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Pour les besoins du récit, les profils des frères Dalton ont été ajustés, et Bill, qui n’a jamais maraudé avec eux, a été joint au groupe.
Robert, Gratton, William et Emmett Dalton. Bob, Grat, Bill et… Emmett Dalton. Les frères Dalton. Les fameux braqueurs et bandits de grands chemins.
C’étaient des fils de bonne famille chrétienne d’Oklahoma, et la partie connue d’une fratrie de quatorze enfants, dont trois avaient déjà été rappelés par le Seigneur. Un d’entre eux, Frank, James Franklin Dalton, avait même été U.S Marshall et tué dans une opération de police.
Bob avait même suivi ses traces ! Mais, désabusé par la corruption, l’injustice, l’inéquité du système et la retenue de sa paye, celui-là s’était rendu avec Emmett au Nouveau-Mexique pour y tenter une nouvelle vie.
C’est là-bas qu’avec d’autres gars, ils ont commis leur premier larcin, contre une bande de Chinois les ayant plumé à un jeu truqué. A partir de là, leur réputation était faite, et ces types venus d’ailleurs s’étaient vus placardés tous les délits et crimes du coin sans procès. A partir de là, ils ne pouvaient plus revenir à la vie civile.
Bob et Emmett avaient fui dans les montagnes, avec l’aide des fermiers et ranchers compatissants des environs. Arrêté dans leur ville natale pour avoir été associé aux crimes qu’on leur avait collé, leur frère Grat s’est évadé pour les rejoindre en cavale, tandis que Bill, lui aussi, avait appris la prime mise sur sa tête et les avait imité.
A 28 ans, Grat, à droite sur l’image, est de loin l’aîné de la bande, mais il n’en est pas le chef, faisant plutôt office d’autorité morale. C’est Bob, celui de gauche, le plus téméraire, qui, du haut de ses 22 ans et grâce à son charme, obtient des filles du coin les informations nécessaires aux braquages qu’ils sont bien forcés de commettre pour vivre à présent. Emmett, à côté de Grat, à 18 ans tout juste, est le cadet et le suiveur, tandis que le dernier, Bill, 24 ans, est l’enfant du milieu, et l’arbitre entre ses frères.
Évidemment, parler de moralité les concernant était assez osé. Élevés à la dure dans une société très violente, victimes de l’injustice et de l’arbitraire, ce sont des fruits sauvages de l’Ouest sauvage, des bêtes plus que des hommes, réduits à l’état de subsistance élémentaire et prenant tout ce qu’ils peuvent prendre à la gorge de l’État, de la société et de leurs semblables. Quant à leurs manières, il les ont largement perdues pour devenir les vandales assassins que l’on dépeint partout.
Au moment du récit, les Dalton ont décidé de se rapprocher de leur terre natale, et de remonter la Piste de Santa Fe en direction du Kansas via le Colorado. C’est dans une petite bourgade sans avenir se trouvant sur leur chemin, comme il en fleurissait à cette époque, étape de pionniers, de cowboys et de fermiers grincheux, que se déroule notre histoire.
La petite banque locale de Lucius M. Tanner, orgueilleux fils de banquier du Massachusetts venu ici profiter de la conquête de l’Ouest, était un endroit tranquille. Les diligences venaient y déposer les fonds des gens voyageant dans leur direction, et les gens venaient déposer ce qu’ils parvenaient à garder de leurs maigres salaires. Chaque semaine, il y avait de gros dépôts, mais personne n’était vraiment inquiet. Il y avait deux gardes armés, un ancien cowboy boiteux et bourru et un vétéran de la guerre de Sécession, et le coffre était un des meilleurs de la région, et seules trois personnes en connaissaient le code : Lucius Tanner, évidemment ; sa femme Boetia, qui tenait le comptoir ; et leur fille chérie, Calpurnia Tanner, fleur sublime du désert et principale attraction de ce coin perdu de désert de buissons épineux et de puritains anxieux.
Enfin, il n’était pas vrai que seules trois personnes connaissaient ce code. Mr Tanner avait ses habitudes au saloon, mais il cachait surtout sa liaison avec une fille de joie nommée Andrea Plower. Celle-ci avait récemment reçu la visite de Bob et, en échange d’une part, elle lui avait tout craché sur l’homme, y compris sur sa banque et ses petits secrets ; dont le code du coffre.
C’est ainsi que les Dalton, qui campaient non loin, avaient eu l’idée de se faire un peu de beurre en braquant la banque de Tanner. Ils allaient s’y prendre le jour du passage de la diligence, juste après le dépôt, pour que personne n’ait le temps de venir retirer, mais juste assez longtemps après pour que les convoyeurs de fonds aient, eux, eu le temps de filer assez loin pour ne pas entendre les coups de feu.
Car il y aurait des coups de feu. Les Dalton savaient que, pour faire bouger les gens, il fallait leur faire peur, et qu’il fallait donc frapper fort.
Les quatre hommes étaient connus. Ils ne pouvaient pas juste se poster dans la rue en repérage. Ils étaient donc postés sur un promontoire proche, et Plower devait les avertir du départ de la diligence avec un signal convenu d’avance. Ils avaient attendu et avaient vu la fumée poussiéreuse laissée par la diligence à son approche. Un moment plus tard, un drap rouge avait été agité à une fenêtre, et ils avaient vu se redresser la poussière sur le passage de la diligence en sens inverse.
Il était temps d’y aller. Armés jusqu’aux dents et déterminés, ils montèrent leurs chevaux et descendirent droit vers la bourgade isolée et tranquille, prêts à faire parler la poudre, la rage et la colère, et à repartir bien plus riches qu’ils étaient arrivés.