Le Grand Jeu
Bac à sable => One Shot => Discussion démarrée par: Miho Saeti le mardi 11 décembre 2018, 17:22:08
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Hilary Curtis était une femme mariée et mère de 30 ans qui sur bien des points avait eu un parcours admirable. Car en plus de ces éléments, elle parvenait et voulait continuer à avoir une vie professionnelle des plus importantes et exemplaires.Beaucoup de femmes dans son cas avaient en effet depuis longtemps préféré en quelque sorte se sacrifier pour élever leurs enfants. Mais pas elle. Il était impensable de son point de vue de devoir choisir entre les deux. Et ce même si la société poussait à le faire. Et parfois même son mari Neill aussi.
Mais voilà pour elle, être mère, être femme, cela n'empêchait pas d'avoir une vie sur le côté aussi. A commencer par le monde professionnel. Cela faisait maintenant quelques années que la belle afro américaine travaillait dans le monde de la pub comme elle l'avait toujours désiré. C'était un milieu compliqué mais qui avait le don de la stimuler comme rarement. Pour rien, elle ne voulait changer ou mettre cela entre parenthèses et ce , même si parfois, son mari avait du mal à le comprendre et à l'accepter.
Cela faisait d'ailleurs 5 ans maintenant qu'elle travaillait pour la « Mills Company » du nom de son créateur. C'était une grosse boite de pub nationale qui avait plusieurs antennes dans tout le pays et qui travaillait parfois avec l'étranger. Bref c'était vraiment quelque chose d'important et Hilary était fière d'y travailler. D'autant plus que même en 2018, être black et mère en plus d'être une femme pouvaient encore être une source de tracas.
Néanmoins, elle avait déjà du payer un lourd tribu à sa situation familiale notamment. Dans sa première boite, on n'avait pas prolongé son contrat après qu'elle soit tombée enceinte de son petit Devon il y a 8 ans. Et si elle avait fini par retrouver de l'emploi ici, elle avait déjà vu quelques opportunités lui glisser sous le nez. Elle n'était pas dupe, elle savait que la naissance de sa fille Drucilla il y a 3 ans ne l'avait pas aidé. Le pire c'est que ce n'était pas vraiment prévu mais d'un autre côté, encore une fois, elle ne comprenait pas pourquoi vouloir être une mère pouvait l'empêcher d'être bonne dans son métier. D'autant qu'elle s'appliquait à l'être chaque jour. D'ailleurs elle constatait qu'on la gardait dans la bôite non ? Seulement , on refusait de la laisser monter en grade alors qu'elle le méritait. Et puis, elle n'était pas naive, elle savait aussi comment cela fonctionnait dans le monde de l'entreprise et dans le monde tout court. Le sexe et l'argent faisaient tourner les choses depuis le début de l'humanité. Et d'une façon ou l'autre, c'était ce qui permettait d'obtenir des choses même si bien sûr personne ne le confirmerait. Dans un monde plutôt macho, elle avait déjà eu l'occasion de voir des collègues être choisies pour des postes pour lesquels elle ne les jugeait pas vraiment aptes.
Bref, Hilary en avait assez et cette fois, elle entendait bien obtenir ce qu'elle méritait de son point de vue. Comment ? Il y avait un poste de directrice des opérations pour le projet « Forever Young » qui été à pourvoir. C'était un gros contrat pour une boite de cosmétiques , du genre à pouvoir sans aucun doute la lancer pour de bon dans ce milieu. Elle avait postulé et ils étaient encore trois dans la course. Et honnêtement,Hilary estimait qu'elle était la plus qualifiée pour l'exercer. Seulement, de nouveau, elle avait entendu certains bruits de couloir alors que la procédure d'embauche touchait à sa fin. Voilà pourquoi, elle avait décidée d'aller directement interroger celui qui était en charge du projet et qui allait avoir le dernier mot : Adam Mills. C'était l'un des enfants du big boss et il avait la chance d'être bien née. Il était arrivé il y a 6 mois dans cette antenne avec une certaine réputation et avec l'étiquette de fils à papa bien présente. Directeur général pour tout ce qui touchait de près ou de loin à ce projet, elle venait d'entrer dans son bureau après avoir sollicité un rendez-vous avec lui. Assez cash, elle venait de lui dire et de lui demander si comme elle le pensait, les choses étaient déjà fixées pour le poste qu'elle convoitait. Debout, face à lui, elle n'avait pas hésité non plus à redire toute sa motivation et toute sa conviction sur le fait qu'elle était la meilleure pour ce poste. Tout simplement.
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Derrière son bureau, et malgré son relatif jeune âge de 24 ans, Adam dégageait déjà une certaine prestance malgré tout. Il faut dire que le port du costume lui allait parfaitement et que sans être un apollon, il avait du charme et du charisme . Blond aux yeux bleus, 1m83 pour 71 kilos, ce n'était pas un athlète ce qui traduisait une certaine aversion pour le sport sous toutes ses formes. Pour le reste il avait le visage encore fort juvénile même si ces derniers temps, il avait laissé pousser un collier de barbe et sa moustache , justement pour se vieillir un peu et paraitre plus crédible. Ayant troqué ses lunettes pour des lentilles de contact pour mieux mettre en valeur ses yeux bleus, Adam savait comment se mettre en valeur et de par son statut, avait de toute façon conscience d'avoir un avantage naturel. Ne connaissant pas le doute, il était sûr de lui et même arrogant.
Quoi de plus normal pour quelqu'un qui depuis sa naissance, avait été élevé dans l'idée qu'il était en quelque sorte issu d'une lignée importante. Dans la fratrie Mills, il y avait 3 frères et une soeur, et pour chacun , le choix avait été vite posé par le père : c'était travailler pour l'empire paternel et assurer en quelque sorte la lignée. Grandir avec comme père Victor Mills n'avait rien de facile, mais au moins, Adam avait pu bénéficier d'une vie agréable et aisée. Mais aussi d'un père un peu trop souvent absent.
Depuis six mois maintenant en tout les cas, Adam travaillait dans cette filiale de l'entreprise . C'était à la demande de son père, comme il l'avait fait pour ses frères et soeurs. Tous avaient du faire leur preuve avant de pouvoir revenir dans la maison mère. La durée de cet exil dépendait entre autre de son degré de compétence . Le concernant, le jeune homme de 24 ans avait bien compris que son père voulait le jauger encore plus que les autres et que d'une certaine façon, le projet « Forever Young » était un cadeau empoisonné. C'était un gros truc, quasi le seul et unique dossier sur lequel il allait bosser. Et si son père avait tenu à faire en sorte de crédibiliser son fils aux yeux des autres en lui confiant cette responsabilité et en lui donnant un certain statut, il se savait aussi plus que les autres membres de la famille dans sa ligne de mire.
La raison ? La personnalité d'Adam tout simplement. Moins bosseur, moins appliqué, moins malléable que ses deux frères, il était le fils issu d'une relation adultère de son père et il avait eu l'impression en quelque sorte que c'était comme si son père ne pouvait dès lors l'aimer à moitié. Certes il avait assuré l'avenir financier de son fils et de son ex maitresse, certes il avait garder le contact avec lui, mais Adam avait toujours eu l'impression d'être le vilain petit canard. Et son comportement était finalement plus à prendre comme un appel à l'aide paternel. Bien que très intelligent, sa scolarité avait été compliquée et plusieurs fois son père avait du jouer de son influence. Y compris à l'université.
Car Adam aimait la vie et s'amuser. Surtout avec les femmes. Adam aimait plaire, séduire , jouir de ce que lui offrait la vie, son statut et son savoir faire. Un peu trop puisque plus d'une fois son père lui en avait fait le reproche. Néanmoins, bon gré mal gré, il avait du s'assagir ces derniers temps sous peine de voir le père de famille tout puissant lui couper les vivres. Il avait beau être un « Mills » il fallait aussi faire honneur au nom familial.
Voilà donc comment il en était arrivé à se retrouver ici, accompagné de Jack , le frère de son père qui était en quelque sorte celui chargé de le tenir à l'oeil. Cela avait commencé à l'adolescence devant les difficultés qu'il provoquait et au fil du temps, finalement, Jack était un peu devenu un père de substitution. Le lien entre lui et Adam s'était développés de manière assez forte et si Victor avait demandé à son frère de continuer à suivre Adam dans ses premiers pas dans le monde de l'entreprise pour s'assurer de son bon fonctionnement, au fond de lui le jeune homme de 24 ans n'était pas mécontent de le voir avec lui. C'est d'ailleurs lui qui lui avait appris les rudiments du métier et l'avait préparé à ce qui l'attendait.
« Hilary ta franchise comme toujours t'honore »
Avait il fini par répondre, alors qu'il s 'était levé de son bureau pour faire quelques pas et aller se chercher un verre d'eau sur le petit charriot prévu à cet effet. Buvant une gorgée, il revint se placer dos à elle, face à la fenêtre, admirant l'horizon devant lui, le verre à la main. Le bureau était assez sobrement décoré, avec comme unique photo , celle du couple qu'il formait avec Milena , posée sur son bureau. Il était avec depuis 15 mois maintenant et c'était sa première vraie relation . C'est elle qui lui avait amené un peu de stabilité et contribué à le rendre un peu moins chien fou. Est-ce qu'il l'aimait ? Il ne raisonnait pas vraiment en ces termes, mais c'était une autre histoire.
Ne disant rien de plus, il avait eu l'occasion depuis six mois maintenant de fréquenter de près cette Hilary. Il connaissait tout d'elle, notamment parce que Jack lui avait dit qu'il fallait en connaitre un maximum sur son personnel pour savoir aussi comment les aborder au gré de leurs faiblesses et de leurs forces. En l'occurence , la concernant, et comme le prouvait encore sa présence ici, c'était une femme ambitieuse mais aussi frustrée par sa situation. C'était palpable et manifeste. C'était sa plus grande faiblesse.
« Mais tu sais comment fonctionne ce milieu.Les compétences propres ne sont qu'un paramètre. »
Conclua t'il, toujours de dos. Apres tout, pourquoi voulait elle une réponse sur quelque chose que de toute évidence elle connaissait déjà ? A noter que s'il utilisait le tutoiement, c'était avant tout pour instaurer une proximité avec son interlocuteur. Mais aussi parce que du haut de ses 24 ans, il avait compris que pour certains, cela pouvait poser soucis.
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La situation avait un côté ubuesque pour la jeune femme. Après tout, elle était là, dans ce bureau, à devoir tenter de se justifier sur ses compétences en face d'un jeune homme plus jeune qu'elle et qui avait moins d'expérience. La vie avait parfois le chic pour vous envoyer des drôles de message. Pour autant, Hilary n'avait pas grand chose à dire sur son nouveau « patron ». il était là depuis 6 mois et tentait de s'investir autant que possible . Toujours accompagné de Jack, qui pour beaucoup était un peu une sorte d'ange protecteur, il participait aux réunions de travail et participait aux différents débats. Il avait parfois de bonnes idées même si on le soupçonnait d'être avant tout conseillé par Jack. Et s'il avait débarqué avec l'étiquette de fils à papa, Adam tentait malgré tout de s'intégrer sans trop jouer au chef. Il avait déjà participé quelques activités de « team-bulding » ou de « family day ». Bref Adam tentait pour faire simple de trouver sa place mais néanmoins, il restait avant tout quelqu'un de pistonné.le voir dans son bureau était sans doute la meilleure preuve de cela.Tout comme le fait de devoir lui dire « vous ».
« Donc vous confirmez bien que toute cette procédure d'embauche est une vaste mascarade ? »
On la sentait en colère et révoltée. Une fois de plus, de toute évidence, les des étaient pipés. Et cela, elle ne pouvait pas l'accepter. Surtout encore une fois qu'elle estimait être la plus amène pour ce travail.
« Vous savez aussi bien que moi que des trois je suis celle qui mérite plus le poste . Et je dis cela sans aucune vantardise. Je connais mes dossiers, je m'investis, j'ai déjà une certaine expérience. Alors si les compétences ne suffisent pas, que faut-il de plus ? A plusieurs reprises déjà j'ai vu des opportunités me filer sous le nez. Mais j'ai toujours remis du coeur à l'ouvrage pourtant. »
Toujours debout, elle serrait les mains et les poings. C'était injuste oui. Et elle ne pouvait pas accepter de subir cela sans rien dire ou faire cette fois. Le fixant toujours, alors qu'il lui tournait le dos, elle ajouta
« C'est cause de quoi ? Mes enfants ? Mon âge ? Ma couleur de peau ? Ou alors c'est parce que contrairement à certaines je ne .......... »
Elle s'arrêta avant de dire quelque chose qu'elle pourrait regretter. Mais il était clair qu'elle avait pensé tout haut au fait que certaines collègues offraient leurs corps pour s'assurer une place au soleil. Et cela la révoltait. Encore une fois.
« Vous ne pouvez pas faire de discrimination vous le savez. C'est contraire à la loi. »
Elle montrait les dents. Elle se montrait agressive mais elle était dans son bon droit. Du moins, elle continuait à le penser.
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Adam l'avait écouté d'une oreille tout en laissant ses pensées voyageaient au loin. Le fait de se retrouver dans ce bureau, maintenant, c'était un sacré clin d 'oeil du destin quand il y pensait. Il avait beau avoir été un vilain petit canard, il était malgré tout parvenu à accéder à un certain statut. Et il entendait bien désormais en profiter et surtout garder tout cela. Il était hors de question de donner une occasion à son père de le dégager en quelque sorte. Sur ce point, c'était clair pour lui. On pouvait donc compter sur lui pour faire le job comme on disait. Mais Adam ne serait pas Adam si dans le même temps son esprit retors ne fonctionnait pas à plein régime. Et en l'occurence ce nouveau statut pouvait aussi lui permettre de joindre l'utile à l'agréable. Comme par exemple en ce moment précis. Après tout il avait le pouvoir de faire et défaire des carrières non ? La seule présence de Hilary ici le montrait en tout cas. Alors pourquoi ne pas en profiter de manière plus manifeste ? Le tout était de le faire habile et en restant assez malin que pour ne pas se faire avoir. Bon nombre d'hommes avaient pu de cette façon faire sienne quantité de personnes et les soumettre à sa volonté. Alors quand Adam finit par se retourner, son verre vide , il dévisagea d'abord Hilary de haut en bas avec un petit sourire narquois . Cette femme lui plaisait, beaucoup même. Et puisqu'elle avait l'air de tenir absolument à ce poste, il se disait que finalement, ce n'était pas plus mal de tenter quelque chose. Les bonnes cartes étaient de son côté de toute façon.
« Si on analyse froidement les faits tu ne peux pas obtenir ce poste Hilary. Pour toutes les raisons que tu viens de citer. C'est vrai dans l'absolu , tu mérites ce poste, je suis le premier à le reconnaitre. Mais cela ne suffira pas. Ton profil ne correspond pas à ce que l'on cherche. Ce n'est rien de personnel mais c'est comme cela. »
C'était assez cynique, implacable mais cela avait au moins le mérite de la franchise. Déposant son verre sur le coin de son bureau, il s'avança vers elle, venant jusqu'à sa hauteur. Situé à sa droite, il murmura dans le creux de son oreille d'une voix faussement suave
« Pour être franc , tes deux rivales pour le poste sont prêtes à tout sacrifier pour obtenir ce poste. Et je doute que cela soit ton cas. Tu as trop d'attaches, trop de bonnes raisons de rester dans les clous. C'est louable mais alors tu dois accepter de ne pas obtenir ce que tu penses »
Il s'éloigna pour de bon, passant dans son dos cette fois. Non sans encore ajouter et préciser quelque chose à sa pensée
« Quant au fait que ce soit légal ou pas......nous allons engagé une femme et d'ailleurs notre personnel respecte la parité à tous les niveaux ce qui est assez rare que pour être souligné. Le nom de cette entreprise impose respect et crainte. Alors si jamais il te prenait envie de vouloir mener une croisade, dis-toi que cela te coutera ta carrière mais qu'en plus tu n'as pas les armes pour tout simplement. Sans parler de ce que ta famille devrait supporter aussi . »
Bref mine de rien il venait de lui faire comprendre qu'elle n'avait pas le luxe de pouvoir mener un combat à armes égales. Et que donc, elle n'avait pas vraiment de solutions à ce qu'elle pensait être un problème.
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Elle l'avait écouté lui répondre sans avoir vraiment l'occasion de le démentir. Elle l'avait vu se diriger vers lui, l'air satisfait et avait vu cette drôle de lueur dans ses yeux. Hilary sentait que les choses basculaient , et pas forcément dans le sens qu'elle espérait. Il y avait une drôle d'ambiance qui tombait sur le bureau et quand il était venu à sa hauteur pour lui murmurer dans le creux de l'oreille, elle avait ressenti un frisson lui parcourir toute l'échine. Entre les lignes, le message envoyé était clair. Il venait non seulement de la remettre à sa place d'une certaine façon mais également, de lui signifier qu'elle ne pouvait pas espérer plus que ce qu'elle avait déjà. Il était assez malin que pour ne pas dire les choses de façon claire et nette mais néanmoins, Hilary comprenait ce qu'il envoyait comme signal.Les autres étaient prêtes à tout sacrifier ? On parlait bien de travail là ou ........Non Hilary n'était pas stupide, elle comprenait là où il voulait en venir. C'était clair, c'était évident, limpide. Pas besoin de sous titres
« Elles n'ont rien à perdre elles... »
D'une certaine façon, elle lui donnait raison en murmurant ces mots. C'était facile de tout lâcher quand on avait rien. De son côté, Hilary avait des principes, une famille, un mari, des enfants. C'était injuste de le lui reprocher d'une certaine façon. Pourquoi diable fallait-il que cela se passe comme cela ? Profondement meurtri par un sentiment de rage et de frustration, elle avait envie de partir de ce bureau, après tout pourquoi rester alors que tout était dit de manière bien limpide. Mais d'un aûtre côté si elle était venue, ce n'était pas pour rien. Ce job, elle continuait de le vouloir d'autant plus fort qu'elle en était digne bon sang. Et elle refusait d'accepter que cela puisse se jouer de telle façon.
Alors que faire ? Elle avait perdu tout espoir de voir ce poste être attribué de manière loyale. Adam venait de le confirmer par ses mots. Dès lors, rester ici revenait à accepter cette façon de faire ? Non pas de son point de vue. Mais l'idée était lancée et commençait à germer en elle. Une petite voix dans sa tête lui disait pourtant de vite sortir d'ici, mais une autre lui soufflait que ce n'était pas juste, qu'elle ne pouvait pas accepter qu'un poste , pour lequel elle était faite, lui échappe encore une fois. Après tout, il fallait savoir se salir les mains et jouer selon les règles non ? Sauf qu'ici, c'était très cher payé non ? Alors pourquoi ne bougeait-elle pas ? Pourquoi elle était encore dans ce foutu bureau à penser qu'elle avait encore une chance de s'y prendre autrement ? Adam semblait que de toute façon, elle n'était pas capable elle aussi de faire des sacrifices. Mais justement, elle en avait déjà fait pas mal. Elle voyait moins ses enfants, passait moins de temps avec sa famille, elle ne calculait pas ses heures et son investissement. Est-ce que tout cela ne comptait pas ? Visiblement non. Quelle injustice. Croisant les mains, elle toucha son alliance comme par réflexe. Elle le sentait toujours dans son dos. Dans sa tête, cela fourmillait d'idées et de pensées. Et finalement, tout en continuant à jouer avec son alliance, elle lâcha d'une voix hésitante, presque chevrotante.
« Et si j'étais prête à sortir des clous justement ? »
Elle avait du mal à croire que c'était elle qui venait de dire cela. Poussée par l'impression que ce poste lui revenait de droit et par le besoin de reconnaissance professionnelle qui la tiraillait, elle venait d'ouvrir la boite de Pandore....... ;
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Dans un premier temps, Adam avait pensé qu'elle partirait. C'était la sensation qu'il avait et il se disait qu'Hilary était certes frustrée et ambitieuse, mais pas assez que pour s'asseoir sur certains principes. Cela collait assez à ce qu'il pouvait se faire d'elle en tant que femme. Néanmoins, et à sa grande surprise, sa dernière phrase l'avait fait sourire et surtout avait égayé fortement ses pensées. Elle venait de dire, après avoir laissé pensé le contraire, qu'elle était prête à sortir des clous. Pas d'une manière franche et assurée, mais elle l'avait dit. Assez que pour se dire qu'il avait une ouverture.
L'occasion pour lui de repenser à ce qu'avait pu lui dire son prof de commerce lorsqu'il était aux études. Ce dernier avait expliqué que chaque personne avait un prix, peu importe lequel c'était. De son point de vue, même la plus vertueuse des personnes avait en quelque sorte sa faiblesse, le tout était de savoir appuyer sur le bon levier. C'était certes une vision cynique , mais visiblement pas très éloignée de la réalité de ce qu'il pouvait observer. Ainsi pour Hilary, sans doute que le désir de reconnaissance était plus fort que le reste. Il pouvait imaginer cette femme de 30 ans, qui avait vu quelques opportunités lui filer sous le nez et désirer soudainement de dire stop. Elle voulait sa part au soleil et qui pouvait la blâmer pour cela ? Et puis, sans doute voulait elle aussi se prouver des choses, sortir de cette image de mère de famille qu'on voulait lui foutre sur le dos. Toute sa carrière on avait voulu la coller à cela, et il comprenait qu'elle souhaitait également s'en affranchir. Elle devait sans doute penser que c'était maintenant ou jamais pour combler ses aspirations professionnelles après avoir comblé celles concernant sa famille.
S'approchant donc dans son dos, il vint la saisir par la taille, collant son visage contre l'arrière de sa tete, la humant en quelque sorte, prononçant ces quelques mots.
« Alors notre chère entreprise confirmera qu'elle est à la pointe de l'innovation quand il s'agit de casser les codes et se démarquer du reste. Imaginez les réactions si une mère de famille de 30 ans, black de surcroit, est nommé co pilote ou presque du plus projet de la boite des dernières années ? »
S'éloignant alors, il venait de lui faire miroiter un avenir doré. Celui qu'elle semblait espérer en tous les cas. Retournant s'asseoir derrière son bureau, il termina son explication en lui disant
« Je vais réfléchir à tout cela au calme. Fais pareil, cela ne sert à rien de se décider sur un coup de tête. On verra si on peut effectivement trouver un terrain d'entente »
Il la congédiait donc. Il jugeait que c'était le mieux à faire dans l'immédiat. Pour elle comme pour lui. L'idée de la laisser repartir en se torturant les méninges n'était pas pour lui déplaire. Et puis il ne fallait pas montrer trop d 'empressement sous peine de se mettre en position de faiblesse.Toujours éviter de dévoiler ses réelles intentions tout de suite. Créer la demande avant l'offre. La base pour tout bon businessman non ?
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Si le but était de la perturber et de la mettre dans le brouillard. Hilary n'avait pas pensé qu'il la congédie de la sorte mais plutôt qu'il tente de battre le fer tant qu'il était. Surprise, il lui avait fallu un certain temps pour revenir sur terre. Et cela avait coincidé avec le moment ou il était venu dans son dos pour la prendre par la taille. Ayant un mouvement de dégagement, ce contact, bien que furtif, l'avait passablement perturbé et dérangé. Signe qu'entre penser quelque chose et passer à l'acte, il y avait de la marge.
Ce qui l'avait aussi marqué, c'est à quel point le jeune homme se montrait cynique. Il n'avait pas hésiter à donner une autre version de l'histoire dans le cas où ils trouvaient un arrangement. Cela montrait bien à quel point tout était changeant et surtout, à quel point finalement tout était question d'interprétation C'était certes encourageant pour elle, mais cela montrait aussi à quel point tout était fragile.
Prenant donc congé d'Adam, elle ne voyait pas autre chose à ajouter. Encore quelque peu perturbé par l'enchainement des faits, elle allait seulement commencer à assimiler tout ce qui venait de se passer. En quête de réponses, elle en avait eu mais elle avait aussi son lot de questions qui allaient avec. La principale étant de savoir si finalement ce travail justifiait le renoncement de sa propre personne.
D'ailleurs en rentrant chez elle, et tout au long du trajet, elle était restée fort soucieuse sur la suite des événements et ce qu'ils allaient impliquer. Comme toujours, une fois chez elle, Hilary avait passé une tenue plus relax et elle avait rapidement rejoint la table pour partager le souper en compagnie de son mari et de ses deux enfants. Elle les avait embrassés et avait essayé de paraitre normale. Sauf que toujours très soucieuse, elle n'avait pas vraiment participé aux débats et si elle avait été bordé ses deux enfants au moment du coucher, après les avoir lavé et les avoir laissé profiter un peu de la tv, c'est une Hilary toujours très soucieuse qui assise dans le divan, buvait un verre de vin rouge la tête toujours ailleurs.
Portant un legging bleu foncé, pieds nus, elle avait passé un simple t shirt blanc qui épousait parfaitement les formes de sa généreuse poitrine. Buvant une gorgée, elle semblait penser que cela pouvait aider à mieux comprendre ce qu'il fallait faire face à cette situation. Assisse avec les jambes repliées , et de coté, sur le divan, elle n'avait pas entendu son mari arriver dans la pièce et s'approcher d'elle. Hilary était ailleurs, sans doute encore dans le bureau d'Adam où il y a peu, une sorte de pacte avait été négocié ou tout au moins soumis à sa connaissance. Et dans cette maison symbole de sa réussite familiale, tout cela prenait encore un sens différent. Jouant machinalement avec le pendentif en forme de coeur qu'elle avait autour du cou, le verre dans l'autre main, la télévision semblait n'aller que pour le chat qui dormait non loin de la.......
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Neill avait remarqué que sa femme était plus soucieuse que jamais quand elle était rentrée ce soir-là. Alors que les beaux jours annonçaient leur retour via un mois de mars des plus ensoleillés, il l'avait senti ailleurs , et surtout, comme si quelque chose la tracassait un peu plus qu'à la raison. Il faut dire qu'après 15 années en couple , 10 ans de mariage et deux enfants, le père de famille de 32 ans avait appris à décoder les signaux envoyés par sa superbe et tendre femme.
Mais qui était Neill Webster ? Et bien c'était un afro américain qui plus jeune se rêvait basketteur de haut niveau. Il en avait le niveau mais une vilaine blessure était venu l'handicaper au genou et l'avait forcé à revoir ses ambitions à la baisse. Sur le moment il avait accusé le coup, mais il avait tenu coup grâce à Hilary. Tres vite marié puis père, il n'avait jamais vraiment eu le temps d'avoir des regrets. A quoi bon de toute façon ? Pour lui le plus important était ailleurs, dans la famille par exemple.
Ayant envie de partager son expérience et de servir la communauté, il travaillait pour la ville comme animateur de rue. Concrètement, il gérait un gymnase où les jeunes des quartiers sensibles pouvaient venir faire du sport aulieu de trainer dans les rues. Cela ne payait pas très bien mais il se sentait utile et épanoui. En complément, et bénévolement, il entrainait aussi l'équipe de basket de son fils.
Bref, on pouvait comprendre que Neil était avant tout un homme qui aimait les choses simples et qui n'était pas du tout centré sur sa carrière professionnelle. Et c'était d'ailleurs là la seule pierre d'achoppement avec sa femme. Souvent, Neill soutenait sa femme mais il ne comprenait pas pourquoi elle accordait tant d' importance à sa réussite dans les affaires. Pour lui, elle avait déjà réussi et cela ne pouvait être qu'un bonus.
Alors, il avait attendu que les enfants soient couchés avant de venir rejoindre sa femme au salon et aborder le sujet . La voyant avec un verre de vin, il avait la confirmation qu'elle avait besoin d'une certaine forme de réconfort , du moins il le comprenait comme cela. Debout, pres du divan, elle semblait complètement absorbé par ses pensées. Et il se doutait du pourquoi de cela
« Tu me parais très lointaine en ce moment précis........ »
Il lui sourit et vint s'asseoir pres d'elle, soulevant ses jambes pour les poser sur ses genoux. La regardant avec bienveillance et tendresse, il continua à développer sa pensée
« Je suppose que c'est encore en rapport avec cette promotion »
Il savait que depuis un moment c'était quelque chose qui angoissait sa femme. A tort pour lui, comme il allait encore lui signaler
« Tu sais au pire il y aura d'autres opportunités. ....Je m'en fais pas pour toi, de toute façon on a deja une belle vie non ? »
Pour lui le tableau était déjà parfait. Alors pourquoi se prendre la tête pour le travail ?
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En temps normal, Neill était un bon soutien pour elle. Il trouvait toujours les mots justes pour la réconforter peu importe le contexte. C'était l'une de ses forces et Hilary savait qu'elle pouvait compter sur lui. Seulement, sur ce sujet là du travail, c'était compliqué et tendu. La raison ? Il n'arrivait pas à comprendre son point de vue tout simplement. Pour lui, il n'y avait pas vraiment de problème à ce qu'elle traversait. C'était juste une occasion de s'élever mais cela n'allait pas plus loin. Neill était un homme simple qui au niveau professionnel n'avait jamais vraiment été ambitieux. Elle ne savait pas si devenir ainsi avait été comme une forme de réflexe de défense face à la désillusion qu'il avait connu plus jeune avec sa blessure. D'ailleurs elle avait toujours trouvé fascinant la façon qu'il avait eu de digérer ce qui était pourtant le rêve d'une vie. Il avait réussi à en faire son deuil là ou finalement à sa place, Hilary en aurait voulu à la terre entière. D'ailleurs le couple n'avait jamais vraiment reparlé de tout cela. C'est comme si Neill avait tenu à enterrer cela et ne plus y revenir.
Tout cela pour dire donc, qu'entre les deux époux, s'il devait y avoir une source de conflit, c'était au niveau du travail d'Hilary. Neill ne lui avait jamais reproché son désir de faire carrière.Mais plusieurs fois, déjà, il lui avait fait comprendre qu'il ne comprenait pas besoin absolu de reconnaissance ou d'un mieux. Pour lui cela ne pourrait se faire qu'au détriment de la vie de famille. Ce n'était pas faux mais Hilary n'avait jamais promis quoique ce soit et surtout, elle veillait au maximum à être une bonne mère et une bonne épouse. De son point de vue, ce procès était injuste.
Alors forcément, quand on savait tout cela et également quand on avait en tête tout le stress engendré par cette promotion qu'elle désirait et les conditions pour l'avoir, il était clair que la discussion ne pouvait pas se passer sereinement. Alors quand, il eut fini de parler, elle se leva d'un bond, ayant sans doute une réaction excessive. Mais c'était l'accumulation de diverses choses, et l'entendre dire qu'elle aurait d'autres occasions, et bien, quand comme elle on était en pleine réflexion sur le sujet , c'était tout sauf cela qu'on voulait comme conseil ou conclusion.
« Bien sûr pour toi c'est facile de dire cela. »
Sèche elle avait pris son verre et était partie vers la cuisine pour s'en resservir un autre. Se rendant vite compte de ce qu'elle venait de faire en terme de réactions, elle sentit son mari arriver dans son dos, et alors qu'elle venait de se resservir un verre, elle lui dit plus calmement
« Ne me dis pas ce genre de choses tu sais que cela m'énerve. On a pas la même vision des choses sur ce sujet, le boulot n'est pas prioritaire pour toi mais pour moi si pour tout un tas de raisons. Et surtout ce n'est pas qu'une simple promotion, mais c'est enfin l'occasion pour moi d'obtenir la reconnaissance que je mérite. »
Elle était pieds nus et ne voulait pas trop parler de ce sujet. Qui de toute façon, ne pouvait que rajouter de la tension. Et surtout, comment lui expliquer que si elle était aussi tendue, c'était également parce que son « patron » lui avait fait comprendre quel prix payer pour obtenir ce qu'elle méritait de recevoir . Et cela , il était hors de question d'en parler.
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C'est vrai, Neill parlait rarement de cet épisode de sa vie. Arrêter le basket avait été une rude épreuve pour lui mais pourtant, il ne semblait jamais vraiment éprouver le besoin de revenir la dessus. C'était un choix de sa part car il refusait de rester dans le passé. Cela ne voulait pas dire qu'il n'y pensait pas ou que c'était facile. Mais rester bloqué la dessus n'aurait rien changé de toute façon. Il avait préféré se centrer sur autre chose et cela avait été sa famille pour lui. C'est elle qui était devenue son moteur de vie. Et surtout, il avait tenté de trouver un autre moyen de vivre sa passion pour le basket. En aidant les autres principalement dans son cas.
Alors, oui, parfois, il avait du mal à comprendre l'acharnement de sa femme a vouloir absolument chercher une forme de reconnaissance professionnelle. Leur vie était plutôt agréable, chacun y trouvait son compte et pourquoi dès lors vouloir autre chose ? C'était cela qu'il souhaite qu'elle comprenne. La suivant de près, il resta dans l'encadrement de la cuisine, la voyant se resservir un verre de vin. Il sentait bien qu'il y avait quelque chose de différent cette fois sans qu'il ne sache quoi. Il connaissait Hilary la brusquer ou allait au clash n'allait pas l'aider. Il fallait rester calme et essayer de lui témoigner écoute, attention. Sans pour autant renier ce qu'il avait sur le coeur.
« La reconnaissance qui compte tu l'as ici avec moi, avec nos deux enfants Hilary. Devon et Drucilla sont fous de toi et moi aussi. Alors je sais que c'est important pour toi de te voir récompenser de ton investissement. Mais je vois aussi que cette affaire te travaille depuis un moment. Et cela me fait un peu peur car je ne veux pas que tu te rendes malades »
Il s'était approché un peu plus dans son dos,finissant par la prendre par la taille. Il voulait lui montrer qu'il était là pour elle, qu'il l'aimait, et que surtout, rien ne devait l'atteindre en provenance du travail.
« Je suis certain que tes efforts vont finir par payer. Maintenant , plus tard mais c'est certain que tu auras ta chance. Là-bas ou ailleurs. Mais en attendant ne te ruine pas la santé et le moral »
Neill de son opinion personnelle trouvait qu'au fond, tout ceci ne valait pas de se mettre dans un état pareil. Certes, il n'avait pas toutes les cartes en main, mais justement c'est aussi pour cela qu'il pensait cela. D'ailleurs pour l'encourager il dit
« De toute façon rien n'est encore décidé non ? Tu as encore l'occasion de les convaincre , alors vas y surtout que je suis convaincu que tu peux le faire. Après tout de ce que je peux y comprendre, c'est cet Adam Mills le principal responsable à persuader. Montre à ce fils à papa ce que tu vaux »
Ironie du sort, ses encouragements prenaient une drôle de résonnance pour qui savait la situation. Car pour les convaincre, autant dire qu'il faudrait que sa propre femme le trahisse de la pire des façons.........
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Hilary avait laissé son mari venir l'enlacer et tenter de la réconforter. Mais cela n'avait pas duré longtemps. La mère de famille ne pouvait pas entendre ce qu'il avait à lui dire, du moins pas pour le moment. Il essaie de dédramatiser les choses, de faire comme si au fond c'était une situation assez classique et que dans une moindre mesure, il y avait toujours moyen de s'arranger. Mais cela sonnait faux car non seulement Hilary savait très bien que cette fois, l'issue possible était sauf facile, mais en plus, Neill ne comprenait décidement pas ce qu'elle pouvait ressentir. C'était peine perdue de parler de cela avec lui, elle en avait encore une preuve. Il ignorait tout du fonctionnement de ce milieu ni de la raison pour laquelle cette promotion lui était si importante. Cela ne servait à rien de penser que discuter avec lui pouvait l'aider. Et puis, encore moins depuis ce qu'elle avait entendu d'Adam. Non, une chose était certaine, c'est seule qu'elle allait devoir se décider.
S'éloignant donc, pour boire une gorgée de son vin, elle chercha appui sur le plan de travail de la cuisine, passablement perdue et quelque peu éreintée par toutes ces pensées qui se bousculaient dans sa tête. Plus que jamais, elle ne savait pas ce qu'elle devait faire ou plutôt , se demander comment concilier ses attentes sans perdre de vue ce qu'elle était comme personne . Elle n'arrivait pas à ne pas se dire que ce job était pour elle. Mais elle n'arrivait pas non plus à envisager de payer de sa personne pour l'obtenir. Bref c'était toute la galère de la situation.Et il n'y avait aucune bonne solution quand elle y pensait.C'était pour cela qu'elle se prenait autant la tête
« J'aimerais croire que c'est aussi facile que tu sembles le penser »
Dit elle, pas vraiment convaincue par ce qu'il avait pu lui dire. Se tournant face à lui, elle ne dit rien de plus, même si encore une fois lui parler de reconnaissance et y associer ses enfants ou lui, cela avait le don d'agacer Hilary. Neill ne pourrait jamais comprendre ce qui la poussait , ce qui faisait que le travail était si important pour elle. Pour lui, cela n'était que secondaire quand pour la mère de famille, c'était prioritaire. Il ne se rendait pas compte que pus d'une fois, elle avait déjà du laisser passer des occasions. Que plus d'une fois, c'est justement sa famille qui lui avait couté cher. Et que c'est aussi à cause d'elle, si au fond, aujourd'hui, elle devait affronter pareil marché. L'ironie était cruelle mais bien réelle.
S'éloignant vers le salon, Hilary signifiait qu'elle n'avait plus vraiment envie de parler. En fait, elle n'avait qu'une envie : pouvoir se dire qu'elle allait prendre la meilleure des solutions. Mais encore une fois y en avait-il une ?
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Neill n'allait pas insister. Il ne jugeait pas que cela puisse être utile. Ils entait biens a femme de mauvaise composition. Il n'avait visiblement pas toutes les cartes en main et il n'allait pas insister pour rien. Il avait décidé de prendre sur lui et de la laisser en quelque sorte fulminer seul dans son coin. La brieveté de sa réponse avait confirmé que de toute façon, il n'avait pas grand chose à ajouter.
Alors le reste de la soirée avait été pour le moins calme et silencieux. Le couple avait regardé la télévision, chacun restant sur ses pensées et ses positions. Neill de temps en temps avait regardé vers sa femme. Il ne savait pas quoi mais il y avait quelque chose de différent cette fois. Il avait l'impression que la voir comme cela n'était pas naturel et donc , qu'il devait y avoir un lien avec ce qu'elle traversait au travail. Mais comme elle se braquait dès qu'il en parlait, c'était compliqué de savoir exactement de quoi il s 'agissait.
Neill avait bien une théorie. Pour lui, c'était lié à l'impression qu'elle devait avoir compris qu'elle n'aurait pas le poste. Il ne voyait rien d'autre. Et que même si rien était officiel, elle avait du avoir des échos. Seul cela pouvait expliquer sa frustration et sa rancoeur apparentes. Mais encore une fois, elle ne lui avait rien dit, donc à partir de là, que pouvait-il faire hormis se perdre en conjectures ?
Finalement, il ne tarda pas à aller coucher, venant embrasser sa femme. La regarder, il avait tenu à lui dire une dernière chose, comme pour sceller leur conversation.
« Je vais me coucher . Je te souhaite une bonne nuit et sache que peu importe ce qu'il se passe, je t'aimerai toujours. »
C'était court mais lourd de sens. Neill n'était pas inquiet outre mesure, il se disait que c'était juste le temps que son épouse digère tout cela. Il était donc assez détendu même si le sujet du travail restait sensible, il ne le niait pas. Mais ce n'était pas neuf et puis encore une fois, il connaissait sa femme et sa détermination.
Non , en définitive ; Neill se disait que c'était juste une petite tension passagère. Hilary allait reprendre le dessus et par extension lui aussi. Il devait juste se montrer patient et accepter que sa femme soit un peu plus nerveuse ces jours-ci. Mais encore une fois, il n'y avait pas le feu à la maison pour lui.
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Trois jours s'étaient écoulées depuis cette journée lourde en terme d'implication. Ce délai c'était court et long à la fois. Court, parce que Hilary savait qu'à tout moment les choses pouvaient basculer dans un sens qui ne lui plaisait pas. Elle ne perdait pas de vue que la course à la promotion était dans sa phase terminale et que le temps jouait contre elle. La mère de famille de 30 ans n'avait plus le loisir de jouer la montre et elle le savait très bien. Mais trois jours c'était long aussi quand comme elle on passait son temps à tergiverser et à se poser mille questions. Le pire étant que finalement , elle n'avait pas vraiment de réponse.
La nuit, elle avait cogité et avait tenté de peser le pour et le contre. Clairement il y avait plus de contre. La simple idée de se prostituer pour obtenir un travail, présenté comme cela, c'était gerbant au possible. Et personne ne pouvait accepter cela. Et puis il y avait son mari, ses enfants, sa propre perception d'elle même. Non, il n'y avait rien qui justifiait de se vendre et de se donner ainsi.
Sauf que dans la colonne pour, il n'y avait qu'un élément mais de taille : ce poste pour lequel elle s'estimait taillée sur mesure et pleinement qualifiée. Elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire que c'était maintenant ou jamais, qu'elle ne pouvait pas passer à côté de cela une fois de plus. Les enfants avaient grandi, elle ne comptait plus en avoir, et dieu sait quand par la suite pareille occasion se représenterait. Elle avait déjà trop de fois vu le train passer devant elle sans qu'elle ne puisse réagir. Elle ne pouvait pas supporter l'idée de perde à nouveau la face et voir une autre lui être préférée. Elle voulait ce poste pour elle, pour sa reconnaissance, parce qu'elle le méritait.
Alors finalement, l'idée avait fait son chemin. Cela pouvait paraitre improbable mais au final, Hilary avait décidé de jouer selon les règles des autres pour une fois. Elle n'avait pas le choix, le monde était ainsi et ce n'était pas elle qui avait rédigé ces règles. Elle avait essayé de s'en passer mais pour quel résultat ? L'idée ne lui plaisait pas mais son ambition, son besoin d'être reconnue aussi comme femme d'affaire en quelque sorte et pas comme mère ou épouse était le plus fort.
Alors aujourd'hui, elle avait pris la décision d'aller trouver Adam qui depuis trois jours se montrait discret vis à vis d'elle. Nous étions fin de journée et pas mal monde était déjà rentré chez soi. Le personnel d 'entretien et les vigiles allaient prendre le relais et Hilary avait volontairement trainé pour attendre qu'Adam soit sur le départ. Elle l'avait guetté sur le parking souterrain de l'entreprise et quand il était sorti de l'ascenseur pour rejoindre son véhicule, elle était sortie du sien et s'était approchée de lui
« Monsieur Mills......... »
Elle marqua une pause , ne sachant pas vraiment comment présenter la chose. C'était gênant voire humiliant mais plus questions de reculer;
« J'ai réfléchi et je pense que je vais accepter de sortir du chemin établi pour une fois........ »
Autrement dit d'accepter son odieux chantage à l'emploi. Cette pensée la dégoutait mais pourtant, elle l'avait accepté. Et elle se sentait déjà sale pour cela.
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Adam n'avait pas vraiment eu le temps de réfléchir au cas Hilary. Certes, il avait lancé un appât à la mer, mais pour être franc, il ne s'imaginait pas que cela fonctionne de manière certaine. Il la connaissait et il doutait qu'elle puisse accepter pareil deal même s'il avait bien compris que son ambition était aussi débordante que son besoin de reconnaissance.
Et puis, il n'avait pas trop loisir de réfléchir à la question. Depuis trois jours, il abattait un travail considérable. Le jeune homme de 24 ans se rendait compte de l'ampleur de ses responsabilités et le fameux projet « Forever Young » ne cessait de le mobiliser.D'ailleurs, il allait devoir sous peu celle qui allait l'épauler dans ce travail et s'il jouait un peu la montre, il allait devoir se résoudre à trancher sous peu. Malgré tout, cela montrait qu'il gardait Hilary dans un coin de sa tête et s'il avait fait croire qu'il avait une autre occasion, c'était surtout un moyen de pousser la belle panthère dans ses derniers retranchements. C'était stratégique et il n'avait pas vraiment jusque là eu des raisons de se dire que c'était bien joué.
D'ailleurs en cette fin d 'après midi, limite début de soirée, c'est un Adam passablement fatigué qui avait quitté son bureau pour rejoindre le parking souterrain et son véhicule. Jack lui avait dit qu'il allait devoir annoncer le choix posé pour l'équipe qui allait bosser sur le projet « Forever Young » et il savait qu'il allait devoir le faire sans trop tarder. Glissant sa serviette dans son coffre de voiture, ainsi que sa veste de costume gris clair, il portait une chemise bleu clair avec un pantalon gris clair et une cravate bleue. Très élégant, il avait sa montre au poignet et en ce mois de mars plutot doux, il avait hâte de pouvoir rentrer chez lui et décompresser un peu.
Refermant le coffre de sa berline noire, il eut alors la surprise d'entendre une voix familière. Se retournant, il vit Hilary s'approcher de lui .
« Hilary ? »
Surpris, son esprit n'avait pas mis longtemps à allumer les signaux pour sa présence ici. Et comme elle brisa le silence assez rapidement , il eut la confirmation de ce qu'il espérait quand il lui avait proposé d'assurer le poste d'une manière particulière. Cachant sa jubilation, sa satisfaction, restant maitre, il ne voulait rien laisser paraitre qui puisse le mettre dans une position de faiblesse.
« Parfait , tu as fait le bon choix »
n'ajoutant rien de plus, c'est comme si tout ceci paraissait normal. On avait l'impression d'une conversation somme toute normale entre deux partis qui avaient un point commun. Adam était glacial de normalité. Et comme cela ne suffisait pas il ajouta de la façon la plus décontractée et normale
« Vu l'heure et le fait qu'à cette heure les bureaux sont en surveillance plus précise, le plus simple c'est qu'on aille dans ma voiture et que tu me montres ton degré de motivation pour le poste non ? »
Non elle ne rêvait pas. Adam proposait bien de passer directement à la caisse sur la banquette arrière de sa voiture. Sans doute pour être certain qu'elle ne change pas d'avis ?
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Hilary s'était imaginé beaucoup de choses une fois les dés jetés mais certainement pas une réaction pareille. Adam avait eu une attitude pour le moins surprenante puisqu'elle avait purement et simplement l'impression de lui avoir annoncé la chose la plus banale au monde au vu de sa réponse. D'ailleurs, elle mit un certain temps à encaisser le coup, et elle eut même un instant un sourire sur le visage, tant tout ceci lui paraissait tout simplement irréel.
« Pardon? »
Il lui proposait très basiquement d'aller dès maintenant sur la banquette arrière et s'envoyer en l'air. En gros l'idée c'était cela et elle n'arrivait pas à comprendre comment il pouvait agir avec autant de désinvolture et de détachement. A croire que tout ceci lui passait par dessus la tête et qu'il ne se rendait pas compte de ce qui jouait maintenant. D'ailleurs Hilary était déstabilisée, elle s'était attendue à tout sauf à cela justement.
La mère de famille de 30 ans, qui comme toujours était très élégante, resta un moment silencieuse debout face à lui. Elle avait aux pieds des chaussures à talons noires fermées dans lesquelles elle était pieds nus. Ayant un pantalon noir très habillée en tissu, elle portait une ceinture blanche à la taille avec une veste noire très élégante aussi avec en guide de haut un chemisier blanc très électrique. Sa longue chevelure attachée et ramenée avec une pince, elle avait les ongles manicurées en rouge et portait son alliance, sa montre et son fameux pendentif autour du cou. Très classe et très désirable, elle brillait de tout son éclat. Le sac à main autour de l'épaule, elle finit par dire
« Quoi là, maintenant ? »
Cela montrait bien toute son incrédulité. Tentant de reprendre ses esprits, elle regarda autour d'elle et semblait encore sous le choc de ce qu'il venait de dire
« c'est que l'on m'attend chez moi et puis j'avais plus tôt dans l'idée de d'abord fixer l'arrangement et les choses avant de ........ »
Elle ne finit pas sa phrase, ayant encore du mal à mettre des mots sur ce qu'elle allait faire. Sentant le regard bleu d'Adam sur elle, Hilary avait la sensation de s'être jetée dans la gueule du loup. Restant pour le moment immobile, elle voulait lui faire comprendre qu'elle n'allait pas accepter sans réfléchir une seule fois à tout cela. Elle voulait des garanties d'autant plus qu'elle savait désormais à quel genre d'hommes elle avait à faire. Après tout, il était fiancé et n'avait pas l'air d'avoir la moindre once d'hésitations sur ce qu'il comptait faire. Ou alors, c'était juste la preuve que tout ce qu'on disait sur lui était bien vrai .......
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Adam avait pour lui l'avantage de la surprise et surtout du temps. Il pouvait brandir cet argument sans trop de mal pour se réfugier derrière et c'est ce qu'il allait faire. Il sentait bien qu'Hilary était perplexe et déstabilisée et il n'entendait pas lui laisser l'occasion de se rétablir d'une certaine façon. Il voulait continuer à aller dans le même sens pour la pousser dans le précipice sexuelle qu'il avait en tête pour elle. Elle était effectivement venue se jeter dans la gueule du loup mais savait elle vraiment jusqu'à quel point ?
« Le temps joue contre nous Hilary. Mon père et mon oncle me pressent pour que je dévoile l'entierté de l'équipe qui bossera sur le sujet. On est dans la dernière ligne droite, il n'y a pas de doutes là-dessus. Donc si effectivement, tu veux ce type d'arrangement, c'est maintenant qu'il doit se conclure. »
Il avait le dessus sur elle, il se sentait avec un avantage de taille : il dictait la marche à suivre, qu'elle l'écoute ou pas d'ailleurs. Mais elle ne pouvait plus avoir d'influence sur le cours des événements ni prendre le temps de vérifier si ce qu'il disait était vrai.
« ta famille va devoir apprendre à accepter que tu sois encore moins disponible pour elle. Ce n'est que le début. Dis leur qu'une réunion imprévue te retient »
Une façon d'appuyer sur ce sujet là qu'il savait compliqué pour elle et sensible. Nul doute qu'elle allait se sentir en quelque sorte obligée d'accepter car c'était justement un des possibles reproches qu'on pouvait lui faire. Cette famille, ce role de mère d'épouse, il s 'agissait de leviers des plus intéressants pour lui.
« A toi de voir comment tu veux que cela se termine, mais si tu veux le job tu sais ce que je veux. »
Il insistait , encore et encore . Il ne lui laissait pas vraiment le temps de réfléchir ou de se poser des questions. Il la harcelait presque en mettant une énorme pression sur ses épaules. Il fallait que l'urgence soit palpable dans ses mots, qu'elle se sente finalement presque obligée de passer à l'acte sans avoir eu le temps de s'assurer que tout se passerait bien. Brulant d'envie de la faire sienne, d'autant qu'il ne l'espérait pas vraiment, ils 'avança vers elle, lui prenant une main et lui disant
« Nos intérêts se rejoignent non ? »
Ce premier contact lui procurait une drôle de sensation. Ce n'était pas déplaisant en tous les cas. Bien au contraire. Et ce n'était que le début......
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Hilary eut un mouvement de recul qu'on pouvait comprendre. Pas vraiment prête à ce premier vrai contact avec lui, cela trahissait déjà en quelque sorte un vrai aveu de faiblesse de sa part. Si déjà cela, cela lui paraissait difficile à accepter, comment imaginer qu'elle puisse se donner à lui sans se soucier du reste ? Se sentant prise au piège et à l'étroit, elle avait aussi du mal à soutenir le regard d'Adam qu'elle sentait différent. Il ne se privait plus de lui montrer tout l'attrait qu'il avait pour elle et cela la mettait également mal à l'aise. Ne sachant pas vraiment sur quel pied danser, l'allusion à sa famille la fit froncer les sourcils mais comme il avait aussi parler du travail, cela montrait finalement à quel point tout était compliqué et complexe.
Ce qu'il disait n'était pas dénué de sens. C'est vrai, le temps passait et elle le savait. Seulement, elle ne s'était pas représentée que cela puisse se dérouler aussi vite encore une fois. Là, comme cela, sur cette banquette arrière, ce n'était pas vraiment ce qu'elle s'était représentée.A croire qu'il voulait aussi faire cela pour l'humilier davantage.
« Nos intérêts se rejoignent oui mais je ne suis pas stupide. Je n'ai aucune preuve que si je suis vos règles, en retour, j'aurais ce que je veux. Vous me prenez pour la dernière des imbéciles ? »
Ce qu'elle disait, sur le principe, ce n'était pas dénué de sens. Hilary connaissait assez les règles du milieu que pour se douter que dans ce genre d'affaires, mieux valait tenter d'assurer ses arrières. D'autant plus quand la personne face à elle pouvait lui soumettre ce genre de deal. Mieux valait deux précautions plutôt qu'une.
« Et j'apprécierai que vous ne mêliez pas ma famille à cela. »
la mise au point était nette et claire. Mais elle était toujours à et bien qu'elle avait visiblement refusé d'accepter son offre, du moins en l'état, le fait qu'elle ne parte pas montrait qu'elle avait toujours le désir d'obtenir ce poste peu importe les moyens. Autrement dit, elle restait à sa merci et au fond, ce qui la dérangeait surtout, c'était de devoir se donner à lui sans assurance vie pour l'y aider. Et puis, mentalement, on sentait bien aussi qu'elle n'avait pas encore totalement accepté l'idée non plus comme l'avait prouvé sa réaction après ce bref contact physique.
Droite devant lui, Hilary avait le coeur qui battait un peu plus fort mais elle s'efforçait de lui montrer qu'elle n'était pas non plus prête à se livrer sans se défendre. Ce qui sur le fond ne changerait rien non plus. Car à partir du moment où elle était là, sa marge de manoeuvre était réduite. Adam avait tout à fait le droit de lui dire que c'était selon ses règles ou sinon c'était terminé. Mais mentalement pour elle, il était important de pouvoir se dire qu'elle avait encore un peu le contrôle des événements.
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Adam lui restait assez calme . Il était à tout l'opposé de la pauvre Hilary. La situation lui était plu confortable et il ne se privait pas pour envoyer des signaux allant dans ce sens. Après tout il n'avait pas grand chose à perdre et tout à gagner. C'est vrai, il voulait se la faire, mais sa vie ne changerait pas si jamais elle se refusait à lui. La grande nuance était là. Contrairement à elle, il ne craignait pas grand chose en soi. C'était la raison pour laquelle il était si détendu et calme finalement.
« Je ne te prends pour rien Hilary. J'énonce des faits. Tu les connais et donc il est inutile de vouloir les changer. »
Sec mais pas agressif, l'allusion à la famille en lui plaisait pas ? Grand bien lui fasse , de toute façon, il aurait tout le temps de salir cette famille si justement elle lui donnait ce qu'il espérait si fort.
« Et tu penses que je vais te faire signer un contrat stipulant notre arrangement ? Tu sais tres bien qu'il ne peut y avoir aucune trace autre qu'orale dans ce type d'accord. Tu ne me fais pas confiance ? Ok c'est ton droit mais je peux juste te dire que si tu es réglo, je le serai. Rien ne te le prouve mais dans ce milieu, une parole donnée est une parole donnée.Si je m'engage à te filer la poste tu l'auras crois moi. »
Bon, il avait peut être pas l'air rassurant mais il ne se voyait pas dire autre chose. Amusé par le comportement d'Hilary qui visiblement avait sous estimé tout ce qu'il y avait autour de cette situation, il se passa une main dans les cheveux et ajouta encore
« De toute façon tu crois que c'est ma première fois ? J'ai déjà scellé ce genre d'accord et personne ne s'en est plaint. »
Il bluffait ? Possible, mais il n'était pas interdit de penser qu'il était sérieux. Cela correspondait au personnage non ? La regardant toujours avec gourmandise, il attendait sa réponse, tout en lui faisant comprendre qu'il n'allait pas attendre des heures non plus.
« Alors le verdict ? C'est oui ou non mais je dois avoir une réponse. »
Maintenir la pression, encore et toujours. C'était facile , gratuit et bien commode pour lui. Il voulait une réponse et sous entendait que c'était mieux si c'était tout de suite.
« c'est toi qui est venu me chercher »
Dit-il encore. Oui Adam ne reculait pas devant la moindre manipulation de l'esprit et des mots pour tenter de la convaincre.Mais c'est hilary qui avait provoqué tout cela non ?
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Hilary se savait à un tournant important. C'est maintenant qu'elle devait poser un choix lourd de conséquences. Adam avait été clair, c'était selon ses règles et au fond, elle l'avait toujours su. Peu importe que ce qu'il dise soit cohérent ou pas.Il avait le pouvoir et elle pas. Hilary détestait cette sensation mais elle connaissait les règles avant de commencer à jouer. Libre à elle de les accepter ou pas.D'ailleurs, il ne lui disait pas autre chose.
Alors bien sûr au fond d'elle, la mère de famille de 30 ans savait qu'elle avait tout intérêt à l'envoyer chier. D'ailleurs, si elle n'avait pas vraiment encore pris sa décision, ce n'était pas pour rien. Cet homme était nuisible, dangereux même. Elle ne lui faisait pas confiance et quand bien même elle obtiendrait ce qu'elle désirait, elle savait que c'était avant tout une personne qui jouait de sa position, de ses privilèges. Cela en disait long sur sa personnalité. Pour lui, il n'était pas question de compétences mais bien d'égoisme et de plaisir personnel. Il se fichait bien mal des mérites ou des qualifications de chacun. Cela la rendait malade mais que pouvait-elle y faire ?
Le pire c'est qu'elle gardait bien ancrée en elle la sensation que tout ceci ne devait que se finir bien pour elle. Ce poste constituait son leimotiv, sa motivation profonde et unique. Si elle ne l'avait pas, elle garderait en bouche un lourd sentiment de déception et de frustration. Elle ne le niait pas et c'est aussi pour cela qu'elle était présente en ce moment. Car si bien sûr, elle ne pouvait que mépriser cette façon de faire, elle n'entendait pas non plus laisser une autre lui prendre ce qui était pour elle. C'était d'ailleurs au final la seule chose qui légitimait sa présence ici. Car sinon, il y a bien longtemps qu'elle serait partie.
Alors, au fond, il n'y avait pas vraiment d'autres solutions. Hilary avait tenté de refuser de voir l'inévitable mais il était clair que depuis le début pour avoir ce poste il allait falloir payer de sa personne. Bien consciente de cela, elle fixait Adam, le méprisant mais en même temps se sachant à sa merci. Touchant machinalement son pendentif et son alliance, elle savait déjà que ce qu'elle allait faire sous peu allait les laisser des traces. Mais elle se disait que c'était pour un mieux et que surtout, au moins, d'une certaine façon, c'était pour quelque chose qu'elle méritait et pour lequel elle avait oeuvré toute sa vie. Et puis c'était une fois, un mauvais moment à passer mais qui en soi ne changerait rien au fait qu'elle aimait son mari et ses enfants. Adam chercherait à la salir, à l'humilier, mais quand on y pensait qui était le pire ? Lui ou elle ?
Sans rien dire, elle fouilla alors dans son sac et en sortit son téléphone portable. Elle chercha le numéro de son mari, enregistré sous le nom de « mon coeur ». Puis, elle lança l'appel, ressentant malgré tout une boule dans le ventre. Signe du destin ou pas,elle tomba sur sa messagerie et laissa le message suivant
« Oui c'est moi. Juste pour te prévenir que j'avais une réunion de dernière minute qui allait commencer sous peu. Je t'expliquerai. Je vais rentrer plus tard que prévu donc ne m'attendez pas pour manger. Embrasse bien fort les enfants. »
Voilà, cela avait été à la fois facile et dur. Elle venait de mentir à son mari de la pire des façons. Rangeant son portable dans son sac, elle précisa cependant à l'adresse d'Adam, lui jetant un regard sombre
« Vous n'avez pas intérêt à me la jouer à l'envers je vous préviens ».
Même si fondamentalement, cela ne changeait rien.
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Adam affichait un petit sourire en coin. Il avait gagné , et de la plus belle des façons. Inutile pour lui d'en remettre une couche d'ailleurs cela n'aurait servi à rien. Il ne voulait pas non plus fanfaronner et prendre le risquer de braquer la jolie mère de famille à la peau sombre. Par contre, tout ceci confirmait que tout le monde avait un prix et qu'au fond, peu importe ce qu'on pouvait dire ou faire, on était finalement jugé sur ses actes. Hilary avait certes tenté de lutter et de contourner les règles, mais au final, elle avait fini par accepter l'ordre des choses comme d'autres avant elle. Le monde était organisé de la sorte avec ceux qui avaient le pouvoir et les autres. L'éternelle loi de l'offre et de la demande, propre à cette société de capitaliste et de consommation. Même dans les rapports humains, c'est elle qui en quelque sorte tirait les ficelles.C'est ainsi qu'une mère de famille de 30 ans venait de mentir à son époux et de prendre la décision de le tromper. Tel un symbole finalement.
« J'ai mes défauts mais je n'ai qu'une parole. »
Lui dit-il en guise de réponse. Il comptait lui offrir le poste mais pas forcément pour les raisons qu'elle pensait. Mais cela il n'était pas obligé de lui dire. Après tout, il n'était jamais bon de trop mettre en évidence les cartes qu'on possédait dans son jeu. S'éloignant un court moment d'elle, il entra dans son véhicule, coté passager sur la gauche. Une façon de signaler à sa future collaboratrice de le rejoindre.
Bien entendu la berline présentait un certain confort même si à la base une voiture n'était pas prévue pour cela. Détail important, il pouvait voir de l'intérieur mais on ne pouvait pas le voir de l'extérieur. Signe qu'au fond, Adam pensait toujours à tout quelques temps à l'avance.Se flattant l'entrejambe, il avait un peu déserré sa cravate pour être un peu plus à l'aise. Pas question chez lui de prévenir Milena par exemple, c'était inutile. Il ne donnait jamais d'heure et c'était bien plus commode comme cela.
Regardant sa montre, il n'avait pas l'intention de se presser bien au contraire. Mais cela n'était pas vraiment une surprise. Comme cela ne l'était pas qu'elle mette un certain temps à le rejoindre. Puis soudain, il avait vu la portière s'ouvrir et vit Hilary le rejoindre à sa droite.
« On ne peut pas nous voir de l'extérieur »
lui dit-il comme pour la rassurer. Puis , impatient de toucher sa récompense, il s'avança vers elle, vers la droite, pour venir plonger sa bouche dans son cou sans aucune autre forme de procès. Posant en même temps ses mains sur les cuisses de la mère de famille, il ne tarda pas à guider la main, celle avec l'alliance , d'Hilary sur son entrejambe pour qu'elle commence à le caresser. Quant à la bouche dans le cou, elle vint chercher celle d'Hilary pour entamer une danse sensuelle entre les deux langues en les mêlant l'une à l'autre. Une façon aussi de la tester.
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En effet Hilary n'avait pas vraiment rejoint son futur amant de suite. Une façon pour elle d'encore peser le pour et le contre. Loin d'être certaine de son affaire, elle avait continué de chercher des réponses mais aucune ne la satisfaisait.C'était d'ailleurs tout le problème. Elle savait qu'elle se jetait dans la gueule du loup mais ne voyait pas comment éviter cela.
Adam lui avait dit qu'elle pouvait lui faire confiance. Elle continuait d'en douter mais de toute façon, elle n'avait guère d'autres issues. Devant se ranger à ce qui ressemblait être la moins mauvaise solution, elle ne pouvait que se raccrocher à cela. Ce qui était assez lourd de sens sur sa situation.Quant au fait de ne pas les voir de l'extérieur, c'était un soulagement pour elle mais cela ne changeait rien à ce qu'elle allait devoir faire.
Alors au bout d'un moment, elle était entrée dans la voiture, prenant soin de balayer les alentours de ses yeux bruns foncés. Heureusement, beaucoup étaient déjà sur le départ et en plus, le parking des cadres supérieurs étaient un peu à l'écart.Une fois dans la voiture, elle posa son sac à main à ses pieds et s'efforçait de sourire, crispée et tendue. Croisant le regard empreint de désir du jeune homme, elle ne mit pas longtemps à le voir passer à l'action.
Ne le repoussant pas, elle avait laissé échapper un léger cri de surprise en le sentant dans son cou. Il s'était décidé à y aller directement gaiement et la mère de famille y voyait un signe que chez lui il n'y avait pas de places pour le doute ou la peur. Sentant sa main posée sur son entrejambe, Hilary n'avait pas réagi de suite mais avait par après laissé cette main faire quelques mouvements circulaires autour de l'entrejambe du jeune homme. Une façon de lui montrer sa coopération mais aussi de garder une certaine retenue. Se gardant bien de trop insister sur ce premier contact, elle avait en plus d'autres chats à fouetter puisqu'il était venu rapidement l'embrasser et prendre possession de sa bouche. Sentant cette langue étrangère lui fouiller la boucher et chercher son approbation, elle finit par lui rendre le baiser mais en se contentant du service minimum.
Difficile pour elle de décrire la sensation ressentie. Elle essayait de ne pas trop penser au fait que sa main touchait un autre entrejambe ou que la bouche qui fouillait la sienne n'était pas celle de Neill son mari. Pourtant elle gardait un profond malaise en elle ce qui n'était pas surprenant. Le sentant repasser dans son cou, elle ne savait pas dire si c'était pour elle un soulagement ou pas.Machinalement, elle avait reserré un peu plus la prise sur l'entrejambe du jeune homme, signe de la crispation de tout son être.Non cela ne serait pas facile, mais l'avait elle seulement pensé un jour. ?
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Pour Adam les considérations n'étaient pas pareilles. Sûr de lui, sûr de son statut, il n'y avait ni peur ni doutes. Simplement le désir de profiter un maximum de ce qui s'offrait à lui. C'est pour cela qu'il avait fait tout cela, l'envie et le désir de prendre du bon temps. Et il était clair qu'il n'envisageait plus vraiment de reculer ou de faire machine arrière.
Alors dans un premier temps, il avait bien fait comprendre à Hilary qu'il voulait qu'elle continue de lui caresser l'entrejambe où une bosse se faisait de plus en plus sentir. Mais pas seulement. Assez rapidement, après un petit numéro d'adresse, il était parvenu à défaire son pantalon et sa ceinture, pour faciliter l'accès à son caleçon. Guidant la main de la mère de famille par dessus, elle pouvait encore mieux saisir la forme qui se dessinait dessous et la caresser comme il le souhaitait.C'était me but bien sûr.
Parallèlement à cela, il avait quitté effectivement la bouche de la mère de famille pour revenir dans son cou. Mais pas seulement. L'une des mains du jeune homme de 24 ans avait commencé à la caresser par dessus le chemisier au niveau de la poitrine. L'occasion pour lui de commencer à mieux appréhender ces seins plutôt agréables et imposants.Il y allait doucement prenant le temps de savourer ce toucher, cette découverte. L'autre main quant à elle restait au niveau de la cuisse pour le moment.
Revenant prendre possession de la bouche, les deux langues continuaient d'échanger même si de toue évidence, c'était Adam qui instaurait le tempo et la marche à suivre. Alternant avec le cou ou les oreilles de sa collaboratrice, la main sur la poitrine se faisait aussi plus insistante et plus ferme dans ses caresses. Il passait d'un sein à l'autre, ne la lâchant pas des yeux. Guettant la moindre de ses réactions, il recommença à l'embrasser, lui fouillant un peu plus chaque fois la bouche, alors qu'il continuait de guider la main d'Hilary sur son sexe pour qu'elle le prenne mieux en mieux pour le branler.D'ailleurs sa verge était désormais bien dure et bien redressée.
Et quand au bout d'un instant, il se recula pour se caler un peu plus sur la banquette, écarter les jambes et baisser un peu mieux son pantalon, il était clair que quelque chose allait se passer.Ou que tout au moins il attendait. Se flattant l'entrejambe, il n'avait pas besoin de dire les choses. Son body langage était des plus éloquents.