Le Grand Jeu

L'entre-deux Mondes => Base Spatiale => Discussion démarrée par: Lilly le vendredi 21 juin 2024, 12:06:54

Titre: Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Lilly le vendredi 21 juin 2024, 12:06:54
La course de la fuyarde était chaotique. Remonter l'étroit tunnel de pierre sur plusieurs centaines de mètres l'avait vidée de ses dernières forces. Sa respiration saccadée prouvait qu'elle avait usé tout son potentiel physique et la sueur mélangée à la poussière lui maculait le visage d'une crasse rougeâtre. Derrière elle, à quelques mètres, un crissement très identifiable l'alerta de la menace. Elle fit volte face, posa un genou à terre et son M-15 Vindicator cracha une rafale qui pulvérisa l'insectoïde géant qui s'apprêtait à la déchirer de ses pinces aiguisées. Son cadavre bloquait le passage de ses congénères, claquant des mandibules, et ils commencèrent à le dépiauter pour pouvoir passer.

"Saloperies..."

Kiralynn jura mais se retint de tirer dans le tas. Elle devait économiser ses munitions si elle voulait avoir une chance de s'en sortir, ce qui était mal parti.

Pourtant quelques heures plus tôt, tout allait bien. Une navette de la D.A.C., la Drilling Arkanian Corporation, avait déposé son groupe de mercenaire sur Hyperion IV (https://zupimages.net/up/24/25/lk65.jpg), un des satellites (https://zupimages.net/up/24/25/axv3.jpg) de la géante gazeuse Hyperia, dans le système H4o2. Récemment exploré, Hyperion IV était la propriété exclusive de la D.A.C., tout comme beaucoup de corps céleste de cette région cosmique réputée pour ses trésors miniers. Les scientifiques avaient découvert que le satellite était un gisement géant de cobalt dans presque toute sa globalité. Seule une fine croûte rocheuse d'environ cinq cents mètres d'épaisseur lui permettait de ressembler à une petite planète tellurique. L'atmosphère y était respirable comme sur l'antique planète terre mais personne ne s'expliquait encore pourquoi alors que cela aurait dû être impossible, notamment à cause du manque total d'eau. Très vite, la corporation y avait monté une première plate forme d'extraction, quelques mois auparavant, peuplée d'une grosse centaine de techniciens. Mais depuis une semaine, le contact avec cette base avait été rompu, d'où l'envoi des mercenaires pour découvrir ce qui se passait. Le silence était suspect d'autant plus que le satellite étant très éloigné des différents mondes-supports, son exploration s'était limitée à des données graphiques et techniques plutôt qu'à un véritable travail coordonné avec tous les services nécessaires. Sur Hypérion III, les employés avaient été attaqué par des créatures mais avaient su les éradiquer. Il était probable qu'H.IV soit aussi colonisé par autre chose que des humains. Mais l'appât du gain chassait toujours le bon sens, ce qui faisait le pain béni des groupes de mercenaires que la Corp employait.

Dave, le chef, un vieux briscard expérimenté avait scindé le groupe en deux. Il avait pris la tête de l'équipe A pour se rendre directement à la base tandis que l'équipe B, à laquelle appartenait Kiralynn partait ratisser la zone de forage. Tout avait très vite dégénéré. Le contact avec la navette avait été perdu, l'équipe A ne répondait plus et en arrivant sur le site de forage, la B avait constaté que les installations avaient sévèrement morflé. Les structures métalliques étaient tordues, certaines coupées ou broyées. L'équipe avait découvert une inscription gravée à la hâte à l'entrée d'un tunnel creusé en pente raide. "On descend se mettre à l'abri tout en bas ...". Pas rassurant ...

L'équipe était descendue rapidement, il n'y avait là que des professionnels confirmés et Kiralynn pour une fois, assurait l'arrière garde. Les trois éclaireurs de tête n'avaient pas vu la mort venir. Ressemblant à des roches, d'énormes insectoïdes s'étaient dépliés à leur approche et les avaient démembré en un rien de temps. La confusion qui avait suivie resterait dans les annales du n'importe quoi. Ça tirait dans tous les sens et il n'y avait eu aucun moyen de mettre en place une réponse coordonnée. C'était chacun pour soi et les mercenaires tombaient les uns après les autres. Les créatures étaient résistantes mais il était possible de les abattre tant qu'on parvenait à toucher les parties molles. Kiralynn vit mourir Aaron, son chef d'équipe qui claqua une thermo-grenade sur lui pour qu'elle puisse fuir, dernière survivante ...

 Elle sortit à l'air libre et vomit une gerbe de bile. A son tour, elle jeta une grenade dans le tunnel et parvint à en faire s'écrouler les parois. Sauvée, pour l'instant ... Mais elle était dans la merde. haletante, elle craqua une ampoule d'energosérum et en avala le contenu. Le booster de combat la fit frémir. Elle eut le tournis quelques secondes, c'était l'effet habituel, mais l'apport chimique allait optimiser ses capacités physiques et sensorielles.

Face à elle, la surface du satellite s'étendait en étendues rocheuses de schistes aussi coupants que des lames de rasoirs. Un mouvement au loin attira son attention et elle se raidit. Le versant d'une colline se couvrait d'une nuée de monstres surement attirés par la détonation de la grenade. Putain! Putain! Putain! Plus d'un kilomètre pour rejoindre les structures de la base. Kiralynn y trouverait peut être refuge même si l'équipe A ne donnait plus signes de vie. Elle se précipita, trébuchant, et s'assurant de mettre un chargeur plein dans son fusil d'assaut. Au bout de cent mètres de galère, elle sut qu'elle n'y arriverait pas. Elle s'arrêta et se positionna sur un surplomb rocheux et craqua sa balise SOS individuelle. Tant pis mais pas le choix, son sauvetage lui serait facturé une fortune si quelqu'un arrivait mais ... dans ce coin là de la galaxie, il était peu probable que quelqu'un réponde et soit là dans les ... minutes suivantes. Et puis, elle activa son astrocom qu'elle posa sur trépied et envoya un message visio à sa sœur (morte depuis longtemps mais il fallait bien partir en disant quelque chose).

"Je t'aime ma chérie. Je ... vais te rejoindre, très bientôt. Attends moi et prépare l'apéro."

Le message se terminait sur l'expression crispée de Kiralynn épaulant son fusil et rafalant sans discontinuer.



Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Jack Marston le samedi 22 juin 2024, 02:04:51
Acte 1
Naufragés

▪ ▪ ▪


L’ultime frontière ne cessait d’être repoussée et, comme toute conquête de nouvelles terres sauvages et sans foi ni loi, elle attirait tout ce que la société comptait de rebuts et de fugitifs. Les ports de transit desservant les fronts exploratoires étaient des mines d’or pour les chasseurs de primes. Ils étaient nombreux à s’y installer à demeure quand d’autres usaient de leurs vaisseaux pour chasser les individus recherchés au plus profond de l’espace sauvage.

Le Masterclass s’adonnait régulièrement à ce type d’opérations, souvent simples, nombreuses et décemment payées. Pour le moment, néanmoins, le vaisseau lui-même était bloqué pour révision avant de s’engager dans sa mission, et l’équipage avait quartier libre. Après avoir passé un dernier soir très animé à bord, ils s’étaient séparés pour s’occuper d’affaires en attente, parfois très personnelles, et chacun s’adonnait à ses propres plans.

Jack avait passé une journée à se détendre et à flâner avant de commencer à s’ennuyer ferme. Il avait récupéré son appareil personnel pour prendre de l’avance sur le travail et partir patrouiller dans les environs, laissant le hasard mettre, peut-être, du travail sur son chemin, comme un pêcheur lançant sa ligne dans l’étang sans savoir si on allait mordre, ni ce qui allait mordre.

Certains croient qu’il y a des lois magiques à l’univers. Jack n’était pas de ceux-là, même s’il avait eu quelques exemples confondants comme celui qu’il était sur le point d’expérimenter. Car, arrivé dans le système H4o2, en cours d’exploration et presque entièrement sauvage encore, choisi au hasard de surcroît, son esprit dérivait vers les souvenirs de sa compagne, morte depuis des années. Il n’avait jamais réussi à l’oublier ni à panser vraiment les blessures de son départ. Il avait toujours un cadre comptant des photos d’elle comme d’eux deux et leur unité dans sa cabine, mais aussi certains effets personnels qu’il n’avait pas eu le cœur de renvoyer à sa famille. Sa sœur lui avait envoyé un message, à l’époque, pour le remercier, avant que tout contact soit définitivement coupé, à jamais ; ou du moins le pensait-il.

Quel était son nom, déjà ?

Kiralynn !

Il s’était laissé voler jusqu’à Hyperia, la géante gazeuse qui avait donné son nom informel au système, lorsqu’un signal lui arriva. Un SOS, simple, venant d’une balise d’urgence déclenchée à la surface de la lune toute proche : Hyperion IV. Le hasard faisait bien les choses pour les personnes en détresse, puisque peu de vaisseaux passaient ici. En fait, le hasard était peut-être trop beau. Méfiant, Jack sortit des infos sur l’endroit, et fut vite rassuré : la lune tellurique aride et hostile avait été confiée à une corporation, et ces gens payaient très cher pour le sauvetage de leurs collaborateurs.

Le chasseur de primes, rêvant déjà du transfert juteux, remercia sa bonne étoile et descendit droit vers le signal.

L’atmosphère était fine. Il y était entré presque sans friction. C’était bizarre. Comment une atmosphère, respirable de surcroît, pouvait-elle se développer et se maintenir dans de telles conditions ? Son esprit était cependant concentré sur la mission et, approchant à pleine vitesse de l’objectif, il intercepta un signal en clair, une vidéo s’affichant sur son moniteur pour lui glacer le sang. Les deux avaient un air de famille et Jack avait rapidement reconnu Kira sur l’écran. Il n’osait y croire, mais un retour et arrêt sur image le mit face au fait accompli. Encore une étrangeté. Que faisait-elle donc là ?

Toujours pas le temps de penser. Il arrivait sur l’objectif, et il repéra vite le promontoire qu’avait élu la mercenaire pour son baroud d’honneur. Au départ, il ne voyait rien face à elle, jusqu’à ce qu’il réalise que le sol bougeait. Non, c’était une nuée de créatures caparaçonnées de roche. Comment ? Quoi ? Pas le temps d’y penser. Ses réflexes s’activèrent et il déploya ses armes, lançant la chauffe dans le même temps. Une seconde plus tard, il était prêt à tirer et presque sur la cible. Il approchait par la droite de Kira et cibla le front de la masse de créatures. Son index fit sauter la sécurité et effleura la gâchette.

Kira était dans une situation désespérée et semblait perdue. Dans quelques secondes, elle serait à court de munitions et submergée. Pourtant, c’est à cet instant qu’une lame de fond sembla balayer le sol. La poussière s’éleva graduellement autour des insectes de tête, à quelques mètres d’elle. Le bruit des balles explosives thermobariques n’arriva qu’une seconde après, un clignement d’yeux avant que la fumée ne semble se condenser brutalement avant d’exploser violemment, tandis que l’appareil de Jack survolait le carnage en rase-mottes et en hurlant. L’engin volant tourna brutalement pour un autre passage, alignant cette fois un peu plus loin et faisant exploser une autre ligne de crête.

Jack jeta un œil à la caméra tactique et grogna. Il avait entamé le nombre des monstres, mais ils continuaient d’avancer et ses munitions se réduisaient à vue d’œil. Il pouvait passer au laser longuement, mais cette arme de précision n’était pas adaptée. Il avait peu de temps. Un nouveau virage serré l’amena dans la direction du promontoire de Kira et il sortit le train d’atterrissage. Il ralentit brutalement en arrivant près d’elle et se posa rudement et précairement, gardant les propulseurs actifs pour empêcher son appareil de basculer tout en ouvrant une trappe à marchandises.

Il attendit quelques dizaines de secondes, le temps que les insectes rocailleux soient trop proches pour continuer d’attendre, et redécolla pleins gaz en fermant la trappe. Pourvu qu’elle ait embarqué !

Mais, alors qu’il gagnait en altitude et se dirigeait vers la seule colonie répertoriée, un choc le fit trembler. La caméra lui révéla une créature accrochée au fuselage et il parvint à la faire basculer à force d’acrobaties, mais pas avant qu’elle ait réussi à endommager une des tuyères au point qu’il la vit basculer dans le vide à son tour, impuissant. Une fraction de seconde après, l’engin partit en vrille. Il lutta pour le stabiliser et poussa les rétrofusées pour limiter la casse, et il eut à peine le temps de se stabiliser quand il toucha le sol.

Il reprit conscience en geignant. Il avait mal partout. Le choc avait été rude. Depuis combien de temps était-il inconscient ? Quel état l’état du vaisseau ? Sa balise serait-elle intacte dans la trappe à…

« Kiralynn ! »

Il se détacha précipitamment et sauta du cockpit sur la roche friable en toussant. Devant la trappe, il fit sauter un panneau d’urgence secret et tira une manette qui la déverrouilla, et il ouvrit, anxieux, le coffre à marchandises où il espérait trouver la sœur de sa défunte aimée saine et sauve. Il ne pourrait se pardonner d’avoir failli à la protéger !
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Lilly le lundi 24 juin 2024, 10:53:37
Terminer sa vie ainsi relevait presque du comique. Seule, isolée de tout, sur une lune dont la majorité des milliards d'humains peuplant l'univers ne connaissait pas le nom, désespérée, et effrayée aussi. La Mort, Kiralynn l'avait croisée plusieurs fois mais celle qui se présentait à elle aujourd'hui n'avait rien d'enviable comparée à l'impact d'une balle perforante ou la destruction instantanée d'un spacefighter touché par une torpille spatiale. Là, elle allait être déchirée, cisaillée; dévorée, elle aurait surement mal et ne mourrait peut être pas immédiatement si les créatures commençaient par ses jambes ou ses bras.

Juchée sur son promontoire, elle vidait chargeurs après chargeurs sur la masse grouillante d'insectes qui s'approchait inexorablement. L'empressement des bestioles les gênait entre elles. Elles se montaient les unes sur les autres, glissaient, dérapaient, en entrainaient d'autres dans leur chute. Les chairs molles se pulvérisaient sous l'impact des balles HVE (High Velocity & Explosives). C'était un carnage inutile, l'issue étant déjà connue. Mais bien que tout soit perdu, Kiralynn s'accrochait à cette vieille maxime humaine: tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir; et elle vivait toujours.

Cet espoir se traduisit par un sifflement strident qui déchira l'atmosphère, suivi de très près par un staccato infernal qui vrilla le cerveau de la mercenaire. Elle avait reconnu le bruit caractéristique de turbines de jet mais n'eut pas le temps de s'en réjouir. Le souffle de l'attaque tactique l'avait retournée et projetée contre un rocher. Un peu sonnée, elle vit l'appareil refaire un passage avant de revenir et cabrer pour se poser sur sa plate forme. Une trappe était ouverte et elle courut pour plonger dans l'ouverture au moment où la nuée d'insectoïdes envahissaient ce dernier refuge. Ils se précipitèrent sur le jet et n'ayant pas vraiment le choix, la mercenaire lança une thermo-grenade qui fut gobée par la bestiole la plus proche. La détonation terrifiante qui suivit nettoya l'espace et heureusement le vaisseau n'en pâtit apparemment pas. Il prit juste du roulis, bascula sur le flanc, mais prit de la vitesse.

Sauvée? Sauvés? Kira n'eut pas le temps de rejoindre la cabine qu'un choc violent la projeta dans un amas de sangles, de sacs vides et de rations de survie. Elle perdit peut être conscience mais quand elle reprit ses esprits, ce fut pour qu'une trappe s'ouvre sous elle et qu'elle se vautre dans la poussière d'Hypérion IV, emmêlée dans son tas de sangles.

Quelqu'un l'appela par son prénom ... étrange. Entre eux, les mercenaires ne s'appelaient que par leurs surnoms ou noms d'emprunts. Elle avait pensé que l'équipe A venait à sa rescousse mais le ton de la voix ne lui disait rien. Se dépêtrant, elle braqua le canon brûlant de son arme ... avant de le rabaisser presque aussitôt. Ce visage ne lui était pas inconnu. Il était même rassurant, mais ne faisait pas partie de son quotidien. Plissant des yeux, elle se décala car dans le dos de l'homme, la lumineuse Hypéria occupait tout l'horizon et l'empêchait de bien identifier son sauveur.

Pourquoi lui était-il si familier mais si lointain en même temps. Il lui faisait penser à sa sœur ...

" ... Jack? C'est bien toi?"

Aussi surprenant que ça puisse l'être, oui, c'était bien lui. Le temps avait passé mais on ne changeait pas certains traits. A quand remontait la dernière fois qu'ils s'étaient vus? Avant la tragédie qui avait emporté Lina puisqu'il n'y avait pas eu de funérailles véritables, en l'absence du corps de sa sœur. La douleur de perdre cet être cher avait été grande et la famille savait que Jack avait dû souffrir tout autant. Avec Lina, ils étaient un couple heureux, amoureux et très dépendants l'un de l'autre. C'était ce que disait Lina en tout cas puisque les retrouvailles familiales étaient rares depuis que les deux sœurs s'étaient appropriées une vie d'aventure et de dangers.

Un grondement sourd la tira de ses souvenirs. Ils n'étaient pas tirés d'affaires; la masse mouvantes de Choses arrivait encore une fois. Les bisous, câlins et explications seraient pour plus tard.

"Ces saloperies ont décimé mon équipe dans les mines mais j'ai un groupe qui a peut être survécu là-bas."

Elle désigna les structures de la base-vie, visibles au-delà de petites collines à 200 mètres de leur position.

"Personne ne répond, l'endroit n'est pas clair mais on a pas vraiment le choix. L'équipe A avait du matériel lourd utile."

Elle vérifia son arme puis fit rapidement le tour du vaisseau.

"Il a morflé, y'a du boulot pour qu'il reparte. Il faut éviter que les bestioles tombent dessus, elles vont le découper comme elles ont détruit l'installation de forage."

Elle tira un artifice de son gilet de combat et le craqua. L'engin siffla et propulsa loin à l'Est une charge qui explosa en une énorme gerbe rouge incandescente. Le flux des monstres vira aussitôt dans cette nouvelle direction et Kira désigna les structures humaines du menton.

"On y va?"

Elle s'élança mais se retourna et marqua un arrêt pour poser sa main sur l'avant-bras de Jack.

"Merci ..."


Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Jack Marston le jeudi 27 juin 2024, 01:29:08
Anxieux, Jack avait ouvert et n’avait pas tardé à esquiver de peu la chute de la mercenaire paniquée, empêtrée dans les sangles de sécurité de la soute. Les sangles avaient lâché, mais ça lui avait probablement sauvé la vie et, même si la brune lui pointa son arme sous le nez par réflexe, le chasseur de primes ne put s’empêcher d’être soulagé. Il leva les mains en l’air jusqu’à ce qu’elle le resitue et il sourit à pleines dents en hochant la tête et en rabaissant les mains aussitôt.

« C’est moi ! Quel hasard, hein ? »

C’était super bizarre, mais il n’allait pas s’en plaindre. La perspective de venger la mémoire de Lina en sauvant la vie de sa sœur n’était pas pour lui déplaire. Lina, Kyralinn… Leurs parents manquaient d’originalité, mais on aurait pu les confondre de loin. Leur relative ressemblance l’avait frappée tandis qu’il l’aidait à se dépêtre de sa prison de sangles. Il n’avait jamais eu l’opportunité de réaliser à quel point elles avaient en commun. Elle faisait ressortir des souvenirs sinistres autant que joyeux. Pendant une seconde, l’image de sa compagne mutilée et agonisante lui revint en tête et il prit dut prendre une profonde inspiration et se détacher du réel.

C’est le grondement de Kyra qui le ramena sur terre, ou plutôt sur Hyperion IV. Sur la crête lointaine, la masse de créatures continuaient de les poursuivre, et au son du récit de la mercenaire, Jack n’était pas pour les attendre les bras croisés. Ils avaient fait du chemin, grâce à son vaisseau, mais la base restait à plusieurs centaines de mètres et le brun réalisa vite qu’ils n’y arriveraient pas sans combattre.

Mais Kyra eut une bonne idée en utilisant une charge explosive pour attirer les bestioles ailleurs et les éloigner de leur trace, au moins pour un temps. Elle avait raison : ils devaient gagner du temps et préserver l’épave, qui pouvait probablement être rafistolée. Un coup d’œil aux dégâts confortait Jack dans l’idée qu’ils puissent au moins s’en servir pour fuir la lune et appeler du secours. Il n’avait rien à redire aux plans de Kyra, et il avait toujours été plus à l’aise en suivant les ordres qu’en les donnant après tout.

« Y a guère de choix. Je te suis ! »

Il était prêt à partir après elle, mais quand elle s’arrêta pour le toucher et le remercier, il ne put s’empêcher de frissonner, et son regard se détourna vite du sien tandis qu’il se mordait l’intérieur de la joue, embarrassé et perturbé par la fragilité que provoquait la mercenaire en lui, et par les souvenirs qu’elle faisait rejaillir comme par l’association qu’il pouvait faire entre elle et sa défunte… leur défunte Lina.

« C’est rien tu sais, je… »

Il remonta son regard dans le sien une seconde et prit une bonne inspiration pour trouver les mots justes et la force des les prononcer.

« Je suis content d’avoir été là au bon moment. »

Il esquissa un petit sourire avant de faire signe de la tête.

« Allez, on y va ! »

Il préférait laisser tomber cette discussion pour le moment et il s’engagea devant Kyra, abordant le terrain intelligemment pour trouver le chemin le plus praticable et le moins dangereux, aux aguets pour le moindre signe de mouvement suspect dans les rocs monotones mais dangereux de la lune minière.

Malgré la prudence, le pas de course s’imposait. Il y avait peu de distance à couvrir, mais ils devaient la couvrir le plus vite possible.
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Lilly le jeudi 27 juin 2024, 15:41:12
L'équipe de Kira avait été décimée parce qu'elle n'avait pas vu venir le danger. Les capteurs thermiques n'avaient pas réagi à la présence de ces monstres à sang froid et leur apparence naturelle quand ils étaient immobiles les confondaient avec l'environnement rocheux d'Hypérion IV. Aussi, la  mercenaire rappela ces éléments à Jack et leur progression perdit en rapidité. Chaque rocher, chaque  protubérance du terrain pouvait se relever pour les déchiqueter. Ils couraient, mais sporadiquement, s'arrêtant pour effectuer des 360° et guetter les environs. Ils n'avaient jamais travaillé ensemble mais s'harmonisèrent très vite sans plus avoir besoin de parler. Ils avaient chacun eu leur entrainement mais les aptitudes se retrouvaient dans cet environnement hyper hostile. Et puis, même si Kiralynn n'était pas Lina, elle en avait la gestuelle et l'attitude, que Jack n'avait pas oublié. Ils suivaient un cheminement que le chasseur de prime définissait d'un coup d’œil et ils ne s'exposèrent pas inutilement. Ils rallongèrent même l'itinéraire pour éviter de longer une crête surélevée où ils auraient été facilement détectés. Ces décisions relevaient de la tactique et de l'évidence mais restaient soumises à l'inconnu. En effet, on ne savait rien de ces créatures ni de leur capacités. Est-ce qu'elles communiquent? Quelles sont leurs possibilités sensorielles? Tout cela restait vague, on savait seulement qu'elles tuaient efficacement.

A l'approche de la base-vie, ils firent une halte et se tassèrent dans un trou pour observer l'hectare de terrain sur lequel était installé les structures primaires d'accueil des techno-colons. Kira ajusta la qualité de son monoculaire et passa les filtres thermiques et et infrarouges.

"Pas de traces de vie mais il y a eu un combat ici. Regarde, des détonations de grenades ont cristallisé le sol devant la citerne principale. C'est caractéristique. Et puis la double porte de ce gros hangar là a été cisaillée et forcée. Il va falloir qu'on entre. La zone ne me parait pas alimentée ... et ... je ne suis pas sûre que relancer les générateurs soit une bonne idée. Tu as de quoi combattre en milieu obscur?"

Kira essaya une dernière fois de contacter l'équipe A mais n'eut aucun retour. En sécurité, ils descendirent de leur point haut et franchirent le versant qui les amena aux portes des premiers bâtiments.

Hypéria était une géante gazeuse à fort potentiel énergétique. Sa rotation était rapide, et entrainait ses satellites dans une spirale encore plus dynamique. Les journées sur H4 étaient courtes et au loin, une vague sombre commençait déjà à couvrir l'horizon, D'ici une heure, il ferait nuit.

Longeant une structure métallique, Kira ouvrait la marche. Son fusil épaulé, elle était prête à faire feu et le faisceau holographique de son scanner balayait la zone devant elle. Sa progression était silencieuse et elle ne s'arrêta que quand elle fut à un mètre d'une porte défoncée. Elle était sûre d'elle, ressentant la présence de Jack sans avoir besoin de le voir. Cependant elle s'assura d'un regard qu'il se rapprochait d'elle alors qu'elle attendait. Dans le bâtiment, tout pouvait aller très vite si ça dégénérait. Ils se calèrent et elle entra, recherchant aussitôt une menace dans les coins et recoins non visibles.

"Pu...tain..."

L'odeur du sang prédominait. Les murs et le sol en était couvert. C'était assez frais, il commençait à coaguler, pas plus de quelques heures ... Des munitions par centaines avaient été tirées et des micro-douilles tapissaient l'intérieur de la structure. Des armes trainaient, abandonnées, et des morceaux d'armures tactiques broyées trainaient aussi, encore garnis de matière humaine. Sans savoir de qui il s'agissait, Kira reconnut le logo de sa compagnie sur un plastron enfoncé. Les corps avaient été dévorés, cela ne faisait aucun doute. On les avait extirpés, sucés et aspirés hors des armures de combat des éclaireurs lourds de l'équipe A. Cela avait dû être atroce. Il fallait juste espérés pour les défunts qu'ils aient été bien morts à ce moment-là.

Kira échangea un regard avec Jack. Quelle était la suite préférable? On ressortait et on cherchait ailleurs ou on s'engouffrait dans les entrailles de la station. Il y avait peut être des survivants retranchés ... En attendant, la mercenaire fit le plein en récupérant munitions et grenades encore utilisables sur les résidus restants.

"Jack? On cale nos fréquences courte portée?"

Dans le dédale sombre et silencieux de la base, ils en auraient besoin.
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Jack Marston le vendredi 28 juin 2024, 02:35:23
Après l’avertissement de Kira, leur progression s’était faite plus lente. La vitesse était leur alliée, mais il valait mieux ne pas trop tester leur chance. De ce que Jack comprenait, ces monstres étaient particulièrement vicieux et difficiles à abattre, et il ne fallait pas tomber entre leurs griffes.

La tragédie qui avait frappé son équipe était terrible, et au vu de la tendance de ces créatures à attaquer en masse et à rôder dès que l’une avait été dérangée, il y avait fort à parier que les occupants de la base-vie avaient subi un sort similaire. Leur arrivée pourrait être funeste, ou au moins les mettre face à de nouveaux problèmes et à la nécessité de se débrouiller seuls. Il valait mieux garder de l’espoir et se montrer optimiste, cependant, ou ils auraient vite fait de s’étendre et d’attendre la fin pour ne pas avoir à y faire face.

Ils auraient bientôt des réponses à certaines questions.

Après leur arrivée en vue, ils s’étaient allongés et Jack avait surveillé leurs arrières pendant que Kira sortait une jumelle. Leur formation avait été très similaire et, au risque de pousser les parallèles trop loin, le brun avait l’impression de se retrouver en patrouille avec Lina à cet instant. Ils n’avaient pratiquement rien à se dire, leurs routines étaient proches et ils s’adaptaient l’un à l’autre sans aucun mal.

Lorsque les observations arrivèrent, le chasseur de primes serra les dents. Ça s’annonçait mal. La contrariété s’installait en opposition au fatalisme. Il n’arriva pas à desserrer la mâchoire pour répondre, mais il sortit un masque tactique à lunettes électroniques, capables de cibler divers spectres et, oui, d’évoluer dans le noir.

« Allons-y. »

Pas de réponse à la radio, évidemment. Les choses s’annonçaient vraiment, vraiment mal. Leur meilleure chance était que les bestioles se soient barrées après la curée. Mais était-ce réaliste au vu de ce qu’ils savaient de ces choses ? Elles étaient éparpillées de manière éparses à la surface, mais la nuée qui avait suivi Kira hors de la grotte dans laquelle son équipe s’était aventurée était une autre affaire, et la base offrait un environnement abrité et potentiellement agréable pour qui cherchait à hiberner.

Il tenait fermement son fusil de combat, un automatique à gros calibre faisant un carnage au contact. Il avait bien fait de l’emporter au vu de leur situation. A sa ceinture, le holster de son pistolet était déboutonné et n’attendait qu’une urgence pour disposer de l’arme. A leur entrée, il n’eut pas besoin de tourner la tête pour vérifier ce qui avait tiré cette remarque écœurée à la femme. Il était soldat. L’odeur était familière, très particulière. Chaque espèce avait une odeur de charogne différente et, celle-là, il la connaissait très bien. Il pouvait même juger que c’était récent à l’humidité au fond du fumet âcre et doucereux.

Seulement lorsqu’il fut confiant de ne pas avoir été suivi, il se tourna pour voir le carnage, et, même s’il y était préparé, la scène lui fit un choc. Il ne restait plus grand-chose des colons sinon des reliquats de chair. Rejoignant Kira, il la vit fixer une armure récurée portant le logo de sa compagnie. Il fit la moue et, quand leurs regards se croisèrent, il posa une main compatissante sur son épaule. Il en avait perdu, des gens ! Ce n’était jamais facile. Et, à sa question, il hocha la tête et il chuchota presque tandis qu’elle allait se préparer à la bataille.

« On doit absolument trouver de quoi réparer et filer. Et il peut y avoir des survivants. Il faut y aller. »

Ils étaient d’accord, évidemment. Ça ne faisait pas envie, mais il fallait y aller. Jack s’empara de quelques explosifs utiles et trouva un chargeur pour son fusil, et les fourra là où il pouvait. Les réflexes de soldat revenaient vite : il se chargeait de munitions et de grenades dans l’espoir d’en avoir assez. Il n’y en avait jamais assez.

Il prit les devants quand vint le moment de se lancer, et ils évoluèrent doucement, marchant sans bruit dans les couloirs sombres, leurs lunettes nocturnes sur les yeux, s’arrêtant pour guetter les croisements avant de se décider sur une direction et de reprendre. Ils trouvèrent le chemin de l’atelier mécanique susceptible de renfermer les pièces nécessaires à la réparation du vaisseau de Jack. Peut-être trouveraient-ils même un appareil presque opérationnel là-bas ?

Il n’y avait aucun bruit, aucun signe de bestiole. Ils commençaient à prendre de la confiance malgré le danger. Et c’est justement là qu’ils faillirent y passer. Jack passa un coin sans guetter et il remarqua l’anomalie juste à temps pour se jeter ventre à terre tandis qu’une rafale de balles sifflait au-dessus de sa tête pendant que l’écho des déflagrations explosait tout autour d’eux.

« Ne tirez pas ! »

Il attendit quelques secondes avant de se redresser doucement, mains en l’air. Il se redressa et remarqua des silhouettes bougeant au bout du couloir, derrière une barricade de fortune. Plusieurs masses rocheuses étaient étalées dans ce couloir. C’était ce qui avait mis la puce à l’oreille de l’ancien soldat et sans doute ce qui avait empêché les balles de le toucher.

Remarquant un logo familier ressortant dans la vision surexposée, il s’adressa à Kira par-dessus son épaule.

« Je crois qu’on a trouvé des amis à toi, Kiralynn. »
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Lilly le dimanche 07 juillet 2024, 19:04:58
(https://zupimages.net/up/24/27/da3w.jpg) (https://zupimages.net/viewer.php?id=24/27/da3w.jpg)

Evoluer dans un milieu pareil soumettait à un stress lourd et permanent, impossible à dissiper. La vigilance était constante, au point d'en avoir mal à la tête et malgré toute l'attention dont Kira était capable, elle ne pouvait pas couvrir tous les angles de leur progression. Son regard suivait le canon de son arme qui balayait l'espace tout en accentuant ses possibilités de feu sur les points les plus sensibles. Elle avançait prudemment, évitant les obstacles qui jonchaient les coursives. Là encore, on s'était battu et l'odeur acre des poudres de combat saturait l'atmosphère tandis que subsistait encore dans l'air ambiant des vapeurs qui perturbaient la vision. Avec Jack, ils progressaient l'un après l'autre, couvrant l'autre, ou bien ensemble quand la géographie du lieu les y obligeaient. Tout discrets qu'ils étaient, ils ne pouvaient malgré tout pas lutter contre le silence terrifiant de la base. Leurs pas écrasaient les grilles métalliques des coursives et chaque grincement semblait retentir comme un claquement de tonnerre. C'était épuisant et la ventilation tournant au minimum, ils eurent très vite chaud.

C'est Jack qui pâtit le premier de cette situation tendue mais ses réflexes lui sauvèrent la vie. Kira ne s'était pas encore engagée dans le nouveau compartiment de terrain quand une pluie de balles s'était abattue sur leur position. Abritée, elle hurla!

"MERCS FORTUNA!!!"

Le nom de sa compagnie, et aussi le cri de ralliement en cas de coup dur. La réponse fut immédiate.

"MERCS FORTUNA!!! K.Lynn, c'est toi?"

"DAVE!! Ouais c'est bien moi!"

Elle avança avec Jack tandis que le faisceau d'un projecteur les enveloppait, leur faisant plisser les yeux. Six saloperies gisaient devant la barricade de fortune dont en dépassait le canon d'une mitrailleuse lourde.

"Serre le mur à gauche petite, on a un peu piégé la zone par là. Et ... c'est qui? Les autres?"

"Attends ..."

Kiralynn passa le monceau de déchets entassés pêle-mêle avant de se rétablir de l'autre côté et d'aider Jack, bien plus massif qu'elle.

"Dave, Jack ... Un ami. Premium fighter.  J'ai craqué ma balise, il n'était pas loin. Chance et hasard. Il n'y a que nous deux, les autres ne sont pas sortis de la mine. Les bestioles étaient trop nombreuses."

Le visage de Dave n'exprima rien. Sa féroce compagnie n'existait plus mais il en avait vu d'autres.

"Même chose pour nous. Les colons se sont tous faits bouffer et on n'a pas pu réagir quand ces saloperies nous ont attaqués. Nous ne sommes plus que trois."

Trois sur vingt-deux ... Avec Dave, le colosse qui avait derrière lui une vie de combat, restait Badger, un type hargneux spécialisé dans les explos et Rory, une ancienne techno-commando reconvertie dans le mercenariat. Ils avaient morflé et les entailles sur leur armure indiquaient qu'ils avaient vraiment été "au contact". Ils s'étaient retranche dans le fond d'une coursive qui donnait sur une pièce circulaire qui ressemblait à un centre de commandement technique. Les trois survivants y avaient entassé un peu de matériel lourd. Rory retourna à une commande et pianota sur un écran.

"C'est pas net. Quelque chose brouille les coms mais je n'en trouve pas l'origine. On dirait que l'émetteur du problème ... se déplace."

"Ouais y'a rien de net ici. Badger a poussé une reco plus loin; apparement des colons ont essayé de se barrer fissa mais leurs navettes se sont écrasées au décollage, avant d'être dépiautées. Nous tous, on a essayé d'atteindre les hangars de maintenance mais ces merdes nous attendaient. C'est là-bas qu'elles se sont fait un bon gueuleton ... Dégueulasse ... On s'est replié ici mais certaines nous ont suivies. Depuis on est restés là. Rory! Montre nous les images."

La fille brancha son masque à la console pour un replay de leur précédente progression.

"Là!"

Arrêt sur image. De son gros index, Dave désigna une double porte métallique épaisse intacte.

"La réserve méca. Elle a l'air clean. Ca à l'air suffisamment grand pour abriter la navette de secours, même si elle est en pièces détachées. Rory en a trouvé une dans les registres."

Mais il s'interrompit.

"T'es venu comment Jack? Si vous êtes là, c'est que vous n'avez pas pu quitter ce putain de satellite."
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Jack Marston le mercredi 10 juillet 2024, 04:45:09
Après un premier contact confus, mais compréhensible, le code et la voix de Kira avaient rapidement calmé le jeu et convaincu ses camarades de les laisser approcher. Jack avait prudemment pris la suite après avoir ramassé son arme et laissa la brune surmonter le tas de cadavres rocailleux par la gauche, comme conseillé, avant de s’y mettre à son tour. Moins agile, plus épais, il eut plus de mal à se hisser dessus et usa de sa force pour écarter légèrement les dépouilles, prenant garde à les déranger le moins possible au risque d’activer un des pièges.

Par chance, il arriva entier et sans histoires et il hocha la tête avec reconnaissance vers la mercenaire, qui l’avait aidé sur la fin, avant de se tourner vers ce qui restait de son unité, saluant Dave à qui il venait d’être présenté, et qui devait être leur supérieur. Combien étaient-ils, au départ ? Le moins qu’on puisse dire était qu’il en restait bien peu, et si l’allure expérimentée et rude des survivants était une indication sur le niveau d’exigence des Mercs Fortuna, alors le bilan était pour le moins inquiétant. Mais le brun se tut et suivit la discussion.

Apparemment, ces créatures étaient plus nuisibles qu’il n’y paraissait en premier lieu. En plus d’être nombreuses, coriaces et très agressives, elles semblaient posséder des capacités supplémentaires et être vaguement organisées, occupant l’espace, tendant des pièges et disposant de moyens de nuire à leur électronique. Quand on en vint à lui, plongé dans le briefing, le vétéran laissa parler l’ancien militaire en lui.

« Une de ces saloperies a réussi à grimper sur mon vaisseau après avoir récupéré Kira. Elle a arraché une des tuyères et le crash a fait encore quelques dégâts mais… En réalité, si on peut trouver une tuyère de substitution pour le stabiliser, mon oiseau pourra repartir avec un peu de scotch et trois coups de marteau. C’est vrai qu’il est à 200m et que le terrain est traître mais… »

Il échangea un regard avec la technicienne du groupe, Rory, avant de continuer.

« Ces crashs au moment de l’attaque sont inquiétants. Ce qui brouille les coms pourrait avoir brouillé les instruments de vol aussi. Même si on arrivait à forcer l’accès à la baie de maintenance et si on trouvait une navette ici, je ne sais pas si on devrait s’y fier. Ça revient à envisager de descendre pour chercher la source de l’interférence… ou tenter notre chance dehors. »

Rory valida.

« Ça se tient. Il y a beaucoup de processus autonomes à l’œuvre pour les décollages sur les appareils qu’utilisent les corporations et s’ils étaient faussés… »

Elle mima un crash avec la main et fit un bruit équivoque avec la langue. Ça se passait d’explications. Badger brisa son silence.

« La baie méca, alors. »

Tout le monde tourna son regard vers lui, puis les regards se croisèrent d’un air entendu. Dave soupira sombrement.

« La baie méca. On va prendre tout ce qu’on peut comme puissance de feu. Jack, c’est ça ? Tu as l’air d’avoir de l’expérience. Ça fait plaisir d’être tombé sur toi. Désolé que tu doives risquer ta vie pour nous. »

« Je ne regrette rien. »

Il croisa le regard de Kiralynn l’espace d’une seconde et détourna le sien en pinçant les lèvres.

« Vous en avez bien bavé. Je porterai la mitrailleuse. C’est dans mes cordes et on ne pourra pas se passer d’elle si on doit lutter dans ces corridors. »

Dave hocha la tête et Badger fit signe à Jack de le suivre pour commencer à démonter l’arme lourde, pendant que Kira réglait ses détails avec ses camarades.
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Lilly le lundi 15 juillet 2024, 17:59:04
La mitrailleuse, c'était le must en arme lourde portative. Mais il fallait être tanké pour porté et utilisé ce monstre de 18 kilos et long d' 1m50, sans compter le réservoir dorsal de munitions qui pesait un âne mort. Badger décrocha l'arme de son trépied et la sangla sur Jack, ajustant courroies et réglant l'amplitude. Aucun détail n'était pris à la légère. Rory était équipée du même fusil que Kira et entassa dans un sac tablettes, câbles, batteries et tout un tas d'équipement électronique. Son exo-armure lui permettait de porter de lourdes charges. Dave, passa son arme en bandoulière et s'empara d'un énorme lance grenades à haute capacité. Badger releva les pièges et bourra son sac d'explos, de détonateurs et d'artifices.

"Personne fume à côté d'moi les mecs."

"Ca risque pas ... On est prêt? Copy?"

"Copy - Copy - Copy - Copy"

"Kira en tête, Jack en appui, Rory en trois, tu guides."

La mercenaire alluma son détecteur de mouvement cartographié sur la base. Elle avait pointé les priorités jusqu'à l'objectif final.

"Badger en 4, mec, si tu sautes, on y passe tous alors tu t'exposes pas."

"Ça risque pas Boss."

Dave ricana. Même dans les moments les plus durs, l'équipe tenait le coup. Rendre hommage aux morts viendrait plus tard, si jamais ils arrivaient à sortir de ce foutoir.

"Je ferme la marche. On progresse en sureté, pas de précipitations. Communication au geste. En cas d'accrochage, je vous laisse l'initiative devant pour voir si on fonce où si on se replie. Mémorisez l'itinéraire. Si il faut revenir dare-dare, qu'on ne perde pas de temps. Si l'un de nous se fait coxer..."

Ce fut son seul moment d'hésitation.

"... on le laisse. Ces saloperies ne nous laisseront pas le temps de réagir. Il faut survivre et alerter les autorités. En avant!"

Kira épaula son arme et activa ses filtres de vision. Un coup d’œil à Jack l'assura qu'ils étaient synchro et elle passa les débris pour reprendre la coursive. La pente était légèrement descendante et l'espace assez large pour passer à deux de front. il fit chaud très vite, les turbines de ventilation étant coupées. Rory guidait en sourdine, prévenait les embranchements et les points chauds. la progression devint tactiquement difficile après dix minutes. Les coursives se resserraient et seule la mercenaire de tête pouvait réagir. Seulement, entre conduits, dédale, et atmosphère suffocante, cela faisait beaucoup. Elle posa un genou au sol et écouta. Rien.

"Vous êtes passés par là tout à l'heure?"

"Non, j'évite les axes principaux. Les bestioles doivent être trop imposantes pour passer ici."

"Pas sûre. Y'a une merde qui colle par terre. Ça pue et y'en a partout."

"Si tu le sens pas, on passe ailleurs Kira."

"On a le choix...?"

Kiralynn reprit sa progression avant de s'arrêter de nouveau quelques mètres plus loin. Après un angle, une lourde porte à verins fermée obturait le corridor. Kira testa.

"C'est manuel. Jack, tu m'aides."

"Y'a quelque chose derrière, à quarante mètres. C'est lent."

La voix de Rory dans l'oreillette les fit tous frémir. Dave, à genoux, et Badger, au dessus, braquèrent leurs fusils.

"Ouvrez moi cette putain porte! Rory?"

"Je sais pas ce que c'est, y'en a beaucoup. Devant, dessus, dessous..."
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Jack Marston le mercredi 17 juillet 2024, 01:46:29
Jack s’attendait à être chargé comme une mule, mais la mitrailleuse était curieusement légère. Elle l’était jusqu’à ce qu’on y accroche la boîte de munitions, en fait. Maintenant correctement chargé, il s’inséra facilement dans le groupe avec lequel il n’avait pourtant ni passif ni affinité particulière. C’était une chose assez simple, le protocole, qui facilitait son intégration. Toutes les armées organisées finissaient par adopter plus ou moins les mêmes codes et méthodologies et les mercenaires avaient clairement leur propre bagage militaire.

Passant derrière Kira, marchant à ses côtés quand c’était possible, il gardait les yeux devant lui et l’oreille tendue vers les instructions de Rory. La technicienne avait sorti une sorte de capteur de mouvements sophistiqué qui lui permettait tant d’afficher un plan que de repérer du mouvement relativement à celui-ci. C’était foutrement pratique et il lui en faudrait sûrement un. Ça l’aurait sorti de sacrées panades à défaut d’en éviter.

Mais le plan ne pouvait pas dire si des dangers immobiles existaient et, comme Kira l’avait souligné, le sol commençait à changer depuis un moment. Jack avait senti ses semelles commencer à presser contre une matière gélatineuse, mais il n’avait rien dit tout de suite et laissait la tête de file en faire état. Comme elle le disait : ils n’avaient pas vraiment le choix et rien ne laissait penser qu’ils avaient une autre solution désirable.

Arrivés à la grande porte de la baie mécha, l’ouverture s’annonçait difficile et il ne fallut qu’un battement de cœur pour que Jack passe la mitrailleuse dans son dos et vienne assister Kira. La jeune femme avait déjà commencé à s’attaquer au verrou manuel, déjà mal huilé sans doute, et de surcroît englué dans une matière curieuse, comme du cartilage, qui résistait et l’empêchait de le bouger seule. C’est là que Rory annonça le nouveau problème et, comme les autres se préparaient à intercepter, le sang du brun ne fit qu’un tour et il écarta doucement mais fermement sa coéquipière.

« Je m’en occupe. »

Plutôt que de s’acharner sur le verrou, il attrapa la membrane semi-rigide et tira dessus par coups secs à plusieurs reprises. La chose résista les premières fois, mais elle finit par bouger et craqua dans un bruit sinistre en libérant le verrou. Jack attrapa ce dernier et le tourna enfin en soufflant, Kira venant l’assister. Ils devaient aller vite.

« Dix mètres… »

« Ça vient, cette porte ?! »

« A l’instant ! Go ! Go ! Go ! »

Au signal, les mercenaires avancèrent. Dave couvrit l’arrière avec Badger, poussant Rory vers Kira et Jack qui sondaient la baie plongée dans le noir avec leurs lunettes nocturnes.

« C’est vide. On y va. Kira, trouve de la lumière ! »

Le groupe passé, Jack reprit la mitrailleuse en mains et la vérifia une dernière fois.

« Ils sont là… »

Il y eut un bref silence avant que les créatures commencent à arriver. Elles déboulèrent des conduites du plafond et du sol, versions plus réduites et souples, couvertes d’écailles rocheuses éparses et incomplètes les protégeant moins mais leur offrant une certaine souplesse. Des petits ? Pas le temps d’y réfléchir. Ils savaient tous ce qu’ils risquaient en les laissant approcher. Jack caressa la détente une fois, deux fois, trois fois, et encore, et encore une fois, lâchant une rafale de balles perforantes sur chaque bestiole.

Mais le vrai danger allait venir du couloir. Profitant de l’agitation, les adultes avaient commencé à forcer le couloir d’où ils arrivaient, poussant les cloisons de leurs masses rocailleuses en s’aidant les uns les autres dans une furie incomparable à ce à quoi il avait pu assister dehors.

Jack laissa les petits à l’équipe et se tourna vers le couloir, tâchant d’économiser les munitions au maximum tandis qu’un à un, les monstres s’écroulaient, d’autres les passant et continuant le labeur.

« Il faut qu’on ferme ou ils vont nous coincer ici ! »

« Aye ! Rory ? Kira ? »

« Je ne trouve pas de poignée de ce côté ! Je… Dave… »

Le vieux barbu croisa le regard perdu de la technicienne et il comprit. Ils ne pouvaient pas fermer de l’intérieur. C’était sûrement une mesure de sécurité qui se tenait dans l’activité normale du site. Il soupira et arrêta de tirer avant de contourner les autres et de se précipiter vers le verrou.

« Dave ! »

« Dave ! Fais pas le héros putain ! »

Il y parvint et engagea la fermeture des lourdes portes anti-explosion. Il reprit sa course pour les rejoindre mais, à cet instant, une des créatures l’atteignit et trancha son talon d’Achille d’une frappe vicieuse. Il s’écroula, mais, au lieu d’abandonner, il attrapa son arme et riposta.

« Tâchez de rester en vie ! Que ça compte, bordel… »

Jack continuait d’arroser par l’ouverture qui rétrécissait rapidement, mais il croisa le regard de Kiralynn, hésitant, avant que Badger fasse à son tour signe à son équipière.

« On y va ? Jack, tu nous couvres ? »
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Lilly le vendredi 19 juillet 2024, 18:41:23
Ils avaient profité d'un répit le temps de leur progression; maintenant c'était le chaos. Se positionner et tirer sans toucher l'un des leur s'avérait presque impossible. Les mercenaires ne disposaient pas de toute leur puissance de feu ainsi, ce qui facilita l'avancée des créatures. Les départs des coups zébraient le champ visuel de Kira qui comme les autres fut éblouie, son masque intensifiant la luminosité ambiante. Le spectre thermique ne fonctionnait pas, ces saloperies avaient le sang froid. il était préférable de repasser aux vieilles méthodes et elle éteignit son appareil de vision nocturne pour allumer la lampe intégrée de son fusil.

"Fait chier!!"

Rory galérait à refermer la porte une fois qu'ils eurent tous pénétrer la baie méca. Trop grande, trop large, trop haute, trop sombre ... Kira avait l'impression d'être la petite étincelle de lumière qui rameutait tous les curieux de la zone. Activer les projecteurs s'avéra inutile, le jus était partiellement coupé dans ce secteur. C'était plutôt la spé de Rory de gérer ces problèmes là à distance. Dans les oreillettes, ils s'entendaient à peine, le staccato de la mitrailleuse lourde noyant toute autre forme de sons. Le chaos était total jusqu'à ce que Dave déconne et n'en fasse qu'à sa tête.

"DAVE! NOOON!"

Leur chef fit ce que tout bon chef ferait et faillit s'en sortir. Mais il s'écroula blessé, sans grandes chances de pouvoir échapper à une mort atroce. Chez les MERCS Fortuna, on respectait les ordres ... jusqu'à ce qu'on décide de faire autrement ... Tous réagirent au quart de tour et sous la couverture feu de Jack, les trois autres mercenaires coururent chercher Dave, s'épaulant les uns les autres et assurant la continuité d'un feu nourri. Badger, le plus costaud, prit Dave par les épaules et le tira en arrière. Kira et Rory allaient passer devant pour protéger leur repli quand une créature adulte de couleur plus pâle que les autres "cracha" un jus visqueux. Le jet atteignit la jambe gauche de Dave qui hurla comme un fou tandis que le membre fondait en grésillant. L'acide remontait, désintégrant les chairs et laissant une horrible odeur âcre emplir l'espace. Badger tira son chef et dans un dernier effort bascula du bon côté de la porte. Les filles suivirent à temps et un "CLAC" sonore et métallique indiqua la fermeture totale de l'accès.

Rory était déjà sur lui.

"Tenez le!"

Kira et Badger se jetèrent sur lui pour le maintenir et la tech, à défaut d'un outil adapté, sortit un mini-laser de découpage d'une de ses pochettes. Le rayon rouge  jaillit dans l'obscurité et au jugé, elle le passa haut sur la cuisse de Dave, détachant le membre mutilé et cautérisant le moignon restant. Dave s'était évanouit entre temps et l'opération réussie ... bien que le terme d'opération ne soit pas vraiment le plus adapté...

La petite équipe formait une bulle de protection autour du blessé inanimé. Le calme était revenu.

"Ils ne cherchent pas à enfoncer la porte, je n'entends rien. Ils pourraient passer ailleurs? Ils peuvent mémoriser un autre itinéraire?"

"Je ne sais pas. Je serais tentée de croire que oui, où qu'ils sont guidés par autre chose. Des espèces d'insectes fonctionnent comme un seul individu, tous liés et reliés par une reine intelligente, pourquoi pas ceux-là?"

"Tant qu'on peut les buter ..."

"Ouais ... mais il me reste deux chargeurs ... Je consomme plus de munitions que je tue de ces bestioles. Il va falloir trouver une solution si on reste coincés ici. Où sont les corps du reste de l'équipe? On peut récupérer de l'équipement?"

"Trop loin ..."

"Ok on cherche un coin pour se mettre en sécu. On est pas bon au milieu. Je vais avec Jack explorer la baie. Vous, vous stabilisez Dave. Si il se réveille, il va foutre le bordel. Jack?"





Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Jack Marston le samedi 20 juillet 2024, 03:48:22
Tout s’était enchaîné très rapidement. Le reste de l’unité mercenaire s’était jeté comme un seul homme au secours de son chef blessé pour tenter de le sauver, et Jack se déporta pour continuer d’arroser les monstres aussi longtemps que possible, pour leur donner l’opportunité, la petite fenêtre nécessaire pour réussir. Bien sûr, leur présence lui donnait un angle mort et il dut assister impuissant à l’apparition de cette nouvelle variante étrange et immonde et à sa démonstration infecte. L’odeur lui agressa les narines et les cris le choquèrent, mais il tint bon et continua de les couvrir, n’arrêtant que lorsque leur présence dans l’ouverture étroite des portes en cours de fermeture l’empêcha de continuer. Il avait lâché la mitrailleuse et attrapé Dave par le col, aidant Badger à le tirer à l’intérieur, permettant d’accélérer juste assez pour que les filles puissent entrer.

Ils avaient eu chaud. Et le cauchemar n’était pas terminé. On agit toujours comme un seul corps, Jack se joignant aux autres, maintenant la jambe valide de Dave pour l’empêcher de la mettre sur le chemin du faisceau qui l’amputa sans délai. Aux premières loges, Jack fixa l’opération avec un regard vide, renvoyé par les actes comme par l’ambiance à un passif traumatique qui défila devant ses yeux, un passif qu’il avait fui avec Spike et qui lui avait coûté Lina. Et, lorsqu’il tourna la tête, croisant le regard de Kira, il crut la voir une seconde, et le choc le tira de ses pensées. Dave s’était tu et on se séparait de lui pour réfléchir à la suite.

Comme Kiralynn le souligna, les bestioles n’avaient pas essayé de gratter la porte. Même avec leur acide dégueulasse et avec leur force brute, elles n’avaient probablement pas les moyens de la forcer. Sinon, elles l’auraient déjà fait, à n’en pas douter. Non, elles avaient déduit en être incapable, ce qui était… Tout le monde sentait que les choses étaient anormales, mais Jack n’était pas du genre très cérébral et il se concentrait trop sur leur première mission. En plus de cela, il sentait le poids de la mitrailleuse sur son épaule et il savait sans devoir l’examiner que ses propres munitions étaient réduites à peau de chagrin. Leurs options devenaient très limitées.

« Jack ? »

« Hm ? »

Il sortit de ses pensées et croisa les regards du reste de l’équipe, avant d’intégrer ce qui avait été dit autour de lui et de hocher la tête.

« Ouais, allons-y. Il faut déjà voir si venir jusqu’ici valait le coup. Et, au fait, la mitrailleuse est quasiment à sec elle aussi. »

Il chassa la bandoulière d’un geste des épaules sous les regards abattus. L’arme lourde était un atout certain pour tout plan de sortie et il leur faudrait faire avec. Cette attaque leur avait coûté cher en munitions et si ces bestioles cherchaient à les mettre à sec, elles étaient effectivement prêtes à y arriver. Mais le vétéran ne se laissait pas abattre et, se relevant en délassant sa charpente endolorie, il sortit son arme de poing, un revolver à impulsions et balles explosives, un calibre de belle taille qui semblait tout à fait adapté à sa large carrure et sa main puissante.

« Si tu peux trouver un moyen d’allumer la lumière, Rory ? »

La technicienne hocha la tête et il se retourna pour allumer le petit projecteur intégré au couvre-gâchette de son arme et prendre les devants dans l’exploration de la baie. Il s’éloigna avec Kira, plus porté par l’envie de prendre un peu de large avec elle que par la motivation de trouver quelque chose. Dans le noir, ils ne trouveraient pas grand-chose. Alors, lorsqu’il se considéra assez loin, il s’arrêta et se tourna vers celle avec qui toute cette aventure avait commencé, lui adressant un regard compatissant et un sourire douloureux.

« Cette mission tourne vraiment au cauchemar. Ça va aller ? J’en ai gros, alors j’imagine à peine pour toi. »
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Lilly le lundi 05 août 2024, 16:34:06
L'obscurité pesait dans la baie. Il y régnait une impression d'écrasement permanent, comme si l'air peinait à atteindre les poumons des combattants. Pourtant, l'endroit devait être immense, les plans consultés l'attestaient. Le silence aussi rendait nerveux et chaque petit bruit semblait retentir comme un coup de gong. La position de Dave entouré de Rory et Badger reflétait l'angoisse de Kira. Avec leurs torches, ils brillaient comme un phare dans la nuit, et la nuit, la lumière attire les insectes ... Cela devait être la même chose avec eux. Le duo avançait prudemment en suivant le faisceau de la lampe de Jack. Pourtant, rien ne leur sauta dessus pour les éviscérer ou les dévorer; ils étaient bien seuls.

"Je déteste cette impression de vulnérabilité, ça fout les jetons. Et puis, on ne sait même plus ce qu'on cherche."

Comme si les colons avaient voulu leur jouer un mauvais tour avant leur arrivée, les mercenaires ne trouvaient rien d'utile. Il y avait bien des étalages de matériel mais, où trop lourd, où en pièces détachées, où destiné à autre chose que la guerre ou la mobilité.

Sous la protection de Jack, Kira força quelques caisses ... Toujours rien d'intéressant ...

La mercenaire soupira. "On s'accorde un moment? Il faut fêter nos retrouvailles... Je me pose!"

Kira s'assit à même le sol en s'adossant à une caisse, son arme posée à ses côtés. C'était le premier vrai moment où elle pouvait se permettre de souffler depuis le début de ce bordel.

"Ça va aller ... Ça va toujours ... jusqu'à ce que tu t'apercoives que tu es au bout du tunnel. Là j'ai un très gros doute quant à nos chances de survie, et je suis super positive. Est-ce qu'il pourrait y avoir une situation pire que la nôtre?"

Parfois, Kira parle trop vite. C'est un trait de famille impossible à dissiper. Bien sûr qu'il y a pire et Jack est déjà passé par là. Kira souffle un bon coup et tâtonne jusqu'à trouver l'avant bras de Jack qui s'est assis lui aussi. Elle se rapproche en glissant sur ses fesses pour se coller à lui.

"Désolée. Je ramène ma gueule mais je ne le pense pas. Je sais par quoi tu es passé. On va s'en sortir. Sauf si Badger ne la ferme pas ..."

En effet, un peu plus loin, ils entendent la grosse voix du mercenaire grognée et celle plus ténue de Rory, tentée de le calmer. On devine qu'ils trainent Dave dans un coin. D'ailleurs très peu de temps après, un grincement métallique indique qu'ils ouvrent quelque chose. Dans l'oreillette, Rory annonce qu'ils ont trouvé un local qui peut les abriter.

"On te rejoint Rory ... dès qu'on a fini notre tour."

Kira trouve la main de Jack et lui serre les doigts.

"Lina doit bien se marrer de nous voir dans cette situation. Si elle était là, elle nous traiterait de mous du bulbe."

La mercenaire pose sa tête contre l'épaule massive de son compagnon. "Qu'est ce que je ne donnerais pas pour une dose de Met de combat ..." Mauvaise habitude que de consommer cette merde mais avec un boulot pareil, fallait avoir les écoutilles sensorielles bien ouvertes.

"Tu n'as jamais voulu me dire comment ça s'était passé Jack. Lina était ma sœur. J'ai le droit de savoir ..." Elle raffermit sa prise sur lui, sincèrement tendre. "... même si ça te fait mal."

Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Jack Marston le jeudi 08 août 2024, 02:31:57
La réponse de Kira ne se fit pas attendre, et elle était parfaitement normale. En tant qu’ancien soldat, Jack avait pris l’habitude de ne pas avoir le contrôle et de se sentir impuissant. C’était justement pour ça, et pour des raisons somme toute différentes mais de même aloi, que Spike et lui avaient déserté et affrété leur vaisseau. Y être familier et y réagir plus sereinement ne voulait pas dire que c’était supportable, bien au contraire.

Au-delà de ça, leurs recherches se révélaient infructueuses jusque là et la mercenaire, au bout de sa patience, décida de s’installer comme elle le pouvait pour faire une pause. Jack ne la contredit pas et s’assit tout près, pointant sa lampe torche face à eux et la posant à terre après s’être débarrassé de l’artillerie lourde qui lui pesait. Il soupira, s’appuya sur la même caisse et laissa sa tête se poser dessus, jambes ramenées vers lui et bras croisés autour de ses genoux.

Pour ce qui était de sa question, il avait évidemment des réponses à lui donner, mais le fallait-il ? Il tourna la tête vers elle en souriant avec empathie, la laissant prendre son bras et s’approcher, chercher un contact humain, en se demandant quel scénario, entre un sérieux et un loufoque, lui ferait le plus de bien à entendre, mais elle l’interrompit vite pour reconnaître sa propre expérience.

« Ne t’excuse pas. C’est une situation critique et le fait qu’elle pourrait être pire ne la rend pas plus difficile à gérer. »

Il soupira.

« Laisse Badger lâcher ses nerfs. Les bestioles seraient ici depuis longtemps si elles avaient trouvé une entrée. Malheureusement, on ne survivra pas longtemps en restant ici. »

Un grincement l’interrompit là où les deux autres mercenaires semblaient traîner leur chef à l’abri. Très vite, ils annonçaient avoir trouvé un abri et Kira leur annonça leur venue prochaine. Pour Jack, c’était un signal pour se relever et reprendre les affaires, mais la main de la brune dans la sienne, les doigts se serrant autour des siens, l’interrompirent et il posa un regard plus intense sur elle. Il se donnait du mal pour faire abstraction de la parenté évidente entre sa Lina et elle. Avec le temps passé, il devenait difficile de se rappeler toujours parfaitement des traits de sa défunte aimée et ceux-ci se mélangeaient inexorablement à ceux de sa sœur quand il la regardait. Et ce contact qu’il avait souvent partagé avec elle dans les tranchées le renvoyait brutalement au passé et à cet amour perdu.

Seule la plaisanterie verte de Kira, qui lui arracha un toussotement amusé, lui rappela où ils étaient. Et puis, Lina n’abusait pas des stimulants. Il lui devait son rapport raisonné à ces produits, lui-même ayant été tenté d’abuser des cocktails chimiques testés par l’armée sur ses troufions pour les pousser au cul jusqu’à la mort. Sans doute lui devait-il la vie. Sans doute devrait-il conseiller Kira de suivre son exemple.

Mais la guerrière n’en était pas là. Elle cherchait à crever un abcès douloureux et à savoir ce qui était vraiment arrivé à Lina, et, cette fois, Jack détourna le regard dans le sens opposé, mâchoire serrée, visage fermé. Il comprenait sa curiosité, mais ce n’était pas raisonnable, et c’était extrêmement douloureux à revivre. Il aurait aimé ne pas s’y replonger, mais l’évoquer seulement l’y renvoyait toujours et il résista autant qu’il put jusqu’à ce que les événements reprennent vie devant ses yeux aveuglés par la fulgurance du passé, et qu’il brise ce silence qu’il avait tenu nerveusement d’une voix laconique.

« On nous avait assigné à une mission de reconnaissance-feu sur la ligne de front entre Holter et Mollna. Il y avait un massif forestier à mettre à jour, il fallait empêcher l’ennemi de s’y installer pour que les troupes puissent s’y positionner. Enfin, ça, c’était la version officielle. Les huiles savaient que l’ennemi avait fortifié le bois, mais ils voulaient savoir comment et à quel point. Alors, ils nous ont envoyé. »

A son tour, et pour la première fois, il raffermit sa poigne dans celle de Kiralynn, amenant son autre main à son bras pour y trouver la sienne. C’était son tour de se rapprocher, de se coller à elle en se contenant nerveusement.

« Nous n’avons pas tardé à trouver les positions fortifiées. Elles avaient été très bien préparées. On était au beau milieu de leur zone de tir quand ça a commencé. Ils ne nous ont laissé aucune chance : fusils, mortiers, grenades, drones… Tout y est passé. Un carnage. Nous nous sommes repliés en catastrophe sans pouvoir rien voir. C’était une véritable débandade. J’ai vu un paquet de débâcles, mais jamais comme ça. Avec Spike, Lina et deux autres, on restait soudés, on tentait de s’en sortir. Comme tu le sais, nous ne sommes que deux à nous en être sortis. »

Le silence retomba et il se détendit légèrement. Il s’attendait à vivre plus mal ce moment où il devrait s’ouvrir à Kiralynn sur ce qu’avait vécu Lina, mais il ne fut inondé que par une vague de torpeur et par un détachement relevant sûrement de symptômes dépressifs bien ancrés. Après tout, ne s’occupait-il continuellement et ne flirtait-il pas que pour éviter de faire face à la solitude ?

« Nous sommes passés sur une mine. Le binôme de tête l’a activé et Lina était au centre. Les deux premiers ont été pulvérisés, et elle… »

Un soupir douloureux lui échappa avant qu’il continue en retenant une larme lourde et tremblante.

« Elle avait perdu une jambe et un bras. Son flanc était… décharné jusqu’à l’os. Elle souffrait abominablement. On a épuisé notre stock d’antidouleurs et de coagulants en la traînant jusqu’à nos lignes et en arrivant… En arrivant, il ne lui restait plus beaucoup de temps. Elle était blanche, les lèvres bleues, les cernes noirs, elle était frigorifiée. Elle ne s’efforçait de tenir que pour pouvoir me parler. Elle… Elle m’a demandé de la prendre contre moi. Je l’ai pris sur mes genoux, au fond de cette tranchée vide, avec Spike pour seul témoin, silencieux. Elle a rassemblé ce qu’elle pouvait de forces pour me dire qu’elle m’aimait et qu’elle était désolée. Je suis sûr qu’elle voulait en dire plus, mais nous nous sommes embrassés et quand j’ai lâché ses lèvres… Son dernier soupir l’a quittée. Elle était… partie. »

La suite était assez connue. Spike et lui avaient demandé des comptes, avaient appris la vérité et s’étaient insurgés. Ils avaient le choix entre la désertion et la cour martiale, et ils savaient qu’on les ferait taire s’ils passaient en jugement. De toute manière, ils réclamaient leur liberté, alors ils l’avaient prise, et ils étaient partis en laissant cet enfer derrière eux pour de bon.

Jack lâcha son bras et la main qui y était posée pour essuyer quelques larmes en reniflant.

« On devrait peut-être y aller. »
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Lilly le vendredi 16 août 2024, 13:46:16
Les blessures de la guerre n'étaient atroces que lorsque l'on y était réellement confronté. De loin, à travers les productions cinématographiques ou les reportages de journalistes sprintant après des scoops et prêts à dévoiler des images "insoutenables", on ne savait rien. L'écran ne renvoyait pas les odeurs immondes des chairs en putréfaction, il ne détaillait pas les os fracturés et les muscles lacérés suintant un jus épais, il ne perdait pas de temps sur les crânes éclatés, les cervelles broyées et les membres amputés. Tout cela était réservé à ceux qui souffraient sur le terrain, à ceux qui tentaient de remettre les entrailles d'un ami dans un ventre déchiré, à ceux qui essayaient d'insuffler un peu d'air en soufflant directement dans une trachée percée, à ceux qui n'étaient jamais remerciés que par l'attribution d'une médaille qui n'avait pour valeur réelle que son poids en métal.

Kiralynn était de ceux-là et ses yeux s'embuèrent de larmes en écoutant Jack raconter les derniers instants de sa sœur. Lina avait eu mal, elle avait souffert dans ses chairs et dans son âme avant de s'éteindre tristement. Il n'y avait eu ni bénédiction divine, ni soutien des armées; seulement son Jack pour lui permettre de ne pas sombrer dans l'oubli.

"Merci Jack ..."


Il n'y avait rien d'autre à dire. Le contact de leurs doigts remplaçait toutes les paroles du monde. Kira avait un goût de bile dans la bouche. Quel gâchis, comme toujours. La propagande du gouvernement, hypocrite et misérable, se targuait de hauts faits d'armes qui ne lui revenait pas. Elle se hissait sur les cadavres de soldats pour briller au-dessus des considérations humaines sans lesquelles pourtant elle n'était rien. Lina n'était que l'une des innombrables victimes de la machine gouvernementale mais elle était sa sœur et Kira fut submergée par une vague de haine pure à l'encontre de tous ceux qui se pavanaient dans les mondes sécurisés du centre, des hauts gradés ventripotents aux personnalités politiques aussi médiatiques que véreuses ...

"Oui, on devrait y aller."

Kira se relève et roule des épaules pour ajuster son gilet. Elle n'a pas besoin de regarder son arme pour savoir qu'elle est prête à l'emploi, elle la connait par cœur. Rejoindre les autres ne leur prend que quelques instants. La baie est vide de toute autre forme de vie. Dans le local, Rory a stabilisé Dave qui comate sous l'effet de puissants antalgiques. Badger a déjà fait le tour des lieux et fait la gueule.

"Y'a rien ici qui peut faire office d'arme. Y'a que des malles de matériel d'excavation donc si l'un de vous veut se battre avec une foreuse de 150 kilos ..."

"Si on la monte sur roues et qu'on dévie le système pneumatique uniquement en sortie de bouche, on peut en faire une batterie de tir. Il y a des forets?"

"Ouais, des forets de .50, de pleines boites..."

"Ok, on a de l'artillerie alors ... Kira, reste avec Dave. Jack, aide moi sur la foreuse. Tu es pilote, tu connais les câblages et les connectiques. Ce n'est pas compliqué, ça devrait aller vite."

Palier au manque de munitions était une gageure. Maintenant que l'ennemi était assez bien identifié, il fallait avoir les moyens de le détruire. Les balles perforantes étaient relativement efficaces contre les carapaces mais avec la puissance de projection d'une foreuse, ils avaient de quoi causer de très gros dégâts. Roxy était efficace et vive d'esprit, c'est bien pour cela que Dave l'avait recrutée et il ne lui fallut pas plus d'une heure à travailler de concert avec Jack pour mettre sur pied un "canon mitrailleur à rechargement automatique".

"Un chef d'œuvre ... J'en veux un pour chez moi!"

"Si on sort d'ici, je te fais ce que tu veux ..."

"Arrêtez ça, pour la baise on verra plus tard. On fait quoi? Je propose que l'un de nous reste avec Dave, les autres partent en chasse. Y'a rien ici pour nous aider. Je commence à croire qu'on s'est plantés. Une navette en pièce détachée, on l'aurait trouvée. Les colons l'ont peut être utilisée sans la sortir des stocks ..."

"Possible."


"Badger, tu restes avec Dave? Il est lourd à trimballer et si tu dois te barrer dare-dare ... Roxy ou moi, on y arriverait pas."

"Mouais ... "

Kira échange un regard avec Jack et Roxy.

"Va falloir sortir ..."
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Jack Marston le samedi 17 août 2024, 07:06:39
Acte 2
Chasseurs de monstres

▪ ▪ ▪


Le remerciement l’avait touché. Et il avait semé un nouveau trouble entre eux, ou peut-être avait-il accru un trouble déjà présent. C’était comme s’ils étaient deux aimants s’alignant peu à peu par leurs expériences communes et leur deuil partagé. Jack aurait bien pu passer un long moment ici.

C’est bien pour ça qu’ils avaient dû briser leur solitude et rejoindre les autres.

Dans le petit local, les choses avaient bien avancé. Badger et Rory n’avaient pas chômé et, leur chef stabilisé et assommé par les antalgiques, ils semblaient avoir commencé un ballet d’un genre nouveau, la soif de carnage de l’homme se couplant à l’ingéniosité de la technicienne dans une danse mortelle qui avait sur les deux un effet fort stimulant que Kira avait vite fait de repérer et de faire taire. Peut-être y voyait-elle un écho de ce qu’elle vivait, mais elle avait aussi raison quand elle disait qu’ils devaient se concentrer sur leurs objectifs pour le moment.

Et, pour le moment, ils étaient baisés. Coincés dans la baie méca, assiégés, ils finiraient par mourir de faim ou sous les vagues de bestioles qui finiraient bien par trouver un passage si leur présence les motivait assez. Ils n’avaient ni navette, ni de quoi réparer son vaisseau, alors il fallait revoir le plan, et le plan était de faire face et de chercher une solution. Ils n’avaient pas vraiment plus d’options à ce moment et ils avaient déjà établi qu’ils devaient sans doute éliminer ce signal mystérieux s’ils voulaient filer d’ici.

Déjà, la foreuse les aiderait. Les bestioles se servaient de leur masse pour les acculer. Ils pouvaient annuler cette stratégie avec ça, et ils s’y attelèrent pendant une bonne heure, oubliant un peu leur galère dans la labeur commun avant de pouvoir se féliciter de leur realisation. Mais Jack, lui, fouillait maintenant l’atelier, curieux. Peut-être trouverait-il une note ?

En cherchant, il fut attiré par une grosse découpeuse laser, visiblement en parfait état, dont la présence ici était pour le moins curieuse. Cet engin pour gros ouvrages aurait dû être sur les extensions prévues de la base, pas ici, à prendre la poussière. Mais c’est un petit mot collé dessus qui lui donna un début de réponse.

Citer
Wang

Ces putains de découpeuses pas cher de la Boring Company continuent de déconner les unes après les autres !

C’est toujours la même merde : elles balancent des décharges à puissance maximale au lieu d’un faisceau continu sur les fréquences voulues.

Tat’ a failli perdre une jambe ! Trouvez une solution putain de MERDE !

AU BOULOT !!!

Pattie

Intrigué, il commença à aviser les autres outils présents. Tous portaient effectivement le même logo et tous étaient des découpeuses de diverses dimensions, avec batteries à très haute capacité et tout le tintouin. Du beau matériel, à première vue, si on excluait le défaut. Mais ce défaut pouvait peut-être leur servir ? Il écarta la plus grosse et la mit sous tension pour vérifier la batterie, et il la testa un peu, faisant pivoter le large arc émetteur de l’horizontale à la verticale, puis dans l’autre sens. Un autre modèle, de la taille d’un gros revolver, semblait avoir la même fonction mais sur une amplitude moindre, pour un travail plus précis, mais tout aussi lourd à priori.

Finalement, Kira concluait qu’ils allaient devoir se lancer quand Jack, reprenant la grosse découpeuse, la ralluma, la chargea et pressa la détente en direction du fond de l’atelier. Il y eut un flash brutal et un son strident déchira l’air. Une seconde après, une ligne incandescente balafrait l’épaisse cloison renforcée et, passant ses lunettes nocturnes et se penchant dessus, il put constater que la fracture s’étendait sur un bon mètre de profondeur. Il ne put s’empêcher de siffler, et il posa la découpeuse pour passer la sangle l’ayant aidé à porter la mitrailleuse de cette dernière à la première. L’instant d’après, il lançait deux découpeuses de précision à chacune des filles.

« Désolé pour la surprise. Je crois que ça nous servira bien contre ces saloperies. On doit mettre toutes les chances de notre côté, pas vrai ? »

Il adressa un sourire à Kira, s’excusant à la cheffe désignée du groupe plus qu’aux autres avant de se retourner vers l’établi pour vérifier la charge d’une troisième découpeuse défectueuse. Il allait l’envoyer à Badger quand il s’arrêta pour ramasser un papier, et il le lit tout en envoyant l’engin au dernier mercenaire.

« C’est une note de service. Ça concerne les pièces de grande valeur. Apparemment, la boîte trouvait qu’ils en utilisaient trop et qu’ils pouvaient pousser le matériel plus loin avant remplacement. Classique ! Du coup, ils les ont déplacées d’ici à… A une chambre sécurisée… Quelques niveaux plus bas ? »

Un bruit sourd troubla leur tranquillité relative sous leurs pieds et le chasseur de primes avisa le sol avec un air résigné.

« C’est là qu’on va, après tout. Je pense que si on doit trouver des pièces de vaisseau, on en trouvera là-bas. Raison de plus pour aller chercher ce qui cause ces interférences, pas vrai ? »

Il passa la note à Kira, la laissa lire avant qu’elle la passe aux autres, et ils échangèrent un regard entendu.

« On a une chance. »

« Et une raison de rester en vie, » répliqua la technicienne sans pouvoir s’empêcher d’adresser une œillade à son camarade tatoué.

« On va sortir de là. »

Tous se tournèrent vers leur leader et Jack adressa un sourire confiant à Kira. Il posa une main assurée sur son épaule après avoir hissé la découpeuse lourde sur son dos.

« A ton signal, cheffe. »
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Lilly le vendredi 29 novembre 2024, 14:10:46
Kira ne s'était jamais considérée comme une "cheffe". Elle était une excellente combattante et avait toujours œuvré en solo ou au sein d'un groupe sans en avoir particulièrement le lead. Commander c'était avoir la responsabilité de la vie des autres sur les épaules et elle n'avait pas envie de faire des choix qui pourraient s'avérer fatals pour un des survivants.
Elle avait proposé des idées qui avaient été suivies jusque là mais n'avait même pas eu l'ombre d'une envie de commander. Dave aussi, avait pris toute la place jusqu'à présent ... mais, Dave n'était plus en état de faire quoi que ce soit.
Et que Rory et Jack se tiennent devant elle en la regardant, attendant ... une réaction ... ne l'aida pas. Subitement nerveuse, elle baissa les yeux sur la découpeuse qu'elle venait de recevoir: pesant son poids certes mais incontestablement utile. Elle souffla un coup, expulsant l'air sec et poussiéreux de la baie méca de ses poumons.

"Ok, on va descendre. On évite au max les contacts, on privilégie le repli si on est détecté. On ne prends pas de risques inutiles." Sortir de la baie méca en était déjà un gros de risque ...

"On priorise la recherche du matos, et ensuite on avisera pour l'élimination du signal."

La voix de Kira résonnait, même dans la petite pièce isolée dans cet immense hangar. Les parois métalliques semblaient répercuter ses paroles comme une consigne absolue. Elle n'évoqua pas les mesures à prendre si l'un d'eux était blessé ou quoi que ce soit dans ce genre. Si cela devait arriver, elle préférait réagir dans l'action.

Tous aidèrent Badger à fortifier le bureau, à mettre la lourde foreuse modifiée en place en réduisant l'espace de l'éventuel axe d'approche des monstres. Personne n'était dupe quant à un système défensif statique face à ces saloperies. Le nombre faisait toujours la différence quand on ne bougeait pas.

"On va vite perdre le réseau radio, Badger. Tu seras seul jusqu'à notre retour."

"Alors trainez pas!"

Ce fut tout. Kira, Jack et Rory n'eurent que besoin de se regarder pour confirmer qu'ils étaient prêts. Devant la porte par laquelle ils étaient entrés dans la baie, les filles se mirent en garde avec leurs découpeuses.

"Jack les gros bras ... La porte est pour toi!"

Il n'y avait pas d'autres issues ou alors elles étaient soudées, ou donnaient sur l'extérieur, où se balader n'était pas la meilleure des choses à faire.
Kira et Rory étaient tendues à mort mais quand l'étroit couloir se dévoila ... il n'y avait plus rien. Les carcasses des bestioles crevées avaient été retirées. Seul subsistaient au sol des mares de jus poisseuses. Dans le doute et marqués par le sort de la jambe de Dave, ils prirent soin de ne surtout pas marcher dedans. Rory en tête, ils remontèrent à une allure d'escargot l'étroit corridor. Badger les traiteraient de limaces cosmiques s'il les voyait faire ...
Kira sentait la présence réconfortante de Jack derrière elle, et s'assurait d'offrir à Rory le même soutien psychologique. La techno-commando partageait son attention entre l'environnement immédiat et l'écran de son module de guidage couplé au détecteur de mouvements. Elle s'arrêta au premier embranchement, un carrefour en croix dans les coursives métalliques et ils se regroupèrent. Des indicateurs de direction phosphorescent diffusaient une légère lueur et quand Rory se retourna, Kira vit que son visage ruisselait de sueur avant de s'apercevoir que le sien aussi.

"Il fait chaud ou c'est moi?"

"Oui il fait chaud, plus que tout à l'heure..."

"C'est quoi ce bordel?"

"La station est alimentée par un noyau nucléaire. C'est antique comme technologie mais ça ne tombe pas en panne. Idéal pour les installations sommaires comme cette base. En revanche, si le système surchauffe et que ça claque ..."

"Tu crois que c'est ça?"

"Je vois pas les bestioles nous gratifier d'un chauffage d'agrément."

Kira regarda Jack.

"Ça empire et ça urge. Soit cette forme de vie dispose de ressources vraiment intelligentes, soit quelque chose d'autre leur profite. Rory?"

"Par là pour descendre." répondit la tech en consultant son écran.

"Jack passe devant."
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Jack Marston le vendredi 06 décembre 2024, 03:28:19
L’équipe avait désigné Kira comme le nouveau leader, simplement parce qu’elle était la plus apte, et ils le savaient. Tant mieux si elle n’était pas à l’aise dans ce rôle. Jack avait appris à se méfier de ceux qui voulaient commander. Ils avaient vite fait de vouloir plus d’avancement, et de mener leurs plans aux détriments des vies de leurs hommes. Elle serait raisonnable et prudente, et elle serait bien entourée. C’était là l’essentiel.

Ils avaient vite fait d’aider Badger à s’installer. C’était plus une manière de l’aider à supporter le stress que de le sauver, mais tout pouvait aider. A la guerre, tout le monde savait que les cope cages ne servaient pas à grand-chose, pourtant les soldats continuaient d’en réclamer. Juste au cas où. Difficile de les blâmer.

Puis, ils étaient sortis. Jack se chargea de débloquer la porte qui finit bientôt par s’ouvrir en grinçant, révélant un couloir vide, mais poisseux, immonde, pestilentiel. On les esquiva par prudence autant que par dégoût. Puis, ce fut la lente, très lente, et prudente avancée à travers le couloir préalablement emprunté. Il avait été considérablement endommagé. Même sans corps, les traces de lutte et de destruction étaient évidentes. Jack s’interrogeait sur le sort des cadavres. Ces bestioles avaient-elles des sortes de rituels funéraires ? Ou était-ce plus sinistre ? Il préférait ne pas trop y penser. Ça le faisait suer rien que d’y réfléchir. Non, ce n’était pas ça.

« Je me disais bien, » rajouta-t-il quand les filles constatèrent la température.

Il devait faire pas loin de 30°C, ce qui était proprement invivable, mais leur stress les avait empêché de le remarquer tout de suite. De toute manière, ils n’avaient guère le choix. Nucléaire ou non. Même si la révélation fit frissonner Jack. Il croisa le regard de Kira avec préoccupation, mais lui transmit sa détermination.

« Elles peuvent préférer ces températures, ou bien trafiquer le réacteur. Peu importe. Raison de plus pour se grouiller. »

Au signal de Rory, elle lui commanda de prendre les devants et il ne se fit pas prier, les laissant se décaler pour laisser passer sa carrure et l’outil démesuré qu’il se trimballait.

« Yessar! »

Prudemment toujours, Jack accéléra sensiblement le pas, prenant soin de regarder partout à l’affût de la moindre irrégularité, de la moindre menace. Son pas était un peu lourd mais, chargé comme il l’était, il ne pouvait s’en empêcher. Il espérait juste que ces saloperies ne soient pas trop sensibles aux vibrations, ou qu’elles soient occupées à autre chose. Peut-être à digérer leurs cadavres dans le réacteur nucléaire.

Dégueulasse...

« Tout droit, puis à gauche. »

Jack suivait les indications de la technicienne à la lettre, les dirigeant en file indienne vers leur destination. C’était la pire manière d’avancer, mais ils n’en avaient pas d’autres.

Plus ils avançaient et plus la température grimpait. Jack voyait ça comme un signe qu’ils touchaient au but.

« Cette chaleur peut venir d’autre chose, » présuma-t-il. « Rory, moins près. Si on me tombe dessus, je ne veux pas que tu sois à portée de crocs toi aussi. »

La brune l’écouta et laissa de la distance entre eux. Ils continuèrent ainsi et ils arrivèrent bientôt au dernier tronçon avant la porte blindée de la réserve sécurisée. Toujours rien. Jack s’arrêta, s’appuya au mur pour souffler et tendit l’oreille.

« C’est trop calme, » chuchota-t-il en croisant les regards de Rory, puis de Kira. « On sait… enfin, on se doute que ces saloperies sont intelligentes. Ca pue le piège. Rory, rien sur ton détecteur ? »

« Négatif, » répondit-elle en secouant la tête d’un air résigné.

Jack observa la coursive avec dépit avant de poser son arme de fortune à terre.

« Je vais avancer. Léger. J’aurai une chance de m’échapper s’il y a une menace. Si ça bouge, dégommez-les ! »

Il croisa encore le regard de Kira et il put lire la peur, la colère et la stupéfaction en eux.

« C’est ma décision, » cassa-t-il fermement.

Et, sur ces mots, il se mit à avancer prudemment et désarmé dans la coursive, s’offrant en appât en comptant sur ses équipières pour lui sauver la peau s’il avait raison. Avec de la chance, il avait juste peur pour rien, mais jouer les dés ne leur rapportait rien.
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Lilly le mardi 18 février 2025, 22:08:29
L'attaque fut aussi imprévisible que brutale. L'embuscade parfaite qui ne laissait aucune chance au piégé qu'était Jack ...
L'éclaireur de l'équipe s'était à peine éloigné de quelques mètres et atteignait une jonction de coursives dont les parois étaient saturées de tuyaux de tailles diverses. L'attaquant avait surgit d'un recoin d'où normalement rien n'aurait dû apparaitre. Sous la forme d'une boule de poils noire, crachant et feulant, toutes griffes dehors, un énorme matou furieux avait sauté sur jack pour lui labourer l'épaule.

"PUTAIN! PUTAIN!"

Le sifflement des perfos aussitôt activées résonna dans le couloir tandis que Kira et Rory s'apprêtaient à déchainer les enfers. La bête abandonna aussitôt le combat et fila dare-dare, ventre à terre, par le corridor de gauche.

"Un putain de chat!! On a failli te descendre à cause d'un putain de chat!"

Kira retira son doigt crispé de la détente de l'arme de fortune, consciente qu'il s'en était fallu de peu pour que leur opération avorte dans le sang. Ils se regroupèrent pour un conciliabule à voix basse.

"Je commence à croire qu'on se plante et qu'on pourrait finalement tenter notre chance dehors, contourner par l'extérieur ... trouver une autre entrée."

"Je pense qu'on a plus de chance de survivre dans un espace restreint où on peut endiguer les attaques massives. Dehors, le nombre nous submergerait."

"Oui mais on serait plus mobile et rapide. Là on traine et ... on est susceptibles de faire une connerie."

Kira revoyait le propulseur de sa perfo pointé dans le dos de Jack quelques secondes plus tôt.

"Jack?"

Le chat les interrompit de nouveau en émergeant du bout du couloir de gauche, à toute vitesse. Il passa devant sans même les regarder, les oreilles rabattues sur l'arrière de son crâne.

Rory jeta aussitôt un œil sur l'écran de son capteur.

"Pourquoi je ne détecte pas le chat? ...."

De toute manière il était trop tard pour se poser la question. Un crissement sinistre résonna du fond du corridor d'où venait le matou. 5 secondes ... pas plus.

Kira attrapa Jack et le poussa en avant ... vers l'inconnu. "Fonce!!!!"

Ils se ruèrent dans la direction initialement choisie, quelque part vers la réserve. Jack, Kira, Rory. ils couraient, de la sueur et du sel pleins les yeux, se faisant mal en heurtant des saillies métalliques, pas discrets mais rapide. La chaleur n'était plus qu'un détail au regard de leur survie présente. Ils avaient quitté le hangar en possession de matériel de combat. Jack n'avait plus sa machine infernale, Rory avait lâché sa perfo en s'accrochant à une grille qui avait déchiré sa combinaison et il ne restait que celle de Kira, bien lourde malgré tout. La mercenaire haletait.

"Jack? Tu vois quelqu..."

Un claquement marqua la rencontre de sa tête avec un tuyau bas. Elle bascula en arrière et Rory vint brutalement la percuter. Les deux femmes s'emmêlèrent alors qu'un claquement de mandibules résonnait quelques mètres derrière l'équipe. 10 mètres? 30? 50? Le corridor paraissait interminable après cette course folle et la luminosité des diodes de secours diminuait.

"Jack? JACK?"

Kira, le front en sang, parvint à se mettre à genoux pointa sa perfo et balança une dizaine de forets derrière eux., au jugé. Un couinement visqueux éclata, finalement assez loin, si on pouvait considérer que trente mètres étaient suffisants pour ... pour quoi?

Rory se relevait et passait devant Jack.

"Je capte rien, je capte rien! c'est pas normal!!"

Elle avançait quand elle poussa un cri et disparut, passant à travers un trou béant dans les grilles de sol. La frayeur ne fut que de quelques secondes mais Jack et Kira l'entendirent à nouveau.

"Merde! par ici! Vite, par ici!!"



Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Jack Marston le mercredi 19 mars 2025, 02:56:44
La chose lui avait sauté d’un coup. Petite. Vive. Inaudible. Il n’avait capté que sa masse percutant son épaule et les griffes labourant le tissu de sa veste, et les feul… feulements ?!

Il s’était retourné brusquement pour hurler aux filles de ne pas tirer, mais le chat s’était déjà jeté dans la direction opposée, rompant le combat et les convainquant de stopper à temps tout en reconnaissant l’animal. Ils avaient eu chaud, et Jack sentit des vagues d’émotions fortes s’écraser les unes contre les autres en une seconde. La peur, la colère, le soulagement, l’humour aussi. Il éclata de rire et s’écrasa la main sur la bouche pour ne pas animer les couloirs de son hilarité, alors que les filles le rejoignaient et réalisaient la situation.

Il était temps d’un petit conseil de guerre : Kira n’était pas sûr que rester à l’intérieur soit judicieux, alors que Rory pensait le contraire. Jack, aussi, pensait qu’il était plus prudent de rester dans un espace confiné, où la masse de ces créatures pouvait au moins être jugulée. Mais il savait aussi que leur cible était ici, quelque part non loin. Alors, quand son avis fut demandé, il le donna autant qu’il put.

« Ces couloirs nous avantagent quand même, au vu de la quantité d’ennemis. Et n’oublions pas que nous descendons pour trouver la source de nos soucis électroniques. Peut-être qu… »

Le chat les avait encore interrompus, fonçant en feulant encore une fois dans la direction opposée, en panique.

« Putain de chat, » réagit Jack après s’être tendu une seconde, ne réalisant pas le problème tout de suite.

Quand Rory signala son soucis, il ne comprit pas immédiatement non plus.

« C’est bien allumé ? »

C’est la seule chose qu’il eut le temps de dire ou faire avant qu’un bruit terrible ne les mette en branle. Les choses arrivaient, encore ! Il jeta un regard sur l’arme laissée en arrière, mais Kira le poussa en avant, le forçant à l’abandonner.

« Raaah merde ! »

Il ouvrit la marche, fonçant aussi vite que possible à travers les couloirs, suivant le chemin logique vers le réacteur. Les coursives étaient de plus en plus abîmées, signe que l’activité des créatures était plus forte ici ; ou qu’elle l’avait été, car il ne voyait rien et les seules semblaient les poursuivre depuis l’extérieur pour les empêcher d’avancer plus loin. Il ne voyait que des gaines pendantes et des bouts de cloison tordus, qu’il poussait en avançant, faisant office de bélier, brandissant ses avant-bras épais pour qu’ils encaissent les impacts, ne cherchant pas à juger des dégâts qu’il prenait. Sans moyen de défense, c’était sa plus grande utilité à cet instant. Il fit son possible, des obstacles gênant quand même les filles et forçant Rory à abandonner son arme improvisée à son tour.

Il finit par percuter un obstacle qui en produisit un autre. Le tuyau retenu par la tige de métal qu’il venait de percuter tomba derrière lui, à hauteur de crâne des deux autres. Kira ne se fit pas louper et le clong métallique suivit du chtong de l’os heurtant le métal avant déjà suffi à faire rebrousser chemin à l’homme, qui fit volte-face et vint à leur aide. Le sang aveuglait leur dernière tireuse, qui l’appelait en ouvrant le feu. Rory le croisa, et il arriva jusqu’à Kira.

« Je suis là ! »

Il attrapa son col et tira, la traînant après lui tandis qu’elle continuait de tirer derrière eux, chaque coup attrapant une cible, chaque fois un petit peu plus près. Il entendait la technicienne les appeler, et il finit par voir le trou juste avant de tomber dedans. Un œil en contrebas lui permit de la voir dans un conduit assez large pour des humains, mais bien trop petit pour ces monstres. Quelque chose avait détruit le sol et une partie de la cloison, et ils pouvaient s’y laisser tomber ; un par un.

« Allez ! » cria Rory avant de plonger dans une direction et de disparaître à quatre pattes.

Jack ne réfléchit pas. Il souleva Kira, prit l’arme de ses mains et la laissa tomber aussi droit que possible dans le conduit. Il tourna à son tour l’outil défectueux dans le couloir qui crissait et hurlait, ses lumières s’éteignant à mesure que la masse des monstres progressait, furieusement, en se piétinant les uns les autres et en détruisant tout sur leur passage. Il n’y avait que le bruit, et le noir. Il ne les voyait pas. Mais il savait qu’ils étaient là. Il tira. Et il tira encore. Et encore. Il jeta des regards à Kira et les quelques secondes qu’elle mit à comprendre et à suivre Rory lui semblèrent prendre une éternité. Le noir l’enveloppa quand il sauta à son tour, atterrissant juste derrière la mercenaire et se jetant sur ses talons. Un monstre plongea derrière eux et tenta de les attraper. Jack tendit l’arme en arrière, tira deux fois, et la bête poussa un cri déchirant avant de s’écrouler en bloquant le chemin.

Ils étaient saufs. Pour le moment. Le trio finit par arriver à un espace de service, à peine plus large, où ils purent s’asseoir ensemble et profiter de l’aération. L’air était brûlant et presque irrespirable, mais ce flux d’air frais leur permettrait de récupérer. Quand ils eurent repris un peu de contenance, Jack examina ce qui restait de fournitures de secours et passa une lampe frontale avant de se placer devant Kira, et d’examiner son crâne.

« Ton cuir chevelu a pris cher. Mais c’est rien. Je peux le remettre et on a de l’accélérant métabolique. Ne bouge pas. »

Il commença à s’appliquer pour replacer méticuleusement la chair de Kira en place, écartant ses cheveux et cherchant à avoir la plaie la plus nette et restructurée possible. Il lui faudrait une opération, sans doute, mais elle ne ressemblerait pas à un monstre en attendant ; si on excluait le sang qui, parfois, pulsait encore hors de la plaie et épongeait ses cheveux en s’écoulant sur son front.

« Pendant ce temps, Rory, on va où ? Tu le sais, au moins ? »

« Ce conduit mène au réacteur. Normalement, il convoie l’eau là-bas. C’est pour ça qu’il fait si chaud. Quelque chose a dû couper l’alimentation en eau. Que ce soit volontaire ou non, ça fait monter la température. »

Elle hésita avant d’ajouter :

« A ce rythme, le réacteur va bientôt fondre et imploser si on n’arrive pas à régler le soucis. »

Jack émit un bruit guttural qu’on pouvait assimiler à une remarque cynique sur leur situation tandis qu’il appliquait du désinfectant et de l’accélérant à la plaie de Kira. Le second produit commença immédiatement à faire effet, provoquant la coagulation rapide de la plaie bien refermée et engageant le début de la cicatrisation. Il commença alors à débarbouiller la figure de la mercenaire, sacrifiant un peu d’eau sur un bout de son t-shirt, qu’il avait arraché pour la peine, et la frottant avec attention pour dégager ses yeux et la rendre un peu moins terrifiante, et retirer ce qui n’avait pas coagulé sur son visage.

« Je crois que nous avons deux objectifs, alors : éliminer l’origine de nos problèmes électroniques pour pouvoir contacter l’extérieur ou filer, et empêcher que le réacteur n’explose pour… et bien, pour survivre ! Kira, tu te sens en état d’avancer ? »
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Lilly le mardi 25 mars 2025, 21:15:23
Il était difficile de réfléchir dans ces conditions. Tout merdait. Chaque décision, chaque solution trouvait un obstacle contraignant, les obligeant à faire plus, mais toujours avec moins de moyens et de forces. Car s'ils n'avaient plus qu'une perfo, ils commençaient aussi à sérieusement fatiguer. L'enchainement de cette succession d'évènements râpait leur potentiel physique pour déjà taper dans des réserves bien menues.

"On est bons, tous?"

Kira cligna des yeux. "J'ai du sang dans l’œil, merde."

Son visage, si près de celui de Jack, devait être dramatiquement similaire à celui de sa sœur au moment de sa mort ... Du sang, des bleus, des croûtes, les traits marqués, des cernes profondes ... rien de bien réjouissant.
La mercenaire passa sa main sur son cuir chevelu, tâtant la ligne de la cicatrice déjà en cours de régénération. "Merci Jack. Sans toi, j'y serais passée."
Bien malgré elle, elle posa sa main sur la joue de l'homme et l'y laissa quelques secondes de trop. Mais à ce stade de leur vie ... ou plutôt de leur fin de vie ... Qu'importait non?

Kira était épuisée. Elle moucha du sang entre ses doigts en écoutant ses équipiers. Elle aurait pu demander: comment on va se battre? Est-ce que c'est utile au final? ; mais elle ne le fit pas. Elle n'en avait pas le droit. Eux aussi étaient fatigués; Rory n'avait pas meilleure mine qu'elle et Jack ... qui était le poids lourd de l'équipe, était en tête des efforts fournis. La mercenaire se repris, un peu. Après tout, tant qu'on  n'était pas mort, tout pouvait arriver.

"Vous vous êtes trompés de chef. C'est Jack qui devrait prendre les rênes. En plus ... je vois rien devant quand je marche derrière toi mon gros."

Les sourires furent  maigres et tirés. "Rory? Tu te sens prête à passer devant?"

La techno-commando hocha la tête et s'engagea dans le drain d'alimentation en eau du réacteur après avoir volontairement cassé son détecteur. Toutes les technologies semblaient bien corruptibles par l'origine de leur problème.
Ce n'était pas simple, et très stressant. Rory était assez fine, et ramper dans cet espace restreint avec les épaules frottant de chaque côté, relevait de la lutte contre la claustrophobie. Derrière elle ...

La voix de Kira encourageait Jack. Ce devait être l'horreur pour lui. "Allez ... On avance ... Courage Jack." Que dire de plus? La mercenaire passait sa tête entre les bottes de Jack et poussait pour qu'il puisse prendre appui sur ses épaules. La perfo, accrochée aux bottes de Kira par la sangle crissait sur le métal du conduit, plainte lancinante et irritante. Ils ahanaient, le souffle court, perlant une sueur constante dans le conduit.
Et enfin, après une éternité de galère, ils purent accéder à un réduit où ils purent s'entasser les uns dans les autres. Là, pas d'issue sauf une grille boulonnée au sol. Dessous, au moins six mètres de vide donnant sur un amoncellement de durites énormes, de caissons métalliques et de convertisseurs d'énergie. Un peu plus loin, le cœur énergétique de la base rougeoyait, ses pièces chauffées à blanc par le manque de liquide réfrigérant. Et dessus, immonde et palpitante, une énorme masse organique, rosâtre, sans forme réelle ni organes apparents autres que de longs appendices plongeants dans les entrailles du réacteur nucléaire.
La chaleur était atroce; l'odeur, innommable.

"Comment ça se fait qu'on soit pas morts avec les radiations?" demanda Kira.

"Sais pas. Cette merde doit ... s'en nourrir ... ou les pomper..."

Ils murmuraient.

"Ça doit être ce truc qui perturbe tout. Donc si on arrive à le buter. Faut se barrer fissa."

Encore fallait-il y arriver et comment? Au point où ils en étaient il fallait peut être revenir à des instincts plus sauvages que civilisés, à la force brute.

"Jack?"
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Jack Marston le samedi 03 mai 2025, 04:25:12
Quand Kiralynn le remercia, Jack se retint, esquissa un sourire qu’elle ne vit pas, et pressa une main bienveillante et chaleureuse sur son épaule avant de s’écarter un peu, sans un mot. Il y avait eu un truc, entre eux, pendant qu’il la soignait. Il y a des années, c’était à l’abri d’une tranchée, d’un abri ou d’un trou de souris que le vétéran soignait sa sœur et, si elles n’étaient pas identiques, elles se ressemblaient assez, et la situation était assez familière, pour que le trouble s’installe. Jack l’avait ressenti, Kira l’avait probablement intériorisé, et, passé le frisson, il préféra garder une distance raisonnable vis-à-vis d’elle. L’envie qui montait en lui de la serrer, de l’embrasser, de leur faire oublier leurs soucis et le danger dans un coït intense et rapide, comme il le faisait avec Lina, autrefois, ne pouvait se porter sur elle ; pas de son point de vue.

Mais leur situation n’avait pas fini d’évoluer. En tant que renfort, Jack s’était naturellement placé sous les ordres des mercenaires, et sous ceux de Kira de fait. Mais, une fois la situation vue et discutée avec Rory, elle était revenue de sa pause de récupération pour déclarer qu’elle lui passait les rênes et, manifestement, la technicienne ne s’y opposait pas. Au vu de la blessure de sa supérieure, elle semblait même préférer cette idée. Le brun resta silencieux et dévisagea les deux femmes épuisées, une à une, avant de soupirer et de hocher la tête.

« Très bien. »

« Rory ? Tu te sens prête à passer devant ? »

Elle avait obéi, et Jack s’était glissé derrière elle. Le cheminement fut difficile et lent. Si la fine commando devant lui allait à bon train, repérant des mètres en avant pour les attendre ensuite et repartir, le large chasseur de primes avait bien plus de mal à se faufiler là-dedans. Derrière lui, les encouragements de Kira le poussaient. Il se concentra sur sa respiration, et sa progression, et avança, un décimètre à la fois, à la force de ses muscles qui, même solides, fatiguaient eux aussi.

Avant longtemps, les filles finirent par s’interroger sur l’absence apparente de radiations. Jack préféra ne pas souligner qu’ils pouvaient déjà être condamnés sans encore le sentir. S’ils commençaient à perdre la vue, ce ne serait que le premier pas d’une agonie abominable. Pour le moment, il ne voulait pas les faire paniquer. S’ils réussissaient, ils atteindraient peut-être des kits de soins anti-radiations à temps. Sinon…

« Jack ? »

« Ça va, » affirma-t-il, le souffle un peu court. « N’oublions pas une chose : Dave et Badger sont encore là, eux aussi. Même si on doit y passer, notre victoire accroîtrait nettement leurs chances de survie. »

Il soupira, prostré au sol, reprenant son souffle et se concentrant avant de rajouter :

« On ne se bat pas pour vivre. On se bat pour que le plus possible s’en sortent. »

Ce jour fatidique, Lina était morte, avec d’autres. Mais Jack, Spike et bien d’autres s’en étaient sortis. Ils s’étaient battus pour se replier ; tous. Tous n’étaient pas rentrés, mais aucun ne le serait s’ils s’étaient battus égoïstement.

« On avance. »

Rory reprit le chemin. Jack aussi. Derrière lui, Kira semblait songeuse.

Le reste du chemin fut relativement silencieux, souffles et ahanements rythmant leur avancée. A un moment, un choc les stoppa net et un bout d’acier se mit sur le chemin de Jack. Il le tira, l’arracha à la force de ses bras, et déclara avoir trouvé une arme, non sans un certain cynisme, avant de continuer.

Et, finalement, ils arrivèrent au réacteur.

Au fond de l’immense salle, une grande piscine, profonde et presque vide d’eau, luisait de chaleur et s’évaporait rapidement sous l’influence des barres d’uranium raffiné plongées en son fond. Au-dessus, des passerelles, suspendues quelques mètres plus haut, accueillaient des postes de contrôle. Tout au bout de ces passerelles, une porte menait à une vaste salle de contrôle. Et à la sortie. On les devinait à travers la large baie vitrée de la vaste pièce.

Mais, ce qui attira immédiatement les regards, alors que la petite troupe prenait place à la sortie de la conduite, c’était l’énorme créature, immonde, boursoufflée et malade, qui trempait dans la piscine brûlante et radioactive, mettant à bas, à un rythme effréné, à un nombre de bêtes mutantes de plus en plus improbables. Par chance, ces bêtes semblaient moins fortes que celles qu’ils avaient déjà croisé, leurs formes corrompues, malades, se traînant mollement, sifflantes, aveugles, en crachant qui de l’acide, qui un sang vicié, et autres folies qui auraient dû les condamner à mourir bien avant leur naissance. Restait leur nombre. Elles grouillaient. Et elles pouvaient rester dangereuses.

« Quelle horreur ! »

« Qu’est-ce que c’est que ça ?! »

« Si je devais émettre une théorie… Ces créatures n’étaient pas ainsi, à l’origine. Ou alors, l’exploitation minière les a fait sortir. Elles ont dû voir dans ce réacteur un bon endroit pour refaire un nid après s’être dispersées, et voilà le résultat. »

« Putain… »

Jack et Rory gardaient le silence pendant que le premier aidait Kira à s’asseoir à côté de lui, la tenant sur le bord en lui laissant le temps de récupérer et de voir d’elle-même ce qui se passait. Mais le temps leur manquait clairement, et Jack avait un plan.

« Rory, tu saurais arrêter le réacteur ? »

« Oui. Il faut que je passe par les consoles, sur les passerelles. Ensuite, il faudra finir la séquence en salle de contrôle. Mais… Elles risquent de nous remarquer. Et, une fois leur nid éteint, les bêtes vont probablement se disperser à nouveau. »

« A condition de se planquer, alors, elles partiraient ? »

« Peut-être… ? Jack, c’est inédit ! »

« Je sais ça. Il faut bien faire quelque chose. » Il soupira. « Kira, ton avis ? »
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Lilly le mercredi 30 juillet 2025, 12:24:50
D'une certaine manière et ce n'était pas peu dire, ils voyaient le bout du tunnel. Dans ces conditions peu favorables à la préservation des ressources, ils avaient cramé beaucoup d'énergie pour pas grand chose. Enfin, ils avaient quand même atteint une nouvelle étape qui leur permettrait peut être de passer à un nouveau moyen d'action. Depuis le début de cette terrible tragédie, ils subissaient plus qu'ils n'agissaient. Là, ils avaient la possibilité de faire tourner la suite des évènements en leur faveur. Ils n'avaient qu'à se débarrasser de la grosse bestiole, d'éradiquer ses innombrables rejetons, d'échapper à une possible réaction nucléaire dévastatrice et ... qui savait encore ce qui les attendrait dehors si tout cela allait dans leur sens ...

Kira grimpa presque sur Jack pour pouvoir jeter un coup d'œil plus en profondeur dans cette chambre des enfers.

"Et bien, de toute manière, il faut agir, on ne peut pas faire marche arrière."

Elle n'avait pas besoin de réfléchir à leur proposition, c'est la seule qui était valable. Le risque était immense mais comme l'avait dit Jack, Badger et Dave comptaient aussi sur eux.

"Plutôt que d'envoyer Rory seule faire le job, on va descendre tous ensemble . Elle aura besoin qu'on lui laisse les mains libres."

Rory utilisa un petit outil intégré à sa combinaison pour défaire les boulons de la grille et ils la retirèrent prudemment. Curieusement, cela ne fit aucun bruit mais de toute manière, le ronronnement ambiant du réacteur aurait couvert le moindre grincement.

"Jack, aide moi ... Tu vas me pendre dans le vide et quand je le sentirai, je te lâcherai."

Pas simple mais il fallait bien descendre ... Kira s'accrocha aux poignets de son sauveur et elle le laissa s'installer au bord du trou, qu'il puisse se caler. Elle tenta de se faire légère ... bien inutilement et quand elle fut suspendu aux bras puissants de Jack, leurs regards se croisèrent un instant. Ce fut un échange intense qui aurait pu être interprété de tellement de manières ...
Sous elle, cinq mètres de vide; Jack avait comblé une petite partie de la chute en se penchant le plus bas possible. Elle murmura:

"A tout de suite ..." puis le lâcha.

Elle ne prévoyait pas une réception parfaite, digne d'un maitre acrobate. Non, elle avait resserré ses jambes, légèrement fléchies, avait rentré ses coudes et menton contre sa poitrine et protéger sa tête de ses mains. Elle atterrit sur un amoncellement de merdes molles et se laissa chuter. Elle boula sur le côté, compensa l'impact, se recroquevilla et disparut dans un fatras de durites dont elle mit près d'une minute à émerger, intacte. Elle fit signe à Jack et Rory que ça allait et la techno-commando laissa tomber la perfo que Kira prit au vol malgré le poids. Jusque là tout allait bien. Kira était relativement protégée, visuellement, des créatures et elle s'assura du fonctionnement de leur dernière arme de fortune. Rory fut la suivante et elle se posa comme une chatte, avant de rouler aussi pour compenser le choc. A elles deux, elles préparèrent le terrain pour le poids lourd qu'était Jack: cartons, plastiques, bouts de bâches ... Tout ce qui était mou fut empilé et quand Jack s'y écrasa, elles l'encadrèrent et ils roulèrent tous les trois dans un bordel de bras et de jambes. Ce n'était pas le moment de faire de l'humour mais le regard qu'ils échangèrent tous avait le même point commun ... Et un petit trio, un !

Ce premier succès fut bénéfique pour le moral. Ils entraient dans une composante qu'ils maitrisaient: le combat. Face à eux, ils avaient non pas les créatures cuirassées contre lesquelles ils ne pouvaient pas grand chose mais des organismes malades, rampants, qui semblait-il pouvaient être facilement éliminés.
Ce fut confirmé quand Kira plomba d'un foret l'une d'elle qui s'était isolée des autres. La chose se vida comme une outre crevée.

"On y va! Jack, on déblaye. Rory, dès que tu peux passer, tu fonces."
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Jack Marston le mardi 30 septembre 2025, 14:55:55
Évidemment, il n’était pas question de laisser Rory y aller seule. Ils iraient ensemble au contact. Ils étaient une équipe, et ils réussiraient ou échoueraient ensemble, qu’ils vivent ou meurent ce faisant. Il n’y avait pas besoin de demander plusieurs fois à Jack de se dévouer : il n’avait jamais reculé devant l’adversité.

Mais il fallait bien se préparer, se mettre en place avant le début de l’assaut. Heureusement pour eux, leur position était assez discrète, la salle était très bruyante et mal éclairée, et les créatures semblaient si malades que la plupart étaient certainement aveugles, sourdes, ou pas loin de là. On pouvait se demander ce qui poussait la reine, visiblement malade, à continuer de produire son engeance ici, mais sans doute son instinct de reproduction était-il plus fort que tout. Ces bêtes inconnues obéissaient à leurs propres règles et ils n’allaient pas perdre de temps à les étudier plus que nécessaire. Il fallait qu’ils avancent.

En aidant les filles à descendre, Jack avait largement eu le temps de s’inquiéter pour elles. L’une après l’autre, elles l’avaient dévisagé avec un mélange de trouille et de confiance qui l’avait fait frissonner. Kyra, évidemment, avait été la plus expressive des deux, les quelques secondes passées à se parler sans un mot par les yeux suffisant à ramener la tension entre eux. En la lâchant, il avait vraiment eu peur que la mercenaire, déjà blessée, se fasse sérieusement mal ; mais elle avait assuré, réceptionné sa camarade, et elles avaient entrepris de préparer une zone de chute pour lui.

C’était très attentionné, même s’il n’allait pas faire de miracle. En chutant, il se replia, prêt à la réception, rentrant les coudes et le menton, pliant légèrement les genoux. Il atterrit lourdement dans les cartons et autres déchets mous laissés là pour lui, et l’écrasement de la structure de fortune avait entraîné les filles avec lui.

Les longues secondes nécessaires à leur sortie avaient été pour le moins gênantes et, en même temps, bizarrement drôles. Rory s’était retrouvée la tête entre ses jambes, le nez contre son entrejambe, et Kyra lui était tombé sur le visage, poitrine en avant, et avait tenté de se dégager en se retrouvant à califourchon sur sa tête, face à une technicienne embarrassée et rouge comme une écrevisse. Il y avait eu un moment de flottement tandis que tout le monde se dévisageait en constatant leur situation, et ils avaient pouffé bêtement, s’amusant de leur position loufoque et très explicite, avant de chercher à sortir et de soupirer, se préparant au combat.

Kyra n’avait pas perdu de temps, approchant d’une bête malade pour l’abattre d’un coup de perfo, la carapace molle cédant et la chair explosant. Oui, ceux-là pouvaient être tués. Ils étaient nombreux, mais pas increvables ou blindés comme les autres. Ils pouvaient y arriver. Bien malgré elle, la belle reprit le commandement, mais Jack ne lui fit rien remarquer.

« Oui Madame, » lança-t-il avec enthousiasme !

Saisissant fermement le bout de la poutrelle d’acier lui étant tombée dessus dans la conduite, il s’avança à son tour, prenant de l’élan et faisant siffler l’arme de fortune sur une bête s’avançant vers eux. Sa tête éclata sans cérémonie et le bruit de l’acier sur le béton et la trille d’agonie alertèrent d’autres. L’alerte se répandrait peu à peu, mais le fait que les saloperies soient alertées par groupes les servait aussi.

« Go, Rory ! Go ! »

La technicienne était aussi courageuse qu’eux. Elle n’attendit pas, et se précipita vers les commandes. Kyra et Jack suivirent en s’interposant entre elle et les monstres. Accompagnez la scène du morceau de métal industriel de votre choix à la maison : le vétéran et la mercenaire entamèrent une série de mises à mort sinistres, chaque coup de perforeuse ou de poutrelle projetant sa dose de gore et d’horreur sur scène. Rory faisait son possible pour faire abstraction de la peur et des bruits tandis qu’ils s’interposaient face à une vague progressivement plus dense d’aliens.

Et, en levant les yeux vers la reine, Jack frissonna finalement.

« Merde ! Elle nous a vu ! Elle va peut-être appeler le reste. Rory ?! »

« Presque ! »

Du côté de Kyra, il vit que l’arme de fortune montrait des signes de faiblesse. Sa charge devait arriver à bout, et il jura entre ses dents, se précipitant pour éliminer trois bêtes d’un large chassé d’acier avant de repousser sa camarade en arrière.

« Avec Rory ! Sur la passerelle ! Vite ! C’est trop haut pour eux, je vais tenir l’escalier ! »

Il la força à filer et recula après elle, gardant les monstres à distance. Elle l’aida de quelques tirs supplémentaires mais, comme il s’y attendait, un juron tonna dans son dos et plus aucun tir ne suivit.

Jack se concentra sur le combat. Les bestioles continuaient d’avancer et, peu à peu, des individus moins malades arrivaient des alentours, sûrement appelés par leur génitrice. Avant longtemps, des individus sains arriveraient et sa barre d’acier ne suffirait plus.

Il se percha à mi-chemin des escaliers et fit front, haletant, repoussant la masse crachante, sifflante, hurlante de monstres cherchant à le déborder pour le dévorer, et dévorer les filles quelques mètres derrière lui.

« C’est bon ! A la salle de contrôle ! »

Il n’espérait plus entendre ces paroles lorsqu’elles arrivèrent. Jack continua de lutter en finissant de monter prudemment les escaliers. Lorsqu’il arriva en haut, une main attrapa son épaule. Il tourna la tête et vit Kyra, qui le tira pour courir à perdre haleine vers la porte de la salle de contrôle, que Rory maintenait ouverte en trépignant.

« Vite ! Putain, vite ! »

Jack serra les dents, poussa de toutes ses forces, cria de rage, focalisé sur la porte, suivant le dos de Kyra devant lui. Il s’attendait à se faire faucher les chevilles d’une seconde à l’autre pour être dévoré.

Pourtant, contre toute attente, ils y parvinrent.
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Lilly le lundi 20 octobre 2025, 14:39:25
"Chier!"

Qu'est ce qu'elle ne donnerait pas pour avoir un bon gros CW-400 à la cadence de tir monstrueuse ou n'importe quel arme d'assaut digne de ce nom. Le dernier foret que Kira tira pulvérisa la tête d'une bestiole dont le contenu se répandit à leurs pieds en dégageant une odeur immonde.

"Sec Jack!"

Elle revint vers lui et le saisit par l'épaule pour le guider sans qu'il ait à se retourner. La perfo, désormais inutile fut abandonnée et avoir les mains vides ne rassurait pas Kira. La masse grouillante les pressait et malgré le déblayage de Jack, l'étau se resserrait. L'étroitesse de l'escalier était leur seule alliée mais l'ouvrage n'allait plus tenir longtemps.

"C'est bon ! A la salle de contrôle !"

L'exclamation de Rory déclencha l’hallali. Sachant déjà que Jack ne trainerait pas, Kira fit volte face  et s’élança sur les plaques soudées de la passerelle. Oubliées blessures et douleurs, l'adrénaline naturelle était le meilleur des booster. La mercenaire courait vite, parant des coudes les tuyaux et durites pendouillant des chemins de câbles supérieurs. Elle se focalisait sur la silhouette de Rory, non loin devant elle. Elle n'était pas en apnée mais sa respiration était saccadée, sans contrôle. La chaleur était limite insupportable et la sueur lui piquait les yeux. Plus que quelques mètres! Sa course soulevait des montagnes de poussière qu'elle espérait ne pas être radioactive. Allez !!!! Elle plongea et passa en boulant l'encadrement de l'accès au sas de la chambre de contrôle. Derrière elle, elle sentit que Jack faisait de même que déjà elle était debout et revenait aider Rory à refermer cette putain de porte qui n'allait pas assez vite.
A trois ils réussirent, juste avant que la vitre blindée ne reçoive  le paquet compact des créatures à leurs trousses. Ils eurent droit à la vision écœurante de gros mandibules cherchant à briser le plexi blindé. Des gueules s'ouvraient sur des rangées de crocs déformés tenus par des semblants de mâchoires purulentes.
Le verrouillage hermétique du sas double fonctionnait et ils s'assurèrent de condamner  cet accès une fois dans la salle de contrôle. Rory s'affaira aussitôt à étudier les consoles et dénicha même des batteries portatives chargées. Kira et Jack fouillèrent les lieux mais il n'y avait rien à en tirer sauf ...

La mercenaire souleva une grille au sol et passa la moitié de son corps dans l'ouverture pour tenter d'y voir quelque chose.

"Jack! Viens voir! ... Quelqu'un a vécu ici ..."

En effet, un fatras de rations vides et de choses et d'autres permettait de deviner que l'endroit avait été un refuge. Il y avait même deux matelas pas si crasseux. Kira se laisser tomber avec prudence dans l'alcôve qui en réalité n'était pas profonde.

"Il y a une ... galerie, surement une conduite de ventilation ou une arrivée d'air mais elle est étroite, bien plus que celle qu'on a prise ..."

Kira regarda les larges épaules de Jack dans l'ouverture au dessus d'elle. La galerie réglait peut être leur dilemme quant à une échappatoire mais ajoutait un problème de taille: quid si Jack ne pouvait pas y passer? Elle s'interdit de penser à une telle éventualité et tendit la main pour que le colosse l'aide à remonter. L'adrénaline étant redescendue, elle grogna, son corps lui rappelant les épreuves endurées.

"J'ai l'impression de m'être faite déboitée."

"Tu m'en diras tant ..."

La techno-commando releva les yeux d'un écran couvert de données illisibles pour les néophytes en sciences nucléaires qu'étaient Jack et Kiralynn.

"On est sur une technologie dépassée donc je devrais pouvoir hacker les sécurités et déstabiliser le système de manière irréversible. Étant donné l'instabilité du réacteur, je dirais qu'on aurait au max trois heures pour:
se barrer d'ici,
récupérer Dave et Badger,
rejoindre ton spaceship Jack et le faire repartir avec des pièces qu'on a pas.
Donc ma question est: on fait quoi?"


"Lance le hack Rory. Au moins on devra se sortir les doigts plus rapidement pour trouver une solution. On y est, on continue. On va se barrer par ce foutu conduit, tous les trois. Si on trouve quelqu'un au bout, tant mieux et on l'embarque."

Kira regarda Jack. C'était un peu une demie condamnation à mort mais le mieux était de se forcer à l'épuisement à ... faire quelque chose tout simplement.

"Et bien si tout le monde est ok, j'en ai pour une bonne heure."


Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Jack Marston le mardi 04 novembre 2025, 15:44:30
Contre toute attente, ils arrivèrent donc dans la salle de contrôle du réacteur. Jack s’écroula au sol, fesses les premières, tombant sur les épaules, se redressant sur les coudes seulement pour voir l’horreur les haranguant de l’extérieur. Un ballet moderne de gueules baveuses immondes hérissées de dents inégales et acérées les lorgnait, cherchant à les atteindre. La masse de corps se précipitant après eux diffusait des chocs sourds dans la pièce confinée et le métal grinça légèrement, mais les Humains furent vite rassurés : la pression se détendit et rien ne donna le moindre signe de faiblesse.

Après un instant de tension, Jack se relâcha, soufflant bruyamment en se laissant retomber. Allongé sur le sol, là même où il était tombé, il respirait lourdement, le corps entièrement relâché. Bras et jambes étaient vidés, et il devait se reposer. La masse pouvait être un avantage, mais elle jouait sur l’endurance ; toujours.
Heureusement, le Tanexien était robuste et récupérait vite. Quand la voix de Kira le tira de son effondrement, il se redressa vite et se glissa jusqu’à l’ouverture qu’elle indiquait. C’était très étroit. C’était une bonne cachette au vu des monstres qu’ils avaient affronté, et la salle semblait lourdement blindée. Par contre, c’était très étroit, et il n’osa pas soulever verbalement son doute quant à sa capacité à les suivre, cette fois. Il avait déjà dû ramper à plat ventre et bras rentrés et s’était blessé dans la conduite de refroidissement, et il était certain de ne pas passer.
Il devait y réfléchir. En se redressant, il était plongé dans ses pensées, écoutant Rory distraitement tandis que la technicienne évoquait la suite du programme. Il hocha la tête mollement, et s’écarta en silence vers un moniteur auquel il s’installa.

Jack sortit les plans du complexe et repéra leur position, et commença à s’y intéresser dans un silence inhabituel, mais lourd de sens. Il devait trouver une solution, ou il devrait rester en arrière. Ils étaient entrés par un accès très irrégulier, et il devait bien y avoir un cheminement normal pouvant leur rendre service.
Finalement, il se recula, après une dizaine de minutes, et fit pivoter le fauteuil de bureau pour retrouver Kiralynn.

« Je ne passerai pas par cette conduite, observa-t-il tout de suite. Mais vous devriez l’emprunter. Le chemin normal semble assez simple à suivre, mais il sera peut-être infesté. »

C’était une évidence qu’il devait néanmoins souligner. Si elles comptaient le suivre, elles se mettraient en terrible danger.

« Sur le chemin, il y a un atelier et un poste de sécurité. Je devrais pouvoir y trouver des armes et des outils pour des réparations de fortune. Viens voir ! »

Il revint vers le moniteur et lui montra du doigt ce qu’il voulait lui faire voir.

« Le chemin emprunté par Badger devrait le mener ici, et cette conduite mène jusqu’à une centrale de ventilation dont l’accès mène tout près. Moi, en prenant ce chemin, je peux arriver là, un peu plus loin. En gros, une fois sortis, on pourrait vite se regrouper et se mettre en action. Je- »

Il fut soudainement coupé par un bruit venu de la grille ouverte. Il posa un doigt sur la bouche, plus pour lui-même que pour les autres. Tout le monde était en alerte, mais désarmé. La tension était à son comble. Jack se releva et, prudemment, se rapprocha de la grille. Il se pencha au-dessus, puis, soudain, se plaqua au sol, plongea le bras dedans et en tira une petite silhouette criante et vociférante.
Ils venaient de découvrir un.e rescapé.e, mais difficile de l’identifier pour le moment, tandis que Jack tentait d’éviter coups de griffes et coups de pieds en portant l’individu à bout d’un bras malgré la fatigue.
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Lilly le vendredi 14 novembre 2025, 12:07:40
Il était difficile de gérer la fatigue quand la tension redescendait. Aucun d'entre eux n'avait bénéficier d'un repos utile depuis le début de cette tragédie. Les quelques instants qu'ils s'étaient accordés à la va-vite n'avaient servi qu'à laisser penser qu'ils avaient pu souffler, un placebo mais ... parfaitement inefficace. Les corps tiraillaient, les esprits flanchaient un peu, l'attention à tenir devenait difficile. Kira ne fit aucun effort pour étouffer un bâillement contagieux qui lui remplit les yeux de larmes. Enfermés dans cet aquarium et cernés, ils étaient assez limités dans leurs actions. Même Rory, d'habitude si sérieuse, jura, en reprenant des lignes de codes qu'elle peinait à établir.

Kira fit le tour de la pièce, vérifiant encore et encore que tout pouvait tenir, que le sas d'accès restait hermétique aux assauts des bestioles. Celles-ci s'étaient curieusement retirées de leur proximité et aucune autres n'étaient venues les remplacer. Peut être que les radiations empêchaient les plus grosses des étages supérieures de se masser autour du réacteur ...

La mercenaire ôta sa demie veste tactique pour ne rester qu'en croptop . Bordel qu'il faisait chaud ... Que ne donnerait-elle pas pour une douche suivie d'une immense sieste interminable ... Elle rejoignit Jack et s'appuya de son avant-bras sur l'épaule massive de son compagnon.

"Tu trouves quelque chose?"

Cela faisait un moment qu'il observait des plans et son froncement de sourcils indiquait qu'il avait peut être une information intéressante. Seulement, dès qu'il la mentionna, Kira tiqua.

"On ne se sépare pas! Je ne veux pas que ... On a trop à perdre! Le temps nous sera compté et on doit savoir où se trouve chacun d'entre nous dès que le compte à rebours est lancé."

Ils n'étaient même pas certains de savoir si Badger et Dave étaient vivants. Être blessé comme l'était le chef de la troupe décimée de mercenaires garantissait presque à coup sûr une mort horrible. Il ne pouvait pas courir ni ... rien faire. Il dépendait totalement de l'endurance de Bader à l'assister. Pour Kira, ils étaient morts mais jamais elle ne se l'avouerait. L'espoir restait une notion de luxe qu'elle avait appris à écarter.

Elle cilla une demie seconde après la réaction de Jack. Alors que celui-ci se plaquait au sol, elle s'accroupie juste derrière, en mesure de le soutenir si quelque chose se produisait. La tension était remontée d'un coup, atteignant un pic extrême. Rory parvint à rester concentrée sur sa tâche.

Kira ... éclata de rire, nerveusement.

Jack tenait à bout de bras l'équivalent d'un jeune chiot agressif. Une petite fille se débattait en crachant et sifflant, infligeant à son prédateur des dégâts totalement imaginaires.

Par précaution et pour éviter sa fuite, Kira remit en place la grille permettant l'accès à la cachette.

"Shht shhht ... doucement, calme toi. On est des gentils! On va te protéger."

La mercenaire s'agenouilla devant Jack qui reposa la fillette échevelée. La gamine se cala entre les jambes du géant, s'accrochant à lui après qu'un éclat de lucidité soit passé dans son regard bleu azur. Kira tendit les mains vers elle dans un geste de réconfort.

"Je m'appelle Kira. Et ce grand monsieur s'appelle Jack, il est très fort. Et la dame avec les cheveux rigolos là-bas, c'est Rory. Elle aime beaucoup les bonbons."

La petite fille était sale, son visage barbouillé de crasse, ses ongles cassés et rayés. Ses cheveux blonds étaient collés en paquets et elle portait une sorte de combinaison déchirée trop grande pour elle. Elle devait avoir 8 ou 9 ans, difficile à dire.

"Comment tu t'appelles? Je suis sûre que tu as un très joli prénom."

La mioche hocha la tête mais ne répondit pas.

"Tu ... es seule?"

Elle fit non de la tête, ce que Kira n'attendait pas. Peut être enfin une bonne nouvelle. Mais quand la petite lui montra le nounours qu'elle tenait serré contre elle, Kira n'arriva pas à être déçue.

"Oh ... Je vois ... Et lui, comment il s'appelle?"

"... Jack ..."

kira pinça ses lèvres, pas parce qu'elle voulait sourire mais parce que la situation était infiniment triste.

"Et bien Rosie, je suis contente de vous avoir trouvé Jack et toi."

"Nan, moi c'est pas Rosie, c'est Nora mais y'a que papa et maman qui m'appellent comme ça. Tous les autres, ils disent Newt."

Entendre cette petite voix enfantine était bouleversant.

"Tu viens me faire un câlin?"

Elle hocha la tête et trouva la main de Jack qu'elle ne lâcha plus avant de venir se pelotonner contre Kira.

La mercenaire regarda l'homme qui l'avait sauvé. Elle voulait pleurer mais aucune larme ne coula de ses yeux. La présence de Newt accélérait et changeait beaucoup de choses mais auparavant il allait falloir lui poser des questions difficiles.
Titre: Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
Posté par: Jack Marston le samedi 29 novembre 2025, 05:39:00
Pour diverses raisons, Jack n’avait pas reconnu l’attirance évidente entre Kira et lui ; et certainement pas les œillades discrètes mais un peu jalouses de Rory. Ils étaient dans une situation extrêmement dangereuse et toutes ses pensées étaient tournées vers le combat et la survie. En outre, ce n’était certainement pas le meilleur cadre pour se mettre en valeur. Et puis, la brune était la sœur de sa défunte Lina. Il était difficile d’éprouver une attirance pareille et de se regarder dans le miroir.
Malgré tout, il y avait quelque chose qu’il était impossible de nier, une tension palpable et presque électrique entre eux. Peut-être était-ce la tenue de la mercenaire, qui avait abandonné ses effets vestimentaires jusqu’au minimum décent, peut-être était-ce l’intensité trop dure avec laquelle elle avait immédiatement refusé l’idée de le laisser, peut-être aussi était-ce seulement un concours de circonstances, le fameux instinct de procréation souvent cité dans le cadre de contextes propices à la mort. Peut-être était-ce un peu tout cela.

A ce stade, Jack l’aurait soulevé s’ils n’avaient pas été interrompus. Et il était peut-être mieux qu’ils aient été interrompus. La petite créature blonde qu’il avait tiré du trou n’était pas juste une distraction bienvenue. C’était une trace de vie, un témoignage de résilience et leur chance de sauver une âme innocente de cet enfer. Certes, l’âme en question était certainement noircie par un traumatisme qui mettrait une vie à s’estomper, mais c’était quelque chose et, en la reposant, le chasseur de primes sentait quelque chose de rassurant et de positif, en même temps que son côté le plus bonhomme ressortait, à mi-chemin entre papa et grand-frère.
A la fois déconcerté par le contact de la petite, attendri, et sentant Kira plus douée en la matière que lui, il resta silencieux, souriant et saluant quand il fut présenté, et attendit de voir ce qui allait arriver. Il eut un éclair optimiste quand elle fit signe qu’elle n’était pas seule, mais celui-ci mourut bien vite. Ils étaient bien seuls avec elle, et sa seule chance de survivre désormais.

Merde.

Quoi qu’il en soit, le nom de l’ours en peluche qu’elle gardait fermement, seul compagnon d’infortune de la petite, ancre silencieuse de son esprit immature, faillit lui faire lâcher un hoquet rieur. Il se retint avec peine en continuant d’écouter. Enfin, la petite parlait et, désormais, elle s’ouvrait. Elle s’appelait Nora. Newt. C’était mignon. Kira était clairement aussi bouleversée que lui lorsqu’elle saisit sa main et se précipita dans les bras de la mercenaire. Jack fit un pas en avant, restant près d’elles tandis que le silence réconfortant se prolongeait.

« Heureux de faire ta connaissance, Newt. »

La fillette ne répondit pas. Elle avait besoin de se réconforter et d’oublier un instant, sans doute. L’attention de Jack, elle, ne pouvait pas débrancher. Il la dirigea vers leurs alentours. Il croisa le regard brillant de larmes, ému mais joyeux, de Rory, et, derrière elle, la salle du réacteur. Les monstres avaient arrêté d’essayer de les déloger, mais ils semblaient agités. Avec l’arrêt du réacteur, leur reine allait être coupée de cette source d’énergie corruptrice. Peut-être les choses reviendraient-elles à la normale. Peut-être mourrait-elle, laissant sa marmaille sans cap ni espoir de perpétuation ; à moins que d’autres mécaniques existent pour sauver la situation ?
Jack n’en savait rien. Il savait qu’un réacteur nucléaire mettait des heures, peut-être même des jours, à s’arrêter. Cela dit, il voyait bien que quelque chose se passait. Il le sentait au comportement de ces saloperies et à la posture de la créature massive. Sentaient-ils déjà le changement ? Se sentait-elle malade ?

« D’accord, on ne se sépare pas, valida-t-il enfin. Mais on ne peut pas rester là. Quelque chose se prépare, je le sens. »

« Oui, on dirait que quelque chose se prépare. »

Rory semblait avoir eu la même impression que lui, et elle se tendit, l’air grave, avant d’ajouter :

« D’ailleurs… On n’a pas trois heures devant nous. Le réacteur est déjà entré en fusion. »

« Je vois. »

C’était donc ça, le problème. Il n’avait pas vu venir quelque chose de si grave, mais il était bizarrement rassuré d’en être conscient ; jusqu’à ce qu’une question lui vienne, anxieuse.

« On a combien de temps ? »

« Je dirais… Trente minutes ? »

« AH ! »

L’exclamation sortit sans contrôle, vive, mêlant surprise, angoisse, colère et frustration. Le Tanexien, une main toujours captive, se retint de s’arracher de la menotte de la petite et resta calme pour elle, mais la situation était dramatique. Sans obstacle, ils avaient à peine le temps de se précipiter dehors et, peut-être, de se mettre à l’abri du blast. Mais les radiations et, surtout, la vague de chaleur… Il était impossible de savoir s’ils y échapperaient. Ses vagues cours sur les effets des armes nucléaires lui revinrent à l’esprit et il frissonna.

« Okay, on n’a plus le temps. On s’en va. On tente le tout pour le tout. Je porte Newt. Newt ? »

La petite décrocha son visage de l’épaule de Kira pour croiser son regard.

« Tu veux bien que je te porte. »

La petite blonde hocha la tête et quitta les bras de la mercenaire pour tendre les siens vers Jack, qui l’attrapa et, malgré la fatigue, la souleva jusqu’à son épaule comme si elle ne pesait rien.

« On va prendre le chariot ? »

« On va courir, Newt. Aussi vite que possible. Il faut que tu t’accroches. »

« Ce serait plus rapide avec le chariot. »

« Je suis désolé, mais… Le quoi ? De quoi est-ce que tu parles ? »

La petite se redressa et expliqua la chose avec l’air le plus sérieux du monde.

« Une fois, papa m’a amenée ici. Il m’a dit qu’en cas d’urgence, et elle prit le ton grave d’un homme adulte aussi bien que possible, il fallait rapidement évacuer et emprunter le chariot. Il m’a montré, c’était rigolo. »

« Ça ressemble à quoi ? Est-ce que c’est comme… une rangée de sièges, avec de gros trucs qui descendent pour tenir les gens, et qui monte très très vite sur un rail ? »

Newt sembla confronter ses souvenirs et son propre vocabulaire à l’image que voulait lui véhiculer Rory, et elle finit par hocher la tête. La technicienne sauta en criant de joie.

« Ils ont un lift ! »

« Un quoi ? »

« C’est long à expliquer. Mais c’est devenu courant sur ces centrales souterraines. C’est comme des sièges de manège à sensations. D’accord ? Sauf qu’au lieu de monter pour retomber, ils montent jusqu’à un transport d’évacuation. »

« Alors... »

« On va s’en sortir ! »

« On va s’en sortir ! »

« On va s’en sortiiiir ! »

« Newt. Est-ce que tu connais le chemin ? »

La petite réfléchit, puis elle hocha vivement la tête et pointa la porte avec détermination.

« C’est à côté. »

« D’accord. Guide-moi ! Kira, Rory, on fonce ! »

Et Jack s’élança, attentif aux indications de Newt. Il ne pouvait pas penser aux éventuels dommages subis par le chariot. Il fallait que ça marche. Il fallait que le transport marche. Mais si tout marchait, alors il saurait le faire bouger, et ils seraient bientôt à l’abri. Peut-être qu’ils croiseraient les gars. Peut-être que l’engin volerait et les conduirait hors d’ici. Peut-être…