Le Grand Jeu

Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Centre-ville de Seikusu => Le quartier de la Toussaint => Discussion démarrée par: Nathan Joyce le vendredi 11 octobre 2013, 01:52:56

Titre: Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Nathan Joyce le vendredi 11 octobre 2013, 01:52:56
« Putain, mais c’est quoi ce bordel ?! Vous êtes qui ?! » lui hurlait-il derrière la poubelle verte de la ruelle, alors qu’un concert de balles pleuvait sur eux.

La légende Nathan Joyce voulait que toutes les femmes sexy qu’il rencontre attirent avec elle tout un tas d’emmerdes et de types peu recommandables. Sa voiture de patrouille était en miettes de la fumée s’échappant du moteur, et il était planqué derrière une misérable benne verte, servant de bouclier pare-balles contre une bande de tueurs surarmés, qui en avaient après cette femme.

Elle était apparue dans le mirage de ses phares. Il avait alors cru à un ange, à une apparition spectrale, comme une espèce de fantôme. Il eut alors juste le temps de braquer sur la gauche, donnant un coup de volant pour l’éviter. Sa voiture avait heurté un poteau, et l’airbag s’était enclenché, le plaquant contre le fond de son fauteuil, alors que sa voiture, renversant le poteau dans des crépitements électriques, avait heurté violemment le mur. Il avait juré en sentant cette saloperie de coussin lui exploser à la figure, et avait tant bien que mal réussi à ouvrir la portière, et à sortir.

*Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est quoi ce bordel ?* s’était-il alors exclamé en parvenant à extirper sa carcasse hors de la voiture, glissant sur le trottoir.

C’est là qu’il avait entendu les hurlements et les coups de feu.

« Tuez-là ! Tuez cette salope !
 -  Ne la laissez pas s’échapper ! »

Nathan avait compris qu’il venait de débarquer au milieu d’un règlement de comptes à l’ancienne. Il s’était relevé en saisissant son Glock, et plusieurs balles avaient sifflé autour de lui, explosant les vitres de la voiture banalisée. Quand on circulait du côté de la Toussaint, il était usuel d’éviter de sortir en voiture de patrouille, sous peine de se recevoir des morceaux de cailloux, ou des doigts brandis en vous approchant des trottoirs. Il avait répliqué en tirant au jugé, forçant les tueurs à plus d’adresse, de prudence. La femme était au milieu de la rue, visiblement aussi déboussolée que lui... Et diablement belle. Elle portait une courte minijupe avec un corset noir en vinyle, des lunettes, et de longues bottes avec des bas résilles.

Il s’était élancé vers elle, et l’avait attrapé par le bras, filant dans une ruelle, tandis que les autres types se mettaient à leur tirer dessus, utilisant des armes automatiques. Ils avaient couru dans une ruelle, la fille étant surtout poussée par Nathan, et ce dernier s’était réfugié derrière une poubelle, tenant fermement son Glock.

Parmi les individus qui leur tiraient dessus, il y avait un certain Kane. Ce n’était pas n’importe qui : c’était un kyodai. Et cette fille qui s’échappait, cette gaijin, était son assurance-vie. Si un chevalier servant avait cru utile de se prendre pour un héros, il était temps pour Kane de mettre les pendules à l’heure. Il ignorait comment elle avait réussi à s’échapper de la cave, mais ce n’était que partie remise.



Tout avait commencé il y a deux semaines. Kane venait d’être promu kyodai, ce qui constituait une belle avancée sociale, au sein de la glorieuse et puissante famille des Guramu, le plus puissant clan de Yakuzas de la ville... Ou l’un des plus puissants. Les Guramu dirigeaient une grosse partie des activités légales et illégales de la ville depuis la Seconde Guerre Mondiale, où ils avaient parfaitement su se vendre auprès des Américains pour protéger la ville contre la menace communiste et chinoise. L’influence des Guramu s’était sans cesse étendu, et ces derniers trempaient activement dans le trafic de drogue, qui leur rapportait de nombreux revenus. C’était un marché où il était très difficile de les concurrencer, et la police essayait donc de les déloger de là, afin que la réputation de ville criminelle de Seikusu finisse par s’estomper.

Il y a deux semaines, un deal avait été organisé par une organisation venant d’Afghanistan, pays qui, outre ses terroristes et ses soldats américains, était aussi connu pour être l’un des plus grands pays exportateurs de drogue au monde. La drogue était venue par bateau, et acheminée ensuite dans différents camions et fourgons. Afin de passer la douane, et d’éviter de se heurter à la police, les sachets de drogue étaient fournis dans des objets méconnaissables : des ours en peluche qui étaient destinés à de petits enfants innocents. Les Guramu avaient en effet mis la main sur une usine de fabrique de jouets et sur plusieurs boutiques vendant également des jouets pour les marmots, comme ces saloperies d’ours en peluches. À l’approche des fêtes, ça se vendait comme des petits pains, mais ceux-là n’étaient pas destinés à être vendus. En réalité, les ours en peluche avaient été cousus avec, à l’intérieur, au milieu de la mousse, des sachets de drogue.

En s’épargnant les calculs compliqués, il y en avait pour 500 000 dollars de drogue là-dedans. Malheureusement, le camion n’était jamais arrivé à destination. Pour éviter de s’attirer la police, qui surveillait activement les quais, afin d’avoir un gros poisson à présenter à l’approche de la fin d’année, Akihiro Guramu, l’Oyabun du clan, le parrain, avait décidé, en suivant les conseils de celui responsable de l’opération, Kiba, de ne pas escorter le camion. Il espérait que personne n’irait chercher à voler des putains d’ours en peluches roses ressemblant à des saloperies de Barbie poilues. Les flics n’y avaient vu que du feu, mais deux cons avaient quand même eu l’idée géniale de le voler.

Quelques jours plus tard, un Guramu avait vu sur le Net des annonces pour des ours en peluches, et avait compris qu’il s’agissait des leurs. Il avait prévenu le chef... Et le chef avait réuni tout le monde, y compris le supérieur de Kane, Kiba. Signe de sa supériorité incontestable, Akihiro logeait dans un immense château japonais en hauteur de la ville, Muramasa-jo. Le château

« Vous permettez que je récapitule ? avait-il dit, dans l’enceinte de son restaurant traditionnel. Il y a deux jours, Kiba, tu m’encourages à ne pas escorter ce camion, en prétextant que les flics sont partout, et qu’ils n’hésiteraient pas à saisir notre dope. Tu confirmes ?
 -  Ou-Oui, Chef, mais...
 -  On perd le camion, et l’un de mes hommes m’annonce qu’il vient d’en acheter une partie à l’une de ses putains de filles pour le putain de Noël qui s’approche... 10 $ l’ours en peluche, frais de transport compris, une aubaine ? Et, à l’intérieur de ce putain d’ours de merde, un sachet de drogue... À 25 $ le sachet, pour un total de 100 kilos, j’vous épargne le calcul, mais ça fait un putain de paquet de pognon dispersé dans la nature !
 -  On... On va les retrouver, Chef..., marmonnait un Kiba guère rassuré.
 -  Ce camion, c’était mon Noël, Kiba, MON Noël ! Merde ! Comment tu crois qu’on est censé faire des affaires ici, hein ?! T’es pas foutu de surveiller un PUTAIN DE CAMION et tu voudrais que je te confie des responsabilités ?! Merde, tu surveillerais pas ta propre queue si elle te pendait sous le nez, foutu connard. »

Akihiro s’énervait facilement. Il était assis, en train de manger du fugu, ce plat extrêmement prisé par les Japonais, et potentiellement mortel. À l’approche des fêtes, les ours en peluche s’écoulaient comme du petit pain dans une ville française, et Akihiro savait qu’il avait très peu de chances de récupérer sa cargaison.

« T’as de la chance que je t’aime bien, Kiba. Tu vas retrouver ceux qui ont fait ça, Kiba, et, quand ce sera fait, tu m’appelleras. Je leur enverrais le Grille-Pain. »

Grille-pain... Un surnom de gangster qui pouvait prêter à sourire, mais personne n’avait spécialement envie de rire quand « Grille-pain » vous tombait dessus. Sa spécialité était de torturer ses proies en fourrant leurs mains dans un grille-pain. Il s’assurait toujours de venir chez ses victimes avec des tranches de pains, et en mettait une dans l’appareil, tout en forçant la victime à mettre ses doigts dans le grille-pain. Ensuite, il attendait, et continuait, jusqu’à avoir épuisé tout le paquet.

« Et... S’il leur reste encore des ours en peluche ? »

Akihiro le regarda en soupirant. Son regard serré signifiait très clairement qu’il commençait à être à bout, et que même la bonne étoile de Kiba ne pourrait indéfiniment le sauver.

« T’es con ou tu le fais tout simplement exprès ? Putain, évidemment que tu les cuisines pour savoir où est le reste de mes ours ! Tu crois qu’ils ont vendu des centaines d’ours en peluches en quelques jours ? Tu retrouves ces connards, tu retrouves pas mes ours, et tu pries pour qu’il en reste assez pour que j’ai pas envie d’arracher tes putains de yeux pour servir d’appâts afin d’aller gober mes poissons ! »

Kiba avait compris qu’il était dans son intérêt de se la fermer, et Kane avait enquête.

C’était Mamoru qui avait reçu l’ours en peluche, et il avait montré l’annonce. Évidemment, il n’y avait pas d’adresses, mais c’était assez pour que les Yakuzas remontent la source de l’annonce. Ils avaient trouvé l’ordinateur depuis lequel l’annonce avait été envoyée, et avaient poursuivi leur enquête.

C’est ainsi qu’ils avaient appris que l’un des plus puissants clans de la ville avait perdu des centaines de milliers de dollars à cause d’un couple de deux minables. Des gaijins, en plus. Kane et ses hommes étaient entrés dans leur appartement à l’heure du déjeuner, et étaient tombés sur une femme. Bien que Kane se considère comme un homme particulièrement galant, et Dieu sait qu’il faisait des efforts pour aller dans ce sens, il avait collé une magnifique droite dans le ventre de la jeune femme. Kane n’avait évidemment pas trouvé la cargaison chez eux, et avait décidé, après avoir pesé le pour et le contre, de ne pas incendier l’appartement. L’homme n’était pas là, et il avait laissé des hommes en faction devant l’immeuble, afin d’attendre son retour.

Les riverains n’avaient pas posé de questions. Quand les Yakuzas débarquaient, la curiosité était un sentiment qui disparaissait. Ils avaient emmené la femme dans la cave d’un petit appartement de la Toussaint, là où les flics ne viendraient pas les déranger, et l’avait attachée dans la cave, sur une chaise, avec une corde autour des poignets et le long de sa taille.

La nuit s’était ainsi abattue sur la ville, et ils avaient laissé la fille là. Kane ne voulait pas la toucher sans que Kiba n’arrive, et son coup ne se voyait pas. Les maris fatigués qui battaient leurs femmes le savaient : il fallait frapper dans le dos, ou au ventre. Au ventre, il n’y avait aucune trace, et le dos était une surface résistante. À moins d’être en été, personne ne le voyait. Il aurait bien aimé battre cette salope, ne serait-ce que parce qu’il avait la trique en la voyant, et que bander ainsi face à une gaijin l’énervait, mais il restait fidèle aux ordres. Kiba voulait être informé, et Kane l’avait donc appelé.

Malheureusement, sans qu’il ne comprenne comment, la fille avait réussi à s’échapper, et ils la poursuivaient.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Sunday M. Burton le vendredi 11 octobre 2013, 13:02:00
Plus tôt dans la journée :

« Diego, ça ne plaît pas, tu sais. »
« Mais je t'assures que ça marche impeccable. Regardes, on a déjà écoulé un tiers des ours. On ne fait rien de mal en plus, pour une fois. »
« Mais les fabricants vont forcément retrouver notre trace. C'est toujours comme ça. On aurait dû s'en tenir à notre business habituel. »

L'hidalgo (http://nathie.deviantart.com/art/Bob-Mayfield-357614288), tournant son regard ambré vers sa compagne, esquissa un sourire rassurant.

« Hey poupée. Qu'est-ce qu'il t'arrive tout à coup ? »

Haussant les épaules, la brunette ne sut expliquer ce qui la chagrinait dans l'histoire.

« Je ne sais pas. C'est une impression surtout... Un sentiment diffus... »

Diego ricana, sans méchanceté.

« Tu as des prémonitions maintenant ? De mieux en mieux, tu es en train de devenir "SuperWoman"... »
« Ne dis pas de bêtises... »

Malgré elle, elle sourit à la blague de l'hispanique.

Le camion d'ours en peluche qu'ils avaient détournés la semaine d'avant la semaine précédente (il y a deux semaines quoi) était dans un entrepôt, bien au chaud, et sa cargaison aussi. Ils en avaient juste ramenés une dizaine dans le studio que louait Sunday et où créchait Diego plus souvent que nécessaire. Elle se détourna, laissant son amant régulier répondre à un client.

« Prépares-moi un colis avec un des ours s'il te plaît. Je te note l'adresse... La voilà. »
« D'accord. »

L'organisation criminelle à laquelle ils appartenaient avec Diego ne trempait pas dans les trafics d'ordinaire. Oui, ils tuaient des gens, cambriolaient et espionnaient des gens ou des entreprises, mais jusque là, Sunday n'avait jamais fait de la revente d'objets volés, surtout en si grosse quantité.

Triturant distraitement l'ours en peluche qu'elle avait saisit, le doigt de la brune fit sauter malencontreusement une couture. Tirant dessus machinalement, elle fit ainsi tomber la tête de la peluche. Surprise, elle allait la remettre en place quand son regard effleura un bout de plastique étrange. Laissant la tête sur la tête, elle pinça le bout de plastique entre l'index et le pouce et le souleva. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant venir tout un chapelet de sachets plastiques contenant de la poudre blanche.

De stupeur, Sunday en resta muette un instant, finissant de faire émerger le chapelet de sachets de ce qu'elle identifia facilement comme de la drogue.

« Diego, depuis quand l'organisation nous fait voler des ours en peluches contenant de la drogue ? »
« De la drogue ? Tu as besoin de sommeil poupée, il n'y a pas de dr- »

En se retournant, l'hidalgo stoppa net sa réplique.

« Dios Mio. Fait voir ? »

Il tira un ours à lui, arracha la tête sans douceur et découvrit un chapelet semblable à l'intérieur de ce dernier. Il recommença avec trois autres ours, pour le même résultat.

« On dirait bien que toute la cargaison en contenait... Merde, imagines combien de personnes ont acheté ces ours ? Tu as gardé les adresses ? Diego ! »

L'hispanique se tourna vers sa compagne, l'air grave.

« Ouais ouais. La liste est sur le pc. Écoutes, poupée : Tu vas rester ici. Moi, j'emporte ça à mon contact. J'vais voir avec celui qui nous a donné la mission si c'était prévu. Tu ne bouges pas d'ici surtout. Je reviens au plus vite. Pour une cargaison pareil, ses propriétaires vont sûrement nous chercher... »

Sunday hocha la tête. Elle remit le chapelet qu'elle tenait dans les mains de son amant, l'embrassant rapidement avant qu'il ne se détourne pour ramasser les ours dans un carton, et elle s'installa devant le PC.

« J'envoie un mail à tout ceux qui ont acheté les ours, demandant le retour du produit pour cause de défaut. Je dis qu'on leur en renverra un ours sain. C'est histoire que des gamins ne sniffent pas ça... »

Il hocha la tête, marmonnant son approbation, et finit d'emballer les ours. Puis, enfilant sa veste de cuir, il prit ses clés et le carton.

« J'y vais, je serais de retour bientôt. Gardes ton portable en route. »
« D'accord. A tout à l'heure. »

L'hidalgo sortit, et peu après la brune entendit le moteur de son engin démarrer.

Elle pianota rapidement sur le clavier de l'ordinateur, composant le mail, puis entra toutes les adresses mails de ceux qui avaient déjà reçu un ours en peluche. Elle cliquait sur envoyer quand un coup brutal fit trembler la porte de son studio. Elle effaça l'historique et ferma la fenêtre, avant de refermer le portable, et se leva.

« Qui est là ? »

Pas de réponse, mais une nouvelle série de coups frappés. Par précaution, Sunday saisit le couteau qui traînait sur la table.

« Diego ? »

Au moment où elle allait ouvrir, avec précaution, la porte explosa -ou c'est l'impression qu'eut Sunday en tout cas à cause du bruit- et des hommes entrèrent en flot dans l'appartement. Avant qu'elle n'ait eu le temps de protester ou autre, la brune reçu un formidable coup de poing dans l'abdomen, lui coupant momentanément le souffle et la faisant tomber à genoux sur le parquet. Elle n'eut pas le loisir de se défendre que déjà, elle était entravée et soulevée pour se relever. Elle voulut protester, mais une main la bâillonna brusquement, et elle n'eut d'autre choix que de suivre, contrainte, les hommes qui venaient de pénétrer ainsi chez elle pour la kidnapper.

Elle se débattit faiblement, cherchant d'abord à tester la solidité de ses liens. La panique qui l'avait envahie au départ s'était dissipée. Maintenant, son esprit tournait furieusement à chercher un moyen de se libérer et de fuir. Elle était assez intelligente pour comprendre que ces types étaient des Yakuzas. Et qu'ils venaient pour les ours en peluche. Dans quelle merde s'étaient-ils foutus avec Diego ?

Les mains liées dans le dos, la brune essaya d'atteindre son mobile qui était coincé dans la poche arrière de son mini-short. Elle était discrète pourtant, et espérait prévenir Diego ainsi. Mais, au mauvais moment, le téléphone sonna.

Immédiatement, on la fit se coucher sur le ventre, sur le sol de la camionnette qui l'emmenait, et une main palpa son corps pour trouver le mobile. Elle grimaça quand les doigts se refermèrent sur l'appareil et l'extirpèrent de la poche.

« Réponds. »

Il décrocha et laissa l'appareil à l'oreille de Sunday.

« Non... »

Elle grogna sa réponse, alertant du même coup Diego qui avait commencé à parler. Elle l'entendit lui demander ce qui n'allait pas avant que son ravisseur ne lance, furieux, le mobile contre une paroi du van. Il explosa, et retomba en pièce détaché sur le sol.

« Garce. »

Il ponctua sa réplique d'un coup de pieds dans son abdomen, et la laissa, effondrée sur le sol, à grimacer de douleur.

A leur arrivée, ils traînèrent Sunday plus qu'autre chose. Se retrouvant assise et ligotée à une chaise dans une cave. Elle patienta deux heures, à quelque chose près. Elle se remit du coup qui avait dû faire rougir son ventre, et réfléchissait activement à la façon de sortir. Se détacher ne poserait pas de soucis. Mais pour le reste...

Finalement, elle se décida. Se concentrant, elle se racla la gorge, et contint sa salive derrière ses lèvres fermées. L'acidité de la substance augmentait doucement, jusqu'au taux que désirait Sunday. Elle laissa couler un filet de salive sur la corde qui retenait sa taille et qui passait sur ses genoux. Lentement, l'acide rongea le chanvre. La corde céda, et elle put se lever. Il ne resta que la corde qui retenait ses poignets dans son dos. Souple, elle n'eut aucun mal à faire passer ses jambes à travers le cercle de ses bras, et ramener ainsi ses poignets devant elle. Elle cracha sur la corde, qui céda également, et fut enfin libre. Se débarrassant du surplus de salive acide, elle le cracha sur la chaise, au centre, avant de remonter les marches de la cave où elle était enfermée.

A l'instant présent :

Surgissant sur la route, peu avant, Sunday avait évité de peu d'être renversée par une voiture. Heureusement, le conducteur avait eu un bon réflexe. Derrière elle, ses poursuivants étaient toujours là. Elle se pencha brièvement, évitant de peu des balles qui sifflèrent près de ses oreilles, et cherchait par où aller.

Le conducteur accidenté était apparemment armé, puisqu'il répliqua vers ses poursuivants, avant de l'entraîner derrière lui, dans l'une des multiples ruelles du quartier de la Toussaint, et de la pousser à l'abris d'une benne à ordure. Il ne savait pas qui elle était, mais il était. Brave type.

« C'est vraiment important pour l'instant ? »

Elle répliqua, criant également, se protégeant des éclats de balles qui ricochaient contre la benne ou le mur. L'essentiel, c'était de se tirer de là et vite. Elle répondrait ensuite à son sauveur providentiel. S'ils n'étaient pas morts d'ici là.

Pendant qu'il la couvrait, croyait-elle, elle examina l'endroit. Non loin, de la benne, une trappe. Elle menait sûrement à une cave d'un particulier, où aux égouts.

« Je vais déplacer la benne jusqu'au fond, tenez-vous prêt ! »

Elle attendit d'être certaine qu'il l'ait entendue, et s'exécuta. La poubelle roula, centimètres par centimètres, jusqu'à masquer la trappe aux yeux de leurs poursuivants. S'attelant à la tâche de l'ouvrir, Sunday galéra un peu, mais avec de la persévérance, tout finit par arriver. Elle l'ouvrit, et grimaça. Les égouts. C'était les égouts. Tant pis. C'était mieux que de se faire trouer la peau.

« On peut passer par là. Il faut s'éloigner un maximum. Je passe d'abord, comme vous êtes armé ! Vous êtes prêt ? »

Elle attendit quelques secondes, et sauta, les pieds en avant. La chute ne fut pas longue. Elle se réceptionna rapidement, roulant sur le côté, et attendit son sauveur armé. Elle examina les alentours en attendant, ses yeux s'habituant à l'obscurité du boyau. Elle eut cependant un haut-le-coeur, mais décida que le mieux c'était de prendre à sa droite.

« Vous devriez remettre la trappe par-dessus, non ? »
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Nathan Joyce le samedi 12 octobre 2013, 00:28:37
Combien étaient-ils ? Les balles pleuvaient sur la benne, résonnant dans la petite ruelle. C’était une impasse, avec un autre immeuble, et ce qui était probablement une entrée de service au bout d’un petit perron. Il y avait des lumières dans les immeubles alentour, signe que les riverains ne dormaient pas. Sur le tas, il y en aurait peut-être au moins un qui appellerait la police, mais il ne fallait pas s’attendre à avoir des renforts. Ce quartier-ci de la ville était vraiment dangereux, sous la coupe réglée des Yakuzas, et faisait fréquemment l’objet de disputes entre eux et des gangs de rues qui essayaient de récupérer le contrôle de leur territoire. Les tueurs utilisaient de puissantes armes automatiques, probablement des pistolets-mitrailleurs, vu les rafales. Dans les films hollywoodiens, le héros identifiait l’arme en entendant les détonations. Cependant, en se concentrant, Nathan n’entendait que des rugissements. Impossible de savoir combien il y avait de types, et il ne pouvait pas leur sauter dessus comme ça. Il aurait pu le faire, bien sûr, mais il y aurait alors eu une personne de plus au monde qui était au courant que le bon vieux policier Joyce abritait un Mister Hyde particulièrement sanglant et pervers... Un Mr Hyde qui avait d’ores et déjà noté que les fesses de cette belle dame étaient magnifiquement moulées par sa tenue.

*C’est mieux comme ça, Nathan, murmurait la Bête dans son esprit. Si tu l’avais rencontré au détour d’un bar, en prenant un verre, on se la serait faite dès qu’elle aurait été pissée. Imagine-là, coincée contre la cuvette des chiottes, en train de se faire labourer par moi...*

Nathan fit feu, tirant au jugé, les balles filant au-dessus de sa tête, commençant à transpercer la benne comme du gruyère. Il s’étonnait lui-même de constater combien les pensées de la Bête, de son symbiote, revenaient fréquemment autour du sexe. D’un autre côté, il fallait bien admettre que la vie sexuelle de Nathan était assez morne, alors qu’il côtoyait assez souvent des bombes sexuelles... Qui avaient généralement toutes pour habitude d’être liées, de près ou de loin, à des individus peu recommandables. L’adrénaline battait dans ses veines, alors qu’il voyait la fille regarder autour d’eux, cherchant une échappatoire, une voie de sortie.

« Je vais déplacer la benne jusqu'au... »

*BANG !*

La détonation manqué lui exploser l’oreille gauche, et il n’entendit plus qu’un sifflement. Les lèvres de la femme belle comme une saloperie de succube échappée d’un film porno continuaient à remuer, et il remua la main, comprenant qu’elle devait vouloir déplacer la belle. Il fit encore feu au jugé, sachant très bien qu’il n’atteindrait personne. Là encore, il n’y avait que dans les films hollywoodiens que le héros tuait quelqu’un en tirant au jugé, ou en portant l’arme à hauteur du torse. L’oreille de Nathan saignait, et il entreprit d’aider un peu la femme. Les balles rebondissaient contre la benne.

« Ils veulent se casser ! »

Nathan entendit l’un des Yakuzas parler, et vit la femme se ruer vers la trappe.

*Attention !* l’avertit la Bête, alors que Nathan allait l’aider.

La porte de service au bout du perron, qu’il avait aperçu en étudiant la ruelle, s’ouvrit subitement, sur un Yakuza armé d’un fusil à pompe. Nathan leva sa main, et fit feu, les balles heurtant le mur, autour de l’homme, qui fit feu avec ses chevrotines. Pour le coup, la détonation était bien différente des pistolets-mitrailleurs, comme si un canon venait d’exploser. L’homme avait seulement tiré pour impressionner, et se dépêcha de recharger. Nathan visa un peu plus soigneusement, soutenant avec son autre main celle qui tenait son Glock, et tira. La balle atteignit l’homme à l’épaule, et il poussa un hurlement de douleur, son sang venant décorer le mur. Ses pieds s’emmêlèrent, et il se mit à dévaler les marches, allant s’écraser contre des poubelles, renversant des détritus sur lui.

« ...Vous êtes prêt ? »

Prêt ? Prêt à quoi ? Il tourna la tête vers elle, et la vit sauter dans la trappe qu’elle avait ouverte.

*Voilà une femme comme je les aime : aventureuse et entreprenante. Je te parie qu’elle risque de m’attirer bien plus d’emmerdes qu’un séjour dans les égouts.*

Il la rejoignit. Il fit un saut d’un ou deux mètres, et atterrit sur le sol, pliant les jambes. Une odeur écœurante lui agressa les narines, la réjouissante odeur des égouts. Il regarda autour de lui, essayant de s’habituer à l’obscurité.

« Vous devriez remettre la trappe par-dessus, non ? »

Il la regarda, puis leva les yeux. Elle avait poussé la trappe du pied, l’arrachant de son loquet.

*Tu n’as pas le temps pour ça... Ils la feront sauter en quelques secondes.*

Il regarda la femme.

« On devrait surtout foutre le camp d’ici. »

Il se dépêcha de courir, évitant de la tenir par la main, ayant bien noté qu’elle était du genre à foncer, et pas à implorer l’aide du chevalier servant... Hollywood ne racontait vraiment que des conneries sur les femmes. Nathan s’avança rapidement, faisant fi de l’odeur. L’obscurité était opaque par ici, l’éclairage étant inexistant.

*Ce n’est pas un problème pour moi... Mais je ne crois pas que ta petite amie y verra quelque chose...*

Nathan se retourna vers elle, et la saisit donc par la main.

« Okay... Arrêtez de courir, et suivez-moi... Lentement. Je vois très bien dans l’obscurité, alors... Suivez-moi. Si vous courez trop vite, ils vont nous identifier avec nos bruits de pas. »

Avec un peu de chance, eux aussi n’auraient pas de lampes-torches. Nathan s’avança donc, maintenant son arme, tandis qu’il avançait sans rien voir, la Bête lui indiquant où aller. Sa main droite s’appuyait contre les rebords d’un mur.

*’Tombe pas, Nathan, tu pues déjà assez comme ça.*

Le fait est que la chance était avec eux. Mis à part la lumière de leurs téléphones portables, les Yakuzas n’avaient pas de lampes-torches avec eux, et s’avançaient donc également à l’aveuglette. Nathan et la mystérieuse femme se retrouvèrent dans un égout un peu plus grand, avec une eau verdâtre qu’on arrivait à percevoir à travers l’éclairage public venant de quelques canalisations. Ils étaient sous la rue où Nathan avait écrasé sa voiture de fonction.

« Puisqu’on est dans un moment intime, vous et moi... Je m’appelle Nathan. Et vous ? Pourquoi est-ce que les Yakuzas en ont après vous ? »

Il n’y avait que les Yakuzas pour tirer ainsi en pleine rue sans aucune inquiétude. L’instinct du flic... Cette femme n’était pas une pute cherchant à s’échapper de ses macs. Elle aurait eu les yeux dilatés, et n’aurait pas fait preuve de cette vivacité d’esprit. Or, on avait beau dire ce qu’on voulait sur les Yakuzas, ils ne traquaient jamais avec un tel acharnement des types qui n’avaient rien à se reprocher. Mais Nathan restait un homme. À choisir entre une belle femme canon et des types tarés qui avaient transformé sa voiture en gruyère, le choix ne se posait pas.

*Pas de repos pour les braves, semblerait-il...*
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Sunday M. Burton le samedi 12 octobre 2013, 01:54:47
Heureusement que son compagnon était armé. Sinon, le Yakuza qui débarqua, d'une porte de service face à eux, les auraient troués en trois secondes. Et l'étrange pouvoir de la belle n'y aurait rien pu faire. Là au moins... Et il ne visait pas trop mal.

Le bruit de la fusillade aurait fini par rendre Sunday sourde, elle s'en rendit compte au moment de passer par la trappe. Bien que l'odeur lui souleva le coeur, le bruit était assourdi ici. De côté, pour laisser l'homme descendre à son tour, la brune essayait d'habituer son regard à l'obscurité ambiante. Quand il descendit, et qu'elle lui fit remarquer la plaque d'égout à remettre, il préféra l'option "se tirer d'ici le plus vite possible". Finalement, elle n'était pas contre non plus.

Lui emboîtant le pas, elle se mit à courir juste derrière lui, espérant qu'il se repérait mieux qu'elle dans le noir, parce qu'elle n'y voyait vraiment pas grand chose. Il dû se faire la même réflexion, parce que le bruit de ses pas cessa brusquement. Sunday bénit alors sa réactivité, qui la fit s'arrêter juste avant de lui foncer dedans. Mais vraiment, juste avant. Du genre trois millimètres d'écart. Il aurait presque pu sentir son souffle face à lui, si elle ne s'était pas rejetée en arrière, se plantant sur l'aiguille de ses talons. D'ailleurs, qui a dit que les talons aiguilles empêchaient de courir ? Sunday n'avait jamais eu de problèmes et courrait aussi vite que n'importe qui. Le seul risque : Que l'aiguille pète, et qu'elle trébuche.

Mais il faut rester optimiste dans la vie. La brune laissa son héros du jour lui prendre la main sans broncher, étant d'accord avec son raisonnement.

« Pas de problèmes, je vous suis. »

Par chance, le bout des talons aiguilles de Sunday étaient en plastique, et le bruit était loin de ressembler au tac-tac des autres talons aiguilles. Le bruit en était étouffé, et ne faisait qu'un vague "toc" assourdi. Elle n'eut aucun mal à le suivre donc, et ce sans faire plus de bruit que lui.

Fronçant le nez de temps à autres, tournant la tête assez souvent, la jeune femme était assez angoissée de ne pas entendre les Yakuzas derrière eux. Cela voulait-il dire qu'ils avaient abandonné la trappe ? Peu probable. Mais peut-être leur tendaient-ils un piège. C'était l'hypothèse la plus probable. Après celle où ils savaient tout simplement se montrer silencieux.

Son compagnon la fit presque sursauter en reprenant la parole. Elle esquissa un sourire.

« Sunday. Et pour être honnête... Je me doute de ce qu'ils ont à me reprocher, mais je ne suis pas sûre. Une histoire d'ours en peluche... »

Elle avait bien conscience que ça pouvait paraître louche. Mais elle conclut sa phrase par un petit sourire amusé, et avait l'air déterminé de celle qui ne dirait pas un mot de plus, même sous la torture.

Elle entendit soudain un "floc floc" et grimaça. Elle venait de marcher dans une flaque d'eau saumâtre, mais pas que. Elle sentait quelque chose sous sa semelle. Quelque chose qui restait collé. Sûrement pas des pétales de rose. Cependant, elle ne fit pas de bruits superflus en essayant de s'en débarrasser, et fit avec.

La brunette leva brièvement les yeux vers la grille d'égout qui les surplombaient, mais reporta son attention devant elle. Sur l'homme qui la guidait. Elle en oubliait presque qu'il lui tenait encore la main.

S'ils se trouvaient au-dessous de là où leurs chemins s'étaient croisés, il allait falloir choisir une direction, car on approchait d'un croisement. Droite vers le commissariat ? Gauche vers la mairie ? Ou tout droit, vers le quai ?

« Vous savez où vous allez ? Ou vous vous dirigez au hasard, Nathan ? »

L'idéal, pour Sunday, ce serait de remonter vers la Mairie, et de s'éloigner du quartier de la Toussaint. Elle pourrait retourner chez elle et alerter Diego. Quoiqu'une cabine téléphonique serait tout aussi indiquée. Voire, plus.

« Personnellement, je prendrais à gauche à l'intersection. Mais vous êtes libre d'allez où bon vous semble... »

Il lui faudrait se planquer un peu, mais Sunday avait l'intention de récupérer les ours en peluches et de les rendre à leurs propriétaires. Oui, elle tuait, elle cambriolait, elle espionnait. Mais la drogue, jamais. Elle avait vu l'état dans lequel ça mettait les gens. Très peu pour elle.

« Il faudra que je pense à vous remercier aussi, à l'occasion. »

Elle trouverait bien de quoi lui offrir un petit pécule pour le remercier d'avoir sauvé sa vie, alors même qu'il ne la connaissait pas. Il aurait tout aussi bien pu la laisser crever.

« Ils ne doivent pas être loin. Continuez ! »

"Oh putain"

Silence radio, étant donné que les poursuivants semblaient toujours sur leurs traces.

« On aurait dû prendre les torches. »

Redoublant de prudence, Sunday resserra ses doigts autour de ceux de Nathan. Pas parce qu'elle avait peur. Enfin oui, elle avait peur, mais la raison pour laquelle elle le faisait, c'était pour lui indiquer qu'elle désirait aller à gauche, et elle lui demandait ainsi ce qu'il comptait faire pour sa part.

Une sonnerie de portable retentit derrière eux.

« Ouais. Ouais. On est sur ses traces. Ouais. Ah. D'accord. Si on la ramène, on aura les deux comme ça. Hé hé. J'aime les interrogatoires comme cela... Ouais. Je te rappelle. »

"Diego !"

Entendant les paroles de ceux qui les poursuivaient, Sunday se crispa, serrant les doigts de Nathan avec force sans s'en rendre compte. S'ils avaient eu Diego... Non, ce n'était pas possible. Il fallait qu'elle sorte de ces égouts, et qu'elle l'appelle. Qu'elle se rassure, ou qu'elle confirme les paroles du yakuza.

Le visage désormais fermé, elle attendait impatiemment que son guide se décide, sinon, elle irait seule à gauche.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Nathan Joyce le dimanche 13 octobre 2013, 01:22:46
*Tu ne les entends pas, Nattie-boy ? rigolait la voix sardonique et glauque dans sa tête. Elle porte des talons-aiguilles. Elle me plaît, cette petite, pas toi ?*

Des talons-aiguilles ? Il fallait croire que la Bête était plus attentive que lui. Tout en marchant, Nathan essaya de faire attention aux bruits de pas de la femme... Et identifia le son caractéristique des talons tapant le sol. C’était léger, signe que le bout des talons devait être en plastique, ce qui permettait d’en étouffer le son. Nathan essayait de se repérer, mais il ne connaissait pas énormément les égouts, et encore moins cette partie de la ville. Certes, il vivait dans la Toussaint, mais dans une zone différente de celle-ci. La Bête le guidait, mais il savait que ce n’était pas un très bon guide. Le monstre en lui pouvait très bien le faire tourner en rond afin qu’il tue les Yakuzas, et viole ensuite cette jeune femme. Nathan connaissait la Bête, et sentait que cette dernière s’excitait. Quand la femme avait manqué s’écraser contre lui, ses seins avaient frôlé son dos, et il avait deviné leurs courbes, élégantes et lourdes. Une belle poitrine, qui avait réveillé la Bête, l’avait chaudement excité. Il devait vraiment contrôler la Bête, réussir à se calmer. Autrement, il risquait d’avoir une érection, et, plus cette érection durerait, et plus la Bête prendrait le contrôle. Être dans les égouts, là où il n’y aurait pas de témoins compromettants, était un problème supplémentaire, car Nathan aurait encore plus de mal à repousser le monstre.

Elle parla. Elle avait une voix magnifique, sensuelle, digne d’un téléphone rose, comme aurait pu dire la Bête. Elle s’appelait Sunday... Un nom assez original, mais très mal choisi, selon lui.

*La vie ne doit pas être de tout repos avec elle...*

Les Yakuzas la traquaient pour une « histoire d’ours en peluche ». Il y avait quelque chose qu’elle ne lui disait pas, mais il n’avait pas le temps de la cuisiner. Il fallait déjà sortir d’ici. Ils étaient arrivés à un embranchement. Continuer tout droit, aller à gauche, ou à droite. Un pont métallique permettait d’aller à gauche, le long des artères surplombant la tranchée centrale, remplie de l’eau vaseuse et puante. La Bête lui déconseillait d’aller à gauche, ce qui était en réalité un excellent argument pour filer vers la gauche.

*Nathan, Nathan, t’ai-je déjà trahi ? Ne suis-je pas ton plus fidèle ami ? Ne partageons-nous pas le même corps ? Je ne veille qu’à ton bien, Nattie-boy, j’agis là où ta moralité typiquement américaine t’empêche d’agir...*

Il ne l’écoutait pas, et préféra se concentrer sur ce que Sunday disait. La Bête avait raison sur un point : cette fille qui portait des talons-aiguilles n’était sûrement pas une innocente jeune femme se retrouvant face à des sales types. Elle n’était pas la belle Princesse d’un conte pour enfants, ni un petit chaperon rouge capturé par d’abominables loups qui auraient voulu la violer. Il la voyait très bien porter des armes, en réalité, et quelque chose lui disait que, s’il faisait des recherches sur elle, il risquait de découvrir qu’elle avait déjà eu des démêlés avec la justice. Rares étaient les criminels qui ne soient pas connus des forces de police. Tout criminel avait un casier judiciaire, qu’il soit infime ou aussi épais qu’un tronçon d’autoroute. Tout criminel avait un jour ou l’autre fait l’objet d’une enquête, de recherches, d’investigations, qu’elles aient abouties ou non. En fouillant, il savait que son beau visage resurgirait quelque part, et serait lié à des affaires louches. L’instinct du flic le lui soufflait.

« Il faudra que je pense à vous remercier aussi, à l'occasion. »

Le remercier ? C’était le genre de mots qu’une femme portant des talons-aiguilles se devait d’employer avec parcimonie... Surtout quand l’homme qui venait la secourir abritait dans ses entrailles un symbiote psychopathe avec dune libido aussi développée que cinq acteurs pornos réunis.

« Vraiment ? ne put s’empêcher de répondre Nathan. D’habitude, je n’accepte pas les remerciements, mais je pense que pour vous, il devrait y avoir un moyen de...
 -  Ils ne doivent pas être loin, résonna alors une voix. Continuez ! »

Nathan ferma brièvement les yeux. Quelque part dans les Cieux, il devait exister un Dieu qui le détestait, un Dieu qui s’assurait que, à chaque fois que Nathan allait entreprendre de se rapprocher d’une belle fille, un problème surgisse. Les Yakuzas se rapprochaient assez rapidement. Eux aussi devaient bien connaître les égouts, et, même s’ils n’avaient pas de lampes-torches, ils se rapprochaient. Nathan sentit la pression de Sunday sur sa main se renforcer. Elle semblait nerveuse, et Nathan, lui, essaya de savoir si leurs poursuivants étaient proches ou non. Il était difficile de le dire, en effet, car les échos étaient assez forts dans les égouts. Ils parlaient de quelqu’un d’autre, et Nathan comprit assez facilement que cette histoire d’ours en peluche impliquait une autre personne. Un homme ? Était-ce pour lui qu’elle s’inquiétait ? Cette idée fit naître un curieux sentiment en Nathan, une sorte de colère, de frustration primitive... Et il ne savait pas trop si ce sentiment était motivé par la Bête, ou par lui-même.

*C’est ça, Nattie-boy, la différence... C’est pas une question de densité musculaire, de couilles, ou je sais pas quoi d’autre... Les hommes seront toujours plus territoriaux que les filles, Nattie-boy, toujours à vouloir s’afficher et à vouloir se pavaner... Je sais ce que tu ressens...*

Nathan reporta son attention sur Sunday.

« Bon... On va à gauche... Autant suivre l’intuition féminine, pas vrai ? »

Il récupéra sa main, car c’était plus facile pour se déplacer, et leurs yeux commençaient à s’habituer à l’obscurité. Il traversa le pont métallique, se forçant à ne pas regarder en bas. Les odeurs l’agressaient presque visuellement, et il traversa le pont, s’avançant le long de la tranchée, pressant un peu l’allure, jusqu’à voir une petite lampe au-dessus d’une porte de maintenance. Nathan n’en pouvait plus de l’odeur puante de cet égout, et se rendit vers la porte.

Cette dernière était close, et il se dépêcha de l’ouvrir. Profitant de l’obscurité ambiante, il approcha ses doigts de la poignée, et un petit bout noirâtre jaillit de son doigt, formant une espèce de long et fin tentacule qui fila dans la clenche de la porte. Le tentacule forma une petite boule qui rechercha la gâche de la porte, permettant de la maintenir fermée, et l’arracha. La porte s’ouvrit, alors que les Yakuzas se rapprochaient.

« Les voilà ! »

Nathan grogna, et entendit des coups de feu. Il se rua dans le couloir d’une station de maintenance, et regarda autour de lui. Le long de la porte, il y avait une sorte de salle de briefing, avec une table, et un panneau blanc comprenant une sorte de planning, une radio. Le long du mur, il y avait des casiers renfermant probablement les uniformes des employés travaillant dans les égouts. Nathan vit une plaque dans un coin, indiquant le nom de la station de maintenance : la station de métro Takeda, en hommage à Takeda Shingen, un célèbre samouraï de l’ère Sengoku.

« Allez chercher une chaise, je vais bloquer la porte, ça ralentira ces charognards ! »

Il y avait plusieurs chaises dans la salle de réunion. Nathan fit feu dans le couloir, cherchant à ralentir les Yakuzas, qui répliquèrent en ouvrant le feu. Une balle explosa la petite lampe au-dessus de la porte, les tirs résonnant avec force dans le couloir.

*Pourquoi fuir, Nattie-boy ? Tu peux les tuer aisément… Elle a peur d’eux, elle te remerciera… Elle verra en toi le véritable mâle protecteur, et non l’Autre, cet homme qui a été capturé... Une femme a besoin de protection, Nattie-boy, tu devrais le savoir, c’est pour ça qu’elles aiment les voyous.*

L’adrénaline l’aidait à garder le contrôle, mais renforçait paradoxalement l’influence de la Bête. Pour l’heure, Nathan n’avait trouvé que deux solutions efficaces pour repousser la Bête : le sexe, et se bourrer la gueule, la deuxième solution étant clairement la plus efficace. Mais, en l’état actuel des choses, aucune des deux n’était possible.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Sunday M. Burton le lundi 14 octobre 2013, 02:08:14
Il lui lâcha finalement la main, pour être plus libre de ses mouvements sans doute. Malgré son air assuré, et sa confiance en elle, Sunday n'aurait pas été contre le fait qu'il la garde un peu plus longtemps. Mais elle ne broncha pas et continua à le suivre. De toute façon, il ne fallait pas qu'elle reste traîner, les yakuzas se rapprochaient. Elle suivit le rythme de Nathan sans récriminer, et sans trop d'effort. Agilement, elle le suivit sur le pont métallique, sans hésiter. Elle était tellement préoccupée par le sort de Diego entre les mains de leurs poursuivants qu'elle se fichait de l'odeur qui régnait dans ces égouts.

Au bout du couloir, une porte. Même si ça ne retiendrait pas les yakuzas longtemps, c'était mieux que rien. Elle ne fit pas attention au mobilier de la pièce, et se précipita pour ramener une chaise à l'homme qui prenait les choses en main. Elle en ramena une, dont le dossier semblait plus solide que les autres grâce aux bordures métalliques qui barraient le dos de la chaise. Elle trébucha légèrement sur un dénivelé de la pièce, mais se rattrapa juste à temps pour poser la chaise près de Nathan, armé, qui venait de tirer dans le conduit d'où ils venaient pour essayer de ralentir leurs poursuivants.

« Tenez. Je... Je crois que je vais chercher ce qui pourrait servir d'arme ici. Puisqu'il paraît improbable qu'ils nous laissent le temps de- Oh ! »

Elle s'écarta vivement et porta la main à son épaule. Une balle, ricochant, venait de l'effleurer douloureusement. Elle retira sa main doucement, et constata que l'entaille n'était pas profonde, même si le sang commençait déjà à couler. Elle soupira, et appuya sur la plaie pour la comprimer et en arrêter l'écoulement de sang.

« Ce n'est rien. »

Elle était effrayée par les yakuzas, c'était vrai. Elle ne le montrait pas bien sûr. Une histoire de fierté. D'éducation. Mais elle avait peur. Elle craignait de mourir, comme tout le monde. Elle craignait d'être blessée. Elle craignait d'avoir mal. Elle était humaine quoi. Égoïste, tout simplement.

Elle tourna le regard vers Nathan, et se demandait quoi faire. Elle voulait sauver Diego, oui. Mais peut-être qu'elle pourrait obtenir sa libération en échange des ours en peluche, tous ramenés, avec la drogue qu'ils contenaient ? C'était l'option qu'elle envisageait pour le moment. Quant à mettre son providentiel héros au courant... Elle se posait la question. Il avait le droit de le savoir après tout, puisqu'il risquait sa peau pour la protéger. Sans le vouloir, elle l'avait entraîné dans cette situation impossible. Oui, elle allait le mettre au courant. C'était la meilleure chose à faire, pour le moment du moins.

« Les ours en peluche... On a volé une cargaison. On ne savait pas à qui est-ce qu'ils appartenaient. Et ils contenaient de la drogue. Je m'en suis rendue compte il y a peu de temps. Juste avant... Juste avant qu'ils ne débarquent. »

Elle finit par détourner le regard. Non pas par honte, mais parce qu'elle venait de voir un plan des égouts, roulé en boule sous une armoire métallique. Elle s'y déplaça rapidement, et saisit le papier froissé entre son index et son majeur pour le ramener vers elle. Ensuite seulement, elle revint vers Nathan et le déplia. Elle évalua la situation.

« Je vais récupérer tous les ours déjà vendus. Mais ça va prendre quelques jours, et d'ici, je ne peux rien faire. Pour sortir, il faudrait passer par... Par là. Soit, la porte du fond. Mais elle a l'air verrouillée... »

"Elle a l'air verrouillée". C'était un euphémisme. Des chaînes barraient la porte, ainsi que des cadenas. Peut-être que cette partie était condamnée... Quoi qu'il en soit, il lui fallait passer par là.

« Quand j'aurais les ours, je les échangerais contre Diego. »

Elle marmonnait sa dernière phrase plus pour elle-même que pour Nathan. Puis elle lui jeta un coup d'oeil, et retourna la tête vers la porte du fond. Elle allait faire fondre ces satanées chaînes, et suivre la voie qu'elle envisageait jusqu'à sa sortie. Se levant et froissant à nouveau la carte entre ses doigts, elle lâcha son bras légèrement blessé et s'approcha de la porte verrouillée. Elle ferma les yeux un instant, comme si elle réfléchissait. Peu à peu, le sang qui s'écoulait de sa blessure devenait corrosif. Elle grimaça, quand il coula le long de son bras, mais ne gémit même pas. Puis, récoltant des gouttes sur ses doigts, elle les posa sur les chaînes et la serrure de la porte. Un petit chuintement se fit entendre, mais il était couvert par les éclats de voix et de tirs.

« Prépares la grenade fumigène. On va les obliger à sortir. Je connais ce lieu. Nous sommes leur seule porte de sortie. On va les avoir, comme des rats. »

Sunday esquissa un rictus moqueur. C'est ce qu'ils croyaient.

La chaîne céda avec un petit cliquetis, au bout de quelques instants et de plusieurs applications de son sang. Le verrou de la serrure ne tarda pas à faire la même chose. Puis, les cadenas suivirent. Respirant profondément, la brune se concentra à nouveau, et le sang qui coulait le long de son bras cessa d'être corrosif. Il redevint aussi neutre qu'à l'ordinaire.

Les blessures causées par l'acidité sanguine se refermèrent délicatement et presque immédiatement. Mais l'entaille peu profonde, elle, resta. Elle serait partie le lendemain, mais elle mettrait plus de temps à s'effacer (quoique moins qu'un humain lambda).

« La porte est ouverte. Vous venez ? Ou vous rester avec le fumigène qui ne va pas tar- Ah ! »

Avant même qu'elle n'ait fini sa phrase, la grenade attendue arriva et se déclencha presque aussitôt. Sans regarder derrière elle, la jeune femme ouvrit la porte brusquement et se rua dans le conduit qui s'ouvrait devant elle. Elle s'arrêta derrière la porte, et appela :

« Nathan ! Venez ! »

Elle espérait qu'il allait se dépêcher, et qu'elle pourrait refermer le battant de la porte derrière elle. Ensuite, ils pourraient suivre l'itinéraire de la carte pour sortir des égouts. Et là, Nathan aurait le choix : Aider Sunday, ou reprendre le cours de sa vie en l'oubliant.

Elle commença à tousser et à avoir les yeux qui pleurent, à cause des fumigènes qui se répandaient dans la pièce.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Nathan Joyce le mardi 15 octobre 2013, 01:51:44
Les Yakuzas étaient vraiment hargneux. Tout ça pour une histoire d’ours en peluche ? Il y avait forcément autre chose là-dessous. Cette jolie dame avait l’air de s’être foutue dans une sacrée panade. Nathan tirait au jugé. Prudents, les Yakuzas répliquaient, et une balle fila à côté de lui, rebondissant contre la porte. Sunday finit par arriver, trébuchant à moitié. Nathan attrapa la chaise, et entreprit de refermer la porte... Quand une balle frôla sa joue, laissant une légère traînée de sang, avant de frôler également le corps de Sunday, provoquant une petite entaille. Nathan referma ensuite la porte, et coinça la serrure avec la chaise. Cet obstacle ne tiendrait pas longtemps, mais ce serait toujours ça de pris.

Il se retourna alors, regardant autour de lui, puis se rappela que Sunday avait été blessée. Son regard croisa alors le sien, alors qu’il allait voir son épaule... Et il constata qu’il n’y avait pas de bravoure dans les yeux de la femme, des yeux qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de voir. C’était une femme intrépide et aventureuse, suffisamment courageuse pour ne pas hurler de peur au milieu d’une fusillade, mais il pouvait lire une vive inquiétude dans ses yeux.

*Au moins, elle est lucide sur sa situation...*

Sunday sembla réaliser que Nathan était probablement sa seule chance de survie (lui, et pas l’Autre, dont la simple mention continuait encore à l’énerver), et lui expliqua alors que les ours en peluche comprenaient des sachets de drogue. Nathan cligna des yeux, en commençant à comprendre... Il aurait probablement pu en rire dans une autre situation. Elle et son pote avaient volé un camion comprenant des ours en peluche, avec l’intention de les revendre, en profitant des fêtes de Noël qui approchaient pour s’enrichir tranquillement. Un plan simple et facile. Ils n’avaient pas pu savoir que les ours en peluche étaient une couverture légale pour le trafic de drogue, afin d’éviter de tomber sur la douane. Elle n’avait pas eu de chance.

Il y avait un escalier permettant de sortir, mais Nathan pensait qu’il était fermé. Une autre sortie était une porte cadenassée. Ils étaient piégés à l’intérieur de la station. D’autres Yakuzas allaient probablement débarquer par en haut. Nathan regarda la blessure de la femme. Il allait lui demander comment elle allait, simplement par galanterie, mais ce qu’elle dit ensuite, sur un petit ton que Nathan réussit à entendre, probablement grâce à la présence amusée de la Bête, provoqua en lui une sourde colère, qu’il ne put vraiment comprendre :

« Quand j'aurais les ours, je les échangerais contre Diego. »

Diego... L’homme avait donc un nom, un visage, une identité propre... La peur de Sunday.. Venait-elle de sa propre situation, ou de l’inquiétude qu’elle ressentait pour Diego ? Nathan ferma les yeux, se surprenant à ressentir une pointe de jalousie dans une telle situation. Cette beauté s’inquiétait pour un type qui l’avait probablement foutu dans la merde... Nathan était de mauvaise foie n pensant ça, car il savait très bien que, vu le tempérament de femme fatale de cette femme, elle ne devait pas être du genre à se laisser embobiner, et à suivre les directives de son amant, simplement parce qu’elle l’aimait. Elle n’était pas la cruche de base, mais il n’empêche qu’elle s’inquiétait pour Diego.

Sans rien dire, il la vit alors attraper du sang de sa blessure.

*Qu’est-ce qu’elle fabrique ?*

La chaîne était solide, et il aurait pu la briser avec sa force herculéenne, ce qui le tentait de plus en plus. La Bête ne demandait qu’à prendre le contrôle, afin de montrer à cette petite poupée que son Diego-chéri n’était qu’un tocard. Il la vit alors balancer son sang sur la chaîne, et entendit un sifflement, comme de l’acide... Le sang de cette femme faisait fondre l’acier de la chaîne !

*Seigneur ! s’exclama-t-il mentalement. On a ses petits secrets, ma belle...*

Les Yakuzas étaient en train de défoncer la porte, l’écartant lentement. D’autres étaient en train de descendre, Nathan pouvait les entendre. Le temps leur manquait, mais il n’arrivait pas à croire que Sunday était une mutante... Et Diego l’énervait. Ce simple mot provoquait des sueurs froides.

*Fuir ? Fuir comme l’autre rat et se faire capturer ? Depuis quand le prédateur fuit devant ses proies, Nattie-boy ? Tu sais comment ça marche, c’est la loi de la jungle. Quand le lion veut la gazelle, il chasse les chacals et les hyènes qui tournent autour. Attends-les, et tue-les tous, puis on s’occupera d’elle, on lui montrera ce qu’est un homme, vraiment.*

Les Yakuzas avaient balancé une grenade fumigène, répandant une fumée asphyxiante, tandis que les autres se rapprochaient. Sunday avait ouvert la porte, et sa voix se mit à résonner, le sortant de ses pensées, qui étaient alors dominées par le réveil de ses hormones.

« Nathan ! Venez ! »

Il secoua la tête. Ses yeux le piquaient, et la chaise derrière lui explosa dans un ultime craquement. Nathan se mit à courir rapidement, et aida Sunday à refermer sèchement la porte, alors qu’il voyait un Yakuza entrer dans le couloir, faisant feu à tout-và avec son Uzi.

« On se grouille ! »

Ils étaient dans une sorte de petit couloir de maintenance sombre, avec des murs nus, des tuyaux filant à gauche et à droite. Nathan se mit à courir devant, se retrouvant face à une autre porte close. Il n’avait guère le temps de murmurer à l’oreille des serrures. D’un coup de pied, il arracha la porte, qui s’ouvrit en couinant, et dévala un escalier métallique.

« Rattrapez ces gaijins, il nous faut la fille ! » entendit-il au loin.

Nathan dévala l’escalier, et toute la pièce se mit alors à vibrer violemment. Il était devant un couloir menant à une porte, et comprit que ce qu’il entendait était le bruit du métro. Il fila vers la porte. Elle n’était pas fermée, et, en l’ouvrant, il fut soudain violemment repoussé quand une rame de métro atterrit droit devant lui, filant à toute allure. Un souffle de vent le renversa, et il partit en arrière, tombant sur Sunday. Les deux tombèrent sur le sol, alors que la rame de métro disparaissait.

« Argh ! grogna-t-il. Désolé… »

Il se releva, et attrapa la main de Sunday, l’aidant à se relever. Les Yakuzas dévalaient l’escalier, et la porte menait en fait dans le tunnel de métro, le long d’une espèce de petit chemin longeant les rames. Il y avait une série de tags le long des murs. Nathan resta là, et fit feu vers les escaliers, retardant les Yakuzas.

« Passez devant ! On ne pourra les semer qu’en prenant le métro ! La station est... Euh... Vers la droite. Allez, vite ! »

Ils allaient très certainement devoir se dépêcher, car Nathan était convaincu que d’autres Yakuzas allaient leur tomber dessus à la station de métro.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Sunday M. Burton le mardi 15 octobre 2013, 12:28:25
Fort heureusement, Nathan passa la porte juste avant que les yakuzas, ayant réussi à entrer dans la pièce, ne tirent. Réactive, après avoir refermé le battant de la porte, Sunday fila aussi rapidement que Nathan, freinant de nouveau de justesse pour éviter de rentrer dans l'homme qui, sans patience -il faut dire que la situation ne s'y prêtait pas-, défonça la porte d'un coup de pied. Le suivant dans les escaliers, manquant de se casser la figure quand son talon ripa sur le bord de la marche, la belle brune tenait néanmoins la distance.

Elle relégua les yakuzas dans un coin de son esprit, ayant besoin de sang froid pour fuir, et même les voix qui les suivaient ne l'atteignait donc pas. Elle oubliait Diego le temps d'un instant. Une seule pensée hantait son esprit : Fuir d'ici en vie. Nathan était le seul point d'ancrage dans la réalité qu'elle acceptait, parce qu'il lui permettait de rester en vie. Il avait l'air apte à la protéger si le besoin s'en faisait sentir. Et il ne rechignait pas à la tâche pour le moment, l'aidant à fuir, aussi bien pour se sauver lui-même que pour l'aider.

Elle n'eut pas le réflexe de s'écarter quand il ouvrit la porte devant eux, et tomba au sol, amortissant la chute de l'homme. Son souffle se coupa sous la puissance du choc, et elle toussa. Elle fut désorientée un court instant, mais la main de Nathan attrapant la sienne la ramena dans la réalité. Elle se releva d'un bond en s'aidant de l'impulsion donnée par son protecteur du moment, et s'approcha de la porte ouverte qui donnait sur les rames du métro.

« Passez devant ! On ne pourra les semer qu’en prenant le métro ! La station est... Euh... Vers la droite. Allez, vite ! »

"Et vous ?" aurait voulu dire Sunday. Mais l'air déterminé de Nathan à ralentir les yakuzas la dissuada.

« D'accord... Prenez garde à vous ! »

Elle espérait qu'il allait vite la suivre, et ne pas se faire descendre par des balles perdues (elle était persuadée qu'il saurait éviter celles qui lui étaient destinées). Obéissant à son injonction, elle passa donc devant, courant dans la direction indiquée. Le bruit étouffé de ses talons la poursuivant à mesure qu'elle s'éloignait des coups de feu qui s'échangeaient derrière elle. Elle arriva assez vite à la station, n'ayant jamais couru aussi vite de toute sa vie, et s'engouffra dans la rame. Elle resta près du bord, attendant avec une légère angoisse l'arrivée de Nathan. Elle passa une main devant les détecteurs pour empêcher les portes de se refermer, et passa la tête à l'extérieur.

« Nathan ! »

Son cri, qu'elle voulait puissant, ne fut certainement pas entendu par l'homme courageux qui retardait les yakuzas. Quelques secondes après, un voyageur pressé la poussa plus loin dans la rame de métro, et les portes se refermèrent.

« Non ! »

Bataillant pour se frayer un chemin entre les personnes entassées dans le métro, Sunday chercha à remonter vers le bout de la rame, espérant que des portes seraient encore ouvertes. Elle ne voulait pas abandonner Nathan, même si elle le connaissait à peine. Certes, elle était égoïste, mais elle n'était pas du genre à abandonner quelqu'un derrière elle. Elle poussa, à bout de patience, les gens qui se dressaient sur son chemin. Elle n'avait plus beaucoup de temps.

« Dégagez putain ! »

Elle poussa sans douceur un homme de haute stature qui lui barrait le chemin, voulant atteindre la porte qui allait se refermer. Mais il ne bougea pas, et l'emprisonna même dans l'étreinte de ses bras. La brune se débattit, sans succès.

« Arrêtes, ça ne sert à rien. »

L'homme qui la retenait, elle s'en rendit compte maintenant, possédait une arme. Il la pointait contre ses côtes. Elle se raidit. Puis, parlant dans l'oreillette qu'il possédait, il renseigna ses collègues. C'était un yakuza.

« J'ai la fille. Vous pouvez buter l'autre, il n'a plus d'importance. On se rejoint à l'endroit prévu, pour l'interrogatoire. »

C'était bien sa veine. Serrant les dents, elle cherchait à se dégager. Le canon de l'arme appuyait douloureusement contre ses côtes.

« Lâchez-moi. Je.. On peut s'arranger. J'ai déjà envoyé un mail. Les ours vendus vont nous être retournés. Je vous rendrais l'intégralité de la marchandise.. Mais laissez-nous, s'il vous plaît.. »
« Tu n'es pas en mesure de négocier, salope. Tu verras ça avec le boss... »

Paniquée, Sunday leva la jambe et chercha à écraser le pied de celui qui la retenait avec l'aiguille de ses talons.

« Fait ça, et je te bute. »
« Je croyais que vous aviez besoin de moi vivante... »

Elle réussit à rendre sa voix stable, et à ne pas trembler. Elle espérait gagner un peu de temps, et elle espérait que Nathan n'ait rien. Égoïstement, elle voulait qu'il revienne la sauver, même si elle se savait perdue pour le moment.

« Rien n'empêche de te mutiler. »
« Avec tous les témoins qu'il y a ? »
« Petite conne, tu ne sais pas que, quand il s'agit de nous, personne ne voit jamais rien ? »

Pas découragée pour autant, Sunday ferma les yeux. Elle se concentra pour augmenter l'acidité de ses fluides. Avec la peur, elle transpirait beaucoup plus que d'habitude. L'acide sueur rongea alors progressivement ses affaires, avant d'atteindre le torse de l'homme qui la maintenait contre lui. Surpris, quand l'acide rongea sa peau, il lâcha un cri de douleur et d'étonnement. C'était pile ce qu'attendait Sunday, puisqu'il la lâcha sous le choc et la souffrance. Elle se tourna, remonta son genou en direction de l'entrejambe de son agresseur, attrapant l'arme qu'il laissa tomber, et donna un coup de la crosse sur la tempe du yakuza.

« Va chier. »

Elle profita de l'arrêt du métro pour sortir en trombe de la rame, et pour courir vers un abri sûr. Une porte, comme celle qu'ils avaient passé pour sortir des égouts. Elle était verrouillée, mais la sueur acide de Sunday était toujours active. Se frottant contre la porte, elle la déverrouilla facilement et s'engouffra dans l'ouverture avant de refermer la porte.

Elle s'y appuya ensuite, tremblante, reprenant son souffle, et calmant les battements agités de son coeur, essayant de réfléchir correctement. Priorité première : Retrouver Nathan. Elle ne voulait pas l'abandonner. Priorité seconde : Retrouver tous les ours. Ensuite, elle aviserait.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Nathan Joyce le mardi 15 octobre 2013, 17:41:44
Son plan était naturellement de la suivre, mais il lui fallait pour cela retarder les Yakuzas. Nathan avait été éduqué selon des principes saints : un homme se sacrifiait toujours pour une femme, surtout quand elle avait des talons aiguille set un joli cul. Le courageux policier appliquait ce principe, et restait dans le couloir, devant la porte. Il entendait une rame approcher, signe qu’il avait un temps très court avant de partir d’ici. Il fit feu encore, visant les jambes des Yakuzas. Ces derniers savaient toutefois que l’homme n’avait qu’une vulgaire pétoire. Ils répliquèrent ardemment, les balles résonnant furieusement autour de lui. Nathan entreprit alors de se replier, et alors qu’il avait el dos tourné, il se reçut une balle au bras gauche, au niveau de l’épaule, trouant sa veste.

« Ha ! »

Surpris par l’impact, Nathan glissa, et alla s’affaler sur les rames du métro, s’étalant sur les rails. Il s’y coupa les doigts, et se releva rapidement, se mettant à courir.

« Rattrapez-le ! Butez cet enfoiré ! »

Nathan se mettait à courir le long des rames, manquant trébucher à chaque fois, alors qu’il voyait, devant lui, les rames du métro. Les wagons étaient éclairés comme une guirlande de Noël, et il savait que le tram allait partir rapidement.

*Je peux le rattraper, Nattie-boy, il te suffit de sortir tes couilles, et de me laisser agir ! Merde, tu crois que ça m’amuse ?! Cette salope va se tirer ! Tu crois que je vais me contenter d’une vulgaire pute pour me sustenter, hein, HEIN, Nathan ?! Tu me prends pour un SALE EUNUQUE ?! Je la veux, Nathan, JE LA VEUX !!*

La Bête rugissait en lui, et Nathan trébucha à nouveau, en ayant une soudaine migraine, due à la rage de la Bête, frustrée de voir Sunday s’en aller. La Bête n’était rien de plus qu’un avide prédateur sexuel, incapable de lutter contre ses pulsions, et il affrontait une chose intolérable chez lui : la frustration sexuelle. Il s’étala sur les rails, et vit, en se relevant, le métro en train de partir. La Bête poussa un rugissement de rage, et Nathan sentit sa vision s’éblouir. Il avait soudain terriblement mal au crâne, et se crispa sur le sol, se recroquevillant en position fœtale, en gémissant. Une douleur terrifiante lui déchirait le corps. Il se redressa, à quatre pattes, et vomit sur le sol, en sueur, balançant ses tripes.

« Putain... Fous... Fous-moi la paix, en... Enfoiré... »

La Bête émit un rire sardonique.

*Oh, Nathan, tu me déçois tellement, tellement... Qu’est-ce qu’il y a de si compliqué là-dedans, hein ? Je ne te demande pas la Lune, bordel, rien d’autre que tirer un coup de temps en temps autrement qu’en se branlant devant des magazines pornos !*

Des voix se rapprochaient, Nathan entendait des bruits de pas.

« On dirait un putain de junkie.
 -  Remontez-le, Kiba veut lui parler. Kane a eu la fille, apparemment... »

Sa tête lui donnait l’impression d’être dans un concasseur, sur le point d’exploser.

*Le plus décevant avec toi, Nattie-boy, c’est que tu es un lâche. Un PUTAIN DE LÂCHE ! Tu as le pouvoir d’être un Dieu, et tu agis comme un rat ! Cette fille va foutre le camp, et, sur l’échelle du désir, elle explosait ses concurrentes ! Elle CREVAIT LE PLAFOND, et elle a FOUTU LE CAMP ! FOU-TU-LE-CAMP !! Tu crois que c’est normal, hein ? Tu crois que je suis là, à me tortiller du cul en te voyant te remuer comme un rond de lait perdu dans son bol, pendant que Miss-Talons-Aiguilles se fait péter le cul par son Dieeeeeeeeeeego-chéri ?!*

On le soulevait. Nathan avait mal partout, et il se retrouva sur les quais, devant une dizaine d’hommes armés, portant généralement des costards. L’un d’eux fumait, et tenait à la main un Desert Eagle en or, qui lui fit penser aux flingues de Travolta dans « Volte/Face ». Il balança sur le sol un mégot de cigarette, et l’écrasa du bout de son talon. Un élégant soulier.

« T’es qui, toi, merdeux ? »

Nathan toussa, et se reçut un coup dans le dos.

« Parle, le gaijin ! »

Comme il pouvait s’y attendre, on le rua de coups de pieds sur le dos et dans les côtes.

*Ça fait mal, hein ? Tu voudrais faire appel à moi, maintenant, j’parie, hein ? Petit con, va, tu es tellement prévisible. Tu crois que c’est ça, une symbiose, hein ? Tu t’étonnes que Sylvie se joue de toi, mais regarde-toi, tu n’es qu’un pauvre con ! Tu penses que tu peux faire appel à) moi quand ça te chante, que tu peux me priver des petits plaisirs que ta planète de merde daigne offrir ? Je ne voulais rien de plus qu’un TROU pour me DÉTENDRE ! Alors, tu peux aller te faire foutre, Nathan ! Tu me prends pour ton toutou, c’est ça, hein ? Un putain de clébard qui fait le beau quand on tend un no’nos ? C’est moi qui décide quand on remue la queue, pas un connard d’eunuque puritain comme toi !*

On le souleva, et il se reçut un coup de crosse sur la tempe, qui le cloua au sol. On le souleva encore. Son nez saignait, et il éternua, sentant la migraine disparaître.

« Ouais, t’es un costaud, toi. »

Kiba se mit à rigoler, et un Yakuza vida les poches de Nathan. On lui retira son Glock, ainsi que son portefeuilles. Kiba le consulta.

« Nathan Joyce... Police de Seikusu... Ça doit expliquer bien des choses. Je me disais bien que ces deux cons-là ne pouvaient pas être seuls pour avoir le culot de s’attaquer aux Guramu. Toi et tes petits copains, vous m’avez fait perdre du business, Nathan. Tu comprends ce que je te dis, hein ? Ça n’a rien de personnel, tu sais... C’est que du business, rien de plus. »

Au loin, une nouvelle rame de métro approchait. Nathan pouvait l’entendre, alors que Kiba, avec sa petite tête de connard arrogant, se rapprochait de lui.

« Du business, rien que du putain de business ! Tu imagines combien de frics vous nous avez volé, hein ? Hein, fils de pute, tu te l’imagines, ça, ou il faut que je te l’enfonce dans ta PUTAIN DE GUEULE DE MERDE ?! Tu crois quoi, connard ?! Que, parce que t’es un putain d’enfoiré de pédé de flic, ça m’empêchera de t’exploser la gueule ?! Hein ? HEIN ?! C’est ça que tu crois ? C’est que tu t’imagines, dans ta petite tête de merde ? »

Nathan essayait de se débattre, mais la Bête avait raison... Elle n’était pas son esclave, et, quand elle ne cherchait pas à prendre le contrôle, il ne pouvait rien y faire. Il se mit à sourire béatement devant la stupidité de la situation. Les beaux yeux d’une femme l’avaient conduit à Seikusu, et c’était encore en suivant le sort d’une femme qu’il s’était retrouvé ici. Face aux plus dangereux Yakuzas de Seikusu, si ce n’est du Japon, les Guramu.

« Quoi ? Qu’est-ce qu’il a à sourire comme ça, ce con ? Tu crois que je plaisante ? Tu crois que je suis un putain de comédien à trois ronds, sale merde ? T’es rien, le gaijin ! Rien de plus qu’une tête de con ! On a la pute, on a son pote, toi, t’es rien ! »

Kiba sortit son arme, et fit feu, en visant la jambe droite de Nathan. La balle perfora son jean, explosa une partie de sa chair, et fit voler une partie de son os. La douleur réveilla Nathan, et il poussa un hurlement. La rame se rapprochait de plus en plus, et ses phares se reflétaient dans le tunnel. Kiba pointa son arme sur la tête de Nathan, qui sentit tout disparaître autour de lui. On disait que, face à la gueule noire d’un canon, la vie défilait devant vos yeux. Einstein avait dit que le temps était subjectif, que son écoulement dépendait de l’observateur. Et il avait foutrement raison. Nathan entendit  son pouls battre dans sa tempe. Il était face aux rails, et plus personne ne le tenait. Il entendit le déclic de l’arme, le doigt posé sur la gâchette, la sécurité abaissée, la gâchette relevée.

Le tram s’engageait maintenant dans la station, par pilotage automatique.

« Sayonara. »

*BLAM !*



*Naaaathan ?*

Des lumières agressives. Des lueurs douloureuses. Ses yeux piquaient. Il n’entendait rien, à part un brouhaha diffus de voix. Des lèvres belles, une femme inquiète, des doigts qui se pressaient contre les siens.

*Tu vois ce qui arrive aux petits garçons qui veulent faire cavalier seul, Nathan, tu le vois, non ? Ils tombent sur un os... Et même un sacré...*

Elle l’embrassait. Et il adorait ça. Elle ne l’avait jamais embrassé, alors c’est que ce n’était pas un souvenir.

*Je me fous de cette histoire d’ours en peluche, Nathan... Tu crois que j’ai été créé pour me faire chier avec de la coke et des ours en peluche, Nattie-boy, dis ? Tu crois que tu me contrôles ? Tu crois que tu es le maître ? JE décide QUAND agir, Nattie-boy. Je suis une créature fort simple, et tu sais quel est mon prix.*

Il vit des images... Des soupirs, des gémissements, de petits couinements, une sensation de bonheur intense entre les cuisses, une femme qui se pressait contre lui. Une femme en talon aiguille avec une voix mielleuse. Il la plaquait contre le mur, et elle hurlait, elle haletait, elle scandait son nom, son nom, et il trouvait ça absolument génial.

*Nous sommes tous du même moule, Nattie-boy, c’est juste que les humains l’ont oublié. Tu n’es rien, sans moi. Et cette fille n’est rien, sans toi. Elle est une petite souris poursuivie par des chats, et, toi, tu n’es pas un rat, tu es un lion.*

Il savait qu’il se déplaçait... Mais où ? Les images continuaient à affluer, et son sexe le démangeait. Elle s’empalait sur lui, et il la déchirait en deux. C’était une sensation divine, et quelque chose le soulageait entre les cuisses. Il était en sueur.

*On est associés, partenaire. Toi et moi, la fine équipe. Je préserve tes intérêts, mais tu dois préserver les miens.  J’ai été plus que patient avec toi, Nattie-boy, tu le sais, maintenant...*

Tout se fondit dans son corps, et il soupira, en sentant son érection se calmer subitement. Dans sa tête, il voyait la bouche de Sunday lui murmurer des mots mielleux en prenant son sexe, en murmurant dans ses oreilles qu’il était un amant formidable, un formidable étalon.

*On va la revoir, Don Juan... Tâche de te tenir droit, cette fois, et n’oublie pas qui mène la barque, ici...*

Nathan rouvrit alors les yeux, et réalisa qu’il était dans la rame de métro, probablement celle sur laquelle il avait été balancé par Kiba. Il regarda autour de lui en se relevant. Ses blessures ? Il tâta son front. La balle qui aurait du lui exploser la cervelle n’était plus là, et sa jambe... Plus rien non plus, comme si rien n’avait eu lieu. Il était seul dans la station de métro, en sueur, avec de légères contusions et ecchymoses sur le corps, et le train se rapprochait de la station. Il pouvait rentrer chez lui, et c’était sans doute ce qu’il avait de mieux à faire... Mais Sunday la hantait, revenant dans son esprit, comme un leitmotiv incessant. Il se rappela alors son érection, et réalisa que son sexe ne bandait pas. Seul dans la rame, il glissa sa main sous son jean, sous son caleçon, et déglutit en sentant une tâche blanche dans lequel son membre avait baigné. Il ne s’était pas masturbé, et comprit que c’était la Bête qui l’avait fait.

Un ultime message.

*Merde, merde, songea Nathan, je suis en train de devenir fou...*

Le train s’arrêta en crissant, et il pénétra dans la station, secouant la tête, ses vêtements légèrement déchirés. Comment avait-il débarqué dans ce métro ? Il n’en savait rien. Il avait une légère migraine, et s’avança lentement. Où était-elle ? Avait-il au moins la moindre preuve qu’elle soit là ? Il secoua lentement la tête. Rien n’allait plus là-dedans.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Sunday M. Burton le mardi 15 octobre 2013, 23:39:21
Comment retrouver Nathan ? La question hantait l'esprit de la belle. Elle devait d'abord vérifier que le yakuza n'était pas sorti à sa suite. Mais elle ne voulait pas s'exposer inutilement. Le dilemme lui fit se mordre la lèvre, tandis que son esprit fonctionnait à toute allure. Finalement, elle prit la décision qui s'imposait. Tant pis si elle se faisait griller, elle devait savoir.

Avec précaution, elle entrouvrit la porte et jeta un oeil par le panorama réduit qui s'était dégagé. C'était la cohue. Les gens se bousculaient aux portes des rames de métro. Puis, plus personne sur le quai. Tous étaient massés dans le métro. Ouvrant un peu plus la porte, elle scruta les vitres. Elle espérait ne pas voir le visage du yakuza. Parce que ça signifierait qu'il était K.O. pour un moment. Hélas, le destin fort capricieux lui joua un de ses tours. Au moment où le métro s'élançait, et où Sunday était passée sur le seuil de la porte, le visage tant redouté se montra, braquant son regard furieux sur elle. Réaction ridicule : La brune se re-planqua derrière la porte, la claquant brusquement. A coup sûr, à l'arrêt suivant, l'homme allait descendre du métro et prendre l'autre, dans le sens inverse, pour revenir la chercher. Elle l'avait lu dans son regard.

La brune se calma. Elle ne devait pas paniquer. Elle ressortit prudemment, après avoir entendu un second métro s'arrêter. Il n'y avait pas le brouhaha habituel. Personne n'avait donc prit celui-là ? Sunday avait vaguement entendu une rumeur comme quoi à certaines heures, les métros étaient déserts. Mais elle n'avait jamais eu l'occasion de les vérifier.

Mais non, ce n'était pas désert. Il y avait un homme. Nathan.

Bondissant comme un diable hors de sa boîte, Sunday -trop heureuse de le voir en vie- fondit vers lui et -chose inhabituelle- lui sauta au cou. Elle était sincèrement heureuse qu'il soit toujours vivant, que les Yakuzas ne l'aient pas descendu. Elle ne le connaissait que depuis à peine une heure, et déjà, il se montrait courageux et prévenant. Sans la connaître, il l'avait aidée à fuir les Yakuzas. Il les avait ralenti pour elle. Et ça, ça la touchait.

Se reculant brusquement, prenant conscience que sa démonstration d'affection était peut-être trop too much, elle toussota légèrement.

« Je suis heureuse de vous voir sauf... Je craignais que... Qu'ils... Enfin. »

Le regard mauvais du yakuza qu'elle avait vu la hanta soudain.

« Il faut se mettre en route. Je pense que le prochain métro qui arrivera en sens inverse délivrera l'homme qui m'a... retardée... tout à l'heure. »

Elle le prit par la main, et lui intima ainsi le geste de la suivre. Elle voulait remonter. Elle voulait trouver un endroit sûr. Elle aurait voulu revenir chez elle, mais elle douta que ça soit une bonne solution. Elle pensa alors à l'amener à l'entrepôt où Diego et elle avaient amenés le camion d'ours en peluche. Elle espérait juste que Diego n'ait pas craché le morceau. Elle le savait résistant à la douleur, mais elle avait entendu des rumeurs sur les Yakuzas, et redoutait le pire.

Finalement, l'entrepôt n'était peut-être pas une bonne idée. Alors où ? Chez Nathan ? Peut-être. Elle se tourna soudain :

« Chez vous, c'est un endroit sûr ? »

Si non, il leur faudrait trouver un endroit où ils seraient à l'abri. Un lieu que nul ne pourrait trouver.

« Sinon... Je préfère ne pas aller aux endroits où j'ai l'habitude. Si Diego parle... Il faudrait un lieu sûr, le temps que je reçoive les ours déjà vendu... J'ignore combien de temps ça peut prendre... »
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Nathan Joyce le mercredi 16 octobre 2013, 00:35:43
Sa tête lui tournait. Il aurait bien aimé avoir ses antalgiques, mais ils étaient chez lui. Il lui fallait retrouver Sunday, et trouver un moyen de clarifier ce bordel. La Bête... En réalité, c’était surtout elle qui l’effrayait. Pendant ces quelques semaines, il semblait avoir réussi à avoir sur ce monstre anthropophage un semblant de contrôle, une sorte de maîtrise qui lui permettait de l’utiliser quand il le voulait... Il avait fallu d’une seule femme pour qu’il constate que ses limites étaient illusoires, et qu’il ne contrôlait rien. Dans le fond, il suffisait toujours qu’il y ait une femme pour que tout votre petit monde parte en lambeaux, comme un château de cartes soufflé par le vent. Le brave homme était dans une station déserte, en sachant que les Yakuzas allaient probablement débarquer. Il avait des hématomes un peu partout, mais sa douleur n’était pas physique. C’était sa fierté qui était blessée, et il ressentait une sorte de peur profonde à l’idée de ce qui pourrait arriver s’il continuait à être proche de Sunday... Pourrait-il se contrôler ? Pourrait-il la contrôler ? La Bête... D’après ce qu’on lui avait expliqué, la Bête avait probablement des origines formiennes, ce qui expliquait pourquoi, quand il s’était retrouvé à la base américaine, il ne pouvait s’empêcher de mater le cul des soldates qui passaient autour de lui. Il avait beau suivre un traitement, la Bête arrivait toujours à s’y adapter, lui susurrant qu’il n’existait qu’un seul traitement véritablement efficace pour la calmer : une bonne chatte à fourrer.

Nathan secouait lentement la tête, essayant de penser à autre chose, quand il entendit une porte claquer... Il eut à peine le temps de se retourner qu’il entendit des bruits de pas rapides... Comme des petits talons. Il releva la tête, et quelque chose lui attira entre les bras. Sunday !

*Et merde... Il aurait été préférable qu’elle parte...*

Elle s’était jetée à son cou, et il ne put s’empêcher de l’enlacer également. Ses seins... Ses cheveux... Son souffle... Oh, doux Jésus ! La Bête se régalait, et Nathan ne pouvait plus le nier. Il venait de se faire exploser la cervelle, torturer, et, honnêtement, quand on balançait votre corps sur une rame de métro, et que surviviez grâce à l’aide d’un symbiote extraterrestre susceptible, les choses étaient remises en perspective. Il fut à deux doigts de l’embrasser, car il sentait le souffle des lèvres de la jeune femme sur sa nuque, mais elle finit par s’échapper de son étreinte.

*Est-ce qu’il te faut plus de signaux, Nathan ? grogna la Bête. Tu veux que je t’apprenne àt ‘en servir, peut-être ? Ça remonte à quand, la dernière fois que tu as couché avec une femme, hum ? Tu crois que Sylvie fait la nonne, elle ? Tu sais qu’à chaque fois qu’elle s’envoie en l’air, je le sens ? Est-ce que tu t’imagines à quel point c’est dur de l’imaginer se faire ouvrir la rondelle comme la Porte des Étoiles, alors que je dois me contenter de tes petites branlettes devant des films pornos ridicules ?! Peut-être que ta queue s’est ramollie, depuis tout ce temps... Tu veux que je te donner un cours ? Tu n’as qu’à me laisser faire... Je suis sûr que le cul de cette chérie est encore plus sexy que celui de ta chère Sylvie...*

Nathan ferma les yeux. Parler de Sylvie l’amenait toujours à risquer de perdre le mince calme qu’il pouvait encore s’imposer à lui-même. Sylvie était jadis sa femme (et elle l’était d’ailleurs officiellement toujours, puisqu’ils n’avaient pas divorcé). Là où Sylvie avait pleinement accepté de fusionner avec le symbiote, Nathan, lui, avait refusé, et, depuis lors, cherchait un moyen de la retrouver, de la capturer, et de lui montrer que le symbiote la dominait, et que ce n’était plus vraiment elle qui s’exprimait.

« Je suis heureuse de vous voir sauf... Je craignais que... Qu'ils... Enfin. »

Un tel enchantement faisait plaisir à voir. Soit elle simulait bien pour que Nathan soit la bonne poire qui allait l’aider à s’en sortir, soit son Diego-chéri n’était peut-être pas le Don Juan parfait envers qui elle se sacrifierait sans hésiter. EN somme, il y avait peut-être une place pour lui. Résonner ainsi était assez odieux, selon Nathan, et il ne pouvait pas non plus perpétuellement se réfugier derrière la présence de la Bête pour justifier ses pensées guère chastes.

« Je leur ai échappés, mais l’endroit n’est guère sûr... »

Il ne comptait pas spécialement lui dire qu’il s’était fait éclater la cervelle, et qu’il n’avait pas du tout réussi à leur échapper. Sunday, fort heureusement, semblait plus pressée par l’idée de sortir, que par celle de comprendre pourquoi Nathan avait mis tant de temps à la rejoindre.

« Il faut se mettre en route. Je pense que le prochain métro qui arrivera en sens inverse délivrera l'homme qui m'a... retardée... tout à l'heure. »

Il n’eut pas le temps de dire grand-chose qu’elle l’entraînait par la main. Nathan la suivit, et fut soulagé de constater qu’il ne bandait pas. C’était toujours ça de pris. Le duo sortit de la station, croisant des gens qui arrivaient. Il n’y avait pas grand-monde à cette heure, et ce n’était pas le quartier le plus animé de la ville, après tout. Le duo sortit à l’air libre, dans la rue, et Sunday envisagea la possibilité d’aller se loger chez lui.

*Non* songea Nathan instantanément.

Après tout, ils avaient son nom, son adresse, et les Guramu penseraient très certainement que Nathan était un allié. Quand Kiba apprendrait que Sunday s’était échappée, ils iraient probablement chez lui. Ce n’était donc pas un bon endroit, et c’est ce qu’il envisagea de dire... Mais ce fut un autre son de cloche qui sortit de sa bouche :

« Oui, ils ne penseront pas à venir là-bas. »

Et, surtout, ils auraient un endroit où se poser... Nathan aurait voulu se maudire d’avoir sorti ça, et comprit que son contrôle sur lui-même était effectivement beaucoup plus ténu que ce qu’il pensait.

« Sinon... Je préfère ne pas aller aux endroits où j'ai l'habitude. Si Diego parle... Il faudrait un lieu sûr, le temps que je reçoive les ours déjà vendu... J'ignore combien de temps ça peut prendre... »

Longtemps, ce serait bien... Mais il ne pouvait pas le dire ainsi.

« Les transports en commun ne sont pas sûrs, lâcha rapidement Nathan. On va prendre un taxi, il y a moins de chances de tomber sur un Guramu. Suivez-moi, je sais où il y en a. »

Les Guramu allaient probablement rechercher Sunday dans les stations de métros. Nathan s’engagea dans des ruelles, en adoptant une démarche normale et décontractée. Il savait par expérience qu’on repérait beaucoup plus facilement quelqu’un qui courait qu’un individu marchant normalement... Cependant, avec une femme comme Sunday à côté de lui, ils ne risqueraient pas de passer inaperçus.

Nathan marchait dans une espèce de tranquille rue piétonne, et descendit les marches d’un escalier public menant à une petite place traditionnelle, avec des sakuras plantés autour d’une belle statue. Il y avait plusieurs taxis, et il fit signe à l’un d’entre eux. Il grimpa à l’intérieur, et indiqua le pâté de maisons où il voulait arriver. Au Japon, contrairement à d’autres pays, il n’y avait pas d’adresses avec des noms de rues, simplement des chiffres et des indications géographiques. Il pouvait ainsi donner une adresse vague au chauffeur sans que ce dernier ne se pose de questions.

« Ça vous dérange si je mets la radio ? demanda l’homme. Il y a le match ce soir, et je...
 -  Non, faites, faites, pas de souci. »

Le chauffeur le remercia en souriant, et monta le son. Nathan se mit à respirer lentement. Il était en sueur, mais le taxi s’éloignait du quartier. Il reprenait son souffle, chassant l’adrénaline, tandis que le taxi s’engageait tranquillement dans les rues de la Toussaint. Il faudrait environ vingt minutes pour qu’il rejoigne l’endroit indiqué. Nathan n’avait plus son portefeuilles, mais il avait toujours pour habitude d’avoir quelques billets dans la poche intérieure de sa veste.  Il reporta alors son attention sur Sunday.

« Et... Si vous me parliez de votre sang acide, au fait ? »

Il n’avait pas oublié la manière dont elle avait fondu une chaîne, dans la station de maintenance des égouts, en balançant son sang dessus.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Sunday M. Burton le mercredi 16 octobre 2013, 01:14:59
« Ah. Cool. »

Sans rechigner, Sunday suivit Nathan. Elle n'avait pas pour habitude de jouer la femme fragile et facilement apeurée. Mais les Yakuzas, c'était quelque chose. Elle trempait dans la petite criminalité (si on omettait les quelques meurtres de son parcours). Elle ne trempait pas dans le trafic de chair humaine ou de drogue. Ni dans la torture, en général. Elle admettait donc qu'elle avait peur là. Vraiment peur. Peur au point que son coeur s'emballe à chaque fois qu'elle pensait à ce que risquait Diego, et à ce qu'elle aurait pu subir si elle n'avait pas réussi à s'échapper. Sa façade assurée... N'était qu'une façade justement, pour aujourd’hui en tout cas.

Marchant aussi naturellement que possible, imitant en cela son protecteur du moment, la belle jeta un coup d'oeil à sa tenue. L'acide continuait de la ronger, doucement. Elle garda les bras contre son corps, lâchant ainsi la main de l'homme qu'elle tenait toujours. Il fit signe à un taxi, et grimpa dedans. Elle entra à sa suite, s'installant et refermant la portière tandis que Nathan donnait l'adresse.

Elle s'enfonça dans son siège, tentant de réparer les dégâts que l'acidité de sa sueur avait causé. Elle écouta distraitement le semblant de conversation entre Nathan et le chauffeur avant que ce dernier ne monte le son pour écouter le match. Elle savourait le peu de repos qu'elle avait depuis sa rencontre avec les Yakuzas. Elle soufflait un peu, relâchant la pression. Le sort de Diego flotta un instant dans son esprit, avant que l'homme à ses côtés ne le chasse d'une question.

« Mon... Mon sang ? »

Mince, quand est-ce qu'il... Ah oui. Le souvenir de la chaîne barrant la sortie dans la première pièce où ils s'étaient retrouvés, presque enfumés, remonta dans son esprit.

« Oh... »

Elle avait oublié qu'il en avait été témoin.

« C'est.. En fait, j'ignore ce que c'est. Je sais juste que j'ai découvert cette... Aptitude... Par hasard, quand j'avais seize ans. Je me concentre, pensant à relever l'acidité de mon sang, et ça marche. Juste comme ça. »

Elle hésita un instant, puis décida d'être complètement honnête avec Nathan.

« Il n'y a pas que mon sang... Je peux faire ça avec... Avec tous les fluides que produit mon corps. Sang... Sueur... Salive... Entre autre. »

Elle retint de justesse le "cyprine, morve et compagnie" qui étaient aussi venus à son esprit.

« Ce n'est pas quelque chose de commun mais... J'ai l'impression que certaines personnes possède aussi des dons. Pas similaires... Je crois que j'ai vu une fille franchir un mur, comme ça, en ayant l'air de se dématérialiser. Je n'en ai jamais parlé... J'aurais eut l'air folle... »

Elle frissonna, en repensant à ce jour-là. Elle avait treize ans, elle n'avait pas encore découvert ses dons. Elle avait eu la peur de sa vie.

« Je n'avais jamais parlé à personne non plus de... De ma capacité. Vous êtes le seul au courant... J'espère que ça restera entre nous... »

Sa voix, basse, portait uniquement pour Nathan. Le chauffeur n'aurait rien saisi de ce qu'elle avait dit.

« Vous ne direz rien, n'est-ce pas ? »

Elle leva le regard vers lui, prête à monter sur ses grands chevaux s'il comptait en parler à tout va, prête à le menacer, si besoin. Elle l'aimait bien, mais son secret était quelque chose qu'elle ne voulait pas que l'on sache. Elle n'aurait pas pu le lui cacher. Il l'avait vue. Mais elle entendait bien que ça reste exclusif.

Fatiguée par toute la tension qu'elle avait éprouvée, elle se relâcha soudain en soupirant, frottant ses épaules. Le corset ne tenait plus que par deux bandes dans son dos, prêt à tomber n'importe quand.

« C'est loin, chez vous ? »

Elle jetait aussi de fréquents coups d’œils par la fenêtre, guettant une activité ennemie. Paranoïa, bonjour.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Nathan Joyce le jeudi 17 octobre 2013, 01:36:20
Nathan avait l’œil, tout simplement. Voir une femme faire fondre une chaîne en acier avec son sang, ce n’était pas banal. À moins d’être une prochaine parente de Ripley, Sunday devait avoir son petit secret... Et, si ce petit secret impliquait de ne pas savoir qu’elle avait des gènes xénos et était la fille d’un monstrueux alien au sang acide, Nathan était prêt à tout entendre. Le taxi circulait lentement, tandis qu’elle lui expliquait qu’elle disposait de cette aptitude depuis sa naissance, sans être en mesure de la comprendre. Nathan ne dit rien, écoutant silencieusement. Lui en savait un peu plus, car, quand on avait un monstre dans le corps qui vous permettait d’être toujours en vie après vous être fait tiré dessus à bout portant, on avait tendance à être beaucoup plus ouverts à tout ce qui touchait au paranormal.

« Il n'y a pas que mon sang... Je peux faire ça avec... Avec tous les fluides que produit mon corps. Sang... Sueur... Salive... Entre autres. »

Ce « entre autres » restait relativement prometteur. Aucun des deux ne le dit, mais chacun pensa à la même substance. Voilà qui risquait d’énerver la Bête, si la cyprine de cette jeune femme se mettait à s’acidifier en pleine action.

*Je pense qu’elle doit en contrôler l’acidité... Et j’ai du mal à l’imaginer vierge, je ne sais pas pourquoi...*

La forcer risquait d’être difficile. En un sens, c’était une bonne nouvelle, car Nathan espérait que de tels aveux contrôleraient les pulsions de la Bête, mais il en doutait. Tremper sa queue dans un peu d’acide ne risquait pas de déranger un tel monstre, le symbiote disposait de facultés régénératrices exceptionnelles, comme il l’avait prouvé en réparant la tête de Nathan avant que ce dernier ne meure.

« Je n'avais jamais parlé à personne non plus de... De ma capacité. Vous êtes le seul au courant... J'espère que ça restera entre nous... »

Une autre information qui ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. À personne ? Pas même à ce cher Diego ? Nathan savait sa réaction primaire, mais il ne pouvait s’empêcher d’en ressentir une bouffée d’excitation, un peu comme quand un gosse, au collège, voyait le bout de culotte d’une fille aux toilettes, et se masturbait en y songeant. Nathan avait la prétention de croire que, face au sexe, chaque personne redevenait un tantinet immature, ne résonnant plus qu’en fonction d’instincts primaires et hormonaux, des désirs ancestraux et simplistes.

La voix de Sunday était alors presque comme un murmure, et son regard ne lâcha pas celui de Nathan, qui eut une soudaine envie de l’embrasser. Elle savait qu’elle était inquiète que son secret soit découvert, comme n’importe quel mutant. Nathan pouvait la comprendre. Certes, il existait des individus en costume qui volaient dans les airs, mais beaucoup de gens n’y voyaient encore qu’une sorte de programme militaire expérimental pour impressionner les gens, un canular gouvernemental, et, de manière générale, les mutants étaient des individus dont on se méfiait, les assimilant à des monstres... Et Nathan ne pouvait pas vraiment leur jeter la pierre, car ce qu’il portait dans le corps était un monstre.

« Vous ne direz rien, n'est-ce pas ? »

Nathan hocha la tête lentement, et lui sourit légèrement :

« Croix de bois, croix de fer... À qui voulez-vous que je le dise, Sunday ? »

Il faisait appel à son bon sens, tout simplement. En réalité, Nathan aurait pu en parler à quelqu’un, comme à ces gens qu’il allait voir chaque semaine, et qui étudiaient la manière dont le symbiote avançait dans son corps. Cependant, Nathan était suffisamment clairvoyant pour savoir que la jeune femme n’avait pas trop envie de se mêler aux autorités, ce qui le plaçait d’ailleurs dans une situation assez tendue. Théoriquement, il aurait du conduire la femme au poste, afin de lancer une enquête officielle, et probablement l’inculper pour trafic de stupéfiants, mais cette idée, si elle lui avait traversé l’esprit, avait été rejetée d’office. Elle était irréalisable, non seulement parce qu’elle reviendrait à imposer une barrière entre lui et Sunday (ce qui était le principal argument ayant convaincu Nathan), mais Nathan connaissait aussi le taux de corruption assez élevé au sein de la police : si Sunday allait au commissariat, les Yakuzas le sauraient, tôt ou tard, et ils reviendraient la capturer (ce qui était l’argument dont Nathan se parait pour dissimuler les véritables raisons de la situation dans laquelle il se mettait).

« C'est loin, chez vous ? »demanda-t-elle alors, l’arrachant à ses pensées.

Il l’observait, voyant la manière dont, nerveusement, elle regardait autour d’elle, comme si elle craignait que les Yakuzas leur tombent brusquement dessus. Il comprenait sa peur : avoir les Guramu aux fesses, ce n’était pas rassurant, surtout quand l’endroit rassurant et sûr, à savoir son appartement miteux, ne l’était pas tant que ça.

« On s’en rapproche..., répondit-il évasivement. Tout ira bien, Sunday, je vous le promets. »

Il l’avait dit en attrapant l’une de ses mains, et se rapprocha alors d’elle, pour murmurer, sur un ton complice, dans le dos de son oreille :

« Évitez tout de même de faire fondre sa banquette, ce serait con de se retrouver au poste pour vandalisme sur la banquette arrière d’un taxi. »

Le policier avait évidemment noté que les bandes du corset de Sunday étaient effritées. Après ce qu’elle lui avait dit sur ses fluides acides, il comprenait un peu mieux ce qui se passait... C’était à croire que cette femme l’appelait à ce qu’il se lâche et la prenne dans ce taxi. Il s’était d’ailleurs incidemment rapproché de ses lèvres, et, après lui avoir fait sa petite plaisanterie (qui n’avait été qu’un prétexte pour se rapprocher d’elle), son visage restait proche du sien. Là, à quelques centimètres de ses lèvres, il sentait son cœur sur le point d’exploser. Il comptait bel et bien l’embrasser, et amorçait déjà le geste... Quand le chauffeur s’arrêta.

« Nous sommes arrivés. »

L’humeur de Nathan s’assombrit brièvement.

« Merci... »

Il fourra la main dans la poche intérieure de sa veste, et tendit quelques billets froissés. Le chauffeur, aussi aimable qu’un curé suisse, les salua d’un sourire bienveillant, et Nathan sortit. Ils débarquèrent dans une rue assez grande, plutôt bien éclairée, et plus animée. On était assez proche du centre commercial. Le taxi repartit rapidement.

« Bon... Allons chez moi, alors, on y sera dans cinq minutes. »

Nathan se remit à marcher. Théoriquement, son appartement n’était plus dans le territoire des Guramu mais d’un autre clan. Pour autant, il savait que les Guramu n’hésitaient pas à enfreindre constamment les règles territoriales des autres clans, car ils se prenaient, et à juste titre, pour les rois de la ville. Akihiro Guramu, l’Oyabun, siégeait dans un château japonais traditionnel, l’un des bâtiments les plus impressionnants de Seikusu, et dînait volontiers en compagnie de conseillers municipaux, et même de responsables politiques. Seikusu était une ville qui passionnait beaucoup de politiciens

Le flic traversa les différentes rues du quartier, jusqu’à atteindre une autre rue, avec une partie du métro qui était aérien. D’énormes poutres étaient plantées au milieu de la rue, vous donnant l’impression d’être dans une cage, et Nathan s’approcha d’une porte grillagée, menant à l’intérieur d’une sorte de résidence, dans une petite cour bordée de bâtiments sinistres aux murs décolorés. Ce n’était pas le palace 4 étoiles, plutôt l’hôtel Formule 1 trouvé par l’automobiliste éreinté en bout de course. Il s’approcha de la porte d’un des bâtiments, et l’ouvrit en sortant ses clefs, qu’il avait encore. Quelques marches plus tard, une nouvelle porte s’ouvrit au fond d’un couloir faisant penser à une caserne, avec un carrelage froid et des lézardes dans le mur. L’appartement de Nathan était orienté côté rue, et, dans le couloir, on avait pu entendre les relents puissants d’une musique de J-Pop assez forte émanant d’un autre appartement.

« Navré pour le désordre, je ne m’attendais pas à recevoir de la visite chez moi » précisa-t-il en la laissant entrer.

N’importe quel observateur moyen aurait tout de suite pu constater que Nathan était solitaire. Un carton de pizza abandonné trônait sur la table basse du salon. L’appartement était une sorte de grand studio, avec une pièce principale comprenant un coin cuisine, et une porte menant à la salle de bains, où, bien précieusement, sommeillaient lez antalgiques de Nathan, l’autre conduisant dans sa chambre. Deux fenêtres éclairaient sobrement l’appartement, et le lit était une sorte de grand matelas deux pièces. On pouvait surtout voir, dans un coin, un carton rempli de bouteilles d’alcool vides. Il y avait des lézardes le long de murs qui s’effritaient paresseusement.

Dire qu’un jour, Nathan avait vécu dans une belle maison de Seattle... C’était l’appartement d’un vrai paumé, et il était le premier à en avoir conscience. Au moins, il avait caché sa pile de magazines pornos dans un carton, sa batterie nécessaire pour survivre à la Bête.

Il referma la porte derrière lui, et, pour éviter qu’un silence trop inconfortable ne s’efface en voyant le « château » de son héros, Nathan posa à Sunday une rapide question :

« Qu’est-ce que vous comptez faire ? Pour... Les Yakuzas, je veux dire... »
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Sunday M. Burton le jeudi 17 octobre 2013, 18:28:28
Elle fut rassurée quand il assura qu'il ne dirait rien, et se détendit un petit peu, s'enfonçant dans la banquette du taxi. Elle ne doutait pas de sa bonne foi, étrangement. Il faut dire que les éléments récents avaient prouvé à Sunday qu'elle pouvait faire confiance à l'homme. Il avait tout fait pour l'aider jusqu'à présent, allant même jusqu'à risquer sa vie pour retarder les yakuzas qui les poursuivaient.

Quant elle le questionna sur la distance pour aller jusque chez lui, il se montra rassurant, affirmant qu'ils n'en étaient plus très loin. Elle sourit, et ne lui reprit pas sa main. Son contact était réconfortant. Elle n'était pas seule, et ça, c'était une bonne chose. Elle sourit de plus belle au trait d'esprit qu'il souffla à son oreille. Tounant la tête vers lui, elle plongea son regard dans le sien. L'espace d'un instant, elle cru que le temps s'arrêtait. Elle détaillait vraiment Nathan, pour la première fois depuis leur rencontre. Inconsciente du charme qu'elle dégageait, elle se trouvait fascinée par l'homme autant qu'il semblait l'être par elle. Ses lèvres s'entrouvrirent alors qu'elle devinait confusément ce qui allait se produire du fait de leur proximité. Et elle n'était pas contre. Ou son corps, en tout cas, ne l'était pas, et l'appelait même.

L'arrêt du taxi la ramena brusquement à la réalité, et elle tourna la tête, le coeur battant. Elle descendit tandis que Nathan laissa quelques billets au chauffeur, observant la rue avec une pointe d'anxiété. Elle n'avait jamais été confrontée aux yakuzas avant aujourd'hui. Elle avait par contre souvent échappé aux autorités, mais n'avait jamais eu aussi peur pour sa vie. C'était les yakuzas quoi, la mafia japonaise. A Seïkusu, comme partout, on ne se frotte pas à la mafia...

Elle suivit Nathan sans broncher, trop oppressée pour flâner aujourd'hui. Elle était même tentée de prendre la main de l'homme, pour se rassurer, mais elle ne montra pas son inquiétude, et redressa les épaules. Elle resta digne, suivant son protecteur. L'adrénaline qui l'avait saisit tout à l'heure s'était évaporée durant le trajet en taxi. Elle se sentait fatiguée nerveusement, mais elle voulait tenir bon. Ce n'était pas encore fini... Pas encore. Pas tant que Diego serait encore aux mains des yakuzas. Pas tant que ces derniers seraient à ses trousses.

Quand elle pénétra dans le lieu de vie de Nathan, la tension quitta un peu les épaules de Sunday. Elle se sentait à l'abri, pour un temps au moins.

« Ce n'est rien... C'est un peu plus grand que là où j'habite. »

Dans le sien, la chambre était en effet dans le lieu de vie. C'était une petite résidence étudiante. Elle y accueillait parfois Diego, mais elle y était seule le plus souvent, et ça lui convenait très bien.

Elle avança un peu, laissant Nathan refermer la porte.

« Avec... Les Yakuzas ? Euhm... Je pensais déjà récupérer la cargaison. La majorité est encore à l'entrepôt... Et ceux qui sont vendus devraient revenir vite. Ensuite... Ensuite je les contacterais. Je leur donnerais la cargaison en échange de Diego, et je veux bien signer tout ce qu'ils veulent pour leur promettre de ne rien dire... J'espère qu'ensuite, ils me laisseront tranquille... »

C'était la seule idée qu'elle avait, et qu'elle pouvait réaliser. Elle ignorait quoi faire sinon. A part faire la morte, changer d'identité, et garder sur la conscience la mort de Diego -parce qu'ils ne manqueraient pas de le tuer-, puis recommencer une nouvelle vie.

« Je n'ai pas d'autres idées, de toute façon... Si vous en avez, je suis preneuse... »

Elle s'avança un peu plus dans le logement, entrant dans la pièce de vie. Les derniers liens qui maintenaient son corset lâchèrent, et sans la présence d'esprit de Sunday, il serait tombé au sol. Elle le plaqua sur son torse, et se tourna à demi vers Nathan.

« Euhm... Vous n'auriez pas un tee-shirt à me passer, ou quelque chose comme ça ? »

Elle esquissa un sourire gêné, serrant les bras autour d'elle pour maintenir l'habit. Une délicate teinte rouge ornait ses pommettes.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Nathan Joyce le vendredi 18 octobre 2013, 01:08:05
C’était probablement la femme la plus sexy qu’il ait jamais invité dans sa piaule... Et tout ce qu’il avait trouvé de bon à lui dire était de parler des Yakuzas. Il y avait encore du boulot à faire, dans l’art de séduire les femmes... Pourtant, il était convaincu qu’il y avait eu quelque chose dans le taxi, qu’elle aurait volontiers accepté son baiser. Cependant, Nathan était bien placé pour savoir que, dans ce domaine, l’imagination d’un homme avait tendance à s’emballer, et à mélanger fantasmes et réalité, ce qui conduisait par exemple un jeune collégien à prendre le silence pesant de la fille qu’il veut séduire pour une sorte d’acceptation tacite de son comportement. C’était un écueil presque inévitable, et, en grandissant, on apprenait, plus ou moins, à faire la distinction entre ce qu’une femme pensait et ce qu’on voulait qu’elle pense.

Elle avançait dans son appartement, et l’adrénaline qui redescendait le soulageait. Il était toujours possible que les Guramu leur tombent dessus, bien sûr, mais Nathan se plaisait à croire que, le croyant mort, ils éviteraient de passer par là. Au point où il en était, il n’en était plus à une violation près du règlement. Si jamais ses supérieurs apprenaient ce qu’il avait fait ce soir, il serait sûrement renvoyé pour de bon. Cette femme avait avoué devant lui avoir commis des crimes. En n’envisageant même pas de la livrer à la police, il se rendait coupable, il était complice. Pourtant, la petite voix du flic dans sa tête, celle qui lui disait de respecter la loi, n’était qu’un faible murmure.

« Avec... Les Yakuzas ? Euhm... Je pensais déjà récupérer la cargaison. La majorité est encore à l'entrepôt... Et ceux qui sont vendus devraient revenir vite. Ensuite... Ensuite je les contacterais. Je leur donnerais la cargaison en échange de Diego, et je veux bien signer tout ce qu'ils veulent pour leur promettre de ne rien dire... J'espère qu'ensuite, ils me laisseront tranquille... »

Nathan sourit légèrement, amusé malgré lui. Son plan aurait pu marcher avec certains clans de Yakuzas traditionnalistes, ceux qui respectaient encore cette éthique désuète et hypocrite selon laquelle les Yakuzas formaient, non pas des criminels, mais une autorité de l’ombre, un suppléant à l’État, une sorte de police secrète chargée de réguler le crime. Le Japon avait pendant longtemps vécu avec cette philosophie, comme la Chine, où les Triades étaient également très influentes. Cependant, même les clans le splus traditionalistes pourraient difficilement accepter avoir été floués par une femme. La mafia était un joli regroupement de machos, de gens qui pensaient que le rôle d’une femme n’était pas de se mêler des activités criminelles, mais de faire la ménage et d’entretenir les enfants. Une femme ne se mêlait pas du « business », comme le diraient les Corleone.

Cependant, le plan de Sunday était d’autant plus voué à l’échec qu’elle avait floué, non pas les Akuma, qui auraient encore pu l’apprécier, mais les Guramu.

« Je n'ai pas d'autres idées, de toute façon... Si vous en avez, je suis preneuse... » lâcha-t-elle alors.

Pour le coup, son inspiration était à sec. Ce soir, il avait surtout tiré. Réfléchir avait été difficile, et ça l’était même maintenant, vu qu’il passait son temps à mater les fesses et les belles bottes à talons de Sunday, réveillant le côté fétichiste de la Bête. Perverse jusqu’au bout de ses longues griffes, la Bête n’aimait que les vêtements qui moulaient les formes chez les filles. Quand on le cernait, on réalisait qu’il avait des goûts assez simples en fait... Et un net penchant pour les fesses et les poitrines féminines. Nathan s’avança un peu dans la pièce principale de son studio, se massant l’arrière du crâne.

Il fallait qu’il arrête de réfléchir avec ses hormones, au moins pendant quelques secondes. La Bête perturbait son raisonnement.

*Tu n’as qu’à me lâcher chez Akihiro, Nattie-boy, je me chargerais du reste… Une armée entière ne pourrait pas me retenir, surtout si c’est pour faire plaisir aux dames. Tu sais que je suis un grand sentimentaliste, moi.*

Voilà typiquement le genre d’idées dont il devait se méfier. C’était un fait : la Bête était terrifiante. Quand elle prenait le contrôle, il sentait en lui une sorte d’ivresse l’envahir, se prenant alors pour une espèce de Dieu immortel. Mais la Bête, aussi puissante soit-elle, n’était pas immortelle. Et Muramasa-jo, le fief des Guramu, était une véritable forteresse imprenable. De plus, Akihiro Guramu était né à Seikusu, et connaissait tous les recoins de cette ville... Y compris les Portails reliant la Terre à Terra. Il avait donc avec lui des protections magiques, et, si la Bête était relativement résistante face aux armes à feu et aux attaques physiques, la magie était redoutable.

Il ne se sortirait pas de ce traquenard en utilisant sa force brute... Et il ne la sauverait pas non plus, elle et son Diego. Ce nom lui donnait envie de vomir, mais Nathan restait flic, avant tout, pour son malheur. Ce Diego n’était probablement qu’une racaille, quelqu’un qui avait joué avec le feu (et qui, il en était persuadé, avait très certainement poussé Sunday dans ce plan foireux), quelqu’un qui méritait amplement son sort, et la Bête était la première à le penser... Mais Nathan ne pouvait tout de même pas le laisser crever parce qu’il avait sauté la femme qui se tenait chez lui... Et la simple idée de l’imaginer dans les bras d’un autre suffisait à énerver la Bête, à l’agacer.

*Les mâles sont des territoriaux, Nattie-boy, ne l’oublie jamais.*

L’idée peinait à venir... Dès qu’il essayait de se concentrer, Sunday et son corps de top model l’envahissait.

« Euhm... » lâcha-t-elle alors.

Sortant de ses pensées, Nathan tourna la tête vers elle, et constata que les bretelles de son corset étaient en train de tomber en miettes.

« Vous n'auriez pas un tee-shirt à me passer, ou quelque chose comme ça ? » s’enquit-elle.

Doux Jésus... Il déglutit, et ses yeux ne purent se retenir, glissant sur sa poitrine. Elle avait de confortables seins, qu’il apercevait encore mieux, maintenant que le corset était en train de tomber.

*Merde, reste pas planté là comme un con, agis !*

Il remua brièvement la tête, battant des yeux en revenant à lui.

« Je... Euh… Ouais, ça doit pouvoir se trouver… »

Il s’avança vers un placard dans un coin, et l’ouvrit. En contrebas, un carton abritait sa collection de revues pornos. Playboy et FHM dominaient en tête. Il y avait quelques chemises trônant au milieu de son rangement... Et il avait une nouvelle érection. Dos tourné à la jeune femme, il se trouvait ridicule, dans la peau d’un lycéen boutonneux invitant sa copine dans sa chambre, et tremblant comme une feuille en essayant de trouver un moyen de perdre sa virginité sans la choquer, alors que la seule chose que la fille voulait était de se faire sauter par lui (une expérience que Nathan avait personnellement vécu, en d’autres temps et en d’autres lieux).

« Ça risque d’être un peu grand pour vous... »

Il déglutit faiblement, et attrapa une chemise à carreaux. Nettement moins sexy que son corset.

« Au moins, ce sera suffisamment large pour vous éviter de suer... »

Il l’attrapa, et se retourna... Quand le métro aérien passa à proximité, faisant, comme d’habitude, trembler les murs. Des vibrations traversèrent la pièce. Quand on y était pas habitué, ça surprenait toujours, et Nathan fila vers Sunday, cette dernière ayant soudainement relâché, sous l’effet de la surprise, son corset. Il fut sur elle en un bond, et posa ses mains sur son corset, empêchant ce dernier de tomber, se collant du coup à elle.

« Attention ! » s’était-il exclamé en se ruant vers elle.

Les seins de Sunday heurtèrent son torse, et il se retrouva planté devant elle. Il l’observa silencieusement, sans rien dire. Il avait envie de lui dire que le passage du métro était une vraie horreur ici, car il s’agissait de vieux bâtiments, et l’isolation était merdique. L’entreprise gérant l’immeuble n’avait pas spécialement envie d’investir là-dedans plus que nécessaire, mais rien ne lui vint à l’esprit. Ses doigts glissaient lentement le long du corset, et il l’observait sans rien dire.

« En fait..., déglutit-il lentement, je crois que cette chemise ne vous ira pas du tout... »

Et il avait vu les teintes légèrement rouges de Sunday quand elle lui avait demandé un vêtement. Nathan écarta lentement ses doigts, et le corset, tout aussi lentement, glissa, avant de finir par tomber sur le sol. Il se pencha alors vers elle, et termina ce qu’il avait entrepris de faire dans le taxi.

Il l’embrassa.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Sunday M. Burton le vendredi 18 octobre 2013, 01:52:28
Si l’idée de la brune concernant les Yakuzas était mauvaise, Nathan n’en souffla pas un mot. Elle se prit alors à penser que c’était sans doute une bonne idée. Mais elle ignorait hélas tout de la vérité.

Les bras serrés autour de son corps pour maintenir le corset plaqué contre sur buste, Sunday esquissait un sourire un peu gêné. Elle n’avait pas manqué de remarquer le regard appuyé de l’homme sur ses attributs, mais c’était une réaction tout à fait normale. Si la phrase « Le sexe fait vendre » s’appliquait aux produits commerciaux, ce n’était pas pour rien.

Feignant de ne pas s’en apercevoir, la belle attendait sans broncher. Son regard le suivit ensuite jusqu’à un placard, et accrocha fugitivement quelques détails. Comme le carton de magazines en bas, dont la couverture évoquait le caractère sensible de son contenu. Ou comme le trouble manifeste qu’elle créait chez Nathan.

Elle détourna les yeux, trouvant impoli de tout détailler ainsi, et frissonna doucement. Son esprit dérivait vers la dure tâche qui l’attendait quand un bruit de train (ou de métro plus probablement) retentit dans la pièce, accompagné de vibration d’une puissance… De surprise, Sunday vacilla, trébucha à moitié, et laissa le corset échapper à l’étreinte de ses bras.

Comme un chevalier servant, Nathan accouru pour essayer de retenir le vêtement contre la peau de la brune. Dans sa stupeur, cette dernière s’accrocha à l’homme pour éviter de tomber, peu habituée à ces tremblements intempestifs de la pièce, dont il semblait être coutumier. Ce faisant, elle se retrouva presque plaquée contre lui.

Le temps, une nouvelle fois, sembla suspendre son cours pour la jeune femme. Comme dans une bulle à part, elle vit la scène se passer au ralenti. Les doigts de Nathan sur son corset, son regard fixé sur elle… Ses lèvres qui bougèrent lorsqu’il parla, puis le contact digital qui se faisait plus ténu… Le vêtement glissant contre son corps, puis tombant à terre… Et lui qui se penche vers elle.

Elle ne se déroba pas. Elle haussa même le visage, tendant ses lèvres, pour qu’il l’embrasse. Le trouble qu’il créait en elle se transforma en une espèce de tornade qui s’agitait au creux de son être. Elle ferma les yeux, restant d’abord un peu passive. Puis ses mains cessèrent de la retenir à l’homme pour venir s’enrouler autour de son cou. Ses lèvres s’entrouvrirent, livrant le passage à une langue taquine et sensuelle qui cherchait sa consœur. Elle se haussa sur la pointe des pieds pour venir blottir son corps contre celui de Nathan.

Toute réflexion, ou capacité de réflexion, avait désertée Sunday. Elle ne pensait plus. Elle réagissait avec l’instinct. Elle ne faisait que suivre les élans de son corps.

Sunday n'était plus qu'une femme sous le joug de l'attirance qu'elle éprouvait pour l'homme face à elle. Le danger provisoirement écarté, l'adrénaline retombée, elle voulait juste profiter de l'instant sans avoir à craindre l'avenir. Elle voulait de la passion, de la force et de la tendresse, même si ça paraissait paradoxal. Elle était prête à se donner à Nathan, qu'elle ne connaissait que depuis peu et dont elle ignorait beaucoup de chose, parce qu'elle était attirée par lui. Ses hormones étaient folles, et elle désirait ardemment que l'homme ne reprenne pas ses esprits, qu'il continue et approfondisse la chose. Elle ne voulait pas non plus revenir dans la réalité, et voulait s'immerger toute entière dans ce désir qui allumait une flamme au creux de ses reins.

Elle détacha ses lèvres de celles de Nathan, rouvrant les yeux pour les fixer dans les siens.

« Je te veux... »

Sa voix, rendue rauque par le désir, possédait des accents séducteur.

« Oh... Nathan... »

Elle laissa ses mains retomber le long du corps de l'homme déchirant sans vergogne le tissu qui entravait le torse masculin, et posa ses lèvres sur la peau chaude, les faisant glisser pour remonter, s'arrêtant à la base du cou qu'elle mordilla. Elle se serra contre lui, ressentant l'excitation qu'il éprouvait également, et remonta encore ses lèvres pour venir mordiller le lobe de l'oreille de l'homme en se remettant sur la pointe des pieds...

« Prends-moi... »

Tandis qu'elle susurrait ces mots à l'oreille de Nathan, l'une de ses mains descendit pour déboucler la ceinture qui aurait dû retenir ses armes. Elle déboutonna agilement le mini-short, et le fit glisser d'une main contre ses cuisses pour qu'il retombe à terre, avec le corset. Elle n'était plus qu'en string devant son protecteur, presque collée à lui, et elle le regardait avec une envie dévorante au fond de ses prunelles agrandies par le désir.

« Fais-moi tienne, Nathan... »

Entreprenante, maintenant que la digue était rompue, Sunday vint chercher la fermeture du pantalon de l'homme, cherchant à l'en débarrasser. Elle était brûlante de désir. Comme un fruit mûr, elle était prête à être cueillie.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Nathan Joyce le vendredi 18 octobre 2013, 13:18:04
L’erreur fondamentale de Nathan n’avait pas été de croire qu’il serait intelligent de revenir chez lui, alors que les Guramu connaissaient son nom. Sa grande erreur avait été de faire confiance à un chauffeur de taxi de Seikusu travaillant au sein de la Toussaint. Le taxi n’avait pas appelé les Guramu juste après avoir déposé Nathan et Sunday, mais il connaissait bien la ville. Discrètement, lentement, il avait pris tout son temps, étant après tout payé, non pas au nombre de kilomètres, mais au temps passé. Il connaissait les chemins à prendre pour ralentir le voyage, tout en donnant l’impression aux voyageurs d’avancer en prenant des raccourcis. Il n’avait eu aucun scrupule à escroquer ainsi les deux passagers, car la femme sur la banquette arrière l’énervait autant qu’elle l’excitait, et il enviait autant qu’il méprisait l’homme. Il avait évidemment vu qu’ils allaient se rouler une pelle dans son taxi, et ce fut la raison qui l’avait décidé à arrêter sa course, près de l’endroit indiqué par l’homme. Que Nathan n’ait rien vu était en soi le signe que Sunday l’obsédait au point qu’il en négligeait les éléments les plus simples.

Ainsi, tandis que le chauffeur de taxi promenait le duo dans les rues de la ville, et que Nathan luttait contre son érection, Kiba Guramu avait eu tout le temps d’appeler un contact au sein de la police. On lui avait fourni sans hésitation des informations sur Nathan Joyce. Il était peu apprécié de la brigade. Un flic efficace, mais avec une forte propension à l’alcoolisme... Et c’était un gaijin au passé flou. Dès qu’il avait eu l’emplacement de l’appartement du flic, Kiba avait appelé deux de ses hommes, afin d’y aller. La fille s’était évadée, visiblement à l’aide de pouvoirs magiques (un problème dont Kiba allait devoir s’occuper), et, si son appartement était surveillé, il était désormais évident, pour Kiba, qu’ils n’étaient pas que deux à avoir fait le coup. Il avait donc envoyé deux hommes surveiller cet appartement, en espérant que la fille y irait. Deux hommes étaient donc venus : Zango et Aritsune. Zango et Aritsune faisaient partie de la branche des Guramu chargés des rapports sociaux, un délicieux euphémisme pour parler du racket et de l’intimidation, l’une des bases des revenus des Guramu. Aritsune faisait partie des Yakuzas qui étaient envoyés dans les boutiques quand les commerçants estimaient ne plus avoir besoin de protections. Zango, lui, participait à l’activité dite du sōkaiya, une activité spécialement yakuza, qui consistait à devenir actionnaire minoritaire d’une société, afin d’assister aux conseils d’administration, et de menacer, par sa simple présence, des actionnaires qui auraient pu être hostiles à la bonne marche de l’entreprise, et à la prise de mesures favorisant les bénéfices. Ils formaient donc un beau couple, et Zango, tout en étant une armoire à glace, était aussi un spécialiste du crochetage, ce qui lui permettait ainsi, quand il allait dans les sociétés, de crocheter les serrures de certains bureaux, afin d’obtenir des documents pour faire chanter des individus par la suite.

Zango n’avait eu aucune difficulté à crocheter la porte, et le duo avait fouillé l’appartement. Ils avaient trouvé les revues pornos de Nathan, les avaient fouillés, sans rien voir d’intéressant. Aucune disquette, aucun livre de comptes, c’était un appartement pour minables, un endroit de pouilleux. Aritsune s’était rendu dans la salle de bains, tandis que Zango avait utilisé son expérience au sein des sociétés pour installer discrètement une caméra WiFi. Encore une fois, c’était une chose qu’il faisait au sein des sociétés. Quand il fallait faire pression sur un actionnaire, ou sur un PDG récalcitrant à suivre les directives de son conseil d’administration, la force brute n’était pas recommandée dans tous les cas. Zango avait installé de petites caméras dans des bureaux, et avait ainsi filmé de joyeuses parties de jambes en l’air entre un honorable PDG et sa jeune secrétaire. Zango se disait que, si la fille revenait ici, savoir ce qu’elle avait pouvait être une bonne idée.

Aritsune, quant à lui, avait préparé un petit cadeau qu’il faisait contre les commerçants trop récalcitrants. Il avait trouvé l’arrivée de gaz, et était en train de la saboter, la raccordant à un petit dispositif. C’était une espèce de briquet spécialement modifié, afin d’agir comme un détonateur à distance. Quand il appuierait sur le déclencheur, le briquet s’enclencherait, et le gaz exploserait. De cette manière, Aritsune avait pu faire sauter toute une épicerie, sans que la police ne puisse conclure à rien d’autre qu’à une fuite de gaz.

Ils avaient agi rapidement. Ils étaient des professionnels, qui savaient que leur métier impliquait d’agir rapidement. Zango avait accroché la caméra sur la tringle d’un rideau, un endroit que personne ne pensait à voir. Elle était minuscule, presque aussi grosse qu’une webcam. Ils étaient sortis sans inquiétude, et se tenaient maintenant dans une voiture stationnée à côté de l’immeuble, sous le métro aérien. Zango avait allumé son ordinateur portable, qu’il amenait toujours avec lui, et avait lancé un logiciel permettant d’afficher la caméra-espion. Aritsune, quant à lui, avait sorti un sachet de madeleines, et ils attendaient, écoutant des imbécilités à la radio.

« C’est pas le flic que Kiba a refroidi ? » demanda Zango.

Aritsune vit sur l’écran qu’ils étaient entrés dans l’appartement. La salope, ainsi qu’un gars bien bâti. Aritsune et Zango n’étaient pas dans le métro quand Kiba avait refroidi le flic, mais ce dernier leur avait dit que le flic était mort. Les deux Yakuzas le trouvaient cependant bien vivants, et Zango utilisa sa caméra pour prendre une photographie de la tête de Nathan, l’envoyant ensuite à Kiba pour avoir confirmation.

« Elle a niqué son corset, la chérie..., commenta Aritsune.
 -  C’est une étrangère, sûrement une Occidentale... Ce sont toutes des salopes. »

Ils virent l’homme lui amener une chemise, et le métro passa ensuite, faisant trembler toute la place. Les Guramu virent la caméra trembler, mais l’image, fort heureusement, se stabilisa. Cette immeuble, comme tous les autres, étaient tenus par les Guramu depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Si le métro n’avait pas été enfoncé dans le sol, et si les bâtiments n’avaient pas été rénovés, c’était de leur faute. Les Guramu n’étaient pas l’assistance publique, et tous ceux qui vivaient ici savaient qu’ils n’engageraient pas de l’argent pour rénover les infrastructures. Ils n’y gagneraient rien.

Ils virent l’homme et la femme s’embrasser. Zango se mordilla les lèvres. Il reçut alors un message de Kiba, son portable se mettant à tilter.

« Alors ?
 -  Kiba comprend pas. Il dit qu’il a refroidi ce type dans le métro.
 -  ’M’a pas l’air très frais, cet oisillon-là, vu la manière avec laquelle il lui roule une pelle... Je dirais plutôt qu’il est chaud comme le cul du Diable. »

Comment un mort pouvait-il embrasser une fille en lui roulant un gadin ? Les Guramu savaient qu’il existait à Seikusu des individus paranormaux, et le fait de tomber sur deux d’entre eux au sein d’un même groupe laissaient envisager pas mal de possibilités. La femme était en train de se déshabiller, finissant dans un string très court, tandis qu’elle s’attaquait au pantalon de l’homme. Elle s’y attaquait avec une certaine habileté. Le son n’était pas très bon sur ces caméras-là, mais ils virent l’homme soulever la femme, son jean glissant le long de ses jambes, avant de la plaquer contre le mur, à côté de la fenêtre. Zango déplaça lentement l’objectif de la caméra. La femme était plaquée contre le mur, et l’homme était manifestement en train de la pénétrer. On voyait ses seins, que l’homme pétrissait fermement.

« Diable, il lui fait le grand numéro... »

Le fait est qu’ils n’étaient pas taillés contre des mutants, n’ayant rien de plus que leurs armes à feu. Kiba hésitait entre leur dire de les interpeller, de l’attendre, ou de les tuer. Aritsune avait le doigt sur son détonateur, attendant le SMS fatidique.



C’était comme une écluse. Quand on ouvrait les portes, l’eau se déversait, et, si on n’y prenait pas gare, le courant pouvait vous échapper. Une véritable tempête se déchaînait dans le corps de Nathan,e t il avait mal. Le benêt qui prétendait que le sexe n’était qu’amour et douceur n’avait jamais eu une telle trique. Son pénis l’élançait douloureusement, une douleur de tous les diables, une démangeaison terrifiante. Son membre était tendu comme un soldat au garde-à-vous, comme une corde de violon prête à claquer. Les lèvres de cette femme étaient magnifiques, ses seins s’enfonçaient dans sa chair avec une tendresse insoupçonnable. Il la sentit se déshabiller, l’entendait gémir et soupirer. Tout avait disparu. Les Guramu, le coup de feu dans le métro, la Bête, les magazines pornos, le métro... Tout... Tout, et même ce léger sifflement que Nathan, en d’autres circonstances, aurait pu percevoir dans la salle de bains. Ce Fssschiiii... qui indiquait la fuite de gaz.

Il ne pensait qu’à une chose. Sunday. Ses lèvres. Son corps.

« Fais-moi tienne, Nathan... » sussurrait-elle.

Ses mots étaient magiques. Un appel irrésistible, irrépressible. Comment pouvait-il seulement espérer lutter contre ça ? Il était vaincu d’avance. Elle était en string, et tirait sur sa fermeture. Il l’accompagna, tirant sur son jean, entraînant le caleçon avec lui, et la souleva d’un coup, l’envoyant contre le mur, à côté de lui. Le dos de Sunday fit craquer ce dernier, ses jambes glissèrent le long de ses hanches, il tira sur le string d’un coup sec, l’arrachant, et la pénétra dans la foulée.

Sentir son sexe en elle fut comme une joyeuse libération, une délivrance... Mais son sexe lui faisait toujours aussi mal.



Le téléphone portable de Zango se mit à vibrer une nouvelle fois. Il l’attrapa, et appuya sur le bouton central.

« On les tue » trancha-t-il.

Aritsune hocha la tête, et éteignit alors l’autoradio.

« Qu’est-ce que tu attends ?
 -  J’ai mon petit rituel, Zango... Ouvre la boîte à gants, et donne-moi ce CD, là... »

Interloqué, Zango obtempéra, tandis que, devant l’écran, l’homme usait de ses muscles pour donner des coups de reins enjoués. Le CD était une compilation de musiques françaises. Aritsune l’attrapa, et le mit dans l’appareil, puis passa à la neuvième chanson.

« Il faut une musique de circonstance. »

Une délicieuse musique, un petit air enjoué, se mit en marche dans l’habitacle. Zango crut discerner une espèce de trompette, mais il n’avait jamais été doué pour distinguer les différents appareils de musique. Une voix amusée et élancée se mit à chanter. Zango connaissait un peu le français, car il avait suivi des études dans les relations des affaires internationales, afin de justifier son statut d’actionnaire au sein de certaines sociétés.

« La pendule fait tic tac tic tac
Les oiseaux du lac font pic pic pic pic
Glou glou glou font tous les dindons
Et la jolie cloche ding deng dong
Mais...
»

Aritsune suivait le rythme, tenant dans la main gauche le petit détonateur. Le refrain s’enclencha avec le premier couplet, et Zango commença à comprendre l’importance du fond musical :

« Boum
Quand notre cœur fait Boum
Tout avec lui dit Boum
Et c'est l'amour qui s'éveille.
Boum
Il chante "love in bloom"
Au rythme de ce Boum
Qui redit Boum à l'oreille
»

« Ces Français sont de vrais poètes... »

Il se laissa taller, tandis que la musique se poursuivait, et que les deux tourtereaux continuaient à se faire l’amour sous leurs yeux.

« Boum
Le monde entier fait Boum
Tout l'univers fait Boum
»

Il appuya sur le bouton.

« Parc'que mon cœur fait Boum Boum
Boum
»

Dans la salle de bains, où le gaz s’échappait, un petit mécanisme s’enclencha à l’intérieur d’un briquet négligemment abandonné là. Le clapet s’ouvrit sans prévenir, et le feu s’enclencha. Le réservoir du briquet contenait de l’hydrogène, ce qui en faisait plus une bombe artisanale spéciale qu’un vulgaire briquet.

« Je n'entends que Boum Boum
Ça fait toujours Boum Boum
»

Nathan sentit le souffle, et eut à peine le temps de tourner la tête que les flammes de l’enfer se répandirent dans l’appartement.

« Boum Boum Boum... »

*BRRRRRRRRAAAAOOOOOOOOUUUUUUUUUMMM !!!*

Le temps que Trenet se taise, tout un étage partit en fume. Une formidable explosion. L’image de la caméra se vrilla instantanément, et les deux Yakuzas virent des langues de feu jaillir hors des fenêtres, formant de jolis champignons. Une formidable explosion, qui projeta des morceaux de bétons et de briques sur le sol, ainsi que les corps des deux amants. Les deux Yakuzas les virent s’envoler à travers le mur, formant une belle torchère, avant de s’écraser dans une ruelle, renversant une série de poubelles et de cartons. L’explosion avait complètement soufflé l’appartement, mais, les murs étant peu résistants, ils avaient aussi été pulvérisés, ce qui faisait que l’incendie s’était répandu dans les autres appartements alentour, provoquant une superbe explosion. La voiture ne bougea pas, alors que toute une série d’alarmes s’enclencha le long des voitures stationnées, que des lumières s’allumèrent tout autour. Lentement, Aritsune démarra le moteur, enclencha la première, et s’écarta, laissant tout un étage rongé par les flammes. Ils regardèrent du côté de la ruelle, et virent des flammes brûler au milieu de la ruelle.

« Je crois qu’on peut les dire morts. »

Sur cette bonne parole, les deux truands s’en allèrent, laissant les urgences arriver.

Nathan, quant à lui, avait le corps complètement calciné, et tenait entre ses bras le corps de la femme, les vêtements de la femme ayant été happés par la Bête quand cette dernière, sentant le souffle du feu, avait formé une carapace protectrice autour des deux amants, et avait bondi par le mur, aidé par la déflagration. C’était la carapace de la Bête qui brûlait, et c’était elle qui s’était réceptionnée sur le sol, au milieu de la ruelle, rebondissant, avant de stopper sa course contre un grillage.

*Par tous les Présidents et par toutes les putes du monde, mais qu’est-ce qui a bien pu se passer ?!* songea-t-il en tentant laborieusement de se relever.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Sunday M. Burton le dimanche 24 novembre 2013, 20:50:15
Si Nathan n’avait pas entendu le petit Fshiii, il en allait de même pour Sunday. Son odorat pourtant aiguisé n’avait pas non plus perçu l’odeur du gaz qui se répandait dans l’appartement. Elle était juste obnubilée par l’homme. Par le désir. Elle ne pensait plus, agissant et réagissant avec instinct.

Tout contre son corps, elle se sentait pleinement femme. Excitation. Désir. Danger. Un mélange grisant. Nouveauté. Précipitation. C’était le piquant de leur relation. Elle était plus que prête pour Nathan. Elle se languissait de le sentir en elle.

Quand il l’aida à le déshabiller, ce fut très rapide ; L’instant d’après, la brune lâchait une expiration brutale comme son dos heurtait le mur, accompagné d’un soupir satisfait tandis que l’homme accédait à son désir. Il la pénétra rudement, et sans mal. Elle serra les jambes autour de lui, se maintenant à ses hanches. Elle n’était pas en position pour aider beaucoup le mouvement qu’il initia, mais elle faisait de son mieux pour accompagner ses coups de reins.

Oh, qu’elle aimait ça. Sunday planta ses doigts dans les épaules de son amant tandis qu’il serrait les siens autour de ses seins. Elle gémissait sans retenue, soufflant son nom à chaque fois qu’il venait buter en elle.

Et puis, plus rien.

Sunday eut l’impression d’avoir perdu conscience quand elle redressa la tête, dehors. Un sifflement perçait avec régularité dans ses oreilles, bourdonnement agaçant. Elle n’entendait plus rien d’autre. Elle grimaça, et la mémoire lui revint.

Elle était bien, prise par Nathan avec fougue, quand l’explosion avait soufflé l’appartement et les deux amants. Elle avait dû perdre connaissance au moment où une chape noire l’avait recouverte pour la protéger.

« Nathan ? »

Sa propre voix lui apparaissait comme étouffée, et lui parvenait de très loin. Elle chercha à se redresser, mais son équilibre n’était pas parfait et elle ne réussit qu’à s’érafler les genoux en retombant sur le bitume.

« Putain. »

Elle jura, portant une main à sa tête. Elle espérait que le sifflement aigu s’arrêterait. Elle avait une migraine qui pointait son nez, en plus.

Elle leva le regard  vers son amant, et écarquilla les yeux. Il était noir, comme carbonisé. Elle tenta de se relever à nouveau, se portant vers lui.

« Nathan ? »

Bien qu’un peu plus nette, sa voix lui parvenait toujours de très loin. Elle entendait aussi maintenant les alarmes des voitures, et le bruit de combustion de l’immeuble. Ou bien était-ce les flammes qui dévoraient la carapace noire au milieu de la ruelle, qu’elle entendait ?

Elle se passa une main sur la tempe droite, essayant d’oublier la douleur qui lui vrillait le crâne.

Étonnamment, elle était presque indemne. Surtout par rapport à Nathan. Il l’avait protégée de son corps ? Elle était juste ankylosée.

Le choc la fit trembler, à rebours, et elle tenta de réprimer ses tressaillements.

Au loin, une sirène se fit entendre.

« C’était eux, n’est-ce pas ? »

Penser aux responsables de ce désastre la terrifiait. C’était, à coup sûr, les Yakuzas qui avaient fait exploser l’appartement. Il ne pouvait en être autrement.

Et Diego qui était entre leurs mains…

S’ils avaient voulu la tuer elle, déjà, ça n’augurait rien de bon pour son compagnon d’arme. Il devait être torturé. Ou déjà mort. Sunday ne voulait pas penser à ça. Elle se persuada qu’il était indemne. Qu’il leur avait peut-être tout dit pour éviter la torture, ou pour rester en vie. Même si ça voulait dire que son plan à elle pour leur restituer les ours était hors course, elle préférait cette alternative. Elle connaissait Diego depuis si longtemps qu’elle n’imaginait pas qu’il puisse mourir.

Chassant son ami de ses pensées, elle se concentra sur le moment présent. Nue, elle était dans une ruelle non loin de l’immeuble en feu. Les pompiers, venant d’arriver, déroulaient la grande lance à incendie. Les urgences arrivèrent peu après, et des hommes en uniformes vinrent entourer les deux amants, les séparant pour les mener vers deux camion d’urgence différent et les examiner.

« Non. Laissez-moi. Je vais bien… »

Elle eut beau protester, ça ne servait à rien.

« Laissez-moi voir Nathan. Il n’a rien de trop grave ? »

Pas de réponse. Ils se contentaient de les examiner. Ils posaient des questions. Comment vous appelez-vous ? Quel est votre âge ? Quel jour nous sommes ? Vous avez mal quelque part ? Et là ?

Un peu hébétée, la brune répondait mécaniquement, son regard d’acier cherchant à voir où ils avaient emmené son amant.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Nathan Joyce le mardi 26 novembre 2013, 02:44:46
Il ignorait si le fait d’être encore vivant, en ce moment, témoignait d’une sorte de chance insolente, ou alors d’une profonde malédiction. Sonné, ailleurs, l’esprit hagard, Nathan n’entendait rien d’autre que les bourdonnements de ses oreilles, et sa vision était floue. Il gisait sur le sol, non pas blessé, mais tout simplement sonné. Et, tandis qu’il revenait à lui, son esprit résonnait d’une rage sourde et incontrôlable. Une sorte de fureur bestiale et primitive qui était en train de lui dévorer les entrailles, de remonter dans tout son corps, de le mettre à rude épreuve, de le réveiller comme s’il était en train de se faire des injections de caféine dans les veines. La Bête était furieuse, haineuse, semblable à une espèce d’enfant fou furieux prêt à tout casser dans sa chambre parce que son jeu vidéo favori venait de subir un crash système. Nathan tremblait douloureusement, sentant des vibrations le traverser. Les Guramu avaient empêché Nathan de pouvoir enfin se soulager, de pouvoir enfin goûter à la chair d’une femme. Pire, on l’avait interrompu en plein ébat, alors qu’il était enfin en train de copuler avec cette maudite Sunday, dont le petit cul moulant l’échaudait depuis qu’il lui était tombé dessus. Malheureusement, Sunday semblait être aussi belle qu’inaccessible, car elle ne cessait de foutre le boxon dans la vie de Nathan. On l’avait pourchassé, poursuivi dans une rame de métro sinistre, abattu en pleine tête, on l’avait envoyé s’écraser contre une rame de métro lancée à toute allure, et, point d’orgue de la sortie, on avait été jusqu’à le dynamiter ! Quelle était donc la prochaine étape ? Une tête nucléaire en pleine poire ? Un char d’assaut Abrams lancé à toute allure sur lui ? La Bête continuait à le maintenir en vie, mais il sentait bien que la patience du symbiote avait ses limites.

Cependant, la Bête ne pouvait guère s’énerver contre son hôte, cette fois. Sa rage était manifestement tournée à l’ensemble du genre humain, et Nathan pouvait l’entendre tempêter, balançant à la minute un chapelet d’injures et de jurons qui auraient fait rougir de honte une poissonnière de métier. Nathan gisait dans la ruelle, et commençait peu à peu à reprendre ses forces. Aussi nu que Sunday, il entendait des sirènes, au loin, et vit des formes indistinctes le soulever. Des hommes en blanc. Il essaya de leur parler, de leur demander où était Sunday, qui étaient ces messieurs, et qu’est-ce que c’était que ce joyeux bordel s’il-vous-plaît, mais rien ne sortait de sa bouche, et il n’entendait rien d’autre que ce sifflement dans les oreilles. On le déposa dans une civière, et cette dernière se mit à rouler le long de la ruelle, alors que les médecins tâtaient son pouls.

Clignant des yeux, Nathan se retrouva dans la rue, et vit une fumée noire s’élevant de son ancien appartement, ainsi que des morceaux de béton sur le sol. Il y avait une foule de badauds, des gyrophares lumineux, un camion de pompiers, des gens qui gesticulaient s’activaient dans tous les sens. Les Guramu ne reculaient devant rien pour supprimer ceux qui les gênaient trop. Nathan le savait, mais, maintenant, il le comprenait. La rapidité de ces types, leurs moyens d’actions... C’était proprement effrayant. Pourtant, il ne devrait pas être surpris. Il en savait assez sur le crime organisé pour le savoir, surtout ici, à Seikusu. Les Portails vers Terra représentaient pour le crime organisé une formidable manne d’or.

L’ambulance se mit à dérouler, et, alors que Nathan revenait peu à peu à lui, derrière le sifflement de ses oreilles, il réussit à percevoir des sons :

« ...N’avons pas encore relevé ses empreintes...
 -  ...Propriétaire de l’appartement ? Il n’a aucune trace d’égratignure, aucun impact, c’est impossible, il devrait être...
 -  ...La femme avec lui... »

La « femme »... Sunday ! Nathan sentit une force le saisir, une vigueur masculine, revenant depuis ses entrailles. Les appareils branchés à son corps se mirent à s’affoler, et Nathan se redressa subitement. Ses bras s’étaient transformés en solides bras noirs surmontés de griffes tranchantes, et il attrapa l’un des deux infirmiers, le plaquant contre le mur de l’ambulance.

« Où est-elle ?! La fille ?! Où ?!! »

L’infirmier déglutit, les yeux écarquillés de stupeur. L’autre, les mains tremblantes, se saisit d’une seringue hypodermique, mais Nathan déploya son autre main, qui s’allongea démesurément, formant comme un fouet qui frappa l’infirmier à la tête, l’envoyant s’étaler sur le sol. Nathan planta ses yeux reptiliens dans ceux de l’infirmier, blême, qui finit par donner l’amvbulance, et l’endroit par où elle se rendait. Le policier transformé relâcha alors la gorge du malheureux interne, et se redressa d’un bond. Sa main frappa la double porte arrière de l’ambulance, arrachant l’une des portières, et il bondit sur le sol, manquant déstabiliser l’ambulance, alors que le symbiote s’était pleinement réveillé, le regroupant totalement. Nathan se mit à courir, indifférent aux klaxons des voitures, et bondit dans les hauteurs. Deux ailes organiques jaillirent de son dos, l’aidant à planer, et il s’écrasa sur la remorque d’un lourd camion, s’en servant pour rebondir, afin de s’envoler dans les airs.



L’ambulance qui conduisait Sunday se dirigeait vers un autre hôpital, parce que celui où Nathan allait était complet. L’ambulance roulait rapidement, gyrophares allumées, tandis que, à l’arrière, deux infirmiers, médusés, inspectaient le corps de Sunday. Professionnels, ils ne louchaient pas sur sa superbe poitrine, mais se demandaient surtout comment ce joli corps pouvait être indemne. La femme était tout simplement secouée, mais elle n’avait aucune trace de brûlure, ni même d’hématomes, alors qu’elle venait de faire une belle chute.

« C’est incroyable. Je vais finir par croire que toutes ces rumeurs sur des patients spéciaux ne relevant pas que de la légende urbaine…
 -  Ce n’est pas un miracle, c’est de la sorcellerie ! »

L’ambulance roulait rapidement, indifférente à l’incrédulité des ambulanciers, le long d’un boulevard... Quand une forme sombre s’abattit en plein dans le moteur, tombant littéralement du ciel. Elle était si énorme que l’ambulance se courba, l’arrière de cette dernière se soulevant dans les airs, les roues arrières tournant dans le vide, avant de lourdement se rabattre. Toutes les vitres avaient explosé, et les airbags du conducteur et de son copilote s’étaient enclenchés subitement, les sonnant pour le compte. La forme sombre n’attendit pas très longtemps, et arracha l’une des portières de l’ambulance en cherchant à l’ouvrir. Les infirmiers gisaient sur le sol, au milieu d’instruments renversés dans tous les sens, la jambe de l’un d’entre eux empêtrée dans les sangles. Nathan bondit à l’intérieur, et attrapa la civière, la faisant sortir d’un coup sec. Sunday était là, et Nathan se sentit indiciblement soulagé en la voyant. Il la prit dans le creux de l’un de ses bras, et courut vers un immeuble, bondissant dessus, plantant ses griffes dans la paroi, avec sa main valide, pour pouvoir ainsi grimper, bondissant le long de l’immeuble, jusqu’à atteindre le toit.

Son appartement était en miettes, mais il savait encore où la conduire, et il savait aussi qu’il agissait pour son bien. S’il l’avait laissé aller à l’hôpital, les Guramu auraient tôt fait de retrouver sa trace, et d’intervenir en conséquence. Nathan regardait les glorieux gratte-ciel lumineux du centre-ville, et se dirigea là-bas. Sa cible était le vaste penthouse d’une amie... Si on pouvait l’appeler ainsi.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Sunday M. Burton le mardi 26 novembre 2013, 18:51:54
C'est presque de force que les ambulanciers avaient harnaché Sunday à la civière. Elle ne voulait pas être séparée de Nathan. Elle était incapable de s'expliquer pourquoi, mais elle tenait à rester près de lui. Surtout après cette explosion.

Incapable de réfléchir correctement depuis qu'on l'avait montée dans l'ambulance, la brune suppliait presque pour qu'on la laisse aller voir Nathan, s'il allait bien, et pour qu'on lui dise où on l'emmenait. Elle était trop désorientée encore pour songer à se libérer comme elle l'avait fait de nombreuses fois.

Elle gigotait tellement que l'un des ambulanciers lui injecta un calmant qui ne mit pas très longtemps à agir. Anesthésiée, Sunday divagua lors, balbutiant à propos d'ours en peluche et de bustiers fondus. Elle mentionna le nom de Diego, et celui de Nathan. Ce dernier revint plus souvent que d'autres mots d'ailleurs, tandis que la jeune femme dodelinait de la tête. Elle était assez têtue pour refuser de céder au calmant, mais pas assez résistante pour empêcher l'anesthésiant d'agir, embrouillant son esprit et relâchant les muscles de son corps.

Elle divaguait toujours quand l'ambulance fut brusquement stoppée. La peur se fraya un chemin dans l'esprit embrumé de la délinquante, le temps d'un instant, et ça suffit pour que sa transpiration devienne acide et ne commence à ronger les liens de la civière. Ce fut bref, et quand l'arrière de l'ambulance retomba sur le bitume, sa sueur était redevenue neutre. Mais le cuir qui la retenait attachée s'effritait, comme son bustier plus tôt. Ce n'est pas pour autant que la jolie brune se retrouva purgée du calmant. En fait, elle s'assomma légèrement quand son crâne fut heurté par l'un des ambulanciers qui chutait.

Elle bougea, émergeant doucement, alors que la civière avait glissé au fond de l'ambulance, et ouvrit à peine les yeux quand la porte du véhicule se trouva arrachée. Elle ne réagit pas quand la civière fut attrapée et sortie du camion sans traîner. Par contre, quand une poigne ferme et puissante se saisit d'elle, elle s'agrippa instinctivement en murmurant le nom de Nathan. Son regard transparut au travers de ses paupières à moitié relevées. Et il se voilà d'un terreur qui remontait à son enfance quand elle distingua la forme noire qui la portait.

Cependant, le calmant était actif, et en voyant que l'être noir ne lui faisait pas de mal, elle s'apaisa. Quelque chose de familier se dégageait de celui qui la portait. Quelque chose de confus. Un sentiment, diffus, de sécurité. D'érotisme aussi. Pourtant, ce n'était pas ce qui semblait ressortir en premier lieu de la situation. Elle marmonna encore le nom de Nathan, puis s'accrocha de plus belle à son sauveur en tentant d'éclaircir ses idées. Le choc de l'ambulancier contre sa tête lui donnait un mal de crâne épouvantable, et elle enfoui son visage contre la forme noire qui la portait. La migraine en plus du calmant, c'était affreux. Et en même temps, ça laissait ses émotions ressortir à fleur de peau.

Peur. Anxiété. Tension. Incompréhension. Et désir aussi. Son corps était toujours à redemander la présence de Nathan. Leur étreinte inachevée la laissait insatisfaite. C'est ce qui la tracassait, alors qu'elle était portée par l'individu puissant qui l'avait recueillie. Et les soubresauts qui émanaient des bonds que faisait son protecteur n'arrangeait rien alors qu'elle tentait de résister au décontractant et d'éloigner ce désir sous-jacent. Ce besoin que son corps avait à peine assouvi.

Le mot "Yakuza" revint beaucoup dans son discours. Aussi souvent que la phrase "J'ai besoin de Nathan" et que les mots "ours en peluche". C'était un discours totalement décousu, sans queue ni tête. Mais parler lui permettait de ne pas s'endormir avec le calmant, et d'éloigner un peu la migraine. L'inconvénient, c'est que la frayeur créée par les mafieux japonais la faisait autant trembler que la fraîcheur de l'air.

Quand ils furent à destination, toutefois, la jeune femme s'était tue depuis quelques minutes. Son esprit fonctionnait un peu mieux tandis que l'anesthésiant se dissipait dans son sang et que la migraine s'éloignait.

La première chose de cohérente qu'elle dit -quand elle ouvrit les yeux pour de bon, découvrant le luxueux penthouse auquel l'avait conduit son protecteur- ce fut la suivante :

« J'adore les chats ! »

Ces derniers venaient en effet, nombreux, se coller contre ses jambes, ronronnant, cherchant des caresses.

Et puis Sunday, que ses jambes ne portaient plus parce qu'il y avait encore un peu de décontractant dans ses veines, s'écroula sur le sol en essayant de faire style "C'est voulu, c'est pour caresser les chats".

En vérité, elle se rattrapa assez mal sur le sol et une douleur aiguë remonta du poignet -qu'elle avait mis pour amortir sa chute- jusqu'à son cerveau, chassant les dernières brumes de l'anesthésiant.

Elle caressa machinalement les félins qui venaient chercher des caresses, redoutant de tourner la tête pour observer son sauveur. Elle ignorait qui c'était, mais de ce qu'elle se rappelait avoir vu pendant son délire sous calmants, c'était assez effrayant. Elle ferma cependant les yeux, inspirant profondément, et se retourna en soufflant un remerciement, attendant un peu avant d'ouvrir les yeux.

« Merci... »
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Nathan Joyce le mercredi 27 novembre 2013, 02:07:53
Nathan atteignit le toit, se sentant dans la peau de King Kong défiant New York. La ville hurlait autour de lui, et il avait le sentiment d’être comme une espèce de fugitif en-dehors des normes, hors de toute convention sociale. Une sorte de variante moderne et perverse de Bonnie & Clyde... À cette différence près qu’il allait falloir compter avec Diego, à supposer que ce brave homme soit toujours en vie. D’une main, Nathan retenait la femme, la tenant par la taille, tandis que le reste de son symbiote agissait comme une sorte de ventouse, de colle retenant le corps de Sunday contre le sien, afin qu’il ne la perde pas en route. Il se mit à courir le long du toit, et bondit dans les airs, déployant alors de longues membres en forme d’ailes. Il savait que le symbiote pouvait voler, mais lui ne maîtrisait pas encore assez les facultés du monstre, et se contenta donc de planer, afin de se rapprocher d’un autre toit, et pouvoir ainsi continuer à courir, évitant ainsi de se balader au milieu des voitures qui circulaient à grande allure. De toit en toit, il quitta le quartier de la Toussaint, afin de rejoindre un centre-ville animé, et s’élança à l’assaut d’un épais gratte-ciel. Sunday, lentement, émergeait, et il l’entendait parler. Il avait une érection, aussi, à force de la sentir contre elle. Ici, aucune bombe n’était posée.

Il arriva sur une terrasse assez grande, comprenant deux niveaux, le niveau du dessus abritant une piscine. Instinctivement, le symbiote sut qu’elle n’était pas là, et c’était tant mieux. Autrement, elle ne l’aurait jamais laissé rentrer avec le symbiote sur le corps. Il s’avança lentement, maintenant toujours la femme, et posa sa main sur la vitre. Le symbiote était déjà rentré ici, et avait déjà touché Félicia. Nathan, sous l’effet de l’excitation sexuelle, réalisa que son symbiote avait des capacités polymorphiques étonnantes, puisqu’il imita les doigts de la femme, les transformant à la perfection, ce qui lui permit d’ouvrir la porte.

En entrant, la lumière s’alluma automatiquement, révélant un grand salon, très confortable, très new age, avec un immense écran plat incrusté dans le mur, des sofas... Et une ribambelle de chats. Il y en avait de toutes les couleurs, de toutes les races, et ils se mirent à miauler. Sunday, quant à elle, sembla se réveiller en voyant les chats, et s’avança vers eux, tandis que Nathan l’observait, louchant sur ses fesses.

« J'adore les chats ! »

Il esquissa un léger sourire, toujours sous sa forme symbiotique. Sunday avait perdu ses vêtements, et était nue. Elle tomba sur le sol, visiblement épuisée, et en profita pour caresser les chats, qui se glissèrent entre ses jambes. Certains s’affalèrent sur le sol, se couchant sur le flanc en remuant la queue, se tortillant quand les doigts de Sunday se rapprochaient d’eux, miaulant et ronronnant délicieusement. Les chats évitaient de se rapprocher du symbiote, sentant bien que ce dernier était assez hostile. Nathan déglutit silencieusement, et s’avança un peu. Avec un peu de chance, la Chatte Noire était vraiment dehors pour la nuit.

« Merci... » glissa alors la femme.

Nathan ferma les yeux, et la Bête se retira partiellement. Ce fut son corps normal qui revint, également nu.

« Tu n’as pas à me remercier, Sunday... Je ne fais que mon devoir... Plus ou moins. Ces individus ont été jusqu’à nous faire sauter... Si on t’avait emmené à l’hôpital, ils t’auraient retrouvé. »

Nathan s’avança un peu. Sans son symbiote, les chats étaient un peu moins effrayés, et il s’assit devant Sunday. Son sexe était toujours en érection, même si cette dernière était un peu moins prononcée.

« Nous sommes dans l’appartement d’une amie... Théoriquement, elle ne devrait pas revenir cette nuit... »

Il allait forcément devoir aborder ce qu’il était, mais il avait peur que Sunday soit effrayée. D’un autre côté, s’il ne disait rien, elle risquait de l’être encore plus. Il était impossible d’avoir survécu à une telle explosion. Machinalement, l’une de ses mains caressait le bas des jambes de Sunday, glissant sur sa peau pour finir sur son pied. Nathan était assis de manière semi-couchée presque sur le flanc, et les pieds de Sunday se rapprochaient lentement de son bassin. Comment femme aussi belle pouvait-elle exister ? À bien y réfléchir, Nathan comprenait mieux les frustrations de la Bête : entre Félicia Hardy, et les autres femmes du SHIELD, sans parler de certaines collègues qu’il croisait parfois, la Bête avait largement de quoi attiser sa frustration sexuelle.

« Je ne suis pas un humain normal, Sunday... Un peu comme toi et ton pouvoir d’acide... Mais en plus... Symbiotique. »

Sa main, celle qui caressait la jambe de la femme, se transforma alors, se recouvrant d’une solide couche noire, qui transforma le bout de ses doigts en griffes, tandis que tout son bras en fut également recouvert.

« Ce symbiote me rend... Beaucoup plus fort, et virtuellement invincible... Mais, d’un autre côté... Il a sa volonté propre, et... Euh... »

Nathan cessa de la regarder, se sentant légèrement gêné, tandis que, si Sunday était attentive, elle pouvait voir que des espèces de lignes noires se formaient à hauteur de ses pectoraux, s’enfonçant dans son corps, comme si elles formaient des excroissances de ses veines.

« Il... Enfin... Il t’aime beaucoup, mais la manière dont il aime est… Est assez primitive. Cependant, il est incapable de te faire du mal, bien au contraire. Les femmes... Surtout quand elles sont belles comme toi, il les voit comme des Reines et des Déesses à honorer. »

Cette manière d’honorer les femmes était évidemment sexuelle.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Sunday M. Burton le vendredi 29 novembre 2013, 02:20:49
Quand la jeune femme rouvrit les yeux, se fut pour voir la substance noire du corps de son sauveur se dissoudre et laisser place à Nathan.

Nathan.

Sunday ne sut que faire, perdue. Effrayée aussi, mais elle ne le montrait pas. Qu'était donc Nathan ? Un méta-humain, comme elle ? Ou autre chose ? En fait, ce n'était pas l'aptitude en elle-même qui troublait la belle, surtout qu'elle ignorait tout de la réalité de ce qu'elle pensait comme un don unique. Mais c'était de ne pas savoir le plus terrifiant. L'ignorance est le pire des fléaux. Ne pas savoir ce qu'étais exactement l'homme qu'elle désirait. Ne pas savoir ce qu'il fallait qu'elle fasse pour que les Yakuzas la laisse tranquille. Ne pas savoir où en était Diego. Ne pas savoir où elle était. Ne pas savoir ce que l'avenir lui réservait. Bref, elle ignorait trop de trucs.

Heureusement, Nathan sembla lire dans ses pensées. Ou bien savoir instinctivement qu'elle avait besoin d'entendre des explications. Ou alors c'était un total hasard. Mais le fait est qu'il s'expliqua. Sur son geste. Sur le lieux où ils étaient. Sur ce qu'il était aussi. Elle écouta, attentivement, sans l'interrompre. Le contact physique aidait aussi. Et, tout en l'écoutant, son regard découvrait le corps de son amant qu'elle n'avait pas encore eu l'occasion d'examiner en tenue d'Adam. Elle frissonna doucement quand il commença à caresser sa peau, mais seule sa peau le montra, se couvrant d'une légère chair de poule.

Ses yeux quittèrent la main qui se changea en griffe, remontant vers son torse, distinguant ces veines qui se teintaient de noir, ou quelque chose dans ce genre-là.

Curieusement, elle n'avait pas aussi peur qu'elle l'aurait cru. Peut-être que le contact entre eux deux l'apaise réellement.

Ou l'excite.

Son regard est descendu effleurer le sexe encore en érection de son protecteur, et une soudaine rougeur lui monta aux joues.

Chaud.

Désir.

Appréhension ?

Tiraillée entre ces sensations, elle ne put empêcher ses doigts de venir effleurer la main griffue sur sa jambe, caressant cette membrane inédite, frôlant les griffes... Presque avec fascination.

« Je... Je crois que je suis rassurée alors.
Et ce n'est pas rien. De m'avoir sauvé. Tu n'étais pas obligé. Tu ne sais presque rien sur moi. Je... Je suis touchée, tu sais. Vraiment. Depuis le début, tu m'aides sans rien demander en retour. Sans chercher à me questionner. C'est...
»

Elle ne trouva pas les mots pour exprimer sa pensée. Alors, le regard brillant, elle se redressa sur les genoux, ignorant les félins autour d'eux, et se glissa près de lui. Elle ne lâcha pas ses yeux, et s'approcha pour l'embrasser. Timidement d'abord, puis avec plus de passion. Plus de coeur. Elle se fichait tout à coup que l'amie de Nathan chez qui ils se trouvaient puisse rentrer à l'improviste. Elle se fichait des aptitudes symbiotiques particulières de son amant. Elle n'était que gratitude.

Et désir.

Parce que l'embrasser réveilla les sensations qu'elle avait éprouvé précédemment. Le brasier qu'il avait allumé en elle reprit de la vigueur comme si on soufflait sur les braises.

Elle rompit le contact de leur lèvre, mais se retrouva collée contre son torse. Une question hantait son esprit quand même, et c'est ainsi qu'elle souffla :

« Quand tu... Quand tu as l'apparence symbiotique... Tu es toujours toi ? Ou c'est.. Euh... Lui ? Ou bien c'est les deux ? »
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Nathan Joyce le samedi 30 novembre 2013, 15:31:38
*Tu vois, Nattie-boy ? Elles craquent sur moi, c’est légitime. Tu devrais songer à sortir tes couilles plus souvent de ton cul, ça nous ferait du bien à tous les deux.*

Cette pensée jaillit à son esprit quand Nathan, en bon observateur, fit les yeux de Sunday glisser sur son sexe, fièrement dressé au garde-à-vous. Ils étaient tous les deux nus, semblables à des répliques modernes et un peu déformées d’Adam et d’Ève. Les chats, quant à eux, s’écartaient légèrement de Sunday, non pas à cause d’elle, car elle les câlinait bien, mais parce que le symbiote leur faisait peur, et que voir ce dernier commencer à émerger était une situation d’angoisse profonde pour eux. Sunday se mit à briser la glace, et ce qu’elle dit toucha Nathan... Qui n’eut pas le cœur de lui dire que ses actions chevaleresques n’étaient pas totalement désintéressées non plus. Cependant, ce qu’il voulait semblait coïncider avec ce que Sunday cherchait. Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.

La belle femme se pencha vers lui, et lui offrit un baiser qui le grisa instantanément. Son corps se mit à chauffer, et son sexe recommença à lui faire mal, à lui faire appel, alors qu’il caressait et glissait sur le corps de la belle. Nathan répondit à ce baiser, et tendit sa main symbiotique, attrapant les cheveux de la femme. Ses griffes auraient pu lui défoncer le crâne, car elles étaient suffisamment aiguisées pour le faire, mais il eut la sagesse d’esprit de se retenir... Après tout, elle ne méritait pas ça, et elle embrassait beaucoup trop bien pour qu’il songe seulement à lui faire du mal. À sa manière très particulière, la Bête était une créature respectant beaucoup le sexe féminin. Il voyait un peu Sunday comme une reine... Mais les faveurs qu’il demandait pouvaient ne pas plaire à toutes les femmes.

Lorsque le baiser se rompit, Sunday resta accolée contre lui, une présence qu’il appréciait, et dont il profita : une main sur la nuque, l’autre en appui, sur les délicieuses fesses de la femme. Il n’avait pas encore vraiment eu l’occasion d’explorer son corps magnifique, ses formes de rêve, sa silhouette... Tout en elle transpirait la beauté et le désir. Son sexe se frottait contre son bassin, heurtant l’estomac de la femme, redevenant ce membre dur et tendu qui refusait de se plier aux lois de la gravité. Sunday lui posa alors une question, qu’il écouta silencieusement, en profitant pour s’imprégner du corps de la femme, de son odeur naturelle, de cette douceur terrifiante qui se dégageait d’elle, provoquant en lui une multitude de frissons :

« Quand tu... Quand tu as l'apparence symbiotique... Tu es toujours toi ? Ou c'est.. Euh... Lui ? Ou bien c'est les deux ? »

Il réfléchit légèrement, léchant et embrassant la nuque de la femme.

« Ça dépend. C’est toujours les deux, même quand le symbiote n’est pas là. C’est comme... Comme une voix dans ma tête. Une voix qui me donne ses impressions. Mais, parfois, c’est lui qui contrôle, et, parfois, je continue à le conserver. C’est... Compliqué. Mais, dans tous les cas, tu n’as pas à t’en faire. Je t’ai aidé parce que tu étais une femme qui avait besoin d’aide, et parce que je suis un policier... Et lui t’aide parce qu’il veut te montrer que tu peux compter sur lui... Enfin, sur nous. »

Dit comme ça, ça faisait légèrement schizo’. Nathan le savait, et s’était d’ailleurs demandé à plusieurs reprises s’il n’était pas devenu fou. Expliquer en quelques mots la lutte de pouvoirs pour son corps et son esprit entre lui et la Bête était difficile, d’autant plus qu’il avait en tête les seins de Sunday, et que sa main humaine continuait à malaxer ses fesses. Il savait que le seul objectif de la Bête était d’avoir un contrôle total, comme c’était le cas avec sa femme. Nathan s’y opposait, et la Bête devait donc se concilier avec Nathan. Et, en réalité, chacun des deux avait besoin de l’être. Sans la Bête, Nathan serait déjà mort un millier de fois... Et, sans lui, la Bête aurait probablement fini dans une cellule spéciale du gouvernement.

Nathan retourna l’embrasser, goûtant à sa bouche, soupirant de plaisir.

« Il y a un très grand lit, bien confortable, à côté... Mais, avant d’y aller, dis-moi... Lequel t’attire le plus ? Moi, ou le symbiote ? Pour moi, il n’y aura aucune différence, le plaisir sera identique... Mais tu as été défenestrée par ma faute, alors il me semble normal de répondre à tes désirs. »

Nathan était au Japon. Il savait donc que les monstres exerçaient une sorte de fascination, et, concernant Sunday, il se demandait simplement si elle ne préférait pas le voir sous son autre forme.

Galant jusqu’au bout.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Sunday M. Burton le dimanche 01 décembre 2013, 14:07:59
Sagement, silencieusement, Sunday écouta la réponse qu'il donna. Elle resta contre lui, ne voulant plus être séparée de son corps pour le moment, ne serait-ce qu'un instant. Le mélange d'adrénaline, de terreur, d'angoisse, de soulagement et de désir en était directement responsable. Elle voyait en Nathan un chevalier dans son armure étincelante, un homme qu'elle désirait au plus haut point, et un individu qu'elle peinait à trouver humain. Drôle de mélange. L'affection et le désir primaient, cependant.

Et ce qu'il expliqua apaisa les craintes les plus vives de la belle. Elle enregistra tout ce qu'il dit, mais ne nota qu'une chose. Qu'il ne lui ferait pas de mal. Ceci abaissa la barrière qui retenait encore la fureur de son désir. Elle ne résista pas au baiser qu'il lui offrit ensuite, entourant sa nuque de ses doigts graciles. Elle soupira contre ses lèvres, rassurée et excitée.

Et il posa une question lui aussi, à laquelle, sans beaucoup hésiter, la jeune femme répondit :

« Je n'ai rien contre lui, au contraire. Mais c'est toi qui m'excite le plus, Nathan. »

Elle avait la vision de l'homme depuis le début. C'est à son charme physique que la belle avait cédé. Elle ne connaissait pas assez le symbiote pour pouvoir se prononcer. Surtout que, terrorisée au début, elle ne l'avait pas vraiment regardé. Et puis, elle n'était pas non plus japonaise. Elle avait grandi au japon, mais son univers était pauvre, et elle n'avait pas la même fascination que les pures japonaises pour les monstres et les tentacules.

« Allons voir ce lit... »

Sunday parlait d'une voix basse. On sentait l'excitation dans son ton. Elle n'attendit d'ailleurs pas la réponse de son amant. Fébrile, ses mains glissèrent de sa nuque, descendant le long de ses bras pour accrocher ses mains. L'une, griffue, l'autre, humaine. Elle s'appuie sur lui pour se relever, et l'incite à en faire de même. Elle lui sourit, pleine de tendresse et de désir. Elle le tire vers elle, allant dans la direction supposée de la chambre. Du lit.

Des images lui reviennent en tête. Notamment leur brève étreinte, juste avant l'explosion. Elle respire plus vite, de façon plus désordonnée. Elle tremble presque du désir qui la consume. Elle se sent brûlante. Exaltée. Impatiente. Une fois que Nathan s'est relevé, elle s'est plaquée contre lui, frémissante.

D'une main hasardeuse, elle tâtonne derrière elle à la recherche d'une poignée de porte à actionner pour les mener à la chambre. Elle n'en peut plus d'attendre. Limite, elle voudrait qu'il la prenne maintenant, contre la porte ou contre un mur, pour se sentir enfin comblée. Elle voudrait qu'il la fasse sienne avec passion, qu'importe si le lit n'est rejoint qu'après.

Elle soupire d'ailleurs une nouvelle fois :

« Nathan... »
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Nathan Joyce le dimanche 01 décembre 2013, 16:21:41
« Je n'ai rien contre lui, au contraire. Mais c'est toi qui m'excite le plus, Nathan. »

Diable. Nathan se sentit déglutir sur place, honoré. Le bras symbiotique se retira rapidement. La Bête était vaincue, mais heureuse quand même. Après tout, il ne fallait pas gêner la dame. La Bête avait appris que faire l’amour avec une femme consentante était bien plus excitant que de les forcer. La Bête s’éduquait, à force. Restait maintenant une tâche difficile, presque impossible : rejoindre le lit sans la prendre contre le mur. L’appartement de Félicia était un véritable penthouse, assez grand, et on pouvait facilement s’y perdre. Sunday avançait par instinct, et s’arrêta près d’une porte, avant que Nathan ne s’écrase contre elle, la plaquant contre la porte. Les doigts de Sunday tâtonnaient à la recherche de la poignée, et Nathan finit par attraper cette main baladeuse, et par l’amener près de son torse. Cette fois, les hormones parlaient. Au diable ce putain de lit, Nathan avait une trique de tous les diables depuis que son appartement s’était transformé en remix’ d’un village vietnamien des années 1970’s.

Il s’écrasa contre elle, et posa une main sur son bassin, glissant le long de ses cuisses pour la soulever, une autre sur sa nuque. Ce faisant, Sunday était bien calée, les jambes soulevées, filant de part et d’autre. Il l’entendait soupirer son nom, le gémir, lui donnant l’impression de flotter dans un rêve, une sorte d’euphorie rose et érotique. Elle gémissait son nom, et c’était délicieux... Aussi délicieux que terrible. Nathan avait l’impression d’être en feu, de se liquéfier sur place. Son sexe caressait les cuisses de Sunday, et il en avait mal. Plus question d’atteindre le lit, il la pénétra contre la porte, d’un coup sec, déplaçant l’une de ses mains pour guider son sexe, avant de la heurter. La porte sembla trembler, alors que son sexe, pour la seconde fois de la nuit, s’enfonça en elle, se perdant dans les profondeurs de cette délicieuse grotte, cette antre secrète et défendue où sa virilité était pleinement contentée.

« Ah ! soupira-t-il brièvement. Sunday, haaa... »

Il commença à donner des coups, à remuer son bassin. C’était si bon qu’il en aurait presque pleuré de soulagement. Cependant, c’était aussi douloureux, très douloureux. Son sexe lui donnait l’impression d’être un tison ardent, en feu, sur le point d’exploser. Il remua rapidement. Depuis l’explosion de l’appartement, où il avait commencé à la pénétrer, et ce moment où il la prenait à l’arrache, contre une porte, il s’était bien écoulé une bonne heure. Ils étaient à une heure avancée de la nuit, suffisamment pour qu’il se permette de sauter tous les préliminaires.

Nathan s’écrasait contre ce corps chaud et doux, sentait contre lui ses seins, sentait ses jambes se frotter contre sa peau. Leurs sueurs faisaient claquer leurs estomacs quand ils se heurtaient, et, surtout, tout autour de ça, il se délectait de la sensation d’avoir un membre emprisonné dans ce trou, ce trou dont il raclait les parois, le déformant à son passage, un lac humide dans lequel il baignait joyeusement.

Les fesses de Sunday rebondissaient contre la porte, et il se pencha contre son cou, léchant sa peau, la mordillant. Plus personne n’allait désormais venir les embêter... Si ce n’est la porte. Elle était mal fermée, et, sous els coups de Nathan, la serrure commençait à s’ouvrir. Le brave policier se sentait tranquillement filer vers les portes du nirvana, caressant du doigt les ailes des Anges. Chaque coup de reins le rapprochait du Paradis... Lorsque la porte s’ouvrit d’un coup.

Le couple tomba sur le sol, Nathan roula, et se retrouva sous Sunday, le sexe toujours planté en elle.

*Pas cette fois, Nattie-boy...*

Nathan comprit que la Bête veillait, et avait retenu Sunday contre lui durant leur brève petite chute. Faute de lit, ils étaient arrivés dans une sorte de cagibi avec une machine à laver sur la gauche de la pièce, et un étagère à droite comprenant des balais, un seau... Et du White Spirit, juste à côté de la tête de Nathan, ainsi qu’une serpillière.

*On a vu plus glamour...*

Son regard se porta vers Sunday, et il posa ses mains sur ses hanches.

« Danse pour moi, Sunday... » lui demanda-t-il alors.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Sunday M. Burton le dimanche 01 décembre 2013, 18:45:08
Elle ne savait plus où elle était tant elle désirait ardemment le policier. Si c'était douloureux pour lui, ça l'était également pour elle. Avoir ressenti la présence masculine en elle une bonne heure auparavant, et en avoir été privée soudainement... Son corps s'en souvenait parfaitement. Et il redemandait la passion qu'avait mit Nathan dans ses coups de reins. Elle n'en pouvait plus de le sentir ainsi, tout près d'elle, sans qu'elle ne puisse l'avoir en elle. C'était une absence terriblement douloureuse. Son bas-ventre brûlait littéralement, et se contractait sur du vide.

Et cette fichue poignée qu'elle ne trouvait pas...

Heureusement, son amant prit les choses en main. Et particulièrement, il prit sa main à elle. Elle la lui abandonna, crispant ses doigts contre le torse puissant tandis qu'il venait se plaquer contre elle, cherchant sa cuisse pour la soutenir. Elle se fit légère, même si elle n'était pas spécialement lourde, et porta son poids sur les épaules du mâle auxquelles elle s'accrochait de son autre main. Elle l'entoura légèrement de ses jambes. Elle savoura l'instant où elle le sentait se préparer à l'envahir, tout l'excitation culminant en un point au creux de ses reins qui enfla, enfla... Et qui éclata au moment où il la pénétra d'un geste sec. Puissant. Passionné.

Elle gémit longuement, heureuse de le ressentir en elle.

« Oui... Nathan... »

Elle s'arqua contre lui, se contractant autour de sa virilité. Elle soupira encore, appréciant la sensation de sa largeur qui pénétrait, qui la faisait sienne. A chaque coup de rein, elle gémissait, la porte tremblant dans son dos. Elle ferma les yeux, affirmant sa prise sur son amant pour se maintenir et essayer d'accompagner ses mouvements.

« C'est si... Bon... »

Elle peinait à articuler convenablement, totalement grisée par l'explosion de sensations délicieuses.

Et un craquement signifia que la porte derrière elle avait fini de trembler. Qu'elle avait cédé.

L'espace d'un instant, elle cru qu'ils allaient encore être séparée par la chute.

Mais non. Tout se passa très vite, et Sunday n'est même pas sûre du déroulement de l'action. Mais elle s'est retrouvée, au final, juchée sur l'homme, toujours enfourchée sur son sexe.

Sans faire trop attention au décor, la brune soupira doucement en réponse à ce qu'il souffla, et sourit. Cette fois-ci, elle était dans la position idéale pour lui rendre autant de plaisir qu'il pouvait lui en apporter.

Elle s'appuya sur son torse avec ses paumes, et se pencha doucement vers lui pour venir l'embrasser. Tranchant avec cette légèreté, son bassin bougea brusquement, se relevant avant de venir se frotter à nouveau à lui, claquant à peine sur celui de l'homme. Elle reprit ce mouvement, langoureuse et passionnée.

Ses lèvres se plaquèrent délicatement contre celle de Nathan. Elle mêlait la tendresse et l'ardeur, ne ménageant pas ses ondulations. Elle alternait. Elle se redressait, faisait de petits mouvements de hanches circulaires, retombait, et recommençait. Ses mains exploraient le corps de son amant tandis qu'elle se faisait tout à la fois sensuelle et langoureuse, et passionnée et affamée.

Elle lécha doucement les lèvres de l'homme, glissant sa langue entre elle pour trouver la sienne, approfondissant brusquement le baiser. Avant de, tout aussi brusquement, l'interrompre et se redresser. Une main posée entre les pectoraux de son amant, l'autre cherchant une prise derrière elle, sur la jambe du policier, elle s'arqua et continua à s'emboîter et se relever. Le rythme qu'elle prenait était affamé. Ardent. Exalté. Passionnel. Mais elle ne pouvait aller aussi rapidement qu'elle le voudrait. Alors elle compensait par l'amplitude, offrant un tableau voluptueux au mâle. Celle d'une femme qui s'offrait avec ferveur à son amant. Celle d'une femme qui se montrait empressée à le satisfaire. A se satisfaire.

« Nathan... »

La chaleur montait en elle. Ses mouvements se firent plus saccadés. Son regard, venant se fixer dans celui de l'homme, se troubla tandis que ses pensées devenaient incohérente. Oh elle aimait ça. Elle se sentait intense. Le plaisir montait en flèche, alors même que le lieu où ils étaient était peu aphrodisiaque.


* * *

Diego ne savait pas où il était. L'hidalgo, un peu plus tôt dans la journée, avait quitté Sunday pour aller voir quoi faire à propos des ours. Il était ensuite retourné à l'appartement de son amante à temps partiel. Mais il l'avait trouvé dévasté. Et ils lui étaient tombé dessus. Il n'avait rien pu faire. Et il se trouvait à présent attaché par les poignets, suspendu dans une sorte de hangar insonorisé. Il avait mal. Torse-nu, il avait servi de punching-ball en attendant l'arrivée de celui qui allait l'interroger. Et apparemment, le moment était venu puisqu'on descendit la chaîne qui le suspendait pour l'asseoir sur une chaise en ferraille.
Titre: Re : Des individus dangereux [Sunday M. Burton]
Posté par: Nathan Joyce le lundi 02 décembre 2013, 02:58:39
NATHAN JOYCE

La Bête aurait pu agir pour continuer à rester sur Sunday. La Bête aurait pu intriguer en ce sens, Nathan le savait. Le monstre voulait qu’elle soit au-dessus de lui, car la créature aimait ça. Nathan la connaissait suffisamment pour savoir que les femmes fortes excitaient la Bête. Ce monstre cruel était le descendant de sociétés matriarcales primitives, où les symbiotes masculins mourraient pour les symbiotes féminins. Ce système était profondément inscrit en lui, et était devenu son mode normal de fonctionnement. Sous le corps de cette femme, Nathan se sentait tout simplement au mieux. Sunday vint se pencher vers lui, et l’embrassa tendrement, avant de commencer à remuer. Lui se laissait faire, laissait la femme agir. Elle était une époustouflante nymphe, au corps magnifique, sculpté dans le plus beau des cristaux. Comment ne pas la désirer ? Il soupirait faiblement, répondant à son baiser, glissant sur son dos, frottant ses fesses, appréciant ses formes, sa peau douce et chaude, soupirant faiblement, sentant qu’il allait lui faire l’amour pour toute la nuit, et la sentir s’écrouler entre ses bras. Son membre le démangeait, et, avec lui, cette envie phénoménale de lui faire l’amour. La frustration accumulée depuis des heures se libérait enfin, se diluant dans un vaste océan de plaisir.

Elle se redressa, sublime ange des nuits, et continua à danser. Nathan soupira, continuant à poser ses mains sur ses jambes. Le policier soupirait faiblement, alors que la femme dansait, encore et encore, envoûtante, terrible. C’était tellement bon ! Son sexe se perdait en elle, et il baignait dans les gémissements et les soupirs de cette femme. Il fermait et ouvrait les yeux, alternant entre la vision des magnifiques seins de la femme, et finit par tendre l’une de ses mains, en pressant un, son pouce glissant à hauteur du téton, appuyant dessus, avant qu’il ne le presse, conservant son autre main en appui sur les fesses de la jeune femme.

« Ah, Sunday, tu es... Magnifique…! »

Oh, oui, ce spectacle était tellement magique ! Le sexe avait décidément pour lui d’être aussi simple que magnifique. La meilleure des choses que les êtres humains puissent faire, un plaisir fondamental et ancestral, qui n’avait cessé de s’améliorer avec le temps. La Bête aimait bien les humains pour ça, pour cette manie que le sexe féminin, par nature beau, avait à chercher continuellement à s’embellir. Ces vêtements, qu’il trouvait jadis horribles, avait fini par acquérir gain de cause à ses yeux, quand il avait vu qu’ils permettaient d’embellir leurs formes.

Nathan se laissait aller par cette femme. Son sexe était dur, son érection forte, et il finit par agir à nouveau. Se soulevant, il plaqua Sunday, une nouvelle fois contre le mur. Son sexe le démangeait, et il accentua rapidement ses coups de reins, jusqu’à se perdre en elle. L’orgasme lui fit l’effet d’une gifle, d’une libération salvatrice, alors que sa queue se vida dans le corps de la femme, dans de profonds coups de reins qui décrurent progressivement.

« Oh, Sunday... »

Décollant Sunday du mur, il la maintint contre lui, caressant ses cheveux et sa nuque, conservant le corps de Sunday contre le sien, ce corps chaud et tender. On aurait presque cru un couple intime, et son autre main frottait le bas de son dos, se reposant sur ses fesses.

« Je crois qu’il est temps d’aller voir ce lit, ma belle... »

Il ajouta alors, en embrassant sa peau près de son oreille :

« Je suis encore loin d’en avoir fini avec toi... »



KAKERU NIZAGI

Kakeru avait vraiment eu une longue journée. Et sa nuit promettait d’être tout aussi longue. Cet home respectable avait passé plusieurs heures en fin d’après-midi à jouer au go dans les locaux de l’association de quartier qu’il finançait avec ses revenus. Kakeru était un homme plutôt âgé, un confortable retraité qui se promenait généralement en costume. N’ayant jamais caché ses opinions politiques conservateurs, Kakeru était un ancien conseiller municipal. Il avait voté pour Shinzo Abe, et était largement favorable à une réforme de l’article 9 de la Constitution... Surtout quand il ne cessait de lire dans les journaux les tensions s’accroissant entre le Japon et la Chine. L’article 9 de la Constitution était un article central et fondamental, car il y était inscrit que le Japon renonçait à la guerre. Connu dans le monde entier, au sein du japon, cet article avait fait l’objet de nombreux débats, et de quantité de commentaires. Lors de la première intervention de forces japonaises à l’extérieur, soit en 1992 au Cambodge, sous mandat de l’ONU, Kakeru avait écrit dans le Mainichi Shinbun un important article, où il espérait que cette intervention permettrait de conduire à abroger l’article 9.

Pour l’heure, ces considérations politiques étaient bien éloignées de son objectif. Kakeru s’avançait dans de petites rues tranquilles et paisibles, dans un quartier tout ce qu’il y a de plus tranquille, portant avec lui un paquet de tranches de pains qu’il avait acheté à une épicerie, il y a une demi-heure. Il s’avançait tranquillement, saluant les quelques résidents qui le voyaient. Kakeru était un homme respecté. Les gens l’aimaient, car il avait une grande âme charitable.

Il s’avança dans une petite impasse, et tapa contre une porte en fer. Des Japonais le laissèrent entrer. Musclés, bien bâtis, ils avaient des tatouages le long des corps.

« Où est notre homme ?
 -  Le gaijin est en bas, Nizagi-sama.
 -  Alors, ne nous faisons pas attendre, j’ai faim.
 -  Très bien, Nizagi-sama. »

Kekaru suivit l’homme en débardeur blanc. Il ouvrit une porte menant à un escalier, et appuya sur un interrupteur, déclenchant une ampoule. C’était une cave assez sinistre, avec des briques nus. Ils pénétrèrent dans une pièce comprenant une chaudière et des étagères, ainsi que d’autres portes. L’homme ouvrit une porte en fer sur la gauche. Le jeune homme était là. Kekaru le remercia poliment, et entra. L’homme était attaché à une chaise, près d’une table en bois. Il y avait deux autres hommes, dans des costumes, qui avaient placé sur une table ronde, à côté de l’homme, un simple grille-pains. Visiblement, le jeune homme avait été un peu câliné par les Yakuzas.

« Messieurs, je vous salue. Pardonnez-moi, il faisait froid, et l’épicerie habituelle était fermée. Le vendeur, un brave petit jeune, avait attrapé la grippe. Il m’a fallu faire un détour, et les transports en communs ne sont pas toujours aussi ponctuels qu’on le voudrait. »

Son ton était calme, poli. Il retira son chapeau, son long manteau, et son écharpe, les déposant calmement sur un étanli. Il se retourna ensuite vers le jeune homme ficelé contre la chaise.

« Je vous avouerai être extrêmement confus pour ce retard. »

L’homme s’avança tranquillement, et déposa le sachet de tartines près du grille-pains, puis tira une chaise, en s’asseyant devant l’individu attaché.

« Comment vous appelez-vous, jeune homme ? »