La croire était déjà difficile, mais quand elle parla de dragon autant dire que ça le fut encore plus ! Autant dire que quand on vient de Terra, et plus particulièrement d'une grande ville comme Tekhos, croire des choses pareilles est difficile. Encore plus quand on sait que les dragons ne vivent que... dans les contrées désolées peut-être, du moins c'est ce que racontent certains contes pour enfants. Et maintenant elle devait en plus avaler qu'elle s'était fait avaler dans un roman médiéval fantastique ? Bha voyons, et la suite c'était quoi ? Des titans de six mètres de haut, des fées ? Tout cela était insensé, et elle ne pouvait pas la croire ! Elle se mit en marche entre furieuse et meurtrière, mais bon, elle n'oubliait pas le règlement, on ne tue pas de civil, quel que soit la menace... Surtout dans un monde qui n'est pas sous notre juridiction. Elle fit donc route vers Mored, une ville médiévale à en croire les toits en pailles, les murs en bois et chaux. Elle n'avait aucun doute sur le côté authentique de cette farce, pour une imitation c'était pousser les choses trop loin, bien trop loin.
Menant le pas vers la ville, bien décidée à en tirer des infos, elle constata bien vite une forme de racisme, tout le monde la fixait, chuchotait à sa vue. Certains enfants partaient se cacher et des fermiers serraient leurs fourches comme s'ils se sentaient menacés. Enfine elle écouta le commentaire de la blonde, elle disait vrai, mais hors de question de quitter sa veste et son gilet pare-balle... Qui risquait en fait d'être inutile, cette chose pouvait arrêter l'inertie d'une balle, mais était-ce seulement utile contre une fourche ? Ou des flammes si cette histoire de dragon était avérée ? Elle l'écoute donc et hoche la tête, puis marche encore dans les rues direction la plus grande ville, pour le moment à part des fermiers il n'y avait pas grand monde. Elle se stoppa devant une petite grange, puis entend des gens parler de chasse au loup. La prenait-on pour un animal ? Quelles bandes de paysans... OK elle y repensera à deux fois avant de les juger, ces gens sont vraiment incapables de comprendre la situation.
Elle l'écouta pour l'argent, tout en entrant dans une grange pour le moment, tant pis pour le viol de propriété privée... Mieux valait un endroit isolé pour discuter de ces choses. Elles n'étaient pas encore dans la cité, mais cette civilisation se faisait déjà sentir. Leur culture leur donnait une peur irascible de l'inconnu, et donc de Betty.
- On dirait qu'ils prévoient de me chasser comme une bête... Alors l'argent est bien mon dernier souci.
Elle leva les oreilles, comme si elle entendait des conversations d'ici, elle fronça les sourcils. Tout cela ne lui plaisait pas vraiment, non en fait pas du tout ! Autour d'elles les gens semblaient se rassembler, soupirant elle sortit son arme, la prit par le canon et la tendit à la civile :
- Cache ça sur toi, je n'ai pas le droit de tirer sur des civils... Et mon nom est Betty.
Elle lui tendit aussi un holster lui conseillant de cacher l'arme sous sa robe. Puis elle alla vers l'entrée pour surveiller, elle saurait se défendre en cas de besoin. Mais elle se souvenait clairement des instructions en cas de crise majeure, suivre le courant, jouer le jeu et s'infiltrer jusqu'à trouver une porte de sortie. Restait à comprendre ce qui attendait ses paysans, mais vu le rassemblement avec des fourches et des lances... Finalement l'un d'eux se fit entendre, visiblement, et vu son équipement c'était le chef de la milice locale. Peut-être quelqu'un avec qui négocier.
- Sortez de là ! On sait que vous êtes là, sortez ou on brule le bâtiment et vous avec !
Les grands moyens ! Mais ça sera efficace, la grange est bourrée de foins sec, fait en bois et en chaux, un mélange parfait pour un grand feu. Mais cela risquait aussi de déclencher un plus gros incendie... Enfin, il n'y avait pas beaucoup de vent. Réfléchissant elle fini par regarder l'autre fille lui disant :
- Fais-toi passer pour une riche, ou ce que tu veux, mais je doute qu'ils croient un instant que je sois autre chose qu'un monstre...
Dit-elle en sortant son porte-monnaie et sortant des pièces en laiton et cuivre, aussi en argent, de petites pièces... Il faudra bluffer, elle donna les pièces Tekhanne à la Lirielle, ainsi qu'un peu deux pièces d'or qu'elle gardait surtout par oubli. C'était de vieilles pièces percue en récompense d'un riche de Terra lors d'une intervention qui sauva sa femme. Bref, elle donna cela, puis confia aussi son porte-monnaie avec ses badges. Elle retourna vers la poste entendant de l'agitation. Elle sortit alors les mains en l'air, un calme se fit, tout le monde la fixait méfiant.
- Je suis de voyage... ne me tuer pas, ma maitresse est aussi de voyage...
Pas le temps de trouver mieux, elle regarde autour, pas de fuite possible, au moins trente fourches, douze lances et un garde avec une armure de cuir et une épée. Il portait aussi un tabard avec le symbole de la cité qu'elles voulaient voir de plus près.
- Quelle sorte alors ! Ou nous vous tuons toutes les deux !
Le garde criait fort, la chienne nerveuse serra un peu les dents, attendit et pria que tout ce passe pour le mieux, on lui ordonna de garder les bras levés, et là deux gardent approchent, ils la fouille rapidement, mais ne comprennent pas sa tenue, aussi le chef ordonne alors :
- Quoique tu sois, retire ce déguisement ridicule !
Elle les observe interloquée, déguisement ? L'un des gardes tira sur quelques poils de sa queue ce qui la fit sursauter et crier de douleur. Surpris le garde aussi se recula, là le capitaine afficha un sourire, peut-être qu'il venait lui aussi de comprendre... ce n'était pas un déguisement ! le garde ordonna alors à Betty de se dénuder totalement, tendis qu'un garde attrapa Lirielle qui sortait de la grange.
- C'est votre animal ? C'est quoi cette chose ? Vous êtes une sorcière ?
Bien sûr mieux valait nier cette possibilité ! Betty elle était coincée, elle grogne peu sur le garde qui l'approche, puis ce dernier recule méfiant. Elle soupire et ouvre alors la tirette de sa veste dans un "zip" bien long. Enfin elle la retire et la laisse à terre. Un garde la ramasse alors et l'examine, puis met l'objet dans un sac en jute. Enfin elle est invitée à continuer, elle tremble un peu, retire alors son gilet pare-balle, il tombe et est pris pour un étrange habit... Mis dans le sac également. Elle portait encore un t-shirt, qu'elle retira en baissant les oreilles, honteuse elle termina avec une brassière, puis retira le pantalon et les bottes. Elle avait des pieds presque humain, mais recouvert de fourrure. Elle termine en simple dessous, observe les gens un peu choqués.
- bha alors ? Il reste encore du tissu sur ton corps ! Je t'ai dit de tout retirer monstre, après tout tu veux rester en vie... pas vraie ?
Elle ravale sa salive sentant la pointe d'une épée dans son dos, rien de grave, juste une menace. Elle garde les mains levées sur l'ordre du garde, sentant la lame frotter sa peau sans couper, pus trancher sa brassière, le garde continue et défait les dernières bandes qui la maintiennent en place... Puis on l'invite à retirer cette culotte elfique aussi, ce qu'elle fit.
- Tu ne ressembles à rien qu'on n'ait jamais vu en ce monde... Quoi que tu sois tu vas apprendre ta place... Animale !
Ça, ça faisait mal à entendre... Elle était prise pour une animale ? Vu les regards lubriques, ils avaient des pensées plutôt déviantes dans ce cas... Elle regarde devant elle, les mains levées, nerveuse à souhait tendis qu'on lui attache les mains dans le dos, qu'on lui attache une corde au coup et commence à la tirer vers le chef de la garde. Lirielle est invitée à suivre, mais en tant qu'humaine et supposée "sorcière" n'a pas le droit à ce traitement. On se contente de la pousser verbalement à avancer sans oser la toucher.
[Quelques heures plus tard]
[Quartier pauvre - Poste de garde]
Les gardes étaient nerveuses, tout le monde l'était, la situation était tendue, d'un coté on avait Betty mise à nue, attaché mains dans le dos et suspendue au plafond. Elle avait encore les pieds sur terre, mais la position n'avait rien d'agréable pour autant, et de l'autre Lirielle sur une chaise, le tout dans ce qui ressemblait plus à une salle de torture qu'à un poste de police moderne. On les faisait attendre, sous la surveillance de gardes, cela durait des heures, dans un silence imposant le respect. La pièce était froide, sombre, la lumière venait pourtant par des petites ouvertures dans le mur, mais rien de fantastique. En plus il faisait sec, et on n'avait rien proposé à boire ! Les deux étaient clairement reluquées de bout en bout, mais surtout l'humaine.
- Ah, voilà donc nos troubles fête...
Dit un homme qui entrait, il était accompagné d'une femme guerrière de grande stature, pas du genre à plaisanter vu son regard glacial. Les gardes prirent place sur sa chaise, observa la situation semblant réfléchir, ce n'était pas le jeune garde de tantôt ni le chef supposé de la garde. Non, lui c'était un vrai garde de la ville, il faut dire qu'elles avaient du marcher plus de deux heures sous le soleil, et toute nue pour Betty. Il se racla la gorge, les observa durement l'une après l'autre, puis la guerrière déposa un collier de cuir sur le bureau. Un collier épais, avec écrit dessus : "Esclave publique." Cela pouvait déjà donner des frissons, pourtant c'est le bruit d'un soufflet qui terrifia sans doute les deux femmes. Une petite forge ? Non... plutôt un coin brasier avec des tisonniers et de quoi marquer au fer.
- Il se dit que vous êtes une sorcière, mais je n'y crois pas, blonde, yeux bleus, plutôt jolie...
Il marque une pause, puis pousse un peu le collier vers elles, un seul collier pour deux ? Non, il y avait forcément autre chose. Un piège peut-être ! le garde reprit alors bien plus calme après un long soupire qui n'avait rien de rassurant.
- Je ne sais pas ce qui vous accompagne, mais ce n'est pas un familier, ni un loup-garou, mais une chose est certaine, cette chose doit être tuée !
Betty frissonna à ce moment, elle, tuée ? Car elle n'était pas humaine ? Mais bordel ils vivaient avec des elfes et des dragons ! En quoi méritait-elle de mourir ? Elle préféra néanmoins garder le silence, baissant le regard sur le sol, elle était fatiguée de cette position. Ses bras lui faisaient un mal de chien, elle sentait tout son poids sur ses épaules.
- Néanmoins... Je me doute que vous tenez à votre ... quoi que ce soit, alors j'ai une proposition que vous ne pouvez bien sûr... pas refuser !
Il poussa le collier, Lirielle pouvait clairement lire l'inscription dans le cuir. Et vu la facture cet objet n'était pas récent, ni unique, car il y en avait un tas pendu dans la pièce, de même que des fouets, cravaches, et autres trucs de punitions.
- Cette chose, quelle qu'elle soit, servira le peuple pour montrer qu'elle n'est pas dangereuse, quant à vous, vous vous assurerez de sa parfaite obéissance... Après tout vous êtes sa maitresse...
Un sourire s'échangeait entre les gardes, tandis qu'on apporta sur la table une ceinture de cuir, avec une lanière au milieu qui passait entre les cuisses. La ceinture était garnie de deux gros godes en bois, dur et lisse.
- Veuillez équiper votre esclave, elle devra porter ceci quand elle n'est pas en service, et le collier en permanence.
Puis il sourit, un mauvais sourire, c'était ça ou bien... Elle entendit encore une fois le soufflet, on pouvait sentir l'odeur de la peau brulée et du fer blanc d'ici... Betty regarde alors Lirielle, hoche à peine la tête pour lui faire comprendre qu'il faut obéir, c'est mieux que de mourir... Surement mieux, oui...
Dire que la blonde n’avait pas pensé au fait qu’on verrait sa camarade comme un...monstre aurait été vrai mais pas franchement malin. Elle s’était au fil du temps habitué à des rencontres de toutes sortes, ce n’était pas le cas de tout le monde. Aussi, Lorelle garda le silence quand Betty y fit allusion.
La jeune femme avait pris l’arme que lui avait tendue la chienne après avoir vérifié par réflexe le sélecteur sur le cran de sûreté. Elle n’était pas à l’aise avec ça et encore moins à l’idée d’avoir à s’en servir, en tout cas trop tôt, sans compter la maladresse dont il lui arrivait de faire preuve.
Sans la moindre pudeur parce que le moment était mal choisi, la blonde avant levé sa robe pour accrocher le holster et glisser l’arme en sécurité. Elle se sentait un peu ridicule avec sa culotte en dentelle échancrée qu’elle avait spécialement mis pour le crétin qui l’avait invité ce soir. Du moins quand il était encore le soir, là-bas, ailleurs.
Puis il y avait eu la milice, l’argent qui avait redonné le sourire à la blonde, presque autant que de connaître enfin le prénom de sa compagne d’infortune. L’or était l’or. On n'avait jamais rien inventé de mieux pour débloquer une situation.
Dire que Lirielle avait été gênée, coupable, impuissante en voyant ces crétins dénuder Betty était un euphémisme, mais elle n’avait pas vraiment fait de vague, ce n’était pas le moment. Elle s’était contenté de dire d’une petite voix que ce n’était pas nécessaire. Elle s’était aussi efforcée de regarder ailleurs, de ne pas laisser sa curiosité la rendre impolie.
[Quartier pauvre - Poste de garde]
Lirielle tapotait le pied du bureau depuis des heures, maugréant que tout ça était inadmissible, qu’ils ne savaient pas à qui ils avaient affaire. Une ébauche de plan hasardeux était née dans son esprit, pas du genre à renverser une situation, mais à limiter la casse. Elle était nerveuse. Quelque chose dan l’air transpirait le “putain je me les taperai bien” et ça n’enchantait pas vraiment la blonde. On avait fait plus tentant. Elle avait une arme, Betty avait des crocs, mais pour l’heure, il ne fallait pas y compter.
Tuer. Le. Dragon. Elle devait en être à la vingtième fois à se le répéter quand enfin celui qui devait être au minimum chef de brigade avait fait son entrée.
Quand la blonde fit le lien entre collier et le reste elle passa de nerveuse à franchement flippé et elle oublia une partie de son plan.
- Sorcière ? Lirielle prit un air faussement outrée. Ce n'est pas tolérable.
C’était un peu risqué et à la fois si elle la jouait trop victimes, ça ne leur rendrait pas service. La suite ne lui plut pas des masses. Seule la ceinture eut le mérite de lui faire oublier l’urgence de la situation, peut-être parce que ce n’était pas elle qu’on pouvait tuer au moindre écart.
- Wo…
Et comment wo, les godes sculptés étaient énormes et leurs formes... Intrigante. La blonde passa une main lasse sur son visage comme pour chasser ses pensées inadaptées. Son petit monologue semblait fini à super vilain, aussi la blonde se racla la gorge et lui sourit. Un peu trop crispé pour avoir l’air naturel. Merde…
- Les expériences sur les loups-garous vont bon train dans le Comté de Britt comme vous le savez. Sur les change formes, de manière plus générale. Sur la possibilité de lier l’homme à l’animal de manière durable...
Bon sang, c’était à la fois crédible et totalement capilotracté. Tout en parlant la blonde s’était approché de Betty, la détachant lentement, comme si la voir ainsi ne lui provoquait aucun malaise.
...afin de l’exploiter. Ira est une chienne, MA chienne. Elle est à mon service en temps que garde du corps. Elle m’est totalement soumise, elle ne bronchera pas. N’est ce pas ma jolie ?
Lirielle refusait catégoriquement que le nom réel de sa camarade soit associé à toutes ses conneries, comme elle refusait de la voir accrochée une seconde de plus dans cette salle pour détraqués. Elle prit le temps de lui gratter le menton, profitant de ces petites secondes pour répondre à son signe de tête. Ok, on faisait comme elle voulait, pour le moment.
- Je suis Niala de Britt. Je pensais que ma venue m’aurait valu un accueil à la hauteur de mon rang. Après tout, je suis la puînée du Comté et l’état de mon frère n’est guère brillant.
Hop un petit sous-entendu sur le fait qu’elle pourrait être amené à gouverner dans un avenir proche et accessoirement, que le petit Seigneur de la ville n’était qu’un petit noble nanti de peu de valeur. Les relations entre les deux comté étaient électriques, un avantage, probablement personne ne l’avait déjà vu ici, d’ici à ce qu’on puisse prouver son mensonge...
Les premiers, les Britt accusaient presque ouvertement les seconds de les avoir abandonnées dans une situation qui requerrait un soutien totale, loin des petits conflits politiques, de qui a la plus grosse.
- Vos attentes vis-à-vis de cette créature sont tout à fait normales.
Lirielle se saisit du collier pour l’accrocher au cou de la jeune femme.
- Seulement, vous comprendrez bien, en tant qu’hommes de loi, instruits, - tu parles ! - que je ne souhaite pas que le bas peuple pose ses mains sales sur elle, qu’ils ne l’abîment trop, ne l'enlaidissent. Pire, la rendent inapte à...me satisfaire, conclu la blonde en bouclant la ceinture.
La blonde laissa ses mains caresser les hanches de la jeune femme avec une certaine sensualité avant de s’en détourner pour fixer tous les hommes présents.
Lirielle se disait que les paysans et autres soudards qui n’avaient que peu de compagnie “agréable” se montreraient peut être bien pire finalement que les monstres enfermés ici avec elles. C’était un pari comme un autre. Elle ne savait absolument pas quoi faire de mieux, là comme ça.
- Pouvons-nous trouver un terrain d’entente, Monsieur ?
Elle donnait du Monsieur d’une voix mielleuse, un brin provocante. Elle eut envie de rajouter “eut égard à mon rang” mais la vérité, c’est que la blonde ne savait pas jouer les grandes dames, autant éviter de prendre le risque d’en faire trop, beaucoup trop.
- Oh ! Euh... Vous auriez une laisse ?
Elle pointa le collier du doigt. Ce n'était pas comme si une laisse suffirait à calmer les ardeurs dehors, ni même à la garder en sécurité avec elle, mais ça lui semblait important.
Tu débloques Lirielle...
Elle resta là, terrorisée, dans sa robe trop courte, ses cheveux blonds ne suffisant pas à masquer totalement son décolleté, à tortiller ses doigts.
Quelle merde...