Le Grand Jeu
Plan de Terra => Ville-Etat de Nexus => Discussion démarrée par: Thaïs la Pérégrine le samedi 23 septembre 2017, 08:53:32
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Eklektikos est un univers précieux aux yeux de Thaïs.
De même que nous n'avons pas de nom pour notre univers, les peuples d'Eklektikos n'en ont pas pour le leur et seule la pérégrine l'utilise pour le désigner.
Le monde d'origine de Thaïs observait une philosophie éclectique qui consistait à ne pas adopter une doctrine définie mais plutôt à s'adapter en fonction d'opinions nouvelles pour toujours s'approcher d'une justesse morale exemplaire. Eklektikos est plus ou moins une version exotique de ce qu'avait dû devenir son monde depuis qu'elle l'avait quitté: c'était un empire galactique hétéroclite composé de plusieurs milliers d'espèces différentes vivant toutes en harmonie sous l'égide d'une fédération des planètes bienveillante, et ce malgré leurs cultures, modes de vie et religions parfois radicalement différents.
Dans ce vaste univers futuriste, Thaïs avait jeté son dévolu sur Anthéa, une planète au carrefour de plusieurs voies commerciales importantes, berceau d'un métissage encore plus prégnant que dans le reste de la galaxie. La variété de l'architecture offrait un décor idéal aux sonorités des innombrables langues utilisées et Thaïs aimait plus que tout se perdre dans les dédales du quartier Ekrhit dont l'enchevêtrement de marchés et de boutiques toutes plus improbables les unes que les autres fournissait un régal d'enivrement sensuel pour l'âme d'artiste de la jeune femme.
C'est dans ces ruelles que Thaïs perçoit pour la première fois une résonante à son don, son nòmos comme elle l'appelle. Comme une petite pulsation musicale qui ferait écho au rythme du sien, une gamme complémentaire aux consonances étranges et irrégulières.
Thaïs suit la musique dans la foule bigarrée, à la recherche de son origine pendant plusieurs heures, curieuse d'en trouver la source et heureuse d'enfin rencontrer quelqu'un ou quelque-chose qui puisse lui fournir des informations sur son nòmos. Étrangement, elle n'a jamais rien pu trouver à ce sujet dans son grimoire et la perspective d'enfin ajouter elle même une page à son manuel la met dans une euphorie inhabituelle.
Autour d'elle, les transactions vont bon train dans une bonne humeur typique d'Eklektikos et Thaïs se met à danser en marchant, accordant alternativement son rythme à celui de la foule et à celui de la mélodie singulière.
Et puis la musique évolue progressivement, d'une ritournelle assez simple vers un hymne aux accords mineurs inquiétants mais envoutants qui évoque à Thaïs une complainte chargée de mélancolie. Elle ne remarque pas tout de suite l'extra-terrestre insectoïde qui s'écroule au sol laissant tomber son cabas chargé de légumes, le coeur explosé dans son thorax chitineux. La mélopée s'intensifie peu à peu, tirant une larme à Thaïs et un couple de vargiens poisseux s'effondre derrière elle, leurs coeurs en bouillie. Ce n'est qu'au moment ou Thaïs atteint l'épicentre du cantique qu'elle remarque enfin l'épidémie en œuvre autour d'elle. Les corps de nombreuses espèces différentes tombent comme des mouches dans une sinistre hécatombe et avant la fin du sombre chant, il ne reste plus âme qui vive dans les ruelles du quartier Ekrhit.
Un silence terrifiant s'est abattu sur la cité. Paniquée, Thaïs sort son Krùstall de sa besace afin de consulter l’alignement des petites lumières.
Son coeur bat sourdement dans sa poitrine et un mélange désagréable de colère intense et de tristesse incontrôlable envahit la petite pérégrine. Il n'y a plus âme qui vive sur la surface d'Anthéa, tous les êtres vivants, sentients comme animaux ont péri.
Thaïs, incapable de trouver un moyen de sauver la situation se met à pleurer. Elle pleure comme jamais il ne lui était arrivé de pleurer, sauf peut-être à l'enterrement de ses parents. Elle ressent la même impuissance qu'à l'époque mais il y a aujourd'hui une différence. La mort n'est pas naturelle, et elle peut empêcher que cela se reproduise.
Puisant dans sa colère la force nécessaire pour effacer sa douleur, Thaïs essuie ses larmes et ajuste son caban décidée à mettre tous les moyens à sa portée pour venger les habitants d'Anthéa.
D'un pas décidé, elle ouvre la porte de la maison d'où provenait la sombre musique pour découvrir une faille qu'elle n'avait jamais répertoriée.
Sans un regard en arrière, Thaïs s'engouffre vers l'inconnu et vers son destin.
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- Grayle....
- Hm ?
Grayle ouvrit les yeux. Il était debout, habillé, marchand sur (ou dans ?) les nuages. Autour de lui, le ciel était tenté de rose et de rouge.
- Qu'est ce que... ?
En réaction, Grayle regarda ses mains. Elles étaient floues, comme courbées par des brumes de chaleur. Le stress disparu instantanément.
- Oh. Je suis dans un rêve, n'est ce pas ?
- En effet Grayle.
Il se retourna. Derrière lui se trouvait, s'il en jugeait la voix, une femme. Il plissait les yeux, mais n'arrivait pas à percevoir une forme complète. Plus grande que lui, c'est spur. Habillée d'une robe... des cheveux longs ? Alors que le pérégrin avait pris conscience qu'il était dans un rêve, ce dernier s'écroulait peu à peu, la psychée de Grayle mettant fin à cette illusion qu'elle prenait pour réalité. D'un seul coup, la femme se métamorphosa. Sous les yeux de Grayle, une jeune fille, petite, fine, presque maigre, habillée d'une sorte de manteau violet, et aux longs cheveux blancs, le regarda en souriant d'un air pené, avant de s'exprimer d'une voix inquiète.
- Grayle... cette pérégrine a besoin de toi. Retrouve là. Protège là. Thaïs...
- Hein ?!
Il s'était reveillé en sursaut, le corps moite de sueur. Il cligna des yeux. La fille avait disparue. Il n'avait même pas "senti" la transition du rêve à la réalité. Rapidement, il se saisit d'un crayon et, faute de papier, se mit à écrire sur le mur de béton près du lit.
* Rêvé d'une fille aux cheveux blancs. Jeune. Cheveux violets. Thaïs ? *
Il laissa tomber le crayon et reposa sa tête contre l'oreiller, en nage. Il avait l'habitude de se souvenir de ses rêves, et même de rester lucides dans ces derniers. Mais celui-là était... étrange. Direct. Sensé, alors que les rêves sont généralement absurdes et complètement fous. Était-ce un message télépathique ? Une vision divine ? Il avait vu assez de choses complètement folles pour n'écarter aucune possibilité.
- Bon... je n'aurais qu'à être attentif...
Il se leva de son grand lit, et ouvrit les volets, puis la fenêtre, regardant la rue en contrebas. Le soleil, haut dans le ciel, s'était levé, et illuminait la ville volante d'Ereshkigal. Les habitants, peu matinaux, n’étaient pas très nombreux dans la rue, entièrement piétonne et bordée d’arbres aux feuilles orangées. Presque aucun bruit. Sur ce monde (que ses habitants avaient nommés, avec une imagination débordante « La Terre), que Grayle « habitait » depuis plusieurs mois, les véhicules indépendants avaient été bannis. Il n’y avait que des transports en commun, des trains ultra-rapides passant à toute vitesse dans de grands tubes longs de plusieurs centaines de kilomètres et reliants les villes bâties sur les rochers flottants. Même si le terme « rocher » était assez ridicule, quand ces derniers faisaient des dizaines de kilomètres de rayon…
Et en dessous ? Mort et désolation. Grayle s’intéressait à l’histoire en général, mais celle de ce monde était bien compliquée. Guerre mondiale longue de plusieurs décennies, alliances, trahisons, re-alliances, armes atomiques, et une planète quasiment ravagée.
Apparemment, il y avait des gens en bas. Grayle n’avait pas envie de vérifier…
Lui qui ne pouvait rester au même endroit sous peine de mourir profitait de pouvoir rester dans ces villes. Errantes, grâce aux rochers flottants de manière aléatoire, elles parcouraient chaque jour des dizaines de kilomètres… oui, pour la première fois, Grayle avait un endroit où se poser. Il en profitait, tant que l’ennui ne vienne pas toquer à sa porte…
Il frissonna. Ses cheveux, cils et sourcils, seule pilosité présente sur son corps, se dressèrent sur sa tête, alors qu’il attrapa instantanément la chair de poule. Puis, sans explication, son coeur s'accélléra. Une boule se créa au fond de son ventre, celle d'une peur et d'une tristesse effroyable, qui lui faisait tellement mal qu'il se plia en deux.
- Que...
Il avait peur. EFFROYABLEMENT PEUR. Une tristesse colossale le secouait, et un flot de larmes se fit à couler de ses yeux, alors qu'il convulsait au sol, soudainement envahi par des émotions qui ne lui appartennaient pas. La torture durant, selon lui, une éternité, avant d'être remplacée par une froide détermination, et de s'en aller, laissant Grayle assis contre le mur, le corps en nage et le visage ravagé par les larmes.
- Bordel... c'était... snif... quoi ça ?
Il essuya son visage d'un revers de bras. Il sentait son coeur battre, à un rythme non naturel, qui n'était pas le sien, écho de celui d'une jeune pérégrine qui venait d'arriver dans son monde. Il se redressa et s'assit en tailleur, reprenant le rythme de sa respiration. Il médita ainsi, une minute, deux minutes, calmant son coeur, reprenant le contrôle de cette respiration commune.
- Calme toi... fiouuuu...
Il ouvrit les yeux, et se surpris de regarder fixement sa porte. Il avait une irrépréssible envie de sortir, comme un chien laissé trop longtemps à l'intérieur. Sans même se doucher, il se leva, et se saisit de quelques habits. Son pantalon marron, des converses, et un t-shirt bleu, qui allait très bien avec ses yeux. Il ressemblait à n'importe quel jeune homme humain. Naturellement, son sac à dos apparu, directement harnaché en bandoulière.
Pressé par le temps, il sorti de chez lui en précipitation. Il ne savait pas qui, ou quoi il cherchait, mais il allait le trouver. Irrésistiblement attiré vers le centre-ville, il s'en alla.
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La Promenade Paisible est une coulée verte qui relie la Place du Soleil au monument en souvenir des victimes de la Grande Guerre. Longue de plusieurs kilomètres, elle forme un large sentier de terre battue serpentant au milieu des arbres au-dessus desquels on peut apercevoir la cime des buildings et on y trouve autant de joggers et de cyclistes que de badauds circulant d'un quartier à un autre les bras chargés de sacs de shopping. Tout du long, on y trouve les meilleurs bars, restaurants et boutiques diverses ainsi que de nombreuses stations de transports en commun pour rejoindre tout le reste de la ville. La Promenade Paisible est donc une très agréable alternative aux rues piétonnes et son ambiance sylvestre en fait l'une des artères les plus fréquentées de la ville.
C'est derrière un taillis de bouleaux que la faille précédemment empruntée par Thaïs aboutissait et celle-ci consulte immédiatement son Krùstall.
Aaaah! Je me disais bien que je reconnaissait l'endroit, c'est toujours un plaisir de faire étape à Ereshkigal.
Thaïs prit une grande bolée d'air pur.
Si je n'avais pas plus important à régler, j'aurai pu passer un moment ici.
L'hécatombe vécue un peu plus tôt fit revenir à Thaïs un frisson d'effroi. Elle sera les poings, bien décidée à trouver le fin mot de l'histoire. La mélodie s'était tue cependant et il fallait bien se rendre à l'évidence: la piste était froide et l'être qui avait commis ce méfait se tenait coi. Ou alors il était déjà loin ce qui, si c'était le cas, demanderai à Thaïs un enquête approfondie qu'elle n'était pas sûre d'avoir le temps d'effectuer avant le prochain massacre, car elle n'en doutai pas, ce n'était pas un incident isolé. Il fallait qu'elle trouve la source de cette musique au plus vite.
Elle s'engagea dans l'allée de terre, faisant de grands sourires aux passants et se mit à l'écoute.
Rien.
La ville était calme, mais c'était un calme dû à l'absence de véhicules personnels, pas le silence de la mort d'Anthea. Elle chercha un banc ou s'asseoir et ouvrit son grimoire au hasard. Fait suffisamment rare pour être reporté, il n'y avait aucune mention d'une mélodie ayant de telles facultés dans le multivers. C'était important pour Thaïs puisqu'il ne pouvait signifier qu'une chose qu'elle redoutait déjà inconsciement: il y avait un lien entre son Nòmos et l'horreur qui avait eu lieu.
Elle se releva aussi sec et rangea son grimoire dans sa besace avant de se diriger vers un couple d'amoureux en train de se bécoter un peu plus loin sans imaginer un seul instant qu'elle puisse les déranger.
"Bonjour! Vous ne sauriez pas ou je peux trouver une borne InfoNewsNet par hasard?"
"Hein? Heu, oui. Vous prenez ce sentier jusqu'à la station des Chênes Bleus. La borne est juste en face de la sandwicherie."
"Merci!"
Le couple s’apprêtait à reprendre son activité quand Thaïs les interrompit à nouveau:
"Dites, il va faire beau ces jours prochains?"
Elle n'obtint pour toute réponse que la fuite des tourtereaux.
Les informations officielles d'Ereshkigal n'offrirent pas plus à Thaïs d'information que son grimoire et, prise de colère, elle flanqua un magistral coup de pied à la borne, sourde à la douleur.
C'est à ce moment qu'elle ressenti un nouvel écho. Plus fluide que le précédent, celui ci était emprunt de légèreté et de solitude et offrait à Thaïs un accompagnement charmant qu'elle se plût à écouter. La mélodie était étouffée mais néanmoins parfaitement perceptible à Thaïs: Ce n'était pas une sensation qu'elle éprouvait tous les jours.Elle arrêta brusquement un piéton qui, surpris, manqua de tomber:
"Chut! Vous entendez cette mélodie?"
L'homme la regarda comme une folle, ce qui n'était pas loin d'être le cas, et s'éloigna en secouant la tête.
"C'est dans ta tête ma pauvre, va te faire soigner!"
Thaïs continua d'écouter la petite musique plusieurs minutes, ignorant le brouhaha ambiant et finit par en définir une direction probable.
"Bon! Allons-y!"
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Grayle fermait paresseusement les yeux lors de sa marche, profitant du soleil puissant qui inondait la ville. Il marchait rapidement, sans non plus courrir, se laissant guider par son instinct, qui guidait ses pas vers le centre de la ville. Il fit un rapide salut au boulanger de la rue, chez lequel il venait de temps en temps se ravitailler. Puis, pris d'une inspiration soudaine, il alla le voir.
- Mark, auriez vous vus une jeune fille aux cheveux... blancs ou argentés ?
Mark hocha la tête.
- Non, rien du tout. Pourquoi ? T'a flashé sur une fille en surfant sur mariageder ? dit-il en faisant référence à l'application de rencontre (pour mariage) en ligne très populaire sur Ereshkigal. Si les relations entre amoureux et mariés étaient bien vues, la,limite était là. La ville et son gouvernement autoritaire mettaient l'accent sur la force de la cellule familial et l'unité de la ville, tout en luttant contre la surpopulation. Autant dire que les rencontres libertines, elles, étaient presque dangereuses, si vous étiez dénoncés...
- Hélas, non. Mais merci quand même ! répondit le pérégrin avant de s'en aller. Il traversa la rue, évitant les vélos de plusieurs habitants pressés.
La ville était petite en superficie, mais relativement dense. Deux heures de marche tranquille suffisait pour la traverser de part en part. A chaque mètre gagné, Grayle sentait qu'il se rapprochait de son objectif. Sa peau était envahie de frissons, d'une douce chaleur réconfortante. Il avait besoin de trouver la source de cette sensation. Quelque chose en son for intérieur lui disait qu'il ne serait tranquille et ne reviendrait véritablement à ses esprits qu'une fois ceci fait.
Il arriva au centre de la ville
(http://inhabitat.com/wp-content/blogs.dir/1/files/2015/02/Lair-Nouveau-de-Paris-by-Planning-Korea-1.jpg)
Son coeur battait plus fort. Il, ou elle y était. Ici. Au sol, près de l'herbe ? Ou au dessus, dans ces chemins tout de verre, servant à ce centre de carrefour infini vers les extrémités de la ville ? Il regarda autour de lui. Il n'y avait pas de foule, mais suffisamment de monde pour ne jamais retrouver quelqu'un en particulier. Etrangement, la mélodie dans son coeur était devenue plus calme, décidée, tranquille, bien loin du torrent de larmes et d'horreur qu'il avait subit il y a à peine une heure.
Où es tu ? Où es tu ? Où es tu ? Où es tu ? Où es tu ? Où es tu ? Où es tu ? Où es tu ? Où es tu ? Où es tu ? Où es tu ? Où es tu ? Où es tu ?
Elle glissa devant ces yeux, et pendant un bref instant, le monde fut suspendu. Allait-il la rater, alors qu'elle s'évanouissant dans le coin de son oeil ? Mais non. Il s'immobilisa, et retourna son visage. Elle était là. Petite. Mince, presque maigre, emmitouflée dans un manteau violet qui détonnait dans cette ville aux tons blancs, verts et neutres. Un manteau trop grand pour elle, aux manches épaisses, et qui tenait un énorme bouquin. Comme si elle s'était rendue compte d'être observée, elle s'immobilisa, et leurs regards se croisèrent.
Il respira un grand coup. Il se sentait mieux, sans savoir pourquoi, et il avança vers elle, en souriant
Faites qu'elle ne parte pas. Faites qu'elle ne parte pas. Faites qu'elle ne parte pas. Faites qu'elle ne parte pas.Faites qu'elle ne parte pas.Faites qu'elle ne parte pas. Faites qu'elle ne parte pas.
Ils n'étaient plus qu'à un mètre de l'autre.
- Tu... es Thaïs, non ? dit-il d'une voix rauque. Je te cherchait. Je m'appelle Grayle...
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Suivant son inspiration, Thaïs avait porté ses pas vers la source probable de cette nouvelle musique, dansant sans se soucier du regard étonné des autochtones. La musique d'abord ténue s'était faite plus forte à mesure qu'elle s'approchait du centre ville et lorsqu'enfin l'air se fit plus net, Thaïs s’arrêta brusquement. Quelqu'un l'observait. Pas les badauds, elle avait pris l'habitude d'ignorer les regards appuyés et surpris sur sa personne, non, quelqu'un l'observait attentivement cherchant son regard.
Il est là. Ici. Dans cette foule. Il me regarde. Il est là. Où ça? Où es-tu? Qui es-tu?
Thaïs stoppa net sa danse. Un bel homme se dirigeai vers elle, le sourire aux levres:
"Tu... es Thaïs, non ?" dit-il d'une voix rauque. "Je te cherchait. Je m'appelle Grayle..."
"Grayle dis-tu?" Thaïs jeta un rapide coup d’œil dans son grimoire: "Non, personne avec ta description. C'est ton vrai visage?" Dit-elle en claquant son livre avant de le remettre dans sa besace.
"J'aime beaucoup ton Nomós, il sonne bien, c'est toujours le même?".
Bien entendu, la question n'était pas tout à fait innocente, Thaïs craignait que la musique de Grayle puisse être à l'origine du massacre d'Anthea.
Pourtant, la mélodie de Thaïs s'était mise à partir dans des envolées chromatiques exaltées complétant les silences ou appuyant les phases les plus portées d'émotion de celle de Grayle, appuyant sur les notes les plus ténues pour former de nouvelles gammes annexes, déformant les deux mélodies pour former une envolée de plus en plus complexe. Le rythme s'était accéléré lui aussi en se synchronisant aux battements cardiaques exaltés de la jeune femme.
Thaïs ressentait une excitation inhabituelle, même pour elle, certainement due à la proximité avec cet être si semblable à elle et pourtant très différent. Dans ce genre de situation, c'est à dire quand les événements la dépassaient, il était dans sa nature de penser à voix haute et d'assourdir ses interlocuteurs d'un flux de paroles plus ou moins cohérent.
Son verbiage se fit presque fébrile et elle enchaîna ses phrases sans trop laisser l'occasion à Grayle de répondre et lui coupant la parole à de multiples reprises. Tout en parlant, elle faisait le tour du pérégrin et l’examinai sous toutes les coutures.
"C'est marrant de te rencontrer ici, j'ai entendu une autre mélodie récemment; pas la même, un air beaucoup plus triste. Je n'avais jamais entendu ça en..."
Elle s'arrêta brièvement et sembla compter sur ses doigts.
"Rooh, ça fait trop là, je dirai quelques millénaires."
Elle se remit à danser, pirouettant gaiement et faisant voler les pans de son manteau laissant apparaître sa très courte culotte et la naissance de ses fines jambes de gazelle.
"C'est long l'éternité toute seule! Je me suis beaucoup ennuyée. Tu en connaît d'autres des comme nous? J'aime bien ton sourire, il me rappelle celui de quelqu'un que j'ai connu. J'en ai connu beaucoup des hommes à sourire, mais pas des comme toi. Et des comme moi? Tu en as connu? Tu as beaucoup voyagé non, je me trompe?".
Thaïs fit une nouvelle pause, prit une profonde inspiration afin de sentir Grayle et son regard se porta sur l'attirail de celui-ci:
"Oh, c'est un sac magique! J'en ai rarement vu des comme ça, il doit être pratique. Il peut servir de bibliothèque? Il te suit partout non? Il parle? Bonjour le sac! Moi c'est Thaïs, comment tu t'appelle?".
Voletant tel un oiseau, Thaïs laissa le sac sans attendre une réponse qui ne risquait pas de venir et s'accroupit face à Grayle, la tête au niveau de son entre-cuisses pour observer les jambes de Grayle:
"Mmm. Solides. T'as du en faire du chemin sur ces engins là. C'est aussi viril partout sous la ceinture? Tu peux courir vite comme ça?"
Elle se releva brusquement et fit plusieurs fois le tour de l'homme abasourdi en courant, faisant une démonstration de sa vivacité excessive. Tout en courant, elle continuait de parler sans paraître un seul instant essoufflée par l'effort.
"Musclé mais pas trop, tu n'aurais aucun mal à me soulever et me porter dans tes bras. Ou à me serrer un peu fort sans me faire mal. Oui, c'est bien ça un homme costaud. J'aime bien quand on me serre, ça m'aide à me poser."
Thaïs fit une brève pose en face du pérégrin et se mit sur la pointe des pieds, son visage presque à toucher celui du voyageur:
"C'est joli les yeux bleus. J'aime bien ça aussi les yeux bleus. Ton regard est calme et doux. Tu dois plaire aux filles, ça c'est sûr."
Elle reprit sa danse et se mit à rire. "Tu peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir de te rencontrer. Ça ne se voit peut-être pas mais je suis heureuse et enthousiaste. Je peux te mordre? Non, c'est un peu bizarre ça. Excuse moi, des fois je suis bizarre pour les autres, j'y peux rien, c'est mon Nomós qui fait ça."
Ce n'est définitivement pas la même mélodie que tout-à-l'heure. Impossible. Un gaillard comme lui ne me semble pas capable de commettre de telles horreurs. Mais rien ne me dit qu'il n'est pas de mèche avec l'autre Nomós sordide. Il aurait même pu commanditer le massacre sans se salir les mains... Restons sur nos gardes.
Sa mélodie s'était tue petit à petit et un regard inquiet apparut subrepticement sur le doux visage de Thaïs.
"Qui es-tu réellement Grayle?"
La question se voulait sans appel et ne fut pas suivit d'autre intervention, comme si la petite pérégrine venait soudain d'être prise d'une crise de lucidité. Cette fois, elle attendait réellement une réponse et elle était aussi sérieuse que sa nature le lui permettait...
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Il l'avait trouvée, et elle l'avait trouvé. Son coeur s'était instantanément calmé, revenant à un rythme normal, calme et paisible en présence de la jeune femme. Il la regarda se mettre en branle avec les yeux ronds, la laissant en roue libre. Elle était... étrange. Un peu plus perchée que lui, voir carrément dérangée, mais sans émettre aucune menace ou quelconque danger. Une petite folie douce et innocente, bien loin de son... sens commun et son caractère plus terre à terre. Aussi similaires que différents. Quoi que, similaire... ? Il n'avait aucune idée de ce qu'était un Nomos. Il compris qu'il s'agissait d'une sorte de musique qu'elle entendait. Propre à chaque personne peut-être ?
" Je n'entend pas le Nomos des gens. " dit-il calmement alors qu'elle tournait autour de lui. Il arriva à cacher une exclamation. Des millénaires ? S'il avait perdu la notion de son âge, il était plus ou moins certains d'être âgé de quelques siècles, guère plus. Elle était donc bien plus " vieille " que lui. Ce qui pouvait sans doute expliquer son caractère... frappé ? Quoi qu'il en soit, il ne jugea pas. Il doutait s'en tirer aussi bien à son âge. Quoi qu'il en soit, elle semblait plus jeune que lui... une adolescente pas encore adulte, au corps fin et élancé, alors que lui, s'il n'était pas imposant, était bien bâti et solide.
Il la laissa le découvrir, le toucher, sentant un frémissement à son entre-jambe lorsqu'elle s'agenouilla devant lui, après qu'elle se soit présentée à son sac. Même si elle semblait dans la lune, elle pouvait voir qu'il rougissait alors que leurs visages se rapprochait... avant qu'elle s'écarte encore, tournant dans une dernière pirouette. Elle devint sérieuse pour la première fois, et le regarda d'un air presque inquiet.
* Qui je suis ? *
" En ce moment, l'homme le plus heureux de cette ville. " dit-il dans un tendre sourire. Il lui prit gentiment la petite main dépassant de la large manche du manteau. Les mains de Grayle étaient surprenament petites, presque de la taille d'une fille, et douces, mais étaient puissantes et calleuses, celles d'un artisan et d'un voyageur. Il l'amena vers un des parcs du centre ville, là où les gens s'allongeaient pour déjeuner et bronzer. Il s'étala sur le sol, et l'invita à faire de même. Le parc était légèrement en pente, donnant l'impression d'être sur un transat.
" On est mieux ici, hein ? "
Il remit en ordre ses cheveux qui étaient décoiffés par le vent frais, et inspira l'air.
" Il y a bien longtemps, j'étais un être humain normal, un simple fermer. J'ai voulu découvrir le monde, et la déesse de ma planète me donna l'occasion de découvrir le multivers à la place. Chez moi, on appelle ça un pérégrin. Un voyageur éternel et immortel. Je regarde les gens vivre et périr, les civilisations se dresser et s'effondrer, et je marche, encore et encore. Si je m'arrête, je meure. Ici... c'est l'exception. Je fais... partie du paysage. Je prefère ne toucher à rien, et laisser les choses se faire... "
Il ne le savait pas, mais en confiant ça, il révélait une de leurs cruciales différences.
Pendant un instant, sa voix chevrota.
" Oh, j'ai tellement d'histoires à te raconter ! Pas autant que toi. Je n'ai que quelques siècles, mais... " Puis, il reprit son calme et la regarda, fixant ses yeux violets.
" Je n'ai jamais rencontré d'autre personne comme moi. Mais toi... je sens quelque chose. "
Comment expliquer ça sans passer pour un taré ou un amoureux vraiment désespéré ?
" Un lien. Magnétique. Je me suis laissé guider par mes pas et je t'ai trouvé. En te regardant, je pense à moi, mais j'ai aussi l'impression de voir... un femme ? Ma mère ? Ma sœur ? " Il reprit les deux mains de la jeune femme et les posa sur leurs trachées respective, et ils restèrent ainsi pendant un long moment.
" Mes battements de cœur suivent les tiens. "
Devait-il lui parler de son rêve ? Il hésitait. Cette Thaïs lui inspirait une confiance quasiment totale, évidente. Il s'en méfiait, un peu. Il savait qu'il était incroyablement vulnérable aux charmes ou magies influençant le comportement. Peut-être qu'il était victime d'une sorte... d'attirance spontanée ? Il avait envie de la toucher, la sentir, la serrer contre lui.
" Mais toi, comment as tu... obtenu le don ? Je pensais qu'il ne venait que de la... enfin, ma déesse. Comment est ce que tu a recue ce don ? Enfin... je ne pense pas que ce soit le plus important. Viens. "
Il lui fit signe de s'approcher, de venir se reposer contre lui, tête sur le torse. Elle semblait hésiter, et lui avait conscience qu'il se montrait très... entreprenant. Très, trop vite ?
" Ce matin, en dormant, j'ai fait un rêve. Tu apparaissait dedans, et me disait de te trouver et te protéger. C'est comme ca que j'ai su à quoi tu ressemblait, et quel était ton nom. Et lorsque je me suis réveillé... j'ai sentit une tristesse immense. J'ai chialé comme jamais à cause de ca. "
C'était à lui de quitter son insouciance amicale pour le sérieux.
" Qu'est ce qui a pu te rendre triste à ce point, Thaïs ? "
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"Je n'entend pas le Nomos des gens."
"Oh, mais les gens n'ont pas de Nomos. C'est la première fois aujourd'hui que j'entends une autre musique que la mienne. J'appelle mon don le Nomos, c'est la petite mélodie qui me pousse à toujours voyager, sans fin, c'est ce qui me fait voir les failles, sentir et comprendre les frémissements de la magie. "
Thaïs ne vit aucun inconvénient à ce que Grayle la prenne par la main, elle sentait bien à présent qu'il ne pouvait pas être la source de la sombre incantation, elle le ressentait au fond de son être, et le contact de ses mains à la fois douces et fortes lui permirent de se calmer un peu.
Thaïs gambadait aux côtés du gaillard, insouciante, tirant parfois sur sa main pour s'approcher de telle ou telle plante, ou juste humer les senteurs de la nature urbaine.
" On est mieux ici, hein ? "
"Je suis déjà venue ici. Mais ils n'aiment pas trop la copulation dans les lieux publics à Ereshkigal. J'ai passé la nuit en cellule pour attentat à la pudeur."
Thaïs partit d'un rire franc, cristallin et ravissant:
"Si tu veux mon avis, ils ne savent plus vraiment s’amuser ces gens là."
Thaïs écouta avec attention l'histoire de Grayle. Elle avait réussi l'exploit de rester assise pendant plusieurs minutes, ce qui était rare chez elle, et elle s'amusait à observer les expressions de son visage alors qu'il lui contait son attachement pour ce monde si particulier. Mais elle prit un air plus sérieux, presque adulte, quand elle l'entendit évoquer sa préférence pour laisser les événements suivre leur cour:
"J'étais ici pendant la grande guerre. Si je n'avait rien fait, il n'y aurai même plus les villes flottantes. Crois moi, des fois il faut agir!"
Thaïs était pourtant émue par l'émotion du jeune homme, car c'est ce qu'il était finalement pour elle: il n'avait pas même le dixième de son âge. Elle ressentait aussi la même solitude que lui, et le même bonheur à rencontrer enfin quelqu'un qui ne dépérirait pas au cours des décennies suivantes, quelqu'un qui lui ressemblait et qui ressentait les mêmes choses.
Elle fut surprise lorsqu'il prit sa main pour la mettre sur sa trachée. Leurs battements étaient coordonnés et Thaïs fut très étonnée de sentir son coeur s'emballer en même temps que celui de Grayle. Elle rougit légèrement alors qu'elle sentit l'envie de lui sauter au cou, de lui retirer ses vêtements et de coller sa peau contre la sienne. Elle se retint pourtant, non par peur d'une quelconque arrestation, ni par pudeur, elle ne se piquait guerre de ce genre de considérations, mais parce-que son Nomos lui imposait une forme de sérénité nouvelle.
" Mes battements de cœur suivent les tiens. "
"Oui."
Thaïs regardait l'homme droit dans les yeux alors qu'il l'interrogeait sur son don. Elle n'osa pas lui avouer qu'elle n'avait pas de réponse à cette question mais fut piquée d’intérêt par l'évocation de sa déesse.
"Enfin... je ne pense pas que ce soit le plus important. Viens. "
Elle hésita à poser sa tête contre son torse, elle n'était pas spécialement familière d'épanchements excessifs de tendresse, mais cela semblait faire tellement plaisir à son nouvel ami. Elle l'écouta raconter son rêve, mais lorsque son récit prit fin, elle se releva brusquement.
" Qu'est ce qui a pu te rendre triste à ce point, Thaïs ? "
"Anthéa!"
Elle recommençait à faire les cents pas dans l'herbe verte, mélangeant ses pensées et ses paroles à vive allure:
"Nous ne sommes pas les seuls Grayle. Il y a un autre Nomos! Quand je suis arrivée sur Ereshkigal, j'étais à sa poursuite."
Elle se mit à se parler à elle même:
"Pourquoi ce monde? Y est-il déjà venu lui aussi? Pourquoi je ne l'entends plus?"
"Il fait exploser le coeur des êtres vivants! Il a anéanti toute forme de vie sur Anhéa!"
Les larmes lui montèrent au visage:
"Ces gens vivaient en harmonie Grayle, c'était une des plus belles civilisation que j'aie pu rencontrer! J'y avait des amants! Ils sont morts... Ils sont tous morts!"
Thaïs serra ses petits poings, sa mâchoire se crispa, son regard s'était fait intense, furieux, elle n'avait à cet instant plus rien d'une jeune fille.
"Il doit encore être là, j'aurai senti son passage par une faille. Il doit se terrer quelque-part. Exterminer une planète à du l'affaiblir. A moins qu'il ne digère. Je dois le retrouver!
Je vais le retrouver! Et il paiera pour son crime!"
Dans un geste théâtral, Thaïs sorti son grimoire de sa besace, comme si elle allait régler tous ses problèmes d'un coup mais un large sourire avait remplacé subitement la colère:
"J'ai faim! Y'a pas un endroit sympa dans le coin?"
Puis, comme à son habitude et sans attendre de réponse, elle consulta les pages antiques, usées par le temps à la recherche d'horaires et de commentaires élogieux sur les restaurants du quartier.
-
Il l'écouta parler. Ainsi donc, elle connaissait déjà ce monde, mais celui d'avant, d'avant la catastrophe. Il se promit de lui en parler, plus tard, à quoi ressemblait cette planète avant la Grande Guerre. Et également en quoi elle avait pu aider à faire ces villes flottantes. Quoi qu'il en soit, il compris vite que Thaïs était son opposée sur bien des points, préférant l'action et se mêler des affaires des autres, alors que lui était plus pour laisser faire.
Grayle restait accoudé dans l'herbe, regardant la jeune fille refaire les cents-pas, excitée comme une puce et paniquée. Il avait du mal à suivre ses mots, mais devint grave lorsqu'il comprit ce qu'elle essayait de lui expliquer. Ainsi donc, elle avait détectée quelqu'un comme lui, comme elle, comme eux deux, et ce quelqu'un avait... tué tous les habitants d'un monde ?! Lorsqu'elle se remit à pleurer, son coeur accélérera, et il se leva, les larmes montant aux yeux, plié en deux par la douleur des émotions de Thaïs, qui s'écrasaient sur lui comme des vagues sur un rocher... avant que l'horreur ne se stoppe d'un coup et qu'elle ne retrouve sa joie de vivre habituelle.
Il posa sa main sur son épaule, la forcant à se retourner. Il avait encore les yeux rouges et essuyait une larme coulant sur son visage.
" Hey... la prochaine fois que tu t'attriste, préviens s'il te plaît... " il inspira un grand coup, encore secoué, avant de sourire.
" Je connais un bon restaurant dans le coin, suis moi... " dit-il en lui prenant la main. " Et range un peu ce livre ! Tu a tes yeux pour découvrir les choses ! ".
Malgré le regard des gens, Grayle continuant de tenir la main de Thaïs, autant parce qu'il aimait le contact avec ses petits doigts fins et doux que pour être sur de ne pas la perdre en route. Elle était du genre à s'arrêter d'un coup et s'émerveiller devant un rien, et il ne voulait pas la voir courrir ici et là.
" Je pense que tu va l'aimer. Au pire, j'ai surement de la nourriture dans mon sac... tu préfère quoi ? Bah. Si tu es comme moi, tu devrais aimer de tout... "
Ils arrivèrent devant un restaurant nommé "la Dame Blanche". En terrasse, des couples et des employés prenaient paisiblement leur déjeuner, assis autour de petites tables rondes.
" Je n'aime pas les terasses. Trop de monde ici. Mais l'intérieur... héhé... il est bien ! "
L'intérieur était cossu, avec du bois d'acajou, des fauteuils en cuir beige et une moquette orange pâle, donnant une sensation de douceur au lieu. Une jolie hotêsse d’accueil noire arriva tellement vite sur eux que Grayle jura qu'elle s'était téléportée. Ses longs cheveux tombaient en cascade sur son dos, alors qu'elle était vpetue d'une élégante chemise blanche au très discret décolleté, et d'une jupe noire serrée et fendue sur le côté.
" Bonjour mademoiselle et monsieur. Une table pour deux je présume ? "
" Oui s'il vous plait. " répondit Grayle en s'inclinant. "Une table du fond, est ce possible ? "
La serveuse se mit à sourire d'un air entendu et coquin. " Bien entendu... suivez moi " dit-elle avant de s'en aller dans un superbe déhanché qui fit loucher Grayle. Il se retourna vers Thaïs.
" On aura beaucoup de choses à se dire je pense, et dans les tables du fond, on est tranquille. Je n'ai pas envie que des voisins de table trop proches écoutent nos conversations... "
Ils traversèrent ainsi le restaurant, jusqu'à arriver aux "tables du fond", de grandes tables rondes aux nappes blanches coulant paresseusement sur le sol. Il s'agissait de la seule table occupée. Les autres étaient vides, même si Grayle se doutait qu'elles finiraient par être remplies de clients, elles aussi. La serveuse leur donna les menus, avant de s'éclipser dans un grand sourire amical, les laissant avec leurs couverts en argent et les assiettes de porcelaine. Une légère mais non déplaisante odeur de thym embaumait les lieux.
" Prend ce que tu désire, je t'invite. " assura Grayle, regardant autant Thaïs que le menu. " Si tu veux bien m'en parler... c'était comment, avant la Grande Guerre ? "
-
Thaïs éprouvait en elle une incontrôlable excitation qu'elle n'avait que rarement vécu. Elle n'avait pas conscience qu'elle subissait et partageait à son tour les émotions de son alter-ego pérégrin et sa réponse fut donc à double sens lorsqu'il lui demanda ce qu'elle aimait.
"Oui, j'aime un peu tout, surtout quand..."
Elle s'arrêta comprenant subitement qu'elle n'abordait pas le bon sujet.
"Oui. De tout. J'ai un petit faible pour le poisson pané à la crème anglaise, mais en général je m'adapte."
Grayle la tirait par la main, impatient comme un enfant qui attend l'ouverture des cadeaux un matin de Noël, et Thaïs courait derrière lui, riant gaiement à ce comportement nouveau qui ne lui était pas étranger.
Grayle du la retenir d'aller goûter aux plats dans les assiettes des clients en terrasse, la poussant presque vers l'intérieur. Elle ne put s'empêcher de détailler la serveuse des pieds à la tête et lui fit un grand sourire enjôleur en répondant "Bonjour madame!" aussi gaiement que possible. Elle aurait bien aimé jeter un coup d'oeil sous sa jupe, mais elle connaissait la susceptibilité des habitants d'Ereshkigar quant au sexe. Elle se contenta donc d'un long regard sans équivoque tout en suivant Grayle dans l'arrière salle, portant alors son regard sur ses fesses à lui. Elles avaient l'air fermes et musclées, ce qui n'était pas non plus pour lui déplaire.
L'ambiance tamisée plut tout de suite à Thaïs qui se mit rapidement à son aise, suspendant sa veste au dossier de sa chaise. Une fois assise, elle se défit de ses bottes sans se soucier de la bienséance; elle était plus à l'aise comme ça, et ses petits pieds étaient très sensibles.
Elle fit vaguement mine de jeter un oeil au menu, mais elle n'avait de regards que pour Grayle.
Tout en l'écoutant parler et lui poser ses questions, elle alla poser ses pieds sur les genoux de celui-ci avant de répondre:
"Ereshkigal était un monde follement amusant. Leur technologie était rudimentaire mais efficace, machines à vapeur, débuts de l'électricité, tout ça.. Les mœurs étaient assez lâches et c'était facile de passer une bonne soirée au cabaret avant de finir la nuit à danser le charleston, ou mieux.."
Tout en parlant, elle posa ses pieds su les solides cuisses de Grayle, consciente de l'effet qu'elle avait sur lui; elle venait de comprendre leur lien émotionnel et elle comptait bien en jouer un peu; en toute innocence bien sûr. Elle comptait bien tirer profit de cette nape trop longue pour éviter de passer la nuit au poste de police.
"La mafia contrôlait la vente d'armes et la prostitution, et il y avait une sorte de stabilité politique entre les états. Malheureusement, ils ne faisaient pas assez de profits avec leur trafic, il n'y avait pas vraiment besoin de prostituées pour passer une nuit agréable, si tu vois ce que je veux dire..."
Elle se mit à caresser son entrejambe d'un peu plus prêt, sentant sa propre excitation monter sans trop savoir si cela venait d'elle ou de lui. Elle essaya même de jauger la virilité de Grayle du bout des pieds, comme pour confirmer qu'il était aussi excité qu'elle.
"Et puis la mafia a décidé de faire une opération d'éclat, ils ont manigancé pour restreindre les libertés, faisant passer des lois moralisatrices dans plusieurs pays. C'est grâce à l'argent de la prostitution remise au goût du jour qu'ils ont pu développer leur industrie d'armes lourdes. La guerre qui éclata ensuite n'était qu'une autre de leurs manœuvres pour mettre à profit leur production guerrière."
Elle fit à Grayle un sourire qui aurait pu passer pour innocent dans d'autres circonstances et referma son menu, décidée.
"Je vais prendre comme toi!"
Les yeux toujours rivés dans ceux de Grayle, elle se glissa sous la nappe un instant à peine avant que la serveuse ne vienne prendre les commandes. A genoux sous la table, elle entreprit de défaire les boutons du pantalon de Grayle, observant avec attention la réaction de son membre viril.
"Est-ce que vous avez fait votre choix ou voulez-vous que je repasse quand mademoiselle sera revenue?"
Thaïs s'était mise à caresser doucement la verge de Grayle de ses petites mains. Son excitation était montée à un point si haut que sa faim de nourriture avait complètement disparu, laissant place à un appétit tout autre.
-
Grayle avait regardé Thaïs d'un air amusé et coquin lorsqu'elle s'était débarrassée de son manteau. La jeune fille n'était guère vêtue dessous, son haut étant court et sérré, et son mini-short, descendant à peine en dessous de son bassin. Pieds nus, elle détonnait dans l'ambiance feutrée et plutot élégante (sans etre snobe) du restaurant. Ils étaient vraiment très différents, elle, exubérante, lui, discret et intégré aux moeurs locales. Il se raidit comme si la foudre venait de le frapper, en sentant le contact des petits pieds de Thaïs contre ses genoux.
* Bon, c'est sans doute sa manière à elle de se détendre... * pensa t-il avec une naïveté qui ne lui ressemblait pas. La jeune fille continuait de répondre à ses questions, innocemment, le regardant d'un air mutin, étendant encore ses jambes sous la petite table ronde, remontant petit à petit. Le coeur de Grayle s'accéléra, et une vague de chaleur l'envahit. Il avait envie d'elle. Ou ressentait-il l'envie qu'elle avait pour lui ? Sa verge se gorgea de sang lorsqu'il sentit les doigts de pied contre cette dernière. Thaïs avait dépassé la limite du "flirt" et s'en éloignait à chaque instant. Il regarda nerveusement autour d'eux. Personne. L'excitation dû à l'initiative de sa compagne et le danger de se faire découvrir aussi donnaient un cocktail détonnant de désir, qui enflammait petit à petit le corps du pourtant très raisonnable pérégrin.
Lorsqu'elle glissa sous la table, il poussa un presque pitoyable "non, non, non..." et serra les dents lorsqu'il la sentit se poser entre ses jambes et déboutonner son pantalon. Il tira la nape pour qu'elle tombe sur son bassin, afin d'être sur de masquer son pantalon ouvert, et son sexe découvert.
" C'est pas une bonne idée... " chuchota t-il sans pour autant faire quoi que ce soit pour l'en empêcher. Au contraire, il écarta ses jambes et descendit légérement sur sa chaise, facilitant grandement la tâche de la pérégrine.
"Est-ce que vous avez fait votre choix ou voulez-vous que je repasse quand mademoiselle sera revenue?"
Un mini-arrêt cardiaque plus tard, Grayle regarda la belle noire d'un air hagard. " Hein ? Que... ah, oui ! Elle est parti... aux toilettes. On va prendre un... "
Il regarda attentivement la carte du menu. La serveuse se pencha près de lui. Elle sentait bon, et son parfum à la fraise n'aida pas Grayle, dont la verge déjà gonflée entre les petites mains de son aie cachée se mit à durcir à toute vitesse.
" Deux... confits de canards avec pommes de terre et du thym. " dit-il, avant de reprendre " a point pour nous deux s'il vous plait ". Il lui rendit les menus dans un grand sourire alors que, en bas, sa jambe droite caressait doucement le visage de Thaïs, comme pour l'encourager. La serveuse mit un temps infini à repartir, et Grayle se mordit la lèvre inférieur en sentant un muscle chaud et humide passer sur son gland. Une langue, celle de la jeune fille à ses pieds, qui semblait humer son odeur, avant de continuer de le lécher sur toute la longueur. Il grimaca en sentant qu'elle "tirait" légérement son sexe vers le bas. Il faut dire qu'en érection, le mât de Grayle cognait contre la table, et il se pencha un peu en avant afin d'avoir un meilleur angle.
Toujours personne. Dieu merci. Il poussa un soupir en sentant Thaïs gober entièrement sa verge et l'aspirer peu à peu. Il passa une main sous les draps et caressa tendrement les cheveux de la jeune fille, les ébouriffants un peu, frôlant sa joue, encouragements muets et inutiles, tant son sexe, en fusion, lourd et pulsant, tressaillait sous les assauts lents et doucereux de la jeune fille.
Il sentait le plaisir grimper en lui, mais de manière diffuse, dans tout son corps, et pas seulement dans la zone autour de son bas-ventre. Comme s'il pouvait sentir son odeur, mais aussi celle de quelqu'un d'autre. Il ouvrit la bouche, avant de la refermer, clignant des yeux. Inconsciemment, il avait amorcé de lents gestes du bassin, rendant la fellation encore plus sensuelle. Il était évident, d'un oeil extérieur en tout cas, de deviner à quelle activité le jeune homme se livrait avec sa partenaire invisible...
Cette invisibilité d'ailleurs, était aussi excitante que frustrante. Il ne voyait pas son sexe, ni Thaïs, mais regarder la table, et DEVINER ce qui se passait, faire correspondre la scène avec les sensations qui remontaient le long de ses fesses et sa colonne vertébrale, était bien plus excitant que ce qu'il aurait admis. Il continuèrent ainsi pendant de longues minutes, aussi silencieux que possible. Mais, immanquablement, le plaisir grimpait. Vite. Bien trop vite que d'habitude, et il pouvait sentir, entre ses jambes, la jeune fille s'agiter et pousser parfois quelques gémissements. Il cligna des yeux, forts, pour retrouver ses esprits. Il tapota rapidement la tête de Thaïs, avant de se saisir de ses cheveux, sentant une vive chaleur remonter d'un seul coup le long de son sexe...
-
Thaïs écarta les pans de tissu du pantalon de Grayle pour dévoiler un sexe qui n'avait rien de modeste et qui, à la surprise de Thaïs continuait de s'enfler. Toute à la fois ravie de découvrir ce sexe vigoureux et l'effet qu'elle pouvait produire sur Grayle, elle ressenti à son tour le feedback d'une excitation intense produisant chez elle un effet équivalent entre ses jambes. Il y faisait à présent aussi chaud et humide qu'un jour de mousson sur la vallée de l'Indus.
Elle se retint un moment , se contentant de douces caresses tandis que la serveuse prenait la commande, mais aussitôt partie, elle se précipita sur la bite de Grayle. Sa langue parcourait le membre avec envie, suivant les courbes du gland quand elle atteignait le sommet avant de redescendre jusqu'à la base. Elle prit plaisir pendant quelques instants à profiter de ce partage de sensations nouveau pour elle; sans aller jusqu'à percevoir tactilement la même chose que le pérégrin attablé, elle profitait tout autant du plaisir qu'elle lui procurait. Aussi fut-elle particulièrement attentive quand elle englouti le membre; ajustant les mouvements de sa tête pour s’accommoder au mieux à son plaisir et celui de Grayle.
Le plaisir était tel qu'elle ne put s'empêcher de pousser des gémissements de conserve avec le voyageur jusqu'à atteindre le moment inévitable et attendu.
L'avertissement muet de celui-ci était superflu, Thaïs savait parfaitement qu'elle allait jouir en même temps que Grayle et elle n'ignorait pas quelle était la conséquence directe de cet orgasme.
Elle reçut le jet de sperme chaud dans sa bouche avec un bonheur manifeste et poussa un petit cri étouffé en même temps, laissant s'échapper un mince filet qui coula le long de sa joue.
Elle garda le membre en bouche quelques instants puis se décida à passer la tête hors de la nappe, entre les jambes de son partenaire, un sourire radieux s'affichant sur son visage.
"Waoh! Alors ça c'était vraiment top! C'est toujours comme ça avec toi?"
Puis elle prit la serviette sur la table afin de s'essuyer et retourna s'asseoir en repassant sous la table. Son excitation sexuelle s'était quelque-peu calmée pour laisser la place à son énergie naturelle débordante.
"Donc! Confit de canard? C'est bien, ça m'a ouvert l'appétit! C'était la première fois que je prenait autant mon pied en m’occupant de quelqu'un; si seulement ça pouvait toujours se passer de la même manière! J'espère que ce ne seront pas des pommes de terre vapeur, j'ai horreur de ça."
Elle reposa à nouveau ses pieds sur les genoux de Grayle, sans intention particulière que de détendre ses jambes et ses pensées retournèrent à la sombre mélodie qui avait décimé Anthéa alors qu'elle sortait son Krùstall, cherchant à nouveau une source à celle-ci.
Une ombre passa brièvement sur son visage, rapidement balayée par sa fougue.
"Et si on cherchait de quoi s'occuper en attendant de trouver la source? Tu connaît des coins sympas? Ooooh, mais j’espère qu'elle ne va pas trop tarder à nous apporter nos plats, je meurs de faim!"
-
Conscient que son entêtée partenaire ne reculerait devant rien, Grayle ne se fit pas prier et se lâche complètement entre ses lèvres, le corps tendu, tentant malgré tout de garder un visage le plus neutre possible (spoilers : il n'y arriva pas). Il ne put s'empêcher de sourire en la voyant surgir de la table, entre ses jambes, les joues rondes comme un hamster, et excité par la vue de sa propre semence sur elle.
- Toujours. Et tu n'a encore rien vu. dit-il avec l'arrogance de l'homme qui a tiré son coup récemment. Il semblait fatigué, sans être dans l'état quasi-catatonique qui caractérise la majorité des hommes après l'éjaculation. C'est avec regret qu'il la vit partir, et, lorsqu'elle repris sa place, il avait refermé son pantalon sur son sexe encore un peu dur. La voir souriante, enjouée et innocente lui donnait encore plus envie de voir ce qu'il avait manqué : voir ses expressions lorsqu'en pleine débauche. Mais avec un peu de chance, ce serait pour plus tard.
- Non, ce sont des pommes noisettes en général. De toute facon, ils ne se ratent jamais niveau nourriture ici.. c'est bien une des qualités de cete ville.
Elle avait reposé ses pieds sur ses genoux, et, machinalement, ses mains glissèrent sous la table. Il se saisit doucement du tout petit pied droit de la jeune fille et commença à caresser avec douceur le pied, le massant presque machinalement, sans arrière-pensée autre que lui être agréable. Il se débrouillait comme un chef dans le domaine, et, pendant un petit moment, il resta silencieux, l'écoutant à demi, prêtant plus attention au son de sa voix qu'à ses paroles, un demi-sourire sur ses lèvres. Il se sentait... insouciant avec elle. Comme si les petits tracas du monde n'avaient, au final, que peu d'importance. Thaïs proposa de trouver une activité pour s'occuper en attendant que la "source" se manifeste.
Même s'il ne la pensait pas folle (bon... un peu), il n'avait pas vu, ni sentit ce "chant" auquel elle avait fait référence, et il ne s'inquiétait pas autant qu'elle. Il réfléchit... avant d'être coupé en pleine réflexion par la serveuse, qui leur apporta leurs deux plats ainsi que de l'eau.
- Bon appétit à vous... dit-elle d'une voix chantante avant de faire un clin d'oeil à Thaïs et de chuchoter "les amoureux" avant de s'enfuir en pouffant un petit rire. Grayle servit de l'eau à Thaïs en soupirant.
- Il y a souvent des vieux ici. Elle doit être contente de voir des jeunes comme nous ici. Enfin, jeunes... bref ! Bon appétit !
Alors qu'ils dégustaient leurs repas, ils discutèrent de choses et d'autres. Où Grayle vivait, depuis cimbien de temps il était ici, ce qu'il faisait dans la ville. Il lui raconta également ce qui s'était passé récemment, avant de claquer les doigts !
- Je sais ! Ca te dirait d'aller au musée historique ? Il paraît qu'il est très intéressant, et ça te permettra de rattraper ce que tu a raté entre aujourd'hui et la fois où tu es partie. Il lui dit un mince sourire Je n'ai pas beaucoup d'amis ici. Une petite sortie à deux me ferait plaisir... je payerais ton billet, pas d'inquiétude.
-
La gâterie sous la table avait laissé à Thaïs un arrière goût d'insatisfaction, entre autres, que le canard n'avait bien entendu pas pu atténuer. Elle avait longuement hésité suite à la proposition de Grayle d'aller visiter le musée, elle avait espéré un lieu plus intime, mais la perspective de découvrir ce qu'il était advenu d'Ereshkigal deux cent ans après sa dernière intervention titillait sa curiosité, peut être plus encore que le besoin de satisfaire ses instincts primaire qu'elle n'avait pourtant pas pour habitude de mettre de côté.
Il n'y avait pas cinquante manières de se rendre au musée. Ils auraient pu traverser la ville par la Promenade, mais ça leur aurait pris plusieurs heures de marche, aussi commanda-t-elle un TaxiDrone depuis une borne INN. Elle se servit de son Krustal pour régler les frais depuis la borne puis elle consulta son grimoire.
"Oh, tu as vu? La Coupole du Souvenir ou se trouve le musée est située en bordure du roc. Il paraît qu'on peut voir toute la ville d'un côté et le vide de l'autre."
Elle tendit son grimoire à Grayle, ce qui était exceptionnel, elle n'aimait pas laisser son livre entre les mains d'autrui. Les pages antiques étaient finement calligraphiées mais les photos étaient très nettes.
"Ooh chic chic chic! J'ai trop hâte d'aller voir ça!" dit-elle en tapant dans ses mains.
Le taxi ne mit pas longtemps à arriver et les deux immortels furent assis côte à côte dans la petite cabine automatisée. Leur navette décolla sans un bruit et leur offrit rapidement un panorama splendide sur la cité verte. Thaïs avait pourtant du mal à décrocher son regard de Grayle, son excitation n'était pas du tout retombée et elle se demandai si il ressentai la même chose qu'elle.
Elle tenta une approche et glissa sa main vers son entrejambe quand une voix préenregistrée sortit des enceintes de l'appareil:
"Mademoiselle, veuillez cesser s'il vous plait. Les débordements a caractère sexuels sont strictement interdits dans l'enceinte de ce véhicule!"
Thaïs sursauta. Elle avait horreur de se faire surprendre, à plus forte raison par une stupide machine.
"Dis donc la boîte de conserve, si tu veux pas te faire désactiver tu ferais mieux de te mêler de ce qui te regarde!"
"Attention mademoiselle, tout acte de vandalisme contre ce véhicule est passible d'une peine d’emprisonnement pouvant aller de ..."
Le son s'était tu alors que Thaïs avait manipulé son Krustal sur le tableau de bord.
"Là! Ca va bien cinq minutes ces conneries!"
Mais son regard s'était déjà égaré vers le paysage urbain en contrebas.
"Oh! Regarde! La Stèle de la Paix, elle paraît toute petite d'ici!"
-
Consulter le livre de Thaïs avait beaucoup intéressé Grayle. Il avait remarqué à quel point ils étaient tous deux diamétralement opposés sur presque tout, excepté peut-être leur fort appétit sexuel. Que ce soit de caractère ou d'apparence, ils n'avaient guère de points en communs. Et le grimoire de Thaïs, qui semblait être liée à elle tout comme l'était son sac, en était une autre preuve. Avec ce tome, elle avait accès à toutes les informations du monde, et il feuilletait d'un air fasciné les pages d'apparence ancienne, mais solides comme s'il sortait de l'imprimerie. Elle ne pouvait pas se perdre, et toujours savoir ce qui se passait. Un outil incroyable pour un pérégrin, et que Grayle aurait énormément aimé posséder.
Mais lui avait son sac et sa besace, capables de générer et conserver objets, nourriture et boisson. Certes, il ne savait rien des endroits où il se trouvait, toujours égaré, sans cesse perdu. Mais il ne souffrait jamais de la faim, ni de la soif, ni du froid ou de la chaleur. Si Thaïs pouvait décrypter le monde qui l'entourait et comprendre les menaces, Grayle seul avait toujours en main les cartes pour lutter contre ces derniers. Planification contre improvisation. Connaissance contre pouvoir. Deux facettes d'une même pièce, et deux philosophies opposées et complémentaires du voyage.
En redonnant le livre à Thaïs, il fut heureux de voir ce qu'elle était, une jeune femme enjouée, curieuse, souriante et coquine. Un tel grimoire, tout comme son sac, seraient des armes bien dangereuses entre les mains de personnes moins bien intentionnées...
Lorsque Thaïs avait commencé à le toucher, il l'avait regardé avec surprise, ne s'attendant pas à ce qu'elle se montre aussi... directe, même s'il compris rapidement, qu'après sa fellation au restaurant, il devait désormais s'attendre à tout. Ce n'est pas seulement le geste et la sensation des doigts sur son entrejambes qui firent gonfler ce dernier, mais le fait de savoir qu'a côté et avec lui se trouvait quelqu'un avec qui il avait tant à dire, à partager, et tant de choses en commun -leur propre nature-, et qui avait, en plus, une très forte libido...
La réflexion de la machine, et la réaction scandalisée et boudeuse de Thaïs, presque enfantine, le fit rire. Il s'était serré contre elle et avait chastement embrassé sa joue et son front alors qu'elle éteignait la machine.
- Ca va ! Ce n'est pas grave...
Ils regardèrent ensuite la ville en contrebas. Même s'il était là depuis plusieurs mois, Grayle n'avait jamais pris de Taxidrone sur ce chemin, et découvrait la ville autant que Thaïs.
- Ils ont vraiment fait de belles choses oui. Même s'ils ont un balai dans le cul, au moins, ils n'essaient pas de s'étriper entre eux, ou de conquérir le voisin... dit-il de bonne humeur. Ils jouèrent les touristes un petit bout de temps, avant qu'il ne pointe le musée du doigt. Il tenait toujours Thaïs par la taille, collé contre elle amoureusement, sans l'être de façon lascive, toujours dans l'implicite.
Il décida d'être un peu plus... entreprenant. Maintenant que la machine était pour ainsi dire stoppée, ils ne craignaient rien, non ? Il fit glisser une main sous le manteau, puis une autre, et il se mit à tenir Thaïs par la taille, caressant doucement sa peau à travers le très fin haut marron qu'elle portait. Il se colla légèrement contre elle, embrassant doucement son crâne, puis son cou découvert, arrachant un adorable soupir à la jeune fille, dont il sentait l'excitation grimper en flèche, au point que son sexe devenait dur comme le roc. Il caressa les longs cheveux gris de la jeune fille afin de les écarter, et lécha sa gorge, puis son épaule.
Elle essaya de se retourner, mais il lui interdit, la poussant légèrement vers la vitre. Bien plus fort physiquement qu'elle, Grayle en profitait outrageusement, et Thaïs, bras collés contre le long du corps, se retrouvait emprisonnée par ceux de Grayle, qui caressait sans vergogne son petit corps en lui interdisant toute réponse. Ventre, flanc, cuisses, même ses bras. La seule partie qu'il ne touchait pas était sa poitrine, s'en approchant à chaque fois à la frontière. Il se frottait doucement contre elle, la laissant sentir, même malgré le pantalon et son manteau, son sexe encore lourd d'envie. Leurs coeurs battaient à l'unisson, et il sentit une accélération drastique lorsque de ses mains s'engouffra encore les jambes de la pérégrine, qui avaient écartées ces dernières à l'extrême, presque inconsciemment. Son petit short rouge était brûlant et humide, et elle poussa un gémissement lorsqu'il y apposa la paume de sa main. Il la couvait du regard, voyant la respiration de la jeune fille faire de la buée contre la vitre. Lui, restait silencieux, exprimant son désir par ses gestes toujours aussi doux, mais qui transmettaient un désir impérial et contenu. Il la caressa encore un long moment, la sentant s'échauffer de minute en minute. Il se pencha sur elle, parlant doucement à son oreille, son souffle chaud s'écrasant contre elle.
- J'ai très envie de te faire l'amour, tu sais ? Mais nous sommes arrivés.
Et, comme un fantôme, en laissant longuement ses mains trainer contre elle, il s'écarta, et sortit du taxi.
Ils étaient arrivés devant la coupole, qui se trouvait, comme l'avait dit Thaïs, en bordure du roc. Elle était immense, de plusieurs dizaines de mètres de haut, et il fallait encore grimper des dizaines de marches pour y accéder. Il regarda sa partenaire avec un sourire presque méchant, sentant une petite pointe de colère au milieu d'une mer de frustration et de désir. Il la prit par la main, et ils se dirigèrent vers le bord, espérant contempler le vide en bas... pour se rendre compte que ce dernier était caché par un sol artificiel qui s'étendait au dessus du vide, impossible d'accès à cause de barrières. Grayle regarda plus loin
- Ah les sa... on va devoir payer pour vraiment profiter de la vue. Bon, je t'invite hein... mais c'est pas sympa de leur part !
Il n'y avait pas tant de monde que ca. La journée était encore en cours, et pas mal d'enfants étaient tout simplement en classe, et les adultes, au travail. Ils montèrent les marches de marbre blanc en se tenant par la main. Grayle fronca les sourcils alors qu'ils croisaient quelques visiteurs sortant de la coupole.
- Il y a bien trop de gens qui te mattent... dit-il d’un ton qui sonnait un poil trop jaloux à son goût. Il n’avait pas tort ceci dit. Beaucoup hommes comme femmes, regardaient la jeune pérégrine d’un air à la fois surpris, amusé et intéressé. Il amena Thaïs plus près de lui, main au bas du dos, la prenant par la taille et faisait des regards méchants aux inconvenants. Le regard, particulièrement appuyé du vendeur, lorsque Grayle acheta les deux tickets de visite, acheva de le rendre d’humeur massacrante. Thaïs était plus… détaillée du regard qu'autre chose, englobée de haut en bas d’un air plus étonné que pervers.
Il l’amena à sa suite en insistant un peu et ils entrèrent à l’intérieur du bâtiment, construit en pierre beige et avec un style antique, de lourds colonnes soutenant la coupole. L’endroit était plutôt calme, malgré les dizaines de touristes. Seul un léger brouhaha de fond se faisait entendre.
- Hum… je ne suis jamais allé à la partie Est. Juste à l’Ouest. On y va du coup ? proposa t-il d’un ton qu’il essayait d’être léger, même s’il ne pouvait pas cacher au cœur de Thaïs le léger énervement et trouble qui l’avait envahi, et qu’elle devait aussi ressentir.
Malgré toute sa technologie, Ereshkigal était assez rétrograde concernant les musées. Pas de casque audio, mais des visites guidées ou libres. Ils entrèrent donc dans l’aile Est, dédiée à l’histoire précédent l’établissement des citées, qu’elle soit lointaine ou toute proche.
- Ah, l’histoire toute proche c’est ici, et… hein ?
Les deux pérégrins croisèrent une jeune femme, sensiblement de leur âge. Rousse aux yeux clairs, elle était grande et plutôt mignonne, mais ce qui attira leur regard, ce n’était pas son visage, ni ses formes, mais… son accoutrement.
Elle portait exactement les mêmes vêtements que Thaïs. Elle les regarda, et fixa Thaïs en souriant et lui fit un clin d’œil complice.
- Son style est génial hein ? Dit-elle avant de poursuivre sa route dans l’autre direction. Ils la regardèrent silencieusement, ébahis.
- Heu… c’est normal ? demanda Grayle, un peu abruti, et méfiant. Il regarda autour d’eux, et ses yeux s’ouvrirent en grand lorsqu’il vit quelque chose, au loin. Il courut, traînant Thaïs par la main.
- Que…
Une salle absolument grandiose de l’exposition, par laquelle transitait toutes celles de l’Aile Est, servait de mémorial. A son centre, une énorme statue…d’une jeune femme, habillée comme Thaïs. Non. Mieux, il s’agissait de Thaïs. Sur une plaque, gravée sur le socle de la statue de plusieurs mètres, on pouvait y lire « à la mémoire de Thaïs la batisseuse, arrivée comme une comète et sauveuse de l’humanité. ». Elle était vêtue de son grand manteau et d’un livre, semblant diriger des gens invisibles, le visage joyeux et déterminé. La ressemblance était parfaite… excepté au niveau du physique. La statue était clairement mieux… pourvue au niveau de la poitrine et des fesses.
Une classe d’écoliers était devant la statue, leur maitresse faisant la lecon et expliquant l’histoire et les origines de Thaïs. Une des élèves était habillée comme le sujet de leur attention.
* C’est donc pour ça que les gens fixaient Thais ? Ils pensaient qu’elle était déguisée ?* pensa Grayle avec stupéfaction. Il regarda sa partenaire.
-Hé bien, tu a laissé de bons souvenirs on dirait…
-
"Ca va ! Ce n'est pas grave..."
"Mouais, j'ai horreur qu'on me dise ce que je ne dois pas faire."
Boudeuse, elle admirait cette ville qu'elle aimait tant malgré sa pudibonderie à travers la vitre. Cependant, son excitation reprit bien vite le pas sur sa colère, Grayle n'y étant bien entendu pas étranger, tant par son comportement que par sa propre excitation qui transpirait à travers leur Nómos en accord. Elle accueillit son bras sous son manteau avec un plaisir qu'elle n'essaya pas de dissimuler puis se mit à gémir en sentant son souffle chaud sur sa nuque. Grayle se faisant plus pressant, elle pouvait sentir son sexe durcir derrière elle alors qu'elle s'apprêtait à se retourner pour lui rendre ses attentions.
"J'ai très envie de te faire l'amour tu sais ? Mais nous sommes arrivés."
Elle le regarda sortir du taxi avec un frustration qu'elle décida d'utiliser comme combustible pour plus tard.
Tu ne perd rien pour attendre cher pérégrin
Tout en réajustant son manteau, elle en profita pour décocher un petit coup de pied mesquin au taxi-drone en passant. Geste inutile qui lui permit à peine de décharger son énervement.
"Il y a bien trop de gens qui te matent..."
Thaïs haussa les épaules. Elle se fichait éperdument des regards réprobateurs qu'elle ne manquait pas de susciter dans son sillage; la force de l'habitude, forgée au cours des siècles la rendait imperméable à l'avis d'autrui, tant qu'on ne lui dictait pas ce quelle ne devait pas faire.
Inconsciente du fait que son irritation n'était plus vraiment la sienne mais celle de Grayle, elle suivit celui-ci dans les allées du musée.
"Hum... je ne suis jamais allé dans la partie Est. Juste à l'Ouest. On y va du coup ?"
"Oui, ça me va." répliqua-t-elle d'un ton qu'elle eut voulu plus léger.
Grayle semblait absorbé dans son observation des visiteurs et il ne remarqua pas les deux gardiens qui passèrent en courant auprès d'eux en direction de la salle des portraits.
Il se passait quelque-chose d'anormal. Sans être une habituée des musées, Thaïs savait qu'une constante du multivers, et ce dans toutes les civilisations qui disposaient de musées, c'était que les gardiens ne courent pas. Jamais. Sauf si un visiteur tente de toucher à une oeuvre, ou pire.
"Ah, l'histoire toute proche c'est ici, et... hein ?"
Thaïs sentit son humeur s'alléger à la vue de la jeune femme portant la même tenue qu'elle.
"Son style est génial hein?"
Elle acquiesça vivement et se mordit la langue pour ne pas répondre "Merci".
La jeune femme reprenant son chemin, Thaïs reporta son attention vers les voix qui provenaient de la salle attenante. Des voix trop fortes pour un musée, et qui ne ressemblaient pas à la diction d'un guide.
"Hé bien, tu as laissé de bons souvenirs on dirait..."
"J'en aussi gardé de très bons" jeta-t-elle par dessus son épaule sans même regarder la prodigieuse statue à son effigie. Elle se mit à courir vers la salle d'où provenaient les voix.
Les deux gardiens étaient en train de donner l'alerte dans leurs communicateurs. Face à eux, une peinture à l'huile représentant Thaïs dans une posture tellement sérieuse qu'on aurait pu croire à une autre personne. Quelqu'un avait grossièrement appliqué du rouge à lèvres violet sur les lèvres de la jeune femme et une spirale noire partant de sa main avait été tracée avec force, au point de percer la toile.
Thaïs consulta son Krùstall: il y avait un portail qu'elle n'avait pas perçu de prime abord derrière la sortie de secours de cette salle.
Derrière la porte, le cri d'une mouette accueillit les deux pérégrins.
Quelle ne fut pas la surprise pour Thaïs de retrouver cette plage de sable fin. Le soleil était bas sur l'horizon et dardait sa lumière chaleureuse de fin d'après midi sur la petite baie en croissant d'une île paradisiaque. Deux transats étaient installés sur la grève autour d'une petite desserte. Le vent tiède soufflait légèrement, apportant du mouvement aux cocotiers et le ressac sonnait agréablement à l'oreille.
"Mais! Mais mais mais, il nest pas censé y avoir de portail sur cette plage!"
Thaïs enleva ses bottes et apprécia la sentation du sable chaud sous ses petits pieds.
"Bon en même temps, je ne suis pas venue ici depuis une bonne centaine d'années. Viens, mon repaire est par là."
Le changement de cadre avait eu un effet lénifiant sur le moral de Thaïs, effet qui s'était fort probablement reporté sur le pérégrin qui l'accompagnait.
Thaïs s'empressa de remonter une petite allée qui menait à une maison moderne toute en baies vitrées. Le grand salon donnait l'air d'être entretenu, on pouvait voir une corbeille de fruits frais sur le comptoir de la cuisine et des fleurs fraîchement coupées agrémentaient la décoration à plusieurs endroits. Manifestement, si Thaïs n'était pas venue ici depuis un siècle, quelqu'un s'était occupé des lieux en son absence. La pièce étaient décorée avec goût et sobriété. A vrai dire, la décoration ne reflétait en rien la personnalité de Thaïs et on aurait pu croire à une petite villa de location.
Elle jeta son manteau sur le dossier d'une chaise et laissa ses bottes en plan au milieu du salon.
"As-tu soif?"
-
Grayle n'eut pas le temps de faire le moindre commentaire sarcastique sur le portrait de Thaïs saccagé. L'immortel l'avait pris par le poignet et, sans sommation, avait bondi à travers un portail, l'entraînant à sa suite. Quittant Ereshkigal, le corps de Grayle se retrouva secoué en tout sens, avant d'arriver sur une plage.
Si Thaïs était "arrivée" sur la plage, Grayle avait lui "atterri" sur cette dernière. Hasards et turbulences des portails avaient tendances à jouer de mauvais tours à Grayle, qui, la tête dans le sable, recracha ce dernier en se relevant, un peu sonné et perdu. L'inquiétude céda le pied à la curiosité. Lui, qui serait normalement troublé et sur ses gardes, se senti envahi par la sérénité, regardant Thaïs s'éloigner d'un air guilleret. Naturellement, inextricablement lié à son alter-ego, il marcha à sa suite.
Ils étaient dans son repaire. Ou plutôt, un de ses repaires. Un siècle, même pour Grayle, était long. Pour elle, c'était l'affaire d'une petite semaine. Voilà de quoi ramener le plus arrogant des immortels sur terre. Tout humble, Grayle regarda la magnifique demeure, moderne et à mi-chemin entre le luxe démesuré et la petite bourgeoisie mesurée.
- C'est magnifique.
Il arracha son regard de Thaïs pour regarder un tableau, une simple calligraphie japonaise, dessinée avec élégance et précision. Il s'agissait d'un Haiku, mais, étrangement, Grayle n'arrivait pas à le lire, comme si quelque chose dans son cerveau le bloquait.
- Tu as de la chance. Je n'ai jamais eu de maisons comme ca, dit-il avec une pointe de regret. Je dépérit et meurs si je reste quelques semaines au même endroit.
Il balaya la pièce du regard. Une nappe par ici, des fleurs par là, un produit parfumé de ce côté. La pièce était discrètement personnalisée, avec quelques touches uniques ici et là. Ses doigts caressèrent la table, en bois de bouleau.
- Du coup je n'ai jamais eu de chez moi. J'ai tout le temps été sur les routes.
Avec légèreté, il s'approche du réfrigérateur, l'ouvrant d'un mouvement fluide. Un doux sourire illumine son visage lorsqu'il trouve l'objet de ses désirs : une belle bouteille de vin blanc. Ses yeux bleus plongèrent dans ceux violets de la jeune fille.
- Oui. Et c'est en partie à cause de toi dit-il d'une voix chaude et taquine. Improvisé servant, il dénicha un tire bouchon et deux verres. Rapidement, le vin fut servi dans les verres, qui, remplis du liquide doré, brillaient d'une lueur irréelle.
- Je ne sais pas comment ton corps marche, mais mon immortalité est basée sur une sorte de régénération. Je guérit très vite, pour ainsi dire. Ce qui veut aussi dire qu'il faut une quantité astronomique d'alcool pour me mettre à terre. Un verre dans un chaque main, il s'approcha de Thaïs. Devant elle, il ne s'arrêta pas, continuant d'avancer, la forçant à reculer en rythme.
- Un jour j'ai du affronter une centaure à une compétition d'alcool. La pauvre ne s'attendait pas à perdre contre un "simple humain". Mais nous ne sommes pas de "simples humains", pas vrai ?
Il lui tendit son verre d'alcool, afin qu'elle s'en saisisse. Sa main libre, lentement, vint caresser le short de la belle, remontant le long de son haut, passant entre ses petits seins, frôlant sa gorge pour caresser ses épaules. Elle était petite, tellement qu'elle n'arrivait même pas à l'épaule de l'homme.
- Dis moi Thaïs, quel est ton meilleur souvenir ici ? Et... est-ce que tu pense que je peux t'en donner un encore plus beau ?
-
"Tu as de la chance. Je n'ai jamais eu de maisons comme ca. Je dépérit et meurs si je reste quelques semaines au même endroit. Du coup je n'ai jamais eu de chez moi. J'ai tout le temps été sur les routes."
"Oh moi non plus je ne tiens pas en place. Je ne sais pas si je dépéris par contre, je n'arrive pas à rester plus de quelques jours au même endroit."
Tout en parlant, Thaïs tourbillonnait dans le salon, réajustant un cadre par ci, repositionnant un coussin sur un canapé. Non qu'il y ait besoin de faire tout ça, mais Thaïs avait besoin d'occuper ses mains, et elle sentait que quelque-chose clochait dans la maison. Elle n'arrivait pas à mettre le doigt sur ce détail qui la perturbait. Ce n'est que quand son alter-ego lui tendit son verre qu'elle tempéra sa fougue pour se tenir à côté de celui-ci.
"Château Salvennière, grand cru 1724! dit-elle enjouée, Si tu l'as pris au hasard, tu ne pouvais pas tomber mieux."
Elle prit le verre que lui tendait Grayle et plongea ses yeux dans les siens. Elle sentait à nouveau cette excitation monter en elle et bien qu'elle ne sache pas précisément quelle proportion était due à l'accord de leur Nomos, elle ne doutait pas un seul instant qu'une bonne partie lui était propre. Elle aimait beaucoup ce côté tendre et prévenant du baroudeur et ce n'est que par réflexe qu'elle recula face à lui jusqu'à être acculée au mur.
S'efforçant de poursuivre la conversation pour ne pas paraître malpolie, ses pensées évoluaient indéniablement vers des images de plus en plus torrides; aussi ses réponses manquèrent-elle un peu de répartie.
"Un jour j'ai du affronter une centaure à une compétition d'alcool. La pauvre ne s'attendait pas à perdre contre un "simple humain". Mais nous ne sommes pas de "simples humains", pas vrai ?"
Effectivement mon cher pérégrin, jamais un humain ne m'a fait cet effet là.
"Je ne tiens pas trop l'alcool, mais je récupère vite."
Thaïs lâcha prise, oubliant rapidement l'inquiétude qui la taraudait.
Bah, si ça ne me reviens pas c'est que ça doit pas être si important..
Si Thaïs n'avait rien vu qui puisse expliquer l'inquiétude instinctive qu'elle avait eue en entrant dans la maison, c'est avant tout parce-qu'il n y avait rien à voir: il manquait quelque-chose voilà tout. Cependant, son esprit embrumé par le désir saisit facilement l'occasion d'oublier ce détail et les crimes qui l'avaient mené jusqu'ici pour se tendre vers des plaisirs plus immédiats et de toute évidence plus agréables.
C'est avec un malin plaisir qu'elle accueillit donc la main ferme de Grayle sur son corps. Un frisson de plaisir la parcourut, lui dressant le duvet sur les avant-bras et la nuque.
La carrure de l'homme qui la dépassait de plus d'une tête n'en finissait pas de lui évoquer des images toutes plus salaces les unes que les autres. Elle n'avait de plus aucun besoin de faire marcher son imagination pour se représenter le membre viril de Grayle qu'elle avait eu le plaisir de jauger tout son saoul sous la table à peine une heure avant.
"Dis moi Thaïs, quel est ton meilleur souvenir ici ? Et... est-ce que tu pense que je peux t'en donner un encore plus beau ?"
Thaïs eut une foule d'images à cette question et elle se retint d'énumérer la liste de ces souvenirs. Du reste, elle ne doutait pas que les heures à venir avaient le potentiel pour venir se hisser tout en haut du classement.
Sans porter le moindre intérêt à son verre, elle posa sa petite main sur celle de Grayle alors que celle-ci diffusait déjà sa chaleur sur sa nuque, indiquant par là même non seulement qu'elle appréciait l'initiative mais aussi qu'il avait la permission d'être plus entreprenant.
-
Il le ressentait. Son coeur. Les battements de son cœur s'intensifiaient, et l'immortel devinait qu'il ne s'agissait pas d'une accélération naturelle. Une influence extérieure avait prise sur lui : celle de Thaïs. La pérégrine n'avait pas répondu à sa question, se contentant de plonger son regard dans le sien, et de poser sa main sur ses doigts. Ni elle, ni lui n'avaient besoin de mots. Leurs Nomos en harmonie, ils lisaient non pas dans les pensées de l'autre, mais dans son cœur, qui battaient à l'unisson.
Il reprit une gorgée de son verre, avant de le déposer sur une petite table. Sa langue plein de vin lécha ses propres lèvres, et il se pencha en avant, embrassant le front de l'immortelle. Une main sur son épaule, l'autre contre le bas de son dos, il embrassa son nez, esquiva ses lèvres, se courbant encore pour embrasser sa gorge, léchant son cou, mordant son épaule nue, alors qu'il tirait sur une des bretelles du haut pour le fait glisser le long du bras. Elle sentait bon. Une odeur familière, similaire à la sienne, mais plus douce et sucrée. Les soupirs de la belle l'excitait, enclenchant un cercle vicieux où il lui renvoyait son propre désir.
Les deux flammes devenaient un brasier. Il la serra contre lui, une main enfoncée dans sa croupe. Frustré par leur différence de taille, il la souleva afin qu'elle se retrouve à sa hauteur, et l'embrassa férocement, la plaquant contre la baie vitrée. Sa langue vorace vint chercher celle de Thaïs, ne lui laissant aucun répit, capturant ses lèvres encore et encore. Il ne rompit leur baiser qu'après une longue minute, un filet de salive reliant leurs bouches brillantes. Il respirait avec force, le souffle coupé. Ce n'était qu'un simple baiser, mais il était aussi excité que s'ils étaient en plein milieu d'un coït. En l'admirant, il compris qu'ils étaient incapables de se résister l'un l'autre.
- Et puis merde.
Les deux mains sur les belles petites fesses de l'argentée, il la fit basculer sur son épaule, la transportant comme un sac de patates, comme un barbare saisissant sa captive. Il la transporta jusqu'à la chambre, qu'il trouva sans trop de mal, et la balança sur le lit. A peine avait-elle atterri qu'il était déjà au dessus d'elle, à quatre pattes, la tenant par les poignets. La respiration de l'homme était saccadée, son regard embrasé. Son bassin contre celui de Thaïs, il faisait de lents va-et-vient, les vêtements des deux humains ne pouvant guère cacher sa vigueur surnaturelle ni la chaleur qui s'en dégageait.
- J'ai très envie de te faire l'amour Thaïs... il l'embrassa encore, avant d'échapper à ses lèvres pour lécher sa gorge, mais j'ai une faveur à te rendre...
Sa langue passa lentement sur sa clavicule, descendant jusqu'à embrasse un sein à travers le tissu. Il ne l'avait toujours pas déshabillée. Avec précaution, il descendit peu à peu, soulevant le haut de Thaïs, embrassant son nombril, la fixant de ses yeux bleus à chaque instant, avant de défaire son short.
- Mon seul regret, c'est qu'il n'y ait personne autour de nous pour te forcer à être discrète...
Ses doigts habiles défirent la ceinture du petit short rouge, qu'il fit glisser le long des jambes. Bien vite, Thaïs pu sentir le tissu contre ses cuisses être remplacé par la chair, alors que Grayle glissait son visage entre ces dernières. Il huma l'odeur intime de la belle, sentant son propre pantalon le torturer. Elle était irrésistible, et un frisson parcourut leurs deux corps.
- L'avantage, c'est que tu n'as pas besoin de retenir tes cris... dit-il juste avant de lécher goulûment son Mont de Vénus, le couvrant de baiser, pour finalement, embrasser ses lèvres, plus charnues, plus douces, plus sensibles. Il avait envie d'elle, plus que quiconque dans sa vie, mais le jeune homme patient avait surtout envie d'une chose : voir celle qui se cachait sous l'apparence d'une jeune fille se tordre, gémir, couiner, jouet entre ses mains et sa langue, et exposer la sensualité cachée derrière son corps juvénile... entièrement fixé sur elle, Grayle oublia vite le reste du monde, et même de l'univers...
-
Si le cœur de Thaïs avait tendance à s’emballer facilement, ce n'était pourtant rien comparé à la folle arythmie que le lien avec Grayle lui imposait à présent. Même un chaton en train de jouer aurait été plus calme que la petite voyageuse, aussi si celle-ci ne virevoltait pas dans la pièce comme son état aurait put l'inciter à faire, ce sont ses pensées qui fusaient dans la plus grande anarchie.
Se noyant dans le regard dévorant de l'immortel, elle se laissait aller à ses caresses avec délectation, n'ayant ni les moyens ni l'envie de calmer ses pensées en déroute.
Le contenu des son verre de vin encore intact se déversa sur le parquet sans qu'elle n'y prête la moindre attention.
Se laissant aller à l'excitation qui était autant la sienne que celui de son partenaire, sa respiration se fit saccadée lorsqu'il se mit à lui embrasser le cou et les épaules. Elle lâcha un petit couinement ravi quand il mordit l'épaule.
C'est au moment ou la main de Grayle affirma son emprise sur ses petites fesses que Thaïs lâcha son verre, celui-ci se brisant dans l’indifférence générale.
Une succession d'images toutes plus torrides les unes que les autres forcèrent leur chemin dans sa tête quand Grayle la souleva de terre, la petite immortelle imaginant avec délectation tout ce que la force de son amant pourrait apporter à leurs ébats.
Thaïs rendit ses baisers à l'immortel avec une rare passion, entourant de ses petits bras blancs le cou de l'homme.
Elle lâcha un petit rire cristallin quand Grayle la souleva du sol pour la porter jusqu'à la chambre. L'esprit embrumé, elle réussit quand même à retirer ses bottes un peu souples sans l'usage de ses mains agrippées sur les hanches du solide gaillard.
Thaïs était plus qu'heureuse de se laisser faire, aussi ne protesta-t-elle pas quand Grayle la jeta sur le lit avant de se jeter sur elle. Elle se débattait un peu, presque pour la forme, aussi ses déhanchements étaient-ils plus dus à l'excitation qu'à une tentative de se défaire de l'emprise de l'homme dont la passion se déversait en elle.
"J'ai très envie de te faire l'amour Thaïs...
...mais j'ai une faveur à te rendre"
Si Thaïs crevait d'envie de sentir le membre viril de Grayle en elle, elle n'en était pas moins excitée en comprenant ou celui-ci voulait en venir, aussi lâcha-t-elle un "Oui, oui, oui" guilleret quand il descendit plus bas.
"Mon seul regret, c'est qu'il n'y ait personne autour de nous pour te forcer à être discrète..."
Si Thaïs avait disposé ne serait-ce que d'une fraction de ses moyens à ce moment, elle aurait réagit sur ce détail qui l'avait dérangée à leur arrivée: Il n'y avait personne et c'est ça qui clochait! S'il était normal qu'ils n'aient croisé personne, ils auraient tout du moins dû entendre des rires et des gloussements. Cependant Thaïs n'était plus à même à cet instant de focaliser son attention sur autre chose que l'ouragan ravageur des leur passion partagée.
"....l'avantage, c'est que tu n'as pas besoin de retenir tes cris"
Bien entendu, celle-ci n'avait aucune envie de retenir quoi que ce soit.
"Fais moi crier alors." souffla-t-elle.
Les gémissements de Thaïs se muèrent en une joyeuse complainte quand il se mit à lui embrasser les parties intimes, ses petits poils blancs soyeux chatouillant les lèvres du pérégrin.
Quand il fit enfin usage de sa langue, Thaïs referma ses petites cuisses fines autour de sa tête, comme pour lui empêcher de cesser tant qu'il n'aurait pas fini ce qu'il avait commencé, ses collants rayés formant comme une écharpe animée de spasmes.
Ce n'étaient plus des gémissements ni une complainte, mais une ode à son partenaire que Thaïs réclamait à présent en grec ancien. Comme une petite chanson dont la tessiture s'étendait des graves aux aigus sous la direction de la langue de Grayle agissant en chef d'orchestre vicieux.
Thaïs oublia bien vite le reste du monde, et même de l'univers...
-
Le jeune homme voulait être doux, la titiller pour faire monter la chaleur crescendo. La pression des petites jambes de la pérégrine et celle de ses mains sur ses cheveux en avait décidé autrement. Plaqué contre son intimité, il utilisait autour sa langue dure et que ses lèvres et même le bout de ses dents, embrassant, léchant, caressant, suçant sa petite chatte. Dardant sa langue entre ses lèvres intimes pour fouiller en elle, jouant avec ses livres, appuyant sur son clitoris, il jouait de tout son savoir et sa dextérité, le souffle chaud de sa bouche et son nez brûlant la chair de la jeune fille. Ecrasé contre elle, il guettait chaque réaction, chaque cri, y adaptant chacun de ses gestes, décidé à la faire grimper au septième siècle le plus vite possible.
-Hum...
Un problème toutefois, était la gestion de son propre plaisir. Alimenté par celui de sa partenaire, il était torturé autant qu'elle l'était, rendant sa tâche considérablement plus plaisante, mais aussi difficile. Rapidement, la pression dans son pantalon devint trop forte. Toujours prisonnier des gambettes de Thaïs, il se mit à genoux, forçant l'adolescente à se cambrer. Elle put entendre le bruit d'une ceinture qui se défait, puis d'un pantalon en vitesse, suivi de l'odeur puissante d'une verge tendue à l'air libre. D'une main, il vint caresser son membre, l'empoignant avec envie, et fit un long mouvement de va-et-vient, poussant un râle de soulagement, avant de sentir le corps de Thaïs agité de spasmes.
Suçant le clitoris de l'argentée, avant de le harceler du bout de sa langue dans des mouvements frénétique, il commença à se branler avec énergie, tant pour se soulager que pour envoyer encore plus de plaisir à la jeune fille. Son autre main essayait maladroitement d'attraper un des petits seins de l'immortelle, qu'il rêvait de toucher dès leur première rencontre.
Ahanant comme une bête, il sentit le plaisir exploser au fond de lui, de la base de ses fesses jusqu'au bout de sa verge. Il pressa cette dernière de toutes ses forces pour prévenir la moindre éjaculation, alors qu'il continuait de se repaître des fluides intimes de l'immortelle. Pas question qu'il se vide autrement qu'en elle ou sur elle...
-
Les lois de la physique qui ont lieu dans une bouilloire n'ont rien de très mystérieux. L'eau que l'on fait chauffer va se dilater et se changer en vapeur; la pression va très rapidement augmenter et faire exploser la bouilloire s'il n'y a pas de soupape pour évacuer cet excédent volume de vapeur.
Ce qui nous intéresse dans le cas présent, c'est justement cette soupape: qu'adviendrait-il si celle-ci était reliée à une autre bouilloire elle aussi soumise à une forte température?
Vous l'aurez deviné, le résultat serait un désastre pour votre cuisine..
Or le lien qui unissait les deux pérégrins agissait très précisément comme cette soupape inutile: Les deux étaient près d'exploser.
La langue de Grayle faisait des merveilles et l'eau de Thaïs avait atteint une température insoutenable. Elle se tordait dans tous les sens, les jambes toujours serrées autour du cou de son amant manquant presque de lui briser les cervicales à deux reprises.
Elle voulait lui dire d'arrêter, de la prendre là tout de suite et de jouir avec lui en elle; mais comme quelqu'un qui aurait les doigts collés dans une prise de courant, elle était tétanisée, incapable de contrôler son corps. Les mots qui sortaient de sa bouche n'étaient plus des mots mais de charmants couinements qu'elle n'arrivait pas, ni ne voulait vraiment, maîtriser.
Elle essaya a deux reprises d'attraper la main de Grayle avec son vigoureux contenu, mais la position l'en empêchait et elle avait les bras trop courts.
Puis vint le moment ou les deux contenants chauffés à feu vif atteignirent le point de rupture.
Quelque-part dans le multivers, des galaxies prenaient naissance, nombre de super-novas donnèrent leur dernier souffle de lumière et une multitude de portails eurent un soubresaut dérèglant leurs points d'origine ou d'arrivée.
Thaïs perdit le contrôle de ses cordes vocales et cria de toutes ses forces. Eut-elle eu des voisins, ceux-ci auraient été infomés à présent de l'incommensurable plaisir qui envahissait son petit corps.
Cependant, elle n'était pas seule à avoir cédé. Grayle avait joui lui aussi aspergeant son dos d'un délicieux foutre chaud qui la fit frissoner.
Elle relacha l'étau de ses jambes autour du cou de son partenaire et soupira de bonheur.
Le regard fiévreux, ses yeux violets rivés dans ceux de Grayle, elle lui adressa un sourire des plus charmants.
La pression était retombée, mais les deux pérégrins étaient toujours à feu doux et rien n'indiquait que les flammes aient suffisament réduit pour que l'un ou l'autre puisse envisager quoi que ce soit en dehors de cette pièce.
"Oh Grayle, comment fais-tu ça! C'était magique !"
-
- Comment je fais ? Je n'y arriverais pas sans toi... hm...
Il se pencha sur elle, l'embrassant, furtivement, rapidement. Il n'arrivait plus à se maîtriser. L'envie était trop forte. Il voulu lui faire la première chose qui lui était venue à l'esprit lorsqu'il l'avait vue. Collé contre elle, la plaquant contre le lit, il se frotta contre son corps comme un vulgaire chien en chaleur, sa verge dure et brûlante glissant contre sa petite chatte gonflée laissant une trainée de foutre et de pré-sperme sur son ventre, venant remplir son petit nombril. Se glissant entre ses jambes, il s'enfonça en elle, son pieu incandescent écartant ses chairs intimes pour fouiller jusqu'au fond de ses entrailles.
- AAAAAaaaarRRrRhhH....
Les sensations provoquèrent un quasi court-circuit dans son cerveau, alors que le plaisir de la pénétration faisait sauter les dernières barrières de sa propre raison. Le corps entièrement contracté, il jouit en elle, sentant, voyant, entendant Thaïs faire de même. Le couple se transforma en un duo de choriste, beuglant plus que chantant leur plaisir. Il jouit une fois, deux fois, trois fois, encore et encore, se vidant en elle à grands coups de reins et avec une telle force et en une telle quantité que la semence déborda, souillant les cuisses et les bassins des deux amants, tâchant la couverture du lit.
Il s'évanouit, un bref moment, cognant sa tête contre elle, avant de se réveiller. Comme un marin en pleine tempête, il avait besoin de s'accrocher, et il s'accrocha à elle, l'embrassant comme si sa vie en dépendait. Ses lèvres étaient sucrées, puis acides, acides à cause de leurs larmes de plaisir. Il s'éloignait puis revenait en elle, encore et encore, mettant le corps juvénile de la voyageuse à l'épreuve. Sa peau rosée devenait rouge à force des coups qu'il lui infligeait. Une violence dénuée de malice ou de perversité, une simple preuve de la passion et du désir qui l'animait. Le corps entier de Grayle était actif, son bassin, ses bras, ses épaules, ses mains, son torse, ses lèvres, incapable de s'arrêter. Grayle et Thaïs, qui ressemblaient pourtant à un jeune couple idéal et doux, ressemblaient à deux bêtes sauvages, tels des humains primitifs découvrant pour la première fois le sexe.
Incapable de savoir si quelques minutes ou heures étaient passées, il se mit à foutre une seconde fois. Une quantité absurde, témoin de la bénédiction divine qui entourait l'ancien paysan, devenu symbole de vitalité et de fertilité. Le petit ventre plat de Thaïs se gonfla legèrement, ses cheveux volant au gré de la respiration brûlante de Grayle, qui reprenait péniblement son souffle, temporairement épuisé et sonné par le plaisir transcendant qui l'avait traversé. La sensation de vide blanc, qui entourait son cerveau comme un nuage, lui donnant la sensation qu'il avait, pendant un bref instant, acquis un savoir immense, était comme une drogue.
Toujours en elle et sur elle, il embrassa le front de Thaïs avec douceur, essuyant sa sueur. Ils étaient poisseux, encore fiévreux et frissonnant. Plus bas, il sentait son vit baigner dans leurs fluides respectifs, toujours au sein de l'immortel.
- Ah, Thaïs... thaïïïïïïs...
Il semblait presque possédé
-
Thaïs écarta délicatement le bras de Grayle et quitta le lit, encore fébrile. Elle manqua de tomber tant ses jambes fluettes tremblaient encore, conséquence de ces quoi... quelques heures?
Elle n'aurait sut dire combien de temps tout cela avait duré, mais son corps portait encore les stigmates de ces agapes excessives et bien que la plupart s’effaceraient avec la régénération, le reste nécessitait a tout le moins une bonne douche. C'est d'un pas peu assuré qu'elle s'approcha du mur, s'agrippant à une petite commode pour ne pas chuter; ses petits pieds poisseux collants sur le parquet. La tête lui tournait encore et il lui fallut quelques instants pour retrouver un semblant de contenance et remettre son esprit en place. Ses pensées, d'habitudes semblables à un papillon qui volette doucement de fleur en fleur étaient encore en ébullition plus semblable à une libellule. Elle ne devait son apparent calme qu'à l'influence sereine du pérégrin endormi et à leurs corps vidés de toute énergie.
Laissant des petites flaques humides et gluantes derrière elle, elle se dirigea vers la baie vitrée qui donnait sur une échappée dans la forêt luxuriante. Elle suivit un petit escarpement menant à un bassin d'eau cristalline alimenté par une petite chute d'eau. Là, elle se défit des ses derniers vêtements, ses bas rayés, et se glissa dans l'eau fraîche et pure pour faire disparaître les dernières preuves des récents événements.
C'est l'esprit un peu plus clair qu'elle réalisa cette absence qui l'avait titillée à son arrivée: les filles n'était pas là! Elle n'avait pas entendu un seul rire depuis son arrivée, et même si elles étaient plutôt timides avec les inconnus, elles n'auraient normalement pas manqué de venir tourner autour de Grayle par simple curiosité pour ce beau et mystérieux voyageur.
"Thalie ? Era ?! Poly !?!"
Thaïs n'obtint nulle autre réponse que le bruit des oiseaux et de la chute d'eau.
Ses protégées manquaient à l'appel et elle se devait de tirer ça au clair.
Nue comme au premier jour, elle sortit de l'eau et s'engagea dans les sentiers ombragés qui serpentaient autour de la maison. Il lui fallut dix minutes pour trouver la clairière où étaient réunies les muses dans un silence glaçant. Calliope fut la première à réagir à l'apparition de Thaïs avec de grands gestes emphatiques, comme effrayée par l'immortelle.
"Calme toi Calli, ce n'est que moi!"
Les autres muses semblaient tout autant effrayées à la vue de Thaïs et elle eut toutes les peines du monde à calmer ses amies. Ce n'est qu'après un moment qu'elle réalisa que l'une d'elles n'avait pas bougé, elle restait là, étendue sur l'herbe, une fleur écarlate à la hanche.
"Oh, non non non non non non !"
Thaïs se jetta sur le corps inerte de Polymnie. Voilà pourquoi les filles avaient les larmes aux yeux, pourquoi elles ne s'étaient pas montrées à son arrivée; la muse de la rhétorique gisait dans son sang, froid depuis plusieurs heures.
Une rage froide envahit Thaïs, déformant son visage en un rictus qui dévoilait son âge sous ses traits juvéniles. Elle prit délicatement la main de Clio et usa de toute sa volonté pour rester calme:
"Montre moi ce qu'il s'est passé!"
Des flashs successifs d'images floues envahirent l'esprit de Thaïs: deux silhouettes dans l'ombre de la végétation, une lame acérée, la panique des filles courant en tout sens; et un visage: celui de Thaïs.
C'était bien son visage qu'elle avait vu, mais ce n'était pas elle. Les lèvres étaient violettes, le maquillage grossièrement appliqué et vulgaire (du moins de son point de vue) et l'expression de haine et de mépris n'était clairement pas la sienne. Et puis il y avait aussi cette spirale noire qui revenait a plusieurs reprises dans les visions que lui transmettait la muse de l'histoire.
C'est en courant qu'elle prit le chemin de la maison, mais sa colère s’amenuisait au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de la maison. Le pérégrin endormi dans sa chambre était tellement paisible que lorsqu'elle arriva enfin sur le seuil de sa chambre, sa colère s'était presque muée en simple agacement; conséquence du lien de leur Nómos.
Elle s'approcha calmement du lit:
"Grayle... Grayle, réveille toi."
Elle grimpa à califourchon sur son partenaire, prit ses épaules en main et le secoua doucement.
"Grayle, s'il-te-plaît!"
Elle observait son visage si paisible et heureux et s'en voulu presque de le réveiller. La mélodie était calme et appaisée, les notes sereines et chaleureuses. Ses petites mains glissèrent de ses solides épaules vers sa poitrine qu'elle se mit à caresser. Envolées la colère, la peur, le sentiment d'urgence; la petite immortelle se faisait envahir par les rêves érotiques de son alter-ego et plus rien n'eut d'importance quand elle sentit le membre viril de son compagnon se durcir sous elle.
"Grayle!"
Elle s'était mise à faire des mouvements de va-et-vient, sa vulve frottant contre le sexe encore humide de Grayle et celui-ci ouvrit enfin les yeux quand sa verge pénétra à nouveau l'intimité de Thaïs.
-
Lorsque Thaïs avait muettement signalé le début d'une trêve, Grayle n'avait pas résisté, ni protesté. Avec une sincérité presque adolescente, les deux immortels avaient longuement fait l'amour sur le lit, sans songer un seul instant à faire de pause ou même changer de position. Encore et encore, Grayle s'était enfoncé en Thaïs, au point que le matelas lui-même était légèrement enfoncé en son centre, épousant la silhouette fluette de la jeune fille. L'épuisement de l'un influençait celui de l'autre, et, allongé sur le dos dans le lit poisseux et puant, sans la présence de Thaïs auprès de lui, Grayle s'endormit presque instantanément.
Un doux sourire aux lèvres, plus heureux qu'il ne l'avait été depuis longtemps, le jeune homme rêvait, inconscient du drame qui s'était joué à l'extérieur de la maison. Ses songes l'amenèrent chez lui, à Arcadia, là où sa famille travaillait inlassablement les champs. D'immenses étendues de blé dorés s'étendant à perte de vue, sur un sol plus fertile qu'aucun autre dans l'univers. Sa famille était autour de lui, mais leurs visages étaient flous et indéfinis. Depuis les siècles, il avait oublié à quoi ils ressemblaient. Ça n'avait aucune importance. Le soleil, les champs, le ciel bleu, les animaux de la ferme, tous étaient là.
Une jeune fille vint à sa rencontre. Il la reconnu instantanément. Thaïs lui souriait, habillée d'une belle robe de mode Arcadienne. Il s'enlacèrent, s'embrassèrent, avec tendresse. Ses lèvres étaient douces, et il poussa un lent soupir lorsqu'il senti une main coquine se glisser contre son pantalon. Doucement, les rêves de Grayle se teintèrent d'érotisme, influencés par les souvenirs de ses dernières actions.
Au loin, il vit un nuage blanc se griser et tonner, annonçant un orage. Grayle fronça les sourcils. A Arcadia, les précipitations n'existaient pas en plein jour, et ne se déroulaient que la nuit, lorsque ses habitants dormaient, afin qu'ils ne connaissent que le ciel bleu. Quelque chose n'était pas normal. Réalisant ceci, son cerveau comprit qu'il rêvait, et, peu à peu, le rêve se délita, pour laisser place à la réalité.
" Grayle, s'il te plaît ! "
Une douce voix était en train de l’appeler... il cligna des yeux, encore un peu sonné. Il poussa un bâillement, qui se mua en un soupir de plaisir lorsqu'une sensation familière envahit son corps : celle de sa verge enfoncée dans les entrailles de Thaïs.
- Th.. Thaïs ?
Thaïs était au-dessus de lui, cette fois entièrement nue, le chevauchant au début lentement, puis avec une vigueur renouvelée, le visage déformé par le plaisir. Voir son corps enfantin se mouvoir de manière aussi adulte l'excitait de façon perverse, et, par réflexe, ses mains vinrent se saisirent des hanches, puis des seins de Thaïs, pétrissant ces derniers avec envie et jouant avec leurs mamelons.
- A... ah ! Thaïs... hm...
Il avait envie de prendre le contrôle, de la capturer entre ses bras, de la ravager sous ses assauts, mais il se contenait, laissant l'immortelle prendre le contrôle, fasciné par les mouvements lascifs de Thaïs qui montait et redescendait contre lui comme si sa vie en dépendait. Au sein d'elle, l'immortelle pouvait sentir à quel point la verge de Grayle était dure et brûlante et mesurer le désir colossal qu'elle suscitait chez lui. Alors qu'il ondulait doucement pour accompagner ses mouvements, son sexe avide déformant ses chairs, les mains avides de Grayle exploraient son corps nu, venant caresser ses joues, ses lèvres, ses bras puis ses mains. Les yeux bleus du pérégrin allaient de la poitrine -terriblement mignonne- de Thaïs à son visage.
- Thaïs !
Mais en contemplant ce dernier, entre les expressions de plaisir de sa partenaire, il décela quelque chose, comme une fausse note, une subtile erreur presque imperceptible au milieu d'une symphonie. Il se souvint de son rêve et des nuages. Toujours étendu sous elle, il redressa son torse, faisant ressortir ses abdominaux sous l'effort.
- Thaïs...
Redressé, il avait son visage juste en face de Thaïs. Il l’enlaçait, gémissant de plaisir à chaque fois que son petit corps s'empalait encore une fois sur son vit. Ses mains caressèrent le bas du dos et les cheveux de Thaïs, qu'il embrassa avec maladresse, avant de lui demander.
- Thaïs... est ce que... tu vas bien ?
-
Les rayons du soleil, traversant les stores vénitiens de la baie vitrée, vinrent zebrer les courbes délicates de Thaïs. Un oeil s'ouvre, puis l'autre, alors que la jeune immortelle tente avec grand mal de retrouver ses esprits.
Un fort sentiment de déjà-vu l'envahit alors qu'elle écarte le bras de Grayle pour s'étirer.
Elle baille à s'en décrocher la mâchoire puis s'assoit au bord du lit, ses petits pieds touchant à peine le sol.
Ses yeux papillonnent alors qu'elle tente de mettre de l'ordre dans ses pensées chaotiques.
Tout se bouscule dans sa petite tête, et son incapacité maladive à s'attarder sur un sujet lui donne bien du mal. Elle repense à Eklektikos, au genocide, aux portails qui se comportent de manière étrange, au sexe de Grayle, à ses muses, se demande le temps qu'il fait dehors, s'interroge sur le lien entre les immortels et le multivers, tiens je mangerai bien une banane, mais quand même c'est fou comme ça a changé Ereshkigal, c'est quoi cette odeur?, Oh, un smoothie j'ai trop envie d'un smoothie, le sexe de Grayle et son torse musclé, il fait jour il y a l'air d'y avoir du soleil, son sourire bienveillant aussi, un smoothie à la banane!, mais c'est moi qui sent comme ça?
Elle bondit soudainement et se dirige vers la cuisine alors qu'une longue coulée de sperme épais coule le long de sa cuisse menue.
Le smoothie avalé puis après une bonne douche, Thaïs se dirige vers le salon aux portails: Une grande pièce octogonale chaleureuse flanquée de quatre canapés colorés orientés vers l'extérieur et quelques méridiennes. Tout autour, les murs sont parsemmés de portes aux styles éclectiques et de baies vitrées offrant des vues toutes différentes, comme des écrans diffuasnt des programmes sans aucun rapport.
Chacune de ces ouvertures dans les murs est un portail donnant sur un autre monde.
Thaïs reconnaît les plaines de Varia avec leurs longues herbes vert pâle qui ondulent sous le vent, le ciel flamboyant au-dessus du lac de Mijarque reflêtant des étoiles à n'en plus finir, les rues animées de New York vues au travers de la vitrine d'une boutique de l'East Village; et c'est à cet instant qu'elle s'arrête. Une porte qui ne devrait pas être là attire son regard.
C'est une porte en bois sombre vermoulu, recouverte de lierre et de mousse.
La poignée en laiton oxydé est froide au toucher et la porte grince sur ses gonds, s'ouvrant difficilement.
Un brise fraiche, porteuse d'odeurs d'humus et de pin accueille Thaïs. Ses yeux parcourent rapidement le décor verdoyant qui s'offre à ses yeux; une forêt touffue de chênes et de résineux obstruant partiellement le lumière du soleil excepté pour quelques zones donnant une impression de projecteur braqué comme pour mettre en valeur des détails de la nature. Plusieurs de ces zones dévoilent des ruines anciennes d'un temple abandonné, dévoré comme le porte par la mousse et le lierre.
Thaïs avance de quelques pas, profitant de l'agréable sensation des ses petits pieds nus sur le sol moelleux recouvert d'humus, d'herbe et de feuilles.
L'oreille aux aguets, elle tente de s'imprégner de l'ambiance de ce nouveau lieu. Pourtant, pas un bruit, pas un insecte, pas un animal, pas d'âme qui vive de toute évidence.
Elle se met à gambader, fredonnant en grec tout d'abord puis chantant à tue tête, oubliant toute mesure de précaution.
Après un bon quart d'heure, elle arrive à un petit sentier sur lequel on peut apercevoir quelques pavés ça et là, signes d'une ancienne activité. Un petit carrefour près d'un puit lui offre l'opportunité de s'accorder une pause rafraîchissante et c'est alors qu'elle entend le premier son: comme un bruissement parmi les fougères.
Sans s'inquiéter le moins du monde, Thaïs curieuse comme un furet se précipite vers les fougères avant de se prendre le pied dans une racine et de s'étaler de tout son long, face la première dans les fougères.
Elle recrache quelques morceaux de terre en râlant quand quelque chose effleure sa cheville. Quelque-chose de chaud et humide. Ou non, plus visqueux qu'humide. Elle sursaute et se retourne, à présent à quatre pattes dans les fougères laissant juste sa tête dépasser.
"C'était quoi ça ?"
A peine le temps de regarder autour d'elle qu'elle se fait enserrer les poignets. Chaud et visqueux, à n'en pas douter, quelque chose vient de s'enrouler autour des ses avant-bras, serrant suffisament fort pour ne lui laisser aucune marge de manoeuvre. Dans la panique elle essaie de se libérer, mais c'est à présent ses chevilles qui sont fermement maintenues.
Elle était loin de se douter, ni même de s'en inquiéter d'ailleurs, qu'un évènement avec une curieuse ressemblance venait de se dérouler à l'autre bout du multivers dans sa chambre.
Grayle venait de se réveiller avec la désagréable surprise de trouver ses chevilles et ses poignets entravés par des liens en cuir aux quatre coins du lit. Au pied du lit se tenait Thaïs, les mains sur les hanches et un air de défi matiné d'un sourire mesquin. Ses levres arboraient un rouge a lèvres violacé appliqué approximativement.
"Bonjour éternel! Tu ressemble beaucoup à quelqu'un que je connais !"
Elle commença à grimper sur le lit, comme une panthère, un air carnassier dans le regard.
"Je veux te connaître toi aussi, je vais t'appeller Guldo, et quand on se connaîtra mieux tu me suivra en laisse."
Elle fit une pose, cherchant à se gratter l'oreille avec le pied puis réalisant qu'elle n'en était pas capable, secoua la tête et hocha les épaules.
"Vous m'avez fait courir toi et la folle! J'aime pas courir!"
Encore quelques mouvements et la voilà à quatre pattes entre les jambes du pérégrin.
-
Elle ne lui avait pas répondue. Thaïs, empalée sur sa verge, lui avait rendu caresses et baisers, avant de le plaquer contre le lit, presque agressive dans son amour. Toute inquiétude, résistance ou méfiance de Grayle avait été balayée et, leurs désirs enchaînés l'un à l'autre, les immortels firent l'amour, avant de s'endormir l'un contre l'autre, temporairement repus, peau contre peau et emmitouflés dans des draps poisseux de sueur et de semences. Il ne réalisa que vaguement qu'elle s'était détaché de lui, fuyant la pièce pour la deuxième fois alors qu'il y restait allongé.
L'esprit brumeux de Grayle capta qu'elle se douchait. Pour la... la deuxième fois ? Lui, depuis leur arrivée ici, n'avait pas quitté le lit. Il était poisseux et puant, son odeur virile embaumant les draps. Ne ressentant que la tranquilité de sa compagne, Grayle s'endormit une seconde fois.
Au réveil, Grayle cligna les yeux, sa vision brouillée par la fatigue. Il vit une petite silhouette sur le lit, proche de lui, le fixant avec envie.
- Oh, Thaïs...
Il essaya de se relever, mais n'y parvint pas. Après de longs efforts, bandant ses muscles, il réalisa qu'il était attaché au jeu. Il ria, un rire clair et fort. Il ne savait pas la pérégrine aussi perverse. Jusqu'ici, leurs ébats, aussi puissants et langoureux qu'ils étaient, n'avaient été que très classiques.
"Bonjour éternel! Tu ressemble beaucoup à quelqu'un que je connais !"
La voix sonnait exactement comme Thaïs. Elle ressemblait exactement à Thaïs. Mais Grayle compris, instantanément, qu'elle n'était pas Thaïs. Les lèvres violettes de l'inconnue trahissait sa nature de doppelgangër. Féline, elle avançait vers lui avec souplesse, tellement cambrée qu'il pouvait voir ses fesses se dandiner.
- Vous êtes qui ?
Sa voix était agressive, accusatrice. Les sourcils froncés, Grayle serait probablement intimidant s'il n'était pas nu comme un vers et attaché au lit.
"Je veux te connaître toi aussi, je vais t'appeller Guldo, et quand on se connaîtra mieux tu me suivra en laisse."
- Va chier. Où est Thaïs ?
L'anxiété le rongeait. Sa situation - être ligoté en présence de cette inconnue au visage si semblable à celui de sa partenaire - le mettait profondément mal à l'aise. Son inquiétude se transforma en terreur quand il réalisa qu'il ne percevait plus la présence de Thaïs à travers leur lien. Était-elle sans vie ? L'avait-on kidnappée ? Avait-elle perdu conscience ? Lorsque "l'autre" se gratta l'oreille comme une chienne, il la regarda avec des yeux ronds. Cette fille semblait complètement folle. Et qu'elle ressemble à son aimée était d'autant plus troublant.
- Libérez moi ! Il se remit à essayer de s'enfuir, sans succès, ses poignets devenant rouges.
L'autre Thaïs le gifla.
- Vous m'avez fait courir toi et la folle! J'aime pas courir! Elle s'était installée entre ses jambes, tirant les draps, révélant la verge du pérégrin.
- Tu schlingue... ca pue le sexe ici ! Vous êtes vraiment des dégénérés. Mais...
Elle retira son haut, exposant à la vue de Grayle une belle petite poitrine ronde, en tout points semblables à celle de Thais...
- Je dois avouer que c'est plutôt excitant... Pendant qu'on s'occupe d'elle, je vais m'occuper de toi...Ses doigts fins caressèrent son sexe, et, malgré toute la résistance mentale de Grayle, la vision de voir son alter ego le masturber fut irrésistible. En quelques instants, il se mit à soupirer, son sexe épais se gonflant alors que l'autre se léchait les babines, caressant un de ses tétons en lui tirant la langue.
- Tu es à moi maintenant... tu peux oublier l'autre...
- Jamais ! Espèce de... hurrrrh.
La jeune fille, lui lançant un regard enflammé et menaçant, avait déjà englouti sa verge, jusqu'à la base, le pompant comme si sa vie en dépendait. Lâchant un râle de plaisir, Grayle, secoué par le désir et de multiples émotions contraires, essayait de trouver un moyen de se tirer d'affaire...
Et il n'était pas le seul dans une mauvaise situation.
Car, du côté de Thaïs, la vraie, celle qu'il aimait, les événements ne se déroulaient guère mieux. Prisonnière, l'immortelle pouvait voir que quatre tentacules gluants et épais s'étaient saisis de ses bras et jambes. Ses gestes se révélèrent bien vites inutiles lorsque les membres visqueux s'enroulèrent doucement autour de ses muscles, remontant lentement vers son torse. La bave qu'ils laissaient picotaient doucement sa peau, et bien vite, tout son corps se retrouva harcelé par cette étrange sensation, comme si elle avaient des fourmis sur tout le corps, rendant son corps plus amorphe, diminuant ses sensations.
Le tentacule autour de sa jambe droite se glissa doucement sous son short, pressant contre, puis sous sa culotte, continuant son chemin pour se glisser entre ses deux fesses, avant de s'enrouler autour de son bassin, se glissant sous son t-shirt. Ses lents mouvements de va-et-vient le pressait avec force contre ses lèvres intimes et son clitoris, bien vite visqueux à cause de la bave, qui se mélangèrent au sperme du pérégrin...
Ceux attachés à ses bras n'étaient pas en restes, glissant sous les bretelles de son haut, caressant les dessous de ses bras. Toujours plus longs, toujours plus chauds, ils saucissonnaient son corps. L'un fit sauter une des bretelles de son haut, dévoilant ses petits seins, qui furent immédiatement la cible du tentacule, pressés et pétris par ce dernier, comme s'il les léchait. L'autre, plus menaçant, entoura doucement son cou, rendant toute respiration difficile, avant de s'engouffrer dans sa bouche, comme pour faire taire ses cris et plaintes. A ce moment, Thaïs pouvait réaliser que la bave laissée par les tentacules, était délicieusement sucrée...
-
Thaïs réprima un haut-le-cœur lorsque le tentacule s’enfonça plus profondément dans sa gorge, comprimant sa luette. L’effet anesthésiant du mucus fit rapidement son œuvre, propageant une sensation de picotement jusque dans son pharynx, atténuant la nausée… mais pas la détresse. Son corps trahissait sa volonté, réagissant aux substances sécrétées par la créature comme un pantin dont on aurait coupé les fils. Elle sentait sa gorge se contracter par réflexe autour de l’intrus, l’empêchant de respirer correctement. Son cœur battait à tout rompre, envoyant des décharges paniquées à son cerveau tandis que ses poumons peinaient à capter l’air dont elle manquait cruellement. Elle aurait voulu tousser, recracher, mais sa propre chair lui faisait défaut, engourdie par le poison visqueux. Ses muscles s’alourdissaient, sa perception devenait floue, chaque seconde l’enfonçant un peu plus dans un état de vulnérabilité totale. Si cela continuait, elle finirait perdre connaissance.
Elle tenta de se débattre, de se soustraire à l’étreinte poisseuse des appendices, mais ses mouvements étaient désespérément vains. La pression exercée par les tentacules surpassait largement sa force, et le mucus paralysait peu à peu ses muscles, la réduisant à l’état de poupée désarticulée. Son corps, privé de toute résistance, se laissait ballotter au gré des assauts de la créature. Seuls ses yeux, embués de larmes, et ses doigts crispés, s’ouvrant et se refermant nerveusement comme ceux d’un patient terrifié sur le fauteuil d’un dentiste, trahissaient encore sa conscience.
Puis vint l’instant fatidique.
Ses jambes, jusque-là repliées dans un dernier sursaut d’instinct, furent lentement écartées. L’entrave était implacable, méthodique, brisant toute tentative de résistance. Les tentacules s’enroulèrent fermement autour de ses cuisses, les étirant avec une lenteur perverse, forçant la jeune femme à exposer son intimité à la menace qui la surplombait. Son souffle, déjà erratique, s’accéléra en une série de spasmes paniqués. Chaque nerf, chaque parcelle de son corps encore capable de ressentir l’alerte, lui criait de lutter, mais ses muscles ne répondaient plus. Un frisson glacial parcourut son échine lorsque l’un des appendices effleura la peau sensible de son entrejambe, traçant des arabesques moites sur son épiderme. Puis, sans prévenir, il s’insinua en elle. Pas de brutalité soudaine, pas d’attaque franche—juste une pression inexorable, une progression lente et invasive contre laquelle elle était impuissante.
Et c’est alors qu’elle le sentit.
Sous sa main droite, un contact familier. Son Krùstal.
Une étincelle d’espoir traversa le brouillard de son esprit. Il lui fallut un effort surhumain pour refermer ses doigts engourdis autour de l’objet, un autre pour activer le mécanisme. Ses pensées, vacillantes, se concentrèrent sur un réglage qu’elle n’avait jamais osé tester. Elle n’avait pas le choix.
Un frémissement.
Une vibration.
Puis un arc électrique fendit l’air dans un crépitement assourdissant.
Les chairs brûlèrent sous l’onde de choc. Les tentacules se crispèrent violemment, contractant tous les muscles qu’ils enserraient. Thaïs aussi fut secouée par la décharge, son propre corps se raidissant sous l’intensité de l’attaque. Si elle n’avait pas été immortelle, elle serait morte à cet instant précis.
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La sosie de Thaïs relâcha le pénis de Grayle avec un bruit de succion net, levant les yeux vers lui, un éclat audacieux dans le regard. Un goût amer et salé envahisant sa langue.
"Je suis désolée, mais Thaïs est occupée pour le moment. Merci de ne pas laisser de message, je ne suis pas un répondeur" dit-elle, la voix teintée de provocation, un sourire en coin.
Elle se redressa, se positionnant accroupie sur lui, les mains autour de son membre. Ses ongles vernis se plantèrent délicatement dans la peau fragile, une pression croissante qui fit naître un frisson sur sa peau.
"Moi, c'est Thanélïs. Enfin, je crois..." ajouta-t-elle d'une voix plus basse, comme si cette information l'importait peu, murmurée presque pour elle-même.
"Thaïs a fort à faire pour l'instant. Elle est.. empétrée dans une facheuse situation. Quant à te libérer, non, je ne crois pas. Tu es mon jouet, pourquoi te laisser partir ?"
Ses doigts glissèrent lentement le long de son sexe, jouant de manière distraite, amplifiant le frisson d’une tension palpable.
"Alors, pourquoi nous suivez-vous, toi et ta... folle ?" continua-t-elle, ses yeux brillant d'un éclat moqueur.
Elle s’approcha enfin, ses yeux se plantant dans les siens, leurs nez se frôlant dans une proximité dérangeante. Au cours de la manoeuvre, sa vulve chaude et humide avait glissé le long de la verge du pélerin, insuflant une énergie nouvelle dans le membre déjà trop socilité.
"Si vous voulez mettre la main sur le Knuff, il va d'abord falloir me passer sur le corps." dit-elle avec un sourire énigmatique.
L’ironie de la situation n’échappa pas à Grayle : il était loin d'avoir les moyens d'inverser la situation pour le moment.
C'est alors qu'elle décida de changer de position: elle pivota, tournant le dos à Grayle et s'appréta à faire entrer son sexe en elle; mais dans ce mouvement, quelque chose attira son attention. Les liens qui le maintenaient n'étaient serrés que par de vulgaires boucles, comme des noeuds de lacets. Hors il lui suffisait de tirer sur la boucle pour libérer ses poignets.
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Toute résistance dans l'esprit du pérégrin fut anéanti lorsque l'intruse, cette dénommée Thanélis, s'empala sur lui. Son intimité était similaire à celle de Thaïs : étroite, humide, brûlante, et effroyablement plaisante. La sensation fut telle qu'il eu un sursaut, alors que, dans un soupir de plaisir, la jeune fille se rehaussait pour s'empaler une seconde fois. Elle se mit à jurer comme une charretière.
- Putain qu'est-ce t'as une bonne bite Grayle ! s'exclama-t-elle en rugissant, profitant de la verge dressée. Malgré sa rébellion, Grayle n'avait en effet été qu'un jouet entre ses lèvres et l'homme serrait les dents en râlant d'un plaisir forcé contre lequel il était incapable de lutter. Il ne doutait pas qu'elle pourrait en effet faire de lui son jouet, et se concentrer sur autre chose que le corps féminin se trémoussant sur lui devenait de plus en plus dur.
Il ferma les yeux, avant de les rouvrir, essayant de se concentrer sur autre chose et d'ignorer le bruit spongieux de sa verge s'introduisant dans cette intimité étroite, des gémissements de plaisir de la jeune fille, des craquements mous du lit. Le lit de Thaïs. Ou était-elle ? Il ne la sentait plus. Etait-il seul ? Allait-il réellement se retrouver isolé, comme il l'a été pendant des siècles, sans jamais sentir un autre cœur que le sien battre ? Quelques larmes de colère coulèrent de son visage alors qu'il serrait des dents, essayant de tirer sur ses liens...
Ils cédaient. Bandant ses muscles de toutes ses forces, il tira encore plus viollement, au point de faire saigner son bras, et vit avec joie qu'ils étaient moins solides qu'il ne l'avait craint. Mais il devait rester discret, où elle se rendrait compte de sa manœuvre et le lui ferait payer. Il devait lutter à sa manière...
Se cambrant, il pénétra la jeune fille avec violence, qui poussa un cri de plaisir.
- Ah, enfin tu t'y met Brave chien... encore ! Montre moi ce que tu sais faire... han, han, han !
Les cris perçants de Thanélïs résonnaient de plus en plus fort dans la villa, alors que Grayle grognait. Elle disait qu'ils la suivait... avait parlé de Knuf... qu'est ce qui se passait ici ? Grayle était complètement perdu, et un frisson de plaisir le fit convulser, alors qu'un coup de bassin de l'alter-ego, plus vif que les autres, avaient été à deux doigts de le faire exploser.
Et puis, soudainement, l'écho de Thaïs revint.
Il pouvait la sentir. Toute proche. Elle était revenue ! Ou qu'elle fut "empêtrée", il ressentait les ondes de sa présence, de son existence. Tout près, à quelques mètres ! Son coeur était agité, inquiet, mais puissant et plein de vie. Il du se retenir de l’appeler à l'aide, afin de ne pas trahir sa présence. A deux contre Thanélïs, sûrement, ils pouvaient vaincre ! Il continua de tirer sur ses liens. Ils étaient presque détachés... maintenant, il fallait juste attendre le bon moment... il fallait juste...
- Ah...
Grayle poussa un râle de plaisir, à quelques secondes d'éjaculer, complètement vaincu par le rythme soutenu imposé par la jeune fille au-dessus de lui. Les sensations de Grayle se répétèrent en écho à Thaïs, qui, à peine entrée, pouvait comprendre que son compagnon était en plein coït, et ressentir en elle les vibrations de sa luxure. Lorsqu'elle entrera dans la pièce, elle pourra voir son compagnon, allongé sur le lit, attaché, et sur lui, une quasi-jumelle, en train de s'empaler avec langueur...
-
Thaïs se réveilla, nue, allongée sur un tapis d’humus encore tiède sous les fougères d’une clairière obscure. Autour d’elle, les restes fumants de tentacules calcinés dégageaient une odeur amère, presque métallique. La brume lourde qui glissait entre les troncs semblait vivante, et un silence oppressant régnait, brisé seulement par quelques craquements étranges.
Il lui fallu un moment pour reprendre ses esprits et rejoindre le portail par lequel elle était arrivée. Son instinct lui soufflait qu'elle était tombée dans un piège, et si c'était le cas pour elle, il se pouvait fort bien que ce soit aussi le cas pour Grayle.
Le passage du portail lui fit l'effet d'une douche froide: ce fut un déferlement. Le lien avec le pérégrin s'était rétabli au retour dans la même dimension. Un torrent de sensations dévora son esprit sans prévenir : la chaleur étouffante d’un corps serré contre un autre, des frissons nerveux courant le long de son échine, des vagues de plaisir contraint et brûlant qui ne lui appartenaient pas… chaque soupir, chaque mouvement de hanches, chaque râle de Grayle résonnait en elle, vibrant comme si elle-même était attachée sur ce lit, offerte, vulnérable et conquise. Son cœur battait la chamade à s’en étourdir, ses cuisses tremblaient sous des spasmes involontaires et son souffle s’accéléra sans qu’elle puisse le contrôler. Le plaisir de Grayle devenait le sien, décuplé par l’écho mystique de leur lien. Le mélange de peur, de confusion, et d’un désir irrésistible d’intervenir la submergeait presque jusqu’au vertige. Elle sentit ses joues rougir, son ventre se contracter sous cette vague envahissante, et ses larmes montèrent, mélange d’angoisse et d’une excitation coupable.
Thaïs avançait lentement, les pieds nus effleurant maladroitement le parquet tiède.
Elle savait qu’elle devait agir. Rapidement.
Elle entrouvrit la porte de la chambre... et ce qu'elle vit la fit écarquiller les yeux : Grayle, entravé, haletant, et cette étrange quasi-sœur, Thanélis, qui ondulait sur lui avec un abandon bestial.
"Oh..." souffla-t-elle, la main portée à ses lèvres.
Son premier réflexe aurait pu être de hurler, ou de pleurer. Mais Thaïs était Thaïs. Elle inspira doucement. Il y avait une solution quelque part.
Et puis elle ressenti le soulagement de Grayle, son bonheur de la voir à cet instant... ainsi que l'orgasme qui montait, puissant, comme une vague prête à l'engloutir.
Thais tomba à genoux, perdant la maîtrise de ses jambes qui tremblaient de manière incontrôlée. Un rale sourd s'échappa de ses levres.
Thanelis se retourna alors brusquement, détournant son attention de sa monture...