Fiore avait maintenant son verre. Elle était parfaitement incapable de savoir quel en était la couleur ou la texture, mais rien que l’odeur était bon signe. Sa coupe prise en main, elle retenu que son amie lui avait légèrement frôlé la main. Pour quelle raison ? La rousse ne le savait pas et elle ne prit ce geste comme d’un contact simplet entre bonne compagnie. L’ambiance qu’elle avait perdue par le passé avait presque été totalement retrouvée, excepté le peuple entourant Sela. Mais ça, c’était plus compliqué à retrouver.
L’esclavagiste finit par répondre à sa question, d’une manière plutôt agréable. De plus, la Terranide avait presque put sentir un sourire se mélanger dans les mots de son amie. La dernière partie de ce dialogue se voulait plutôt précise, touchant à son histoire même. Certes, elle avait réussis les objectifs de l’époque, c’est-à-dire de se venger de l’armée Ashnardienne de trois façon différentes. Mais depuis, elle n’avait pas réellement d’objectif, si ce n’est celui de vivre en paix. Toutes ces guerres, cette formalisation au combat et avec l’ambiance parfaitement palpable qui se répandait autour d’elle comme une trainée de poudre déjà enflammait…. Tout ça, c’était lassant. Sela posa d’ailleurs une question quant au présent :
- Mais que fais-tu de ton temps libre, dis-moi ? Je sais que tu te caches d'eux. Et que sais comment te protéger. Mais avances-tu ?
La bretteuse ne répondit pas de suite. Elle se contenta de poser ses lèvres sur son récipient d’alcool, s’abreuvant lentement de son contenu, puis s’humecta les lèvres après avoir retiré ces dernières de là. Elle posa le verre, puis croisa ses mains :
- Tu sais, cela fait depuis bien longtemps que j’ai arrêté d’avancer. Même si j’ai fait de grands pas à une époque…
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L’armée lui avait tendu un piège. Elle n’aurait normalement jamais dut survivre à l’épreuve qu’on lui avait imposée dans cet endroit complètement perdu sur les cartes du monde. Mais elle l’avait fait et s’était emparée du médaillon tout en le dissimulant parfaitement aux yeux des autres. Du coup, ses supérieurs devaient trouver un autre moyen de se débarrasser d’elle bien proprement et quoi de mieux que la déclaration en duel provoquée par cette dernière à son supérieur pour étouffer une mort de façon naturelle ? Mais même ça, cela avait échoué. Fiore devenait réellement un problème et certaines personnalités hautement placées en dehors de l’armée devenaient de plus en plus méfiantes vis-à-vis des soldats.
La rousse avait élaboré un plan assez long à exécuter et plutôt risqué dans lequel elle avait placé toute sa vengeance complète. La première étape avait été un succès flagrant et elle l’avait réussi seule, mais pour la suivante, il lui fallait de l’aide.
Elle rechercha de manière très discrète une personnalité qui sortait du lot. Il lui fallait bien entendu quelqu’un capable de faire un travail aussi risqué que de livrer des informations concernant une nation à une autre, mais également suffisamment de confiance pour réussir un objectif sur la durée. Bien qu’aveugle, la bretteuse voyait généralement plus loin que n’importe qui de par sa prévoyance, son instinct ainsi que sa capacité à évaluer les gens qui l’entourent. Le temps passait et ses occupations officielles lui prenant pourtant pas mal de son temps de vie, elle finit tout de même par trouver ce qu’on pourrait appeler : La perle rare. Une femme qui portait un surnom de canidé. Rapidement, elle finit par prendre contact avec elle. Les moyens mis en œuvre pour savoir comment la joindre et où la trouver n’était pas vraiment aisés. Mais elle avait réussi à lui fixer une date et un lieu qui concordait parfaitement avec ses jours de repos. Elles devaient se rencontrer dans une maison abandonnée dans un quartier pauvre, et qui plus est peu fréquentées à cause de l’ambiance misérablement vide qui régnait par ici.
Patiente, la rousse attendait l’heure de son rendez-vous. Elle avait prévu un planning plutôt large avec un pourcentage de marge d’erreur au cas où la contributrice ne serait pas à cheval sur les horaires. Et si jamais cette dernière avait décidé pour une raison ou une autre de ne pas se présenter, ça lui ferait toujours un coin pour s’installer tranquillement. Le temps passait et elle décida d’aller attendre cette femme au masque de loup dans la ruelle, là où se trouvait la porte d’entrée, partiellement barricadée par des planches misérablement cloutées. Elle était habillée (http://i18.servimg.com/u/f18/15/86/77/39/a6bde910.jpg) comme si elle allait disputer un match d’entrainement, une tenue qui était logiquement légère et avec peu de partie d’armure, mais avec une rapière légèrement tranchante à sa ceinture, juste au cas où. Quelques minutes après, la raison de sa présence daigna se montrer. Et lorsque qu’elle fut assez proche, elle lui fait signe de la suivre. Juste avant de rentrer dans la maison, elle la prévenu :
- Nous allons parler à l’intérieur. Il y a moins d’oreilles qu’à l’extérieur.
Cette maison était autrefois un atelier de fabrication de poupée, et la porte qui donnait vers la rue indiquée renvoyait vers la partie habitable de cette maison. Il n’y avait plus rien en bon état, réellement. Les tapisseries étaient soit en train de tomber misérablement vers le sol, soit moisie par l’humidité coulante du lavabo mural. Les tuyaux étaient en loques, un mince filet d’eau parcourant ce dernier plein de rouille. Le plancher était abîmé sur les lieux de passages les plus classiques, puis soit plutôt bien conservé ailleurs, soit moisis. Dans les quelques pièces encore accessibles, il y avait parfois des meubles en piteux états, aussi garnis de poussières que tout le reste de la maison, parfois complètements brisés ou intacts. La pièce la plus en désordre étant celle juste à gauche en rentrant, étant plutôt vaste et comprenant un escalier tout à droite de la pièce. Elle était remplit de divers conteneurs comportant du fatras divers, inutilisables, une horloge déglinguée qui ne semblait jamais avoir été bougée et une chaise posée en plein milieu de la pièce. A l’étage, seulement deux pièces était accessible à cause du plafond effondré. La première était vraisemblablement une chambre pour enfant, l’autre était la pièce du rendez-vous. Avec diverses choses poussiéreuses placées en foutoir, le tuyau qui fuyait dans un coin avec le sol fissuré et moisi là où il passait et une table comportant deux chaises et une bougie que Fiore avait déplacée.
Une fois installées dans cette pièce, la Terranide afficha un très léger sourire, satisfaite de pouvoir préparer quelque chose de concret immédiatement. Il ne restait plus qu’à savoir si l’aveugle à queue de cheval et la louve allaient réellement collaborer.
Concrètement, Fiore a renoncé à une vie guerrière totale il y a de ça un moment. Depuis le jour où elle a quitté l’armée d’une façon relativement spectaculaire, les moments d’action se sont considérablement ralentit, bien que toujours présent. Lorsque Valeij céda sa place à Fiore de Mesnival, ayant choisi un nom volontairement noble pour instaurer une ambiance particulière lorsque l’on prononce son nom, elle décida d’agrandir ses agissements de prédilections pour plus de polyvalence, et surtout tromper l’ennui. De ce fait, elle pouvait certes prendre des contrats plus ou moins douteux consistant à tuer quelqu’un, mais elle pouvait également servir d’escorte, de danseuse privée à laquelle il était juste interdit de poser un doigt dessus, d’informatrice ou encore de mentor. Même si elle n’aspirait qu’à une vie calme, son corps demandait ironiquement de l’action, étant baignée dedans depuis aussi loin que remonte ses souvenirs. Elle avait été éduquée pour tuer ou être tuée, et ça, personne ne pouvait lui enlever maintenant.
La rousse sentit comme une certaine lourdeur dans l’ambiance juste après qu’elle eut donné ses mots. Dans un certain sens, c’était relativement prévisible car la personne qu’elle était actuellement avait certes peu changée, mais elle l’avait été quand même. Sa fierté ainsi que ses objectifs étaient sensiblement différent que par le passé, et l’un allait de pair avec l’autre. Sela avait sûrement dut se sentir blessée ou frustrée d’entendre de tels mots, mais après tout, il s’agissait de la vérité pure et dure. Elle n’avait plus d’ennemis jurés, plus de personnes à protéger, en bref, quelque chose pouvant réellement la rattacher à la vie. Mais jamais elle ne se laisserait mourir bêtement, elle aimait trop ce qu’elle était pour tout abandonner au désespoir et la solitude avec laquelle elle vivait depuis des années.
Sela répondit, avec une certaine tristesse dans la sonorité de sa voix, avec peut-être ce que les anciens appellent de la nostalgie. Elle comprit qu’elle aussi repensait au passé vécu ensemble et cela fit doucement tisser un mince sourire intérieur à la Terranide. Changeant de ton mais également de façon de s’exprimer, son amie enchaînât pendant que Fiore goûta à nouveau l’alcool servit plus tôt. Elle buvait à la fois son verre, mais également les paroles de Sela, dans l’espoir de ne pas en rater la moindre goute perlant à ses lèvres. Fiore laissa le silence s’installer, puis elle laissa sortir un petit rire de sa bouche fermée par son sourire malicieux. Elle ne se voulait pas moqueuse, mais se retrouver ainsi était quand même une situation assez comique de son point de vue. Elle ne tarda pas à relever la discussion :
- L’unique ennemi qu’il me reste ne peut être tué avec une épée ou un poignard. Mais je ne pense que ta simple présence pourrait m’aider à au moins le faire fuir.
Elle fit une métaphore avec l’ennui, ce qui l’amusait pas mal. La proposition de la brune lui plaisait et avait répondu positivement à sa demande, bien que d’une façon plus mystérieuse que la plus classique des manières. Fiore s’était montrée moins directe avec que par le passé, bien qu’elle se souvenait de certains moment où elle s’y lançait. Gardant son sourire, elle bougea sa tête un peu au hasard, sa vision spéciale n’ayant de toute façon pas besoin de se focaliser sur un point précis. L’endroit où elle se trouvait semblait être vraiment grand, et si elle avait compris ce qui se cachait réellement derrière les mots de l’humaine, elle pourrait à la foi en tirer profit sans gêner personne, puisque de toute façon ça partirait d’une bonne intention :
- Il faudrait être au moins deux pour le vaincre. Ou dois-je signer ?
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Elles étaient toutes les deux dans la pièce, éclairée quasi-exclusivement par la bougie dont la cire avait pas mal fondu depuis son allumage. La première à briser le silence qui était instauré depuis l’extérieur fut celle qui allait peut-être repartir avec un contrat, se présentant sous le nom de la Louve tout en attendant les raisons de sa présence ici. C’était parfaitement justifié, et elle ne semblait pas vouloir attendre plus que nécessaire. Fiore pris place sur une des chaises, puis tendit la main en face d’elle :
- Commencez par vous assoir. Nous serons plus confortablement installées ainsi. Rassurez-vous, elle ne s’écroulera pas.
Elle avait employé un ton rassurant en disant ça, voulant installer une certaine ambiance détendue en limitant au maximum la méfiance. La rousse n’avait pas l’intention de lui faire du mal et ce peu importe la manière, et elle voulait le montrer autant que possible. Au risque de se prendre l’effet inverse de celui escompté, mais c’était dans sa marge d’erreur. Assise, elle sortit sa seule arme située à sa ceinture et la posa juste devant elle, sur la table, comme gage de bonne volonté. Puis elle posa ses coudes sur la table, joignit ses mains entre elles et posa son menton sur ces dernières. Si elle n’aurait pas eu à la fois son bandeau et sa cécité, n’importe qui en face d’elle pourrait croire qu’elle regarderait droit dans les yeux. Elle reprit la parole après tout son petit manège :
- Je vais être directe. J’ai besoin de quelqu’un comme vous pour livrer des informations à des personnes que je ne peux rencontrer moi-même. Ces informations sont à prendre avec des pincettes car très sensibles, et il ne faut bien évidemment pas qu’elles sortent d’entre nous et leurs destinataires.
Elle reprit son souffle, évitant d’inspirer trop fort à cause du mélange sale d’humidité et de poussière parsemant la zone et irritant son nez plus affiné que le commun des mortels. Elle n’avait aucunement la garantit que la Louve allait accepter ce contrat, mais également aucune assurance qu’elle arriverait si elle acceptait. La bretteuse avait joué la possible confiance qu’elle avait d’elle-même pour mener cette discussion à bien au cas où ça tournerait mal. De toute façon, elle avait déposé son arme sur la table et sa tenue relativement collée au corps montrait très clairement qu’elle n’avait aucun moyen d’en dissimuler une autre. Toute son honnêteté était mise à nue, et elle n’attendait plus que la voix de son interlocutrice.