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Pour aller où ? Pour moi la question ne se pose pas. Je dois prendre la route de l'Ouest en direction de la scierie des Bauers. La scierie est située sur un cours d'eau permettant aux bûcherons de confier le bois à la rivière et de le descendre ainsi jusqu'à l'endroit où ce même cours d'eau entraîne la roue à aubes qui permet la mise en œuvre de la scie principale. C'est aussi, de ce que j'en sais, l'un des meilleurs moyens d'éviter les contrôles douaniers pour la sortie des cœurs-de-volcans depuis les royaumes nains dans les montagnes où va prendre source la rivière qui alimente la scierie.
Cependant, la présence de la petite demoiselle vient complètement bouleverser mes plans. Elle a été mêlée à la rixe à cause de mon quiproquo et maintenant, elle m'avoue n'avoir pas vraiment d'endroit où aller se cacher ni savoir se battre. Je vais devoir l'emmener avec moi, en pleine nuit.
Mais elle a pas l'air de trop m'en vouloir. Elle me prend même la main pour me sourire et me dire que c'est pas ma faute, qu'elle me suivra et qu'elle me fais confiance.
- C'est gentil p'tite, réponds-je en essayant de lui faire un bon gros sourire rassurant. T'es une bonne fille, tes parents doivent être sacrément fiers de toi. Continue être courageuse et l'vieux Jim fera de son mieux pour te sortir de là.
Bon, plus trop l'choix donc. J'me relève en rangeant mon flingue dans mon holster.
- Si t'as des affaires, c'est l'moment d'aller les chercher. J'vais prendre mes sacoches de selle dans ma piaule et j'te retrouve dans l'couloir, Vas-y déjà, j'règle l'aubergiste avant d'partir.
Je me dirige vers le comptoir et aborde la taulier qui a pas l'air très ravis d'me voir.
- Vous souhaitez ? Renifle-t-il d'un ton sec.
- L'addition patron, pour moi et ma copine.
- Je vous amène ça tout de suite ! S'exclame-t-il alors d'un ton empressé, visiblement ravis de se débarrasser de notre présence.
Je lui règle en vitesse ce que je lui dois, remarquant au passages quelques frais imprévus, mais je ne discute pas. Les tauliers qui demande des sous en plus pour des dégâts au bar ont tendance à mal le prendre quand on les discute et je dois faire vite. Mes finances sont pas au plus haut, mais on m'a donné bien assez d'or pour cette mission. Je remonte ensuite vers les chambres et agrippe mes sacoches de selles sous mon plumard avant d'aller retrouver la demoiselle devant sa porte. Le moins que je puisse dire, c'est qu'elle voyage léger, contrairement à moi qui suis chargé comme une mule.
- On pose les clefs à l'acceuil et on prend par l'écurie, explique-je d'une voix aussi calme que possible. J'ai un cheval qui m'attends. Tu monte à califourchon ou en amazone d'ordinaire p'tite ?
J'écoute sa réponse, ce qui me permet de définir à l'avance si elle montera devant ou derrière. À califourchon, c'est derrière le cavalier qui est le plus pratique. En amazone, il faudra qu'elle monte devant parce que j'aurais besoin d'être sûr qu'elle glisse pas.
Nous repassons par l’accueil pour déposer les clefs et ensuite un palefrenier nous fait aller dans la cour arrière éclairée à la torche où je récupère mon cheval. Un amour de jolie jument qui répond au nom de "Gentiane" que j'ai acquise cinq ans auparavant après qu'elle m'ait servit de monture lors de mon escapade avec Sarah dans les montagnes de Taunton. Dire que j'apprenais tout juste à monter à cheval à l'époque. Si elle me voyait aujourd'hui, je pense qu'elle serait fier de voir mes progrès.
Le palefrenier a déjà mis la selle à ma jument, mais je contrôle vite fait le matériel, on est jamais trop prudent. J'ai déjà vu des mecs se faire avoir par un palefrenier qui avait saboté les sangles d'une selle pour que dès que le cheval tenterait d'aller un peu vite, il largue son cavalier comme une vieille chaussette. Mais celui-ci a été clean alors je lui file une pièce d'or avant de mettre le pied à l'étrier et de me hisser en selle en grognant. Je suis devenu bon cavalier, mais je trouve toujours éreintant de monter et descendre de selle. Je me tourne ensuite vers la demoiselle pour lui tendre la main pour l'aider à monter. Un vieux film que ma montré une amie démone sur Terre me revient en tête et j'ai une furieuse envie de mettre mes lunettes de raider sur le nez et de lui dire "viens avec moi, si tu veux vivre". Mais je m'abstiens, lui adressant juste un sourire amicale.
- En selle p'tite ! Y'a l'chant d'la liberté et d'l'aventure qui résonne dans les arbres et qui souffle dans les valées ! C'est l'genre d'convocation qu'il vaut mieux pas faire attendre ! Dis-je pour tenter de lui remonter le moral.
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Ma jument est trop contente de pouvoir enfin se dégourdir les sabots pour simplement aller au pas et elle part au galop dès qu'elle peut. Je sens la demoiselle s'accrocher à moi tandis que nous parcourons rapidement les ruelles du village qui défilent à toute vitesse autour de nous. C't'une bonne bête avec laquelle j'ai déjà vécu une aventure ou deux, même si je préfère de loin mon vieux vautour bien plus rapide et plus maniable.
Le vent frais de la nuit s'engouffre dans nos vêtements, faisant voler les pans de mon manteau dans mon sillage et me forçant à retenir mon chapeau d'une main pour éviter qu'il s'envole. Je suis plutôt content de constater que la demoiselle ait pris de la bonne manière ce départ précipité. C'est rare les gens qui se laissent déménager avec le sourire après avoir été embringué dans une erreur comme la mienne.
Sitôt la sortie du village atteinte par contre l'ambiance change, plus de torches pour éclairer le chemin et la forêt jette rapidement de grosses ombres sur la route. Heureusement ma jument n'en est pas à ça près. On a essuyé ensemble une poursuite de Formiens en pleine nuit une fois, sans compter cette évasion de Nexus à trois plombes du mat y'a pas si longtemps que ça. C't'un cheval taillé pour moi ça, qui panique pas quand ça éclate de partout et qu'il y a des sales bêtes qui le collent au train et qui essayent de lui happer les jambes.
- Bon p'tite, maintenant qu'on est sorti du village, on est en zone hostile. Sans compter nos zouaves de tout-à-l'heure, certains bestiaux peuvent se montrer hargneux dans le secteur, surtout la nuit. Dis-je en me tournant un peu vers elle. On a un énorme avantage, le cheval est bien assez vigilant pour regarder devant. Mais il nous reste un tas d'angles morts. Alors je te propose de garder les yeux ouverts du côté gauche et moi du côté droit. On ne va pas chevaucher toute la nuit, ça ferait plus de mal que de biens, alors si tu vois un coin qui pourrait servir pour bivouaquer, une ruine, une maison abandonnée, une grotte, hésite pas à me taper sur l'épaule. Et si tu vois un truc dangereux, crie. Ça roule pour toi p'tite ?
J'ai de la veine, elle semble de bonne humeur et accepte ma proposition. La forêt s'épaissi après encore quelques bornes et ma jument est obligée de passer à un galop plus léger pour éviter que le sol, qui est passé du chemin pavé au chemin de terre battue, ne lui joue des tours.
De la forêt elle-même nous parviennent surtout quelques cris d'animaux et parfois le long hurlement d'un prédateur ou d'une meute de loups. Je n'aime pas des masses les forêts de Nexus, elle sont beaucoup trop sauvages à mon goût pour un pays qui se dit civilisé, mais faut croire que la présence des oreilles pointues n'aide pas des masses à pacifier tout ça.
En-dehors d'un sursaut à cause d'un lièvre qui nous coupe la route en la traversant à toute berzingue, il ne se passe rien de notable sur une bonne heure avant que la demoiselle ne me tapote sur l'épaule pour me montrer une ruine qu'elle a aperçu dans une trouée entre les arbres. Une tour vétuste et à moitié effondrée (http://pre07.deviantart.net/e393/th/pre/i/2012/193/8/e/the_tower_by_feral_dragon_art-d56xz0v.jpg) trône sur un promontoire rocheux, une énorme cascade coulant à côté d'elle. Je ne parviens pas à trouver le chmin qui devait y mener alors nous sommes obligés de descendre de cheval pour faire un bout à pied et nous éloigner de la route de plusieurs bonnes centaines de mètres.
- Ben mazette ! T'as l’œil fin toi, pour ce genre de choses... Commente-je quand nous arrivons au pied des ruines faiblement éclairées par une lune pâle.
L'endroit n'est pas très rassurant, aussi sors-je l'un de mes revolver. Je prend l'autre par le canon et le propose à la demoiselle.
- Tu sais te servir de ce genre d'artillerie p'tite ? Sois honnête, si t'en as jamais touché j'préfère l'savoir tout d'suite et je n'gronde pas les gens honnêtes.
Il est l'heure d'explorer un peu ce qui pourrait bien être notre refuge pour la nuit.