Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... Oh ! Dieu !... Bien des choses en somme.
En variant le ton, -par exemple, tenez :
Agressif : "Moi, monsieur, si j'avais un tel nez
Il faudrait sur-le-champ que je l'amputasse !"
Arpentant les couloirs du lycée, Zynarys était en train de lire Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, dérogeant à son habitude de visualiser des comics. Ses élèves - ceux de la section O - devaient lire cette œuvre pour le cours de français et lui avaient montré le livre. Piquée par la curiosité, elle était allé acheter un exemplaire au libraire du coin ; elle était arrivée au fameux passage de la tirade des nez et elle devait bien avouer qu'elle était excellente.
Amical : "Mais il doit tremper dans votre tasse :
Pour boire, faites-vous fabriquer un Hanape !"
Descriptif : "C'est un roc!... C'est un pic!... C'est un cap!...
Que dis-je, c'est un cap?... C'est une péninsule!"
Elle s'arrêta un moment devant une glace et se mit à regarder son visage, tout particulièrement son nez et se dit qu'heureusement ce dernier n'avait rien à voir avec celui du personnage de la pièce de théâtre ! D'un autre côté, il était impossible qu'un jandarien ou une jandarienne digne de ce nom se retrouve affublé d'un tel organe : là bas, sur Jandar, les miracles de la génétique ont permis la création d'une race parfaite, exemple de tares et de défauts physiques et possédant une longévité exceptionnelle ; néanmoins (nez en moins ?) les scientifiques laissaient volontairement un ou deux petits défauts physiques, mineurs bien entendu, quasiment imperceptibles, car, selon eux, la perfection totale pouvait, à long terme, être dangereuse.
Celui qui avait été chargé de Zynarys avait dû avoir la main un peu lourde car la jeune femme s'était retrouvé à l'adolescence avec une paire de seins assez voluptueuse ! Continuant à se regarder dans le miroir, une idée amusante lui traversa l'esprit : et si j'écrivais la "tirade des seins" ? pensa-t-elle avec un sourire amusé.
Se retournant pour continuer sa progression dans les couloirs, elle se retrouva nez à nez avec un beau jeune homme, portant un costard cravate devant coûter au bas mot 100 $ le cm² de tissu et des lunettes qui ne devaient pas sortir d'un opticien de quartier.
Elle écarquilla légèrement les yeux car elle venait de reconnaître William Dolan !
Bon sang, mais qu'est ce qu'il fiche ici ?! songea-t-elle. Aurait-il réussi à percer à jour ma véritable identité ? Et si oui, comment a-t-il fait ? D'un autre côté, il se peut qu'il soit là par hasard mais je n'y crois pas trop...
La raison pour laquelle aucun témoin oculaire n'avait pu donner une description physique précise de celle que les média appelait la Flèche d'Émeraude était que son aura verte éblouissait légèrement ceux et celles qui posaient le regard sur elle et brouillait également les traits de son visage, ainsi que le reste de son corps. Les appareils photographiques et les caméra renvoyaient une image floue et imprécise. Au final, la seule chose que l'on pouvait dire de la super-héroïne était qu'elle était une femme...
Revenant de sa (légère) surprise, elle finit par dire, plantant son regard vert dans celui de l'avocat : excusez-moi mais vous m'avait fait peur ! Euh, vous êtes un nouveau professeur ?