Elle entendit les coups de feu au loin, signe qu’elle se rapprochait de sa proie. Les raiders... Ils étaient dans les Badlands une plaie constante. Les pillards du désert... Personne ne savait vraiment d’où les raiders venaient. Des clans hirsutes, sauvages, vivant dans le désert, et se nourrissant des raids, de pillages, de meurtres, d’esclavages et de viols, d’où leur nom. Les raiders... Ils pullulaient dans les Badlands, faisant commerce avec les barons du crime, les seigneurs de guerre, les narcotrafiquants et les trafiquants d’armes. Et, naturellement, ils étaient joyeusement versés dans le trafic d’esclavage. Jadis, cette région avait été une zone prospère, quand Tekhos avait investi dedans pour y mettre des colonies et des bases militaires. Mais, quand les Formiens avaient envahi ce monde, la zone avait été désertée, militaires et civils partant pour revenir s’installer dans d’autres régions tekhanes. Il restait donc beaucoup de villes-fantômes, de casernes abandonnées, de bunkers souterrains, soit autant de merveilles pour les raiders.
Lady Rawhide traquait l’un de ces clans, des individus qui attaquaient des caravanes de nomades ou de petits villages afin de se doter d’esclaves, leur mettant des colliers explosifs autour du cou, et les faisant ensuite travailler dans des décharges ou dans de redoutables mines, où ils risquaient chaque jour leur vie contre les putréfacteurs et les monstres nécrophages vivant là-dedans... Une existence bien similaire à celle que la jeune femme avait mené dans son passé, à la Fosse du Diable.
*J’y suis...*
Dadreas... Une petite ville de ferrailleurs et de mineurs, qui vivaient à l’orée de la Mer Blanche, ou du Grand Désert Blanc, selon les dénominations choisies. Esperanza vit la bataille depuis une falaise en hauteur. Des cadavres gisaient sur le sol, et les raiders attaquaient la ville depuis leurs chevaux, tournant autour, usant de carabines, de fusils, et de pistolets. En un sens, les villageois étaient chanceux, car ce n’était que l’avant-garde. Connaissant leur mode d’attaque, ils avaient dû ordonner à plusieurs éclaireurs d’aller vers leur camp principal, afin d’amener des armes plus lourdes. Esperanza repéra notamment un chariot de poudre, et hocha lentement la tête.
*Okay... Voilà une bonne approche...*
Délaissant son cheval, la femme descendit un chemin la rapprochant de Dadreas, et se laissa tomber en contrebas, avançant dans le sable, pour se rapprocher du chariot de poudre. La plupart des raiders étaient à côté, tirant sur les villageois, récupérant leurs munitions ici.
*Trouve un angle de tir dégagé...*
Lady Rawhide, prudente, s’abrita derrière l’un des murs entourant l’accès au village, et visa le chariot avec son Colt... Puis fit feu.
*BOOOOOOOOOOOOOOOOOOMMMM !!!*
Le chariot explosa joyeusement, Esperanza, profitant de l’explosion, s’approcha alors, et fit feu, usant de son effet de surprise pour éclaircir les rangs des ennemis, avant de filer se réfugier dans la ville, quand ces derniers répliquèrent en lui tirant dessus. Elle bondit par une fenêtre, pénétrant dans une petite maison longeant la structure principale, et se redressa, tirant à travers la fenêtre, abattant d’un tir en pleine tête un raider qui l’avait poursuivi, torse nu, hurlant en brandissant une machette.
Les villageois n’étaient désormais plus seuls pour repousser les raiders, mais est-ce qu’une seule femme allait pouvoir changer le cours du siège ?
Esperanza ne pouvait que l’espérer...
Pendant qu’elle avait grandi dans « La Fosse du Diable », Esperanza s’était entraînée à tirer. Dans cette mine, les mineurs étaient abandonnés à eux-mêmes, et devaient se battre contre les créatures vivant dans les mines : les putréfacteurs, les goules, ou même de simples radcafards, des cafards qui sortaient de vieux bunkers militaires tekhans, et qui s’étaient dispersés dans toute la région. Dans sa petite maison, Esperanza vit plusieurs raiders se rapprocher, lui tirant dessus avec des carabines et des pistolets, la contraignant à rester à l’abri. Les balles fusaient à travers certains passages du mur, et elle entendait les raiders parler furieusement entre eux... Puis l’un d’eux dégoupilla une grenade, et la lança. Un lancer très précis, et Esperanza vit la grenade rebondir sur le sol.
*Oh merde !*
Esperanza écarquilla les yeux, et fila par la porte arrière, l’ouvrant d’un coup de coude, ce qui la conduisit dans une ruelle latérale... Puis la grande explosa, et la déflagration la souffla, l’envoyant heurter une autre maison, de la poussière filant dans tous les sens. Clignant des yeux en se mettant à éternuer, Lady Rawhide se redressa. Ses oreilles sifflaient, sa vision était trouble, et elle se maintint contre le mur, tout en sachant pertinemment que son temps était très réduit. Les raiders allaient la poursuivre. Sur sa droite, elle pouvait voir le bâtiment central, où les coups de feu continuaient à s’échanger.
Lady Rawhide s’avança à travers les ruelles du quartier nord-est de Dadreas, et entendit des bruits de sabots. Des renforts ennemis venaient d’arriver depuis une autre partie de la ville, et elle comprit vite qu’elle allait être encerclée. La jeune femme n’attendit guère longtemps, et lança son fouet vers un toit proche, et grimpa rapidement, en se hissant, puis bondit s’abriter derrière le muret d’une terrasse sur le toit.
« Où qu’elle est ? grogna un raider.
- Où qu’est qui ?!
- La salope qui a fait péter notre stock de munitions et de poudre !
- Celle qui a attaqué nos hommes près de l’armurerie ?
- ’Faut qu’on les nique ! »
Silencieuse, Esperanza les écoutait, les surveillant discrètement. Il y avait une demi-douzaine de tueurs en contrebas, ce qui était trop, même pour elle. Elle les laissa donc se déplacer, n’en laissant plus qu’un. Esperanza sortit un couteau de lancer de sa ceinture, et attendit un peu, puis le lança, l’arme venant se nicher dans sa tête. Lady Rawhide sauta ensuite au sol, et récupéra son couteau, puis s’avança prudemment, en étouffant ses bruits de pas.
Elle fila dans un espace entre deux maisons, où un raider canardait les fenêtres depuis sa position, à l’aide de deux Colts. Elle s’avança lentement, et bondit sur lui, venant enfoncer la dague dans ses côtes, posant sa main sur sa bouche.
« Urgh ! »
Le tueur écarquilla des yeux avant de faiblement se débattre, et Esperanza maintint le couteau, jusqu’à voir l’homme s’écrouler sur le sol. Cependant, dans son dos, un raider se rapprocha, tenant un fusil à canon scié, et la visa... Mais Esperanza se retourna alors, et son fouet vint le frapper au poignet, faisant hurler l’homme, qui se reçut ensuite une balle en pleine poitrine, l’envoyant s’écrouler mollement sur le sol.
Esperanza se déplaça à nouveau, rebroussant chemin, et plusieurs balles la forcèrent à se replier, retournant dans la ruelle, près du cadavre du raider qu’elle avait planté.
Bien décidés à en finir, les raiders armaient des bâtons de dynamite, en visant le bâtiment dans lequel les miliciens s’étaient réfugiés...