laisser dans un endroit pareil et il mourait d’envie de l’inviter chez lui. Mais c’était inconvenant. Aussi, il se força à sourire et à faire semblant que tout allait pour le mieux. La dame pourrait mal interpréter sa moue.
          Son attention fut détournée lorsque Marine lui rendit sa veste et lui dit au revoir. William jeta négligemment la veste sur son épaule et prit un air surpris.

          -Peut-être ? demanda-t-il en rebondissant sur ses propos. Soyez en sûr. Maintenant que vous avez eu la folie de me montrer où vous habitiez, je vais pouvoir m’adonner à mon passe-temps favoris. A savoir : Vous persécuter.

          Il reprit un air grave et s’approcha d’elle. William déposa un baiser sur ses lèvres. Consciemment, il ne le poussa pas trop loin ; assez chaste pour être toléré et trop court pour que Marine ne puisse lui rendre.

          -A très bientôt, ma dame, lui dit-il d’une voix douce et profonde.

          Avec un dernier sourire, il tourna les talons. William Dolan est patient. Une qualité redoutable lorsqu’elle est couplée à la persévérance.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le lundi 22 février 2010, 17:28:01
Lorsque William déposa un baiser sur ses lèvres, Marine n’eut pas le temps de réagir. Le temps qu’elle prenne conscience de ce qu’il venait de faire, il avait déjà tourné les talons et s’en allait. La jeune femme resta interdite. Si elle avait eu le temps de réagir, elle l’aurait giflé en lui disant sa façon de penser. Mais il l’avait prise par surprise. Elle secoua la tête et soupira.

Elle se tourna et entra dans l’hôtel. Elle gravit les deux étages qui menaient à sa chambre et y entra. Là, elle se sentait bien, en sécurité. Elle s’assit sur le lit et défit ses bottines avant de s’allonger. Malgré la sérénité de la pièce, la présence de William lui manquait bizarrement. Elle avait aimé être près de lui. Etrange !

Elle se rassit brusquement et décida de ne plus y penser. Elle se releva et s’assit au bureau où plusieurs livres s’empilaient. Elle les avait empruntés à la bibliothèque pour combler ses nuits d’insomnies. Elle se replongea dans leur lecture et oublia le jeune juriste. Une fois plongée dans ses ouvrages, elle perdait pieds dans la réalité. C’était d’ailleurs ce qu’elle recherchait.

Lorsqu’elle releva la tête de son livre, la nuit était plus qu’entamée. Elle s’étira sur sa chaise. Son ventre gargouillait. Elle regarda la pendule au mur. 23h20. Trop tard pour sortir. Elle descendit jusqu’au distributeur du hall et, pour ce soir, se contenterait de deux barres de céréales. Pas vraiment un repas de choix mais ça lui suffirait bien pour jusqu’à demain matin. Elle en grignota une tout en regagnant sa chambre.


Une fois arrivée, elle se déshabilla et se glissa sous les couvertures. Pour une fois, elle n’eut pas à chercher le sommeil très longtemps. Etrangement, la dernière chose à laquelle elle pensa fut le baiser que maître Dolan lui avait donné. Elle sombra dans le sommeil mais comme souvent, il fut bien loin d’être calme. Trop de scènes du passé revenaient la hanter.

Elle se réveilla en sueur et nauséeuse. Il était très tôt. Le soleil n’était pas encore levé. Elle s’extirpa de son lit. Elle détestait y rester à rien faire. Elle passa dans la salle de bain et laissa l’eau couler sur elle et l’apaiser. Une fois sa toilette faite, elle s’habilla.

Il était encore trop tôt pour se rendre à la bibliothèque. Elle décida de marcher jusqu’à la plage. En chemin, elle s’acheta un petit pain au chocolat. Après une demi-heure de marche, elle arriva sur la vaste étendue de sable où elle s’assit. Le soleil commençait tout juste à se lever. Elle aimait se spectacle, un moment magique selon elle. Elle le regarda tout en avalant sa viennoiserie. Une fois que le soleil serait totalement apparu, elle prendrait la direction de sa chère bibliothèque.

Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 22 février 2010, 20:02:56
          William partit sans se retourner. Ce n’est qu’au moment où il entendit la porte de l’hôtel se refermer qu’il se permit un coup d’œil par-dessus l’épaule. Soupir… William se sentait bizarre. Il était heureux. Pourtant, il n’avait aucunes raisons de l’être ; il n’avait pas conclu, il avait toujours froid et il avait une tonne de travail qui l’attendait. Même sachant cela, il nageait dans le bonheur. Maitre Dolan se dirigea vers son cabinet, ne laissant rien paraître de l’euphorie qui l’habitait. Il ferma les yeux, se concentrant sur le souvenir encore frai du baiser qu’il avait volé à Marine. Il se remémora la sensation, le gout de ses lèvres, son cœur qui avait bondit dans sa poitrine lorsqu’il l’avait touché…

          Qu’est-ce qui t’arrive William Dolan ?

          Sa lucidité s’abattit sur lui comme une pluie glacée. Ce n’est pas de l’amour William. C’est le fait qu’elle te résiste qui t’attire. Tu as ça en toi ; la volonté de franchir tous les obstacles. Tu te berces d’illusion en inventant des sentiments que tu es incapable de ressentir par nature. Tu tentes de mettre du piment dans ta vie fade en te concentrant sur une lubie. Lorsqu’elle sera tienne, si ça arrive un jour, la passion disparaitra.
          William sentit comme une vierge de fer qui se referma sur son cœur à l’idée que cette hypothèse soit vraie. Il se frotta les yeux en sentant les larmes perler ,et ce n’était pas à cause du vent. Qu’est-ce qui t’arrive William Dolan.


          Il est 6h54, nous sommes le 13 janvier. Huitième et dernier mail envoyé. William plissait les yeux pour regarder l’écran de son ordinateur portable, tandis qu’il pianotait sur son clavier. Une lumière vive vint le déranger alors qu’il allait commencer à rédiger une plaidoirie. C’était le soleil qui pointait le bout de son nez à travers la bais vitrée de son bureau. Il avait bossé toute la nuit sans s’en rendre compte mais au moins il avait rattrapé son retard d’hier et avait même prit de l’avance. Il n’était pas tellement fatigué, mais il faut dire que la caféine coulait à flot dans ses veines. Il aurait bien voulut s’offrir un break mais il était motivé pour finir son boulot. Dans ce cas, il suffisait de faire les deux en même temps. Et puis la mer était une source d’inspiration non négligeable.

          William prit l’ascenseur pour se rendre au parking sous-terrain. Le building était silencieux. A part les vigils et quelques employés qui faisaient des nocturnes, il n’y avait pas âme qui vive. Lorsqu’il entra dans le parking sombre, il appuya sur le bouton de ses clés de voiture. Aussitôt, une petite voiture de sport répondit à l’appel en émettant un bip sonore.
          L'engin sortit du parking et se dirigea à vive allure vers la plage. Arrivé à bon port, Dolan gara la voiture sur une place libre et descendit avec son attaché-case sous le bras. Tout en sifflota le blues du businessman, il s’assit sur un banc face à la mer et observa l’étendue de sable. La plage était déserte hormis une femme qui regardait l’aube se lever. Une crinière rousse assez familière. William mit sa main en visière pour ne pas être ébloui par le soleil et avisa qu’il s’agissait bien de Marine.
          Bigre ! Quelle coïncidence ! Trop heureux de pouvoir lui faire une surprise, il déposa sa mallette dans la voiture et s’aventura sur la plage d’une démarche prudente pour ne pas remplir ses chaussures de sable. En évitant de faire le plus de bruit possible, il s’approcha d’elle.

          -Bonjour mademoiselle, la salua-t-il.

          Il vint se placer près d’elle et lui lança un sourire remplit de fierté de l’avoir trouvé sans même la chercher.

          -Je vous fais suivre, fit-il en répondant à sa question muette.

          Même si sa voix était on ne peut plus sérieux, son demi-sourire démentait cette déclaration.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le lundi 22 février 2010, 21:22:45
« Bonjour mademoiselle »

Marine sursauta. Ce n’était pas le fait qu’une personne lui adresse soudainement la parole. Elle avait très bien entendu une voiture arrivée et les pas dans le sable. C’était le ton de la voix qui l’avait fait tressaillir. Sans même se retourner, elle avait reconnu la voix de William Dolan. Que diantre faisait-il ici de si bon matin ? Il vint s’asseoir près d’elle et lui sourit.

« Je vous fais suivre »

Il disait cela en plaisantant visiblement mais la jeune femme n’était pas loin de croire que c’était peut-être vrai. Elle reporta son attention sur l’étendue bleue sur laquelle le soleil se levait.

« Le monde semble bien petit William. En tout cas, petit pour nous deux »

Elle ne savait pas trop quoi penser de cette nouvelle rencontre. Elle tourna son regard vers l’avocat et vit qu’il avait les traits tirés. Il avait probablement travaillé toute la nuit. Un avocat ne devait pas beaucoup se reposer surtout quelqu’un comme lui.

« Vous êtes rester debout toute la nuit – c’était une affirmation dans sa bouche – J’ose espérer que ce n’est pas l’après-midi que vous avez passé avec moi qui vous a obligé à faire des heures supplémentaires ? »

Elle se remémora alors la manière dont il s’était quitté la veille et son visage se ferma un peu.

« N’essayez plus de faire ce que vous avez fait hier après-midi en me quittant, c’est-à-dire m’embrasser, William. La prochaine fois que vous le faites au mieux vous prendrez une gifle au pire je vous fracture la mâchoire. Je n’aime pas prendre les gens au dépourvu et comme nul n’est censé ignorer la loi, considérez vous comme prévenu, William »

Elle reporta son regard sur le grand large avant de continuer sur un ton plus enjoué qui dénotait avec ce qu’elle venait de dire.

« Comment vous portez-vous aujourd’hui William ? »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 22 février 2010, 23:14:11
          Elle avait vu qu’il n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Il était peut-être plus fatigué qu’il ne voulait l’admettre. William était habitué aux nuits blanches ; son travail lui imposait un rythme acharné. Et encore s’il n’y avait que son travail d’avocat il serait bien occupé mais comme il le cumulait avec une fonction de « recéleur », il était juste débordé. Cependant, en bon gentleman il était hors de question de dire à Marine la vérité. Il balaya donc ses inquiétudes.

          -Je devais travailler cette nuit et ça n’a rien à voir avec notre entrevue.

          Ce qui suivit blessa le jeune juriste, mais comme d’habitude il ne laissa rien paraître. A quoi s’attendait-il de toute façon ? Des compliments ? Non, si ce baiser l’avait gêné, elle a bien fait de le lui dire. Pour ne pas se morfondre il se concentra sur un petit détail… Fracturer sa mâchoire ? Il esquissa un coup d’œil sur le corps de Marine. Pour qui est-ce qu’elle le prenait ? William n’est pas un grand costaud mais pour qu’une femme comme Marine lui fracture la mâchoire il fallait y mettre du cœur. Ce n’est pas le genre de propos que tient une dame habituellement. A moins qu’elle ait dit ça sous le coup de la colère. Cependant, il ne s’excuserait pas pour le baiser. Si c’était à refaire, il le referait sans l’ombre d’une hésitation.
          En tout cas, la galanterie avait ses limites. Si une femme ne se comportait pas comme une dame il n’avait aucunes raisons de se comporter en gentleman. En théorie… Mais William savait au fond de lui-même que si Marine décidait de le cogner pour une raison X ou Y, il la laisserait faire.

          Dolan haussa un sourcil et tourna lentement la tête vers elle lorsqu’elle changea de ton. Il plissa les yeux comme s’il essayait de voir au travers du profil impassible de cette jeune femme. Sa question était étrange. Comment allait-il ? Mal, évidemment.

          -Bien, fit-il d’une voix distante.

          Silence… Dis quelque chose imbécile. N’importe quoi pourvu qu’elle ne se rende pas compte que ses paroles t’ont touché. Silence... Vite, parle.

          -Je ne vous ai jamais demandé ce que vous faisiez comme profession, demanda-t-il précipitamment.

          William ne put retenir un petit soupir de soulagement. Ce qu’il venait de dire n’était pas si idiot vu que ça ne servait qu’à briser le silence pesant qui menaçait de briser toute sa superbe.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 23 février 2010, 10:13:14
« Ma… profession ? »

Question bizarre ! En fait, elle n’avait jamais imaginé son passé comme étant une… profession. Ça n’en était pas une selon elle.

Les images défilèrent alors dans son esprit : les corps, les combats, les morts, les tortures, la guerre… Les images s’accompagnèrent rapidement d’odeurs : du sang, la boue, la poudre, les chairs brûlées.

Son visage pâle d’habitude, devint complètement livide. La bile lui montait aux lèvres. Elle respirait plus vite. Elle mit une main sur son ventre et porta son autre main à sa bouche. Si ça continuait comme ça, son équivalent de petit déjeuner allait ressortir. Elle se leva et alla jusqu’au bord de l’eau pour respirer l’air marin. Elle aspira à pleins poumons afin de chasser son malaise. Elle mit quelques minutes à se reprendre.


« Excusez-moi, William. Je ne me suis pas sentie bien »

La jeune femme aurait pu inventez une excuse bidon pour expliquer son malaise mais elle détestait mentir. Elle resta donc volontairement vague. Elle avait parlé face à la mer. Elle préférait ne pas le regarder avec la tête qu’elle avait. Elle savait que son malaise n’était pas totalement passé. Inconsciemment, elle passa sa main sur sa cuisse.

« Je ne suis pas certaine qu’on puisse parler de… profession, William – sa voix était lointaine – Pour l’heure, je n’ai pas de profession – elle éclata de rire ce qui tranchait avec le ton de la phrase qui avait précédé – A moins que vous ne m’embauchiez comme professeur de philosophie ou… comme garde du corps »

Cela la fit rire encore plus. Grâce à ça, son malaise disparut totalement. Elle revint alors vers l’homme de loi.

« Je pense que nous ne devons pas être loin des 8h00. Je vais donc vous laisser. Vous devez avoir beaucoup de travail, William. Au plaisir d’une prochaine rencontre »

Elle lui souriait, s’inclina et prit la direction de la sortie de la plage.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 23 février 2010, 13:45:12
          Dolan réunissait les indices. La réaction de Marine était la clef qui permettrait d’en savoir un peu plus sur elle, voir de tout mettre en lumière. Hier, lorsqu’elle s’était énervée elle avait laissée entendre que sa vie n’était pas normale. Maintenant, William savait que cette femme avait des aptitudes au combat. Le fait qu’elle se propose en tant que garde du corps et qu’elle l’ait menacé ne laissait plus de doute sur la question. Si on ajoute cela au fait qu’elle est traumatisée par son passé, que peut-on en déduire…
          Il y avait plusieurs possibilités. Marine pouvait être une ancienne prostituée qui a appris à se défendre dans la rue. Cette hypothèse expliquerait tout. Sauf qu’elle ne se considère pas comme désirable. Or, une prostituée n’aurait pas été surprise d’entendre William dire qu’elle était belle. Elle pourrait aussi être une fille des rues traumatisées par un quelconque événement tragique. Cependant, Marine est cultivée et s’instruit, or ce n’est pas banal pour une va-nu-pieds.
          Garde du corps… Ce mot lui rappelait quelque chose. Lorsqu’il était jeune, la famille Dolan employait des gardes du corps. En tant que noble, c’est une tradition d’être escorté. William se rappelait que ses gardes étaient des machines formatées au combat. Certains camps militaires, qui fournissaient des mercenaires, capturaient des enfants pour les entrainer. Ces camps devaient faire subir des horreurs innommables à ces jeunes. Ca correspondait plus ou moins au profil de Marine. Mais William n’avait jamais entendu parler d’organisation de ce genre sur terre.
          Aucunes de ces hypothèses ne tenaient la route.

          -Je suis désolé de vous avoir posé cette question Marine, fit-il alors qu’elle partait. Restez avec moi s’il vous plait.

          Elle le fuyait encore. William doutait plus que jamais de pouvoir la faire sortir de son monde. Il ne partageait pas sa souffrance car il n’avait jamais été dans le besoin. Il n’a jamais connu de situations extrêmes. Le fossé entre eux était trop large.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 23 février 2010, 14:20:13
« Je suis désolé de vous avoir posé cette question Marine. Restez avec moi s’il vous plait »

Marine se tourna vers lui. Il semblait réellement désolé de sa question et surtout de la réaction qu’elle avait provoquée sur elle. Il avait compris son malaise ou au moins s’en était rendu compte.

Assez curieusement, elle était désolée de lui avoir fait de la peine. Il était plutôt gentil avec elle. Elle n’en avait pas l’habitude. De plus, elle commençait à vraiment apprécier sa présence même si cela lui faisait peur.

Elle hésitait sur la conduite à adopter. Partir ? Rester ? Que faire ? Elle regarda vers la ville. Les immeubles étaient plus que visibles et derrière cette ceinture de béton, se trouvait sa bibliothèque. Etrangement, elle commençait à s’en lasser. Elle faisait la même chose tous les jours. Elle pouvait peut-être essayer autre chose pour une fois.

Elle revint vers William et s’assit tout près de lui.


« Je crois que vous pourrez vous vanter de vaincre une nouvelle ce cher Platon »

Elle tourna son visage vers lui et lui sourit. Dans un élan qu’elle ne comprit pas vraiment, elle se pencha et lui déposa un baiser furtif sur la joue.

« C’est pour m’excuser de mon comportement, William. Je n’aurai pas du vous menacer tout à l’heure mais vous l’aurez compris les rapports humains sont loin d’être moins points forts. Comme on me l’a appris, la meilleure des défenses, c’est l’attaque. Alors j’attaque quelque soit la situation, bonne ou mauvaise. Pardonnez mon attitude, William »

Elle laissa à nouveau son regard aller vers l’océan. Le soleil était totalement levé à présent. Sans le regarder, elle reprit :

« Si… si vous acceptez de me pardonner. Je peux essayer de mieux me comporter, William. Je ne sais pas de quoi je suis capable avec les gens. Enfin, je veux dire dans mes rapports avec eux. Mais je peux au moins vous promettre d’essayer de faire des efforts, au moins avec vous, pour vous »

Elle dit cela d’une voix étonnement douce. Elle paraissait presque comme une poupée de verre qui allait se briser. C’était un défi qu’elle se lançait à elle-même. Elle avait voulu changer de vie, avoir une vraie vie bien à elle. Cet homme lui offrait une occasion de voir si elle pouvait en avoir une. Peut-être qu’elle se trompait et qu’elle ne pouvait pas changer. Mais au moins, elle aurait essayé. De toute façon, sa vie serait difficilement pire que ce qu’elle avait déjà été.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 23 février 2010, 17:18:24
          « Pour vous ». Impossible de décrire l’allégresse que ces deux mots avaient provoquée. C’était peut-être même plus doux que le baiser que William sentait encore sur sa joue. Ce bonheur, il n’avait rien à voir avec les différentes joies qui avaient traversées la vie du juriste. Rien à voir avec le sentiment de liberté lorsqu’il avait quitté Terra ; Une sensation de légèreté et d’euphorie. Rien à voir non plus avec le sentiment de félicité qu’il avait ressenti lorsqu’il a créé son empire juridique ; ce sentiment qui lui avait gonflé les poumons et dressé le menton. Il nageait dans l’inconnu et c’était une expérience grisante.

          Il y avait toujours une chose qui pouvait tout faire s’effondrer. Dolan devait savoir jusqu’où allaient l’éthique et la morale de Marine. Visiblement, elle ne sortait pas beaucoup et n’avait donc aucune idée de la réputation de William. Ca ne repoussait pas la plupart des femmes car elles étaient attirées par l’argent et le pouvoir comme des mouches sur de la confiture. Mais Marine n’en avait rien à faire visiblement. Quelle sera sa réaction lorsqu’elle saura que son avocat à un sens de l’honnêteté inexistant ? Il devrait penser à le découvrir avant que la réponse ne lui tombe dessus comme la misère sur le monde.

          Il prit sa main et y déposa un baiser.

          -J’en suis ravie Marine. J’espère que vous réussirez dans votre quête du bonheur. Si je peux y participer, ma quête à moi sera menée à bien. Après tout c’est le but ultime. Tout le monde cherche le bonheur immédiat.

          Tout être humain cherche son propre bonheur égoïste. C’est un fait auquel personne ne peut échapper. Même les altruistes ne sont que des hypocrites qui forgent leur propre bonheur en contribuant à celui des autres. William en était conscient et en ce moment son bonheur concordait avec celui de Marine.

          Il lui adressa un sourire complice. Il savait où il était en train de la conduire ; Son terrain préféré. C’est à dire le débat philosophique. Inutile d’insister sur un sujet où Marine était mal à l’aise. D’ailleurs tout était dit. Elle allait faire un effort et lui, il allait arrêter de juger sa vie. La suite allait suivre son cours. Lentement et sans anicroche, alors inutile de s’étendre sur le sujet.

          -Que pensez-vous ?
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 23 février 2010, 18:57:15
Lorsqu’il avait pris sa main, elle avait été tentée de la retirer mais elle lui avait promis d’essayer de faire des efforts. Elle la lui laissa. La sensation n’était pas désagréable même si elle était inhabituelle.

Elle sourit à sa question. Il repartait à débattre avec elle comme hier. Visiblement, il l’excusait de son comportement et voulait encore profiter de sa présence. Il voulait son avis ? Elle n’allait pas le décevoir.


« Le bonheur, sujet complexe – elle souriait – Bien sûr, on recherche tous le bonheur immédiat mais est-ce vraiment le plus intéressant ? Il ne s’agit que d’un bonheur éphémère qui ne dure que peu de temps. La joie qu’il peut procurer s’émousse rapidement quand il disparait. Je pense que les gens sont plutôt à la recherche d’un bonheur qui dur. Malheureusement, un tel bonheur existe-t-il ou n’est-ce qu’une chimère qui nous fait espérer et nous fait nous contenter de petits plaisirs dans l’espoir d’un plus grand ? – Elle le regarda – Je ne sais pas ce que je cherche, William. Je ne sais pas si c’est le bonheur. Je voudrais juste une vie un peu moins dure que celle que j’ai connue. Je me contente de peu, comme vous l’avez vu. Peut-être que c’est ça le bonheur »

Elle se le demandait. Tout comme l’amour, elle ne savait pas trop ce qu’était le bonheur. La jeune femme se demandait si William allait réussir à le lui faire découvrir ou au moins entrevoir.

« Et pour vous William, qu’est-ce que le bonheur ? »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 23 février 2010, 22:08:10
         William restait dubitatif. Son raisonnement se tenait mais il y avait quelques points qui n’étaient pas corrects pour le juriste. Il pensait qu’elle allait évoquer Aristote et compagnie pour parler du bonheur vu que le brave homme a presque fait le tour du sujet. Tans pis, c’est donc lui qui serait le héraut du créateur de l’existentialisme ; doctrine que Marine chérissait tant. Bien entendu, William allait pousser à l’extrême les raisonnements préétablis, sinon ça ne serait pas amusant.

         -Le bonheur… Je pense qu’il s’agit d’un état auquel tous les êtres humains aspirent. Quand au bonheur qui dure, il s’agit d’un idéal que nous tentons de planifier en faisant des études pour obtenir une bonne situation sociale ou bien par d’autres moyens. Mais comme nous ne contrôlons pas notre existence, peu de personnes y arrivent malgré ces planifications.

         Maintenant, William devait s’attaquer au point sur lequel il n’était pas d’accord avec Marine. La jeune fille recherchait le bonheur car c’est dans sa nature d’être humain. Par contre, il était tout à fait d’accord avec elle sur le fait que c’est l’espoir d’un bonheur plus grand qui nous motive et qui nous fait avancer.

         -D’après moi, tout le monde est en quête du bonheur, même vous ma chère. J’ajouterais même qu’il s’agirait d’un bonheur égoïste et immédiat. Absolument tous nos actes sont motivés par cette quête, même les plus futiles ou les plus désagréables. Par exemple, je vous parle parce que si je me taisais vous me prendriez pour un idiot sans répartie ce qui me rendrait malheureux. Je paye mes impôts car j’imagine mes ennuis si je ne le faisais pas et cela me fait peur. En fait, la plupart de nos actes ont pour but de s’empêcher de souffrir, ce qui peut être adjoint à la quête du bonheur. Voilà pour le bonheur immédiat.

         William fit une pause. C’est un sujet qu’il maitrisait bien et il s’agissait maintenant de structurer son argumentation. Il fallait être concis et clair pour convaincre l’érudite.

         -Ensuite l’égoïsme fait référence au fait qu’on ne fait jamais rien pour le bonheur des autres. On fait des cadeaux à ses amis car on apprécie leur gratitude lorsqu’ils les reçoivent. La preuve : Lorsqu’ils ne sont pas reconnaissants cela nous frustre. Vous pourriez me dire que nous pouvons faire des efforts pour les autres sans qu’ils le sachent. Mais je vous dirais que dans ce cas là, c’est la fierté que nous recherchons. Nous augmentons hypocritement notre estime de soi en nous persuadant que notre action était désintéressée. Bien sur, c’est inconscient. Voilà pour le bonheur égoïste.

         Malgré le pessimisme dont il faisait preuve, William était radieux. Il aimait rabaisser les plus glorieux sentiments de l’homme. Ca ne faisait que souligner à quel point Dolan méprisait ses semblables. Les bénévoles, les généreux, les altruistes réduits à une bande d’hypocrites abjects et indignes des louanges dont ils sont couverts. Quelle délectation !

         -Je pourrais vous démontrer que n’importe lequel des actes humain est égoïste, la défia-t-il.

         William y avait déjà pensée et à force de chercher il n’avait trouvé qu’un seul type de contre-exemple ; celui de la femme qui se sacrifie pour son enfant. Mais il l’avait balayé en prétendant qu’il s’agissait d’une réaction régit par l’instinct et pas par la raison ou une pulsion. Ce qui place ce contre-exemple dans les exceptions.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 23 février 2010, 23:11:28
« Je vous trouve bien sévère et catégorique dans vos propos, William »

Bien sur, il n’avait pas totalement tort mais de là à considérer que tout être humain agit, consciemment ou non, par intérêt était trop extrême.

« On peut effectivement considérer que le bonheur est quelque chose d’égoïste. Mais la recherche de son propre bonheur peut passer aussi par le fait d’en apporter aux autres sans que cela soit hypocrite. On peut faire plaisir juste pour faire plaisir, sans arrière pensée. Je vous ai embrassé tout à l’heure. Je pense que ça vous a fait plaisir, tout comme à moi et je n’avais pas d’arrière pensée. Certes, je vous ai dit que c’était pour m’excuser mais je l’ai fait parce que j’en avais envie que vous me pardonniez ou non »

Elle soupira. Elle avait un peu de mal à trouver des arguments allant contre les dires du juriste même si elle n’était pas totalement de son avis.

« Vous avez dit que vous payez des impôts par peur de représailles. Mais ce n’est pas du bonheur, même immédiat. Le bonheur n’existe que si la souffrance, l’inquiétude et le trouble sont absents. Or si c’est par peur que vous agissiez cela ne peut vous apporter le bonheur »

Si Marine ne savait pas ce qu’était le bonheur, il avait cependant raison de dire qu’elle le recherchait, comme tout le monde.

« Oui, je pense être à la recherche du bonheur comme tout à chacun. Pour ma part j’aurais tendance à suivre les principes d’Epicure : ne pas craindre les dieux, ne pas craindre la mort, le bien est facile à atteindre et le fait qu’on puisse supprimer la douleur. Je ne suis pas croyante, donc je ne crains pas les dieux. J’ai trop souvent affronté la mort pour la craindre. Je l’accepte tout simplement. Il me reste les deux autres préceptes à réaliser pour atteindre le bonheur. Mais c’est vrai que c’est très égoïste  - elle se tourna vers lui – J’avais raison hier, vous êtes un excellent juriste à qui il est difficile de démonter les arguments, William. Je plains vos adversaires et je suis contente de ne pas en faire partie »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 24 février 2010, 14:55:08
          En effet, les ennemis de William Dolan sont à plaindre. Une chose qu’ils ont trop vite tendance à oublier d’ailleurs…

          -Merci, mais si j’étais meilleur j’arriverais à vous convaincre. Que je dise la vérité ou non.
 
          La réaction de Marine n’était pas surprenante. Il est très difficile d’adhérer à la philosophie de William car cela remet en cause toutes les actions désintéressées dont nous sommes si fières. Il fallait trouver un exemple qui lui parlerait d’avantage. Un exemple adapté à son interlocutrice.

          -Lors d’un combat vous essayez de tuer votre adversaire pour protéger votre vie. Normal, me direz-vous. Pourtant je ne suis pas de cet avis. Car peu importe que votre adversaire soit mère Theresa ou un ami, vous essayerez quand même de vous protéger. Alors que vous pourriez vous laisser mourir et sauver une vie qui vous est chère.

          Dolan avait sciemment choisi un exemple sur le thème du combat. Il savait maintenant que Marine est une combattante et donc cet exemple avait plus de chance d’être efficace.

          -C’est une réaction stupide mais c’est justement le fait que nous trouvions cette solution absurde qui met en évidence notre égoïsme exacerbé. Pourquoi mériterions-nous plus que notre adversaire, d’être en vie ? Le sacrifice n’est jamais envisagé lors d’un conflit, quel qu’il soit. Pourtant il y a statistiquement une chance sur deux pour que votre adversaire soit plus méritant que vous.

          C’est ce genre de raisonnement qui conduit quelqu’un à s’affranchir de toute morale. Ce recul vis à vis des actes absurdes de l’humanité qui fait que l’on perd sa foi en la justice. William Dolan est amorale et blasé. Il défendrait les pires crapules sans aucuns remords ni scrupules car inconsciemment, la race humaine le dégoute.
          Le juriste prit un ton froid. Le regard fixé sur l’horizon qu’il défiait de sa harangue.

          -Le droit a compris cette façon de penser. Aussi d’éminents collègues ont inventés le principe de la légitime défense. Cela consiste à ne pas être puni lorsqu’on tue quelqu’un dans le but de se défendre. Mais si on adopte ma théorie alors le meurtre est aussi blâmable que la soi-disant légitime défense. Dans ce cas, pourquoi le meurtre est-il puni ? Parce que ça maintient la cohésion d’une société dont les membres sont enchainés à des règles qui régulent leur égoïsme. Quand à la dimension morale de la justice, elle est discutable. Le droit est le ciment de la société et sa légitimité est assuré par l’éthique. Des œillères pour le peuple si vous voulez mon avis.

          Lorsque l’on est convaincu que tout acte est égoïste. Pourquoi ferait-on preuve de générosité ou de compassion. Pourquoi se fatiguer à faire un effort pour les autres puisqu’il ne s’agirait que d’un moyen pour satisfaire son amour-propre.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mercredi 24 février 2010, 16:44:26
Marine sourit lorsqu’il parla de combat. Elle avait bien compris que William avait volontairement choisi cet exemple pour elle.

« Se protéger est un réflexe naturel pour ne pas dire instinctif mais ce n’est pas toujours le cas. Quand je combattais, je cherchais à rester en vie non pas pour moi mais seulement pour mener ma mission à bien. Si ma mort la faisait réussir, alors je me serais tuée moi-même. Parfois, on préfère recevoir des coups, voir se faire tuer plutôt que de porter atteinte à quelqu’un. Les Cathares se sont laissés martyrisés pour ne pas tuer leurs ennemis. Même chose pour les Chrétiens de l’antiquité ou les Juifs durant la seconde guerre mondiale. Ils n’ont pas cherchés à se rebeller même pour échapper à leurs bourreaux. Ils préféraient mourir pour leur foi ou leur conviction »

Quand au propos de William concernant le droit, la jeune femme se dit qu’il parlait bien là comme un avocat, qu’il était d’ailleurs. Pouvait-elle lui reprocher de vouloir avoir raison à tout prix ? Non, bien sur. C’était son travail de convaincre quelque soit la situation ou l’interlocuteur. Déformation professionnelle, un peu comme elle.

« La morale guide le monde ou c’est l’anarchie. La légitime défense et le meurtre ont certes la même issue, la mort d’une personne mais dans un cas, le meurtre, c’est une volonté consciente, non un instinct de conservation, qui a poussé la personne a tué - elle le regarda bien en face – En ce qui concerne le droit, je ne considère pas que se soit le triomphe de la justice qui s’illustre dans les tribunaux. C’est plutôt le triomphe des avocats. Les avocats défendent bec et ongles leur client, c’est d’ailleurs leur profession et leur sacerdoce, vous en savez quelque chose William. Qu’il soit innocent ou coupable importe peu pour l’avocat, il doit juste défendre son client. Aujourd’hui c’est le meilleur orateur qui réussira à convaincre un jury pas forcément celui qui détiendra la vérité »

Elle avait volontairement, tout comme lui l’avait fait, choisi un exemple qui le toucherait. Marine se demandait si un jour, ils arriveraient à tomber d’accord sur une notion ou une idée quelconque. Elle repartit à observer l’avocat.

« Vous ne devriez d’ailleurs pas être à défendre vos clients ou à travailler pour eux plutôt que de philosopher avec moi ? Ou au moins vous reposez un peu après votre nuit blanche, William ? Ne croyez pas que je n’apprécie pas votre compagnie mais je ne veux pas vous portez tort, c’est tout. Vous risqueriez de m’en vouloir après ! »

William avait les traits tirés mais elle le voyait parce qu’elle savait décrypter les visages. Pour n’importe qui d’autres, il serait parfaitement alerte. Pas pour elle.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 24 février 2010, 18:27:49
          Le raisonnement se tenait. Il est vrai que l’histoire montre que certaines personnes se sacrifiaient plutôt que de combattre. Les chrétiens pardonnaient à leurs bourreaux mais ils accueillaient la mort à bras ouvert car on leur promettait le paradis éternel. Quand aux juifs, les pauvres diables n’avaient pas vraiment eu le choix. William considérait ces nouvelles données mais il y réfléchirait plus tard. Histoire de les digérer.
          Il se mit à rire lorsqu’elle lui fit part de son inquiétude.

          -Ne vous inquiétez pas Marine. Je ne voudrais pour rien au monde être ailleurs que sur la plage à philosopher avec vous. Et puis, vous n’êtes jamais d’accord avec moi – Il lui sourit – Tant mieux car il n’y a aucun plaisir à prêcher une convertie.

          William avait réussi à guider la conversation sur son métier. Son but véritable car il devait savoir ce que Marine pensait de ses activités. Il ne savait pas vraiment pourquoi ça lui importait mais l’avis de la jeune fille était essentiel à ses yeux. Elle appréciait William, l’homme attentionné qui débattait avec elle. Mais quand était-il de maitre Dolan, avocat sans scrupules à la solde de la mafia…

          -Vous avez raison à propos des avocats. Ce n’est pas une vocation. Rare son ceux qui veulent devenir avocat pour l’amour de la justice. Je n’en fais d’ailleurs pas parti. Quand à la vérité, elle a plusieurs facettes sinon on n’aurait pas besoin de mes talents. On me paye pour mettre en lumière une partie de la vérité. La vérité qui servira mon client. Toux les moyens sont bons pour innocenter les accusés même ceux qui ne le mériteraient pas.

         William scruta le visage de Marine pour y déceler la colère ou pire… Le mépris. Il avait été franc. Même s’il n’avait dit certaines choses qu’à demi-mots Marine était suffisamment intelligente pour décrypter ses paroles. Elle l’aurait su d’une manière ou d’une autre. Autant qu’elle l’apprenne de la bouche de William.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mercredi 24 février 2010, 21:30:38
L’avocat la regardait ou plutôt il l’observait. Pourquoi ? Qu’attendait-il d’elle ? Il lui avait dit ne pas être de ces avocats défendant la justice et le bon droit mais c’était son choix. Marine n’avait pas à le juger pour ça. Elle même avait fait des choses détestables dans sa vie. De plus, il avait été honnête avec elle. Elle n’avait rien à lui reproché.

« Vous défendez vos clients, c’est tout ! Votre choix de défendre des innocents ou des… moins innocents est une histoire entre vous et votre conscience, je n’ai pas à vous juger pour ça. Votre travail est de défendre votre client et vous le faites certainement très bien, William. Le pire serait de mal défendre votre client car vous le savez coupable. Là vous trahiriez votre profession. C’est au juge et au jury de désigner les coupables. Vous, vous avez juste votre travail à faire et vous le faites. Le reste, comme je vous l’ai dit, est une histoire entre vous et votre conscience. Tout le monde a le droit d’être défendu, même les pires êtres de cette planète »

Sa voix était douce mais affirmée. Elle pensait ce qu’elle disait. Le regard de la jeune femme se perdit dans celui de William.

« De plus, ce que vous êtes réellement n’est pas forcément ce que vous montrez dans le monde professionnel. On est parfois obligé de se composer un personnage pour pouvoir faire ce qu’on attend de nous. William Dolan peut-être très différent de Maître Dolan, mais le plus important des deux, c’est William »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le jeudi 25 février 2010, 15:39:49
          William lui sourit. Alors c’était comme ça qu’elle voyait les choses. Elle allait même jusqu’à considérer que les engeances de ce monde méritaient d’être défendues. Pourquoi pas. Ne pas les défendre ça serait s’abaisser à leur niveau. Pourtant ce n’est pas avec ce genre de principes qu’on éradique le mal. Pour détruire le mal, il faut descendre dans la fosse là où il est tapi quitte à salir sa belle cape blanche de justicier.
          Mais peu importe, William avait choisi sont camp. Celui de l’argent. Et bizarrement celui-ci est plutôt du côté des fripouilles. Y’a pas à  dire, le crime paie. Et puis, ça occupe.

          C’était plaisant de savoir que Marine n’avait pas de révulsion pour le milieu sordide de la justice. Toutefois, ce n’est pas ça qui a retenu l’attention du juriste, mais bien : « Le plus important c’est William »

          Le juriste approcha sa main du visage de Marine et lui caressa la joue avec un sourire tendre.

          -Je suis heureux de vous l’entendre dire. J’avais quelques appréhensions à ce sujet. Si seulement l’opinion publique pensait comme vous.

          William regardait les lèvres de Marine. Sa couleur vermeil était une invitation à les prendre en bouche. Mais cette source de plaisir avait un prix ; une mâchoire cassée. « Un prix honnête » lui criait son désir mais William imaginait déjà le doux visage de Marine se refermer. Elle se retrancherait derrière des remparts qu’il ne pouvait briser. Ce prix là était beaucoup trop élevé.
Il ôta sa main et reporta son attention vers l’horizon. Il plissa les yeux pour supporter la domination du soleil qui était maintenant assez haut dans le ciel pour rayonner de toute son intensité.

          -Dites-moi Marine. Vous avez un projet d’avenir ? Car j’ai cru comprendre que vous n’aviez pas d’emploi en ce moment. J’aimerais vous employer comme garde du corps mais vous y verriez du favoritisme. Dommage, je suis sûr que vous excellez dans la dislocation de mâchoires. 

          Il lui décocha un sourire plein d’humour pour souligner sa plaisanterie.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le jeudi 25 février 2010, 16:43:45
Lorsque William lui caressa la joue, elle apprécia le contact mais eut très peur qu’il aille plus loin. Elle se rendit compte qu’il avait envie de l’embrasser. Ses beaux yeux verts exprimaient clairement ce désir. Heureusement, il enleva sa main et se mit à contempler l’horizon. Marine en fut soulagée.

Elle ne savait pas qu’elle aurait été sa réaction s’il l’avait embrassé. Elle lui avait promis une gifle s’il essayait mais la jeune femme se demandait si elle le ferait vraiment. Elle n’avait pas plus envie que ça de le frapper et une toute petite voix en elle, lui disait qu’elle en avait peut-être envie. Mais ses réactions étaient parfois instinctives dans ce genre de situation. La peur prenait le dessus et le coup risquerait de partir sans qu’elle en soit vraiment consciente, ni qu’elle le veuille.

Elle porta son regard sur le grand large tout comme lui.


« Dites-moi Marine. Vous avez un projet d’avenir ? Car j’ai cru comprendre que vous n’aviez pas d’emploi en ce moment. J’aimerais vous employer comme garde du corps mais vous y verriez du favoritisme. Dommage, je suis sûr que vous excellez dans la dislocation de mâchoires »

Là, Marine ne put s’empêcher de rire. Il ne dura que peu de temps mais il était des plus spontanés. Il plaisantait à nouveau et Marine commençait vraiment à apprécier ça.

« Je serais beaucoup trop chère pour vous, William »

Son sourire n’avait pas quitté son visage tandis qu’elle se tournait vers le juriste. Elle avait aussi envie de plaisanter.

« Et puis, je risquerais d’être trop envahissante, un vrai pitbull. Je risquerais de m’en prendre à tous ceux qui vous approcheraient d’un peu trop près et vous finiriez par perdre tout votre argent. Non seulement à me payer, dans le mesure où vous arriveriez à vous offrir mes services, mais aussi dans les procès que toutes les personnes a qui j’aurais cassé la mâchoire vous intenteraient car vous seriez mon employeur. Et puis, se serait dommage que toutes les superbes jeunes femmes qui vous côtoient se retrouvent à devoir pratiquer de la chirurgie esthétique. N’est-ce pas William ? »

Son sourire s’était agrandit au fur et à mesure qu’elle avançait dans sa plaisanterie. Ses yeux pétillaient. Cela la transformait totalement. Mais elle redevint un peu plus sérieuse.

« Trêves de plaisanterie William. Effectivement je n’ai pas de travail mais je ne souhaite pas gagner ma vie en vendant mes capacités. Je ne veux plus combattre. Je ne veux plus blesser personne sauf en cas de légitime défense, c’est tout. Après, niveau travail je ne sais pas du tout ce que je peux faire ou pas. Par contre, il va falloir que je trouve assez vite quelque chose ou je vais me retrouver à dormir dehors »

Elle soupira et son regard se porta à nouveau sur la mer. Elle allait vraiment devoir partir à la recherche de quelque chose plutôt que de passer tout son temps à la bibliothèque mais elle ne connaissait rien au marché du travail. Elle ne s’y était jamais confronté, ni même intéressé. Elle espérait juste trouver quelque chose qui la fasse vivre. Se priver, elle connaissait, ce n’était pas très grave. Mais elle allait vraiment devoir se bouger.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le jeudi 25 février 2010, 20:10:20
          William s’esclaffa. En effet, vu sous cet angle, elle risquait de lui couter cher. Quand aux femmes qui gravitaient autour de Dolan, il s’agissait d’accusations sans fondements.
          Le futur de Marine ne s’annonçait pas très bien. De nos jours, sans diplôme on ne fait rien. A part des petits boulots à droite à gauche. Elle pouvait aussi devenir criminelle. Un métier d’avenir où l’espérance de vie déterminait le niveau de compétence du malfrat. Bizarrement, il ne voyait pas Marine embrasser cette carrière. Une autre solution était d’épouser un bon parti mais il imaginait mal une femme comme elle se faire entretenir par un homme.
          Oh bien sûr, William pouvait lui proposer d’habiter chez lui et de lui verser un pécule mais c’était une insulte qu’il réservait pour les greluches sans fierté. Insulte qu’elles ne considéraient pas comme tel d’ailleurs. En gros, William leur disait : « Maintenant, je t’achète. Tu vis sur mon argent et tu me dois obéissance sinon je te coupe les vivres ». Et elles, elles le remerciaient. Quelle idiotes !
          Bref, rien à voir avec Marine.

          -He bien mademoiselle il va vous falloir prendre des cours du soir. Mais ne vous inquiétez pas. On ne dort jamais dehors tant qu’on a des amis.

          Il lui sourit gentiment. L’histoire de Marine ressemblant un peu à la sienne dans un sens. Il était arrivé sur terre à l’âge de 16 ans. En tant que noble, il avait déjà reçu une éducation. Bien que n’ayant aucun diplôme il avait réussit à entrer dans une fac de droit en contournant les procédés administratifs. L’acclimatation a été très dure. Il a dû s’adapter à ce nouveau monde où les lois étaient très différentes de celles de Nexus. Tout le système juridique était différent et William a dû travailler dur pour rattraper son retard. Heureusement, il s’est avéré qu’il était brillant dans son domaine. Ses études ont été payées grâce à des richesses qu’il ramenait de Terra et il n’a jamais manqué de rien.

          -Je comprends votre situation. J’ai été moi-même dans une situation similaire ; perdu dans un environnement nouveau sans point d’attache. Mais on peut s’en sortir malgré tout. J’en suis la preuve vivante. Ici, vous pouvez tout recommencer à zéro. Forgez-vous une nouvelle vie en oubliant l’ancienne. Il va vous falloir travailler dur mais le résultat est à la hauteur de vos espérances. – Il se retourna vers elle – Je vous y aiderai, Marine.

          Il ne s’agissait pas de l’assister. William voulait juste lui donner un petit coup de pouce. Avec ses relations c’était un jeu d’enfant et ça ne demandait aucun effort. Encore fallait-il qu’elle accepte son aide, si modeste soit-elle.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le jeudi 25 février 2010, 20:42:48
Elle hocha la tête.

« Merci, William. C’est gentil à vous »

Elle réfléchit à ce qu’elle pouvait faire. C’était bizarre, elle n’y avait jamais vraiment pensé. William lui disait qu’il en avait bavé pour arriver là où il en était. La jeune femme voulait bien le croire. Et elle, que pouvait-elle faire ? En soit passer un diplôme ne serait pas forcément complexe. Elle savait qu’elle avait acquis une culture et des connaissances non négligeables. Mais passer un diplôme ou aller à la fac exigeaient certains papiers… qu’elle n’avait pas.

« Je ne pense que le droit soit tout à fait mon domaine – elle rit à nouveau -  Mais la philo ou l’histoire serait plus dans mes cordes. Je pense que j’aimerai bien être prof de philo au lycée ou à la fac. Oui, je crois que ça, ça me plairait – son sourire disparue – Mais aucune chance »

Comment avoir des papiers quand on n’a pas d’existence. Elle ne savait même pas si son prénom était bien le sien. Elle ne savait même pas où elle était née. L’administration était plutôt tatillonne. Elle était une étrangère ici. D’ailleurs où ne serait-elle pas une étrangère ?

Elle comprit d’un coup que même pour travailler, elle allait devoir présenter des papiers mais elle n’en possédait pas. Obtenir un travail serait donc des plus compliqués. A part du travail au noir, elle n’aurait rien à moins de trouver une âme compatissante. Mais les bonnes âmes se faisaient rares. Son regard, perdu dans le vide, revint vers William. Il était dans le droit, il pourrait peut-être lui dire ce qu’il en était.


« William, j’ai une question pour l’avocat. Comment fait-on pour avoir des papiers d’identités quand… on n’existe pas ? »

Cela la blessait beaucoup de le dire. Physiquement, elle était vivante mais juridiquement, officiellement, elle n’existait pas. Elle n’avait personne. Si elle mourrait, personne ne le remarquait, ne s’en soucierait. Les larmes perlèrent à ses yeux. Elle n’était même pas une ombre ou un fantôme. Elle n’était rien. Elle n’existait pas.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le samedi 06 mars 2010, 13:41:11
       William essaya de s'imaginer Marine en tant que professeur. Cela lui irait assez bien même s'il ne pouvait pas comprendre cet engouement pour l'enseignement. Le juriste aurait l'impression de perdre son temps en transmettant son savoir si durement acquis, en échange d'argent. Pourquoi prendre le risque que d'autres le surpasse? Quelle folie de contribuer à sa propre destitution! Dans la compétition qu'est la vie, Dolan ne voyait pas comment on pouvait se permettre d'aider les autres à nous surpasser.

       Cependant, William ne dit rien. Il se contenta de hocher la tête en attendant la suite. La jeune fille allait lui faire part de ses doutes, il n'avait qu'à attendre. En réponse à ce silence, la question de Marine arriva. L'avocat sourit. Ce n'était pas un problème très grave. Lui-même avait été dans ce cas il y a très longtemps. Un peu de manipulation, une bonne maitrise des procédures, un zeste de corruption et William Dolan, Japonnais, née à Kobe en 1982, était apparu sur les registres.

       Tout en se tournant vers Marine, il ouvrit la bouche pour répondre avec légèreté mais il se tut lorsqu'il vit son expression peinée. Une larme qui s'accrochait désespérément aux cils de la belle était en pleine lutte avec la gravité. Ce spectacle aurait dû chagriner le gentleman mais il était trop captivé par l'éclat des larmes qui reflétaient l'astre solaire comme des centaines de diamants. William convoitait ces joyaux et sans vraiment s'en rendre compte il se rapprocha de celle qui les détenait. Il passa un bras autour de sa taille et la serra contre lui.

       -Ceux ne sont que des papiers Marine, dit-il avec une voix douce. L'avocat ne peut rien pour vous mais William se fera un plaisir de vous fournir ce dont vous avez besoin. Ça ne me coute rien. J'ai des contacts qui se feront un plaisir de me rendre ce service.

       Un mensonge. Obtenir des papiers officiels n'était pas si aisé. Il est possible d'acheter de faux papiers pour une somme conséquente mais une recherche dans les archives permettait de percer la ruse. Pour pouvoir vivre en toute sérénité il fallait s'inscrire dans les registres et pour cela il fallait soudoyer l'administration. Mais le juriste l'a déjà fait; il peut recommencer.

       Une fois que cela sera fait, il donnera fièrement ses nouveaux papiers d'identités à la belle. Il pourra ensuite passer son temps à se plaindre sur la simplicité avec laquelle il a récupéré ces documents officiels.
       Et ce dans le but de préserver la fierté de Marine, cela va de soi.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le samedi 06 mars 2010, 15:10:10
La jeune femme se sentait perdue et seule. Elle avait toujours été seule mais c’était devenue tellement habituelle qu’elle n’y faisait pas attention. Cependant, cette solitude lui sauta brutalement au visage. Le fait de réfléchir à cette absence de papier lui mettait cette solitude en gros plan vu que personne ne pouvait affirmer la connaître ou savoir qui elle était. Ça lui minait le moral.

C’est cet instant que choisit William pour lui enserrer la taille avec son bras. Marine aurait du se raidir et lui dire d’ôter sa main et son bras mais elle n’en fit rien. Elle acceptait ce geste de réconfort curieusement ça lui faisait du bien. C’était la première fois que quelqu’un avait un tel geste pour elle. Sans vraiment s’en rendre compte, elle se serra contre lui et ferma les yeux. Elle essayait de se dire qu’elle n’était pas seule. La voix douce du juriste la tira de sa rêverie.

« Ceux ne sont que des papiers. L'avocat ne peut rien pour vous mais William se fera un plaisir de vous fournir ce dont vous avez besoin. Ça ne me coute rien. J'ai des contacts qui se feront un plaisir de me rendre ce service »

Cela semblait si simple à l’entendre. La jeune femme se rendit compte alors de sa position et de son laisser aller. Elle se redressa et rouvrit les yeux.

« Comment comptez-vous m’obtenir des papiers ? J’imagine bien que ça ne tombe pas du ciel et je n’ai pas d’argent pour pouvoir m’offrir des faux papiers »

Elle était perplexe. Même si elle n’avait que de vagues notions en droit, elle ne voyait pas très bien comment le jeune avocat allait faire. Maintenant, ce n’était que de vagues notions et il en savait bien plus qu’elle. Elle décida de lui faire confiance.

« Si vous pouvez m’avoir ses papiers, je ne vais pas dire non. Si je veux essayer d’avoir une vie je peux difficilement faire sans ! »

Le bras de William était toujours autour de sa taille. Elle posa sa main sur la sienne et l’écarta de sa taille.

« Merci pour le… réconfort mais ça va aller à présent »

Comme toujours, sa nature reprenait le dessus. Elle avait repris son assurance et son attitude froide, du moins en apparence. A l’intérieur, elle avait plus de mal à se reprendre mais elle faisait en sorte de ne pas le montrer. On lui avait appris à ne jamais se montrer faible et se laisser aller comme elle l’avait fait, c’était le montrer. Une chose qu’elle ne pouvait pas accepter d’elle-même.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le samedi 06 mars 2010, 17:01:43
       Bien, au moins il avait réussi à la réconforter. Le fait qu'elle l'ait repoussée montrait qu'elle était de nouveau dans son état normal. William était satisfait qu'elle ne refuse pas son aide. De toute façon, ce n'est pas comme si elle avait le choix. Elle avait autant besoin de ces papiers que lui avait besoin de les lui procurer. La question était de savoir pourquoi il avait tellement envie d'aider Marine. Une théorie déconcertante est qu'il pourrait être amoureux d'elle.

       William se massa les tempes puis posa ses yeux vert sur la femme à côté de lui. Il n'avait qu'à passer un coup de fil et occuper Marine quelques minutes. Des hommes à la solde de l'avocat se pointeraient sur la plage et l'embarquerait. Personne n'en saurait rien puisqu'elle n'existe pas. Il l'enfermerait dans son entrepôt sous son building. William imaginait le regard de haine qu'elle lui lancerait, les cris, les injures... Il la ferait passer à tabac pour la rendre plus docile. Et après, la vendrait-il sur Terra pour se débarrasser définitivement d'elle ou bien en ferait-il son esclave personnelle? Ce plan était d'une logique imparable, il fallait en convenir. Ces sentiments qu'il éprouve, ils seraient balayés par sa cruauté. Il n'avait qu'un coup de fil à passer pour tout arrêter, en finir avec cette lubie.

       D'habitude la planification de ce genre de projet le purifiait de tous sentiments mais là, ça le rendait morose. William avait souvent recours à cette stratégie pour ne pas être attendri par un terranide condamné à l'abattoir par ce bon vieux Dolan. Pour un esprit faible, la culpabilité était trop dur à supporter mais William ne pouvait laisser cette faiblesse se mettre sur le chemin de son ambition dévorante. Il devenait alors beaucoup plus cruel qu'il n'est, afin d'engloutir sa compassion sous un torrent de haine. D'habitude, c'était efficace mais pas cette fois.

       William regardait toujours Marine, une profonde tristesse imprimée sur son visage. Il s'en fichait.

       -Je n'ai qu'à demander une faveur à mon contact au ministère de l'immigration, commença-t-il d'une voix monocorde. Nous ferons une demande de naturalisation pour la réfugiée politique que vous êtes. Quelques pots de vin ou des menaces pour les plus honnêtes de ces messieurs les magistrats, des procédures aussi inutiles qu'ennuyantes et vous obtiendrez la nationalité japonaise avec les papiers qui vont avec.

       Simple. La routine pour William, mais il se doutait que Marine risquait d'être plus frileuse que lui. Pourtant, c'était la seule solution pour que Marine ait ses chances dans sa nouvelle vie. Elle l'avait dit elle-même; sans papier, elle n'existait pas.
       William lui jeta un regard curieux. «Alors petit ange, accepteras-tu de salir tes plumes?»
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le samedi 06 mars 2010, 19:56:31
« Je n'ai qu'à demander une faveur à mon contact au ministère de l'immigration. Nous ferons une demande de naturalisation pour la réfugiée politique que vous êtes. Quelques pots de vin ou des menaces pour les plus honnêtes de ces messieurs les magistrats, des procédures aussi inutiles qu'ennuyantes et vous obtiendrez la nationalité japonaise avec les papiers qui vont avec »

Marine tourna brusquement la tête vers lui, surprise. Au vu du regard vert de William, lui, l’observait depuis quelques minutes. Elle ne s’attendait pas à cette réponse. Qu’il puisse l’aider, elle l’espérait mais de là à verser des pots de vin ou menacer, il y avait deux poids, deux mesures. Et puis, des pots de vin, elle se doutait que ce genre de magistrats ne devait pas se contenter de quelques yens. Quand aux menaces, elle n’en était pas particulièrement fan.

« Alors je crains de ne pas avoir de papiers avant longtemps, William. Je n’ai pas les moyens de payer ce… genre de transactions et il est hors de question que vous payiez à ma place. Pour les menaces, je préférerai faire sans. S’il n’y avait eu que cette solution, même si elle ne plait pas, à la limite, mais je ne me vois plus faire ce genre de choses – elle haussa les épaules et lui sourit – C’est gentil à vous d’avoir voulu m’aider. Tant pis pour les papiers, je me débrouillerai, je l’ai toujours fait, je continuerai. J’arriverai toujours à gagner un peu d’argent d’une manière ou d’une autre et puis, il m’en reste encore un peu »

Elle essayait de plaisanter et de le rassurer. Elle ne voulait pas qu’il puisse s’inquiéter pour elle. Elle arriverait bien à trouver quelque chose. Du moins, elle l’espérait mais inutile de causer plus de soucis au jeune juriste.

Le vent glacé souffla sur eux brusquement. Marine resserra sa cape sur elle. Puis elle sortit ses mains et souffla dessus pour les réchauffer. Ils allaient finir congeler avec ce vent froid.

Il devait bien être neuf heure, peut-être plus. Marine se sentit brusquement fatiguée. Ça lui arrivait souvent. Ses nuits étaient trop agitées pour être reposantes et le fait de se réveiller tôt n’arrangeait rien. Elle savait aussi que ça ne durerait pas mais elle devait bouger un peu. Elle regarda William, le sourire toujours aux lèvres.


« Dites-moi, William, ça vous dirait de boire un café avec moi ? Si vous voulez toujours de ma compagnie. Après je vous laisserai retourner auprès de vos clients »

Curieusement, alla avait envie qu’il accepte. Décidément, sa compagnie lui devenait de plus en plus agréable.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le dimanche 07 mars 2010, 14:41:27
       William était désolé pour elle mais surtout, il s'en voulait terriblement. Il n'y avait aucune raison de lui dire comment il aurait obtenu ces papiers. C'est d'ailleurs ce qu'il comptait faire. Pourtant il lui avait révélé la procédure pour obtenir une identité en toute illégalité. C'était sortit tout seul comme s'il était un spectateur impuissant tandis que son amertume prenait les rênes de sa raison. Quel idiot!

       William aurait beaucoup de difficultés à la faire changer d'avis car il est très compliqué de pervertir une âme qui a déjà connu la souillure. Alors qu'il est aisé de corrompre un innocent en lui susurrant des promesses et des rêves ou en l'inondant de sophismes, car pour lui le vice est un inconnu tentateur. Il n'en est pas de même pour ceux qui connaissent les immondices du mal et qui en sont sorti. Mais à la fin, la pression d'une vie difficile et précaire saura peut-être la faire changer d'avis.

       Toute personne a une valeur marchande. La valeur de William est sa connaissance du droit, son talent d'orateur et son manque de scrupules. D'autres vendent leur charisme ou leur science. La valeur de Marine réside dans son savoir mais il est inutilisable dans le monde du travail sans une identité. Elle est sans doute doué au combat mais elle refuse d'utiliser ce talent également. Alors quoi d'autre? Son corps?

       Malgré sa déception, William ne dit rien. Impassible. Il parvint néanmoins à réaliser une ébauche de sourire lorsqu'elle l'invita à prendre un café.

       -J'en serais ravi. A condition que ce soit moi qui invite.

       Il lui décocha un sourire triomphant avant de l'entrainer vers le parking de la plage. Après l'avoir averti qu'il conduisait comme un manche, il lui ouvrit galamment la portière puis s'installa lui-même au commande du bolide. Le moteur s'alluma en lançant un rugissement sourd qui ne laissait planer aucun doute quand à sa puissance. Cependant, la voiture progressa à une allure raisonnable jusqu'au centre ville.
       William parvint à trouver une place près d'un restaurant aux allures chic sans pour autant être un palace. Le genre de restaurant que William appréciait ; assez distingué pour donner aux femmes un carte du menu sans les prix et assez modeste pour ne pas faire une cérémonie à chaque fois qu'un plat est servi.

       -Je vais souvent là pour petit déjeuner, expliqua-t-il après avoir ouvert la portière pour sa dame.

       Il lui offrit son bras et la mena jusqu'à l'aboutissement de leur quête d'un café chaud et, surtout, chargé en caféine. Le restaurant était un ancien bâtiment; les murs étaient recouvert de tapisserie dont les tons rouge et orangé donnaient une atmosphère chaleureuse. Les piliers de marbres rose qui soutenaient une voute en pierre blanche et les dorures étaient là pour rappeler la signification du mot «luxe».
       Un serveur vint à leur rencontre et s'enquit de leur désir. William demanda une table calme situé au fond de la salle. Le serveur les y conduisit et sortit deux menus de nulle part. Lorsque celui-ci disposa pour les laisser se concerter, William se permit un petit sourire.

       -Ils servent les meilleurs cafés de toute la ville mais n'hésitez pas à commander ce qui vous fera plaisir.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le dimanche 07 mars 2010, 18:28:42
Il lui adressa un sourire avant d’accepter sa proposition sous condition que se soit lui qui paye l’addition. Elle ne chercha pas à l’en dissuader. Il faisait partie de ses hommes qu’on appelle gentlemen. Elle aurait pu protester mais elle se doutait qu’il ne l’entendrait pas de cette oreille. Elle n’avait aucune envie de le contrarier alors elle s’abstint.

Il se releva et lui tendit la main pour l’aider à se lever à son tour. Ils se dirigèrent alors vers le parking. Une seule voiture y était garée, une voiture de sport. Marine n’en était pas étonnée. Il l’installa avant de prendre place derrière le volant. Il lui dit qu’il ne conduisait pas bien. Elle faillit lui dire de lui donner le volant, elle avait l’habitude de conduire et de conduire vite. Mais elle ne dit rien, lui laissant le plaisir de la conduite. Elle apprécia le confort de la voiture et au son du moteur, elle se dit que c’était dommage de l’utiliser en ville.

Il l’emmena jusqu’à un restaurant qu’il semblait affectionner pour prendre son petit déjeuner. Comme toujours, il lui ouvrit la porte et lui tendit son bras pour la guider jusque dans l’établissement. Ce dernier était des plus luxueux selon les critères de la jeune femme. Un serveur se dirigea tout de suite vers eux quand il aperçut William montrant par là l’importance de l’avocat. Selon le souhait de ce dernier, le serveur les plaça un peu à l’écart des autres tables de la pièce. Il leur donna la carte et les laissa faire leur choix.


« Ils servent les meilleurs cafés de toute la ville mais n'hésitez pas à commander ce qui vous fera plaisir »

La jeune femme consulta la carte et fut surprise de n’y voir aucun prix. Elle releva la tête de la carte et ne pu s’empêcher de sourire en le regardant. Une nouvelle attention du jeune avocat. Elle se replongea dans la multitude des produits proposés par le restaurant mais son choix était déjà fait.

« Un café sera parfait pour moi, merci - Elle reposa la carte devant elle – C’est un très bel endroit ici. Il n’y a pas à dire, vous avez un goût très sûr, William. Un beau manoir, une jolie berline, une magnifique voiture de sport »

Elle lui souriait. Elle se rendit compte que son sourire n’avait pas quitté ses lèvres depuis la plage. Habituellement, elle se serait retranchée derrière sa façade de glace en arrivant dans un tel endroit mais avec William, elle se sentait en sécurité. C’était comme si c’était lui son rempart. Marine se dit qu’elle devait faire attention à ne pas trop s’attacher à cet homme ou elle risquait de souffrir. Après tout, ils n’avaient rien en commun. Ils évoluaient dans deux mondes différents et il finirait par repartir dans sa sphère de clients à défendre et de procès à gagner.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 08 mars 2010, 19:47:25
       Café gourmand, café long, café court... Malheureusement, il n'y avait pas de caféine directement par intraveineuse. L'avocat commençait à subir les effets de sa nuit blanche, bien qu'il fasse son possible pour ne pas le montrer. Auquel cas, Marine allait insister pour qu'il aille se reposer... Et puis quoi encore.
       William leva les yeux de son menu et aperçut une jolie frimousse qui le regardait en souriant. Il l'intercepta avec un sourire complice même s'il n'avait aucune idée de ce que lui valait cette marque d'attention. Revigoré, il parcourut de nouveau le menu pour se donner une contenance.

       Il entendit alors la remarque de Marine. Une remarque très désopilante selon Dolan. Tout en se permettant un petit rire, il posa son menu sur le bord de la table.

       -Ce n'est pas du goût Marine. C'est de l'argent. La fonction des outils que vous venez de citer est de faire rayonner le pouvoir. Le mien en l'occurrence. Vous me trouverez peut-être pédant et arrogant mais afficher son statut social est utile dans bien des situations. La modestie est l'apanage des médiocres.

       Avec un air blasé, il se passa une main dans les cheveux. Les mèches noires glissèrent devant ses yeux vert, masquant partiellement le vide qu'ils contenaient.

       -Depuis que je suis ici, j'ai investi tout mon temps dans cette quête de la réussite social. Je serais idiot de ne pas en profiter. Surtout parce que c'est tout ce que j'ai.

       Un sourire désabusé s'étala sur son visage. William ne s'amusait presque jamais. Il trouvait son plaisir dans le travail, la réussite et parfois dans le sexe. Il n'avait aucun ami et s'entourant toujours de lèches bottes pour créer l'illusion. Quand aux femmes, il allait voir les prostituées ou bien il s'envoyait en l'air avec la plus insistante des opportunistes qui gravitaient autour de lui comme des mouches autour d'un pot de miel. William était obnubilé par le pouvoir qui, dans ce monde, se traduisait par l'argent. Être puissant est très satisfaisant mais on finit par s'en lasser. Alors on cherche toujours plus de pouvoir et on trouve son bonheur dans l'expectative du futur. Un cercle vicieux dont William avait conscience mais son addiction à l'argent lui interdisait de faire demi-tour. C'est comme monter sur une échelle dans le noir; On ne voit pas mieux mais on risque de tomber de plus haut et on a peur de redescendre.

       Un serveur qui se tenait respectueusement à quelques mètres de la table, attendant que William finisse de parler, se présenta finalement. Le juriste annonça les commandes et l'importun disparut aussi vite qu'il était arrivé.
       Quelque peu gêné par cette interruption, il sourit timidement mais n'ajouta rien. Sa vie lui convenait... Ou en tout cas, il y avait pire que lui.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le lundi 08 mars 2010, 22:43:18
La jeune femme fut touchée par les paroles de l’avocat. Il semblait aussi seul qu’elle pouvait l’être. Ils n’évoluaient pas dans le même monde mais, au final, ils vivaient la même chose. Enfin, presque, il avait plus de personnes autour de lui et était beaucoup plus sociable qu’elle. Dans le même temps, sa profession l’exigeait. Il ne pouvait pas se permettre de se mettre à l’écart de la société. Tout comme l’argent qu’il dépensait, c’était plus pour le paraître. Marine n’était pas si sûr qu’il en profitait tant que ça.

Le serveur revint avec leurs commandes, les déposa devant eux et se retira rapidement. William souriait mais semblait désenchanté. La jeune femme s’en attrista. D’habitude c’était plutôt elle qui se trouvait dans cet état. Ils avaient ça en commun aussi. Marine voulait essayer de lui faire penser à autre chose.


« Vous savez, William, ce n’est pas parce que quelqu’un à de l’argent qu’il va forcément acheter de jolies choses même si la beauté est très subjective »

Marine se rappela la phrase qu’il avait prononcée plus tôt et ne put s’empêcher de lui adresser une pique juste pour le faire réagir.

« Si j’avais de l’argent, je ne suis pas certaine que je le montrerai de façon ostentatoire. Je me contenterai d’avoir une jolie maison au bord de la mer, un gros chien, un chat, un ma… »

Elle s’arrêta brusquement. Elle avait failli dire un « mari ». Elle avait parlé de la maison comme ça sans vraiment réfléchir mais, soudain, elle se rappela de la seule chose de son enfance qu’elle avait gardée en mémoire. La vision d’un dessin d’enfant, le sien, représentant une maison au bord de la mer, un chien ou ce qui y ressemblait, un chat dormant sur un mur, un couple, des enfants. Un rêve bien banal qu’on lui avait enlevé probablement pour toujours.

Un voile passa devant ses yeux et son sourire s’effaça quelques instants mais Marine se reprit et chassa ce souvenir. Elle adressa un léger sourire à William et revint à son propos.


« Vous avez dit que la modestie est l’apanage des médiocres. Dois-je donc comprendre que vous me considérez comme médiocre, William ? »

Elle attrapa sa tasse et but quelques gorgées. La caféine n’était pas encore passée dans son sang mais ça lui faisait déjà du bien.

« Vous aviez raison, leur café est excellent ! »

Elle reprit la tasse et souffla sur le liquide brûlant avant de le porter à ses lèvres.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 09 mars 2010, 19:49:56
       William l'écoutait. Son attention était portée sur elle mais il ne rétorquait pas. Elle avait tout dit. «Si» elle avait de l'argent elle ne le montrerait pas. Et c'est pour cette raison -entre autres- qu'elle n'en avait pas. Si les gens riches sont arrogants, ce n'est pas par hasard. C'est en parti parce que ce défaut permet d'atteindre la richesse en question. C'est ce sentiment de puissance et de grandeur qui pousse certaines personnes à se surpasser et qui leur donne leur charisme. La confiance en soi est essentiel et celle-ci est souvent synonyme d'arrogance.

       William porta le café à ses lèvres. Avant d'avoir eut le temps de prendre une gorgée, Marine s'interrompit brusquement. Le juriste leva les yeux pour voir que la jeune fille restait interdite. Qu'avait-elle faillit dire? Il avait cru comprendre le début du mot «mari». C'est cela qui la chamboulait? Décidément, cette fille était une énigme pour William. Celui-ci ne sachant pas quoi faire, même s'il savait qu'il était sensé la consoler, prit un air désolé qui s'accordait mal avec le visage froid de Dolan. Si bien que son expression en devenait presque comique.

       Dieu soit loué, la jeune fille retrouva vite ses esprits et quitta l'univers ténébreux de ses souvenirs. A l'avenir William réfléchirait à ce qu'il devrait faire la prochaine fois qu'il était sensé consoler quelqu'un. Un orateur comme lui; il était impensable qu'il se retrouve en difficulté dans un moment pareil.

       Avec un réel soulagement, William approcha de nouveau sa tasse pour gouter enfin au divin nectar. Il commençait à peine à boire que Marine posa une question qui le fit s'étouffer. Heureusement, Dolan parvint à se maitriser à temps et la catastrophe fut évité. Seule une petite toux contenue attestait que la question avait quelque peu déstabilisée l'avocat.

       Avec un geste lent et gracieux, il reposa sa tasse sur la table afin de se donner du temps pour réfléchir à la réponse qu'il allait donner. L'air de rien, Marine ajouta que le café était excellent. «Petit polissonne» se dit-il tout en lui adressant un mince sourire. Il s'agissait d'une question piège. La médiocrité est relative. D'un avis générale, une femme sans papiers, sans argent, sans statut, sans diplômes et sans avenir pouvait, en effet, être considérée comme médiocre. De plus, par «médiocre» l'avocat voulait désigner ceux qui n'excellent pas; c'est à dire 99% de la population de cette planète.
    William savait déjà comment répondre. Il suffisait de dire la vérité.

      -Vous n'êtes pas médiocre... De mon point de vue, précisa-t-il. Mes propos ne vous visaient pas. Je mettais simplement en lumières que certains se cachent derrière leur modestie parce qu'ils n'ont rien d'autre à mettre en avant. Et ainsi parés de leur magnifique bouclier d'humilité, il se permettent de critiquer ceux qui sont meilleur qu'eux et qui le montrent. -Son regard vert pétillant de malice se posa sur son interlocutrice-. Quand à votre prétendue humilité, ma dame, je trouve cela bien vaniteux de s'autoproclamer ainsi, modeste.

       William, avec un sourire insolent étalé sur les lèvres, prit une gorgée de café. Il émit un soupir de contentement théâtrale qui laissait penser que ce n'était pas le café que l'orateur appréciait.

      -En effet, ce café est un délice.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mercredi 10 mars 2010, 00:07:10
Elle sourit au vu de la réponse de l’avocat. Elle plaisantait tout comme lui. Il soupira d’une manière si exagérée qu’elle ne put s’empêcher de rire.

« Un point pour vous, maître Dolan »

Elle reprit son café et continua de le boire tout doucement. Rire, c’était une chose qui paraissait si ordinaire pour tellement de gens, pour elle s’était différent.

« C’est bizarre. Ça doit-être la deuxième ou troisième fois que je ris dans ma vie. Je vois souvent les gens rirent dans la rue. Je les envie d’avoir eu cette liberté »

Soudain, la morosité la reprit et surtout la tristesse. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi mais elle ressentait le besoin de parler, de lui parler. Les larmes lui revinrent aux yeux.

« J’imagine qu’on ne vous a jamais empêché de rire William, moi… c’était différent. On m’a appris beaucoup de choses mais le rire était inacceptable là où j’étais. J’avais sept ans quand j’ai désobéi. Je ne sais même plus pourquoi – elle fronça les sourcils, tentant de se rappeler les faits – mis je sais très bien ce que ça m’a coûté – son regard se perdit dans la contemplation de sa tasse – 20 coups, ça m’a coûté… 20 coups de fouet pour avoir rit – elle sourit tristement – C’est comme de vouvoyer. C’est une chose aussi qu’on m’a très bien inculqué à coups de fouet. La preuve, aujourd’hui encore, je n’ai pas oublié ma leçon, n’est-ce pas ? »

Ses yeux revinrent vers William. Elle le regarda quelques secondes avant de se rendre compte de ce qu’elle venait de dire. Elle en fut mortifiée. Elle ne s’était jamais confiée à personne. Pourquoi l’avait-elle fait tout d’un coup avec un quasi inconnu ? Elle paniqua complètement. Elle se leva d’un bond.

« Je… Merci pour le café… Je dois y aller… Excusez-moi, William »

Elle partit rapidement vers la sortie. Une fois dehors, elle regarda où elle se trouvait avant de prendre la direction de son hôtel. Elle voulait partir, très vite. Marine ne voulait plus simplement rentrer chez elle ou dans ce qui correspondait le plus à un chez elle. Elle voulait partir, quitter cette ville. Elle s’était livrée à William comme elle n’aurait jamais dû le faire. Elle ne pouvait plus rester ici et prendre le risque de se retrouver en face de lui. C’était impossible pour elle.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 10 mars 2010, 18:46:05
       William regardait fixement la chaise vide devant lui. Tout se passait pourtant bien. Qu'est-ce qu'il avait raté? L'ambiance était agréable et il avait même réussi à la faire rire. Puis, son expression avait changé. Elle avait partagée son passé et le lot de souffrances qui vont de pair, mais elle s'était retrouvée face à quelqu'un qui ne pouvait pas comprendre, seulement imaginer. William avait analyser et décortiquer ses paroles afin de percer le mystère qui entour Marine, alors qu'il fallait seulement écouter.

       A chaque fois que Dolan pensait maitriser la situation, cette femme lui rappelait qu'il ne contrôlait rien. C'était peut-être mieux ainsi. William Dolan n'a rien à faire avec une femme instable. Il s'était toujours vu avec une femme de la haute société avec des manières impeccable et une culture développée bien qu'inférieur à la sienne. Une sorte de poupée qu'il pourrait trimballer de réceptions en réceptions sans qu'elle ne lui fasse honte. Il lui offrirait des bijoux hors de prix ; pas pour lui faire plaisir mais justement pour qu'elle les porte et soit l'étendard de sa gloire et de sa fortune. Un outil au même titre que sa berline ou son manoir.

       Ces dernières 24 heures avaient été ridicules. Il avait côtoyer Marine, s'était mis en danger. Et pourquoi? Ce n'était même pas pour la mettre dans son lit et même si ça avait été le cas, aucune femme ne vaut tant de peine. Son obstination était risible. Pourtant Dolan ne ressentait rien qui pourrait s'apparenter au soulagement et au calme qui nous habite lorsque l'on reconnaît son erreur. Il avait l'impression que sa poitrine était comprimée et que ses entrailles s'étaient dérobées... La peur. Pourquoi? Parce qu'elle était en train de s'éloigner et que dans quelques minutes, elle sera perdu pour lui.

       William se leva et déposa en vitesse quelques billets sur la table. Le pourboire allait être très généreux. L'avocat sortit du restaurant et d'un pas rapide marcha à la poursuite de Marine. Elle devait sans doute se diriger vers son hôtel, vu qu'elle n'avait pas l'air d'avoir la tête à autre chose. Après quelques minutes de marche désagréables, William aperçut enfin la chevelure rousse qui appartenait à la femme qu'il voulait avoir à ses côtés. Il accéléra légèrement le pas et lui coupa la route.

       -S'il vous plait, attendez ! Intima-t-il de sa voix autoritaire. Vous avez peur. Peur de ce qui se passerait si vous accordiez votre confiance à quelqu'un d'autre que vous. Vous avez peur du pouvoir qu'aurait cette personne sur votre existence. Vous le voyez comme une faiblesse ou un ennemi mais vous ne vous êtes même pas demandé s'il avait aussi peur que vous.

       William marqua un pause. Il n'avait pas l'habitude d'avouer ses faiblesses et si ça n'avait pas été dit de manière si implicite, les mots n'auraient jamais pu sortir. Bizarrement, l'avocat se rappelait l'avertissement de Marine lorsqu'il l'avait laissé devant son hôtel. Maintenant, cette menace ne lui faisait ni chaud, ni froid. Il voyait ce qu'elle cachait; la peur d'être approché.
       Le jeune juriste reprit d'un ton plus calme et mesuré.

       -L'attachement est une faiblesse mais il s'agit d'un lien. Une corde qui nous assure qu'il y aura toujours quelqu'un au bout, n'importe où et n'importe quand. Et même si le risque est réel, ne me dite pas qu'il est trop grand pour vous.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mercredi 10 mars 2010, 20:14:02
Marine avançait rapidement, tête baissée, bras croisés sur sa poitrine. Elle ne se préoccupait de rien, ni des passants qu’elle bousculait, ni du jeune homme qu’elle venait d’abandonner à la table du restaurant. Elle ne se préoccupait pas de lui mais elle ne comprenait pas non plus ce qui c’était passé. Pourquoi lui avait-elle raconté tout ça ?

Elle accéléra encore le pas comme si le fait de marcher vite, de s’éloigner physiquement de William, la mettait hors de danger. Hors de danger… mais de qui ? De lui ou… d’elle ? Des deux probablement. Les questions se bousculaient dans sa tête. Être paniqué de cette manière, ça ne lui était jamais arrivée même dans les pires situations.

En réalité, William lui faisait peur. Cet homme arrivait à la deviner, à connaître ses pensées, ses peurs. De plus, elle se sentait bien avec lui, ce qui lui faisait d’autant plus baisser ses défenses ne faisant que renforcer le fait qu’il puisse lire en elle. Un cercle sans fin qu’elle devait briser à présent. Paradoxalement, elle savait que pour se protéger, elle devait le fuir, mais en même temps, elle l’appréciait et s’en aller la rendait malheureuse.

Sans même l’avoir entendu, William sembla surgir de nulle part et lui coupa la route.


« S'il vous plait, attendez ! Vous avez peur. Peur de ce qui se passerait si vous accordiez votre confiance à quelqu'un d'autre que vous. Vous avez peur du pouvoir qu'aurait cette personne sur votre existence. Vous le voyez comme une faiblesse ou un ennemi mais vous ne vous êtes même pas demandé s'il avait aussi peur que vous »

Aux derniers mots qu’il prononça, Marine redressa la tête et plongea dans ses yeux. Peur ? Aurait-il peur d’elle ? C’était insensé.

« L'attachement est une faiblesse mais il s'agit d'un lien. Une corde qui nous assure qu'il y aura toujours quelqu'un au bout, n'importe où et n'importe quand. Et même si le risque est réel, ne me dite pas qu'il est trop grand pour vous »

La jeune femme ne savait plus quoi faire. Elle avait envie de le fuir et elle avait envie de rester, elle voulait le gifler et elle voulait pleurer dans ses bras. Elle était perdue, complètement perdue. Tous les livres qu’elle avait pu lire, tous les entrainements qu’elle avait faits, toutes les tortures qu’elle avait subies, ne lui avaient pas appris à réagir dans une telle situation. Elle était désemparée. Les larmes coulaient à nouveau sur ses joues.

« Je… Je… »

Elle n’arrivait même plus à parler. Elle se sentait faible, vulnérable mais incapable de se reprendre. Elle finit par s’écrouler au sol, impuissante à réagir. Elle tomba à genoux et cacha son visage dans ses mains pour pleurer.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le jeudi 11 mars 2010, 17:22:23
       Quelle puissance! Les mots ont tellement de pouvoir. Même si Dolan le savait, ça l'impressionnait à chaque fois qu'il en était témoin. Ses attaques avaient percées les défenses de Marine. Il les avaient fragilisées durant ces dernières 24 heures puis le coup fatal les avaient réduit en miettes. Lui-même avait subit des dégâts dans cette entreprise, même si ça blessait son égo de l'admettre. Sa propre cuirasse avait été fissurée. Celle de Marine s'était brisée... Et elle avait froid.

       William se pencha sur le corps recroquevillé et serra la dame dans ses bras. Lui offrant une nouvelle carapace où se réfugier le temps qu'elle s'en forge une autre. Tout le monde en a besoin d'une pour survivre dans ce monde. Cependant, certaines sont plus fragiles et moins adaptées que d'autres. Celle de Marine était parfaite, mais elle convenait pour une vie de guerre et de mort, pas pour la vie en société. La jeune fille était sans défense. Pour l'instant, le carcan de ses bras suffirait. Il serait sa défense. Cette fois ce n'était pas pour l'argent, ni pour la gloire. Ce n'était pas non plus une obligation ou de la pitié. C'était un voeu.

       Dolan ne parlait pas, se contentant de serrer le corps secoué de sanglots. C'était la première fois qu'elle était aussi proche de lui. Il sentait les tremblements de son corps, sa respiration chaude et saccadée qui s'écrasait sur son cou, l'arôme délicat de sa chevelure de feu. Son rythme cardiaque s'accéléra. Ses paupières se solidarisèrent pour apprécier pleinement cette explosion de sensations.

       Avec une lenteur imperceptible, ses lèvres se rapprochèrent de la joue humide et salée de la jeune fille. William captura une larme qui glissait le long de sa joue et l'écrasa entre ses lèvres. Sa main glissa dans les cheveux aux reflets moirés, se perdant dans les boucles et autres circonvolutions que William affectionnait tant. En remède au flots de larmes intarissable, il posa ses lèvres sur la joue de sa belle. Un baiser tendre et chaste ; sans ambition. Il trouva ensuite la volonté de se retirer et retourna se perdre dans les effluves enivrantes de sa nuque, la laissant ainsi pleurer tout son saoul.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le vendredi 12 mars 2010, 14:42:24
La jeune femme sentit des bras l’entourer, ceux de William. Elle le sentit se rapprocher d’elle et la presser contre lui. Avoir quelqu’un aussi près d’elle ne lui était jamais arrivé sauf dans des combats rapprochés mais jamais autrement. Pour la première fois de sa vie, elle accepta le réconfort qu’il lui proposait. Dans le même temps, personne n’avait jamais essayé de lui apporter du réconfort. Elle posa sa tête contre sa nuque laissant les larmes inondées ses joues.

Marine sentit William tourner la tête vers elle. Les lèvres se posèrent sur sa joue dans un baiser aussi léger qu’un battement d’aile de papillon. La jeune femme renonça à la promesse qu’elle lui avait faite de lui briser la mâchoire ou même de le gifler. Cet effleurement était trop léger pour la braquer.

Peu à peu, la douceur de William et le temps finirent par la calmer. Ses sanglots diminuèrent et finirent par s’arrêter tout comme ses larmes. Ces dernières finirent par se tarir. Ses bras toujours croisés sur sa poitrine se décrispèrent et retombèrent sur ses genoux.

Le visage toujours lové dans le cou du jeune homme, elle se dit qu’ils devaient offrir une vision étrange aux passants. Elle était gênée, gênée de s’être laissé aller ainsi. Elle finit par se reculer un peu de lui. Tête baissée, elle contemplait ses mains, incapable de le regarder.

Qu’allait-elle faire à présent ? Que pouvait-elle faire ? Tel un pantin a qui on aurait coupé les fils, sans marionnettiste pour la guider, elle se retrouvait privée de toute volonté.

Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le samedi 13 mars 2010, 14:48:49
       William entendait le rythme des pas discontinu des passants qui les contournaient.  Il entendait les manteaux se froisser quand ils se retournaient pour le regarder. Il sentait leurs regards posés sur lui. Curieusement, ça ne dérangeait pas Dolan. Ça ne l'a jamais dérangé. En tant que personnage publique, il ne faisait guère attention à son image et ne faisait pas grand cas de l'opinion publique; ce qui explique peut-être pourquoi maitre Dolan a une réputation aussi mauvaise.

       L'avocat caressait machinalement les cheveux de Marine, le regard perdu dans le vague. Il attendait simplement que Marine se calme. Patiemment. Elle ne pouvait que s'apaiser. Petit à petit, les tremblements et les sanglots se firent plus espacés. Les larmes cessèrent de couler. Seul les sillons salés, ultime vestige des pleurs, restaient inscrit sur le visage albâtre. William n'était plus nécessaire ; elle s'éloigna. Il acceptait les règles du jeu et n'était pas dérouté, même si on lui arrachait son addiction favorite. Marine restait prostrée, incapable de parler et encore moins de regarder l'avocat.

       William se releva. Quelques tapes sur son costume pour le défroisser, une rapide vérification de son reflet sur une vitrine et voilà que son séjour à genoux sur un trottoir ne laissait aucunes séquelles. Ce bref examen effectué, Dolan reporta son attention sur la jeune fille toujours au sol.

       -Ce n'est pas l'endroit idéal pour réfléchir, fit-il en passant un bras sous ses épaules.

       Délicatement, il l'aidait à se relever. Quitte à soutenir la majeur partie de son poids. Son bras autour de sa taille, il l'entraina dans le flot de passants, en direction de la voiture. En attendant, Marine avait le temps de retrouver ses esprits et décider comment elle allait mener sa vie. Il n'y avait plus qu'à espérer que William ait un rôle à jouer dans celle-ci.

       Pour la neuvième fois de la journée son téléphone portable vibra, et pour la neuvième fois, il l'ignora. C'était son travail évidemment. Qui d'autre l'appellerait? Quoiqu'il en soit, il avait mieux à faire en ce moment que de faire prospérer son empire. C'était absurde mais tellement vrai. Mais que pouvait-il faire maintenant? Il n'avait rien à dire. Ou du moins, il ne pouvait rien dire de plus. Certains sentiments étaient proscrits pour le juriste. Il s'interdisait d'y penser alors il pouvait encore moins les dire. Et on ne pouvait pas compter sur le fait que son visage exprime quoique ce soit. William restait de marbre. Comme toujours.

       -Allez-vous mieux? s'enquit-il au bout d'un moment. Je suis navré si je manque parfois de tact.

       Un défaut dont William avait conscience. Il était incapable de prouver ou de faire comprendre quelque chose sans secouer son interlocuteur. Ces méthodes agressives fonctionnaient dans un tribunal car ces opposants étaient des magistrats dont l'affection ne lui importait pas. Là, c'était bien différent. Il essayait d'être plus doux mais c'était contre-nature pour l'avocat du diable. Même s'il arrivait à faire passer le message, la façon de le faire était à revoir.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le samedi 13 mars 2010, 16:03:38
Le jeune avocat se releva. Marine, elle, était toujours apathique.

« Ce n'est pas l'endroit idéal pour réfléchir »

Elle ne releva pas la tête à ces paroles. Elle sentit les mains du jeune homme l’aider à se relever, comme une poupée, elle se laissa faire. Le bras de l’avocat passa autour de sa taille. Il la conduisait en direction de la voiture apparemment.

Le son du téléphone portable de William la surpris. Elle pensait, à juste titre, que son bureau devait vouloir le joindre. Or, il était là, avec elle. Il ne répondit pas. La jeune femme se sentait d’autant plus mal. Non seulement, elle s’était laissé aller devant lui et maintenant, elle l’empêchait de travailler.

« Allez-vous mieux ? Je suis navré si je manque parfois de tact »

Peut-être mais Marine avait toujours préféré la franchise plutôt que de tourner autour du pot pendant des heures. Au final, le résultat était le même.

Ils arrivèrent à la voiture. William lâcha la taille de la jeune femme pour aller lui ouvrir la porte. Marine regretta le contact du bras de l’avocat. Elle ne savait pas pourquoi mais elle l’avait apprécié. Il se retourna vers elle et lui prit la main pour la guider vers l’intérieur.


« Je vais mieux, merci. Je suis désolé de ce qui c’est passé. Vous avez été direct mais j’apprécie ça. J’avais besoin de ça, je crois »

Elle s’arrêta un instant et le regarda en face. La première fois depuis le moment où elle s’était retrouvée à genoux sur le trottoir. Elle lui sourit.

« Je crois que votre travail vous attend. Vous devriez y aller plutôt que d’être avec une femme asociale et caractérielle. Si ça ne vous ennuie pas vous pourriez me déposer à l’hôtel avant ? »

Elle aurait pu y rentrer seule mais elle avait encore envie de passer un peu de temps avec lui. Sa présence lui faisait du bien. Personne ne la supportait aussi longtemps en général. En même temps, elle ne faisait rien pour encourager les gens. William avait raison, on ne peut pas vivre sans relation avec les autres mais, pour l’instant, elle était toujours incapable d’avoir des rapports normaux avec les autres. En serait-elle d’ailleurs jamais capable ? La jeune femme en doutait.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le dimanche 14 mars 2010, 12:49:13
       Le couple arriva enfin à la voiture après une petit marche agréable. William n'aimait pas trop marcher mais le faire avec Marine à son bras changeait la donne. D'ailleurs William n'aimait pas les efforts physique en général. Il se forçait tout de même à aller en salle de fitness afin de conserver son corps finement sculpté qui contribuait à son charisme. Mais cette musculature artificielle était seulement esthétique.
       Dolan ouvrit la portière de l'automobile pour Marine sans y penser. Si bien que cette marque d'attention perdait toute sa valeur.

       Marine lui révéla qu'elle préférait la franchise. Une bonne chose puisque Dolan en usait fréquemment. Mais il en usait avec parcimonie. Ceux qui affectionnent la franchise, n'aime pas les mensonges, et ça, William en était également friand. De plus, si la jeune femme considérait aussi les non-dits comme des mensonges, le juriste avait du soucis à se faire.

       Tout le mystère tournait autour de la jeune fille blessée, au passé mystérieux et traumatisant. Pourtant au final, William était convaincu d'en savoir plus sur elle que elle sur lui. D'ailleurs, il ne pouvait pas en être autrement et l'avocat préférait cette situation. Cependant, Marine finira bien par vouloir en savoir plus sur lui, un jour ou l'autre. Ah! Jour néfaste.

       La jeune fille lui sourit, ce qui chassa tous les nuages noirs qui s'accumulaient dans l'esprit de Dolan. Il lui rendit se sourire contagieux et profita que la jeune fille lui parlait pour la contempler tout son saoul. Ceci fait, Il acquiesça et démarra le moteur.

       -Je sais que c'est inconcevable pour vous. Mais peut-être que je préfère la compagnie d'une femme asociale et caractérielle à celle de mes employés et de ma paperasse. Une hypothèse saugrenu, n'est-il pas?

       Il lui adressa un de ses petits sourires impertinents et s'inséra dans la circulation. La voiture parvint à rejoindre l'hôtel en un temps record. Exploit qui ne fut pas attribué à sa puissante cylindrée mais plutôt au trafic fluide du centre-ville. William parvint tant bien que mal et avec l'aide de quelques forces obscures, à garer le coupé cabriolet dans une place exiguë face à l'hôtel. Alors qu'il descendait de la voiture pour ouvrir la portière de Marine, le juriste en profita pour lancer un regard noir au bâtiment délabré.

       -C'est ici que je suis sensé vous abandonner donc, fit-il d'un air navré sans cesser de lancer des regards mauvais à la bâtisse comme s'il souhaitait la voir s'écrouler par la force de sa volonté.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le dimanche 14 mars 2010, 17:27:12
L’avocat acquiesça à sa demande. Elle monta alors dans la voiture, il en fit autant et démarra.

« Je sais que c'est inconcevable pour vous. Mais peut-être que je préfère la compagnie d'une femme asociale et caractérielle à celle de mes employés et de ma paperasse. Une hypothèse saugrenue, n'est-il pas ? »

Marine sourit. Oui, cette idée lui semblait bien improbable mais en même temps, il était resté avec elle alors qu’elle lui avait donné maintes fois l’occasion de la laisser. Elle n’en comprenait toujours pas la raison mais elle avait décidé d’en faire abstraction.

Il y avait peu de circulation et ils arrivèrent rapidement devant son hôtel. William gara la voiture avant de venir lui ouvrir la porte comme à l’accoutumé.

« C'est ici que je suis sensé vous abandonner donc »

Marine fut surprise par ses paroles. Où voulait-il donc la laisser sinon ? Elle le vit jeter des regards noirs au bâtiment.

« Cessez de le regarder ainsi vous aller finir par le faire s’effondrer. S’il s’écroule non seulement je n’aurai plus vraiment d’endroit où dormir mais en plus je n’aurai plus d’affaires. Non pas que j’en ai des tonnes mais j’y tiens quand même un peu »

Rapidement, tout ce qui s’était déroulé depuis sa rencontre avec le juriste lui revint en mémoire. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi il s’intéressait à elle mais, curieusement, elle avait commencé à l’apprécier. C’était une chose nouvelle pour elle que d’apprécier être avec quelqu’un, de lui parler, de se confier.  Elle avait été jusqu’à pleurer dans ses bras, quelque chose d’inconcevable pour elle quelques heures plus tôt.

Marine appréciait aussi l’avocat car il ne semblait pas impressionné par son caractère. C’était rare que quelqu’un lui tienne tête et lui n’hésitait pas à le faire. Quelque part, elle était déçue de le quitter mais il avait des choses plus importantes à faire et c’était mieux ainsi.


« Merci de m’avoir raccompagné et merci pour le café malgré la manière dont ça c’est terminé »

Elle baissa les yeux, les joues rosies. Inutile qu’elle précise pourquoi. Elle se retourna vers l’hôtel et commença à marcher dans sa direction.

« Au revoir William »

Alors qu’elle arrivait devant la porte, elle se retourna brusquement et reparti dans la direction du jeune homme. Elle arriva un peu essoufflé devant lui.

« Je crois que j’ai oublié quelque chose »

Son ton devint plus sérieux et son sourire avait disparu mais elle ne reprit pas non plus son visage de glace.

« Hier, lorsque vous m’avez raccompagné, vous m’avez pris quelque chose. C’est à mon tour à présent »

Elle se pencha vers lui et déposa un baiser sur ses lèvres. Cela dura à peine quelques secondes.

« Nous sommes quittes maintenant – elle s’arrêta un instant - C’est aussi pour vous remercier de… de tout en faite »

Elle se retourna et repartis vers l’hôtel.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 15 mars 2010, 23:28:23
       Lorsque cette femme s'était approchée de lui pour lui signaler qu'il lui avait pris quelque chose et que c'était maintenant son tour, il avait cru qu'elle allait le gifler. C'était idiot mais ce fut la première chose qui lui traversa l'esprit. Quelle fut sa surprise lorsqu'elle l'embrassa! Ça n'avait duré que quelques secondes, pas assez longtemps pour que William ressente autre chose que de la surprise. Elle s'était retirée avant qu'il puisse savourer ce moment. C'était donc ça un baiser volé...

       Il la regarda s'en aller. Pour une fois l'orateur s'était fait mouché par ce baiser qui lui avait sapé toute sa répartie. Mais il était aux anges. Chaque respirations étaient plus délicieuses les unes que les autres. Chaque secondes passées sur cette terre étaient un don du ciel. Il ne s'était pas senti aussi joyeux depuis... jamais en fait. Il n'a jamais ressenti ça. Quoiqu'il en soit, c'est agréable.


* * *


       -Quel genre de fleurs monsieur Dolan ? demanda une voix féminine à travers un interphone.

       Dolan pianota sur son bureau en noyer tandis qu'il réfléchissait à la question de sa secrétaire. Une question plus vitale qu'elle n'y paraissait au première abord. Puis la réponse lui apparut comme une évidence.

       -Des fleurs d'un ton orangé conviendront parfaitement, répondit Dolan en se penchant machinalement sur l'interphone. Faites les parvenir à l'adresse indiqué je vous prie.

       -Bien monsieur Dolan.

       
       Il est 10h57, nous sommes le 15 janvier. Le cabinet Dolan est en pleine ébullition et commence à peine à se remettre de la disparition de William qui n'a pourtant durée qu'une demi-journée en tout. Dolan était furieux. Des erreurs avaient été commises, des clients avaient été négligés et surtout des profits ont été perdu parce que les imbéciles que Dolan emploie ne sont pas fichu de se débrouiller sans lui pendant quelques heures. A la surprise générale, personne n'avait été mis à la porte. Un acte de grande bonté -ou de stupidité- qui était dû à son état guilleret depuis qu'il avait laissé Marine à l'hôtel, il y a de cela presque deux jours. Cependant, ce nouvel état d'esprit ne l'avait pas empêché d'incendier ses associés qui, d'après Dolan, manquaient d'initiative et de bon sens.

       William n'avait pas pu voir Marine durant cette journée de Saint Barthélemy dans le cabinet Dolan. Il avait dû corriger les idioties de ses juristes et rattraper le travail qu'il avait délaissé. Mais il comptait bien se rattraper ce soir. Sa secrétaire était en train d'envoyer une invitation écrit de sa main avec les fleurs qui allaient de pair, cela va de soi. Il n'avait pas prévu qu'elle refuse même si l'hypothèse était on ne peut plus plausible.

       Le juriste lui avait écrit un mot où il proposait de l'emmener diner dans un restaurant. Connaissant Dolan, elle devait se douter qu'il ne s'agissait pas d'un fastfood, aussi il n'avait pas cru nécessaire de le préciser. L'invitation était pour le soir même mais vu que celle-ci devait partir d'un moment à l'autre, elle le recevrait bien assez tôt. Bien sûr, Dolan avait égaillé le billet avec de petites personnalisations qui lui était propre ; comme l'assurance qu'il ne ferait plus l'erreur de lui proposer du vin comme le Fronsac et quelques références à un certain philosophe qui devait se retourner dans sa tombe en ce moment même.

       Cependant, l'avocat directeur de cabinet avait beaucoup de travail pour l'instant. Il chassa Marine de son esprit et se replongea dans les procédures juridiques. Mais tandis qu'il attribuait des textes de loi à des preuves imaginaires, il ne pouvait s'empêcher de penser à cette jeune fille rousse qui était surement en train de dévorer des montagnes livres à la bibliothèque municipale.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 16 mars 2010, 22:44:20
Cela faisait deux jours maintenant que Marine avait quitté l’avocat sur le parking de son hôtel. Deux jours pendant lesquels elle avait essayé de se renseigner sur l’université, les conditions d’entrée et les études possibles. Malheureusement, tout était bloqué à cause des fichus papiers qu’elle n’avait pas. Elle n’avait même pas osé aller au lycée pour voir si un poste serait à pourvoir. On lui demanderait forcément des références qu’elle ne possédait pas. Quelques peu découragée, elle se réfugia dans son sanctuaire, la bibliothèque. Au moins, elle y oubliait ses problèmes durant quelques heures.

Parfois elle levait le nez de son ouvrage et espérait voir le jeune juriste mais en vain. C’était stupide de l’imaginer venir la retrouver. C’était un homme important qui avait énormément de travail. Il n’avait pas vraiment de temps à passer avec elle. Après tout, il lui en avait déjà consacré beaucoup. Marine vint même à penser qu’elle n’allait plus le revoir. C’était une possibilité. Quel intérêt aurait-il à la revoir ? Aucun. Des gens avec qui il pouvait discuter de philosophie, il en avait certainement un certain nombre autour de lui. Elle n’était certainement pas la seule. Elle referma son ouvrage et quitta la bibliothèque.

Alors qu’elle repartait en direction de son lieu de résidence temporaire, elle repensa au baiser qu’elle lui avait volé. Il avait eu l’air surpris. Cela la fit sourire. Pour une fois, il n’avait pas su quoi dire. Elle, elle avait apprécié ce baiser même si il avait été des plus brefs.

Tandis qu’elle passait devant la réception, elle fut hélée par la réceptionniste. Un bouquet de fleurs avait été livré pour elle. La jeune femme resta interdite. Des fleurs ? Qui pouvait bien lui en envoyer ? La réceptionniste revint avec un immense bouquet. Marine le prit et monta dans sa chambre où elle retira la carte qui l’accompagnait.

William ! C’était lui ! Elle qui pensait qu’il l’avait oubliée voilà qu’il l’invitait à diner. Elle ne savait pourquoi ça lui faisait plaisir mais ça lui faisait plaisir. Elle alla mettre le bouquet dans l’eau. Les teintes orangées égayaient beaucoup sa chambre et la rendaient moins impersonnelle. Néanmoins, si l’invitation lui faisait plaisir, elle ne savait pas trop quoi faire. L’idée de passer la soirée en compagnie de l’avocat était des plus réjouissantes mais cela signifiait aller dans un restaurant remplie de monde et certainement pas un restaurant de base. Le snack ou la brasserie ne devaient pas figurer dans le répertoire du juriste. Son désir de passer un peu de temps avec William fut trop fort, elle décida d’accepter la proposition.


Elle se regarda dans la glace, elle ne pouvait pas y aller comme ça. Marine se fichait éperdument de son apparence mais elle devait faire attention. William n’était pas n’importe qui. Elle ne voulait pas lui faire honte. Elle se résolut à aller jusqu’au centre commercial. Un vrai chemin de croix pour elle. Marine devait affronter la foule bruyante, tout ce qu’elle détestait. Au bout d’un certain temps et après de nombreuses bousculades, elle parvint enfin à entrer dans une des boutiques afin d’acheter une nouvelle tenue. Cette dernière allégea sa bourse mais elle avait fait un choix, celui d’essayer d’être présentable pour le diner.

De retour dans sa chambre, elle entreprit de se doucher avant d’enfiler ses sous-vêtements noirs et la robe qu’elle venait d’acheter. C’était une robe fourreau noire qui moulait parfaitement son corps, un peu trop selon Marine. Sa poitrine était un peu trop mise en avant mais elle allait devoir faire avec. Ses bras étaient nus cependant la robe couvrait complètement sa gorge et son cou ainsi que son dos et sa nuque. L’ensemble était complété par des bas noirs et une paire d’escarpins assortis. Elle releva ses cheveux en chignon vaporeux où les boucles entouraient son visage.

Marine se regarda dans la glace. Elle n’aimait pas s’observer mais elle voulait juste vérifier qu’on ne voyait rien des marques qu’elle avait. La tenue masquait parfaitement les cicatrices qu’elle portait sur son dos, ses hanches, ses fesses, son ventre et sa cuisse. Elle cachait aussi très bien le tatouage qu’elle avait dans le dos. Ce dernier, composé de multiples arabesques noires, prenait quasiment tout son dos, des reins à la nuque. Outre le fait qu’elle appréciait ce tatouage, il masquait un peu les cicatrices dues au fouet qu’elle avait dans le dos.

Elle considéra le résultat passable et attendit que William vienne le chercher espérant qu’elle lui conviendrait et qu’elle ne serait pas trop ridicule. Peut-être aurait-il due conserver ses vêtements de tous les jours ? Maintenant c’était trop tard, elle allait devoir faire avec ce qu’elle portait.

Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 17 mars 2010, 17:45:42
       Ideki tentait de se concentrer sur la route mais c'était difficile avec un Dolan déchainé assis sur le siège arrière. Il jeta un coup d'œil dans le rétroviseur ; monsieur Dolan dans un costume noir aux reflets vert émeraude, était en conversation téléphonique. Ideki était ravi d'être là plutôt qu'à la place du type qui était à l'autre bout du fil. Il s'agissait sans doute d'un de ses associés qui passait un sale quart d'heure. Ça fait bien deux jours que Dolan s'égosille contre son personnel et agit bizarrement. Par exemple, traquer une femme en voiture n'est pas le genre de mission que son patron lui attribue tous les jours. Et maintenant, c'était chez cette femme qu'ils se rendaient. Quand il l'avait vu pour la première fois, Ideki pensait qu'il s'agissait d'une cliente car elle n'avait pas l'air d'une prostitué, ni du genre de femme que Dolan fréquente. Mais il fallait bien se rendre à l'évidence qu'il se trompait. Dans ce cas, qui est-elle? Cette énigme reste irrésolue pour le chauffeur de William Dolan, mais il a l'habitude. Il s'appelle Ideki Deru et a toujours préféré utiliser les voitures plutôt que son cerveau. Ce qui pour l'instant, l'a toujours très bien servi. Beati pauperes spiritu.

       Finalement, la voix de Dolan s'éteignit en même temps que son portable. Il ferma les yeux pour essayer de se relaxer. Un exercice qu'il maitrise parfaitement. Il chassa sa colère et l'imbécile qui en était responsable, de son esprit. Mais aussitôt, la voix de son chauffeur le sortie de sa pseudo-méditation. Dolan vit l'hideux bâtiment à travers la vitre de la berline. En effet, ils étaient arrivé.

       William descendit de la voiture et entra dans l'hôtel. Le réceptionniste l'aperçut et le dévisagea un moment avant de froncer les sourcils. Il le fixa avec un regard mauvais alors que William s'approchait de lui. Il connaissait bien ce genre de comportement. Il s'agissait sans doute de l'un de ses «admirateurs». Un homme qui regarde un peu trop la télé et notamment les reportages sur le banditisme et le système judiciaire corrompu. Mais Dolan se moque royalement de l'opinion des gens et encore plus des propriétaires d'hôtel miteux qui pensent, à raison, que la criminalité est en hausse à cause des avocats de son espèce.

       -J'ai fait livrer des fleurs au nom de Marine ce matin. Pourriez-vous m'indiquer sa chambre, je vous prie, demanda-t-il avec une politesse feinte.

       L'homme grommela une réponse et Dolan suivit ses indications sans le remercier. Il trouva la porte qu'il cherchait et se planta devant. Tout en desserrant un peu le nœud de sa cravate qui l'étouffait, il frappa à la porte. Après quelques secondes qui lui paraissaient plutôt quelques minutes, la porte s'ouvrit.

       William préférait se donner un moment de répit avant de saluer l'ange qui venait de lui ouvrir la porte. De toute façon, s'il avait essayé de parler, il aurait bégayé ; et pour couronner le tout, il sentait sa mâchoire s'affaisser. Finalement, l'avocat se reprit et un sourire vint illuminer son visage.

      -Bonsoir Marine, fit-il en la détaillant. Je vois que vous avez accepté mon invitation. Aucun mot, d'aucune langue ne saurait rendre justice à votre beauté. Aussi, j'espère que vous me pardonnerez mon pauvre: vous êtes absolument magnifique.

      Il lui décocha un sourire amusé et retourna à sa contemplation. William ne s'attendait pas à la voir en robe de soirée. Cette tenue la mettait divinement en valeur et en particulier sa poitrine mais par convention, William éviterait de noter ce détail.

      -Lorsque vous serez prête nous pourrons y aller.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mercredi 17 mars 2010, 21:06:44
Lorsqu’elle entendit toquer à la porte, Marine sursauta. Elle alla ouvrir à celui qui allait être son cavalier pour la soirée. Il se tenait, magnifique, dans l’embrasure de la porte. Elle lui adressa un sourire. Quand il la complimenta, son sourire s’élargit. Elle pensait bien que William le ferait. Il était toujours d’une extrême politesse et d’une grande prévenance avec elle. Marine se doutait bien qu’il dirait quelque chose dans ce goût là. Elle ne pensait pas pour autant mériter son compliment. Elle était trop quelconque et pas assez jolie selon elle.

« Vous êtes très élégant, William »

Son compliment était des plus sincères. Dans le même temps, le jeune homme était toujours très élégant et soigné mais là, il était vraiment splendide.

Elle se retourna pour aller attraper sa cape. Le seul manteau qu’elle possédait. Alors qu’elle revenait vers le juriste, elle évita de peu un cafard qui se baladait. Elle soupira et fit comme si de rien n’était. Elle en voyait de temps en temps dans l’hôtel ou dans sa chambre. Par chance, ce n’était que de temps en temps. Elle espérait que son compagnon n’ait rien vu.

Elle alla vers lui et sortit de la chambre qu’elle ferma à clé. Elle se tourna alors vers lui, en mettant la cape sur ses épaules nues.


« Je vous suis, William »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 17 mars 2010, 23:17:26
       La blattaria ou communément appelée blatte ou encore cafard. Ce charmant petit animal se regroupe dans les endroits chaud et sombre.- William avisa que cet hôtel répondait parfaitement aux conditions requises-. L'animal peut survivre plusieurs jours sans sa tête et a une autonomie de quarante-cinq minutes sous l'eau. Autrement dit, cette attachante petit créature est, de l'avis de Dolan, hautement increvable et répugnante.

       Alors que Marine prenait sa cape, William ne put s'empêcher d'observer, la dite blatte, lors de sa progression sur les lattes usées du parquet. A l'instar de quelques héros de l'antiquité, l'avocat proposa son bras à sa belle et l'éloigna du monstre. Dans son élan, il l'entraina jusqu'au hall de l'immeuble où était toujours posté le réceptionniste. Tandis que le couple se dirigeait vers la sortie, les deux hommes échangèrent un regard glacial, se défiant l'un l'autre, jusqu'à ce que la porte passe dans leur champ de vision ; ce qui mit un terme à leur duel.

       Dans un élan de galanterie prévisible, William ouvrit la portière de la voiture pour sa dame. Ideki, la salua d'une petite courbette et se mit au volant du bolide. Lorsqu'il avisa que tout le monde était entré, il alluma le contact et prit la route du restaurant. William ne dit rien durant le trajet. Les moments de silence avec Marine – aussi rare soient-ils- ne le dérangent pas. D'après Dolan, on peut juger le niveau de complicité entre deux personnes par leur aptitude à ne pas être gênés lors de silences.

       -Nous y sommes, annonça fièrement Dolan, alors que la voiture s'arrêta devant l'entrée d'un bâtiment somptueux.

       Les quelques mètres qui les séparaient du restaurant était couverts par un tapis qui évitait aux clients de marcher à même le trottoir. Des voituriers et des portiers encadraient l'entrée du restaurant, prêt à réaliser les quatre volontés de leurs invités. William gratifia la jeune fille d'un sourire rassurant et la conduisit à l'intérieur. L'ambiance y était beaucoup plus calme et relaxante que le laissait présumer l'accueil en fanfare. Les murs aux tapisseries jaune dorée étaient éclairés par des lumières tamisées accrochées au mur. Seul le cliquetis des couverts et le léger bourdonnement des conversations brisaient le calme quasi religieux qui régnait.

       Un vieux serveur chauve aux allures altières, parfaite caricature du majordome, les mena avec force cérémonie jusqu'à leur table. Après avoir tiré la chaise de Marine, William s'installa à son tour.

       -J'avais prévu de vous emmener dans un fastfood mais malheureusement toutes les tables étaient déjà réservées pour ce soir. Je me suis donc rabattu sur la gamme en dessous. J'espère que vous n'êtes pas trop déçu.

       Un sourire malicieux ponctua la fin de sa phrase. Il reprit avec un ton plus sérieux.

       -Je suis comblé de vous avoir avec moi ce soir. Ces deux jours ont été interminables.

       Interminable était un doux euphémisme. Rien que d'y repenser, Dolan en était malade. Il avait passer son temps à sermonner toutes les âmes de son cabinet. Deux jours qu'il avait endurés dans un état de colère permanent. Maintenant, il n'éprouvait plus qu'une profonde lassitude et un réel soulagement d'être avec Marine.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le jeudi 18 mars 2010, 11:51:57
Marine prit le bras que William lui offrait. Elle était contente de le revoir et de pouvoir passer la soirée en sa compagnie. Maintenant qu’il était près d’elle, elle se rendait compte de combien il lui avait manqué. C’était étrange pour elle. Personne ne lui avait jamais manqué. Alors pourquoi la présence de cet homme lui était-elle devenue si importante ? Elle n’en savait rien. Etait-ce sa personnalité ? Son attitude envers elle ? Son esprit ? Difficile à dire.

Elle en était là de ses réflexions lorsqu’ils arrivèrent devant la voiture dont William lui ouvrit la portière. Elle salua le chauffeur avec un léger sourire et un signe de tête. Elle prit place alors dans la luxueuse berline. William la rejoignit et le véhicule prit la direction du restaurant. Le silence s’installa dans la berline mais ça ne gênait pas la jeune femme. Elle porta son regard sur l’extérieur. Les lumières de la ville défilaient à une vitesse impressionnante. La jeune femme se sentait bien.


« Nous y sommes »

Elle reporta son attention sur William puis sur le bâtiment qu’ils atteignaient. Marine écarquilla les yeux. Elle pensait qu’il l’emmènerait dans un restaurant chic mais elle n’avait pas imaginé un tel endroit. Ce dernier était à la restauration ce que le palace était à l’hôtellerie. Cela ne rassura pas la jeune femme. Elle avait déjà du mal à s’intégrer dans les lieux du commun alors dans un endroit aussi somptueux, elle était d’autant moins à sa place. Si William n’était pas venu lui tendre le bras pour la faire sortir de la voiture, elle serait restée à l’intérieur. Elle finit par sortir, presque à contre cœur. Le sourire que lui lança son cavalier la rassura un peu. C’était étonnant. Elle n’avait jamais eu besoin d’être rassurée. Elle se suffisait à elle-même en règle générale mais là, la présence de William était sécurisante.

Elle avança à son bras en espérant ne pas faire d’impairs. Arrivé à l’intérieur, Marine nota la sobriété du lieu. Un serveur les conduisit à une table. Ce dernier prit sa cape alors que William lui présentait sa chaise. Elle s’installa, il en fit autant.


« J'avais prévu de vous emmener dans un fastfood mais malheureusement toutes les tables étaient déjà réservées pour ce soir. Je me suis donc rabattu sur la gamme en dessous. J'espère que vous n'êtes pas trop déçu – il lui sourit - Je suis comblé de vous avoir avec moi ce soir. Ces deux jours ont été interminables »

Marine lui retourna son sourire.

« Quel dommage ! Moi, qui n’ai jamais mis les pieds dans un fast-food. J’aurai bien aimé en visiter un »

Ainsi, elle lui avait manqué. Cela lui fit plaisir. C’était idiot mais elle appréciait ce fait.

« Vous aussi, vous m’avez manqué, William »

Ses joues se colorèrent. Elle devait paraître bien stupide. Elle se sentait gênée aussi bien par les propos qu’elle venait de formuler que par le fait d’être dans ce lieu magnifique où elle se sentait très peu à sa place.

Elle regarda autour d’elle. Il y avait d’autres couples présents dans la pièce. Marine les observa, surtout les femmes. Elles étaient toutes magnifiques, distinguées, de vrais mannequins, tout le contraire d’elle. Elle n’était décidément pas de ce monde, elle espérait juste ne pas mettre William dans l’embarras. Elle reporta son regard sur le visage du jeune juriste et lui sourit.


« Je ne vous l’ai pas dit mais merci de m’avoir invité à dîner »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le jeudi 18 mars 2010, 19:05:27
       Le luxe. Inutile, superflue. Il est l'opposition du nécessaire. Pourtant rien n'est plus beau que ce qui n'est pas nécessaire. Certains voient le luxe comme une insulte à la pauvreté. D'autres comme un gâchis ridicule. William, lui-même, convenait que l'excès de luxe conduisait à des extrémités risibles. Pourtant, il l'appréciait également car l'inutilité est le propre de l'homme. C'est le seul animal qui est capable de gâcher son énergie et ses compétences dans un autre dessein que sa survie. L'art et le luxe. Deux domaines qui créent de l'inutile. C'est pourquoi par déférence pour l'humanité, Dolan ne pouvait mépriser ni l'un, ni l'autre.

       Marine semblait nerveuse, elle n'était manifestement pas à l'aise. William pensait que l'ambiance feutrée qui régnait dans le restaurent compenserait le raffinement fastueux des lieux. Ou bien c'était peut-être ce qu'elle venait de lui dire. L'avocat était ravi de savoir qu'elle avait pensée à lui. Tandis qu'elle regardait autour d'elle, William en profita pour la contempler à nouveau. Sa peau albâtre égaillée par des yeux turquoises et une bouche vermeille, ses cheveux roux sauvage tenus en respect pas un chignon. Elle rayonnait, mais Dolan était le seul à le voir. Un phénomène qu'il ne s'expliquait pas mais qui lui convenait parfaitement.

       Elle le remercia en le gratifiant d'un de ses sourires.

       -Merci à vous d'avoir accepté, rétorqua-t-il immédiatement.

       A peine, Dolan eut fini sa phrase qu'un serveur se présenta avec deux cartes. Il en donna une à Marine puis une à Dolan. Cette fois non seulement il n'y avait pas les prix sur la carte de Marine mais il n'y en avait pas non plus sur celle de l'avocat. Le format du menu était lui aussi particulier ; il n'y avait qu'une quinzaine de mets. Quand aux plats eux-mêmes, il s'agissait de titres mystérieux qui ne laissaient que peu d'indices quand à leur contenu. L'un des titres en particulier fit sourire le juriste:

Brume Matinale d'un Rouget au jus de Sarrasin Torréfié,
facette d'une pulpeuse tomate liée de boulgour

       William observa la jeune fille qui lisait son menu et retint un rire en imaginant ce qu'elle pensait de celui-ci.

       -Si je puis me permettre. Il paraît que leur: « Saute-mouton de crevette extrêmement macérée de coriandre, délicate pelure de légumes cerclée de poireau au goût iodé » est un pure merveille, lut-il d'une voix monocorde. A moins que vous ne préfèreriez le célèbre: « Folie d'une moule-frite moelleuse et croustillante à la fois, infusion rose té au safran et quelques fleurs qui font coucou ! »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le jeudi 18 mars 2010, 22:16:35
« Merci à vous d'avoir accepté »

Marine lui sourit à nouveau. Le serveur leur apporta la carte et la jeune femme se plongea dans l’étude du menu mais les énoncés étaient parfaitement sibyllins. Comment comprendre un tel charabia ? Les noms étaient charmants mais pas forcément parlants. Elle était un peu déroutée.

« Si je puis me permettre. Il paraît que leur: « Saute-mouton de crevette extrêmement macérée de coriandre, délicate pelure de légumes cerclée de poireau au goût iodé » est un pure merveille, lut-il d'une voix monocorde. A moins que vous ne préfèreriez le célèbre: « Folie d'une moule-frite moelleuse et croustillante à la fois, infusion rose té au safran et quelques fleurs qui font coucou ! »

Elle regarda William qui semblait s’amuser de la situation. Marine soupira intérieurement. De toute façon, il fallait bien choisir quelque chose. Elle prit le parti de suivre les conseils de l’avocat.

« Eh bien, tentons le « saute-mouton de crevette » - elle rendit la carte au serveur qui venait prendre leur commande – Les noms sont… originaux »

C’était le moins qu’on puisse dire, elle espérait qu’ils seraient bons mais en même temps dans un tel restaurant, la cuisine était forcément bonne. Marine espérait l’apprécier.

Elle observa son chevalier servant. Il paraissait des plus à l’aise dans ce décor, dans ce milieu. Il connaissait tous les us et coutumes. Il était élégant. Ses vêtements étaient très bien choisit. Son costume noir aux reflets émeraude se mariait parfaitement à ses beaux yeux verts à peine cachés par les lunettes qu’il portait. Son visage possédait des traits fins. Il était agréable à regarder. Marine ne l’avait jamais vraiment regardé. L’aspect physique contait assez peu pour elle, qu’il s’agisse du sien ou de celui des autres. Elle avait fait un énorme effort ce soir pour s’habiller et ne pas le gêner. A rebours, elle se dit qu’elle avait très bien fait.

 
« Alors William, de quoi voulez-vous parler ? Souhaitez-vous débattre sur les préceptes d’Aristote ou de Platon ? Ou sur la distinction par le langage de Schopenhauer ? »

Elle cessa alors son examen. Elle voulait juste passer une agréable soirée, la première de toute sa vie.

[HRP : J’aime beaucoup ta signature ^^]
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le samedi 20 mars 2010, 13:33:58
       William prit le rouget et répondit par la négative tandis que le serveur proposait tout un panel de vins. Il jeta un coup d'œil entendu à Marine mais garda le silence. L'homme s'inclina et disparut de nouveau. William servit un verre d'eau à Marine avant de se servir lui-même. Celle-ci exprima alors son désir de parler philosophie. Était-ce vraiment une envie ou bien voulait-elle entamer une activité qui la mettrait à l'aise? L'avocat craignait que ce ne soit pas pour cette deuxième raison. Son malaise venait du fait qu'elle n'était pas habituée à cet univers d'excès. Il n'avait qu'à le ridiculiser. Dénigrer ce monde bling-bling qui n'avait pas de quoi impressionner quelqu'un comme Marine.

       -Pourquoi parler de sujets qui ont déjà été revus et corrigés par des esprits plus brillants que nous. -Il fit un geste circulaire- Il y a plein d'autres sujets intéressants qui nous entourent.

      William attira l'attention d'un serveur qui accourut et se pencha sur la table pour écouter sa requête.

      -Y aurait-il un porte-manteau? S'enquit l'avocat en faisant mine d'enlever sa veste.

      -Si vous avez chaud nous pouvons baisser la température, monsieur, répondit précipitamment le domestique en posant les mains sur les épaules de l'avocat. C'était du moins l'impression qu'on avait car les mains de l'homme, bien que très proche, ne touchaient pas le client.

      -Vous seriez bien aimable.

      Le domestique rassuré s'inclina et disparut hors de leur champ de vision. William, qui ne semblait absolument pas incommodé par la chaleur, se racla la gorge et reprit comme s'il ne s'était rien passé.

      -Comme je le disais, il y a tant de chose à dire. Par exemple, la magnifique pirouette de ce domestique pour se tirer d'une situation embarrassante. Il ne pouvait pas se permettre de me dire qu'un client sans sa veste serait inconvenant. Il ne pouvait pas non plus me laisser l'enlever au dépend de la réputation de l'établissement.

      Même si William ne le montrait pas pour ne pas influencer sa cavalière, il abominait ce monde hypocrite où tout n'est que faux-semblant. Pourtant c'est dans ce domaine que les dieux avaient décidé de faire de Dolan un expert. Cruelle ironie, que d'être condamner à exceller dans ce qui nous dégoute. Pourtant à force d'être immergé dedans, il avait commencé à y prendre goût.

       -Je ne vous ai pas emmené ici par hasard, lui confia-t-il. Je voulais vous faire découvrir un autre monde. Mon monde. Quand pensez-vous?
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le samedi 20 mars 2010, 14:06:58
William passa commande à son tour et leur servit de l’eau. Il se rappelait qu’elle ne buvait pas d’alcool, la jeune femme en fut touchée. A sa grande surprise, il déclina sa proposition concernant la philosophie décrétant qu’il y avait d’autres sujets de discussion possibles. Le seul souci était qu’elle ne connaissait pas vraiment d’autres sujets de conversation.

Elle l’observa alors qu’il échangeait avec le serveur concernant sa veste. La jeune femme n’en comprenait pas vraiment le but. Elle n’avait pas non plus l’impression qu’il fasse si chaud que ça ou que William ait chaud.


« Comme je le disais, il y a tant de chose à dire. Par exemple, la magnifique pirouette de ce domestique pour se tirer d'une situation embarrassante. Il ne pouvait pas se permettre de me dire qu'un client sans sa veste serait inconvenant. Il ne pouvait pas non plus me laisser l'enlever au dépend de la réputation de l'établissement »

Marine n’aurait jamais pensé à ça. Elle ne pensait que cet univers puisse être aussi codifié, des codes qu’elle ne connaissait pas.

« Je ne vous ai pas emmené ici par hasard. Je voulais vous faire découvrir un autre monde. Mon monde. Quand pensez-vous ? »

La jeune femme était déroutée. Elle jeta un coup d’œil inquiet autour d’elle puis revint vers l’avocat. Elle se reprit rapidement, retrouvant son attitude habituelle.

« Le cadre, même s’il est très luxueux, ne me gênes pas. C’est même plutôt agréable de se retrouver dans un tel lieu – elle sourit – Par contre, votre monde a des us et coutumes qui me sont inconnus et ça me met mal à l’aise. En règle générale, je n’en ai rien à faire de ce que pensent les gens de moi. Là, c’est différent. Je ne veux pas vous mettre dans l’embarras en commettant un impair. Je ne veux pas que vous subissiez les effets de ma maladresse »

Elle regarda à nouveau autour d’elle : le mobilier, le décor, les serveurs. Elle sourit à nouveau, un peu gênée.

« Le luxe à ses bons côtés. C’est plutôt agréable de se faire servir ou de manger des mets raffinés »

Elle se sentait un peu honteuse de dire cela mais c’était une réalité. Il était plus agréable d’être là que de se trouver dans une chambre délabrée, où des cafards se baladent, à manger un sandwich.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le samedi 20 mars 2010, 18:25:17
       Un frisson. Sans doute la climatisation qui avait été allumée. En effet, même s'il ne se serait jamais douté que la dame soit troublée car elle avait peur de lui causer du tord, le frisson était dû à sa petite expérience. C'est une plaisante sensation de savoir que l'on fait attention à lui. Cela avait sans doute un lien avec la robe. Son odeur et sa texture. William s'était immédiatement rendu compte qu'il s'agissait d'une robe neuve. Elle s'était faite belle. Plus magnifique qu'elle ne l'est déjà. Pour lui... Finalement, Dolan devait reconnaître que la climatisation n'avait pas été allumée...

       William glissa ses mires vertes sur la jeune femme qui partageait sa table. La raison ployait devant elle, parvenant difficilement à maintenir son emprise glaciale sur le cœur de l'avocat. Celle-ci fondait et s'il n'y prenait pas garde, elle disparaitrait complètement. Ça ne devait pas arriver. William Dolan ne se laisse pas dominer par ses émotions. Elles sont synonymes de faiblesse et d'erreurs. Pourtant la glace s'écoulait toujours et ce genre de convictions finiraient par céder. Il le savait, même si le reconnaître aurait été le premier pas vers la reddition. Sa carapace résistait à tout et n'importe quoi. Dans une enveloppe de logique et de prise de recul, elle était inébranlable. Les émotions et les remords coulaient comme de l'eau sur de l'ardoise. Les suppliques des esclaves, les larmes des victimes qui voyaient leurs bourreaux sortir du tribunal libres et souriants, les récidives... Des récidives dont William était responsable. Pourtant, il continuait, il ne faiblissait pas. Sa carapace intacte puisait sa force dans la détermination infinie de Dolan. Il connaissait ses objectifs mais la présence de Marine le faisait douter de leur véritable valeur. Sois maudit jeune fille.

       William attrapa le verre en cristal et le vida de son contenu. Il savoura la fraicheur du liquide qui coulait dans sa gorge, le purifiant de ses réflexions. Il revint à l'instant présent, avisant qu'il était sensé donner une réponse. Une réponse si évidente qu'il n'eut pas à y réfléchir.

       -Vous ne me mettrez jamais dans l'embarras, mademoiselle, affirma-t-il. A moins que vous ne soyez dans l'embarras parce que vous me croyez dans l'embarras. Une situation qui aura pour effet de me mettre dans l'embarras.

       L'avocat la gratifia d'un sourire plein d'humour. Celui-ci disparut progressivement pour faire place à l'expression dolanienne dont Marine devait maintenant avoir l'habitude. Son regard se posa sur le verre vide. De l'index, il écrasa une perle d'eau qui avait élue domicile sur le rebord du récipient. Il fit tourner son doigt humide sur le bord du cristal et un sifflement à la fois sourd et pur s'échappa du verre.

       -J'exige des gens qui m'entourent, de la prestance, de la compétence et de la distinction, fit-il en reportant son attention sur elle, sa voix accompagnée du chant du cristal. Mais de vous Marine, je n'exige rien. J'aime ce que vous êtes. Encore une fois, ceux ne sont que des mots venant d'un bonimenteur mais je vous prie de croire que vous avoir à mon bras est le plus grand orgueil auquel je puisse accéder.

       Deux serveurs choisirent ce moment pour arriver avec deux assiettes en porcelaine dont le contenu était caché par une cloche d'argent. Ils posèrent les plats devant les deux clients puis avec une synchronisation impeccable, découvrirent les assiettes. Il s'agissait de chefs-d'œuvre culinaire, aussi beaux que bons. Les textures, la cuisson et des phénomènes inconnus des simples clients rendaient les aliments presque méconnaissable tant en apparence qu'en goût. C'était presque comme redécouvrir la saveur des aliments. Ces œuvres ne palliait pas à une nécessité qui est de se nourrir. Ils ne servaient qu'à ravir les sens.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le samedi 20 mars 2010, 22:42:24
William lui répondit avec humour qu’elle ne saurait le mettre dans l’embarras. La jeune femme était rassurée mais ce n’était pas une raison, pour elle, de ne pas faire attention. Elle le regarda jouer avec son verre et en tirer un sifflement.

« J'exige des gens qui m'entourent, de la prestance, de la compétence et de la distinction. Mais de vous Marine, je n'exige rien. J'aime ce que vous êtes. Encore une fois, ceux ne sont que des mots venant d'un bonimenteur mais je vous prie de croire que vous avoir à mon bras est le plus grand orgueil auquel je puisse accéder »

Aux premiers mots qu’il prononça, Marine eut peur. Elle ne faisait pas vraiment partie de ces gens distingués et pleins d’aisance qu’il côtoyait mais quand il poursuivit en disant qu’il n’attendait rien d’elle que d’être elle même, elle resta coi.
 
Les serveurs revinrent vers eux et déposèrent leurs commandes devant eux. Dans un même mouvement, parfaitement coordonné, ils retirèrent les cloches mettant à jour les assiettes et leurs contenus. Cependant, Marine n’y fit pas attention malgré le merveilleux fumet qui s’évadait de son assiette. Elle ne pouvait détacher son regard du visage de l’avocat. La considérait-il vraiment comme quelqu’un de valorisant ? Elle ne comprenait pas pourquoi.

On l’avait toujours considéré comme n’ayant pas vraiment de valeur mise à part celle de la combattante et encore seulement si elle gagnait. Cet homme ne la connaissait que depuis quelques jours et il l’a considérait comme une personne intéressante. Il semblait l’apprécier malgré son caractère et ses mauvais travers. Il aurait pu dîner avec n’importe quelle femme de la salle de restaurant, il n’aurait eu aucun mal à trouver une cavalière et pourtant c’était elle qui était avec lui. Elle qui n’avait pas d’avenir et un passé des plus troubles. Une femme n’ayant aucun savoir être, qui ne connaissait rien à ce monde de faste. Pouvait-il vraiment tenir à elle ?

Et lui ? Qu’éprouvait-elle pour lui ? Elle appréciait sa présence, son esprit. Sa façon d’être, son visage insondable ne la gênait pas. Elle se sentait bien avec lui. La jeune femme n’avait pas besoin de porter de masque, elle pouvait être elle-même et, visiblement, il ne lui demandait pas autre chose. Il lui avait dit que l’amour était une alchimie particulière entre deux personnes. Est-ce que c’était ça ? Etait-elle en train de tomber amoureuse de lui ? Il était manifestement trop tôt pour le dire mais il était certain qu’elle avait une certaine inclinaison pour lui.
 
Elle craignait cependant qu’il change d’avis à son propos par rapport à son passé. Il en ignorait tout. Ce qu’il avait pu deviner n’était rien à côté de la réalité. S’il changeait alors d’avis sur elle, elle le comprendrait et elle l’accepterait. Mais pour l’instant, il était encore avec elle.

Les yeux de la jeune femme s’illuminèrent et se mirent à pétiller. Son sourire éclaira tout son visage. Elle regarda son assiette et regarda le juriste.


« Ça à l’air divin ! Bon appétit William »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 23 mars 2010, 13:00:57
       Tellement de choses restent cachés. William ne serait pas surpris si Marine lui révélait la vérité car il se doutait qu'il s'agissait de quelque chose dans ce goût là. La jeune fille avait semée trop d'indices pour que l'avocat passe à côté. Même s'il ne connaissait pas son passé exact, il en connaissait la nature et c'était amplement suffisant pour dresser un profil de la guerrière. Traumatisme, manque de confiance en soi, aucune existence administrative, compétences martiales, ce n'était pas les éléments qui manquaient au dossier.

       Quand aux petits secrets de William, il ne comptait pas les révéler. Marine ne devait pas savoir car il tenait à elle. Il fallait qu'il conserve l'illusion d'être un avocat peu scrupuleux et non un esclavagiste sans cœur. La jeune fille pouvait comprendre beaucoup de choses mais ça, il en doutait fortement. Elle avait un bon fond et était dépourvue de la moindre méchanceté. Elle n'accepterait jamais un William Dolan dans son ensemble. Cacher certaines choses était nécessaire. Et ce n'est pas comme si le juriste ne savait pas mentir. C'est un professionnel, son secret ne sera pas révélé à moins qu'il le décide.

       William regardait Marine tandis qu'elle se régalait. C'était un plaisir plus grand que de s'attaquer à son propre plat. La première fois qu'il avait gouté à la cuisine gastronomique, il avait été aux anges. C'était tellement bon qu'il s'en souvenait toujours. Alors il était revenu encore, encore et encore. A force le plaisir avait disparu. Il s'était habitué à cette cuisine et ne pourrait plus revivre l'extase de la première bouchée. Quel genre de dieux cruels avait accabler les humains de ce mal qu'est la morosité. L'homme s'habitue à tout et ne tire plus aucun plaisir de ce qui lui semble normal. Allait-il s'habituer à Marine?

       Finalement, il s'attaqua au délicieux poisson et fit passer le tout avec des rasades d'eau fraiche.

       -C'est de la cuisine moléculaire, expliqua-t-il. Je ne sais pas du tout comment sa fonctionne mais ils arrivent à mélanger les gouts et les textures à leur guise.

       Dolan avisa que ce sujet de conversation était absolument rasoir et stérile. Il opta pour quelque chose où la dame serait un peu plus impliquée et qui l'intéresserait d'avantage.

       -Au fait, excusez-moi si ça n'a rien à voir mais... Je me demandais comment avancent vos démarches administratives.

       William connaissait déjà la réponse à cette question. Il savait parfaitement que Marine n'arriverait à rien sans papier d'identité. C'était juste une petite astuce pour lancer la conversation sur ce sujet épineux.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 23 mars 2010, 22:08:33
Marine fut très surprise par le goût de ses aliments. Pour elle, la nourriture était seulement un moyen de faire fonctionner son corps. Ce dernier avait besoin de certaines choses pour continuer de fonctionner, telle une machine, et la nourriture en faisait partie. Mais là c’était différent. Les odeurs, les textures, les saveurs étaient merveilleuses. Elles se mêlaient dans un balai sensoriel extraordinaire. La jeune femme était étonnée qu’un simple plat puisse être aussi extraordinaire.

William lui parla de cuisine moléculaire. Marine n’en avait jamais entendu parler. Moléculaire, ça lui rappelait la chimie. Ça devait probablement avoir un vague rapport avec ce domaine. Quoi qu’il en soit, c’était délicieux.


« Au fait, excusez-moi si ça n'a rien à voir mais... Je me demandais comment avancent vos démarches administratives »

Marine fut prise au dépourvu par la question du juriste. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il aborde ce sujet. Elle pensait cela régler mais visiblement ça ne l’était pas pour lui. La jeune femme posa ses couverts.

« Il n’y a, hélas, pas grand-chose à dire – elle poussa un léger soupir – Je suis allée me renseigner à l’université. Si pour y entrer un simple test d’évaluation peut remplacer un diplôme, pour l’inscription c’est différent, il faut tout un tas de documents que je n’ai pas. Je n’ai même pas osé aller jusqu’au lycée pour voir s’il y avait des postes de libre. Mes démarches administratives sont au point mort, William»

Elle réfléchit un moment puis posa à nouveau les yeux sur l’avocat.

« Il faudrait que j’aille dans une ambassade pour avoir accès à des papiers qui pourraient me concerner malheureusement je ne sais même pas d’où je viens. Je ne connais pas mon pays d’origine. En fait, je connais assez peu de choses sur moi ou plutôt sur mes origines »

Elle fit une nouvelle pause. Pour une fois, elle avait envie de parler un peu d’elle. Pourquoi ? Elle n’en savait rien mais la présence de William lui paraissait rassurante. Elle n’en demandait pas plus au fond.

« Je n’ai que peu de souvenir de ma petite enfance. Je me rappelle juste que des hommes sont venus et m’ont emmenés, enlevés serait, je pense, plus exact. J’avais cinq ans, il me semble. Après, on m’a formé au combat pendant dix ans et, à part les missions qui ont pu m’être confiées, je ne suis jamais sortie de ce camps jusqu’à maintenant. C’est probablement pour ça que j’ai du mal à me faire aux gens et à la foule. J’y ai passé 13 an, ça fait beaucoup sur 18 ans »

Elle sourit tristement. Il n’était pas utile d’aller davantage dans les détails. Ce qu’elle avait dit c’était déjà beaucoup pour elle. Elle espérait qu’elle ne s’était pas trompée et que William ne la jugerait ou, en tout cas, qu’il ne la jugerait pas trop durement.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 24 mars 2010, 22:12:21
       Dolan avait écouté ses problèmes administratifs tout en sachant qu'ils étaient insolvables. Sans papier, elle pouvait aller voir toute les ambassades qu'elle voulait, ça ne changerait rien. Si encore elle connaissait son nom complet et son pays d'origine, il y aurait un espoir mais là c'était peine perdu. Inutile que William lui propose une nouvelle fois d'intervenir, ils allaient forcement y venir un jour ou l'autre. Soit William réussira à la convaincre soit ce sera lui qui cédera, ne supportant plus de la voir gâcher ses talents, et il lui ferait des papiers à son insu. Papier qu'elle finira par accepter.

       Cependant, Marine dériva sur un terrain glissant pour l'avocat. Ce qu'elle lui révélait était très intéressant et il était fier de se voir accorder une telle confiance. Mais là, il était sensé compatir et avoir pitié de ce que fut la vie de Marine. Pourtant, il n'en éprouvait aucune. Son esprit cartésien était trop occupé à absorber les informations et à les analyser. « Navrée » sur un ton qui se voulait compatissant, fut la seul chose qu'il parvint à articuler.

       Pendant ce temps, les cogitations de Dolan allaient bon train. Il préférait lui en faire part plutôt que de rester comme deux ronds de flan. Il se pencha alors légèrement sur la table et la fixa avec un de ses regards qui intiment le calme. Un regard qu'il réservait habituellement aux clients émotifs à qui il devait annoncer quelque chose de déstabilisant.

       -Si vous vous rappelez des hommes qui vous ont enlevés, vous vous rappelez peut-être de votre langue d'origine, suggéra-t-il. C'est une information qui réduirait considérablement le champ des possibilités. Une enfant de cinq ans répondant au nom de Marine enlevée en 1997 et qui n'a jamais été retrouvée, il ne dois pas y en avoir des centaines. Nous pourrions retrouver vos papiers... et votre famille.

       « S'ils sont en vie » ajouta William pour lui-même. Il y avait de grandes chances qu'ils soient morts. S'il était à la place des ravisseurs de Marine, il aurait exterminé toute la famille proche pour éviter les témoins et pour que la police ne soit pas trop zélée dans leur recherche de la gamine disparue. Ou bien une autre hypothèse était que Marine avait été vendu. C'était un procédé banal dans certains pays pauvres. Nul doute que cette nouvelle la ferait atrocement souffrir. Mais dans ce cas là, Dolan préférerait encore lui annoncer leur mort. Annonce qu'il -si c'était en son pouvoir- se ferait une joie de rendre réelle.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mercredi 24 mars 2010, 22:48:19
William sembla l’écouter, attentif puis prononça un simple mot.

« Navré »

Marine haussa un sourcil.

« Navré ? Pourquoi ? Vous n’avez pas à l’être ceci n’est pas de votre fait. Et je ne cherche ni pitié, ni compassion. Je relate des faits, c’est tout. Si quelqu’un doit être navré, ça devrait être moi, et non vous William »

Elle le vit alors se pencher vers elle avec un regard intiment le silence.

« Si vous vous rappelez des hommes qui vous ont enlevés, vous vous rappelez peut-être de votre langue d'origine. C'est une information qui réduirait considérablement le champ des possibilités. Une enfant de cinq ans répondant au nom de Marine enlevée en 1997 et qui n'a jamais été retrouvée, il ne doit pas y en avoir des centaines. Nous pourrions retrouver vos papiers... et votre famille »

La jeune femme chercha à se concentrer pour essayer de se rappeler cette période lointaine de sa vie. Elle chercha dans ses souvenirs mais rien ne lui revenait, rien du tout.

« Je… je ne me souviens pas. Je ne me rappelle quasiment rien de ma petite enfance mise à part le dessin – elle sourit tristement – Je ne suis même pas certaine que « Marine » soit mon vrai prénom. Quand à ma famille, ils ont dû m’oublier depuis le temps ou alors ils sont morts. Ceux qui m’ont enlevé, les ont peut-être tués. Ce serait assez le genre de ceux qui m’ont « élevés ». Je crains ne pas avoir beaucoup de chances de ce côté-là non plus, William. Néanmoins, c’est gentil à vous de vouloir m’aider. Ça me touche beaucoup »

Elle lui sourit à nouveau. Elle attrapa son verre d’eau et en bue quelques gorgées ; L’eau fraîche lui fit du bien. Ce n’était pas évident pour elle de parler de ça. Elle se rappelait de moments tragiques qu’elle aurait préféré occulter. Elle reprit ses couverts et recommença à manger en silence. Son esprit, malgré ce qu’elle avait dit à William, essayait de se souvenir. Elle essayait de recoller des morceaux de mémoire mais en vain.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le jeudi 25 mars 2010, 11:22:08
       -Je vous en prie, fit-il avec une pointe de déception.

       Il aurait aimé pouvoir rendre se service à Marine. Les occasions de passer pour un héros n'étaient pas légion. William soupçonnait que ce trou de mémoire ne soit qu'une défense psychologique ; une volonté de la jeune femme d'aller de l'avant et de se créer une nouvelle vie. C'était le mieux à faire. On ne tire aucun bonheur à explorer le passé. A la fin, c'était Marine qui avait raison.

       -Alors c'est bien un nouveau départ pour vous ma chère, confirma-t-il avec un petit sourire.

      William se garda bien d'ajouter que démarrer une vie à 18 ans n'était pas évident, voir impossible. Toutefois, William avait une conception bien à lui d'une vie réussi. Un avis que ne partageait sans doute pas Marine. Pour lui la vie était réussi lorsqu'on accédait à un certain rang de considération social. Une preuve que notre vie n'était pas passée inaperçue et que notre existence à influencée celles de milliers d'autres. Heureusement, cette condition, il ne se l'imposait qu'à lui-même.

       -Moi qui voulait vous faire passer une agréable soirée. Je crois que je me suis trompé de sujet de conversation, fit-il avec un sourire d'excuse. Merci tout de même de l'avoir partagé avec moi.

       Il lui sourit et lui caressa doucement le dos de la main. Effleurer était le mot qui convenait le mieux. Il fit glisser ses doigts sur la peau douce de Marine qui n'offrait aucunes aspérités sur lesquels ceux-ci purent s'attarder. Ils parcoururent toute la longueur de la main avant de s'envoler en bout de piste. Puis sans cesser de dévorer la belle des yeux, il fit un sort à ce qui restait de son assiette.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le jeudi 25 mars 2010, 14:01:16
La jeune femme hocha la tête en souriant lorsqu’il lui parla d’un nouveau départ. Oui, c’était ainsi qu’elle le concevait même si c’était difficile peut-être même impossible. Peut-être n’aurait-elle pas dû quitter le camp ? Peut-être qu’elle n’était pas capable de s’adapter à la société ? A part William, elle n’avait jamais discuté avec quelqu’un. Quoique le jeune homme en dise, elle était asociale et elle ne savait pas se comporter avec les gens.

« Moi qui voulait vous faire passer une agréable soirée. Je crois que je me suis trompé de sujet de conversation. Merci tout de même de l'avoir partagé avec moi »

Les paroles de l’avocat la tirèrent de ses réflexions. Elle sentit alors le contact léger de sa main qui effleurait la sienne. Ce léger contact la fit frissonner. Elle posa ses yeux sur William qui avait repris son repas.

« Mais vous me faites passer une agréable soirée. Votre présence suffit à la rendre agréable, William »

A son tour, elle s’occupa de son assiette. Ses joues avaient rosies. Elle se sentait bien avec lui. Les sujets évoqués n’étaient peut-être pas plaisants mais il ne les avait abordés que pour essayer de l’aider.

A son tour, elle acheva son assiette. Ce plat avait été un vrai délice. Elle n’avait jamais rien mangé d’aussi divin.

Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le vendredi 26 mars 2010, 16:11:13
       William s'inquiétait pour Marine. Ça ne lui ressemblait pas de s'inquiéter pour quelqu'un à moins que cette personne ait une influence sur sa vie. Mais la vraie raison de son inquiétude était toujours hypocrite car ça revenait finalement à se faire du soucis pour soi. Pour Marine c'était un peu différent. Qu'elle vive sous les ponts n'avait pas vraiment d'influence sur lui et objectivement ça ne lui causerait aucun tord d'un point de vue purement pratique. Le fait que la femme qu'il courtise soit sans le sou ne la rendait pas moins intéressante même si l'envie de survenir à ses besoins était plus que pressante. De plus, William sentait bien que Marine, contrairement à la plupart des femmes qui l'ont séduit, n'était pas intéressée par l'argent. Quelque chose d'inconcevable pour le juriste car après tout son argent n'était qu'une preuve matérielle de sa réussite social. Réussite qui fait intégralement partie de lui, qui façonne son caractère et bonifie sa personne. Il n'y avait pas de honte à être aimé pour son argent. Ce n'est pas pire ou mieux que d'être aimé pour sa beauté ou son intelligence. Pour William il s'agissait d'un fragment indissociable de son identité. En résumé l'argent est un avantage comme un autre dans le jeu de la séduction.
       Quoiqu'il en soit, Marine ne mangeait pas de ce pain là.

       Elle avait rougi... Ça n'avait pas échappé à William qui avait également capté les paroles qui étaient à l'origine de cette teinte cramoisie. Il lui répondit par un simple sourire et la regarda finir son assiette. Aussitôt une tornade noire et blanche déferla sur la table. En quelques secondes les assiettes vides avaient été débarrassées et la carte des desserts posés à la place. William parcourut la liste très succinctement et opta pour le dessert au nom le plus alambiqué: Macaron rougi de «Grenade – Campari» et cassante Opaline scintillante ganache au chocolat lacté. Ça fera bien l'affaire.

       -Marine, l'interpela-t-il d'une voix calme et détachée. Je ne regrette pas ce que je vous ai dit au manoir. Je regrette seulement le fait que ça vous ait fait fuir... D'ailleurs, je vais peut-être regretter d'en avoir de nouveau parler mais ça me semble... plus honnête.

       William était imprégné d'un calme résigné. Il appréciait à sa juste valeur le jeu de la séduction. Mais de par son passé asocial, il doutait que Marine elle-même soit consciente du jeu. Du coup, le jeu se transforme en manipulation? C'était le sentiment de Dolan. Et puis, si Marine la plantait de nouveau, il aurait tout son temps pour réfléchir à cette problématique.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le vendredi 26 mars 2010, 22:19:49
Dans une valse parfaitement orchestrée, les serveurs revinrent pour enlever les assiettes vides et leur apporter la carte des douceurs. Les noms étaient tout aussi énigmatiques que ceux des plats. Néanmoins, la jeune femme cherchait quelque chose de bien précis. N’importe quel dessert lui aurait convenu mais elle avait découvert depuis très peu de temps une confiserie qu’elle affectionnait tout particulièrement : le chocolat. Cela pouvait sembler un peu idiot de vouloir du chocolat mais, quand pendant dix-huit ans on y a jamais goûté, après on a envie de se rattraper. La jeune femme espérait trouver un énoncé contenant au moins un terme en rapport avec le cacao. L’un d’entre eux lui plu : Ludique puzzle de chocolat noir à l’écorce de Ceylan caressé de coco fondant. Cela semblait des plus prometteurs aux yeux de la jeune femme.

« Marine. Je ne regrette pas ce que je vous ai dit au manoir. Je regrette seulement le fait que ça vous ait fait fuir... D'ailleurs, je vais peut-être regretter d'en avoir de nouveau parlé mais ça me semble... plus honnête »

Une fois de plus, il la sortie de ses pensées culinaires. Ce qu’il avait dit au manoir ! Marine se rappela de cet après-midi où elle l’avait rencontré. La visite chez lui, la merveilleuse collection d’objets anciens, les discussions et la phrase de trop qui avait provoqué sa fuite. Il lui avait demandé de le laisser l’aimer. Cela l’avait mise profondément en colère. Elle était partie, enfuie. Elle ne le connaissait pas suffisamment à l’époque. Maintenant, tout cela était différent. Elle avait appris à le connaître. Du moins, ce qu’elle considérait utile de savoir sur quelqu’un.

Elle ne savait pas trop quoi lui répondre. Apparemment, il craignait de la voir s’enfuir à nouveau. Elle ne comptait pas reproduire la scène de l’autre jour. Elle regarda le visage de William. Cela faisait juste quelques jours qu’elle le connaissait et pourtant, elle avait l’impression qu’elle aurait beaucoup de mal à se passer de sa présence. C’était quelque chose de nouveau pour elle. Marine ne savait pas comment lui dire les choses.


« Vous aviez raison ce jour-là, William. J’ai… peur des gens parce que je ne sais pas comment me comporter avec eux – son ton était devenu sérieux mais sa voix était étrangement douce – Je ne sais pas pourquoi mais… vous…comptez beaucoup pour moi malgré le fait que nous nous connaissons depuis peu – ses joues se colorèrent à nouveau -  Je vous apprécie énormément. Vous m’aviez demandé de vous laisser m’aimer – elle fit une pause et respira à fond – alors… aime moi »

Cela sonnait presuqe comme une supplique. On l’avait maltraité, utilisé comme un objet toute sa vie. Elle avait envie d’être considérée autrement. Elle voulait compter un peu pour quelqu’un, pour lui.

A peine eut-elle fini sa phrase qu’elle regretta de l’avoir prononcée. Elle était allée trop loin. Contrairement à ce qu’elle avait pensé peu de temps avant, elle avait horriblement envie de se lever et de partir en courant mais ça aurait été mettre William dans l’embarras. De plus, elle ne pouvait pas fuir tout le temps.

Marine sentait son visage prendre une couleur proche de celle de ses cheveux. Elle baissa les yeux sur la carte des desserts posée devant elle. Elle n’aurait pas supporté de le regarder. Elle avait l’impression que tout tournait autour d’elle. La jeune femme ne rêvait que d’une chose. Elle aurait voulu que le juriste ne commande aucun dessert et qu’ils partent vite de cet endroit, elle surtout.

Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 29 mars 2010, 12:49:13
       A quoi s'attendait-il? Qu'elle s'enfuit peut-être. Ou alors qu'elle l'éconduise avec tact. Pourtant Dolan n'avait pas prévu qu'elle se dévoile de la sorte alors qu'il s'agissait d'une réaction envisageable. Quoiqu'il en soit, ce que venait de dire Marine le touchait beaucoup. Voir même à un point qui en devenait alarmant. C'était beaucoup plus que l'avocat ne s'autorisait. L'émotion est l'ennemi du bien.

       Le visage de William restait insondable mais ce n'avait beaucoup d'importance puisque Marine ne le regardait pas. Sous la table il serrait si fort le poing que ses ongles s'enfonçaient dans sa paume. La douleur n'eut pas les vertus curatives qu'il espérait et il devait tout de même faire quelque chose. Marine s'était ouverte, il ne pouvait pas rester sans réaction. Mais il avait peur de prendre une mauvaise décision. Trop concentré sur le moyen de décoincer Marine, il n'avait pas pensé à ce qu'il ferait en cas de succès. Et maintenant, c'était trop tard pour y réfléchir. Improvisons donc.

       William attrapa la main de Marine et la porta jusqu'à ses lèvres. Il déposa un baiser sur le bout de ses doigts. De quoi la rassurer et attirer son attention.

       -C'est déjà le cas Marine, fit-il d'une voix presque enjoué. Tu ne l'as pas remarqué?

       Sans lui lâcher la main, il se fendit d'un sourire et d'un léger signe de tête lui désigna la porte de sortie. Il haussa ensuite un sourcil interrogateur pour que sa proposition soit plus explicite. William s'imaginait bien que ce qu'elle venait de dire était difficilement supportable, qui plus est, dans un endroit où elle ne se sent pas à sa place. Le meilleur remède à l'embarras reste l'air frai.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le lundi 29 mars 2010, 22:46:00
Marine n’arrivait toujours pas à relever la tête et ses joues étaient enflammées. Elle pensait que William devait certainement la prendre pour une folle. Un jour, elle était odieuse et colérique, le lendemain, elle devenait gentille et presque amoureuse. Elle se disait qu’elle n’aurait jamais due lui dire ce genre de chose mais elle ne savait pas comment se sortir de cette situation.

Soudain, elle sentit la main de William s’emparer de la sienne. Les lèvres du juriste effleurèrent à peine les doigts fins de la jeune femme.


« C'est déjà le cas Marine. Tu ne l'as pas remarqué ? »

Il lui sourit d’une manière si douce et si adorable que Marine ne put que le lui rendre. Elle capta son signe de tête et le haussement de son sourcil. Elle hocha la tête en signe d’assentiment. Elle bénit intérieurement William pour avoir deviné son malaise. Elle se leva sans se faire prier.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 30 mars 2010, 18:03:45
       William se leva à la suite de sa dame et l'accompagna jusqu'à la sortie. Après lui avoir glissé un « je ne serai pas long » au creux de l'oreille, William la laissa dans le hall et partit régler l'addition. Il dût rassurer le serveur qui s'inquiétait de les voir quitter le restaurant en plein milieu du repas. Puis il paya l'addition en y ajoutant le petit pourboire habituel. Question d'éducation. William rejoignit ensuite sa promise et lui fit passer les portes de ce bourbier bling-bling. L'air frai semblait chasser l'ambiance pesante et un peu trop luxueuse du restaurant. Ou du moins c'est ce que Dolan supposait car lui, il se sentait comme un poisson dans l'eau. Ce n'était qu'une question d'habitude et au bout d'une dizaine de visites, n'importe qui pouvait fréquenter ce genre de restaurant sans être mal à l'aise. C'est comme prendre le train seul pour la première fois. Ce qui est nouveau effraye.

       Ideki était garé sur les places de parking qui était juste en face du restaurant. Il avait choisi une place en retrait et avec une vue direct sur les portes du bâtiment. Le chauffeur aimait faire preuve de panache et il savait, que prendre Dolan et sa compagne en s'arrêtant juste devant l'entrée avant même qu'ils aient commencés à chercher la berline, ne manquait pas de classe. C'est donc tout fier de lui que Ideki attendait le couple en grignotant un sandwich, la radio réglée sur une fm aux ambitions culturelles.

       Soudain il les vit sortir du restaurant. Il jeta avec précipitation son repas dans la boite à gants et coupa la radio. Ni une ni deux, il démarra la voiture et s'arrêta juste devant eux. Ideki exultait intérieurement mais il prit un air impassible et descendit de la voiture pour leur ouvrir la porte. Droit comme un i, il attendait le bon vouloir de son patron.

       Dolan n'offrait plus son bras à Marine pour l'accompagner dans ses déplacements. C'était sans aucune gêne que le juriste lui prenait plutôt la main. Il jeta un bref coup d'œil à son chauffeur et se tourna vers Marine avec un sourire qui ne lui ressemblait pas.

       -Que direz-vous de prendre un dessert à la plage? Ce n'est pas très loin à pied.

       Il avait envie de marcher pour une fois. Seul avec Marine. La berline n'aurait qu'à attendre son coup de fil lorsqu'ils voudront partir.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 30 mars 2010, 22:26:10
William se leva à son tour et l’accompagna jusqu’au hall où il l’abandonna, le temps d’aller régler l’addition. Marine prit ce court laps de temps pour reprendre un peu ses esprits. Elle avait l’impression que ses paroles avaient précipité un peu les choses. Elle ne savait pas où elle allait ou plutôt où ils allaient. La jeune femme avait l’impression d’avancer les yeux bandés et de ne plus rien contrôler.

Paradoxalement, si cela l’effrayait, le fait que William soit son guide la rassurait. Elle se laissait conduire par lui sans crainte.

Son chevalier servant revint auprès d’elle et la mena vers la sortie. L’air frais souffla doucement sur son visage. Elle respira à plein poumon. Cela lui faisait du bien après l’atmosphère empesé du restaurant.

Marine remarqua que l’avocat ne la conduisait plus par le bras mais il lui tenait la main. Elle ne s’y attendait ne faisant confirmer que son impression que les choses allaient plus vite entre eux à présent.

A peine étaient-ils dehors que la berline arriva à leurs pieds. Le chauffeur, Ideki, se posta devant la porte qu’il tenait ouverte.


« Que direz-vous de prendre un dessert à la plage ? Ce n'est pas très loin à pied »

La jeune femme fut surprise par cette proposition inattendue mais des plus attractives. La plage n’était pas loin en effet et c’était pleine lune. Ils bénéficieraient de sa lumière sur l’étendue de sable. Elle acquiesça en souriant.

« Oh oui ! C’est une excellente idée, William »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le jeudi 01 avril 2010, 15:00:10
       William gratifia Ideki d'un sourire amusé lorsqu'il vit la déception sur les traits de son chauffeur. Le spectacle était plutôt comique. Mais Marine ne semblait pas faire preuve de plus de pitié que Dolan lorsqu'elle accepta sa proposition avec enthousiasme. Finalement, Ideki, vaincu, salua le couple en leur souhaitant une bonne soirée puis repartit dans la berline pour attendre l'appel de Dolan face à une bonne bière.

       Sans lâcher la main de Marine, William se dirigea donc vers la plage. La lune éclairait le couple, projetant leurs ombres imprécises sur le trottoir d'un noir de jais. Les rues de la ville étaient en ébullition. William ne cessait de croiser des couples ou des groupes de jeunes qui riaient et s'amusaient. Puis à mesure qu'ils progressaient, les passants se firent plus rares. Le silence de la nuit remplaçait le fourmillement tapageur du centre ville. Un vent venant de l'océan parvint aux narines de l'avocat. L'air chargé d'iode et de sel s'engouffra dans ses poumons, le chargeant d'une énergie nouvelle. Ils s'approchaient de la mer. Bientôt, la respiration de l'océan se fit entendre à travers le bruit de pas du couple.

       Dolan aperçut une petit cahute, seule source de lumière au bord de la digue. Une douce odeur de crêpes et d'autres douceurs indéfinissables se répandait aux alentours de la cabane. William serra doucement la main de Marine et se pencha sur son oreille.

       -Je crois que nous avons trouvé notre dessert, souffla-t-il.

       William conduit sa cavalière jusqu'à la baraque à crêpes et avisa le vendeur qui passait le temps en regardant un petit écran de télévision à côté de lui. Lorsqu'il vit ses deux clients approcher il coupa le son et les accueillit avec un sourire commerçant. Lorsque son regard s'arrêta sur Dolan, celui-ci se figea et mourut progressivement. L'avocat qui n'avait rien remarqué se tourna vers Marine avec la mine réjouie qui semblait être réservé au moment où la jeune fille occupait son champ de vision.

       -Avez-vous choisi un dessert mademoiselle?

       -Vous êtes Dolan? L'avocat, pas vrai? Demanda soudain le commerçant avec un air goguenard.

       William fut surpris par l'apostrophe de l'homme. Il lui adressa un regard noir comme s'il savait instinctivement ce qui allait suivre.

       -Oui, c'est vrai, admit le dit Dolan avec une voix froide.

       Le commerçant ne semblait pas déstabiliser par le ton glaciale du juriste. Il le regarda du haut de son comptoir et se fendit d'un sourire triomphal.

       -Je sers pas les pourritures dans votre genre. - son regard glissa sur Marine - . Vous devriez éviter ce genre de personnage mademoiselle. C'est un conseil.

       William devint subitement livide. Les gens comme ça, l'avocat en avait l'habitude car beaucoup de monde regardait la télé et le reconnaissait. Remettre un idiot à sa place est un jeu d'enfants pour un avocat. Mais là c'était différent. Il était accompagné de Marine et ça changeait absolument tout. Il venait d'être descendu devant elle. Lui qui voulait paraître aussi parfait qu'elle. Il espérait qu'elle croit - à tord - qu'il était digne d'elle.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le jeudi 01 avril 2010, 22:33:33
Le chauffeur semblait un peu déçu que le couple ne reprenne pas la voiture mais il s’inclina, sans mot dire, et se remis au volant de la voiture qui s’éloigna d’eux. La main dans la main, Marine et William se dirigèrent à pas lents vers la plage. Leur chemin croisa de nombreuses personnes, des couples ou des groupes d’amis, venus s’amuser pour la soirée en ville.

La jeune femme se serra un peu contre l’avocat, elle n’aimait pas la foule. Elle avait hâte de quitter l’espace urbain pour atteindre la plage. Au fur et à mesure de leur promenade, ils croisèrent de moins en moins de monde.

Aucun des deux jeunes gens ne parlaient. Marine s’en accommodaient très bien. Elle profitait juste de la présence de son cavalier, sa main chaude glissée dans la sienne. Ils parvinrent finalement à leur destination. L’air marin était un pur bonheur. Il fut cependant troublé par d’autres odeurs, des odeurs sucrées. Elle aperçut alors une petite baraque d’où de douces senteurs s’échappaient. La main du juriste serra un peu plus celle de la jeune femme.


« Je crois que nous avons trouvé notre dessert »

Elle sourit et acquiesça. Ils se dirigèrent vers la petite baraque. L’homme à l’intérieur coupa le poste de télévision qu’il devait regarder en attendant les clients. William se tourna vers elle.

« Avez-vous choisi un dessert mademoiselle ? »

La jeune femme porta son regard sur l’écriteau qui portait mention de toutes les choses délicieuses qui étaient vendues mais la voix du vendeur l’interrompit dans sa lecture.

« Vous êtes Dolan ? L'avocat, pas vrai ? »

Elle vit William se tourner vers l’homme avec un regard noir et lui répondre que c’était bien lui avec un ton glacial.

« Je sers pas les pourritures dans votre genre. Vous devriez éviter ce genre de personnage mademoiselle. C'est un conseil »

Là, c’est Marine qui porta un regard assassin à l’homme derrière son comptoir. Si les yeux de l’avocat pouvaient devenir froids, quand la jeune femme se mettait en colère, ce qui était le cas, les siens devenaient meurtriers. Leurs couleurs bleu-vert viraient presque au noir et devenaient brillants. C’était la même chose lorsqu’elle combattait.

Elle n’aimait ni le ton, ni les propos du vendeur. Elle savait bien que William n’était pas le défenseur de la veuve et de l’orphelin, il le lui avait plus ou moins laissé entendre mais cela lui était égal. Il s’était toujours montré gentil avec elle. Il arrivait à lui tenir tête tout en pouvant discuter de sujets philosophiques ou autres. Et pour finir, cet homme voulait lui donner des conseils. Quelle idiotie !


« Je n’ai besoin d’aucun conseil, monsieur, je suis assez grande pour me faire ma propre opinion – elle tourna son visage vers son compagnon – Que vous n’appréciez pas cet homme c’est VOTRE choix mais vous n’avez aucun droit de le dénigrer et de l’insulter – elle reporta son regard de panthère sur l’homme – Je vais vous donner un conseil à mon tour, abstenez-vous de ce genre de remarques ou je me ferais une joie de vous faire ravaler vos insultes ! »

Sa voix, bien que mesurée, était rageuse. Personne ne s’était jamais permis de lui donner le moindre conseil et ce n’était certainement pas ce type qui pouvait se permettre de lui en donner.
Elle se retourna vers son cavalier.


« Je n’ai plus vraiment faim. On peut y aller, si tu veux, William »

Sa voix, si elle n’avait pas totalement retrouvée son calme, était beaucoup plus douce.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le vendredi 02 avril 2010, 19:33:46
       William se sentait affreusement mal. Les propos de l'homme l'ont choqués et il n'a pas su lui répondre à temps. C'est Marine qui avait due le remettre à sa place, et ça l'avocat s'en voudra pendant très longtemps. Ce n'était pas une affaire d'égo mais une question d'étique personnelle. C'est Dolan qui avait invité Marine à passer une agréable soirée avec lui. De son point de vue, il n'avait pas respecté son engagement en lui faisant subir cette altercation qu'il n'avait même pas réglé lui-même. C'était un très grave manque d'égards

       Sans un mot, il acquiesça et fit mine de s'en aller avec Marine. L'homme derrière son stand grimaça mais ne répondit rien. Alors que le couple s'éloignait, William gratifia le marchand d'un dernier sourire carnassier, plein de promesses. Il voulait détruire sa vie, ça ne faisait aucun doute. Mais William n'est pas quelqu'un de rancunier et il aura oublié le petit marchand dans quelques heures.

       Le couple s'arrêta devant un muret qui leur arrivait à mi-hauteur et qui surplombait la plage située quelques mètres plus bas ; c'était la digue. William s'y accouda et projeta son regard sur l'étendue sombre qui ne s'arrêtait qu'à l'horizon. Il se calmait progressivement.
       La rage de Marine avait été agréable à observer. On sentait qu'elle avait du poids et ses menaces étaient donc à prendre en considération. Les excès de colères de William étaient promesses d'ennuis futur mais avec Marine, on sentait que la menace était immédiate ce qui la rendait plus foudroyante, plus efficace. C'est sans doute pour cette raison que le commerçant n'avait rien répondu.
       Quoiqu'il en soit, ça ne changeait rien au fond du problème.

       -Je suis désolé, fit-il au bout d'un moment. J'aimerais te dire que ça ne se reproduira plus.

       Il se tourna vers elle et effleura sa joue. Il la regarda, tentant de se rappeler la colère qui l'avait animée un instant plutôt. C'était un aspect de Marine qu'il connaissait vaguement mais pas à ce point et pas dirigé sur quelqu'un d'autre que lui. La fureur guerrière. C'était presque attendrissant lorsque l'on en est pas la cible.

       -Tu mérites mieux, affirma-t-il avec un demi-sourire. Mais j'ai fait en sorte d'éliminer tous tes autres prétendants qui pourraient être mieux que moi.

       William esquissa un sourire amusé. Il avait retrouvé sa bonne humeur.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le vendredi 02 avril 2010, 23:42:13
La jeune femme vit William hocher la tête, il posa une main dans son dos et ils quittèrent le marchand aux propos désagréables. Marine avait du mal à retrouver son calme. Elle s’énervait assez peu souvent mais quand cela lui arrivait, il lui fallait bien quelques heures pour se calmer. Généralement cela lui arrivait surtout lorsqu’elle combattait ce qui lui permettait de décharger sa fureur. Si elle avait été seule, elle serait partie courir pour évacuer toute sa tension nerveuse mais là c’était impossible. Elle allait devoir gérer ça autrement.

Ils arrivèrent à la grève. L’air marin et le vent frais calmèrent un peu les ardeurs de la jeune femme. Son compagnon s’accouda au muret et perdit son regard dans la masse sombre qui reflétait le disque lunaire. La jeune femme pensait qu’elle aurait bien aimé aller nager pour se calmer. Elle soupira en silence. Elle allait vraiment devoir se calmer par elle-même.


« Je suis désolé. J'aimerais te dire que ça ne se reproduira plus »

Il se retourna vers elle et, d’un geste tendre, il lui caressa la joue. Cela eut un effet apaisant sur la combattante.

« Tu mérites mieux. Mais j'ai fait en sorte d'éliminer tous tes autres prétendants qui pourraient être mieux que moi »

Elle ne put s’empêcher de sourire et de secouer la tête négativement.

« Non, c’est toi qui mérite mieux »

Son ton était mi-sérieux, mi-amusé. Elle se tourna à son tour vers l’océan en s’appuyant sur la digue de pierre. Elle se mit à contempler l’astre lunaire d’un air un peu absent.

« Tu mérites bien mieux que moi. Je ne comprends pas cet intérêt que tu as pour moi, pour une femme au passé des plus troubles et sans vraiment d’avenir, et qui est bien loin d’avoir un physique de mannequin. Je ne suis pas grand-chose dans ce monde car je n’ai pas d’existence – elle se retourna vers lui – mais je tiens à toi, je suis bien avec toi, et je ne voudrai aucun autre homme avec moi ce soir, aucun ! »

Elle lui sourit avec tendresse. S’exprimer ainsi était inhabituel pour elle, la jeune femme faisait un très gros effort pour son compagnon. Elle se retourna à nouveau vers la mer, elle ferma les yeux et inspira profondément l’air marin. Le vent jouait avec ses mèches laissant échapper plusieurs d’entre elles de sa coiffure. Son calme était revenu. L’air frais et surtout la présence de William étaient venus à bout de sa colère.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 05 avril 2010, 16:35:40
       D'un point de vue purement logique Marine avait raison. Dolan pouvait sortir avec une mannequin ou bien une aristocrate. C'était assez simple en vérité. Il avait conscience de ne pas être repoussant et sa position sociale ouvrait de nombreuses portes, y compris la porte du cœur de ces dames. Mais aucune alchimie n'était possible avec ces femmes. Elles n'étaient qu'un moyen de plaisir. Que ce soit pas le corps ou par l'esprit, les femmes ne sont qu'un outil de satisfaction pour l'avocat.
       Même la soi-disant galanterie dont il fait preuve n'est qu'une manière de poser une barrière entre lui et la gente féminine. Outre ses aspects respectueux, la galanterie est un moyen de séduction, voir même de domination. William en a fait son mode de vie ; une solution évidente au problème de montrer sa déférence envers les femmes tout en imposant une distance entre lui et  elles. L'illusion est parfaite ; ce que les femmes voient comme une marque de respect, n'est en réalité qu'un apartheid visant à considérer la femme comme un être sublime et en aucun cas comme un égal.

       La galanterie Dolanienne ainsi mise à nue, sa légitimité est remise en question. Mais il faut garder à l'esprit que tout cela est inconscient pour le pauvre juriste. Cela serait utopique de dire que l'arrivée de Marine à changer tout ça, mais avec elle, William est parvenu à instaurer une certaine proximité et peut-être un sentiment tout nouveau chez lui qu'il pourrait prendre pour de l'amour. Or ce n'est pas de l'amour. Ou du moins, pas encore.

       William fixa son attention sur une mèche de cheveux roux qui virevoltait au gré de la brise marine. Les pales lumières de la ville éclairaient timidement le visage de sa belle. Non, ce n'était pas une mannequin, ni une riche héritière. Dieu merci. Il pouvait donc la comprendre, ne serait-ce qu'un peu. Et encore mieux : Il pouvait partager avec elle.
       Alors qu'elle regardait l'océan, Dolan se glissa dans son dos et posa ses mains sur ses bras nus. La délicate texture de sa peau et les muscles fermes qu'il sentait dessous le surprit, sensation grisante qui s'ajoute à la moiteur délectable de son épiderme. Ses mains descendirent ensuite le long des bras, glissant avec une lenteur infinie sur les membres découverts. William se rapprochait d'elle à mesure que les mains avalaient les centimètres qui les séparaient de leur destination, si bien que son torse entra en contact avec le dos de sa partenaire. Il épousa alors les formes de sa dame comme si son corps se remodelait pour profiter pleinement de ce contact avec elle. Finalement, les doigts de Dolan s'infiltrèrent entre les jointures de ceux de Marine et il la serra tout contre lui dans un carcan de bras protecteurs.
       Son nez effleura la chevelure rousse qui libérait des effluves enivrantes, faisant tourner la tête de l'homme. Il ne s'y attardait pas plus que de mesure car les joues rosies de sa belle appelaient ses lèvres dans un chant de sirène inaudible mais diablement attirant. Il couvrit alors de baisers la peau douce et accueillante, appréciant le contact de son visage avec le sien. La caresse de ses sourcils, les chatouilles de ses mèches qui venaient titiller son cou et bien sûr, le contact de ses lèvres sur sa peau brulante.

       -Je n'en veux aucune autre, souffla William tout contre sa joue.

       Ragaillardi par ces paroles poignante de sincérités, William poussa un peu plus sa chance. Ses lèvres avancèrent sur le terrain inconnu et se présentèrent enfin au commissures de celles de sa belle. Son cœur battait la chamade et il le sentait tambouriner contre le dos de Marine. C'était l'émotion mais aussi la peur qu'il soit rejeté une nouvelle fois. Mais l'envie et surtout le besoin vinrent à bout de cette appréhension et les lèvres de Dolan partirent à l'assaut de la bouche de Marine.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le lundi 05 avril 2010, 22:50:48
Marine aspira l’air de l’océan à plein poumon. Les lumières de la ville ne parvenait que très faiblement au couple. La clarté de la lune les éclairait davantage. La jeune femme ferma les yeux pour profiter de cet instant de paix. C’était si rare qu’elle se sente aussi bien. En fait, ce sentiment étrange de plénitude, elle ne l’avait éprouvé qu’une seule autre fois dans sa vie. Ce moment elle l’avait goûté la nuit où elle avait quitté le camp. Cette formidable impression de liberté était enivrante.
 
Elle sursauta quand elle sentit les mains de William sur ses bras nus. Celles-ci se mirent à descendre doucement le long de ses membres. Marine goûtait cette douceur, la douceur des mains de l’avocat, la douceur dans la manière qu’il avait de la caresser. Elle trouvait cela agréable, même très agréable mais cela lui faisait peur aussi.

Le corps de William vint se presser contre son dos au fur et à mesure que ses mains descendaient jusqu’aux siennes. Elle se raidit ne sachant pas comment elle devait réagir. Elle sentit le visage du juriste dans son cou puis contre sa joue. Son cœur battait alors la chamade. La jeune femme retint son souffle lorsqu’il posa ses lèvres chaudes contre sa joue. Elle se tendit encore davantage.

Personne ne l’avait jamais touchée ainsi. La combattante qu’elle était, ou plutôt qu’elle avait été, n’imaginait même pas que cela pouvait exister. Cette douceur, cette tendresse étaient inhabituelles pour elle. C’était même plus que cela, c’était inconnu.


« Je n'en veux aucune autre »

Le cœur de Marine sembla rater un battement en entendant ces mots. Il ne voulait d’aucune autre femme, aucune à par elle. Devait-elle le croire ? Elle en était bien près. Les lèvres de l’avocat arrivèrent au niveau des siennes. Elle sentait son corps se raidir encore. Elle était comme la corde d’un arc bandé à l’extrême redoutant le prochain geste de son compagnon. Un geste qui paraissait pourtant inévitable, qu’elle n’avait pas envie d’éviter à sa grande surprise. Elle se laissa faire.

La guerrière farouche, la jeune femme solitaire, l’érudite amoureuse de philosophe, se laissèrent faire, rendirent les armes devant l’argument apporté par les lèvres du juriste émérite qu’était William Dolan.

Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le dimanche 11 avril 2010, 23:48:50
       William sentait bien que sa douceur était perçue comme une agression. La demoiselle se  tendait à chaque fois qu’il s’enhardissait. Elle n’acceptait pas ses caresses, elle les accusait, comme des coups portés à son identité. Ce qui n’était pas totalement faux d’ailleurs.
       Malgré cela, il avait tout de même été chercher ses lèvres. Il s’attendait à être repoussé d’un moment à l’autre. Ses lèvres touchèrent les siennes. Caressant d’abord timidement l’arc de cupidon, elle se présentèrent devant les portes closes. Les invectives ne produisant aucuns effets, elles se plaquèrent avec plus de conviction contre les lèvres de la jeune fille que ne les repoussait toujours pas. L’emprise de Dolan se desserra lentement, ce qui lui permis de faire pivoter la jeune fille, afin de l’avoir face à lui ; une position plus commode pour continuer son entreprise.
       William ouvrit délicatement ses lèvres. Celles de la jeune fille, soudées au siennes, s’ouvrirent en suivant le mouvement. L’homme introduit délicatement sa langue et elle partit effleurer celle de sa partenaire. Cette dernière ne semblant pas réagir, le bout de chair humide et chaud vint l’asticoter, la taquiner jusqu’à obtenir une réaction. Lorsqu’elle daigna se mettre en mouvement, le ballet put commencer. C’était William qui menait cette danse intime, tantôt lente et langoureuse, puis un peu plus sauvage à mesure que le désir s’embrasait. Il essayait tout de même de contrôler ses ardeurs, conscient que la moindre précipitation pourrait entrainer un blocage irréversible chez la splendide rouquine.

       La main de William glissa dans le dos de Marine. Caressant au passage l’irrésistible chute des reins, elle remonta jusqu’à ses omoplates. Son autre main affermit sa prise sur la hanche de la jeune fille dans une étreinte virile et déterminée.
       La sensation était exquise ; la belle dans ses bras, il goutait enfin au fruit défendu dont il n’avait eu qu’un aperçu. Et bien, il était encore plus délicieux qu’il n’en avait l’air. C’était peu être parce qu’il était resté trop longtemps à sa portée, le narguant sans cesse et le privant de ses délices. Ou bien c’était à cause de ses sentiments pour Marine. Sentiments qui proposaient une autre alternative à ce baiser : Au-delà de la fusion leurs bouches, il s’agissait d’un mariages de leurs âmes.

       Le baiser fut long. Sans doute un des plus long de sa vie mais pour William, il n’avait duré qu’un instant. L’un des plus grandiose qu’il avait passé en compagnie d’une femme. Il était heureux, voir complètement extatique, comme un enfant qui découvre pour la première fois le goût du chocolat. Et il chérissait plus que tout celle qui en était la cause. C’est cet état de bonheur qui le fit dériver lentement hors des sentiers battus de la logique.

       William posa son front contre celui de Marine et lui caressa gentiment le bout de son nez en souriant.

       -Je veux… j’exige ton bonheur, souffla-t-il d’une voix empreinte d’amour et d’autorité. Je comblerai tous tes besoins et tes désirs. Si tu as un souhait, tu n’as qu’à le formuler.

       Dolan ne veux jamais ; il l’exige. Dolan ne désir jamais quelque chose ; il l’obtient. Ce schéma de pensée a été vue et revue, et il a toujours bien fonctionné. Ca a marché pour le succès, pour l’argent, pour le pouvoir et même pour les femmes. Mais ce que William exigeait ici, c’est une chose que ni son argent, ni ses compétences ne pouvaient lui donner : le bonheur d’un être cher.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 13 avril 2010, 10:00:55
Marine restait passive devant les assauts de la bouche de l’avocat. Il l’a fit doucement pivoter afin de se retrouver face à elle. Ses lèvres se posèrent à nouveau sur celles de la jeune femme. Cette dernière ferma les yeux et se laissa faire. La bouche de William était incroyablement douce et tendre. Il n’essaya rien dans un premier temps, il semblait juste apprécier le contact de leurs lèvres ou peut-être lui laissait-il le temps de s’y habituer. Puis, la langue du juriste pénétra l’antre buccal de sa compagne.

Marine ne savait pas quoi faire. C’était la première fois qu’on l’embrassait. Elle avait peur de faire quelque chose de mal ou de travers. Les mains de William l’entouraient mais elle était toujours aussi tendue dans ses bras malgré la douceur du jeune homme.

La langue de William toucha la sienne et commença à la caresser. C’était étrange comme sensation, pas désagréable mais étrange. La langue joua un moment avant que la sienne commence à réagir. Timidement, la langue de la jeune femme répondit à celle de l’avocat. Jouant comme la sienne, caressant comme elle, elle se calait sur les mouvements de Dolan tel un élève sur son professeur.

C’était agréable. Marine s’en rendait compte à chaque seconde qui s’écoulait. Il y avait une telle tendresse dans cet échange mais ce n’était pas que ça. Il y avait quelque chose de plus, quelque chose de plus fort qui allait au-delà de ce simple baiser.

Lorsqu’ils se séparèrent, la jeune femme le regretta. Ella avait beaucoup aimé ce moment. Son cœur battait la chamade. Le front de William vint se poser contre le sien alors que, d’une main, il lui frôlait le bout de son nez. Elle lui sourit, ses joues aussi rouges que ses cheveux.


« Je veux… j’exige ton bonheur. Je comblerai tous tes besoins et tes désirs. Si tu as un souhait, tu n’as qu’à le formuler »

Elle resta interloquée. William n’était pas le genre d’homme à étaler ses sentiments. Pourtant, ce soir, il semblait se livrer… à elle. Marine avait l’impression d’être prise dans un véritable cyclone, une tempête monstrueuse où tous ses repères volaient en éclats, ses sentiments et ses pensées se bousculaient, s’entrechoquaient à loisirs.

Elle n’avait toujours pas bougée. Elle était toujours aussi droite, les bras le long du corps. Incapable du moindre mouvement.


« C’est… c’est bien la première fois que quelqu’un se préoccupe de moi ou de ce que je peux vouloir. En même temps, c’est aussi la première fois qu’on m’embrasse – elle sourit davantage – ce qui prouve que tu es quelqu’un d’extrêmement courageux au vu des risques que tu encoures – son sourire s’effaça et son ton redevint sérieux mais tendre aussi – La seule chose que je veuille, que je veuille vraiment c’est toi, William. Toi et ton amour »

A la différence de lui, elle n’attendait ni bijoux, ni voitures luxueuses, ni magnifiques demeures, elle le voulait juste lui. Cela lui apparut comme une vérité première. Elle l’aimait et elle avait envie qu’il l’aime aussi.

Avec beaucoup d’appréhension, elle passa ses bras autour de la taille de William et, légèrement tremblante, elle posa ses lèvres sur les siennes, juste pour les sentir à nouveaux.

Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 13 avril 2010, 15:45:53
       Elle pouvait lui demander tout ce qu'elle voulait. Dans l'état de béatitude où il était plongé, il serait même capable de lui décrocher la lune si elle lui demandait. Ou du moins essayer. Dans une mesure plus raisonnable, elle pouvait lui demander la richesse et la reconnaissance. Ca avait sans doute plus de valeur que ce qu'elle lui avait réclamée. Son amour? Quelle sottise…

       William quand à lui était aux anges. Une femme qui était plus intéressée par lui que par son argent, ça ne courait pas les rues. Le plus amusant était sans doute les femmes qui essayaient de se persuader qu'elles étaient amoureuses de lui et non de son statut. William avait fini par les repérer et savoir les identifier ; le goût du luxe, les exigences, et une acclimatation fulgurante aux mondanités. Pauvres filles.
       Malgré les apparences, William n'avait pas piégé Marine. Il ne l'avait pas noyé dans le luxe pour la tester car il se moquait de savoir si on l'aimait pour lui, son argent ou bien les deux. Comme dit précédemment, l'argent fait partie intégrante de son identité. C'était juste étrange d'être aimé pour soi, tout simplement. Souvent, notre partenaire exige toujours autre chose de nous et c'est le premier moteur du conflit dans un couple.

       L'avocat se laissa guider dans ce baiser langoureux dont l'initiative imputait à la jeune fille. Le baiser était bouleversant de timidité. William apprécia à sa juste valeur cette pulsion candide, qui lui rappelait curieusement son premier baiser. Sa main investie la crinière de feu de sa compagne, s'échouant sur les circonvolutions des mèches qui lui offrirent une résistance symbolique. Tirant tout le bénéfice de cette bouche qui se serait refusée à lui il y a quelques jours. Aujourd'hui, elle était sienne. Elle était reine.

       William se retira lorsqu'il ne put souffrir plus longtemps de voir le faciès de sa belle. Il contempla ce visage aux deux profils. L'un pâle, d'une beauté sans précédent, éclairé par le seul astre lunaire, et l'autre, légèrement orangé, plein de vie et de bonheur, éclairé par les lumières de la cité. Il se posa alors la question de savoir s'il voulait cette femme à jamais à ses côtés. Et étrangement, la réponse ne souffrait aucune logique, ni rationalité, car elle était tout simplement évidente.

       -Dans ce cas, reste avec moi, fit-il en plongeant son regard dans le sien. Pour toujours. Tu auras ce que tu voudras et bien plus encore. Tu seras ma reine.

       Une lueur indéchiffrable brulait dans les prunelles du juriste.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mercredi 14 avril 2010, 10:16:48
Le baiser qu’elle lui donnait se voulait chaste mais tourna court. Presque malgré elle, sa langue chercha celle de William. Elle avait encore envie de la sentir et de la caresser. Son partenaire en sembla ravi ce qui donna un peu plus de confiance à la jeune femme. Celle-ci se laissa alors un peu plus portée par ses sensations. La main de William alla se perdre dans ses cheveux rapprochant encore leur bouche, leur corps.

Au bout d’un long moment, ils finirent par se séparer. Marine était encore étourdie par ce baiser. Il était plus grisant que l’alcool le plus fort. Elle avait du mal à revenir à la réalité. Ses yeux étaient brillants et pleins de vie. Ils brillaient d’un nouvel éclat qu’ils n’avaient jamais eu auparavant. William l’observait et plongea son regard dans le sien.


« Dans ce cas, reste avec moi. Pour toujours. Tu auras ce que tu voudras et bien plus encore. Tu seras ma reine »

La jeune femme écarquilla les yeux. Sa surprise était plus que visible. Que lui disait-il donc ? De rester avec lui ? Pour toujours ? L’aimait-il donc à ce point ?
 
Marine ne comprenait pas. Il pouvait avoir toutes les filles qu’il voulait et pourtant c’était à elle, une fille qui n’existait pas et dont il ne savait presque rien, qu’il le demandait. Elle, elle l’aimait. Elle qui, il y a quelques jours encore, ne savait pas ce que c’était que d’aimer ressentait à présent ce doux sentiment pour ce jeune homme. Elle aussi voulait rester avec lui.


« Oui… oui je veux rester avec toi pour aussi longtemps que tu voudras bien de moi »

Les larmes se mirent à couler, inondant bien vite son visage. Elle se blottit dans ses bras, enfouissant sa tête dans le cou de William. Elle avait tant souffert. Les années de douleur et de souffrance lui revinrent soudainement à l’esprit. Elle se serra encore plus contre le jeune homme comme pour se protéger d’une menace invisible, les fantômes de son passé.

« Je t’aime, William. Je t’aime »

Malgré ses paroles, une partie de la jeune femme avait peur. Tant de choses les séparaient. Il était riche, puissant, socialement intégré. Tout ce qu’elle n’était pas. Elle n’était même pas sure de pouvoir s’intégrer à ce monde un jour. Une part d’elle-même espérait qu’il l’y aiderait mais ce n’était pas ses seules craintes.

C’était la première fois qu’elle se livrait totalement à quelqu’un et si cela se passait mal, elle risquait de ne jamais s’en remettre. Elle n’avait rien d’un Candide. Si cette relation se révélait être un désastre, elle se refermerait sur elle totalement et pour toujours. Malgré cela, elle voulait tenter sa chance, prendre un risque. Peut-être que tout se passerait bien mais vu son passé, elle voyait toujours le verre à moitié vide.

Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le vendredi 16 avril 2010, 13:46:57
       William lui rendit son étreinte. La serrant comme s'il voulait la voir fusionner avec lui. Sa tendre moitié. Ce qu'elle lui souffla ensuite l'apaisa au lieu de le surprendre. C'était bon de l'entendre. Doux mots, où celui qui les prononce avoue sa faiblesse, se donne entièrement, vulnérable et fragile. Pourquoi le dire dans ce cas? Parce que c'est aussi une promesse. La plus belle qui soit.

       -Je t'aime, répondit William en s'abandonnant à son tour à l'effet de ces mots.

* * *

       Il est 17h12 , nous sommes le 16 janvier. Dolan pianotait sur son ordinateur avec frénésie. Il avait hâte de terminer ce mail et de pouvoir quitter le cabinet. En effet, maitre Dolan ne devait pas être en retard au rendez-vous qu'il avait donné à sa petite amie. Rendez-vous qu'il avait fixé hier, juste avant de lui dire au revoir. Cette soirée avait été fantastique sur tous les points. William était encore étonné d'avoir réussi à lui dire qu'il l'aimait. Sans doute l'atmosphère magique du moment, avait levé ses inhibitions. Non, la magie n'a pas prise sur lui.
       Il l'avait ensuite raccompagné jusqu'à son hôtel. Et non, il n'avait pas insisté pour rester. William ne voulait rien brusquer et de toute façon ce n'était pas ça qu'il cherchait à tout prix, sinon il l'aurait déjà eu. Oui, ça ne faisait aucun doute.
       Quoiqu'il en soit, il avait fini par lui proposer de passer à son hôtel le lendemain vers 17h30 et il allait finir par être en retard. Les yeux de Dolan fixés sur son écran jetait parfois des regards inquiets à l'horloge de son bureau qui semblait avancer bien trop vite à son goût. Finalement, il ferma brusquement son ordinateur et se leva dans le même mouvement. Il attrapa sa veste accrochée au porte-manteau et sortit du bureau d'un pas pressé.

       -Au revoir, monsieur Dolan, le salua sa secrétaire sans détacher ses yeux de son écran d'ordinateur. Je savais que vous alliez oublier alors j'ai pris la liberté d'en acheter pour vous.

       Dolan haussa un sourcil interrogateur. Il n'avait vraiment pas le temps pour les devinettes. Puis il avisa un bouquet de fleur posé sur la table basse près de l'ascenseur.

       -Que ferais-je sans vous, fit William en se maudissant intérieurement.

       En guise de réponse, la jeune fille lui décocha un sourire malicieux et replongea dans son travail. William la salua et quitta enfin le monde des affaires, les fleurs à la main.


       -Je n'en ai pas pour longtemps Ideki, annonça William en sortant de la berline.

       Il ne vit pas son chauffeur acquiescer car il se dirigeait déjà vers l'hôtel. Un petit coup d'œil à sa montre l'informa qu'il était 17h29. Quel talent, se congratula-t-il intérieurement. L'avocat entra et n'accorda aucune attention au réceptionniste ; il connaissait le chemin. Arrivé à la porte de la chambre, il fit une pause, s'assurant qu'aucunes de ses mèches de cheveux noir ne jouait les rebelles. Ceci fait, son bouquet de fleur dans les bras, il frappa à la porte.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le vendredi 16 avril 2010, 16:09:50

« Pourquoi m’as-tu tué ? Pourquoi ? »

Ces questions des dizaines, des centaines de visages ne cessaient de les lui poser dans ses rêves ou plutôt dans ses cauchemars. Marine s’agitait dans son sommeil. Les scènes de combat se succédaient tout comme les scènes de meurtres ou de tortures. Le sang, l’odeur du sang, l’odeur de la mort, elle les sentait, elle les ressentait. Elle gémissait dans son lit, suppliante, voulant conjurer le sort qui la prenait en otage toutes les nuits. La sueur perlait sur tout son corps. La combattante se réveilla en hurlant. Elle respirait vite et elle mit un moment à se rendre compte qu’elle était dans sa chambre, dans son lit et qu’il ne s’agissait que de sombres cauchemars.
 
Elle regarda par la fenêtre et vit les particules de poussière danser dans la lumière. Le jour était levé depuis un moment apparemment. D’habitude, elle se réveillait beaucoup plus tôt que ça. Et puis, elle se rappela sa soirée. L’image du visage de William se dessina devant elle et cela calma ses angoisses. Elle se laissa retomber dans les draps, ferma les yeux et se rappela les scènes de la veille.

Il l’avait embrassée, tenue dans ses bras et dit qu’il l’aimait. Surtout, il lui avait dit qu’il l’aimait. Cela lui réchauffait le cœur et l’âme d’y penser. Elle s’était sentie heureuse, si heureuse. Elle était amoureuse et lui aussi. La jeune femme avait l’impression d’avoir trouvée une sorte d’âme sœur. Elle ne croyait pas trop à ce genre de choses mais là elle devait bien reconnaître que c’était troublant.

Elle resta encore un moment couché, l’esprit plongé dans cette profonde béatitude, puis elle se leva, prit sa douche et s’habilla. Elle ne savait pas trop ce qu’elle allait faire aujourd’hui en attendant que son soupirant vienne la voir comme il le lui avait promis. Il devait passer en fin de journée, après son travail.
Etant donné les circonstances, elle se dit qu’elle devrait aller chercher du travail. L’achat de la robe, la veille, l’avait plus que délestée au niveau financier. Elle devait très vite trouvée quelque chose. L’hôtel était payé jusqu’à la fin de la semaine. Après, elle allait se retrouver dehors et il était hors de question qu’elle demande quoi que se soit à William. Elle finit par sortir et se mit à arpenter les différents quartiers dans l’espoir de trouver quelque chose à faire.

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Marine avait marché toute la journée et elle avait mal aux pieds. Elle n’avait même pas mangé à midi mais le résultat était positif dans une certaine mesure. Elle avait réussie à trouver quelque chose. Un tenancier de bar avait accepté de la prendre à l’essai. Vu le lieu, il se fichait de savoir si elle avait des papiers ou non. Tout ce qui semblait l’intéresser, c’était qu’elle était jolie et que son salaire serait moins élevé que pour une personne ayant tout ses documents officiels.

La jeune femme aurait bien voulu autre chose mais vu les circonstances, elle ne pouvait pas se permettre de faire la fine bouche. Elle avait accepté. Cela lui permettrait d’avoir un toit au-dessus de la tête un peu plus longtemps.

Heureuse, elle retourna vers son hôtel et se rendit compte de l’heure. Il était presque 17h30 et William devait arriver bientôt. Elle se mit à courir en espérant arriver avant lui mais elle comprit en arrivant devant l’hôtel que ça avait été illusoire de sa part. La berline était déjà là mais qu’elle idiote ! Elle se pressa davantage et monta quatre et quatre les marches menant à sa chambre.
 
William était là, devant sa porte, un bouquet à la main, attendant qu’elle lui ouvre. Elle s’approcha de lui en se recoiffant comme elle pouvait. Elle devait avoir fière allure. Elle avait couru, ses cheveux devaient être totalement en bataille et sa tenue était loin d’être celle de la veille. Elle avait remis sa tenue victorienne, sa jupe longue en satin noir, son chemisier à jabot blanc et son corset brodé noir. Elle n’avait même pas  pris sa cape.
 
Marine posa sa main délicate sur l’épaule de l’homme qu’elle aimait.

 
« Je suis désolé, je suis en retard. Excuse-moi ! – elle lui adressa un sourire coupable – J’ai essayé de trouver du travail et j’ai perdu la notion du temps. J’ai pas d’excuses mais je suis sincèrement désolé, William »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le samedi 17 avril 2010, 10:57:58
       Aucun bruit dans l'appartement, Dolan essaya de tendre l'oreille pour s'en assurer et il sentit une main lui effleurer l'épaule. Il vit alors une Marine empourprée, qui semblait avoir couru, se répandre en excuses. William la fit taire en posant ses lèvres sur les siennes, dans un baiser plein de tendresse. Ce qui ne devait être qu'un baiser de "bonjour" dura un peu plus longtemps que prévu, les lèvres ne voulant pas séparer l'une de l'autre. Finalement, Dolan rompit le contact et se fendit d'une sourire mutin.

       -C'est l'apanage de toutes femmes que de se faire désirer, l'informa-t-il. Inutile de s'excuser.

       William s'écarta d'un pas pour que la jeune fille puisse entrer dans sa chambre. Une fois la porte ouverte, William inspecta discrètement le parquet, à la recherche de ses précieux amis les cafards. Il fut rassuré de ne pas voir le bout d'une antenne et poussa un petit soupir. Ca le rendait malade de la laisser habiter ici mais il ne faisait aucuns commentaires et il n'en avait jamais fait.

       -J'ai une surprise pour toi, glissa-t-il. Nous y allons quand tu veux.

       Son éternel expression Dolanienne peint sur son visage, William attendait le bon vouloir de sa dame, tranquillement appuyé contre un mur.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le dimanche 18 avril 2010, 21:50:39
William ne semblait pas contrarié par son retard et pour couper court à ses excuses, il l’embrassa avec une infinie douceur. Marine se rendit compte combien cela lui avait manqué aujourd’hui. Leurs bouches eurent bien du mal à se séparer. Elles étaient si heureuses de pouvoir s’unir à nouveau mais, finalement, le jeune homme mit fin à cette nouvelle rencontre, au moins pour le moment.
 
« C'est l'apanage de toutes femmes que de se faire désirer. Inutile de s'excuser »

Marine sourit.

« C’est gentil mais je déteste être en retard »

Le juriste se décala et elle ouvrit la porte de sa chambre. Grâce au ciel, aucunes petites bêtes ne se baladaient sur le plancher passé. Elle entra et le jeune homme en fit de même.

« J'ai une surprise pour toi. Nous y allons quand tu veux »

« Une surprise ? »

Marine se retourna à cette nouvelle et remarqua alors le bouquet que le jeune juriste tenait à la main. Un bouquet magnifique tout aussi splendide que celui qu’il lui avait fait livrer la veille. Elle vint vers lui et le prit. Par chance, William avait opté pour un bouquet dont la base de l’emballage contenait de l’eau. Cela évitait d’avoir à les mettre dans un vase, une chose qu’elle n’avait pas en sa possession.

La jeune femme réfléchit assez peu à l’endroit où elle allait le mettre car le choix était plus que limité. Il n’y avait que le bureau ou la table de chevet. Vu que le bouquet de la veille occupait la table, elle opta pour la table de chevet.


« Comme ça, je le verrais juste avant de m’endormir – disait-elle en plaçant les fleurs sur la petite table de bois – Voilà, c’est parfait. Donne moi deux minutes et je te suis »

Elle se dirigea vers la salle de bain et se passa un peu d’eau sur le visage pour diminuer un peu le rouge de ses joues. Puis, elle se passa la main dans les cheveux essayant, tant bien que mal, de coiffer un peu son indomptable chevelure de feu. La jeune femme soupira devant le résultat mais n’arriverait pas à faire beaucoup mieux. Elle ressortit alors de la salle de bain et alla vers celui qui l’attendait avec une grande patience.

« Je suis prête ! »

Dans un élan presque enfantin, elle alla jusqu’à lui et l’embrassa.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 21 avril 2010, 16:24:54
       William réceptionna la jeune fille dans ses bras et elle en profita pour dévorer ses lèvres. Lorsque elles se séparèrent un fois de plus et il la laissa fermer la porte derrière eux. Il l'entraina alors, bras dessus, bras dessous, jusqu'à la sortie de l'établissement, puis jusqu'à la voiture où Ideki leur ouvrit la portière. Une fois que tout le monde était à bord, le chauffeur s'engagea dans le trafic sans que Dolan ait à ouvrir la bouche. La voiture progressa à vive allure dans la ville, évitant les bouchons avec le talent née de l'habitude, puis s'arrêta au bord d'une rue du centre ville. On pouvait voir au fond du boulevard, le building du cabinet Dolan, qui surplombait les autres gratte-ciel avec condescendance. Sans jeter un seul coup d'œil à son lieu de travail, Dolan ouvrit la portière de la demoiselle et lui présenta son bras avec un sourire énigmatique.

       Ils n'allèrent pas bien loin. A peine quelques pas et William se tourna vers l'entrée d'un immeuble de quatre étages. Le bâtiment était encastré dans ses voisins comme toux ceux qui parsemaient le boulevard, d'un côté comme de l'autre. Les doigts du juriste pianotèrent sur les touches d'un digicode et la serrure de la porte en bois émit un long buz métallique. Il n'eut qu'à pousser pour entrer et le couple se retrouva dans le hall d'un immeuble d'habitation. Rien d'exceptionnel. Un ascenseur attendait sagement au fond du couloir et pour les plus sportifs, un escalier grimpait sur le côté.

      Sans se départir de son sourire, William entraina sa dame jusqu'au escalier où ils ne durent que monter un seul étage. Il s'arrêta ensuite face à une porte d'appartement et trifouilla dans sa poche pour atteindre la clé. La porte s'ouvrit en grand et l'avocat s'écarta pour laisser à Marine, le loisir de l'inspecter.

       L'appartement meublé de 80 m² était entièrement bicolore, noir et blanc. Le style était plutôt moderne mais manquait de décoration. Le lino noir qui recouvrait le sol du salon s'arrêtait à la cuisine carrelée en noir et blanc. Les murs optaient pour différentes teintes de blanc crème qui rendaient l'appartement lumineux et spacieux. L'endroit était assez modeste du point de vue de William, mais habitable.

       -Charmant, non? Demanda William en embrassant le salon du regard.

       L'avocat habitait ici avant de faire construire un appartement directement dans son building, à deux pas de son bureau. Il ne se souvenait plus de combien cela lui avait couté mais pour les quelques mois où il y a habité, il aurait tout aussi bien fait de le louer. Maintenant, il était propriétaire d'un appartement dans le centre-ville et n'avait jamais trouver le temps ni la motivation de le revendre.

      -Il est à louer, si ça t'intéresse, indiqua-t-il, aussi innocent que l'agneau qui vient de naitre.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mercredi 21 avril 2010, 22:03:47
Les lèvres de William semblèrent recevoir avec plaisir celles de la jeune femme. Il répondit fort bien à son baiser à la plus grande joie de la demoiselle rousse. Une fois qu’ils se furent séparés, ils sortirent de la chambre et Marine referma la porte. Ils sortirent bras dessus, bras dessous. La jeune femme en était ravie. Elle qui, peu de temps auparavant, n’aurait jamais supporté que quelqu’un la touche, appréciait à présent ce contact.

La berline et son chauffeur les attendait. Toujours galant, William lui ouvrit la portière. Marine se glissa sur le siège et William la rejoint. La voiture partit sans même que l’avocat ne dise un seul mot. Cela intriguait la jeune femme. Le juriste avait parlé d’une surprise. Le fait de ne rien dire à son chauffeur ne faisait que renforcer le mystère qui planait autour de cette surprise.

Marine avait le cœur qui battait rapidement. Personne ne lui avait jamais fait de surprise. C’était une première pour elle, une première qui la rendait impatiente comme une enfant ce qui dénotait avec l’attitude souvent froide de la jeune femme.

La voiture s’arrêta sur une des artères principales de la ville. Son compagnon vint lui ouvrir et la dirigea vers un petit immeuble donnant sur le boulevard. Marine le suivit sans mot dire mais toujours aussi intriguée et aussi impatiente. William tapa le code et entra dans le hall. Il se dirigea ensuite vers l’escalier entrainant sa compagne avec lui. Arrivé au premier étage, il pénétra un couloir, sortit une clé et ouvrit l’une des portes du palier. Il s’effaça et la laissa entrer en premier.

C’était un appartement, un magnifique appartement, spacieux, meublé, clair. Un peu froid pour la jeune femme à cause des couleurs, noire et blanche, mais dans le même temps il n’y avait aucunes décorations. Le côté impersonnel de l’endroit le rendait froid. Marine rentra dans le salon aux proportions immenses, au moins pour elle qui avait toujours vécue dans des endroits exigus.


« Charmant, non ? »

Marine se tourna vers lui.
 
« Oui, absolument »

Elle admirait le lieu mais ne savait pas pourquoi William l’avait amenée là. Elle ne se doutait pas du tout que l’appartement soit la propriété du jeune homme.

« Il est à louer, si ça t'intéresse »

Le regard interrogateur de la jeune femme se posa sur le juriste. Il avait donc cherché un appartement pour elle. La jeune femme en était très touchée. Elle revint vers le jeune homme.

« Oh William, c’est… c’est si gentil d’avoir trouvé un tel lieu pour moi mais un tel appartement, aussi grand, doit coûter très cher au niveau du loyer. Je n’ai pas les moyens de m’offrir un tel luxe. C’est dommage »

Elle haussa les épaules. C’était dommage mais la jeune femme ne s’en formalisa pas. Elle adressa son plus charmant sourire à William, simplement heureuse qu’il ait pensée à elle.

« Merci à toi pour cette surprise ! Un jour peut-être je pourrai me l’offrir mais ce n’est certainement pas avec un salaire de serveuse que je pourrai payer un tel endroit ! »

Marine devrait certainement se contenter d’une petite chambre, au mieux d’un studio, avec son petit salaire mais au moins ne serait-elle pas dehors.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le vendredi 23 avril 2010, 11:36:28
       Apparemment la jeune fille n'avait pas compris que l'appartement était sa propriété. Un atout pour l'instant mais elle allait finir par le déduire toute seule. William marchait sur des œufs. Ca n'allait pas être simple de convaincre la jeune fille d'emménager ici. Il était prêt à percevoir un loyer "symbolique" dont il se moque éperdument, pour qu'elle ne se sente pas favorisée. La question était: combien ? Il fallait trouver un prix raisonnable pour que le loyer ne paraisse pas trop "symbolique" justement, ni trop élevé pour ne pas vider la jeune fille de son salaire; une somme insignifiante pour lui mais vitale pour elle. Rien n'est jamais facile…

       Malgré la situation dangereuse dans laquelle s'était fourré Dolan, il semblait s'amuser comme un petit fou. Après tout, la négociation et surtout, la façon dont on présente les choses, font parties intégrantes de son travail.

       -Je suis au courant de ton statut, Marine. Aussi, tu penses bien que j'ai cherché un appartement qui serait abordable pour toi. Celui-là te coutera moins que ton hôtel.

       En d'autres termes, Dolan essayait de lui vendre une Mercedes pour le prix d'une fiat. La pilule était un peu trop grosse à avaler mais il n'avait pas épuisé son stock d'arguments.

       -Ce n'est pas très cher mais… les voisins sont bruyants et… j'ai cru voir des cafards aussi. Tu sais les bâtiments qui ne sont pas aux normes sismiques perdent beaucoup de leur valeur, fit-il d'un ton tout à fait sérieux.

       Autant dire que William n'avait aucun argument, si ce n'est d'avoir Marine à quelques pas de son building et savoir qu'elle a tout le confort qu'elle mérite.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le vendredi 23 avril 2010, 14:24:20
La jeune femme était un peu déçue de ne pas pouvoir prendre un tel appartement. Il était vraiment magnifique. En plus, il était immense et ce serait un endroit rien qu’à elle. Elle n’avait jamais eu d’endroit à elle. Depuis son départ du camp, elle avait découvert la joie de vivre seule, même si c’était dans des chambres d’hôtels minables. Jusque là, elle avait toujours partagé sa chambre avec une camarade et elles n’avaient pas le droit de personnaliser la pièce. De plus, la chambre ne devait pas faire plus de 9 m2. Pour optimiser le lieu, elles dormaient dans des lits superposés mais elles n’avaient aucune intimité. Là, ça aurait été un endroit qu’elle aurait pu personnaliser, un endroit où vivre avec un minimum de confort.

« Je suis au courant de ton statut, Marine. Aussi, tu penses bien que j'ai cherché un appartement qui serait abordable pour toi. Celui-là te coutera moins que ton hôtel. Ce n'est pas très cher mais… les voisins sont bruyants et… j'ai cru voir des cafards aussi. Tu sais les bâtiments qui ne sont pas aux normes sismiques perdent beaucoup de leur valeur »

Marine tourna la tête vers le jeune homme. En entendant ses propos, elle ne put s’empêcher de rire. Un rire léger mais totalement spontané. Toujours le sourire aux lèvres et, une fois qu’elle eut retrouvé son calme, elle répliqua :

« Allons William, je ne suis pas stupide. Un tel endroit ne peut pas coûter moins cher qu’une chambre dans un hôtel de dernière catégorie en périphérie de la ville. Même si c’était un appartement insalubre et bruyant, ce dont je doute fortement, il aurait toujours un loyer bien supérieur à celui de ma chambre d’hôtel »

Elle regarda à nouveau autour d’elle. Il était vraiment beau et… tentant. Cependant, la jeune femme se demandait comment le juriste avait bien pu lui trouver un tel endroit et surtout négocier un tel niveau de loyer. Un client lui était peut-être  redevable de quelque chose ? Mais cela semblait quand même peu probable pour Marine.

Une fois la surprise de la découverte passée, elle commençait vraiment à se demander comment il avait fait pour trouver un tel endroit à un tel prix parce qu’elle était certaine qu’il ne lui avait pas menti concernant le montant du loyer. Elle alla se planter devant lui et plongea son regard dans celui de son soupirant.


« Maître Dolan, comment avez-vous fait pour trouver un tel endroit ? - Elle eut un sourire taquin et se mit à avancer dans la pièce comme si elle se trouvait devant un jury – En effet, cher jury, comment se fait-il que maître Dolan, ici présent, - elle le désigna de la main – ait pu trouver un appartement aussi grand, magnifiquement meublé, en parfait état et en plein centre ville pour un prix aussi… modique ? – elle revint alors vers lui – Alors cher confrère, auriez-vous… payé de votre personne pour obtenir un si bas prix ? Auriez-vous loué vos charmes à quelques riches héritières afin qu’elles vous livrent cet endroit quasiment pour rien ? »

Elle se rapprocha encore de lui et passa ses bras autour de son cou, ses yeux rivés à ceux de son amour.

« Alors, maître, comment plaidez-vous ? Comment vous justifiez-vous, mon amour ? »

Ses lèvres ne se trouvaient alors plus qu’à quelques centimètres de celles de l’avocat.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le vendredi 23 avril 2010, 20:10:24
       Si elle trouvait cet appartement grand, heureusement qu'elle n'avait que le salon et la cuisine sous les yeux. Le couple était dans le salon qui était raisonnablement spacieux à lui seul. William l'avait équipé d'un canapé futon et d'une table en verre. La pièce était ouverte sur l'espace cuisine délimité par le carrelage et au fond une porte donnait sur un petit couloir qui conduisait aux de chambres jumelles puis à la salle de bain.

       William se retenait difficilement de rire. Il n'avait jamais été face à un procureur avec autant de charme. Les mains croisées dans son dos, il la regarda s'approcher, féline et taquine. Deux bras enlacèrent son cou, emprisonnant l'avocat dans un carcan de peau douce et alléchante. Son envie de croquer les lèvres qui le narguaient était presque insoutenable mais il prit sur lui pour ne pas céder à la tentation. Il plongea à son tour ses mires vertes dans les yeux de Marine à travers ses lunettes rectangulaires et fit une moue outrée.

      -La défense plaide innocent, comme toujours, fit-il d'une voix indignée. Le très respecté Dolan que je défends n'est pas homme à se dépraver pour de l'argent ou des services. Vos propos sont diffamatoires et j'espère qu'ils ne seront pas retenus par notre estimé jury.

       Avec un sourire goguenard, il attrapa délicatement la lèvre de sa dulcinée entre ses dents. Il la suçota gentiment avant de la libérer à contrecœur. Avec un soucie de symétrie évident, William posa ses mains de chaque côté des hanches féminines, juste au-dessus de son fessier aguichant. Puis elles remontèrent doucement, parcourant vallons et collines.

       -Cet appartement m'appartient, j'y vivais, fit-il d'une voix douce. Maintenant, il ne me sert à rien et il dépérit. – Ses mains continuèrent leur ballet symétrique, s'aventurant sur les flans de la jeune fille, dangereusement près de sa poitrine -. Ca serait presque un acte de charité si tu consentais à l'habiter. Et puis, tu serais plus proche, Ideki se plaint sans cesse du fait que tu sois situé à l'autre bout de la ville.

       Les doigts enjôleurs glissèrent le long de la naissance des seins puis bifurquèrent et se croisèrent dans le dos de Marine. William se pencha sur Marine, sa bouche toute près de son oreille, avec un air de conspirateur.

       -Et puis, je crois que j'ai un double des clés dans mon bureau. Je pourrais venir t'espionner dans la douche à ton insu. Un détail…
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le vendredi 23 avril 2010, 22:32:05
William plongea son regard dans celui de Marine. La jeune femme était sous le charme comme à chaque fois. Il se mit à jouer son jeu et répliqua comme s’il se trouvait lui-même dans un tribunal. Il choisit l’innocence. La jeune femme s’en doutait un peu. Souriant, il se mit à sucer une de ses lèvres. La sensation était différente que lorsqu’il l’embrassait mais pas désagréable. Il finit cependant par la lâcher. Marine aurait bien voulu qu’il l’embrasse mais il avait décidé autre chose.

« Cet appartement m'appartient, j'y vivais. Maintenant, il ne me sert à rien et il dépérit. Ca serait presque un acte de charité si tu consentais à l'habiter. Et puis, tu serais plus proche, Ideki se plaint sans cesse du fait que tu sois situé à l'autre bout de la ville »

Alors qu’il parlait, ses mains s’étaient posées sur elle et remontaient le long de son corps. Marine se raidit, toujours pas habituée à ces attouchements, mais moins que la nuit précédente. Elle essayait de se détendre vu que ces caresses étaient plutôt agréables.

Elle comprenait mieux le loyer si bas. Ainsi, l’appartement lui appartenait. Comment n’y avait-elle pas songé ? Pour le coup, elle se sentait un peu bête de ne pas avoir compris cela avant. L’argument comme quoi ils seraient plus proches n’était pas sans attrait. Quelque part, elle se dit que si elle lui payait un loyer, ce n’était pas comme si elle l’occupait à titre gracieux. Elle pouvait peut-être accepter. Et puis, en mettant de l’argent de côté, elle pourrait payer un peu plus. Elle aurait moins l’impression qu’il lui faisait une faveur. Elle était prête à capituler et lui sourit comme pour accepter. Il se pencha alors à son oreille en la rapprochant encore plus de lui.


« Et puis, je crois que j'ai un double des clés dans mon bureau. Je pourrais venir t'espionner dans la douche à ton insu. Un détail… »

Ces mots raisonnèrent comme autant de coups de canon dans sa tête. La jeune femme eut une réaction violente, certainement pas attendue par l’avocat. Elle se raidit complètement et d’un brusque mouvement, elle se dégagea de lui. Elle se recula dans le milieu de la pièce et croisa ses bras autour d’elle comme si c’était une protection.

Elle ne le repoussait pas parce qu’il sous entendait une relation plus poussée entre eux mais parce qu’il avait parlé de la voir nue sous sa douche, surtout nue. Elle savait bien de quoi elle avait l’air, nue. Si déjà habillée, elle ne se trouvait pas belle, nue, elle se trouvait horrible, monstrueuse. Elle était couturée de cicatrices, toutes plus horribles les unes que les autres. Elle ne pouvait pas lui montrer ça. Elle ne voulait pas. Lui, il était habitué au luxe, à la beauté. William avait certainement eu nombre de maîtresses, toutes plus belles les unes que les autres, aux corps parfaits et parfumés. Elle en était si loin. Elle craignait qu’une fois qu’il la verrait ainsi, il la regarde et se détourne d’elle, totalement dégoûté. Et il aurait raison.

Une larme coula sur sa joue. Une larme unique mais qui renfermait toute sa souffrance et sa douleur. Elle avait été folle de croire qu’ils pouvaient être ensemble. La jeune femme comprenait maintenant que ce ne serait jamais le cas.

Elle alla vers la baie vitrée et observa le dehors, le trafic incessant des voitures dont le bruit était arrêté par les double-vitrage.


« Je… c’est gentil à toi mais je ne peux pas accepter. Je préfère trouver quelque chose par moi-même. Excuse-moi »

Marine ne s’excusait pas de ne pas prendre l’appartement mais pour le reste, ce corps qu’il ne devrait jamais voir ou toucher. Un corps qui ne devrait même pas exister.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le dimanche 25 avril 2010, 13:55:32
       William se crispa, une bouffée d'angoisse remonta le long de sa colonne vertébrale jusqu'à sa tête qu'il croyait avoir plongé dans un bac d'eau glacée. Qu'avait-il encore fait? Cette dernière remarque avait sans doute été un peu désobligeante. Surtout si la jeune fille l'avait prise au sérieux. Pourtant elle devrait savoir que ce n'est pas le genre de Dolan.
       L'avocat quelque peu vexé d'avoir été confondu avec un voyeur, remonta ses lunettes sur son nez avec un air de franche irritation. Il n'était pas en colère contre Marine, mais bien contre lui-même d'avoir ajouté cette remarque qui avait tout fait capoter, même s'il ne se sentait pas coupable pour autant. A moins que le malaise soit plus profond qu'il ne le pense.

      William sourit alors qu'il venait de trouver la vraie raison pour laquelle Marine s'était braquée. Ce n'était pas à cause de sa blague graveleuse mais plutôt à cause de ce que cela impliquait. Cette jeune fille est indépendante et elle n'avait sans doute pas appréciée le fait qu'il envisage de pouvoir pénétrer chez elle en toute impunité sous prétexte qu'il est propriétaire. Le problème étant ciblé, le remède est une évidence.

       L'avocat s'approcha d'elle et vit le reflet éthéré de Marine sur la vitre. Son propre reflet s'ajouta, se superposant au panorama du boulevard visible en contrebas. Il enlaça Marine, sans un mot, et observa le reflet de Marine câlinée par son homologue.

       -Je plaisantais tu sais, glissa William au bout d'un moment. Si tu loues cet appartement, il sera à toi. Je n'ai aucun droit dessus et tu possèderas toutes les clés, bien évidement.

       Le malaise était levé. Il s'en voulait tout de même d'avoir provoqué cette situation grotesque. Marine vient d'arriver dans cette vie et elle n'était pas censée savoir que la location n'est pas un prêt, mais bien une sorte d'achat. Un locataire peut faire ce qu'il veut dans les limites du raisonnable. Le besoin d'indépendance de Marine était ainsi satisfait.

      Bien entendu, William n'avait absolument rien compris au problème...
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le dimanche 25 avril 2010, 16:33:30
Marine aperçut le reflet de William dans la glace. Un reflet qui se précisait de plus en plus, signe que l’avocat approchait d’elle. La jeune femme aurait préféré qu’il reste loin d’elle mais il n’en fit rien. Il arriva derrière elle et l’enlaça avec tendresse.

« Je plaisantais tu sais. Si tu loues cet appartement, il sera à toi. Je n'ai aucun droit dessus et tu possèderas toutes les clés, bien évidement »

Il n’avait bien sur pas compris son malaise. Comment l’aurait-il pu d’ailleurs. Elle regardait d’un air absent et extrêmement triste le boulevard et la valse des véhicules qui avait tendance à ralentir avec l’heure qui avançait. Le soir tombait sur la ville tout doucement. Les gens rentraient chez eux.

« Je… je sais bien William que tu plaisantais. Je me doute que tu ne rentreras pas ici à ta guise. Ce n’est pas ça le problème »

Sa voix mourut. Devait-elle lui dire ? Devait-elle lui parler de son angoisse ? Le plus simple aurait-été de tout arrêté. Qu’elle dise adieu à Dolan, quitte cet appartement, cette ville et qu’ils ne se revoient plus jamais. Ainsi, il ignorerait tout et ne serait jamais dégoûté d’elle. Mais c’était encore fuir comme elle le faisait déjà depuis un moment, depuis qu’elle avait fui son monde et qu’elle était dans celui-ci. Un monde où elle ne connaissait rien, un monde auquel on ne l’avait pas préparée. Elle fuyait les gens, évitait leur contact et puis William était arrivé. Il avait fait l’effort de la connaître. Il avait réussi à briser un peu de sa carapace au point de mettre à jour son cœur, un cœur horriblement meurtri et qui, maintenant, battait pour lui.

A l’idée de s’en aller et de le quitter, les larmes coulèrent sur ses joues. Elle avait été si heureuse la veille quand le juriste avait prononcé ses trois mots : « Je t’aime ». Et maintenant, Marine avait l’impression que tout s’écroulait devant elle.

Elle regarda à nouveau le visage de son amour dans la glace. Il lui souriait. C’était si précieux ses sourires. Elle devait au moins lui parler, elle lui devait bien ça. Il était fort probable que tout s’arrête après mais au moins elle aurait été franche avec lui. Elle détestait mentir, elle ne voulait pas le faire avec l’homme qu’elle aimait.


« On doit parler William. Viens »

Elle quitta le sûr refuge de ses bras et alla s’asseoir sur le canapé. Elle attendit qu’il vienne prés d’elle. Marine ne le regardait pas, elle restait les yeux fixés sur ses mains sagement croisées sur ses genoux. Elle parla d’une voix étonnamment faible et triste, certaine de l’issue de la discussion ou plutôt du monologue qu’elle s’apprêtait à faire par respect pour lui, envers lui.

« Il y a des grandes chances pour que tout s’arrête entre nous après ce que je vais te dire mais je te le dois. D’abord, je n’ai jamais cru une seule seconde que tu puisses venir à mon insu me regarder sous la douche. Mais quand deux personnes sont ensembles, a un moment, elles finissent par… - ses joues devinrent totalement rouges. Parler de sexe était très dur pour elle - … faire l’amour ensemble – ses mots furent à peine audible – mais, toi, tu as eu beaucoup d’autres femmes avant moi et elles étaient certainement toutes belles, magnifiques même, avec des corps parfaits – les larmes se remirent à couler – ce n’est pas mon cas, William. Mon corps est laid, immonde, horrible. Si tu me voyais nue, tu serais… dégoûté et je ne veux pas voir ça dans tes yeux. Je ne veux pas que tu me regardes comme si j’étais… un monstre – Elle finit alors par le regarder – Je pense qu’il vaut mieux qu’on arrête tout. Je t’aime et je ne veux surtout pas t’imposer ça – elle sourit tristement – je te l’avais dit hier, tu mérites bien mieux que moi ! »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 26 avril 2010, 11:48:40
       "On doit parler". D'après une expérience garnie et parfois douloureuse dans tous les sens du terme, William savait que ces trois mots ne présageaient rien de bon lorsqu'ils sortaient d'une bouche féminine. Mais Marine était une femme très particulière et il n'appréhendait pas vraiment ce qu'elle allait lui dire. En effet, les problèmes qu'évoquent Marine sont plus des appréhensions par rapport à ce qu'il va penser lui, plutôt que des véritables problèmes. L'exemple le plus évident était son anxiété face à l'éventualité de lui faire honte au restaurant. Elle se focalisait beaucoup trop sur le jugement de Dolan, et si la jeune fille pouvait partager ses pensées rien qu'un instant, elle serait très surprise de savoir comment il la voit.

       C'est donc avec une curiosité sobre qu'il la suivit et vint s'asseoir sur la table basse devant le canapé, de manière à être face à elle. Elle ne le regardait pas, les yeux fixés sur ses mains. Son gêne était touchant et William se préparait à la réconforter d'un moment à l'autre, levant le poids de ses peurs. Elle débita donc son monologue d'une petite voix. Chaque mots semblaient lui infliger une cuisante douleur.

       Lorsqu'elle eut fini, William ne dit rien... Son expression n'avait pas changée par rapport au début de la tirade, mais ce calme apparent ne montrait absolument pas le trouble de son esprit. Dolan est un homme, et avant tout un humain. Certes, les grands philosophes peuvent discourir pendant des heures pour prouver qu'il s'agit d'une créature illuminée, un esprit bien au-dessus des animaux. En réalité, il n'en est rien. Un homme ne peut pas lutter contre son instinct. Or l'instinct repousse le laid et affectionne le beau. William ne pouvait pas s'unir avec une femme repoussante. C'était au-dessus de ses forces.

       Cette certitude étant établie, William avisa qu'il n'était absolument pas dans cette situation. Il l'avait touché, parcourut son corps et il n'avait senti aucune difformité. Les formes de Marine étaient parfaites et il la désirait à chaque fois qu'il posait les yeux sur elle. Alors quoi? Des cicatrices? Des brulures, peut-être? Ce n'était pas vraiment un problème et il n'y avait rien de repoussant à ces trophées de guerre.

       Dolan soupira, l'expression froide du juriste gravée sur son visage. Il s'agenouilla devant elle pour être à sa hauteur. Avec son pouce, il écrasa une larme sur sa joue, puis sa main se glissa sous son menton et il l'obligea à le regarder.

       -Tes peurs sont injustifiées, affirma-t-il d'une voix douce, contrastant avec son air dur. Jamais je ne te trouverai repoussante.

       Il hésita un instant à poursuivre. Il vacilla, puis une lueur de colère et de détermination passant dans son regard émeraude.

       -Tu penses que tu ne me mérites pas, se désola-t-il. Tu crois que je vaux mieux que toi?! Laisse moi aussi te révéler une chose. Plus condamnable que quelques laideurs secrètes ou les blessures héritées d'une vie que l'on t'a imposé, car moi, je l'ai choisi.

       William avisa que la jeune fille ne devait pas bien comprendre ce qu'il voulait dire. Et pour cause, il essayait de retarder le moment où il allait lui révéler qu'il était un esclavagiste. Au risque de briser tout ce que Marine ressentait, il voulait réduire à néant cette fausse image qu'elle avait de lui. Il n'était PAS trop bien pour elle, c'était tout le contraire.

       -Je suis esclavagiste, fit-il d'une voix qui vacilla quelque peu, ce qui alluma une nouvelle lueur de colère dans ses prunelles. J'achète des gens comme on achète des marchandises, puis je les revends pour faire des bénéfices. Ma motivation est l'argent, il n'y a rien d'autre. - Il lui lâcha finalement le menton et sourit d'un air désabusé -. Tu vois! Tu mérites cent fois mieux que le méchant de l'histoire.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le lundi 26 avril 2010, 17:39:18
La réaction de Dolan était bien différente de celle que Marine avait imaginée. Ainsi, il ne la repoussait pas au contraire. Il voulait toujours d’elle. Cela fit l’effet d’une vraie bouffée d’oxygène à la jeune femme. Elle était heureuse.

Mais son bonheur fut bien vite tempéré par l’expression du jeune homme. Il était incroyablement froid et dur. Marine commença à craindre les futures paroles du juriste.


« Tu penses que tu ne me mérites pas. Tu crois que je vaux mieux que toi ? ! Laisse moi aussi te révéler une chose. Plus condamnable que quelques laideurs secrètes ou les blessures héritées d'une vie que l'on t'a imposé, car moi, je l'ai choisi »

Marine ne voyait pas du tout où il voulait en venir. Une partie d’elle-même lui murmura de l’empêcher de continuer mais elle n’en fit rien. Son visage exprimait la crainte face à ce que William allait dire.

« Je suis esclavagiste… »

La jeune femme entendit à peine la suite. Elle resta bloquée sur ce mot « esclavagiste ». Elle savait ce que cela voulait dire, ce que cela impliquait : la vente et l’achat d’êtres humains. Là, la pilule était difficile à avaler pour la jeune femme. Comment cela était-il possible ?

Etait-ce une farce ? Une blague terrible faites par l’avocat ? Marine aurait préféré mais le regard de Dolan ne démentait pas les propos tenus. Elle cru que le ciel lui tombait sur la tête. William, cet homme qui avait été si gentil avec elle, si prévenant, toujours là. Lui qui disait l’aimer et qui était sincère, elle le savait. William, un esclavagiste ? Si une autre personne le lui avait dit, elle lui aurait rit au nez malheureusement c’était le juriste, son amour, qui le lui disait.

La bouffée d’oxygène qu’elle avait ressentie quelques minutes avant, avait totalement disparue. Au contraire, maintenant elle avait la terrible impression de manquer d’air et de s’asphyxier. Elle se leva, tituba mais réussit à avancer jusqu’à la baie vitrée. Elle y appuya son front comme pour capter un peu du froid de la glace.

Comment devait-elle réagir ? Qu’attendait-il d’elle ? Qu’elle le quitte ? Quelle accepte et ferme les yeux sur son trafic ? Impossible. Elle ne pouvait pas, pas ça. Elle avait tué mais elle avait tout arrêté. Elle l’aimait pourtant, tellement. Elle éclata en sanglots contre les vitres de l’appartement. Elle aurait préféré ne rien savoir mais maintenant c’était trop tard. Elle devait faire un choix à présent même si elle devait le perdre ou s’était elle qu’elle perdrait. Elle se retourna vers lui, les larmes coulant sur ses joues.


« Je ne peux pas accepter ça de toi, William. J’ai fait des choses horribles dans ma vie et je ne cherche pas d’excuses. Je cherche une rédemption qui ne viendra certainement jamais mais je ne peux pas cautionner ce que tu fais même si je t’aime plus que tout, plus que ma propre vie – Un nouveau sanglot l’interrompit – Je ne te blâmerai jamais pour des erreurs que tu as faites, William. Je ne te reprocherai jamais tes choix dans ton métier. J’ai bien compris que tu n’étais pas le défenseur de la veuve et de l’orphelin mais tu connais mon opinion concernant le droit et la justice. Jamais je ne te jugerai ou ne t’en voudrai pour ça. Mais ne me demande pas de cautionner ce trafic. Ça je ne peux pas ! – Elle respira profondément et ses yeux se firent durs – Arrête tout, arrête ce trafic, ne joue plus les esclavagistes. Si tu refuses, je m’en vais… pour toujours ! »

Les dés étaient lancés. A lui de choisir, elle lui pardonnerait ce qu’il avait été mais ne pouvait pas accepter de vivre, d’aimer avec un homme qui marchande et exploite la misère humaine.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 27 avril 2010, 17:48:25
       William s'assit sur le canapé. Chacun des sanglots de Marine était autant de pieux glacés qui s'enfonçaient dans sa poitrine, mais il ne pouvait pas la réconforter, pas cette fois. Il la vit, du coin de l'œil, se retourner enfin vers lui. Il ne fit pas mine de s'en apercevoir, son regard fixé sur la table basse. Lorsqu'elle eut fini son ultimatum, il daigna finalement la regarder et croisa son regard d'acier.

       Elle le pardonnait, pour tout ce qu'il avait fait jusque là. C'était déjà beaucoup. Une chance qu'elle ne le détestait pas. Pourtant, elle ne pouvait pas aimer William Dolan comme il ne peut pas aimer quelqu'un qui cautionne ses méfaits. Un paradoxe cruel. Ce qu'elle lui demandait, il ne pouvait lui accorder. Mais, il pouvait toujours lui mentir, ce qui est ridicule puisque le but premier était justement d'être franc avec elle. C'était une voie sans issue, il y avait trop de contraintes, trop d'efforts perdus et de rêves négligés s'il cédait à Marine. Une autre solution aurait été de la convaincre du bien fondé de ce qu'il fait ; mais déjà qu'elle n'adhérait pas à ses idées en temps normal, il y avait peu de chance qu'il arrive à la faire changer d'avis sur un sujet aussi épineux. De toute façon, les arguments en sa faveur n'étaient pas légion. L'impasse était insoluble.

       -Je t'aime, fit-il en soutenant son regard.

       Il continua de la fixer pendant un instant puis détourna finalement le regard avant de s'adosser au canapé. Son expression avait perdu de sa dureté, il paraissait calme et ne laissait rien transparaitre de ses émotions. Heureusement d'ailleurs, sinon il aurait déjà brisé la moitié du mobilier de l'appartement. Mais ce n'est absolument pas le genre de Dolan. A la place, il serra le poing si fort que les jointures de ses doigts viraient au blanc. Ses ongles s'enfoncèrent dans sa paume, envoyant des décharges de douleurs salvatrices. Il en avait besoin car la douleur commençait à réveiller sa colère, qui était absolument nécessaire pour parvenir à dire ce qu'il devait dire.

       -Va-t-en, souffla-t-il.

       Les mots qui avaient traversés ses lèvres n'étaient chargés d'aucune haine, car leur signification compensait ce manque. Il avait eu besoin de toute la force de sa volonté pour pouvoir dire ça et celle-ci se recroquevilla maintenant comme un escargot dans sa coquille, pour se protéger de l'abomination qu'il venait de commettre.
       Il ne pouvait pas abandonner ses rêves et son identité, même pour Marine, car il est William Dolan, l'avocat, esclavagiste le plus riche et le plus puissant de cette fichue île... Et en cet instant, l'homme le plus malheureux qui soit.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 27 avril 2010, 21:37:38
Jusqu’au bout elle avait espérée, jusqu’au dernier moment, elle y avait cru. Cru qu’il allait tout abandonner pour elle, pour son amour pour elle. Elle y avait tellement cru quand il lui avait dit « je t’aime ». Et puis, les mots étaient tombés, hideux. « Va-t-en ! »
 
Il avait dit ça avec froideur, sans exprimer le moindre sentiment. Malgré tout, la jeune femme avait bien remarqué son poing enfoncé dans le canapé. Il était en colère mais ne voulait pas le lui montrer.

Une grande tristesse envahit la jeune femme. Elle y avait tellement cru. Elle avait voulu entretenir un espoir chimérique, celui de pouvoir être heureuse, celui de pouvoir être aimée par lui. Un espoir maintenant parti en fumé. Ils auraient pu être heureux ensemble. Il l’acceptait comme elle était et elle était prête à faire de même. Elle s’était prise à rêver d’une vie à deux, d’une vie comme sur son dessin de petite fille, un dessin fait avant le début du cauchemar. Un rêve maintenant réduit en miettes.
 
Que pouvait-elle dire ? Crier, pleurer, supplier. Non, ça n’aurait servi à rien. Il ne changerait pas d’avis. Elle le connaissait assez bien pour savoir ça. Il y avait moins d’une heure, elle volait sur un petit nuage et maintenant, elle avait l’impression d’être tombée au fin fond de la fosse des Mariannes.

Elle se retourna et marcha vers la porte. Elle n’avait plus rien à faire là. Alors qu’elle avait la main sur la poignée de la porte, elle se retourna. Il ne la regardait pas. Marine contempla ce visage qui lui était devenu si cher. Sans vraiment savoir pourquoi, elle rebroussa chemin et s’assit près de lui. Elle posa sa main sur sa joue et l’obligea à la regarder. Ses yeux n’exprimaient ni rancune, ni colère juste une immense tristesse et un grand amour. Malgré tout, elle l’aimait toujours. Poussée par cet amour, elle s’approcha de lui et l’embrassa. Un baiser comme elle ne lui en avait jamais donné. Un baiser passionné, amoureux, fougueux. Elle l’embrassa comme jamais elle ne l’avait fait, avec tout l’amour qu’elle éprouvait pour lui. Un baiser qui dura longtemps, longtemps. Un baiser auquel elle finit par mettre fin.

Elle posa son front contre le sien. Là, c’était elle qui ne voulait pas le regarder. Elle ne devait pas.


« Adieu, mon amour ! »

Les yeux clos, elle dit ses mots tout contre ses lèvres presque de bouche à bouche. Puis, sans un regard, elle se leva et marcha jusqu’à la porte. Cette fois-ci, elle ne s’arrêta pas. Elle sortit et descendit les marches à une vitesse folle, les yeux débordants de larmes au point qu’elle voyait à peine les marches. Elle quitta l’immeuble et jeta un rapide coup d’œil à la berline mais continua d’avancer. Vite, partir vite, c’était ce qu’elle devait faire avant de s’effondrer. Sans vraiment faire attention, elle traversa la rue. Elle ne voyait rien, ne faisait attention à rien. Elle ne vit pas les phares de la voiture qui roulait trop vite vers elle. Elle tourna la tête à l’instant où la voiture la percuta. Marine fut projetée au sol. La douleur l’envahit d’une manière horrible. Elle ne comprenait rien à ce qui se passait. Elle voyait des visages au-dessus d’elle mais un seul s’imposa, le seul qui était absent.

« William »

Ce fut le seul mot qui franchit ses lèvres avant qu’elle ne sombre dans l’inconscient, son sang se répandait autour d’elle. Alors qu’elle prononçait son nom, elle se dit qu’elle aurait pu tout accepter juste pour être avec lui, juste pour l’aimer, même le fait qu’il soit un esclavagiste.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 28 avril 2010, 17:33:24
       Avait-elle changée d'avis? La jeune fille était sur le point de quitter l'appartement, mais elle était revenu sur ses pas et s'était assise près de Dolan. Avec un peu de chance, elle allait le rosser pour son manque de tact – ce qui ferait le plus grand bien à notre avocat favoris – mais au lieu de cela, elle lui offrit un baiser passionné. C'était le premier de ce genre qu'il recevait de la part de la jeune fille. Il n'était pas timide et maladroit. Il était long et savoureux. Si William avait à choisir le dernier baiser de sa vie, il choisirait, sans aucun doute, celui-là. Il était parfait... Lorsqu'elle s'arracha à lui, elle fit ses adieux, puis tourna les talons.
       William semblable à une statue de cire ne bougeait pas. Il attendit patiemment que les pas de Marine s'éloignent, et attendit encore quelques minutes de plus, par mesure de sécurité. Lorsqu'il convint que Marine était déjà loin, il hurla...


       Ideki se pencha sur la femme rousse allongée sur le macadam. Il y avait du sang et c'était suffisant pour le faire paniquer. Il n'osait pas toucher le corps inanimé de peur d'aggraver les choses. Son téléphone portable jaillit de sa poche et il composa fébrilement, le numéro des urgences. Il dut s'y reprendre plusieurs fois pour donner le lieu de l'accident tellement il était paniqué. Lorsqu'on lui assura qu'une ambulance arrivait, il se permit de raccrocher et de la laisser au bon soin du conducteur livide qui avait fauché la petite amie de son patron – pauvre de lui -. Il s'éloigna du cercle qui s'était formé autour de la victime et appela Dolan sur son portable. Ses tripes se tortillaient comme des serpents à l'idée de devoir lui annoncer l'accident, puis au bout du troisième essai, car il ne répondait pas, il eut l'impression de ne plus en avoir du tout. Quelle journée!


* * *


       -Faites valoir la jurisprudence de l'arrêt que j'ai joint à mon mail, ordonna Dolan à l'homme au bout du fil. Vous êtes expert en droit automobile il me semble, donc vous saurez vous débrouiller ... … … Excessif? Non, il faut faire un exemple. Je veux que la prochaine fois qu'elle traverse la route, les voitures s'écartent comme la mer s'est écartée devant Moise. La métaphore vous inspire-t-elle? … … … Parfait. Je ne vous oublierai pas lors de la distribution des primes de ce mois-ci. Bon courage.

       William raccrocha son téléphone portable et jeta un coup d'œil à la jeune fille qu'il veillait. Elle était toujours endormie.

        Il est 14h30, nous sommes le 18 janvier. Dolan était assit sur une chaise dans une chambre de l'hôpital de Seikusu, tout près de Marine. Pour la centième fois, il lui prit la main au cas où il y aurait une quelconque réaction, du moins c'était la version officielle, car il ne pouvait pas s'empêcher de la toucher toutes les cinq minutes.

       Bien sûr, William avait prit en charge tous les frais hospitaliers de la demoiselle vu qu'elle n'a pas de papiers et il la veillait depuis qu'on l'avait prévenu. C'était Ideki qui s'était occupé d'elle jusqu'à l'arrivé de Dolan, et il lui en sera toujours reconnaissant. Le médecin avait dit qu'elle avait eu un traumatisme crânien. Il avait eu l'obligeance de lui épargner les détails techniques et l'avait simplement informé que son état était stable et qu'il n'y avait plus qu'à attendre qu'elle se réveille, ce que Dolan faisait avec beaucoup de zèle.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mercredi 28 avril 2010, 22:38:09
Marine était totalement perdue dans son inconscient. Elle ne rêvait pas, ne voyait rien juste le noir absolu. Néanmoins, dans tout ce néant, elle sentit quelque chose, de la chaleur. Tout doucement, son esprit revint vers le monde des vivants.   

La chaleur devint plus présente, plus importante. La jeune femme ne la ressentait qu’à un seul endroit, sa main. Quelque chose réchauffait sa main. Elle la bougea, d’abord se doigts puis toute la main. Elle sentit alors quelque chose la serrée. Quelque chose ? Non, quelqu’un. C’était une autre main qui tenait la sienne.

Tout doucement, Marine ouvrit les yeux. Elle les cligna plusieurs fois pour s’habituer aux lumières des néons qui l’éblouissaient. Elle se sentait mal, comme dans du coton. Tout son corps était douloureux et surtout sa tête.

La jeune femme regarda autour d’elle. La pièce était toute blanche, froide, impersonnelle. Des appareils étranges émettaient des « bip » réguliers. Elle était allongée dans un lit. Elle se demandait où elle était puis elle se rappela la séparation, la route, la voiture, l’accident et… plus rien. Elle devait être à l’hôpital.
 
Marine tourna alors la tête et vit un visage inquiet penché sur elle. Elle sourit. Le visage adoré de son amour était là. Elle croyait rêver mais non, ce n’était pas un rêve. Il lui tenait la main. C’était la chaleur de la main de William qui l’avait ramené vers la vie. Elle était si heureuse de le voir. La dernière chose dont elle se souvenait, c’était que juste avant de s’évanouir, elle avait pensé avoir fait une terrible erreur d’être partie, de l’avoir laissé. Elle voulait être avec lui, elle avait besoin de lui, elle l’aimait quoiqu’il puisse faire, elle l’aimait. Elle lui sourit.


« William ! »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le samedi 01 mai 2010, 14:02:33
       William attrapa la main de Marine pour les énième fois. C'est étrange de voir à quel point le temps nous rend inquiet. Le médecin lui avait pourtant certifié qu'elle allait se réveiller bientôt et qu'elle ne risquait pas de mourir, mais à force d'attendre, William avait imaginé les pires scénarios ; et s'il s'était trompé? S'il avait mal diagnostiqué le problème? Si elle restait endormie pour toujours? Bref, la solitude et la peur forment un cocktail détonnant.

       Sa main serra celle de Marine et pour la première fois, elle lui rendit sa pression. C'était un vrai soulagement. L'avocat se pencha sur elle et la jeune fille ouvrit les yeux. La douleur était gravée sur son visage. Il semble que cela soit normal vu l'accident, mais même s'il en était avertit, il ne pouvait s'empêcher d'être inquiet. Elle le regardait, et de toute évidence le reconnaissait. Un sourire suivit et elle prononça son nom.

       -Bonjour miss, glissa l'avocat avec un demi-sourire qui dissimulait son soulagement.

       Il rapprocha encore un peu plus son siège du lit et posa une main sur elle, tandis que l'autre décida de s'égarer dans la crinière de cheveux auburn. Son empire financier n'était pas grand chose lorsqu'il la regardait et le fait d'avoir failli la perdre pourrait lui faire reconsidérer sa décision. Malheureusement c'était impossible, il s'était fait une promesse sur laquelle il ne pourra jamais revenir.

       -Tu t'es fait renversé par un chauffard, expliqua-t-il avec une petite pointe de colère dans le dernier mot. C'est en partie de ma faute, je suis désolé. Comment te sens-tu?
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le samedi 01 mai 2010, 17:09:30
Marine écoutait le jeune homme mais elle entendait tout juste ce qu’il disait. Elle ne pouvait détacher son regard du visage de William. Il avait été la dernière chose à laquelle elle avait pensé avant de sombrer dans le néant. Il avait été la seule personne à être présent pour elle, même maintenant il était encore là. Il n’était théoriquement plus « ensemble » lorsque le conducteur l’avait fauchée. Il aurait pu ne pas s’inquiéter d’elle ou tout simplement s’assurer qu’on s’occuperait d’elle et s’en aller mais il était resté. La jeune femme ne savait pas combien de temps elle était restée inconsciente mais elle savait qu’il était resté près d’elle tout ce temps. Il l’aimait donc toujours.

Elle sentait sa main serrée la sienne et l’autre caresser doucement ses cheveux. Elle se sentait si bien malgré toutes les douleurs qui l’assaillaient.


« C'est en partie de ma faute, je suis désolé. Comment te sens-tu ? »

Elle eut un léger rire.

« Mal ! Mais je suis si heureuse que tu sois là, près de moi »

Une larme coula sur sa joue. Peut-être était-il encore temps de sauver leur amour. Marine savait ce que cela impliquait. Une part d’elle-même était totalement contre ce que faisait William mais elle l’aimait plus que tout. Son regard se fit grave.

« Je t’aime, William. Avant de perdre connaissance sur la route, c’est à toi que j’ai pensé. Je… veux rester avec toi – elle ne précisa pas que cela rendait caduque son ultimatum, c’était inutile – Es-ce que… es-ce que tu veux toujours de moi ? »

Elle pria le ciel, bien qu’elle ne soit en rien croyante, que la réponse fut oui, sinon à quoi bon avoir eu la vie sauve ? Pour retourner à une vie inexistante où personne ne l’attendait ? Non, c’était avec lui qu’elle voulait être pour toujours. Elle serra plus fort la moins de l’homme qu’elle aimait comme pour lui faire comprendre à quel point elle tenait à lui.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le dimanche 02 mai 2010, 12:58:42
       Cette femme est tout simplement incroyable. Elle est pleine de bonté, de sens moral mais elle est tout de même prête à accepter Dolan. Lui, une ordure de la pire espèce dont l'argent et la gloire sont tachés de sang. Il n'aurait jamais pensé qu'elle accepte de rester avec lui sachant ce qu'il est vraiment. Il avait tout de même espéré, sinon il ne lui aurait jamais dit lors de cet élan de sincérité qui l'avait pris dans l'appartement.
       Tous ses espoirs étaient comblés à présent mais il savait à quel point c'était dur pour la jeune fille et plus jamais il ne reparlera de ses activités à Marine.

       -Evidemment, répondit-il sans masquer son étonnement. C'est plutôt moi qui suis surpris que tu veuilles encore de moi.

       William n'est pas un idiot et n'a rien d'un amoureux transit. Il savait qu'il n'avait pas fini d'entendre parler de son statut d'esclavagiste. Cette zone d'ombre restera à jamais une brèche dans leur couple et si dans le futur Marine décidait de le laisser tomber, il était prêt à parier que ça sera à cause de cette brèche. On n'oublie et on ne pardonne jamais les erreurs et les vices de celui ou celle qu'on aime ; on les stocke pour les ressortir en tant qu'arguments lors des moments de crises.
       D'un geste, William balaya ce sujet. Leur pseudo rupture était une période révolue.

       -N'en parlons plus. Il y a plus important dans l'immédiat: Ta santé.

       William la lâcha avec un sourire d'excuse et appuya sur un bouton rouge, juste au-dessus de son lit. Il fallut à peine quelques secondes pour qu'une infirmière aux rondeurs excessives arrive. Elle lâcha un "Ah! Elle est réveillée." avant de disparaître dans le couloir.
       Aussitôt, un médecin arriva. Il avait des cheveux gris coupés court et des yeux d'un bleu électrique. Ce regard devait être impressionnant d'habitude, mais lorsqu'il se posa sur William, celui-ci devint un peu affolé. Il s'approcha du lit en essayant de masquer sa nervosité. Il faut dire aussi que l'avocat l'avait un peu bousculé pour être sûr qu'il consacre toute son attention sur Marine. Il avait sans doute été virulent vue la réaction du médecin, mais sur le moment William avait peur et ne mâchait pas ses mots.
       Le menacer n'était peut-être pas nécessaire mais ça ne pouvait pas faire de mal. Comme dit Al Capone : " On obtient plus en demandant poliment une arme à la main, qu'en demandant juste poliment ".

       Le visage fermé, le médecin examina la jeune fille sous le regard bienveillant de Dolan. Lorsqu'il eut fini de vérifier certains points, le médecin rendit son diagnostic, non pas à celle qui était concernée mais directement à Dolan.

       -Il n'y a pas de complications, fit le docteur d'une voix qu'il espérait neutre. Elle pourra sortir lorsque ses malaises seront passés.

       Il eut un sourire crispé et salua le couple avant de disposer. William eut un sourire radieux, ignorant totalement l'attitude de l'homme grisonnant, et retourna s'asseoir près de Marine.

       -Bonne nouvelle, n'est ce pas? S'enquit l'avocat. Tu pourras sortir quand tu te sentiras mieux.

       William repensa au médecin. Il devait être soulagé qu'elle n'ait rien, même si les menaces à propos du fait qu'il suivrait Marine si elle ne s'en sortait pas, étaient pour la plupart exagérées et n'auraient jamais été appliquées.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le lundi 03 mai 2010, 13:35:13
La jeune femme fut heureuse et soulagée en entendant la réponse positive. Bien sûr qu’elle voulait toujours de lui, plus que jamais même. Elle ne pourrait jamais totalement occulter le fait qu’il soit un esclavagiste, d’ailleurs elle avait toujours du mal à le croire, mais elle voulait y penser le moins souvent. Peut-être arriverait-elle, au fil du temps, à lui faire changer d’avis même si elle en doutait fortement.
 
Elle le vit appuyée sur un bouton rouge et une infirmière entra dans la pièce telle une tornade avant de ressortir aussi vite et qu’un médecin lui succède. De stature imposante, il semblait pourtant se recroqueviller un peu sur lui en entrant dans la pièce et jeta un regard un peu inquiet vers William. Marine se douta alors qu’il avait du quelque peu malmener le médecin la concernant.

Telle une poupée obéissante, elle se laissa palper, toucher, examiner sans dire un mot. Une fois l’examen finit, le médecin rendit son verdict.


« Il n'y a pas de complications. Elle pourra sortir lorsque ses malaises seront passés »

Une bonne chose. La jeune femme remarqua que le médecin ne s’adressait pas à elle mais à William comme si c’était lui le patient. Une autre preuve du fait qu’il ait du mettre la pression au pauvre praticien. Ce dernier les salua et sortit. William revint alors près d’elle.

« Bonne nouvelle, n'est ce pas ? Tu pourras sortir quand tu te sentiras mieux »

Elle sourit en hochant la tête.

« Oui, si je pouvais sortir tout de suite se serait encore mieux ! »

La jeune femme regarda sa chambre. Elle détestait les hôpitaux. Qui les aimaient ? Bien sûr, personne ou pas grand monde en tout cas. La chambre lui paraissait glaciale et l’odeur aseptisée lui donnait l’impression d’étouffer. Si elle avait été certaine de pouvoir tenir sur ses jambes, elle aurait signé une décharge et aurait quitté la pièce, séance tenante, mais son corps, encore douloureux, lui suggérait de rester encore couchée.

Elle prit la main du jeune homme comme si elle avait du mal à se passer de son contact. C’était un moyen pour elle de se rassurer, de savoir qu’il était toujours là, avec elle.


« Tu ne devrais pas passer tout temps ici »

Elle savait qu’il avait du rester près d’elle depuis que l’ambulance l’avait amené dans cet hôpital.

« Cela fait longtemps que je suis ici ? Et toi, tes clients doivent t’attendre. Tu devrais y aller. Je t’ai assez accaparé comme ça »

Elle aurait bien aimé profiter de sa présence plus longtemps mais elle savait aussi combien ses affaires étaient importantes pour lui.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 04 mai 2010, 18:26:32
       William n'appréciait pas trop les hôpitaux. Il appréciait encore moins le fait que Marine y soit, car statistiquement, c'est l'endroit le plus dangereux du monde. Quand à la proposition de la jeune fille comme quoi il devrait retourner travailler, c'était tout simplement hors de question. Et puis de toute façon, il avait triché ; William armé de son ordinateur portable et de son cellulaire était tout à fait capable de gérer son petit monde... ou du moins, faire en sorte qu'il ne s'écroule pas sous les incompétences répétées de ses employés.
       William prit un air grave et serra un plus la main de sa bien aimée.

       -Le choix que tu m'as imposé, introduit Dolan. Ma réponse ne voulait pas dire que tu es moins importante que mon travail. C'est plus compliqué que ça. - Il eut un haussement d'épaule et prit une voix plus légère -. En résumé, ce n'est pas avec tes petites pirouettes récurrentes que tu vas te débarrasser de moi.

       Il la gratifia d'un sourire plein d'humour qui tressailli, puis disparu progressivement. Plaisanter à ce sujet n'était pas forcement une bonne idée, et doute façon ça ne le faisait pas rire. Le juriste toussota légèrement pour reprendre ses airs Dolaniens.

       -Nous sommes le 18 janvier et il est trois heures et demi, si tu veux tout savoir. Je vais rester jusqu'à ce que tu sois totalement rétablie, si tu le veux bien. C'est le moins que je puisse faire puisque je n'étais pas là lorsque tu as eu l'accident. - La voix de William se serra, pleine de regrets -. Je t'ai rejoins à l'hôpital après. C'est Ideki qui c'est occupé de toi en m'attendant.

       Ideki avait essayé de l'appeler mais William était trop occupé à détruire tout ce qui lui passait sous la main pour faire cas d'un appel de son chauffeur. Par ailleurs, il le regrettait énormément. Cette petite crise post-pubert qui l'avait prise, n'était pas digne de lui. Il se dégoutait lui-même et la leçon avait été à la hauteur de son erreur ; l'émotion noie la logique et fait commettre des erreurs.
       William Dolan est maitre de ses émotions. Il l'avait prouvé et il recommencerait.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mercredi 05 mai 2010, 10:05:31
Marine se doutait bien qu’il resterait près d’elle. Il était aussi têtu et obstiné qu’elle pouvait l’être. Plus peut-être dans la mesure où c’était possible. Elle lui sourit avec tendresse alors qu’il serrait sa main.
 
« Nous sommes le 18 janvier et il est trois heures et demi, si tu veux tout savoir. Je vais rester jusqu'à ce que tu sois totalement rétablie, si tu le veux bien. C'est le moins que je puisse faire puisque je n'étais pas là lorsque tu as eu l'accident. Je t'ai rejoins à l'hôpital après. C'est Ideki qui c'est occupé de toi en m'attendant »

Marine haussa un sourcil.

« Ideki ? Ton chauffeur n’est-ce pas ? »

La jeune femme se rappelait de lui. Il était toujours discret et prévenant pour son patron et par extension pour elle.
 
« Il faudra que je pense à le remercier d’avoir joué les gardes-malades. Le pauvre, il a du se faire du souci à cause de moi ! »

Devant les paroles de William et son attitude, la jeune femme comprit qu’il s’en voulait beaucoup de ce qui s’était produit. Il devait se considérer comme fautif vu que cela c’était produit juste après leur dispute et qu’il n’était pas arrivé de suite.

« Tu n’y pour rien, William. C’est plutôt de ma faute, je n’ai pas fait attention où j’allai et je n’ai pas vu la voiture. S’il y a quelqu’un à blâmé pour cet accident stupide c’est bien moi »

D’un seul coup la situation lui paru extrêmement risible, un rire qu’elle ne put d’ailleurs réprimer. Elle s’expliqua alors à son compagnon qui devait la prendre pour une folle de la voir éclater de rire comme ça.

« Je suis désolée mais c’est presque comique. J’ai échappé à la mort des dizaines voir des centaines de fois en combats, en mission ou même à l’entrainement et voilà que je manque de me faire tuer par une simple voiture, c’est assez… ironique comme situation ! »

Marine regarda le jeune homme, les yeux remplis d’amour et de tendresse. Mais le choc n’était pas encore passé et la fatigue commença à se faire sentir par la jeune femme. Ses yeux commençaient à papillonner mais elle se sentait bien.

« Je suis encore fatiguée. Je crois que je vais dormir un peu et après je pourrais sortir d’ici ! »

Elle dit cela comme si après une heure de sieste elle allait sauter sur ses pieds et sortir de l’hôpital.

« Je t’aime, mon amour »

La phrase à peine achevée, la jeune femme retrouva les bras de Morphée pour quelques heures mais le sourire n’avait pas quitté ses lèvres et sa main était toujours dans celle de l’homme de sa vie.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le samedi 08 mai 2010, 20:28:51
       -Un beau discours maitre Dolan, affirma la petite brune qui l'avait interceptée en sortant du tribunal. J'en ai encore la larme à l'œil.

       L'ironie dans le ton de cette effrontée irritait fortement l'avocat qui n'avait pas que ça à faire de remettre une novice à sa place. Il toisa la juriste avec tout le mépris dont il est capable et fit claquer sa langue d'un air agacé. Il était habitué à l'étalage de frustration des procureurs qui perdent contre son cabinet, mais il n'avait vraiment pas le temps pour une joute verbale.

       -Votre client s'est engagé dans une procédure qui était trop compliquée pour lui... et pour vous, rétorqua-t-il d'une voix placide. La justice a prévalue.

       La jeune fille secoua la tête d'un air désabusé et lorsque son regard revint sur William, il était totalement dépourvu de colère.

       -Vous n'avez pas la foi monsieur Dolan. C'est essentiel dans nos professions... je vous plains beaucoup.

       William haussa un sourcil de surprise lorsqu'il crut déceler une lueur de pitié dans les yeux en amande de sa collègue.
       Celle-là on ne lui avait encore jamais faite. C'est donc un Dolan décontenancé qui descendit les marches en pierres, noircies par la pollution, du tribunal. Il aurait pu lui rabattre son caquet en lui riant au nez mais elle avait raison. Il n'a pas foi en la justice. Quand à savoir s'il y a de quoi le plaindre, c'est une autre histoire.


       Le juriste eu un moment d'hésitation lorsqu'il se retrouva devant sa petite Mazda. Il avait trop l'habitude qu'on lui ouvre la porte mais il avait dû se passer de chauffeur pour la journée. Ideki était en mission de rapatriement. Il avait accepté d'attendre que Marine se sente mieux pour la conduire où bon lui semblait. "Se tourner les pouces en vous attendant dans la voiture ou dans un hôpital en l'attendant elle, ça changera pas le rythme de ma journée, monsieur Dolan" avait affirmé le chauffeur avec une nonchalance simulée. William aurait bien voulu l'attendre en personne mais maintenant qu'il ne se faisait plus de soucies, il s'était permis de la laisser dormir et de retourner à ses affaires.

       Le juriste posa son attaché-case sur le siège passager et croisa son regard vert dans le rétroviseur.

       -En quoi as-tu foi William? Demanda-t-il aux yeux froid et sans vie qui le regardait.

       Aucune réponse ne vint, bien entendu, et William alluma le contact. La voiture émit un grondement sourd et roula vers l'immense building qui projetait son ombre malfaisante sur la ville. Du moins, c'est ce que dirait madame la procureur si on lui avait demandé une rapide description du cabinet Dolan. Mais pour ce dernier, il s'agissait tout simplement de sa maison. Comme quoi, il y a autant de vérités, qu'il y a de points de vue.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le dimanche 09 mai 2010, 18:06:20
Marine regarda une nouvelle fois la pendule en face d’elle, 17h03. Elle soupira mais que faisait donc l’interne. L’infirmière lui avait dit qu’il devait passer entre 16h et 16h30. Elle devait sortir aujourd’hui mais elle devait attendre le feu vert du médecin qui se faisait attendre alors qu’elle n’attendait que de pouvoir quitter cet endroit. Comble de l’horreur, l’infirmière lui avait interdit de se lever et de s’habiller.

« Vous devez attendre la visite de l’interne ! C’est lui qui vous dira si vous pouvez partir ou non ! »

La jeune femme avait dû prendre son mal en patience. Néanmoins, le temps lui paraissait bien long maintenant que William n’était plus là. Voyant qu’elle ne risquait plus rien, il s’était décidé à rejoindre son bureau et le tribunal. La jeune femme en était ravie car elle considérait que son travail était plus important qu’elle et surtout qu’il comptait beaucoup pour lui-même. Cependant elle était heureuse car il lui avait dit qu’elle passerait toujours avant.

« Bonjour, comment allez-vous ? »

La porte s’était ouverte brusquement laissant passer non pas l’interne mais le chef de service en personne. Celui-là même qui l’avait auscultée à son réveil. Nul doute que son amour ait insisté pour que se soit lui et non un subalterne qui prenne soin d’elle. Le médecin s’approcha d’elle et après s’être assuré que physiquement ça allait, toute une série de questions s’en suivit.

« Avez-vous des nausées ? Des vertiges ? Des douleurs ?... »

La jeune femme répondit par la négative. A part quelques douleurs au crâne de temps à autre et qui passaient avec un bon antalgique, elle n’avait plus rien sauf un poignet foulé. Ce qui était quasiment miraculeux vu le choc qu’elle avait reçu. Son corps bien entraîné avait su réagir au choc et elle récupérait vite.

« Bien. Dans ce cas, je vais vous prescrire quelque chose pour vos maux de tête et vous devrez revenir dans trois semaines pour que je vérifie votre poignet. L’infirmière va refaire votre pansement et vous pourrez sortir »

Il griffonna une ordonnance avant de s’incliner et de sortir de la pièce. L’infirmière resta et refit consciencieusement le bandage qui lui tenait le poignet gauche. Marine se laissa faire sans rechigner car cela hâtait sa sortie. Une fois le pansement en place et l’infirmière sortie, la jeune femme se leva et entreprit de s’habiller.
 
Par chance, l’accident n’avait pas déchiré son vêtement. Il avait juste été tâché par son sang mais la blanchisserie de l’hôpital avait réussie à tout enlever. Tant bien que mal, elle réussit à enfiler ses sous-vêtements noirs, ses bas, son chemisier blanc, sa jupe noire, son corset et ses bottines. Elle alla vers la porte, attrape l’ordonnance au passage, sortit et se trouva face à Ideki, le chauffeur de William. Marine lui sourit. Elle se doutait bien que son preux chevalier servant avait bien prévu quelque chose pour sa sortie. Le pauvre devait l’attendre depuis un moment déjà. Elle se dirigea vers lui.


« Je suis désolé de vous avoir fait attendre Ideki. Mais je suis très heureuse de vous voir, cela me donne l’occasion de vous remercier pour ce que vous avez fait pour moi. Je vous en serais éternellement reconnaissante. Merci infiniment »

Elle lui adressa son plus charmant sourire. Le chauffeur sembla embarrassé. Il se passa la main dans les cheveux et lui rendit son sourire.

« Je n’ai fait que mon devoir. Y’avait rien d’exceptionnel vous savez mademoiselle ! »

Marine lui sourit à nouveau.

« Monsieur Dolan m’a demandé de vous servir de chauffeur. Je dois vous conduire où bon vous semble, mademoiselle »

Marine hocha la tête et se dirigea vers les ascenseurs. Elle n’avait qu’une hâte, quitter cet endroit bien trop aseptisé pour elle. Quelques minutes plus tard, elle se retrouvait dehors et aspira profondément l’air. Elle se sentait bien mieux maintenant.

« Par ici mademoiselle »

Marine suivit le chauffeur vers la berline et pénétra à l’intérieur alors qu’Ideki lui tenait la portière. Une fois que le chauffeur fut à sa place, il lui demanda où il devait la conduire. La jeune femme réfléchit. Sa première idée fut de rejoindre William, elle avait terriblement envie d’être avec lui mais elle se rappela alors l’hôtel. Elle avait payé sa chambre jusqu’à la fin de la semaine… dernière. Elle devait aller là-bas pour voir où était allées ses affaires. Elle en possédait peu mais tenait à les conserver. Et puis, le peu d’argent qui lui restait se trouvait dans la table de chevet, elle devait le récupérer.

« Conduisez-moi à mon hôtel, s’il vous plait Ideki »

Il hocha la tête en signe d’assentiment et quitta le parking de l’hôpital en direction de l’hôtel de la jeune femme. La circulation était relativement fluide à cette heure et ils arrivèrent rapidement devant le vieux bâtiment délabré. L’homme vint lui ouvrir comme à son habitude.

« Pouvez-vous m’attendre quelques minutes ? »

Elle craignait de n’avoir plus vraiment de chez elle.

« Bien sûr, mademoiselle. Prenez tout votre temps »

Marine monta alors les escaliers et se rendit à l’accueil. L’homme regardait d’un œil vitreux un vieux poste de télé. La jeune femme avait retrouvé son air froid. Il leva les yeux vers elle.

« J’ai loué votre chambre. Et vos affaires, j’ai tout fichu en vrac dans votre valise. Elle est là, vous avez qu’à la prendre »

Il s’était adressé à elle avec un ton monocorde et totalement je m’en foutiste ce qui énervait prodigieusement la jeune femme. Néanmoins, elle resta maître d’elle-même comme toujours ou presque.

« J’ai quelque chose à récupérer dans ce qui était ma chambre. Aussi pourriez-vous m’ouvrir la porte, s’il vous plait ? »

Elle espérait que ni le gérant, ni le nouvel occupant, n’avaient trouvé et pris son maigre pécule. Un nouveau coup d’œil vers elle et il lui donna la clé. Visiblement, il se préoccupait bien peu de l’intimité de ses locataires. Cependant, elle ramassa la clé et monta dans ce que fut sa chambre durant pas mal de temps. Elle ouvrit la porte et découvrit un véritable désordre. Des vêtements sales et jetés n’importe où, les chaussures subissaient le même sort et les cafards s’ébattaient joyeusement dans ce capharnaüm. Marine évita méticuleusement tout ça et atteignit la table de chevet. Elle attrapa le tiroir et le renversa. Elle sourit son enveloppe était toujours présente. Elle l’arracha et remit le tiroir en place.
 
« Hummmm… quoi ?... qu’est-ce qui se passe ici ?... »

Marine sursauta en attendant ces mots et en voyant une tête hirsute sortir de l’amas de vêtements posés sur le lit.

« Rien, rien, rendormez-vous ! »

Sans attendre, la jeune femme reprit la direction de la porte qu’elle referma avant de redescendre à l’accueil tout en fourrant l’enveloppe dans sa poche. Elle déposa la clé sur le comptoir et attrapa sa valise que l’homme avait posée devant sa porte. Marine prit cette dernière et repartit vers la voiture. Ideki attrapa la valise et la mit dans le coffre avant d’ouvrir à nouveau la portière et de laisser la jeune femme s’installer. Une fois à sa place, il jeta un coup d’œil dans son rétroviseur en direction de la petite amie de son patron. Celle-ci se trouvait bel et bien coincée. Elle se retrouvait sans abri. Enfin, pas tout à fait, vu que William lui avait proposé l’appartement du centre ville. De toute façon, elle avait envie de le voir, d’être avec lui, dans ses bras donc la réponse allait de soi à la question silencieuse d’Ideki.

« Conduisez-moi à William… Euh je veux dire à Monsieur Dolan, s’il vous plait »

Ideki sourit dans le rétroviseur. Il devait se douter de l’issu de la course. Marine sourit à son tour en rougissant. La berline reprit sa route. La nuit était tombée. Il devait bien être 19h30 voir 20h. Le trajet fut encore plus court que le précédent et ils se retrouvèrent devant l’immeuble de William. Marine ne savait pas du tout où travaillait William et à la vue du bâtiment, elle se sentit toute petite. Elle sortit de la voiture et monta les quelques marches menant à l’entrée.

*Cabinet Dolan*

Ainsi, l’immeuble lui appartenait. Cela n’étonna guère la jeune femme. Elle s’en était doutée en arrivant devant. Elle poussa alors les portes vitrées pour se retrouver dans un hall immense. Elle ne savait pas trop où aller, ni quoi faire.


[HRP : Désolé si j'en ai fait des tartines ^^']
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le dimanche 09 mai 2010, 19:59:43
       Un fauteuil bien moelleux, une bonne bière brune et un match de football. Voilà les concepts qui berçaient le chauffeur après une rude journée de travail. Ideki eut un soupir de soulagement lorsqu'il se décida à rentrer chez lui. La copine du boss était arrivée à bon port saine et sauve. Le héros allait enfin pouvoir enfiler ses pantoufles et s'abandonner à l'oisiveté.
       Ideki jeta un dernier coup d'œil à Marine qu'il venait de quitter et compris immédiatement qu'elle était complètement perdue. Si elle est la copine de monsieur Dolan, elle est forcement déjà venue. Seulement, après réflexion, Ideki avisa qu'il n'avait jamais conduit la jeune fille ici.
       Le chauffeur qui sentait l'appel de la fainéantise, pensait à lui indiquer l'étage puis à s'en aller à pas de loup. Il hésita un instant, puis poussa un grognement en maudissant sa conscience.

       -Je vais vous accompagner au bureau de monsieur Dolan, proposa Ideki d'un ton chevaleresque. C'est par ici.

       Ideki fit signe à Marine de le suivre et s'engagea dans le tourniquet qui donnait accès à l'immense hall du building. La pièce était très imposante ; des colonnes immenses venaient soutenir le plafond honteusement haut et le sol en marbre rose était presque aussi brillant de l'argent. Sur les murs, de nombreux panneaux qui indiquaient des groupes d'étages étaient frappés du sceau de divers sociétés. En effet, le building était trop grand pour ne contenir que le seul cabinet Dolan. L'avocat louait ou prêtait des espaces de bureaux à des sociétés satellites ou des filiales du cabinet. Toutes les griffes du lion étaient rassemblées au même endroit.

       Le chauffeur se rapprocha de Marine pour ne pas la perdre dans la cohue des gens qui entraient et sortaient. Il la guida jusqu'à l'ascenseur et monta avec elle les 48 étages qui les séparaient de l'antre de Dolan. Plus l'ascenseur montait plus les gens se raréfiaient. Lorsqu'ils arrivèrent au 48e étage, Ideki et Marine étaient seuls. Les portes en métal s'ouvrirent sans un bruit et révélèrent un couloir qui partait sur les côtés pour mener on ne sait où. Mais Ideki ne semblait pas s'intéresser au couloir, car en face un cloison en verre les séparaient d'une sorte de salle d'attente. Les couleurs de la salle étaient plutôt chaudes et les meubles en bois vieilli côtoyaient des fauteuils et des tables basses  contemporains. Au fond, juste à côté d'une lourde porte à double battant, une jeune femme assise derrière un bureau parlait dans son micro-casque tout en pianotant sur son ordinateur portable.

       Ideki prit un air blasé en apercevant la secrétaire de Dolan, Niji Saori, et, comme un condamné à mort qui entre dans l'arène, il poussa la porte en verre. Dès que les gonds émirent une petite plainte flutée, la jeune fille releva la tête et fit un sourire ravi. Elle baragouina deux ou trois mots à son interlocuteur et enleva son casque. Ses cheveux longs d'un noir d'encre glissèrent sur l'appareil et ondulèrent avec un grâce incontestable. Elle fixa ses deux mires noirs sur Ideki puis sur Marine. Jamais des yeux n'avaient mieux exprimés leur ravissement d'être en vie que ceux de cette magnifique jeune fille.

       -Salut ki-ki, fit-elle en fixant Ideki avec une insolence évidente.

       Le visage du chauffeur devint cramoisi en entendant le surnom par lequel elle l'avait saluée. Ses sourcils se froncèrent et il serra la mâchoire. Le spectacle devait être comique car Niji pouffa plus ou moins discrètement.

       -Bonjour mademoiselle, ajouta-t-elle avec infiniment plus de déférence et un sourire chaleureux à l'adresse de Marine.

       Ideki se tourna vers Marine, toujours rouge comme une pivoine et la salua. Il lui souhaita bonne chance "avec cette peste", ce qui provoqua de nouveau l'hilarité de la secrétaire, et disposa.
Saori accompagna la sortie de Ideki avec de grands signes frénétiques de la main, puis contourna son bureau pour se présenter devant Marine.

       -Je m'appelle Niji Saori, secrétaire de maitre Dolan, annonça-t-elle comme le ferait une présentatrice d'émission pour enfant. Vous désirez?

       Niji se doutait qu'il s'agissait de la petite amie de Dolan mais lorsque l'on est habitué aux gaffes, il vaut mieux temporiser les choses.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le lundi 10 mai 2010, 11:57:34
Marine regardait autour d’elle sans vraiment savoir où aller. Le building était immense et le hall était proportionnel au reste du bâtiment. Soudain, une voix connue se fit entendre.

« Je vais vous accompagner au bureau de monsieur Dolan. C'est par ici »

Marine gratifia le chauffeur d’un nouveau sourire.

« Vous me sauvez une nouvelle fois Ideki ! »

Elle suivit le chauffeur au travers du hall immense mais magnifique. Des colonnes, un sol de marbre rose, tout cela avait un petit air qui rappelait l’Antiquité. Ideki la conduisit jusqu’à un ascenseur en prenant garde de ne pas être séparés par la foule. Malgré l’heure, de nombreuses personnes se trouvaient encore dans l’immeuble et vaquaient à leurs occupations. La jeune femme se sentait très moyennement à l’aise. La foule ne lui avait jamais plu et là, elle sentait son mal de tête revenir dans le brouhaha général.

Le couple s’engouffra alors dans l’ascenseur en même temps que d’autres personnes. Marine se sentit oppressée mais elle ne dit rien et attendit patiemment que la cabine monte, déversant à différents étages son flot humain. Malgré tout, la jeune femme remarqua que plus ils montaient, plus le nombre de personnes diminuaient. Elle se sentit donc de mieux en mieux. De plus, l’idée de revoir William la soutenait.

Arrivés au 48e étage, Ideki sortit et la jeune femme en fit autant. Le chauffeur se dirigea vers un bureau très spacieux qui devait précéder celui de l’avocat. L’espace, au vu du mobilier, servait également à recevoir les clients du cabinet. Marine remarqua une jeune femme près du bureau de William. La secrétaire, probablement, leva les yeux en voyant le chauffeur et elle-même passer la porte.


« Salut ki-ki »

Marine haussa un sourcil avant de reprendre son visage neutre. A part pour Ideki, qui lui avait presque sauvé la vie, et surtout William, son attitude glaciale s’adressait au reste du monde, y comprit la secrétaire.

« Bonjour mademoiselle »

La jeune femme répondit par un simple hochement de tête mais elle afficha un sourire alors qu’Ideki la saluait.

« Merci encore pour votre aide »

Le chauffeur la salua et sortit. La secrétaire fit des signes de la main à Ideki qui quittait la pièce et reprenait l’ascenseur. Puis, elle se tourna vers Marine.

« Je m'appelle Niji Saori, secrétaire de maitre Dolan. Vous désirez ? »

La jeune femme avança jusqu’au bureau de la dite mademoiselle Nijii. Bien que son visage fût froid, son ton était un peu plus doux vis-à-vis de la secrétaire.

« Bonsoir. Je sais qu’il est tard mais je souhaiterai voir maître Dolan. Pourriez-vous lui dire que je suis là ? Je m’appelle Marine »

Elle resta debout, plus droite qu’un « i », en attendant le bon vouloir de la demoiselle aux cheveux sombres.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 10 mai 2010, 16:25:26
       Niji fit une moue désolé. Sa voix dérailla légèrement lorsqu'elle répondit à la jeune fille rousse.

       -Je suis navré mais monsieur Dolan est avec un client dans son bureau et je ne peux le déranger sous aucun prétexte.

       Cette déclaration était inexacte. Saori pouvait très bien déranger son patron pour lui dire que Marine était là, mais elle n'en avait aucune envie. Ce n'était pas de la jalousie ou de la méchanceté vis à vis de Marine. C'était de la peur. Le beau sourire de Saori disparaissait instantanément lorsque son regard croisait celui de l'homme qui conversait en ce moment avec Dolan. Il la terrorisait.
       Niji ne lui en avait jamais parlée car elle ne voulait pas être une source d'ennuis pour son patron. S'il savait ce que lui faisait Ajiro, il interviendrait et ça ne serait pas bon pour ses affaires. Heureusement, lorsque l'homme venait rendre visite à William, il ne restait jamais assez longtemps pour aller trop loin avec la pauvre secrétaire...



       -Vous êtes quelqu'un de confiance monsieur Dolan, fit le Yakusa répondant au nom d'Ajiro. C'est toujours un plaisir de traiter avec vous.

       L'homme gratifia l'avocat d'un sourire franc et vida son verre de scotch. Ajiro était son premier contact dans le milieu de la pègre. C'était avec lui qu'il avait fait ses preuves, qu'il avait gagné son premier procès d'une manière illégale. Ce même procès qui était à l'origine de la polémique à propos du cabinet Dolan.
       Il n'appréciait pas forcement ce Yakusa, car comme tous ceux de sa race, il s'agit d'une sangsue de la société. Une vermine sur lequel le cabinet s'enrichissait. De plus, celui-là avait un défaut que Dolan ne pouvait pas tolérer : il adorait les femmes, mais pas de la même manière que William.

       -Tout le plaisir est pour moi, répondit le jeune homme en le raccompagnant à la porte.

       Lorsque William ouvrit la porte, il vit d'abord Niji qui était sortie de son bureau puis une chevelure rousse très familière. L'avocat était toujours ravi de la voir, mais il convint immédiatement qu'elle ne pouvait pas plus mal tomber.
       Comme une scène qui se déroule au ralenti, William jeta instinctivement un coup d'œil à Ajiro et vit son sourire s'élargir à mesure qu'il détaillait Marine de son regard profane. Dans une situation comme celle-ci, William savait déjà ce qui allait suivre et il se rendit compte avec stupeur que c'était la première fois qu'il désirait tuer quelqu'un pour une autre raison que le profit.

       -Hé bien, vous en avez des jolies gazelles qui se présentent à votre cab...

       -C'est ma femme, coupa Dolan d'une voix grondante.

       Non. Ce n'était pas un lapsus. C'était exactement ce qu'avait voulu dire Dolan car il savait que ce mot aurait plus d'impact que "petite amie". Cette déclaration fut suivit d'un silence où le sourire d'Ajiro se figea lorsqu'il comprit sa gaffe et où le regard assassin du juriste ne quitta pas le Yakusa.

       -Veuillez m'excuser, madame, déclara finalement le Yakusa qui avait retrouvé son sourire goguenard.

       Il lâcha un petit clin d'œil à Saori qui se ratatina sur elle-même, puis se dirigea vers l'ascenseur.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le lundi 10 mai 2010, 17:39:45
« Je suis navré mais monsieur Dolan est avec un client dans son bureau et je ne peux le déranger sous aucun prétexte »

Marine en fut déçue mais en même temps elle se doutait qu’il n’allait pas arrêter séance tenante tout ce qu’il faisait juste pour elle. D’ailleurs, elle ne l’aurait pas voulu. Cependant, elle remarqua la gêne de la secrétaire. Elle jetait des regards inquiets vers la porte du bureau de l’avocat. Marine ne savait pas pourquoi mais la secrétaire semblait apeurée. Curieusement, la jeune femme sut que ce n’était pas William qui provoquait cet état.

« Ce n’est pas grave, je vais l’attendre »

Son ton se voulait rassurant vis-à-vis de Niji qui semblait bien assez terrorisée comme ça. Inutile d’aggraver la situation. C’est à cet instant que William ouvrit la porte de son bureau. Il sembla heureux de la voir mais cela dura deux secondes, tout au plus. Ensuite, il tourna son visage vers son client. Marine n’aima pas du tout le regard de l’homme sur elle. Il la détaillait de la tête aux pieds en insistant sur certaines parties de son anatomie. La jeune femme eut la terrible sensation de se retrouver nue devant ce type qui se mit à sourire.

« Hé bien, vous en avez des jolies gazelles qui se présentent à votre cab... »

« C'est ma femme »

William répliqua durement et même plus que ça, méchamment vis-à-vis de l’homme à ses côtés. La jeune femme resta interloquée. Sa femme ! Marine ne s’attendait pas à ça mais vit bien vite la réaction du yakusa. Il sembla extrêmement mal à l’aise.

« Veuillez m'excuser, madame »

Il jeta un regard goguenard à la secrétaire avant de quitter la pièce. Marine comprit alors pourquoi Niji avait peur de cet homme. Elle-même n’en menait pas large et, s’il avait continué à la regarder ainsi, elle aurait fini par le gifler ou pire. Ce qui aurait eu des conséquences désastreuses pour le cabinet du juriste mais elle savait qu’elle n’aurait pas pu s’en empêcher. Grâce au ciel, le jeune homme avait désamorcé la situation. A rebours, Marine se sentait terriblement heureuse qu’il l’ait appelé sa femme. Elle n’aurait jamais espérée entendre ça de sa part et, même si elle savait que ce n’était lié qu’à la situation, elle était heureuse. Elle regarda l’homme de sa vie lui adressant son plus doux sourire.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 10 mai 2010, 22:04:29
       William suivit le Yakusa du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse dans l'ascenseur. Puis il ferma les yeux et inspira profondément. Quand la colère relâcha son emprise, il se tourna vers Marine qui lui souriait. Il le lui rendit automatiquement et cela suffit presque à lui faire oublier la scène qui s'était déroulée. William avait envie de la prendre dans ses bras et de lui montrer à  quel point il était heureux de la voir sortie de l'hôpital, mais il n'en fit rien, car ils n'étaient pas seuls.

       Le directeur du cabinet Dolan jeta un coup d'œil à sa secrétaire qui semblait partagée entre le choc et la stupéfaction d'avoir appris que Dolan était marié. Ou du moins, c'est ce qu'elle croyait. Les yeux noir de la jeune fille alternaient entre son patron et Marine. Elle ouvrit la bouche pour parler mais William lui jeta un regard qui l'incita prestement à la refermer.

       -Vous avez fini votre journée il me semble, mademoiselle Saori, fit William d'une voix douce et calme.

       Même si cela ressemblait à une simple information, la jeune fille connaissait assez bien Dolan pour savoir qu'il s'agissait d'un ordre indiscutable. Elle acquiesça et commença à ranger ses affaires avec une lenteur délibérée. Elle ne voulait surtout pas aller trop vite pour ne pas avoir à croiser Ajiro.
       William n'y prêta même pas attention. Il s'était déjà approché de Marine et passa une main dans son dos. Puis, il entraina dans son bureau, en faisant un dernier signe de tête à sa secrétaire.

       Les portes à double battants n'avaient même pas eu le temps de se refermer que William était déjà parti à l'assaut des lèvres de la jeune fille. C'était un baiser gourmand, exutoire d'une frustration due au fait qu'il ne l'ai pas embrassé dés qu'il la vu. Mais William était pudique et n'était pas du genre à bécoter sa petite amie devant tout le monde. Pour lui, ces moments étaient privilégiés et donc, intimes.
       Les lèvres se séparèrent finalement et William semblait chercher ses mots.

       -Je ne t'attendais pas ici, sinon sois sûre que j'aurais préparé un comité d'accueil plus policé, déclara l'orateur. Assieds-toi si tu veux.

       Le bureau de Dolan était relativement spacieux. Les murs et le parquet était en bois verni. Même l'imposant bureau était en noyer tandis que des fauteuils en cuir trônait devant celui-ci. La salle était parsemée de petits gadgets comme le mini-bar électrique, le porte-manteau en argent qui valait, la plupart du temps, plus cher que ce qu'il portait, un ordinateur, un jardin zen, deux ou trois plantes vertes d'une banalité affligeante et une armoire remplie de livres de droit. Mais ce qui frappait le plus dans ce bureau était l'immense baie vitrée qui représentait à elle seul deux face de la pièce rectangulaire. Elle s'étendait du sol au plafond et on aurait dit que la salle donnait sur le vide, car à cette hauteur aucun building, ni aucun autre bâtiment ne rivalisaient avec le cabinet Dolan. Le soleil rouge du crépuscule inondait les spectateurs de sa beauté sans aucune entrave. Il n'y avait que l'astre, le ciel et la mer.

       Dolan prit les deux verres qui trainaient sur son bureau. Il posa le verre vide d'Ajiro dans l'évier, sous le mini-bar, et vida le sien dans le tout-à-l'égout. Il n'y avait pas touché. Lorsqu'il eut fini sa besogne, il retourna vers Marine et ne put empêcher sa main de farfouiller dans les cheveux auburn de sa belle.

       -Je suis content de voir que tu vas mieux, assura-t-il d'une voix plus douce qu'à l'accoutumé. Quel sont les nouvelles de ta santé?

       Si William était encore gêné du fait qu'elle avait croisée un Yakusa en liberté grâce à ses magouilles et qui lui achète régulièrement des esclaves – esclaves qui se trouvent actuellement à 250 mètres sous leurs pieds-, de toute évidence, il ne le montrait pas.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le lundi 10 mai 2010, 23:00:25
William, de quelques mots, congédia avec douceur sa secrétaire. Posant sa main dans le dos de la jeune femme, il la fit entrer dans son bureau. Alors que les portes se refermaient, l’avocat attrapa sa belle et l’embrassa ave passion. Un baiser que Marine s’empressa de lui rendre. Ils ne s’étaient pas vraiment embrassés depuis qu’elle avait eu son accident. Aussi ce premier vrai baiser était horriblement délicieux pour la demoiselle.

Au bout d’un moment, leurs lèvres finirent pas se  détacher et, tout en regardant Marine, le juriste sembla hésiter sur les mots à dire.


« Je ne t'attendais pas ici, sinon sois sûre que j'aurais préparé un comité d'accueil plus policé. Assieds-toi si tu veux »

Marine n’en fit rien, elle se dirigea vers l’immense baie vitrée qui dominait la ville et admira le soleil qui se couchait inondant la pièce de sa lumière. William s’activa à débarrasser des verres. Elle jeta un rapide coup d’œil au bureau qui était aussi vaste que la pièce qui l’avait précédée et meublé avec goût.

« Tu me manquais tellement ! J’avais envie d’être avec toi ! Alors… je suis venue. J’espère que je ne te dérange pas ? »

Elle faisait référence au yakusa qui était sortit un peu plus tôt du bureau. Elle reporta son regard vers l'extérieur.

" Elle est vraiment magnifique la vue d'ici "

L’avocat revint alors vers elle et passa sa main dans ses cheveux. Marine ferma les yeux, appréciant cette caresse.


« Je suis content de voir que tu vas mieux. Quel sont les nouvelles de ta santé ? »

Elle lui sourit pour le rassurer.

« Je vais bien – elle lui montra son poignet gauche bandé – une légère foulure et quelques maux de tête de temps en temps. Rien d’important – elle secoua la tête pour chasser la question – Je vais bien. Je vais d’autant mieux que je suis avec toi maintenant »

Elle alla se blottir tout contre lui. Elle était heureuse d’être tout près de lui, avec lui.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le jeudi 13 mai 2010, 12:34:31
       William réceptionna sa compagne dans ses bras et en profita par la contempler. Ajiro avait raison sur un point ; elle est magnifique, même si cela avait été dit d'une façon bien différente. Le plus étrange c'est que Marine ne s'en rende pas compte. Ce qui est heureux car les femmes qui savent qu'elles sont belles ne prennent pas la peine de développer toutes leurs qualités latentes. Elles se contentent des atouts qu'elles possèdent déjà et deviennent superficielles. Il en est de même pour les hommes, mais William ne se sentait pas concerné.

       -Tu as bien fait de venir alors, rétorqua Dolan. J'adore m'occuper des petits oisillons blessés.

       Il plongea son nez dans la chevelure de sa belle et y lâcha un petit rire étouffé. D'humeur plutôt joueuse, ses mains descendirent sur ses hanches pour les chatouiller impitoyablement. A son tour, son visage plongea sur le cou sans défense et le tortura à coup de baisers judicieusement distribués.
       Puis, il s'interrompit un instant mais ne fit pas un seul mouvement, prêt à reprendre la séance à tout moment.

       -Tu resteras avec moi ce soir? Susurra-t-il dans son oreille.

       William avait terriblement envie de Marine mais l'inexpérience évidente de la jeune fille l'effrayait un peu. Il s'était toujours considéré comme quelqu'un de rassurant. Un jeune homme sérieux, courtois et élégant, qui avait tout pour subvenir aux besoins des femmes les plus capricieuses. Il représentait la stabilité et l'opulence, c'est pour cela que William était tant apprécié de ces demoiselles.
       Par contre, il n'avait rien de rassurant au niveau affectif. Dolan est trop froid pour ça. Patience, amour et douceur, ceux sont les maitres mots lors de la toute première fois. Dolan craignait de faire défaut au deux derniers critères.

       William s'extraya du cou de sa belle pour la regarder. Il cachait ses doutes et ses appréhensions derrière le masque Dolanien habituel, mais il réussit à esquisser un sourire timide.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le jeudi 13 mai 2010, 15:06:12
Marine se blottissait contre son compagnon. Il lui avait tant manqué. Ses bras sécurisants dans lesquels elle se sentait bien, protégée, aimée. Des sentiments qu’elle ne connaissait que depuis bien peu de temps et seulement grâce à lui. Elle ne les avait jusque là que rêvés. Elle ne pouvait rien faire de plus au vu de la vie qu’elle menait. Mais maintenait qu’elle y goutait, elle se disait qu’elle aurait bien du mal à s’en passer.

« Tu as bien fait de venir alors. J'adore m'occuper des petits oisillons blessés »

Il plongea alors son visage dans son cou et Marine l’entendit rire. C’était rare de la part du jeune homme. Elle sourit à son tour, simplement heureuse de le mettre de bonne humeur. Elle qui craignait de le déranger. Visiblement c’était loin d’être le cas.

D’ailleurs, il entreprit de l’embrasser dans le cou. Cela lui procura des sensations fulgurantes et inattendues dans tout son corps. Elle frissonnait à chaque contact des lèvres de William contre sa peau. C’était si agréable. La jeune femme ne se sentait en rien agressée juste désirée ce qui était aussi nouveau pour elle. Elle qui considérait ne pas être particulièrement attrayante au niveau de son physique.

Les mains du jeune homme n’étaient pas en reste. Elles étaient descendues le long de sa taille jusqu’à ses hanches qu’elles se mirent en devoir de chatouiller et de caresser. La jeune femme se laissa faire à nouveau. Toutes ses caresses et ses baisers enchantaient la belle rousse. William cessa ses doux baisers pour lui murmurer à l’oreille :


« Tu resteras avec moi ce soir ? »

Marine se raidit un peu à la question de l’avocat. Elle avait bien compris ce que cela voulait dire, le sous-entendu que la question contenait. Il voulait passer la nuit avec elle, faire l’amour avec elle. Cela fit peur à la jeune femme. Elle n’avait jamais été avec un homme et ne connaissait rien ou pas grand chose à ce domaine. A cela, il fallait ajouter la crainte qu’elle avait de lui montrer son corps nu et les marques qui le constellaient.

Le visage de Dolan se désengagea du cou de la belle, plongea ses yeux dans les siens et esquissa un timide sourire qui se voulait rassurant. La jeune femme était partagée sur la décision à prendre. Elle aimait ses baisers, ses caresses mais aller plus loin l’effrayait. Cependant, le regard du jeune homme montrait tout le désir et tout l’amour qu’il avait pour elle ce qui rassura un peu Marine.


« William, je… j’imagine que tu as compris que je n’ai… jamais… été avec un homme – elle baissa les yeux, les joues rouges – Je n’y connais rien mais… oui, j’ai envie de passer la nuit avec toi »

Elle disait vraie. Elle voulait rester avec lui malgré sa peur. Elle l’aimait et elle avait envie de rester près de lui et de le lui montrer autrement que par des mots. Elle releva son visage et les yeux dans les siens, elle lui dit d’une toute petite, presque un murmure :

« Je veux que tu sois le premier. Je veux que tu sois le seul »

Oui, elle ne voulait que lui. Qu’il soit le seul à pouvoir l’aimer. Cela semblait certainement désuet et très naïf de sa part mais elle le pensait.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le vendredi 14 mai 2010, 13:35:12
       William resta sans voix devant la déclaration de la jeune fille. C'était une promesse remarquable qu'on ne lui avait encore jamais faite ; Le premier et le seul homme de sa vie. Pour des raisons qui sont totalement inconnues de Dolan comme de sa créatrice, il s'agit du rêve de tout homme. C'est donc un Dolan très flatté qui gratifia sa belle d'un baiser plus appuyé que de coutume. Lorsqu'il l'eut achevé, il ne fit pas mine d'éloigner son visage. Il appuya son front contre le sien et souffla à son tour une promesse.

       -Moi, je veux que tu sois la dernière.

       Dolan le pensait. De toute façon, si Marine n'était pas la dernière cela voudrait dire que ça n'a pas marché entre eux, donc il y avait plutôt intérêt à ce qu'il y croit.
       L'avocat se racla la gorge et se redressa enfin. Il remit ses lunettes en place d'un air embarrassé. Ce n'était pas dans son habitude d'étaler ainsi ses sentiments et il n'y était toujours pas familier. Ça passera peut-être avec le temps.
       Son trouble s'évapora bien vite et il décocha à Marine un formidable sourire.

       -Tu m'as dit il y a longtemps, que tu n'as jamais été au fast-food, déclara William sur un terrain où il était plus à l'aise.

       Son sourire disparut et il reprit d'un air on ne peut plus sérieux.

       -Les américains font des merveilles culinaires qui font mourir de jalousie nos meilleurs chefs cuisiniers, fit-il sans perdre son flegme. C'est pour cela qu'on médit sur leur cuisine en les accusant de mal-bouffe.

       Il réfléchit un instant, préparant une plaidoirie pour convaincre un publique déjà convaincu. Le fast-food n'avait rien de romantique mais il était sûr de pouvoir tourner la proposition à son avantage. Et puis, Marine n'avait pas véritablement apprécié le restaurent où il l'avait emmené. Finalement, il abandonna et résuma succinctement la situation.

       -En fait, je te propose de passer une soirée normale. Toi dans mes bras, allongé dans un sofa à regarder un film idiot et à grignoter de la mal-bouffe.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le vendredi 14 mai 2010, 16:19:51
Marine avait un peu peur de la réaction de William. Peut-être qu’il allait la trouver trop possessive, trop exigeante, trop fleur bleue. Mais c’était trop tard, elle avait été franche. Cependant, la réaction du jeune homme fut au-delà de toutes ses espérances. Il l’embrassa passionnément. Curieusement, la jeune femme eut l’impression que ce baiser était un peu différent des autres. Il était toujours aussi agréable mais il semblait avoir une signification différente, beaucoup plus profonde. Le baiser prit fin sous l’impulsion du juriste qui posa son front contre le sien.

« Moi, je veux que tu sois la dernière »

Marine fut surprise. Elle n’attendait pas un tel serment de lui. Elle ne pensait et n’espérait pas ça de celui qu’elle aimait. Elle ne put empêcher les larmes de couler de ses yeux et de lui sourire. Elle ne savait trop quoi lui répondre. Lui dire qu’il la rendait folle de joie était bien en dessous de la vérité. En fait, il n’y avait aucun mot qui pouvait décrire l’état de béatitude dans lequel la jeune femme se trouvait.

Marine n’était pas coutumière de ce genre de débordement et au vu de l’attitude de son compagnon, qui semblait un peu embarassé, il n’était pas plus familier qu’elle dans ce domaine. Malgré tout, il lui adressa le plus magnifique sourire qu’il soit. C’était rare qu’il en distribue surtout des comme celui-là. Il était plus réservé d’habitude ce qui n’avait jamais gêné la demoiselle. Elle-même n’était pas particulièrement expressive.


« Tu m'as dit il y a longtemps, que tu n'as jamais été au fast-food »

Marine se demanda où il voulait bien en venir. Elle ne voyait pas vraiment le rapport entre les hamburgers et les sentiments qu’ils avaient l’un pour l’autre.

« Les américains font des merveilles culinaires qui font mourir de jalousie nos meilleurs chefs cuisiniers. C'est pour cela qu'on médit sur leur cuisine en les accusant de mal-bouffe »

Alors là, elle était totalement perdue. Elle ne comprenait vraiment pas ce que ça venait faire dans la conversation.

« En fait, je te propose de passer une soirée normale. Toi dans mes bras, allongé dans un sofa à regarder un film idiot et à grignoter de la mal-bouffe »

La jolie rousse ne put s’empêcher de rire et, dans le même temps, elle essuya les larmes qui avaient coulées sur ses joues. Elle déposa un rapide baisé sur les lèvres du juriste.

« C’est la meilleur proposition qu’on ne met jamais faites. Une soirée « normale » ! Un film idiot ! De la mauvaise bouffe ! Et surtout toi et tes bras ! Que du bonheur en fait ! »

Elle se serra contre lui.

« J’avoue que je ne suis pas contre un peu de nourriture vu ce qui est servit dans les hôpitaux. J’avoue que c’est loin d’être de la grande cuisine – elle soupira – je ne suis même pas sur que se soit de la cuisine tout court »

Elle ferma les yeux en posant sa tête contre son épaule. Elle avait l’impression que son cœur allait exploser de joie. Son bonheur était parfait ce soir-là.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le samedi 15 mai 2010, 18:03:18
       Ravi que le programme lui plaise, William lui rendit son étreinte et rit joyeusement lorsqu’elle lui parla de la cuisine de l’hôpital. N’ayant jamais été à l’hôpital, il ne savait pas trop de quoi elle parlait mais il arrivait bien à l’imaginer. C’est surtout que cela faisait longtemps que William n’avait été de si bonne humeur. Comme quoi on pouvait très bien être une ordure reconnue et sans être malheureux pour autant.

       Dolan glissa jusqu’à son téléphone et appela le gardien de l’immeuble qui officiait également en tant que majordome. Il lui demanda de passer au Mac Donald’s  le plus proche et de lui apporter les mets les plus cancérigènes qu’il trouvera. L’homme au bout du fil dut acquiescer car l’avocat le remercia et raccrocha le combiné.

       Il serra une nouvelle fois Marine dans ses bras et la cajola pendant quelques minutes. Toutefois, il ne profita pas vraiment de ce moment, car il le passa à réfléchir. Certes, il était heureux mais beaucoup de doutes s’insinuaient dans son esprit. Il espérait qu’il n’y aurait pas de problèmes cette nuit. Il se demandait si son nouvel état euphorique n’allait pas le ramollir, ce qui aurait de graves répercussions sur son travail. Il craignait surtout que ce qu’il avait révélé à Marine à propos de son « petit extra » ne ressorte un jour ou l’autre. Beaucoup de questions et d’appréhensions qui se bousculaient dans l’esprit pragmatique de Dolan.

       Finalement, il prit Marine par les épaules et l’éloigna de sa poitrine pour qu’elle puisse voir le petit air mystérieux qui s’était peint sur son visage.

       -Tu n’as jamais mis les pieds chez moi, n’est-ce pas, affirma William. Je veux dire, le vrai chez moi, là où j’habite. – Il écarta les bras en grand et eut un sourire radieux. – Et bien tu y es.

       Sans un mot de plus, le jeune homme entraîna sa compagne jusqu’à une petite porte qui jouxtait la baie vitrée. Il actionna la poignée et la porte s’ouvrit sur une sorte de salon/chambre à l’allure plutôt spartiate. C’était une vrai chambre de garçon de 26 ans ; différentes notes étaient étalées un peu partout, une immense télé prenait presque toute la place et trônait devant un canapé clic-clac, des livres s’entassaient à côté du futon et d’autres attendaient leur tour dans une étagère. Il n’y avait pas de décorations, si ce n’est la baie vitrée de son bureau qui se prolongeait jusque dans cette chambre. Tout était fonctionnel. Dans le fond, d’autres portes laissaient deviner l’accès à d’autre pièces comme une salle de bain ou une cuisine.
       William la laissa regarder là où il vivait en se positionnant dans son dos.

       -Tu… t’attendais… à ce que… maître Dolan… vive dans un château ? demanda-t-il en déposa un baiser dans la nuque de sa belle à la fin de chaque mots.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le dimanche 16 mai 2010, 00:46:57
Le jeune avocat serra la jolie rousse un peu plus contre lui et rit à sa remarque. Décidément, leurs humeurs respectives étaient au plus haut. Il se dégagea d’elle le temps d’aller passer un coup de fil. Il appela quelqu’un à qui il demanda de passer chez Mc Donalds pour y prendre leur dîner du soir. Il ne plaisantait donc pas. Marine découvrait une autre facette de celui qu’elle aimait. Une merveilleuse facette.

Une fois le combiné raccroché, il revint vers elle et la reprit contre lui. Ils semblaient bien incapables de pouvoir se passer l’un de l’autre ce soir-là. Ils avaient besoin de se serrer l’un contre l’autre. C’était si agréable. Cette douceur et cette tendresse qui avait tellement manquées à la jeune femme, elle les trouvait à présent avec William.

Il se détacha soudain d’elle et la prit par les épaules l’éloignant un peu de lui.


« Tu n’as jamais mis les pieds chez moi, n’est-ce pas. Je veux dire, le vrai chez moi, là où j’habite – William écarta les bras avec un grand sourire - Et bien tu y es »

Tout comme tout à l’heure, elle avait un peu de mal à suivre le raisonnement de son compagnon. Son visage reflétait son interrogation, elle était curieuse de savoir de quoi parlait Dolan.

Il l’entraina vers une petite porte sur le côté, près de la baie vitrée. Ils passèrent alors dans une pièce  qui ressemblait à une sorte de studio ou de chambre d’étudiant. En effet, mis à part la télé modèle géant qu’un étudiant n’aurait pas vraiment pu se payer, tout le reste correspondait bien à l’idée que Marine se faisait d’une chambre d’étudiant. Des livres et des papiers étaient éparpillés un peu partout sur le sol en des tas plus ou moins bien formés. La jeune femme vit des portes dans le fond menant surement à des pièces indispensables comme une salle de bain ou une cuisine.

La belle rousse ne s’attendait pas à un tel endroit. Après avoir vu le manoir puis l’appartement du centre ville, elle imaginait que son lieu de vie ressemblait à ces derniers. Pourtant cette pièce en était bien loin. Curieusement, elle appréciait cet endroit. Le désordre ambiant rendait la pièce vivante.


« Tu… t’attendais… à ce que… maître Dolan… vive dans un château ? »

Il l’embrassa dans la nuque à chaque mot qu’il disait la faisant frissonner. Elle ferma les yeux pour profiter de ce doux contact. Elle adorait ses baisers. Sans qu’il le sache, William s’attaquait à une des zones les plus sensibles de sa partenaire. Une zone qu’elle-même ne connaissait pas d’ailleurs. Son souffle s’accéléra sous les baisers distribués par le jeune homme. Une douce chaleur naissait dans son ventre et envahissait tout son corps.

« Je… J’avoue que je ne t’imaginais pas dans un environnement comme celui là mais…- elle avait beaucoup de mal à se concentrer à cause des baisers du juriste – j’aime beaucoup cet endroit. Il est… vivant »

Elle pencha sa tête sur le côté pour mieux offrir son cou à William. Elle plaqua son corps contre celui du jeune homme de façon inconsciente et un soupir de plaisir s’échappa de ses lèvres.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 18 mai 2010, 01:03:37
       Touché... Coulé... Il semblerait que l'éminent juriste ait trouvé le point sensible. William ferma les paupières, laissant ses autres sens lui indiquer sa conduite. Ses lèvres sur sa nuque, il continua son office et sentit le duvet de la jeune fille s'hérisser à chacun de ses contacts. Additionné au souffle de la belle qu'il sentait s'accélérer, le juriste ne tarda pas à réunir les indices et à tirer ses conclusions ; il n'allait pas lâcher si facilement cette délicieuse nuque.

       Il serra la jeune fille contre lui, épousant parfaitement ses formes voluptueuses. L'avoir contre lui ne le laissait pas de marbre, il sentait le feu du désir prendre. L'incendie se propageait comme un feu de savane que Marine avait allumée avec une facilitée déconcertante. Les mains de l'avocat, actrices de ce ballet silencieux, s'aventurèrent sur le corps de la jeune fille. Celles-ci, préalablement introduites par ses lèvres qui caressaient toujours la peau albâtre, se présentèrent sur ces hanches qui ne l'avaient que trop narguées, puis remontèrent le long de la chute des reins, se croisant, se chevauchant et louvoyant entre les plis des satanés habits qui l'empêchaient d'apprécier pleinement la silhouette du corps tant désiré. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il continua ses démences humides dans le cou de la belle rousse, habiles diversions qui faisaient presque oublier que les doigts indiscrets remontaient de plus en plus, se présentant même devant les frontières interdites de la naissance des seins. Puis, par un accès de témérité, ils franchirent les limites implicites et s'aventurèrent sur des territoires vierges et prohibés.

       Une sonnerie retentit alors. William se figea et ouvrit finalement ses yeux brulant de désir. Un petit sourire naquit sur la commissure de ses lèvres alors qu'il avisa que la récréation était finie. Il se retira, laissant la place à un vent froid de frustration qui vint lécher la peau de Marine auparavant occupée par la chaleur de son corps. Il déposa un dernier baiser sur la joue de son aimée avant de se retourner dans son bureau.

       Il prit une légère inspiration pour chasser la chaleur qui pourrait engourdir sa voix et appuya sur le bouton de son interphone.

       -Votre diner, monsieur Dolan, annonça une voix déformée par l'appareil.

       -J'arrive, acheva l'avocat avant de lâcher le bouton.

       De son habituelle démarche assurée, il franchit les quelques mètres qui le séparaient de la porte à double battant et ouvrit à une homme qui devait bien faire une tête de plus que lui. Ce dernier lui donna deux sacs en papier cartonné et disparut avec un sourire cordial.

       Dolan revint vers Marine et brandit les sacs en guise d'explication. Il les déposa prestement sur la table basse, devant le canapé et se tourna de nouveau vers elle. Le regard qu'il lui lança alors, risquait d'être énigmatique pour la jeune fille.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 18 mai 2010, 17:15:50
Le cœur battant, le souffle rapide, elle restait passive sous l’action des lèvres de William. Ses baisers l’électrisaient. Ses lèvres douces couraient sur la peau pâle de sa nuque provoquant la chaire de poule sur tout son épiderme. Les mains du jeune homme vinrent à la rencontre de son corps en commençant par ses hanches accentuant encore plus son trouble. Intrigantes, elles exploraient sa personne.

Marine n’osait pas bouger de peur que tout cela cesse. Ses caresses étaient divines et elle avait envie qu’elles durent encore un long moment. Malheureusement, une sonnerie retentit, brisant le charme du moment. Le corps de son compagnon se figea contre elle et ses lèvres cessèrent leur activité avant de se détacher totalement d’elle. La jeune femme était déçue mais ne pouvait pas vraiment protester. L’avocat déposa un baiser sur sa joue avant de quitter la pièce et de retourner dans son bureau. Elle entendit les bribes de la conversation. On leur amenait leur repas. Sur le moment, elle s’en voulait d’avoir dit qu’elle avait faim. Sans cette interruption, les baisers et les caresses auraient continué.  Malgré tout elle se dit que ce n’était que partie remise. Après tout, ils avaient toute la nuit pour cela alors carpe diem.

Le jeune homme revint avec deux sacs en papier marron portant le logo des golden arches, symbole de la mal-bouffe américaine. Il déposa les pochons sur la table basse avant de se tourner vers elle. Elle lui sourit, un peu gênée de ce qui venait de se passer. Elle avait encore du mal à assumer ce genre de débordements étant donné que c’était bien loin d’être naturel chez elle. Elle fit un pas vers lui.


« Et bien, il ne nous reste plus qu’à trouver un film et à nous installer pour passer notre soirée « normale »

Elle nota cependant que William la regardait d’une manière étrange mais elle ne savait pas pourquoi.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 31 mai 2010, 12:51:31
       Et après on se demande pourquoi les gens sont stupides... L'avocat détestait la télé. Il n'en possédait une que pour regarder les informations et les émissions qui parlaient de son cabinet, ou plutôt qui le fustigeaient. Il était également féru de cinéma, mais n'avait pas beaucoup de temps libre pour y aller.
       William avait presque fini de parcourir la centaine de chaînes que lui offrait son abonnement satellite. Tout y était passé, des émissions où les quidams exposaient leur vie pathétique, jusqu'aux clips de musique où des femmes rivalisaient de poses sensuelles pour faire vendre leur déjection sonore sous forme de disque laser. Il finit enfin par perdre sa concentration lorsqu'il s'aventura sur la énième chaîne de politique et son regard s'arracha à la contemplation de l'écran.

       Les mires émeraudes de William glissèrent sur la déesse qui était dans ses bras. Il avait à demi dépliée le canapé-lit de manière à ce que le dossier soit toujours relevé et que leurs jambes aient toutes la place nécessaire. Il s'était également débarrassé de sa veste, laissant voir sa chemise d'un blanc immaculé. Marine, comme promis, était dans ses bras, ses jambes albâtres à demi éclairées par la télé qui projetait sur elles tout un panel de couleurs. Mais s'était surtout sa taille qui attirait le regard du juriste ; étrange pour un homme me diriez-vous, mais c'était la féminité dans ses moindres incarnations qui lui plaisait. En effet, William posa une main sur la hanche de sa compagne et par le touché, commença la topographie de ce qui lui semblait être une merveille de féminité. Tout d'abord, l'éminence de peau douce qui constituait la hanche de la jeune fille, puis s'ensuivit une dégringolade jusqu'au flanc, qui formait un ravin des plus escarpé avec le bord du bassin. Puis, il remonta, prenant garde cette fois-ci de passer sous le chemisier, faible gardien d'une pudeur qui ne lui appartenait déjà plus. La main remonta donc la pente qui s'accentuait à la manière d'une parabole et acheva son voyage lorsqu'il sentit les limites de sa poitrine.
       Il est vrai que ce n'était pas grand chose et qu'il n'y avait pas de quoi s'extasier devant si peu. Pourtant, William adorait cette caractéristique des femmes qui fait que leur agilité est un défi à la géométrie... et à son désir. Finalement, il caressa une nouvelle fois ce relief qu'il affectionnait tant et enroulant son bras autour de la taille de Marine.

       Il lâcha finalement la télécommande qui handicapait l'une de ses mains et entreprit de lui donner une fonction plus constructive que de passer d'une chaîne à l'autre. Elle vint s'échouer dans les cheveux de feu et ne put s'enfoncer plus loin que la jointure de ses doigts tant la végétation était dense. Il profita de cette résistance pour pencher la tête de la jeune fille, exposa un cou au courbe magnifique. Puis à l'instar de quelque vampire insatiable, il posa ses lèvres sur la peau douce et brulante qu'il sentait palpiter sous les coups de la jugulaire emballée. Il ouvrit sa bouche mais ne croqua pas, il aspirait doucement, puis relâchait la peau torturée. Ses lèvres glissait ensuite vers le site voisin et l'opération se réitéra dans un cycle régulier qui pouvait laisser penser que cela n'allait jamais s'arrêter. Pourtant ce fut le cas lorsque, à mesure de ses déambulations, sa bouche se retrouva près de son oreille. Après quelques respirations, dont le souffle chaud vint s'échouer contre la joue de la nymphe, il murmura ces quelques mots, hérauts d'une passion non dissimulée. "J'ai très envie de toi". Elle appuya ses dires d'un baiser sur la nuque, tandis qu'une chaleur torride commençait à inonder son corps.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 01 juin 2010, 23:27:29
William décala légèrement la table basse et se mit à déplier au ¾ le canapé-lit. Il enleva sa veste pour se mettre plus à l’aise et s’assit sur le canapé. D’un geste de la main, il invita sa belle à le rejoindre. Le sourire toujours accroché aux lèvres, elle vint se poser près de lui. 

Juste avant, histoire de se mettre un peu plus à l’aise, tout comme lui, elle défit les agrafes qui retenaient son corset (http://www.hiboox.fr/go/images/divers/corset,b1ec50afe7f660d2aec25f9558e423b3.jpg.html) noir. Elle en débarrassa sa taille, le plia et le posa sur le sol. Marine trouvait les corsets terriblement élégants et elle adorait ce style mais elle devait pourtant reconnaître que cela imposait une certaine rigidité à son corps. Ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux pour pouvoir se détendre. Maintenant libérée de son carcan, elle se retrouvait en chemisier (http://www.hiboox.fr/go/images/divers/chemisier,292dcc7c5c61226e536a333baa9580d2.jpg.html) d’un blanc aussi immaculé que celui de la chemise du juriste. Assise sur le rebord du clic-clac, elle détacha ses bottines et les rangea près de son corset. Ainsi, plus libre, elle rejoignit son compagnon.

Callée tout contre lui, les jambes allongées sur le canapé, cachées par sa jupe (http://www.hiboox.fr/go/images/divers/jupe,8f82f9c18e2c995f1b8b2b98f3ea4904.jpg.html) et ses bas, elle regardait l’imposante télé qui projetait ses lumières sur le couple. La télévision, un objet qu’elle découvrait tout juste. Il n’y en avait pas dans sa chambre d’hôtel. Oh bien sûr, elle en avait vu dans de multiples magasins mais elle ne s’y était pas plus que ça intéressée. A présent, elle regardait, mi-amusée, mi-fascinée, l’écran qui changeait toutes les 5 secondes tout au plus. William, la télécommande à la main, semblait chercher une chaîne qui diffuserait un film ou une émission qui pourrait les intéresser mais, visiblement, en vain.

Au bout d’un moment, l’avocat finit par se désintéresser de l’écran. La jeune femme s’en rendit compte lorsqu’elle sentit sa main caresser sa hanche avant de remonter doucement. Elle retint sa respiration quand celle-ci s’insinua sous le tissu de coton blanc. La main de l’homme était chaude et douce contre sa peau nue. La jolie rousse eut la chair de poule face à cet attouchement. Elle n’osa rien dire ne voulant pas interrompre la douce et troublante caresse. La main continua sa progression sur sa taille et jusqu’à ses seins. La demoiselle ferma les yeux, ressentant encore mieux les divines sensations provoquées par William.

Finalement, l’avocat délaissa complètement la télé et la télécommande au profit de celle qui se trouvait dans ses bras, tout contre lui. Il immergea sa main dans sa chevelure et fit pencher légèrement sa tête. Il s’en prit alors à cette zone si sensible de sa personne. Les lèvres de l’avocat se posèrent sur sa peau faisant à nouveau frissonner de plaisir la jeune femme. Elle sentit les légères succions sur son cou et trouva cela terriblement agréable. Doucement la bouche du tourmenteur remonta vers l’oreille de Marine. Elle sentait le souffle chaud contre sa peau, sa respiration se faisait plus rapide. Enfin, il atteignit son oreille et murmura :


« J'ai très envie de toi »

Elle tressaillit à ses mots et rouvrit les yeux les dirigeants vers ceux, émeraude, de son compagnon. Elle sentait qu’il avait envie d’elle et se rendit compte que c’était réciproque. Elle aussi avait envie de le caresser même si cela lui faisait un peu peur car elle n’y connaissait rien. Elle se mordit la lèvre inférieure ne sachant pas répondre à la question. Elle avait peur de dire ce qu’il ne fallait pas. Son cœur battait si vite à présent qu’elle regardait le bel homme près d’elle. Elle se tourna légèrement pour mieux le voir et alla poser sa main sur sa joue. Ne sachant que dire et ayant l’impression qu’il n’y avait pas de mots existants qui pouvaient exprimer ce qu’elle pensait et ressentait, elle fit ce qu’elle pensait être le mieux. Les joues un peu rouges, elle se pencha vers lui et posa ses lèvres sur les siennes. Un baiser qui avait valeur d’assentiment pour la suite. De la joue, la main descendit jusqu’au torse de William contre lequel elle se reposa.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le dimanche 06 juin 2010, 13:49:40
       La rigueur Dolan! Sois précis et méticuleux. Malgré le maelström de pulsion et de désirs frustrés qui régissait le juriste, il ne devait pas perdre de vue que Marine était encore inexpérimentée. En effet, si ça ne tenait qu'à lui, il l'aurait déjà renversé sur le canapé et aurait immolé son corps si appétissant dans la luxure la plus sauvage. Pourtant, William se contrôlait, et tandis que sa belle se délectait de ses baisers, il fit glisser ses mains jusqu'à ses cuisses. Il ferra les deux rondeurs et ramena la jeune fille sur lui, de manière à ce qu'elle le chevauche. Une position qui permettait à la jolie rousse de ne pas se sentir oppresser et qui lui donnait l'illusion d'avoir le contrôle de la situation. En réalité, c'était William qui orchestrait tout ; hors de question de la laisser s'embourber toute seule dans les méandres, pourtant naturelles, de l'acte amoureux.

       Le première acte du concerto débuta donc sous l'introduction de ce baiser, long et ininterrompu. Il était le rythme de l'orchestre, la seule constante sur laquelle on pouvait compter. Les langues s'enlaçaient dans un rythme lent et langoureux, rivalisant de prouesses agiles pour contenter leur partenaire respectif. Pendant ce temps, William caressa le dos de sa belle, appréciant les formes de l'instrument qui allait bientôt lui jouer sa douce mélodie.

       Le chemisier de Marine était un rempart dérisoire pour les mains de Dolan qui glissaient dessous comme un banc de poissons sous la surface. Pourtant, par souci du travail bien fait, l'une de ses mains se présenta sur l'ouverture du vêtement et commença à tricoter sur le coton. Le premier bouton sauta de son encoche dans un bruit sourd, puis son voisin, et autre, jusqu'à ce que les deux pans du vêtement pendent, sans défense sur les épaules de sa belle. Afin d'achever l'œuvre, les deux mains, dextre et sénestre, se posèrent de chaque côté de ses flancs et remontèrent dans un souci de symétrie, louvoyant, escaladant peau et sous-vêtement, jusqu'à ce que les deux sœurs crochètent le tissu vaincu. Ce dernier tomba enfin et révéla le corps albâtre.

       William ne voyait pas les cicatrices qui semblaient parcourir le corps de la guerrière, même s'il les devinait par le toucher. Le doigt de William s'attarda sur l'une d'elle, la peau avait une texture différent et c'est comme cela qu'il parvenait à la localiser. Il suivit la zébrure de la cicatrice jusqu'à ce qu'il soit arrêté par du tissu... De la dentelle. Pas de retraite face à l'ennemi. Aussi, il dégrafa simplement le soutien-gorge et poursuivit sa route comme si de rien était.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le lundi 07 juin 2010, 16:37:48
Leur baiser, de doux, devint passionné et langoureux. Leur langue se mêlait l’une à l’autre, se caressant et s’excitant. Marine appréciait de plus en plus ces échanges qu’elle commençait tout juste à connaître mais auxquels elle se faisait de plus en plus vite. Elle se délectait des nouveaux baisers encore plus merveilleux que les précédents. La jeune femme se laissait de plus en plus aller, laissant ses émotions et ses envies prendre doucement le pas sur sa raison.

Deux mains puissantes l’agrippèrent par les hanches et l’amenèrent sur le corps d’Apollon de son juriste aimant. Il ne cessa en rien son baiser, le prolongeant à plaisir tendit que ses mains s’aventuraient à nouveau sous la pièce de tissu qui la recouvraient. Les mains de William étaient douces et expertes et commençaient à doucement enflammer le corps de la demoiselle qui se sentait terriblement bien. Sa peau se réchauffait au contact de celle des mains de l’avocat qui finirent par s’extraire du chemisier pour aller en quérir les boutons qui se séparèrent du tissu petit à petit.

Marine frissonna mais ce n’était pas de froid. Malgré ce que lui avait dit le jeune homme, elle craignait toujours sa réaction vis-à-vis des marques dont elle était constellée sans oublier son tatouage. Elle ne savait comme il allait réagir devant ça mais se doutait qu’il le lui ferait comprendre en bien ou en mal. Elle se contenta donc de profiter de la bouche qu’il lui offrait.

Le morceau d’étoffe rejoignit alors bien vite le sol sans qu’elle s’en rende vraiment compte. Les mains de William progressaient dans son dos et suivaient des trajectoires particulières. Elle devina assez vite qu’il devait s’agir de ses cicatrices ce qui la contracta un peu craignant toujours qu’il s’arrête au milieu de tout et la délaisse. Elle ne supporterait pas de voir le dégoût dans ses yeux. Soudain, elle sentit les agrafes de son sous-vêtement sautées et libérées son buste. Marine laissa à son tour déambuler ses mains sur le torse de son avocat mais n’osa pas s’aventurer au-delà du tissu.

Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 09 juin 2010, 13:35:54
       William cessa un instant ses caresses et entreprit de se débarrasser de sa chemise. Il défit les boutons d'un geste impatient et d'une contorsion retira le vêtement qu'il jeta au loin. Nous y voilà donc ; le corps de Dolan...
       Le torse de William était finement ciselé et ses muscles plus ronds que longs laissaient supposer que le seul effort physique qu'il fournissait, était de lever de la fonte dans les salles de fitness. L'esthétisme le rendait trop artificiel et inapte à tout autre sport. Cela n'empêchait pas le juriste d'en être relativement satisfait, car ce n'est pas sur la force physique qu'il compte pour soutenir une femme et dominer le reste.

       Lorsque ce fut fait, William reprit, là où il en était, ses caresses expertes. Il crocheta le devant du soutien-gorge et tira doucement vers le haut. Les bras de la belle, pris dans les bretelles, suivirent le mouvement. Mais le juriste, un brin facétieux, ne jugea pas nécessaire de la libérer et interrompit son mouvement, laissant les jolies membres de sa belle entravées.
       Il en profita pour la serrer contre lui avec son bras libre et partit en quête de la bouche de son aimé. Une fois rassasié, il acheva enfin son mouvement et enleva totalement le sous-vêtement. Les bras enchanteurs retombèrent celui comme une fine pluie chaude.
      Sentir les seins de sa dulcinée sur son torse lui enflammait les sens. Il se pencha donc sur elle, l'obligeant à faire de même. D'un bras appuyé entre ses omoplates, il veilla à lui épargner tout effort, tandis que sa bouche quittait ses lèvres et descendait au fur et à mesure. Le menton, le cou, la naissance des seins, il ne s'arrêta sur aucun de ses lieux de ravissement et continua fermement sa progression. Une fois à destination, il prit sans hésitation l'un des mamelons en bouche. Il le mordilla délicatement sous l'impulsion d'une fièvre extatique, puis s'attela à réparer ses meurtrissures sous une averse de coups de langues pénitente.
       Avisant la sœur délaissée, il fit une pause pour enduire ses doigts d'une fine pellicule de salive et commença à titiller, agacer, asticoter et finalement caresser l'autre téton durci. Ses doigts rivalisaient de figures artistiques, à la manière de patineurs fous sur l'auréole, puis se rejoignaient dans leur effort conjugué pour offrir à l'éminence sensible tout le potentiel de leur talent réuni.

      Dire que ce n'est qu'une introduction...
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le vendredi 11 juin 2010, 21:09:45
Si elle n’avait pas osé s’infiltrer sous le tissu qui recouvrait l’avocat, lui s’en sépara sans regret. D’un mouvement plein d’aisance, il déboutonna sa chemise et l’envoya rejoindre celle de la demoiselle. Les tissus reposaient l’un sur l’autre comme leurs deux propriétaires.

Marine sentait la peau du jeune homme tout contre la sienne, chaude et douce. Tout comme son odeur, ce contact était enivrant. Elle trouvait cela étrange et un peu déroutant. Elle avait déjà vu des hommes torse nu et même nus mais elle n’avait jamais ressentie ça avant. Le désir qu’elle éprouvait, était tout nouveau et cela venait du seul fait qu’elle aimait le jeune homme.

Lorsqu’il lui prit l’envie d’enlever son soutien-gorge, elle ne protesta pas se laissant faire comme une poupée docile. Elle sentait les bretelles glissées le long de ses bras qui se tendirent afin de s’en séparer mais l’avocat en décida autrement. Stoppant le mouvement, une main dans son dos, il vint une nouvelle fois quérir ses lèvres. Elle ne se fit guère prier pour les lui donner. Elle avait soif des siennes tout comme lui. Leurs langues jouaient l’une avec l’autre avec délice. Il finit cependant par les abandonner et poursuivit ce qu’il avait commencé, libérant ainsi ses bras qui retombèrent sur lui comme des plumes, douces et fragiles.

Leurs bustes étaient à présent totalement nus, pressés l’un contre l’autre. Les seins de la jeune femme pointaient insolemment contre la poitrine de l’homme. Le contact était merveilleux et elle se laissait emporter pas toutes ces sensations nouvelles qui l’assaillaient.

William l’embrassait à nouveau comme s’il ne pourrait jamais apaiser sa soif d’elle. Des lèvres, il commença à descendre passant son cou, sa gorge pour enfin attendre sa poitrine. Sa bouche s’empara alors d’un des seins. La jeune femme émit un léger gémissement. Sa poitrine était devenue si sensible aux caresses. Elle sentit les quenottes du juriste mordiller tout doucement le téton durcit. Elle ferma les yeux. Sa respiration s’accélérait. Elle aimait ça. Elle ne savait pas trop pourquoi mais elle aimait cette manière de faire.

La langue prit le relais des dents, léchant et excitant le téton déjà mis à rude épreuve. Pour ne pas laisser l’autre sein seul, Dolan le caressa avec ses doigts légèrement humides et se mit aussi à le torturer à sa manière, si douce.

Marine ne comprenait comment sa poitrine pouvait lui donner autant de sensations délicieuses. Elle qui l’avait toujours détestée pour ne pas dire haïs. Cette poitrine, un peu plus développée que la moyenne, qui ne la faisait que paraitre plus femme dans un monde d’hommes. Ne la supportant pas, elle avait cherché à la cacher grâce à des multitudes de bandes qui la comprimaient au maximum quitte à ce que cela fasse terriblement mal à la jeune femme. Mais au moins, elle ne subissait plus les regards moqueurs de ses « amis ». Elle aurait voulu, à l’époque, avoir assez de courage pour les trancher comme les amazones le faisaient. Selon la légende, elles se coupaient un sein afin de mieux tirer à l’arc. Elle se serait tranchée les deux afin d’être mieux acceptée. Si elle avait fait cela, aujourd’hui elle l’aurait amèrement regrettée. Ses seins, détestés, lui procuraient maintenant, grâce au bon soin de son amour, un plaisir insoupçonné et merveilleux.

Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 16 juin 2010, 23:27:15
       William en avait fini avec l'opulente poitrine de sa compagne. Non pas qu'il en était lassé, mais il y avait d'autres sites, d'autres fleurs délaissées en manque d'attention, dont il fallait s'occuper. Pour se donner du courage et du cœur à l'ouvrage, il croqua le fruit suspendu aux lèvres de la jeune fille et se régala de sa pulpe. Cerise, framboise, myrtille, il hésitait encore sur le goût mais ça ne l'empêchait pas d'apprécier tout le jardin qui lui était offert, cueillant à sa guise. Le baiser était une vraie dégustation de saveurs nouvelles ; des saveurs façonnés par le désir et l'amour qui étreignaient les sens de Dolan, et les coloraient d'un spectre jusqu'alors invisible. Il se perdit donc dans cette douce apathie, oubliant ses projets et ses plans. Il dériva lentement, s'abandonnant en courant qui charriait son âme comblée, sans avoir ni la force, ni la volonté de lutter. Quelque chose le fit cependant revenir à la réalité. Il ne savait pas quand, ni quoi, mais ça n'avait pas vraiment d'importance. Ses mains se réveillèrent de leur torpeur, agitant leur extrémité agile et fouineuse. Le bras de Dolan, celui qui officiait en tant que contrefort de cette magnifique architecture qu'il tenait dans ses bras, céda tout un coup, faisant s'écrouler l'édifice. Plus de peur que de mal, le matelas était là pour rattraper la jeune fille. William suivit le mouvement et se retrouva au-dessus d'elle. Il marqua un temps d'arrêt, désireux de ne pas précipiter les choses. Il lui laissait le temps, tout le temps qu'elle voulait pourvu qu'elle le veuille lui.

       Les lèvres du juriste s'approchèrent hésitantes et timides, vers le visage de son amour. Elles atterrirent aléatoirement sur la peau blanche, laissant une empreinte moite sur le site, et décollèrent de nouveau pour s'aventurer sur le cou où elles s'ancrèrent pour de bon. Pendant que la bouche était occupée à distribuer tendresse et douceur, les doigts, eux s'affairèrent. Pouce, index, majeur, annulaire, auriculaire, toute la joyeuse troupe répondait présent pour défier la pudeur de la jeune fille. Ils partirent la fleur au fusil vers la jupe, se gaussant de la fermeture qui leur barrait l'accès au plus intéressant. Le bouton qui maintenait la jupe fut maté en un instant et celui-ci sauta de son encoche, mais le plus dur restait encore à faire. Les serres de l'avocat se refermèrent sur la jupe innocente et la fit glisser langoureusement le long des jambes. La jupe défila jusqu'au pied comme la lente procession du vaincu qui vient honteusement apporter sa reddition au glorieux conquérant, ici interprété par William Dolan. Sans portée une grand considération à son adversaire, il jeta le vêtement qui retomba sur ses prédécesseurs, formant un triste cimetière d'habits amoncelés, preuve de la tyrannie qui sévissait sur le clic-clac.

       William posa une main sur la cuisse sans défense, caressant, captant chaque frémissements de la peau frileuse, soumise au vent froid de la nudité. La paume et les doigts glissèrent. Ils remontèrent la voie à sens unique et se frayèrent un chemin à l'intérieur des cuisses, là où la chaleur était le plus intense. La troupe hésita, n'osant pas s'aventurer plus loin, car la culotte en dentelle noir, qui protégeait le dernier bastion de cette grande campagne, n'était pas un ennemi à négliger. La troupe s'aventura tout de même, caressant le tissu gardien. William avait un aperçu de ce qui était derrière, il sentait la chaleur torride et l'humidité qu'il jurait de transformer en inondation. Le sous-vêtement ainsi amadoué, la troupe décida de monter à l'assaut de leur dernière objectif. Celui-ci connut le même sort que feu jupe. Il descendit, comme elle, le long des jambes albâtres et finit comme les autres, sur le tas grandissant de tissus abandonnés. La troupe galvanisée par cette ultime victoire, s'aventura sur les territoires que cachait le sous-vêtement. Les doigts l'effleurèrent tout d'abord, puis se posèrent. L'endroit était chaud, torride même, et le simple contact électrisait l'avocat. La troupe commença à s'agiter sur l'intimité de la belle rousse, caressant les pétales délicats de la rose qui s'épanouissait sous les caresses. Soudain, la troupe avisa un petit bouton juste à côté qui peinait à éclore. Le pouce et l'index le pincèrent et le soumirent à la torture, tandis que les autres doigts caressaient le reste de l'intimité de Marine, laissant les deux experts s'occuper de la partie la plus sensible.
       La troupe s'affaira doublement, car elle savait que son rôle était bientôt fini. Elle n'est que l'avant-garde d'une armée bien plus déterminée et belliqueuse. Mais pour l'instant, l'heure était aux caresses et à la tendresse. Les doigts continuaient de festoyer, après leur victoire bien méritée, poussant la fleur épanouie jusqu'à ses derniers retranchements.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le dimanche 20 juin 2010, 11:22:32
De ses seins, la bouche de l’avocat remonta pour s’emparer une nouvelle fois de ses lèvres. De moins en moins timide, la jeune femme rendait chaque mouvement, chaque caresse de la langue bien-aimée. Elle s’accrochait à lui, buvant son souffle, l’aspirant comme si elle voulait fusionner leurs deux bouches.
 
Soudain, tout s’arrêta brusquement. La main qui la soutenait s’évanouit et elle s’effondra sur le canapé. Elle n’eut guère le temps de se reprendre car William revint à l’assaut de sa personne tel un général partant au combat avec empressement et ferveur. Elle se laissait faire une nouvelle fois, profitant simplement du feu d’artifice de sensations qu’il allumait en elle.

Doucement, il s’approcha d’elle. D’enthousiaste, il devenait presque hésitant. Craignait-il qu’elle le repousse ? Ou qu’elle veuille tout arrêter ? C’était bien loin d’être le cas. Non, elle voulait que ça continue même si cela l’effrayait un peu. Mais elle avait confiance en lui et elle savait qu’il ferait ce qu’il faut. Les lèvres si brillantes dans un tribunal, vinrent quérir la peau de la jeune femme. La joue d’abord, le cou ensuite la faisant réagir parfaitement. Ce cou si sensible aux caresses et aux baisers. Les yeux océans se fermèrent afin que les autres sens prennent le relais, le toucher, le goût, l’ouïe, l’odorat. Comme un aveugle, elle les développa davantage afin de tout ressentir au centuple.

Les doigts agiles de William allèrent se perdre sur le tissu de sa jupe pour en chercher l’ouverture alors que ses lèvres poursuivaient leur douce torture. La jupe fut vite maîtrisée et doucement, se mit à descendre le long des cuisses et des jambes de Marine. Celle-ci, le cœur battant à tout rompre, attendait toujours. Le bruit léger du tissu qui tombait au sol la fit frissonner. Elle était à présent quasiment nue. Sa culotte et ses bas étaient les derniers remparts qui la protégeaient. Elle craint alors que William voit ses cicatrices sur sa cuisse mais, heureusement, il semblait trop occupé par son cou pour y faire attention ce qui calma les angoisses de la belle.

La main du jeune homme s’enhardit à se poser sur la cuisse presque à nue et, après une légère hésitation, se mua vers l’endroit le plus intime de la jeune femme. Lorsqu’il effleura le tissu, elle ne put réprimer un léger gémissement. Son intimité était moite, déjà humide. Son corps répondait à la perfection à chacun des stimuli produit par maître Dolan. Les mains s’emparèrent du tissu qui, à son tour, glissa sur les jambes fuselées et rejoignit le reste de ses affaires jetées à bas du clic-clac comme des invités indésirables. Les doigts agiles repartirent à l’assaut d’elle maintenant totalement à leur merci. Ils se posèrent avec douceur sur cette partie de son anatomie qui n’avait jamais connu de telles caresses. Ils s’insinuèrent doucement en elle sans qu’elle se sente agressée. Le bouton le plus sensible de l’ensemble fut aussi caressé et doucement chahuté faisant émettre à la jeune femme quelques gémissements étouffés, preuve du plaisir qui montait en elle.

Plus, elle en voulait plus maintenant. Ses joues s’étaient colorées. De passive et attentiste, elle alla à la rencontre de son amant. Ses mains, légèrement tremblantes car inexpérimentées, cherchèrent le corps aimé. Une main alla se perdre dans les cheveux du jeune homme, pressant son visage un peu plus contre son cou, alors que l’autre alla doucement caresser l’épaule et le haut du torse osant parfois descendre un peu plus bas, sur les côtes et même à la limite du pantalon dont il était encore vêtu. Un nouveau gémissement s’échappa des lèvres de la demoiselle. Une complainte qui cette fois était parfaitement audible. Elle se mordit d’ailleurs la lèvre, un peu honteuse, avant de briser à nouveau le silence.


« William… Je t’aime tant… »

Des mots simples, une manière de dire, « je suis prête et j’ai envie de toi, mon amour ».
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 23 juin 2010, 22:33:31
       Beaucoup d'images passaient dans la tête de William ; des souvenirs parfois amusants, parfois heureux. Oui, car ils concernaient tous Marine. Il ne savait pas vraiment pourquoi il pensait à cela maintenant, sans doute parce qu'ils allaient consommer leur union. Tout lui revenait en tête, de sa technique de drague boiteuse, jusqu'à l'héroïque combat contre Platon en passant par les moments où il avait failli la perdre. Finalement,  William aussi était anxieux. C'était à lui de mener la danse car il est le plus expérimenté, mais c'était sa première fois lui aussi... La première fois qu'il le faisait avec une femme qui comptait vraiment et dont il est éperdument amoureux. "Ressaisis-toi, mauviette". En effet, comme il se le disait à lui-même : ressaisis-toi Dolan. Bien, ou en étions-nous avant que ce "je t'aime" le déstabilise et l'envoie dans un kaléidoscope de souvenirs? … Ah oui. Nous y sommes.

       William se mit au-dessus de Marine, le visage à un pouce du sien. Il la contempla un certain temps en lui caressant doucement les cheveux. Il retira finalement ses lunettes et ses yeux verts flamboyèrent d'une lueur accrut en l'absence des verres inhibiteurs. Son regard était empreint d'une fascination sans borne pour la dame nue qui était sous lui. Il continua d'admirer son visage et ses expressions tandis que patiemment, il commença à ôter son pantalon et son sous-vêtement en même temps. Lorsque ce fut fait, William se colla contre Marine. Laissant son membre se déployer de lui-même, car nul besoin de stimuli lorsqu'on est collé à un corps de nymphe. Le juriste ne la quittait pas des yeux, toujours à quelques centimètres de son visage, captant chaque expressions ; douleur, plaisir, tout était enregistré et la réaction immédiate.
       D'une main, William se guida pour se préparer à entrer. Il allait lentement, ne se précipitait jamais et marquait toujours un temps d'arrêt entre chaque étapes. Puis, il hocha légèrement la tête pour lui signifier qu'il allait y aller. Il commença donc à pousser légèrement, avalant les centimètres avec précaution. Ses mires émeraudes étaient toujours fixée sur Marine, attentif à ses réactions. La dernière chose qu'il voulait, c'était lui faire mal. Les sensations étaient incroyables pour lui mais il ne les laissait pas le submerger, ce moment précis appartenait à Marine. C'était un moment dont elle se souviendrait toute sa vie, que ce soit en bien ou en mal. Il était à l'écoute de Marine, mais il progressait aussi en fonction des contractions de cette dernière, parfois plus éloquent que les regards ou les exclamations. Puis au bout d'un moment, son pubis rencontra le sien, signe qu'il ne pouvait pas aller plus loin. D'un regard éloquent il demanda la permission de procédé puis commença de lents mouvements de va-et-vient. Pour l'instant, William se doutait qu'elle n'avait dû avoir aucun plaisir à cette première pénétration. Il commença donc à accélérer crescendo, comme une locomotive qui se met en marche. Il calqua le rythme sur la respiration de la jeune fille, s'enfonçant en elle lorsqu'elle inspirait, puis se retirant lorsqu'elle expirait. Le moment passé, il lui coula un doux baiser et descendit jusqu'à son oreille en flattant au passage, sa joue, de tendres baisers.

       -Est-ce que ça va?... susurra-t-il dans le creux de son oreille.

       Il aurait pu se poser cette question à lui même qu'il n'aurait pas été sûr de la réponse. Il cherchait tellement à bien faire, trop même, qu'il en devenait inquiet malgré lui. Heureusement, son inquiétude n'était pas assez forte pour réduire à néant sa vigueur. Une catastrophe si cela arrivait. Enfin pour l'instant il n'avait pas échoué dans son rôle d'homme expérimenté qui déflore une jeune fille. Tout va bien Dolan. Maintenant, le plaisir allait reprendre ses droits. La douleur de Marine allait disparaître progressivement et le stress de l'avocat avec.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le vendredi 25 juin 2010, 10:32:15
La main finit par se retirer de son intimité et l’avocat bascula alors sur elle mais il prit soin de ne pas l’écraser sous son poids, s’aidant de ses coudes et de ses avant-bras. Leurs visages étaient tout proche l’un de l’autre. Leurs souffles se mêlaient l’un à l’autre. Les doigts de William allèrent se perdre dans les volutes de feux des cheveux de sa compagne.

Il finit par se débarrasser de ses lunettes. C’était la première fois qu’elle le voyait sans. Elle avait toujours trouvé ses yeux magnifiques. Là, ils étaient encore plus sublimes comme s’il s’agissait des plus pures émeraudes existant au monde. Marine fut surprise d’y voir de l’anxiété. Il semblait appréhender le moment et guettait chaque mouvement de sa compagne. Elle en était touchée. Elle aurait voulue le rassurer en lui disant que tout ce qu’il ferait serait parfait mais elle savait bien que ça ne changerait rien.

Sans la quitter une seule seconde des yeux, elle sentit ses mains aller défaire et enlever le reste de ses vêtements. Bientôt, il fut nu contre elle. Elle avait déjà vu des hommes nus, quand on vit dans un camp complètement fermé où plus de 95% de personnes qui y vivent sont des hommes, un jour ou l’autre, on finit par en voir un dans son plus simple appareil. Mais ressentir un corps masculin totalement nu contre elle, ça, ça ne lui était jamais arrivé. Marine ressentait tout son corps contre le sien, les jambes, les cuisses, le ventre et bien sûr sa virilité, objet de désir et de peur.

Elle respirait vite, anxieuse. La main de William se glissa entre eux deux et elle sentit le membre se présenter contre l’entrée de son intimité. D’un geste de la tête, il lui indiqua qu’il allait la pénétrer. Elle hocha à peine la tête pour lui dire qu’elle était prête. Alors que le sexe de l’homme qu’elle aimait commençait à entrer en elle, la jeune femme retint son souffle attendant l’inévitable moment où il déchirerait son hymen et où la douleur se ferait ressentir.

Il avançait tout doucement, la laissant s’habituer à cette présence nouvelle. Et puis, arriva le moment tant redouté, et par elle et par lui. Le membre se trouva arrêter dans sa progression et dû forcer pour continuer, déchirant ainsi la fine membrane de peau et provoquant un léger saignement. Marine se contracta sous l’effet de la douleur mais elle fut surprise que cette douleur soit si peu intense. Elle pensait qu’elle aurait souffert bien plus que ça  mais ce qu’elle ressentait était plus proche du pincement un peu douloureux que d’une véritable douleur aigue. Se rendant compte qu’elle n’avait pas si mal que ça, elle se détendit un peu et continua de sentir le sexe de William s’enfoncer en elle jusqu’à la garde.
 
Les yeux émeraude vinrent quérir un nouvel assentiment de sa part et l’avocat commença à aller et venir en elle. Le souffle de la jeune femme s’accéléra sous ses mouvements. La sensation de frottement était un peu désagréable du fait de son déflorement mais elle ressentait aussi quelque chose d’autre, quelque chose de plus agréable, une ébauche de plaisir peut-être. C’était difficile à dire pour elle. Il poursuivit ses mouvements un moment avant de s’arrêter et de venir quérir un baiser, qu’elle lui donna bien volontiers, avant que la bouche de William ne descende vers son oreille distribuant toute une nuée de baiser au passage. Elle sentit alors son souffle contre son oreille puis sa voix chaude :


« Est-ce que ça va?... »

Elle esquissa un sourire qui se voulait rassurant.

« Oui, ça va… ça va très bien même »

Oui, maintenant que le moment tant redouté était passé, ils allaient pouvoir se détendre et le plaisir commencer à prendre ses droits. La sensation désagréable s’estompait de plus en plus, laissant Marine plus détendue et réceptive aux futures caresses et attentions de l’homme de sa vie.

« Je t’aime mon amour ! »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le lundi 28 juin 2010, 15:26:02
       William était plus ou moins rassuré. La réponse de Marine l’avait apaisée et il lui répondit par un baiser qui avait la même signification que son « je t’aime ». Le juriste n’était toujours pas à l’aise avec cette phrase et ne voulait pas la distribuer trop facilement, de peur qu’elle ne perde sa valeur lorsqu’il arrivait à la prononcer. Outre cette petite faiblesse dans l’expression de ses sentiments, William se rattrapait dans d’autres domaines. Notamment dans le cas présent. Certaines premières fois étaient très douloureuses par manque d’excitation ou même impossibles à cause de la peur. Heureusement, ça n’était jamais arrivé à Dolan. Quelle humiliation ! Il avait imaginé à peu près tous les scénarios catastrophes et c’était sans doute cela qui l’avait légèrement inquiété. Mais à quoi bon se perdre dans des  « Et si » qui empoisonnent ce moment et le bonheur que l’on en tire. La phase d’angoisse passée et franchie avec succès, il s’agissait maintenant d’extraire tout le plaisir qu’une union comme celle-là pouvait procurer. Dans ce domaine William n’était pas excessivement mauvais – toute abus modestie gardée bien entendu - .

       La jeune homme, moins anxieux, commença à chercher son propre plaisir. Les parois chaudes et humides se refermaient autour de lui, les sensations étaient exacerbées par ce vagin vierge, fantasme de nombreux hommes. Il se contractait, enfermant le membre dans une cangue brulante, et suivait celui-ci dans ses va-et-vient récurrents. Le rythme augmenta encore crescendo, jusqu’à ce que la symphonie atteigne son paroxysme d’intensité. William fourra son visage dans le cou de Marine. Une partie reposait sur un tapis de cheveux alors que l’autre s’appuyait sur la peau moite. Il sentait l’extase se profiler au loin et frémissait pour chaque contact avec sa belle. Ses jambes autour de sa taille, les mèches qui chatouillaient ses joues, agitées par le souffle de l’avocat, sa poitrine contre son torse et ses doigts qui caressaient le corps fin de long en large. Ses mains, parlons-en. Elles erraient sans but et aveugle sur ce désert de peau blanche. Leur rôle était passé et toute la concentration de William allait à l’évaluation, la sensation et l’extase de ce qui l’unissait à Marine.

       Finalement, il enserra le corps de sa belle et posa ses lèvres sur sa bouche. Il se redressa lentement sur ses genoux, l’aspirant à sa suite par un baiser qu’il ne fallait pas rompre. La manœuvre effectuée, Marine était assise sur lui. Les deux mains plaquées sur ses fesses, il continuait les va-et-vient avec moins de rapidité, mais plus d’amplitude. Il la soulevait, le membre sortait presque pour s’enfoncer de nouveau au plus profond de son aimée et il recommença son exploit, ignorant la fatigue et absorbant le plaisir que ce mouvement lui procurait. Alors qu’il sentait l’extase venir, il cessa ses mouvements et laissa à la jeune fille l’initiative de faire ce que ses envies et son corps lui dictaient. De toute façon, si elle ne voulait pas que les sensations s’arrêtent, il fallait bien qu’elle trouve par elle-même le moyen de les entretenir.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le vendredi 02 juillet 2010, 15:29:35
Une fois de plus, les lèvres de William s’emparèrent de celles de sa compagne, une manière pour lui de lui faire comprendre ce qu’il ressentait pour elle. La jeune femme avait  comprit depuis longtemps qu’il n’était pas des plus loquaces dans le domaine sentimental mais c’était une chose qu’elle acceptait sans peine. Elle-même n’étant pas forcément explicite non plus.

Elle le sentit recommencer à bouger en elle. La jeune femme avait l’impression de tout ressentir au centuple. Chaque fois que le membre de l’homme de son cœur s’enfonçait en elle, elle le sentait en entier. Elle sentait son sexe l’enserrer totalement, le tenant presque prisonnier. La douleur passée, les mouvements commençaient à donner du plaisir à Marine. Tout son corps s’éveillait et surtout des parties ignorées et insoupçonnées.

Le souffle court, le visage de l’homme coulissa dans son cou la caressant de son propre souffle. La peau qui se frottait contre la sienne était agréable et excitante. Ses seins étaient un peu compressés par la poitrine de l’homme mais cela ne la gênait pas. Au contraire, ils n’en étaient que plus stimulés encore. Ses mains dérivaient sur le cou et le dos de son amant, effleurant la peau, la caressant. Parfois, elles s’y agrippaient quand l’excitation montait d’un cran.

Doucement le bassin de Marine commença à osciller. La jeune femme suivait le rythme imposé par William, s’accordant à lui à la perfection. Elle se rendit compte qu’en suivant ses mouvements, les sensations étaient plus importantes, plus intenses. Elle poursuivit donc ses mouvements, découvrant tout doucement le plaisir.

Elle sentit les mains de son amant l’entourer et la soulever, alors qu’il s’emparait de sa bouche. Elle poussa un petit hoquet de surprise mais se laissa faire sans protester. Lorsqu’elle se retrouva assise sur lui, c’est un gémissement de plaisir qui alla mourir dans la gorge de William. Son sexe était encore plus profondément enfoncé en elle et se frottait de manière différente contre les parois de son vagin.

Les bouches ne se séparaient pas. Marine n’en avait pas envie. Sa langue jouait avec celle du juriste et refusait de s’en séparer. Elle l’embrassait avec fougue et passion. Les mains de l’homme glissèrent sur ses fesses et la soulevèrent avant de la faire redescendre sur sa verge. La belle rousse passa ses bras autour de son cou et se retint ainsi à lui tendit qu’il poursuivait ses va-et-vient en elle.

Marine explorait un tout nouveau monde emplit de sensations exquises et merveilleuses. Elle n’aurait jamais imaginé qu’un tel univers puisse exister. Mais, contre toute attente, William arrêta ses mouvements, se contentant de la tenir contre lui, son sexe toujours en elle. Surprise, elle abandonna ses lèvres et plongea son regard aigue-marine dans celui de son amour. Qu’attendait-il d’elle ? Elle n’avait pas envie que cela s’arrête. Elle bougea alors un peu son bassin et ses hanches pour encore éprouver les divines sensations. Le plaisir la parcourut comme une vraie décharge électrique surprenant la jeune femme. Etait-ce qu’il voulait ? Que se soit-elle qui prenne les devants ? Elle se sentait un peu perdue et terriblement maladroite.

Néanmoins, elle essaya de reproduire  les mouvements qu’il avait fais. Elle ramena ses jambes de chaque côté de son partenaire et se releva légèrement afin d’être dans une position comme celle qu’il avait adopté. Elle s’agrippa à son cou et s’aida de ses jambes pour se soulever contre lui. Les sensations s’immiscèrent à nouveau en elle. Elle recommença plusieurs fois le mouvement. D’abord hésitants, les mouvements se firent plus amples et plus rapides. C’était elle à présent qui donnait le rythme. Elle se basait sur ce qu’elle ressentait et le plaisir qu’elle prenait. Son visage dans le cou de l’avocat, elle gémissait de manière importante à présent.

Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le dimanche 15 août 2010, 12:54:02
       Marine, bien qu’un peu hésitante, prenait de plus en plus d’assurance. C’est elle qui imposait le rythme de la mélodie qu’ils composaient. Le changement de chef d’orchestre n’en altérait pas la qualité. Au contraire, William appréciait cette indépendance qu’il voyait comme un succès personnel – oui, la soif d’égo de l’avocat ne s’apaise pas, même en amour -, mais aussi comme un signe d’accomplissement pour la jeune femme inexpérimentée.

       William glissa sa main sur le galbe de ses cuisses, ne rencontrant aucunes irrégularités si ce n’est les presque imperceptibles changements de texture dus aux cicatrices. Il sentait les fibres des muscles de la cuisse se tendre sous ses doigts, lui prodiguant une sorte de plaisir animal parfaitement synchronisé avec les va-et-vient imposés par la jeune fille. Additionné au souffle chaud qui dégringolait périodiquement sur son cou en une avalanche torride, William sentait l’orgasme arriver. Il le réprima machinalement, car il ne voulait pas que cela se termine maintenant. Mais le rythme poussé imposé par Marine allait bientôt lui faire perdre le contrôle de son corps. C’est alors qu’il poussa un petit grondement de plaisir. Etait-ce un mouvement plus sensuel de la part de la jeune fille ou l’accumulation d’une extase contenue ? Sans doute un peu des deux. Quoiqu’il en soit, un barrage de volonté venait de céder et le flot non maitrisé d’émotions et de plaisirs se déversait dans l’avocat qui avait su plus ou moins garder la tête froide jusque là.

       Un petit effort sauvage accompagné d’un soupir rauque et primaire fut nécessaire à l’avocat pour renverser la jeune fille sur le dos. Il se serra contre elle et mordilla sans complexe la lèvre inférieure de sa compagne qu’il garda prisonnière entre ses bras puissants. William darda sur elle un regard dominateur, comme s’il défiait sa proie de lui échapper. Sans la quitter des yeux, il amorça un nouveau mouvement, son propre rythme, plus lent mais bien plus terrible que les précédents. L’assurance toute relative de Marine lui avait fait oublier qu’elle était inexpérimentée. L’acte était maintenant marqué par une intensité et un magnétisme animal que la jeune fille ne lui connaissait surement pas.
       William lâcha la lèvre de sa compagne car le rythme était maintenant plus élevé, mais toujours aussi intense, et elle bougeait tellement sous lui qu’il ne parviendrait pas à suivre ses lèvres sans lui faire mal. Il n’interrompit pas pour autant son regard allumé d’un désir ne souffrant aucune barrière morale. Cette femme était à lui. Rien d’autre n’occupait son esprit tourmenté par l’extase qui naissant entre ses reins.
       L’homme commençait à s’essouffler. L’effort était important mais le désir l’emportait sur les brulures de ses muscles qu’il sentait vaguement, comme si elles venaient de quelqu’un d’autre. Le rythme augmenta encore à tel point qu’il ne sentait désormais plus aucunes des subtilités du corps de sa belle. Puis, un feu liquide se concentra sur son membre l’inondant totalement. Il força encore le rythme et celui-ci sortit par poussées sporadiques qui lui extorquèrent un gémissement de plaisir.

       La tempête de désir balayée par cet ultime orgasme, William reprenait peu à peu conscience de son corps et de ses muscles éreintés. Ses bras furent les premiers à céder. Il s’affaissa délicatement sur Marine, sans pour autant l’accabler de son poids. Ses lèvres se collèrent naturellement à celles de sa belle comme un assoiffé à une fontaine. Il baisa ensuite longuement les contours de sa bouche, puis de son visage tout entier en quête de perles de sueur exquises.

       -Je t’aime, souffla-t-il entre deux baisers.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le dimanche 22 août 2010, 21:46:46
Tout au plaisir qui la dominait, elle en oubliait tout le reste. Marine était totalement égarée dans ses sensations au point d’en avoir peur. Elle avait vécu toute sa vie en s’imposant un contrôle stricte sur elle-même, ne se permettant aucun écart. La moindre défaillance l’aurait conduite à une mort certaine. Le seul qui est réussi à la déstabiliser avait été l’homme qui la tenait dans ses bras mais rien n’était comparable avec ce qu’elle vivait en cet instant. Leurs deux corps, liés l’un à l’autre, dansaient à un rythme fou que la jeune femme ne maitrisait pas du tout, elle suivait juste son instinct, un instinct primaire et animal, mais qui la décontenançait aussi. Elle avait toujours combattu ses instincts primaires et là, elle devait leur laisser libre-cours. C’était paradoxal et perturbant pour elle. Néanmoins, la danse se poursuivait et le rythme s’accentuait encore.

Puis, ce fut William qui reprit les devants, la faisant basculer en arrière. Ils se retrouvaient alors dans leur position première et le fait qu’il reprenne l’initiative était rassurant pour elle même si c’était très inhabituelle de se laisser guider. Le jeune homme ne quittait pas la belle rousse de ses yeux émeraude, son regard avait quelque chose d’hypnotisant. A cet instant, il ressemblait plus à un fauve qu’à un homme et elle, elle était devenue sa proie. Une impression renforcée par la légère morsure qu’il lui imposait sur sa lèvre alors que ses mouvements de bassins devenaient de plus en plus amples et profonds. Marine respirait de plus en plus vite et haletait sous les coups de reins imposés par son avocat. Le plaisir s’intensifiait en elle mais la perte de contrôle qu’elle éprouvait lui faisait peur, trop peur pour se laisser totalement aller. Une partie d’elle se bloquait. Même si l’envie et le plaisir étaient bien là, l’inconnu du moment l’effrayait de manière inconsciente comme un refus de perdre tout contrôle. Elle ne pouvait se laisser totalement aller à la différence de son amant qui lui.

Bientôt le rythme intense se conclut de la seule manière possible, la jouissance. Le gémissement de Dolan fit alors frissonner sa partenaire qui sentait son corps se tendre contre le sien et des spasmes le secouer. Bientôt, son corps se posa avec délicatesse sur celui de la jeune femme qui, tout comme lui, reprenait doucement son souffle. Marine n’avait pas eu d’orgasme mais ce n’était guère important pour elle. Le plaisir avait été là tout comme la douceur et la tendresse de William au début, pour ne pas lui faire mal. Il avait fait attention à elle comme si elle était un bien précieux, une statue ancienne ou une sculpture de cristal. Le côté plus animal de l’acte ne lui avait pas du tout déplut, bien au contraire. Les sensations qui l’avaient envahie étaient merveilleuses mais la peur de se laisser aller totalement l’avait empêchée d’aller au bout. La jeune femme ne s’en rendait cependant pas compte, elle avait eut du plaisir et n’attendait rien d’autre. La jouissance était inconnue d’elle alors on ne peut regretter ce que l’on ne connait pas. Et ce qui la réjouissait le plus, c’était que William ait aimé et l’ait aimé. Le reste était totalement secondaire.

Les lèvres de l’avocat s’égarèrent à nouveau sur le beau visage de sa compagne heureuse, qui affichait un fort joli sourire. Le « je t’aime » ne fit que le renforcer. Pour un peu, elle aurait cru que son cœur n’aurait pas pu supporter autant de joie, lui qui n’avait jusqu’alors connu que souffrances. De petites perles d’eau salée se formèrent aux coins des yeux aigue-marine avant de couler vers les tempes. Elle était simplement heureuse.


« Je t’aime aussi, je t’aime tellement William »

Ses bras entourèrent la taille de son homme comme pour s’assurer qu’il était bien là et qu’il n’allait pas la quitter. A son tour, elle embrassa ses lèvres, sa joue avant d’aller chercher la peau humide de son cou. Elle susurra un nouveau « je t’aime » à son oreille. Des mots à peine prononcés, qui ne devaient être entendus que de lui parce que ce moment n’était qu’à eux. La tête nichée dans le cou de son amant, la douce langueur d’après l’amour commençait à l’envahir. Elle se sentait doucement partir. Sa fin de journée avait été plutôt chargée : sa sortie de l’hôpital, son renvoie de l’hôtel, les retrouvailles avec l’homme de sa vie et surtout ce merveilleux moment, sa première fois, leur amour qui s’était concrétisé de manière physique. La fatigue finit par l’emporter. Ses yeux se fermèrent doucement, son souffle se fit plus lent, et, toujours le sourire aux lèvres, elle plongea dans le sommeil, les bras toujours autour de William.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le dimanche 29 août 2010, 23:32:48
       -Monsieur Dolan?

       William leva les yeux vers celui qui venait de le tirer de sa rêverie. Le sourire songeur qu'il arborait s'évanouit lorsqu'il avisa que toute la salle de réunion avait les yeux braqués sur lui. D'un geste impatient, il incita le comptable du cabinet à poursuivre son rapport et fixa les uns après les autres ses employés afin qu'ils détournent les yeux. Malgré les apparences, William était d'excellente humeur, bien qu'un peu fatigué. Marine s'était endormie dans ses bras et il avait bien fait attention à ne pas la réveiller lorsqu'il s'était levé aux aurores pour travailler. Il était un peu contrarié d'avoir quitter les bras de sa compagne pour assister à la sempiternelle réunion mensuelle. Le chef comptable, les avocats, tous les piliers de l'entreprise venaient faire leur rapport. Ce rituel instauré par Dolan était essentiel pour la bonne synchronisation du cabinet mais il était d'un ennui mortel. Le juriste se força à redresser la tête et adopta une expression intéressée qu'il espérait assez convaincante, puis il replongea dans des pensées plus agréable. Il n'était pas parti comme un voleur de son appartement. Il avait laissé un petit mot à Marine pour lui expliquer son absence et en l'invitant à prendre ses aises. Tiens! Cela lui rappelait qu'il devait trouver un habile stratagème pour la convaincre d'habiter chez lui. Ça serait agréable de l'avoir en permanence avec lui. Même s'il n'avait jamais habité avec une femme auparavant, ça ne lui faisait pas peur. Au contraire, ça le rendait plutôt enthousiaste. Marine était très précieuse. Au delà du fait qu'elle soit sa petite amie, c'était la seule personne qui savait tout de lui. Il n'avait plus de secrets à lui cacher. Elle avait un pouvoir sur lui, car elle en savait trop. "Il faut garder la tête froide". C'est ce qu'il se répétait sans cesse lorsque les vapeurs enivrantes de l'amour lui faisaient faire des erreurs. C'est alors qu'il se posait cette question : Serais-tu prêt à l'éliminer pour préserver ton empire Dolan? Tant que la réponse serait "oui", rien n'était perdu pour l'amoureux transit qu'il semblait être devenu. Et grâce au ciel, la réponse était bel et bien "oui" à chaque fois qu'il se la posait. "C'est bien William. Tu n'es pas irrécupérable."

       C'était elle. William le sentait. La seule femme qui connaisse et qui aime Dolan. Elle serait parfaite pour... partager sa vie? Ils s'aimaient, la demande en mariage ne serait donc pas une aberration. Pffff. Ce n'est pas de cette façon qu'il faut penser. William avait besoin de se ranger. Il avait un métier stable et était tout à fait capable d'entretenir une famille. Ce serait également un moyen de régulariser Marine. En tant qu'épouse, elle bénéficierait de son nom, et toutes les portes qui lui étaient actuellement fermées s'ouvriraient en grand pour elle. Il fallait également préparer un contrat de mariage. En cas de divorce, il était inconcevable qu'elle s'en aille avec la moitié de ses biens. Le juriste se tapa mentalement le front. "C'est à ça qu'il fallait penser en premier imbécile. Tu te ramollis!".


       Il est 11h56, nous sommes le 19 janvier. Maitre Dolan s'apprêtait à rentrer dans son bureau lorsqu'il fut interceptée par sa secrétaire. Elle se mit à le gratifier d'un sourire réellement impressionnant. William se demandait toujours comment elle arrivait à étirer sa bouche de cette façon.

       -J'ai un message pour vous, s'exclama-t-elle d'un ton qui laissait croire qu'elle avait gagnée au loto.

       -Et en quoi est-ce une bonne nouvelle? Demanda-t-il d'une voix morne.

       Niji lui tendit alors un papier que l'avocat ouvrit avec curiosité. "Je suis là où tu m'as volé à Platon". Ce petit mot suffisait à éclairer la journée de William qui se mit à sourire bêtement. Il se reprit lorsqu'il avisa que sa secrétaire le regardait toujours et la remercia d'un air grave.

       -Vous l'avez lu n'est-ce pas? Demanda-t-il d'un air soupçonneux.

       -Bien sûr que non, s'offusqua-t-elle en retournant derrière son bureau, visiblement vexée. A propos, vous n'avez pas de rendez-vous cet après-midi et un bouquet vous attend dans votre bureau.

       Ne sachant pas s'il devait s'énerver ou la remercier, il abandonna la partie et ouvrit la grande porte à double battant. Il jeta un coup d'œil à sa montre et attrapa le bouquet de fleur. William se figea lorsque sa main toucha le plastique qui enveloppait les fleurs. Elles étaient magnifiques, ce n'était pas le problème, mais il sentait une sensation désagréable qui n'aurait pas du ressentir alors qu'il s'apprêtait à aller voir sa petite amie. Le stress. "Pas de quoi stresser William, tu vas seulement faire une demande en mariage". L'avocat secoua la tête en souriant d'un air désabusé et sortit de son bureau d'un pas décidé.


       -J'aime bien celle-là, déclara Dolan en faisant tourner la bague entre ses doigts.

       -Or blanc sertie de 42 diamants de 0,08 carats chacun. Très bon choix monsieur, lui assura le vendeur qui accompagnait Dolan.

       Ideki venait de l'arrêter à la prestigieuse bijouterie Boucheron, joaillier français. Il avait jeté son dévolu sur un modèle assez fin pour lui. Il s'agissait d'une torsade d'or blanc piquetée de petits diamants. Et bien quoi? Il n'y pas de honte à être riche. Dolan se laissa un peu de temps pour réfléchir tandis que le marchand doté d'une patience infinie attendait son bon vouloir. Le bijou n'était pas trop "bling bling", ce n'était pas de l'or jaune et les pierres étaient assez petites pour rendre le bijou magnifique sans pour autant puer le fric.
       C'est finalement cette alliance qu'il acheta au prix d'une petit voiture et qu'il glissa avec sa boite dans la poche extérieur de sa veste. Il était maintenant temps d'aller à la bibliothèque. Son chauffeur l'y conduit et il descendit devant l'entrée de l'imposante bibliothèque de Seikusu. Toutes traces de nervosité avaient disparues. Il s'engouffra dans la salle où régnait un silence religieux. Le juriste ne mit pas longtemps avant d'apercevoir l'objet de sa quête. Une chevelure rousse reconnaissable entre milles - et ce qui était en-dessous - se tenait devant une étagère, un livre à la main. Le bouquet de fleur à la main il approcha doucement de la jeune fille qui ne semblait pas l'avoir vue. Il lui effleura légèrement l'épaule et prit une expression faussement timide.

       -Bonjour mademoiselle, je m'appelle William Dolan et je suis venu m'excuser de mon comportement intolérable au restaurant.

       Bien que son numéro de théâtre soit parfaitement interprété, il ne put s'empêcher de sourire.

       -Mais je dois vous avouez que ce n'est pas la seule raison qui m'a poussée ici.

       C'était à peu près les premier mots qu'il avait dit à Marine lorsqu'il lui avait parlé pour la première fois. Cette époque lui semblait loin, mais elle était pleine de souvenirs qu'il chérissait avec amour.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mardi 31 août 2010, 14:58:36
Marine ouvrit doucement un œil. Les rayons de soleil pénétraient à flots dans la pièce. La matinée devait être déjà bien entamée. Marine passa sa main sur le côté mais ne rencontra que du vide. Elle tourna sa tête et vit la place vide. Elle soupira. William avait dû se lever pour aller travailler. Elle aurait bien aimé se réveiller près de lui, dans ses bras mais elle savait aussi que son métier lui prenait beaucoup de temps et elle ne voulait pas qu’il se sente obligé de rester avec elle. Son travail, c’était sa vie. Elle s’en était rendue compte et l’acceptait totalement.

Elle se redressa et s’assit sur le clic-clac déplié. La rouquine ramena ses genoux contre elle et posa sa tête dessus, repensant à la nuit qu’elle venait de passer. Sa première nuit avec un homme, sa première nuit avec son homme, son amour, William. Elle sourit, rêveuse. Elle ne pensait pas qu’elle prendrait autant de plaisir à faire l’amour mais le fait que se soit avec son avocat n’y était pas étrangé.

La demoiselle s’étira tel un chat et s’extirpa du canapé. Elle ne put que remarquer la tache de sang qui y figurait. Finalement, elle fut heureuse que son compagnon ne soit pas là car elle trouvait ça terriblement gênant même si c’était la nature comme on dit pudiquement. Marine alla jusqu’à l’une des portes et sur un coup de chance, et ouvrit celle qui donnait sur une petite salle de bain. Une douche ne serait pas superflue. Elle se glissa dans la cabine et fit couler l’eau sur sa peau. D’abord froide, elle se réchauffa en quelques secondes. La douche était un moment privilégiée pour la jeune femme qui arrivait toujours à se détendre sous le flot liquide. Elle y resta d’ailleurs un peu plus longtemps que nécessaire car cela lui permettait de réfléchir et là, elle en avait besoin.

Après cette première nuit passée avec William, quelle allait être la suite de l’histoire ? La logique voudrait qu’ils vivent ensemble. Quoique c’était un peu rapide peut-être. Peut-être que l’appartement que lui avait proposé William était encore libre. Auquel cas, elle pourrait s’y installer et ils se verraient souvent c’est-à-dire tous les jours. De toute façon, elle devrait attendre de voir Dolan pour voir ce qui allait se passer. Elle ferma le robinet et repartit dans le salon qui faisait office de chambre. Elle attrapa ses affaires et se rhabilla. Il faudra qu’elle pense à récupérer sa valise restée dans la voiture. Elle regarda l’horloge : 10h24. Oui, vraiment il était tard et cela la fit sourire. C’était la première fois de sa vie qu’elle restait aussi tard au lit. Mais c’était aussi la première fois que les cauchemars ne la réveillaient pas. Elle avait passé une nuit calme et régénératrice. Un vrai bonheur.

Marine attrapa le petit mot laissé par son ami qui lui indiquait qu’il était parti à une réunion. Elle s’en était doutée. Et elle, qu’allait-elle faire ? Elle ne se voyait pas vraiment rester là, à attendre le retour de son chevalier servant. Elle avait besoin de sortir. Elle marcha jusqu’à la porte qui donnait sur le cabinet et y toqua. L’absence de bruit lui apprit que personne ne devait s’y trouver. Elle y entra et fut déçue d’avoir raison, elle aurait bien aimé le voir mais se serait pour plus tard. Elle passa les portes à double battant et se retrouva devant le bureau de la secrétaire qui sourit en voyant la jeune femme croisée la veille. Marine rougit mais se reprit vite.


« Excusez-moi, vous auriez un papier et un crayon, s’il vous plait ? »

La secrétaire lui tendit ce qu’elle lui demandait et Marine rédigea un petit mot, un sourire taquin illuminait ses lèvres. Elle voulait lui laisser une note pour lui dire où elle se trouverait. Mais plutôt que de le dire de manière simple, autant le faire avec un peu d’humour. Une fois rédigé, elle plia le billet et le tendit à Niji.

« Pourriez-vous remettre ce mot à maître Dolan, s’il vous plait ? »

La secrétaire arbora un sourire encore plus large.

« Bien sûr mademoiselle »

« Merci »

Sans plus de palabres, la jeune femme se dirigea vers l’ascenseur et rejoignit le hall d’entrée de l’immeuble. A partir de là, elle retrouva facilement son chemin jusqu’à sa chère bibliothèque, l’endroit où ils s’étaient presque rencontrés. Le premier lieu étant le petit restaurant. Mais c’était là qu’ils avaient échangés leurs premiers mots. Simplement heureuse, Marine s’approcha des rayonnages et s’empara d’un nouveau livre de philosophie, sa passion.

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Les heures passèrent et son livre exploré, elle alla le remettre sur son étagère et s’empara d’un nouvel ouvrage. Quand soudain, elle sentit une main se poser sur son épaule. Sursautant légèrement, elle tourna la tête pour se retrouver face au visage adoré.


« Bonjour mademoiselle, je m'appelle William Dolan et je suis venu m'excuser de mon comportement intolérable au restaurant – il sourit - Mais je dois vous avouez que ce n'est pas la seule raison qui m'a poussée ici »

Elle sourit de plus belle en entendant ses mots.

« Ah ? Et quelle autre raison peut bien vous amener jusqu’ici, monsieur Dolan ? »

Elle remarqua le bouquet de fleurs. En même temps, il était difficile de passer à côté. Il était magnifique.

« Quelles fleurs superbes ! »

Sans vraiment attendre une réponse, elle se pencha vers lui et déposa un doux baiser sur les lèvres de William.

« Ravie de te voir mon amour ! Tu m’as manqué »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mardi 31 août 2010, 19:51:13
       Dolan était ravi de la revoir et tout le stress qu'il avait ressenti s'était évaporé au moment où elle s'était mise à sourire. Tandis qu'elle regardait les fleurs, lui, observait le livre qu'elle tenait. Ah! Le vieil ennemi et principal rival de William Dolan ; le très négligé Platon. Le fait qu'il soit mort n'était qu'une excuse pour justifier son échec. Après ce constat qui s'imposait de lui-même, William réceptionna le baiser de sa compagne avec plaisir, et après seulement, il daigna lui répondre.

       -Tu m'as manquée aussi, fit-il avec gentillesse. Je suis venu pour t'arracher une nouvelle fois au temple du savoir bien entendu.

       Tout en la gratifiant d'un large sourire, il fit mine de la kidnapper. Il lui laissant quand même le temps de se préparer et il l'entraina hors de la bibliothèque. Le soleil était au rendez-vous et faisait cligner les yeux à Dolan qui n'y était pas habitués en plein mois de janvier. La berline les attendait juste devant l'immense bibliothèque. Ideki, le chauffeur semblait ravi de revoir Marine. Enfin... ravi était un bien grand mot car il se contentait d'afficher un petit sourire au lieu d'adopter l'air solennel qui sied au chauffeur de William Dolan. Il la salua d'un petit signe de tête et lui ouvrit la portière. L'avocat entra à sa suite et la porte se referma derrière lui. La jeune fille proprement kidnappée, son ravisseur indiqua la prochaine destination de la berline. Direction la plage. William avait des envies de nostalgie et pour ce qu'il s'apprêtait à faire c'était plutôt adéquat.

       La voiture s'arrêta sur la digue qui surplombait la plage. Les fanions hissés sur des pylônes indiquaient qu'il y avait une légère brise venant du large. De peur qu'elle soit fraiche William sortit d'une pochette du siège passager, une sorte de châle en laine qu'il passa autour des épaules de la jeune fille. Pendant ce temps, Ideki avait déjà ouvert les portières. Il attendit que les jeunes gens descendent et disparut avec la voiture. La main de Marine coincée dans la sienne, il s'approcha du muret qui annonçait les limites de la digue. C'est là qu'il avait embrassée Marine pour la première fois. Enfin pas exactement. Le premier baiser, il lui avait honteusement volé devant son hôtel. Le second c'était elle qui s'était justement vengée. Mais le vrai baiser avait été consommé ici.

       -Tu t'en rappelles? Demanda-t-il doucement.

       Si ce n'était pas le cas, William lui rafraichit la mémoire. Il s'approcha délicatement d'elle et commença d'abord par déposer un timide baiser sur sa joue. Il l'enlaça, faisant de son corps un rempart contre le vent. Puis sa bouche se déplaça vers la commissure de ses lèvres. A la mesure qu'elle se rapprochait des lèvres carmins, les baisers se firent plus assurés, beaucoup moins timides. Lorsque leurs bouche ne firent plus qu'un, il s'appliqua avec patience à lui rendre hommage. Ce n'était pas un baiser pressé qui avait un objectif ou une signification. Il l'embrassait car il aimait ça et comptait bien partager cette amour.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le mercredi 01 septembre 2010, 14:55:32
Marine sourit alors qu’il lui disait vouloir l’enlever. Elle replaça le livre sur l’étagère. Une nouvelle fois, elle dit adieu à Platon. Décidément, le pauvre philosophe ne pourrait jamais gagner face au redoutable avocat qui avait ravi son cœur.

Elle le suivit, la main dans la main. Il l’enlevait mais la victime était, là, totalement consentante. Ideki les attendait devant la berline. Il souriait et la jeune femme lui répondit de la même manière. Jamais elle n’oublierait ce qu’il avait fait pour elle. Il faisait froid mais le soleil était au rendez-vous et réchauffait un peu l’atmosphère. La jolie rouquine pénétra à l’intérieur de la voiture et William la rejoignit. Il indiqua alors leur destination : la plage.

Elle sourit. La plage. Quel merveilleux souvenir. Cette soirée avait été si agréable. C’était là qu’ils s’étaient avoué leur amour. Là qu’il lui avait dit qu’il prendrait soin d’elle. Là qu’ils avaient échangé leur premier vrai baiser.

Lorsque la voiture s’arrêta, maître Dolan sortit un châle qu’il déposa sur ses épaules. Marine n’avait pas pris sa cape ce matin-là aussi cette protection contre le vent du large serait la bienvenue. Une nouvelle fois il s’empara de sa main et la conduisit jusqu’au petit muret de la digue. Ils se trouvaient, à peu de chose prêt, au même emplacement que ce soir-là. D’ailleurs William lui demanda si elle s’en rappelait.


« Oui, oui bien sûr que je m’en rappel. Je ne pourrais jamais l’oublier, William »

Malgré sa réponse, le jeune homme se mit en devoir de lui rappeler ce moment. Il commença à embrasser sa joue avant d’atteindre ses lèvres. C’est à ce moment que Marine comprit à quel point il lui avait manqué ce matin. Elle se laissa faire un moment avant de prendre une part plus active au baiser. Sa langue vint jouer avec celle de son compagnon. Elles se mirent alors à danser ensemble avec tendresse d’abord puis avec passion. La demoiselle passa ses bras autour du cou William et se colla contre lui, profitant du contact et de la chaleur de son compagnon. Cette nuit, elle avait découvert, touché, caressé ce corps à la plastique parfaite. Lorsqu’ils se séparèrent, la jeune femme avait le souffle court.

« Et bien, il est encore meilleur que le tout premier mais j’ai comme l’impression que tes baisers seront meilleurs à chaque fois. Je ne me lasserai jamais de tes baisers mon amour »

Elle lui sourit avant d’aller chercher une nouvelle fois ses lèvres. Pour une fois, la jeune femme prit les devants et lui donna un baiser passionné. Il se passa un bon moment, qui ne sembla être que quelques secondes pour Marine, avant qu’elle n’y mette un terme.

« Je t’aime William »

Elle posa alors sa tête contre son torse alors que ses bras quittèrent son cou pour aller enserrer sa taille.

« Je suis si bien avec toi, si heureuse »
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le mercredi 01 septembre 2010, 20:36:29
       William se laissa complimenter sur la qualité de ses baisers avec l'expression d'un chat qui vient de ramener une souris à sa maitresse. Il cueillit d'ailleurs un nouveau baiser avec plaisir, laissant le moment durer et s'étendre indéfiniment. Il se promit de ne pas mettre un terme à celui-là. C'était Marine qui l'avait provoquée, elle devait assumer d'y mettre fin. Ce qu'elle fit au bout d'un certain temps. Quelques secondes? Minutes? William ne serait le dire. Elle prononça ensuite les mots qui était si râpeux dans sa propre gorge mais qui avait la douceur du miel dans ses oreilles. Cependant, l'heure n'était pas à la retenue et aux pensées pragmatiques. Pour une fois, elles n'étaient que parasites.

       Le moment était-il opportun? D'ailleurs comment le reconnaître? Le soleil brillait, oui. La mer scintillait comme si elle était faite de jade, oui. Le vent soufflait entre les construction des hommes, émettant ses sifflements plaintifs d'être ainsi dérangé dans sa course. La vérité, c'est que l'avocat n'avait aucune idée de ce à quoi pouvait bien ressembler ce moment aux yeux de Marine, ni ce à quoi il devait ressembler. Pourtant, sa main droite échappa à son contrôle. Spectateur impuissant, il la regardait faire ce qu'il était incapable de concevoir par lui-même. Elle se glissa dans la poche de sa veste et sortit une petite boite qui tenait toute entière dans sa paume. William observa l'objet pendant un court instant, stupéfait par ce qu'il voyait, puis ses mires vertes glissèrent sur sa compagne. Sa voix ne tremblait pas lorsqu'il ouvrit la bouche et plaça la boite juste devant elle.

       -Je t'aime, prononça-t-il avec une simplicité déconcertante.

       Son pouce se glissa dans l'interstice de la petite boite qui commença à s'ouvrir lentement. Arrivé à un certain point, le couvercle s'ouvrit de lui-même, sans l'aide de Dolan, laissant voir un bijoux posé sur son socle de velours. Les minuscules diamants incrustés dans le métal précieux entreprirent alors de refléter à l'unisson la lumière du midi, comme d'innombrables soleils miniatures.

       -Pour toujours, ajouta-t-il d'une voix qui ne flanchait pas.

       William gardait les yeux fixés sur Marine, une expression bien singulière sur son visage. Il était surpris d'avoir réussit à s'exprimer sans bégayer, mais il faut croire que les mots n'étaient jamais un problème avec William Dolan. Aaaaah, un peu d'arrogance ça ne faisait pas de mal, car il avait également l'impression d'être un insecte en plein milieu d'une autoroute, priant des dieux ou forces inconnus pour ne pas mourir écrasé. Tout cela s'exprimait sur son visage qui était dorénavant un vrai miroir placé devant la jeune fille. Si elle souriait, il souriait et si elle devenait triste, il le devenait également. Tout dépendait d'elle.
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: Marine le jeudi 02 septembre 2010, 17:52:59
Marine s'attendait à beaucoup de choses mais certainement pas à ce qui était de se passer devant ses yeux. Pour un peu, elle aurait cru que tout ceci se passait pour quelqu'un d'autre. Pourtant, il n'y avait qu'eux sur la digue, juste William et elle. Elle avait l'impression que la scène se passait au ralenti. Le jeune homme dont la main alla chercher une petite boite rouge dans sa poche et la lui présenta. Un "je t'aime" et puis la petite boite livra son secret. Le cœur de Marine sauta un battement lorsqu'elle découvrit l'objet : une bague, une magnifique bague. Elle était simple mais superbe. Le "pour toujours" la sortit de son rêve.

La jeune femme cligna plusieurs fois des yeux. son regard passait successivement de la bague à William. Elle ne savait pas trop ce qu'il attendait d'elle ou plutôt elle n'osait pas croire à ce qu'il pouvait vouloir. Lui offrait-il vraiment son rêve de petite fille ? Lui offrait-il une partie de son dessin ? Le mari et la femme qui se tenaient par la main. Pour un peu, elle aurait cru qu'il se jouait d'elle mais elle le connaissait assez pour savoir que ce n'était pas dans ses habitudes. Ce n'était pas un sketch ou une plaisanterie, c'est pour de vrai.

Les yeux bleu se mirent à déverser des flots d'eau salée sur ses joues pâles et légèrement rosées par le froid. Elle porta ses mains à sa bouche et essaya de formuler quelque chose mais aucun son ne s'échappa de ses lèvres vermeilles. William semblait y être suspendu, attendant un verdict qui mettait du temps à venir tant la jeune femme était sous le choc. Une rafale de vent vint déranger ses cheveux et lui apporta de la fraicheur et surtout la remit un peu en contact avec la réalité. Ses doigts s'éloignèrent de sa bouche et un magnifique sourire vint s'y plaquer. Les mots finirent par sortir, hésitants.


"Est-ce que... est-ce que je comprends bien ce que tu me demandes ? - elle se mordit légèrement la lèvre inférieure - Est-ce que tu me demandes de t'épouser ?"

Les yeux brillants, ses larmes coulants toujours sur ses joues, son cou. Le sourire de plus en plus rayonnant et la joie l'envahissant. Elle s'autorisait tout doucement à y croire. La vie semblait vouloir lui faire le plus merveilleux cadeau qui soit, l'amour de l'homme qu'elle aimait. Un homme loin d'être parfait mais dont elle avait appris aimer les défauts et les qualités. Des qualités qui supplantaient tout le reste. L'amour rend aveugle (commentaire inopiné de la joueuse). Elle se reprit et finit par la^cher la réponse attendue et cette fois sans trembler.

"Oui"
Titre: Re : Une pause s'impose
Posté par: William Dolan le vendredi 03 septembre 2010, 09:35:01
       William buvait ses paroles. Son cœur se serrait toujours plus à mesure que les secondes s'étiraient cruellement. Elle pleurait. Tristesse ou joie? Le cœur du jeune hommes faisait des cabrioles dans sa poitrine alors que ses impressions passaient d'un côté à l'autre. La peur se faisait également sentir, susurrant ses paroles venimeuses à ses oreilles qui, paradoxalement, leur prêtaient attention. "Elle n'est pas prête", ou encore "C'est beaucoup trop rapide" étaient les raisons que pouvait invoquer la jeune fille pour lui répondre "non", et qui le tourmentaient affreusement.
       Aussi harcelé par ses démons qu'il pouvait l'être, lorsque l'ultime réponse de Marine vint à ses oreilles, le silence s'imposa d'un seul coup. La peur et les doutes disparurent laissant derrière eux un vide immense et effrayant. Puis, ce vide fut rempli par une déflagration de joie qui vint lui chatouiller les poumons, obligeant le jeune homme à rire de bonheur. Il était tellement soulagé.

       Avant que Marine ne lui jette un regard interrogateur, il s'empara de ses lèvres avec passion et poussa son baiser jusqu'aux limites de l'équilibre de la jeune fille. Il eut toutefois la présence d'esprit de la retenir d'une main pour éviter que son feu dévorant ne la fasse chuter. L'usage voulait qu'on passe la bague au doigt de la futur épouse avant de l'embrasser, mais les coutumes pouvaient aller se faire voir ailleurs. Ce n'est pas ce fichu bout de métal qui allait retarder son rendez-vous avec les lèvres de sa compagne. Ce n'est que lorsqu'il se fut suffisamment désaltéré, qu'il prêta enfin attention à la bague.
        Un sourire aux lèvres, William passa le bijoux à l'annulaire de la jeune fille. Ça y est. Il était maintenant fiancé. Par contre la cérémonie risquait de manquer d'invités puisque ni Marine, ni William n'avait de famille. Enfin si, théoriquement, William en avait une mais il doutait franchement que ses parents – même s'ils le pouvaient – assisteraient aux noces de leur fils déshérité. Il était donc très probable que les bancs ne soient pas nécessaires, ce qui rendrait le moment plus intime.


       Il y avait une constante éternelle, c'était l'amour que Dolan avait pour Marine. Mais il n'y que les imbéciles qui croient que le manque d'amour est la seule chose qui puisse nuire à un couple. L'amour est loin de suffire. En son nom, on est prêt à faire des concessions, le chargeant de masquer les défauts de l'autre derrière un écran immaculé. Cela fonctionne... Pour un temps. L'écran peut se fissurer et laisser voir les immondices qui se trouvent derrière, ou pire, les immondices peuvent franchir d'elles-mêmes cet écran. C'était le risque insensé que prenait Marine. On ne trouve pas le bonheur en ignorant le malheur. En effet, si le bonheur naît du malheur, le malheur est caché au sein du bonheur...