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« le: dimanche 10 mars 2024, 23:19:50 »
Vulnérable, offert, consumé ; le dévot, tandis qu’il pantela qu’on lui ravît si bien ses forces à même son goulot turgescent, se sachant quitter ce monde, sentit soudain la succulente chaleur humide se soustraire à sa concupiscence. Lui refusait-elle encore qu’il la vénéra par l’expérience des gracieusetés de son corps gracile et majestueux ? La sensation de cette bouche goulue qui se délaçait d’autour de son sexe le fit aussitôt souffrir d’un manque ; non pas d’une envie, mais d’un besoin, une soif d’elle qu’il voulu étancher jusqu’à en succomber.
Jamais cruelle néanmoins, c’était toujours à dessein que la déesse Marmelade le priva de ses onctueux délices. Aussitôt avait-elle détaché ses lippes qu’elle glissa contre lui, en délicate tigresse, cette fois faisant usage de sa langue afin d’attendrir le mâle par l’esprit. Elle avait été langoureuse et suave, prenant emprise sur lui avec patience et méthode, son corps exhalant la volupté jusqu’à ce qu’elle prit le temps de l’enrober de son bouquet et de sa chaleur. Méthodique et impérieuse, ce grand corps élancé et gracile lui avait glissé dessus lascivement, sans que sa nudité ensorcelante ne prêta le flanc à quelque débauche que ce fut. Tendrement, doucement, elle l’avait surplombé de tout son long, le gâtant ainsi des cajoleries d’un corps bouillant et sensuel collé contre lui, leur sueur et leurs sucs entremêlés.
Perdu dans ses yeux rouges aux teintes si variées et changeante, ne sachant trop s’il trouva la déesse aimante ou oppressante, en tout cas rendue plus souveraine de lui par cette approche, Eugene se sentit fondre et succomber contre elle. La sentir contre lui toute entière, le cœur battant derrière une poitrine ferme lentement écrasée sur la sienne, soulagea l’âme et l’esprit tourmenté d’un adorateur perdu dans son zèle. La Dryade n’eut-elle pas passé à ses yeux pour une déesse qu’il aurait vulgairement joui contre les douceurs dont on l’accablait. Elle avait en tout cas sursit un temps à sa petite mort.
Écrasé sous le seul poids de la volupté faite femme, il avait délicatement croulé sous elle tandis qu’elle marqua sur lui une assise plus prononcée. Qu’elle glissa somptueusement son adorable derrière jusqu’à caler le dard au creux de son vallon charnu n’attisa que davantage les flammes du mâle. L’instant fut cependant trop solennel pour qu’il se risqua à une friction débauchée alors qu’il fut pourtant si bien logé, la verge comprimée contre son postérieur athlétique.
Eugene se crut emporté dans un monde à part quand la déesse le garda presque captif de son visage, ses yeux rougeoyants étant alors autant de constellations sur lesquelles il perdit ses prunelles hallucinées. Les mots qu’elle lui glissa avec tant de bienveillance ne confirmèrent que mieux l’emprise qu’elle asseyait littéralement lui sur. Elle l’avait dorloté par le verbe, l’encourageant à répondre à ses sens plutôt qu’à sa raison, lui promettant en retour quelques infinies largesses en retour. Doucereuse en diable, alors qu’elle avait si bien trouvé les mots et les avait soufflé avec tant de finesse, Eugene l’eut cru diablesse irrésistible s’il ne l’avait pas su déesse si charitable. Lorsqu’elle scella enfin ses directives impudiques d’un bout de langue portée sur les lèvres de son zélé partisan, celui-ci sentit sur son cœur un rien d’intimité se greffer à l’érotisme de l’instant.
Sa mansuétude ainsi gratifiée à la proie de ses appétits charnels, Marmelade s’en retourna à ses premiers amours, toute aussi langoureuse alors qu’elle retrouva sa juste place de dégustatrice, retournée tâter un met sensible du bout des lèvres. Il n’avait rien trouvé à lui répondre, captif à nouveau des chaleurs moites renouées autour de son épieu, mais aussi des désirs ardents et irrépressibles dont elle le pressait à pleine bouche. Sa verge renflée, si convenablement logée de nouveau entre deux lèvres plantureuses, les sentit remuer là où sa chair lubrique s’y trouva la plus sensible. Maîtresse dans ses œuvres, fermement décidée à lui soustraire jusqu’aux dernières larmes de son stupre, Marmelade s’était aidée d’une main aux doigts fins, cramponnée à la base de la raideur.
Usant des efforts conjoints de ses lippes, de sa langue et de cette main résolument nouée autour du sexe qu’elle convoitait avec tant d’appétits scandaleux, elle le savoura plus impudemment qu’auparavant, lui secouant la vigueur toute entière à la force du poignet. Elle ne le goûtait plus seulement à présent ; la déesse Marmelade réclamait son offrande. D’une main habile et intraitable, elle amorçait opiniâtrement la pompe de sa licence pour invoquer la débauche.
Rendu au supplice désormais qu’elle l’assaillit tout du long de sa verge, Eugene eut envie d’implorer son nom. Mais il se remémora les saintes paroles de la déesse. Hors d’haleine, la tête relevée pour ne rien rater du scandale, ne souhaitant se priver du regard de l’exquise obscénité dont il se savait complice, il s’en remit à ses paroles passées. Alors, assailli mais résigné, le stupre régnant sur lui tandis que Marmelade s’obstinait à la convoquer d’une bouche vorace et d’une paluche acharnée, Eugene s’en remit à ses directives et, comme elle le lui avait commandé avec douceur, se laissa aller.
La digue ayant jusque là subsisté dans son esprit, contenant derrière elle un flot dont il ne soupçonna pas l’existence, céda afin que l’orgasme trouva en lui ses accès.
- AaAArgh…
Dans un long cri disgracieux, ses doigts enfoncés dans le sol contre lequel il était étalé, le corps crispé et tortillé dans la tourmente, Eugene avait joui dans une allégresse mijaurée. Depuis des mois peut-être, des années sinon, privé d’un exutoire à la chair faute d’une mémoire fonctionnelle, sa pulpe avait enfin jailli hors de lui.
La première rasade, puisée du fond de ses gonades, emplit à elle seule l’étui chaud dans lequel son organe avait exulté. Chaque spasme lui partant ensuite du bassin purgea ses attributs d’un nouveau crachat lubrique, épais et visqueux, n’en finissant plus d’inonder la gueule divine qui, si bien récompensée de ses indulgences, laissa perler le trop-plein échappé à la commissures de ses lèvres serrées.
Ses esprits libérés des brumes licencieuses par un souffle orgasmique, Eugene la redécouvrait ainsi d’un œil nouveau, la bouche souillée de son essence. La trouvant salie de ses éructations orgiaques, le fervent la découvrit plus belle que jamais. Demeurée digne malgré la souillure ostensible, elle avait laborieusement et méthodiquement dégluti ce qui ne lui avait pas débordé hors des lippes afin d’en faire un copieux festin. De cette expérience, Eugene n’en était pas mort, mais sa déesse l’avait bel et bien consumé, allant jusqu’à lui extraire sa force de mâle dont il se sentit dépourvu.
Bien que la déesse eut à commettre tous les efforts dans cette entreprise dévergondée, ce fut celui-là même dont elle fit un festin obscène qui se trouva épuisé. Peut-être lui fallut-il deux minutes d’ici à ce que le souffle lui revînt et que le souvenir de sa jouissance s’évacua hors de ses songes. Jamais il crut tel plaisir envisageable. Qu’il y goûta avec une telle intensité ne contribua qu’à mieux asseoir Marmelade comme déesse dans son esprit à présent éclairci d’avoir été si bien vidangé.
Marmelade, son office divinement accompli, était restée quiète entre les cuisses du dévot, là où elle y avait laissé ses tendres griffures ; comme une déesse jalouse venue marquer son adepte de son sceau. Elle attendait à présent de son avoué qu’il prit l’initiative attendue d’un fervent de son ordre. Paisible et auguste, bien que logée si indécemment, elle posait sur lui un regard puissant, renforcé sans doute de la sève dont elle avait fait bombance jusqu’à se ragaillardir.
Eugene, reconnaissant et extatique des sensations éprouvées, aurait voulu se lover contre elle, multiplier les caresses, et se fondre tout contre son corps. Mais il y renonça. Elle était déesse et il lui était subordonné ; une telle familiarité aurait tenu de la profanation, il le savait. D’autant qu’à présent que leurs effusions libidinales s’étaient évanouies, que la chaleur des corps et les senteurs de rut s’étaient lentement dispersées, toute expression de proximité, à moins qu’elle ne fut requête divine, aurait alors été déplacée.
- Déesse Marmelmuche, chercha-t-il à scander avec force, c'est décidé, je nous ferai nous envoler au-delà du ciel grillagé !
Cet homme-là, comme tous ses congénères, réfléchissait apparemment bien mieux les couilles vides. Doté d’une énergie nouvelle – notamment suggérée par l’euphorie de l’instant – il s’empara de son carnet après l’avoir cherché à tâtons de sa main. Dedans, il y nota en priorité qu’il était adepte du culte de Marmelmuche ; qu’il lui serait agréable en toute doléance, et consentirait à lui accorder une « offrande » de corps afin de lui faire honneur. Un dessin approximatif – et plutôt brouillon – de sa déesse fut rajouté de sorte à ce qu’il sut qui révérer, et en quels termes. Cela, il l’avait griffonné à une vitesse folle tout en s'habillant d'une main.
- C’était vous celle mentionnée par mon tatouage, y'a pas de doute maintenant ! Assura-t-il en brandissant l’intérieur de son bras droit où y était inscrit « retrouve-la ». Laissez-moi le temps d’immoler mes anciens dieux histoire de faire les choses bien et je vous suivrai dans vos bénédictions partout où vous irez.
Parce qu’elle avait fait preuve de bien des égards à l’endroit de ce drôle de paroissien, Marmelade s’était semble-t-il encombrée d’un compagnon de route particulièrement envahissant. Chaque parole et chaque geste professé à son endroit n’avait en effet que mieux subordonné Eugene à son culte ; un dont il fut l’auteur sur un bête malentendu, et sur lequel il avait à présent décrit les rites dans son carnet. Osant se lever, ayant le sentiment toutefois de s’être fait scier les pattes, l'amnésique s’inclina préalablement devant la divine créature dont il s’enorgueillissait de la savoir maculée de son jus d’homme de la bouche au menton. Il la trouvait si belle ainsi qu’il s’en émoustillait presque, son sexe rabougri reprenant un semblant de contenance.
- ‘agdez, ‘agadez ! S’agitait-il entre deux coups de crayon compulsifs dans son recueil-mémoire.
Inarrêtable, doté d’une vigueur nouvelle, se sentant plus léger que jamais, Eugene fit le deuil de son compagnon le canapé et le retourna afin de le placer sur la tranche, dressé à la verticale. Péniblement, après qu’il se fut cassé la gueule à trois reprises en cherchant à l’escalader, il avait ainsi couvert près des deux tiers de la distance séparant le fond de la fosse à la liberté.
- Vous avez plus qu’à vous servir de moi comme échelle pour retourner vers les cieux, déesse !
L’équilibre était bancal, mais la Crazilles était élancée et agile ; la démonstration n’étant alors plus à faire dans ce registre. Gracile de ses orteils à la pointe de ses cheveux, perchée du haut de ses deux mètres, elle pouvait ainsi atteindre les barreaux de bois situés au sommet de leur enclos de fortune. La félicitée s’était ainsi présentée à elle après qu’elle usa de ses faveurs sur un imbécile invétéré. Peut-être finirait-elle par croire elle-même en sa magie tant elle avait si bien domestiqué ce spécimen revêche, à présent acquis à la cause de l’évasion qui ne demandait plus qu’à poindre.
- Grimpez que je vous dis ! Insista son fervent. On ira à votre sanctuaire après qu’on les aura zigouillés les autres. Vous croyez qu’on peut prendre le canapé avec nous en partant au fait ? Il est pas encore trop trop lourd, je peux le porter facile. Ajoutait-il en gonflant les muscles afin de gagner en valeur à ses yeux, manquant de peu, au passage, de tomber de son perchoir de fortune.
Bien qu’il s’avéra débonnaire et qu’il fit preuve d’une initiative remarquable, certains détails cuisant laissaient encore entendre que, bien que doté d’un esprit plus clairsemé après son « offrande », Eugene demeurait un parfait abruti. Du reste, à peine érudit des affres de la volupté, il ignorait que la divine créature l’ayant délesté de ses tourments n’avait, quant à elle, pas joui à satiété après qu’elle l’eut privé de son nectar. Aussi ne savait-il rien de la réelle dévotion dont elle avait fait preuve à son égard sans qu’elle n’en fut récompensée en retour.
Mais l’heure n’était apparemment plus aux polissonneries alors que le monde s’offrait à eux. Sous réserve en tout cas qu’Eugene ne tomba pas du canapé branlant qu’il s’en était allé dresser laborieusement en vue de leur évasion.