<< Qui, en effet, voudrait supporter les flagellations et les dédains du monde,
L’injure de l’oppresseur, l’humiliation de la pauvreté,
Les angoisses de l’amour méprisé, les lenteurs de la loi,
L’insolence du pouvoir et les rebuffades
Que le mérite résigné reçoit des créatures indignes ? >>
Tu travailles. C’est vrai qu’on ne t’a encore jamais présentée au travail. A vrai dire, ce n’est pas bien glorieux, comme travail. Femme de ménage. Malgré tout ce que disent politiques, parents, gens bien-pensants et pleins d’idéaux, c’est un des travails où tu es le moins considérée. Ni par les professeurs, ni par les élèves. Les uns te prennent comme un dû qui doit nettoyer parfaitement leur lieu de travail, les autres comme quelqu’un qui a raté sa vie, qui n’a pas de diplôme et qui est illettrée parce qu’elle fait ce boulot. Bandes d’imbéciles niais, et ce, des deux côtés. Y’a pas une génération pour rattraper l’autre dans ce bahut. Mais il n’empêche que parfois tu te demandes quels sont les pires. Les élèves ou les professeurs ? Les élèves sont insultants, peu polis, violents et relativement peu éduqués, mélangeant serviettes et torchons. Ils n’hésitent pas à te pousser quand tu passes la serpillère, et pour les plus pervers à venir voir s’ils peuvent tenter leur chance à coups de tape aux fesses. Ils leur manquent quand même beaucoup de savoir vivre, à ses gamins. Pourtant, les prof’ c’est pas toujours mieux. Ce bahut les collectionne : idiots, nymphos, terriblement étranges, ou maniaques à en cirer le coin de la porte qui ne serait pas assez propre.
Tu penses bien à un professeur en particulier, c’est vrai. Tu ne sais pas de quoi il est prof, ça ne t’intéresse pas plus que ça, avouons-le. Mais, par contre, en tant qu’humain, ce professeur est un exemple de folie douce. Un maniaque parfaitement bien habillé, parfaitement bien coiffé, parfaitement bien fait sur lui. Sans le savoir, tu t’es obligée à rendre sa classe bien propre, juste en le voyant et en le croisant deux /trois fois dans les couloirs. Pourtant, il ne t’a jamais prêté plus d’attention que les autres, mais ce gars te fait froid dans le dos. Il vaut mieux ne pas contrarier un homme tel que ce professeur. Son nom ? Tu ne le connais pas. Tu ne connais de lui que le numéro de la salle de classe.
Salle 201, deuxième étage, aile gauche.
Tu es tirée de tes pensées par des pas précipités qui sonnent dans le couloir. Tu passes ta tête par l’entrebâillement de la porte de la salle de classe que tu es en train de nettoyer. Toi, tu t’occupes justement du deuxième étage. Ton regard pâle suit les silhouettes différentes de tous les élèves qui sortent précipitamment de leurs cours, courant, criant. Tu fronces tes fins sourcils, cherchant à reconnaître les professeurs qui marchent au milieu des élèves. Ne serait-ce pas ledit professeur, justement ? Surement. Enfin, tu n’en es pas sûre. Tu iras voir sa salle, et s’il n’est plus là, tu continueras par celle-là. Tu te détournes, et finit rapidement la classe pour changer de salle. Tu n’es plus du tout sure qu’il s’agisse bien de lui, en fin de compte. Boh, tant pis, tu verras bien.
Cette fois, le couloir est bien vide, tu ne croises qu’un élève perdu qui te jette un regard en travers. A petits pas pressés, tu tires avec toi ton matériel de nettoyage et te dirige vers la salle 201, aile gauche. Ton visage pâle est fermé, tu réfléchis au sang, à tes besoins. Tes mouvements sont mécaniques, lents et doux. Tu pousses la porte de la classe silencieusement, sans toquer auparavant et reste stupéfaite. Bon, tu ne t’y attendais pas. Et … apparemment, le professeur n’était pas sorti de sa classe. Tu recules. Ils ne t’ont pas vu. Ils n’ont pas eu le temps. La petite vient de se prendre une baffe mémorable, donné par le professeur. Tu refermes la porte sans un bruit, ton visage toujours coloré par l’expression de la surprise. L’étonnement ne te fait même pas agir. Tu pourrais arrêter le professeur. Il n’a aucun droit pour taper une élève ! Mais tu recules, choquée, faisant mine de nettoyer le couloir. De la salle, tu n’entendais rien.
Quand il sortit, ce professeur si violent, tu lui tournais le dos. Il ne te voit pas. Tu as l’impression qu’il s’en va. Mais tu n’en es pas sûre. En tout cas, tu laisses en plan ta serpillère et le reste des affaires, marchant rapidement vers la porte laissée ouverte de la salle. Dedans, la jeune élève, rouge comme une pomme d’amour, essoufflée comme après un grand effort physique, les yeux remplis de grosses larmes qui commencent à couler le long de ses joues de porcelaine. Tu la vois qui tremble, et trébuche. Que lui a-t-il fait ? Pourquoi est-elle dans cet état.
Doucement, mais surement, un sentiment d’injustice suinte vers ton cerveau. Ce professeur est une ordure. Tu commences à le haïr avec cette rapidité qui ressemble à ta folie pieuse. Un monstre que Dieu voudrait voir puni. La pauvre petite a l’air totalement à côté de la plaque. Tu la rattrapes entre tes bras fragiles.
<< - Chut, calme-toi, petite … Tu veux que j’appelle quelqu’un .. ? Qu’est-ce qu’il s’est passé avec ton professeur ?
- Je .. J’dois pas vous dire … C’est notre secret … >> Elle a du mal à parler, toussant. Ton regard descend vers la gorge de la lycéenne. Une vampire regarde souvent les cous, c’est logique. Des traces rouges entourent la gorge de la demoiselle. Il n’aurait tout de même pas osé ? Essayer de la … violer ? Non, un secret…De l’étrangler, alors ? Mais…Pourquoi ? Tu souris à la petite, d’un air rassurant, la faisant s’asseoir.
<< - Explique moi. Il a voulu te faire du mal ? Pourquoi tu pleures ? Tu sais, il faut que je sache ce qu’il s’est passé, pour pouvoir être sûre que ta vie n’est pas en danger. >> Tu en rajoutes un peu, pour qu’elle parle. Tu sais très bien que tu t’occupes encore de choses qui ne te regardent pas. Pourtant, tu ne peux pas t’empêcher d’aider cette enfant. Ton pouce passe maternellement sur les joues de la petite pour sécher ses larmes qui continuent de couler. Elle tremble un peu moins.
<< - Il … il ne va p-…plus vouloir d-..e moi, maintenant…Il m’a fait m..al. >> Elle parle un peu pour elle-même, un peu pour toi. Et dans ta tête, tout se met en place. Vouloir d’elle…Il couche donc sans doute avec ses élèves. Ça correspond avec le fait que ça soit un secret. Et il a sans doute bien essayé de l’étrangler. Mais pourquoi ? Ton visage est un peu déformé par la colère contre cet homme qui abuse de la confiance de ses élèves. Il doit représenter la droiture, la confiance, l’éducation et il abuse d’elles … Pourquoi encore te mettre dans de mauvaises postures ? Va le dire à la direction, mais ne t’en occupes pas toute seule ! Pourtant, c’est ce que tu vas faire. Tu la presses encore un peu. Elle renifle et crache enfin la raison.
<< – Mais…J’y étais pour r-..ien ! Ce fil de son costume, j’veux..dire, c’était pas moi ! Il m’a fait ..mal pour un fil…pour un désordre ! >>
Ça ressemble au professeur que tu as un peu cerné, maintenant. Un maniaque, un fou, un taré. Un peu comme toi, pour les deux derniers adjectifs. Mais il ne mérite aucune pitié. Ce qu’il fait à des élèves mineures devrait être très sévèrement puni. Et s’il est aussi maniaque que ce que semble dire la petite … Un fin sourire monte sur tes lèvres, et tu relèves l’élève pour la ramener en dehors de la salle. Elle s’est calmé, elle marche droit, elle respire normalement et ne pleure plus.
<< – Tu vas pouvoir rentrer chez toi seule ou tu veux que j’attende avec toi tes parents ?
- Je vais … y arriver. Merci madame. Vous ne direz rien, à personne ? Ni à mes parents, ni au lycée, n’est-ce pas ?
- Promis. >> Elle a l’air de tenir à ce que son professeur n’ai rien. Il doit être vraiment particulier pour qu’une élève ne veuille pas qu’il soit puni. Mais la honte d’avoir couché avec un professeur face à sa famille doit aider, aussi. Sale monstre. Mais il va s’en rappeler, il aurait peut-être même préférer être viré. S’il est aussi maniaque que ce que tu penses, sa punition sera particulière sadique. Il ne mérite que ça. Il est une honte de la société. On ne touche pas des jeunes filles, on ne leur fait pas mal. Tu le hais. Sans le connaître. Tu retournes au second étage. Le lycée est vide. Tu as du temps devant toi.
Tu fais longuement les autres classes, balayant et gardant chaque grain de poussière. Tant pis pour les élèves qui auront cours. Pour la justice, certaines personnes doivent être sacrifiées. Enfin, sacrifiées…Si elles sont allergiques à la poussière. Tu finis de nettoyer les autres salles. La nuit est tombée depuis longtemps et tu retournes enfin vers la salle 201. Dans un grand sac plastique, tu as la poussière, les ordures d’une bonne trentaine de classes. Tu ne risques pas d’être renvoyée pour si peu. Prenant ton temps, tu t’installes autour du bureau du professeur, laissant couler la poussière sur le bureau, sur la chaise, sur le sol autour, su tous les endroits qu’il touchera en premier. Tu ne pousses pas le vice à le faire dans toute la classe, laissant la saleté qui y est déjà. Par rapport à la propreté habituelle, ça fait un beau choc, effectivement. Attrapant un papier qui git sur le sol, tu te poses sur un des bureaux pour écrire un petit mot. Du chantage … ? Est-ce bien plus juste que les actions de ce professeur ? En tout cas, la peur de se faire virer sera une torture psychologique de plus. Puis ne jamais savoir qui fait le coup … Parfois, tu es bien bête. Qui peut laisser une salle sale à part la femme de ménage ?
<< Attendez-vous à trouver votre classe tous les jours un peu plus sale. Pour l’instant, je ne demande que ça pour me taire face à vos actions contre vos élèves. Mais ne vous inquiétez pas, mon prix augmentera quand la classe ne pourra pas être encore plus sale. J’espère que vous laisserez vos élèves en paix, sinon, il se pourrait que je sois moins clément. >>
Tu ne signes pas, ta bêtise à une limite et pose le papier sur le bureau. Tu redeviens une vrai gamine qui emmerde son prof’, et à la place des craies tu poses deux ou trois cartouches d’encre encore un peu dégoulinante qui tacheront les doigts du professeur. Pour ce soir, tu ne pourras pas faire mieux. Mais tu essaieras d’être là pour voir ses réactions. Le matin, tu as l’occasion de passer inaperçue.
Une vrai enfant, Lollipop. Et lui, il va le prendre comment ?
<< Ce sont les professeurs qui ont mis le désordre dans le monde. >>
Tu n’es pas mécontente. Pas mécontente du tout de la tournure qu’ont pris les événements, une tournure de Justice bien méritée qui pourrait bien valoir un peu de miséricorde divine, pour la peine. Non ? Non, tu ne penses pas qu’à ça, mais c’est vrai, quoi ! Tu tires la langue à ton reflet dans le miroir un peu sale, essayant de voir si tu as des rides. Ca fait quelques semaines que tu n’as plus bu de sang ... Une raison pour avoir des rides naissantes sur ton visage de trentenaire. Tu n’aimes pas paraître vieille, tu as l’habitude d’être jeune. Jeune et belle ? Jeune et mystérieuse ? Jeune et mortelle. On aurait dit un titre de film. Un peu stéréotypé, certes. Tu passes ta main dans tes cheveux bruns, et commence à les tresser en mélangeant tes mèches blanches aux mèches noires comme le charbon. Tu es de bonne humeur ce matin. Terriblement de bonne humeur. Tu passes ta main sur le miroir pour le nettoyer un peu.
Tu t’habilles rapidement, tu enfiles un tablier par-dessus ta robe. Il est 7h45. Tu regardes le calendrier au-dessus du petit bureau. 8 décembre, Mardi 8 décembre. Soit. Tu accélères le pas dans le couloir pour te rendre au deuxième étage, l’aile gauche, la salle 201. Il va bientôt être huit heures. Tu as tellement hâte de voir sa réaction, à ce monstre de cruauté, à ce monstre qui use de son statut pour pervertir de pauvres élèves. La perversion. Tu détestes ce mot. On ne peut plus rien faire contre la perversion. Tu passes le bout de ta langue sur tes lèvres écarlates, les humidifiant alors que tu commences à balayer devant la salle 201. Quel hasard … Un coup d’œil à ta montre poignet. Il est 8h02. Un peu de poussière par-là, un peu de poussière par ici, tu balaies lentement et précautionneusement, tu balaies en essayant d’entendre ce qu’il se passe dans cette classe. C’est le lieu fermé où tant de choses vont sans doute se passer.
Pas un bruit. Pas un souffle. Le professeur ne dit rien. Tu t’arrêtes de balayer, tu écoutes. A l’affut du moindre bruit, à l’affut de la moindre parole, à l’affut du moindre son qui explicite l’attitude, les idées, les sensations de l’homme. Le silence, le froid, la pièce parait figée dans l’attente de comprendre pourquoi le professeur ne parle pas, pourquoi il reste prostré devant son bureau. Et toi ? Toi, tu attends, tu attends longuement, balayant par intermittence, tu clignes un peu des yeux. Pourquoi ce silence ? Les a-t-ils tués en rage, sans un bruit, avec une méthode digne d’un psychopathe ? Pourquoi personne ne réagit, même pas le professeur. Le professeur. Tu le nommes comme ça, comme un surnom idiot et inutile. Tu attends. Enfin. Il parle.
« -Quelqu'un a vu quelque chose ? »
Pas de réaction. Tu n’as pas à en entendre plus. Le reste ne t’intéresse pas. Il est malheureux, il est en rogne, en rage, plein de haine. Amusant. Intéressant. Tu as la bonne technique pour l’amener à regretter ses actes, tu sais comment le rendre fou, totalement fou, aussi fou qu’un homme face à une torture sans fin. Comme l’homme qui se fait bouffer le foie chaque jour, et qui souffre toujours, tout le temps. Mais, cet homme retrouve son foie, par moment. Une idée. Intermittence. Un sourire vient sur tes lèvres, se dessine discrètement, un sourire qui ne se fait pas voir mais qui explicites toutes pensées. Tu te déplaces, tu changes d’endroit, balayant sans un regard pour le professeur qui passe devant toi. Oui, tu t’es éloignée, tu ressembles à une simple femme de ménage, un peu fatiguée, ton dos étant courbé sur ta tache. Tu ne veux pas croiser le regard du professeur. Sinon, tu aurais envie de rire. De rire comme une folle, en le voyant marchant dans le couloir, allant dans les toilettes, le doigt emplie d’encre. Rire devant son aspect mécontent.
Tu n’as pas peur de ses réactions violentes, tu n’as peur de ses résolutions. Tu t’en fous. Tu réfléchis à comment le rendre fou. Le plus longuement possible. Le faire souffrir. Le faire souffrir souvent, beaucoup, comme s'il n'était qu'une âme à faire souffrir. Pourquoi ? Parce que. Tu le veux. Tu le souhaites. Et il le mérite.
18H
"Le prix que je vous ferais payer risque de vous être douloureux."
Tu ris sous cape. Douloureux ? Pour qui ? Pour toi ? Ridicule ! Quel humour ! Tu nettoies la salle. Tu laisses la salle 201 dans un état de propreté parfaite, le tableau luit sous les coups de chiffon et d’éponge, les craies sont parfaitement bien installées pour que le professeur puisse les attraper, la chaise est rangée très droite sous le bureau, ledit bureau étincèle lui aussi de propreté, des étoiles brillantes luisant dans tous les coins et recoins de la salle qui semblent vouloir aveugler les élèves et le professeur. Droit, bien calée sur le bureau : Un papier. Pas de mot, juste un papier vierge, comme la salle, vierge et blanc, vierge et propre, un papier qui fait du nez au professeur et à sa rage. Pas même un grain de poussière dans l’air, pas même un cheveu oublié par une élève. C’est exactement comme il doit aimer une classe, il y a même une légère odeur. C’est ta petite touche personnelle.
Un parfum. La salle est si propre que tu as mis quelques gouttes de ton parfum sur le bureau. C’est un peu idiot, un peu fou, un peu dangereux. S’il reconnait l’odeur de rose un peu aigre que tu portes dans le creux du cou, il reconnaîtra l’auteure de l’agression. La tempête parait déjà bien passée. Tout est propre.
18h
De nouveau. La journée est passée. As-tu oubliée l’auteur des agressions sur les élèves ? Non. Tu agis juste librement, pour que ta vengeance soit plus douloureuse. Chaque jour, il retrouve son foie, avant de le sentir se faire dévorer une nouvelle fois, la chaire disparaissant sous les coups de becs, les cris li échappant avec la douleur. Et il ne meurt pas. Le Professeur va subir la même chose. Mercredi 9 décembre. Tu as fait toutes les salles avant celle-là. Maintenant, tu es sûre, certaine, qu’il va comprendre qui agit. Qui peut choisir de nettoyer ou ne pas nettoyer une salle ? Mais tu t’en fous, tu n’en as rien à faire ! Cet homme ne mérite que ça. Et tu t’amuses. Comme une folle. Tu as réfléchis toute la journée à ce que tu allais faire ce soir, ce que tu allais rajouter à ta vengeance. Des détails qui s’enfoncent dans la peau comme l’acide et brûlent jusqu’à faire hurler de douleur, brûlent et font hurler. C’est diabolique ? Mais n’es-tu pas une créature du Diable, après tout ?
Alors, ça te va bien. Tu te sers de ta nature pour faire payer à ceux qui sont de caractère diabolique, tu fais la Justice à ta manière, comme tu le vois, comme tu le veux. Te voilà donc en train de faire le ménage. Aujourd’hui est un jour sans ménage, justement. Juste du sabotage. Attrapant doucement une des craies, tu commences à écrire sur le tableau. Montant sur la chaise pour atteindre le coin le plus haut du tableau, ton écriture fine commence à remplir la sombre tablette, alternant entre les mots « désordre, Justice » et autres bêtises du genre des mots plus crus. Tu imagines déjà son regard et son halètement de rage, quand il verra en lettre majuscules des mots le traitant des pires insultes. Enfantin et méchant ? Peut-être bien. Mais qui n’aurait pas honte de trouver un tableau empli d’insultes devant ses élèves ? Qui n’aurait pas un long frisson de rage en voyant qu’on le traite de violeur, devant ses élèves ? C’est simple comme bonsoir, c’est le maltraiter, peut-être sera-t-il si en colère qu’il en aura des réactions exagérées ? Tu souris, de nouveau, juste à la pensée de le voir s’énerver, son calme parfait se brisant comme un morceau de porcelaine.
Puis, tu reprends ton méticuleux travail, poussière et saleté dans la salle, la chaise se retrouve de l’autre côté du bureau. C’est l’inverse de la veille, la salle est dans un désordre à damner le Pape, la poussière et la saleté maculant le bureau, ne laissant pas même une place pour poser un doigt, sans qu’il ne s’emplisse de gras et de saleté. La souffrance … Mais tu ne rajoutes rien de plus. Le tableau suffira.
<< Moins que le prix que je vous fais payer. Bon courage, Professeur.
PS : Vous nettoyez bien. Vous devriez vous faire payer. Vous gagnerez bien, j'en suis sûre. >>
Le ton est ironique, moqueur. La signature est féminine. Tu sais déjà ce que tu comptes faire pour le reste. Mais tu attends sa réaction, laissant une goutte de ton parfum sur le papier. Tu signes avec ton odeur, maintenant. Le danger est terriblement amusant et tu refermes la porte derrière toi. Tu seras là demain matin, le jeudi matin à 8h00 pour voir de nouveau sa réaction. Un crescendo ? Oui, au bout d’un moment, il y aura un crescendo. Quand il se sera habitué à se faire manger le foie un matin sur deux … En tout cas, il pourrait bien prendre ta place de femme de ménage. Il nettoie comme un pro’. A méditer, tiens …
<< You're still the same girl, With the same sweet smile that you always had, And the same blue eyes like the sun, And the same clear voice that I always >>
Il a repris le pouvoir. Mais pour combien de temps ? Il peut se poser la question, il le doit. Mais il ne te connait pas. Il pense que tu es une femme comme une autre, qui va se laisser faire à partir du moment où il reprend les rennes un instant. Mais c'est faux. Tu en ris mentalement, tu ris de tant de bêtise, de tant de confiance en soi. Il est un homme après tout, il est faible et se croit supérieur. C'est tout à fait logique. Tu plisses les yeux, tu n'as même plus besoin d'imaginer ses réactions face à tes petits attentats. Non, tu n'en as pas fait. Une raison ? Tu veux l'attaquer directement, le rabaisser à sa situation première, à son vrai statut, celui d'un violeur qui mérite que la Justice féminine l'étrangle doucement avec ses propres trippes. Tu veux le voir te supplier avec la voix rauque de douleur. Cette perversité qu'il fait glisser dans le sang de ses victimes, il doit la payer par son sang et sa souffrance. C'est presque sectaire que tes paroles, mais tu t'en fous. Tu veux te venger des actions de Vlad l'Empaleur sur cet homme qui répand la luxure et l'horreur sur des jeunes filles qui n'ont rien demandées. Tu l'as choisi au hasard, il s'est présenté à toi. Le Destin ? Tu n'y crois pas. Mais ça sera pure justice de le faire souffrir, de se venger sur Lui comme devraient le faire ses victimes. Tu n'as pas peur de lui. Pourquoi avoir peur de plus fragile que toi ?
Il est prêt à se défendre. Il est prêt à la battre, à lui donner des coups, à la blesser. Il a peur. Il a peur d'une femme ? Il est nerveux, il bande ses muscles pour arrêter des coups traîtres que tu pourrais lui donner. Tu souris doucement. Un sourire en coin qui s'élargit, mauvais et moqueur, provocant et ironique. Tu restes un instant auprès de lui. Tu réfléchis. Vas-tu lui pomper le sang ? Vas-tu le sucer longuement pour t'en servir de garde-à-manger de temps en temps ? Ca serait déjà une bonne vengeance. Mais dangereuse. Vas-tu le faire souffrir ? Non. Il faut une souffrance qui lui fasse hésiter sur ce qu'il croit vrai, juste, faux, méchant. Une souffrance morale. Pour toi, il semble que la solution pompage de sang soit la meilleure. Mais il peut faire du chantage. Et ça, ce n'est pas un bon plan. Tu regardes autour de toi. Une colombe tourne autour de vous, comme un simple pigeon cherchant quelque chose à manger. Mais elle est à toi. Elle hésite, elle aussi. Tu lui fais un signe de tête, tu l'as fais s'éloigner. Ou lui enlever la peau des membres en donnant à tes colombes l'autorisation de le picorer ? Ou .. Oooh… Le suivre. Se transformer en colombe. Attendre la nuit. Sucer son sang, redevenir une colombe. Et faire ça toutes les nuits. Comme les vampires d'antan. Juste pour qu'il ne comprenne pas, juste pour qu'il souffre, qu'il cherche … Cette idée te paraît la meilleure de toute. Et tu comptes la mettre à exécution dès ce soir. Parce que tu as besoin de sang.
Tu comptes jouer avec lui. Tu comptes en faire sa marionnette. Tu comptes lui faire regretter. Longuement. Il n'a pas le dessus. Enfin. Tu l'espères. Comment pourrait-il ? Et si tu savais qu'il est nazi. Il en prendrait encore plus dans la gueule. Parce que tu as vécu cette époque. Et ça ne t'a pas plu. Toute ce sang gaspillé par sa faute. Tu aurai fait de la chair à pâté ou des bouillons cubes de cet homme, si tu avas su. Mais tu ne comptes pas le laisser partir, le laisser s'enfuir, Non. C'est ta victime. Et il crie. Il crie. Il hurle ce que tu caches et que tu gardes secret pour t'en servir contre lui. Oh, le con. Il sait jouer. Il sait si bien le faire. Il veut le crier pour faire de la vérité un mensonge. Il veut prouver qu'il n'a pas honte, qu'il n'a peur de ce qu'elle peut dire, de la police ou d'autres merde dans le genre. Intelligent. Osé. Ca te fait sourire, un sourire capricieux. Puis tu redeviens sérieuse.
<< - Vous calomnier, professeur ! Mais regardez-le, jeunes gens ! >> Tu parles aux badauds et passants qui vous fixent, intrigués, curieux de savoir la vie des gens qui s'engueulent, de pouvoir se dire que leur vie est meilleure que celle de ce couple. Tu les prends à parti, comme le ferait une femme pour montrer la non-fidélité de son mari. Ta voix porte autant que celle du professeur. << - Regardez-le ! Il viole ses élèves et le crie pour le nier ! VOUS CALMONIER ? VOUS NE MERITEZ QUE LA PRISON ! >>
Toi aussi tu attires les regards curieux et effrayés. Il va la battre ? Il va la faire taire ? Il continue. Il explique. Il est horrible, il est fier d'essayer de te faire peur, de se montrer plus fort, plus cruel, plus intelligent que toi. S'il savait. Il ne vaut rien. Même pas un petit centime qu'on laisse tomber et qu'on écrase, qu'on jette dans les égouts et qu'on laisse pourrir, noire et dégueulasse. Tu es pâle, encore plus pâle que d'habitude. Consentante face à la perversité. Tu sais que c'est vrai. Obligées d'être consentantes face au plaisir. Au départ. C'est sa faute. Elles vont pourrir de l'intérieur à cause de lui. Sa faute ! SA FAUTE SI ELLES DEVIENNENT COMME TOI ! TOUT EST SA FAUTE ! Tes yeux sont légèrement humides. Tu respires en haletant presque. Plus il parle. Plus il s'enfonce, plus tu vas le faire souffrir, plus tu veux le voir crier, plus tu veux le voir mourir, brûler doucement, chaque partie de sa peau, disparaître sous l'acide, Longuement. Il viole leur esprit. Il les pervertit pour en faire de la chaire à baiser. Il en fait ce qu'il veut. Parce qu'il est supérieur. Elles sont consentantes et elles en veulent toujours plus. Tu serres les dents. Tu ne dis rien. Tu serres les dents et baisse les yeux, comme battue par ses paroles. Mais c'est faux. Tu vas éclater quand tu pourras. Tu vas le faire éclater. Tu vas lui sucer tout le sang jusqu'à l'avant dernière goutte. Il mourra. Mais ne deviendra pas un vampire. Et pendant que tu le suceras, tu l'émasculeras. Pour qu'il perde sa virilité, sa supériorité. Qu'il souffre. Qu'il voit que sa pire arme n'est plus que du sang qu'elle lui ferait avaler. Mais tu serres les dents, tu respires comme lui. Deux fous ? Non. Toi, tu n'es pas folle.
Tu le suis. Tu laisses entendre un léger rire à la vue de l'appartement. Pitoyable. Propre, parfait. Comme lui ? Comme lui. Tu as envie d'en vomir tellement tu trouves ça ridicule, Tu as envie de venir foutre le bordel ici juste pour le faire enrager. Tu le feras aussi. Quand tu le suceras, tu le feras, tu viendras l'envahir de choses terribles qui lui feront péter un plomb. Juste parce que c'est amusant. Mais ce n'est pas une vengeance, c'est un petit plus que tu offres gratuitement. Du rab. C'est sympathique de ta part. Tu détailles la pièce. Belle, tout de même. Trop rangée pour faire vraie. Il a du avoir de sacrés problèmes dans sa jeunesse. Tu l'images, battu si son lacet n'était pas fait. Tu ne trouves que cette explication, à vrai dire. Comment peut-on devenir aussi fou, aussi maniaque ? Passer sa vie à tout contrôler, à tout ranger, c'est perdre sa vie. Vieux garçon qui est obligé de violer des lycéennes pour avoir un rapport sexuel. Personne ne peut supporter un caractère pareil, normal qu'il est des pulsions. Mais qu'il pervertisse des étudiantes. Une bouffée de colère colore ton visage pâle.
Mais tu restes calme. Tu t'assois. Tu prends le café. Tu y poses tes lèvres, tu humidifies lédites lèvres avec un peu du liquide, le repose et jette un regard aux gateaux. Putain, ce mec est un fou. Maniaque, pâtissier. Il est terriblement pitoyable, lamentable et un phénomène humain si particulier que tu ne peux qu'hausser un sourcil étonné quoique totalement froid. Tu ne prends pas des gâteaux. Tu n'en veux pas. Il reste debout, devant toi. Tu le fixes, et tu te relèves. Tu ne resteras pas assise devant cet homme qui veut te dominer de sa taille. Mais tu as chaud. Tu fais glisser juste un bouton de ton corset d'un mouvement habitué, restant debout devant lui, face à face nerveux. Tu n'es en rien nerveuse face à lui, tu n'as pas peur. Tu es certes plus petite que lui, plus fine, légèrement maigre, c'est vrai, fantomatique. S'il touche ta peau, il frissonne face à la froideur de ton épiderme. Et il commence. Il parle. Tu restes indifférente. Mais à l'intérieur. Tu bouillonnes. Tu as l'impression de sentir un cœur qui bat de colère alors que tu es morte.
Tu prends le dossier, tu y jettes un coup d'œil, tu souris et tu le jettes sur la table. Il s'éparpille. Tu donnes un coup de pied aux copies, pour le provoquer. Tu souris. Tu ris. Se jeter à ses pieds ? Tes yeux se plissent. Ta voix n'est pas rauque. Elle est dure, froide, cinglante.
<< - Vous en prendre à une de vos victimes ne changera rien. La tuer, la faire souffrir alors qu'elle vous aime. Ca serait mesquin. Et pourtant. Vous savez qu'elles vous haïssent ? Leur adoration vous sera fatale. Elles ne mentent pas. Vous les violez. Elles sont loin d'être consentantes. Vous les faites devenir consentantes face à vous, mais au fond, une flamme et elles éclatent et avouent tout ! Vous êtes si mauvais … Cela vous fait du bien de penser qu'elles sont consentantes ? Vous essayez de vous voir un homme formidable qui les aide ? Vous vous dites quoi dans votre cerveau pourri jusqu'à la moelle ? Que personne n'osera faire quelque chose contre vous ? Vous êtes tellement ridicule que vos seules victimes ne peuvent rien vous faire. Vous les prenez fragiles pour être sûr de ne pas avoir de problème. Quelle attitude virile...Vous vous en prenez à des filles qui ont une vie devant elle ! A l'inverse de vous, elles pourraient faire quelque chose de leur vie ! C'est pour ça que vous commencez à les réduire. Vous en faîtes des femmes comme vous. Vous leur payez leurs études pour les voir sous votre joug, pour les garder dans votre médiocrité pour être sûr qu'elles ne vont pas trop s'affranchir de votre connerie rampante. Vous les réduisez à votre statut, pour être toujours supérieur à elles, pour vous sentir intéressant et aimé. Des pauvres filles qui ont peur de vos coups de folie pour un fil ! Parce que votre vie se résume à votre folie maniaque ! Parce que vous n'êtes rien. Vous voudriez être quelque chose, vous voudriez qu'on vous regarde comme un être supérieur, comme un Dieu, comme un Apollon, comme l'homme qu'on veut baiser. Mais vous n'êtes rien. Vous ne valez rien. Et vos folies supérieures retombent sur des lycéennes pleines d'hormones parce que vous ne pouvez pas viser plus haut. Voilà votre plus gros problème. Vous vous croyez important. Vous l'avez peut-être été. Mais vous ne valez rien vous n'êtes plus rien, on ne vous cherche pas, on ne vous demande pas, on ne vous craint pas. Alors, vous essayez d'être désiré auprès de jeunes filles, d'être craint par des jeunes femmes. Vous êtes une ordure qui ne vaut rien. Mais qui peut faire du mal et qui joue avec la menace. Vous n'êtes qu'une sous-merde, professeur. Non, pire. Vous n'êtes même pas quelque chose. Vous n'êtes même pas insignifiant. Vous n'existez déjà plus, tant vous êtes une poussière. Vous détestez la saleté car vous la représentez déjà trop bien. Et pourtant, vous pouvez faire beaucoup de mal. Vous êtes tellement inutile que vous pouvez seulement faire du mal. Vous ne pouvez être admiré que par la violence. Vous êtes si inutile, si mauvais que votre seule manière de vous faire admiré, un simulacre de l'amour qui vous semble suffisant, c'est de faire peur, c'est d'être violent. Vous les humilier assez pour qu'elles vous voient comme supérieur. Ca vous suffit ? Accablant. Pitoyable. Vous êtes pitoyablement ridicule, lamentable. Vous commettez le crime de pervertir des filles qui ne pourront plus jamais rien faire contre des gens comme vous. Vous avez l'autorité, vous l'utilisez pour punir ? Laissez moi rire. Vous n'êtes qu'un lamentable homme qui ne peut rien faire face à ses pulsions animales. Vous êtes un animal et vous vous croyez une justice divine. Vous pensez supérieur, mais vous ne méritez que d'être écraser sous la semelle de vos victimes, comme le chewing-gum qu'on a trop mordillé. Du remord ? Elle en a eut, la pauvre gamine. Elle est à vous, maintenant. Vous y êtes arrivé. Pour toutes ces filles, il n'y a plus rien à faire. Petit salaud. .>>
Lécher le sol ? C'est sa gorge que tu vas lécher. Avec une rapidité assez particulière tu avances vers lui en un pas, et prenant appuie sur ses bras croisés comme pour lui parler à l'oreille, tu viens susurrer contre le lobe de son oreille, collant con corps pulpeux contre le sien, comme sil tu allais en fait te laisser tomber pour lécher le sol à ses pieds. Pourtant, il sent tes lèvres terriblement froide qui touchent sa peau.
<< - Terrain neutre ? Je me fous du terrain. Celui-là est le mien. C'est mon terrain de jeu. Et vous êtes mon jeu. Ma nourriture, plus particulièrement. >>
Et il sent tes dents qui s'enfoncent dans sa peau. Et dans quelques secondes, après avoir gouté à son sang, tu vas disparaître. Partir. Rapidement, dépasser la porte. L'effet de surprise, le choc de sentir partir son sang. Il va te laisser partir. Mais après tu ne pourras plus jouer sur ça. Tu pars.
<< - Salle 201, samedi, 18h. >>
Ta voix s'élève alors que tu passes ta langue sur tes lèvres rougies par le sang. A samedi. Tu disparais, en courant, en claquant la porte derrière toi, ta robe faisant tomber la tasse de café sur le sol, le sang coulant sur ton menton.
Tu y seras. Corsetée. L'attendant. Lui et sa réaction après s'être fait sucer le sang.