Le Grand Jeu

Plan de Terra => Les contrées du Chaos => Discussion démarrée par: Adelyn Crawford le jeudi 27 juin 2013, 19:03:50

Titre: Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le jeudi 27 juin 2013, 19:03:50
*Combien de temps s'était écoulé depuis l'instant où notre belle humaine s'était écroulée au sol et son réveil? Elle n'en savait rien et à vrai dire, il était probable que s'il n'y avait eu cette odeur pestilentielle de souffre, elle ne se serait sans doute pas lever de ce lourd sommeil. Mais ici, celui-ci fut dérangé par une forte odeur, plutôt dérangeante, de brulé et de plats mal cuisinés à même le feu....

Adelyn, ouvrit peu à peu ses yeux, se rappelant des souvenirs de la veille par intermittence. Des détails lui échappaient et un tambourinement continuel lui faisait assez mal à la tête. Une migraine s'était installée et son crâne la faisait énormément souffrir. Était-ce dû à la chute? C'était peu plausible mais en même temps, la petiote n'expliquait pas cette vive douleur par un autre phénomène. Mais une chose la troublait encore plus que son état physique... Elle ne voyait rien.

Malgré ses prunelles pleinement ouvertes, la jeune femme était incapable de voir ce qui l'entourait, sa vision obstruée par un tissu. On l'avait bandé. O.Où était-elle..? Petit-à-petit, elle se rendit compte qu'elle était également attachée au niveau de ses bras, l'empêchant toute évasion. Que se passait-il?!

Paniquée, la belle rouquine commença à se débattre, en tentant de retirer ce maudit foulard ainsi que la corde qui entravait ses pauvres poignets. C'est alors qu'elle entendit le crépitement du bois se consumant dans le feu, non loin d'elle. La chaleur arrivait jusqu'à ses jambes nues, de manière constante, peut-être la preuve qu'il y avait quelqu'un à ses côtés...*

"I...Il y a quelqu'un...?"

*Son frêle petit corps tremblotait, ainsi que sa voix, apeurée par cette situation étrange. Elle ne savait pas le moins du monde où elle pouvait se trouver.

Après cette question, elle entendit des voix s'élever, rigolant allégrement. Un rire moqueur, peu rassurant, dont la source se trouvait assez proche d'elle vu l'intensité du timbre.*

"P..Pourquoi rigolez-vous..? O.Où suis-je...? Q..Qui êtes-vous...? Q...Que fais-je ici?!"

*Notre jolie humaine avait légèrement reculée, en entendant un bruit de pas s'avancer vers elle. Ses mains étaient moites tant elle était nerveuse et elle ne se sentait pas du tout en sûreté. Soudain, elle sentit une main lui agrippée le menton, l'obligeant à sentir le souffle de la respiration de l’inconnu qui l'avait enlevé. Elle voulut protester mais il la tenait fermement, à lui faire mal à la mâchoire!*

"Et bien ma jolie, on se réveille et on pose déjà pleins de question!? Tu as juste le droit de te taire, sale chienne!"

*Et d'un coup sec, sans qu'elle ne puisse voir quoique ce soit, il la projeta contre le mur dressé derrière elle, frappant violemment sa tête contre la pierre brute. Par la même occasion, il défit son bandeau afin qu'elle puisse apercevoir les alentours. Adelyn avait déjà commencé à verser quelques larmes, la crainte l'ayant gagné depuis son levé mais également à cause du coup. Elle n'osait pas ouvrir d’avantage ses yeux, de peur d'attiser la colère de cet individu brutal. Dans la posture où elle se trouvait, elle ne pouvait même pas se caresser la tête à cause de la corde qui la retenait...

Adelyn avait froid et, ouvrant ses douces perles bleutées, put apercevoir sa misérable tenue. Sa si belle robe de dentelle blanche avait bien pâle mine. Déjà, elle était recouverte de terre, dû à la chute, mais était également déchirée de toute pars, dévoilant la peau aussi fine de notre prisonnière, semblant douce comme la soie. Le tissu cachait cependant encore sa poitrine et les parties les plus intimes. Une chance.

Après une petite minute, elle releva son regard en direction de son agresseur et fut particulièrement effrayée par la vision qui s'offrait à elle. Il y avait trois hommes, tous bâtis comme des armoires à glaces qui la regardaient d'un air lubrique, un rictus aux lèvres.*

"L'abime pas trop Chiek, elle pourrait nous rapporter une petite fortune aux marchés!"
" Ouai... Elle avait qu'à pas m'emmerder avec ces questions à deux balles..."
"Arrêter un peu vos conneries les mecs! Vous pensez pas qu'il y a mieux à faire?"

*Le dernier interlocuteur fit un clin d'œil complice à ses deux coéquipiers et sans comprendre pourquoi, les trois brigands tournèrent leurs regards en sa direction. Il s'agissait en effet hors-la-loi ayant trouvé une grotte pour entreposer leurs trésors. Et apparemment, vu sa place, la petite comtesse en faisait partie. I..Ils comptaient la vendre? C'était horrible! Inimaginable même! Elle qui avait été une riche héritière, elle devenait l'être ayant le moins de droit en ce bas monde en moins d'une nuit! Était-ce le prix à payer pour s'être enfuie de son "nouveau domicile"...? La jeune femme restait muette, complètement perdue... Que pouvait-elle bien faire?

C'est alors qu'elle vit les trois hommes se diriger vers elle, lentement, les yeux flamboyant de désirs. Sans ajouter un seul mot, celui qui l'avait brutalisé agrippa sa chevelure tout en la tirant en arrière, afin de dégager son cou.*

"Aie! L..Laissez-moi! J..Je ferais tout ce que vous voulez mais ne me faites pas de mal!"

*Les larmes commencèrent à perler sur ses joues rosâtres et elle n'arrivait pas à respirer de manière régulière dans une telle position. P..Pourquoi tout cela devait-il lui arriver? L'avait-elle vraiment mérité? Elle n'eut pas le temps de chercher réponse à cette question. En une fois, elle reçut un puissant coup de poing de son agresseur, lui arrachant une plainte tout en coupant son souffle.

Ce qui se passa par la suite se déroula très rapidement. Elle sentit ses bretelles se retirer de ses faibles épaules et se sentait agripper de toute pars. L'un la retenait par le tronc, l'autre s'en prenait à ses jambes menues et le dernier, celui qui semblait éprouver une véritable haine envers la gent féminine, se déshabilla devant elle, montrant fièrement son membre dressé.

Elle était tétanisée et n'arrivait même plus à bouger. Elle avait échappé à un viol pour en retrouver un autre. C..C'était affreux! La jeune femme n'arrivait plus à se contrôler et, pétrifiée devant une telle alternative, commença à les implorer de la laisser partir. Elle était dans une posture misérable mais elle préférait ça, perdre sa fierté plutôt que sa virginité.*

"Tais-toi! On va t'apprendre la vie nous!"

*Adelyn le vit s'approcher dangereusement et se mit à crier, plus par instinct de survie que par réelle raison. En effet, vu l'endroit où ils se trouvaient, personne viendrait la sauver, elle le savait. Mais en même temps, son corps ne réagissait plus du tout de manière normal sous les caresses violentes de ces hommes et cette perspective proche de vivre une des pires expériences de son existence...*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le jeudi 27 juin 2013, 22:11:08
La mission ne présentait en soi aucune difficulté particulière, et était même plutôt simple à comprendre. Un puissant seigneur avait perdu sa femme, une jeune femme éplorée. Il avait essayé de consommer le mariage, et elle avait fait preuve d’une étonnante résistance, et avait fui dans la forêt. Il voulait la retrouver, et avait de l’or, suffisamment pour mettre rapidement sa tête à prix. Mille pièces d’ors. Mille pièces d’ors pour la petite Adelyn Crawford. Cahir ignorait ce qui s’était passé, mais il se doutait qu’elle avait du faire plus que de repousser la queue de ce vieux pervers pour mériter une telle somme... Ou alors, il était follement amoureux, mais, vu la manière dont on avait demandé de la récupérer, Cahir pensait qu’il voulait plutôt se défoncer sur elle.

Elle était partie il y a une ou deux heures, ce qui lui conférait une légère avance, mais, concrètement, la chance serait presque le seul moyen qu’il avait de la retrouver. Quand le nouvelle était tombée, Cahir était dans la salle principale du donjon, le banquet. Il avait rejoint les troupes de Grandchester afin de se faire un peu d’or. Officiellement, ce n’était pas un soldat, car il ne faisait pas partie des troupes régulières, mais de mercenaires. Grandchester avait dans la région plusieurs problèmes. Des meutes de loups avaient envahi cette profonde forêt, ainsi que des bandits, qui s’attaquaient aux caravanes marchandes, aux messagers, ou détroussaient des fermiers. Grandchester ne pouvait pas laisser cette situation perdurer, et Cahir avait donc été embauché. Hier, il avait fait partie d’une troupe essayant de débusquer le repaire principal des bandits, mais ils n’avaient rien trouvé, à part quelques prédateurs dangereux. Or, si Grandchester leur offrait le souper, il ne les payait que si on tuait des bandits. Cahir avait de plus en plus besoin d’argent. Il n’avait aucune envie de rester dans la région. Elle était, certes belle et magnifique, mais il ne se sentait pas chez lui, ici.

Ceci dit, il ne se sentait chez lui nulle part, en réalité, vu qu’il n’avait pas le droit de retourner là où il avait grandi, et voué sa vie. Mais ça ne l’empêchait pas d’avoir besoin d’argent.

L’un de ses principaux rivaux était un chevalier itinérant très présomptueux, qui portait, à juste titre, le nom de Narcisse (http://drawingnightmare.deviantart.com/art/Narcissus-129577633). Beau et fier, Narcisse était un guerrier maniant habilement l’épée, et qui n’aimait pas Cahir. Il n’y avait pas qu’eux deux qui s’enfonçaient dans la forêt, bien sûr, mais Cahir se méfiait de lui.

Il était très probable que la jeune noble soit morte. La forêt n’avait rien d’angélique, surtout la nuit, où les fauves sortaient. Les loups étaient à l’affût, les brigands se rapprochaient des villes afin de chercher des ivrognes à détrousser, organisaient des cambriolages, et les prédateurs naturels sortaient. Ils rôdaient dans la nuit, et n’effrayaient pas Cahir. Il avait laissé son cheval dans les écuries du fort, et cherchait à se mettre dans la tête d’une femme effrayée fuyant son mari. Où irait-elle ? Elle ne suivrait certainement pas les routes, mais il la voyait mal filer directement le long des arbres et des buissons. Il suivait donc un sentier étroit et escarpé, attentif au moindre bruit susceptible de trahir une présence hostile, comme le craquement d’une branche d’arbre.

*Tiens, tiens...*

Contre les racines d’un arbre, il vit une sorte de morceau de tissu blanc. L’apatride fléchit les genoux, et attrapa le morceau de tissu. C’était un tissu doux et soyeux. Quelque chose de féminin. Il aurait presque pu sentir l’odeur de cette femme. Il n’avait jamais vu, personnellement, Adelyn Crawford, mais on s’accordait à dire qu’elle était d’une grande beauté. Une chose qu’il aurait sûrement l’occasion de voir d’ici peu. Cahir reprit sa marche, un peu plus rapidement. Elle était passée par là.

La forêt se ressemblait terriblement. Tous les arbres semblaient se confondre, et, avec les feuillages, il était difficile de se repérer à travers la position des étoiles. Cahir se fiait plus à son instinct qu’autre chose, luttant contre une paranoïa grossissante qui était en train de monter en lui, le faisant imaginer des formes silencieuses et menaçantes partout. Il luttait contre cette angoisse primitive, se concentrant sur sa piste, et continua à avancer. Il aperçut un ruisseau avec des rapides, et le remonta vers la cascade. La zone était un peu plus dégagée, les étoiles éclairant cette partie de la région. Il put ainsi voir une série de rochers au loin, avec la cascade, et se rapprocha lentement.

Le guerrier entendit alors un hurlement féminin suraigu, émanant des rochers, et se dépêcha d’y aller. Il y avait de nombreux buissons, et il entendit également des voix masculines menaçantes.

« La ferme, salope ! »

Cahir s’avança le long d’une pente descendante, pénétrant dans la grotte, et arriva rapidement dans une sorte de grande pièce. Un feu de camp éclairait la pièce, et il vit trois bandits, des marchandises, et, au milieu d’eux, une femme terrorisée, avec une belle robe blanche en lambeaux, de beaux cheveux bouclés. Un air de terreur lui déformait le visage, mais, même malgré ça, on pouvait deviner sa grande beauté. Une femme terriblement belle, qui fit déglutir Cahir.

*Ça y est, je l’ai trouvé...*

L’apatride se rapprocha prudemment. L’un des hommes prit la femme par les cheveux, la forçant à se mettre à quatre pattes. L’un des trois avait son sexe fièrement brandi, et se rapprocha de la femme, dans son dos. Il n’avait probablement qu’une seule envie : glisser son membre turgescent dans son corps. Cahir se dissimulait entre plusieurs stalagmites, se rapprochant, la main sur la garde de son épée. L’un des hommes souleva la robe de la femme, permettant de voir ses sous-vêtements, et donna une grosse claque sur ses fesses. Ils rirent bruyamment, et Cahir s’avança lentement, se rapprochant toujours un peu plus.

« Putain, les gars, pensez à tout ce fric qu’on va se faire quand on revendra son cul de salope au bordel ! »

Cahir ne comptait pas les laisser violer cette femme sans réagir. Il dégaina lentement son épée, une lame tranchante en verredragon, l’un des aciers terrans les plus tranchants qui soit. Il avait pour lui l’effet de surprise, et les gourdes près du feu de camp permettaient de voir que ces hommes étaient fortement alcoolisés. L’apatride s’élança d’un coup, et l’un des trois hommes, celui qui le vit en premier, écarquilla les yeux. La lame se mit à siffler, froide et mortelle, et atteignit l’homme à la gorge, dessinant une profonde ligne rouge en diagonale. L’homme poussa un bref hurlement, et s’effondra mollement sur le sol, sa gorge se mettant à lâcher des giclées de sang partout.

Sans tenir compte des remarques des bandits, Cahir fit tournoyer sa lame, et atteignit un autre bandit au ventre, qui poussa un hurlement. La lame s’enfonça de plusieurs centimètres dans son corps, déchirant ses vêtements sans difficulté. Ils n’avaient aucune armure. Il ne restait plus que l’homme avec le sexe qui pointait fièrement. Il recula, heurta une faille dans le sol, et tomba par terre. Cahir fit à nouveau tournoyer sa lame, et l’abattit en plein sur son ventre. L’homme se crispa, tout son corps semblant se tendre. Sa tête se souleva, décollant du sol, il vomit du sang, en tendant ses mains moites et tremblantes vers la lame... Avant de lentement mourir.

Cahir retira sa lame, puis regarda la femme, et la rangea.

« Ne craignez rien, ils ne vous nuiront plus, gente dame. »
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le vendredi 28 juin 2013, 18:31:47
*Adelyn se retrouva assez vite en position de soumission, à quatre pattes, face à ces hommes de la pire espèce. Les larmes avaient cessé de couler et malgré ses efforts pour se dégager de cette situation, elle était plus maitrisée que jamais. Tout espoir d'échappatoire semblait perdu. Elle avait contre elle le nombre d'individu, la fatigue engendrée par les récents évènements et les nausées des jours passés. Déjà en pleine forme il était fort peu probable qu'elle puisse s'enfuir d'une telle situation mais alors dans son état, c'était juste impossible... Cette impuissance l'agaçait au plus haut point et elle s'en voulait d'être si faible. Était-ce le destin d'une femme d'être ainsi dominée par l'Homme?

Elle se sentait souillée, réduite à être le jouet de ces personnes grotesques. Elle n'osait guère s'imaginer ce qu'elle allait endurer mais rien que le fait de sentir ces mains la tripoter, claquer contre ses fesses... La demoiselle tremblait de tous ses membres et ses jambes avaient du mal à retenir son corps. Son visage, complètement humide par les nombreuses larmes, laissait percevoir sa fatigue, sa détresse aussi. Elle ne pensait à rien, était complétement déconnectée de cette sombre réalité. Peut-être était-ce mieux avec ce qui l'attendait. La jeune rouquine commença à se remémorer les jours heureux dans son domaine. Certes, il y avait sa sœur et Sofia... Mais elle préférait encore devoir les supporter une vie entière plutôt que de subir ce viol...

Ses agresseurs rigolaient bruyamment et semblaient complétement affolée par la vision de ses fesses. Adelyn, elle, ressentait le pire dégout qu'il soit. Alors, dans un dernier élan d'effort, elle tenta de se libérer de ces êtres abominables mais cela ne semblait même pas les inquiéter. L'un des hommes l'avait immédiatement agrippé par les épaules et se tenait accroupi devant elle, défaisant avec envie la ficelle qui retenait son pantalon... Elle savait ce que cela signifiait, malgré toute l'innocence du monde. La lady baissa son visage et laissa une énième larme couler, affligée.

Il n'y avait plus rien à faire que d'attendre que cela passe...

Puis, d'un coup, elle entendit les rires grossiers des bandits s'interrompre et par la suite, entendre un cri effrayant de souffrant. Immédiatement, elle ne savait pas avec quelle force, elle réussit à se dégager de ces hommes grâce à l'effet de surprise et en profita pour se rapprocher du feu. Malheureusement, l'énergie la quitta et elle se retrouva allongée au sol, regardant en direction de ceux qui l'avait capturé. Et ce qu'elle vit était... Incroyable.

Celui qui avait porté la main sur elle à deux reprises déjà s'était fait trancher la gorge et un jet de sang sortait de la plaie béante. Ensuite, un deuxième tomba au sol, près d'elle, le ventre lacéré par une lame fine, mortelle, qui n'avait eu aucun mal à traverser le tissu ainsi que la peau. Quelques giclées de sang atteignirent notre délicate jeune fille qui se retrouvait tâcher de sang sur sa robe en lambeau ainsi que sur une partie de ses bras...

Immobile face au spectacle morbide qui s'offrait à elle, Adelyn observait le dernier homme de la bande s'écrouler au sol dans un bruit sourd. Puis, doucement, son regard se posa sur celui qui semblait l'avoir secouru de ce triste pas. C'était un homme plutôt grand, aux épaules larges et à la chevelure ne bataille. Elle ne voyait pas grand-chose avec l'obscurité de la pièce mais cela n'était pas bien grave... De toute manière, elle n'arrivait plus à contrôler ses gestes et ses réactions.

Alors, lorsque d'une voix rassurante, son sauveur s'adressa à elle, sous l'émotion et la peur qu'elle avait eu, notre belle commença à verser à nouveau des larmes. C'était plus fort qu'elle, son corps ne lui appartenait plus et, hoquetant à travers ses sanglots, elle se redressa difficilement de manière à se retrouver assise face à lui. Son regard fuyait le sien pour une raison qui semblait bien illusoire mais qui dérangeait fortement notre candide donzelle. Elle avait honte. Honte qu'il ait pu voir sa position embarrassante. Ce n'était pas de sa faute mais aucun homme jusque-là n'avait pu voir, par exemple, ses fesses. Les larmes s'entremêlaient donc à un rougissement de ses pommettes.

Notre protagoniste n'arrivait plus à parler ni même à bouger, en état de choc. Pourtant, elle aurait voulu faire de nombreuses choses en commençant par remercier cet illustre inconnu. Ensuite, demander comment était-il arrivé ici. Enfin soit, pleins de questions circulaient dans sa tête mais elle n'avait plus la force de prononcer de simples paroles. La seule chose dont elle était capable était de déverser le restant de ses larmes.

Adelyn ressemblait à une enfant, larmoyante et attendrissante dans cette funeste situation. Elle n'était ni digne, ni noble... Juste simple, naturel et laissant aller ses sentiments. Elle avait trop souvent caché son chagrin que pour pouvoir le retenir à nouveau. Et puis, cet homme ne devait pas savoir qu'elle était issue d'une bonne famille. Alors, pourquoi se cacher derrière son éternel masque?

La petiote ne savait pas si elle pouvait faire confiance à ce personnage mais, inconsciemment, mit son bras devant son visage afin de le cacher, ne voulant pas lui offrir ce spectacle pittoresque. Son autre main qui la soutenait tremblotait doucement sous son poids... Ses lèvres bougeaient, comme pour essayer de parler, mais rien n'y faisait, seul des petits sons incompréhensibles en sortaient.

Et pourtant, elle était soulagée, mais comment le lui faire comprendre ?*

Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le dimanche 30 juin 2013, 11:39:15
Ce fut bref et rapide. En moins de quinze secondes, Cahir avait ôté trois vies, sans sourciller. Sa lame avait frappé vite et fort, là où il fallait qu’elle frappe. Il ne leur avait laissé aucune chance, et avait empêché le pire. Le viol... Voilà qui rappelait à Cahir des souvenirs dont il n’était pas très fier. Lui-même avait déjà du violer des femmes. Lors des pogroms, l’homme qui est en vous s’affaisse, disparaît, et révèle un monstre endormi. Des actes répréhensibles, il en avait commis, et, même s’il se disait, après coup, qu’il l’avait fait pour éviter à ces femmes de tomber sur des types bien plus vicieux que lui, des types qui n’auraient pas hésité à les égorger, ou à les offrir à tout un régiment, ça n’enlevait rien au fait qu’il avait déjà commis des crimes de guerre. Il regardait silencieusement la jeune femme. Maintenant qu’il n’était plus préoccupé par les trois bandits qui essayaient de la violer, il réalisait à quel point cette jeune femme était belle.

Même avec ses larmes, avec la crasse et la sueur, et sa robe partiellement déchirée ici et là, il se dégageait d’elle une aura incroyable. Elle avait cette beauté chaste et vertueuse des contes romantiques. La beauté avait bien des formes. Elle pouvait être érotique, en misant sur des vêtements mettant en relief les courbes, avec des textures tendres, comme du cuir. Elle pouvait être sauvage, à l’image de toutes ces femmes barbares et sauvages qui se dotaient de peintures de guerre sur le visage. Mais elle pouvait aussi tenir, en quelque sorte, du sacré, comme cette femme. Elle était tout simplement belle, dans tout ce que la beauté avait de pure et de noble. « Gente dame » n’était, en ce sens, nullement exagéré. Cahir la regardait sans rien dire, voyant qu’elle se cachait, qu’elle n’osait pas le regarder. Avait-elle honte ? C’était un sentiment qu’il avait déjà éprouvé avec les quelques femmes qu’il avait pu violer. Curieusement, elles ne voulaient pas le tuer, mais se sentaient affreusement gênées. Violées dans leur plus profonde intimité, elles se fermaient comme des coques de noix.

Pourtant, l’apatride n’avait nullement envie de lui faire du mal. Un silence s’installa ainsi entre les deux, rompu par les crépitements du feu, et par les renâclements de la femme. Cahir restait debout, l’observant. Il n’y avait personne d’autre qu’eux, dans cette petite grotte. Il était seul face à une douce femme, qui avait tenté de fuir un mari mauvais et pervers. Et lui allait la ramener là-bas... Était-ce juste ? Était-ce juste pour elle ? Il ne le pensait pas, mais il ne pouvait rien faire d’autre. Elle ne survivrait pas dans la forêt, et il ne se voyait pas l’emmener avec lui. Cette perspective, d’ailleurs, ne saurait être envisagée sérieusement. Elle était une noble, et lui un vagabond, un sauvage.

*Grandchester est un mufle, mais il est riche... Elle apprendra que le devoir est plus important que ses propres émotions.*

C’est ce qu’il se disait, mais, dans sa tête, cette affirmation sonnait creuse. Le respect de ses obligations envers son pays l’avait conduit à devenir un apatride, à tout perdre, et à errer dans les routes de Terra. Cahir finit par soupirer, et se rapprocha lentement, presque gêné. Il tendit l’une de ses mains, et saisit le poignet de la femme. Elle sembla vaguement se débattre, mais ce n’était pas très grave. Il insista.

« N’ayez pas peur... » souffla-t-il.

Il la souleva, l’aidant à se remettre sur pied, et fit la seule chose intelligente qu’il trouvait à faire, en l’état des choses. Il posa ses mains sur ses épaules, et blottit la femme contre son torse.

« Ne retenez pas vos larmes, glissa-t-il dans son oreille, laissez-les s’échapper de votre corps. Vous êtes sauvée de ces sales types, ils ne pourront plus jamais vous nuire. »

Il essayait de la réconforter comme il pouvait. Ce n’était pas vraiment une position dans laquelle il était le mieux placé, mais il pouvait tout à fait comprendre sa situation.

« Laissez-vous aller, répéta-t-il, je veille sur vous. »
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le lundi 01 juillet 2013, 00:05:16
*Adelyn continuait à combattre ses émotions tumultueuses qui surgissaient à grand flot en dehors de son corps sous formes d'abondantes larmes coulant inlassablement le long de ses joues. Et pourtant, elle avait presque l'impression que son état empirait, un silence s'installant depuis la dernière phrase qu'avait émise le jeune homme n'arrangeant aucunement la situation. Elle se sentait honteuse, idiote d'agir de la sorte et lui restait à regarder la triste scène sans agir... Avait-il pitié d'elle..? Surement... Mais elle n'osait pas regarder ses yeux pour en trouver la confirmation.

Mais en même temps... Que pouvait-il bien faire..? N'avait-il pas suffisamment agit en la sauvant de son misérable sort? Il était évident qu'elle n'attendait plus rien de cet homme, étant déjà extrêmement redevable. Mais notre belle n'arrivait simplement pas à se lever et à le remercier. Même avec toute l'envie du monde, cela représentait trop d'efforts, surtout avec la bataille intérieur qui se déroulait en son for-intérieur...

Puis, soudainement, elle entendit un faible soupire briser la calme plat ainsi que quelque pas... Doucement, elle abaissa son bras, observant l'attitude de cet illustre inconnu.  Le regard levé vers le visage un peu rude de l'apatride, ses prunelles humides plongèrent un instant dans les siennes, deux perles bleutées, aussi intenses que les profondeurs de l'Océan. La jeune femme resta un instant à fixer ses yeux envouteurs, étincelants dans cet instant si sombre... Elle ne saurait dire ce qu'il y avait de spécial dans ce regard, mais il était vraiment beau. Reflétant les lueurs des flammes qui illuminaient la pièce, notre petiote était juste véritablement fascinée.

Finalement, s'apercevant de cet instant "d'égarement", elle abaissa à nouveau son visage, confuse par tout ce qui se passait et tout ce qu'elle voyait dont elle ne contrôlait absolument rien. Une forte gêne s'en suivit à cause de sa conduite inappropriée. Elle était sujette à une histoire qui la dépassait et se sentait incroyablement maladroite face aux situations. Oui, elle était faible.

Tout d'un coup, elle vit la main de son sauveur s'enrouler autour de son poignet. Malgré la douceur du geste, celui-ci lui rappela immédiatement la dernière mésaventure. Sans attendre, la demoiselle écarta son bras, tentant malgré l'inexistence d'énergie de se défaire de cette emprise quelque peu surprenante. P..Pourquoi faisait-il cela...? Ce fut sans effort qu'il garda sa position, lui murmurant tranquillement de ne pas avoir peur.

C'était bête. Bête dans le fait qu'elle avait vécu suffisamment d'évènements dangereux que pour craindre pour sa personne... Pourtant, ces paroles un peu légères eurent un étrange effet sur notre lady qui releva niaisement ses yeux vers lui. Il est vrai qu'elle se retenait mais ces mots lui firent du bien, tout simplement.

Puis, sans réfléchir, elle se rehaussa, aidée par ce mystérieux personnage. Ses jambes tremblaient sous son poids mais il était de son devoir de trouver la vigueur suffisante pour rester debout, et remonter dans sa propre estime. Elle voulait prouver qu'elle avait la force nécessaire. Ce n'était qu'une question de fierté engendrée par sa condition. En réalité, son espérance ne volait pas plus haut qu'un endroit assez confortable pour qu'elle puisse s'allonger et se reposer. Mais de ça, elle n'en démontrait rien.

Sitôt relevée, elle se sentit attirer contre son sauveur. Cette fois-ci, elle n'essaya nullement de l'en empêcher, incapable d'une telle prouesse. Elle se laissait faire comme une poupée de chiffon, même si une telle position n'était pas digne de son rang... Mais n'avait-elle pas fui ce mariage, cette vie de richesse et d'éducation pour ne plus subir cette discipline et cette injustice? Surement mais on ne change pas aussi rapidement.

Il aurait pu faire ce dont il voulait de la jeune femme, elle en avait conscience.  Dans cette étreinte, la comtesse put entendre quelques mots s'engouffrer dans ses oreilles, dit d'une voix rassurante, un peu gênée...

Et quelles paroles! Jamais... Jamais on ne lui avait autorisé à montrer des faiblesses. Jamais on aurait toléré qu'elle se laisse emporter par les émotions et qu'elle puisse pleurer comme l'enfant qui sommeillait en elle... J...Jamais... Il n'y avait aucune fois où elle se souvenait avoir été ainsi consolée. C'était si inhabituel qu'elle resta quelques secondes immobiles, se répétant intérieurement cette phrase...

La chaleur de son torse, la tendresse de ses bras... P..Pourquoi de telles banalités lui faisaient tant d'effets? Adelyn se sentait complètement déboussolée par cette subite compassion, inconnue jusqu'à cet instant. Mais ce n'était pas ça qui fit qu'instinctivement, elle enroula ses bras autour de son coup et que ses larmes coulèrent à nouveau sur les larges épaules de cet homme. Non... Ce qui l'émut fut la compression.

Elle avait la sensation que pour la première fois de son existence, quelqu'un se souciait d'elle et comprenait ce qu'elle pouvait ressentir. Il avait su lire qu'elle avait besoin de relâcher toute pression et lui avait autorisé à le faire. Ça pouvait paraitre dérisoire mais elle avait attendu toute sa vie de trouver quelqu'un qui accepterait ce qu'elle était. Oh! Ce n'était peut-être pas réellement le cas mais à partir de cet instant, la jeune noble pu sentir un contact qu'elle n'avait jamais eu.

Inconsciemment, elle intensifia l'étreinte et pleurait puérilement. Elle finirait par ne plus avoir assez de sanglots à déverser mais qu'importe! Au diable les bonnes manières! Au diable la retenue et l'hypocrisie... Aujourd'hui, à ce moment, elle était vraie, à en oublier sa tenue déplorable et ce qui venait de se passer. Si elle se laissait aller, ce n'était pas uniquement pour ce qu'elle venait de subir, mais également pour toutes les peines qu'elle avait vécu...

Ensuite, faiblement, elle arriva à murmurer un mot, d'une voix douce et sincère.*

"M...Merci... Merci pour tout."

*Certainement aurait-il fallu de bien plus d'attention pour résoudre cette frustration d'amour des années passées mais cet instant lui suffisait amplement. Il ne l'avait pas jugé et c'était ce qui importait à ses yeux...

Petit à petit, les pleurnichements s'estompèrent et finirent par être remplacés par une respiration plus calme. Adelyn restait dans cette position, profitant de la chaleur corporelle de cet homme dont elle ne connaissait rien. En temps normal, jamais elle ne se serait dévoilée de la sorte mais les circonstances étaient telles qu'elle n'avait pu dissimuler sa véritable personne. La jeune fille était plutôt confuse d'une telle situation mais préférait se délecter de sa tendresse que de penser à quoique ce soit...

Finalement, elle se retira de ses bras, séchant ses joues humides d'un revers de la main et lançant un faible sourire, soulagée. Ce n'était pas le sourire qu'elle lançait quotidiennement, celui qui cachait celle qu'elle était. Ici, l'apatride avait droit au plus beau sourire qui venait directement du cœur...*

"J...Je me nomme Adelyn... À qui ai-je l'honneur de parler....?"
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le lundi 01 juillet 2013, 01:32:48
Sa peau était de la douceur des anges. C’est comme ça que sa mère aurait dit. Les Mawr avaient toujours été des poètes, des protecteurs des lettres et des arts, ce qui, en soi, n’était pas une mince affaire, dans un État militariste comme Ashnard. L’art y était perçu comme une sédition, un encouragement à la désobéissance civile, à la rébellion. Mais les Mawr avaient réussi à faire en sorte que les arts soient reconnus. L’art avait certes une vertu essentiellement propagandiste, mais il n’en restait pas moins qu’il restait de l’art. Mais c’était vrai. Sous sa robe fine et déchirée, sous l’épaisseur de ses gants en ébonite, il pouvait sentir sa peau. Une délicieuse peau, qu’il imaginait fine, tendre, douce, et chaude. La peau des anges... Cette comparaison le frappa. Mais elle était juste, elle était authentique. Cette femme avait la pureté des anges. C’était stupide à dire, même à penser, mais c’était la seule comparaison qui lui venait à l’esprit.

Une ange qui était née au mauvais endroit... Et c’était à lui qu’il revenait de la conduire à Grandchester. En toute honnêteté, cette perspective ne la tentait pas, tant cette femme avait l’air misérable. Jadis, il l’aurait probablement giflé, lui donnant deux ou trois claques pour l’amener à se réveiller, mais il était un apatride, un paria, un vulgaire mercenaire. Il n’était plus le grand Cahir, ce guerrier d’élite, fils de Ceallach, membre des Corbeaux Noirs d’Ashnard. Il n’était rien de plus qu’un vulgaire vagabond... Mais avec une armure et une épée.

La femme tremblait entre ses bras, le touchant plus qu’il ne l’aurait admis. Avait-il changé ? Ou était-il moins dur qu’il aimait se dire ? Cahir aimait voir en lui un être froid et insensible, un individu blasé par toutes les souffrances de la vie, un être qui se raccrochait à son honneur comme un naufragé à sa bouée. Il se voyait comme ce guerrier solitaire avançant sans but, en traînant sa peine et son épée derrière lui. La vie ne lui avait pas offerte de cadeaux. Il avait servi fièrement son pays, il avait, par ses actions, certes critiquables, certes criminelles, empêché de plus grands maux encore. Il n’avait fait qu’agir pour le bien d’une juste cause, pour permettre à un Empire ayant les moyens d’unifier le monde, sous une autorité légitime et forte, qui permettrait de construire un monde pacifié. Il avait agi pour ce qu’il pensait être le Bien, et, en récompense, on l’avait déchu de tout ce qu’il était, jusqu’à son propre nom de famille. Cahir n’était plus Cahir Mawr Dyffryn aep Ceallach, il n’était plus que Cahir l’apatride, Cahir le traître, le renégat, le criminel.

Et il avait entre les bras une femme qui avait été agressée, sexuellement parlant, et qui avait subi une tentative de viol... Et il se mentirait à lui-même en se disant que sa peur n’était liée qu’aux brigands. Il connaissait les rumeurs circulant sur Grandchester. Elle ne serait pas heureuse là-bas... Mais ce n’était pas à lui qu’il revenait d’en juger. Qui était-il pour estimer ce qui était bon pour une femme ? Rien de plus qu’un soldat, et encore... Un mercenaire. Elle continuait à pleurer contre son épaule, avant de lentement se calmer, et de lui parler. Ce fut d’abord un murmure, porté par le vent, qui se cassa dans ses oreilles, et qui lui réchauffa le cœur... Tout comme le sourire qu’elle lui fit ensuite en s’écartant.

C’était un sourire qui témoignait d’une sorte d’innocence retrouvée, d’une joie profonde, et, surtout, d’un soulagement sincère et total. Il l’avait sauvé, et ce qu’il lisait dans ses yeux, dans ce sourire honnête, c’était une reconnaissance honnête et pure. Pour le coup, il en fut troublé... Et se sentit bien plus soulagé que s’il avait reçu mille pièces d’ors... Ce qui acheva de le rendre aussi plus triste, d’enfoncer une espèce de pointe dans son cœur.

« Je... Je me nomme Cahir, répondit-il rapidement, baissant la tête, avant de la regarder. J’ai été envoyé pour vous récupérer, Adelyn... »

Une telle assertion appelait forcément à une question évidente, dont la réponse était encore plus évidente. Qui l’avait envoyé ? Et, à peine se posait-on cette question, que la réponse coulait de source.

« Votre mari s’inquiète pour vous et a envoyé différents hommes de sa cour pour vous retrouver. Il semblerait que je vous ai retrouvée juste à temps... »
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le mardi 02 juillet 2013, 17:34:42
*Autant de bonheurs, de réconforts partis en fumée... Telle était sa destinée.

Elle le regardait, les yeux incrédules, ses lèvres tremblantes. Adelyn ne voulait pas croire à ce qu’elle venait d’entendre. Elle avait passé un des moments les plus attendus, le plus beau de sa vie et deux petites phrases eurent suffi à détruire tout ce qu'il s'était déroulé. La chute de sa désillusion faisait extrêmement mal, tant elle tombait de haut. L'individu s'étant présenté brièvement il  venait d’avouer avec une pointe de gêne qu'il n'était là que dans le but de la ramener à sa prison dorée, dans la couche de ce Lord lubrique et détestable.

La jeune femme recula doucement, terrifiée. Son regard reflétait une étrange lueur, désemparée et pétillante, toujours légèrement humide par les pleures qu'elle avait déversé. Son regard bleuté se baissa, complètement affligé et ne voulait plus contempler celui qui l’amenait à sa perte. C...Ça ne pouvait pas être possible. Elle qui s'était ouverte à lui, qui pensait à tort qu'il était son sauveur, qui était prête à croire un instant qu’elle pouvait avoir foi en l’humanité... Ce n'était qu'un bourreau. Il l'emmenait rejoindre le monde des ténèbres, son tombeau, après l'avoir délivré d'un autre fléau.

 S..Surement ne s'en rendait-il pas compte! Un homme aussi bon, aussi compatissant ne pouvait la ramener à sa fin! Elle préférait penser cela plutôt que de se l'imaginer aussi mauvais. Mais cette fois-ci, elle savait que ce n'était qu'une illusion. S'il jugeait réellement bien faire, sa voix n'aurait pas été aussi rêche et gênée.  Et la douleur que pouvait ressentir la jeune femme n’en était que plus forte… Pourquoi faisait-il cela ? L’argent ? L’honneur ? Y avait-il seulement un quelconque honneur à faire cette tâche ?

Notre petiote se sentait trahit, abusée de la pire sorte. Il l'avait rassuré, consolé pour mieux l'enfoncer par la suite. Elle n'arrivait pas à mettre des mots sur les sentiments qui parcouraient son corps.

Du dégout... Dégoutée d'avoir pu donner sa confiance aussi facilement à un être qui ne la méritait pas. De la colère et de la rancœur également mais surtout... Du chagrin. Pourquoi n'était-elle pas en droit de faire ce dont elle avait envie? Était-ce un crime que de vivre sa vie comme on l'entend? Apparemment oui. De plus, si la tristesse la gagnait c’est qu’elle s’était imaginé cet homme comme un être vertueux, non comme un mercenaire, un collaborateur.

Encore une fois, la demoiselle recula tout en manquant de s'effondrer au sol. Elle était encore très faible et ses jambes n'étaient pas stables. Une fuite semblait impossible dans son état mais... Avait-elle vraiment le choix? Non. Il fallait qu'elle parte, qu'elle le sème. Ça relèverait du miracle et n'était pas très stratégique. Bien d'autres femmes auraient déjà tenté de le manipuler mais Adelyn en était bien incapable. A vrai dire, elle n’y aurait même jamais pensé, son esprit bien trop préoccupé.

Elle avait peur. Ce personnage qui, autrefois, lui inspirait la sécurité, le charme et la tendresse ne se résumait plus qu'à être un ennemi. Pourquoi la vie était-elle ainsi? Aussi détestable...

Quoiqu'il en soit, elle ne tarda plus à réagir face à la situation. Elle ne tenterait pas de la raisonner mais bien de fuir, le plus loin possible. Alors, d’une voix faible, apeurée, elle réussit à dire quelques mots.

« …C..Cahir… J…Je ne retournerais pas là-bas… »

Sans crier gare, Adelyn prit toute l'énergie qui lui restait pour cavaler dans le sens opposé. Sa course était titubante et peu agile mais elle avait le mérite d'être rapide! Elle ne connaissait pas le chemin de sortie mais surement trouverait-elle! Il fallait juste que ses jambes tiennent!

La belle qui s'était sentie si heureuse l'espace d'un instant ne fut plus l'ombre que d'elle-même, fuyant à nouveau. Un éternel parcours dans le but de vivre comme elle l’entendait. Si elle n’arrivait pas à trouver ce qu’elle cherchait, au moins aurait-elle essayé d’y parvenir.

Des larmes de déception coulèrent encore alors qu'elle fuyait et elle ne pensait plus à rien. La seule chose qui hantait son esprit fut l'image de l’apatride, et des douces paroles qu'il lui avait dit. C'était tellement injuste! Pourquoi avait-il fallu que ce soit un homme de main d'Eric? Un mauvais tour du destin, encore une fois...

Étrangement, la demoiselle ne s'était pas encore faite rattraper par le ténébreux jeune homme et voyait enfin la sortie de la caverne! A croire que la peur lui donnait des ailes! Ah moins qu'il ne l'ait pas suivit? Si c'était le cas... P...Peut-être que cela signifiait qu'il avait changé d'avis? Qu'il ne voulait plus la livrer au Lord? La jeune femme n'entendait aucun pas précéder les siens... Q...Que se passait-il?

A cet instant, elle fit la plus grosse bêtise de sa vie...

Sentimentale, elle voulut croire qu'il était bon et pas qu'un simple mercenaire avide d'argent. Elle s'arrêta brusquement, tournant son visage afin de voir derrière elle et... Le vit, courant après elle. Il était là, à même pas un mètre. Apparemment, il ne s'était pas attendu à ce qu'elle s'arrête car, en quelques secondes à peine, il arriva à sa hauteur et, dans l'élan, la bouscula... Il ne suffisait que de ça pour qu'elle s'écrouler sur le sol graveleux de la caverne et s'érafler tout le bras... Elle n'avait opposé aucune résistance.*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le mercredi 03 juillet 2013, 22:58:50
Il la vit chanceler, s’écrouler. Son corps ne fléchit pas, mais ses yeux s’éteignirent. La lueur dans son regard mourut, laissant place à deux sentiments : la souffrance, et la déception. Il resta dur et inflexible, mais, dans son cœur, il était triste, triste pour elle... Et avait un peu honte de lui. Elle allait de Charybde en Scylla, quittait des bandits mal éduqués pour tomber entre les griffes d’un être vil qui s’évertuerait à la faire souffrir. Grandchester semblait haïr toute forme de grâce, et, rien qu’à voir le corps de cette femme, rien qu’à voir ses lèvres, son allure, on comprenait qu’elle touchait la grâce, qu’elle la caressait, la tenait entre ses mains, et s’en imprégnait pleinement. Il avait brisé ses illusions. Elle était naïve, croyant peut-être que le monde extérieur était un joli conte de fées, qu’en fuyant son mari, elle tomberait sur une tripotée de nains accueillants, d’elfes chaleureux, ou de druides qui la protègeraient. Mais, dans la réalité, les nains étaient des mineurs alcooliques qui se battaient à coups de haches, les elfes des xénophobes arrogants qui abhorraient tout contact avec les hommes, et les druides vous tuaient dès que vous aviez le malheur de fouler une fleur.

Dans un sens, il agissait pour elle, même si elle ne s’en rendait pas compte. Elle était mariée à Grandchester, et, à moins d’avoir commis un crime, qui soit reconnu devant un juge, Grandchester ne pouvait la tuer ou la répudier, sans se heurter avec la famille d’origine, ou sans outrepasser ses pouvoirs d’époux et de seigneur. Il était mauvais, oui, mais c’était un moindre mal. Dehors, elle n’avait aucune chance de survivre. Au mieux, un loup la dévorerait dans son sommeil. Autrement, un esclavagiste la prendrait, et la prostituerait dans un bordel sinistre. Il avait suffisamment voyagé à travers le monde pour savoir à quel point Terra était dangereuse, violente, imprévisible.

Elle reculait, paniquée, et décida d’agir de la manière la plus stupide possible : en fuyant. Il l’aurait presque laissé partir, mais il savait la région particulièrement dangereuse. Il s’élança donc à sa poursuite. Elle courait rapidement, animée par l’énergie du désespoir. La peur donnait des ailes. Grandchester était-il si horrible que ça ? Ou est-ce qu’elle s’imaginait tomber sur le Prince charmant en se mariant ? Par expérience, Cahir savait que les jeunes nobles étaient bercées dans leur enfance par les contes de fées vantant les Princes charmants, vantant un certain romantisme chevaleresque, qui n’existait pas vraiment. Il poursuivit la femme, filant vers la sortie. Elle courait sans basculer sur ses pieds, et s’arrêta subitement. Surpris, il essaya de s’arrêter mais la heurta.

Elle tomba à la renverse, et lui tomba avec elle. Le bras d’Adelyn Crawford s’érafla sur le sol, et Cahir s’agrippa instinctivement à ses hanches, tombant sur le sol. Il roula par-dessus elle, et s’agrippa à elle, avant de glisser le long d’une pente, dévalant la sortie de la grotte avec elle. Il finit par atterrir sur le sol, et lâcha Adelyn. Elle aurait pu atterrir sur lui, mais elle glissa à côté de lui. Ils avaient dévalé cinq ou six mètres, et Cahir se releva rapidement, son armure ayant endossé tous les chocs. Il vit alors que le bras de la femme était complètement éraflée, sans parler de sa robe, qui était encore plus déchirée, des pans entiers manquant tomber.

« Votre bras... » lâcha Cahir en se rapprochant d’elle.

Elle se rétractait comme une huître refusant de s’ouvrir, et il s’arrêta, une main tendue vers elle. Il la ramena prudemment vers son corps, et la regarda.

« Écoutez, je... »

Il se passa une main sur sa nuque, mal à l’aise. Comment lui faire comprendre ? Elle semblait tellement naïve, tellement candide, tellement douce et innocente... L’apatride ne savait pas quoi en penser. Il soupira encore, et parla :

« Je sais qui est Grandchester, et je comprends tout à fait que le revoir ne vous encourage pas... Mais quelle autre solution avez-vous ? Ces brigands font partie du monde du dehors. Vous voulez être libre ? Très bien... Mais la liberté a un coût. Vous savez manier une épée ? Un arc ? La magie ? Être la femme de Grandchester, ce n’est pas parfait, mais, au moins, vous bénéficierez de sa protection. Aucun esclavagiste ne pourra exhiber votre corps à la foule, vous mettre une laisse autour du cou en vous faisant marcher dans la boue. Aucun bandit ne peut vous torturer. »

Ce qu’il disait, de son point de vue, n’était pas faux... Mais, curieusement, il avait le sentiment que son assertion sonnait fausse.

« Vous ne me croyez sûrement pas, mais je fais ça pour votre bien. »
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le jeudi 04 juillet 2013, 15:16:29
* Adelyn s'était faite une vilaine écorchure, sentant une pénible sensation de brûlure sur son bras alors que sa tête vacillait, suffisamment que pour l'obliger à la garder au sol. Elle venait de faire une chute spectaculaire qui s'en était suivit d'une roulade avec Cahir, dévalant la petite pente sur quelques mètres. Il s'était accroché à elle, la retenant par les hanches et la taille et de ce fait, l'avait emporté dans cette glissade quelque peu chaotique! La jeune femme s'était cognée sur certaines pierres et sentait à présent de douloureuses ecchymoses se former, notamment sur ses flans.

Mais ce n'était pas le pire à craindre. Allongée aux côtés du soldat travaillant au service d'Eric, notre belle rouquine se savait en danger. Son visage était recouvert de terre qui s'était collé à sa peau humide, tandis que son vêtement en lambeau n'était même plus digne de porter le nom de robe, ressemblant plus à un linceul usagé qu'à autre chose.  Beau concept que d'être vêtue d'un tissu dévoilant son état d'esprit! Notre petiote n'avait plus aucune force ni même de volonté pour combattre celui qui l'avait "autrefois" sauvé.

Pourquoi ferait-elle une quelconque tentative après tout? Il n'y avait aucune chance qu'elle puisse s'en tirer. P..Peut-être était-ce mieux ainsi...? P..Peut-être qu'il était temps de devenir raisonnable et de se faire à l'idée de passer sa vie dans ce château, aux côtés du Lord. Mais Adelyn n'arrivait pas à se résoudre à ça, voyant le visage de cet être vicieux et mauvais se dessiner devant ses yeux étourdis. N..Non... S..Sa vie ne devait pas se résumer à être l'épouse d'un odieux individu. De nombreuses nobles vivaient très biens malgré les mariages arrangées mais cela ne convenait pas à notre candide demoiselle. Pourtant, son esprit était confronté à de nombreux doutes, flirtant entre la facilité d'un confort à portée de main ou d'une vie difficile, dangereuse, mais libérée. Car oui, c'était peut-être une notion bien abstraite mais... C'était "ça" qu'elle recherchait depuis toujours.

Perdue dans ses pensées, lorsqu'elle tourna son visage, faisant ainsi face à Cahir, elle se recroquevilla sur elle-même, ne lui laissant aucune chance de l'amadouer à nouveau. Non, elle ne se ferait plus avoir! F..Fini les belles paroles! Il avait retenu la leçon, son cœur connaissait la chanson... Il semblait inquiet pour sa personne mais elle n'en avait que faire, n'osant jeter un seul regard en sa direction. La jeune femme ne voulait plus croiser les prunelles étincelantes de cet homme, voir cette lueur qui la ferait à nouveau croire en une chose qui n'existait pas dans ce bas monde... La bonté. Cela venait à dire qu'elle-même en était dépourvue mais... Peut-être était-ce vrai?

Adelyn restait donc allongée, ses jambes repliées contre son frêle petit corps qui manquait de tout: de nourriture, d'eau et de repos. Il voulait l'emmener? BIEN! Mais elle ne l'aiderait pas! C'est bien la seule chose qu'elle pouvait faire, après tout.

Silencieusement, elle écoutait tout de même ce qu'il pouvait lui dire. Pourquoi faisait-elle cela alors qu'il était certain que cela lui ferait plus de mal qu'autre chose? Eh bien, tout simplement parce qu'il y avait toujours la flamme de l'espoir qui se consumait dans son cœur, l'espérance que Cahir était différent. La jolie rousse n'avait jamais eu une vie trépignante et/ou bienheureuse et malgré tout, elle croyait encore à ces candides idylles.

Le jeune homme tentait de justifier sa manière d'agir, de raisonner notre Lady. Pourquoi se donnait-il cette peine-là? Pour soulager son cœur d'un fardeau trop lourd à porter, celui d'avoir ramené une demoiselle en détresse dans son cachot en haut de la plus haute tour d'un château? Sa thèse n'était pas mauvaise, loin de là, mais... Ce n'était pas le seul point de vue.

Certes, notre protagoniste ne savait ni se défendre, ni attaquer, ni même exercer un quelconque métier ce qui la mènerait très vite dans une situation problématique. Mais est-ce pour autant qu'elle devait se réduire à être la coqueluche de Grandchester? Après tout, se faire violer légalement par son mari ou par une bande d'individu sans vergogne se résumait plus ou moins au même supplice...

Puis, timidement, il voulut lui faire croire qu'il faisait ça "pour son bien". La belle excuse! Cela mit notre jeune femme dans tous ses états... Des larmes coulèrent mais qu'importe, un peu plus ou un peu moins, elle n'était plus à ça près. Difficilement, Adelyn se tourna vers Cahir, ses prunelles humides, son bras meurtri, sa tenue dévoilant ses courbes et sa peau qu'on devenait si fragile sous la masse de poussière et d'humus. Elle tremblait toujours autant, surtout qu'il n'y avait plus l'ombre d'un feu pour la réchauffer quelque soit peu! Elle restait recroquevillée, son regard plongé dans le vide. Elle n'avait plus vraiment peur, juste désemparée... Alors, lorsqu'elle se mit à parler, sa voix fut si faible que seul lui aurait pu l'entendre, Un timbre mélodieux qui avait perdu toute la joie d'entant.

"P...Pensez-vous qu..Que mon mari ne pourra pas me torturer...? J..J'ai d..Déjà subi des sévices... P..Personne n'est jamais intervenue."

Elle parlait doucement, s'interrompant souvent. Puis, soudainement, elle tourna légèrement le visage vers le mercenaire, ses yeux plongeant dans les siens. Elle n'avait nullement l'intention de l'attendrir, juste de dire pour la dernière fois ce qu'elle pensait. Comparée à notre gracile demoiselle, Cahir semblait être un roc inébranlable... Elle était intimidée mais ne se tut pas pour autant.

"J... Je sais que la vie n'est pas rose... E...Elle ne l'a jamais été. M...Mais en restant près d'Eric... J..Je ne pourrais plus aspirer à rien... Auprès d'un marchand d'esclave non plus mais... Au..Au moins j'aurais essayé. Je veux vivre..."

Certes, en allant chez le Lord, elle aurait une existence bien plus simple, mais elle deviendrait un corps sans âme, laissant place à une enveloppe charnelle vivant tel un robot et non pas en aspirant à quelque chose. Et les désirs guident nos vies.... Puis, alors qu'elle se confiait innocemment, elle plaça une main devant elle, l'approchant de l'apatride.

"S...Si vous vouliez vraiment mon bien....V..Vous m'aideriez à survivre dans ce monde.... V..Vous m'apprendriez à m.. Me défendre. "

Puis, délicatement, elle retira sa main, interrompant la fixette qu'elle faisait sur le regard bleuté, ensorcelant  de Cahir avant de sangloter timidement, tentant d'étouffer un maximum ses émotions.

"M...Mais vous êtes comme les autres... Vous ..Vous prétendez vouloir mon bonheur mais vous ne faites absolument rien... V..Vous n'avez qu'une ambition."

Elle ferma les yeux, sentant une lame transpercer son cœur aux derniers mots qu'elle prononcerait de ce monologue.

"L..Le profit..."
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le jeudi 04 juillet 2013, 23:21:03
Adelyn était complètement anéantie. Cahir s’en sentait responsable. Il savait que, en la sauvant, il lui avait offert l’espoir des contes Elle avait sans doute cru être enfin tombée sur ce héros romanesque, ce guerrier solitaire qui, guidé par les forces de l’amour, ou par n’importe quelle connerie du genre, avançait à travers le monde, sans aucune peur dans le regard, la main fermement posée sur le pommeau de son épée, à la recherche de la belle dame à secourir, de la Princesse obligée de se faire passer pour une paysanne, et qui, grâce à cet amant merveilleux, deviendrait une femme belle et pure, et qui régnerait sur un grand château. Un beau rêve, une belle histoire, mais elle ne risquait pas d’arriver.

Prostrée dans son coin, Adelyn retenait les larmes qui s’échappaient de son visage. Il s’écoula un certain temps avant qu’elle ne finisse par lui répondre, d’un ton faible, presque mourant. Elle s’était blessée le bras, mis Cahir savait que la blessure principale était dans son cœur. La blessure ne saignait pas, mais elle était encore plus douloureuse que les écorchures sur son corps. Comment diable pouvait-on brutaliser telle créature ? Il aurait eu envie de s’agenouiller devant elle, tant elle lui rappelait ses belles et nobles femmes des histoires pour enfants. Ashnard aussi avait des contes de fées, et, si la fée était généralement une démone qui n’avait pas besoin d’aide, et si la morale des contes était qu’un individu incapable de se débrouiller tout seul mourait de manière affreuse, les contes parlaient aussi de ces glorieuses et belles femmes, ces femmes pures pour qui les chevaliers ashnardiens devaient mourir sans la moindre hésitation. Les contes ashnardiens étaient tragiques et infernaux. Le prince errant mourait en sauvant la Princesse, car celle-ci n’avait pas réussi à le sauver... Et un démon les aidait ensuite à vivre ensemble, en demandant à la Princesse de lui remettre son âme. C’était un conte à la morale douteuse.

Adelyn continuait à parler, et finit par l’accuser de n’être qu’un menteur, de ne pas vraiment vouloir l’aider à se défendre. Il aurait pu s’irriter, mis il comprenait qu’elle avait peur, et qu’elle cherchait à évacuer sa peur par sa colère.

« Le profit ? répéta-t-il rapidement. Vous croyez que c’est pour ça que je vous ai poursuivi ? »

Il se rapprocha lentement d’elle, la dominant de toute sa hauteur, et lui lâcha alors, acerbe ;:

« Je pourrais facilement obtenir des milliers de pièces d’ors de votre corps en vous revendant à un esclavagiste. Même dans votre état, vous dégagez une grande beauté, Dame Crawford. Une beauté noble et pure que les esclavagistes recherchent. Si je voulais du profit, je vous mettrais un collier autour du cou, et je vous traînerais par une laisse... Et, si j’étais un homme dénué d’honneur, j’entreprendrais aussi de vous violer. »

C’était honnête, dur, et froid. Cependant, l’apatride était quelqu’un de fier... Et un être fier était aussi très susceptible. Il n’appréciait pas qu’on remette en question son honneur, sa détermination. Il avait commis des viols, mais les femmes qu’il avait violé n’avaient jamais été des modèles de vertus. Rien d’autre que des prostituées qu’il s’était tapé sans les rémunérer, ce qui, concrètement, correspondait à un viol. Il sortit de sa ceinture un couteau de chasse, et le jeta au sol. Il se planta dans l’herbe, juste devant la jeune femme.

« Vous voulez que je vous forme ? Vous croyez qu’il suffit de quelques heures pour apprendre à se battre ? Regardez-vous, vous n’arrivez même pas à tenir debout. Ce genre de choses, ça s’apprend dans la jeunesse. Vous, vous n’avez jamais tenu une arme. Vous êtes une dame, dans le sens le plus strict du terme. Vous auriez beau vous former dix ans, devenir une championne de l’escrime, en situation de danger, vous vous dégonfleriez à la vitesse d’un eunuque réalisant qu’il ne peut pas bander. »

Une comparaison très explicite. Il soupira légèrement, laissant plusieurs secondes filer. Pour autant, elle n’avait pas tort... Il devait faire quelque chose. Mais au nom de quoi ? Il était incapable de le dire. Cahir n’avait plus aucune autorité au-dessus de la tête, il était un apatride. Aucun devoir étatique ne s’imposait à lui, il ne répondait de la protection d’aucun État.

« Écoutez... Vous êtes la femme de Lord Grandchester. Ceci vous confère des droits, des pouvoirs que vous ne soupçonnez pas. »

Il ne supportait pas de la voir pleurer, et tendit l’une de ses mains. Il toucha brièvement les joues de la femme, afin de la forcer à le regarder.

« Je ne tolèrerai pas qu’on vous fasse du mal, lui promit-il. Si votre mari essaie encore de vous forcer, je vous protègerai. »

Il le lui assura, mais, en faisant ça, il se mettrait lui-même dans une fâcheuse posture. Entre époux, il y avait une présomption irréfragable de consentement. Le viol n’existait pas, et n’était admis par personne. Mais ce n’était pas ça qui empêchait Cahir de lui faire ce serment.

« Mais vous êtes une noble, Adelyn. Vous devez apprendre à dominer, et à vous imposer. »
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le mardi 09 juillet 2013, 15:42:13
*Adelyn respirait calmement, ne bougeant pratiquement plus. Plus une seule force habitait ce corps épuisé et pourtant, elle restait l'âme éveillée, écoutant Cahir d'une oreille plus ou moins attentive. Elle n'aurait pu dire combien de temps s'était écoulé depuis sa chute, cette notion devenue bien secondaire après les différents évènements...

Le jeune homme la regardait et, même si les prunelles de la Lady n'étaient pas dirigées complètement vers lui, elle pouvait cependant apercevoir qu'il n'était pas vraiment à l'aise et qu'un sentiment d'amertume l'habitait. En même temps, la belle rousse venait de toucher une corde sensible commune à  n'importe quel homme: Sa fierté. Son but n'avait pas été de le blesser mais il n'empêchait que le timbre de sa voix s'était légèrement accentué d'une froideur tangible. Le mercenaire s'était rapproché d'elle, semblant être un géant face à notre misérable petiote qui gisait sur le sol terreux, humidifié par la rosée. Si la demoiselle avait pu paraitre désagréable sans réellement le vouloir, Cahir avait été dur, intransigeant, presque acariâtre mais également... Honnête.

Oui, c'est vrai qu'il avait tout à fait la possibilité de faire tout ce qu'il venait de lui énumérer s'il cherchait le profit. Cependant, celui-ci n'était pas forcément constitué uniquement d'or et d'argent. L'homme de main d'Eric pouvait très bien agir par profit tout en respectant son code d'honneur, histoire de dormir tranquille la nuit. Surement que la solution "ramener Adelyn à Grandchester" semblait être celle qui rapportait le plus sans vaciller à l'extérieur des limites de conduite qu'il s'était donné afin d’avoir la conscience paisible. Enfin, ce n'était qu'une supposition.

Quoiqu'il en soit, cela pouvait au moins prouver une chose à notre rouquine désemparée: que son interlocuteur n'était pas profondément mauvais.

Puis, à un certain moment, les joues de la jeune femme se mirent à rougir légèrement... Ses prunelles s'étaient également imperceptiblement illuminées en entendant un petit mot qui n'était qu'un détail dans cette explication moralisant mais qui la fit tout de même réagir. I..Il la trouvait douée d'une "Grande beauté"...? E..Elle n'avait jamais eu un tel compliment et malgré la situation, cela lui fit un pincement au cœur, véritablement troublée par cette révélation. Adelyn n'avait pas forcement choisi le moment le plus opportun pour rougir de la sorte face à cette éloge mais elle n'avait tellement pas l'habitude d'entendre cela qu'elle n'avait su empêcher cette soudaine rougeur s'exprimer. Mais cela ne dura pas longtemps, juste assez pour entendre le mot viol et voir une lame s'enfoncer dans la terre, face à elle.

Surprise par ce retour à la réalité, notre précieuse jeune fille sursauta légèrement puis, redressa son visage pour mieux percevoir l’homme qui tentait de la remettre sur le « droit chemin ». Et les mots qu’il employa l’énervaient tant par leur notion de fatalités que par leurs véracités. Elle trouvait tellement absurde de devoir se résoudre à ne rien faire, à vivre en tant que noble juste parce qu’elle était née ainsi ! Elle voulait se débrouiller seule, pouvoir être autonome et vivre sa vie comme elle l’entendait et non cloitrer dans un château isolé du monde. Pour ça, elle était prête à se battre, à s’entrainer même si elle n’avait jamais fait cela auparavant ! M..Malheureusement, cela servirait-il vraiment à quelque chose ? Pourrait-elle, en temps voulu, se défendre et par conséquence risquer de prendre la vie de quelqu’un ? Était-elle assez courageuse pour mettre à exécution une telle infamie ? Certes, elle n’aurait pas le choix… Mais Adelyn avait peur de cet acte. Assassiner une créature de Dieu. Qui était-elle pour se permettre cela ? Comme il l’avait si bien dit, avec sa métaphore des plus imagées, surement se dégonflerait-elle au moment voulu.

Cependant, notre demoiselle ne voulait pas se résoudre à ça. Il n’en savait rien et elle-même ne savait pas ce dont elle était capable pour rester en vie. La preuve étant qu’elle ne se savait pas assez solide que pour fuir l’emprise d’Eric. Son corps avait réagi et la volonté de partir avait fait le reste. Alors… Peut-être qu’elle pourrait y arriver même si pour le moment, rien que de s’imaginer une telle scène, elle en train de tuer une autre personne, la tétanisait…

La gente Dame déglutissait une énième fois, complètement perdue. Il faut dire que Cahir avait des arguments de taille mais en même temps, ça sonnait tellement faux à son oreille ! Notre rouquine ne se voyait ni comme une noble, ni comme une Dame et encore moins comme la femme de Grandchester. De un, le mariage n’avait pas encore eu lieu et de deux… Jamais elle n’avait réellement côtoyé cette aristocratie dont elle faisait pourtant partie, alors comment s’identifier à eux surtout que son rêve était des plus éloignés à cette destinée ?

Elle ? Une dominante ? Il devait se tromper de personne… Adelyn n’avait jamais eu cette faculté de se faire obéir, d’user de ses droits pour parvenir à des sombres projets. Elle ne sentait pas cette puissante qu’elle pouvait exercer sur autrui et ce qu’oubliait d’ajouter le mercenaire était tout de même relativement important. Certes, c’était une femme aux lourdes responsabilités qui pouvait imposer ses désirs… Mais elle était avant tout la petite marionnette du Lord et ses actes devront toujours aller en faveur de son futur mari. Elle en avait suffisamment vu sur ce dernier pour être certaine d’être sous son emprise.

Mais Cahir tentait de la rassurer encore et encore, lui promettant cette fois-ci de la protéger des tourments de son mari. Elle releva ses yeux vers les siens, éprise d’une lueur d’espoir… P..Pouvait-il vraiment tenir un tel serment ? C’était fort peu probable mais… Mais Adelyn voulait y croire.

Sa main se rapprocha alors graduellement vers le couteau planté dans le sol, voulant sans doute s’en emparer. Ses doigts glissèrent sur le manche pour lentement faire sortir la lame de l’humus. L’arme était légère et malgré le peu de force qui restait en la donzelle, elle sut l’amener jusqu’à elle, le serrant délicatement contre son buste quasi découvert. De drôles de sensations la prenait doucement, à la fois effrayée d’avoir un poignard si proche d’elle mais également rassurée de savoir qu’elle avait un objet qui pouvait lui permettre de se défendre.

Son corps tremblait toujours, à cause de la fatigue et du froid, mais nulle perception parvenait jusqu’à notre belle enfant. Son énergie la quittait de plus en plus et elle peinait à répondre à Cahir. Elle avait envie de dormir, oublier cette tragédie qui la persécutait et ne plus jamais se réveiller. Le monde était décidément bien trop compliqué, trop dur, trop froid pour elle… Mais elle n’avait pourtant pas envie de le quitter si vite.

Elle tentait de trouver la force pour se relever, en vain. Seuls ses yeux se levèrent vers Cahir, ainsi que son joli minois boueux… Elle tenait à dire une chose, même si ça n’avait plus vraiment d’importance.

« J…Je ne suis pas encore la femme de Grandchester… J..Je ne veux pas… »

C'était une phrase dite de manière un peu naïve, montrant la réelle candeur de notre petiote. Comme une enfant, elle pensait tout bonnement que le simple fait de ne pas en avoir envie la sauvegarderait...

Des larmes coulèrent silencieusement sur le visage crasseux d’Adelyn qui n’avait jamais autant parlé en si peu de temps ! Dans son ancienne demeure, il était rare qu’elle entame de telles discussions ! Mais qu’importe le passé, il fallait vivre au présent pour mieux définir son futur…

« C…Comment voulez-vous que je parvienne à faire tout ce que vous avez dit si je ne suis pas capable de me défendre… ? N…Ne faut-il pas savoir se défendre pour mieux dominer les autres.. ? E…Et puis je ne veux pas faire ça… J..Je ne suis pas ce genre d’individu Cahir. »

Elle semblait à bout de tout, sa volonté s’envolant tout comme son courage et sa détermination. La jeune femme semblait avoir perdu tout espoir... Et cela se fit entendre par la phrase qui suit, étouffée par un sanglot puéril.

« J..Je ne sais plus quoi faire… J’ai si peur…. »

Elle cacha son visage, se recroquevillant d’avantage sur elle-même alors qu’un bruit de sabot s’avançait vers eux mais elle ne fit gare. Seule une chose semblait important à ses yeux, réussissant à murmurer sans réellement savoir si le jeune homme l'avait entendu*


"A...Aidez moi..."
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le mardi 09 juillet 2013, 23:54:04
Elle n’était pas encore mariée à Grandchester ? Voilà un point de détail que Cahir ignorait. Concrètement, cet élément ne changeait pas forcément grand-chose. Elle était sa promise, dans un mariage arrangé. Cahir ignorait qui étaient les parents d’Adelyn, mais il ne pouvait s’empêcher de les trouver stupides, tout en comprenant leurs décisions. Les mariages politiques étaient une tradition chez les nobles, et, parfois, il arrivait que ces mariages entraînent des liens d’amour. Parfois... Mais ce « parfois » tenait plus de la faribole qu’autre chose, en réalité.

*Ne sois pas aussi cynique, tes parents ont eu un mariage arrangé, et s’aiment...*

Certes, ce n’était pas le grand amour non plus, mais c’était suffisant pour avoir eu une descendance, et pour vivre ensemble. Mais Adelyn... Il ne l’imaginait pas avec Grandchester. Si elle se mariait, elle serait à lui, sa chose, et elle finirait probablement par se suicider. Elle n’était guère courageuse, ressemblant plutôt à une très jeune adulte terrorisée, craintive,  qui avait besoin d’un homme pour veiller sur elle. On avait du lui apprendre à se taire, et à être une bonne femme au foyer, soumise à son mari. Une éducation traditionnelle typique des Nexusiens. L’Ordre exerçait une forte influence sur eux, et ils considéraient que les femmes avaient pour mission d’être assignées au foyer, d’assurer l’ordre du ménage, la gestion des affaires internes du couple, le mari se chargeant de rapporter de l’argent, de veiller à la réputation de la famille. Dans le passé antique, les historiens affirmaient que les épouses nexusiennes étaient cloîtrées à domicile, ne pouvant sortir des villas antiques qu’avec l’autorisation de son mari.

Elle continuait à verser quelques larmes, au bord du point de rupture. Adelyn avait pris le couteau. Il comptait le lui laisser. Qui sait ? Peut-être qu’un jour, cette arme lui servirait, si jamais elle osait s’en servir. L’apatride la laissait parler, sans rien dire, sachant qu’elle avait besoin de parler. Il la ramènerait à Grandchester, c’était une certitude. Cahir ne pouvait faire autrement. Et, s’il pouvait effectivement la protéger, il ne resterait pas éternellement ici. C’était dur, mais la vie n’était pas juste. Elle n’était pas douce, ni agréable. Elle n’était constituée que d’épreuves, d’affrontements, et de rabaissements. Adelyn allait devoir l’apprendre, bon gré mal gré. Elle sanglotait, le suppliant de l’aider. Elle était pathétique et pitoyable. En d’autres circonstances, si Cahir avait encore été ce puissant guerrier ashnardien, il l’aurait repoussé d’un coup de pied, la prenant pour une mendiante. Avait-il mûri, lui aussi ? Car, en lui voyant, le guerrier ne ressentait aucune forme de complaisance, mais plutôt de la compassion, de l’empathie.

« Des gens arrivent » indiqua-t-il alors.

Il la regarda silencieusement. Il devait s’agir des autres chasseurs envoyés par Grandchester.

« Vous pouvez partir, si vous le désirez. Peut-être tomberez-vous sur un villageois qui décidera de vous héberger. Vous disposez d’un couteau, vous pourrez vous en servir pour chasser. Mais pensez-vous survivre seule dans la forêt ? Trouver des abris ? Dormir d’un seul œil, la lame froide du couteau sur votre joue, prête à la brandir dès que des bêtes sauvages ou des soudards s’approcheront ? »

Il lui laissait le choix, mais pouvait-on vraiment parler d’un choix, quand toutes les options qui se dessinaient étaient mauvaises ? Il se rapprocha d’elle. Les cavaliers se rapprochaient de plus en plus, mais ils ne seraient pas là avant plusieurs minutes. Le guerrier fléchit les genoux, et entreprit de retirer l’un de ses gants. Il remua légèrement ses doigts, et approcha lentement sa main du visage d’Adelyn, puis frotta sa douce joue, entreprenant d’essuyer les larmes qui s’égouttaient de ses yeux.

« Rien ne vous force à épouser cet homme. Ni à ce qu’il vous touche avant le mariage. Mais vous ne devez pas pleurer. Vos larmes ne le repousseront pas. Elles l’exciteront, elles lui donneront envie de continuer. »

Il essayait de parler d’une voix calme et compatissante, tout en se retenant de ne pas lui donner une bonne gifle pour qu’elle se secoue un peu les miches, et réagisse. Ilse releva, et renfila son gant.

« Conservez le couteau. Et n’essayez pas de fuir. Ils vous rattraperaient en quelques secondes, et je ne serais pas là pour vous protéger. »

Le cavalier se rapprocha, et Cahir se retourna vers l’origine des bruits.

« Relevez-vous. Et essuyez vos larmes. »

Le ton était assez ferme, mais il n’avait pas spécialement le temps de parlementer. Le cheval s’arrêta dans un hennissement, et Cahir entendit des bruits de bottes sur le sol. Il avait la main sur le pommeau de son épée, prêt à s’en servir. Il entendait des bruits de pas étouffés dans l’herbe, puis un homme apparut entre les buissons.

« Cahir.
 -  Narcisse. »

Il n’y avait aucune chaleur dans la voix des deux hommes.

« L’apatride se trouve encore sur ma route... »

Cahir ne répondit pas. Narcisse se mit à légèrement sourire, et marcha sur le côté.

« Mademoiselle Crawford... Votre futur époux et seigneur se languit de votre présence... Ce que je peux comprendre. »

Il entreprit de s’avancer vers elle, mais la main de Cahir s’interposa, heurtant l’épaule du guerrier.

« Je l’ai trouvé en premier, Narcisse.
 -  Tu n’aimes pas partager ? » répliqua ce dernier, goguenard, en le regardant.

Narcisse haussa alors les épaules.

« J’oubliais... Qu’est-ce qu’un apatride peut bien avoir à partager, hum ? À moins que... Ne me dis pas que je vous dérange, toi et cette dame... Elle m’a l’air toute retournée. »

Cahir ne répondit pas à cette provocation. Il préférait conserver son calme.

« Il suffit de voir sa tête, Cahir... Je connais ce visage... Une bonne épouse, ça. Mais je suis sûr qu’elle n’a jamais du voir une seule queue de sa vie... Peut-être devrions-nous la former sur ce point ? »
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le vendredi 12 juillet 2013, 20:47:20
*Alors que le bruit des sabots s'abattant sur le sol humide de la forêt se rapprochait de plus en plus, Adelyn restait figée en un cocon de lassitude, l'âme brisée par les tourments de son existence. Elle venait de comprendre qu'il fallait qu'elle apprenne à marcher seul à travers les périples de la vie puisque personne ne serait là pour l'aider. Elle ignorait si cela découlait de l'aspect égoïste de l'Homme ou bien s'il s'agissait au contraire, de la nature même de celui-ci qui admettait une telle théorie mais dans tous les cas, c'est ce qu'elle retenait de la rencontre avec l'apatride.

L'homme de main d'Eric était plus prompt à s'inquiéter de la présence d'autres personnages que notre Lady puisque de toute manière le résultat serait le même, elle se retrouverait chez son futur mari. Cahir posait son regard bleuté sur le corps de notre demoiselle qui restait l'ombre d'elle-même, une Dame, semblant alerté par la présence d'autrui. Il était normal qu'une telle réaction se fasse, vu qu'il devrait surement partager la récompense si d'autres hommes récupérait également notre petiote. Sa misérable tenue n'amoindrissait pas cette aura impériale qui contournait le corps de la jeune femme, bien malgré elle. On pouvait lire dans la pureté de ses trais, dans la grâce qui découlait naturellement de cet être que le sang de la noblesse coulait dans ses veines. Sa peau onctueuse, à la pâleur immaculée d'impureté reflétait parfaitement le genre de vie qu'elle menait, c'est-à-dire une existence dans le luxe, loin des travaux dans les champs comme pour les paysans ou la rigueur des tâches ménagères réservées aux domestiques. Adelyn avait pourtant bien souvent voulu travailler auprès du personnel, mais sa gouvernante l'avait suffisamment puni que pour l'inciter à rester sagement à sa place, s'adonnant aux joies de l'oisiveté ou du travail intellectuel. Alors oui, à cause de ça, elle ne savait pratiquement rien faire de ses deux mains et de ses deux jambes, si ce n'était que la danse. Mais en dehors d'un château, dans ces contrés inconnues, serait-ce vraiment suffisant? Hélas, elle savait déjà la réponse...

Puis, à partir d'un moment, son attention fut à nouveau rappelée à l'ordre, entendant la voix grave du chasseur, un rien solennel, lui permettant pour la première fois depuis le début de leur rencontre de choisir... Il lui laissait un court instant pour se décider sur quel chemin elle allait entreprendre pour ses futurs jours, soit partir en comptant sur sa bonne étoile pour ne pas se faire tuer, violer, battre, vendre ou que sais-je encore dès le premier jour, soit rester avec lui. Si elle s'était trouvée dans une situation similaire il y a quelques heures de cela, elle n'aurait point hésité sur le choix à prendre. Mais à présent, elle doutait. Que décider? Était-ce raisonnable de s'enfuir si s'était pour trouver la mort..? Inconsciemment, ses doigts serrèrent de plus en plus le manche du couteau qu'elle avait en main, confuse. Cette lame serait-elle suffisante pour la protéger du danger, elle qui n'avait jamais utilisé une arme de sa vie? Le doute se mêlait lentement à la crainte, ses mains devenant moites et un frisson traversant son échine comme si la lame acérée qu'elle tenait précieusement contre elle venait de transpercer sa chaire. Elle hésitait et se fut une grave erreur car son temps était compté et au plus son esprit divaguait sur sa décision, au moins de temps il lui restait pour choisir...

Adelyn n'est pas une femme forte, pouvant accomplir les exploits des guerrières telles que les amazones ou d'autres autochtones. Non, elle était la représentation même de la fragilité, de la douceur et de la tendresse de la gent féminine. C'était sa nature et même si elle rêvait au plus profond d'elle de la dépasser, d'être celle qu'elle voulait être et non celle qu'elle était, son destin finirait par la rattraper. La preuve, elle n'avait pas voulu se résoudre à se faire abuser par son mari, alors qu'elle était disposée à faire l'amour avec cet "homme", et s'était enfuie. À peine quelques heures plus tard, comme pour lui faire payer l'affront d'avoir voulu défier la fatalité qu'il lui était imposée, elle s'était retrouvée dans une position bien plus abjecte que la première, à la merci de trois ignobles brigands assoiffés de chair et d'argents. Heureusement, Cahir était intervenu, mais si elle décidait de partir, aurait-elle la même chance...?

Celui-ci s'était agenouillé à sa hauteur et, doucement, vint essuyer l'une des larmes qui coulait sur la joue de notre demoiselle. Surprise, elle releva ses prunelles vers celles de l'ancien soldat, troublée par cette tendresse dont il faisait preuve. Comme quoi, il n'était pas profondément mauvais, juste guidé par des valeurs différentes que celles de la rouquine. Elle le laissa faire, fermant délicatement ses yeux en sentant la caresse sur son visage. Sa main était rude, puissante et, étrangement, elle était également douée d'une douceur qui perturbait imperceptiblement la jeune femme, se sentant sécurisée par cette proximité légèrement déplacée. En effet, aucun homme n'avait jamais posé sa main d'une telle façon sur elle, surtout pas un "simple" mercenaire. Mais en son for-intérieur, elle se délectait silencieusement de cette attention qui raviva son coeur d'une flamme qui semblait être sur le point de s'éteindre. E...Elle n'avait jamais senti une telle sensation de chaleur, la réconfortant, la sécurisant. Même si ce n'était guère le cas, elle avait l'impression qu'auprès de cet homme, elle n'avait rien à craindre. Un peu absurde, n'est-ce pas... Son coeur palpitait dans sa poitrine et sa respiration s'était accélérée. Ces symptômes plutôt insolites furent dissimulés par l'un des derniers sanglots qu'elle émit. N..Ne plus pleurer. Tel était le conseil de Cahir. Plus facile à dire qu'à faire mais elle préférait l'écouter. P..Pourquoi ses larmes exciteraient un homme...? C..Ce n'était pas logique! Elle ne comprenait pas mais, pourtant, Adelyn s'était tout de même calmée, retenant ses pleurs un peu maladroitement. C'était un homme et il était plus à même de comprendre Eric qu'elle ne l'était.

Trop de doutes, trop d'hésitations et distraite par l'intervention de Cahir, il n'en fallut pas plus pour condamner notre Lady à rester. Elle n'avait pas choisi assez rapidement et les dés étaient à présent jetés. Le ou les soldats étaient bien trop proches d'eux, fuir semblait donc obsolète.

Le jeune homme s'était relevé, remettant le gant dont il s'était dépourvu, puis lui indiqua de se relever, tout en précisant qu'il lui laissait le couteau. Adelyn voulu le remercier, lui faire comprendre par un regard ou même seulement un sourire qu'elle lui en était reconnaissante mais l'heure n'était pas à ça. Elle se releva difficilement, titubante, prête à rechuter sous son propre poids. La course qu'elle avait entreprit lui avait enlevé ses dernières forces et rester debout tenait du miracle. Elle était complètement épuisée, déshydratée et affamée. Déjà qu'elle n'était pas bien robuste mais avec ses facteurs en plus, il n'était pas compliqué de comprendre que notre belle rousse avait du mal à tenir sur ses jambes élancées. La demoiselle du même légèrement s'accrocher aux vêtements de Cahir pour retrouver sa stabilité et ne rien laisser paraitre à son état au nouveau venu.

Celui-ci descendit de sa monture et reconnu immédiatement l'homme qui accompagnait notre fugueuse. E..Était-ce l'un de ses partenaires? On aurait pu croire à cela mais, le timbre de leurs voix était froid, dénudé de toute forme de sympathie. Peut-être étaient-ils associés uniquement pour cette mission. Et quelle mission... Rechercher une noble Dame pour un comte lubrique et mauvais.

Adelyn ne put s'empêcher d'observer attentivement le dénommé Narcisse, sa curiosité attisée par cette nouvelle rencontre. C'était plutôt un bel homme, à la chevelure blonde et aux traits plus fins encore que ceux de Cahir. Il portait une armure bien plus sophistiquée et lourde que celle de Cahir et son regard verdâtre avait du faire rêver bien des filles... Néanmoins, si son apparence était élégante, il ne fallut pas longtemps pour qu'Adelyn puisse entre apercevoir sa prétention. Elle n'aimait pas sa façon de parler à Cahir, ni même le sourire qu'il lui lança. Tout semblait superficiel chez cet individu et la Lady n'appréciait que trop peu l'hypocrisie qui se détachait de lui. Son futur époux, se languir d'elle? A la bonne heure! Vu ce qu'elle lui avait fait, il avait surement envie de la revoir, mais pas forcement pour de bonnes raisons.

Narcisse se déplaça sur le côté et voulu s'approcher d'elle, dangereusement, mais il du se soustraire à rester à sa place. Tel un rempart, Cahir, venait de le stopper dans son avancée, s'interposant entre les deux personnages. Adelyn crut un instant qu'il voulait la protéger... A..Avait-il finalement des sentiments pour elle...? Une illusion qui fut brièvement brisé par la phrase qu'il venait de dire. Il était le premier.... Elle aurait presque pu croire qu'elle n'était qu'un gigot prisée par deux bêtes féroces. Ne se résumait-elle qu'à cela...? D'être l'objet de convoitise de l'espèce humaine..? Cela la blessa... Et si Cahir ne put voir le regard qu'elle venait de lui lancer, celui-ci était sombre et une profonde colère s'en dégageait. N'était-elle absolument rien pour lui! Comment pouvait-il un moment être aussi doux et la fois d'après si détestable! Elle s'énervait sur place, ses joues rougissantes sous l'émotion battante de l'irritation. Mais ce n'était pas la fin de son calvaire.

Si l'apatride avait pu la contrarié par ce qu'il venait de dire, ce "Narcisse" la révoltait! La partager?! Il ne méritait absolument rien de la récompense et si elle devait retourner auprès de son époux, ce n'était pas "grâce" à lui mais bien à cause de Cahir. Pendant le dialogue, elle restait muette et tenait le bras de son partenaire afin de rester debout. Ses guiboles tremblaient et son lambeau de tissu ne cachait plus que certaines parties, dont les seins et son intimité, mais laissait apercevoir suffisamment de parcelles que pour attiser le regard. Ses longues jambes étaient parfaitement dénudées, ainsi que son buste et l'un de ses flans. La robe était dans un tel état qu'on aurait pu croire qu'un courant d'air suffirait à arracher les dernières coutures .

Soudain, elle entendit une insinuation qui la fit immédiatement régir, la faisant rougir comme une tomate et la laissant sans voix (déjà qu'elle n'était pas bien bavarde...). E...Elle et Cahir..? F..Faire des "choses"... Q...Quel toupet! Quelle impertinence pour oser faire de telle supposition! J...J..Jamais elle n'oserait faire cela maintenant, comme çan avec... Cet homme. Elle était vierge et comptait le rester le plus longtemps possible. Puis, sans comprendre pourquoi, Adelyn s'imagina dans les bras de Cahir, celui-ci la regardant avec passion, ses deux prunelles se confondant avec la profondeur de l’océan la fixant amoureusement... Son cœur commença à battre plus rapidement et elle le lâcha, observant sa réaction. Il avait un self contrôle énorme. Il restait de marbre, fixant son adversaire sans répondre à cette provoque. C..Comment faisait-il!!!? Notre belle demoiselle ne savait plus où mettre de la tête et n'osait pas regarder d'avantage les deux hommes de mains d'Eric.

Toutefois, elle restait attentive à la conversation, étant donné qu'elle était le centre d’intérêt! Et à vrai dire, elle restait perplexe face à ce que Narcisse venait de dire... La former en matière de.... Queue? B..Bien sur que si qu'elle en avait déjà vu! Sa demeure regorgeait de Terranides alors des queues, ce n'était pas ça qui manquait! M...Mais pourquoi parlait-il de ça? C...Ça n'avait pas de sens! C'était peut-être évident pour celui qui connait la signification de ce mot, mais Adelyn s'interrogeait, se demandant tout simplement où il voulait en venir. Ce n'était pas un vocabulaire qu'elle employait, surtout qu'elle était complétement chaste en matière de relations sexuelles alors, comment pouvait-elle deviner qu'il était en train de parler de son membre...  Peut-être était-ce un nom de code?

La jeune femme tenta de s'approcher, cachant le couteau derrière son dos. Elle était encore bien innocente et sa réaction pouvait être assez perturbante. Un autre demoiselle se serait surement révoltée, laissant apercevoir son désaccord, mais ici... Ce n'était pas vraiment le cas!

Notre Lady était un peu hésitante, sa voix tremblante légèrement.*

"N..Narcisse...? C.C'est bien ça...?"

*Elle tentait une approche plus ou moins correcte mais n'allait pas jusqu'à lui dire qu'elle était enchantée de le rencontrer, bien au contraire. *

".. V..Vous ne nous dérangez nullement et... J..Je ne suis pas retournée."

*Adelyn essayait de se montrer plus forte qu'elle ne l'était mais on pouvait bien sentir à sa voix et à son regard qu'elle mentait. On pouvait le voir tout simplement car elle ne savait pas mentir, baissant son regard comme une enfant troublée. Candide, elle n'était pas particulièrement crédible dans son rôle.*

" Q..Qu'entendez vous par former messire...? J..J'ai beau réfléchir, je ne vois pas en quoi on pourrait me former en matière de ... Queue? J..Je ne vois pas trop de quoi vous voulez parler..."

*Elle le regardait avec ses deux perles brillantes, la tête penchée sur le côté, attendant naïvement une réponse.*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le dimanche 14 juillet 2013, 14:47:53
Tomber sur Narcisse n’était vraiment pas ce que Cahir avait souhaité. Le chevalier était un bel homme, et les femmes l’adoraient, mais il savait que cet homme était aussi dénué de tout sens moral. Son nom était bien choisi. Arrogant au possible, Narcisse méprisait tous les autres, et ne respectait aucune convention. Il était inconcevable pour lui qu’une femme se refuse à lui, et il devenait particulièrement agressif quand on s’opposait à lui. Il venait d’une puissante famille de Nexusiens, et était versé dans l’art du combat. Cahir avait du mal à l’admettre, mais Narcisse était un redoutable bretteur, ce qui ne faisait qu’encourager l’arrogance naturelle dont l’homme faisait preuve. Lui et Narcisse se ressemblaient beaucoup, même si les deux refuseraient toujours toute assimilation. En d’autres circonstances, Cahir aurait tout à fait pu devenir Narcisse, un chevalier beau, arrogant, prétentieux, fort et talentueux. Il n’était vraiment pas tombé au meilleur moment pour rassurer Adelyn, qui, malgré son âge, et le fait qu’elle avait eu avoir ses premières floraisons depuis des années, restait, dans sa tête, une jeune femme à l’innocence candide presque exaspérante. Son cas était, bien sûr, loin d’être unique. Sous l’égide de l’Ordre et des préceptes cléricaux puritains, beaucoup de femmes ne connaissaient rien du sexe, et faisaient preuve d’une ignorance affolante, jusqu’au moment des noces.

Elle restait proche de Cahir, nerveuse. Il était devenu, bien malgré lui, son protecteur face à Narcisse. Amusé, le chevalier les regardait, jusqu’à ce qu’Adleyn se désolidarise de Cahir, et n’entreprenne de se rapprocher de Narcisse. Elle était tellement belle... Sa robe déchirée ne faisait que la rendre encore plus attirante, et le regard de Narcisse louchait sans aucune honte sur le corps de cette femme, observant sa belle poitrine, ses hanches solides, cette silhouette gracieuse et magnifique. Oui, elle était belle, une créature réellement magnifique, et c’est ce qui la rendait si vulnérable... On l’avait éduqué autour de cette beauté, de cette beauté presque sacrée, sans jamais lui apprendre à se débrouiller. Devant Narcisse, elle exprimait toute sa naïveté, et Cahir avait presque envie de la gifler.

« Messire ? répéta Narcisse, avec un léger sourire. J’aime qu’on m’appelle ainsi, oui... »

Cahir était nerveux, prêt à agir. La situation risquait de dégénérer à n’importe quel moment, car les hormones de Narcisse étaient en train de parler. Il se moquait royalement de l’autorité de Grandchester, et, si Cahir n’avait pas été là, il ne faisait aucun doute que Narcisse aurait déjà violé cette femme. Il l’aurait prise contre le sol, aurait tué les brigands, puis l’aurait également défloré, regrettant que de vulgaires soudards aient pris la fleur de cette femme. Et, pour ne pas avoir d’ennuis avec Grandchester, il l’aurait égorgé, et aurait dit que les bandits l’avaient tué.

« Mais, si tu veux que je te forme, ma douce, il te suffit de demander, aucune femme ne s’est jamais plaint de mes formations... Regarde, il te suffit de t’agenouiller, d’ouvrir la bouche, et de...
 -  Narcisse ! C’est assez ! »

La main de Narcisse fut toutefois plus rapide, et attrapa le menton de la femme, forçant sa tête à se soulever. Cahir entreprit de se rapprocher, la main sur la garde de son épée, et s’arrêta rapidement.

« Cet homme a trahi son pays... Il n’est rien, il ne représente rien, et il voudrait me donner des ordres ?! Me dire ce que je DOIS faire ? Tu n’es qu’une salope, ma chérie... Et je vais te baiser. Incline-toi ! »

Il la gifla alors, et Adelyn chuta sur le sol. La lame de Cahir sortit alors de son fourreau, partant dans un mouvement ascendant vers Narcisse, du haut vers le bas. Narcisse dégaina la sienne, et les lames s’entrechoquèrent.

« Deux hommes se battant pour les beaux yeux d’une femme... On dirait un conte ! »

Cahir ne répondit pas, et récupéra sa lame, tentant d’attaquer à nouveau, mais Narcisse bondit élégamment en arrière.

« Maintenant ou plus tard, qu’importe ? Cette pute n’est bonne qu’à se faire fourrer... Et, si tu as perdu tes couilles à Ashnard, sache que les miennes sont pleinement opérationnelles. Mieux vaut moi que Grandchester, peut-être même qu’elle pourrait apprécier ça. »

Cahir ne l’écoutait pas, ne voulait pas l’entendre. Sa lame heurta à nouveau celle de Narcisse, et il tournoya sur lui-même, cherchant un autre angle. Malheureusement, le Nexusien était rapide, et envoya son pied, qui heurta Cahir au ventre. Narcisse en profita alors pour attaquer, frappant fort et vite. Les lames se heurtaient avec violence, et Cahir s’abaissa, évitant la lame qui se logea dans l’arbre. Suivant son instinct, il s’élança en avant, et son épaule heurta le ventre de Narcisse. Les deux hommes tombèrent sur le sol, et Cahir se releva, à califourchon sur lui, et envoya son poing en pleine figure. Narcisse poussa un hurlement de douleur, et cracha du sang depuis la bouche.

« Comment as-tu osé... ?! » s’étrangla-t-il.

Et Cahir osa encore. Un nouveau coup de poing fractura le nez de Narcisse, qui gémit de douleur. Cahir attrapa l’un de ses poignards de combat, leva le poing. Un éclat de la lune se refléta sur l’acier de son poignard, et il se dirigea pour l’abattre... Quand un carreau d’arbalète atterrit juste à côté de la tête de Narcisse.

« Allons, Messieurs, un tel comportement devant une dame est inexcusable. »

Surpris, Cahir releva la tête, et vit plusieurs hommes d’armes qui s’avançaient. Les soldats de Grandchester. Narcisse cracha du sang, et Cahir, en grognant de dépit, se releva, libérant le chevalier blessé.

*Dommage... Mais à charge de revanche, Narcisse...* se promit l’apatride.

Crachant un peu de sang, Narcisse se releva. Un capitaine de la garde s’avançait, et observait avec un mépris écœurant le corps d’Adelyn.

« On dirait une sauvageonne... Mais, au moins, elle est en vie. Ramenez-là. Il est temps pour elle d’apprendre que le mariage ne consiste pas qu’à profiter grassement de la richesse de son époux, mais aussi de suivre les devoirs conjugaux. »
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le mercredi 17 juillet 2013, 20:12:02
*Adelyn, dans toute sa splendeur, faisait preuve de la pire candeur au monde... Son impéritie au langage couramment utilisé par le petit peuple l'amenait tout droit à une situation des moins enviables! Elle ne commettait pas vraiment un crime par sa méconnaissance du monde mais sa capacité à se mettre dans des conditions dérangeantes était telle qu’on avait presque l'impression qu'elle cherchait les ennuis ! Pourquoi devait-elle absolument se montrer aussi courtoise envers un homme qui ne le méritait peut-être pas ?
Cet homme, Narcisse, avait les allures d'un beau chevalier et son sourire avait dû faire flancher le cœur de bien des Dames. C'est assez naturellement que notre petiote lui donna le diminutif de "Messire", tout simplement parce qu'il donnait l'impression d'être de sang Noble par sa prestance et son charisme. À côté de ça il y avait Cahir, beaucoup plus humble et moins abus de sa personne. S'il ne resplendissait pas autant que le beau blond à la lumière du soleil, notre demoiselle se sentait néanmoins plus proche de ce dernier et lui trouvait un charme obscur, bien plus troublant que celui du soldat.

Mais ici, elle avait fait l'erreur de se rapprocher du chevalier, se mettant à découvert.

Si la jeune femme ne supposait point qu'elle puisse être d'une manière ou d'une autre désirable aux yeux de ces individus, il était certain que sa tenue avait un côté aguicheur. Son corps était assez bien mis en valeur, même si cet effet n'avait pas été recherché, et il était extrêmement rare qu'on puisse ainsi se rincer l'œil sur la physionomie d'une Dame de la Cour, habituellement vêtue de longue robe afin de cacher leurs jambes et leurs atouts... Dans le cas s'y présent, la petiote était ravissante de fragilité et malgré le manque de tenue, la tentation de balayer du regard ses formes harmonieuses était forte...

Peut-être que cela expliquait la réaction de Narcisse...?

Adelyn n'avait rien pour argumenter une réaction aussi soudaine de la pars du jeune homme, elle en était même la première surprise! Après avoir entre-aperçu un sourire chez le chevalier, celui-ci s'était rapprochée d'elle et avança une main, tentant de la mettre sous son emprise. Le timbre de sa voix était assez méprisant et ses prunelles ne se génèrent pas pour caresser langoureusement la poitrine de notre rouquine. Le sens des mots qu'il utilisa ne parvint pas immédiatement jusqu'à l'esprit de notre naïve fugueuse qui se laissa attraper le menton sans émettre la moindre opposition. Son regard croisa celui de l'intrépide, sa bouche légèrement entre ouverte et sa respiration se faisant plus rapide.

Ouvrir la bouche? S'agenouiller...? Q...Qu'était-ce cette formation...?

Face à la réaction de Cahir qui fut d'ordonner à Narcisse de cesser ce jeu, notre misérable enfant voulu se retirer, paniquée, mais l'homme de main de son futur mari la retenait avec intensité, l'insultant et lui disant enfin clairement ce qu'il comptait faire d'elle.

Puis, d'un coup brutal, il la frappa au visage.

Adelyn n'avait pas vu la main venir et sa chute n'en fut que plus violente! Déjà qu'elle tenait péniblement sur ses guibolles alors, avec la gifle qu'elle venait de recevoir, elle s'effondra au sol sans résistance, complètement sonnée... Un bourdonnement grinçait dans sa tête et la jeune femme ressentait de plus en plus de mal à se redresser. Elle n'était plus du tout stable et une vive chaleur lui attaquait la joue, la faisant souffrir d'une douleur accablante. Aucune larme ne parvint à ses yeux tant le coup avait été puissant! La seule chose qu'elle ressentait c'était la chaleur intense qui se dégageait de la zone de contact et un sérieux vertige, l'immobilisant au sol.

La demoiselle restait figée, tétanisée. Si sa vue brouillée ne lui permettait pas de voir l'affrontement entre l'apatride et le soldat, ses oreilles pouvaient entendre le contact des épées s'entrechoquant ainsi que les paroles de Narcisse...

Il avait bien l'intention de lui ôté sa virginité, de la "fourrer" comme il le disait si bien. Et surement que cela ne se ferait pas avec douceur et passion mais avec la sauvagerie la plus primaire qu'il soit! Encore un homme qui voulait la violer... Qu'avaient-ils donc tous!? La gente masculine était-elle donc tant poussée au vice de la luxure?! Comment se faisait-il qu'en si peu de temps, autant d'hommes avaient eu l'envie de la violenter? Était-ce sa faute...? Q..Qu’avait telle donc fait pour mériter ça...?

Narcisse était vulgaire, déplacé et n'avait qu'un désir, prendre la jeune femme. Et si Cahir n'avait pas été là, surement que cela aurait été fait depuis longtemps.

Ce dernier c'était jeté tête baissée pour la protéger, elle qui n'était absolument rien pour lui, elle qui avait même été plutôt désagréable en lui faisant moult reproches. Le mercenaire la défendait, au périple de sa vie.

Adelyn était couchée sur le dos et ses prunelles pétillantes observaient la scène d'un air horrifié, complétement perdue! Immobile, elle était incapable de faire quoique ce soit dans sa situation et la seule chose qui s'imprégna dans ses pensées fût qu'il fallait que Cahir remporte cette bataille... Pas seulement pour sa propre vie, mais également car elle avait peur. Peur de perdre cet homme si courageux, si chevaleresque. C'était normale de la défendre, lui semblait-il, mais le jeune ténébreux était le seul à l'avoir fait. A deux reprises déjà... C'est que, finalement, il devait être bon. Il y avait surement d'autres possibilités qu'il agisse de la sorte mais s'était la seule que retenait notre rouquine.

Ses yeux brillants de milles éclats observèrent le combat et au fur et à mesure que Cahir prenait de l'assurance, jusqu'à finir par coller un poing au visage de Narcisse, au plus la demoiselle commençait à le regarder différemment.

Il aurait pu la violer avec son confrère mais il ne l'avait pas fait. Il était véritablement son sauveur... Il allait la remettre à Grandchester c'était un fait mais c'était plus fort qu'elle, Adelyn le trouvait remarquable et était admirative devant sa force et sa bravoure.

Puis, soudainement, elle entendit des bruissements derrière elle et se retourna subitement, interpelée. Qu'elle fut sa surprise lorsqu'elle remarqua une dizaine d'homme de la garde du Lord! Certain visage lui était familier... La belle avait été si captivé par Cahir qu'elle n'avait remarqué le tambourinement des sabots des chevaux sur le sol! Le chef de la garde se mit alors à parler d'une voix forte, impérial, n'acceptant aucune contestation, s'adressant directement aux deux combattants, les remettants à l'ordre.

Puis, tout de suite après, il tourna son regard et dévisagea notre protagoniste. Il venait d'arriver que notre donzelle l'abhorrait déjà. Son air supérieur l'insupportait et il avait très nettement un côté misogynes qu'il ne cachait nullement. Les devoirs conjugaux... Ce qu'il ne fallait pas entendre! Non seulement, elle n'avait encore jamais profité des biens du Lord, mais en plus, il fallait qu'elle soit douce et aimante! C'était injuste!

Les insinuations qu'il proférait à son encontre l’indisposaient et Adelyn était outrée d'être ainsi comparée à un parasite, ne cherchant que le profit. Qui était-il pour la juger de la sorte!?

Elle lança un sombre regard au commandant, avant de s'apercevoir que la plupart des gardes la regardaient avec un sourire aux lèvres. Q...Qu'avaient-ils tous à l'observer ainsi...?

Immédiatement, par réflexe, elle baissa son regard afin de voir ce qui n'allait pas. Et c'est ainsi qu'elle se rendit compte que tous ces hommes étaient en train de se rincer l'œil sur elle, ses vêtements dans un état pitoyable. Elle releva ses yeux, entendant certains rires discrets avant de rougir furieusement. Quelle honte.... A..Aucun homme ne l'avait vu auparavant et ici, une dizaine d'homme la contemplaient allègrement. Elle voulut se cacher, ne plus supporter cette ridicule situation mais c'était impossible. La seule chose qu'elle trouva à faire fut de replier ses bras contre sa poitrine, dissimulant tant bien que mal ses formes.

Elle voulait partir, ne plus subir les moqueries de ces gens et pouvoir enfin se reposer... Mais ce n'était pas pour maintenant.

Le chef de la garde fit un mouvement de sa main tout en ordonnant à ses hommes d'aller l'attacher, pour éviter toute tentative de fuite. Le château de Grandchester était plutôt loin et mieux valait-il ne pas la perdre en route.

La belle rousse tourna son visage vers Cahir, inquiète. Il était évident qu'elle ne pouvait plus choisir de partir mais ce n'était pas tant ça qui l'effrayait. A vrai dire, vu ce nouvelle épisode avec Narcisse, une idée lui trottait dans la tête, n'ayant plus confiance en personne sauf en l'apatride.

Qu'allaient faire ces hommes d'elle? L'emmèneraient-ils directement à la demeure de Grandchester ou bien se permettraient-ils de lui faire subir "certaines choses" avant. Décidément, elle n'était pas rassurée.

Alors que trois soldats s'avancèrent vers elle, Adelyn recula tout en trébuchant. Elle n'avait plus beaucoup de force et une telle maladresse fit rire certains soldats, la trouvant surement pathétique. E..Elle était consciente qu'elle ne parviendrait à rien alors, prise de panique, elle s'adressa directement au capitaine des troupes, sans vraiment réfléchir.*

"C...Capitaine! I...Inutile de m'attacher....! J..Je n'ai pas vraiment le choix mais... J..Je viendrais avec vous sans sourciller à une condition. Si vous acceptez... S..Soyez certain que je ne vous ferais aucun tord et... Et je dirais du bien de vous au Lord!"

*Les soldats s'étaient arrêtés et l'homme semblait intrigué par la proposition qu'elle avait à lui faire. Il fallait dire que ce n'était pas le faites de ne pas l'attacher qu'il l'intéressait (vu qu'il était fort probable qu'elle ne puisse pas fuir dans son état) mais plus la deuxième partie du marché.*

"Et bien Parle!"

*Tous étaient silencieux, tandis que notre petiote baissa son regard, réellement intimidée par la situation. Puis, elle releva son visage, tout en tournant ses yeux vers Cahir qui se trouvait non loin d'elle.*

"J...Je désire être raccompagnée par ce jeune homme... Q..Que ce soit lui qui se charge de me surveiller."

*Du regard, elle désigna Cahir, ses bras trop préoccupée à cacher sa poitrine. La jeune fille était consciente que ce n'était pas forcément très raisonnable mais au moins, elle se sentirait en sécurité.*


Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le jeudi 18 juillet 2013, 14:50:32
Narcisse était plus populaire que lui auprès de Grandchester. Cahir avait pris des risques inutiles avec cette femme. Il avait empêché Narcisse de la violer, mais il connaissait Grandchester, il savait quel genre d’homme il était. Un homme qui n’aimait pas les femmes. Il abandonnerait volontiers sa femme en pâture à ses hommes, et Narcisse serait du lot. Cahir n’avait fait que prolonger le supplice de cette femme de la plus horrible des manières, en lui faisant don de la plus grande des souffrances de ce monde : l’espoir. C’était cruel... Mais il n’avait pas pu s’en empêcher... Tout comme il ne pouvait pas s’empêcher de serrer les poings en voyant les regards lubriques et intéressés de ces porcs. Des soldats, eux ? Depuis quand un soldat agissait-il ainsi, sans honneur ? Mais les Ashnardiens étaient-ils vraiment différents ? Non, ils étaient même pires. Cahir était bien placé pour le savoir, car il avait du abandonner une partie de ses principes pour eux, pour ses hommes, des tueurs. La guerre vous transformait, elle faisait ressortir toute la noirceur des individus, les transformait en monstres. Mais eux, ce n’étaient que des minables, des pisse-gorges qui, parce qu’ils avaient une arme, abusaient de leur autorité... Comme Grandchester. Cahir était fait. Il allait devoir partir. Narcisse ne lui pardonnerait pas de l’avoir frappé, et il ne pouvait pas rester dans une ville où tout le monde voudrait le tuer.

Mais pouvait-il abandonner Adelyn ? Cette perspective était tout simplement atroce, inconcevable. Il tenait à elle, à son innocence. Oui, elle était innocente, douce, presque de la matière dont on fait les saintes. Si Grandchester la massacrait, elle ne serait pas une martyre, rien d’autre qu’une pauvre femme brisée sans comprendre pourquoi. Cette injustice l’écœurait. Cahir, croyons-le ou non, avait toujours été un idéaliste, quelqu’un qui croyait que l’Empire d’Ashnard permettrait, par sa motivation, par son armée, de pacifier le monde. C’était une approche assez atypique de la guerre, consistant à penser que la guerre conduirait à la paix.

Adelyn réussit, surprenant Cahir, à formuler une demande, en exigeant que l’homme la protège. Il ne dit rien, croisant brièvement le regard du capitaine, devinant son scepticisme. Elle avait scellé sa tombe. Adelyn était la chose de Grandchester. Il était clair que Cahir serait un obstacle, une sorte de rival. Ce n’était pas de la jalousie amoureuse, simplement une volonté de posséder totalement sa chose, sans aucune cession envers des gêneurs. S’il restait auprès de Grandchester, il mourrait, c’était évident.

*Mais je ne peux pas lui en vouloir... Elle ne comprend comment les monstres et les pervers raisonnent... Elle n’est pas bête, elle est simplement perdue dans son conte de fées... Puis-je vraiment l’abandonner auprès de tous ces types ?*

Il connaissait déjà la réponse à cette question. Le capitaine n’hésita pas longtemps.

« Soit... Ne l’attachez pas, Messieurs, elle est suffisamment intelligente pour savoir où réside son intérêt... »

Oh oui, elle l’était, et même assez pour comprendre que rien de bon ne l’attendait ici. Absolument rien. Il devait l’emmener, oui, mais où ? Où diable pouvait-il la conduire ? Elle ne serait pas en sécurité avec lui, elle... Elle était trop pure pour lui, tout simplement. L’apatride se rapprocha d’elle, et enleva son manteau, découvrant son armure noirâtre, et la posa sur les épaules de la femme.

« Couvrez-vous, Adelyn. »

Il resta à côté d’elle, et le groupe se mit à marcher, rebroussant chemin. Il leur fallut une bonne demi-heure pour rejoindre les faubourgs du château, Narcisse jetant des regards furieux à Cahir. Le groupe passa devant une auberge animée, et, si Cahir n’avait pas été là, il y avait fort à parier qu’ils auraient fait une halte à l’auberge. Ils se rapprochèrent des fortifications du château, rejoignant le pont-levis, où plusieurs gardes étaient postés à l’entrée, avec des archers et des arbalétriers sur les murs. Les drapeaux de la maison de Grandchester flottaient devant eux.

« Que ramenez-vous là ?
 -  Va annoncer à Sire Grandchester que sa promise est revenue au château... Et qu’elle ressemble à une sauvageonne...
 -  Bien, Monsieur ! »

Le garde se retourna, et s’avança rapidement, tandis que la herse en fer s’ouvrit. Cahir restait à côté d’Adelyn, sentant cette dernière devenir extrêmement nerveuse, comme si elle rentrait dans une prison. Il se glissa dans son dos, posant ses mains sur ses épaules.

« Je vous en prie, Adelyn, avancez... Je vous en prie, ne leur donnez pas l’occasion de vous battre... Je veillerais sur vous, mais on ne peut plus faire marche arrière... Faites-moi confiance... »
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le jeudi 18 juillet 2013, 19:16:26
*Alors que tous les regards étaient dirigés en direction de cette perle brute qu'était Adelyn, celle-ci entamait une petite prière, espérant de toute son âme, de tout son être que ce qu'elle avait proposé au capitaine puisse lui convenir. Elle avait tellement peur... Rien qu'à l'idée d'être entre les mains de ces hommes corrompus jusqu'à la moelle lui donnait des nausées. Bien évidemment, elle n'avait guère envisagée que ce marché puisse nuire Cahir. A vrai dire, elle n'avait pas vraiment réfléchit et s'était laissée guider par son instinct et Dieu sait qu'il n'est pas très raisonnable d'agir de la sorte. Cependant, la demoiselle n'avait pas vraiment d'autre choix et quitte à se faire ramener jusqu'à son époux, autant que cela soit en meilleure compagnie!

Ses prunelles observaient intensément le capitaine des troupes, déviant à quelques reprises vers Cahir. Il avait l'air préoccupé... P...Pourquoi l'était-il? N'était-ce pas elle qui devait être inquiète de son sort? La belle n'avait qu'une vague idée de ce qui l'attendait entre les mains de Grandchester et ce n'était pas une perspective très attrayante qui apparaissait! Après tout, ce n'était pas pour rien qu'elle s'était enfuie... De plus, son escapade lui couterait très chère car il était plus que certain qu'elle serait punie pour cette fugue. Et cette punition l'angoissait terriblement. Q..Qu'allait-il advenir d'elle..?

La jeune femme restait les yeux rivés sur l'apatride, tout en gardant fermement ses bras contre elle pour se cacher du regard libidineux des gardes. Au plus elle regardait cet homme, au plus elle avait l'impression que la demande qu'elle avait formulée le dérangeait... La petiote en ignorait la cause cherchant brièvement une explication. Peut-être voulait-il percevoir au plus vite sa récompense et que faire le chemin avec la troupe mettrait plus de temps? Plausible... Ou peut-être que cette tâche l'incommodait? Comment savoir...? Cahir avait manifesté tant de réactions paradoxales en sa présence, voulant une fois la protéger, une fois l'emmener à sa prison, que cela perturbait Adelyn. Qui était-il au fond...? Elle n'en savait rien et c'était assez troublant de savoir qu'elle remettait sa sécurité à cet étrange individu. Peut-être avait-il finalement réussi à gagner partiellement la confiance de la donzelle?

C'est alors qu'elle entendit la voix grossière du commandant ordonner à ses hommes de la laisser libre de tout lien, acceptant ainsi leur "pacte".

Quel soulagement! La demoiselle laissa s'échapper un profond soupire, réellement rassurée. Si elle avait montré une candeur affligeante depuis le tout début de la rencontre avec le mercenaire, ce n'est pas pour autant qu'elle manquait d'esprit, comme pouvait le souligner le capitaine. Elle n'allait plus tenter de fuir tout simplement car ce serait ridicule. Ils avaient des chiens et des hommes habiles pour la ramener alors qu'elle n'avait dans son camp rien d'autre que sa volonté et si la volonté faisait des miracles, elle n'était guère suffisante que pour remplacer l'énergie, l'eau, la nourriture et le sommeil manquants. Échec et mat... Elle avait perdue face à la dureté de la vie et des forces armées d'Eric.

La délicieuse petite rouquine était toujours assise au sol, se reposant légèrement avant de prendre la route vers la demeure de Grandchester qui deviendrait bientôt la sienne. Du moins officiellement car dans le cœur trépignant de cet ange désolée, jamais elle ne pourrait se sentir chez elle dans un tel endroit même en y vivant toute sa vie. Cela resterait pour toujours la prison de ses rêves déchus et de son espoir éteint.

Puis, elle vit Cahir s'approcher, la recouvrant de son manteau. Elle avait sa tête relevée vers lui, ses prunelles pétillantes de gratitude.  Ce n'était pas grand-chose mais sentir cette veste sur ses frêles épaules la réchauffait aussi bien physiquement que physiquement. A la fois, il lui offrait de quoi la protéger de l'air frais de l'extérieur et des regards d'autrui, mais en même temps, cette petite attention émut la jeune fille qui avait l'impression que, pour une fois, on s'occupait d'elle. Elle ne savait pas comment le remercier et du coup, elle restait là, à l'observer, un léger sourire se formant sur ses lèvres, peut-être bien le dernier. Elle n'avait pas pleuré, malgré son désespoir, juste parce qu'elle se souvenait de son conseil et qu'elle préférait l'écouter. Elle devait se montrer forte, même si c'était extrêmement dur pour la jeune fille qui n'avait plus grand chose pour s'accrocher à la vie.

Finalement, ils prirent le départ, marchant sur les sentiers sinueux des vastes Terres, Adelyn les suivait tant bien que mal auprès du mercenaire, sa démarche complètement instable, exténuée. Durant le trajet, elle ne dit mot, se concentrant d'avantage sur son équilibre que sur une conversation avec Cahir. LA demoiselle aurait voulu lui faire comprendre qu'elle l'appréciait, que son soutient quelque peu étrange lui avait donné un espoir futile, certes, mais nécessaire pour qu'elle puisse surmonter cette nouvelle épreuve. Notre charme Lady à la chevelure flamboyante n'était pas encore complétement brisée et ce court répit, c'était à lui qu'elle le devait....Cela ne servirait surement pas à grand-chose, mais au moins, elle pouvait se préparer à l'avenir qui n'avait plus qu'une issue... Le château. Ça qui s'y déroulerait à l'intérieur, elle l'ignorait.

Après une bonne marche, le groupe arriva finalement aux portes de la vaste demeure du Lord Grandchester, toujours aussi lugubre et inquiétante. Lors de cette escapade, elle pouvait voir Narcisse sur son fidèle destrier qui jetait continuellement un regard menaçant en leur direction. Adelyn espérait de tout cœur qu'il ne fasse pas parti des chevaliers aux ordres d'Eric... Elle n'avait pas oublié la vilaine gifle qu'il lui avait donné ni même les propos qu'il avait utilisé. A vrai dire, à chaque fois qu'elle croisait le regard de cet homme, elle baissait le sien automatique, effrayée. Elle devait peut-être se montrer forte, mais ce n'est pas pour autant qu'elle l'était, malheureusement...

Puis, après un instant, la grande porte en pont-levis descendit, permettant à l'escadre d'entrer sur les terres d'Eric. Les drapeaux flottaient sur les remparts du château et au fur et à mesure que le pont se formait, au plus le rythme des battements du cœur de la jeune fille s'accélérait. E...Elle ne voulait pas rentrer. Son corps n'obéissait plus et seule une chose parvenait à ses oreilles...

http://www.youtube.com/watch?v=zuZ64gkB1Jg

La douce mélodie de sa boite à musique, qu'elle fredonnait doucement, inconsciemment. Elle était prise par une crise de panique. Sa vision devint trouble et l'illusion de voir des barreaux se refermer derrière elle était des plus réalises. Ses jambes flanchaient et elle crut un instant qu'elle allait à nouveau se retrouver à manger la poussière, mais ce ne fut pas le cas.

La désirable enfant sentit les mains de Cahir l'attraper par les épaules, le sentant derrière elle, la soutenant. Il était là pour l'encourager à avancer vers son tombeau, afin qu'elle ne se fasse pas battre. Surement ne tiendrait-elle pas le coup si elle devait subir le courroux du Capitaine. Son sauveur lui demandait de lui faire confiance, à nouveau... Avait-elle seulement le choix? Mais même s'il ne l'avait pas eu, la direction qu’empruntaient les battements de son cœur était celle de la foi... Si elle n'avait plus la foi en un Dieu parmi les cieux, elle en avait une pour cet homme... Peut-être était-ce son gardien? Peut-être était-ce son bourreau? Qu'importe...

"J....Je vous fais confiance Cahir..."

Alors, psalmodiant à travers les notes de sa boite à musique, elle se releva et mit un pied devant l'autre, jusqu'à atteindre le seuil du rempart. Une boule se formait au fond de sa gorge, l'empêchant de respirer normalement. La noble avait de plus en plus peur et sentait le danger tout autour d'elle.

Adelyn avait déjà vécu cette scène, lors de son arrivée au château. Comme un funeste souvenir, tous les détails des lieux demeuraient intacts dans sa mémoire. Une mémoire qui aimait lui rappeler les souvenirs de sa chambre, de sa musique, lui remémorant sans cesse d'où elle venait et à quoi elle était destinée. L'ombre de son passé aimait la tourmenter, la cloitrant dans un idéal inatteignable, celui de la liberté.

Notre protagoniste continuait à marcher lentement, retrouvant les lieux qu'elle avait fui, lorsque soudain, elle s'interrompit en voyant l'un des émissaires d'Eric arriver en sa direction, enfin, en la direction des soldats dans leur globalité... Son regard cherchait la jeune femme qu'il avait vu il y a quelques jours de cela, sans l'apercevoir.*


"Eh bien, où est la Comtesse...?"

*Il cherchait encore, évitant très nettement de toucher gardes couverts de crasses quand son regard se stoppa sur la jeune femme. Les yeux ronds, il ne pensait pas la retrouver dans un état aussi pitoyable! Il avait presque eut du mal à la reconnaitre mais il n'y avait pas de doute, sa beauté était toujours la même.*


"Par mes aïeux! Quelle horrible spectacle que vous nous offrez! Vous ne pouvez certainement pas apparaitre devant le Lord dans une tenue aussi indécente et révoltante!"

*D'un geste, il interpella des domestiques pour l'emmener se changer... Mais Adelyn restait figée sur place. E..Elle ne voulait pas partir sans Cahir... Elle ne savait pas pourquoi mais c'était plus fort qu'elle! Ses yeux se fermèrent et elle se sentit à bout de forces. Malgré tous les efforts du monde, la jeune femme semblait s'être transformée en poupée de chiffon et son corps vacilla, ne répondant plus à rien... Trop de faim, trop de soif.

Les esclaves l'attrapèrent in extremis et sans attendre les ordres supplémentaires de l'émissaire, ils l'emmenèrent dans la demeure... De son côté, ce dernier qui était aussi un conseiller au Lord se rapprocha de la troupe, l'air ennuyé.*


"Et bien.... La comtesse m'avait l'air épuisé! Elle nous expliquera la raison d'une telle fatigue. Se serait fâcheux que vous l'aillez abimé, une si belle créature.*

*Sa voix était cristalline et on sentait toutes les insinuations qui en ressortaient. Il se tourna vers le chef de la garde et lui lança un sourire complice.*

"Néanmoins, vous avez bien travaillé! Toujours efficace. Mais dites mois... Qui est cet homme qui vous accompagne?"

*Il désigna Cahir du regard, avant de partir discuter avec le capitaine*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le vendredi 19 juillet 2013, 20:14:47
Ses mains sur ses épaules n’échappèrent à personne. Il s’en serait maudit. Trop gentil, trop honnête. Où était donc passé ce fier guerrier élancé qui voyait toute forme de pitié comme de la complaisance ? Où était-il passé, cet homme droit et élégant, qui ne se serait jamais abaissé à côtoyer de tels êtres, à tolérer de tels regards sur sa personne, sans les battre ? La crasse d’Adelyn n’était rien par rapport à sa déchéance spirituelle. Lui, le courageux Corbeau Noir, le guerrier d’élite, un vulgaire apatride, un homme qui n’avait même plus le droit d’avoir un nom... Pauvre Adelyn, s’il était son gardien, alors c’est qu’elle était vraiment maudite, car il était un bien piètre gardien. Entre ses lèvres, elle semblait murmurer quelque chose. Une prière ? Cahir avait jadis cru à l’existence des Dieux... Ou, du moins, à l’existence de Dieux protecteurs et bienveillants... Mais personne ne l’avait protégé de son procès, de la sanction de la cour militaire... Alors, il avait du mal à voir l’utilité concrète d’une prière, mais il n’allait pas la sermonner. Il avait beau dire tout ce qu’il voulait, elle n’était pas dupe. Elle pénétrait, non pas dans un fort, mais dans une prison, et elle n’allait pas voir son futur époux, mais son bourreau.

Et lui, s’il restait là, il mourrait. Il devrait partir le plus vite possible, et cette simple idée l’écœurait. Il avait promis de l’aider, de la protéger... Mais que valait la parole d’un apatride, de quelqu’un qui, par définition, n’avait pas de parole, pas d’honneur, pas de fierté ? Il avait juré de la défendre, mais c’était une promesse qu’il était incapable de tenir... Comme celle qu’il avait faite de servir sa patrie, d’honorer le nom de sa père et de sa mère, de respecter sa femme, de ne pas jeter l’opprobre sur sa famille, sur sa femme, et sur leur enfant... À cette idée, Cahir sentait son cœur se serrer. Sa femme... Oh non, il ne l’avait jamais aimé, mais elle avait été enceinte... Ça, il en était sûr. Il avait une descendance, quelque part... Un fils qui, avant même d’être né, avait comme père un traître... Un fils qui, avant même d’être né, avait déjà toutes les raisons du monde de haïr son père. La vie n’avait pas été tendre avec lui. C’était peut-être pour ça que, en fin de compte, il se sentait si proche d’elle... Comme lui, elle n’avait pas eu de chance.

Adelyn et Cahir se retrouvèrent dans la cour, où un intendant se rapprocha, s’offusquant de voir l’état dans lequel Adelyn était. La cour était assez grande. C’était un beau château, solide, avec des murs épais, et de nombreux gardes. Il y avait un puits au centre, et le donjon dominait toute la zone. Il était au bout de la cour, avec des dépendances à gauche et à droite, comprenant les parties réservées aux pages, ainsi que les écuries, où il y avait le cheval de Cahir. L’arrière du château comprenait des quartiers plus privés : les jardins personnels de Grandchester, avec le cimetière du château, menant à la crypte. Une autre partie du château comprenait la caserne militaire, avec la cour d’entraînement, et était accessible depuis la cour principale, mais un simple visiteur ne pouvait pas y aller.

« Par mes aïeux! Quelle horrible spectacle que vous nous offrez! Vous ne pouvez certainement pas apparaitre devant le Lord dans une tenue aussi indécente et révoltante ! »

Cet homme était sûrement le chambellan de Grandchester. Cahir avait besoin de lui pour rencontrer deux personnes : le bailli, afin d’obtenir sa récompense, et le connétable, afin qu’on attelle son cheval. Sa résolution était décidée : il partirait dans l’heure. Ainsi, tandis qu’on emmenait Adelyn, Cahir se forçait douloureusement à ne pas regarder, ne voulant pas qu’elle se raccroche à lui, à un espoir perdu. Il était bien placé pour savoir que la pire des souffrances, pour un damné, était l’espoir. L’espoir vous donnait la force de survivre à vos blessures, de continuer à vous battre, alors même que cet espoir était fictif... Et, quand vous le réalisiez, c’était pire que tout, pire que tous les coups de fouet, les réprimandes, les os brisés, et les coups qu’on avait pu vous infliger. Quelque chose se cassait en vous... Plus Cahir entretiendrait cette flamme, plus Adelyn s’y brûlerait. Il ne pouvait pas la faire souffrir ainsi... Ce n’était pas juste pour elle.

*Je suis désolé, Adelyn, mais nous ne sommes pas dans un conte... Dans la vie, il n’y a pas de héros, rien d’autre que des monstres, des déceptions et des espoirs brisés...*

Il était plongé dans ses pensées, n’entendant pas la conversation entre le capitaine et le chambellan, jusqu’à ce qu’on parle delui. Il releva alors la tête.

« Néanmoins, vous avez bien travaillé! Toujours efficace. Mais dites mois... Qui est cet homme qui vous accompagne ? »

Cahir nota que son manteau était sur le sol, et le récupéra distraitement.

« Lui ? s’exclama le capitaine. Ce n’est pas personne, rien de plus qu’un vulgaire apatride, lâcha-t-il, sur un ton suffisamment fort pour qu’Adelyn l’entende. À l’origine, c’était un Ashnardien, mais il...
 -  J’ai récupéré la fiancée de Sire Grandchester, alors même que des brigands allaient la détrousser. J’exige al récompense promise par le seigneur. Où puis-je trouver le bailli ? »

Le chambellan hésita, mais le capitaine ne nuança pas. Il n’était pas dans son intérêt de mentir, car on pourrait croire qu’il était celui qui avait ainsi mis Adelyn dans cet état. Le chambellan lui indiqua où trouver le bailli, et Cahir se mit en marche. En chemin, il vit, près d’un feu de camp, Narcisse, en compagnie de plusieurs soldats à l’air mauvais, qui le regardèrent fixement, Narcisse ayant une lueur assassine dans le regard.

*Pars dans l’heure, ou ils te tueront...*

Il entra dans la salle centrale du château, celle qui faisait office de banquet, et vit plusieurs autres soldats. Chacun lui semblait être une menace. Il grimpa à l’étage, et trouva le bailli dans ses appartements.

« Oui, on m’a prévenu que la petite était revenue... Et c’est grâce à vous, hum ? J’espère que ces pièces d’ors sauront soulager votre conscience. »

Si, en plus, il fallait qu’il tombe sur un moralisateur... Cahir ne répondit rien, attrapa une bourse, et ne vérifia pas le contenu. Voir une seule de ces maudites pièces lui donnerait envie de vomir. Il enfila sa bourse, et descendit les marches, rejoignant ses quartiers. Il avait une misérable cellule, et enfila rapidement ses affaires, regardant distraitement par la fenêtre ce qui se passait dehors. Il y avait des patrouilles de soldats, des feux dans les tours pour éclairer les archers. Il récupéra ses affaires, et se dépêcha de partir, écartant quelques pages qui le gênaient, et rejoignit les écuries. Son cheval était là, et il tomba rapidement sur un garçon d’écurie, qui l’aida à mettre sa selle.

« Pourquoi ce départ précipité, M’sire ? demanda le brave garçon.
 -  J’en ai assez de cette région. »

Et Cahir éperonna son cheval, avançant vers la sortie.
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le dimanche 21 juillet 2013, 18:59:16
*Avant de s'écrouler, Adelyn s'était tournée une dernière fois ne regardant ni le Chambellan, ni le capitaine, ni Narcisse... La seule chose que retint l'attention des prunelles bleutée de la belle fut Cahir, dressé devant elle, ne faisant aucun effort pour la retenir des esclaves qui l'emmenaient dans ses appartements. Pas un geste, pas un regard, comme si rien ne s'était passé... En s'affalant sur les domestiques, le manteau qui la recouvrait s'était retiré et se fut l'unique chose pour laquelle l'apatride daigna porter son attention.
L'apatride... Ce n'était pas la première fois qu'elle entendait ce diminutif sortir de la bouche d'un des hommes le côtoyant. Était-ce pour cela qu'il ne semblait s'attacher à rien? Était-il vraiment indifférent au malheur qui s'abattait sur notre demoiselle? On disait que les hommes comme lui ne s'attardaient sur rien, n'ayant ni honneur, ni foi, ni fierté, qu'il s'agissait juste de bannis voués à l'exil. Cahir était-il vraiment ainsi...? Notre rouquine ne voulait y croire et pourtant, elle sentit une profonde déchirure lorsqu'elle se fit emmenée, son sauveur l'abandonnant à son triste sort.

La lady ignorait ce qu'il s'était passé par la suite, ayant perdue conscience... Elle sortit de son lourd sommeil que quelques heures plus tard.

***************************

Allongée dans un grand lit en baldaquin, les doigts de notre précieuse enfant glissèrent sur une couverture à la douceur fascinante d'une qualité insoupçonnée. Elle était légère, fine et pure comme la soie, une matière que seuls les hommes les plus riches pouvaient se procurer. Ses perles brillantes s’ouvrir lentement, observant le lieu où elle se trouvait. Les murs étaient faits à partir d’un marbre poli de grande valeur, ornée de pierres splendides et de fines banderoles d’or. A ses côtés, une petite étagère en bois vernis où était posée une petite boite. Les yeux de notre charmante rouquine s’ouvrirent d’avantage, reconnaissant ce petit objet qui comptait tant pour elle… Sa boite à musique ! Elle était là, intacte, l’attendant patiemment depuis son départ. Sans attendre, elle se rapprocha pour écouter la douce mélodie de cet instrument qui l’avait bercé des années durant. Cependant, son corps lui rappela ses nombreuses blessures, celle sur le bras notamment, qui lui infligeaient une douleur accablante, la tiraillant de crampes et courbatures.

La jeune fille décida donc de rester coucher afin de se reposer encore un peu. Elle ne savait pas comment elle était arrivée jusqu’à cette chambre qui lui était destinée mais apparemment, elle avait été lavé et changé. En effet, ses cheveux sentaient bon le shampoing et elle portait une petite robe de nuit en satin blanche qui lui tombait au milieu des cuisses. Le fait de ne se souvenir de rien était assez perturbant… On pouvait lui avoir fait moult sévices qu’elle ne s’en serait rendu compte, même si cela semblait peu probable.

Soudain, une personne entra dans la pièce. Adelyn s’était immédiatement mis en alerte, le souvenir d’Eric pénétrant dans cette chambre pour la violer lui revenant en tête. S…Serait-ce lui ? A…Allait-elle finalement se faire violenter par son futur mari malgré tout ce qu’elle avait enduré ? Son cœur battait la chamade et sa respiration s’était également accélérée, le souffle court. Elle avait peur et ça se comprenait…

Mais finalement, ce ne fut qu’une esclave.

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Une jeune femme au visage affligé avec un collier accroché au cou où il y avait l’insigne de la maison des Grandchester inscrit dessus. C’était une humaine fort jolie et on pouvait lire dans son regard qu’elle était malheureuse, dans ses gestes qu’elle ne vivait non plus par envie mais par nécessité. Il fallait qu’elle serve, ce pour quoi elle était née tout comme Adelyn était née pour se marier avec un homme riche et puissant. La domestique avait en main un plateau contenant une cruche d’eau et de la nourriture… L’odeur de la viande s’imprégnait dans la pièce rapidement et les papilles de notre petiote commencèrent à saliver. Q..Qu’est-ce qu’elle avait faim ! Elle était prête à manger un bœuf ! Sa servant s’approcha et déposa le plateau devant elle, sans un mot, puis se retourna sur ses pas, quittant la pièce aussi rapidement que possible. Arrivée à la porte, celle-ci posa un regard compatissant vers Adelyn, avant de lui lancer d’un ton froid.

« Messire Grandchester désire vous voir au banquet dès que cela vous sera possible…. Il insiste. Je suis derrière la porte si vous avez besoin d’aide. »

Elle ferma la porte, sans dire son nom et sans attendre la réponse d’Adelyn qui se retrouvait obligé à assister à cette festivité. Pourtant, son cœur était bien loin de vouloir faire la fête… Bien au contraire. Alors qu’elle commença à manger ce repas tant attendue, des larmes coulèrent le long de ses joues, silencieusement, sans un sanglot… Elle pensait à Cahir.

P..Pourquoi ? Pourquoi n’était-il pas près d’elle, en train de la rassurer comme il avait su si bien le faire ? Eric lui avait-il dit de partir pour qu’il ne soit plus présent ? Elle ne savait pas mais quoiqu’il en soit, il venait de la trahir, lui qui lui avait promis d’être toujours là pour la protéger… E..Elle y avait cru et se retrouver maintenant seule, sans personne pour l’aider, face à ce destin trop lourd pour ses épaules. Bien qu’elle soit vêtue et qu’il ne fasse pas froid dans cette chambre, la jeune femme avait l’impression d’être congelé dans une glace qui l’emprisonnait, l’empêchant d’agir. Il n’était plus là pour la réchauffer par ses gestes et son regard… Il était parti… C’était bien un apatride et elle, s’était fait berné, à nouveau.

Elle avait si faim qu’elle avait engloutit la viande et les légumes à une vitesse vertigineuse… Elle bu un verre d’eau, se rafraichissant, avant de prendre sa boite à musique et de l’écouter. Se son la rendait triste… Elle ne savait dire pourquoi mais lorsqu’elle entendait cette mélodie enchanteresse, ses pensées étaient tournées vers Cahir. L'espérance envolée, la volonté brisée, Adelyn s’empressa d'enfuir son visage dans son oreiller et laissa couler les larmes chaudement, ne pouvant se contenir d’avantage. Elle avait vraiment tout échouée et se retrouvait dans une situation encore moins préférable à l’initiale. Eric la punirait de s’être enfui, elle avait repris des forces mais était toujours très faible, et personne pourrait la sauver du châtiment qu’on allait lui faire. Méritait-elle cela… ? Surement pas mais la vie était ainsi, dure, cruelle et injuste. Elle aurait dû le savoir mais apparemment, ce n’était qu’une sotte. Ses rêves ne volaient pas bien haut mais c’était suffisant que pour souffrir lorsqu’on redescend de ses aspirations.

Elle voulait restée dans ce lit, ne plus bouger et attendre le lendemain en espérant de ne pas se réveiller mais elle savait que si elle n’assistait pas au banquet, sa répression sera largement plus lourde encore qu’elle ne le serait. Alors, notre lady se releva, ses jambes engourdies, se dirigeant machinalement vers la garde-robe afin d’y trouver de quoi se vêtir… Son choix fut assez rapide dans la mesure où elle mit la première chose qui lui vint sous la main. C’était une longue robe de bal bleue nuit moulant le haut du corps jusqu’aux hanches, avant de retomber élégamment au sol. Comme coiffure, elle laissa ses cheveux comme ils étaient, c’est-à-dire lâché, dégringolant sur ses épaule pour finir en une cascade flamboyante s’estompant à mi-dos. Elle n’aimait pas garder ses cheveux lâchés mais qu’importe, ça mettrait trop de temps de faire une coiffure plus élaborée et de tout manière, elle n’avait pas envie de se faire jolie… En fait, elle n’avait plus envie de rien.

Malgré le manque d’ornements, elle resplendissait dans cet accoutrement et bien qu’elle ne soit pas consciente de la beauté qui se dégageait de son être, il était fort peu probable qu’on ne soit troublée par son charme certain. Elle était simple mais incroyablement sensuelle.

Notre comtesse sortit de sa chambre, l’air dépitée, se demandant encore une chose. Pourquoi le Lord insistait-il pour qu’elle soit présente à cet évènement ? Elle qui tenait à peine debout, voulait-il l’humilié devant des gens de la cour… ? Peut-être y avait-il des invités de marques et qu’il voulait montrer que sa femme était bien présente au château ? Qu’importe, de toute manière, quoi qu’il fasse, elle serait obligée d’obéir sans sourciller.

Longeant les couloirs lugubres de la demeure, elle pouvait déjà entendre des rires des festivités résonner jusqu’à elle. Rire… Ça faisait bien longtemps qu’elle n’avait eu l’occasion de rire… Personne ne l’avait jamais entendu rire à vrai dire mais en même temps, comment se réjouir à travers la vie qu’elle menait ? La demoiselle se laissait guider par le bruit, marchant d’une démarche élancée, silencieuse et maladroite. En chemin, elle croisa certains esclaves qui ne dirent mot, mais qui ne purent s’empêcher de la regarder du coin de l’œil. Tous la connaissaient sans même l’avoir rencontré. Elle ? Elle était perdue dans les méandres de ses tourments et son visage ne laissait transparaitre qu’une profonde mélancolie. Une si charmante enfant submergée par le chagrin… Un ange malheureux qui semblait las de la vie.

Puis, enfin, elle se retrouva en face d’une petite porte menant à la grande salle. Adelyn hésita longuement avant de franchir le pas de la porte, son corps tremblant rien qu’à l’idée de se retrouver face à Eric et tout un groupe de personnes dont elle ne savait rien. Sa main se posa délicatement sur la poignée de la porte et, lentement, l’abaissa afin de s’engouffrer dans la salle…

Quel spectacle ! Il y avait trois longues tables où se trouvaient de nombreux invités, se mélangeant étrangement nobles, chevaliers et certains soldats, le vin coulant à flot et les rires rustiques se faisant entendre de loin ! Le Lord Grandchester était réputé pour faire des fêtes très peu commune et assez mal vue dans la haute aristocratie, autant par leur grossièreté que par leurs invités ! La plupart se retrouvaient dans des chambres prévus à cette occasion pour s’adonner aux plaisirs de la luxure… Adelyn le savait, en avait entendu parler mais s’était la première fois qu’elle allait y assister. A son plus grand malheur. Elle n’osait pas trop bouger de là où elle était, essayant de se faire la plus discrète possible…*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le mercredi 24 juillet 2013, 11:50:55
« Comment ça, vous ne pouvez rien faire ?!
 -  C’est... C’est compliqué, Monseigneur, je... » tenta de se défendre le guérisseur.

Mais Narcisse ne voulait rien entendre. Non, il ne voulait pas savoir pourquoi cet incapable de guérisseur était dans l’impossibilité de soigner son visage, son beau et doux visage de rubis, ainsi que sa mère l’avait toujours appelé, de cette immonde estafilade. Cahir, cet ancien Ashnardien, cet apatride de malheur, l’avait défiguré à vie ! Narcisse s’était contenu devant les soldats, mais personne ne l’avait jamais autant humilié ainsi ! Devant l’autre salope, de plus ! Il avait été jeté à terre, battu, pris en traître, par ce lâche et ce fourbe qui ne respectait aucun des codes de la chevalerie. Et elle, il était sûr qu’elle avait bien rigolé de son tourment, qu’elle se tordait même de rire. Les femmes étaient toutes des salopes, même sa mère, qui s’envoyait en l’air avec tous les domestiques du manoir parce qu’elle ne supportait pas que son père accomplisse son devoir. Quand elle avait eu le ventre arrondi, c’était Narcisse qui l’avait dénoncé, et avait affirmé que son ventre arrondi ne venait point des graines de son père, mais d’un domestique. On avait pris ses accusations très au sérieux, et, quand l’enfant était né, un magicien avait réalisé un test magique de paternité, qui avait établi, au-delà du doute raisonnable, que l’immonde progéniture dans le ventre de sa mère n’était pas son frère.

D’aucuns avaient alors affirmé que Narcisse avait agi par pur altruisme, et qu’il serait un grand chevalier. Il n’avait pas contesté, mais, entre nous, on peut se dire la vérité. Narcisse n’avait agi que par jalousie envers sa mère, sa mère qui avait toujours refusé de l’aimer, et qui, pour le narguer encore plus, lui avait fait un enfant dans le dos ! Narcisse n’aimait pas son père, vieux fossile décrépi, mais il haïssait sa mère, qui refusait de voir en lui un mâle, ne voyant qu’un éternel enfant stupide et irréfléchi. Il avait assisté à tout. Père n’avait pas aimé que sa mère le trompe. Le page avait été cruellement torturé, une torture exquise. On l’avait épluché, comme une orange, et on avait laissé les corbeaux le bouffer. Elle, elle avait été reconnue coupable par une cour de la noblesse du délit de débauche sexuelle, et fut sévèrement châtiée. On la condamna à marcher nue dans la ville, en quête de rédemption, jusqu’au temple de l’Ordre. Les gueux lui balancèrent des pommes pourries, des cailloux, l’insultant et la sifflant. Bien sûr, Père avait obtenu, de la part de la juridiction, la caducité du mariage, et avait conservé la dot, ainsi que tous les biens de sa femme. Sa propre famille l’avait renié. Le désespoir de sa mère avait plongé Narcisse de joie, même s’il lui arrivait d’avoir des nuits troublés, parfois, par quelques rêves sinistres.

En somme, Narcisse d’un sévère complexe œdipien, et voyait en Adelyn une nouvelle représentation de sa mère, de ces femmes traîtresses qui ne savaient que jouer avec ses sentiments. Mais il la dompterait ce soir. Pour l’instant, il y avait le banquet, mais après... Après, elle goûtera de sa queue, et il la fera couiner. Il se vengera sur elle, car l’apatride, ce maudit lâche, était parti. À cette idée, il se mit à réfléchir, et ne tarda pas à imaginer la scène... Car oui, il lui avait semblé que ce bon-à-rien avait traîné plus que de raison... Avait-il osé se la faire ? Ce porc répugnant avait-il simplement osé ? Cette idée était parfaitement ridicule, mais elle rendit Narcisse fou de rage.

« Salope... Infâme salope, je te ferais payer !! » hurla-t-il, dans le vide de sa chambre.

Il frappa rageusement du poing contre le mur. Elle se refusait à lui, même à son futur mari, mais, devant ce traîne-savate, ce traître, ce minable, elle ouvrait les cuisses ? Comment telle chose était-elle possible ?! À moins que... Oui... À moins que cette petite cruche n’ait agi parce qu’elle croyait vraiment cet homme chaleureux... Il l’avait vu dans son regard, cette lueur... Comme si cet homme était son chevalier servant, son héros, son sauveur... Lui ! Lui, qui n’avait pas hésité à fuir en sentant que ça chauffait pour son compte ! Lui, un héros ?! Narcisse s’en serait étranglé sur place ! Mais il lui montrerait... Oh oui, il lui montrerait. Et cette petite pute sucera sa queue en implorant son pardon, il en jouissait déjà à cette idée.



Le banquet avait été organisé par Sire Grandchester, afin de rassurer ses suzerains, ses alliés, et ses hommes d’armes. Cette petite peste d’Adelyn ne s’en rendait pas compte, mais un noble incapable de retenir sa femme n’était pas très bien vu. C’était un aveu de faiblesse criant, et les nobles n’aimaient pas ça. La réputation était chose importante pour la noblesse. Voilà pourquoi Sire Grandchester avait ordonné, en voyant cette souillon, qu’on la lave, qu’on la nettoie, et qu’on la laisse se reposer, le temps que les convives arrivent. Il avait délégué à son service une autre conne soumise, Ruby, une esclave qu’il avait acheté il y a quelques années, et qu’il avait déjà violé, quand bien même cette soumise n’osera jamais le dire.

Le banquet était, comme à son habitude, somptueux. La noblesse, il fallait la caresser dans le sens du poil, pour qu’elle vous soit fidèle. C’était une leçon que Sire Grandchester appliquait fidèlement. De nombreux mets étaient étalés sur de longues tables : crevettes, gambas nexusiennes, volailles, côtes de porcs, de bœuf, fruits secs venant des colonies nexusiennes, épices, sauces, il y avait de tout... Ainsi que des troubadours.

Et sa femme. Rayonnante, magnifique. Elle avait enfilé une robe bleue moulant parfaitement son corps, et, pendant un bref instant, tous les bavardages se turent, le peuple observant la future femme de Grandchester. Elle avait juste besoin d’éducation, cette petite... Mais il savait y faire. Elle fut rapidement rejointe par Narcisse, qui lui tint le bras, marchant fièrement, en bombant le torse... Avant de lui murmurer quelques mots, qu’elle seule put entendre :

« Tâchez de vous montrer digne de votre statut, Sire Grandchester est un puissant baron... Tous ces gens ont été réunis pour qu’ils voient sa femme. Un mauvais comportement nous fera honte à tous. »

L’apparence, c’était fondamental. Sa mère, maudite soit-elle, n’avait jamais compris cette leçon fondamentale. Elle l’avait chèrement payé. Et Adelyn le paierait aussi, si elle ne le comprenait pas. Narcisse ravala son sourire, et décida d’enfoncer le clou, afin de la voir souffrir, de la voir trembler, de l’imaginer dans le désespoir le plus profond, afin qu’elle paie :

« Votre chevalier servant s’est enfui il y a plusieurs heures, dès qu’il a eu son argent. Il est parti sans se retourner... Savez-vous pourquoi on l’appelle ainsi ? L’apatride ? Ce n’est pas une histoire dont il se vante... Il était un chevalier ashnardien, autrefois, et avait fait quantité de serments, comme tout chevalier : servir son pays, ainsi que sa famille. Il a trahi la Nation, et a été banni. C’est un menteur et un lâche, qui n’était motivé que par l’appât du gain... »

Ils marchaient lentement, et Narcisse s’arrêta. Il tenait toujours le bras d’Adelyn, d’une poigne solide, et sourit à un homme.

« Belle trouvaille, Sire Narcisse ! s’exclama un noble guilleret avec les joues rouges, à force de boire. Dites à votre seigneur de la garder précieusement, d’autres pourraient être intéressés ! »

Narcisse sourit légèrement. Ce type était un vrai con... Il reprit sa marche, et poursuivit :

« De toute manière, c’est mieux ainsi... Que croyez-vous donc ? Cet homme était un meurtrier, et un violeur. Il a dirigé de nombreux pogroms, et a violé bien des femmes innocentes. Votre place est avec nous, Miss Crawford, aux côtés de votre futur époux. »

Un époux qu’ils étaient en train de rejoindre, ce dernier tournant sa tête vers sa future femme...
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le mercredi 24 juillet 2013, 18:42:54
*Un silence affligeant s'installa un instant dans cette salle qui fut si animée quelques secondes auparavant. Un calme plat qui laissait monter une angoisse certaine au plus profond d'Adelyn qui se sentait assaillie par tous les regards. Que cela soit les quelques comtes et autres bourgeois ou bien les bouseux servants fidèlement le Lord, la belle n'échappait aucunement à la fixette continuellement de ces gens. Elle qui avait espéré passer inaperçue... C'était un beau fiasco qui la mettait de plus en plus mal à l'aise. Son futur époux la remarquerait sans nul doute et cette perspective n'était pas des plus réjouissantes. Qu'allait-elle devoir subir comme châtiment après l'affront qu'elle lui avait porté...? Qu'allait-il faire d'elle, tout simplement...?

La demoiselle fut soudaine rejoint par une personne qui ne lui était pas inconnue, bien au contraire. Elle aurait pu reconnaitre cette fierté mal placé, cette chevelure blonde et soyeuse, cette arrogance naturelle parmi un millier d'hommes. Elle eut une envie de reculer, effrayée à l'idée de se retrouver trop près du beau chevalier qu'était Narcisse. La dernière fois qu'elle avait fait cette erreur, elle eut reçu comme récompense une jolie gifle ainsi qu'une avalanche d'insultes. Mais ici, elle ne pouvait pas se dérober pour la simple raison que si elle avait l'audace de s'effacer aussi brusquement, le courroux de son mari n'en serait que plus intense. Si Narcisse participait au banquet, c'est qu'il avait été invité, et donc, qu'il avait une certaine relation avec Grandchester.

Le soldat s'avança vers elle, lui proposant son bras qu'elle accepta sans trop de convictions. Il était si proche... Les souvenirs de la quasi promesse qu'il lui avait faite, celle de la baiser, étaient encore bien présents dans sa mémoire et la petiote avait un certain mal à contrôler ses émotions. R...Rien que le fait de le toucher, des images de cet homme voulant la violer s'affichaient devant ses prunelles pétillantes, effarouchée par un tel spectacle. O...Où était Cahir.... Ou était la seule personne qui pouvait la sauver de cet enfer dans lequel elle se trouvait?

Le chevalier lui parlait, rappelant qu'elle devait avoir une conduite irréprochable, digne. Elle le ferait, pas parce qu'il lui avait demandé mais pour sa propre personne... Sa vie de parfaite petite épouse commençait à se dessiner et elle avait un bel aperçu des prochaines années. D'autres cérémonies en perspective, d'hypocrisies, de sournoiseries... Elle abhorrait ce comportement et se révoltait d'être aussi silencieuse face à ce salaud. Cette flamme qui animait Adelyn d'une volonté de vivre s'étouffait lentement sous cette couche de faux-semblant qui dissimulait toute l'immondice des Hommes cherchant à s'imprégner de la puissance... Tous désiraient gagner ce fléau qui immolait les quelques vertus survivantes parmi certains individus... La foi en l'Humanité s'éteignait en notre rouquine qui sentait la fin approcher. Elle n'allait pas mourir physiquement mais psychologiquement. Un corps sans vie, une épave... Ici, elle resplendissait dans cette robe magnifique mais jusqu'à quand pourrait-elle susciter encore la beauté et le désire dans les yeux des autres? Nul ne peut le savoir...

Puis, par la suite, Narcisse l'informa de la non-présence de Cahir ici, mais également de sa fuite. I..Il était parti, l'abandonnant à son triste sort. Adelyn ignorait si le jeune homme avait dit cela uniquement pour la détruire psychiquement mais... À ces dures paroles, la comtesse eut envie de pleurer tout ce qui lui restait de larmes en elle. C..Comment avait-il pu la trahir de la sorte!? C..Comment une telle fourberie était-elle possible dans un homme qu'elle pensait si bon?

Le chevalier lui raconta plus ou moins l'histoire du mercenaire... E. Était-ce donc vrai? N'était-il qu'un lâche sans fierté ni honneur? Avait-elle vu juste lorsqu'elle lui avait dit, dans ce bois, qu'il n'était attiré que par le profit? M..Mais alors pourquoi?! Pourquoi ne l'avait-il pas abuser? Pourquoi se montrer aussi compatissant? Cela était-il si gratifiant de la faire souffrir? I..Il lui avait dit de lui faire confiance et elle, l'avait cru. Qu'elle sotte... La belle avait été admirative pour un apatride qui n'en valait pas la peine et cela la débèquetait...

Son cœur pleurait, déchiré par un chagrin  insoutenable, mais pas ses prunelles... Celles-ci étaient certes embrumées par toute la tristesse qui submergeait la jeune femme mais, cette dernière avait fait une promesse et elle s'y tiendrait, elle. Si Cahir était l'homme le plus abominable qu'elle eut rencontré à cet instant, elle ne voulait pas lui ressembler. Et donc, elle tiendrait l'engagement qu'elle avait pris: Ne pas pleurer devant la noblesse, Narcisse et le Lord.

Malgré tout, la lady ne pouvait pas non plus paraitre parfaitement sereine, elle en était tout bonnement incapable. Son corps tremblait sous l'aveu et elle avait resserré son emprise sur le bras du chevalier, inconsciemment. Sa respiration était saccadée, laissant transparaitre son désarroi. P...Plus jamais elle ne donnerait sa confiance à quelqu'un... L'Homme était mauvais et si elle avait le parfait rôle de la princesse en détresse, il n'y avait cependant personne pour la sauver. Juste des monstres plus diabolique les uns que les autres...

Sa place était aux côtés de son époux... Cette phrase résonnait à son oreille comme un supplice inadmissible et pourtant, bien probable. Après sa fugue, elle n'aurait plus une chance de s'enfuir et de toute manière, elle n'avait plus envie de se battre.... Où qu'elle aille, son destin était scellé et elle souffrirait d'avantages alors, pourquoi se débattre?

Notre protagoniste répondit enfin à Narcisse, la voix tremblante et fluette. Et pourtant, ce qu’elle s’apprêtait à dire n’allait pas faire plaisir à ce dernier, mais alors là, pas du tout…

« J…J’ignorais pour Cahir…. M.. Mais cela ne veut pas dire que ma place est ici. Surtout pas à votre bras, chevalier. A mes yeux vous ne valez pas mieux que l’homme que vous dénigrer…»

Elle n’avait pas à dire pourquoi, il devait le savoir. Et s’il l’ignorait, c’était d’autant plus inquiétant. La belle ne lui adressa aucun regard, ne voulant pas lui faire croire qu’elle avait oublié tout ce qu’il avait fait. Et si elle n’osait pas le regarder, c’est par simple faiblesse. Il était évident que dans son état, elle ne pourrait pas supporter la menace qu’était le soldat. C’était étrange mais, il fallait pour son propre bien qu’elle rejoigne au plus vite le Lord

D'une démarche élancée mais cependant peu sûre d'elle, la fatigue toujours présente, Adelyn s'avançait de plus en plus vers son époux, assit au bout de l'une des tables, l'observant sombrement. Elle avait peur, extrêmement peur… Mais elle ne pouvait plus faire marche arrière.

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Le teint cadavérique, des yeux noisette semblants tendre vers le pourpre, des cheveux sales lui tombant aux épaules… Il n’y avait que l’habit qu’il portait et son nom pour prouver sa pureté de sang. Les cicatrices arborant son visage étaient surement dues à des querelles d’antan. Eric n’était pas un homme beau, loin de là… Et son simple portrait suffisait à apeurer notre jolie demoiselle qui déglutissait en le voyant la fixer de son regard inquiétant.

Une fois arrivée à sa hauteur, la belle fit une légère révérence, tout en entendant en fond une légère musique s’animer. La jeune fiancée sentait son cœur battre à vive allure mais se força à saluer celui qui avait tenté de la violenter…*

« B…Bonsoir messire… »

*Elle se releva tout en attendant sa réponse, qui ne se fit pas attendre. Devant l’assemblée, il se montrait presque courtois et ce double visage était des plus troublants pour notre petiote qui avait pu voir qu’elle monstre il pouvait être.*

« Bonsoir ma chère ! Quel ravissement vous nous offrez par votre présence à ce banquet ! Je vous en prie, asseyez-vous… »

*Il fit un geste de la main, priant par la même occasion Narcisse de prendre place. Pour quiconque avait une vision extérieure à cette scène, on aurait du mal à comprendre la fugue de notre demoiselle… Et pourtant, elle lisait dans son regard une sorte de mépris, une envie de lui faire subir moults sévices… Elle s’exécuta, la peur au ventre.*

« Vous m’enchantez d’être aussi ravissante, une vraie perle ! Je dois surement être le plus heureux des hommes que vous soyez ma promise…. Et cela, je le dois également à notre bon chevalier, qui vous a ramené saine et sauve ! »

*C..Comment ? Croyait-il vraiment que c’était grâce à Narcisse qu’elle était de retour au château ? Elle voulut rétorquer mais en même temps, pour dire quoi ? Que c’était un apatride qu’il l’avait délivré de trois brigands ? Qu’il s’était enfui pour une raison qu’elle ignorait ? Non… Que ce soit Cahir ou Narcisse qui la ramène, plus rien ne changeait pour elle et, elle ne voulait plus prendre la cause de cet homme qui lui avait donné tant d’espoir.*

« M..Merci mon Lord. C’est vrai que sans Narcisse, je ne serais pas ici à vos côtés pour profiter de… Votre compagnie… Mais c’est aussi grâce au capitaine de votre garde que je suis ici… I…Il m’a convaincu de ne pas m’enfuir. V..Vous pouvez être fier d’avoir des hommes d’une telle qualité. »

*On sentait dans sa voix qu’il n’y avait aucune admiration, rien qui puisse nuire le Capitaine, juste une petite éloge qu’elle lui avait promis, rien de bien méchant. Et concernant Narcisse, elle n’avait pas menti. S’il n’était pas intervenu, peut-être aurait-elle pu choisir de partir, s’enfuir… Il était juste arrivé au mauvais moment. Son regard bleuté, se confondant avec la profondeur de sa robe, se tourna vers le chevalier qui avait pris place, les désirs d’Eric se retrouvant souvent être des ordres. A quoi pensait-il… ? Avait-il toujours ses sombres projets en tête ? Comment ces deux hommes pouvaient-ils aussi facilement dissimuler leurs véritables visages ? Adelyn n’arrivait pas à sourire, elle était juste profondément malheureuse et répondait d’un air monotone…

Cahir… Pourquoi…?*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le jeudi 25 juillet 2013, 12:50:46
Comment pouvait-elle oser... ? Infâme salope, misérable petite pute ! Oui, de quel droit cette infâme pétasse osait-elle le comparer, LUI, à ce bon-à-rien d’apatride, ce traître, ce minable, ce couard ? Comment pouvait-elle seulement OSER ? Il dut se retenir, mais, pendant une seconde, une lueur meurtrière éclaira son visage, la beauté apparente de ses traits révélant le monstre se dissimulant derrière. Oh oui, cette petite pute paierait cher ses affronts. Il se le promettait. Personne, et surtout pas une femme, ne pouvait se permettre de l’insulter ainsi, de le provoquer !

Il la conduisit devant Sire Grandchester, qui joua le mari heureux, et l’invita à s’asseoir. Narcisse, lui, posa sa main sur l’épaule d’Adelyn, comme pour la réconforter, mais en serrant juste un peu trop, froissant très légèrement sa robe. Il s’écarta, allant à sa place, et la fête put commencer. On servit des crevettes farcies avec du pâté du bon pain chaud à l’entrée. Les convives parlaient bruyamment, essentiellement des finances, de la guerre, de l’état des forêts, avant de discuter d’un point important : l’organisation d’une joute et les préparatifs pour le tournoi de chasse.

« La forêt de Sire Grandchester sera parfaite, il y a des ours, des sangliers, et les gueux se plaignent même de loups attaquant leurs cochons !
 -  On raconte qu’il y a beaucoup de braconniers...
 -  Sire Tevish, je vous ai connu moins couard que ça à la guerre !
 -  Ne me dites point que quelques soudards affamés vivant comme des sauvages dans des grottes vous effraient à ce point, Messire Tevish, nous pourrions avoir des doutes sur votre virilité... »

Les nobles se mirent à rire joyeusement entre eux, tandis qu’on apportait les plats, et que les troubadours chantaient et dansaient joyeusement. Des jongleurs et des artistes vinrent les rejoindre, amusant les nobls, qui riaient joyeusement, buvant du vin, rotant et pétant.

« Qu’on amène la volaille, qu’on nous remplisse le gosier de cette vinasse magnifique, et qu’on bouffe une bonne couche, à vous en chier des tonnelets de merde ! » s’exclama joyeusement un noble à qui il manquait plusieurs dents.

Nouveaux rires gras. On bavait, on pétait, on buvait comme des barriques à en avoir du vin dégoulinant le long des barbes. On mangea joyeusement, Grandchester participant volontiers au banquet, se montrant très courtois avec Adelyn. Difficile de voir en lui autre chose qu’un mari attentionné soucieux du bonheur de sa promise.

Après le repas, le temps que le dessert arrive, il y eut le bal, une séance de danse. Grandchester et Adelyn ouvrirent la danse, avant que les invités ne les rejoignent, une danse médiévale, ressemblant à une partie de chasse, où la femme faisait des pas pour échapper à l’amant, qui cherchait à la bloquer. Un pas à droite, et la femme fuyait sur la gauche, détournant le regard malicieusement. C’était une danse de séduction, que les femmes devaient savoir faire à la perfection, chaque geste étant susceptible d’interprétation : la direction du regard, la position des mains, l’emplacement des pieds, l’expression faciale... Et Grandchester réussit à piéger Adelyn... Et l’embrassa.

Ses lèvres se posèrent tendrement sur les siennes, l’une de ses mains agrippa sa nuque, et, au milieu des convives, il glissa son autre main, et caressa les fesses d’Adelyn, pinçant sa robe, crispant ainsi pendant quelques secondes ses doigts sur son postérieur, avant de retirer sa main. Personne ne vit rien, et, pendant ce temps, il mordilla ses lèvres, prolongeant encore le baiser, pendant de longues secondes, gémissant dans sa bouche, ayant une érection qu’il ne cacha nullement. Yeux clos, il les rouvrit quand il eut la conviction qu’Adelyn sentait son sexe, mais ne fronça pas le sourcil. Non, il la regarda, presque avec amour, et rompit ensuite le baiser.

« Je vous en conjure, ma bien-aimée, ne me quittez plus... »

Ses lèvres avaient comme un goût de fraise. Merveilleuses. Il lui fit un doux sourire, puis recommença à danser avec elle, enchaînant cette chasse amoureuse avec une valse. Grandchester était bon danseur, et, après ces danses, on termina le repas. On offrit à Adelyn la première part d’un délicieux fraisier, et la fête se termina.

« Une soirée mémorable, Messire Grandchester !
 -  Nous nous reverrons donc la semaine prochaine, pour cette partie de chasse.
 -  Je n’y manquerai pas, mes amis, soyez-en sûrs ! »

Les serviteurs et les pages faisaient le ménage, et Grandchester attrapa la main d’Adelyn.

« Permettez que je vous conduise à votre chambre, Milady... »

Il s’avança, avec un gentil sourire, et passa par une porte au fond de la salle de banquet, menant dans une sorte de petit salon.

« Ce fut une belle fête, ma bien-aimée, vous ne trouvez pas ? Il est regrettable que vos parents n’aient pas souhaité venir... Mais, d’un autre côté, en ne venant pas, ils n’ont pas pu se moquer... »

Grandchester tournait le dos à Adelyn, parlant sur un ton grave :

« J’ai en charge un puissant domaine, un domaine où la réputation, ma réputation, est importante. Mes vassaux me voient comme un jeune coq, incapable de diriger un aussi grand domaine, et n’attendent que ça de me ridiculiser... Je les entends rire... Quel piètre commandant pourrais-je faire, si je n’arrive même pas à empêcher ma fiancée de sortir comme si elle se croyait dans un putain de moulin ?! »

Il était près d’une table, et serra le poing, avant de se retourner subitement, le visage déformé par un rictus de haine. Son poing droit frappa Adelyn dans l’estomac, lui coupant la respiration, la pliant en deux.

« Infâme petite pute, je te ferais chèrement payer cette humiliation, salope. »

Son autre main amorça un revers qui frappa Adelyn à la joue. Elle heurta le mur de la petite pièce et tomba sur le sol, Grandchester secouant sa main.

« J’ai réuni tous ces vassaux et ces suces-boules pour une seule raison : pour qu’ils me voient avec la plus gracieuse des femmes, et comprennent que j’étais un Lord digne de les commander ! Et vous, vous m’avez ridiculisé ! »

Il la frappa au ventre avec son pied.

« TU AS SALI MON NOM !! Tu crois que je peux pardonner ÇA ?! Tu m’as HUMILIÉ, TU T’ES FOUTU DE MA GUEULE !! »

Il hésita encore à la frapper, amorçant le geste, et sembla se retenir. Grandchester se mit à soupirer.

« Je t’aime, Adelyn... Et c’est bien pour ça que je dois me montrer aussi intransigeant, c’est mon devoir de seigneur et d’époux à ton égard... »

Grandchester l’attrapa alors par les cheveux, afin de la traîner vers les cellules...

Dans la salle de torture.

Et il mentirait en disant qu’il n’y prendrait pas son pied.
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le jeudi 25 juillet 2013, 22:55:35
*Dans cette ambiance festive, il était aisé de cacher un monstre parmi les gueux. Un monstre qui n'attendait qu'une seule chose, trouver le moment opportun pour bondir sur sa proie, un agneau au milieu des bovins. Adelyn fixait la bête féroce avec inquiétude entremêlée à une confusion troublante. Son mari semblait si bon et attentionné qu'elle avait presque du mal à croire ce que son coeur lui hurlait, qu'il fallait fuir au plus vite. Mais la belle, bien qu'elle soit naïve, n'était pas sotte au point d'oublier les raisons qui l'avaient amené à fuir le château. C'était cela qui était redoutable chez Grandchester... Il contenait une rage, une folie meurtrière derrière un masque paisible et aimant. Comment ne pas s'y tromper? Il était dangereux et sous son regard doucereux, la jeune femme savait qu'il n'appréciait que deux chose: le Pouvoir et la Torture. Or, il était évident qu'elle lui avait ôté ses deux plaisirs de manière successive, l'empêchant une première fois de la violer et remettant en cause son autorité, contestant ainsi le pouvoir qu'il exerçait sur elle...

Sa réaction serait imprévisible à présent et la comtesse ne s'attendait à aucune compassion. Cette soirée n'était là dans le seul but de lui laisser un temps de répit avant le début de son calvaire. Elle avait l'impression d'être une condamnée à mort qui guettait avec angoisse le moment où on l'appellerait pour monter sur l'échafaud et sentir la lame mortelle de la guillotine lui prélever son dernier souffle de vie. L'attente était certainement insoutenable, bien plus abominable que le moment en lui-même... Sauf que comparé à un prisonnier, elle n'allait pas être libérée de la vie et que par conséquent, elle allait subir un supplice bien plus intense.

Ses mains tremblaient à cette idée, mais il ne fallait pas qu'elle laisse percevoir son désarroi... Notre petiote toute gringalette montrerait qu'elle était plus forte que ce que l'on pouvait penser et puis, de toute manière, si elle demandait à l'aide, elle se ferait à nouveau jeter, trahir, comme avec Cahir. Elle ne pouvait compter que sur elle-même, elle qui n'avait jamais combattu de sa vie, elle qui semblait aussi fragile que de la porcelaine. C'était une bataille déjà perdue d'avance, malheureusement. Que faire face au colosse, la puissance qu'incarnait Grandchester? Qui était-elle, elle, pauvre petite comtesse de pacotille pour défier cette montagne? On était loin de mythologie de Goliath contre David, elle vivait dans la vraie vie et celle-ci ne serait pas crédible si le géant perdait contre un puceron...

Adelyn n'écoutait pas vraiment les discussions autour d'elle, grignotant les différents mets dans l'espoir de se faire oublier. Plantant sa fourchette dans la dinde pour y gouter un bout, puis dans les pommes de terre, il était assez compliqué de réellement déguster le repas lorsque autour de soi, des personnages dépourvus de toute civilité s'amusaient à se comporter de la manière la plus irrévérencieuse qu'il soit, graveleux au possible en n'oubliant pas de garder une attitude grossière et impudente. Que cela soit par les flatulences récurrentes ou des éructations déplacées, la belle ne se sentait vraiment pas à son aise parmi ces lourdauds. Mais en même temps, pouvait-elle vraiment leurs en vouloir de se divertir? Surement se serait-elle également distraite si les occasions avaient été meilleures, mais ici, elle n'arrivait pas à ressentir ne fusse qu'une onde de joie. Elle en perdait l'appétit et ne toucha pas au vin, restant en retrait...

Son futur époux ne lui laissa pas l'occasion de s'effacer, lui proposant sous la musique enflammée des musiciens de le rejoindre à partager une danse. Si la lady n'aimait pas cet homme, elle adorait danser. Peut-être que cela expliquait-il qu'elle ne fut pas trop réticente à virevolter sur la piste, ouvrant le bal au côté de Grandchester. Il dansait bien, mieux qu'elle à vrai dire, valsant en rythme et avec une technique qu'elle ne maîtrisait pas encore. Et pourtant, plusieurs individus s'étaient arrêtés de danser pour admirer son jupon voler ainsi que la grâce de ses mouvements et toute la beauté qui se dégageait de notre douce enfant. Elle gardait les mêmes pas que les autres danseurs et pourtant, il y avait quelque chose de différents dans la façon qu'elle avait de se mouvoir, une émotion qu'on ressentait rien qu'en l'observant: la passion. Mais cette passion n'était pas pour son cavalier, non, elle était pour elle-même. La comtesse n'avait eu que rarement le privilège de pouvoir s'adonner à son hobby en présence de quelqu'un... L'espace d'un instant, elle devint comme un rayon de soleil à travers une sombre nuit, ses cheveux flamboyants se laissant porter par la bise et sa robe bleue laissant rêver les plus épris.

Mais Adelyn n'était pas complètement abandonnée à sa douce danse... Ses pas semblaient s'écarter de Grandchester, essayant en vain de s'échapper d'une proximité qui ne lui plaisait guère avec son cavalier. C'est à cet instant-là qu'Eric se rapprocha d'elle, jusqu'à pouvoir déposer ses lèvres contre les siennes. Les mains solides du Lord se placèrent derrière sa tête et sur sa hanche, l'empêchant de partir futilement, comme elle aurait pu le faire en continuant le mouvement de la danse. Ici, la demoiselle put sentir tout son corps se compresser contre celui de son fiancé, goûtant de sa langue la salive alcoolisée de l'homme qui lui volait un baiser langoureux. Rien n'échappa à Adelyn qui sentait la nausée lui monter, ni son intrépide mainmise sur sa croupe ni même l'érection qu'il avait, son membre dur frottant son bassin avec envie. Malgré la douceur, la tendresse qu'il y avait dans ce baiser et même dans le regard qu'il lui portait, notre protagoniste ne pouvait s'empêcher d'être rebuter par toute cette scène. I..Il la salissait sans même lui faire l'amour. Sa simple présence suffisait pour écœurer la belle. Elle détestait tout ce qu'il représentait, tout ce qu'il était mais la meilleure raison à son dégout était surement le fait qu'elle ne l'aimait pas, tout simplement. *

« Je vous en conjure, ma bien-aimée, ne me quittez plus... »

*C..C'était ignoble... Le cœur de la jeune femme était déjà bien fragilisé, mais en entendant ses paroles dites avec tant d'amour, ça lui fit mal, plus mal qu'il ne pouvait le penser à moins que... Ma bien-aimée... C..Comment pouvait-il dire qu'il l'aimait? Cette demande la déchirait par le simple fait qu'elle se sentait presque coupable de ne pas l'aimer, de ne pas ressentir ce qu'une épouse devrait pourtant ressentir auprès de son mari. Elle s'en voulait d'être attirante à ses yeux et de ne pas convenir à ce qu'il attendait d'une femme. Ses prunelles s'embrumèrent doucement, ne sachant plus quoi penser. E..Elle savait que c'était un manipulateur, qu'elle ne pouvait pas voir confiance en lui et pourtant... Elle n'arrivait pas à le haïr. Adelyn était perdue, complètement déstabilisée face à cette douceur. Elle semblait si vraie...

Ils continuèrent à danser tandis que son esprit était préoccupé par tout ceci. Elle était sensible et il avait touché là où ça faisait mal. Apparemment, elle était toujours aussi faible, innocente, inconsciente...Y avait-il un prince derrière cette bête? Elle ne savait plus...

La fête commença tout doucement à se terminer, les convives ayant passé un bon moment et semblant impatients à l'idée de faire cette fameuse partie de chasse (oui, elle n'avait pas eu l'opportunité de ne pas entendre cette discussion, tant les participants étaient enthousiastes.) avant de quitter le château en prenant différentes voitures pour la noblesse. Celles-ci étaient luxueuses et les chevaux qui les tiraient étaient racés pour la plupart. En ce qui concerne les soldats, les hommes prirent le chemin de leurs appartements. Certains invités étaient restés dormir dans la demeure mais s'étaient déjà éclipsés pour profiter du confort des chambres. Le temps passa et finalement, il ne resta plus que les domestiques qui se mirent à la tâche, débarrassant les longues tables et nettoyant les sols avec une efficacité étonnante!

Notre rouquine sentit que l'on agrippait sa main et se retourna vers Eric qui lui proposa de la raccompagner à sa chambre, celle-ci même où il avait tenté de la violer. Elle aurait refusé si cela ne découlait pas de l'obligation mais ici, elle n'avait guère le choix. Ce n'était pas une question. Même s'il n'y avait pas grand monde pour voir qu'elle voulait défier son autorité, faire une telle bavure ne ferait qu'empirer son cas. C'est donc avec dépit qu'elle s'approcha de cet homme souriant, paisible, afin de le suivre jusqu'à une porte différente de celle qu'elle avait emprunté. Était-ce un raccourci? Peut-être, elle ne connaissait pas encore assez bien le château.

Finalement cette dite porte amenait dans une petite pièce contenant des meubles de qualités, ressemblant à un salon de thé paisible et surement utilisé lors de discussions avec des invités de marques. N..N'avait-il pas dit qu'il l'emmènerait dans ses appartements? C'était étrange et franchement pas rassurant. Adelyn avait presque oublié sa peur que celle-ci revenait à l'assaut, se trouvant seule face à son futur époux. Sa voix avait pris un timbre grave et il lui tournait le dos, commençant à lui parler de manière bien trop solennel, devenant au fur et à mesure menaçante qu'elle parvenait à la fin de son récit. Il lui parla de ses parents absents, un détail futile qui n'inquiétait plus vraiment la jeune femme, mais il lui parla également de sa réputation et de son commandement. La comtesse restait silencieuse, déglutissant à plusieurs reprises... L'heure des comptes avait sonné.

Elle ne s'attendait pas à un tel changement dans son attitude mais lorsqu'elle vit la fureur brulante dans ses yeux, lorsqu'elle sentit la frayeur qu'elle avait de cet être se matérialiser en des crampes, il était déjà trop tard pour agir. Eric envoya un poing violant s'écraser sur l'estomac de la fugueuse qui la fit se plier en deux. Elle respirait mal et sentait tout son repas remonter, prête à vomir tout ce qu'elle avait ingurgité. La douleur lui tiraillait le ventre mais elle n'eut pas le temps de se plaindre qu'un soufflet l'envoya contre le mur, elle qui n'avait déjà plus beaucoup de forces. Le choc fut brutal et c'est sans trop de surprise qu'elle s'écroula au sol, assommée par le coup. Les insultes gisaient mais elle ne les entendait pratiquement pas, bien trop préoccupée par la souffrance que lui prodiguait les deux coups qu'il venait de lui balancer. Son corps était gagné par certains spasmes qui furent vite stopper par un coup de pied qui trouva refuge au beau milieu de son ventre. Sous le coup, elle cracha du sang, la douleur s'intensifiant davantage et malgré tous les efforts du monde, les larmes finirent par couler...

Tremblante et sanglotant, notre petiote restait en boule alors que son mari continuait à lui hurler dessus. Elle avait peur, elle avait mal et tout ce qu'elle arrivait à faire c'était de pleurer, se recroquevillant comme une gamine. Lorsqu'il leva la main pour la frapper une nouvelle fois, elle ne put retenir un cri de désespoir, complètement paniquée.*

"Aaaaaaaaaaaaah!!!!!"

* Elle cachait son visage avec l'un de ses bras, tandis que l'autre tenait son ventre endoloris. Elle ne sut pourquoi mais, il retint son coup. A..Avait-il eu pitié en cet instant? Adelyn ne pouvait le savoir, fermant les yeux pour ne plus jamais revoir le visage de cet être horrible.

Après un soupire qu'elle entre-aperçu, il lui avoua qu'il l'aimait et que c'était pour cette raison qu'elle serait ainsi châtiée. Sans même émettre une réflexion sur cette parole assez paradoxale, Eric lui attrapa sa chevelure de feu, la tirant dans une sale mitoyenne au salon. La jeune femme ne se débattait même plus, elle pleurait tout simplement, ne se tenant plus à la promesse qu'elle s'était faite. C'était trop dur de se retenir, surtout pour un homme qui l'avait abandonné. Oui, ses pensées étaient dirigées vers Cahir qui lui avait promis d'être là pour la protéger de son mari, qu'il ne lui permettrait pas de lui faire du mal.

*...Menteur... Charlatant, TRAITRE!*

*Ses larmes ne cessèrent de couler alors qu'elle criait en sentant ses cheveux s'arracher sous son poids. Pas tous évidemment mais cela faisait extrêmement mal! Elle détestait Cahir, détestait le Lord, détestait la vie... Cette chienne de vie qui prenait un malin plaisir à la voir souffrir après lui avoir redonné un léger espoir. Une vraie salope.

Puis, après quelques minutes, elle se retrouva dans une salle froide, humide, infester par la moisissure. Grandchester jeta sa femme par terre, celle-ci se cognant à nouveau la tête mais à présent, contre une table en béton. Le lord s'approcha d'elle, s'agenouillant à sa hauteur tout en tirant à nouveau ses cheveux vers l'arrière, histoire de pouvoir admirer le visage en larmes d'Adelyn. Il se mit à sourire, avant de lui lécher la joue et de se mettre à rigoler. Ce rire fou... C'était diabolique, anormal, effrayant. Notre rouquine hoquetait, les perles pétillantes rivés dans celles d'Eric, submergée par la peur.*

"Tu es magnifique... Je prendrais soin de toi... Et tu m'aimeras, oui, tu m'aimeras! De gré ou de force!"

*Il la souleva par les cheveux, avant de l'allonger sur la table. Son corps était contre celui de la jeune femme et son érection était de plus en plus importante, sentant le désir monter au fur et à mesure qu'il s'imaginait torturer cette petite pute.

Adelyn tremblait au point de ne plus savoir agir, au point de se laisser complètement faire par Grandchester, pétrifiée. Sa gorge était nouée et elle n'arrivait plus à palrler, à crier... Celui-ci était contre elle, parcourant ses mains sur sa peau si oncteuse avant de l'attacher à la table qui contenant des liens. C'est ainsi qu'elle se retrouva enchaînée, plus libre d'aucun mouvement, bien qu'elle était incapable de combattre la fureur d'Eric. Celui-ci se retira, avant de prendre une énorme paire de ciseau, à l'aspect menaçant....*

"Mmmm.... Par quoi vais-je commencer?"

*Il lui lança un regard plein d'envie, à la fois poussé par le plaisir du vice et celui de la pure folie meurtrière... Ses défuntes femmes avaient connu un sort plus enviable à celui d'Adelyn car elle était morte sans être trop torturées... Il faut dire qu'elles n'étaient pas très amusantes, ni très belles, juste bonne à fourrer. Ici, cette jeune fille faisait naitre en lui une passion brutale qu'il ne savait pas si machiavélique. Il avait envie de l'entendre crier, de le supplier... Eric était fou d'amour pour la belle qui était sienne. Un amour dangereux... Cette douce folie qui l'emmenait vers un horizon qu'il ne connaissait pas! C'était si excitant! Une vraie perle qui lui avait échappé! C'était d'autant plus gratifiant de la punir, elle qui l'avait défié.

Sans plus attendre il commença à découper la robe, se foutant pas mal du prix qu'elle avait bien pu coûter.

Adelyn sentit un flot de sueurs froides la gagner et d'une voix faible, écorchée par des sanglots, elle arriva à lui dire quelques mots malgré la douleur.*

"L..Laisse moi... L..Laisse moi partir, je t'en pris...."
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le dimanche 28 juillet 2013, 13:03:36
Que serait un château-fort sans ses oubliettes, ses sinistres prisons ? Mais Adelyn n’était pas en cage, non, elle était dans la salle de torture, un endroit où de nombreux hommes et femmes avaient été torturés de mille manière inimaginables .La table sur laquelle on l’installait servait généralement à soutenir les corps, tandis qu’on les remplissait d’eau. Une torture extrêmement efficace, peu onéreuse, consistant à noyer la victime sous des litres et des litres d’eau, faisant gonfler son estomac, qui enflait comme un ballon de baudruche. Mais Grandchester ne réservait pas ce sort à Adelyn, oh non ! Il était transi d’amour, d’un désir fort, depuis qu’il avait vu cette femme. Pleine de grâce, solennelle, magique, il avait eu envie de planter sa queue en elle dès la première seconde où il l’avait vu. Sa résistance était aussi déplaisante qu’excitante. Elle finirait par l’aimer, elle aimerait sa queue qu’il enfonçait en elle, il n’y aurait pas d’autres possibilités. Les femmes pleuraient et faisaient les mijaurées pour mieux exciter les hommes, c’était une technique de séduction très connue.

Il y avait, dans la salle, le bourreau, qui avait déjà vu son maître fourrer ainsi des femmes, qu’ils ‘agisse de ses servantes, ou de paysannes, voire même de prisonnières. Quand Grandchester voulait coucher avec une femme, il trouvait toujours un moyen de le faire. Si elle n’était pas son esclave, il invoquait des droits seigneuriaux, la menaçant de mener la vie dure à son mari, si elle ne suçait pas sa queue. Et, si elle n’était pas sa serf, il trouvait un argument judiciaire pour l’emprisonner ici. Une infraction souvent retenue était la débauche sexuelle, l’incitation à la luxure, qu’il était très facile d’invoquer. Il suffisait en effet qu’une femme fasse un sourire un peu trop lascif pour que le juge autorise l’ouverture d’une instruction, et que la femme soit enfermée dans les cellules de Grandchester, où il pouvait alors la violer. Et, si le bourreau était sage, et si son sire était de bonne humeur, il avait l’occasion de la pénétrer également... Et cette femme, cette belle petite pute, provoquait en lui une féroce érection, dure et lourde.

Grandchester attacha Adelyn sur la table, écartant ses bras, puis attrapa les ciseaux, déchirant sa belle robe, révélant ses jambes magnifiques. Ses mains vinrent les caresser, alors que la pute commençait à couiner et à gémir, accroissant encore plus l’envie de son mari.

« L..Laisse moi... L..Laisse moi partir, je t'en pris... » supplia-t-elle.

Le sire fronça les sourcils.

« De quel droit me tutoies-tu, pétasse ? Je suis ton seigneur et époux ! Tu vivras de mon argent, tu vivras chez moi, tu dormiras dans mes couvertures, tu chieras dans mes toilettes. De quel droit me tutoies-tu ?! répéta-t-il. Crois-tu donc que je ne sois pas ton maître ? Je vais te montrer ! »

Il continua à déchirer sa robe, y allant avec les mains, sentant la toile et le tissu se froisser, jusqu’à voir sa belle culotte. Il esquissa un sourire mauvais, ravi par ce spectacle magnifique, et posa ses mains sur la culotte, tirant dessus, révélant l’intimité de la jeune femme, son intimité tremblante, sa fleur innocente qu’il allait prendre, afin de lui inculquer le respect. Il lui montrerait sa virilité, il lui montrait qu’il était l’homme... À chaque fois, ça les calmait, ces petites pimbêches. Il allait le faire... Quand il eut une idée derrière la tête, un rappel supplémentaire.

Sa boîte à musique, avec ce son insupportable... On lui avait dit, pour la vendre, qu’elle était une grande artiste, adorant le chant et la danse... Grandchester, naturellement, ne voyait en elle qu’un sac à foutre, et n’avait donc rien à foutre de ses talents artistiques, trouvant de toute manière l’art chiant. Elle était venue avec sa boîte à musique, un petit appareil produisant un son insupportable. Mais, tout d’un coup, il trouvait l’idée très excitante. Il se retourna donc vers son bourreau :

« Va dans notre chambre... Sur la table de chevet, tu trouveras une boîte à musique. Ramène-là immédiatement... Je la baiserai alors que son air résonnera là-dedans, ce sera le pied.
 -  Bien, mon maître. »

Le bourreau pencha la tête devant lui, et sortit, refermant derrière lui la lourde porte de la salle de torture, et s’avança dans le couloir. Grandchester, de son côté, s’écarta un peu, et s’assit sur la table, avant de poser une main sur l’un des seins d’Adelyn, le caressant, avant de pincer le téton.

« Tu es tellement belle... Et, tu as beau penser ce que tu veux, entre époux, le viol n’existe pas. Je t’éduquerais, Adelyn... Et, un beau jour, je lirais dans tes yeux la reconnaissance éternelle... »

Il esquissa un léger sourire, et se redressa, entreprenant de retirer son pantalon, puis se masturba, en soupirant de plaisir.

« Hum... Ça va être si bon, Adelyn... Tu verras, tu fais ta timide, mais ma queue est magique... Tu découvriras toute la puissance d’un homme, toute ma virilité, et tu m’aimeras pour ça... »



Le bourreau s’avançait dans les couloirs, sentant son sexe le démanger. Une belle érection, qu’il attendait de pouvoir satisfaire dans la bouche de cette femme. Il adorait que les femmes le sucent, et celle-là avait une belle petite bouche de suceuse, juste comme il les aimait. Il s’avançait dans les couloirs sombres et exiguës des oubliettes, une torche à la main... Quand il entendit furtivement du bruit. Le bourreau s’arrêta, surpris, regardant autour de lui. Il n’y avait rien que des cellules fermées et vides. Il regarda à droite et à gauche, fronçant les sourcils, suspicieux. Non... Il avait du rêver.

Il se retourna, et vit une ombre devant lui. Ses sourcils s’écarquillèrent, et les flammes de sa torche se mirent à luire sur le tranchant d’une épée, qui s’enfonça ensuite dans son ventre, tandis qu’une main gantée se plaqua sur sa bouche. Son hurlement de peur et de douleur mourut dans la main gantée de l’homme, qui fit lentement tourner son épée, accentuant la douleur, tandis que quelque chose de poisseux s’échappait de son ventre. Le bourreau gémit. Cette douleur vive l’avait fait jouir sous l’effet de la surprise.

Il mourut avec le sexe tendu, s’écroulant sur le sol, tandis que l’assassin récupéra son épée de son cadavre, ainsi que ses clefs, puis s’avança rapidement.



Grandchester l’embrassa encore, voracement, fourrant sa langue dans sa bouche, tout en continuant à déchirer sa robe, ne laissant plus que des lambeaux ne dissimulant plus rien. Il avait également enlevé son sous-vêtement, et posa ses deux mains sur chacun de ses seins, les pétrissant et les tordant douloureusement. Lui aussi s’était déshabillé, et entreprenait progressivement de s’allonger sur le corps de la femme, complètement fou de désir, une lueur de démence brillant dans ses yeux. Pourrait-il seulement attendre le retour de son bourreau ? Le bout de son sexe caressait l’estomac d’Adelyn, filant sur son bassin, se perdant dans les poils pubiens de la jeune femme. Il lui mordilla le cou, surexcité.

« Non... Tu es trop irrésistible... Je te baiserais une seconde fois... »

Il allait le faire, quand quelqu’un enfonça une lourde clef dans la porte. Grandchester se releva. Le bourreau l’avait déjà vu nu, et ça ne la dérangeait pas. Il se retourna, et la porte s’ouvrit.

« Tu as été rapide, pour une fois ! »

Ce n’était pas ce que pensait l’homme. Cahir ouvrit la porte, et s’arrêta, interdit, en voyant un spectacle qui le remplit de rage. Le seigneur, sur Adelyn, avec son sexe pendouillant à l’air libre.

« Toi ? s’étrangla l’homme, ivre de rage. Je croyais que tu avais quitté mon fort ! »

L’apatride ne répondit rien, tandis que son adversaire se redressait, essayant d’attraper sa dague... Mais Cahir fut plus rapide, et s’interposa devant lui. Il leva le poing, et le frappa à la tête, envoyant cette dernière rebondir contre le rebord de la table, le couchant sur le dos... Où Cahir abattit lourdement son pied sur le sexe du lord. Il y eut une petite explosion sonore, et Grandchester se mit à blêmir, se tortillant sur le sol.

« Je ne te tuerai pas, Grandchester, lâcha Cahir. Mais ton sexe ne terrorisera plus jamais de nobles femmes...
 -  En... Enfoi... »

Grandchester glapissait, de la salive s’échappant de ses lèvres. Cahir avait les dents serrés, furieux, et le frappa encore une fois, l’assommant. Il se retourna ensuite vers Adelyn, sentant toute son agressivité redescendre, en la voyant ainsi, si fragile, si misérable.

« A... Adelyn, je... Je... »

Il secoua la tête, et entreprit de lui ôter ses liens, avant de baisser la tête, n’osant pas regarder son visage, croiser ses yeux, pour y lire le reproche et la souffrance :

« Je... Je suis désolé, Adelyn... Je... Je n’ai pas pu vous protéger... Comme je l’aurais promis... »
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le jeudi 01 août 2013, 22:28:20
*Pourquoi l'avait-elle donc tutoyé? Elle-même l'ignorait... Adelyn ne faisait que raviver la flamme de la rage et de la folle passion chez son époux, elle qui ne souhaitait qu'une chose... Mourir et se faire oublier comme le grain de poussière qu’elle était parmi les siens. Mourir et ne plus jamais avoir peur, ne plus jamais sentir la honte s’abattre sur soi.

Peut-être que cela pouvait paraitre extrême, peut-être que la vie pouvait bel et bien continuer après ce qu'il allait lui faire subir mais elle ne voulait plus subir, plus sentir cet air frapper sur son visage qui lui rappellerait la profonde respiration de son mari, ne plus sentir ses mains la toucher, la tripoter, la blesser. L'air qu'elle respirait ne lui prodiguait que souffrances et dévastations, un mal qui la touchait bien plus loin que dans son être, un maux qui s’imprégnait jusque dans son âme. Personne dans ce monde n'avait jamais montré la moindre compassion, le moindre amour pour elle. Ni son père, ni sa sœur, ni sa gouvernante, ni ses domestiques et surtout... Cahir. Il lui avait fait croire. Croire en un monde bon, un monde où se trouvaient encore des Hommes valeureux. La belle ne souhaitait pas la meilleure des vies, juste une qui puisse l'accepter comme elle était sans devoir être frappée par le courroux d’un fou furieux et Cahir lui avait fait espérer en une telle existence. Mais hélas, cela n'existait pas... Elle savait à présent qu'Eric la déflorait, lui enlèverait cette pureté qu'elle avait et la détruirait lentement jusqu’à ce qu’elle s’éteigne.

La mort semblait être la seule délivrance, le seul chemin qui puisse lui apporter un peu de réconfort. Mais avant de l'atteindre, elle se ferait violer, battre en sachant pertinemment que personne ne l'aiderait, qu’elle serait seule face à ce destin.

Le lord criait sur la pauvre enfant aux larmes chaudes, l'insultant et lui faisant comprendre que c'était lui qui commandait dans son domaine. Elle le savait mais était-ce une raison suffisante que pour subir sans agir...?  Apparemment oui.

Elle vit apparaitre un autre homme dans la pièce, regardant le spectacle avec un air stoïque et pourtant, il n’était pas indifférent, caressant du regard le corps de notre belle rouquine avec une expression assez lascive. La demoiselle frissonnait, le dégout lui montant à la gorge. Elle avait un avant-gout de l'enfer qui la touchait du bout des doigts, riant de son sort. Elle avait cette franche illusion qu'elle n'était que le jouet d'un destin impure, la marionnette d’un démon... Et celui-ci n’était autre que Grandchester qui sans l'ombre d'un scrupule, arracha sa jupe, puis retira sa culotte en admirant son intimité.

La jeune fille sentit sa main toucher cette zone si prude, si chaste. Adelyn en tremblait, tant elle avait peur, tant elle avait honte. Elle était la faiblesse, la fragilité et l’inutilité alors qu’il était la force, la puissance et le maitre. Elle n’était rien, il était tout. Comment pouvait-elle rivaliser autrement que par des pleurs et des cris superflus ? Elle n’était rien et être si futile, si insignifiante l’avilissait grandement… Ce n’était pas une femme, un être humain. Juste la machination d’un psychopathe misogyne.

Elle aurait dû se laisser faire la première fois, se laisser se faire dépuceler pour ne pas à être l'actrice de cette scène épouvantable. A présent, elle payait sa prétention de vivre une vie nouvelle bien plus intensément. Elle respirait fort, sanglotant sans plus rien dire, juste à regretter en se débattant, en vain. Elle n’avait plus de forces et attachée, la demoiselle ne pouvait pas s’échapper. Se débattre… Pourquoi faisait-elle donc encore ça ? L’honneur ? En avait-elle jamais eu ?

La comtesse l’ignorait et ce n’était pas vraiment son premier souci. Eric, dans toute sa fourberie et son vice, voulait faire de cet instant le plus ignoble de toute sa vie. Il avait demandé à son acolyte d’apporter  sa boite à musique afin de la violer pendant que sa précieuse musique retentissait à ses oreilles. La mélodie de ce magnifique ornement ne signifierait plus jamais la joie et la liberté… Elle savait que si cet air retentissait lors de cet instant, plus jamais elle n’aurait l’occasion de s’évader psychologiquement. Tout ce qui restera d’elle ne sera plus qu’une coquille vide.

Elle voulait crier, le supplier de ne pas faire ça mais elle savait qu’en faisant une telle chose, cela ne ferait qu’empirer. Grandchester était un sadique, un malade et voir sa détresse dans ses yeux serait pour lui jouissif. Adelyn le savait et pourtant, ses larmes ne cessaient de couler et des petits cris, des plaintes inoffensives sortaient d’entre ses lèvres.

Lorsque le bourreau s’en alla, Eric se redressa sur elle, glissant l’une de ses mains sur son sein. Jamais un homme ne lui avait touché la poitrine et sentir se pincement sur son bouton de rose était des plus désagréables. Son téton avait beau se durcirent sous la pression des doigts rugueux du Lord, la belle ne ressentait ni plaisir ni envie, juste un profond malaise et des sueurs froides la faisant frissonner. On aurait presque pu croire qu’elle appréciait se traitement avec ce genre de réaction corporelle mais son regard apeuré, ses pleurs et l’irritation au niveau de ses poignets à force de se débattre pouvait prouver que la jeune femme vivait un véritable martyr à être la chose du Lord.


Celui-ci arborait un sourire léger, avant de lui faire comprendre qu’elle ne pourrait jamais se plaindre de ce qu’il lui infligeait tant il était laborieux de prouver un viol entre époux. Il commettait un crime mais jamais il ne serait inquiéter par la justice corrompu. C’était dégueulasse…

Il se redressa sur elle, retirant son pantalon et son sous-vêtement, laissant apercevoir sa verge fièrement dressée, qu’il masturba avec fougue, laissant échapper des soupirs de sa bouche. Eric lui disait qu’elle aimerait ça, qu’elle l’aimerait, lui et sa « queue » et qu’elle lui serait à jamais reconnaissante. Il était fou. Une folie aveuglante dont il n’y avait aucun remède. Il assouvirait son plaisir avec la certitude qu’elle apprécierait cet instant alors que notre protagoniste se ferait tout simplement déchirer de l’intérieur. Une brisure aussi bien physique que moral…

Elle était effrayée en voyant ce membre proéminent, prêt à la pénétrer. Elle serrait tant ses poings que ses ongles s’enfoncèrent dans sa chair et pourtant, elle n’en souffrait pas. Adelyn préférait sentir cette douleur que celle de la bite de Grandchester. Celui-ci continuait à l’embrasser, partageant le gout de sa salive avec la sienne. C’était si atroce pour elle qu’elle en avait du mal à respirer, entre les sanglots et le dégout de ses baisers. Finalement, il ne fallut pas longtemps pour qu’elle soit entièrement découverte face à lui, ne laissant place à aucune pudeur. Ses joues rougissaient de honte, d’abomination et la belle rouquine tentait encore de cacher sa fleur sacrée en pliant plus ou moins ses jambes graciles. Une manœuvre bien futile.

Le lord lui empoignait la poitrine, la malaxant, la pinçant avec violence. S’était atroce et ce n’était que le début… Elle se ferait dépuceler de la pire manière qu’il soit et personne n’était là pour la secourir. Quelle belle vie n’empêche.

Puis, soudain, Eric s’allongea sur elle, pressant son membre contre son entre-jambe, son gland sécrétant déjà un liquide séminal tant son excitation était forte. IL avait envie de la baiser et l’attente du bourreau semblait être une horrible torture pour Grandchester qui se trémoussait contre elle, passant sa langue baveuse sur son cou et ses doigts descendant en direction de sa croupe. Il s’apprêtait à enfoncer son membre en elle, la patience n’ayant plus cours, lorsque soudain la porte s’ouvrit. Il avait été rapide, en effet…

Adelyn gémissait de douleur, ne se cachant plus devant une force qu’elle n’avait tout de même pas. Il voulait qu’elle se réduise à être une pauvre malheureuse, un être ridicule n’ayant pour prétention que celle de vivre et c’est ce qu’elle ferait. Elle n’était que ça de toute manière. Un jouet…

Mais quelque chose clochait dans la réaction du richissime personnage. Il s’était crispé et avait arrêté de se frotter contre son bassin. Un court répit avant l’apothéose de sa jouissance ? La petiote n’en savait rien avant de redresser son regard bleutée vers la porte en bois. C..Cela ne pouvait pas être possible.

…Cahir…

A cet instant, tout se déroula trop vite pour la jeune enfant qui restait figée, complétement pétrifiée par cette vision. Elle n’était ni contente, ni triste, ni en colère. En fait, elle ressentait tant de choses en cette instant qu’elle était tout simplement incapable de réagir de manière lucide et seules ses larmes continuèrent de couler alors que sa bouche restait entre-ouverte et ses prunelles pétillante stupéfaite. Comme avec les brigands, il fut rapide, efficace et envoya au tapis son futur mari. Elle ne vit pas ce qu’il venait de lui faire subir mais le hurlement de Grandchester fut assez puissant que pour le réveiller de cette illusion. Qui n’en était pas une.

L’apatride était réellement revenue pour la sauver, comme il l’avait dit. M..Mais c’était déjà trop tard. Elle ne s’était pas faite dépuceler mais le mal était fait. Elle était brisée, sa mémoire gardant cette expérience à vif pour le restant de ses jours… Elle avait perdu la confiance en Cahir et pourtant, il était là. Tout était trouble dans sa tête et la réaction qu’elle eut en premier lieu lorsqu’il croisa son regard, s’avançant pour retirer ses liens fut de baisser ses yeux et de sangloter, murmurant à travers ses lèvres.*

« N..Ne me regardez pas… Non… »

* Il n’aurait pu l’entendre de là où il se trouvait, ce qu’il fit qu’il vint tout de même la relâcher de l’emprise de ses chaines avant de s’excuser platement. Sa voix était si douce, si peinée, si… C’était indescriptible. Jamais personne n’avait employé un ton pareil pour lui adresser la parole. Était-ce de la… Culpabilité ?

La jeune femme se recroquevilla, ne faisant plus attention à ce qu’il lui disait. Sa poitrine lui faisait terriblement mal mais c’était surtout son cœur qui était le plus touché. Elle s’était sentie abandonnée, trahie et même s’il venait d’honorer sa promesse, la rouquine ne pouvait oublier la déception qu’il lui avait infligée et la peur qu’elle avait ressenti entre les mains d’Eric.

Toutes les paroles de celui-ci lui revinrent à la tête, comme un sombre tourment. Une pétasse, une infâme petite pute, une salope, sa fiancée, sa bien-aimée… Ces mots résonnaient dans sa tête et c’est pourquoi elle cacha son visage dans ses bras, complétement nue face à Cahir. Sans même l’avoir pénétré, Grandchester avait réussi à la souiller de l’intérieur, de faire naitre en elle l’image d’une femme misérable, bonne à rien, faible et inutile. Bonne à fourrer comme il avait dit.

Un instant, elle sentit Cahir s’approcher, entendant un mouvement qu’elle stoppa nette d’une main, dressée devant lui alors que l’autre masquait son visage.

« R… Restez o.. Où vous êtes… L..Laissez-moi ! »

*Oui, elle voulait qu’il parte pour ne plus sentir son regard sur elle, pour ne plus avoir l’impression d’être un déchet et surtout, pouvoir mourir en paix. Pourquoi voulait-il donc la rattacher à la vie ! N’était-il pas encore plus sadique que son mari ? Il se jouait d’elle comme pouvait le faire le Lord. Sauf qu’ici, elle ne le croyait plus.

Pourtant, il était revenu… Et ça, qu’elle le veuille ou non, ça la touchait. Mais elle était encore trop en état de choc que pour vraiment le remarquer. Elle lui devait à nouveau sa vertu.

La belle demoiselle resta un instant en boule à déverser ses larmes. Elle était dans la salle de torture et l’endroit était plutôt bien isolé pour que l’on ne vienne pas y jeter un coup d’œil « en cas où ». Ça permettait à notre lady de se calmer, reprenant petit à petit ses esprits. Pourtant, elle garda le silence.

Son visage n’était à présent plus recouvert par ses mains mais elle resta dans sa position, reprenant une respiration sereine quand tout à coup, elle se mit à grelotter tout en reversant certaines larmes restantes.*

« J…j’ai froid…. »

*Tout en commençant à complétement divaguer, elle rapprocha ses mains de sa bouche, mains qui tremblaient affreusement tout en dirigeant son regard dans le vide.*

« J..J’ai si froid… C..Cahir… Si froid… A…Aidez moi…. »
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le vendredi 02 août 2013, 10:41:10
Ce n’était pas lui qui lui avait fait ça. Il ne l’avait pas attaché à cette table, dans cette sinistre salle, pour lui arracher ses vêtements, et entreprendre la violer, en s’extasiant de sa peur. Il avait empêché le pire, car il ne voyait aucun saignement s’échapper des cuisses de la jeune femme. Pour autant, il se sentait responsable. La voir ainsi, fragile, nue... Oh, elle ne perdait rien de sa grâce naturelle, de cette élégance raffinée, et, en d’autres circonstances, il aurait même pu la trouver très attirante avec cette robe déchiquetée qui ne cachait plus rien de sa beauté naturelle, tendant au contraire à la renforcer, en insistant sur certains aspects... Mais il se sentait incapable d’éprouver la moindre forme de désir. Il amorça le geste de se rapprocher, mais elle le repoussa, sans avoir à le toucher. Cahir se sentait honteux. Il n’était pas arrivé trop tard pour empêcher l’irrémédiable, mais il était tout de même arrivé plus tard. Sa fleur était intacte, mais pas son innocence. Et, outre ça, la voir pleurer ainsi, dans cette position... Il manquait les flammes rugissantes, les hurlements de douleur, mais cette image lui évoquait des souvenirs peu glorieux de son passé, des souvenirs sinistres, qui revenaient le hanter dans ses plus profonds cauchemars.

*Pourquoi ne dors-tu que d’un œil ? glissa une voix sardonique et ironique dans sa tête. Tu es incapable d’aider qui que ce soit, tu n’as pas été formé pour soigner, mais pour détruire, pour dominer, et prendre par la force ce que les autres sont incapables de conserver. Tu prétends avoir agi pour la sauver ? Ou est-ce que tu voulais te la préserver pour toi ?*

Ce type de débat n’avait pas sa place ici. Cahir ferma les yeux, imaginant autre chose, entendant la femme sangloter. Vous n’aviez pas le temps pour ce genre de choses. Cet endroit n’était pas une salle de pique-nique, mais la salle de torture d’un redoutable château. Cahir avait estropié le Lord, et, si le tuer était tentant, il devait se contrôler. Ce ne serait que justice de le tuer, mais ceci engendrerait des conséquences plus graves encore. Il était suffisamment mâture pour le réaliser, tout comme il savait qu’il fallait fuir le plus rapidement possible. Narcisse était certainement inscrit au cadre des festivités nocturnes, de même que d’autres soldats, et ils ne tarderaient pas à venir. Or, si Cahir avait pu retourner dans le château, s’en échapper avec la fiancée du seigneur serait bien plus difficile. Il n’avait aucun plan prédéfini.

L’apatride avait commencé à partir, retournant dans les faubourgs, se forçant, difficilement, à ne pas regarder derrière lui. Ayant entendu du bruit près d’une auberge, il s’y était rendu, pensant qu’un peu de bière lui ferait du bien. L’aubergiste n’avait plus que trois tonneaux, ayant délivré toute sa fournée au châtelain, pour la fête de ce soir. Plusieurs des individus dans l’auberge étaient des clients qui travaillaient au château, généralement comme pages, domestiques, ou autres garçons assistants. Ce genre de métier, contrairement aux apparences, était assez central, et, pour l’avoir appris, Cahir savait qu’on pouvait obtenir énormément d’informations cruciales de la part des secondes couteaux, des gens qui n’auront jamais leurs noms dans l’Histoire, mais qui, à leur manière, auront contribué à façonner cette dernière. Cahir avait ainsi appris que la dernière femme de Grandchester s’était suicidée, et que ses terres étaient lentement en train de décroître. On ne parlait pas ouvertement de rébellion, mais le ton y était. Les vassaux de Grandchester n’avaient pas confiance en lui, et, dans un monde féodal, le lien de vassalité reposait énormément sur la confiance. Il allait de soi que voir sa future femme s’échappait n’allait pas remonter la côte de Grandchester. Bien sûr, il était possible qu’il ne lui fasse rien... Mais Cahir n’était plus innocent, ni naïf. Il était retourné en selle, et était remonté vers le château, craignant qu’un carreau d’arbalète ne lui perfore la poitrine. Il avait choisi de rentrer en même temps que les invités s’en allaient, et les gardes ne lui avaient rien fait. Un mort devant les vassaux de Grandchester n’aiderait pas ces derniers à avoir foi en lui, mais le temps lui était compté.

Cependant, il ne pouvait pas forcer Adelyn. Il avait vu à quel point cette femme était innocente, et, en un sens, idéaliste. Est-ce que sa lenteur à agir avait brisé ça ? Il s’en voudrait, oui. Cahir ignorait ce qu’il pouvait lui dire. Se dépêcher ? Ne pas perdre son temps inutilement ? Le temps, précisément, leur manquait, mais il ne pouvait pas non plus négliger qu’elle avait subi une tentative de viol. Les minutes s’écoulaient, Cahir restant interdit et silencieux, avant qu’Adelyn ne se mette à frissonner, lui avouant avoir froid.

*Pourtant, j’étouffe...* se dit-il.

Il faisait assez chaud dans cette pièce, notamment en raison du fourneau qui brûlait, et dont on se servait pour aiguiser les lames, afin que la douleur soit plus horrible encore. Cependant, Adelyn se mettait à trembler nerveusement, recroquevillée sur elle-même.

« J..J’ai si froid, grelottait-elle. C..Cahir… Si froid… A…Aidez moi…. »

Oui, elle était pathétique, mais il ne se sentait pas de cœur à la repousser. Il se rapprocha d’elle, attrapant doucement, mais non moins fermement, l’une de ses mains.

« Relevez-vous » intima-t-il, en la forçant un peu.

Elle se remit debout, près de lui. Elle n’était pas très grande, le bout de ses cheveux arrivant à hauteur de son front. Il dégrafa alors son manteau, et le remit sur ses épaules, avant de poser une main contre sa nuque, fermement.

« N’essayez pas de me mentir, glissa-t-il alors, en plaquant sa tête contre son torse, où elle pourrait sentir l’épaisseur du métal, de l’ébonite qui le recouvrait. N’essayez pas de me faire croire que tout va bien. J’ai besoin de vous pour sortir de cette prison, alors évacuez votre douleur, évacuez votre rage, votre fureur, et votre souffrance. Là, contre mes bras. Ces murs sont insonorisés, vous pouvez pleurer et hurler. N’essayez pas de prétendre que vous ne le voulez pas, tout votre être le réclame. Libérez-vous de toute cette rage, et tirons-nous d’ici. »

C’était un peu sommaire comme conseil psychologique, mais c’était le mieux qu’il pouvait sortir, compte tenu des circonstances. Ses bras puissants empêchaient d’Adelyn de trop s’écarter, alors qu’il essayait de l’éteindre. L’ébonite de son armure était un métal, mais il n’était pas froid et douloureux. C’était un alliage unique au monde, qui, sans être aussi doux à sentir que le satin, restait une texture assez agréable. On aurait presque pu croire à une forme de chitine.
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le mardi 06 août 2013, 18:17:35
*Adelyn continuait à trembler sur le sol froid de la salle lugubre, alors que les flammes ardentes des fourneaux réchauffaient l'air ambiant. Ce qu'elle avait dit à Cahir, son sentiment de "froid" n'était pas faux, juste trop abstrait pour qu'il puisse le comprendre. Son corps grelottait mais s'était son âme qui avait besoin d'une chaleur bienfaisante pour se réanimer. La belle sentait son cœur se congeler après ce qu'elle avait vécu et c'était ce sentiment qui était à l'origine des réactions quelques peu saugrenues de son organisme. Un tremblement qu'elle n'arrivait pas à stopper et qui pourtant résultait d’aucuns effets observables dans l'environnement. Il s'agissait juste d'un besoin affectif qu'elle n'avait su exprimer convenablement et dont elle ne doutait même pas de l'existence.

Allongée, des lambeaux de tissu ne cachant pratiquement plus rien de sa morphologie, la jeune fille laissait son regard divaguer dans le vide, en état de choc. Elle ne faisait même plus attention au corps gisant près d'eux de son futur époux, rien n'ayant plus d'importance. Elle se souvenait des mots que Cahir avait employés pour la dissuader de vouloir à nouveau s'échapper, ceux-ci prenant un nouveau sens. A l'extérieur, tous pleins de dangers arpentaient les vastes terres de Terra et elle, inexpérimentée, fragile et maladroite ne ferait pas le point contre l'inconnu d'un monde bien trop cruel. Si elle parait, elle mourrait... Si elle restait, elle mourrait aussi... Alors que choisir? Le chemin de son avenir n'était que fatalité et la comtesse n'avait pas la force de changer sa destinée.

Mais il était là, cet apatride dont Narcisse et tant d'autres avaient critiqué. Il restait près d'elle, sans rien dire, la laissant faire  ce qu'elle s'était promis de ne plus jamais refaire: Pleurer. Ce jeune homme si mystérieux, sécurisant... Son gardien angélique semblait la protéger, même s'il n'arrivait pas forcement à le faire au meilleur moment. Comme pour les brigands, on aurait pu croire qu'il attendait le dernier moment pour intervenir, histoire que la belle puisse ne plus voir aucun espoir pointer le bout de son nez.

Soudain, il lui demanda de se relever et illustra ses paroles en se rapprochant un peu plus d'elle, tout en l'aidant dans sa démarche. Il la força un peu, mais Adelyn suivait le mouvement presque naturellement, comme si elle avait attendu qu'il donne l'instruction pour commencer à bouger. Elle continuait à grelotter, ses jambes léger comme du coton mais pu reposer une partie de son poids en s'appuyant sur Cahir, avant de trouver son équilibre.

Notre protagoniste le laissa faire, retrouvant la veste qu'il lui avait autrefois posée sur ses épaules, avant de partir. Elle sentit une bouffée de chaleur envahir son petit être, quelque peu rassurée de ne plus être entièrement découverte face au jeune homme. Il l'avait vu, c'était un fait, mais sa pudeur était telle qu'elle n'arrivait pas à contrôler l'apparition de rougeurs sur ses pommettes, mal à l'aise... Cahir était certainement l'homme qui avait eu le plus d'occasions de la voir dénudée et pourtant, elle ne lisait pas dans son regard un quelconque désir. Contrairement aux soldats de Grandchester, il la respectait et n'essayait nullement de profiter de l'occasion. Du moins, c'est ce qu'elle ressentait. Notre petiote était naïve et peut-être bien qu'il ressentait quelque chose à la voir aussi fragile, mais elle ne le voyait pas sous cet œil. Pour la lady, il restait cette personne humble, charismatique et surtout... Son sauveur. Par deux fois il avait pris des risques pour elle. Mais elle gardait de l'amertume. L'anxiété de s'être sentie abandonnée, délaissée à son triste sort. De s'être fait avoir, tout bonnement, à croire en l'existence de la bonté.

Alors lorsque le jeune ténébreux l'invita à se décharger de sa haine, de sa colère, notre belle resta immobile, déstabilisée. Elle ne s'était jamais mise en colère, n'avait jamais haussé le ton alors... Comment pouvait-elle se libérer? Ce n'était pas dans sa nature... Pourtant l'envie de crier, de pleurer, de s'énerver tout simplement était bien présente. Mais elle avait tant de fois refouler cet aspect de sa personne qu'Adelyn avait presque peur de se laisser aller.

Son corps continuait à trembloter tandis que son partenaire l'enlaçait de ses bras puissant, l'empêchant de s'échapper de cette étreinte. Mais en avait-elle seulement envie? La donzelle n'en savait trop rien mais au bout d'un moment, alors que ses mains étaient posées contre l'alliage de métal de l'armure de Cahir, elle ferma les poings et ferma vivement ses yeux. Elle était contre lui et pouvait sentir en son for intérieur une éruption d'émotions ressurgir du passé mais également du présent. Sans prévenir, elle se mit à resserrer d'avantage sa main et à parler à mi-voix, le timbre sombre*

"J'en ai marre de cette vie, de ces salauds qui me prennent pour une marionnette..."

*Son poing se mit à frapper le torse du mercenaire, aussi fort qu'elle le pouvait tandis que des larmes se mirent encore une fois à couler mais plus de tristesse, uniquement de colère. Sa voix se porta de plus en plus dans la pièce, s'accentuant au fur et à mesure qu'elle se plaignait.*

"J'en ai plus qu'assez d'être le jouet d'une bande de tarées!!!! J'EN AI MARRE!!!! JE VEUX PLUS!!! ET VOUS! VOUS ÊTES UN MENTEUR! POURQUOI M'AVEZ-VOUS LAISSÉ!? VOUS PENSEZ QUE ÇA M'AMUSE MOI!?"

*Plus que de raison, elle laissait parler son cœur ou du moins, les paroles qui s'étaient incrustée pendant qu'elle subissait le courroux d'Eric. Ses coups se firent plus violent, bien que cela ne devait pas vraiment affecter physiquement, n'ayant tout simplement pas la force nécessaire que pour inquiéter un homme tel que Cahir.*

"J'ai eu la peur de ma vie!!! JE VOUS DÉTESTE!!! VOUS AINSI QUE TOUS CEUX QUE JE CONNAIS!"

*Ce qui s'en suivit ne fut plus qu'une série de couinements, de petits cris aigus alors qu'elle frappait toujours son gardien. Elle y mettait énormément de convictions, se déchargeant de toutes les frustrations qu'elle avait vécu même si aucun mots ne pouvait vraiment se définir ce qu'elle ressentait, d'où les cris. La belle continuait encore et encore jusqu'à sentir ses mains se rougir à force de cogner Cahir qui était un parfait bouc émissaire.*

"Je vous déteste, je vous déteste, je vous déteste!!!!"

*Frénétiquement, elle ressemblait à une enfant en furie, tapant du poing et du pied sans vraiment affecter son interlocuteur. Petit à petit, la comtesse se calma, après quelques minutes à geindre et à se défouler physiquement sur le chasseur. Puis, finalement, elle arrêta de le frapper, à bout de souffle. Elle s'était complètement vidée...

Mais alors qu'il allait desserré son emprise, notre jolie rouquine se jeta à son cou, brisant en éclat toutes les bonnes valeurs et les bonnes mœurs qu'on lui avait éduqué. Ses bras frêles enroulait le cou du jeune homme doucement, y mettant une tendresse qu'elle ne se connaissait pas. Elle avait eu envie de faire cela depuis un certain temps mais ce n'était que maintenant qu'elle avait eu le courage de faire ce qu'elle voulait. Pour la première fois. Elle resta un instant silencieux, profitant de ce contact, oubliant presque qu'elle se trouvait dans une tenue quelques peu... Légère.*

"Je vous déteste... Mais... Merci d'être revenu... Merci."

*Son menton trouva refuge au creux de son épaule alors qu'elle s'agrippait avec ses mains contre lui, ayant une crainte qu'i la rejette immédiatement. Adelyn avait bien compris qu'il n'était pas question de rester trop longtemps dans les cachots mais, profiter encore quelques secondes de cette étreinte était la seule chose qu'elle désirait.

Ce n'était évidemment pas vrai qu'elle le détestait. A vrai dire, c'était peut-être même le contraire qu'elle ressentait pour lui... elle ne savait pas trop mais elle lui était d'une reconnaissance infinie. Elle se sentait bien auprès de lui et maintenant qu'elle avait pu relâcher tout le poids qui pesait sur son cœur, la petiote se défit de lui, un sourire léger se formant sur ses lèvres rosées.*

" Aaah.... Ça fait du bien...."

*Elle laissa échapper un profond soupire, avant de placer son regard sur son bourreau, évanouit au sol. Elle détourna ses yeux en voyant la scène, le sang coulant son membre explosé. C'était répugnant et elle en avait des hauts les cœurs. Il le méritait, certes, mais notre demoiselle n'appréciait pas ce genre de spectacle morbide, même pour un homme aussi mauvais que son mari. Elle avait l'occasion de se venger des coups qu'il lui avait donné mais... Elle n'en avait pas l'envie. Si elle avait pu paraitre misérable, Grandchester l'était tout autant en cet instant. Lui qui avait été si fort, si puissant... La jeune femme avait presque mal pour lui mais elle ne pouvait rien faire. C'était fait et pour rien au monde elle n'aurait changé le sort que lui avait infligé Cahir. C'était pour toutes les femmes dont il avait été la terreur et le tombeau... Pour toutes celles qui ne reviendraient jamais et qui étaient mortes en martyrs. C'était bien léger comme sentence mais Adelyn n'avait pas la force d'achever le travail...*

"Q..Qu'allons-nous faire Cahir...?"
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le vendredi 09 août 2013, 13:45:31
Cet endroit était sinistre. Tout ce château était atroce, horrible. Cahir n’avait qu’une seule envie : partir d’ici le plus rapidement possible. Plus il resterait ici, et plus il y avait de chances qu’il se fasse tuer. Cette perspective ne l’encourageait guère, mais, pour autant, l’apatride n’oubliait pas qu’il y avait une femme à sauver. Une femme qui ne lui rapporterait rien. Elle était incapable de se battre, et son excursion nocturne était probablement son seul véritable contact avec la nature. Elle était une poupée de porcelaine, incapable de survivre seule dans la forêt, de se battre, de se défendre. Elle le gênerait, indéniablement. Objectivement, il n’avait que de raisons de le laisser ici, et de continuer sa route solitaire. Et, pourtant, il avait bel et bien rebroussé chemin, tué le bourreau, et estropié le seigneur de ces lieux, manquant de peu de lui ôter la vie. Était-ce une bonne action ? Il aimerait sincèrement le croire, mais il savait aussi que, maintenant qu’il ne pourrait plus se satisfaire, Grandchester risquait d’être encore plus abominable avec ses esclaves. Jadis, cette idée l’aurait laissé de marbre. Qu’est-ce qui avait changé ? Pourquoi le sort de ces misérables le préoccupait tant ? Pourquoi se sentait-il si coupable à cette idée ? Pourquoi diable avait-il décidé d’aller sauver cette femme ? Pour sa beauté ? Était-ce là la seule raison ? Le désir de la pénétrer, d’arracher sa virginité, de la sentir soupirer son nom ? Cahir mentirait en disant que ça ne le tentait pas, mais... Il aurait pu le faire maintenant. Elle était faible, fragile, offerte, terriblement attirante dans ses vêtements rapiécés. Entre ses gants, il sentait la douceur de sa peau, il sentait sa poitrine glisser sur son armure, ses seins nus s’enfonçant. Il sentait tout, mais rien ne le tentait. Aucune érection ne le traversait, aucun désir, rien d’autre qu’un sentiment de rage et de fureur.

Il haïssait Grandchester pour ce qu’il avait osé faire, il se haïssait pour sa bêtise, et il haïssait cette femme pour sa stupidité. Revenir ici était une erreur, totalement, et c’est maintenant qu’il le réalisait maintenant. Il était dans la gueule du loup, et avait franchi le point de non-retour. Sortir seul serait déjà très difficile, car Narcisse apprendrait rapidement qu’il était revenu, mais il devrait également songer à Adelyn. Il ferma les yeux, ayant toujours une main sur la nuque d’Adelyn, et rouvrit les yeux, en soupirant.

*Je ne pouvais pas la laisser souffrir plus longtemps... J’ai agi au nom de la justice, pour autant que ce concept signifie encore quelque chose, alors je devrais me sentir bien... Pourquoi est-ce que je ne me sens pas bien ?*

Il était arrivé trop tard, mais il n’y avait pas que ça. Cette femme... Elle lui faisait ressentir des émotions contradictoires. Elle était faible, oui, mais il sentait autre chose, quelque chose de plus profond en elle, ce sentiment qui l’avait amené à la défendre contre Narcisse, et à revenir ici. Elle ne méritait pas ça. Personne ne le méritait, mais il y avait en elle autre chose, quelque chose qui avait poussé Cahir à cesser de fuir, et à se battre. Il le regretterait, il en était sûr, mais, pour l’instant, il n’y avait qu’une chose à faire : protéger cette femme.

Cahir lui avait dit de s’énerver, de libérer toute sa fureur. Y arriverait-elle ? Il savait que les femmes comme elle, les filles des maisons de nobles nexusiennes, étaient instruites dans la soumission, ainsi que dans une ignorance maladive du sexe, afin de plaire à leurs maris et maîtres. Mais, tout en étant faible, Adelyn avait eu le courage de s’enfuir, et de courir dans la forêt. Elle était plus forte qu’elle ne le croyait, car elle dissimulait en elle un capital de rage et de fureur qu’il convenait d’exploiter. Il la laissa donc, attendant, et elle finit par exploser.

Elle le frappa, mais il ne ressentait rien. Ses petits poings se fracassaient contre son armure, alors qu’elle se mettait à pleurer, devenant hystérique. Il ne dit rien, car il n’avait rien à dire, se contentant de la tenir, de la serrer contre lui, en la laissant évacuer toute sa rage, sa colère, sa frustration. C’était pour ça qu’elle tremblait, et elle hurla. Elle injuria son époux, elle injuria Cahir, qui ne dit rien, la laissant gigoter contre lui. Elle frappait l’ébonite, et il essayait de comprendre ce qu’elle disait entre ces hurlements. Il n’y eut bientôt plus rien à comprendre que des pleurs, et, lentement, les bras de Cahir se resserrèrent sur elle, afin de blottir son corps contre lui. Elle le surprit en l’enlaçant, et, naïvement, il crut qu’elle allait l’embrasser, mais elle se contenta de se serrer un peu plus contre lui, exigeant silencieusement qu’il s’occupe d’elle. Sa main glissa sur les cheveux d’Adelyn, s’y cramponnant, et il ferma les yeux, respirant son odeur.

« Je vous déteste... Mais... Merci d'être revenu... Merci. »

Il ferma les yeux pendant quelques secondes, avant de lui répondre :

« Je ne vous quitterais plus, Adelyn. »

Il avait fait l’erreur de la laisser filer une fois. Il ne comptait pas la refaire. En l’état, c’était peut-être égoïste, mais il aimait bien l’idée d’avoir cette femme auprès d’elle. Dans son existence misérable, elle était comme une perle rare qui rehaussait l’intérêt de son existence. Il lui était impensable de la laisser partir encore. Il la serrait très fort, jusqu’à ce qu’il la sente gesticuler entre ses bras. L’orage était passée. Lentement, Cahir la libéra, et elle se retrouva devant lui. Son petit sourire avait de quoi faire fondre les cœurs, et elle observa brièvement Sire Grandchester. Il était toujours étalé sur le sol, inanimé, et Cahir put clairement ressentir tout le mépris que cet être inspirait à Adelyn.

*Si jamais elle me demandait de le tuer, je le ferais... Même si ce serait pire.*

Sans Grandchester, il y aurait toute une bande de tueurs, de violeurs, de bourreaux qui se retrouveraient en liberté. Grandchester n’était pas un saint, mais il muselait sa meute, tempérait sa folie. Si Cahir avait été un peu plus jeune, et un peu plus naïf, il aurait profité de ce moment pour prêter serment à cette dame, comme il avait appris à le faire à l’académie. En ployant le genou, en s’entaillant la main avec sa lame, puis en la tendant à Adelyn pour qu’elle accepte son serment. Un serment visant à la protéger, et qu’il avait fait devant l’Empereur lui-même, lorsqu’il était devenu un Corbeau Noir, un membre d’élite.

« Q..Qu'allons-nous faire Cahir...? » lui demanda-t-elle.

Ferait-il un serment ? Vu qu’il avait la fâcheuse tendance de perdre ses serments, il avait un peu peur. Il décida de remettre cette question pour plus tard.

« Pour l’heure, nous allons partir d’ici, Adelyn. Ensuite, nous aviserons. »

Il s’approcha de Grandchester, et le souleva.

« Aidez-moi. »

Il n’avait pas besoin de son aide, mais un peu d’action lui ferait du bien. Il porta Grandchester dans un coin de la pièce, et attacha l’un de ses bras à une lourde chaîne fixée contre le mur.

« Ainsi, même s’il se réveille, il ne pourra vous faire de mal. »

Tout en se déplaçant, Cahir essayait de ne pas regarder les seins d’Adelyn. L’exercice était bien plus difficile qu’il n’y paraissait, car elle était vraiment d’une redoutable beauté. Pour son malheur, son innocence ne faisait que la rendre encore plus belle.

« Vous allez devoir rester ici, je vais aller vous chercher des habits. »

C’était l’évidence-même, mais Cahir ne risquait pas de trouver une robe dans les oubliettes. Il ignorait totalement comment il allait s’y prendre pour remonter dans la chambre d’Adelyn, trouver sa robe, mais elle était suffisamment perturbée comme ça pour qu’il ne la décourage pas. Il avait réussi à la sauver des griffes de Grandchester, et se persuadait que le plus dur était fait. Il sortit de sa ceinture la dague qu’il lui avait donné avant que les soldats de Grandchester ne la surprennent.

« Prenez-là. Mais, même si c’est tentant, évitez de tuer Grandchester. Sa mort ne fera qu’empirer les choses. »

Il déposa la dague devant elle, lui laissant aussi son manteau, dont il n’avait guère besoin. Sans ce dernier, on voyait clairement son armure en ébonite, d’élégantes plaques noires uniformes ressemblant à de la chitine. Quand l’armure était chargée en magie, des flammes noires semblaient tourner tout autour, fondant sur les ennemis alentour. Mais, en ce moment, son réservoir magique était vide, et elle restait juste une armure très résistante.

« Je reviendrais, je vous le promets » l’assura-t-il.

La laisser ici ne lui plaisait qu’à moitié, mais il n’y avait aucune chance pour qu’un garde arrive. Le bourreau était mort, Grandchester était à terre, et, pour les autres, il valait mieux ne pas déranger Grandchester pendant son plaisir. Ils attendraient sagement leur tour, ce qui laissait à Cahir du temps pour songer à la fuite. Il n’avait, en réalité, aucune idée pour s’enfuir. Improviser n’était pas dans sa nature. Il était rentré en profitant du départ des nobles, mais, maintenant, tout ce château n’était plus qu’un nid de vipères, et il devrait, non seulement veiller à sa propre survie, mais également à celle d’Adelyn.

Cahir sortit de la salle de torture, laissant la porte entrouverte, et retraversa les sombres couloirs des prisons. Il n’accorda pas un regard pour le coin sombre où il avait laissé le cadavre du bourreau, sa lame plantée en travers de son ventre, et grimpa les marches. La lumière venait de torches fixées contre les murs, et il s’avançait lentement, sur un escalier en pierre, rejoignant le couloir en bois par lequel il était entré dans les cachots. Il remonta les escaliers, et se dissimula contre le mur, laissant deux gardes passer, une torche dans la main d’un des deux soldats.

*Voyons... J’ai passé des semaines dans ce château...*

La chambre de Grandchester, commune avec celle d’Adelyn, se situait au dernier étage, au-dessus du quartier des nobles, et on ne pouvait y entrer sans autorisation. L’endroit était gardé en permanence, mais toute forteresse avait des failles : les esclaves. Les domestiques pouvaient passer pour amener le linge, et les gardes n’avaient pas le droit de les toucher. Ceux qui s’y risquaient sans autorisation de leur seigneur pouvaient être poursuivis, et condamnés à la torture. Grandchester était un monstre, mais sa fureur était tempérée par son autorité.

Le quartier des esclaves était au rez-de-chaussée, un endroit misérable, isolé, qui n’était pas gardé, et où les esclaves dormaient dans des espèces de dortoirs insipides. Cahir s’avança lentement dans le couloir, et fila dans un autre, se rapprochant de la salle de banquet. Il y avait encore d’autres gardes.

« Ce fut une belle fête.
 -  Y’z’ont bouffé comme des grosses vaches ! » s’esclaffa un autre soldat.

Dans la salle, les esclaves étaient silencieusement en train de faire le ménage. Cahir avait monté un escalier latéral, et se trouvait sur les balcons, en hauteur. Un garde portait une hallebarde sur sa droite, regardant en contrebas, et Cahir resta accroupi, prudent. L’ébonite faisait heureusement peu de bruits. Il partit vers la gauche, faisant tout le tour pour passer dans un couloir, et descendre des marches qui le menèrent au quartier des esclaves. Il était nerveux, craignant à chaque instant de se faire repérer. Il arriva dans un couloir en bois, et alla sur la gauche, ouvrant une porte qui grinça... Et le conduisit tout droit dans le misérable dortoir des esclaves.

Il y avait plusieurs rangées de lits superposés, et les regards, curieux, se tournèrent vers lui.

« C’est l’Ashnardien ! s’exclama une femme.
 -  Je croyais qu’il était parti...
 -  Il ne devrait pas rester ici, il va nous attirer des ennuis... »

Il ne dit rien, regardant autour de lui, et son regard croisa celui d’une femme. Cahir ne pouvait pas le savoir, mais c’était l’esclave qui avait offert à Adelyn sa robe bleue. Il lisait dans ses yeux bleus une terrible tristesse, qui lui fit mal au cœur. Il se rapprocha de l’adolescente, qui tenta d’amorcer un mouvement de recul, probablement inquiète... Et il lui parla.

« Hey, je ne te veux aucun mal. Je... Tu connais Mlle Crawford ? La promise de ton seigneur ? »

Elle hocha la tête assez rapidement, sans écarter ses lèvres, petite et fragile. Cahir déglutit. Quelque chose lui disait, vu la lueur qu’il avait cru voir dans ses yeux, qu’elle aimait bien Adelyn, et il prit donc un risque :

« Je... Sire Grandchester a essayé de la violer, mais... Je l’en ai empêché. »

Il vit les yeux de l’esclave s’écarquiller sous la surprise, et Cahir poursuivit, parlant à voix basse, sans tenir compte des regards curieux que les esclaves lui jetaient :

« Malheureusement, Adelyn n’a plus de vêtements... Est-ce que tu pourrais aller en chercher pour elle ? J’ai un plan pour lui permettre de sortir d’ici, et je... »

Il n’eut pas le temps de finir qu’elle se mit à décamper. Surpris, Cahir la vit filer entre les lits, et grimper un petit escalier. Il espérait qu’elle n’irait pas prévenir les gardes. Nerveux et agité, il craignait à tout instant que, par l’une des nombreuses portes menant à ce dortoir, des gardes ne surviennent pour le neutraliser... Ou qu’ils ne soient en ce moment auprès d’Adelyn, et ne la tuent en voyant dans quel état Grandchester avait fini.

*Je n’aurais jamais du la laisser seule... Mais je n’avais aucune autre option...*

Une esclave le regarda en fronçant les sourcils.

« Vous ne devriez pas rester là, vous allez nous attirer des ennuis si des surveillants arrivent. »

Cahir ne savait quoi dire. Les esclaves avaient peur de lui, et aucune n’osait le regarder. Il le réalisa en les contemplant. Elles étaient terrifiées, et il comprit qu’elles avaient du souffrir entre les mains du baron. Ceci renforça son envie de le tuer, et la femme, plus courageuse que les autres, dut le sentir. Il se permit de la regarder, et constata, avec effroi, qu’elle était borgne. Quelqu’un lui avait cloué la paupière, et une vilaine cicatrice parcourait sa surface, formant comme une signature.

« Je vous en supplie, ne le tuez pas... Ce... Ce sera encore pire pour nous... »

L’apatride remarqua que la femme était près d’un lit, et qu’il y avait, derrière elle, se cramponnant à sa robe blanche et rapiécée, une petite fille avec de cheveux noirs bouclés, qui observait craintivement l’apatride. Il croisa le regard de la femme, et comprit qui était le père.

*Salopard...*

La femme essaya de soutenir son regard, même s’il pouvait y lire de la honte... Comme si elle avait peur qu’il la juge, et c’était effectivement quelque chose de tentant. Mais elle n’était rien de plus qu’une victime.

« Il... Il mérite la mort, et même pire encore, mais, sans lui... Je n’ose imaginer ce qu’ils lui feront... »

L’homme hocha la tête.

« Je sais, répondit-il. Je vais libérer Adelyn. J’aimerais pouvoir en faire autant, mais...
 -  Il est trop tard pour nous. Mais elle... Elle, vous pouvez encore la sauver. »

C’était désormais lui qui n’arrivait pas à soutenir son regard. Elle se rapprocha, et il sentit ses deux mains, maladroites, nerveuses, fripées, attraper la sienne.

« Protégez-là.
 -  Je...
 -  Menez-là au Temple d’Elua, à la lisière du domaine. Les adeptes sauront s’occuper d’elle.. »

Elua... Ce nom n’était pas inconnu à Cahir. C’était une Déesse qui était assez prisée, même si l’Ordre la considérait, naturellement, comme une Déesse païenne. Cahir ignorait où se trouvait le temple, mais, s’il en existait un, ce pouvait être un bon refuge.

« Je le ferais. »

La porte se rouvrit à nouveau, et la petite esclave revint, tenant entre ses bras un gros coffre. Cahir le regarda, surpris, et l’ouvrit, la remerciant. Elle hocha la tête, visiblement satisfaite, les joues légèrement rouges, de la sueur sur son visage. Il l’ouvrit. Il y avait dedans une belle robe blanche, des bottes, ainsi qu’un collier de pierres précieuses, et...

*Une boîte à musiques ?*

C’était surtout la robe qui prenait de la place.

« Suivez-moi, vous ne pourrez pas repasser par la salle de banquet avec votre coffre. Occupe-toi de ma fille » lança-t-elle à l’attention de l’esclave.

Elle accepta avec joie, prenant la petite enfant dans ses bras pour frotter son nez contre le sien. Cahir comprit qu’il ne pourrait rien pour elles. La borgne disait vraie : elles ne voulaient pas être sauvées. Elles étaient probablement des filles de serfs, vendues par leurs parents, ou des prisonnières de guerre. Même s’il les libérait, personne ne voudrait d’elles. Il suivit donc la borgne, qui ouvrit une porte, conduisant Cahir dans une sorte de réduit poussiéreux et sombre, avec des toiles d’araignées. Elle alluma plusieurs bougies. Il y avait plusieurs gros tonneaux au centre.

« Poussez celui-là. »

L’apatride obtempéra, devant forcer un peu, et réussit à écarter le tonneau. Il y avait une trappe en bois, dessous. La femme l’ouvrit, lui expliquant que ce chemin le conduirait aux oubliettes. C’était un bon vieux passage secret. Il poussa le coffre, le jetant dans le trou, puis descendit l’échelle, remerciant la femme.

« Contentez-vous de la sortir de cet enfer. »

Cahir se le promit, et descendit l’échelle, puis avança dans un couloir sombre. Il n’y voyait rien, et finit par arriver devant un mur menant aux oubliettes. Il trouva rapidement une pierre branlante sortant du lot, et appuya dessus, ce qui fit coulisser le mur, lui permettant de passer et de rejoindre Adelyn.

Peut-être bien qu’il ne mourrait pas ici, après tout.
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le mardi 13 août 2013, 18:52:17
*Adelyn ne voyait rien aux regards que pouvaient lui lancer l'apatride, juste peut-être un espoir qu'elle croyait perdu. Elle était dénudée et fragile face à lui mais ne percevaient pas d'envie charnelle dans les prunelles sombres du chevalier, comme s'il ne s'en souciait pas. C'était pourquoi elle se sentait si bien auprès de lui. Malgré qu'elle tentait de refermer la veste sur elle, sa poitrine était toujours bien visible et elle avait eu peur qu'il puisse être envahi par un désir fou de la violer. Les paroles de Narcisse résonnait dans sa tête; lui rappelant qu'il n'était qu'un exilé sans foi ni loi.

Et pourtant, Cahir était bien plus que cela aux yeux bleutés de notre petiote et ne s'abaissait pas à des actes aussi abominables que le viol. Quoiqu'on put dire sur lui, il avait été le seul à la sauver de son destin impure et c'est pourquoi notre comtesse était tant en confiance. Elle n'oubliait pas qu'elle était vêtue d'une tenue en lambeau et qu'il restait un homme avant tout, mais elle était trop heureuse que pour se soucier de sa pudeur. L'étreinte qu'elle lui avait faite l'emplissait d'une profonde tendresse, d'une joie exhaustive. Elle l'admirait et, candidement, s'attachait de plus en plus à lui. En effet, le belle avait encore envie de pouvoir se serrer contre lui, se sentir protéger entre ses bras, humer son odeur et se laisser envahir par sa chaleur corporelle. Elle avait toujours manqué d'attention et s'était la seule personne qui la satisfaisait dans ce manque. C'était son héro.

Mais elle, qui était-elle pour lui? Pourquoi risquer sa vie alors qu'elle ne lui apporterait rien? Notre rouquine ignorait tout de ses intentions et s'inquiétait de savoir ce qui se passera, une fois sorti de la demeure. Leurs chemins allaient-ils se séparer ou bien, continueraient-ils à se toucher? Elle avait envie de croire qu'elle resterait auprès de lui mais n'était pas sotte. Il ne pouvait rien faire d'une femme aussi faible et aussi maladroite qu'elle. Elle ne représentait qu'un lourd fardeau qui pèserait sur ses épaules. Et à cette idée, le chagrin s'installa dans son cœur meurtrit.

Son chevalier venait pourtant de lui susurrer à l'oreille qu'il ne la quitterait plus mais, pouvait-elle vraiment se raccrocher à cette belle utopie? Perdue, elle se contenta de sourire, une boule se formant dans sa gorge. Elle voulait rester avec lui, ne plus jamais se sentir abandonner... Mais l'expérience qu'elle avait vécue lui rappela que la vie n'était pas un comte et qu'il finirait par la laisser, comme il l'avait déjà fait.

Notre demoiselle restait pourtant sagement à sa place, soucieuse de leur sort car s'il était revenu pour la sauver, il fallait à présent ressortir d'ici, comme il l'avait si bien souligné. Cahir se dirigea vers Grandchester, celui-ci jonchant le sol dans un état comateux, afin de l'accrocher à des chaines incrustées dans le mur de la pièce. Il lui avait demandé de l'aider à porter le corps de son époux mais Adelyn eut un moment d'hésitation. Elle n'était pas très forte, ne servirait probablement pas à grand-chose mais c'était surtout le faite de devoir toucher ce "monstre" qui la rebutait. Ça semblait bien dérisoire mais elle avait encore peur, ses prunelles abhorrant cet immonde personnage.

Mais sans savoir avec quel courage, elle accompagna Cahir, prenant les pieds du Lord et le soulevant avec ses dernières forces. Elle fit abstraction de la crainte naissante, serrant avec vigueur les mollets d'Eric. Ce ne fut pas bien long de l'amener jusqu'au coin de la pièce et lorsqu'elle le relâcha, on pouvait presque voir des marques d'ongles imprégnées dans la chaire de son bourreau. L'idée de le soulever l'avait tellement angoissé qu'elle n'avait pas sur contenir sa force... Elle s'en étonna un instant mais son attention fut capter par bien autre chose!

L'apatride lui tendit une dague, celle qu'il lui avait prêtée dans les bois, et lui expliqua qu'il allait chercher des vêtements de rechange. Inconsciemment, la jolie rousse croisa ses bras, cachant partiellement son buste. Malgré son manque de tenue, la lady restait éblouissante, sa beauté regorgeant dans ses innocentes manières. Elle était encore pure, malgré les actes d'Eric et si elle n'osait s'apercevoir de sa nudité, ce n'était que grâce à la fureur dont elle s'était déchargée. Une enfant dans un corps de femme resplendissant, elle ne s'était pas encore épanouie et attendait uniquement le moment propice. Un instant dans le temps qui lui permettrait de s'ouvrir, d'oublier ces chastes années sans amour et passion. Sa naïveté s'était presque volatilisée à cause de Grandchester mais Cahir était là pour réanimer cette flamme qui brulait en elle.

Celui-ci lui disait de ne pas tuer le lord, que les conséquences s'en feront sentir... Et ce n'était pas l'intention de la petiote. Elle ne voulait pas s'abaisser à ce niveau, même si l'envie y était. Il ne ferait plus jamais souffrir quelqu'un si elle lui ôtait la vie mais il fallait avouer qu'elle n'avait pas la bravoure que pour le tuer. Ses mains en tremblaient tant elle n'arrivait à concevoir de finir le travail sur l'être misérable qu'il était à présent, estropié.

Puis, Cahir finit par lui promettre qu'il reviendrait. A ces mots, elle voulut le retenir, lui agripper le bras... Mais elle ne fit rien, restant immobile, son sourire disparaissant de ses lèvres rosées. D'une toute petite voix, elle parvint juste à dire quelques mots.*

"Je..... Je vous fais confiance... Cahir."

*Ces mots... Adelyn les avait déjà prononcés lorsqu'il l'avait emmené au château. C'est pourquoi, cette fois-ci, sa phrase n'était plus aussi sincère, semblant craindre qu'il ne tienne pas à nouveau cette promesse. Mais à peine eut-elle le temps de placer cette phrase qu'il s'en était allé par la porte d'où il était venu. Elle était à nouveau seule dans cette pièce lugubre et effrayante.

Le crépitement du feu de la cheminer brisait la glace d'un silence macabre et Adelyn restait au milieu de la pièce, semblant écouter les flammes, ce qu'elles murmuraient. Son regard survolait la pièce et s'attardait sur les instruments de torture, puis sur la table où elle s'était trouvée quelques instants auparavant. Elle était face à ce vestige de la souffrance et de l'abomination de l'être humain, muette. Elle réalisait qu'en ce lieu, elle était certainement la seule à s'en être sortie indemne... La belle repensa à ces malheureux, aux cris qu'ils avaient pu émettre sans jamais recevoir de l'aide de quelqu'un. Elle était une miraculée parmi les victimes de la fureur de Grandchester. Il était fou.... Fou d'un désir qu'il ne pouvait avoir... Qu'est-ce qui pouvait amener un homme à une telle cruauté, à un tel vice? Etait-il la réincarnation du mal, un émissaire satanique sur ces contrées?

Notre jeune femme attendait les cris des personnes ayant subi leur courroux. Le même cri qu'elle avait poussé lorsque l'espoir s'était volatilisé de son être. Ses prunelles longeaient les murs, s'imaginant à l'aide des outils de torture tous ce qui s'était passé en ce lieu maudit. La flamme de sa chevelure tournoyait, suivant le mouvement du visage décomposé de la rescapée. Puis, tout d'un coup, un rire cynique, diabolique s'éleva dans les airs... La voix de Grandchester hantait cette pièce, l'engouffrant dans les méandres des ténèbres. Le feu pour raviver les lames sonnait aux oreilles de la lady comme une mélodie machiavélique... Le son qui accompagnait le ricanement du lord lors de ses supplices.

Elle se mit à trembler, se remémorant ce qui s'était passé pour elle, les mains qu'il avait posé sur son corps, les coups qu'il lui avait donné et le gout de ses lèvres sur les siennes. Son odeur semblait imprégner les lieux d’une aura sinistre. Sans trop savoir pourquoi, notre protagoniste se sentait nerveuse, prise de panique à l'idée d'être seule dans une pièce avec Eric qui doucement, sortait de sa torpeur.

Notre délicate comtesse ne put s'empêcher de sursauter lorsqu'elle l'entendit bouger de son coin, pointant en tremblotant sa dague qu'elle tenait fermement. Elle avait si peur qu'elle en avait les larmes aux yeux, même en sachant qu'il était attaché. La belle avait l'impression qu'il se relèverait à tout moment et se délivrerait de ses chaines par un quelconque enchantement. Un être aussi démoniaque pouvait en être capable. E...Et si ce n'était pas un homme mais une créature semblable? Un vampire...? Il correspondait assez bien à l'idée qu'elle se faisait de ces suceurs de sang... Pale, sans cœur et assoiffé de sang. L'imagination était le plus grand ennemi de notre petiote qui avait du mal  à tenir sur ses guibolles. Alors, pour se donner de la force et du courage, elle se mit à parler à Eric d'une voix inquiète mais ferme.*

"N...Ne bougez pas! "

*Remarque assez inutile, pittoresque même. Dans son état, il ne pouvait pas faire grand-chose et il était assez bien attaché que pour ne pas être une menace. Mais Adelyn n'arrivait pas à se calmer, surtout qu'il se mit à se mouvoir, se redressant sur ses bras, les yeux ternes dirigés dans sa direction. Sa voix s'éleva dans la pièce, rauque et trainante...*

" A...Adelyn... Mon aimée... Libérez-moi. Je vous en conjure..."
"J...Jamais!"
" Soyez raisonnable... V..Vous ne parviendrez jamais à sortir avec l’Ashnardien. Il vous manipule, vous ment! Mes hommes vous rattraperont Adelyn, et je ne pourrais pas être aussi clément."
"TAIS-TOI! TU M'ENTENDS!? "

* Un grand silence s'installa après le hurlement qu'elle venait d'émettre, tremblante comme une feuille. Il tentait de la manipuler à coup sûr mais... l n'avait pas entièrement tort. Sa garde finirait par la retrouver et cette fois-ci, c'était la mort qui allait l'attendre. Cependant, elle avait réussi à l'interrompre et à le tutoyer, malgré la correction qu'elle avait reçue après avoir osé faire une telle chose. Et elle pouvait lire dans le visage d'Eric que ça ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout, qu'une de ses femmes puisse lui parler de la sorte. Son regard la transperçait de toutes parts, elle qui était encore nue devant lui.*

" Salope... Je t'offrais tout ce qu'une femme pouvait espérer et toi... Tu oses me traiter comme un chien! J..Je te ferais payer petite pute. Je ne laisserais pas cet apatride prendre mon bien! Car oui, s'il fait tout ça c'est pour te baiser, pour fourrer sa queue en toi espèce d'idiote! Tu crois vraiment qu'il prend autant de risque juste pour...."
"ASSEZ!"

*S'en était assez. Il ne lui ferait pas croire ce que Cahir n'était pas. Elle l'en empêcherait et défendrait cet homme qui prenait justement des risques pour la sauver.*

"C..Cahir n'est pas comme toi Eric. Q...Quoique je fasse, tu m'aurais finalement tué alors je préfère partir dans l'espoir de vivre plutôt que rester sans rien faire et me laisser piéger par un salaud dans ton genre... T..Tu ne pourras plus jamais violer qui que ce soit. Et si tu penses que tu pouvais vraiment m'offrir tous ce dont je voulais, tu te trompes..."

*Elle laissa une courte pause, déglutissant à l'idée de défier ainsi celui qui hantait ses nuits, dévorait les parcelles de ses souvenirs heureux, d'un perfide monstre. La jeune fille ne savait pas où elle trouvait cette force pour lui parler mais apparemment, c'était bien plus facile de lui tenir tête maintenant que c'était lui, le faible.*

"Jamais tu ne m'aurais donné de l'amour, de la tendresse.... Et du bonheur."

*A cette phrase toute mignonne, innocente et optimiste, le lord ne put s'empêcher de pouffer de rire, un rire mauvais, effrayant. Il cracha un glaire ensanglanté avant de casser le beau discourt de notre juvénile demoiselle.*

" Ah parce que tu crois que ça existe ça? Tu es qu'une pauvre tarée! On n'est pas dans un conte ma jolie et tu te rendras vite compte que je suis loin d'être l'être le plus avilie. Partout tu ne rencontreras que des putains et des bandits voulant te prendre! Tu finiras esclave et tu te maudiras d'être partie, de t'être enfuit de ce château! Mais peut-être qu'enfin de compte, ça t'excite d'être traité comme une chienne hein?"

*Il l'observait, laissant son regard dévié sur le corps nu de la mignonnette. Il ne pourra plus jamais avoir des envies de chairs, tout ça à cause de.... De ce fils de catin! Il subira un sort bien moins enviable à celui d'Adelyn... Grandchester devenait ivre de vengeance et laissait la haine remplir chaque parcelle de son corps. Jamais on n’avait osé s'interposer entre lui et son objectif... Jamais il n'avait été aussi humilié de sa vie...

Notre rouquine, elle, restait figée, ses lèvres tremblantes. Q..Que faisait Cahir? P...Pourquoi mettait-il autant de temps...? Elle ne voulait plus entendre les sarcasmes de ce démon, ne voulait plus être dans cette pièce. Mais même si l'envie de fondre en larme était présent, tant le stress était intense, notre sulfureuse damoiselle se retint. Elle avait suffisamment versé de larmes. Elle n'était plus seule et son sauveur finirait par la retrouver et par la sortir de cette demeure.

Alors, Adelyn rangea sa dague, se redressa avant de s'asseoir sur la table près d'elle, sans dire un mot... Sa force, c'était sa foi. Et elle avait foi en ces concepts gnangnans l'amour. Ressentait-elle quelque chose pour Cahir qui puisse faire qu'elle surmontait ses obstacles? Elle n'y croyait pas et pourtant, ce courage, elle ne le sortait pas de nulle part.

Le lord finit par ne plus rien dire, si ce n'était que de continuer à rire silencieusement... Il devenait complètement fou... Puis, elle entendit une porte cachée grincer, voyant Cahir réapparaitre avec une grosse boite. I..Il était vraiment revenu ou bien était-ce son imagination qui lui faisait encore des siennes? Pour en être certaine, la jolie rousse se releva, les cheveux un peu en bataille et la veste sur ses épaules, puis s'avança rapidement vers le chevalier. Avant même qu'il n'est pu placer un mot, elle glissa sa main sur son visage, caressant doucement sa joue. Il était bien réel...*

"V....Vous êtes revenu...."

*Elle avait dit cette phrase en murmurant, tournant son visage vers Eric. S'il avait tort pour Cahir, il pouvait avoir tort pour tout le reste...

La comtesse n'attendit aucune réponse de son gardien, se permettant d'ouvrir la boite qu'il tenait dans ses bras. Il y avait un très beau collier coutant certainement extrêmement cher, des bottes, une robe mais surtout... Une autre petite boite qu'elle reconnaissait sans trop y croire. C'est ce qu'elle prit en premier, ne pouvant se retenir de sourire.*

"M...Ma boite à musique... C...Comment avez-vous su......?"
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le mercredi 14 août 2013, 02:17:36
Rejoindre Adelyn ne fut pas difficile. Le coffre était plutôt encombrant. Pas lourd, mais grand. Heureusement, personne ne s’aventurait dans les oubliettes, et il ne tomba sur aucun garde, ou aucun page, rien ni personne qui ne puisse l’arrêter. Son pas était rapide. Son esprit était rempli d’interrogations, de questions. Que se passerait-il si un garde arrivait ? Si Grandchester s’était échappé ? Il n’aurait jamais du laisser Adelyn ici, il aurait du la cacher ailleurs. Mais ils auraient perdu encore plus de temps, et elle aurait risqué de prendre froid dans ces couloirs sinistres. Ici et là, il voyait de grosses araignées, indiquant l’état de vétusté de l’endroit. Les domestiques ne devaient pas passer souvent par ici. Ce n’étaient pas les « oubliettes » pour rien. Il rejoignit la porte, et l’ouvrit d’un coup d’épaule.

« V....Vous êtes revenu.... » souffla-t-elle.

Il suivit son regard des yeux, et vit que Grandchester était réveillé. Il n’était donc pas mort, ce qui attristait Cahir, autant que ça le soulageait. Il avait encore en tête la vue de toutes ces pauvres esclaves. Si Grandchester était mort... Elles auraient toutes été tuées. C’était une éventualité à laquelle il ne voulait pas penser. Il reposa ses yeux sur Adelyn, cette fragile femme... Fragile, et en même temps si forte, si forte pour oser s’enfuir dans la forêt, et pour rester là, face à lui. Elle n’avait pas cru qu’il reviendrait. Il le savait, et il ne pouvait pas l’en blâmer. Cette journée devait être interminable pour elle. Il déposa le coffre, et elle l’ouvrit, voyant, non seulement la robe, mais aussi la boîte à musique. Cette vue sembla ravir son cœur, car elle s’en empara, peinant à en croire ses beaux petits yeux.

Son sourire exprimait une sorte de joie enfantine qui lui fit plaisir, réchauffant son cœur. Il se demandait si elle n’était pas plus heureuse de revoir sa vieille boîte à musque, que lui. Il aurait pu en ressentir de la jalousie, mais la scène l’amusait. Après tout, sa boîte à musique ne l’avait jamais trahi.

« M...Ma boite à musique... C...Comment avez-vous su......? »

Il haussa les épaules. En réalité, il n’en savait rien.

« J’aimerais bien dire que je lis en vous comme dans un livre ouvert, mais c’est une esclave qui m’a amené ça... Je ne pouvais pas aller dans votre chambre, surtout que j’ignore où elle est. »

Il entendit un rire mesquin, émanant de Sire Grandchester.

« Une boîte à musique... C’est grotesque ! Libérez-moi, Cahir, et je vous épargnerai ! Vous pourrez même me rejoindre. Vous avez vu mes petites esclaves, n’est-ce pas ? Elles vous ont fait le numéro de la pauvre victime ? Détrompez-vous, ce ne sont toutes que des putes. Nous baiserons cette salope ensemble, soyez intelligents ! »

Il ne se donna même pas la peine de lui répondre, l’ignorant délibérément, et attrapa entre ses mains la robe d’Adelyn.

« Je vous en prie, Adelyn, le temps joue contre nous... »

Chaque seconde passée ici accroissait les risques que les soldats leur tombent dessus.

« Maudit apatride ! s’égosilla Grandchester. Je te le jure, tu me paieras cet affront au centuple ! Peu importe où tu iras, chien, je te retrouverais, même si tu devais te terrer à Caelestis ! Et toi, Adelyn, sorcière, quand je te retrouverais, je t’enverrais dans le plus sordide des bordels des bas-fonds de Nexus. On te traitera comme une chienne, et tant de gens te laboureront le cul que tu ne te sentiras même plus humaine ! »

Un tel barouf risquait d’attirer des gardes. Cahir se releva, et s’avança vers Grandchester, ignorant ses insultes et ses jurons, et lui décocha un uppercut à la tête, qui l’assomma pour le compte.

« Je ne regarde pas, Adelyn. Changez-vous vite, il nous faut partir d’ici. »

L’apatride, en revanche, ignorait toujours comment réussir ce miracle. Mais, au moins, Grandchester s’était tu. C’était, en l’état, un grand réconfort.
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le samedi 17 août 2013, 22:38:06
* Adelyn gardait un sourire joliment peint sur son visage, caressant les rebords de la boite avec douceur et volupté, hypnotisée par son joli bibelot. En fait, elle ne s'était tellement pas préparée à retrouver la délicate petite boite que de la sentir entre ses mains, si proche d'elle, lui procurait une légère sensation de bien-être. Et apparemment, cette sensation, elle la devait à une esclave... Pouvait-il s'agir de la demoiselle qui l'avait éveillé en lui apportant son diner? Qui d'autres qu'elle aurait pu prendre la peine de loger son bien le plus précieux dans les bras du mercenaire... Pas grand monde. Quoiqu'il en soit, elle était non seulement reconnaissante envers cette personne d'avoir pris un tel risque pour elle mais était également reconnaissante envers son partenaire qui s'était accaparé d’un objet aussi "futile". Cependant, malgré que ce ne soit qu'une simple babiole, ça avait énormément de valeurs aux yeux de la Dame qui ne se lasserait jamais d’écouter cette mélodie enchanteresse.

Elle était rêveuse, oubliant presque les atrocités qui s'étaient déroulées dans cette salle de torture jusqu'au moment où une voix venue tout droit des enfers se matérialisant dans méandres de la pénombre, s'adressa non plus à elle mais au jeune homme qui venait de revenir. Toujours ce rire diabolique, ce rire mesquin déroutant quiconque l'entendait... Grandchester n'avait pas dit son dernier mot et puisque notre jolie rousse ne s'était pas pliée à ses exigences, il tentait le tout pour le tout en rapprochant Cahir du côté sombre de cette existence. Il lui proposait le plaisir de la chair contre sa liberté... Une offre qui aurait surement attiré plus d'un mais le chevalier ne mangeait pas de ce pain-là et se préoccupait d'avantage à la tenue de la petiote qui, elle, regardait avec effroi le Lord estropié. Quel immonde personnage... Il ne perdait jamais sa langue, surtout pour se sortir d'affaire. Les autres n'étaient que des pions sur son échiquier et maintenant qu'il se sentait en danger, il jouait ses dernières pièces. Celles de la fourberie et de la lâcheté... Mais l'indifférence du mercenaire face à son marché raviva une flamme ardente, le poussant à le vilipender, s'exclamant qu'il le paierait.

Puis, il tourna son visage vers la belle enfant afin de lui cracher à la figure toutes les peines qu'elle allait endurer si elle avait le malheur de recroiser la route de son futur époux. Il est vrai que jamais aucune femme n'avait osé outrager son mari d'une telle manière. Même si ce n'était pas elle qui lui avait ôté tout usage de son membre, la lady en était la cause. Surement méritait-elle le sort qu'il lui concédait et peut-être est-ce pour cela qu'elle eut un moment d'hésitation lorsque Cahir lui tendit une belle robe à la blancheur immaculée. Les mots qu'il employait étaient extrêmement violant pour notre petiote qui avait bien du mal à ne pas montrer que cela la touchait. Ce n'était pas le moment de tressaillir! Il fallait se montrer forte, du moins, tant qu'elle se trouvait encore à l'intérieur de l'enceinte du château.

Mais avant qu'elle n'ait eu le temps de rétorquer quelque chose où même, de penser à le nier, que son ténébreux protecteur s'avança vers le lord et sans l'ombre d'une hésitation, lui envoya un poing qui s'écrasa dans un bruit sourd sur le visage déjà bien abimé d’Eric. Cela fut amplement suffisant pour assommer le mécréant. Adelyn en restait muette, s'étant sentie protéger... Avait-il fait sa pour "laver" l'honneur de la rouquine ou bien pour le faire taire? Peut-être bien les deux. Cependant, il semblait avoir agi par reflexe, vraiment comme pour punir l'impertinence de Grandchester. Elle n'était pas pour la violence mais cette fois-ci, elle ne put cacher son sourire, ressentant une profonde estime pour cet homme.

Aurait-elle un jour la réponse à ses questions? Par exemple, le pourquoi d'un tel dévouement alors qu'elle n'était rien ni personne pour le mercenaire? Mais surtout... Pourquoi était-elle si heureuse à ses côtés...? Pourquoi son cœur martelait dans sa poitrine lorsqu'il posait ses yeux pétillants sur elle, d'un bleu si profond qu'elle se laissait noyer dans cet océan qui la troublait de plus en plus. Etait-ce dû au fait qu'il l'avait sauvé à deux reprises déjà ou bien y avait-il plus que de l'admiration et de l'affection..? Ces émotions n'étaient pas très distinctes et ça avait l'art d'embrouiller la belle perdue dans la perception de ses sentiments.

Elle tenait la longue robe blanche entre ses mains graciles lorsque la voix grave de Cahir la fit sortir de ses réflexions vaseuses. C'est vrai, il fallait partir et au plus vite! Pour ça, il était nécessaire qu'elle soit dans une tenue décente, ce qui n'était franchement pas le cas à l'instant! Le chasseur s'était déjà retourné pour la laisser se vêtir sans qu'elle n'eut le temps d'intervenir. Il n'en fallu pas plus pour qu'elle retire le manteau qui couvrait ses frêles épaules ainsi que les quelques lambeaux de tissus restants afin d'endosser la tunique.

C..Ça lui faisait bizarre d'être complément nue dans une même pièce qu'un homme... Il était évident que cela ne s'était jamais passé et que c'était assez contraire aux enseignements qu'on lui avait prodigué. Une femme de sa trempe ne devait apparaitre dans la tenue d'Eve qu'en présence de domestiques ou bien de son époux. C'était bête et surement bien dérisoire mais ces doctrines étaient une partie d'elle et les braver de la sorte la faisait rougir de honte. M'enfin, elle n'était plus à une bêtise près, surtout qu'elle n'avait pas le temps à faire des minauderies!

Pas un instant elle le vit bouger afin de la surprendre en train de s'habiller. Et cela lui fit plaisir de pouvoir avoir vraiment confiance en lui mais, quelque chose clochait... Alors qu'il agissait en parfait gentleman, elle sentait une boule se creuser dans sa gorge, comme lorsqu'elle était anxieuse. Que se passait-il...? Surement le fait d'être encore dans la pièce... Oui, ça devait être ça, elle ne voyait rien d'autres! Du moins, rien d'autres qui puisse être raisonnable.

Des bleus s'étaient formés sur ses bras ainsi que ses jambes mais rien de bien grave, le vêtement cachait une partie des ecchymoses... Une fois sa robe enfilée, Adelyn s'approcha de Cahir avec sa boite, dans laquelle elle déposa le collier de pierres précieuses qui devait valoir une somme astronomique! Ça lui serait forcément utile par la suite.

La jolie rousse déposa sa main sur l'épaule de l'apatride et lui demanda, d'une voix faiblarde et peu sur d'elle.*

"L.. Lorsque vous avez été me chercher une robe, avez-vous aperçu une possible sortie...? La plupart des gardes doivent s'offrir du temps libre à l'heure actuelle mais cela n'empêche que nombre d'entre eux sont toujours de service. La dernière fois je me suis enfuie par chance et je n'ose pas croire qu'Eric soit assez idiot que pour me laisser l'opportunité de repartir par le même chemin..."

*Elle se mit à déglutir, n'ayant pas la moindre idée de comment sortir de cette prison dorée. Elle ne connaissait absolument pas la demeure, ne s'étant trouvée ici que peu de temps. Cahir non plus ne devait pas avoir une solution toute fabriqué et pourtant, elle continuait à espérer qu'il puisse les sortir de là. Après tout, se serait-il jeter dans la gueule du loup sans plan en tête?

Tout à coup, on entendit des coups marteler la porte des oubliettes, ainsi que des voix puissantes se laissant porter à travers le bois épais du portail. La porte s'était heureusement refermée sur elle-même et seule ceux ayant une clef pouvait s'engouffrer dans la pièce.*

"OUVREZ IMMÉDIATEMENT! OUVREZ! C'EST UN ORDRE!!"

*Il s'agissait de voix masculines et l'on pouvait presque entendre celle du capitaine qui avait ramené notre protagoniste dans le château lugubre de Grandchester. Q..Que se passait-il...?! Comment avaient-ils su que les actions ne se déroulaient pas comme prévu pour le seigneur des lieux? Cahir avait-il été imprudent en laissant des traces de son passage?

Quoiqu'il en soit, Adelyn se tourna vers son partenaire, les prunelles apeurées, craignant le pire! Elle avait la peur au ventre et sa respiration s'était subitement accélérée, sentant le danger qui se tramait derrière la porte.*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le mercredi 21 août 2013, 16:16:55
Ce n’était pas dans sa gorge qu’une boule se formait, mais à hauteur de son entre-jambes. Il bénéficiait l’ébonite qu’il portait. La beauté d’Adelyn entraînait sur son corps des réactions physiques bien naturelles, et ce d’autant plus qu’il n’avait pas eu l’occasion de coucher avec une femme depuis bien longtemps. Dans ce nid de vipères, il n’avait pas osé. Impossible de toucher à une femme sans l’autorisation de Grandchester, et il ne donnait cette autorisation qu’à ses hommes. Il y avait un moment de pause, et l’adrénaline redescendait, mais Cahir était encore fébrile, et eut le malheur de laisser ses pensées vagabonder... Et son esprit ne s’attarda pas longtemps sur Éric Grandchester, ce misérable seigneur imbu de sa personne, comme l’étaient malheureusement tant d’autres nobles considérant le fait de commander comme un droit, et non comme un devoir. Il préféra s’attarder sur les formes d’Adelyn, sur ses hanches, sur sa belle poitrine, sur sa belle chevelure bouclée, sur cette grâce infinie qui s’échappait de son corps, et qu’elle ne pouvait nullement masquer. Sa beauté serait son plus bel avantage dans ce monde... Mais aussi son pire ennemi. Et il le serait encore, tant qu’elle serait empreinte de cette naïveté. Pouvait-il la former ? Il en doutait. Elle n’avait jamais appris à se battre, et, à son âge, il ne pourrait guère que lui apprendre quelques rudiments... Mais il était décidé à le faire.

Tout simplement, cette femme était une pure beauté. Il avait rencontré de redoutables beautés dans sa traversée de Terra : il avait vu une kitsune joyeuse qui était devenue son élève, il avait vu une reine égocentrique à la beauté terrifiante, si belle qu’il avait cru qu’il n’existerait jamais femme plus belle en ce bas-monde... La beauté d’Adelyn était différente, gracieuse... Il avait envie de lui faire l’amour, mais pas cette envie qu’on ressentait face à une prostituée. C’était une envie noble, si tant est qu’on puisse considérer que le sexe pouvait être, en soi, porteur de nobles vertus. Il voulait lui montrer que la vie, malgré toute sa crasse, était belle. Il ne s’agissait pas de préserver son innocence, mais de la faire mûrir en une sorte de sagesse, de félicité, de contemplation morale. Cette femme pouvait être une magnifique courtisane, sa beauté ensorcèlerait les nobles, mais il lui fallait un royaume pur, un endroit où sa beauté ne serait pas limitée à des cuisses qui s’ouvrent, mais serait les racines d’un tout plus global, plus majestueux.

Il entendit la robe glisser, et avait peur de se retourner. Cette robe lui allait comme un gant, inutile d’être grand clerc pour le remarquer. Cette maudite esclave muette avait bien choisi, et elle l’avait bien eu. Elle avait du prendre la plus belle robe de l’inventaire, la plus onéreuse. Une forme d’invitation implicite ? Cette esclave muette avait-elle vu en Cahir un gardien, un protecteur ? Mais ils avait que ses intentions envers Adelyn ne se résumaient pas qu’à la protéger des tueurs et des violeurs. En un sens, Grandchester avait raison. L’apatride la voulait aussi pour lui : elle était belle, magnifique, une pure fleur... N’était-ce pas légitime que de la désirer près de soi, de désirer la sentir dormir contre soi ? Mais il devait encore la faire sortir d’ici. Il se forçait à observer le mur, à étudier les pierres, réfléchissant à une manière de s’évader, lorsqu’elle se rapprocha de lui, parlant de sa voix douce, le faisant frissonner quand l’une des mains d’Adelyn se posa sur son épaule. N’ayant pas le choix, l’apatride se retourna, et l’écouta parler.

Serrant brièvement les poings, il devait se retenir de ne pas l’embrasser, tant elle était proche de lui, ou de ne pas avancer ses mains, pour caresser ses hanches, pour sentir la douceur de sa robe sur sa peau fine et chaude... Elle venait de subir une tentative de viol, il ne pouvait pas faire ça ! Mais elle parlait avec la grâce d’une chanteuse, et ses lèvres remuaient tendrement. Il les observait, comme hypnotisé, partagé entre un désir bestial et le profond respect qu’il vouait à cette femme. Elle lui parla, et il comprit qu’elle essayait de savoir s’il avait trouvé une sortie, lui expliquant qu’elle s’était échappée par chance la première fois... Or, en l’état, la chance était un luxe que les deux fugitifs ne pouvaient se permettre.

« Je... Non, je n’ai pas été très loin, malheureusement... »

Il ferma les yeux, s’arrachant à l’attraction de cette femme. Elle ne le faisait pas consciemment, il le savait, c’était sa beauté... Il avait toujours rencontré des dominantes, des allumeuses dans des tenues aguichantes, portant du cuir, du latex, des tenues moulantes... Elles l’excitaient furieusement. À Ashnard, il avait couché avec beaucoup de démones. Il était un humain hors-normes, un Corbeau Noir, un guerrier d’élite, alors que les humains membres des corps d’élites étaient excessivement rares. Les démones de l’académie voulaient voir de quoi ce « gringalet » était capable. Des souvenirs heureux, mais il n’avait jamais rencontré une femme comme Adelyn... Ou presque...

*Mon Dieu, elle me rappelle ma mère... Mawr... La maison des mécènes et des artistes... Celle qui désespérait de me voir rater les plus simples morceaux de piano, celle qui soupirait de lassitude quand je préférais m’entraîner au glaive avec Klyn, le garde affecté à ma surveillance, plutôt que de peaufiner mes sons sur la flûte...*

Était-ce pour ça qu’il l’appréciait tant ? Parce que, outre sa terrifiante beauté, elle lui rappelait cette femme qu’il avait, par sa déchéance, déshonoré ? Cahir avait toujours adoré sa mère, très douce avec lui. Elle lui avait inculqué les bonnes manières, elle lui avait appris à ne pas faire usage excessif de sa violence, et à se montrer cordial et respectueux avec les femmes. Elle l’embrassait sur le front le soir, sachant très bien que ceci énervait le robuste Cahir,n elle l’emmenait à l’opéra, au théâtre... Des activités qui lui avaient alors semblé ô combien futiles. Il avait détesté sa mère pour ça, pensant qu’elle voulait simplement l’empêcher de se perfectionner... Mais maintenant ? Seul, errant sur les routes, c’était sa connaissance de l’art et ses bonnes manières qui l’avaient empêché d’attaquer de vulgaires fermiers, de s’acoquiner avec des bandits, de conserver une ligne de conduite, et de ne pas devenir comme Grandchester...

Revenu dans son passé, Cahir ne répondit pas à Adelyn, et fut interrompu de ses réflexions quand des coups sourds résonnèrent à sa porte. Mawr et les gâteaux qu’elle préparait avec ses servantes, Mère et son soufflet aux pommes, disparurent, devant l’entraînement militaire, cette longue formation, alors qu’il sentait la menace proche. Des coups sourds, des voix qui hurlaient. Ils savaient. Comment ? Quelle importance ? Une esclave un peu trop bavarde, un garde qui avait attardé un regard, le cadavre du bourreau retrouvé dans les oubliettes tandis qu’un garde soulageait sa vessie... Comment n’était pas la bonne question. Combien ?

Il lut la peur dans le regard d’Adelyn, et posa immédiatement sur ses lèvres.

« Pas un mot. Ils vont forcer la porte. Il nous faudra agir rapidement. »

Il avait un regard déterminé et assuré, plantant ses yeux dans le sien. L’érection s’en était allée, ce que Cahir n’avait alors pas noté, remplacé par le frisson avant le combat. Un plan, une stratégie... Sa formation professionnelle formait une barrière contre la peur. Si elle s’instaurait, il commettrait une erreur. Ils entreraient rapidement, ils verraient la table... Pouvait-il tous les affronter ? C’était possible, mais, s’il était face à eux, l’effet de surprise ne jouerait pas en sa faveur... Un subterfuge ! Le plan éclata, alors qu’on donnait des coups forts à la porte.

« Dépêchez, l’assassin est peut-être toujours là ! »

Ils avaient retrouvé le corps du bourreau. Aucune importance.

« Écoutez bien, Adelyn, car je ne me répéterai pas. »

Il ménagea une pause, attendant un signe d’Adelyn, dans ses yeux, pour indiquer qu’elle écoutait, et il poursuivit :

« Quand ils entreront, ils regarderont la table en premier. Je veux que vous restiez là. Faites-leur croire que je suis venu ici, que j’ai estropié votre mari, et que je suis reparti. Ils ne vous croiront pas, mais j’ai besoin que vous les occupiez. »

Il aventura son autre main sur l’une des bretelles de la robe, et l’écarta, révélant ainsi le haut d’un de ses seins.

« Ils voudront vous violer. Ils s’intéresseront à votre corps plus qu’à l’environnement. Regardez-les, jouez la femme apeurée, ça les attirera encore plus...
 -  Plus fort !! »

Il y eut un craquement sinistre. Plus le temps, dépêche ! Il attrapa la dague qu’il avait jadis donné à Adelyn, et la glissa juste derrière elle.

« Servez-vous en s’ils sont trop près. Je les attaquerai par derrière. S’ils sont occupés sur vous, je pourrais les tuer grâce à vous. »

Un autre coup résonna, et il relâcha ses lèvres. Il réfléchissait rapidement, et, saisi d’une inspiration subite, il l’embrassa sur les lèvres, attrapant ses joues entre ses mains. Il voulait qu’elle soit choquée, pour que ce soit plus crédible, et ce baiser inattendu pouvait remplir son office. Il s’écarta ensuite, et opta pour la planque la plus simple au monde : derrière la porte. Il se cala dans un coin, et attrapa son autre dague. Dans un espace aussi clos, une simple dague était largement plus indiquée que son épée.

La porte s’ouvrit dans un grand coup, et plusieurs hommes d’armes débarquèrent, furieux, dégainant leurs armes.

« Qu’est-ce qui s’est passé ici ?! » aboya le capitaine.

Et ils virent alors Adelyn...
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le jeudi 22 août 2013, 23:59:09
* Le martellement des coups sur la lourde porte des cachots s'intensifiait et Adelyn s'était rapprochée de Cahir, s'étant agrippée inconsciemment à l'une de ses manches, comme aurait pu le faire une enfant effrayée. Avant qu'elle ne puisse réellement paniquer au point de ne plus savoir agir, d'être pétrifiée sur place, l'une des mains robustes du mercenaire se plaqua contre ses lèvres, l'empêchant de protester ou d'émettre le moindre son. Elle n'osa pas se débattre, trop stupéfaite par cette réaction que pour émettre la moindre protestation. Q..Qu'avait-elle donc fait!? Ses perles bleuâtres le contemplèrent de manière furtive, attentives à tous ce qui se tramaient dans l'environnement qui les entouraient. Puis, son regard se plongea dans le sien, celui-ci confiant et intrépide.

Son gardien, celui qui l'avait arraché aux griffes de dangers incommensurables, lui disait qu'il fallait agir. C'était de bien belles paroles mais toute la question était de savoir comment! Ils ignoraient combien de gardes les attendaient derrière cette porte alors, quel stratagème pouvaient-ils bien envisagé? Elle ne savait même pas se battre, il serait donc seul contre tous... La belle se serait bien mise à s'apitoyer sur son sort, sur son impuissance mais l'adrénaline qui lui montait à la tête était bien trop vive pour qu'elle puisse défaillir. Cette crainte qui aurait très bien pu la figer la gardait au contraire alerte à tous ce qu'il se machinait.

Une autre interpellation des gardes reporta les prunelles brillantes vers la porte, complètement dépassée. L'assassin...? Cahir avait donc dû encore tuer quelqu'un pour la protéger. Surement le bourreau, vu qu'il n'était jamais revenu. Méritait-il la mort? C'est une question qui ne persista pas bien longtemps dans les méandres des pensées de notre jolie rouquine. Elle n'avait plus le temps pour des hésitations, des incertitudes qui lui avaient causé bien des tords, dont celle de se retrouver dans le demeure du Lord.

La porte tremblait sous les coups puissants des soldats déterminés à rentrer dans la pièce tandis que le chasseur gardait un sang-froid olympien, les idées bien en place. La délicate demoiselle écoutait attentivement chaque parole qu'il prononçait, s'abreuvant de celle-ci comme si sa vie en dépendait, sachant qu'ici il ne s’agissait nullement d'une expression métaphorique. Il était réellement question de vie et la jeune femme ne pouvait se permettre une maladresse. Ses yeux pétillants le regardaient sans cligner et sa respiration s'était quelque peu ralentie. L'apatride savait mieux qu'elle comment réagir face à ce genre d'évènement et la belle voulait lui montrer qu'elle était capable de l'aider... Du moins, fallait-il déjà qu'elle se le prouve à elle-même qu'elle avait la capacité de suivre ses instructions.

Cahir venait de lui demander des choses impossibles à réaliser... Jouer la comédie? Mais ils n'y croiront pas une minute! Adelyn n'avait jamais fait de théâtre et surtout, était une bien piètre menteuse! On lisait en elle comme dans un livre ouvert et lui, l'informait que les soldats voudraient certainement la violer et qu'elle devrait se jouer de cela! Comme pour renforcer ses paroles, il avait abaissé une des bretelles de sa robe, découvrant le galbe du haut de sa poitrine. Notre comtesse se débattit légèrement, ne voulant pas apparaitre ainsi devant un groupe de mâles en chaleur! Elle ne voulait pas être "l'appât"!  En ce qui concerne les femmes apeurées, c'était surement la seule chose dont elle pouvait être certaine de maitriser à la perfection! La lady aurait pu se mettre en colère, rétorquer qu'elle n'y arriverait jamais mais... Avaient-ils seulement le choix? Il n'y avait pas d'issue possible dans cette salle alors, à moins d'avoir une meilleure idée, celle de Cahir semblait la plus prometteuse. La jolie rousse savait que cela entrainait à lui donner à nouveau sa confiance mais, qu'avait-il à gagner à la duper? Rien... Il avait déjà commis bien trop de crimes que pour se faire disculper de quoique ce soit.

Après un bruit sourd venant de l'entrée, Cahir se dépêcha de lui donner la dague qu'il lui avait confiée, en cas où les soldats s'approchaient plus que de raison. D..Devrait-elle les tuer...? La petiote avait peur, sentant sa gorge se nouer et si ses yeux ne larmoyaient plus, c'était uniquement parce qu'elle était bien trop occupée par les instructions.

Mais alors qu'elle réfléchissait à quoi dire, quel comportement adopter, son visage fut emprisonné dans deux mains bienveillantes, la prenant avec douceur et précipitation, approchant ses lèvres de celles de Cahir jusqu'à ce que celles-ci puisse se toucher...

 I...Il venait de l'embrasser!? Pourquoi!? Le baiser fut chaste, bref mais suffisant pour perturber notre pauvre enfant qui restait sans voix, frissonnant de manière insolite. Il s'en était allé mais elle le gout de ses lèvres fines restait imprégné dans sa mémoire, se compressant contre les siennes furtivement. Surprise n'était pas le bon mot pour désigner son état. Elle était juste extrêmement choquée! Adelyn avait eu si peur, était si nerveuse que ce baiser fut tel un électrochoc trop intense. Elle était paralysée pour la simple raison qu'elle venait de se rendre compte d'une chose... Qu'elle avait eu envie de continuer. C'était la première fois qu'elle ressentait cela pour un homme, la première fois que son corps appelait à ce genre de tendresse. La rouquine avait subi une tentative de viol et pourtant, ce n'était pas les baisers crasseux de son ignoble mari qui envahirent ses pensées, juste la chaleur délicieuse de la peau de son sauveur... Elle se rendit compte qu'elle était effectivement attachée à cet homme plus que de raison et que son rythme cardiaque s’accélérait en le voyant nullement à cause d'une joie exhaustive mais par... Amour... Ah moins que cela ne soit que de l'attirance?

Lorsque son esprit revint à la réalité, elle entendit la porte s'ouvrir sous les assauts des gardes qui s'engouffrèrent dans la pièce rapidement, secondés par le capitaine qui foula le sol seulement lorsque ses pantins s'arrêtèrent en voyant Adelyn habillée de sa belle robe blanche qui moulait ses formes harmonieuses avec une grâce sans pareille. Son épaule dénudée lui donnait un charme certain et ravivait les sens de ces hommes avides de plaisirs charnels. Cependant, rien ne se ferait sans l'agrément du chef.

Celui-ci était bien le personnage hautain qui l'avait ramené jusqu'au château, la dépassant facilement d'une tête. la jolie rousse ne l'avait pas vu sans son cheval mais à présent, dressé fièrement devant elle, avec sa large carrure et son aire autoritaire, il semblait encore plus impressionnant que dans ses souvenirs. Il glissa son regard sur la table de torture, avant de se tourner vers notre comtesse qui était non loin de la dépouille du Lord. Il n'était certes pas mort mais sa condition n'en était pas vraiment plus favorable! Rapide et efficace, le capitaine désigna deux hommes qui l'accompagnait et leur hurla des ordres, comme il savait si bien le faire.*

"Vous! Chargez-vous de raccompagner messire Grandchester à l'infirmerie de toute urgence!"

*Il ne dut pas se répéter. En quelques mouvements, les gardes s'approchèrent et  libérèrent leur seigneur afin de l'emmener en dehors de la pièce, sans toucher à la porte. À peine furent-ils partis que le chef se rapprocha du centre de la pièce, accompagner par cinq autres soldats. La jeune femme pouvait lire dans son regard tout le mépris qu'il avait envers elle.*

"Vous... Vous paierez vos actes, petite garce! Messieurs, arrêtez cette femme!"
" Attendez! Je vais tous vous expliquer!"

* La voix de notre protagoniste était tremblante mais assez forte pour se faire entendre. I...Il fallait gagner du temps pour Cahir et c'est ce qu'elle comptait faire. Une prière ne fut pas de trop.*

"J..Je suis innocente! C...C'est cet apatride! I..Il est revenu! A...Alors que mon mari tenta de me... De me prendre... " * Elle ne put s'empêcher de déglutir.* " Cahir est venu me "sauver"... S...Sauf qu'il n'avait pas l'intention de m'emmener avec lui.... J...Juste de profiter de moi."

*Notre charmante donzelle tremblait de plus en plus, les yeux apeurés. Ce n'était pas l'émotion, juste la peur de se faire prendre à ce jeu bien dangereux où il était facile de se bruler les doigts. Pour bien faire, il aurait fallu qu'elle se mette à pleurer mais ce n’était pas une tâche facile. Peut-être en pensant à quelque chose de triste... D...D'horrible même! I..Il fallait que ça soit convaincant. Sauf que rien ne venait.*

"Où est-il!? Vous a-t-il touché?! Pourquoi n'est-il pas en train de vous violer!?"
" N...Non... I...Il n'a pas eu le temps... I... Il était parti pour prendre ma... Ma boite à musique et en revenant... Il vous a entendu venir... I...Il a laissé la boite à musique ici... A..Ainsi que moi... Et s'en est allé par les quartiers ouest du châteaux."

*Un truc triste, n'importe quoi! U..Un chat qui meurt? Un parent qui décède...? Adelyn était complètement perdue, bafouillait à en rougir de honte et ses prunelles bleutées étaient submergées par la peur. Elle regardait le capitaine puis, elle se déplaça vers la table, s'appuyant sur celle-ci. La jeune femme approcha une main près de sa bouche et se pinçait doucement le pouce avec ses lèvres. A cet instant, le capitaine ordonna rapidement à deux de ses soldats de chercher l'apatride dans les lieux désignés par la petiote, ne se retrouvant plus qu'avec trois soldats.*

" I...Il m'a trompé.... I..Il m'a encore trahi..."

* Ce n'était pas vrai, tout ça n'était qu'un tissu de mensonge mais... Elle avait eu si peur que cela puisse être vrai que, finalement, ses yeux s'embrumèrent légèrement. Trop d'émotions à la fois certainement et la lady n'était pas habituée à contenir autant de sentiments.*

"P...Pourquoi...? Capitaine... Pourquoi dois-je subir ça...?"

*Elle faisait abstraction des hommes qui le suivaient, tout simplement car ceux-ci ne se permettraient pas d'agir sans le consentement de leur supérieur.

Pendant toute l'interaction, elle n'avait porté aucun regard vers Cahir, son cœur se gonflant à l'idée de trahir sa position en jetant un œil du côté de la porte. Le nombre d'effectifs s'était un tantinet diminué mais à quatre contre un, son acolyte aurait encore bien du mal. Il avait peut-être combattu des brigands facilement mais ici, c'était des hommes entrainés.*

" Parce que vous n'êtes bonne qu'à ça, madame."

*Surprise par cette réponse, elle releva son minois abasourdie vers son interlocuteur et le vit se rapprocher d'elle, le visage déformer par la prétention et une haine viscérale pour le genre féminin assez visible. L'origine de cette haine pouvait se rapporter à de nombreuses choses mais le résultat n'en serait pas différent. Cet homme semblait abhorrer la faiblesse des femmes. Ce n'était qu'une hypothèse qui se révélerait surement fausse. Ses pas le menèrent plus proche d'elle, suivit de ses chiens de gardes, jusqu'à pouvoir déposer l'une de ses mains sur l'épaule non-dénudée de la lady. A... À quoi il pensait? Voulait-il vraiment la violer comme l'avait certifié le mercenaire?*

" Vous n'avez peut-être plus l'apparence d'une sauvageonne comtesse mais... Vous gardez cette beauté provocante. "

* Sans prévenir, il abaissa l'autre bretelle de sa robe, lui découvrant toutes les épaules où sa chevelure enflammée s'y glissait avec ravissement.

Adelyn ne put s'empêcher de tenir sa main, essayant d'empêcher de se retrouver dans une position désagréable mais celle-ci était bien trop puissante. Alors, hésitante; elle se permit de tenter de dégager son bras mais il était fermement empoigné par l'homme qui ne semblait pourtant ne pas vouloir s'emparer de son corps. Aucun désir lubrique se lisait dans son visage stoïque...

Cet instant lui rappelait celui qu'elle avait vécu dans la forêt, avec Narcisse. Pourquoi cette envie de la dominer? E...Était-elle vraiment.... Aguichante? Pourtant, rien dans ses gestes n'appelaient au plaisir de la chair alors, pourquoi? La cadette des Crawfords l'ignorait et elle aurait bien donné toute sa fortune pour ne pas être désirable de cette manière. Elle aurait préféré qu'on la considère comme une princesse, pas comme une catin.

Les trois autres soldats s'étaient rapprochés, des sourires malsains se formants sur leurs lèvres. Sans plus attendre, pour la première fois de sa vie, notre jolie rousse garda son calme et se mit à avouer d'une voix douce, timide et remplie de candeur quelques paroles au chef de la garde.*

"Capitaine... J...Je suis encore pucelle. Ni mon mari, ni Cahir n'a su me défaire de ma virginité. N...Ne voudriez-vous pas être le seul à profiter de... De mon corps pour la première fois....? J..Je sais que vous avez surement dû promettre à vos soldats une bonne partie de plaisir mais... N..N'avez-vous pas envie d'avoir une place plus importante? J.....J'aimerais profiter de cet instant... Mémorable."

*L'homme semblait dérouté par ces mots trop peu en accord avec l'image qu'il se faisait de l'épouse de Grandchester. À vrai dire, elle-même s'en étonnait mais il fallait qu'elle garde l'attention sur elle et ce, à n'importe quel prix.

Étrangement, ce qu'elle venait de proposer au capitaine ne semblait pas lui déplaire, lui qui était si indifférent. Au contraire, il fit un signe à ses hommes de reculer, pas de sortir mais de s'éloigner alors que lui-même se rapprochait de la belle dont il susurra quelques mots à l'oreille.*

" Je te ferrais jouir petite chienne.... Tu crieras mon nom et après, tu me donneras la meilleure position dans une relation car si je ne puis être votre mari...."

*Il fit un temps de pause puis, pour la première fois depuis qu'elle l'avait rencontré, lui lança un sourire, avec des yeux se remplissant d’une lumière obscène.*

"Je deviendrais votre amant..."
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le vendredi 23 août 2013, 15:58:56
Dans un espace aussi petit, son épée ne lui servirait à rien, et il avait donc sorti deux dagues, des lames courtes et rapides. L’effet de surprise serait sa meilleure chance, mais il allait aussi devoir compter sur sa rapidité. Les gardes étaient une véritable patrouille, qui se dispersa rapidement. Professionnel, en voyant l’état de son seigneur, le capitaine ordonna à deux de ses hommes de le sortir, diminuant ainsi le nombre. Ils étaient six... Ils regardaient autour d’eux, dans l’obscurité ambiante, mais Cahir était dissimulé derrière la porte. Oh, bien sûr, ils auraient pu y aller, ils auraient pu regarder derrière... Mais leurs regards revenaient sans cesse sur le corps d’Adelyn.

Cahir avait honte. Honte d’utiliser à nouveau Adelyn, de l’exposer, et de lui donner le sentiment que sa beauté était sa seule arme, mais il n’avait vu aucune autre solution. Il avait beau être fort, contre toute une patrouille, ses chances étaient minces, surtout s’il devait protéger la belle. S’il y avait eu une autre possibilité, il l’aurait saisi, mais l’apatride était réaliste. Oui, Adelyn était belle... Elle était magnifique, et ce serait hypocrisie que de prétendre le contraire. Sa beauté serait son pire cauchemar ou sa meilleure arme, mais elle allait devoir apprendre à s’en servir... Et, malheureusement, Cahir ne pouvait pas la former sur ça. Il pouvait former les gens sur beaucoup de choses : le combat à mains nues, le maniement des armes, la stratégie et la tactique militaire, la survie en milieu naturel, la navigation à partir de la lecture du ciel, mais les charmes féminins lui étaient inconnus. Il était plutôt du genre à les subir qu’à les contrôler, empêtré par sa fierté. Ce n’était pas lui qui pourrait la former sur ce point, et il espérait que les prêtresses le feraient.

Quoi qu’il en soit, les gardes avaient formé un petit cercle autour d’Adelyn, la détaillant. Dans sa belle robe blanche, avec son sein légèrement visible, sa belle chevelure légèrement défaite, elle était vraiment belle. Une tentatrice magnifique, envoûtante, avec ce charme noble dont on faisait les contes. Comment ne pas la désirer ? Comment ne pas la vouloir ? Cahir devait trouver le bon moment, en espérant qu’Adelyn ne s’effondrerait pas... Au lieu de ça, la jeune femme réussit à le surprendre, en inventant un mensonge... Un mensonge ridicule, mais qui témoignait de l’état d’excitation des gardes. Le capitaine avait beau être méfiant, il n’écoutait que d’une demie-oreille les propos d’Adelyn, observant ses lèvres, la manière dont elles remuaient, en se disant qu’il fourrait bien sa queue dans cette petite bouche de salope. Elle lui expliqua que l’apatride était dans les quartiers ouest, et il envoya deux gardes... Ce n’était qu’un prétexte. À vrai dire, le capitaine cherchait à se débarrasser du plus d’hommes possibles, afin d’enlever la virginité de cette salope. Les deux gardes partis étaient des pervers, qui avaient déjà commis des attouchements. De la mauvaise graine de fermiers, des hommes indisciplinés. Les autres sauraient se tenir calme pendant qu’il lui ferait l’amour, et, ensuite, comme il était un bon capitaine, il la leur offrirait. Quand Sire Grandchester reviendrait, il suffira de lui dire que c’était Cahir qui avait fait ça. Ceci impliquait certainement de la tuer. Ainsi, elle ne pourrait pas les dénoncer. Par conséquent, le capitaine comptait bien en profiter, et faire en sorte que ce moment soit interminable.

L’apatride, quant à lui, était soulagé de voir le nombre des ennemis se réduire. Deux de moins... Il en restait désormais quatre. Et le capitaine se rapprocha, défaisant l’autre bretelle de la robe d’Adelyn, caressant sa peau. Cahir sentit, sans pouvoir se l’expliquer, une bouffée de rage se saisir de lui, et dut faire appel à sa formation militaire pour ne pas lui sauter dessus. Il imaginait les regards libidineux des autres gardes, et voyait le capitaine se rapprocher d’elle.

« Je deviendrais votre amant... » lui asséna-t-il.

Il l’embrassa alors sur le cou, mordillant sa peau, tout en déplaçant sa main gauche vers son sein. Il défit la robe, découvrant ainsi les deux tétons, et rapprochait ses doigts pour les caresser. Cahir, qui les voyait de biais, s’apprêtait à y aller, quand le capitaine se releva subitement, en entendant un bruit venant du dehors. Il porta instantanément la main à la garde de son épée, et Cahir se replia derrière la porte.

*Merde, il est vivace !*

Le capitaine cligna des yeux.

« Ce n’est sûrement qu’un rat, il y en a beaucoup dans les cellules..., suggéra l’un de ses hommes.
 -  Possible... Mais je n’aime pas ça. Albert, monte la garde dehors, près de l’escalier. Je ne veux pas que ces salopes d’esclaves s’approchent, et me voient... Grandchester me tuerait, s’il apprenait ça... »

Albert sembla hésiter, observant les seins dénudés d’Adelyn. Deux belles poires avec des tétons. Il déglutit.

« Raah putain, tu me connais, Albert, non ? J’ai dégagé les deux puceaux parce qu’ils m’auraient cassé les couilles. Ne t’inquiète pas, je sais ce que tu aimes faire avec leur poitrine. Monte la garde, je viendrais te chercher quand je me serais occupée de notre dame. »

Ceci sembla rassurer Alfred, qui sortit. Plus que trois. Cahir entendit ses pas s’éloigner, ainsi que le capitaine se retourner.

« Où en étions-nous ? Hum... Je vous comprends, ma Dame. Sire Grandchester, et sachez bien que je le respecte, n’est pas très doué avec les femmes. Vous, vous méritez mieux que ça... Et cet apatride... Peuh, quelle honte ça aurait été ! Moi, je sais y faire, vous ne regretterez pas de m’offrir votre virginité... Croyez-moi... »

Cahir n’entendit plus rien, et se risqua à nouveau à jeter un coup d’œil. Les deux hommes étaient en retrait, et le capitaine était contre Adelyn, allant l’embrasser sur les lèvres. C’en était trop. Cahir s’écarta, et se rua rapidement. Dans cette pièce, impossible d’être discret, il misa donc sur sa vitesse. Sa dague jaillit dans sa main gauche et se planta dans la nuque d’un des gardes, qui poussa un petit couinement. L’autre se retourna, surpris, et se reçut le pied de Cahir dans le ventre. Cahir récupéra sa dague, faisant jaillir de la nuque du premier garde un geyser de sang, et la lança comme un couteau. Elle se logea dans le front de l’homme, pile entre les deux yeux.

Cahir se retourna vers le capitaine, et n’eut que le temps de bondir en arrière, évitant la lame de ce dernier. L’épée heurta le sol, frôlant l’ébonite, le bout de la pointe raclant sur son armure. Le capitaine se rua vers Cahir, le dominant de toute sa hauteur. Il tenta de le frapper, et Cahir esquiva prudemment, en roulant sur le sol.

« J’aurais du me douter que tu ne serais pas parti comme ça... Une boîte à musique... Quel argument bidon... C’est toi qui a estropié notre seigneur, hein ?!
 -  Lui, je l’ai estropié. Toi, je te tuerai, tu as osé la toucher. »

Le capitaine se fendit d’un léger sourire.

« Voyez-vous ça, un sale petit rat qui me parle d’honneur... Rappelle-moi pourquoi tu es un apatride, Cahir... Tu crois que nous l’ignorons ? Tu as trahi ta Nation. »

Son sourire sinistre indiquait qu’il cherchait visiblement à le blesser, mais l’apatride restait de marbre. Le capitaine hésita brièvement. Que faire ? Il réagit rapidement, et rejoignit Adelyn, l’attrapant par la gorge en se glissant dans son dos, le tranchant de sa lame venant sur sa gorge.

« Dépose ton arme, ou je la tue ! »

Cahir grogna. Même lui, avec sa rapidité, ne pourrait rien faire... Mais il réfléchissait rapidement. La situation était coincée, mais il y avait encore un avantage, un atout que le capitaine n’avait pas vu, trop attiré par la vue des seins d’Adelyn : la dague de Cahir. La dague était toujours sur la table, proche d’Adelyn, et elle pouvait s’en servir pour le blesser.
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le mercredi 28 août 2013, 00:20:15
*Sa peau parsemée de baisers, l'étoffe de sa robe glissant le long de son corps jusqu’à  laisser percevoir apparaitre ses deux seins nus qui n’appelaient qu’au désir des hommes, Adelyn était en proie à toutes les caresses déplacées de ces individus dépravés. Sa gorge se nouait et si elle tentait de se défaire de l’emprise malsaine du capitaine, la fatigue et surtout sa faiblesse l’empêchait de se débattre comme il l’aurait fallu. La dague qu’elle avait gardée se déposa sur le bord de la table, afin de ne pas altérer les projets de Cahir. Ce n’était pas encore le moment de frapper. Et pourtant, notre jolie rousse voulait tant abattre la lame de l’arme sur ces membres intrépides qui la dégoutaient. Que tout cela cesse était son seul souhait…

Sa respiration était saccadée, non pas à cause de l’excitation qui aurait pu découler de ces gestes voluptueux, mais de la peur et du dédain que ces soldats l’aspiraient.  Les lèvres du commandant ne laissèrent aucunes parcelles de son buste, s’y déposant avec une ardeur  particulière. Cela ne laissait pas le corps de notre jeune femme indifférent, alors même qu’elle  n’appréciait guère de se sentir entre les paluches de ces fils de mauvaise vie ! Son épiderme était fébrile à toutes ses sensations alors même que sa raison voulait les repousser.  Elle ne voulait pas… Ni comme ça, ni par eux…

Puis, soudain, le capitaine s’interrompit et se retourna en direction de la porte, sous les regards interloqués des autres gardes, tout en s’emparant rapidement du manche de son épée. La jolie comtesse se crispa aussitôt, l’effroi se lisant dans son visage. Avait-il repéré Cahir ? Elle n’avait rien entendu mais apparemment, le capitaine avait l’ouïe fine et avait localisé un mouvement anodin. Il n’y avait pas de doute, cet homme était extrêmement bien entrainé au combat et sa vigilance semblait être sans faille. L’apatride avait-il mal cerné son adversaire en pensant qu’une simple demoiselle serait suffisante que pour lui faire tourner la tête ?

Cependant, l’un des gardes ne semblait pas être aussi méfiant que son chef et insufflant que cela ne fut qu’un rat errant. Bonne excuse qui tenait la route, une joie que ce cher Albert fut présent ! Son supérieur lui ordonna de tenir la garde hors du cachot pour éviter les mauvaises surprise mais celui-ci semblait retissant à poursuivre les instructions. Son regard libidineux se stoppa sur la poitrine de notre pauvre appât qui ne put retenir une rougeur folle de s’installer sur ses pommettes. Était-elle, finalement, si séduisante que ça ? Était-ce parce que c’était elle ou bien n’importe quelle paire de mamelons  lui faisait cet effet-là ? Apparemment, vu la suite des dires du commandant, il semblerait que ce garde avait un penchant pour cette partie du corps féminin. Autant il lui disait de ne pas s’inquiéter, autant notre protagoniste n’était vraiment pas rassurée. Q…Qu’est-ce qu’il aimait faire !? Sa crainte grandissait et si elle osait espérer que son gardien allait agir avant que quoique ce soit se fasse, elle ne pouvait se détourner d’images éloquentes qui se formaient en son for-intérieur. Son imagination débordait et après ce qu’elle avait vécu avec son bourreau, l’expérience ne lui charmait pas tant que ça…

Finalement, aucun danger pour Cahir. Le capitaine avait baissé sa garde et commença à la réconforter, lui glissant lascivement qu’elle avait fait le bon choix en s’offrant à lui. La lady resta silencieuse, son regard se plongeant dans ceux de son assaillant… Elle n’en revenait toujours pas d’avoir réussi à lui faire croire qu’elle était prête à céder son pucelage avec autant de facilité. En fait, elle n’arrivait tout simplement pas à s’imaginer en train de prononcer de telles paroles. Quoiqu’il en soit, un baiser la tira de ses pensées, les lèvres fougueuses s’emparant des siennes. Comme si cela s’agissait d’une sonnette d’alarme, ce fut l’instant où le chasseur s’élança à son secoure. Elle ne l’avait pas entendu s’approcher des gardes mais se fut leurs cris qui l’interpellèrent.

L’action se déroula très rapidement mais, en quelques mouvement, Cahir put réussir l’exploit de se débarrasser des deux hommes qui assistaient le capitaine en enfonçant d’une part sa dague discrète dans la nuque d’un des opposants, puis d’une autre, en frappant au ventre le deuxième pour ensuite lui loger la dague qu’il eut extraie de sa première victime au milieu du front. Rapide et efficace, il n’y avait plus que le principal adversaire dans la pièce. Celui-ci s’était retourné face à l’apatride après avoir relâché vivement sa prisonnière qui vint s’écraser contre la table mise. Il s’était précipité vers Cahir qui s’était défendu habilement, évitant de justesse la lame de l’épée aiguisé du garde expérimenté.

Pendant le peu de temps qu’il lui était donné, Adelyn s’était relevée en se rhabillant instantanément, paniquée et désemparée. Tout s’enchainait avec une hâte qui la mise à dépourvu lorsqu’elle sentit une main l’agripper avant de  l’attirer contre le torse de son agresseur qui lui nicha son fer sous la gorge. Elle resta sans voix, la peur et la surprise l’ayant prise de court. Son rôle dans cette affaire c’était bien déployé jusqu’à maintenant, devenant pour la peine un terrible fardeau. Tous ce qu’il se passait était de sa faute… Jamais elle n’aurait dû embarquer Cahir là-dedans. Il avait été bon avec elle, plus que ne l’avait jamais été un seul homme auparavant et par sa maladresse et son manque de réactivité, ils allaient périr tous les deux.

A cet instant, notre jolie rouquine voulu tout d’abord crier pour qu’il la relâche mais cela serait idiot. La lame était si proche de sa gorge qu’un seul faux pas l’égorgerait vif. Ensuite, elle eut l’envie de dire à celui qui avait tant fait pour elle de la laisser, de partir et de se sauver. C’était la première fois qu’elle ressentait ce sentiment, celui de vouloir se sacrifier. La petiote ne savait pas pourquoi mais, elle préférait se voir morte, humilier, violer plutôt que de perdre l’apatride. Pour la première fois, elle ne pensait pas à elle, mais…. À lui. Pourquoi se brusque revirement de situation ? Était-ce de la simple bonté, une bonté qu’elle n’avait pas encore acquise car elle était encore trop puérile ? Cette expérience l’avait-elle fait mûrir au point de donner sa vie pour le seul être qui l’avait estimé ? La vie était si étrange…. Hier encore elle ne connaissait pas cet homme et aujourd’hui, elle était prête à mourir pour qu’il puisse vivre. Ça serait une belle fin enfin de compte.

Mais… Elle ne voulait pas non plus que ça se finisse ainsi ! Pourquoi se battre autant en un jour pour finalement mourir égorgée, sans amour ni gloire. La demoiselle n’osait pas croire que son existence se résumait à se faire tuer après avoir rencontré quelqu’un comme Cahir ! Il lui fallait une idée, une seule !

Puis, soudain, celle-ci vint à elle comme une grâce divine. Ils se trouvaient proche de la table et, ses prunelles bleutées virent la dague qu’elle avait laissée sur le rebord, non loin de sa main. Il fallait qu’elle s’en serve, c’était l’unique issue même si cela était au péril de sa vie car son agresseur pourrait réagir de deux manières une fois poignardé… Soit il lâchait la lame dangereuse, soit il se crispait et lui tranchait la gorge sans autre forme de procès. C’était un risque à prendre…

 Un risque qu’elle entreprit sans l’onde d’une hésitation.

Vive et énergique, notre comtesse s’empara de larme d’une main habile et, les yeux clos, enfonça la lame dans la cuisse du capitaine qui se mit à pousser un gémissement  de douleur. Sous le coup de la surprise, il baissa sa défense en gardant son épée bien en main mais laissa l’opportunité à notre demoiselle de s’arracher à son emprise. Elle avait délogé son arme de la jambe du commandant avant de s’éloigner de celui-ci. La jeune femme s’était avancée vers Cahir, ses prunelles pleines d’espoir mais elle n’eut pas le temps de le rejoindre.

Le garde, celui-là même qui se croyait être l’élu de son corps,  se jeta sur elle, ne laissant plus que parler sa rage, l’épée brandit contre elle. Il s’était fait piégée une nouvelle fois, celle de trop. Et ce qui se passa fut inattendu.

Adelyn s’était retournée, entendant le cri du capitaine se rapprocher d’elle et au mieux de fuir ou de rester statique comme souvent, son instinct la guida à se ruer vers lui, toujours les yeux fermés, le poignardant malgré l’armure avant qu’il n’ait pu rabattre son épée sur elle. D’où se trouvait Cahir, il n’aurait rien pu faire pour elle…

La demoiselle sentit alors un liquide poisseux s’écouler sur ses doigts qui enlacèrent fermement le manche du couteau. A ce contact chaud et assez désagréable, ses perles pétillantes s’ouvrirent, se retrouvant face à l’homme qui avait attenté à sa vie. Son regard était livide, du sang coulait de sa bouche et surtout, tout son corps tremblait. Horrifiée, la comtesse abaissa son regard en direction du couteau et vie avec abomination que sa dague s’était enfoncée non loin du cœur, perforant surement un organe ou une artère vitale.

Devant ce bien triste spectacle, les yeux embrumés, la gorge sèche et l’estomac retourné, elle lâcha le manche en même temps qu’il lâcha son épée, reculant lentement, prenant conscience de ce qu’elle avait fait… Ses mains étaient souillées par ce liquide pourpre qui tachait ses mains. A…Allait-il mourir… ? Était-elle u… Une criminelle…. ?

Tout son corps se mit à trembler, ses jambes se mettant à flancher sous son propre poids. Elle avait toutes les raisons de vouloir sa mort et pourtant, notre rousse se mit à genoux, imitant la pose qu’il avait adoptée sous le coup mortel de notre protagoniste  et des larmes s’écoulèrent… Sa bouche était ouverte, elle voulait lui dire qu’elle était désolée, qu’elle n’avait jamais voulu ça… Mais rien ne sortit d’entre ses lèvres que de légers sanglots. C’était pourtant de l’auto-défense mais… Elle était coupable et pour à cette idée, les larmes ne pouvaient plus s’arrêter de couler.

Le capitaine n’avait dit mot, lui non plus… Il était encore vivant mais pour combien de temps ? I…Il sentait la vie se défèrent de sa prison charnelle, le froid remplaçant la chaleur ardente qu’il avait pu ressentir pendant ces quelques minutes. Il observait Adelyn qui le fixait également et étrangement... Il préférait que ce soit elle qui le tue plutôt que cet apatride, même s’il s’agissait d’une femme. Pour une fois dans son existence, il comprit qu’il ne gagnerait pas, que la partie était terminée. Son corps s’écrasa alors au sol, ne laissant plus qu’un homme inconscient, respirant difficilement. A cette scène, la belle enfant poussa un gémissement de détresse.

Sa robe était légèrement tâchée du sang de sa victime (ça pourrait partir rapidement) mais ses mains en étaient complètement imprégnées. Malgré la saleté, elle les frotta au sol, voulant se défaire de ce liquide visqueux qui la salissait aussi bien physiquement que psychiquement. Puis, en une fois, elle sentit le dégout monter jusque dans son œsophage, remontant dans sa gorge pour finalement laisser échapper de la bile de ses lèvres, se pliant sous la douleur de cette régurgitation, se vidant de ce qui la prenait à l’estomac depuis tout ce temps… La rancœur, le dégout... Elle en pleurait.

Puis, lorsque se fut terminé, elle resta un instant agenouillée, sa gorge brulante, complétement accablée par ce qu’elle venait de faire. Le capitaine respirait encore et il fallait partir le plus vite possible, penser à la suite mais… Pouvait-elle y arriver après ce qu’elle avait commis… ?*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le mercredi 28 août 2013, 19:27:22
Pour lui, la situation était bloquée. Impossible d’agir sans mettre en danger Adelyn. Il devait attendre une ouverture, mais Cahir n’oubliait pas qu’il y avait encore d’autres ennemis, comme ce garde que le capitaine avait renvoyé dans les cachots. La situation était cauchemardesque, et il aurait été facile de céder à la panique. L’apatride se forçait à rester calme et concentré, tandis qu’Adelyn commençait à comprendre qu’elle avait encore une carte à jouer. La dague... Le capitaine avait les yeux rivés sur Cahir, et ne vit donc pas les belles mains d’Adelyn attraper la dague, la maintenir, puis, d’un coup sec, avec une franche résolution dans les yeux, la planta dans sa cuisse. La dague était tranchante, et le capitaine portait une armure légère. La lame s’enfonça, et Adelyn, par manque d’expérience, la reprit, sans prendre la peine de faire tournoyer la lame, pour aggraver l’état de la plaie. Elle sentit le métal froid de l’acier s’écarter de sa gorge, et en profita pour s’écarter, tandis que le visage du capitaine était devenu cramoisi. Le sang se mit à jaillir de sa cuisse, et il poussa alors un hurlement furieux en se ruant sur Adelyn.

Immédiatement, Cahir entreprit de les rejoindre, mais Adelyn fut plus rapide. Il s’arrêta en lisant, dans ses yeux, une rage meurtrière. Elle se retourna, et abattit avec fureur la dague sur le corps de l’homme, le prenant au dépourvu. Un revirement inattendu. La lame s’enfonça dans la poitrine de l’homme, heurtant son cœur, et l’homme cracha du sang en s’arrêtant sur place, tout le corps se mettant à trembler. Quelques gouttes de sang heurtèrent le visage d’Adelyn, tandis que Cahir restait interdit, stupéfait. La dague était solidement plantée, et, lentement, le capitaine relâcha son épée, qui tomba lourdement sur le sol. Il resta ici pendant un moment qui semblait interminable, avant de lentement glisser, ses jambes se dérobant sous son poids. Le capitaine s’écroula alors sur le sol, respirant douloureusement, essayant d’aspirer, sa gorge se remplissant de sang. Il allait mourir.

*C’est le premier homme qu’elle tue...*

La première fois qu’on ôte la vie... Un moment inoubliable. Cahir la vit devant le cadavre, ses yeux fixant désespérément Adelyn... Avant de s’éteindre. Les paupières restèrent ouvertes, mais ne regardaient désormais plus rien. Il y eut un ultime râle, avant que l’homme ne s’écroule... Et Adelyn resta face à lui, inerte. Elle se tortilla alors, et vomit, crachant ses tripes à côté du cadavre, gémissant douloureusement, avant de tomber à genoux. Cahir restait derrière elle, sans oser parler. Il s’écoula quelques secondes, avant que, lentement, il ne se rapproche d’elle. Elle était à genoux, les mains en sang, et il se pencha vers le cadavre, fermant ses paupières.

Il ne disait rien. Que pouvait-il dire ? Adelyn était en état de choc. Le temps, comme toujours, leur manquait, mais elle était choquée. Plusieurs secondes s’écoulèrent ainsi, et il vit que les mains d’Adelyn étaient écarlates. Ses joues étaient également décorées du sang du capitaine. Cahir tourna la tête, et déchira un morceau de la tunique d’un des gardes tués, et s’en servit pour nettoyer, silencieusement, le corps d’Adelyn, se mettant à genoux à côté d’elle.

« Soyez contente de sentir le remords, Adelyn... Cet homme était un monstre, incapable de ressentir la moindre empathie... Mais il restait un être vivant, malgré tout. Vous l’avez tué, et vous le regrettez. Pourtant, si c’était à refaire, je sais que vous le referiez. »

Il n’y avait eu aucune autre alternative, tout simplement. Il frottait chacun de ses doigts, puis jeta le chiffon improvisé au loin, avant de la regarder. Sa main attrapa son menton, la soulevant doucement, pour qu’elle le regarde :

« Tu as bien agi, Adelyn. Cet homme t’aurait tué. Tu l’as tué, mais tu n’es pas une criminelle. »

Est-ce que ça suffirait à la rassurer ? L’apatride ne pouvait que l’espérer, mais il était assez difficile de le savoir. Cette femme était surprenante. Il n’aurait jamais cru qu’elle aurait eu le courage de frapper le capitaine à deux reprises. Cahir s’était effectivement trompé sur son compte. Elle avait tué cet homme, trouvant en elle des ressources insoupçonnées, et une rage qu’elle pensait probablement ne pas avoir en elle.

« La fureur que tu as ressenti... N’essaie pas de l’enterrer, car elle est en toi... Tu as tellement souffert entre eux qu’il est normal que ton corps ressente de la haine. Eux aussi la ressentent... Et moi aussi. Nous avons tous eu notre lot de souffrance, et c’est cette colère, cette rage, qui nous permet de nous battre. Tu dois apprendre à la contrôler, Adelyn... Mais, pour l’heure, il nous faut partir. »

Oui, il n’était que temps, désormais. Albert avait probablement entendu les cris, et ce n’était pas les hurlements d’Adelyn. Cahir pouvait entendre ses bruits de pas se rapprocher rapidement. Il se redressa, rejoignant la porte, entendant les bruits de pas d’Albert se précipiter. Un vulgaire croche-patte le déstabilisa, et un solide uppercut le sonna pour de bon.

Il était temps de partir.
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le samedi 31 août 2013, 22:56:15
* Sa gorge irritée, son pharynx littéralement brulé par la bile de notre pauvre comtesse, celle-ci ne faisait pourtant attention qu’à une chose… Le regard du capitaine, livide, ne regardant plus que le néant d’un monde auquel il n’appartenait plus. Du sang coulait encore le long de la commissure de sa lèvre, le même sans qui souillait les mains ainsi que les joues auparavant si pures, si douces d’Adelyn.  Son corps tremblait sans qu’elle ne puisse rien faire pour l’en empêcher, les yeux rivées vers la victime du crime qu’elle avait commis. Elle se croyait meilleure que c’est gens qui voulait la violer, la battre ou bien d’autres choses encore mais au final, ce n’était qu’une impression. Son acte était irréparable.

Pourquoi avait-il fallu qu’elle existe ? A cause d’elle la honte et le déshonneur s’abattait sur sa famille, plusieurs personnes étaient mortes (les soldats que venaient de tuer Cahir ainsi que les brigands) et maintenant, voilà qu’elle commettait un homicide. Tout serait bien mieux si elle n’avait jamais été là, autant pour sa sœur que pour son père, que pour Eric ainsi que Cahir, en rajoutant évidemment les  malheureux qu’elle entrainait dans sa déchéance. Toute sa vie elle s’était plainte des autres, pensant égoïstement et uniquement à son propre intérêt mais maintenant… Elle prenait conscience que tous ses actes avaient des effets négatifs sur tous ceux qui l’entourait et même si ceux s’y n’avait jamais rien fait pour elle, la jolie demoiselle se dégoutait d’avoir été aussi peu lucide face à ses responsabilités et de ce qu’il en coutait d’être aussi rêveuse. Il a fallu qu’elle tue quelqu’un, qu’elle se salisse l’âme pour ouvrir les yeux. Ses prunelles, pleines de larmes, qui n’avaient jamais appris à regarder par-delà l’horizon, s’étaient contentées à lui montrer la vie sous un angle qu’elle avait elle-même assombri. Une prise de conscience qui lui déchirait le cœur, le tailladant de milles remords.

Et malgré ce qu’elle venait de faire, Cahir vint vers notre rouquine agenouillée, se mettant à ses côtés afin de la nettoyer du liquide poisseux tout en tentant de la rassurer. Pourquoi faisait-il cela… ? E…Elle était devenue un monstre agissant sous la peur et la colère, elle qui d’habitude n’avait jamais levé la main sur quelqu’un, jamais hausser le ton de sa voix… Elle qui ne s’était jamais dévoilée. N’avait-il pas une certaine crainte à se retrouver en face d’une femme telle qu’elle ? Qui ne savait plus contrôler cette fureur qui l’habitait depuis bien trop longtemps et dont l’existence était restée insoupçonnée jusqu’à maintenant.  Et les paroles qu’il lui disait… Croyait-il vraiment qu’entendre qu’elle était prête à refaire ce qu’elle venait d’exécuter lui ferait plaisir ?! La jeune femme n’avait qu’une envie, retourner en arrière afin d’éviter ce désastre ! Comment pouvait-il dire qu’elle avait bien agit, qu’elle n’était pas une criminelle !? Comment osait-il seulement lui dire ça alors que sa peau était encore couverte du sang de ce malheureux capitaine. Certes, il avait tenté de la tuer mais après tout, ne s’était-elle pas jouer de lui afin de l’amener dans un traquenard ? Elle était fautive, extrêmement fautive même et ce que l’apatride venait de lui dire ne l’aidait pas… La belle ne comprenait tout simplement pas un tel détachement.

Comment ces hommes qui se battaient sans relâche arrivaient-ils à s’observer encore dans un miroir ? Notre petiote sentait le fardeau de la rédemption peser sur ses faibles épaules, un poids qui la faisait vaciller tant bien même que Cahir essayait de l’apaiser. Sa culpabilité l’écorchait vif et lui rappellerait sans relâche à quel point son aveuglement fut dangereux. Même si certains méritaient de mourir, qui était-elle pour avoir le droit de retirer le bien le plus précieux que les dieux aient offert aux hommes ? Une petite pimbêche qui ne connaissait rien du monde.

Adelyn restait immobile, n’écoutant Cahir que peu attentivement. Qu’il s’en aille, qu’il se sauve avant que lui aussi ne pait le prix de son égarement. Elle n’avait plus le courage de fuir, n’en avait même plus l’envie… Peut-être que finalement, le Lord Grandchester avait raison… Ce n’était qu’une « salope » qui ne s’occupait que d’elle, ne se souciant pas des autres. Peut-être aussi que ce qu’il lui réservait n’était qu’une bien faible punition fasse à la discorde qu’elle engendrait parmi les siens. Comment une femme aussi futile pouvait faire autant de mal... ? Elle l’ignorait et s’était ce qui l’effrayait le plus.

Certaines parcelles des phrases du mercenaire arrivaient aux oreilles de la comtesse et ce qu’elle en tirait comme conclusion n’était pas pour lui remonter le moral. L’espèce humaine n’était qu’un flot de rage incontrôlé. Comme quoi, elle n’était pas si différente de ceux qui lui avaient mené la vie dure durant toutes ces années.

Il fallait partir disait-il, se relevant afin qu’elle en fasse de même. Mais elle ne voulait plus… Plus la force de se battre. Qu’on la laisse, qu’on l’abandonne, elle ne méritait pas qu’on puisse s’en faire pour elle.

Et pourtant, alors qu’elle sentait sa gorge se nouer, son cœur lui disait de ne pas rester, de suivre Cahir, pour qu’il n’ait pas fait tout cela pour rien. Il avait pris tant de risque pour elle, renoncer maintenant serait la plus grande injustice qu’elle commettrait. Notre délicate donzelle devait continuer, devait le faire non plus pour elle mais pour cet homme si généreux, si brave… Tant de chose qu’il était et qu’elle n’était pas…. Si elle devait vivre, partir pour ne plus jamais revenir, il fallait qu’elle change mais serait-ce seulement possible… ?

Son visage se tournant vers Cahir qui venait de sonner le garde, ce « cher » Albert, ses joues toutes humides des pleurs, la belle rousse se releva, telle une automate, les poings serrés, ne voulant plus regarder le cadavre du capitaine. A vrai dire, elle n’osait même plus lever ses yeux vers Cahir, tellement honteuse d’être ce qu’elle était. Silencieuse et quelque peu amorphe, la lady s’était approchée de son coéquipier, sans rien dire, sans le toucher, sans plonger son regard dans le sien, sans rien faire.

Puis sans savoir pourquoi, alors que du sang tâchait encore ses mains qui n’étaient pas complètement essuyées, la jeune femme s’agrippa à son bras qui tenait encore la dague, posant délicatement sa joue sur son épaule. Ils n’avaient pas beaucoup de temps mais elle ne put s’empêcher de faire ce geste quelque peu déplacé pour une personne de son rang.*

" Partons… "

*De sa voix ressortait une profonde tristesse, elle n’était plus aussi vivace, aussi pétillante. Le choc surement mais elle avait l’impression que sa vie s’était éteinte avec celle de sa victime. Pouvait-elle se permettre d’encore rire, chanter, danser, faire tout ce qui la passionnait alors que son âme était salie ?

Et puis, surtout, une chose lui faisait peur…. Qu’elle ne puisse plus jamais avoir droit à l’amour. Et cet amour…. Doucement, elle se l’imaginait se former avec l’homme qui jamais plus ne pourrait la voir comme quelqu’un de bien. Le seul témoin…

Adelyn ignorait si c’était ça l’amour mais une chose était sûr, savoir que Cahir ne puisse plus l’apprécier, qu’il ne puisse plus être comme il l’avait été auparavant avec elle la troublait, l’horrifiait. Pourquoi ressentait-elle ça pour lui ? Peut-être ces yeux dans lesquels elle aimait se noyer ? Sa bravoure, sa force et en même temps sa tendresse… ? La faible femme qu’elle était savait qu’il y avait quelque chose… Une chose qui la transportait, qui faisait qu’elle n’avait envie que d’une chose, pouvoir lui plaire. Le seul homme à ne l’avoir jamais regardé autrement que respectueusement, non pas comme une comtesse, pas comme une femme non plus, juste comme une personne en détresse, ce qu’elle était. La petiote se souvint de ce chaste baiser qu’elle n’avait pas pu estimer à sa juste valeur, tout simplement car il ne l’avait pas fait parce qu’il l’aimait, juste parce qu’il fallait qu’elle soit en état de choc pour être plus « crédible ».

La demoiselle se sépara de lui, s’apprêtant à le suivre à travers le château. Les hommes de mains de Grandchester ne devraient plus tarder à revenir et il fallait faire vite. Elle en était consciente et c’est pourquoi son regard azuré se releva vers Cahir, lui montrant qu’elle l’accompagnerait où qu’il aille, qu’elle lui faisait confiance.*

" P… Peut-être devrions-nous partir par les quartiers du Nord, à l’opposé des entrés. J’ai entendu dire qu’il y avait des salles d’Arts. Il y a surement des gardes mais certainement moins que dans des salles où nous serions plus susceptible d’aller… "

*Elle parlait doucement, son timbre tremblant. La jolie rousse tentait de l’aider mais à vrai dire, elle ne savait pas comment sortir. *
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le dimanche 01 septembre 2013, 14:04:58
« Partons… »

Il savait qu’elle n’allait pas bien, il savait ce qu’elle devait ressentir. La honte, la colère. Elle regardait le capitaine, elle regardait sa victime, et elle se disait que c’était injuste. Qu’elle n’avait pas à le tuer, qu’elle avait tué un innocent, qu’elle était sans doute fautive. La conscience est un curieux appareil, votre pire ennemi... Et votre meilleur allié. La conscience était cette ligne distinctive qui empêchait de transformer le rédempteur en bourreau, qui empêchait de transformer le soldat en monstre avide de sang. Une ligne ténue, qui, sans cesse, évoluait, au fur et à mesure qu’on voyait de quelles bassesses l’humanité, au sens large, était capable. Une ligne qui, sans cesse, fléchissait vers le bas, en vous rappelant à quel point votre propre conception de la moralité, du « Bien », était illusoire face aux dures et sévères réalités de ce monde. La pauvre Adelyn était une adulte, mais encore une enfant. Elle avait soudainement été balancée de sa tour d’ivoire insouciante à la dure réalité de ce monde, et avait réagi à la violence d’hommes n’étant pas dignes d’être des hommes par la seule arme qu’ils comprenaient, et qu’elle abhorrait : la violence. Elle vivait dans un monde de paix, un monde d’harmonie, un monde où la violence n’existait pas, et où la violence ne pouvait donc être que l’apanage de l’autre monde, des criminels et des forbans. Par conséquent, dans sa logique, en utilisant la violence, elle avait quitté ce monde de pureté et de douceur, de tendresse et de volupté, pour celui de la violence, du mal, et de la criminalité.

Cahir devrait lui parler sérieusement. Mais, pour l’heure, le temps pressait. Il était donc soulagé qu’elle avance, qu’elle sorte de sa torpeur, pour le suivre. Le duo remonta le long des couloirs sinistres des oubliettes. Le plan initial de Cahir, si tant est qu’on puisse appeler ça un plan, était complètement foutu. Le tocsin résonnerait bientôt, et la garde serait au complet, pour les empêcher de sortir. Cahir se retrouvait dans la même impasse que tout à l’heure : comment sortir de cet endroit ? Il réfléchissait rapidement. Adelyn serait une difficulté supplémentaire. Elle n’était plus dans le coup, il le sentait. Elle avait perdu cette volonté de s’évader, il le sentait dans la manière dont elle le suivait, presque comme un automate.

*Cesse de paniquer ! Tu es un soldat expérimenté, tu as reçu une formation, tu es inventif, alors, réfléchis ! Je suis sûr que tu trouveras rapidement une solution ! Et je pense que tu en as même déjà une en tête...*

Une voix réprobatrice s’imposa dans sa tête, dissipant ses doutes, et une idée commença effectivement à germer. L’apatride s’approcha des escaliers, quand la voix de la femme l’interrompit :

« P… Peut-être devrions-nous partir par les quartiers du Nord, à l’opposée des entrés. J’ai entendu dire qu’il y avait des salles d’Arts. Il y a surement des gardes mais certainement moins que dans des salles où nous serions plus susceptible d’aller… »

La salle des arts... Cahir savait que cet endroit était un cul-de-sac. Il n’y avait qu’un seul corps de garde pour entrer et sortir, et, autrement, le château étant assez haut, sortir depuis les remparts leur briserait les jambes. De plus, Cahir devait récupérer son cheval. Sans lui, ils n’iront pas loin. Il soupçonnait Adelyn de s’être évadée ainsi, en trouvant une position depuis les remparts où elle pourrait sauter sans se faire trop de mal, voire même une poterne, mais tous ces endroits seraient surveillés... Et, sans le cheval, ils ne pourront jamais mettre assez de distance entre eux et Grandchester.

Cahir hocha donc la tête.

« Très bien, Adelyn. Nous allons y aller... Je connais un peu les lieux, mais restez près de moi. »

Dans la mesure du possible, il allait falloir éviter les gardes. Cahir grimpa les marches, la main sur sa dague, mais il n’y avait personne dans le couloir. Il s’avança un peu. C’était le même couloir en pierre, éclairé par des torches à gauche et à droite. Il menait sur une grande pièce, mais Cahir entendit des bruits de pas, des bruits d’armure qui s’entrechoquaient. Des gardes se rapprochaient rapidement. Réagissant rapidement, sa main se saisit du poignet d’Adelyn, et il fila sur la gauche, ouvrant une petite porte, qui menait dans un débarras sombre et sinistre. La porte se referma lentement, mais pas totalement, et il attrapa Adelyn, la plaquant contre lui, les mains dans son dos. L’endroit était vraiment étroit. C’était un placard de rangement, avec des balais, des seaux, et quelques araignées velues qui, en voyant les humains, décidèrent de s’enfuir rapidement dans de petits trous rongés par le temps dans les murs.

« Notre seigneur a été estropié !
 -  Et on dit que la pute est en bas !
 -  N’oubliez pas de la laisser vivre, notre seigneur voudra sans doute se venger. »

Il y eut quelques rires gras. Ces hommes étaient moins intelligents que le capitaine qu’Adelyn avait tué. Cahir les laissa filer, tandis que l’une de ses mains était remontée pour caresser les cheveux d’Adelyn. Un geste qui n’avait aucun intérêt pratique en l’espèce... Difficile de trouver un subterfuge pour ce geste.

*Bah, tu cherchais simplement à la rassurer...* essaya-t-il de se convaincre.

Les gardes remarqueraient vite qu’il y avait plusieurs cadavres. Le temps était limité. Cahir pouvait encore fuir vers les écuries pour prendre son cheval. Seul, il l’aurait fait, mais, avec Adelyn, ce plan était complètement impensable, et il décida d’en revenir à sa première stratégie. Il la regarda.

« Il nous faut rejoindre la salle des arts rapidement. C’est une partie du château que je ne connais pas très bien, avoua-t-il. Pourriez-vous nous guider, Adelyn ? »
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le jeudi 05 septembre 2013, 14:28:40
* La jeune femme était complètement perdue, entre la volonté de partir et celle de rester à cause de sa conduite irréparable. Par un simple geste, elle était devenue une criminelle et par conséquent, une personne qui devait être punie à sa juste valeur. Avait-elle donc droit à la liberté ? Elle n’en était plus sûr et si Cahir n’avait pas été là, certainement qu’elle n’aurait plus cherché à l’obtenir. Tous les préceptes qu’elle avait suivi sa vie durant s’étaient décimés sous le poids de l’acte assassin dont elle était coupable. Se racheter ? Oui mais comment…. ? Une seule chose parvint à son esprit, celle d’une mort pour une vie. Il fallait se sauver, elle et son compagnon, afin que la mort du malheureux capitaine ne soit pas vaine.

Ses prunelles baissées, seule la voix grave et solennelle de l’apatride parvint à lui faire prendre conscience qu’ils allaient suivre son plan. Était-ce la meilleure chose à faire ? Adelyn n’en savait que trop rien, ayant pour impression d’être une tare. Lui, le chevalier, ancien soldat avéré qui écoutait les conseils d’une fille de mauvaise vie. C’était grotesque mais avait-il seulement le choix ? Pourquoi lui faisait-il ainsi confiance, alors qu’elle-même n’arrivait plus à croire en ses capacités ? Cet homme la surprendrait donc toujours..?

Quoiqu’il en soit, ils se mirent en route, notre jolie rouquine succédant rapidement les pas de son étrange gardien. Ils gravirent des escaliers de pierres, écoutant attentivement le moindre son susceptible d’être une menace, jusqu’à parvenir à un couloir faiblement éclairé. Qu’est-ce qu’elle détestait ce château lugubre… Dire qu’elle était censée passer le restant de ses jours dans un endroit aussi  funeste et malsain. Pas étonnant que le major parti des femmes de Grandchester s’étaient suicidées ou étaient portées disparues. La forteresse était véritablement effrayante, même de l’intérieur, et malgré l’état de choc de notre comtesse, celle-ci recommençait à ressentir des sentiments comme la peur de demeurer dans un tel lieu. Comme elle aurait voulu entendre la douce mélodie de sa boite à musique logée dans un baluchon fait rapidement, contenant également un collier dispendieux qui lui sera fort utile s’ils parvenaient à s’échapper.

Soudain, un bruit se dirigeant droit vers notre petiote et son compagnon retentit, des voix fortes ainsi que le tintement d’armures. Des gardes… Ils venaient à leur rencontre et surement ne seraient-ils pas très aimables. Avant même que la panique ne puisse envahir le corps de notre donzelle, celle-ci fut embarquée par la poigne puissante du mercenaire qui les cachèrent dans une remise, en compagnie d’outils ménagers et de saletés. Il était vif et, pour éviter qu’elle ne puisse bouger, la plaqua contre son torse passant une main dans son dos et l’autre dans sa chevelure flamboyante, quelque peu décoiffée par les récents évènements. Les hommes se rapprochèrent de la porte, n’ayant pas aperçus nos deux évadés, parlant sur le compte de la lady qui avait les mains à plat sur le torse de Cahir, tandis que  son visage était logé sous le menton de son gardien.

Une pute… P..Pourquoi tous la considérait ainsi ? Elle n’avait encore jamais donné son corps et eux se permettait d’ainsi salir sa personne. Qu’allaient-ils rajouter en voyant les corps des soldats ainsi que de leur capitaine dans les oubliettes..? La jeune femme ne pouvait s’empêcher de se dire qu’ils lui attribuaient le mauvais adjectif. Et cela lui rappela qu’elle n’était plus pure, souillée par le sang de sa victime. Tout compte fait, peut-être qu’être une « catin » était plus glorieux comme titre que ce qu’elle avait pu commettre.

Les hommes du Lord se retirèrent lentement, rigolant lubriquement en pensant à la vengeance de leur maitre sur sa future épouse. Quoiqu’il fût certainement plus question de la prendre comme femme après l’affront qu’elle lui avait porté.

Adelyn respirait lentement, tremblant légèrement dans les bras de Cahir. Elle avait si peur… Et pourtant, sentir ces mains la caresser doucement, la presser contre le buste du chasseur. C’était si agréable. Elle avait envie de rester ainsi, plus encore, enrouler ses bras autour de son cou et ne plus le lâcher, humant son odeur tout en écoutant son cœur battre. Pourquoi ces instants ne duraient-ils que quelques secondes ? A peine eut-elle le temps d’apprécier cette étreinte qu’il la ramena à l’ordre, lui avouant qu’il avait besoin de son aide pour les guider jusqu’à la salle des Arts.  N’avait-il pas dis auparavant qu’il connaissait un peu les lieux ?

La belle demoiselle resta un moment silencieuse, déglutissant à cause de la nervosité de cette situation. S’il croyait qu’elle avait eu le temps de bien mémoriser le chemin jusque là-bas, il était bien optimiste ! Mais pour une fois qu’on avait besoin d’elle, qu’elle pouvait-être nécessaire...  Elle ne voulait pas lui mentir en disant qu’elle connaissait bien le chemin mais n’osait admettre qu’elle n’était d’aucune utilité. Il fallait qu’elle fasse quelque chose, une fois dans sa vie mais quoi ? Accepter sa faiblesse ou bien tenter de trouver un chemin sans être certaine d’y parvenir ?

Ses yeux pétillants se relevèrent enfin vers ceux de Cahir, plus intense que le bleu de l’océan, sa bouche entre-ouverte. Elle ne voulait pas le décevoir, lire dans son regard un quelconque dédain. Lorsque des paroles s’échappèrent d’entre ses lèvres, sa voix était fluette et désarmée, ses joues s’empourprant d’une vive couleur.*

" J…Je ne connais pas non plus très bien le château mais… Je pense pouvoir nous y amener. J…Je ne sais pas si vous faites bien de me faire confiance mais je vous promets Cahir que je ferais tous pour que vous parveniez à sortir d’ici. Q…Quoiqu’il m’en coût. "

* Ce qu’il se passa ensuite, elle ne l’avait pas commandé. Son corps avait agi contre sa volonté, son visage s’étant rapproché du sien jusqu’à pouvoir y déposer un chaste baiser sur la joue. La jolie rouquine était prête à se sacrifier si cela permettait à rendre la liberté à Cahir et ce geste anodin était en quelque sorte une preuve de l’affection qu’elle lui portait. C’était ridicule, puéril même… Et pourtant, elle n’avait su s’empêcher de toucher à nouveau la peau de Cahir de ses lèvres. Plus qu’une envie, c’était une véritable pulsion qui l’avait guidé à agir de la sorte.

Sans plus attendre, Adelyn se défit de l’emprise de l’apatride pour sortir de leur cachette et observer les lieux. Se fier à des souvenirs pouvait être fatal mais c’était la seule chose qui restait à notre protagoniste : des brides de souvenances. Allez, rappelle-toi ! Montre que tu n’es pas qu’une sotte ! Puis, une lueur d’illumination.*

" Suivez-moi. "

* La jeune femme prit la tête du groupe, s’avançant dans les couloirs du château d’un pas mal habile mais rapide. Elle longeait les murs, regardant souvent derrière elle pour voir si son compagnon la suivait toujours et également par inquiétude de voir arriver des gardes de Granchester.  Leurs ombres se reflétaient sur les façades pétrées des galeries grâce à la lueur des torches, ce qui induisant souvent la demoiselle en erreur, prenant sa propre silhouette pour celle d’un ennemi. Une tendance à la paranoïa qui la rendait d’autant plus nerveuse. Mais il fallait qu’elle garde la tête froide, qu’elle ne fasse pas de bêtises. Rester concentrer…

Au fur et à mesure qu’ils s’éloignaient de leur point d’origine, la délicate petiote commençait à prendre confiance en elle, se remémorant légèrement de certaines parties de cette vaste demeure. Oui, ils étaient sur la bonne voie, sans aucun doute ! Le lord ne mettait pas souvent les pieds dans cette partie du fort  et on le soulignait pas un moins bon entretien des murs et des sols, ses esclaves occupés dans des pièces plus visités. À vrai dire, il avait arrangée cette partie du château ainsi car il était toujours intéressant de montrer qu’on pouvait s’attacher à l’art. Seulement, ce n’était qu’une façade aux véritables activités d’Eric qui étaient bien moins louables.

Subitement, notre comtesse s’arrêta face à une vieille porte. Si elle ne s’était pas trompée, leur destination se trouvait derrière le seuil, il fallait juste l’ouvrir et s’y engouffrer. Mais serait-elle ouverte ? Telle était la question. Sa trainer, elle glissa sa main sur la poignée et vigoureusement poussa la porte. Peut-être un peu trop vigoureusement. Le poids de la poterne la déstabilisa et elle faillit de s’aplatir au sol. Elle avait été tellement persuadée que celle-ci serait fermé qu’elle y avait mis toutes ses forces. Seulement, elle était ouverte pour d’insolites raisons. Et quelle fut sa surprise lorsqu’elle remarqua qu’elle n’était pas à l’endroit prévue, à moins que… Tous les meubles étaient recouverts d’un tissu blanc maculé d’une fine couche de poussières. Elle ne se souvenait pas avoir vu pareils spectacle et c’est ainsi qu’elle crut faillir à sa mission.*

" J….J’étais pourtant sur que… "

*Adelyn continuait à observer la pièce, pour enfin apercevoir dans le fond des épais rideaux. S’il y avait des rideaux, certainement avait-il une fenêtre ! Peut-être que tout n’était pas perdue… ?

La belle s’avança donc, tentant de faire le moins de bruits possible pour finalement se trouver face aux sombres draperies. Elle les tira et remarqua en effet, une fenêtre qui donnait vu sur les bois. Ce n’était pas la salle des arts mais celle-ci ne devait pas se trouver loin, vu que c’était le même horizon qui s’affichait devant les prunelles bleutées de la lady. Son regard se porta ensuite vers le bas, regardant la hauteur qui séparait la fenêtre du sol… Mauvaise idée.

Contrairement à la salle des arts, ici, ils se trouvaient beaucoup plus haut, à une dizaine de mètres du sol et si notre protagoniste avait bien un problème, c’est qu’elle était sujette au vertige. Le vide la pétrifiait et elle se sentait incapable d’escalader les remparts. Mais surement que Cahir saurait le faire, lui…*

" J…Je ne vous ai pas bien guidé… N.. Nous sommes un peu plus loin de la salle. M…Mais peut-être que vous pourriez vous enfuir par cette fenêtre ? J…Je retarderai les gardes. "

*Notre charmante rousse avait formulé ces mots sans regarder Cahir, sa main serrant avec vigueur le rideau. Mieux valait-il que l’un d’entre eux s’en sort plutôt qu’il y ait deux morts et elle était prête à garder ce rôle. Maintenant, elle savait qu’il fallait convaincre le chevalier que c’était la meilleure solution. Il n’avait pas à payer pour elle… Sa voix tremblait toujours, sa gorge se nouant.*

" V..Vous avez été la seule personne à m’avoir sauvé par deux fois déjà. J… Je ne veux pas vous voir entre leurs mains Cahir… Vous m’avez déjà plus apporté que quiconque dans ma vie et je ne pourrais jamais vous rendre cela… "

*Des larmes coulaient sur ses joues, alors qu’elle voyait des hommes s’agiter à l’extérieur. Ils n’avaient plus le temps de chercher une autre solution…*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le jeudi 05 septembre 2013, 20:35:40
CAHIR

Que ne ferait-on pas pour les yeux d’une belle femme ? Cahir était dans le ventre de la Bête. La situation allait bientôt virer au chaos, et il avait une fenêtre de temps réduite, très réduite. Il fallait sortir avant que les portes du corps de garde ne se ferment, que le pont-levis ne se redresse. Son cœur battait la chamade, autant sous l’effet de l’excitation que de la peur. Après tout, les deux étaient un peu la même chose. Pouvait-on se sentir excité s’il n’y avait pas un zeste de peur à la base du sentiment qu’on ressentait ? L’apatride réfléchissait rapidement, éludant toutes les possibilités. Son plan était farfelu, grotesque, indigne d’un stratège militaire ashnardien, mais, en l’état actuel des choses, c’était tout ce qu’il pouvait faire. Si seulement il avait bénéficié de son séjour ici pour explorer plus attentivement le château... N’importe quel château avait des failles : le système d’évacuation de seaux, les poternes, les arbres, les murs endommagés... Mais lui n’avait pensé, pendant ces jours, qu’à sortir, et n’avait jamais pensé pouvoir un jour se retrouver dans une telle situation. En d’autres termes, il avait négligé les enseignements les plus fondamentaux de son existence : être constamment sur ses gardes, analyser perpétuellement une zone donnée pour en rechercher les points faibles. Quand un soldat dormait, il ne se reposait pas, il veillait. Un soldat ne se reposait que dans sa tombe. Il avait oublié ceci, et, par sa faute, ils allaient devoir faire ce que Cahir détestait par-dessus tout : l’improvisation.

Son regard croisa alors celui d’Adelyn. Encore une fois, il fut absorbé par ce visage, d’une troublante beauté, d’une sérénité incroyable. Il déglutit faiblement, si proche d’elle... Il se surprit à pouvoir éprouver de telles choses dans une situation pareille, mais il n’était que partiellement responsable. Elle était tellement belle... Cette beauté lui donnait du courage, pour la sortir d’ici, pour l’aider à avoir la vie qu’elle méritait. Cahir avait échoué tant de fois, et brisé tant de vies... Le Destin se refusait-il donc à ce que, une fois dans sa vie, il daigne en sauver une ? Au moins une seule ? Néanmoins, il ne lisait plus dans le regard bleuté d’Adelyn le dégoût d’elle-même, mais une sorte de franche détermination... Ce qui n’était pas vraiment rassurant. Il se passait quelque chose dans sa tête, et il ignorait quoi. Et ceci était préoccupant.

Elle lui parla, de sa belle voix magique, lui disant qu’elle essaierait de le conduire à la salle des arts. Cahir était un observateur, et le choix des mots était intéressant. Elle voulait que lui sorte, mais pas elle...Il comprit ça instantanément, et tenta de parler, mais, à peine amorça-t-il le geste d’ouvrir sa bouche, d’écarter ses lèvres, d’inspirer pour parler, qu’elle alla se blottir contre lui. Son geste mourut dans un inaudible soupir quand le corps d’Adelyn heurta le sien, ses seins s’enfonçant tendrement et chaudement contre son torse. Elle l’embrassa sur la joue, et il cligna des yeux, évidemment surpris par un tel geste. L’apatride en fut d’ailleurs si étonné qu’il en perdit son souffle, l’observant en silence, un frisson sur sa joue. En silence, il bénissait son armure, qui cachait à merveille son érection naissante.

*Elle te fait de l’effet... Chercherais-tu encore à le nier ? Tu t’es tellement protégé de la méchanceté que tu es comme un enfant désemparé face à la bonté et à l’innocence... Méfie-toi, Cahir, méfie-toi, car ta naïveté a déjà causé ta perte, et, un jour, elle causera ta mort.*

Cahir n’écouta pas cette voix réprobatrice, et entreprit de suivre Adelyn. Elle ne voulait pas survivre, mais elle voulait que lui s’en sorte. C’était ce qui la motivait : ce n’était pas sa propre survie, mais l’idée de se sacrifier pour lui permettre de survivre. Il aurait du s’en sentir flatté, mais il se sentait surtout embarrassé à l’idée que ceci amène à coincer. C’était assez ironique, dans un sens, car il comptait également se sacrifier, si c’était la dernière option possible, pour la sauver. Par rapport à elle, lui ne méritait pas de vivre. Son droit à la vie était meilleur que le sien. Guerrier, violeur, meurtrier, assassin, bourreau, les rêves et les songes de Cahir véhiculaient le poids des morts, des années, de la punition, de cette rédemption qu’il ne trouverait jamais. Rien n’était plus bruyant que l’accusation d’un mort, car, devant la Faucheuse, on ne pouvait se dérober.

Il n’y avait personne dans ce coin du château, poussiéreux et isolé. Cahir ne s’y était jamais rendu, encore une preuve, s’il en était encore besoin, de sa décrépitude. Ce n’était pas un manque d’expérience, mais une preuve de faiblesse. Une faiblesse qu’il allait payer au centuple. Il avait un très mauvais pressentiment, comme s’il redoutait que ce château soit sa tombe. Il notait des fissures dans les murs, quelques lézardes. Le tapis était poussiéreux, l’éclairage venant de grandes fenêtres solidement fermées et grillagées dans les couloirs.

*Plus nous traînons ici, plus nos chances de sortir vivants s’amincissent...*

Elle continuait à marcher, gravissant un escalier en bois, aux marches branlantes et craquantes. Cahir vit, sans un coin, qu’une araignée velue avait piégé quelques mouches. Elle se cacha précipitamment, attendant que les envahisseurs s’éloignent pour continuer son repas. L’apatride esquissa un léger sourire, et continua à suivre Adelyn, dans un étouffant escalier en colimaçon, qui les conduisit dans un autre couloir. Toujours aucun garde. Ils s’approchèrent d’une antique porte, et débarquèrent dans une salle poussiéreuse, faisant penser à un salon abandonné, avec une bonne couche de poussières sur les meubles.

Visiblement, Adelyn s’était perdue. Cahir ne dit rien, guère surpris. Ce château était en effet très vieux, et labyrinthique, avec de nombreuses ailes. Comme lui, elle n’avait pas eu le temps de prendre ses marques. Cependant, ils n’avaient plus le temps de revenir en arrière. D’ici quelques minutes, les portes se fermeraient, les condamnant à une mort certaine. Cahir nota la présence des rideaux, et sentit l’espoir revenir. Son plan insensé allait pouvoir s’accomplir... Mais il devait commencer par repérer son emplacement. Fort heureusement, si Cahir n’avait pas mémorisé précisément l’intérieur du château, il en connaissait l’architecture externe. Le donjon principal comprenait deux ailes, et, autour du bâtiment, il y avait un épais mur, en hauteur, entouré par la forêt. Il y avait une cour principale, celle comprenant les écuries, séparant le donjon de la sortie, et des petites cours annexes Il nota la présence des rideaux, et, alors qu’il restait silencieux, Adelyn émit une idée grotesque.

« V..Vous avez été la seule personne à m’avoir sauvé par deux fois déjà. J… Je ne veux pas vous voir entre leurs mains Cahir… Vous m’avez déjà plus apporté que quiconque dans ma vie et je ne pourrais jamais vous rendre cela… »

Elle l’avait dit sans oser le regarder. Son plan était que lui parte. Ce ne fut pas la pitié qu’il ressentit, mais une froide irritation. Comment ? Oui, comment pouvait-elle seulement OSER dire ça ?! Comment pouvait-elle ainsi le rejeter, lui dire de la laisser crever ici ?! N’avait-il pas prouvé qu’il se battrait pour elle ? Il avait été jusqu’à estropier ce putain de Lord Grandchester en personne ! Il avait fait couler le sang, et, maintenant, elle OSAIT le congédier ?! Il serra le poing, résistant à l’envie de la gifler pour sortir de telles bêtises. Ses larmes l’aidèrent à se calmer... Ainsi que le tocsin.

Il l’entendit clairement, et se rua vers la fenêtre. Cette dernière était ouverte, et il pouvait entendre les sons de l’alarme.

*Merde !*

Le château était en état de siège ! Les portes allaient se fermer, les coinçant ainsi ! C’était pire que tout ce qu’il pouvait imaginer ! Ils n’avaient plus le temps... Il se retourna vers Adelyn, et se força à conserver son calme, respirant lourdement.

« Adelyn... J’ai perdu ma patrie, j’ai perdu le droit de porter un nom... Je n’ai même pas le droit, théoriquement, de porter cette armure et cette épée. J’ai perdu mon nom, répéta-t-il, j’ai perdu mon identité, ce que j’étais... Mais je ne vous laisserais pas m’enlever mon honneur. Je vous sauverais de cet enfer, Adelyn, que vous le vouliez ou non. »

Il attrapa alors fermement son poignet, devant probablement lui faire mal. Son regard acéré se planta dans le sien.

« Nous n’avons désormais plus que quelques minutes pour foutre le camp d’ici. Soit nous partons ensemble, soit nous restons. »

Il n’envisagea aucune alternative, et la relâcha. Le tocsin continuait à sonner, et Cahir s’avança dans la grande pièce.

« Je voulais un endroit éloigné des portes, afin de déclencher un incendie. Nous avons un rideau, du bois... L’incendie attirera l’attention ici, et nous pourrons en profiter pour filer aux écuries, et nous enfuir avec les chevaux. C’était mon plan initial... Mais il va falloir aller ouvrir les portes, maintenant. »

Elles devaient être fermées, maintenant, car c’était la procédure normale en cas de siège. Le temps allait être son pire ennemi. Il lui fallait déclencher un bel incendie, puis rejoindre les écuries, préparer son cheval, ouvrir ensuite les portes en s’infiltrant dans le corps de garde, rejoindre les écuries, et réussir, par on ne sait quel miracle, à fuir. C’était un plan complètement dément. Malheureusement, il n’avait pas le temps de l’affiner.

La pièce comprenait plusieurs bougies, et il alla en saisir une, avant de se diriger vers une table, et de la retourner. D’un coup sec, il la brisa, et récupéra l’un des pieds, en bois, puis demanda à Adelyn de le tenir, afin qu’il y mette le feu. La flammèche de la bougie remuait sur le morceau de bois, irritant Cahir. Il s’écoula plusieurs minutes avant que le bois ne se mette à noircir, et à prendre feu.

« Parfait ! s’exclama-t-il.

Il tint la torche improvisée, et l’approcha des rideaux. Le bois était ancien, et craquait. Le feu risquait de prendre plutôt bien. Il enflamma plusieurs rideaux, cinq ou six, à différents endroits, s’assurant que le feu ne s’éteigne pas, et vit ce dernier attaquer les rideaux, remontant vers le plafond, pour s’attaquer aux poutres, ainsi qu’au sol. Le feu prenait plutôt bien, exactement comme il l’avait escompté, et il balança la bûche sur le sol, sentant la fumée monter.

« On y va ! »

Cahir se mit à courir, retournant vers l’escalier, et choisit de monter encore, se dépêchant. Il alla à l’étage, et pouvait entendre les craquements du feu. Il se dépêcha, courant rapidement, traversant un long couloir, arriva à un angle, et continua sur sa lancée, et vit une fenêtre donnant sur la cour centrale. Il l’ouvrit rapidement. Il y avait des pages en bas, des gardes, et il pouvait voir que le corps de garde était fermé. Il mit ses mains en porte-voix, et hurla :

« AU FEU !! AU FEU !! »

Il retourna à l’abri. Les écuries étaient éloignées, et, pour les rejoindre, il allait falloir passer par les remparts. Il continuait à avancer, sachant que la garde allait venir près de l’incendie, afin de l’éteindre. Le feu prenait très bien, atteignant l’étage, provoquant des éboulements, en remontant vers le toit, qui était constitué de paille dans cette partie du château. La chance semblait enfin lui sourire, et Cahir rejoignit le rez-de-chaussée, où il trouva une porte menant vers les remparts. La porte conduisait à un escalier en pierre, et il grimpa, atteignant les remparts... Où il s’arrêta en voyant des elfes portant des armures noires, avec des écussons reconnaissables. Ils étaient dans la cour, et observaient d’un air suspect l’incendie, qui commençait à attaquer le toit de la bâtisse.

Il reconnaissait leurs écussons.

*Par l’Enfer Noir, des Havekars !*

Mais que faisaient-ils ici ?!



NARCISSE

Les Havekars étaient une compagnie de mercenaires appartenant à une organisation qui, selon les opinions politiques de ceux qui en parlaient, pouvait être considérée, soit comme un regroupement de terroristes, soit comme des résistants. Il s’agissait de la Scoia’tael, un regroupement de non-humains se battant pour leurs droits, militant officiellement pour que l’égalité raciale soit enfin instaurée dans les royaumes nexusiens ou pronexusiens, qui étaient marqués par une forte domination humaine. Les Havekars constituaient une compagnie de redoutables francs-tireurs elfes, qui portaient leur nom à cause des pointes qu’ils utilisaient dans leurs flèches : des pointes havekar. Une fois qu’une pointe havekar s’enfonçait dans le corps de la cible, la pointe s’ouvrait en quatre, déchiquetant la plaie, tout en se cramponnant à la peau, la pointe formant alors une espèce de crochet, nécessitant, pour la retirer, d’arracher la peau.

Pour ne rien arranger, les Havekars avaient tendance à saupoudrer leurs flèches d’un poison très efficace. Ils travaillaient occasionnellement pour Grandchester. Contrairement à d’autres branches de la Scoia’tael, les Havekars n’étaient pas des grands idéalistes. On disait que les elfes étaient une race noble, belle, altruiste et cultivée... Dans ce cas, les Havekars étaient le mauvais côté du miroir, un regroupement de criminels, de violeurs, de tueurs de « dh’oines », ainsi qu’ils appelaient les humains. Chaque Havekar avait une ceinture avec des petites bourses, chaque bourse comprenant un organe volé à un cadavre : oreille ou nez, généralement. Ils s’en servaient comme trophées, mais aussi pour se faire payer auprès de leurs supérieurs. Les Havekars étaient aussi efficaces qu’impitoyables, et étaient des archers d’exception. Et, comme tout mercenaire, ils se vendaient pour le plus offrant.

Grandchester faisait appel à leurs services quand il avait des problèmes chez des voisins, ou qu’il voulait déclencher des révoltes. C’é&tait une manière de prendre les domaines des autres, en envoyant ensuite ses hommes, pour faire croire qu’il avait éliminé la Scoia’tael. Tant que les Havekars pouvaient tuer des « dh’oines », et gagner de l’argent, afin de leur permettre de mieux tuer des « dh’oines », ils ne se plaignaient pas. Leur chef était un elfe borgne, qui prétendait s’appelle Lyraël.

« Un seul dh’oine ?
 -  Et une femme, oui… L’homme, tu peux le tuer… La femme, je préfère l’avoir en personne. »

Lyraël hocha silencieusement la tête, attendant la suite. Bras croisés, il se tenait devant Narcisse. Ce dernier venait d’être averti que la salope s’était évadée des cachots, estropiant son seigneur, et Narcisse, qui était alors en train de défoncer le cul d’une domestique qui n’arrivait plus à retenir ses sanglots, avait ordonné à cette bonne-à-rien d’aller chercher l’Havekar, tandis qu’il se rhabillait. Honnêtement, Narcisse n’aimait pas l’idée de travailler avec des Longues-Oreilles, mais Lyraël faisait du bon boulot. Narcisse avait mentionné une femme, et il était donc normal que Lyraël attende la suite. S’il fallait la ramener vivante...

« C’est la promise de Grandchester, précisa Narcisse. Mais elle est indisciplinée, et ile st certain que notre seigneur ne voudra plus d’elle... »

Lyraël émit un sourire entendu, comprenant ce que ça signifiait. Il avait le droit de la violer, voire même de la torturer un peu. Son sourire malicieux écœura Narcisse. Quand Lyraël tuait des femmes, il ramenait systématiquement deux choses : soit leurs tétons, soit leur clitoris, en pratiquant une excision brutale. Ce type était un malade mental. Mais, face à lui, ce misérable Ashnardien n’aurait aucune chance. Narcisse se devait de rester ici. Il était le second de Grandchester, et, pendant que ce dernier était blessé, il allait pouvoir ourdir sa révolte, trouver un moyen de se débarrasser de lui... Puis des Havekars. Narcisse imaginait déjà la scène, tout sourire : Lyraël récupérerait la fille, et l’aurait torturé. Alors, il capturerait Lyraël, et organiserait un immense procès public. Le peuple verrait en lui un héros. S’il cherchait simplement à tuer Grandchester, il s’attirerait l’ire de ses vassaux, mais, s’il se débarrassait de Lyraël et des Havekars... Alors, on le plébisciterait. Les fermiers enverront leurs filles robustes, aux seins laiteux, pour qu’il les déflore. Toutes les paysannes voudront être dans son lit, afin de profiter de sa vigueur.

L’elfe était content. Narcisse attrapa une bourse, et la balança devant lui. Lyraël l’attrapa. La moitié du paiement, comme convenu.

« C’est... C’est tout ? »

Narcisse renâcla, ne pouvant dissimuler le mépris qu’il ressentait pour cet être.

« La femme est incapable de se battre. Il n’y a qu’un seul homme. »

Lyraël fronça son unique sourcil.

« Ce ton méprisant ne vous va pas, dh’oine.
 -  Acceptez-vous la mission, oui ou non ?! »

Narcisse était quelqu’un qui voyait les non-humains comme des abominations, tout juste bons à remplir les harems et les foires. Ils appartenaient à un passé reculé, et, fort heureusement, oublié. Lyraël agit très rapidement. En moins de deux seconde,s il avait enjambé le bureau, et avait sorti de son gant une petite dague, qu’il glissa sous la gorge de Narcisse, le plaquant contre le mur, son corps écrasé contre le sien.

« Vous... Vous êtes fou ! grogna Narcisse.
 -  Petit dh’oine, petit rat visqueux qui voudrait manger un chat... rétorqua Lyraël. J’irais chercher la femme, je tuerais cet homme, mais, si tu veux revoir la femme, en un seul morceau, alors, cette somme ne constituera que le tiers de la somme totale. »

Narcisse éructa, grogna, siffla, mais la prise était trop forte. Son sang commençait à couler. L’œil unique de Lyraël ne tremblait pas, et son sourire excité semblait plutôt témoigner qu’il n’avait qu’une envie : l’égorger. Ça... Et la bosse se formant dans son pantalon.

« D’a... D’accord, d’accord ! lâcha rapidement Narcisse. Mais tu dois les retrouver. Ils sont encore dans le château.
 -  Ce sera rapide... Mais n’essaie pas de te jouer de moi, dh’oine. »

Lyraël s’écarta, et Narcisse, épuisé, s’appuya contre son bureau, se massant la gorge.

Ce fut à ce moment qu’il perçut l’odeur de brûlé venant de dehors.
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le mardi 10 septembre 2013, 12:58:28
* Oui, elle pleurait, encore une fois. Les larmes glissaient sur son joli visage à la peau fine, onctueuse, pâle et fragile comme de la porcelaine, laissant montrer toute la tristesse qu’elle éprouvait à finir sa vie ainsi. Jamais Adelyn ne pourrait courir dans les champs pieds nus en humant le parfum de la liberté, sauter pour apprécier la légèreté de l’existence, courir sans plus s’arrêter, juste pour le plaisir de se sentir vivre. Jamais elle n’avait cherché des complications, guidée par des désirs simplistes, et pourtant… C’était trop. Trop de futilités pour le monde dans lequel elle était née, réalisant que les rêves le restent souvent, quel que soit leur nature.

Mais une dernière question lui taraudait. Pourquoi n’éprouvait-elle pas un quelconque bonheur en se sacrifiant pour celui qui faisait battre son cœur ? Était-ce encore cet égoïsme qui l’avait poussé à ôter la vie de ce pauvre capitaine ? Ou bien, s’agissait-il d’un regret de laisser derrière elle aucun souvenir de son passage dans cet univers ? Il fallait qu’elle cesse ces enfantillages et qu’elle puisse se délecter de la sensation d’être utile une fois dans sa vie. *

• Souris afin qu’il puisse partir… Souris en montrant que ton sort ne te fait plus peur… Cesse de pleurer et soit brave, montre ton courage… Tu en as ! •

*Voilà ce que lui dictait sa conscience, voilà ce qu’elle se disait pour ne pas s’effondrer. Il était temps qu’il s’en aille, avant qu’il ne soit trop tard. Le fort était un véritable piège qui se refermait rapidement sur lui-même et ce serait quasi impossible d’en échapper une fois actionné. Alors, pourquoi restait-il immobile dans la mesure où elle venait de lui dire qu’elle désirait qu’il sauve sa vie? L’apatride avait-il perdu la raison ? Il n’y avait plus de temps au doute et lui, hésitait. Il ne fallait pas qu’elle le regarde… Mais voilà que l’alarme de siège se déclenchait. Le signal retentissait clairement à l’extérieur et glaçait d’effroi notre belle comtesse qui  comprit très vite que Cahir ne pourrait plus fuir avec la même aisance, les portes se refermant sur elles-mêmes.

Soudain, alors que son regard était plongé vers l’extérieur, voyant les gardes se presser avec une efficacité impressionnante, elle sentit deux lourdes mains la retourner, l’obligeant à regarder le mercenaire qui était on ne peut plus nerveux, sa respiration difficile. Il n’hésita pas à la secouer, ce qui éveilla notre délicate demoiselle de sa torpeur insouciante. Il lui cita tout ce qu’il avait perdu pour lui faire comprendre qu’il ne souffrirait pas de perdre une des dernières choses qu’il lui restait : son honneur. Oh combien même il lui restait encore bien des choses qui semblaient importantes aux yeux de la lady, celle-ci resta muette en sentant ses mains se refermer sur ses poignets avec une force qui lui provoquait une vive douleur. Son regard se planta dans le sien, ces prunelles si bleues, si profondes…  La jeune femme restait bouche-bée, incapable de répliquer après ces paroles. Il voulait la sauver, quel que soit le prix à payer. Il était prêt à braver la mort pour une inconnue, une personne qu’il n’avait jamais connu auparavant. Comment cet homme était-il parvenu à perdre son nom et sa patrie ? Que s’était-il passé ..?

Adelyn n’eut le temps de réfléchir, voyant s’activer son gardien qui lui expliqua brièvement son plan d’évasion. C’était grotesque, pitoyable même… Et pourtant, c’était la seule chose de raisonnable à faire. Provoquer un incendie pour faire diversion afin de s’enfuir le plus vite et le plus loin possible. Le stratagème était basique et elle avait bien peur que cela n’échoue mais… L’espoir lui indiqua le contraire.

La belle à la chevelure de flamboyante prit entre ses doigts le pied d’une table que venait de casser Cahir, afin d’y allumer des flammes destructrices. Elle tenait la buche tandis qu’il plaça au-dessous de celle-ci une bougie qui avait bien du mal à prendre. Sans pouvoir se contrôler, la comtesse tremblait, son esprit lui ordonnant de se dépêcher. Malheureusement, il fallait attendre que le bois se mette à brûler et celui-ci comptait prendre son temps… Temps précieux qui valait tout l’or du monde. Mais alors que la pression montait pour nos deux protagonistes, le pied finit par s’embrasé. Elle tendit le manche à Cahir qui semblait plutôt satisfait. C’est alors qu’il s’avança vers les rideaux pour y mettre le fau ainsi qu’à d’autres matières combustibles. Tout cela se déroula bien vite et en un rien de temps, la pièce s’était transformée en un véritable four, la fumée arpentant les murs pour se glisser vers l’extérieur. Une fumée noire, acre, qui attirait sans nul doute l’attention des gardes.

Tout à coup, l’apatride lui fit signe de s’en aller et se mit à courir vers les escaliers qu’ils avaient empruntés quelques instants auparavant. Il était évident dans l’esprit de la demoiselle qu’il fallait qu’elle le suive mais dans sa course effrontée, le jeune homme était bien plus rapide qu’elle. La comtesse n’avait ni sa vitesse, ni son endurance et malgré tout l’adrénaline du monde, elle eut bien du mal à le rejoindre, sa respiration battante. Les infrastructures en bois de la demeure commençaient à s’écroulés, ce qui effrayait notre petiote qui s’essoufflait à force de courir. Que devait-elle faire ?! Cahir ne lui avait donné aucune instruction que celle d’aller aux écuries… M….Mais voilà la stratégie ! Peut-être qu’elle devait rejoindre les étables en attendant qu’il fasse diversion ? C’était fort probable mais si ce n’était pas le cas..? Dans le doute, elle reprit la direction vers son ami, qu’elle put rejoindre sans trop d’effort après qu’il se soit arrêté en dévalant les escaliers pour rejoindre le rez-de-chaussée. Il était face à une porte qu’il emprunta, menant vers les remparts de la forteresse. La belle rouquine était complètement perdue, toujours prise par une incertitude qui la freinait dans ses actions. Dépourvue par les flammes et l’agitation des gardes, elle suffoquait et la distance qui s’installait entre elle et son gardien s’agrandissait. Il finirait bien par remarquer qu’elle n’était pas très rapide mais se retrouver aussi loin de lui la terrifiait. Elle ne pouvait pas l’appeler, sous peine de se faire remarquer. Il fallait juste qu’elle continue…

Ses pas rapides dans les marches en pierre, plus d’une fois elle faillit trébucher. Pourtant, la pauvre lady arrivait à reprendre sa course pour rejoindre petit à petit Cahir qui s’était arrêté dans un coin qui donnait sur la cour, son visage se déformant en observant la venue d’hommes vêtus d’armures sombres.  Elle continuait à cavaler, se précipitant sur son compagnon. Elle était pliée en deux, respirant rapidement, devenue rouge écarlate par ce sport mais également à cause de la chaleur et du stress.  La demoiselle avait bien du mal à reprendre son souffle et ne fit pas trop attention à ce qui alarmait le mercenaire.

Quand tout à coup, ses prunelles pétillantes se relevèrent  et remarquèrent que les nouveaux arrivants étaient des elfes. Adelyn n’était pas très instruite en matière de politique et de stratégie militaire mais elle en connaissait suffisamment que pour se rendre compte qu’une unité formée d’être non-humains n’était pas conforme aux préceptes de Grandchester. Si celui-ci utilisait certains terranides dans l’esclavage, jamais il n’aurait accepté que ceux-ci puisse intégrer sa garde. Il n’avait guère confiance en ces créatures et ne se risquerait pas à avoir des soldats « impurs ». Alors… Qui étaient-ils ? Un renfort ? Pour deux personnes seulement ? Enfin deux… Pouvait-elle vraiment se désigner comme une menace ? Avait-il…. Peur d’eux ? Des questions qui hantaient la jolie rousse qui se mit contre le mur, parlant doucement à Cahir.*

« Q….Que devons-nous faire..? E..Et qui sont ces hommes… ? S..S’ils restent nous ne pourrons jamais rejoindre les chevaux ! »

* Le timbre de sa voix était légèrement voilé, masquant une  crainte pourtant bien présente et si sa voix semblait calme, son regard trahissait ses sentiments. La belle se trouvait assez oiseuse et ne connaissait pas assez le domaine que pour pouvoir les guider sans risque de se faire attraper par les nouveaux toutous d’Eric. M…Mais qui tenait les commandes en fait ? Le capitaine de la garde spéciale était mort, le lord dans un piteux état. Qui contrôlait tous ces hommes ?  Une question qui n’avait pas vraiment d’utilité et qui pourtant, l’intriguait.

Notre comtesse déchue observait les alentours rapidement, cherchant une issue pour finalement voir au loin, sortant de la fumée, trois gardes qui se dirigèrent tout droit vers eux, sans pour autant les avoir aperçu. Sans attendre et sans même réfléchir, la Crawford prit la main de Cahir et le tira pour se dissimuler derrière une poutre en pierre, n’ayant pas de placards à portée de main. Heureusement pour eux, cette dernière était plutôt massive et suffisamment large que pour les cacher sans éveiller de soupçons. Notre jeune femme avait plaqué le chevalier contre le mur et lui fit un signe de se taire, pendant qu’elle regarda furtivement en direction des gardes. Ceux-ci rejoignaient la cour, pour des raisons qu’elle ignorait. Peut-être pour faire un rapport des dégâts ?

Quoiqu’il en soit, Ils ne pouvaient plus rester là, le danger rôdant. Elle lâcha un soupire, avant de murmurer  doucement à l’oreille de son compagnon. *

« P…Peut-être que nous devrions nous diviser les tâches… ? Nous n’avons plus beaucoup de temps et… N..Ne serait-il pas plus intelligent que l’un de nous aille ouvrir les portes pendant que l’autre se charge de trouver la monture… ? »

* Adelyn était consciente que cette technique était dangereuse, surtout pour elle, mais cela lui semblait plus pratique. Peut-être qu’il refuserait à cause de ce danger mais elle pensait sincèrement qu’il était préférable de faire ainsi. Une personne est beaucoup plus discrète que deux et… La demoiselle risquait fort de retarder Cahir.*

" N..Ne vous en faites pas. J…Je vous promets que je n’essayerais en aucun cas de vous abandonner. Que ce soit en partant sans vous ou… En restant."

*Oui, la jolie fleure prenait conscience qu’il ne s’en irait pas sans elle… Alors si elle voulait vraiment qu’il vive, elle devait s’enfuir avec lui. Mais ce qu’il ne savait pas, c’est que s’il restait, elle resterait également pour la simple et bonne raison qu'elle ne pourrait plus se permettre de vivre si la seule personne qu'elle aimait s'en allait.*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le jeudi 12 septembre 2013, 02:57:05
La sinistre réputation des Havekars les précédait. Il était impensable que ces elfes renégats fassent partie de l’armée régulière de Grandchester. Comme beaucoup d’humains, Grandchester était un raciste patenté, qui voyait les non-humains comme une relique du passé, et distillait volontiers dans ses domaines cette haine pour les anciennes races. On aurait pu croire que ceci inciterait n’importe quel non-humain, par défaut, à refuser de travailler pour lui, mais les Havekars étaient bien différents. Ils ne s’intéressaient pas à la politique, et tuaient n’importe qui, sans distinction de race. Et, malheureusement, ils étaient aussi retors que redoutables. La spécialité des elfes était l’archerie, et les Havekars tiraient d’ailleurs leur nom des pointes qu’ils utilisaient pour leurs flèches : les pointes havekars. Une fois qu’une flèche havekar avait atteint sa cible, la pointe s’ouvrait pour se planter dans la plaie, l’agrandissant, l’aggravant. Du temps où il était Ashnardien, Cahir avait déjà eu affaire à eux. Il dirigeait une compagnie sur une récente colonie ashnardienne, et les Havekars avaient été engagés par un seigneur local pour repousser les Ashnardiens. Ils avaient attaqué la population, donnant lieu à un pogrom sanglant et sinistre. Si les hommes étaient généralement proprement égorgés, il en allait bien différemment des femmes, qui faisaient l’objet de leur cruauté.

*Je les ai traqués, et j’en ai occis la plupart... Visiblement, ils ont réussi à se reconstituer. J’aurais du me montrer plus méticuleux à l’époque... La vermine a toujours la vie dure.*

Toute une aile du château avait pris fin, et les gardes, les serviteurs, et même les Havekars, regardaient les flammes. Le feu avait pour lui d’être grandiloquent, majestueux, et impressionnant. Les elfes renégats devaient sûrement attendre que des dh’oines, ce terme méprisant désignant les humains, se brûlent. Cahir, lui, restait sur le mur du château.Dans le fond, ça ne changeait rien, et c’est ce qu’il dit. Néanmoins, il veilla à ne pas en informer Adelyn. Elle était déjà suffisamment nerveuse comme ça sans qu’il lui dise que des elfes violeurs et sadiques faisaient maintenant partie de leurs ennemis. Il s’avançait lentement le long des remparts. Ils ressemblaient à n’importe quel rempart. De l’autre côté, on apercevait la forêt environnante, avec, au loin, des montagnes, qui délimitaient le domaine de Grandchester. Il y avait quelques tonneaux et autres caisses parfois, abritant probablement des munitions, ainsi que des rangées pour entreposer les carquois et les flèches, en période de siège.

« Venez, Adelyn, allons vers les écuries... » lâcha-t-il, en guise de réponse.

Diable, il n’avait pas fait tout ça pour échouer maintenant ! Impossible d’enjamber les murs pour sauter. Il y avait bien des douves en contrebas, mais, à cette hauteur, ils se rompraient le cou. De plus, sans son cheval, ils ne s’échapperaient jamais assez rapidement. Cependant, dans sa tête, toutes les hypothèses négatives se multipliaient dans sa tête. C’était ainsi qu’il raisonnait, qu’il réfléchissait, en envisageant les pires scénarios pour, petit à petit, trouver la meilleure approche. Cependant, peu importe la manière dont il retournait l’équation dans sa tête, il en revenait toujours au même point : le temps allait lui manquer. Il lui faudrait seller son cheval, et trouver un moyen d’ouvrir la porte, puis amener le cheval... Or, dès que le corps de garde s’ouvrirait, les soldats l’entendraient, et fileraient vers la porte pour voir ce qui se passe. Il n’aurait jamais le temps de faire tout ça à la fois... Et c’est dans cette circonstance qu’une nouvelle idée se mit à germer dans sa tête, alors qu’Adelyn lui proposait une idée similaire :

« P…Peut-être que nous devrions nous diviser les tâches… ? Nous n’avons plus beaucoup de temps et… N..Ne serait-il pas plus intelligent que l’un de nous aille ouvrir les portes pendant que l’autre se charge de trouver la monture… ? »

C’était presque ça, et Cahir s’arrêta. Il y avait un archer devant eux, qui oscillait entre regarder l’incendie et le paysage. Un individu qui comptait les gêner. Il posa son doigt sur ses lèvres, intimant le silence, alors qu’Adelyn venait de lui dire qu’elle ne comptait pas l’abandonner. Furtivement, il s’approcha de l’archer. L’obscurité, ainsi que son armure noirâtre, constituaient ses alliés. Il tenait dans sa main sa dague, et voyait l’archer observer l’obscurité, regardant d’un air rêveur les étoiles.

*Sois heureux, je vais t’envoyer là-bas...*

Cahir bondit rapidement sur lui. Une main sur sa bouche, et l’autre vint se planter dans sa nuque, la dague le transperçant de part en part. Les yeux de l’homme se révulsèrent, son corps, au moment où la lame le percuta, fut comme traversé d’un spasme nerveux, et Cahir le sentit mordre son gant. Il attendit un peu, quelques secondes, puis poussa le corps, le balançant dans le vide, où il termina sa course dans les douves, son sang se mélangeant avec l’eau pour former une traînée écarlate autour de lui, alors qu’il flottait à la surface. L’apatride n’avait pas eu la moindre hésitation, et il se tourna vers Adelyn.

« Nous allons aller ensemble à l’écurie. Je vous montrerais mon cheval, vous lui mettrez sa scelle, et vous vous tiendrez ensuite prête. Lorsque j’aurais abaissé le pont-levis et soulevé la grille, les autres soldats vont se ruer. Vous devrez alors rapidement me rejoindre, et nous foutrons le camp de ce maudit château. »

C’était le plan. Cahir n’avait pas le temps de peaufiner. L’archer était la seule sentinelle sur leur route, et ils rejoignirent ainsi rapidement les écuries. Elles étaient proches de l’entrée du château, pour éviter que les chevaux ne se baladent trop. Il s’agissait de plusieurs longues granges. Généralement, il y avait des gardes autour, mais ces derniers s’étaient rapprochés de l’incendie. Cahir s’avança dans l’une des écuries, au milieu d’un enclos, et s’arrêta près d’un enclos sur sa droite, où un beau cheval noir se mit à hennir en reconnaissant l’apatride.

« Tonnerre, voici Adelyn. Adelyn, voici Tonnerre. »

La porte de l’enclos était verrouillée, et il se mit à trottiner pour récupérer les clefs, sur un mur, ouvrant ainsi l’enclos. La selle était là.

« Seller un cheval n’est pas compliqué quand ce dernier est docile. J’aurais aimé pouvoir vous en dire plus, mais le temps nous manque... Mettez-lui sa selle, et allez à l’entrée de l’écurie... Dès que vous verrez le corps de garde s’ouvrir, galopez vers ce dernier comme si les chiens de l’Enfer étaient à vos trousses. »

L’image n’était pas totalement fausse en la circonstance, et il posa alors chacune de ses mains sur les épaules d’Adelyn. Il avait besoin d’elle, il ne fallait pas qu’elle désespère. L’apatride se rapprocha d’elle, et l’embrassa, une nouvelle fois, sur les lèvres.

« Vous méritez de vivre, Adelyn, ne vous découragez pas. »

Lui-même ne savait pas trop ce qui lui avait pris de l’embrasser, mais il ne pouvait pas remonter le temps. Il s’écarta d’elle, avec un mauvais pressentiment, comme s’il n’allait jamais la retrouver, comme s’il craignait qu’elle ne retourne auprès de Grandchester, dans un excès de remords... Il aurait bien aimé la conserver avec lui, mais le sang allait sûrement couler à hauteur du corps de garde. Seller un cheval, ce n’était pas la mort, mais il savait qu’elle était sous pression, et qu’elle se reprochait d’avoir du tuer quelqu’un.

Il y avait trop d’incertitudes, et il n’aimait pas ça.
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le lundi 16 septembre 2013, 19:57:47
* Se dirigeant rapidement vers les écuries, Adelyn jetaient des regards inquiets vers le chasseur alors qu’ils longeaient les remparts du domaine de Grandchester, évitant un bon nombre de soldats et d’elfes. À vrai dire, la jeune femme ne comprenait toujours pas la présence de ces derniers tant elle connaissait la haine viscérale que leur portait Eric. N’avait-il donc pas assez d’hommes que pour s’occuper de deux fugitifs ? Enfin, deux… Il était presque impensable qu’on puisse la prendre pour une menace vu que la seule fois où elle avait fait une victime c’était par chance, si l’on put dire ainsi. En tout cas, en voyant autant de personnes les rechercher, une certaine nervosité se cumula au fin fond des entrailles de la demoiselle qui avait de plus en plus de mal à croire en leur fugue salutaire.

Et pourtant, Cahir continuait à la trimballer à travers l’immense forteresse, se rapprochant de leur destination avec une facilité étonnante. La plupart des hommes de mains d’Erics s’occupaient d’éteindre l’incendie qui ravageait les quartiers de leur maitre par ses flammes majestueuses et meurtrières. D’où se trouvait notre jolie rousse, son regard pouvait discerner des sourires se feindre sur les visages des créatures elfiques qui se délectaient d’un spectacle accablant, celui d’esclaves humains pris au piège de ce feu dévastateur. Cette vision la déroutait, elle-même dégoutée de ne pouvoir aider ces pauvres gens. Comment pouvaient-ils être si indifférents vis-à-vis de la souffrance ?! Il est vrai qu’ils ne faisaient pas partis de la même race mais était-ce une raison suffisante que pour laisser mourir des innocents ? Apparemment oui.

Soudain, alors que son esprit semblait mitigé entre l’envie d’insulter ces êtres sans cœur ou de s’en prendre qu’à sa propre personne, l’apatride la stoppa, lui faisant signe de se taire. Face à eux se trouvait un archer plutôt rêveur qui observait les étoiles. Il était évident qu’il représentait une menace pour leur escapade mais quel ne fut pas l’étonnement de notre lady lorsqu’elle vit Cahir littéralement surgir de l’obscurité pour égorgé ce soldat songeur. Elle n’avait pas pu réagir, témoin d’une nouvelle scène morbide, ce qui lui provoqua un haut le cœur. I..Il ne faisait que son travail. P…Peut-être avait-il des enfants et une femme qui l’attendaient chez lui, une famille qu’il ne reverrait désormais plus jamais. Ce qui la choquait le plus dans tout ça, c’est que son « gardien » ne semblait même pas affecté par cette mort, continuant son chemin comme si de rien n’était. Elle, de son côté, était resté un instant immobile, voyant les images du meurtre du capitaine de la garde défiler sous ses prunelles embrumées. Encore du sang qui coulait, encore une vie qui se volatilisait dans cet univers infini, terminant sa course auprès des Dieux. A croire que son passage ne présageait que la mort et la souffrance…

Cependant, il était trop tard pour reculer. D’une part, Cahir était bien trop impliqué dans cette affaire et s’il se faisait prendre, serait pendu haut et court, et d’autre part, si elle se rendait à présent, tous ce qu’elle avait entreprit aurait été vain et les morts n’aurait « servi » à rien. La seule chose qui faisait douter la comtesse déchue, c’était la possibilité de réduire le nombre de décès en se rendant auprès du Lord. Mais sa conscience lui dicta de poursuivre sa voie, ayant promis à son sauveur de ne jamais l’abandonner. Alors oui, malgré les actes qu’il entreprenait, malgré qu’il lui ait menti, malgré tous les désastres qui se propageaient sur leur passage, elle le suivrait, où qu’il aille.

Cahir se retourna vers elle, lui indiquant qu’ils allaient plus ou moins poursuivre son idée bien qu’il allait au moins la conduire jusqu’à l’écurie. Ce n’était pas une stratégie élaborée mais c’était la seule envisageable. Il lui donnait quelques consignes puis leur périple continua jusqu’à ce que finalement, ils arrivent aux enclos des chevaux. Adelyn aimait bien les animaux mais n’était guère habituée à monter en selle, encore moins de les mettre ! Ce n’était pas vraiment le genre de chose qu’on apprenait lorsqu’on était une petite comtesse de pacotille. Sur le coup, elle allait devoir improviser.

Soudain, un hennissement la surprit dans ses pensées vagabondes, celui d’un étalon à la robe ébène venant de reconnaitre son maitre. Après une brève présentation de ce docile cheval portant le nom de Tonnerre, l’apatride se dirigea vers un mur proche de l’entrée pour y prendre des clefs afin d’ouvrir le box de l’équidé. Il lui montra la selle et lui expliqua à nouveau, rapidement, les consignes à suivre. La belle rouquine n’avait pas grand-chose à dire, se concentrant à ne pas émettre une quelconque maladresse. Les risques étaient nombreux et aucun d’entre eux pouvaient se permettre de faire une mauvaise manœuvre. C’était véritablement handicapant pour la jeune femme qui n’avait jamais rien fait de ses mains, sentant son cœur battre dans sa gorge tant elle était nerveuse. Il fallait rester concentré, calme et déterminé… C’était bien plus facile à dire qu’à faire !

Puis, à partir d’un moment, ses prunelles se plongèrent dans celles de Cahir qui, posant ses deux mains sur ses fragiles épaules, déposa furtivement un baiser sur ses lèvres. Sous ce brusque contact, son corps se raidit et son souffle se coupa. Les battements au creux de sa poitrine se firent plus intenses, plus rapide également et alors que d’un geste maladroit, elle se risqua à enlacer son cou sous l’effet d’une pulsion anodine, le mercenaire se retira sans qu’elle ne puisse rien faire pour l’en empêcher.

Notre lady était des plus déconcertée, ses yeux brillants de milles éclats en fixant son partenaire, incrédules. Pourquoi ce second baiser ? Que ressentait-il pour se sentir l’âme à l’embrasser dans un moment pareil ?! Mais surtout… Qu’est-ce qui le poussait à faire une telle chose ? La première fois, la jolie rousse avait supposé qu’il était question de la troubler mais ici ? La perturber était-il vraiment nécessaire alors qu’elle était sous le choc de tout ce qu’elle avait pu voir ou même vécu ? Et avant qu’elle ne put dire un mot ou ne fusse qu’un geste, il s’écarta et lui dit des mots qui lui entravèrent son âme. E…Elle méritait de vivre… ?

C’était une phrase banale, dont le sens était presque évident. Tout le monde méritait de vivre… Et pourtant, entendre ces paroles furent comme un électrochoc. Personne ne lui avait dit ça, pour tous, elle n’était qu’une femme ignorante, sotte ou simplement faible. Faiblarde face à l’adversité du monde et de sa propre condition. N’avait-elle pas prouvé qu’elle n’était bonne à rien ? Qu’est-ce qu’il lui faisait croire en elle ?

La jolie fleure ne savait trop quoi répondre à cet aveu. Même un geste semblait superflu face à ce qu’elle ressentait. Une personne dans ce monde la considérait… Ses mains en tremblaient. C’était presque aussi fort que le baiser qu’il lui avait fait, pour d’obscures raisons. Comment lui faire comprendre qu’elle était ému par ce qu’il venait de dire ?

Son regard se releva vers celui de Cahir, un sourire sincère s’y affichant. Depuis quand n’avait-elle pas sourit de la sorte…? Adelyn ne savait plus et s’en fichait pas mal à vrai dire ! Ils n’étaient pas sortis de cette prison mais néanmoins, elle était heureuse de pouvoir croire qu’une personne serait toujours là pour elle. Son sourire ne s’estompa de suite, murmurant avant de s’éteindre juste une phrase.*

« Vous aussi… J…Je ne me découragerais pas… Tant que vous serez là. »

*Ils n’avaient pas le temps pour plus et même si l’envie de l’enlacer était présente, elle ne voulait pas qu’il soit troublé pour la tâche qu’il avait à faire. Se serait sans doute bien plus dangereux que de seulement mettre une selle à un cheval et elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour son sort. Son sourire se dissipant légèrement, elle se rapprocha de lui et dans des mots doux qui se voulaient rassurants, elle arriva à dire…*

« Allez-y Cahir… »

*Sa main s’était inconsciemment posée sur sa joue, caressant de son pouce sa pommette. La comtesse voulait qu’il s’en aille avec la certitude qu’elle ne faillirait pas à sa mission, qu’elle ne l’abandonnerait pas. Elle avait si peur…

… De le perdre.*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le mardi 17 septembre 2013, 11:05:25
Elle avait rendu son baiser, et son cœur s’emballa fortement à cette idée. Il avait été réellement difficile de s’arrêter, de ne pas poursuivre, de ne pas la caresser, de remonter sa robe, de glisser ses mains sur son corps. Oui, il avait vraiment eu du mal à se retenir. Lorsque le baiser se rompit, la première chose qu’il avait eu envie de lui dire était qu’elle méritait de vivre, car c’était effectivement le cas. Elle n’était pas une meurtrière, elle n’était pas une sadique, ni une perverse. Elle n’était qu’une femme innocente, qui, pour son malheur, s’était retrouvée avec un pervers. Cahir savait qu’il existait même à Nexus des individus valeureux, des parents aimants, des seigneurs intègres, mais cette race était en train de disparaître, de se réduire comme peau de chagrin. Adelyn n’avait pas eu de chance, et Cahir devait veiller sur elle... Aussi bien contre les menaces externes qu’internes, car il savait ce qu’Adelyn ressentait. Le poids de la conscience. Elle avait commis son premier meurtre, et c’était toujours quelque chose de traumatisant... Sentir la vie s’échapper du corps de sa victime, sentir ses yeux s’abandonner... On voyait la vie partir lentement, et on savait qu’on avait la responsabilité de ce meurtre. C’était quelque chose de terrible, tout simplement. Cahir le savait, mais il ne pouvait pas encore en parler à Adelyn. Au loin, on entendait les flammes crépiter.

Il fallait se dépêcher, mais l’apatride n’avait pas envie de se séparer d’elle.

« Allez-y Cahir… » lâcha-t-elle alors, comme si elle lisait dans ses pensées.

Sa main se releva pour caresser sa joue, et il se surprit à sourire. Il tendit la sienne, agrippant tendrement le poignet de la femme, pour l’embrasser dans le creux de sa main. Un baiser chaste, qu’on aurait presque pu avoir dans un conte de fées, où le preux chevalier venait au secours de la belle demoiselle en détresse. Il chassa cette comparaison stupide de sa tête, et se retourna, se dirigeant vers la sortie de l’écurie. Le corps de garde était en face, fermé, verrouillé. Le sang allait encore couler, et il se hâta, marchant vers ce dernier. Personne ne faisait attention à lui, et il pouvait entendre, au loin, des hurlements.

« Merde, ça brûle bien !
 -  Empêchez l’incendie de se propager ! Formez des chaînes, vite ! »

Cahir avait rejoint le corps de garde. Il y avait, en hauteur, deux hallebardiers, mais ils ne l’avaient même pas vus, préférant voir le bâtiment en feu. Le feu... Après tout, les flammes avaient toujours fasciné les êtres vivants. Le corps de garde, quant à lui, se composait de deux miradors à gauche et à droite. Il se rapprocha, et entra dans le corps de garde. C’était une arche en pierre, et il voyait, à gauche comme à droite, des espèces de gros treuils en bois permettant d’abaisser ou de relever le pont-levis. Des chaînes en fer filaient le long des treuils, et il étudia le mécanisme. Il devait y avoir, quelque part, une sorte de levier à remuer pour s’occuper de ça. Sur sa droite, un escalier éclairé par des torches montait, probablement à l’endroit où on pouvait relever la grille.

*Dépêche, tu n’as pas le temps d’étudier le paysage !*

Il grimpa les marches, et entendit des bruits émanant des gardes.

« On devrait aller voir...
 -  Notre mission est de surveiller ce point » lâcha une voix plus catégorique.

C’était une sorte de salle de repos, avec une table en bois, où les gardes passaient leur temps à jouer aux cartes et à manger des sandwichs. C’était l’équipe de nuit, et il n’y en avait que quatre. Cahir ne vit aucun mécanisme, et supposa qu’il devait y avoir une pièce en hauteur, au-dessus de l’entrée du château, permettant justement de l’ouvrir.

« C’est ridicule, le château flambe ! Et on raconte que Sire Grandchester a été estropié par sa femme...
 -  C’est une Crawford... Une salope, tout simplement.
 -  Alors, c’est ce con de Narcisse qui dirige ? On est vraiment dans la panade, alors...
 -  Si Grandchester meurt, il faudra se dépêcher... J’ai envie de me farcir cette salope de Joan depuis bien trop longtemps comme ça...
 -  La fille du boulanger ?
 -  Celle avec les seins laiteux, ouais... Elle nous regarde comme si qu’on était de la merde... Elle sait que Grandchester veut pas qu’on touche à ses serfs, mais, si Grandchester claque... Bon, bien sûr, on sera plus payés, ouais, j’dis pas... Mais j’dis que chaque situation a ses avantages...
 -  Tu lui montrerais qui est un homme, hein ? On dit qu’elle est promise à ce con de meunier...
 -  Ce connard à la queue rabougrie ?! Merde, rien que pour ça, j’ai envie de la culbuter, qu’elle découvre ce qu’est un homme, un vrai ! »

Les soldats rirent grassement, tandis que Cahir réfléchissait. Quatre. Il pouvait en tuer un par surprise, mais il ne pouvait pas se permettre un trop long combat. Les hallebardiers en haut, et probablement des archers, risquaient de débarquer. Or, face à des armes d’hast, un combat était très difficile, car les armes avaient une bonne allonge. Deux soldats jouaient aux cartes, l’un regardait par les créneaux, et Cahir eut une idée. Un plan d’attaque qui lui permettrait de se débarrasser d’eux rapidement, en bénéficiant de l’effet de surprise. En effet, ceux qui jouaient aux cartes s’étaient délestés de leurs armes. La seule menace potentielle venait donc de celui qui regardait par les créneaux. L’apatride l’attaquerait en premier.

Cahir attendit un peu. Il attendait le bon moment, celui où il pourrait frapper. Il s’élança alors, bondissant rapidement. Son coude heurta l’homme près des créneaux, lui brisant le nez en envoyant sa tête heurter le mur. Il poussa un couinement. Celui qui ne jouait pas aux cartes se retourna, surpris, mais n’eut pas le temps de faire grand-chose que Cahir le frappa à l’aide d’un uppercut, visant sa tête. Le coup sonna l’homme, et l’apatride tendit son pied, le poussant pour l’envoyer s’affaler sur la table, gênant ainsi les deux autres gardes.

« T’es qui, toi ?! »

Il ne leur laissa pas l’occasion de comprendre. Son épée siffla, égorgeant l’un des deux, qui poussa un grognement en s’affalant sur le sol, le sang jaillissant de sa gorge. L’autre se mit à paniquer.

« Hey, du calme, ‘me tue pas, putain, je... »

Cahir frappa encore avec son épée, faisant couler le sang. Il entendit alors du bruit derrière lui, et eut à peine le temps de pivoter qu’il vit le premier garde, celui contre les créneaux, foncer vers lui. Le sang jaillissait abondamment de son nez, et il avait brandi sa dague. Il allait l’abattre sur Cahir, qui réagit en levant les mains, attrapant le poignet de l’homme, essayant de le retenir. L’homme, fou furieux, lui postillonnait à la figure. Il avait les jambes écartées, et Cahir leva sa jambe, le frappant entre les jambes. Le souffle sembla manquer à son adversaire, et Cahir lui arracha sa dague des mains, avant de la planter dans sa tête, entre les deux yeux. La dague sortit de l’autre côté, laissant s’échapper un filet de sang. Il poussa le corps.

« Tu es l’apatride, huurrrfff... »

Il ne restait plus qu’un garde en vie. Il s’était étalé sur la carte. Cahir le dévisagea, le retournant pour le regarder. L’homme était paniqué, semblant implorer sa pitié.

« Écoute, je peux t’aider à t’é... »

La lame de Cahir transperça le corps de l’homme, s’enfonçant dans son ventre pour ressortir de l’autre côté. Le soldat écarquilla les yeux, vomissant du sang par la bouche. Cahir récupéra son épée en utilisant sa jambe comme point d’appui.

« Non... En... Enfoi... »

Le soldat ne termina pas. Ses yeux se révulsèrent, et il tomba sur le sol, d’abord en s’affalant sur ses genoux, puis en tombant sur le ventre, une plaque de sang rouge grossissant sous son corps. L’apatride s’était déjà retourné. Comme il l’avait pressenti, à gauche de l’escalier par lequel il était monté, il y avait une petite ouverture. Il alla à l’intérieur, se dépêchant, et vit, sur la droite, comme sur la gauche, des assommoirs. Ces failles faisaient office de fenêtres, et permettaient aux défenseurs de se défendre contre les assaillants, en bénéficiant d’une forte protection contre les attaques. Il y avait surtout un sorte de chaîne, permettant d’abaisser le pont-levis. L’ensemble fonctionnait sur un système complexe de poulies et de contrepoids pour permettre à un homme seul d’abaisser ou de fermer l’installation. Pour éviter la trahison, la tradition voulait qu’on soit deux pour réussir ceci. Cahir était soulagé de constater que Grandchester n’y avait pas songé.

Ses mains se portèrent vers la chaîne, mais, alors qu’il allait tirer dessus, il entendit des bruits de pas venant d’un escalier en colimaçon, l’un des deux menant aux miradors.

« C’est quoi ce ramdam, les... ? »

Cahir vit un hallebardier. Ce dernier portait une côte de mailles, et cligna des yeux en le voyant.

« Oh merde... »

Cahir n’avait pas le temps de tergiverser, et courut vers l’homme. Il avait une détente rapide, et le heurta à l’épaule, envoyant son adversaire s’étaler sur le sol. Cahir porta ses deux mains à son cou, comme pour chercher à l’étrangler, mais son adversaire s’avéra retors. Il lui cracha dessus, atteignant l’un des yeux de Cahir. Surpris, ce dernier poussa un cri, se déconcentrant pendant quelques secondes, ce qui fut suffisant pour permettre à son ennemi de le repousser, à l’aide d’un coup de pied dans le ventre. L’hallebardier se releva assez rapidement, et chargea à son tour Cahir, le poussant. Cahir en lâcha son épée, et tomba sur le sol, entraînant l’hallebardier à sa suite. Son adversaire passa par-dessus lui, et entreprit de se relever, mais Cahir fut plus rapide. Il lui tomba dessus, le poussant, et parvint à le frapper au visage, posant une main sur sa gorge, se servant de l’autre pour le frapper.

Le coup sonna son adversaire, mais, pour son malheur, l’hallebardier savait se battre. Les yeux injectés de sang sous l’effet du coup de poing, il leva son pied, atteignant Cahir à l’arrière du crâne, le surprenant. L’hallebardier en profita pour attraper la dague de Cahir, qui pendait à sa ceinture, et la planta dans son flanc. La dague s’enfonça dans l’ébonite, et Cahir poussa un hurlement de douleur quand la dague s’enfonça dans sa chair. L’adversaire se cramponna sur la dague, et la fit tourner, aggravant la plaie. Une douleur ivre et fulgurante éblouit Cahir, et l’hallebardier en profita pour le pousser, retirant la dague, faisant couler son sang. L’apatride s’écroula sur le dos, et vit son adversaire se relever, brandissant bien haut la dague, afin de l’abattre sur lui.

Dans un ultime réflexe, sa main droite agrippa la chaîne qui permettait de lever la herse, et il la tira vers lui. La chaîne heurta son ennemi à la tête, le surprenant, et la dague heurta la pierre, manquant de peu Cahir. Ce dernier se redressa alors, et attrapa la chaîne, puis s’en servit pour étrangler son adversaire, se glissant dans son dos, maintenant la tête de l’homme à hauteur de son torse. Du sang s’échappait des lèvres de l’apatride, alors que son ennemi se tordait devant lui, ses pieds s’agitant frénétiquement sur le sol, ses mains levées. Il lui agrippa la tête, glissa sur son nez, ses lèvres, baragouinant des insultes, alors que l’air lui manquait. Les chaînes se mettaient à rougeoyer de sang, et, peu à peu, l’ennemi cessa lentement de s’agiter, manquant de force. Quand Cahir le relâcha, l’hallebardier était mort... Et le guerrier sentit une vague de vertige le saisir. Il porta sa main à sa plaie, et tomba au sol, se réceptionnant avec son autre main.

*Non... Tu dois foutre le camp, Cahir ! Foutre le camp ! Pas mourir ici...*

L’entaille était profonde, il était en train de faire une hémorragie. Il réagit rapidement, en sueur, et porta sa main à sa ceinture, en sortant une fiole. Elle renfermait une Hirondelle, un élixir bleuâtre ayant la capacité d’accélérer sensiblement la régénération des cellules humaines. En l’état actuel des choses, c’était sa meilleure chance de survie. Il la décapsula, et la but d’un trait, sentant le monde se brouiller autour de lui. Que ce soit l’Hirondelle ou un effet secondaire, la pensée d’échouer si près du but, et donc de laisser Adelyn à son funeste sort, Cahir entreprit de se relever, s’agrippant aux chaînes trempées.

Plusieurs soldats approchaient du corps de garde. Cahir avait pu les voir, et il se dépêcha d’agir, tirant sur la chaîne. Il sentait ses muscles souffrir, même si ce n’était rien par rapport à sa plaie. Maintenant que l’Hirondelle agissait, la douleur réussissait le mince exploit d’être encore plus vive, comme si on le brûlait à l’acide. Il gémit à plusieurs reprises, tout en continuant à tirer. La herse émit un grincement terrible, si fort que Cahir crut qu’on l’eût entendu jusqu’à Tekhos. Il était en sueur, et continua à tirer, la herse s’abaissant à chaque coup.



Les deux gardes n’avaient pas entendu les bruits. En revanche, ils savaient qu’il y avait dans le corps de garde plusieurs types qui ne faisaient rien, et ils voulaient tout simplement leur aide. Cette incendie était terrible... Il s’agissait sûrement de ce sale apatride que toute la garde recherchait. Comme il n’avait aucune chance de survivre, il avait décidé d’incendier le château. Il avait probablement déjà violé et tué l’autre, la promise de Grandchester. On disait que ce dernier était mourant, qu’il avait été poignardé par sa promise. Les soldats ne voulaient même pas imaginer leur avenir sans Grandchester, et s’avançaient donc... Lorsqu’ils virent un truc bizarre... Surtout Edward, en fait, car il avait une bonne vue. La semaine dernière, c’était lui qui, à la parti de chasse, avait repéré le perdrix. S’il ne tremblait pas autant des mains, il aurait fait un archer magnifique.

« Hey, mais... Ils sont en train d’abaisser la herse !
 -  Quoi ?! Mais pourquoi ?
 -  C’est Grégoire qui supervise, il connaît la procédure. Le tocsin a sonné, les portes restent closes ! Même s’il y avait la putain de Reine Ivory dehors, sans autorisation de Grandchester ou du bellâtre, personne n’entre, ni ne sort ! »

Edward n’était pas qu’un fin observateur, il réfléchissait aussi rapidement, et comprit donc ce qui se passait.

« Oh merde, c’est l’apatride ! »

Étant proches des écuries, ils entendirent un cheval hennir et remuer. Edward réfléchit vite.

« Va prévenir les autres, on pourra pas le retenir ! Je vais voir ce qui se passe dans l’écurie.
 -  Hein ? L’écurie, mais... ?
 -  Remue-toi le cul ! »

L’autre homme, lent d’esprit, obtempéra. En réalité, Edward avait vu l’absence de cheval dans le corps de garde. Et, si cet apatride était malin, il ne ferait pas la même erreur que l’autre bonne femme. Il ne chercherait pas à s’enfuir à pied, surtout après ce qu’il avait fait. Il lui fallait donc retourner dans l’écurie. Edward sourit malicieusement à cette idée. Tout ce qu’il aurait à faire était de l’attendre en douce, et de le tuer quand il grimperait sur son cheval... Ou alors, il pourrait tuer ce dernier. Mais le cheval de ce lâche était une belle bête, une monture de guerre... Grandchester le voudrait sûrement comme cheval pour plus tard, alors, si Edward l’épargnait, il aurait peut-être une promotion...

C’est sur cette idée qu’Edward se dirigea rapidement vers l’écurie, tandis que son acolyte courait à toute allure vers les sergents occupés à éteindre l’incendie.
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le vendredi 20 septembre 2013, 16:07:15
* Ce baiser… Ces lèvres se posant délicatement sur la paume de sa main lui apportant une tendresse dont elle ne savait pas capable un homme du gabarit de Cahir. Dans son esprit, cet homme était l’archétype du chevalier, courage et téméraire face à l’adversité. Mais lorsqu’il se laissait aller à de telles futilités, lorsque ses gestes se faisaient plus prudes, plus doux… Il ne jouait non plus le rôle du chasseur bourreau des cœurs mais bien plus celui d’un tendre amant. Elle ne ressentait pas qu’un simple attachement pour cet être galant et au plus le temps s’écoulait, au plus ses sentiments s’intensifiaient. Quel était-donc ce monde inconnu qui s’exposait à ses yeux nus, la plongeant dans un torrent ensorcelant ?

Il s’en était allé, sans se retourner, afin d’accomplir la tâche à laquelle il était destiné. Le travail de la jolie rouquine était bien moins fastidieux et d’autant moins dangereux. Tout ce qu’elle avait à faire était de placer cette selle sur Tonnerre et de s’enfuir à la vitesse de l’éclaire ! Il ne fallait pas trainer et même s’il était quasi certain qu’elle mettrait moins de temps que Cahir à réaliser son devoir, notre comtesse désirait finir au plus vite avec ce détail. Elle saisit alors la selle et, doucement, la posa sur l’animal. Bien qu’il soit docile, elle ne voulait pas l’effrayer. L’étalon était calme et restait statique, surveillant les moindres gestes de notre adorable petiote. Celle-ci n’était pas très à l’aise, à la fois stressée par tous ce qui se tramait dehors et inquiète pour Cahir, ayant un mauvais pressentiment, avec tous ces gardes errants. Tous ses sens étaient en alerte mais devant une telle pression, il n’était pas impossible qu’elle fasse une maladresse…

La demoiselle tentait d’accrocher les lanières de la selle, regardant avec un certain doute en dessous du cheval pour voir comment elle pouvait fixer tout ça sans que cela se défasse pendant la course folle qui l’attendait.*

• Peut-être en attachant ce truc là avec cette sangle ? Oui mais alors je fais quoi de cette cordelette ?•

*Elle était confuse et, un moment, soupira avant de tirer avec force sur l’attache, faisant hennir l’étalon qui n’avait pas apprécié cette brusquerie. Immédiatement, notre belle éperdue regretta ce geste, tentant en vain de calmer la bête qui faisait plus de bruit qu’elle ne pouvait s’en permettre !*

" Chuut ! Tout doux…  C..Calme-toi je t’en supplie !  Je ne le ferais plus mais par pitié, calme-toi … "

*La jeune femme tentait de caresser la tête du cheval qui peu à peu, s’apaisait sous les paroles de la future cavalière. En y repensant, elle n’avait jamais fait de cheval, du moins, pas dans une autre position que celle de l’amazone qui était la plus noble pour les Dames de la cours. Une position qui convenait parfaitement pour des ballades de santé, des promenades printanières ou autres activités qui gardaient un certain rythme de croisière. Mais ici, il fallait qu’elle apprenne sur le tas et surtout, elle n’avait pas forcement la tenue appropriée ! Sa robe blanche risquait de la gênée… Soit, elle n’avait pas vraiment le choix.

Mais voilà qu’un instant, Adelyn s’interrompit, entendant des pas se diriger vers elle. Elle restait immobile, son cœur oscillant doucement tant il battait la chamade. Ce n’était pas Cahir, à tous les coups, mais alors, qui donc venait ? Un soldat ? Un elfe ? Quel était ce danger qui se rapprochait d’elle… ? La belle n’osait pas regarder en direction de l’entrée, devant absolument se cacher ! Qui que ce soit, elle ne ferait pas le poids ! Que pouvait-elle donc faire ? Il fallait agir vite, être réfléchit. A son grand désarroi, la lady n’avait que peu d’idées en réserve ou alors, elles étaient des plus stupides. Convaincre la personne de la laisser s’en aller… Quelle belle utopie. Mais cette fois-ci, elle ne serait pas simple d’esprit. Un stratagème, vite !!!

Malheureusement, le garde n’allait pas ralentir pour lui laisser plus de temps. Bientôt, il serait à sa hauteur et elle ne pourrait plus rien faire. Elle tremblait, elle ne voulait pas que tous soit gâcher à cause d’un seul obstacle. Mais par ailleurs, elle ne voulait pas « éliminer » cet obstacle. Un mort sur sa liste de victimes lui suffisait largement. Quoique de toute manière, elle n’avait pratiquement rien pour se défendre.

Tandis qu’elle cherchait de ses prunelles aveuglées par le stress un moyen de s’échapper de cette désastreuse situation, Tonnerre se mit à remuer, n’appréciant pas la présence de ce visiteur. Allait-elle laisser échapper ses plaisirs, ses désirs pour un simple soupir ?

L’homme apparu devant la porte du box, observant avec un sourire au coin des lèvres l’étalon qui se dressait devant lui. Il fut tant absorbé par ses pensées qu’il ne distingua pas la pauvre comtesse qui avait un certain mal à retenir son calme. Respiration saccadée, cœur battant, elle restait prisonnière de ses tourments. Ne jamais savoir…. L’illusion d’une défaite qui pourrait se transformer en victoire ?

Soudain, elle eut une idée… Pas des plus brillantes et des plus astucieuses mais c’était la seule qui lui vint en tête. Elle n’avait plus le temps de poser le pour et le contre de sa décision.

La belle rouquine eut un moment d’hésitation mais ne laissant pas la place à la réflexion, la jouvencelle se racla la gorge afin d’attirer l’attention du garde. Celui-ci tourna son visage, observant la jeune femme avec étonnement. Immédiatement, il mit sa main sur le manche de son épée, près à dégainer son épée.*

" A..Attendez ! J… j’ai une offre à vous faire ! "

*Avant même qu’il ne puisse répondre, elle sortit de son baluchon le collier que l’esclave lui avait donné, ayant eu comme idée de l’utiliser comme monnaie d’échange. Les êtres humains étaient de nature avare et il était évident pour Adelyn  qu’elle préférait lui laisser le bijou au coût exorbitant plutôt que sa vie ainsi que celle de Cahir.

Mais étrangement, tout ne se déroula pas comme prévu… Le garde se mit à rire, semblant de toute évidence amusé par son offre.*

« Pauvre idiote ! Si je te tue, j’aurai non seulement le collier mais également une promotion certaine, vu que je pourrais également débusquer l’apatride. Etrange qu’il ne t’ait pas éliminé… Surement qu’il comptait te sauter avant de jeter ton cadavre dans un lac. Quoiqu’il en soit, il n’en aura pas l’occasion…»

*Le fourbe se rapprocha de la belle, ayant contourné l’étalon. Le visage de notre jeune femme se crispa, la peur ayant pris le dessus sur toute autre réaction.*

" J..Je vous en supplie… L..Laissez-moi partir… J..Je ne vous ai rien fait… "
« La bonne blague ! Si je te laisse partir, non seulement je mets ma vie en danger mais en plus je n’aurai rien à y gagner ! Finissons-en… »

* Ils étaient aux extrémités de l’enclos et d’un coup, il se précipita sur elle, avant d’être arrêté par un choc violent. En voulant se jeter sur notre jolie rouquine, le garde n’avait pas fait attention au cheval et passant derrière lui, celui-ci donna un coup de sabot qui vint se loger au niveau du visage du soldat, lui déboitant la mâchoire. Il n’était pas mort mais l’intensité du coup le projeta et il se mit à hurler sous la douleur, du sang s’écoulant de sa bouche.

Notre juvénile comtesse avait ses mains posées contre sa bouche, horrifiée par ce spectacle navrant mais également encore sous le choc d’avoir vu cet homme se jeter sur elle. Il avait agi de la même manière que le capitaine, près à l’éventrer pour les beaux yeux du Lord.

Soudain, elle entendit du grabuge à l’extérieur. MINCE ! Et si Cahir venait d’ouvrir le portail et qu’elle ne l’avait pas vu à cause de ce renégat ? Sans attendre, elle se issa jusque sur la monture, relevant sa robe pour pouvoir s’asseoir, laissant ses jambes à découvert à hauteur des cuisses et d’un coup sur les flancs de l’animal, sortie du box. La selle tenait mieux que ce qu’elle avait pu prévoir et de là où elle se trouvait, encore dans l’écurie, Adelyn pouvait voir la porte s’ouvrir…

Cahir avait réussi…

Un coup sur la bride de la bête et celle-ci se mit à galoper droit devant elle, fonçant vers la sortie de la forteresse. La jeune femme se cramponnait, ayant la peur de glisser mais n’osait pas freiner Tonnerre dans sa course effrénée. Au contraire, elle se surprit à lui ordonner d’accélérer.*

" Plus vite !!! Yaaaa !"

*L’adrénaline lui montait à la tête et elle put voir sur son chemin plusieurs hommes occuper à éteindre le feu. Ceux-ci se retournèrent en entendant le tintement des sabots de l’équidé et la virent s’enfuir à toute allure. Immédiatement, certains se mirent à crier des ordres aux subordonnés qui se mirent à sa poursuite.

Tout allait extrêmement vite et en moins de temps qu’il n’en fallait, la cavalière se retrouva près du portique. Cependant, elle ne voyait pas Cahir… O..Où était-il !? Que faisait-il donc ?! Peut-être qu’il avait eu des ennuis ? M..Mais alors comment se faisait-il que la porte s’était ouverte ?

D’un mouvement brusque, la jeune Crawford tira sur les rennes, stoppant du mieux qu’elle pouvait la folle chevauchée de sa monture. E…Elle ne partirait pas sans Cahir… C..C’était impossible qu’elle puisse le laisser là ! Elle lui avait fait la promesse de ne pas l’abandonner et elle s’y tiendrait, quoiqu’il lui en cout.

Elle n’abandonnerait pas la seule personne qui la retenait dans ce monde…*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Cahir le dimanche 22 septembre 2013, 02:35:21
CAHIR

Il s’était adossé contre le mur, tenant ses côtes endolories. Le sang s’y échappait lentement, alors qu’il devait reprendre son souffle. Ce maudit garde ne l’avait pas loupé, et il en restait encore en haut. À tout moment, ils pouvaient descendre, et Cahir n’était clairement plus en état de se battre. Il respirait lentement, et ses pensées étaient tournées vers Adelyn, obnubilées par cette dernière. Il devait se remuer, descendre, et la rejoindre. Chaque seconde de perdue les mettait tous les deux en danger. C’est sur cette idée qu’il se mit à avancer. Sa main gauche était posée sur sa blessure, qui se trouvait à droite, afin de limiter la perte de sang, un réflexe humain, relativement inutile en la circonstance, mais apposer sa main apaisait un peu la douleur. Avec la droite, il se tenait contre le mur quand il se sentait tangué, et se mit à avancer. La route n’était pas très longue à parcourir. Il descendit prudemment les marches. Son équilibre n’était pas assuré, et il ne voulait pas tomber sur le sol. Il rejoignit la salle de détente, jonché des quelques soldats qu’il venait de tuer.

*Adelyn, pense à Adelyn !*

Pourquoi voulait-il tant se battre pour elle ? Il se mit à soupirer. Le sentiment qu’il éprouvait pour elle... Cahir avait été marié, mais il n’avait jamais ressenti un tel désir avec sa femme, qu’il avait épousé plus par sens du devoir que par amour véritable. Mais Adelyn...Il sentait que c’était différent. Il s’avançait encore, se disant qu’elle était là, juste en bas, posée sur Tonnerre, n’attendant plus que lui pour décamper de ce château de malheur. La blessure n’était fondamentalement pas si grave. Il y avait, sur Tonnerre, des trousses médicales, accrochées à la selle. Il pouvait se faire un bandage, désinfecter la plaie, et attendre que le corps cicatrice, voire même s’aider d’un élixir. L’Hirondelle lui ferait du bien, et apaiserait la douleur, tout en accélérant la cicatrisation de son corps. Dehors, il entendait des bruits, des voix et des hurlements. Les gardes avaient du réaliser que le corps de garde s’était mystérieusement ouvert. Il fallait qu’il se dépêche ! L’apatride avançait lentement, en boitant presque. Il n’y avait pas que sa plaie béante : ce maudit hallebardier l’avait frappé à plusieurs reprises.

*Tu es un Corbeau Noir, tu as fait partie de l’élite d’Ashnard ! Un guerrier d’exception ! Alors quoi ? C’est un simple petit coup de couteau qui va te mettre à terre ? AVANCE !*

Ses voix internes essayaient de l’encourager, et il atteignit l’escalier, le descendant lentement, claudiquant laborieusement. Remonter ses jambes lui faisait mal, car sa plaie se réveillait brutalement, provoquant des frissons et des élancements dans tout son corps. Des gouttes de sueur roulaient le long de son front quand il rejoignit enfin le corps de garde...

... Pour sentir un carreau d’arbalète frôler ses cheveux, filant juste au-dessus de sa tête, pour rebondir dans un creux.

« C’est eux ! L’apatride et la comtesse !
 -  Arrêtez-les, empêchez-les de fuir !
 -  Ils veulent foutre le camp ! »

Cahir soupira, voyant Tonnerre, juste à côté. L’adrénaline se mit à battre dans ses veines. Le cheval remua légèrement sa crinière, nerveux par les coups de flèches pleuvant autour de lui. Un simple cheval serait déjà parti, mais Tonnerre était un cheval de guerre. Son cheval. Les Ashnardiens savaient les dresser. Cahir soupira, et rejoignit son cheval.

« Allez... On se casse ! »

Il nota qu’Adelyn avait retroussé sa robe pour pouvoir passer. C’était malin. Lui, il aurait utilisé un couteau pour la fendre en deux, mais ça aurait gâché la robe. Les soldats se rapprochaient, mais seuls les arbalétriers étaient au sol. Ils tiraient précipitamment, sous l’effet de la nervosité, et mettaient du temps à recharger leurs armes. Cahir posa un pied sur la selle, et enjamba son cheval, atterrissant dans le dos d’Adelyn, et grimaça. Il attrapa les rênes du cheval, et donna un coup dessus.L’étalon s’é&broua, et se mit à s’avancer.

« Allez, allez, fonce, fonce !! »

Cahir multiplia les coups, et Tonnerre hennit, avant de filer, se mettant à galoper rapidement. Il traversa le pont-levis, alors que, depuis les remparts, des archers se mettaient à leur tirer dessus. Les flèches tombèrent autour d’eux, se fichant dans le sol. Tonnerre était trop rapide pour eux, et rejoignait la ville, dévalant la pente qui permettait d’accéder au château.

« Nous l’avons fait. Vous êtes libre, Adelyn ! » souffla Cahir.



LYRAËL

Cet incendie fatiguait Lyraël, tout en l’amusant. Comme tous les elfes, il méprisait les humains, ce qui ne l’empêchait toutefois pas de travailler pour eux. Si une vermine lui permettait de tuer de la vermine, il n’hésitait pas... Et, si ses missions impliquaient de tuer des elfes, alors il le faisait sans problème. Lyraël ne croyait pas vraiment à la supériorité de la race elfique, à la théorie des Aen Seidhe, les elfes anciens de sang-pur, mais il reconnaissait volontiers que l’humanité était pathétique. Des animaux, des porcs, uniquement préoccupés par le fait de baiser, faisant preuve d’une espèce d’inexplicable hypocrisie en s’efforçant de le nier, alors que toutes leurs actions étaient uniquement dominés par le sexe. Le même scénario, ceci dit, s’appliquait pour les elfes. Les contes et les ballades avaient fait des elfes des êtres purs, d’une bonté et d’une sagesse infinie... Foutaises ! Les elfes étaient arrogants, prétentieux, et les cités elfiques indépendantes acceptaient difficilement le fait que la plupart de leurs villes aient été reprises par les humains. Nexus, la capitale d’un important royaume dh’oine, en était le bon exemple. Pour beaucoup d’elfes versés dans l’Histoire, Nexus était jadis une cité elfique très développée, très cosmopolite, avant que les dh’oines ne prennent progressivement le contrôle, ce qui, du même coup, avait marqué l’âge des hommes, l’âge du mépris et de la faiblesse.

Il était amusé de voir toutes ces vermines grouiller autour de lui pour éteindre les flammes. L’incendie était criminel, ça ne faisait pas l’ombre d’un doute, et il ne pouvait venir que de cette proie que Lyraël devait retrouver. Lyraël n’avait pas directement traité avec Grandchester, mais avec son bras droit, celui qui servait à lui tenir le chibre quand il avait de le soulager. Narcisse le bellâtre... Aussi arrogant et raciste que son maître, mais Lyraël l’était aussi. Traquer ce dh’oine ne lui disait trop rien, mais, la fille... Une [i}]noble[/i]... Une noble ! Voilà qui, indéniablement, le changerait des paysannes qu’il trouvait dans les campagnes et terrorisait pour le compte de cet humain imbécile. Un seul homme ne pouvait l’effrayer. Aussi doué et adroit à l’épée soit-il, il ne pourrait rien faire contre lui.

Lyraël entendit alors le remue-ménage venant de l’extrémité du château. Il fronça son sourcil unique, se demandant ce qui se passait. Le feu l’avait absorbé, lui rappelant le goût joyeux des bûchers qu’il organisait dans les villages qu’il razziait, les hurlements délicieux, les craquements des bûches de bois et des os. Le feu était la purification, et Lyraël était très attaché à cette notion. Purifier par le feu. Il comprit rapidement ce qui se passait. Ayant une très bonne vision, il vit, au loin, un cheval, avec une femme en robe blanche.

« Ne partez pas si vite, voyons, j’ai un cadeau pour vous... »

Lyraël se mit à courir, sans chercher à dégainer son arc, et à tirer. Il était trop loin, et il y avait trop de gens qui couraient autour de lui, gesticulant en tout sens. Il renversa d’ailleurs un page qui était sur sa route. Ce dernier portait un seau rempli d’eau, qui se déversa sur le sol. Sans tenir compte des protestations de ce dernier, le Drow s’avança rapidement vers l’un des escaliers menant aux remparts. Il se mit à courir rapidement le long de cette dernière, en foulées rapides, respirant et inspirant. Le cheval se mit à hennir, il l’entendit très distinctement grâce à ses grandes oreilles, et s’arrêta sur une tour. Il grimpa l’escalier en colimaçon, montant rapidement, et arriva en hauteur, puis dégaina son arc, et se mit à viser. Il était sur le flanc, et voyait le cheval dévaler la pente.

Il pouvait tuer le cheval, tuer la femme, ou le guerrier. Le choix se fit rapidement. S’il tuait el cheval, leur course s’arrêterait, la garde leur mettrait la main dessus, et il ne pourrait pas s’amuser. S’il tuait la femme, il ne pourrait pas s’amuser avec elle, et profiter de sa beauté... Car cette dh’oine était belle, suffisamment pour qu’il se délecte de ses hurlements quand il la torturerait. Or, on ne pouvait pas vraiment entendre les morts hurler. Par élimination, il ne restait donc que l’homme.

Il portait une armure en ébonite. L’erreur classique serait de viser la nuque. L’ébonite était renforcée à cette distance pour éviter des chocs mortels. Sa flèche se briserait, mais Lyraël connaissait ces armures, et leurs points de faiblesse, les endroits où la protection était plus faible, à hauteur du bas du dos. Il nota que l’homme était blessé au flanc, ce qui représentait une autre ouverture possible... Il tenait les rênes à deux mains. S’il atteignait directement la peau, sa pointe havekar ferait des ravages, et ce d’autant plus qu’elle était imbibée d’un poison redoutable, qui augmentait sensiblement, au fil des heures, la toxicité du sang. Les élixirs de soin classique aggravaient encore plus l’état de ce poison, car un élixir augmentait la toxicité du sang.

Il visa soigneusement. Le plus important était de prendre son temps. Le cheval était en déplacement, à bonne distance. S’il y avait eu un peu plus de vent, le Drow n’aurait pas réussi un tel tir, mais l’air était calme. Il tendait son arc, et tira. La flèche s’envola dans les airs, décrivant une courbe furtive, la gravité l’appelant progressivement à elle. Lyraël était un franc-tireur elfe, un virtuose.

La flèche havekar atteignit sa cible, en plein dans le mille.

Il n’avait plus qu’à sortir du château, et retrouver les fugitifs avec ses hommes. À cette idée, un sourire mauvais traversa ses lèvres. Cette femme était vraiment belle.

Il lui tardait de la retrouver.



CAHIR

Il ne hurla pas. La douleur explosa, et coupa sa respiration. Ainsi, au lieu de hurler, il gémit, presque comme s’il toussait... Mais, en éternuant, du sang jaillit de sa bouche, atterrissant près de l’oreille d’Adelyn, alors qu’il sentit tout son corps se raidir.

*Poison !* comprit-il rapidement.

Impossible de s’arrêter, la garde allait les poursuivre. Cahir sentit la panique s’emparer de lui. Un humain normal n’aurait jamais pu réussir un tel coup... Et il comprit de qui il s’agissait quand la pointe de la flèche ennemie s’ouvrit dans sa plaie, formant comme des petits poignards qui lacérèrent son flanc. Il trembla sur place, ses doigts se crispant sur les rênes, son corps venant s’affaler sur celui d’Adelyn, manquant de la faire tomber. Cahir se mit à grogner, serrant ses lèvres, fermant les yeux, sentant une douleur ivre le traverser. Il avait entendu des histoires sur ces elfes qui imbibaient leurs flèches de poisons. Le poison avait une sorte d’effet anesthésiant, et empêchait les victimes d’hurler. Ainsi, une sentinelle ne pouvait pas prévenir les autres par sa souffrance, et se tortillait lentement sous la douleur. Cahir se surprit à pleurer, en sentant des frissons le parcourir. Il entreprit de se redresser, se sentant extrêmement faible.

Tonnerre était un bon cheval, et savait que rester sur la route n’était pas indiqué, car il y avait d’autres gardes. Il s’enfonça dans la forêt sans rechigner, tandis que, peu à peu, Cahir perdait pied avec la réalité. Il voyait les branches se succéder à d’autres branches dans un univers flou. Il avait envie de vomir, mais n’y parvenait pas, comme si tout son corps était en train de fonctionner au ralenti. Il avait très froid, et en même très chaud, et n’arrivait plus à bouger son corps. Tonnerre continuait à mettre de la distance, mais Cahir flottait, inconscient du temps qu’il mit, avant de lentement ralentir, en étant bien éloigné du château. Une minute ? Dix ? Une heure ? Non, il serait déjà mort...

Cahir tourna la tête vers sa plaie, et vit une flèche qui en ressortait... Ainsi que du sang, formant des rivières qui luis emblaient grotesques et énormes. Il tentait de parler, de dire à Adelyn de le laisser là, de fuir, mais il se sentait aussi faible qu’un vieillard sur le pas de la Mort...

« A... A... » marmonna-t-il, avant de défaillir.

Il tangua sur la gauche, et n’arriva pas à se retenir. Cahir glissa, et tomba lourdement sur le sol, s’écrasant sur le dos. Son pouls battait nerveusement, hurlant dans sa poitrine, et il tentait d’aspirer de l’air. Son front était étonnamment blanc, et il était agioté de spasmes nerveux. Tonnerre s’était arrêté, alors que Cahir voulait lui dire de partir. Il connaissait les effets de ce poison. On ne pouvait rien faire pour lui, à moins de le conduire devant un guérisseur chevronné... Mais ce genre de personnes n’existait pas en pleine forêt, à moins de tomber sur une vieille sorcière hirsute... Est-ce qu’Adelyn lui parlait ? Il ne l’entendait plus, comme si un voile le recouvrait. Il se mit à éternuer, crachant encore du sang.

Le poison se répandait dans tout son corps, augmentant la toxicité de son sang, jusqu’à un stade critique. Dans son état, Cahir n’avait pas pu entendre les bruits de pas se rapprocher... Et, même s’il n’avait pas été empoisonné, il ne l’aurait probablement pas senti, car l’individu qui s’approchait était quelqu’un qui connaissait la forêt, et qui veillait à faire le moins de bruit possible. Alors que Cahir gisait sur le sol, l’être se rapprocha entre les buissons, voyant un cheval vigoureux, qui attendait patiemment, une femme dans une belle robe, et un chevalier en armure noir, une flèche plantée dans le flanc. La créature estima rapidement qu’ils ne présentaient pas une menace, et s’avança.

« Ton homme est en train de mourir, femme, annonça-t-elle. Moi et mes sœurs vous prenions pour des éclaireurs venus nous traquer pour nous chasser, mais il semblerait que vous soyez plutôt des fugitifs. »

La femme qui venait de parler, dans le dos d’Adelyn, portait une longue épée en acier à sa main droite, des tatouages sur le corps, s’appelait Danaé (http://perlbal.hi-pi.com/blog-images/174274/gd/1243012061/Femme-Guerriere-Luis-Royo.jpg), et était, entre autres choses, une Amazone.
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le lundi 30 septembre 2013, 14:41:41
*Tandis que les flammes léchaient les murs du domaine avec une inlassable avidité, les flèches venant de divers archers et arbalétriers fusaient en direction d’Adelyn, affolant sa monture qui s’agitait de plus en plus. La jeune femme sentait sa poitrine vaciller, son cœur battant à un rythme bien trop soutenu tant la peur la transportait. Son regard tergiversait à bien des endroits, cherchant d’avantage Cahir que la venue des gardes qui semblaient grouiller comme des fourmis dans sa direction! Ses mains qui tenaient fermement rênes devinèrent moites, tremblantes sous la tension de sa futur arrestation.

Mais que faisait-il bon-sang ! Il mettait trop de temps à revenir et cela ne rassurait guère notre douce demoiselle qui commençait à croire qu’une catastrophe venait de se dérouler. E…Et si en voulant retourner jusqu’au portail, son chevalier s’était fait abattre pars l’un des soldats ? A cette idée, sa gorge se nouait, les larmes prêtes à se déverser une dernière fois… Car si Cahir ne revenait pas, elle tiendrait tout de même sa promesse, celle de ne pas l’abandonner. Pourtant, il était quasi certain qu’il n’aurait voulu se sacrifier pour rien mais elle était tout simplement dans l’incapacité de se mouvoir, comme si ses membres s’étaient raidis au point qu’elle ne puisse plus les commander ! La comtesse était tétanisée, complètement perdue, ses pensées s’entremêlant et l’empêchant de prendre une décision raisonnée.

L’espoir qu’il ne revienne s’estompait un peu plus à chaque instant mais, soudain, Cahir apparu en bas des escaliers, se tenant douloureusement les flancs et boitant…*

« Cahir! Dépêchez-vous! »

*Elle voulut descendre immédiatement de la selle pour aider son compagnon mais celui-ci ne lui laissa pas l’opportunité de faire quoique ce soit, la rejoignant rapidement malgré ses plaies. Il grimaçait à certains moments, inquiétant cruellement la jolie rouquine qui restait muette face à ses blessures et son assurance. Il la prenait toujours de cours et, après s’être installé derrière son dos d’un bond, il prit les rênes, donna un coup de talon sur les flancs de l’animal et fit galoper l’étalon, évitant de justesse quelques flèches qui filèrent vers eux.

Le cheval filait à une vitesse étonnante vers le pont-levis, guidé par la main experte de son maitre, tandis que la jeune femme tentait de se retenir sur la selle, son dos se planquant contre le buste de Cahir. Elle sentait son souffle près de son oreille, une respiration saccadée à cause de l’effort. Cependant, même si la belle enfant n’avait pu observer attentivement les blessures du guerrier, cette dernière soupçonnait fortement que celles-ci puisse être la véritable cause à son épuisement. Et pourtant, il ne se plaignait pas, se concentrant sur son unique objectif, celui  de se retrouver en dehors des remparts. Un but qu’il venait d’atteindre à l’instant.

L’apatride s’exclama de joie, ou de soulagement, en sentant le parfum de la liberté et le fit remarquer à Adelyn qui n’arrivait pas à se concentrer sur ce fait.

A vrai dire, avant qu’il n’ait pu l’apercevoir, la comtesse déchue s’était « déconnectée » de la réalité, son corps n’obéissant plus à aucune émotion. Elle ne s’était même pas rendu compte qu’ils avaient franchis le portail, tout son corps tremblant. E…Elle ne parvenait pas à y croire et sa vision s’obstruait, décontenancée par l’enchainement explosif des évènements et surtout, en état de choc. Y…Y-étaient-ils réellement arrivé ou bien n’était-ce que l’illusion que leur offrait un démon en mal de souffrance ?

Soudain, un gémissement sortit la demoiselle de sa torpeur, plus précisément la plainte de son compagnon qui venait de se raidir, écrasant légèrement la belle entre ses bras. Mais ce n’était pas le plus dérangeant… Elle venait de sentir quelque chose sur sa joue et, lorsque d’un mouvement brusque elle retira la trace de ce qu’elle pensait être un postillon, remarqua une marque rouge se dessiner sur sa peau… Immédiatement, malgré sa position assez incommode, tourna son visage vers Cahir et put voir de ses prunelles d’opaline qu’il y avait une flèche plantée au sein de la plaie béante de son partenaire, lui procurant une douleur certainement insoutenable !*

" CAHIR ! "

*Elle n’avait pu s’empêcher de crier son nom, complètement paniquée par ce qu’elle pouvait voir ! Elle restait figée, incapable de réagir face à ce qui se déroulait sous ses yeux affolés…*

" A..ARRÊTEZ-VOUS ! J…Je vous ordonne de vous … "

*Mais rien à faire, le chevalier ne semblait même pas l’entendre, soucieux de partir le plus loin possible de la demeure de Grandchester. La jeune femme le voyait tanguer, tremblant de tous ces membres, n’arrivant même plus à supporter son propre poids qui vint donc s’affaler sur ses frêles épaules. Dépourvue de force, elle n’était arrivée à supporter leur deux masses que grâce à son appuie sur la monture, étant à deux doigts de chuter. Il émit un nouveau gémissement, suivit d’un grognement qui illustrait assez bien à quel point cette meurtrissure le faisait souffrir.

Le voir dans un tel état inquiétait la jolie rouquine qui était de plus en plus tendue, comprenant qu’il ne servait à rien de crier pour le remettre sur la voie de la raison. Il ne s’arrêterait pas, même si sa vie en dépendait. Devant une telle impuissance, elle se mit à trembler à son tour, complètement affolée. Que devait-elle faire, dire, penser… ? P..Pourquoi l’avait-on visé lui plutôt qu’elle ?!
Subitement, elle sentit le poids de Cahir se défaire de son dos, celui-ci basculant vers la gauche, n’ayant plus la force de se retenir… Avant même que cela puisse surprendre Adelyn, celle-ci faillit également tanguer n’ayant plus les bras du chasseur qui l’enlaçaient en tenant les rênes pour la retenir. D’un réflexe inouï, elle se rattrapa tant bien que mal, ne subissant pas le même sort que son « gardien » qui s’était lamentablement écrasé contre le sol terreux de la forêt ! Sans attendre, elle stoppa la monture dans sa course sans trop de soucis, s’élançant par terre d’un bond ! La candide demoiselle n’avait pas pesé le contre de sa réaction subite, salissant sa robe au passage lorsqu’elle trébucha dans la boue et se faisant un peu mal à la cheville. Mais qu’importent les robes, l’hygiène et les petites blessures futiles. Rien ne comptait plus à ses perles bleutées que de retrouver l’être qu’elle aimait, qui gisait sur l’humus. Elle se jeta sur lui, prenant tout de même garde de na pas toucher la plaie…*

" CAHIR !!! "

* Peu lui importait à présent d’agir de manière spontanée, n’ayant plus de barrières qui la retenait loin de l’apatride. La belle posa ses mains sur ses épaules, le secouant frénétiquement en voyant ses yeux se fermer, son regard plongé dans le néant. Sans pouvoir retenir d’avantage des larmes naissantes du sein des portes de son Âme, ses lèvres tremblotaient alors que ses mains se resserraient d’avantage sous les émotions.*

" CAHIR ! J.. Je vous en supplie ! R..Restez avec moi ! Je vous en conjure ! Ne me laissez pas ! N..Ne m’abandonnez pas ! "

*Sa voix criarde trahissait tous ce qu’elle pouvait ressentir, sanglotant nerveusement. Elle ne savait plus quoi faire, complétement désespéré. Elle… Elle voyait l’homme qu’elle aimait s’éteindre sans qu’elle ne puisse agir. Elle ne voulait pas ! Il ne pouvait pas la laissez après l’avoir délivré de sa prison, ça ne pouvait pas se terminer ainsi ! Elle refusait d’y croire et pourtant, elle le voyait défaillir… Il s’en allait. Devant une telle évidence, un gémissement s’arrache des lèvres fines de notre pauvre aristocrate. Alors que quelques secondes à peines s’étaient écoulées, elle n’agissait non plus de manière violente en la bousculant pour le voir revenir mais se faisait plus douce, comprenant qu’il n’y avait plus d’espoir, à moins de rencontrer un shamane.*

" C..Cahir… N...Ne me laissez pas… "

*Elle le suppliait bien que se fut inutile, ne s’imaginant à aucun instant de vivre dans un monde sans lui. La délicate rousse avait toujours ses mains posées sur les épaules de l’apatride et approchait son visage du sien, déplaçant doucement l’une de ses mains afin de caresser sa joue comme s’il s’agissait d’une poupée de porcelaine, l’effleurant de ses doigts. Ses larmes glissaient le long de ses joues pour s’échouer sur celles de son sauveur alors que dans un murmure, elle avoua pour la première fois ce qu’elle ressentait pour lui.*

" J…Je t’aime Cahir… N…Ne pars pas… J..J’ai tant besoin de toi… "

*Pour la première fois, Adelyn venait de le tutoyer, tant bien même qu’il n’était plus conscient que pour l’entendre. Ses pleures se firent plus intenses et, sans comprendre pourquoi, elle ne put se retenir de déposer un chaste baiser sur ses lèvres, non pas parce qu’elle croyait qu’il allait se réveiller miraculeusement comme dans les contes de fées, mais parce qu’au contraire, elle savait que c’était surement la dernière fois qu’elle aurait l’occasion de le faire.

Son cœur tambourinait dans sa poitrine et sa gorge se nouait… Mais alors qu’elle allait se remettre à pleurer à chaudes larmes, une voix féminine l’interrompit, une voix qui semblait à la fois proche et lointaine. Le belle rouquine se retourna lentement, écoutant les paroles funestes de cette inconnue qui ne lui apprenait absolument rien. Ses prunelles rougeâtres et humides observèrent cette mystérieuse personne, la détaillant rapidement du regard. A n’en pas douter que c’était une guerrière vu son équipement et sa tenue de combat. M..Mais que faisait-elle au beau milieu d’un bois appartenant à Grandchester ?

Avant qu’elle ne puisse lui poser une quelconque question sur son identité, la jeune femme se présenta vaguement comme étant une fugitive qui fuyait les terres du lord qui était à sa poursuite, comme elle. Ce n’était donc pas une ennemie mais pour autant, la considérait-elle comme une alliée ? Qu’importe à présent, son seul vrai « ami » s’effaçait de la surface de Terra, mourant devant ses yeux embrumés.

Dans une autre circonstance, la jolie rousse aurait été aimable, se présentant avec une courtoisie exacerbée. Mais ici, elle n’avait plus la force de se mentir à elle-même et la seule chose qu’elle arriva à prononcer à cette étrange inconnue fut un message de détresse, sa voix faiblarde s’étouffant dans quelques sanglots.*

" Y…Y-a-t-il un moyen de le sauver…. ? J..Je vous en prie… Q..Qui que vous soyez, je… Je vous donnerai tous ce que j’ai pour l’aider…"


*En répétant cette phrase, Adelyn avait relevé son visage et ses prunelles pétillaient, fixant cette femme venue de nulle part, gardant un dernier espoir de sauver Cahir bien que sa mine semblait plus pâle qu'elle ne l'avait jamais été.*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Les Amazones le mardi 01 octobre 2013, 01:59:49
Danaé, Charis (http://img95.xooimage.com/files/7/e/a/amazones---charis-3f7b0bf.jpg), et Sonia (http://img98.xooimage.com/files/0/8/8/amazones---sonia-3f7c403.jpg) formaient un trio d’Amazones qui, depuis une semaine, se reposaient dans les grandes forêts du domaine de Sire Grandchester. Elles étaient arrivées ici, en allant vers le Temple d’Elua, une ancienne divinité qui, de manière fort curieuse, n’avait pas encore été déclarée comme divinité païenne par l’Ordre. Elles y allaient pour répondre à une demande aide que la Horde avait reçu. Elua était une Déesse proche de la Déesse-mère des Amazones, et il était fréquent que des Amazones blessées ou épuisées se rendent auprès des sanctuaires d’Elua pour se reposer. Visiblement, les prêtresses d’Elua avaient peur du seigneur local, et craignaient que ce dernier ne cherche à les assiéger. Les trois Amazones étaient arrivées il y a environ une semaine, et n’avaient pas rejoint immédiatement le temple, préférant d’abord surveiller les environs. Elles avaient ainsi remarqué que le peuple, sans abhorrer Grandchester, ne l’aimait pas particulièrement. Elles avaient appris qu’ils appréciaient surtout son père, et qu’ils vouaient globalement une haine commune aux non-humains, ces derniers étant fréquemment attaqués par des bandes d’elfes sauvages de la Scoia’tael, un important mouvement terroriste non-humain qui œuvrait à Nexus et dans les royaumes environnants.

En restant près du château principal, les Amazones estimaient qu’elles avaient de meilleures chances de protéger les prêtresses d’Elua. Elles se nourrissaient en braconnant dans la forêt, où la chasse était interdite sans une autorisation du seigneur, et interdite par défaut dans les terrains où l’homme chassait. Elles avaient eu vent de la fête que Sire Grandchester organisait en l’honneur de son alliance prochaine avec les Crawford. Il cherchait sans doute à raffermir son autorité, ce qui expliquait pourquoi il attaquait Elua. La religion était un contrepoids du pouvoir séculier, et, si l’Ordre n’avait pas encore supprimé Elua, c’était probablement parce qu’elle exerçait encore, ici et là, une bonne influence. Elua était une divinité ancestrale, une Déesse, ce qui faisait que son culte était féminin. Naturellement, l’Ordre Immaculé ne pouvait tolérer une telle chose, mais, bien qu’il soit puissant, l’Ordre ne pouvait pas encore supprimer l’intégralité des anciens cultes.

Danaé avait entendu le cheval arriver, et avait vu, au loin, l’incendie dévorer le château. Elle était alors juchée au sommet d’un vaste arbre, profitant du couvert de la nuit pour surveiller les abords de leur campement. En voyant les hautes flammes, elle avait compris que quelque chose avait dérapé au château, et avait envisagé de se rapprocher pour en savoir plus. Finalement, c’était le château qui était venu à elle. Elle s’était déplacée sur une branche en voyant le cheval se rapprocher. Un destrier de guerre, qui avançait rapidement. Le cheval l’avait dépassé, mais pas de longtemps... Elle avait ainsi eu le temps de voir un homme en armure, ainsi qu’une femme à la beauté époustouflante, et dont la belle robe blanche laissait entendre qu’elle n’était pas une servante.

*Sa beauté correspond à la description que j’ai entendu de l’épouse de Grandchester...*

En se rendant dans les villages, elle avait entendu plusieurs paysans, dans une auberge, discuter de la Crawford. Certains des serfs allant au château juraient l’avoir vu, et certifiaient qu’elle était d’une beauté fulgurante, avec une magnifique chevelure rousse, et un corps qu’on aurait dit façonné par les Anges. Maintenant que Danaé la voyait, même avec la crasse, la sueur qui plaquait quelques mèches de cheveux sur son visage, et la panique dans son corps, elle savait que cette femme devait être la Crawford... Adelyn Crawford. L’homme, en revanche, ne lui disait rien, mais elle identifia rapidement son armure.

*De l’ébonite ?! Ici ? Impensable !*

L’ébonite était un matériau extrêmement rare, qu’on ne récoltait que dans certaines mines, généralement détenues farouchement par les nains, et qui permettait, en étant travaillée, de permettre d’avoir des armures redoutables. L’ébonite était la spécialité ashnardienne, et les armures de leurs soldats d’élite étaient forgées en ébonite. En croiser un par ici tenait du prodige... Un vulgaire mercenaire n’aurait jamais du se payer un tel équipement, et Crawford semblait désespérée devant l’état de son chevalier. La flèche qu’il avait reçu n’était pas dans un endroit sensible, et le fait que le cheval n’ait pas décampé signifiait qu’il était éduqué, dressé. Il restait près des deux individus, et Danaé finit par intervenir, quand elle fut convaincue qu’il n’y avait personne qui les poursuivait.

*Ils étaient en train de fuir... Et je n’ai pas vu de mouvements dans les villages suggérant une révolte... Cependant, on disait que Miss Crawford cherchait à échapper à son mari... Cet homme a du l’aider.*

Ceci n’expliquait pas l’incendie ou l’armure en ébonite, mais la curiosité de Danaé avait été piquée à vif. Elle s’était donc rapprochée, sortant de l’ombre. En l’entendant, la femme s’était retournée, et, dans ses yeux, Danaé put y lire une détresse sincère. Qu’on puisse à ce point éprouver du chagrin pour un mâle était un concept assez difficile à saisir pour une Amazone comme elle. Les hommes avaient fait d’elle une esclave avant qu’elle ne rejoigne les Amazones, et, même si elle savait que des femmes étaient aussi des esclavagistes, pour elle, ce monde était un monde d’hommes, de mâles. Si la Déesse-mère avait estimé que seules les femmes pouvaient être des Amazones, ce n’était pas sans raison.

« Y…Y-a-t-il un moyen de le sauver…. ? J..Je vous en prie… Q..Qui que vous soyez, je… Je vous donnerai tous ce que j’ai pour l’aider… »

Danaé regarda la femme, sans rien dire, avant de finalement parler, au bout d’une dizaine de secondes :

« Tu n’as pas l’air d’avoir grand-chose, femme. La seule chose que tu pourrais décemment offrir est ton corps. Mais je ne suis pas marchande des corps. »

La prudence imposait de les laisser là, mais les Amazones n’étaient pas des lâches. Cette femme pouvait avoir des renseignements sur Grandchester.

« Je ne peux rien faire pour ton mâle, je ne suis qu’une guerrière. Cependant, ma sœur Sonia est chamane, et elle pourra peut-être l’aider. Tu vas devoir m’aider à porter ton mâle. »

Une armure en ébonite était plutôt lourde, et Danaé ne restait qu’une femme, bien qu’elle soit robuste. Elle attrapa Cahir par une épaule, et le souleva avec l’aide de la femme. Son campement n’était pas éloigné, et elle savait que le temps leur était compté. Les Amazones étaient des femmes de voyage, et l’hospitalité faisait partie de leur culture. L’hospitalité était entendue au sens large. Le duo se mit à s’avancer, s’enfonçant entre les arbres. Il leur faudrait quelques minutes pour rejoindre le camp, et, en approchant, Danaé s’arrêta alors, et poussa un hululement. Un curieux cri ressemblant à celui que ferait une chouette, et qui consistait en fait à alerter les autres. C’était un message codé. Le hululement signifiait qu’elle ne rentrait pas seule, et avait besoin d’aide pour quelqu’un d’autre. D’autres messages codés transmettaient des messages différents : des ennemis approchaient, elle rentrait seule, elle était blessée, etc...

« Nous approchons, femme. »

Son mâle ne disait rien, mais Danaé pouvait entendre son pouls battre, et voyait parfois ses paupières remuer légèrement. Il était toujours en vie. Rapidement, les deux femmes rejoignirent, au milieu des arbres, une sorte de butte surélevée avec un feu de camp crépitant autour de deux petites tentes. Deux autres femmes étaient près du feu, et se redressèrent lentement quand Danaé s’approcha.

« Que se passe-t-il, ma sœur ? » demanda Charis.

Danaé ne répondit pas sur le coup, et avança encore un peu, jusqu’à pouvoir coucher Cahir sur une sorte de couchette de fortune.

« Ce mâle a besoin de soins... Et cette femme, si je pense ne pas me tromper, est la fiancée de Grandchester.
 -  Vous êtes bien loin de votre château, femme, nota Charis. Et lui ? Il est habillé comme un Ashnardien... »

Charis, contrairement aux autres Amazones, venait de Terre, et non de Terra. Elle avait cependant réussi à très bien s’accommoder à ce mode de vie. Sonia, qui était en train de faire cuire un gros poulet que Charis avait récupéré au poulailler d’une ferme, se releva, et se rapprocha. Elle remarqua la flèche, et Danaé s’écarta, tandis que Sonia, tout en se frottant les mains, s’assit devant l’homme. Elle tâta des doigts son pouls.

« Du poison », nota-elle rapidement.

La magie se mettait à irradier autour d’elle.

« Retire la flèche, Danaé. »

Danaé obtempéra. Le corps du mâle n’émit même pas un soubresaut. La flèche se retira, et Danaé repéra la pointe en grimaçant.

« Havekar. Je ne suis pas étonnée, j’ai vu des corps dans les cimetières des villages environnants. Ils avaient été tués par des flèches similaires.
 -  Il faut retirer l’armure. »

Sonia parlait rapidement, et Danaé obtempéra. Charis restait en retrait, observant silencieusement Adelyn, tout en surveillant le poulet, qui tournoyait sur sa broche. Une armure en ébonite était composée de plusieurs morceaux savamment reliés entre elles, et les Amazones retirèrent les appuis.

« Le haut suffira. »

On ôta le haut de l’armure, révélant une sorte d’élégant vêtement noir. Il était indéniablement de facture ashnardienne. Sonia le retira également. La vision qu’il y avait sous le vêtement était sinistre. Les veines de Cahir étaient noircies, ressortant de son corps, formant, sous sa peau, des tracés sinueux faits d’encre. De grosses plaques pâles recouvraient son corps, et on pouvait désormais mieux voir que l’homme suait abondamment.

« Diable... Le poison a bien avancé. Je vais avoir besoin de travailler seule... »

Danaé comprit, et aida la femme à poser le mâle dans l’une des deux tentes. Danaé se retourna ensuite vers Adelyn.

« N’aie pas peur, femme, ton mâle est entre de bonnes mains. »

Danaé essayait de se faire rassurante, mais elle connaissait le poison que les Havekars distillaient. Rares étaient les humains à y survivre, mais elle avait pu voir, sur le corps de l’homme, quelques lointaines cicatrices. C’était un guerrier, un homme costaud, quelqu’un qui avait déjà flirté avec la mort. Peut-être serait-il assez fort pour y survivre ?

« Je m’appelle Danaé. Elle est Charis, et celle qui soigne ton mâle ashnardien est Sonia. Je me doute que tu ne dois avoir qu’une envie, mais tu ne peux pas rentrer dans cette tente. Pour soigner ton mâle, expliqua Danaé, Sonia va établir un lien magique entre elle et lui, et ta présence pourrait perturber ce lien. Tu peux rester auprès de nous, tu as l’hospitalité des Amazones. »

Charis continuait à regarder Adelyn d’un air légèrement soupçonneux. Elle était très certainement curieuse, comme Danaé, mais il suffisait de voir cette femme pour constater qu’elle était troublée, sur les nerfs, et qu’elle tenait beaucoup à cet homme... Probablement autant qu’une Amazone tenait à ses propres sœurs.
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le jeudi 17 juillet 2014, 01:27:42
*Un silence quelque peu oppressant s’était installé à l’instant où elle avait supplié cette étrangère de porter secours à Cahir, ne connaissant rien de cette personne ni de ses intentions. La jeune femme qui observait calmement Adelyn pouvait à tout moment la laisser tomber ou pire, exploiter son malheur pour en tirer profit d’une quelconque manière. Cela aurait traversé l’esprit de n’importe qui, sauf celui de notre jolie rouquine qui n’agissait non plus avec prudence mais plutôt avec une inconscience déconcertante pour quelqu’un qui venait de subir autant de mésaventures en si peu de temps. À croire que l’état aggravé de son gardien lui faisait perdre pied avec toutes notions de sécurité. De toute façon, si cette inconnue avait eu de mauvaises intentions, rien ne l’empêchait d’agir vu la précarité de nos deux protagonistes.

Lorsque la dite inconnue lui répondit, notre demoiselle se crispa, avant de rougir furieusement de sa candeur exacerbée. En lui promettant de donner tout ce qu’elle avait, elle pensait surtout à son collier et sa boite à musique également qui pouvait couter son pesant d’or, mais certainement pas à sa propre personne. Elle n’arrivait pas à se faire à l’idée d’être sujette à l’esclavage et trouvait l’idée peu appréciable ! L’avantage était que son interlocutrice ne semblait pas en proie à vouloir marchander son corps, s’aguichant de la lourde tâche d’aider deux fugitifs hautement recherchés sans la moindre monnaie d’échange… Surement n’avait-elle pas eu vent de ce qu’il venait de se passer au sein du fort de Grandchester, ne pouvant donc même pas deviner l’identité de notre jolie rousse.

Cette dernière trouvait la guerrière extraordinairement charitable pour ainsi aider deux vagabonds dont l’un grièvement blessé. Peut-être était-ce dû à son côté combattante ? Cela se voyait qu’il ne s’agissait pas d’une simple chasseuse, vu les armes qu’elle avait en sa possession, mais notre Lady avait tout de même demandé un certain soutien, n’ayant guère d’autre choix. C’était une triste réalité mais il faut le dire, elle n’avait aucun rudiment dans tout ce qui était combat mais également en matière de soin. Après tout, la belle n’avait rien connu d’autre que la tranquillité de son petit domaine, la sérénité de sa chambre et les injuries de sa sœur ainée. Elle avait des connaissances mais en bien des futilités telles que la danse ou la calligraphie… Toutes des choses qui concrètement, ne lui servaient à RIEN ! Alors, qui que soit cette étrangère semblant venir du ciel ou de la terre, ce bel oiseau de paradis aventuré loin de son nid, elle ne pouvait que mieux connaitre ce genre de situation que notre désinvolte petiote.

La guerrière utilisait un vocabulaire assez spécifique pour désigner Cahir qui perturbait la jeune femme… Un « mâle »… ? Cela ne se sentait pas dans le timbre de sa voix mais à utiliser ce genre de mot indiquait à notre pauvre enfant que sa nouvelle coéquipière ne semblait pas apprécier les hommes. C’était peut-être juste une mauvaise interprétation de ses paroles mais c’était ainsi que sonnait ces paroles à ses oreilles. Enfin, ce n’était qu’un détail car après tout, elle venait d’accepter d’aider le chasseur qui gisait au sol, ayant l’idée de l’amener chez sa sœur qui pouvait peut-être le soigner. Ce « peut-être » terrifiait notre comtesse déchue mais au moins, il y avait un petit espoir que celui qui faisait palpiter son cœur, que celui qui venait de lui offrir la liberté puisse s’en sortir vivant. C’était tout ce qui importait à présent et si la délicate donzelle n’était débrouillarde, elle était prête à n’importe quel sacrifice pour le revoir sur pied.

L’heure n’était pas aux présentations et même si la question de savoir à qui elle s’adressait lui brûlait les lèvres, Adelyn obtempéra et se releva maladroitement, les yeux encore rougis par les larmes. Il fallait amener Cahir jusqu’au campement de sa salutaire rencontre et ça n’allait pas être de tout repos pour la jeune femme qui était effroyablement faible. Si ses jambes étaient un peu plus robustes grâce à la pratique de la danse, elle n’avait hélas pas beaucoup de force dans les bras et les exercices d’endurance comme celui qu’elle allait devoir accomplir étaient un véritable supplice, sans parler de l’état de fatigue dans lequel elle se trouvait. Cela faisait maintenant plusieurs jours qu’elle était sujette aux insomnies et ne dormait qu’une fois sa limite d’éveille franchis. À ce rythme effréné d’activités, il était normal qu’elle s’affaiblisse et que par conséquence, porter l’apatride sans s’effondrer relevait du miracle. Mais encore une fois, il fallait qu’elle trouve cette énergie en elle sans vraiment en avoir le choix. C’était ça ou bien voir mourir son preux chevalier.

Tandis que la belle guerrière soulevait son compagnon d’un côté, notre rouquine s’efforça de se redresser sur ses jambes en attrapant l’autre épaule libre, le relevant et suivant les pas de sa guide. Cahir était véritablement mal en point et du sang s’échappait de sa plaie ouverte alors que sa respiration saccadée était la seule chose qui pouvait rassurer notre petiote. C’était l’unique détail qui lui permettait de savoir qu’il était encore en vie, bien qu’il ne soit plus conscient.

La jeune femme à la chevelure flamboyante titubait, se rattrapant à chaque instant sur ses pas un peu gauches, observant avec inquiétude le visage du mercenaire. Pour la première fois depuis qu’elle l’avait rencontré, aucun de ses regards n’étaient là pour la réconforter, ces prunelles closes. Elle voulait à nouveau se plonger dans ses yeux turquoises, voir cette lueur qui lui donnait sans savoir pourquoi des frissons. Elle voulait à nouveau sentir ce sentiment qui lui avait permis de s’enfuir de sa prison dorée… Celui d’être aimé. Elle était presque certaine qu’il ne ressentait pas la même chose qu’elle mais au moins, il était sincère avec elle et l’appréciait vraiment, sans quoi il ne se serait jamais mis en danger pour sauver sa vie… Elle lui devait tant…

C’était ces pensées qui la firent avancer, s’engouffrant plus profondément dans les bois malgré l’exténuation qui se lisait sur son visage. Des perles de sueurs glissaient le long de son front tandis que des mèches rebelles se collaient à sa peau, sa respiration essoufflée. C’était une bonne raison que pour garder le silence et continuer à marcher sans parler. Qu’aurait-elle pu dire à cette personne qui prenait la peine de la secourir sans savoir les conséquences d’un tel acte ? En y repensant, notre lady s’en voulait de n’avoir rien dit sur sa condition mais elle n’avait eu ni le temps, ni l’envie… Elle voulait oublier son passé, ne plus jamais repenser à ce qu’il venait de se dérouler…. Elle n’était ni comtesse ni gitane, elle n’était à présent plus qu’une ombre qui devait se matérialiser pour redevenir quelqu’un dans ce monde. Pour ça, il fallait d’abord oublier la personne qu’elle avait été, reprendre tout depuis le commencement. En serait-elle capable ? L’avenir lui dira…

Soudain, un étrange bruit l’extirpa de ses réflexions, un cri d’oiseau qui semblait extrêmement proche. Immédiatement, Adelyn tourna son visage vers celui de la jeune femme qui l’aidait à porter Cahir, comprenant avec surprise que le hululement venait  d’elle. Était-ce un message codé pour ne pas se faire repérer ? Ça pouvait sembler évident pour la plupart des gens mais notre protagoniste n’avait encore jamais vu en vrai de telles choses… Comment arrivait-elle à faire un tel son ?

Pressant le pas, la pente qu’elles surmontèrent n’était franchement pas forte mais se fut suffisant que pour épuiser les dernières forces de notre comtesse dont la respiration se faisait beaucoup plus lourde. Mine de rien, l’apatride avait un certain poids et l’armure qu’il portait n’arrangeait rien à cela !

Lorsqu’elles furent arrivées en haut de la butte, notre petiote était lessivée tandis que deux nouvelles personnes firent leur apparition. Elles se trouvaient près d’un feu de camps et semblèrent intriguée par la curieuse compagnie de leur consœur.  En temps normal, la jolie rousse se serait présentée et aurait montré une certaine gêne à les importuner de la sorte mais il faut le dire, elle n’avait pas la tête à ça ! Cette dernière était bien trop préoccupée par l’état de Cahir que pour commencer à discuter avec des inconnues comme si de rien n’était, elle ne pouvait tout simplement pas faire les choses ainsi.

Rapidement, elle assista celle qui l’avait aidé, posant délicatement le chevalier sur une surface plus ou moins confortable, s’affaissant à ses côtés tant sa fatigue se faisait sentir. Il fallait qu’elle reprenne son souffle et surtout, qu’elle se calme. Contrairement à ce que pouvait laisser montrer le visage éreinté de la demoiselle, celle-ci ressentait une énorme pression, ses mains ne pouvant s’empêcher de trembloter. Toutes ces choses nouvelles, la peur de perdre un être qui lui était cher… Elle ne savait plus ni comment penser ni comment agir. Perdue au milieu de nulle part avec une femme guerrière et ses acolytes, même ses songes les plus fous ne s’étaient pas imprégnés d’idées aussi grotesques et farfelues ! Si sa paume tremblante ne touchait pas Cahir à l’instant, surement aurait-elle douté de l’authenticité de cette situation.

Mais alors qu’elle restait aux côtés de l’ancien soldat, l’une des phrases que venait de prononcer la belle guerrière sortie tout droit d’un rêve. La pétillante lady se tourna vers ses  « hôtes », ses prunelles d’opaline fixant ces dernières avec une certaine frayeur. E…Elle savait depuis le début qui elle était et pourtant, elle avait accepté de l’aider ? E..Était-elle folle ou simplement inconsciente ? Savait-elle le risque qu’elle encourrait en venant à sa rescousse ? Sa comparse ne semblait non plus inquiétée, s’étonnant juste de la présence de la comtesse en ces lieux. Notre belle enfant ne savait que répondre, ses lèvres se figeant tant elle était surprise que cette étrangère dont elle ne connaissait rien puisse tirer de telles conclusions rien qu’en l’ayant un peu observé ! Ce n’était pas très rassurant mais en fin de compte, c’était un poids qui se dégageait des frêles épaules de notre pimprenelle.

Ensuite la troisième femme, jusqu’alors restée distante, s’approcha d’Adelyn et de Cahir, prenant hâtivement le pouls de ce dernier, son expression faciale n’annonçant rien de bon…. Ni même le mot qu’elle venait de formuler.

O..On leur avait tiré des flèches empoisonnées ?! C’était quelque chose qu’elle ignorait (comme beaucoup de choses, à vrai dire) et savoir que ce n’était non pas la blessure mais le poison qui tuait à petit feu son cher et tendre chevalier lui noua la gorge, complètement chamboulée par cette information. Déjà qu’une simple blessure pouvait avoir de graves conséquences, si en plus on mettait du poison…  A.. Y-avait-il une réelle chance de survivre ? Les minces espoirs de la jolie rouquine sombrèrent en elle, se rendant à l’évidence qu’une guérisseuse ne suffirait pas sans contrepoison. Elle serrait des poings, sa détresse surmontant toute la détermination qu’elle avait cumulée en rejoignant la guerrière.

Elle voulait pleurer mais… I..Il n’était pas encore mort. Elle ne pouvait pas se permettre de verser des larmes alors que celui qu’elle aimait était en vie, luttant contre le mal qui le rongeait petit à petit ! Il fallait qu’elle garde confiance, même si toutes ses attentes étaient dirigées vers la shaman dont l’aura mystérieuse l’imprégnait d’une étrange sensation. La comtesse ne laisserait pas tomber Cahir… J..Jamais.

Mais alors qu’elles retirèrent la flèche et les effets personnels du blessé, la délicate jeune femme  se pétrifiait de plus en plus, sous le choc. Qu’était-ce que ces « Havekars » aux flèches meurtrières… ? E. Était-ce ces elfes qu’elle avait vus aux abords du château ? Qui étaient-ils pour que Grandchester puisse solliciter leurs aides ?

Le plus inquiétant fut lorsque ses yeux embrumés observèrent pour la première fois le torse nu de l’Ashnardien, découvrant les dégâts de la toxique sur son organisme. Elle plaça ses mains sur sa bouche, étouffant ce qui se rapprochait d’un petit couinement. Surement était-il un très bel homme en temps normal mais les marques pâles qui arpentaient la surface de sa peau et les veines sombres qui ressortaient de son épiderme gâchaient tout du spectacle. Des perles de sueurs recouvraient tout son corps mais malgré cela, notre douce lady avait envie de le prendre dans ses bras comme on pourrait le faire à un malade sauf qu’elle ne ressentait nulle pitié, au contraire. E…Elle se sentait coupable et aurait préféré se retrouver à sa place plutôt que de le voir agonisant, trouvant cela injuste qu’il pait pour ses fautes à elle.

Pendant tout ce temps, elle n’avait pas bougé d’un millimètre, complétement perturbée par cette vision d’horreur. Son corps ne réagissait plus, perdant peu à peu le contrôle de ses mouvements. Adelyn ressentait une sensation assez désagréable, son ventre se nouant et ses membres se contractants sans raison apparente.  Des nausées lui prenaient l’estomac mais bizarrement, rien ne sortait… Que se passait-il… ?

Puis, un instant seulement, son esprit fut assez attentif pour comprendre qu’on emmenait celui qui était à la base de toutes ces réactions insolites de sa personne. Sa main s’était enlacée dans celle de Cahir, par réflexe, comme si elle avait peur de ne pas le revoir si elle le lâchait. Ses prunelles brillèrent, complétement perdue.

P..Pourquoi ne pouvait-elle pas le suivre dans cette tente ! P..Pourquoi ces femmes l’empêchaient de soutenir la seule personne qui ne lui avait jamais fait de mal, qui fut là lorsqu’elle avait besoin d’aide !? Qu’allaient-elles lui faire !? P..Pourquoi ceux qu’elle aimait devaient-ils partir d’une manière ou d’une autre !? Non, elle ne voulait pas se défaire de sa main, il fallait qu’elle le sente car après tout, s’il n’était plus, pourquoi donc existerait-elle ? Elle n’avait ni chemins, ni destin… Tous ce qu’elle avait connu, il fallait qu’elle le bâcle sans plus jamais se retourner pour apercevoir les chimères de son passé et, dans sa tête, Cahir était la clef pour lui permettre de réussir cette épreuve…

Et pour ça, fallait-il encore qu’il survive.

C’est en comprenant cela et après avoir entendu les paroles de la chasseresse qu’elle lâcha sa prise, restant assise. Lorsque sa main laissa filler celle de l’apatride, elle ressentit soudain un grand vide, un sentiment de solitude qu’elle n’avait jamais connu auparavant. À vrai dire, elle aimait se retrouver seule. Pourquoi donc avait-elle changé..? Était-ce une bonne chose que… Que de s’attacher réellement à quelqu’un ? Pour notre petiote, s’était la pire torture qu’on ne lui avait jamais fait subir… Son cœur semblait brisé, ne battant que par dépit.

Malgré ses sombres réflexions, la pauvre demoiselle restait en alerte, écoutant tout ce qu’on pouvait lui dire bien que son visage restait imperceptible. Mais étant donné qu’on lui avait toujours appris à regarder ceux à qui on parlait, son regard bleuté contempla la dénommée Danaé.

Ainsi donc, il s’agissait d’Amazones… La comtesse déchue en avait entendu parler mais c’était bien la première fois qu’elle en voyait une pour de vraie. Enfin, trois pour le coup ! De ce qu’elle savait, il s’agissait de femmes braves et fortes mais assez mal vu par les hommes de l’aristocratie. Pour ces derniers, il était impensable que des femmes puissent prendre le fer et combattre comme des hommes ! Savoir qu’elle était tombée sur ces dites femmes aurait dû l’apaiser, lui assurant qu’elles ne travaillaient au nom d’aucun lord, d’aucun prince ou monarque de pacotille. Pourtant, rien n’enleva de l’esprit la représentation du corps de Cahir meurtrit à la fois par sa blessure et par ce poison... Elle aurait dû se réjouir d’être enfin à l’abri… P..Pourquoi cela la laissait-il indifférent ?

Cependant, quoique fusse ses inquiétudes, il fallait au moins remercier ces femmes qui faisaient leur possible pour l’aider. Adelyn observait brièvement ses interlocutrices, s’attardant un instant sur la fameuse Charis avec qui elle échangea un regard. Elle était jolie, comme ses deux autres « sœurs » à vrai dire, et semblait plus discrète que les autres membres de la bande. Mais ce n’était pas le plus étrange… Elle portait en effet une tenue bien particulière, une sorte de… Blouse ? Et un pantalon au drôle de coloris. Peut-être que cela se faisait chez les paysans ? Tant bien même, cela n’avait pas vraiment d’importance.*

" E…. Enchantée Danaé… Et Charis. Comme vous l’avez deviné, je fus en effet la « fiancée » du Lord Grandchester. "

*Sa voix était peu confiante, toujours bouleversée, un brin trop faible peut-être ? Elle avait dit les derniers mots avec un timbre beaucoup plus dur, presque dégoutée par la signification de ce qu’elle venait de prononcer. D’un seul coup, l’image d’Eric l’embrassant dans la cave, de ses yeux lubriques la dévorer du regard tandis que ses mains caressaient sa poitrine… Immédiatement, ses prunelles se baissèrent, sentant la honte lui monter aux joues. Ses interlocutrices ne pouvaient pas deviner ce à quoi elle pensait mais notre délicieuse rousse avait l’impression d’avoir été sali, qu’on pouvait voir ce qu’il s’était passé rien qu’en la fixant. Elle poursuivit difficilement ses maigres paroles.*

" Je fus… Je ne suis pas sûre de le devenir un jour même si je me retrouve entre ses mains. M..Mais s’il vous plait… A…Appelez-moi Adelyn. "

*Elle laissa échapper un soupire avant d’enfouir son visage entre ses genoux, ne prenant même pas gare à l’accoutrement dans lequel elle était vêtue. Celui-ci était maculé de boue et n’était plus trop présentable… Un détail, certes, mais qui autrefois avait de l’importance pour elle.*

" J..Je vous remercie de m’aider tout en sachant qui je suis… "

*Elle avait murmuré ses paroles, s’efforçant de le dire suffisamment fort pour que les Amazones puissent l’entendre.*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Les Amazones le vendredi 18 juillet 2014, 01:58:13
Elles ignoraient toutes les trois qui était cette femme, mais ça n’empêchait nullement les trois Amazones d’avoir déjà des opinions variées sur elle. Danaé, la plus perverse des trois, se voyait déjà l’engrosser. Elle avait toujours aimé détrousser les nobles, et cette fille, avec sa beauté naturelle, avec sa belle robe blanche, et avec ses manières terrorisées, et la manière exaspérante qu’elle avait de s’accrocher à son chevalier, avait tout de la noble pure souche... Danaé était sûre qu’elle était vierge, ce qui l’excitait davantage.

Charis, de son côté, venait de la Terre, et elle se disait que cette femme était sortie d’un de ces contes pour enfants dont on adorait les gaver pendant l’enfance. L’Amazone avait eu une enfance très difficile. Sa mère avait été capturée par des esclavagistes, et avait tellement été torturée qu’elle en était morte. Charis était une survivante, et elle ressentait envers cette Adelyn des sentiments très contradictoires. D’un côté, elle avait pitié d’elle, de sa solitude, de sa peur à l’idée d’être mariée de force à un individu qui avait l’air répugnant. Cependant, d’un autre côté, elle se disait que cette femme devait s’endurcir, qu’elle tendait le dos pour se faire battre. Les Amazones avaient beau faire jouer la solidarité féminine, et aider toute femme dans le besoin, Charis ne supportait pas les femmes faibles et incapables de se défendre. Ce monde était un monde de brutes, un monde sauvage, rempli d’individus et de prédateurs voulant faire du mal aux femmes. Les Amazones le savaient, et, plutôt que de chercher des chevaliers servants qui finissaient par s’écrouler, elles se défendaient elles-mêmes.

Sonia, enfin, venait de revenir de la tente, et trouvait qu’Adelyn était fatiguée, et avait besoin de dormir. L’Amazone était aussi une Chamane, une guérisseuse, et, comme toutes les guérisseuses, elle avait prêté serment, devant la Déesse-mère, de défendre des vies, surtout des femmes, qu’elles soient Amazones ou non. Son serment impliquait aussi les hommes, mais, en priorité, les devoirs de Sonia impliquaient de sauver une femme par rapport à un homme. Elle venait de limiter l’empoisonnement dans le corps de cet homme, et elle s’assit face à Adelyn, autour d’un feu de camp. Cette dernière venait de se présenter, toute discrète, toute timide, presque effacée, semblant totalement écrasée face aux trois femmes.

La fiancée de Lord Grandchester... En silence, les Amazones digéraient cette information.

« Ce n’est pas un hasard que nous nous soyons rencontrées, Adelyn, intervint alors Sonia. La Déesse-mère t’a mise sur notre route, mais... Si tu veux un conseil... Si tu veux qu’on t’entende, parle à voix haute, et de manière intelligible. Nous ne te ferons aucun mal. »

Sonia adoptait un ton bienveillant et apaisé. Danaé et Charis étaient assises un peu plus loin, et le feu crépitait autour d’elles. Sonia, cependant, savait ce qui tracassait Adelyn. Elle connaissait mieux le reste du monde que Charis et Danaé, de pures Amazones qui étaient rarement sorties des rangs de la Horde. Sonia, elle, avait du voyager dans des temples et dans des académies pour parfaire ses talents.

« Ton mâle est robuste et fort, reconnut Sonia. J’ai pu limiter l’infection, mais il a besoin de repos... »

Elle avait été impressionnée de voir qu’il portait une armure en ébonite, ainsi qu’une épée en verredragon. Ce n’était pas de simples objets qu’on trouvait dans une forge classique, et ceux qui les portaient n’étaient pas de vulgaires marchands. Il y avait quelque chose de spécial chez cet homme, et elle l’avait compris. C’était un guerrier d’élite, un Corbeau Noir ashnardien... Mais que faisait-il si loin de l’Empire ? On n’avait signalé aucun contingent ashnardien à proximité. Est-ce qu’il avait cherché à négocier avec Grandchester ? On disait que ce dernier n’était pas spécialement loyal envers la Couronne nexusienne, et qu’il faisait affaire avec de sinistres mercenaires.

« Il y a un temple hors de la forêt, jeune Adelyn, intervint Danaé. Nous avons pour mission de se rendre dans ce temple et de le protéger contre les hommes de ce Lord Grandchester. Apparemment, il aimerait se débarrasser de ce temple. »

De ce que les Amazones avaient appris, Lord Grandchester était un tyran, qui avait réinstauré chez lui des droits seigneuriaux ancestraux, des abus, comme celui de la première nuit. À chaque mariage, il invitait la mariée chez lui, et lui ôtait sa virginité. Si elle n’était pas vierge, alors c’est qu’elle avait couché avant le mariage, et que, par conséquent, elle était impure, et devenait alors une esclave. C’était un homme cruel et abject, et plusieurs révoltes paysannes avaient déjà éclaté dans le pays. Il avait le soutien du prêtre local, et le bailli, qui était censé représenter la justice, était grassement payé pour fermer les yeux. Le prêtre, un pervers, se réfugiait derrière les Écritures pour justifier ce droit de première nuit. Elles avaient assisté à ces noces, elles avaient vu, la mort dans l’âme, des séances de flagellation publique sur des catins. Lord Grandchester régnait par la terreur, et le temple de la Déesse-mère à proximité l’énervait. Les femmes à l’intérieur n’hésitaient pas à défier l’autorité de l’église, ainsi que celle du bailli, soignant des femmes, ou les recueillant. Il y a quelques semaines, les hommes de Lord Grandchester avaient tenté d’attaquer cet endroit, mais avaient été repoussés par les talismans magiques sacrés protégeant cet endroit, ainsi que par la foi de la prêtresse-mère. Cette dernière avait ensuite envoyé un corbeau aux Amazones, et la Reine y avait répondu, en envoyant trois éclaireuses. S les faits étaient avérés, elles devraient prévenir les autorités compétentes, mais ne surtout pas déclencher une guerre. La Reine-mère ne voulait pas que la Horde se heurte davantage à Nexus, et, surtout, à l’Ordre Immaculé.

En somme, la situation était sous tension, instable, et les Amazones erraient dans la forêt, cherchant des camps de brigands, essayant de sécuriser la région. C’est ainsi qu’Adelyn était arrivée près d’elles. Superstitieuses, elles ne croyaient pas à une coïncidence.

« Tu iras voir ton mâle plus tard, Adelyn, intervint Charis. Pour l’heure, il te faut manger, et nous dire qui tu es. La Déesse-mère t’a envoyé à nous pour que nous te protégions, et quelque chose me dit que tu en as bien besoin. »

Charis s’était relevée, jaugeant Adelyn d’un air soupçonneux. Elle se rapprocha du feu. Les Amazones avaient installé des bouts de bois solides tout autour, et y avaient fait des brochettes de viandes. Elles avaient chassé des animaux sur les terres de Grandchester, faisant du braconnage. Charis balança à Adelyn une écuelle en bois, tout en continuant à parler.

« Sais-tu manier l’épée ? La dague ? Non, je le vois. L’arc ? Non plus. Te battre ? Encore moins. Et, si tu crois que Lord Grandchester est une exception dans ce monde, alors tu es bien sotte. Nous vivons dans un monde d’hommes, un monde cruel, où les mâles nous voient comme du gibier de potence. »

Elle lui tendit la brochette, et se rassit alors. Elle était sévère, sûrement la plus stricte des trois. Danaé l’aurait été aussi, si elle n’était pas aussi perverse.

« Ici, tu es en sécurité, confirma Charis. Mange, et ne te préoccupe pas de ton mâle. Si la Déesse-mère le veut pour te protéger, il vivra. Mange, et dis-nous qui est ce Grandchester. Dis-nous pourquoi tu étais avec lui, et ce que tu envisages de faire... »

Des questions très précises, qui avaient pour but de forcer Adelyn à réfléchir, à utiliser ses méninges. De cette manière, elle aurait quelque chose sur laquelle penser, et elle éviterait de continuer à penser à Cahir. Sonia, de son côté, était en train de préparer une petite potion.

Une mixture destinée à Adelyn, qu’elle lui verserait en temps utile.
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le lundi 21 juillet 2014, 17:12:58
*Adelyn restait recroquevillée sur elle-même, dans sa coquille vide, qui ne laissait plus la moindre place pour des sentiments autre que la culpabilité, la peur et la tristesse. Malgré la présence des deux Amazones, notre désirable demoiselle se sentait seule, épuisée et n'arrivant tout simplement pas à se retirer Cahir de la tête, son corps meurtri et étrangement, ses prunelles turquoises. De perles scintillantes qui lui avaient offert la plus belle chose au monde... La compassion. Certes, Cahir n'avait pas été un chevalier exemplaire au départ de leur récente rencontre mais... Il s'était largement fait pardonner et c'était à elle, de le sauver.

Mais ici, elle était inutile, comme d'habitude. Ne sachant ni soigner, ni se battre, à quoi pouvait-elle être bonne? À servir d'agréable compagnie, tel un objet ou un chien que l'on promène avec soi? La comtesse déchue aspirait pourtant à être quelqu'un, à être autre chose qu'un fardeau ou une décoration dans un château. Quand cela lui serait-il possible? Quand serait-elle autre chose que la jeune fille fragile qui a besoin d'être dans un cocon pour survivre?

Perdue dans ses réflexions, il fallut l'arrivée de la shaman du groupe pour l'en extirper. Immédiatement, notre jolie rousse regarda en sa direction, ses iris bleutés l'observant intensément. Comment se portait Cahir? Avait-elle réussi à stopper le poison qui rongeait le seul être qui importait dans sa misérable existence?  Elle voulait savoir mais aucun son sortit d'entre ses lèvres, tant la nervosité habitait tout son être. La peur de peut-être entendre des mots qui lui annoncerait la mort de l'Ashnardien était telle qu'elle en oubliait presque toute les questions qu'elle s'était posée sur sa propre vie, oubliant également la présence des deux autres guerrières qui l'examinaient.

Sonia, puisqu'elle se dénommait ainsi, s'adressa à notre petiote terriblement angoissée d'une voix sereine et bienveillante, comme s'il s'agissait d'une enfant qu'il fallait réconforter. Ce n'était pas bien loin de la réalité car si Adelyn avait un corps de femme, son esprit était encore bien trop candide, trop juvénile que pour correspondre à celui d'une gente Dame... Oui, malgré tout ce qu'elle venait de subir, malgré qu'elle ne soit plus aussi innocente qu'auparavant, la belle n'en était pas moins plus naïve que la majorité de la population.

Elle écoutait attentivement les paroles de son interlocutrice, filtrant toutes les informations susceptibles de correspondre à ses attentes.  Cette dernière lui demanda de parler de manière plus distinct, de s'ouvrir à elles, qu'elles ne lui feraient aucun mal.

Notre protagoniste hocha de la tête, n'osant pas interrompre la shaman, en guise de réponse. Se faire entendre serait un exercice difficile pour bien des raisons... Déjà, notre demoiselle à la chevelure enflammée n'osait pas s'exprimer... La seule fois où elle s'était affirmée était lorsqu'elle était enfermée dans cette cave, dans les bras de Cahir, lorsqu'elle lui avait crié dessus en prônant haut et fort qu'elle le détestait. Oui, elle l'avait détesté de l'avoir laissé entre les mains d’Éric mais... Elle s'en voulait qu'il ait pu entendre de telles sottises. C'était la seule fois où elle s'était vraiment lâchée et ça ne risquait pas de se reproduire de sitôt!

Deuxièmement, elle était terriblement fatiguée. Tous ces évènement et surtout, le fait qu'elle n'ait presque pas dormi et qu'elle venait de porter Cahir avec son armure lui avait puisé toutes ces forces... Son état était déplorable alors, utiliser ses dernières réserves d'énergie pour parler fort, cela semblait être obsolète. Toutefois, elle ferait un dernier effort, pour cette femme qui tentait de sauver l'apatride...

Puis, enfin, Sonia lui annonça LA nouvelle qu'elle attendait. À vrai dire, elle n'y croyait plus alors, les paroles que venait de prononcer la shaman l'emplissaient d'une drôle de sensation. Cahir avait une chance de vivre, il avait besoin de repos mais... Il pouvait survivre. Le temps d'analyser l'information, la rouquine se remit à trembler et ne put s'empêcher de laisser couler quelques larmes, sanglotant doucement. Elle essayait de se retenir devant la guérisseuse mais, c'était plus fort qu'elle.

Cependant, contrairement à toutes les fois où elle s'était mise à pleurer, ici il s'agissait de larme de joie, de soulagement. Elle avait beau être dans un des états les plus pitoyables au monde, notre protagoniste se montrait adorablement touchante, un sourire s'immisçant sur ses lèvres rosées alors qu'elle hoquetait légèrement sous le coup des émotions. Elle n'avait qu'une seule envie, prendre dans ses bras l'Amazone qui venait de sauver la vie de son bel et tendre, et la remercier.

Mais avant qu'elle n'ait pu faire quoique ce soit pour montrer sa gratitude, Danaé se mise à lui parler, lui expliquant brièvement la raison de leur venue salvatrice. Elle énonça la présence d'un temple sur le Domaine de Grandchester, que ce dernier voulait détruire, et qu’elles devaient protéger. Adelyn était certes la fiancée du Comte, mais elle ne connaissait que trop peu la région, n'ayant jamais grandi dans cet endroit. Cependant, il lui avait semblé avoir entendu parler du temple... Elle ne savait plus à quel moment mais qu'importe, au moins elle savait plus ou moins de quoi parlaient ses "hôtes". Mais que pouvait-elle faire à cela? La comtesse déchue avait certes prouvé son courage en se sortant des griffes de son mari mais, cela ne faisait ni d'elle une guerrière, ni d'elle une révolutionnaire. Déjà changer sa propre existence semblait être un défi volant au-dessus de ses moyens mais alors, changer la vie des serfs du Lord semblait irréalisable.

Charis s'approcha d'elle, lui disant de manière claire et nette qu'elle devait faire abstraction de Cahir. Ce qui gênait légèrement notre jolie rousse était le fait que la jeune femme en face d'elle ait pu dire "TON mâle"...  Pensaient-elles qu'ils étaient... Ensemble? À dire vrai, notre protagoniste n'était pas du tout insensible à lui, l'ayant même avouer alors qu'ils étaient seuls, mais l'entendre d'une autre personne la faisait rougir terriblement... Cahir lui avait prouvé qu'il tenait à elle, qu'elle comptait à ses yeux mais... Ressentait-il cette même affection..? Notre belle enfant ne voulait pas espérer pour rien...

La jeune Amazone à la tenue déconcertante continua à son monologue, lui expliquant qu'elle devait manger, reprendre des forces et expliquer qui elle était. Aussi, pour elle, leur Déesse les avait mises sur son chemin pour l'aider.

Absurde... Pour la rouquine, il s'agissait d'une pure coïncidence car aucuns dieux n'avaient jamais daigné l'aidé auparavant. Pourquoi lui faire subir autant de choses, de mésaventures si c'est pour la sauver en lui envoyant un chevalier, une shaman et deux guerrières? Certes, c'était troublant de voir qu'un tel miracle ce soit produit mais elle ne voulait plus croire en un quelconque dieu...

Charis continuait sur sa lancée, lui envoyant un bout de bois, et lui demandant clairement ses habilités au combat... Avant même de pouvoir lui répondre quoique ce soit, son interlocutrice remarqua allégrement qu'elle ne savait rien faire de tout ce qu'elle avait énoncé. Adelyn baissa son regard au sol, quelque peu honteuse d'être, comme elle venait de le dire, aussi "sotte". Ce sermon lui fit mal mais, l'amazone ne soulevait que des réalités... Cependant, était-ce sa faute si elle avait vécu en tant que noble? Était-ce sa faute si elle était tombée sur un des pires mariages de tous les temps? Finalement, était-ce sa faute si la vie qu'elle voulait avoir été semé d'embuches?

Elle restait la tête baissée, comme une enfant qu'on réprimande, avant que son "instructrice" lui tende une brochette afin qu'elle se nourrisse. Elle la prit doucement, du bout des doigts, regardant la viande, quelque peu déroutée. Ça ne ressemblait en rien aux mets raffinés qu'elle pouvait consommer auparavant mais ça lui semblait... Bon.

La candide demoiselle regardait ces trois sauveuses et voyait qu'elle était la seule à manger. Elle se sentait terriblement observée et n'aimait pas être le sujet des attentions, bien que ce fût normal qu'elle le soit. Que faire? Répondre à leurs questions ou d'abord manger...?

Son estomac répondit à sa place, gargouillant d’une manière peu élégante. Immédiatement, ses joues prirent une teinte rougeâtre, terriblement embarrassée. Peut-être que ces guerrières n'avaient pas les même notions des manières à adopter qu'elle mais entendre ce bruit disgracieux venant tout droit de ses entrailles n'était pas ce qu'on pouvait considérer de "maniéré". Alors, pour stopper ces bruits peu appétissants, la belle commença à manger la brochette, se retenant de ne pas dévorer le tout en une fois. Ben oui, qu'on le veuille ou non, Adelyn avait eu une éducation stricte et manger comme une barbare n'était pas une possibilité envisageable, aussi affamée pouvait-elle être!
Cela lui fit le plus grand bien et malgré l'aspect repoussant de la viande ainsi présenté, ce maigre repas fut des plus appétissants!

Après quoi, la petiote commença enfin à parler, un peu timide mais ayant un volume de voix des plus audibles!*

"E....Encore merci pour ce repas. Il était délicieux!" Dit-elle avec un sourire aux lèvres. "Je vous suis éternellement reconnaissante..."

*Elle soupira, fatiguée par tout ce qu'elle avait vécu. Le sommeil la guettait mais elle comptait bien répondre à ces Amazones, leur devant bien ça! Elle se tourna vers Charis, répondant à l'ensemble de ses questions.*

"C...Comme vous le savez donc... Je suis Adelyn Crawford, Comtesse et par-dessus tout, la fiancée de Grandchester... Comme toutes femmes de l'Aristocratie Nexusienne, les familles de ces dernières sont chargées d'organiser des mariages arrangés pour plusieurs raisons, dont celles de préserver les richesses... C...C'est comme cela que j'ai été promise à cet homme..."

*La jeune femme à la chevelure flamboyante fit une petite pause, ayant du mal à ainsi se livrer. Elle ne comptait pas tout raconter mais, rien que de citer ces évènement la rendait affreusement nerveuse.*

"Suite à cela, j'avais le devoir de retrouver mon futur époux dans sa demeure, afin d'organiser le mariage sur ses Terres. J...Je ne voulais pas de cette vie mais... Que pouvais-je faire d'autres? J..Je ne m'étais pas révoltée, n'ayant absolument rien à dire et ne connaissant rien du monde qui m'entourait. Je connaissais la réputation du Lord Grandchester et j'étais terrifiée... Lorsque je suis finalement arrivée chez lui, il a essayé de...... De me violer avant notre mariage... J...J'étais perdue, je... Je ne savais plus où j'en étais et finalement, j'ai réussi à m'enfuir."

*La belle marqua à nouveau une pause. C'était maintenant que dans l'histoire, Cahir apparaissait... Dire qu'il était là pour la redonner à son bourreau n'était peut-être pas la solution la plus envisageable. Elle préféra donc un peu modifier la réalité...*

"C'est à ce moment que j'ai rencontré Cahir... Il m'a retrouvé et... Et on s'est fait prendre par les troupes qu'avait envoyé Éric, enfin, je veux dire le Comte. Ils étaient nombreux et on a été obligé de les suivre, Cahir se faisant passer pour un mercenaire... Ce qui se passa ensuite, c'est que mon futur mari a voulu me faire payer l'affront que je lui avais porté... Cahir est parvenu à me sauver a temps et... On a réussi à se sortir du château... Il a été gravement touché pendant notre fuite et la suite... Vous la connaissez."

*Elle avait des sueurs froides, tentant d'oublier tout ce qu'elle avait fait... Devoir tout raconter ne lui fit pas vraiment du bien, et même si ça l'occupait, elle avait la gorge nouée, complément abattue.

Adelyn releva ses prunelles bleutées, observant ces jeunes femmes, jusqu'à tourner son regard vers Charis, celle qui avait été la plus dure avec elle... Ses perles cristallines montraient une sorte d'inquiétude mais également une lueur... Un petit reflet nacré qui se mit à pétiller doucement.*

"J... Je ne sais pas me battre... Je n'ai jamais voulu savoir faire ce genre de choses... E..Et je sais bien que le monde est plus noir qu'il laisse paraitre... J..Je n'ai pas voyagé comme vous mais... J'ai suffisamment vécu de choses en un jour de liberté que pour me faire une opinion et seule... Je sais qu'il m'est impossible de survivre... Et pour tout vous dire, je ne sais pas ce que je peux faire maintenant que je suis en dehors de ma prison dorée... J... Je n'ai nul part où aller et ce "mâle", comme vous le dites, est l'unique personne qui me rattache à ce monde... M...Mais une chose est sûre.... C..C'est que pour rien au monde je ne changerais quelque chose à ma décision de quitter mon ancienne vie..."
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Les Amazones le mardi 22 juillet 2014, 01:24:37
Danaé la trouvait franchement mignonne. Malgré ses airs de sauvageonne, elle aimait bien les aristocrates dans leur belle robe ample, leur corset, et leur corps manucuré. Elles se mettaient du parfum, entretenant leur capital beauté afin de plaire à des outres à vinasses même pas foutues de leur faire plaisir au lit. Adelyn était une vraie caricature. Elle n’osait pas les regarder, rougissant comme une pastèque. Ce n’était pas une femme, c’était une femmelette. Si elle était au sein de la Horde, on se moquerait d’elle afin de l’endurcir. Une vraie petite poupée. Mais elles n’étaient pas au sein de la Horde, et Danaé ne pouvait nier qu’elle aimait bien cette femme, et qu’elle se voyait bien la former. Elle s’attendait déjà au discours d’Adelyn. Une comtesse en fuite avec un beau chevalier ténébreux... Quand elle se mit à parler, Danaé ne fut qu’à moitié surprise. Un mariage arrangé... Quelque chose d’extrêmement classique à Nexus, et dans les États seigneuriaux traditionnels.

Tandis qu’Adelyn mangeait sa brochette avec une lenteur incroyable, les Amazones, elles, plantaient leurs dents ans des chairs juteuses. Charis s’attaquait à une cuisse du poulet, crachant la chair dans le feu, avant de s’y attaquer à pleines dents, se salissant les doigts sans aucune gêne. Adelyn, elle, faisait tout son possible pour ne pas se salir les doigts, et voir sa belle petite bouche remuer pour avaler la brochette était délicieux. Danaé craquait sur elle, s’étonnant elle-même de ce sentiment qu’elle pouvait ressentir pour cette petite poulette.

*Ouais... Je vais la former, ça va être fendard...*

Il n’était pas étonnant de comprendre pourquoi ce Cahir avait volé à son secours. ¨Pour une belle dame, on n’hésitait pas à se sacrifier. Danaé était sceptique, oui, car elle n’aimait pas spécialement les mâles, mais, même malgré ses réticences à leur faire confiance, elle reconnaissait en lui une certaine bravoure. Il avait sauvé cette femme au milieu du fort ennemi, affronté une garnison entière, et s’était même fait blesser... Oui, c’était un brave, un guerrier. Danaé lui reconnaissait ça. Cette pauvre fille était secouée.

Adelyn, en tout cas, était résolue à ne plus être un objet, et Danaé hocha la tête.

« C’est une sage résolution, Adelyn Crawford. Tu es une femme, le sexe béni par la Déesse, le sexe qui porte la vie et enfante le monde. Tu n’es pas un objet devant lequel des mâles idiots peuvent se pavoiser en te fourrant pour porter leurs héritiers. Coucher avec une femme devrait être un honneur, et ces mâles arrogants devraient nous supplier de nous ouvrir notre corps, plutôt que de l’assaillir sans notre autorisation. »

Les deux autres Amazones ne pouvaient qu’acquiescer silencieusement devant cette explication, qui était conforme à la philosophie des Amazones. Danaé se rapprocha d’Adelyn. Charis, elle, soupirait silencieusement. Elle comprenait ce que Danaé voulait. C’était une perverse, avec un grand cœur. Trop émotive. Sonia, elle, continuait à préparer sa potion. Danaé, de son côté, posa une main sur l’épaule d’Adelyn en lui souriant, et s’assit à côté d’elle.

« Tu dois apprendre à t’endurcir, Adelyn Crawford. Tu dois apprendre à te protéger sans devoir systématiquement compter sur les autres pour veiller sur toi. Tu es belle, Adelyn Crawford, très belle, même. Seul un fou prétendrait le contraire. »

Danaé appuya son geste en tendant sa main, caressant les joues bouillantes de la prétendue Comtesse, qui se recroquevillait sur place, terriblement nerveuse. Elle avait du avoir une enfance difficile, marquée par la soumission et les brimades. On lui avait enseigné à être un objet, et non à être une femme. Quelle horrible éducation !

« Cette beauté est ta meilleure amie, mais aussi ton pire ennemi, car elle attire à toi bien des gens qui voudront en profiter. Le monde est rempli de pourritures infâmes comme Grandchester qui méritaient qu’on les castre et qu’on leur fasse bouffer leurs propres couilles ! Mais, si ce monde était juste, les femmes le domineraient. »

Danaé restait proche d’elle, et posa alors un baiser sur son front.

« Tu as le droit de pleurer, Adelyn Crawford, et je te promets que plus personne ne te forcera à faire quelque chose que tu ne veux pas...
 -  Bois ! »

Une voix autoritaire venait d’interrompre Danaé, et, quand cette dernière tourna la tête, elle vit la main tendue de Sonia devant le nez d’Adelyn, lui offrant le gobelet. Sonia avait agi pour le propre bien de Danaé, en entendant cette dernière multiplier les bêtises et les absurdités.

« C’est une tisane qui t’aidera à t’endormir. Bois-là. »

Le ton de Sonia ne lui laissait pas vraiment le choix.

Dès qu’Adelyn but cette potion, elle tomba comme une masse, s’écroulant sur l’épaule de Danaé. Cette dernière fut honnête.

Elle ne la viola pas.

Mais elle la déshabilla.



Quand Adelyn devait se réveiller, les rayons du soleil éclaireraient la tente dans laquelle on l’avait posé... Une tente étroite, dans laquelle il ferait une chaleur infernale. Ils étaient en effet deux à dormir dedans. Cahir, couché sur le dos, et Adelyn, posée contre lui, les deux étant nus, sous une légère couverture. On pouvait entendre les oiseaux gazouiller, les bruits de la Nature.

Il n’y avait aucune trace de la belle robe d’Adelyn dans sa tente. Cette dernière se trouvait en réalité dehors, suspendue à un cordon au-dessus d’une petite rivière dans laquelle Danaé était en train de se baigner. Charis, elle, montait la garde dehors, et Sonia, dans un coin, méditait magiquement, assise en tailleur.

Et Adelyn, elle... Et bien, elle était toute nue dans la tente, avec, pour seuls vêtements à proximité, une courte tenue d’Amazone rouge (http://images1.fanpop.com/images/image_uploads/Xena-Gabrielle-Promo-Image-renee-oconnor-1188224_878_1200.jpg).

Et elle était couchée sur le torse de Cahir, qui semblait profondément endormi.

N'était-elle pas gâtée ?
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Adelyn Crawford le jeudi 24 juillet 2014, 16:02:05
* Malgré la précarité de la situation, la jolie comtesse restait égale à son image de petite aristocrate, tandis que les trois Amazones commençaient à manger leur repas d'une manière peu raffinée. Sous ses prunelles d'opaline, elle pouvait « admirer » ce spectacle singulier, abasourdie. N'avaient-elles pas mangé depuis une semaine pour ainsi se jeter sur la nourriture? Malgré sa faim, Adelyn ne pouvait se laisser aller de la sorte, continuant à déguster aussi lentement que possible, comblant petit à petit le vide qui se creusait dans son estomac.

Pendant le repas, elle observait timidement ses trois hôtes, tentant de se faire une idée de leur personnalité. Elle n'était pas très douée dans ce domaine mais cela ne lui coûtait rien d'essayer. Sonia semblait être la plus sage, la plus réfléchie... Peut-être était-ce seulement l'impression qu'elle avait suite au sauvetage de Cahir mais... La shaman avait quelque chose de spécial dans son aura, à la fois apaisant et solennel. Charis, elle, était une véritable énigme aux yeux de notre petiote. L'humaine portait cet accoutrement ne ressemblant en rien à ce qu'avait pu voir la rouquine auparavant et, malgré cette aménité se lisant dans les traits de son faciès, il n'en était rien. Comme elle lui avait démontré, c'était une véritable combattante avec de fortes convictions. Le genre de femme qu'aurait aimé être notre protagoniste, le genre de femme ayant réussi à se distinguer dans ce monde barbare et cruel. Pour finir, ses perles bleutées se posèrent sur Danaé. Cette dernière semblait également être une guerrière avisée mais, contrairement au regard de Charis, le sien était troublant... Le peu de fois où leurs prunelles s'étaient croisées, la jolie rousse avait été extrêmement embarrassée, comme si cette femme la déshabillait de son regard sombre... Oui, c'était assez perturbant, et cela ne faisait qu'augmenter la gêne de notre protagoniste aux joues rosées.

Après qu'Adelyn eut fini son récit, cette dernière resta silencieuse, repensant à nouveau à Cahir... Elle espérait du plus profond de son être que son bienfaiteur ait la force de s'en sortir. I...Il ne pouvait pas l'abandonner... Pas maintenant, pas après l'avoir sorti de cet abîme sans fin. Il ne pouvait pas la laisser seule, elle avait tant besoin de sentir encore une fois ses bras autour d'elle et d'entendre cette voix placide qui arrivait à la rassurer. Quoiqu'il avait pu faire auparavant il méritait, lui aussi, de vivre... Il n'avait cessé de lui répéter cette phrase pour qu'elle ait la bravoure de se libérer de ses chaines qui l'entravait et maintenant, c'était à lui de trouver cette force pour survivre. Il avait beau ne plus avoir de nom, d'avoir été un renégat aux yeux de sa patrie... E...Elle l'aimait. À ses pensées, lui seul comptait...

La gorge nouée et toujours recroquevillée sur elle-même, une voix familière l'extirpa de ses réflexions mélancoliques, la ramenant à la réalité.

La comtesse déchue écoutait les paroles de l'Amazone, rougissant à mesure où elle pouvait entendre l’indécence des mots de son interlocutrice. Déjà qu'entendre cela d'un homme l'aurait gênée au plus haut point alors, qu'une femme puisse les dire sans aucune difficulté, c'était... Insolite! Cela n'aurait pas dû lui faire une grande différence mais, Adelyn avait toujours vécu dans un univers ou la moindre parole déplacée pouvait être châtiée alors, entendre un tel vocabulaire la laissait littéralement sans voix.

Cependant, si elle faisait abstraction des mots et n'en retenait que la signification, Danaé disait des choses qui la réconfortaient dans l'idée qu'elle n'était pas complètement aliénée et qu'après tout, elle avait eue raison de s'enfuir. Cela semblait futile mais, savoir qu'elle agissait d'une manière sensée la rassurait. Tous lui avaient dit que s'enfuir était la pire des choses à faire et voilà qu'une femme arrivait enfin à la comprendre... C'était un réel soulagement mais, lorsqu'elle sentit cette main se poser sur son épaule, elle ne sut se détendre complétement, un peu nerveuse. Elle n'avait su contrôler cette contraction corporelle, ayant trop de fois été leurré par une soit disant sympathie pour après se faire violemment frapper... Sa sœur, sa gouvernante, Narcisse et pour finir, Éric Grandchester. Tous avaient utilisé ce stratagème pour apaiser la demoiselle pour mieux la diminuer par la suite... Elle se doutait que l'Amazone n'allait rien lui faire de mal mais... C'était un réflexe. Son corps en avait trop subi pour pouvoir se détendre... La seule personne capable d'un tel miracle se trouvait dans une tente, luttant pour préserver sa vie.

Danaé continuait à lui parler, lui disant clairement qu'elle devait s'endurcir. La candide demoiselle le savait, ce n'était pas nouveau mais... Ce n'était pas aussi facile qu'elle pouvait le laisser croire. À chaque fois qu'elle avait tenté de se révolter, elle l'avait payé au centuple. On l'avait brimé et la fois ultime où elle s'était défendue, son corps n'avait pas supporté. Oui, elle repensa à nouveau à ce moment dans les sous-sols du château, lorsque le poignard qu'elle tenait en main s'était dans la chair de ce capitaine qui avait lui aussi, tenté de la souiller. C...C'était une légitime défense mais dès cet instant, le corps de notre donzelle avait rejeté tout ce qu'il pouvait, que ça soit en larmes ou par la bouche... Rien qu'à cette idée de devoir renouveler cette expérience, son corps tremblait, malgré la présence de l'Amazone. Son être tout entier refusait de faire du mal et malheureusement, si elle devait se protéger, cela venait à commettre des fautes. Dans sa tête, défilait l'instant où elle pouvait voir la lumière s'éteindre dans les prunelles du soldat, sentir ce liquide pourpre sortir des entrailles de sa victime pour salir ses mains à la peau délicate... C'était abominable. S...Si elle n'avait pas senti le frôlement de l'amazone sur sa joue et si elle ne pensait pas non plus à Cahir, elle se serait remise à pleurer...

Cette douceur sur sa peau, Adelyn la connaissait encore trop peu et cela la rendait agitée, ne sachant pas comment réagir face à cette tendresse soudaine de la guerrière. Elle lui disait qu'elle était belle, très belle même, que c'était une arme qu'elle pouvait utiliser à son avantage mais qui lui causerait également pleins de soucis. La petiote tourna son visage vers son interlocutrice, plongeant ses prunelles dans les siennes, malgré sa gêne apparente. Depuis peu, tout le monde ne cessait de lui répéter qu'elle était jolie mais... Pourquoi donc ne voyait-elle pas cette beauté? Elle avait l'impression d'être tout à fait normale, loin d'être cette créature désirable que tout le monde contemplait. Sa sœur, Gretchen, n'avait cessé de lui répéter qu'elle n'était rien qu'un résidu de l'humanité n'ayant pas la moindre valeur aux yeux du monde. Notre rouquine n'appréciait pas tellement son ainée mais ces paroles l'avaient tourmenté pendant des années, n'ayant comme refuge que les quatre murs de sa chambre. Et voilà qu'un nombre incalculable de personne reniait tous ce qu'elle croyait juste... P...Pourquoi était-elle la seule à ne pas se trouver plaisante, ni même mignonne, à vrai dire..?

Soudain, elle se remit à rougir de plus belle, en entendant ce que Danaé pensait de son ex fiancé. Cette dernière serait surement aux anges si elle savait ce qu'avait pu faire Cahir au Lord. Cela aurait dû faire sourire notre naïve demoiselle mais celle-ci était bien trop préoccupée et surtout, le baiser que venait de déposer l'Amazone sur son front la déstabilisa complétement! P...Personne n'avait eu une réaction aussi touchante avec elle, aussi... Tendre. La belle restait bouche-bée et lorsque Danaé lui fit la promesse de la protéger, elle voulut pleurer à nouveau... Et c'est ce qu'elle fit, sans s'en rendre compte.

La guerrière avait dit exactement les mêmes mots que Cahir, avait réagi de la même sorte que l'apatride. Ces paroles la touchaient tellement que les larmes coulèrent lentement sur ses pommettes, tandis que sa respiration s'accélérait. P...Pourquoi une telle gentillesse...? C'était tellement inhabituel qu'Adelyn ne savait même plus ce qu'elle faisait, fermant ses prunelles en se tenant le visage entre ses frêles mains. C...Comment pouvait-elle être forte si à la moindre émotion, elle se mettait à pleurnicher comme une môme? Elle se sentait si sotte, et aussi stupide que cela puisse paraitre, les paroles de Danaé lui avait fait plus de mal que de bien, lui rappelant Cahir et surtout, la faiblesse qu'elle incarnait. Ce monde qui séparait les trois Amazones de notre comtesse était trop grand. Comment pourrait-elle le franchir, elle n'était pas comme ces femmes, elle ne le serait jamais.

La demoiselle se frottait les yeux, tentant de retenir les larmes et se concentrait sur sa respiration, comme elle avait dû faire pendant des années. Sonia, voyant cela, lui tendit un gobelet contenant, apparemment, une tisane.

Adelyn, fatiguée et complétement à bout, prit la boisson et l'ingurgita rapidement, sans réfléchir. Elle n'avait plus la force de raisonner, plus la force de supporter... En buvant ce breuvage, la fragile enfant eut l'impression de recevoir un coup de masse sur le crâne et, aussi rapidement qu'elle avait cessé de pleurer, le sommeil la gagna, s'écroulant contre Danaé...*

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*Une chaleur horripilante harassait le lourd sommeil de notre comtesse qui commençait doucement à émerger, posée contre un matelas chaud. Les yeux clos et encore un peu embrumée, ses mains fines, à la peau onctueuse caressaient sans même le savoir le torse de Cahir. Elle se sentait légère, sans l'ombre d'un voile pour gêner ses mouvements. Pour tout dire, elle avait l'impression de planer, sa tête posée contre les pectoraux de son chevalier servant, alors qu'elle pensait qu'il s'agissait d'un oreiller.

Puis, un moment, ses prunelles s'ouvrirent, bercée par le chant mélodieux des oiseaux et du vent soufflant contre les feuilles des arbres. Elle avait l'impression que sa nuit avait portée conseil, se réveillant après un long cauchemar. Ce dernier restait bien ancré dans sa mémoire mais, ce début de journée commençait si bien qu'elle avait l'impression que les songes du passé ne viendraient pas la tourmenter.

Et là, notre aristocrate put observer où elle se trouvait et surtout... Sur qui.

Elle restait pétrifiée, dans l'incapacité de bouger un seul muscle, tendue au maximum. Q... QUOI!? E...Elle venait de se réveiller, ç... Ça ne pouvait pas être un rêve! M...Mais comment!?

La jeune femme était tétanisée en découvrant sa position. Elle était nue mais surtout, elle était posée contre un homme qui n'était autre que Cahir. Celui-ci avait certes encore des blessures mais sa respiration constante démontrant que son état de santé c'était stabilisé. M...Mais surtout.... Que c'était-il passé!!!!!!!!?

Elle n'avait jamais dormi avec un homme à la base mais alors, se retrouver sous la même couverture que l'ancien mercenaire, en tenue d'Eve... Ce fut amplement suffisant pour qu'elle devienne aussi rouge qu'une tomate. Q..Que devait-elle faire!? L...L'avait-il vu?! Un flot de question la taraudait mais aucune réponse vraiment logique n'arrivait à la combler. Le réveiller? JAMAIS! E.... Elle ne pouvait concevoir qu'il la voit ainsi, ou du moins pas dans de telles circonstances. M...MAIS NON! Il l'avait déjà vu mais... Mais non, elle ne pouvait pas le réveiller! Devait-elle partir comme si de rien n'était...? C..Comment!? Elle n'avait pas d'habits et si elle se mettait à bouger, la demoiselle risquait fort de réveiller son partenaire... Faire semblant de dormir? Non plus! S'il se réveillait, il penserait qu'elle s'est glissé malicieusement dans son lit et la prendrait pour une fille de mauvaise vie.

Adelyn était complétement bloquée, ses joues ne s'arrêtant point de rougir, sa respiration saccadée et son cœur battant à un rythme effréné. Sa poitrine était plaquée contre Cahir et elle pouvait sentir l'une de ses jambes effleurer...... L'entre jambe de l'ancien soldat. À cette pensée, elle arrêta de respirer, comprenant rapidement qu'il était lui aussi, nu comme un ver. ...Mais que s'était-il passé!? L...Le savait-il...? Les Amazones l'avaient-elles drogués au point qu'elle ne se souvienne plus de... De sa première nuit d'Amour?

La jeune femme lâcha un couinement, complétement déboussolée. N..Non, ce n'était pas possible! E...Elle n'avait pas pu faire ça et ne pas s'en rappeler, surtout avec Cahir... Sa chevelure flamboyante était lâchée et glissait le long de son dos, ondulant délicatement comme une cascade enflammée. La belle tremblait, perdue. Un vêtement, juste un seul! Ses prunelles azures cherchaient dans la tente un habit et finalement, virent quelque chose pouvant convenir.

La tâche fut ardue, il fallait qu'elle se lève sans réveiller son partenaire. Alors, elle se releva, retirant sans faire exprès, la couverture qui couvrait nos deux tourtereaux. À ce moment, elle se figea et détourna tout de suite le regard... Si elle cachait le corps de Cahir de sa vue, elle n'avait su empêcher sa mémoire d'enregistrer l'image qu'elle venait d'apercevoir. E...Elle l'avait vu, lui et toute son anatomie... Bon, vous me direz qu'il l'avait déjà bien entre aperçu dans la cave mais... Mais ce n'était pas pareil!  Il n'avait plus cette encre qui traversait tout son torse... Il avait certes encore sa blessure mais il n'y avait plus de traces de poisons, du moins, de traces visibles.

Adelyn ne put s'empêcher de se dire qu'il était un très bel homme et qu'elle se sentait bien, contre lui... Elle restait rouge, suffoquant presque tellement elle était nerveuse! C...C'était quoi ces pensées!? Pourquoi avait-elle aussi chaud?! Tu parles d'un réveil!

La candide demoiselle continuait sa manœuvre, remettant doucement la couverture pour ne pas le réveiller et se dirigea vers les vêtements. C...C'était une tenue de guerrière, très différente de tout ce qu'elle avait pu porter auparavant. Le rouge ne clochait étonnement pas avec sa chevelure et elle l'enfila rapidement, devant à tout prix sortir de cette tente. Elle mentirait si elle disait qu'elle n'avait pas voulu rester blottit dans les bras de Cahir mais... Mais elle ne pouvait pas rester. Comment un homme de sa valeur pourrait aimer une femme aussi fragile qu'elle...? Une femme forte, comme une Amazone, oui, mais une petite noble ayant deux mains gauches, non. C'était mieux qu'elle parte et qu'elle oublie ce qu'elle avait pu voir... Mais... Ça n'allait pas être facile.*
Titre: Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
Posté par: Les Amazones le dimanche 27 juillet 2014, 02:45:36
De jour, la forêt était bien plus agréable. Le soleil l’éclairait, permettant de voir une infinité d’arbres s’étendant à perte de vue. Les animaux se réveillaient, les oiseaux gazouillaient, on pouvait entendre les bruits de sabots des biches au loin. Il était alors tentant de se reposer, d’abaisser sa vigilance... Mais ce n’était pas le cas des Amazones. Charis restait éloignée du camp, attentive, montant la garde tout en chassant. Elle savait qu’elles braconnaient sur les terres du comte, et, avec la disparition de son épouse, il allait remuer ciel et terre pour la retrouver. La répression serait terrible. S’il était comme Adelyn le disait, et Charis n’avait aucune raison de douter du contraire, ses séides commenceraient par s’abattre sur les villages. Adelyn n’était pas débrouillarde, Grandchester et ses hommes le savaient, et ils se rendraient nécessairement vers les auberges, en pensant qu’Adelyn et son mâle avaient du s’y réfugier, surtout si le mâle était blessé. Cependant, Adelyn n’y serait pas, et la colère des hommes de Grandchester risquait de s’abattre, et d’entraîner son lot d’exactions. Un royaume de mâles était nécessairement fondé sur la peur et sur la violence. La Nature avait voulu que l’homme soit un être possédant les muscles, une brute épaisse. Il était complémentaire et différent du sexe féminin, mais il ne devrait pas être appelé à régner.

Charis n’en dirait rien à Adelyn. La pauvre était suffisamment éprouvée comme ça par l’idée de sa fuite. Si elle apprenait que des villageois souffriraient en raison de sa fuite, elle risquait de vouloir revenir immédiatement auprès de Lord Grandchester. Cette fille était généreuse, Charis l’avait senti, et c’était bien pour ça que les Amazones lui avaient offert sa protection. Ce qui inquiétait surtout Charis, c’était que les hommes de Grandchester apprennent leur existence. Elles avaient du voir des villageois pour mener leur enquête sur Lord Grandchester, et les villageois savaient qu’il était en guerre contre un temple éloigné, un temple vénérant une ancienne Déesse. Autrement dit, tôt ou tard, Grandchester marcherait vers le temple pour récupérer sa promise, et se venger de l’humiliation qu’elle lui avait subi. En clair, il fallait partir vers le temple le plus tôt possible, mais Adelyn refuserait de partir sans son mâle... Et il n’était pas transportable.

*Je hais cet immobilisme... Chaque jour que nous perdons ici rapproche ces tueurs de nous.*

Danaé partageait le même sentiment, mais était moins nerveuse que Charis. Elles étaient des Amazones, bénies par la Déesse, formées depuis l’enfance à l’art de la bataille. Les mercenaires de Grandchester se reposaient sur la peur, et ils n’étaient pas habitués à affronter de vraies guerrières. De plus, Danaé ne pouvait pas nier qu’elles étaient en train d’accomplir la volonté de la Déesse, en protégeant Adelyn. Irait-elle jusqu’à dire que son récit l’avait touché ? Pas exactement... Il était monnaie courante, dans les familles de nobles, que les mariages soient arrangés. Les Amazones n’aimaient pas le concept du « mariage », qui n’existait pas au sein de la Horde. À quoi servait un mariage, si ce n’est à unir deux familles ? Au sein de la Horde, il n’y avait qu’une seule et unique famille : la Horde. Alors, le mariage ne servait à rien. Sur ce monde, il n’était qu’un leurre, qu’on justifiait officiellement par l’amour... Comme si l’amour avait besoin d’un permis pour exister, comme si une institution pouvait le museler. La Déesse-mère enseignait que l’amour se répandait partout, et qu’aucun carcan ne pouvait l’enterrer, ou l’enchaîner. Il était le cœur de la liberté, son expression la plus pure et la plus insoumise, refusant de se plier à la logique, qu’elle soit sociale ou scientifique.

Tandis qu’elle se baignait dans la rivière longeant le camp, Danaé songeait à nouveau au corps d’Adelyn. C’était elle qui l’avait transporté dans la tente de Cahir. Sonia avait déshabillé intégralement l’apatride pour pouvoir l’ausculter, et elle avait ôté précautionneusement la robe d’Adelyn, pestant contre ces vêtements de nobles. Ils étaient à la fois inutiles et complexes. Difficiles à mettre, et ne protégeant rien... Ils étaient juste élégants et doux au toucher. Danaé avait touché ce tissu à plusieurs reprises. Les Amazones ne brodaient pas de tissus aussi soyeux et tendres. Oh, bien sûr, l’Amazone ne s’imaginait nullement devenir une noble, mais... Elle devait reconnaître que cette robe était de qualité. Elle avait intégralement déshabillé Adelyn, dans la tradition des Amazones, qui était de devenir nue, mais, sachant la pudicité des femmes du monde étranger, elle lui avait donné ses propres vêtements, avant de l’allonger contre son mâle. Comme elle était nerveuse, Danaé s’était dit que se réveiller en sentant le torse chaud et vivant de ce chevalier la détendrait.

Quand Adelyn sortit de la tente, Danaé lui tournait le dos, nue dans l’eau, cette dernière lui arrivant à hauteur du bassin, dévoilant la moitié de ses fesses, dessinant leur ourlet, cette courbe délicate qui plongeait ensuite dans le lit de la rivière. Dos tourné à Adelyn, les longs cheveux de Danaé tombaient en cascade sur son corps. Sonia était sur un rocher en amont, méditant en observant la forêt, en profitant pour dresser ses cercles de perception afin de s’assurer que personne ne cherche à les attaquer.

Il s’écoula quelques secondes avant que, lentement, Danaé ne se retourne vers Adelyn, exposant gêne la vue de ses seins. Elle était évidemment toute nue, le corps ruisselant d’eau, et s’avança vers elle, sortant de l’eau. Bien qu’il y ait des serviettes, Danaé ne jugea pas utile d’en prendre, s’avançant dans toute sa nudité vers la presque jeune comtesse.

« Je vois que ma tenue te va bien... J’espère que tu as bien dormi, Adelyn, mais tu n’aurais pas du t’habiller... Je vois à tes joues que tu es toute rouge. Tu as besoin d’un bain. »

Elle s’était suffisamment rapprochée pour attraper les mains moites d’Adelyn dans les siennes. Danaé était à la fois belle et musclée. Sans ses vêtements, ses tatouages ressortaient sans difficulté : le motif de dragon sur sa jambe gauche, les lignes sur son ventre. La belle brune se pencha vers Adelyn, et l’embrassa sur la joue.

« Je te souhaite le bonjour, en tout cas. J’espère que cette nuit t’a reposé, Adelyn. »

Le sourire sur Danaé pouvait paraître aussi bien chaleureux qu’espiègle. Est-ce qu’elle se doutait que le réveil d’Adelyn avait du être explosif ? Difficile à dire... Mais elle avait sa petite idée.

Elle se retourna alors, et retourna dans l’eau de la rivière. La robe d’Adelyn, elle, était bien là, retenue au-dessus de la rivière, séchant. Charis avait utilisé son arc pour planter une corde, et les Amazones y avaient suspendu la robe d’Adelyn. Après un séjour dan sla forêt, cette dernière avait été salie, et il était donc normal de la nettoyer. Bien que l’argent n’existe pas au sein de la Horde, Danaé savait que c’était un vêtement de valeur... Adelyn devait y tenir, et c’était le rôle des Amazones de veiller aux biens de leur hôte.

« Rassure-toi, dit-elle en retournant dans l’eau, tu peux te déshabiller, je ne me retournerai pas. »