Jusqu'à présent, la jeune Irlandaise n'avait fait que vagabonder dans des lieux déserts et sans intérêt. Elle avait du lutter contre la faim, la soif, la fatigue, le froid de la nuit et la chaleur insupportable du jour. Autant dire qu'elle était au bout du rouleau et perdait peu à peu l'espoir de retrouver Caelan. Maudissant pour la énième fois ce monde impitoyable et les Dieux qui l'avaient abandonnées, elle traversa une sorte de rivière boueuse et nauséabonde qu'elle longeait depuis des heures sans avoir trouver un seul pont ni passage praticable.
Trempées jusqu'à la taille elle se disait que ça ne pouvait pas être pire. Jusqu'à ce qu'il se mette à pleuvoir des trombes d'eau. Désormais dégoulinante de la tête aux pieds, éreintée, elle se laissa asseoir sur un vieux rocher et soupira, la tête entre les mains, complètement déprimée. Ce ne fut que lorsqu'elle commença à trembler de froid qu'elle se ressaisit et continuer tant bien que mal sa progression. Il pleuvait toujours, le vent s'était levé, mais après quelques kilomètres parcourus elle aperçut un chemin. Un vrai. De ceux présentant de nombreuses traces de passage et qui indiquait la présence d'une civilisation. Enfin !
Suivant cette voix vers ce qui lui semblait être le Nord, elle ne tarda pas à apercevoir une masse en mouvement un peu plus loin, venant dans sa direction. Essuyant l'eau qui coulait devant ses yeux d'un revers de la main elle reconnue un cavalier, puis deux, recouverts de longues capes noires les protégeant des intempéries. Des être humains ! Enfin !
Elle leur fit signe tandis qu'ils ne se trouvaient plus qu'à quelques mètres. Une fois à sa hauteur, ils stoppèrent les chevaux.
- Dieu merci, vous tombez bien. Je suis complètement perdue, je marche depuis des jours et... enfin auriez-vous l'amabilité de m'indiquer la ville la plus proche ?
On ne lui répondit pas, mais l'un des types se laissa couler hors de sa selle pour rejoindre le sol. Il sembla fouiller dans une sacoche accrochée à l'harnachement de sa monture et en sortit... une corde. Pendant ce temps, son acolyte toujours sur le dos d'un grand cheval baie, se posta dans son dos. Ïrika sentit son cœur s'affoler. Ça ne sentait pas bon du tout ça. Pour une fois qu'elle croisait quelqu'un, il fallait qu'elle tombe sur des bandits ! Quelle guigne ! L'homme tenant la corde commença à s'approcher et émit un ricanement.
- Ne bouges pas, ma beauté. On va t'y emmener à la ville, ça oui. Et tu nous rapportera un joli paquet de fric.
Des chasseurs d'esclaves. Évidemment. Elle pivota pour essayer de fuir, mais tomba nez à nez avec les naseaux du cheval qui se mit à renâcler et à s'impatienter sur place, faisant claquer ses sabots sur le sol. Un obstacle suffisant pour permettre au cavalier de l'agripper par les cheveux et la maintenir dos contre le flanc de la bête. Ïrika poussa un grognement de douleur. L'homme à pied s'apprêtait à ligoter. Seulement ils avaient sous-estimé cette jeune femme qu'ils avaient pris pour une petite bécasse inoffensive.
L'Irlandaise se saisit d'une épée qui se tenait là, dans le fourreau accroché à la selle du canasson et fit siffler la lame devant elle d'un mouvement vif. Un gargouillement retentit tandis que les boyaux s'échappait du ventre ouvert du bandit qui, hagard, finit par vomir son sang et s'écrouler en agonisant.
Ïrika ne laissa pas le temps à l'autre type de réagir et brandit son épée au-dessus de sa tête, en arrière, dans l'espoir de transpercer son agresseur. Elle le loupa de peu, mais en tous les cas, il l'avait lâchée.
- Sale, petite pute ! Cria t-il.
Il essaya de sortit un poignard de sous sa cape, mais la jeune femme fit claquer sa main d'un coup sec sur la croupe de la monture qui se cabra violemment, faisant perdre l'équilibre à son cavalier qui s'écrasa durement dans la boue. Ïrika agrippa aussitôt les rennes de l'animal pour l'empêcher de fuir. Elle avait besoin d'un moyen de transport et si celui-ci se barrait, l'autre suivrait et elle se retrouverait de nouveau à pied comme une idiote.
Ceci fait sans trop de mal, elle pointa la lame de son épée contre la gorge du type un peu sonné.
- Bien. Maintenant tu vas me donner ton couteau et ta cape sans faire d'histoire.
Sauf qu'il décida de beugler et de tenter de lui lancer son arme en plein cœur. Ïrika n'eut d'autre choix que de lui enfoncer l'épée dans la gorge et de la trancher nette. Elle ferma une seconde les yeux. A l'insu de tous sauf de sa famille, on avait apprit à la princesse à se défendre et à se battre. Mais jusque là, elle n'avait jamais eut à tuer. Reprenant contenance, elle essuya la lame sur le pantalon du cadavre et la rangea dans le fourreau. Ensuite elle ramassa le couteau et vola la cape du bandit pour l'enfiler et se protéger ainsi de la pluie, même si elle était déjà trempée jusqu'aux os.
Ïrika enfourcha le cheval et s'approcha de l'autre pour l'attraper par la bride et l'obliger à suivre.
C'est ainsi qu'elle se retrouva dans cet auberge. Elle avait trouvé une bourse dans les affaires des bandit et s'en était servit pour se payer une chambre. Ainsi, elle avait pu acheter une tenue de voyageuse confortable, se prélasser dans un bain chaud et se décrasser. Ceci fait, portant sur elle l'épée et le poignard sur elle au cas ou, elle descendit dans la salle de restauration et commanda un bon repas chaud. Manger des mets aussi délicats la requinqua aussitôt. Enfin elle retrouvait un peu de confort ! Son assiette terminée, elle s'autorisa un verre de bière avant qu'une inconnue n'approche de sa table et ne lui propose de la recruter pour une mission. Ïrika la regarda avec un air surpris, puis répondit :
- Non merci. Je ne suis pas intéressée.
Elle devait retrouver Caelan. Elle n'avait pas le temps pour accepter un contrat de mercenaire.
Lorsqu'elle était arrivé en ville puis dans l'auberge, certains gars avaient reconnus les chevaux et avaient finit par en déduire ce qu'elle avait fait. Ca arrangeait beaucoup de monde que ces sales types soient morts, mais la demoiselle préférait quand même rester prudente.