Il y aurait eu des mots plus propices, moins indirects pour décrire toutes ces scènes dont elle n’avait été témoins. Ne pas voir n’égale malheureusement pas de ne pas savoir; qu’importe ce qui se passe, ce qui arrive, tout se sait dans ce monde, absolument tout. Ou, plutôt, dans les deux mondes. Cela ne semblait guère la toucher physiquement, ne laissant paraître qu’une fatigue pesante de par ses études doublées sur tout ce qu’elle devait savoir, connaître et apprendre. Du moins, c’était ce qu’elle faisait croire ; qui diable irait croire que sa fatigue était du à une dites jalousie et que cette même jalousie concernait dieux, prêtresse et cetera? Soit il fallait être sot, soit complètement bourré, dirait-on. Ce n’est que dans cette optique que la comtesse se tut, souriant la plus part du temps et aidant l’autre. Sa tour blanchâtre qui, jadis lui servait de prison, pensait-elle était devenue un véritable havre de paix en son sens. Seul les livres et grimoires lui tenaient compagnie, rien de tel pour soigner un cœur qui, bizarrement, lui pompait l’air. Ses pas résonnèrent dans le hall d’entrer lorsque, du bout des pieds, elle exécutait les cents pas de long en large. Le bout de ses doigts tâtait nerveusement le bijou accroché à son cou qu’Arès, des semaines ou même des mois plus tôt lui avait offert de part sa propre larme. Un gage d’amour avait-il dit. Quand à elle, le cadeau qu’elle devait lui offrir était-il de ne rien dire, ni broncher, ni pleurer, ni crier ; de le laisser agir à son aise? Entant que comtesse, bien élevée et bonne, il était certain que c’était la chose à faire… Bien que son cœur, emprisonné criait famine. Faim d’amour, faim de jalousie, faim de guerre. Heilayne vint rabattre son écharpe de soie blanche contre sa poitrine, faisant taire ainsi l’organe qui la maintenait en vie sous divers battements rythmés. Se changer les idées, voilà ce qui aiderait la dite comtesse des terres d’Ashnard en ses heures plutôt maussades. Sans attendre, elle grimpa les marches centrales qui menaient au deuxième étage, poussant la porte d’une chambre tout aussi rayonnante et blanche que le reste de la tour. Fortunée et en bijoux, et en fourrures; il n’était guère difficile d’imaginer qui, le soir se glissait dans ce lit baldaquin. Les autres pièces étant moins grandes, moins spacieuses et moins belles, celle-ci ne pouvait appartenir qu’à la comtesse.
En ouvrant l’armoire, un léger frisson lui parcouru tout l’échine dorsale. Un mauvais pressentiment? Peut être était-ce trop tôt pour quitter le nid familial, une fois de plus. Aller se promener n’était sans doute guère une bonne idée, il fallait, peut être, se résigner commença-t-elle à penser. S’arrêtant dans son mouvement lorsque le tissu allait regagner sa place d’origine, les iris brunâtre de la femme se glissèrent à la porte de sa chambre, se déposant avec lenteur sur le visage de l’une de ses domestiques.
« Vous sortez, ma dame? » l’interrogea-t-elle en clignant des yeux, comme si la voir ainsi faisait le bonheur des servantes. Peut être trouvaient-elles que Layne était bien trop souvent enfermée entre quatre murs et que, enfin, elle décidait à bouger. Peu importe ce qu’elles pensaient; seul les gestes de la dame comptaient.
« J’osais espérer trouver le réconfort dans ce crépuscule, mais je ne sais ni comment me vêtir, ni quoi faire une fois sortie… » Un mince soupire vint trahir son expression plus tôt jovial, laissant un air plutôt maussade regagner son visage. Sans attendre, la femme – plutôt grassette – vint s’introduire dans la chambre de la belle, glissant devant l’armoire en demandant, bien poliment à la comtesse de se reculer pour lui laisser place. Chose faite, ses mains habiles vinrent fouiller de fond en comble la commode, tentent de faire le moins de bordel possible. Blanc, tout était blanc et, au passage, faisait grogner la servante. Tout hormis les vêtements achetés lors de l’escapade illégale de Daelys hors de ses contées. Piquée par cette pensée, la femme referma la commode, s’attaquant à un tiroir plus reculé, en ressortant une petite robe noisette claire et foncée, faite d’un cuir plutôt souple. Ceci sorti, elle prit un ruban transparent mais, avec une mince teinte rosée et brodée floralement. Le tout donnait un contraste que le blanc, naturellement, n’avait pas.
Les yeux d’Heilayne se posèrent sur le tissu, l’observant un moment distrait, puis un autre lunatique. Il fallut quelques minutes à peine pour la faire sortir de cette lune si alléchante,mais elle y parvint. De ses gestes toujours aussi lents et gracieux, elle vint enfiler la robe brunâtre, la passant contre sa poitrine en refermant la petite « veste » rosée contre ses épaules. (http://img196.imageshack.us/img196/6329/sanstitre10dm.png) Ses pieds, quand à eux allaient restés nus chaussés. À l’aide de ses mains, elle vint replacer sa longue chevelure par la suite, replaçant l’attache qui évitait de laisser quelques mèches sortir du lot. Une chevelure attachée en tout temps était un exemple des bonnes habitudes d’une noble, ou du moins, s’en était une il y a de ça plusieurs années, peut être même décennies !
Un léger compliment soufflé, puis la domestique quitta la chambre, refermant la porte derrière la comtesse lorsque celle-ci, à son tour sortie. Puis, c’est d’un pas hésitant qu’elle vint franchir le cadrage de la porte blanche, frissonnant sous la première bourrasque de vent qui vint la taquiner. Un fin sourire se dessina alors sur le minois de la femme pâle, décrochant enfin son air piteuse. Ses pas s’entreprirent délicatement tandis que, de sa main droite elle agrippa un panier, posant celui-ci contre le ceux de son avant bras. Le panier contenait quelques herbes qu’elle avait commencée à cueillir, un grimoire à la couverture verdâtre et un brin jaunit sous les années d’utilisation et, une pomme en cas qu’elle ait un petit creux. Cueillir, voilà quelque chose qu’elle n’avait fait depuis belles lurettes…
… … …
« Les terres sauvages… » Souffla-t-elle à demie voix, pensive à l’approche de cette dite plaine. Sa main libre vint se poser contre quelques mèches de ses cheveux, les glissant avec délicatesse derrière son oreille pour empêcher le vent joueur de lui cacher la avec. Un fin sourire aux lèvres, Layne vint déposer le panier contre un arbre avant de marcher encore un peu, quelques pas, dix tout ou plus avant de s’arrêter et venir s’agenouiller dans l’herbe plus ou moins haute. Du bout des doigts, elle commençait à chercher des plantes qui, peut être, lui serait utiles, les déracinant avec une douceur inouïe…
[H-J. Comme premier post, je n'avais pas réellement d'idée pour te faire interagir, j'ose espérer que ça suffira. Si non, j'éditerai. (: ]
[H-J : C'est parfait, voyons. (:]
Avec lenteur et précision, la comtesse déracinait les divers plants solanacées, restant très minutieuse sur le travail qui, fait un brin trop sec pourrait lui coûter cher. La belladone, le Datura et la Morelle sont des plantes mortelles ; bien sur, ce sont l’ingrédient duquel sont issue chaque fiole de poison que vend et, ou que fabrique un alchimiste. En ses terres sauvages, malheureusement, ce sont celles que l’on trouve le plus facilement. Et, ne voulant trop s’aventurer dans ces terres dites sauvages, Heilayne se contentait de défaire les quelques baies des plantes de belladone, les déposant dans un mouchoir tout juste sortie pour ni se salir, ni faire face à divers embêtements. Ni le ciel et ni le vent n’aurait pu souffler à l’oreille de la comtesse que, plus loin d’où elle s’était accroupie, divers hommes aux mœurs plutôt sombres s’apprêtaient à lui dérober quelque chose ; la vie ou vêtements coûteux, qu’importe. Ne possédant une ouie surdéveloppée, Heilayne sursauta à son interpellation, tournant un peu la tête tout en relevant le menton pour voir son interlocuteur. Ses douces lèvres rosées s’entrouvrirent pour ne laisser s’extirper qu’un faible souffle de surprise en voyant une silhouette se glisser dans le dos du barbare, le mettant à terre en une manière d’acuponcture. Pas celles qui guérissent tous les maux ou presque, bien sur ; mais s’en était une en un sens. Sans mot, elle ne faisait qu’écarquiller les yeux, observant le carnage se dérouler sous ses yeux alors qu’une de ses mains vint se refermer sur le collier à son cou, pressant la pierre tout en délicatesse contre sa paume. Sans mots, Heilayne se contenta de se retourner complètement en gardant sa respiration plus douce, bien que celle-ci ne demandait qu’à se faire entendre, saccadée.
Depuis toujours, il est certain qu’une femme de ce rang ne devait ni sortir, ni rendre visite et même, ni se montrer sans une escorte. Mais quel ennui était-ce… Les pauvres rêvaient d’or, de luxe et la plus part donnerait tout pour être à la place des riches qui eux, bien que très fortuné et envié ; ne sont que très rarement heureux. Il y en a, certes, qui trouvent le bonheur, l’amour, l’envie. Mais, telle une balance, il y a malheureusement le contraire qui pèse à son tour. L’ennui, l’emprisonnement, les foudres, le danger. Malgré tout, Heilayne ne s’en plaignait pas; elle agissait à sa guise qu’importe la destination et qu’importe l’agissement. Elle avait perdue 17 années à se fermer au monde extérieur, enveloppée dans une vie triste et morne d’un manoir scintillant. Elle n’allait certes pas perdre un instant de plus…
C’est avec lenteur que la femme se releva, rabattant le tissu rosé qui lui servait de manteau – peu chaud contre ses épaules. D’une main, elle retenait le mouchoir dans lequel elle avait glissée minutieusement les baies de belladone et, de l’autre, elle relâcha le bijou à son cou. « Oh… Je ne croyais guère être si mauvaise pour qu’on m’en veuille à ce point, je vous avouerai. » Souffla-t-elle du bout des lèvres en offrant un mince sourire à son sauveur, tentent de ne pas faire voir que, sous cette phrase dites sur un ton faussement bouleverser et surtout amusé se cachait une crainte qui elle, était bien réelle.
L’une de ses mains vint se glisser contre sa nuque, la massant du bout des doigts en cherchant quelque chose à dire, peut être pour se défendre. Mais, rien ne venait; sans lui, elle aurait sans doute passé un mauvais quart d’heure ou plus encore. Donc, tout en douceur, Layne vint courber son dos vers l’avant en exécutant une mince révérence, la tête penchée. « En tous les cas, je vous remercie, messire…? » Sa tête se releva en restant un moment penchée, observant son interlocuteur d’un œil interrogateur, cherchant visiblement à le connaître, connaître son identité, surtout. C’est bien vrai, avec ce qui venait de se dérouler sous ses yeux, ses… tentacules… Bien qu’elle n’abordait pas le sujet directement et tout de suite, cela la tortillait un brin, il fallait l’avouer.