« T’as toujours eu tort d’être née »
Cette phrase tournait dans la tête de Zuë depuis… depuis combien de temps était-elle ici ? Des heures ? Des jours ? Il faisait sombre mais pas tout à fait noir.
Elle pouvait sentir de la poussière, la terre battue légèrement humide sous sa peau. La pierre lourde et polie du mur plaqué contre son dos. L’air été plutôt rare et vicié, ça lui faisait mal à la gorge.
Des odeurs de vin également s’échappaient de l’autre bout de la pièce.
On l’avait « stocké » là comme une vulgaire marchandise, et on lui avait dit d’attendre. Attendre quoi ? Encore un nouveau lieu, des nouvelles voix au loin qu’elle ne connaissait pas. Elle devait être dans une cave.
Elle n’avait pas été attachée cette fois-ci. Seulement bousculée dans un coin où on lui avait demandé de s’assoir à même le sol, humide de poisse. Elle sentait que ses jambes étaient déjà boueuses. Ses fripes sentaient la moisissure et avait en arrière-gout de champignon.
Zuë avait le souffle saccadé. Tenter de respirer de l’air frais lui était difficile. Si on la laissait encore trop longtemps là-dedans, elle allait perdre connaissance.
Elle replia ses jambes contre sa poitrine et posa sa joue sur un de ses genoux. Hier encore elle était dans une grande maison qui sentait l’argent et la luxure. Elle se rappelait encore la caresse du marbre lisse sous ses pieds et des odeurs de cuisines gastronomiques à l’autre bout de la maison. Surement un riche marchand ou une personne d’une quelconque importance en ville. I l’avait gardé près de lui presque une journée entière. Il ne l’avait pas touché, ne lui avait pas fait l’amour mais l’avait laissée nue au milieu d’une chambre pendant des heures. Zuë pouvait sentir ses yeux posés sur elle, l’excitation de l’homme, son souffle rauque et la friction de sa main sur son membre, de plus en plus insistant. De temps en temps il lui faisait prendre d’étrange position. Mais Zuë était là pour obéir et non pas se poser des questions.
Mais aujourd’hui c’était une tout autre ambiance. Elle avait de nouveau changé de propriétaire. Ou alors elle avait été gracieusement prêtée à un « ami ». Elle avait l’habitude mais était toujours inquiète. Il y avait des jours où elle avait de la chance, comme la veille, et d’autres ou elle mettait plusieurs jours à se remettre devant la violence de certains hommes ou des travaux qu’on lui faisait faire. Et puis elle avait souvent été battue et devenait un peu plus faible chaque jour, n’ayant pas pu prendre de repos…
Zuë eut un long soupire. Une larme coula sur sa joue gauche lorsqu’elle entendit des pas se rapprocher.
« Tiens bon Zuë, ça va vite passer… »
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Zuë redressa la tête lorsque les pas se rapprochèrent. La porte s’ouvrit brutalement, faisant légèrement sursauter la jeune femme, recroquevillée sur elle-même, tous ses sens en éveil. Elle reconnut l’odeur de la personne faisant irruption dans la pièce. Un homme qui avait dû oublier de se laver depuis déjà plusieurs jours. Celui qui l’avait enfermé ici depuis un temps indéterminé.
Il avança sur elle, l’attrapa par le bras et la tira sans ménag
ement hors de la pièce. Zuë perdit l’équilibre, un peu étourdie et ayant perdue beaucoup de force ces derniers jours. Cela devait faire au moins 3 jours qu’elle n’avait rien avalé. Elle avait hésité en entendant les rats gratter la terre non loin d’elle. Elle aurait pu en attraper un, lui arracher la tête et le dévorer… mais elle se disait ne pas encore en être arrivé là. Elle espérait encore qu’on lui apporte un morceau de pain…
Lorsqu’elle perdit l’équilibre, l’homme grogna et attrapa une touffe de ses cheveux pour l’obliger à se redresser. Zuë siffla sous la douleur mais se redressa aussi vite qu’elle put. Elle suivit tant bien que mal l’homme, tout en sentant qu’ils se dirigeaient vers une autre présence dans la pièce à l’étage. Elle sentit la transpiration et l’agacement de l’homme qui l’accompagnait. Il était à la fois énervé et légèrement effrayé. Une personne imposante devait les attendre.
Aucun son ne sortit de sa bouche alors qu’elle fut présentée au deuxième homme présent dans la pièce. Zuë sentit du respect. Quelque chose de sombre et mystérieux chez cette personne. Lorsqu’elle entendit sa voix, elle redressa légèrement la tête, surprise. Etais-ce un homme ? Sa voix était étrange comme… modifiée et étouffée. Il devait porter un masque dans un matériau lourd. Et il s’exprimait d’une bien étrange façon.
Zuë devina rapidement qu’elle était présentée comme marchandise à la vente. Encore une fois. Ce n’était pas nouveau pour elle alors, comme d’habitude, elle ne bougea pas et attendit les instructions. On lui demanda de se déshabiller et eu un mouvement de recul lorsque l’homme voulut lui arracher ses vêtements. Il fut arrêté et Zuë eut un temps d’hésitation avant de laisser tomber ses fripes sur le sol, les bras le long du corps et la tête haute, comme on le lui avait appris. Elle avait vite compris qu’elle se faisait moins tabasser en obéissant sagement. C’était une règle de survie.
Elle laissa l’étrange personnage tourner autour d’elle et la manipuler. Il palpa sa poitrine et glissa un doigt en elle mais Zuë ne moufta même pas et resta digne et bien droite. Au moins il ne lui avait pas tiré les cheveux, mit une fessé et enfoncé son membre en elle avec violence dès la première minute.
Lorsqu’il eut terminé il parla de sa drôle de voix camouflée, et exprima son choix de la prendre. Elle avait dû lui plaire. Elle changeait encore de lieu et de propriétaire. Serait-ce pire ou plus vivable cette fois-ci ?
Les deux hommes échangèrent quelques politesses inutiles puis Zuë sentit un bras se poser sur ses épaules. Un tissus étrange et assez ample. Il n’y eu aucune violence tandis qu’elle était accompagnée vers l’extérieur. Mais lorsqu’elle entendit des corbeaux voleter autour d’elle dont un se poser sur son épaule, elle eut un sursaut et un frisson parcourut son échine. C’était désagréable et elle sentit les griffes du volatile s’enfoncer dans sa chaire. Cet homme était décidément surprenant et bien étrange. C’était surement un grand malade mental complètement sadique. Bonne chance Zuë.
Elle garda la tête baissée, toujours en signe de soumission et fut très surprise lorsque l’homme s’adressa à elle. En général on ne trouvait pas utile de lui poser des questions.
« Ton nom, donner ! Docteur Pestilence, je suis. Maître si tu veux. Docteur, toujours, toujours ! Tes yeux, morts comment ? »
Il s’exprimait de façon bizarre mais Zuë compris qu’il prenait le temps de se présenter et lui demanda son nom et comment elle avait perdu ses yeux. La jeune femme nota qu’il désirait être appelé d’une certaine façon. Important.
La jeune femme hésita, puis, tandis qu’il la faisait monter dans une carriole elle lui répondit d’une voix à peine audible. Le corbeau s’était envolé.
« Zuë. On m’a crevé les yeux avec un pieu quand j’étais petite. »
Phrase succincte mais on lui avait appris à la fermer et à ne répondre que brièvement aux questions qu’on lui posait, sous peine d’être durement battue. Elle s’installa, ses sens toujours en éveil. Elle entendait du monde autour d’elle qui murmuraient, chacun donnant leur lot d’anecdotes sur la scène qui se présentait mais surtout sur l’étrange personnage qui prenait les rênes de la carriole. Zuë avait sentis et entendu un cheval. Un petit sourire naquit sur ses lèvres. Elle aimait bien les chevaux. C’était presque rassurant.
Elle osa se pencher un peu en dehors de la carriole. Le vent s’était levé et amenait avec lui son lot de senteurs. Son odorat sur développé les tria pour ne garder et ne reconnaître que celles qu’elle appréciait. Le pain du boulanger qui cuit, la robe de l’étalon, un parfum de femme fleuris et plus discret, les pins de la forêt au loin…
« Questionner, tu peux. Mentir, jamais, jamais ! Le Docteur le saurait. Et je n'aime pas qu'on use de mensonge. C'est mal, c'est mal ! »
Zuë pencha la tête sur le côté et fronça les sourcils. Cet homme était décidément très étrange. C’était comme s’il tentait de sympathiser avec elle. Mais la jeune femme comprenait bien qu’il ne fallait pas non plus prendre ses aises. Elle connaîtrait probablement rapidement les attentes du personnage.
Le mensonge. Elle en avait souvent usé pour sauver sa peau ou diminuer les coups. Elle était une des meilleures simulatrices du pays probablement lorsque cela semblait utile. Il fallait bien contenter certains hommes ou bien ils s’énervaient. Zuë mentait souvent. Elle se félicita de ne pas l’avoir fait tout à l’heure. Il semblait ne pas plaisanter avec ça visiblement.
La jeune femme hocha la tête. Elle ne savait pas trop si elle pouvait réellement poser des questions. Elle n’avait pas l’habitude non plus. Mais elle mourrait d’envie d’en savoir plus sur lui. Il l’intriguait beaucoup.
« Je ne vous dirais que la vérité, Docteur… »
La carriole se mis en route. Zuë se demandait bien où ils pouvaient bien se rendre. A son domicile probablement. Serait-ce un long voyage ? Zuë aurait tant aimé voyager un jour. Dans d’autres circonstances bien sûr. Le vent soufflait et elle s’entoura de ses bras. Le froid la fit frissonner mais elle avait l’habitude. Elle laissa passer de longues minutes, ses sens en éveil afin de deviner son environnement. Puis elle osa prendre la parole.
« Où allons-nous Docteur ? Est-ce loin d’ici ? »
Son nouveau maître entreprit de la rincer à l’aide d’une éponge. La jeune esclave ne put s’empêcher de tendre ses muscles. A chaque fois qu’on la touchait c’était ainsi. Elle avait bien trop souffert des coups et des sales blagues de ses anciens propriétaires. Elle était devenue bien plus attentive à leurs gestes. Et elle devrait apprendre ceux du Docteur également. Ce la viendrait avec le temps. Pourtant il ne semblait pas dégager une colère ou une violence particulière à cet instant. Ni une sorte d’excitation morbide qu’elle pouvait ressentir lorsqu’elle était sur le point d’être violée. Visiblement, il se contentait de rester méticuleux dans chacun de ses gestes, nettoyant son corps avec soin. Zuë se laissa faire sans bouger.
Il lui avait alors expliqué pourquoi ses yeux l’intéressaient. Une histoire de peur que la jeune esclave ne comprit pas trop sur le moment.
« Si Zuë ne peut pas voir ce que lui fait le Docteur, elle n'aura pas peur, non ! »
La jeune femme n’était pas vraiment de cet avis. Certes, elle ne voyait rien mais, lors d’acte pareil, ce n’était pas forcément un avantage. Du moins pour elle. L’acte sexuel était trop complexe pour qu’elle puisse deviner ce qui se tramait dans la cervelle des hommes ou des femmes qui profitaient d’elle. Ils réagissaient à des impulsions parfois animales qu’elle ne pouvait anticiper… des impulsions parfois très violentes d’ailleurs…
La réponse à sa seconde question, Zuë l’écouta attentivement. En dehors de ses oiseaux et de son cheval, le Docteur vivait seul ici. La suite l’intrigua bien plus. Elle n’était pas sa première esclave. Ce n’était pas étonnant en soit mais, ce qu’il l’était, c’était qu’il tienne à lui faire savoir que de trahison, ces esclaves étaient morts après avoir obtenue la liberté. Est-ce que son maître s’étonnait qu’un esclave, même plus ou moins bien traité, ne fuie à la première occasion ?
Lorsque sa toilette fut terminée, Zuë se laissa entourée de la serviette qui lui fut proposée. Elle sortit de la baignoire et quitta la pièce avec l’aide de son maître. Elle commençait à se sentir moins mal à l’aise dans cet environnement. Pour le moment, cet homme ne lui faisait aucun mal et prenait soin d’elle, comme à une personne que l’on apprécie. Mais n’y avait-il pas du sadisme derrière tout ça. Peut-être endormait-il ses futures victimes ainsi… Zuë avait déjà vu ça…
La petite esclave fut très attentive aux indications de son maître et à l’organisation des pièces. 1.2.3. Il ouvrit la troisième et entra, Zuë à sa suite. La pièce devait être assez grande. Une odeur de lessive propre planait, ce qui rendait la pièce un peu plus respirable que les autres. Mais sans savoir pourquoi, Zuë eut du mal à se sentir à l’aise. Surement à cause de ce que pouvait représenter une chambre à ses yeux…
« Ici, chambre du Docteur et de Zuë. Deux lits, oui ! Zuë avec le Docteur pour se donner. Dormir dans l'autre lit après ! Ou avec le Docteur si elle veut, oui, oui ! Zuë peut choisir, le Docteur s'en moque. Zuë peut aller et venir dans la chambre comme elle veut, oui, oui ! Fouiller, jamais. Jamais, non non ! »
La jeune femme hocha la tête, signe qu’elle avait compris. Ce qui la troubla ne fut pas d’entendre qu’elle devrait se donner, ça elle l’avait bien compris. C’était son devoir d’esclave après tout. Ce ne fut pas le fait non plus qu’on lui offre un lit. Certains maîtres aimaient faire illusion d’un certain confort auprès de leurs esclaves, comme on peut en donner à un animal avant de le mener à l’abattoir. Non ce n’était rien de cela. Mais seulement le fait qu’on lui laisse le choix. Cela lui était encore inconnu jusqu’ici. Sous condition de ne pas fouiller et reverser n’importe quoi. Dommage pour Zuë qui était de nature plutôt curieuse…
Elle fut attentive à toucher tout le mobilier autour d’elle que lui présenta le Docteur. Elle devait prendre ses marques et cela était apparemment très important pour son nouveau maître. Il lui indique ensuite une armoire où étaient mis quelques vêtements à sa disposition. Encore une nouveauté. Elle était l’impression d’être choyée, comme si elle était une simple invitée. Mais elle ne l’était pas. Elle nota bien l’interdiction d’ouvrir la seconde armoire. Elle se demanda bien pourquoi. N’avait-il pas l’intention de lui faire faire sa lessive ? Dans ce cas comment pourrait-elle ne pas avoir accès à ses vêtements ? Une autre question à poser peut être… Mais il ne tarderait pas à lui faire savoir ce qu’il attendait exactement d’elle dans cette maison. Peut-être simplement occuper ses nuits…
Elle le sentit ensuite s’éloigner à l’autre bout de la pièce. Il prit quelque chose et se dirigea de nouveau vers elle. Il attrapa son bras qu’il tendit et Zuë sentit une aiguille s’enfoncer dans son bras. Elle laissa échapper un sifflement, l’aiguille n’était pas bien fine. Lorsqu’il eut terminé, elle replia son bras contre elle et se massa l’intérieure du coude. L'explication de Docteur ne tarda pas...
Quoi ? Il venait de lui injecter une sorte de virus potentiellement mortel ?! Il était complètement fou. Zuë détestait les piqures et frémit à l’idée qu’elle devrait en subir quotidiennement afin de ne pas souffrir de cette fameuse maladie. C’était malin. Surement un moyen pour lui de s’assurer qu’elle ne s’échapperait pas, tout en lui laissant la possibilité d’une certaine liberté dans ces lieux…
Elle était sur le point de lui demander s’il était bien sûr de lui, s’il n’y avait pas de risque qu’elle en meurt dans les prochaines minutes, mais le Docteur quitta la pièce. Quelques minutes plus tard, elle entendit l’eau couler dans la salle de bain.
Retrouvée seule dans la grande chambre elle se rapprocha du grand lit à baldaquin de son maître et passa la main sur les draps. Ils n’étaient pas tous neufs mais propres et parfaitement tirés, bordant le lit avec une certaine méticulosité. Zuë se demanda s’il l’avait fait lui-même ou bien si s’était l’œuvre de son ancienne esclave. Qu’avaient-ils puent subir dans cette pièce avant elle ?
Zuë se rendit ensuite vers sa petite armoire. Elle était encore simplement enveloppée dans une serviette de bain et il ne lui avait pas interdit de se rhabiller. Elle ouvrit la porte et une odeur d’humidité mélangée à celle, plus douce, d’un produit nettoyant s’en échappa. Elle balaya les tissus d’une main. Les précédentes esclaves les avaient-elles portées ? Elle sortit quelques vêtements étendus sur des cintres afin de définir ce qu’ils étaient. Des robes en majorité plutôt légère et qui n’étaient visiblement pas neuves. Quelques rares sous-vêtements également et une ou deux tenues de nuit. Elle ne s’attarda pas longuement et attrapa ce qui lui semblait être une culotte qu’elle enfila. Elle choisit ensuite au hasard une robe dont elle appréciait le tissu et se décida à la porter également.
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Elle fouilla encore un instant et se décida à prendre également ce qui ressemblait à un foulard.
Ceci fait elle se rapprocha de son petit lit où elle s’assit. Elle profita alors de l’absence de son maître, toujours dans la salle de bain, pour détacher avec précaution le bandage autour de ses yeux. Elle le posa délicatement sur ses genoux puis du bout des doigts, frôla les cicatrices toujours présentes autour de ses yeux vides et boursoufflés. Rien ne semblait s’être infecté mais rien ne semblait guérir non plus.
Elle était désormais l’esclave d’un Docteur certes complètement tordu et légèrement effrayant, mais elle avait noté que ce devait être également une sorte de chimiste. Il détenait de nombreux liquides aux odeurs plus étranges les unes que les autres. Restait à savoir si ce fameux Docteur avait réellement des connaissances en médecine… Peut-être pourrait-il alors remédié au côté le plus disgracieux de Zuë. L’aider à retrouver un vrai visage. Même aveugle elle tentait de faire attention à son apparence. Et était incapable de dire si elle était jolie ou non.
Elle Attrapa ensuite le fameux foulard qu’elle avait trouvé dans son armoire et le mesura à l’aide de ses doigts. Il était de bonne taille. Elle entreprit donc de l’entourer autour de sa tête, se confectionnant ainsi un nouveau bandeau plus propre, faisant le tour de sa tête et attaché d’un petit nœud caché sous ses cheveux. Elle était ainsi bien plus présentable.
Alors qu’elle écoutait à nouveau le bruit de la tuyauterie de la salle de bain, elle se surprit à s’imaginer ce drôle de spécimen sous sa douche. Se posa alors la question s’il gardait son masque même à cet instant ou pas. Zuë fut déçu de ne pas pouvoir avoir l’usage de ses yeux à cet instant pour aller espionner le physique de son maître. Etait-il laid ou pas ? En tout cas il était de grande taille, elle en était certaine, et n’était pas gros non plus. C’était déjà cela…
Elle respira l’air ambiant à la recherche d’air un peu plus frais. Elle visualisa donc la position d’une fenêtre et s’en approcha. Elle l’ouvrit, elle n’était pas condamnée ou verrouillée. Elle passa la tête à l’extérieure et profita du vent frais qui fouettait son visage. Ici, les senteurs de la nature étaient bien plus fortes qu’à Nexus. Un véritable régal pour ses sens. Un sourire naquit sur ses lèvres. Elle avait enfin quitté cette satanée cité qui l’empêchait de respirer.
Soudain un croassement retentit au-dessus de sa tête. Zuë soupira. Encore un de ces foutus corbeaux. Lequel étais-ce, celui-ci ? Tumeur le blagueur ou bien l’autre…. Commet se nommait-il déjà… ah oui. Gangrène. Son maître lui avait dit qu’elle devrait finir par les apprécier elle aussi. Cela n’allait pas être facile.
Le volatile, dans un battement d’aile vint se poser près de la fenêtre ou s’était accoudée la jeune esclave. Il claque son bec à plusieurs reprises et laissa échapper d’autres croassements.
« Désolé tête de piaf, je n’ai pas de chair fraiche pour toi. Et quand j’en ai donné à ton copain la dernière fois, il m’a fait un sale coup. Alors fiche le camp tu veux ? »
Elle tenta de l’éloigner à l’aide de « psssst, pssst » et de grand mouvement de bras mais le corbeau ne bougea pas d’un iota. Il sautait en claquant du bec, comme amusé par la situation. Zuë soupira. Elle recula dans l’idée de lui fermer la fenêtre au bec mais il fut bien plus rapide qu’elle et s’envola dans la pièce avant de se poser sur ce qui devait être l’armoire du Docteur. Zuë se retourna et se rapprocha.
« Oh non certainement pas, tu ne m’auras pas comme ça. Je ne suis pas aussi idiote. Va-t’en donc ! »
Elle ne comprenait pas pourquoi ces satanés oiseaux tenaient tant à la faire tourner en bourrique et lui faire des blagues pareilles. Et pourtant sa curiosité était trop grande. Elle hésita puis dans un soupire s’approcha de la grande armoire. Elle s’arrêta devant et posa la main sur le vieux bois vernis. Ses doigts effleurèrent les poignées mais elle finit par se reprendre et recula. Hors de question de s’attirer des problèmes à cause d’oiseaux moqueurs.
Elle décida donc d’attendre patiemment le retour du Docteur. Si seulement elle avait pu voir, nul doute qu’elle aurait été risquer un œil dans la salle de bain… Mais en attendant, elle décida plutôt d’aller s’allonger sur son nouveau lit, ignorant l’oiseau qui croassait de plus belle.
« Oh ferme là, tu veux ? Ou je te transforme en cuisses de poulet grillées ! »
Le corbeau se tu, puis s’envola et se posa sur la petite armoire de Zuë. Tandis que la jeune esclave commençait à s’endormir, épuisée, l’oiseau, lui, guettait sagement…