Le Grand Jeu
Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Centre-ville de Seikusu => Le quartier de la Toussaint => Discussion démarrée par: Kohana le vendredi 02 janvier 2009, 20:34:37
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L'air était frais à l'extérieur de la ville. La nuit était tombée. Des étoiles auraient dû apparaître, mais Kohana n'était plus sur Terra. Ici l'atmosphère était polluée et il n'était plus possible d'admirer le ciel, même dans la campagne.
La jeune fille marchait d'un pas vif. Le vent faisait virevolter ses cheveux courts et noirs. Ses bras étaient dénudés et l'adolescente pouvait sentir ses poils se hérisser le long de sa peau. Son allure soutenue lui permettait cependant de ne pas avoir froid.
Elle ne savait pas très bien pourquoi elle était revenue ici. Elle savait que la Terre ne lui plaisait pas et qu'elle se sentait bien plus chez elle en Terra. Pourtant, elle avait ressenti le besoin de franchir ce fameux portail (le seul qu'elle connaissait).
Toutefois, elle n'était pas restée dans le parc et se dirigeait à présent vers le coeur de la ville. L'idée ne lui traversa même pas l'esprit de se rendre dans son ancien appartement. Depuis le temps qu'elle n'avait pas donné signe de vie, le propriétaire avait dû relouer les lieux.
Tout d'un coup Kohana s'arrêta et leva les yeux. Des milliers de lumières de toutes couleurs flashaient dans le noir. Elle était arrivée dans la rue principale. Chaque magasin avait une enseigne illuminée et c'était à celui qui produirait la lumière la plus importante.
La jeune fille repensa alors à Terra et à ses rues sombres et pavées où n'importe quel être humain sensé aurait frémi de terreur. Elle était habituée maintenant à détaler dans des rues étroites qu'on pourrait nommer des coupes-gorges et elle aimait ça.
Bien que cela ne fut pas le cas parce qu'elle connaissait l'endroit, elle se sentait perdue à présent dans cet environnement surpeuplé et illuminé. Des vendeurs montés sur patins à roulettes venaient lui proposer des gadgets inutiles. Elle ne prenait même pas la peine de leur répondre.
Elle reprit sa marche, mais d'une allure bien plus lente. Elle rêvait éveillée. La foule, bien que ne la rassurant pas, lui donnait l'impression d'être insignifiante. Plus personne ne la fixait, plus personne ne lorgnait sa poitrine plantureuse. Elle pouvait déambuler comme bon lui semblait.
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Alors que son esprit s'éloignait déjà de la terre ferme, Kohana fut brutalement plongée dans la réalité. Avant d'avoir pu comprendre ce qui lui arrivait, elle s'étala sur un jeune humain. Celui-ci semblait plutôt frêle et était bien loin deressembler aux colosses qu'elle avait pu fréquenter sur Terra.
Bien qu'il soit un homme, ses traits lui évoquèrent ceux de Hazel : des muscles fins et des cheveux d'un brun sombre encadrant un visage anguleux. Le plus étonnant étaient ces yeux étincelants et clairs qui semblaient pourtant si profonds. Un peu perdue, Kohana crue atterir sur une espèce de nuage : doux et clair.
Alors qu'elle reprenait tranquillement ces esprits, elle sentit une main caresser ses courbes. Cette main n'avait aucune force manipulatrice entre ses doigts, elle semblait juste avide de découvrir de nouveaux horizons. Cela perturba quelque peu la jeune fille qui était habitué à voir des hommes brutaux sur Terra ou maladroit sur Terre. Cette main n'était pas violente et comportait une certaine habileté.
Cependant, elle arrêta bien vite ses périgrinations.
L'adolescente reporta son attention sur le visage qui s'offrait sous elle et constata qu'il était à présent constellé de tâches rouges. Le jeune homme semblait en désaccord avec sa main et s'excusait de son audace. Toutefois, à travers sa timidité, il osait tout de même donner l'ordre à Kohana de se relever.
La fille n'était pas d'humeur à jouer et elle ne prit pas la peine de discuter cet ordre. Pourtant, elle savait qu'il aurait été facile d'enfoncer l'humain plus qu'il ne l'était et de passer maîtresse de la situation. Sur Terre, elle n'était plus vraiment une esclave. Elle était toujours la même, toujours cette fille qui pensait que tous les hommes étaient des êtres à servir ; mais sur Terre, cette certitude se perdait quelque peu.
Elle se releva tranquillement, épousseta sa jupette et la rabattit sur ses cuisses. Celle-ci ne la couvrait que jusqu'à mi-cuisse et ne cachait pas la culotte blanche qu'elle portait lorsqu'elle se baissait, mais cela suffisait à la jeune fille.
Se tenant bien droite et ferme sur ses deux pieds, elle regarda le jeune homme qui se trouvait en-dessous d'elle. Elle avait perdu depuis longtemps les sentiments nécessaires à la compassion ou à la pitié, alors elle le regarda, sans aucune émotion particulière. Elle attendait juste patiemment qu'il se remette debout.
Il ne vint pas à l'idée qu'il pouvait avoir besoin d'aide, mais elle ne prit pas la décision de l'abandonner là pour autant. Elle aurait pu reprendre sa route, s'éloignant aussi subitement qu'ils s'étaient rapprochés... mais elle se doutait qu'il la rattraperait pour lui parler, alors elle attendit.
Puis, un éclair lui traversa l'esprit et elle se dépêcha d'articuler.
"Ah au fait, c'est rien, ya pas de mal"
Puis elle tourna la tête vers l'enseigne la plus proche. Il s'agissait d'une grande écriture faite de néon rouge. Ses yeux étaient absorbés par les lumières et laissèrent le jeune homme se relever sans qu'elle n'y prêta attention. Puis, elle se tourna vers l'étranger qui lui faisait maintenant face.
Elle baissa le regard vers cette main si audacieuse et l'observa quelque peu. Les veines étaient à peine voyante tellement elles étaient claires. Les doigts semblaient agiles. Elle ne tremblait pas. Décidément, cette main ne semblait vraiment pas en accord avec le visage rosi du jeune homme.
Fallait-il engager la conversation ? Kohana n'avait aucune envie de discuter. Mais partir aurait été impoli.
"Vous êtes bien rouge... auriez-vous chaud ?"
Elle avait choisi de feindre ne pas savoir pourquoi il avait honte, afin de le pousser à s'expliquer. Toujours aussi curieuse, elle voulait comprendre comment un homme pouvait avoir un esprit à la fois assez audacieux pour la toucher si facilement et à la fois si timide.