Une herbe verte, douce et moelleuse sous ses pieds. Un ciel d’un bleu presque indigo, parsemé d’étoiles brillantes et scintillantes. Une petite brise printanière, ni trop froide, ni trop chaude - juste de quoi faire bouger les feuilles d’un vert émeraude et les cheveux d’un blond doré de la licorne aussi à même le sol herbé.
Maeilera, car il s’agissait bien de la reine des licornes, était seule. Pour une rare fois loin de sa harde, elle s’était presque avachie sur le sol - sans s’embarasser d’une quelconque nappe de pique-nique ou d’un manteau pour se protéger de la nature - la tête rejeté en arrière pour regarder le ciel changer de couleur.
La licorne avait passé la journée ici installée, regardant la nature changer autour d’elle - en silence, sans un mot, sans un bruit - contemplant ce nouveau monde qui serait pour l’instant le sien et celui de son groupe. Elle aurait pu venir dans ce champ, à l'orée de cette forêt, dans sa forme première - mais elle était venue accompagnée de son amie la liqueur, aussi lui fallait-il des mains pour boire.
Car, n’en déplaise à ceux qui la critiqueraient, Maeilera était venu ici pour se détendre avec du courage liquide. L’alcool qu’elle s’était procurée - en échange de service, elle qui n’avait pas un sou dans ce nouveau monde – était une production locale qui sentait le miel et le musc. Quelque chose de puissant, elle pouvait déjà le sentir rien qu’à l’odeur qui se dégageait du liquide ambré.
C’était donc armé de plusieurs bouteilles - et pas un verre en vue - qu’elle s’était tranquillement mise à siroter son acquisition en profitant de la brise environnante. Il fallait qu’elle arrive à se sortir de sa tête, elle qui ne pouvait que penser à tous les problèmes que leur arrivée dans ce nouveau monde allait leur créer.
Alors que le soleil faisait lentement sa révolution, Maeilera sentait peu à peu l’alcool l’alanguir, la réchauffer et la … ramollir. Car oui, l’effet était assez pernicieux, la rendant presque fatiguée. Mais la fatigue n’était pas réellement ce qu’elle ressentait, car une excitation sous-jacente s’était fait sentir dans son estomac. Elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il y avait quelque chose d’un peu « déviant » dans cet alcool… mais elle était seule, alors qu’importe.
Toujours sous sa forme humaine, une bouteille en verre à la main presque vide, les jambes pliées en v sous elle, Maeilera rejeta la tête en arrière, arquant son cou d’une manière presque gracieuse alors qu’elle avalait ce qui restait du liquide dans cette énième bouteille ; le liquide dépassant légèrement de sa bouche alors qu’elle buvait trop vite lui cascada le long des courbes de sa gorge pour aller se nicher entre ses seins - mais elle ne le sentit même pas, trop occupée à boire.
“Hhhaaa …” le soupir que la licorne relâcha après avoir fini la bouteille aurait rendu ivre quiconque l’aurait senti, tant l’alcool était chargé sur sa langue. Mais cela ne semblait pas assez pour Maeilera qui, les joues presque rouges à présent et les yeux emplis d’une brume imbibée, cherchait autour d’elle une autre bouteille à vider.
Mais un bruit attira son attention, et elle tourna lentement la tête sur la droite pour voir que …
Ce qui s’était présenté à sa vue était un jeune homme marchant de manière presque conquérante, comme si le lieu lui appartenait. Et pour tout dire, Maeleria n’était pas sûre qu’elle ne se trouve pas sur un terrain privé, mais pour être tout à fait honnête, à cet instant, elle s’en fichait un peu.
Un ‘bonsoir’ habillé d’une voix rauque et caressante s’élève entre eux - l’homme semblait aimable et non agressif, aussi la licorne décide de le laisser s'approcher, sans riposte.
“Fuuh ~” c’est presque un rire qui échappe à la reine, alors qu’elle le regarde s’installer. Elle ne répond pas à sa salutation, plus intriguée par sa présence - et l’alcool l’ayant assez détendue pour qu’elle ne l’embroche pas de précaution.
Jetant un regard fugace à la besace, elle porte par la suite son regard sur l’humain, le détaillant de la tête au pied. C’est étonnant à quel point il est ‘normal’, cela fait bien longtemps qu’elle n’a pas vu quelqu’un de tellement beau qu’il vous brule la rétine ou de tellement laid que vous avez envie de vous arracher les yeux. La Faerie est peuplée de créatures toutes plus étonnantes les unes que les autres, après tout et la plupart se trouvent sur un spectre ou l’autre de la beauté.
C’était presque reposant, à quel point il était normal. Ceci dit, la licorne ne se laissait pas convaincre par une apparence physique - elle sait que les fleurs les plus mortelles sont en général les plus bénignes à la vue.
De manière intéressante, il ne fait pas cas de son silence et continue à lui parler - lui expliquer la raison de sa présence. Alors certes, le lac ne lui appartient pas - grand bien lui fait de l’utiliser pour se laver - mais les bouteilles sont le fruit de son dur labeur ; il ne manque pas de culot, le poulain !
“Pourquoi je partagerai ?” est la question qui sort naturellement de sa bouche, alors qu’elle penche lentement la tête sur la gauche, sa longue chevelure cascadant pour suivre le mouvement. Si on s’était trouvé dans un anime de télévision - et quelle invention que celle ci, Maelera s’en était trouvée fascinée par la chose - un “?” vibrant serait apparu au-dessus de sa tête.
Partager, c’est savourer ? Peut être était-ce une différence de vécu de vie, parce que pour elle, partager avec d'autres gens que sa harde, c’était perdre quelque chose qui lui appartenait.
Encore quelques heures plus tôt et elle l’aurait envoyer loin d’elle avec d’abord une parole acerbe, avant d’user de force s’il avait refusé. Mais, à présent, elle est détendue et ‘pompette’ dirons nous - aussi avec un petit ricanement presque équin, elle lui fait un signe de la main pour s’installer.
“Ce lieu n’est pas le mien – installe toi, poulain. Mais pour les bouteilles… elles ne sont pas gratuites. Qu’est ce que tu peux me donner en échange ?" elle finit sa phrase en levant sa bouteille et en finissant le liquide, sans le quitter des yeux.
Elle ne se présente pas pour l’instant. Dans quel but le ferait elle, de toute manière ? Mais elle est curieuse de savoir ce qu’il va lui répondre.