Le Japon est le pays du train. Un pays avec un réseau ferroviaire précoce et très dense, qui avait parsemé le paysage de voies de chemin de fer. Dès les années 1960’s, le Japon avait d’ailleurs mis en place un système de train ferroviaire à grande vitesse, le Shinkansen. Ces lignes avaient rapidement fleuri, et permettaient de relier les quatre principales îles de l’archipel. Seikusu disposait également de sa propre station, une construction ferroviaire récente et majeure. La ligne passait par Miyazu, la dernière grande ville un peu plus au sud, avant de remonter le long des côtes puis de la forêt pour rejoindre Seikusu. Le Shinkansen permettait ainsi aux Seikusiens de pouvoir rapidement rejoindre Kyoto, et avait permis de désenclaver Seikusu du reste du pays, participant à la reconstruction économique du pays.
L’explosion terroriste qui survint dans le train au départ de la gare fut donc particulièrement importante.
Un train était en partance pour Kyoko, se remplissant progressivement, quand des détonations avaient retenti dans l’un des wagons. Les explications des témoins étaient confuses, mais des armes à feu avaient été évoquées à plusieurs reprises, ce qui laissait entendre des individus puissants, car le Japon était aussi un pays très strict sur la régulation des armes à feu. Les caméras de sécurité furent utilisées le matin par la police, et surtout les vidéos amateurs tournés par certains téléphones portables, qui permirent aux enquêteurs de constater que la bombe... Était une bombe humaine.
Un homme s’était enflammé. Son corps s’était mis à gonfler, devenant plus lumineux, ses yeux prenant une couleur argentée, avant qu’il n’explose, détruisant le wagon. Une langue de feu qui avait soufflé le toit du wagon, remontant jusqu’à la toiture de la gare, provoquant une série d’alarmes, et laissant des cadavres et beaucoup de blessés. Les pompiers étaient venus ainsi que la police... Puis, peu de temps après, des véhicules noirs aux vitres fumés étaient arrivés, et des agents en costume avaient ordonné aux policiers d’évacuer la zone autour du wagon, brandissant un mandat qui s’imposait aux autorités locales.
Le S.H.I.E.L.D.
Une agence de contre-espionnage américaine exerçant sous mandat de l’ONU, et pouvant ainsi, théoriquement, agir dans l’ensemble des États-membres de l’ONU. Le S.H.I.E.L.D. disposait d’une structure locale importante, un bunker qui se trouvait sous une base militaire américaine locale, Seikusu Base Camp. Quand les agents du SHIELD se déplaçaient, c’est qu’il y avait un évènement paranormal en jeu, quelque chose qui dépassait les compétences des forces de police locales... Ce qui était de plus en plus fréquent à Seikusu.
« C’est notre scène de crime ! s’exclama un policier.
- Croyez-moi, vous n’avez pas envie de ramasser les morceaux, Officier, répliqua avec son calme habituel l’agent spécial Coulson. Chargez-vous de recueillir les témoignages et les preuves vidéos, nous procédons à l’analyse des preuves scientifiques. »
Parmi le personnel sur place, il y avait une jeune femme avec des cheveux roux, qu’elle avait coiffé avec une queue-de-cheval à l’arrière de son crâne. Rachel Hawkes était sur place, et apprit rapidement qu’une fusillade avait éclaté dans le train entre des tueurs et une étrange femme blonde. Une bataille qui avait dégénéré quand l’un des hommes s’était avéré être porteur du virus Extremis. Un virus très particulier, conçu à l’aide de nanotechnologies, qui permettait d’augmenter sensiblement les capacités du corps humain, mais dont certaines solutions instables entraînaient une surcharge d’énergie dans le corps humain, en faisant une véritable bombe.
« Visiblement, des tueurs surentraînés en avaient après cette blonde...
- Vous connaissez son identité, Coulson ?
- Nous faisons des recherches à ce sujet.
- On ne peut pas exclure d’autres équipes... Vous pensez à HYDRA ?
- Le virus Extremis est disponible sur le marché noir. Vous avez entendu parler du dernier attentat à Beyrouth ? Le terroriste kamikaze ne portait pas une ceinture d’explosifs... Mais de l’Extremis dans les veines. »
Rachel maugréa sur place.
« Il faut retrouver cette femme. »
Toutefois, la journée ne permit guère d’avancer. L’explosion du tramway avait fait volatiliser bien des preuves, et l’émotion publique était palpable, ce qui ne simplifiait pas les actions du SHIELD.
En fin de journée, Rachel finit par rentrer chez elle, bredouille, et avec beaucoup de questions en tête sur ce mystérieux attentat, sans savoir que la réponse se trouvait chez elle...
Tandis que l’ascenseur la conduisait à son appartement, Rachel entendit son téléphone portable sonner. Elle l’attrapa, et sourit en voyant la personne à l’origine de l’appel, puis décrocha.
« Salut, Carol ! Tu vas bien ? »
Dans son autre main, Rachel tenait un sac de courses qu’elle venait de faire à une épicerie du coin. De l’autre côté de la ligne, Carol Danvers, qui était officiellement la petite-amie de Rachel, lui expliqua qu’elle ne pourrait pas venir ce soir, et qu’elle était occupée… Ailleurs. Rachel était habituée. Elle était une Hawkes, et les Hawkes s’étaient toujours sacrifiés pour la patrie. Les Hawkes n’étaient jamais assurés d’avoir un Dimanche de libre pour profiter de leur vie de famille, et Carol, elle, disposait de super-pouvoirs. Elle avait rejoint le SHIELD, et faisait sans doute partie des Avengers, là où Rachel, elle, se limitait à agir sur Seikusu, ou sur le Japon. Carol lui parla ainsi d’une menace galactique impliquant qu’elle doive rester de l’autre côté du Pacifique.
Remontant le couloir, Rachel se dirigeait vers son appartement.
« Écoute, tant que tu me reviens en un seul morceau… Et telle que je t’ai connue, tout ira bien, ma puce.
- Telle que tu m’as connue ? répéta Carol de l’autre côté.
- Je ne veux pas te voir avec trois bras, ni avec la peau verte, ni avec un œil cyclopéen sur le front… Ou ce genre de choses ! »
Carol rigola de l’autre côté.
« Je suis très sérieuse : pas de mutation !
- Okay, okay, Chef ! »
La clef se glissa dans la serrure, et Rachel ouvrit la porte. Elle grommela alors en constatant que la lumière ne s’était pas automatiquement allumée.
« Un problème ?
- CORTANA est encore éteinte…
- Tu sais ce que je pense de ces machins, ma chérie… »
Sans polémiquer, Rachel se dirigea vers un terminal mural, et appuya sur le bouton d’alimentation. L’écran s’alluma rapidement, et elle entra le code d’accès, puis un petit bip se fit entendre, avant que la voix synthétique de CORTANA ne résonne dans le bel appartement :
« BONSOIR, OFFICIER HAWKES ! VOTRE JOURNÉE A-T-ELLE ÉTÉ SATISFAISANTE ? »
C’était une voix chaude et sensuelle. Rachel termina sa conversation avec Carol, et rejoignit la cuisine. Étant Iron Girl, son appartement se devait de disposer d’une certaine protection, car il fallait éviter qu’elle ne soit attaquée. CORTANA était en conséquence un programme ménager très sophistiqué, développé par partenariat entre le SHIELD et certaines entreprises japonaises spécialisées dans la robotique. CORTANA était un outil d’assistance ménager, allumant les lumières, les volets, modifiant la température du réfrigérateur, enclenchant la ventilation, le chauffage…
Rachel se rapprocha de la cuisine pour ranger ses courses… Et constata alors qu’il y avait, sur la table, une bouteille à moitié vide.
*Hein ?!*
Rachel était une Hawkes, une militaire. Elle portait une armure de combat futuriste, et avait donc une propension naturelle à la paranoïa. Elle surveillait ce qui se passait chez elle, et sut immédiatement que cette bouteille… N’était pas là ce matin. Tout simplement parce qu’elle ne buvait pas le matin, et que, après l’attaque du train, elle n’avait pas eu le temps de rentrer chez elle. Elle observa donc l’objet, et se dépêcha de récupérer son pistolet, une arme de service située dans son dos, coincée par la ceinture.
Elle l’attrapa, ôta le cran de sûreté, et s’avança alors, regardant autour d’elle.
« CORTANA ?
- OUI, MADAME HAWKES ?
- Y-a-t-il eu une entrée suspecte aujourd’hui ? Vérifie la caméra de sécurité…
- VÉRIFICATION EN COURS… »
Rachel regarda autour d’elle, pointant son pistolet vers le couloir. Personne.
*Ce n’est pas non plus Carol, elle n’est pas là ce soir…*
La femme disposait d’une caméra de sécurité à l’entrée, et CORTANA lui confirma rapidement une entrée.
«UNE FEMME BLONDE, PROFIL INCONNU… DOIS-JE PRÉVENIR LES AUTORITÉS ? »
Rachel ne répondit pas immédiatement, s’aventurant dans le couloir. Elle rejoignit ainsi sa chambre, à la recherche de la mystérieuse intruse…