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Messages - Pam Chihara

Pages: [1] 2 3
1
Dans un contexte normal, il y aurait déjà longtemps que Pam aurait aidé Camille à se tirer de cette délicate situation. Si l'on n'y réfléchissait bien, en effet, la jeune fille ne lui avait encore rien fait. Ou du moins, rien de trop intolérable. Les épaules de la blonde s'affaissèrent même un peu, alors que le jolie visage de son interlocutrice se tordait en une expression terrifiée.
Ce n'était pas que ce faciès ne soit pas bien calculé. Au contraire, tout était parfaitement dosé : le nez retroussé, la bouche un peu tordue, l'étincelle de terreur qui brillait comme un éclat entre chaque morceau de pupille... Camille savait incontestablement y faire, malgré le peu d'expérience qu'elle possédait au niveau de son existence dans les rangs du beau sexe. Si un homme faisait ployer quelqu'un par la violence, la femme, elle, lâchait habituellement quelques larmes. Chacun ses armes, comme dirait l'autre, et le tout était savamment dosé, ici.
Mais, en réalité, l'état mental de Pam commençait à ne plus laisser passer aucune brèche. Un chaton ou un nourrisson aurait pu se trouver à ses pieds, que la situation restait la même. Aucun mignonnerie ne semblait capable de couper court à cette sensation bizarre qui envahissait ses tripes, son cerveau, ses mains qui avaient commencé à trembler imperceptiblement. Les gouttes qui continuaient de dégouliner dans sa nuque et son chemisier semblait attiser cette sensation et l'empirer.
Pam ne comprenait pas trop ce qui était en train de lui arriver, mais plus les minutes passaient, plus elle s'en fichait. La terreur que lui inspirait la familiarité de ce sentiment s'atténuait peu à peu, alors qu'elle se laissait aller, et observait Camille avec un regard de plus en plus impitoyable.
Si jamais tout cela était vrai, le résultat serait de toutes façons le même. Une petite voix lui susurrait qu'elle pourrait très bien se préoccuper de tout cela plus tard, réparer les dégâts à un autre moment et se répandre en excuses un autre jour- ou peut-être même jamais. Y avait-il une quelconque obligation à se répandre en excuses à chaque faute que l'on commettait ? Cela n'accentuait-il pas l'impression que semblait avoir tant de gens d'elle, et qui les confortaient dans l'idée de la traîner dans la boue ? Elle-même n'avait jamais reçu une seule excuse de toute sa vie. Et pourtant, les pêchés exercés contre sa personne auraient été nombreux à nécessiter d'être expiés, par trois petits mots simples et efficaces. Je - suis - désolé.
Pourtant... pourtant, la blonde ne l'avait jamais entendu de toute sa vie de la part de la bande de débiles qui avait osé l'agresser. Personne ne faisait autant d'efforts qu'elle pour paraître agréable, au sein de ce lycée. Ou, en tout cas, pas avec elle.


"Et moi, alors ?"

La voix qui sortit de la gorge de la blonde était bien différente du ton timide qu'elle pouvait avoir d'habitude. S'accordant à la soudaine dureté de son regard et contrastant avec son accoutrement de petite fille sage, les mots semblaient aussi coupants que du verre et balancés sans aucune trace d'hésitation.

"Tu ne t'es pas demandé ce que je pourrais bien te faire, moi ?"

Pam se sentit avancer, imperceptiblement, doucement, vers cette lycéenne qui avait, quelques minutes plus tôt, tenu un discours agressif à son égard. Elle ne s'arrêta d'avancer que lorsque le mur toucha le dos de la jeune fille, et qu'elle se sentit la dominer de toute sa hauteur et de son gabarit. Une sensation de puissance qui ne lui était pas familière gigota entre ses tripes, plaisante, encourageante. Cette même sensation qu'avaient dû ressentir les personnes qui l'avait harcelé tout le long de sa vie, s'en délectant. Il fallait dire que... effectivement, c'était assez agréable. Au moins, il n'y avait aucune peur dans ce mélange de sensations et de sentiments, aucune terreur que l'on puisse abîmer sa propre personne.
Pam restait immobile, continuant à fixer sa camarade, ne rajoutant rien d'autre. Aucune pensée parasitaire ne venait défiler dans son esprit, et gâcher ce moment, cette tension, ce malaise qu'elle avait instauré et que, pour une fois, elle ne tenait pas absolument à dissiper. Mettre Camille mal à l'aise inspirait à Pam une certaine satisfaction. Aussi bizarre que cela puisse être, elle n'aurait pas été dérangée que ce moment se maintienne durant l'éternité.
Il y eut le bruit d'une porte s'ouvrant, claquant contre le carrelage du mur. Des éclats de voix masculins, dont un que Pam reconnut comme familier. C'était celui du garçon qui avait fuit quelques minutes plus tôt, et il hurlait à présent, pointant Camille du doigt. Dérangeant leur moment, leur intimité.


« Elle est encore là, putain, c'est elle ! Elle est trop chelou, elle est venue me demander de lui donner l'argent pour la... »

Sa voix s'affaissa soudainement, alors qu'il faisait glisser son regard de Camille vers Pam. Comme s'il réalisait qu'il interrompait quelque chose d'important. La tête que faisait Pam, maintenant occupée à soutenir son regard - sans ciller, sans broncher... tellement différemment de d'habitude - semblait le mettre, lui aussi, extrêmement mal à l'aise.

Son doigt cessa de se pointer vers Camille, pour se fondre dans sa paume. Celle-ci atterrit sur sa bouche, alors que des flux commençait à sortir de la cavité. Son autre main vint se placer sur son estomac. Il vomit d'un seul coup, surprenant ses amis qui avaient déjà commencé à trouver son comportement bizarre. Le carrelage étincellant se couvrit de vomi- et d'un peu de sang.
D'un peu plus de sang.
De beaucoup de sang.


« - PUTAIN HIRO, ça va pas ?!
- Merde, il t'arrive quoi, mec ?
- Attends, c'est quoi, c'est du sang, ça ?.. j'crois qu'il faut l'emmener à l'infirmerie, sérieux ! »

Des bruits de pas précipités se firent entendre, le battant de la porte claqua de nouveau, et, après quelques minutes d’essoufflements bruyants et de jambes tapant le sol, le silence revint, soudainement. Peut-être un peu moins désiré par Camille que le tintamarre d'il y a quelques instants- peut-être un peu plus rassurant dans son ensemble.

Des traces de sang couvraient toujours les dalles du carrelage, inexplicables.

2
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: dimanche 19 mars 2017, 22:04:03 »
J'adore la bannière de Kori, c'est trop mignon xD même le chat joue les dragueurs !

22:00

(J'en ai marre de cet eczéma. (ಠ⌣ಠ) #pestiféré
Quelqu'un aurait pas une solution naturelle pour l'atténuer ?)

3
Les alentours de la ville / Re : Les contes de Seikusu [Lyli]
« le: dimanche 19 mars 2017, 21:57:53 »
La dame lui parla, d'une manière un peu engourdie, ce qui était normal vu les circonstances : se prendre un rocher sur la tête ne rendait en effet jamais plus brillant qu'auparavant. Pam ne pouvait cependant s'empêcher de penser que quelque chose n'allait pas sur cette scène accidentée. Tous les rochers autour d'elles étaient énormes, de vrai mottes de pierres pensant bien leur cinquante kilos. Se prendre un truc de la sorte sur la tête, c'était le prélude d'une commotion cérébrale, et d'une mort loin d'être formidable. Cette femme n'aurait même pas dû être capable de maintenir la paroi avec ses bras, elle aurait dû tomber dans les pommes et glisser au fond de l'eau.
Peut-être que le rocher coupable se trouvait à cet endroit, suggéra la logique de l'adolescente. Néanmoins, cette hypothèse fut vite réfutée, quand elle aperçut une large trace de sang sur une pierre, prés du bord. L'arme du crime, de bonne taille !

Mais ce genre de considération ne lui encombra pas longtemps l'esprit- quelle idée de se faire ce genre de films quand quelqu'un d'accidenté se tenait à côté d'elle ! Il lui fallait vite sortir cette dame de l'eau, et faire quelque chose pour ses blessures ! Elles appelleraient les secours une fois dehors.
La réfléxion que lui inspirait ce plan fut interrompue par la victime, qui était manifestement en train de se débattre. Pam suivit des yeux les mouvements du corps svelte, et s'aperçut avec horreur que le côté droit de celui-ci semblait écrasé par une pierre échouée dans l'eau, qui faisait pratiquement leur taille à elles deux !


"S-s'il vous plaît, ne vous débattez pas comme ça, vous allez vous faire encore plus mal !" s'affola la blonde, en observant avec horreur le rocher tanguer et se balancer.

Ses bras vinrent saisir la paroi de la pierre par réflexe, ne sachant pas trop si elle devait empêcher le rocher de bouger ou au contraire aider cette jeune femme à se libérer. Finalement, la solution se présenta d'elle-même quand Lyli se libéra... libérant par la même occasion un gros nuage pourpre, qui se répandit dans l'eau et poussa Pam à reculer, terrifiée. Personne n'aimait se retrouver devant une aussi vaste quantité de sang, et Pam s'imaginait déjà les pires scénarios.

Aucun de ces scénarios ne vint, cependant. Après avoir hurlé un bon coup - et manqué de faire s'évanouir sa "sauveuse" - cette mystérieuse dame reprit un air blasé, semblant simplement fatiguée par toute cette aventure. Son teint n'était pas plus pâle et ses lèvres pas plus bleuies par la perte de sang. Elle évoqua le fait de stopper l'hémorragie presque comme une simple hypothèse, comme si ce n'était pas très grave. A dire vrai, Pam sentait son attention plus focalisée sur sa propre personne que sur son état critique- cela la mettait un peu mal à l'aise, cette façon qu'avait la femme de l'observer sous toutes les coutures.


*Elle se demande sûrement à quel point je suis horrible en maillot de bain, hein ?..*

En bonne adolescente qui se respectait, Pam n'était pas encore habituée à lire réellement le regard des gens. Elle était par contre très douée pour interpréter un regard aussi pesant comme une sorte d'ode à sa propre "laideur", celle que pouvait lui chanter les filles de sa classe quand elle passait devant elles. Les regards se faisaient, en effet, tout aussi pesants dans ces moments-là- et ils étaient ponctués, en règle générale, par de petits rires moqueurs et des remarques désagréables. Une certaine paranoïa déformait donc régulièrement le raisonnement de la moindre paire d'yeux qui pourrait se poser un peu trop longtemps sur sa personne.
En gros, si l'on lui lançait un regard perçant de ce genre, Pam s'imaginait tout de suite que l'on avait commencé à la cataloguer de "grosse" et à notifier soigneusement tous les défauts de son apparence. Elle n'était pas habituée à déceler un intérêt positif envers sa personne - aussi évident fut-il. Ce fut probablement pour cette raison qu'elle préféra tourner le dos à Lyli après s'être assurée que celle-ci ne glisserait pas en un quart de seconde. Elle se déplaça pour aller saisir son sac à dos en forme d'éléphant, et venir s'asseoir à côté du bord. L'adolescente semblait un peu plus calme, mais moins sûre d'elle que jamais.


"Je-j'ai de quoi vous panser dans mon sac à dos... j'emporte toujours une petite trousse de secours avec moi, ça peut toujours serv..."

Sa phrase fut coupée par la silhouette de la femme se redressant sur le bord, ce qui surprit Pam- la pression légère qui suivit ce rapprochement lui fit ouvrir des yeux grands comme des soucoupes. Elle observa celle qu'elle voulait aider lui faire un gentil sourire, qui lui expliquait d'une voix calme qu'elle était la cause de sa survie. L'adolescente sentit son teint devenir cramoisi, gênée par tant d'éloges et d'affection envers elle.

"M-moi ? Heu, moi je m'appelle Pam, déclara-elle maladroitement. J'étais sur la plage quand j'ai entendu l'éboulement, il n'y avait personne d'autre et, heu... je veux dire, il aurait mieux valu pour vous que ce soit un docteur ou quelque chose dans le genre, quand même..."

Son regard se reporta sur la plaie qui saignait toujours abondamment, répandant une rivière rouge dans l'eau et mettant l'adolescente très mal à l'aise. Elle n'aimait décidément pas du tout la présence d'autant de sang- cette dame allait vraiment avoir de sérieux problèmes, si ça continuait comme ça !

"I-il faut panser votre plaie, regardez, vous avez du sang partout ! V-vous pouvez sortir de l'eau, s'il vous plaît ? C'est nécessaire si vous voulez que je panse votre jambe, je peux pas le faire si vous êtes dans l'eau, et, heu... j'ai mon diplôme de premier secours..." ajouta-elle, un peu fière d'elle.

Du sac à dos sortit une petite trousse de toilette bordée de dentelle. La joyeuse bouille de chat brodée dessus contrastait avec le regard de Pam, qui était soudainement devenu suspicieux. Une hypothèse terrible lui était venu en tête.

"...J'espère que vous avez pas attiré des requins, avec tout ça dans l'eau..."

Ses yeux scrutèrent l’entièreté de la caverne, comme si le requin en question allait soudainement sortir de l'eau pour venir les attaquer par surprise. Dans son esprit un peu fantasque, tout était possible- tout, sauf probablement l'hypothèse que le déjeuner du requin imaginaire pouvait être une autre créature des mers...

4
Centre-ville de Seikusu / Re : Teen Sitting [Jessandra Chavez]
« le: samedi 18 mars 2017, 20:46:06 »
Dans le monde des affaires, on ne faisait pas toujours ce que l'on voulait. Que ce soit pour négocier un contrat à un million de yens, comme pour négocier l'engagement d'une fille à l'allure de princesse des ghettos pour sa propre progéniture. Sous sa figure résignée, Pam observait sous coupe la nouvelle venue et commençai déjà à éprouver de l’anxiété à l'idée de devoir passer la plus grande partie de son temps avec elle. La jeune femme lui rappelait une émission qu'elle avait regardé il y a de cela deux semaines, où un journaliste commentait avec la plus grande froideur et suivait le quotidien de jeunes issues des milieux défavorisés du Brésil. L'image d'une fille sortant une seringue de la taille de sa main pour s'injecter du crack s'était imprimée dans la rétine de Pam, qui n'en avait pas dormi de la nuit. Elle déglutit bruyamment.
Son père ressentait visiblement ce stress, alors qu'il posait une main rassurante sur l'épaule de sa fille, tout en effectuant des présentations sommaires, le ton calme et professionnel. Quand Jessandra proposa de continuer leur échanges en anglais, l'homme ne s'en formalisa pas le moins du monde : c'était le minimum auquel on devait s'attendre, de la part d'un échange entre PDG international et expatriée.


« Bien sûr, aucun problème. Notre fille se débrouille bien de ce côté-là, n'est-ce pas ? Vous pourrez même peut-être en profiter pour lui apprendre un peu de brésilien, si jamais, heh ! rajouta-il, sa moustache frémissant sur son sourire.
- Heu... Oui, aucun problème.

La concernée avait répondu dans un anglais sommaire, empreint de l'accent japonais qui donnait une version inimitable de cette langue. Rien que se manifester de la sorte fit battre son cœur un peu plus vite. On ne lui demanda rien d'autre, heureusement. Elle se risqua à un petit sourire timide en direction de Jessandra, mais la mine revêche de celle-ci ne le fit durer que quelques millièmes de secondes.

-  ...Bien que ça ne sera pas votre job - que je vais vous expliquer, d'ailleurs.

En une paire de secondes, un contrat sortit d'une sacoche de cuir, qui semblait avoir surgi de nulle part - ou être l’œuvre d'une servante presque apte au camouflage tant elle était rapide. La maid lança un bref coup d’œil curieux à Jessandra, avant de sortir de la pièce.
Le contrat s'étalait sur dix pages, toutes clauses comprises - fort heureusement, Jess put vite constater que les cinq dernières pages, en anglais, étaient simplement la traduction des cinq premières écrites en japonais. Il y avait des clauses redondantes, et d'autres plus vicieuses - une d'entre elles impliquant qu'en cas de problème, toute responsabilité pourrait être rejetée sur Jessandra... et le père comptait bien sur cette clause pour qu'aucun autre malheur ne s'abatte sur sa fille, à vrai dire. Outre cette délicate partie, il n'y avait cependant aucun autre piège, tout était écrit noir sur blanc. L'homme savait jouer les vicieux à ce niveau-là dés qu'il le fallait, mais ce contrat-là était trivial à côté d'autres qu'il avait encore à faire signer et qui s'apparentaient à de véritables labyrinthes judiciaires et visuels. Se sachant en compagnie peu experte, il avait pourtant décidé d'être clément envers sa future employée, sachant être juste quand il le fallait.
D'un doigt expert, il montra chacune des parties importantes - n'omettant pas celle des responsabilités.
Le travail consistait en une partie de surveillance, et une partie d'enseignement des pratiques de self-défense et d'attaque, à organiser à sa convenance. Ce n'était pas un temps plein - à dire vrai, la surveillance consistait à accompagner Pam au lycée à l'aller et au retour, ainsi que lors de ses peu nombreuses sorties qui pourraient (le père l'espérait) devenir plus nombreuses sous la sécurité de cette surveillance rapprochée. Pendant les week-ends et les périodes de vacances scolaires étaient calées les heures d'entraînement et de démonstration au combat. En soi, le job laissait donc pas mal de temps libre.
Une condition, néanmoins, était également importante : Jessandra devait pouvoir se manifester dés que sa cliente en avait le besoin - même en pleine nuit. Si la cliente estimait qu'un surplus d'heures était nécessaire - que ce soit chez elle ou en classe - Jessandra devait pouvoir s'adapter à la situation. En soi, si la jeune fille ne se sentait pas en sécurité dans sa propre maison - les domestiques n'étant pas présents la nuit ou même durant certaines périodes de la journée - elle devait sentir la présence de sa garde du corps comme légitime. Ce dernier point pouvait paraître incommodant, surtout quand on connaissait le tempérament peureux de la blonde.
En soi, il s'agissait donc de bien plus qu'un simple travail d'enseignement, et l'homme tenait à être clair sur ce sujet. Il ne continua d'ailleurs que lorsqu'il fut sûr que Jessandra avait tout bien compris.


- ...en dernier lieu, le salaire - un élément important, j'ose imaginer. Il est fixé à 12000 yens de l'heure.

Une somme tout à fait acceptable - qui fit d'ailleurs hausser un sourcil à sa femme, toujours vissée sur sa chaise. Ce salaire était bien supérieur à celui d'un job classique, et pesait dans la balance contre la clause de responsabilité et les contraintes évoquées.

- Les heures supplémentaires sont, bien sûr, payées elle aussi. En double, en période nocturne.

Une précision des plus importantes.

- Cela vous convient-il, Mademoiselle Chavez ? »

5
Centre-ville de Seikusu / Teen Sitting [Jessandra Chavez]
« le: dimanche 26 février 2017, 21:26:55 »
Les dîners de famille, c'était souvent pénible pour les adolescents. Ils ne réalisaient pas la chance qu'ils pouvaient avoir, d'être entourés de gens qui les aimaient, attablés avec de bonnes choses dans leurs assiettes, alors que d'autres personnes moins chanceuses auraient donné un rein pour avoir ne serait-ce que la chance de s'asseoir à leur table. A cet âge où l'on revendiquait l'indépendance tout en ayant un cruel désir de reconnaissance, être l'objet de contemplation limite prophétiques de la part de personnes qui avaient le double de leur âge, c'était dérangeant pour eux. Aussi passaient-ils tous le plus clair de leur temps les yeux rivés sur leurs écrans, à marmonner une vague réponse quand on avait le malheur de s'adresser à eux.

Pam se demandait souvent si elle aurait réagi de la même manière, si elle avait eu la chance de se trouver dans cette situation. Les repas de famille, ça ne lui évoquait qu'un vague souvenir, à l'époque où elle n'avait même pas dix ans et que ses parents étaient encore ensembles. Dans chacun de ces souvenirs, un arbre de Noël se retrouvait planté dans le décor, étant à lui seul un indice suffisant sur la période où ces fameux repas se déroulaient. Quelques visages se reflétaient autour de la table, mais plus le temps passait, plus leurs traits se retrouvaient floutés, brouillés, en perdition. Les grands-parents avaient disparus, les éventuels oncles et tantes s'étaient dispersés et n'appelaient que rarement pour Noël et pour l'anniversaire - pas tous en même temps, et certainement pas de bon cœur, vu le ton qu'ils employaient avant de raccrocher rapidement.
L'adolescente les avait à peine connu, alors elle ne pouvait pas vraiment leur en vouloir réellement. Pour ce qu'elle en savait, dés à présent, sa famille, c'était son père. Il y avait longtemps que sa mère ne l'avait plus appelé, et chaque fois qu'elle le faisait - à une fréquence relativement aussi grande que celle des oncles et tantes fantômes - c'était sur un fond de cris, de pleurs et d'éclats de voix enfantins qui rappelait à Pam qu'elle possédait actuellement trois demi-sœurs et une demi-frère. Une information qui ne lui faisait ni chaud ni froid. Une photo d'eux lui avait pourtant bien été envoyé, un jour, en accompagnement d'une carte d'anniversaire. Elle devait traîner quelque part dans un tiroir, coincée dans la carte en question.


« Pam, ton père t'as posé une question. »

La lycéenne releva la tête de son téléphone, et observa les alentours comme si elle venait d'en notifier l'existence. A la droite de l'immense table ronde laquée, Mayumi lui offrait un regard plus dur qu'à l'habitude. Accompagné de la lassitude dans celui de son père, leurs quatre yeux pesaient sur la jeune fille qui glissa bien vite la coque rose de son portable dans sa poche.
La nouvelle conjointe de son géniteur - une belle femme au teint brun et à l'approche de la trentaine - poussa un soupir de lassitude, et se leva, se dirigeant vers la porte qui menait à la cuisine. Pam la suivit du regard, n'osant pas regarder son père en face. Le renflement qui paraissait sur le ventre de la femme était une nouvelle source d'énigme pour sa conscience.


« Tu n'as rien entendu, ou tu ne veux tout simplement pas répondre ? »

L'homme passa une main dans sa coupe en brosse, observant sa fille pour la première fois de l'année. Et on était déjà en mars. Celle-ci ne lui rendait toujours pas son regard, fixant désormais son attention sur une femme de ménage qui passait par là avec une pile de linges presque aussi grande qu'elle.
La maison, habituellement vide, se faisait effervescente lors des rares passages de l'homme. Les domestiques s'agitaient en tous sens, et de nombreuses personnes y passaient lors de rendez-vous d'affaires, qui pouvaient se conclure aussi bien dans le salon que dans le vaste bureau d'habitude toujours vide. Dans ces périodes-là, Pam restait dans sa chambre, et les seuls moments difficiles à passer étaient les repas où elle était bien forcée de s'asseoir sur cette même table, en compagnie d'un homme qu'elle ne reconnaissait plus vraiment.
Elle était consciente d'être celle qui initiait ce malaise désagréable. Son père se comportait avec elle comme tous les papas du monde se comportaient avec leurs filles - il la câlinait, lui faisait des sourires, la réprimandait quand elle allait trop loin, et passait surtout le plus clair de son temps à poser des questions relativement adaptés à la vie d'une adolescente. Il ne semblait pas déçu par ses réponses, même quand elle lui avouait des choses qui montraient bien que son quotidien n'avait rien de celui d'une héroïne de roman.
Certains aspects sombres de celui-ci - les brimades par ses camarades, notamment - étaient passés sous silence. Mais pourtant, ces aspects étaient en fait la raison de la venue de l'homme au domicile. Il avait réussi à convaincre sa fille de lui en parler - elle qui, pourtant, aurait préféré emporter ça dans la tombe. L'homme était capable de prouesses devant une troupe de journalistes ou de prospecteurs, et ses capacités oratrices ressortaient également quand il parlait à sa propre famille. Il avait réussi à la convaincre de donner tous les détails - excepté le nom des harceleurs. L'adolescente ne voulait pas que ce soudain ressort d'autorité de la part de son père le pousse à aller frapper à la porte des parents, rendant la suite des évènements encore plus désagréables.
Ensemble, ils avaient finis par tomber sur un compromis auquel la jeune fille n'aurait jamais vraiment pensé. Et ce compromis lui inspirait des sentiments mixtes. Actuellement, elle n'était même plus très sûre de son accord sur la question, et cela semblait embêter son père, qui le remarquait bien.


« Écoute, heu... (l'homme se gratta de nouveau le crâne, peu sûre de ce qu'il allait dire.) j'ai eu un entretien au préalable avec cette jeune fille, au téléphone. C'est quelqu'un qui m'a l'air très bien, tu n'as aucune raison d'appréhender sa venue.
- C'est même pas une vraie gouvernante en vrai, non ? »

L'homme ne répondit pas tout de suite, laissant à Pam tout le loisir de se tordre sur sa chaise. L'appréhension de la jeune fille à l'idée que quelqu'un d'étranger à la famille ou au service pénètre dans son domicile pouvait paraître exagérée. Ça l'était un peu moins quand on savait que, plusieurs fois, quelques farceurs avait passé les hauts buissons de fleurs qui bordaient le portail pour aller tenter de forcer sa fenêtre dans son sommeil. Ce genre d'incidents laissait toujours une marque, qui pouvait paraître comme un caprice à quelqu'un ignorant des évènements.

« Tu as passé l'âge de bénéficier de ce genre de services, je pense, répondit son père. Je ne l'ai pas engagé pour ce genre de choses. Pas entièrement, du moins. Comme Mayumi l'as dit tout à l'heure, je pense qu'il est grand-temps que, hem... tu apprennes à te débrouiller dans les situations les plus délicates. »

Pam savait qu'il pensait à l'incident de la fenêtre. Et à d'autres, que lui et Mayumi avaient réussi à lui arracher, avec quelques larmes au passage. Si son père lui avait maladroitement tapoté le dos, Mayumi, elle, n'avait pas eu l'air d'être bouleversée par la confession. Probablement le soupçonnait-elle depuis un moment, au vu des bleus qu'elle avait un jour surpris dans le dos de sa belle-fille. Ça avait d'ailleurs dû être l'élément déclencheur. Pam ne savait pas si elle lui en voulait ou pas pour cela.

« Papa ?
- Oui ?
- Je ne pourrais pas tout simplement avoir des cours à domicile ? »

Les épaules de l'homme tressaillirent. Au moins une fois par mois, sa fille lui faisait inlassablement la même requête. Et comme à chaque fois, il restait inflexible.

« C'est exclu, Pam. »

Et comme à chaque fois, à la vue de la petite étincelle d'espoir qui s'éteignait dans les yeux de son enfant, il regrettait tout de suite d'avoir dit ces mots.
Cela dit, cette fois-ci, un son aigu l'empêcha de développer ses remords. Mayumi réapparut au même moment, portant un plateau de thé fumant qu'elle posa sur la table.

« Elle arrive, je l'ai vu passer par la fenêtre. »

Une moue vint déformer les jointures de ses lèvres brunes.

- Elle fait un peu mauvais genre. Tu es sûre qu'elle conviendra ?
- Elle sera très bien, répondit l'homme, toujours aussi raide. Il n'y aura pas mieux. »

Quatre tasses furent rapidement dispersés sur la table, alors qu'on entendait une porte s'ouvrir et la voix d'une gouvernante annoncer la présence du visiteur. Des bruits de pas indiquèrent bientôt que celui-ci était conduit jusqu'au salon où se trouvaient les maîtres de maison. Une autre porte s'ouvrit, et M. Chihara fit un sourire cordial à la jeune femme qui venait d'entrer.

« Nous vous attendions, Mademoiselle Chavez. Asseyez-vous, si vous le voulez bien. »

6
Pam n'était pas du genre à se mettre en colère. Jamais. Quand elle n'était encore qu'une enfant, la pédiatre qui la prenait régulièrement en charge avait même douté du degré de danger que pouvait représenter une telle capacité au calme pour sa santé mentale. Cette aptitude atypique à garder pour soi tant de choses pouvait en effet être génératrice de stress, d'angoisses qui pouvaient être difficiles à traiter une fois le bel âge passé. Mais pourtant - hormis ses tendances à la boulimie -  la blonde n'avait jamais dû subir un effet revers trop marqué par la seule faute de son tempérament timoré.
C'était, bien sûr, si l'on ne considérait pas les nombreux harcèlements envers sa personne comme des effets revers... Ce qui aurait été relativement cruel, d'ailleurs. On n'était jamais le responsable d'un harcèlement envers sa personne, peu importe les actes que l'on pouvait commettre ou le caractère que l'on pouvait avoir. Des filles timides et effacées, il y en avait des tonnes à Seikusu - et pourtant, peu d'entre elles avaient dû subir cet enfer que subissait Pam régulièrement dés qu'elle mettait le nez dehors. Parce que ces filles là correspondaient à la définition même de ces adjectifs. Elles étaient capables de prendre le moins de place possible et se fondre dans la masse, devenant une vague silhouette qui se répétait inlassablement aux quatre coins des rues de la ville. Camille en était un bon exemple, par ailleurs. Elle semblait fragile et timide. Pourtant, d'après ce qu'elle était en train de cracher à sa camarade, elle semblait savoir prendre de la place quand il le fallait. Elle semblait connaître parfaitement le rôle qu'elle était supposée jouer, et elle semblait aussi supposer que Pam en savait tout autant qu'elle. Et autant dire que Pam ne se retrouvait pas avec le beau rôle, justement.
Encore une fois, contrairement à toutes ces filles, la blonde semblait prendre trop de place - au sens littéral comme au figuré. Et elle aurait dû, comme d'habitude, accepter de jouer le rôle de cette fille envahissante, qui se trouvait toujours au mauvais endroit au mauvais moment, et que l'on pourrait reléguer avec joie à un autre rôle - en l’occurrence, celui de la victime.


« Ma vieille, je suis dans la merde, par ta faute, donc, t’as intérêt de me protéger… D’accord ? Tout est de ta faute, de toute façon. »

La moue que fit l'autre adolescente n'inspira pas vraiment de sympathie à Pam, qui arrêta tout de même de se sécher les cheveux, le bruit du séchoir l'empêchant de vraiment entendre ce que la jeune fille lui disait. Quelques gouttes coulèrent dans son cou, la faisant frissonner de plus belle.

« J’allais avoir ce que je voulais, si t’avais pas foutu tes gros pieds dans les chiottes des mecs. »

Quelque part en elle, alors qu'elle était occupée à observer le regard plein de haine de Camille, Pam sentit un blocage se libérer, aussi subitement que subtilement.

Une angoisse la prit - ce qui, d'ailleurs, calma cette impression. Elle se souvint de la dernière fois qu'un tel sentiment lui était parvenu au creux de l'estomac. Quelques temps plus tôt, dans des toilettes, en compagnie d'un garçon qui avait eu vite fait de transformer la haine de ses yeux en une terreur inédite de sa part. C'était quand il-

« Pourquoi ? »

Le souvenir s’effaça, alors que l'adolescente se concentrait sur la situation. Les sourcils légèrement froncés, mais les traits calmes malgré tout, elle toisait Camille de haut en bas, étant légèrement plus grande qu'elle.

« Pourquoi est-ce que je ferais ça ? On ne se connait pas, que je sache. Je ne t'ai jamais vu. Tu...tu m'insultes, alors qu'on ne s'est jamais parlé... »

Sa voix tremblait un peu, peu habituée à tenir tête à qui que ce soit. Elle tournait toujours le dos à la brune, et c'était probablement plus facile ainsi.

« ...En plus... »

Trop curieuse de voir la réaction de Camille à cette hypothèse, Pam risqua un regard en arrière.

« ...Tu as l'intention de te servir de moi, si jamais les choses tournent mal, pas vrai ? »

Ce n'était pas pour rien que la lycéenne était presque première de sa classe. Et en grande amatrice de séries télévisés, comme toutes les filles de son âge, ne pas imaginer cette possibilité aurait été surprenant de sa part. La situation était délicate, et Pam regretta de s'être retournée - la simple vision de la fille, à présent évocatrice d'un scénario cauchemardesque, suffisait à lui donner des sueurs froides.
Camille et son apparence n'était pas ce qu'on pouvait considérer de plus dangereux sur cette planète. Néanmoins, Pam était la première à savoir que les apparences ne valaient pas grand-chose dans une telle situation. Les petites choses comme cet fille, au contraire, étaient bizarrement celles qui affrontaient le plus de personnes, le plus souvent. Quand elle voyait des bagarres entre élèves de lycée, dans la rue, les filles étaient souvent fines et graciles, ce qui ne les empêchait pas de mettre au tapis leurs adversaires.
Il se pouvait très bien que Camille ne soit pas réellement ce qu'elle semblait être. Et Pam ne pouvait pas savoir, en se faisant cette réflexion, à quel point elle était prés de la vérité.

7
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: mardi 21 février 2017, 20:33:27 »
Quand tu rêves que tu couches avec ton personnage, et que tu te demandes si c'est révélateur d'une forme de narcissisme.



20:31

8
Les alentours de la ville / Les contes de Seikusu [Lyli]
« le: samedi 18 février 2017, 23:31:51 »
En cette fin d'hiver, le bord de la mer était plutôt paisible. Quelques sièges résidaient, ça et là, en attente de l'été qui se profilerait bien tôt ou tard, et permettrait de couvrir chaque centimètre carré du sable fin, que ce soit de personnes, de serviettes, ou de détritus qui s'enterrerait probablement et s'oublieraient. Dés les premières lueurs persistantes, les plages de Seikusu devenaient LE lieu où il fallait se rendre, bien plus que les éventuels parcs ou magasins pourtant tout aussi disponibles et convivials.

Cette popularité était l'une des raisons pour laquelle Pam n'était pas fan de la mer - l'autre raison étant en partie que, pour pouvoir se montrer ici en été sans passer pour un idiot, il valait mieux accepter de découvrir quelques carrés de chair supplémentaires... et si les habits courts étaient souvent valorisés par la lycéenne, paradoxalement, elle n'appréciait pas de se dévoiler devant les trois quarts de la ville. Et de toutes façons, aucun maillot vendu dans cette ville ne semblait pouvoir supporter son envergure en ressemblant un minimum à quelque chose. Non, vraiment, en été, la mer était le dernier endroit où la blonde pouvait se trouver.
En hiver, en revanche, c'était un lieu où elle appréciait de se rendre. Après les cours, parfois, si elle en trouvait le courage et s'il ne faisait pas trop mauvais, Pam aimait aller s'asseoir sur le sable froid et regarder l'horizon un peu flouté par le brouillard, ou parfois découvert et dont le soleil touchait la surface d'une manière un peu plus timide qu'à l'ordinaire. Elle aimait ce silence, ce calme qui permettait d'apprécier pleinement le murmure des vagues et le cri des mouettes, sans le brouhaha des conversations environnantes ou les bruit des pieds éclaboussant le bord de l'eau. La mer, en soit, était un élément qu'elle appréciait et qui offrait à son imagination humaine le privilège de s'inventer des tas de scénarios plus ou moins fantasques, où les plus somptueuses chimères pouvaient se côtoyer et se faire plus vives, au son de la mélodie des vagues.

Les humains aux plus fertiles esprits n'avaient jamais manqué de lier cette immense étendue d'eau qu'était l'océan à l'existence de créatures terribles, affreuses, mais ils avaient également donné la vie à de magnifiques formes de vie qui ne manquaient jamais d'inspirer les enfants auquel on en touchait deux mots, au travers de contes populaires en général. Et malgré les tournants un peu mouvementés qu'avait eu son enfance, Pam n'avait pas été la dernière à entendre ces jolis histoires, au travers des lèvres des nourrices qui s'étaient succédées à son chevet le soir, tournant entre leurs doigts les pages noircies par les paroles d'Andersen ou des frères Grimm. A chaque fois qu'elle traversait l'étendue de sable fin, Pam ne pouvait s'empêcher de repenser à ces moments qui lui semblaient si lointains - et notamment au jour où, encore toute petite, on lui avait lu l'histoire de la Petite Sirène.
Elle avait probablement été l'une des rares enfants à entendre la véritable histoire avant de voir le film qui l'édulcorait de façon presque comique, et donc, pour elle, ça n'avait jamais été une histoire très amusante. Le sacrifice de la Petite Sirène, en particulier, l'avait cependant marquée d'une façon positive - elle se souvenait avoir trouvé, du haut de ses quatre ans à l'époque, que cette façon de mourir était l'une des plus belles que l'on puisse imaginer. Mais c'était aussi l'une des façons les plus incompréhensibles, à ses yeux. Elle ne comprenait pas, en effet, que l'on puisse vouloir côtoyer cette espèce mesquine et misérable qu'était l'humanité, au point de préférer se donner la mort, si la chance de les rejoindre n'était pas offerte. Cette soif d'aventure et d'amour ne lui était pas familière, elle lui semblait même un peu bizarre et la confortait dans l'idée que, décidément, tout cela ne pouvait être qu'un conte, après tout.

C'est sur ces pensées que, assise dans le sable, Pam fixait l'horizon bleuté et son soleil couchant aux teintes roses et violettes, son sac à dos en forme d'éléphant tout prés de ses pieds. La paille d'une briquette de jus de pomme glissée entre ses lèvres, le regard doré de l'adolescente se faisait songeur, ses sourcils un peu arqués dans une expression de concentration. Un crabe qui passait par là lui sauta aux yeux, et fit virer ses pensées dubitatives vers son existence, petite créature dont la carapace devait tenir bien au chaud son propriétaire. L'idée lui fit resserrer sa propre écharpe jaune autour de son cou, tout en continuant à fixer le crabe qui semblait avoir repéré de la nourriture et commençait à creuser le sol d'un coup de pince déterminé.
L'animal, cependant, ne sembla pas assez déterminé pour résister à la peur qui le prit soudain, alors qu'un bruit sourd résonnait sur la plage. Pam elle-même poussa un cri, et se releva d'un bond, fixant le point d'où provenait ce vacarme pendant que le crabe prenait ses pinces à son cou.


"... ?"

Le bruit s'accentua de plus en plus, et les oreilles de la lycéenne l'identifièrent, finalement. En provenance du bord de la baie, là où était posé d'énormes rocher qui formaient une épaisse barrière et délimitait une partie de la plage. En sa partie la plus proche de la mer, il y avait des grottes qui s'étaient formées au fur et à mesure des éboulements, la pierre s’érodant avec le temps et les coups des vagues. Ce bruit sourd, c'était le bruit de rochers qui s'écrasaient au sol et dans l'eau. Un énième de ces éboulements, qui augmentait encore un peu plus la taille de la grotte.
La première pensée de Pam, fut bien sûr de partir. Avec le temps, il fallait savoir que peu de téméraires se risquaient à aller étendre leurs serviettes prés de ce bord-là, et il y en avait encore moins qui tentaient l'exploration de la grotte - peut-être un peu plus qu'elle ne pensait, si l'on en croyait certains élèves de Seikusu qui aiment raconter leurs petites escapades quand venait l'été. Alors, bien sûr, peureuse comme elle était, ce n'était pas à elle que l'on allait proposer une aventure pareille.
Néanmoins, quelque chose la chiffonnait, et fit ralentir ses pas en arrière, avant de les stopper complètement.
Ce genre d'éboulement arrivait souvent l'été, on fermait même parfois ce côté de la plage à cause de cela. Mais à chaque fois, l'accident survenait à cause d'une mer un peu trop agitée, qui donnait de la force aux vagues et malmenait bien plus les murs de pierres que d'habitude. Mais aujourd'hui, la mer était calme, il n'y avait pratiquement pas de vent, et pas du tout de pluie. Alors... quelle était la cause de cet éboulement ?
La blonde jeta un coup d’œil autour d'elle, essayant de voir si d'autres personnes se trouvaient sur la plage. Elle repensa aux vantards qui contaient leurs exploits dans ces grottes, et un mauvais pressentiment commença à lui nouer les entrailles.
Si un éboulement était survenu, c'est qu'il y avait eu du mouvement dans cet endroit, d'une manière ou d'une autre. Et il se pouvait très bien que ces mouvements aient été causés par des personnes un peu trop téméraires. Pam, n'avait pas entendu de cri, mais... dans tous les cas, elle n'était pas sûre de vouloir prendre le risque de laisser quelqu'un mourir étouffé par des rochers.

Son premier réflexe fut de saisir son portable, dans l'idée d'appeler la police ou les pompiers. Mais, alors qu'elle commenait déjà à composer le numéro, quelque chose cessa le mouvement de ses doigts sur son écran. Si jamais elle prévenait qui que ce soit et que finalement, il n'y avait rien... elle passerait pour une idiote, non ? Et c'était quelque chose qui la terrifiait au plus haut point.

L'autre idée qui lui vint, fut donc la dernière disponible : aller vérifier par elle-même. Rien que d'y penser, le nœud dans son estomac s'intensifia. Mais un autre rapide coup d’œil lui confirma qu'il n'y avait personne, et que c'était soit ça, soit rentrer chez elle et ne pas dormir de la nuit, à l'idée d'avoir laissé une pauvre âme mourir sous des rochers et de l'eau glacée.

Prudemment, la lycéenne remit donc son sac sur ses épaules, jeta son goûter à la poubelle, et commença son expédition.


La grotte était étonnement facile d’accès - pas de barrières de fer, de mousses glissantes sous les pieds ou panneaux dissuasifs ; même la personne peu sportive qu'était Pam n'eut pas trop de mal à se glisser entre les rochers pour accéder au cœur de l'endroit, là où un banc de sable côtoyait de petites mares d'eau croupies. Elle observait le plafond de pierres avec un regard inquiet, et pour cause, vu ce qu'il venait de se passer... mais la beauté du lieu lui sauta tout de même aux yeux. Elle finit par comprendre ce qui emmenait certaines personnes à vouloir venir ici. Tout comme la plage, les fonds de cette grotte étaient comblés par un silence reposant, seulement brisé par le bruit des clapotis des vagues heurtant le bas des parois, et par les éventuels sons provenant du dehors, et qui se transformaient en murmures étouffés au contact des rochers. Un écho persistait à chaque son que produisait les pas de la blonde, emplissant le vide de la caverne de haut en bas.[/i]

"Heu... il y a quelqu'un ?"

Sa voix sonna contre la pierre, et le reflet de l'eau lui renvoya un visage dubitatif. Mais également quelque chose d'autre, dans son dos. Pam se retourna brusquement.

Prés des rochers qui semblaient s'être fraîchement écrasés au sol, la silhouette d'un torse de femme se laissait entrevoir, le reste de son corps immergé dans l'eau. Ses bras retenaient la paroi glissante d'un gros morceau de roche avec difficulté. Un filet de sang coulait le long de son front, et ses cheveux cachaient le reste de son visage. Elle avait la tête baissée, et ses épaules se secouaient au rythme d'une respiration difficile.

Pam étouffa un gémissement, avant de se précipiter vers cette silhouette aussi vite que ses jambes dodues pouvaient le lui permettre. Laissant son sac par terre tout prés d'elle, elle s'agenouilla prés de l'eau, sa bouille ronde tordue en une expression terrifiée.


"V-vous allez bien ?! Vous saignez de la tête ! Vous m'entendez, au moins ?!"

Ses mains gesticulant dans l'air, Pam n'osait pas toucher cette étrange femme, qui ne réagissait que très peu à ses paroles. Son portable passa dans ses mains pour la deuxième fois de la journée, et elle continuait à bafouiller, appuyant fébrilement sur le large écran encadré d'oreilles de lapins roses et de petits charmes divers.

"Ne vous inquiétez pas, je vais appeler les..."

L'intention se coupa, soudainement, lorsque Pam aperçut la petite icône de la tonalité. Les quatre barres étaient en effet parties se promener, et cette simple vision lui donna presque les larmes aux yeux. Elle essaya malgré tout, consciente que les numéros d'urgence fonctionnaient tout de même parfois sans réseau - heureusement, d'ailleurs - mais cette fois-ci, il semblait que le plafond de pierres ait vraiment eu raison de la technologie humaine. Baissant les bras, vaincue, l'adolescente observa la blessée, sans savoir vraiment quoi faire. Et quelques morceaux de pierres continuaient de tomber du plafond, comme de multiples avertissements.

9
Vu le silence qui suivit la question de la blonde, il s'avèra que ce n'était probablement pas la meilleure façon de démontrer sa présence en ces lieux après tout intimes - assez intimes pour qu'une conversation privée s'y déroule, ce qui n'avait pas sauté aux yeux de Pam qui, maligne, s'était manifestée sans la moindre once de discrétion. On aurait pu la prendre pour une espionne - mais s'aurait été se montrer tout aussi futée qu'elle. Les espionnes manifestaient en effet un minimum de professionnalisme, notamment en ne parlant pas.
...Cela dit, ce n'était pas comme si le sujet de cette conversation l'avait vraiment intéressée. A l'heure actuelle, la seule chose qui l'intéressait vraiment, c'était de pouvoir atteindre le séchoir le plus proche, afin d'y glisser la tête et de pouvoir se débarrasser de toute cette eau et cette honte qui collait dans sa nuque et poissait ses cheveux - dont une des couettes avait abandonné en cours de route, laissant sa compagne assurer le travail toute seule et le reste de la chevelure s'étaler sur l'épaule de façon plutôt lamentable, donnant un air stupide à leur propriétaire.

Il fallait bien le dire, ce silence était plutôt gênant. Mais à côté du hurlement qui résonna juste après, intensifié par les dédales de carrelage de la pièce qui le firent rebondir, Pam aurait encore préféré qu'il dure un bon moment. Elle avait commencé à s'éloigner de la porte et à se rapprocher de son graal - un séchoir en assez bon état - dans l'idée que le bruit de celui-ci permettrait aux autres d'avoir de nouveau l'intimité apparemment nécessaire à leur conversation... mais après le hurlement, vint une silhouette, qui déboula vers la porte et courut vers celle-ci... avant de se prendre les pieds dans Pam, et de trébucher par terre, manquant de se prendre la porte. Après un long gémissement, le garçon se redressa sur un bras, l'autre étant occupé à brandir le poing vers l'intruse qui l'avait fait tomber.


« OW, PUTAIN, mais t'es qui, toi aussi ?! »

Il se releva rapidement, jaugeant l'obstacle du regard, évaluant probablement la force qu'il lui faudrait pour (re)mettre à terre ce sac de viande qui avait l'eu d'audace de se trouver sur son chemin. Ses yeux étaient clairement ceux d'un prédateur, aux pupilles élargies par la consommation de drogue. Pam, elle, dans une autre situation, l'aurait probablement observé avec crainte. Mais dans le cas présent, un désintérêt certain se lisait dans son regard. Elle venait d'être passé à tabac par toute une bande, alors la présence d'une seule personne, aussi intimidante fut-elle, n'avait plus vraiment de quoi l'effrayer, du moins, pour aujourd'hui.
Le lycéen sembla s'en rendre compte, et après un dernier regard vers Camille - qui s'était avancée, entre temps - il saisit le loquet de la porte d'entrée avec violence, et quitta les lieux en courant.

La blonde observa la porte battante se fermer, s'arrêter, après un certain temps. Dans un geste presque automatique, elle se releva, resta sur place pendant quelques secondes. En se retournant, elle put voir l'autre lycéenne prés d'elle, la jauger du regard - avec une expression qui n'avait rien de sympathique.


« … T’es qui... ? »

La question n'en était pas une, c'était une certitude. C'était posé sur le même ton que l'on utiliserait en voyant quelqu'un s'asseoir à notre table au réfectoire, ou quelqu'un qui viendrait prendre notre place en cours. C'était la phrase que l'on sortait lorsque l'on remarquait la présence d'une personne indésirable, et que l'on voulait le lui faire savoir de façon plus ou moins indirecte. C'était une phrase que Pam avait entendu bien des fois, et qui ne lui avait jamais plu. On aurait dit une sorte d'incantation destiné à effacer toute existence de la personne non désiré, à lui couper toute envie d'interaction sociale.
Pam sentit ses nerfs gigoter, sous l'impulsion de cette phrase. Des années de brimades et d'intimidations avaient probablement aiguisé sa susceptibilité, et en raison des évènements d'aujourd'hui, celle-ci était à vif. Elle ne répondit pas, et à la place, enleva l'élastique de son autre couette, avant d'aller se placer sous le séchoir, tête en bas. Dans cette position, la blonde tourna son regard fatigué vers sa camarade, et la prévint :


"Je crois que ce garçon va faire venir du monde ici pour se venger. Tu devrais peut-être partir."

Ce fut les seuls mots prononcés, avant que le séchoir ne commence à vrombir.

10
Blabla / Re : Re : Horloge parlante
« le: vendredi 17 février 2017, 16:38:29 »
Pam <3


16h24

(。・ω・)ノ゙ !

Bah, c'est surtout qu'on dirait que le plus de contraintes il y a pour les stages, le mieux c'est je dirais ^^" surtout au niveau des plages de temps, heh.

16:34 (ça sera un café, en fait. ☕)

11
Blabla / Re : Re : Horloge parlante
« le: vendredi 17 février 2017, 16:19:15 »
"Recherche un stage"
Désolé l'équipe est complète...
Mais mais, je veux juste un fucking stage moi D :
15h06



Perso pour cette année j'ai arrêté la recherche :,) mais vu que je sais ce que c'est, je t'envoie du courage !

16:15 (pause-tisane entre deux fiches à apprendre~ 🍵)

12
La porte des toilettes des garçons claqua avec violence, ne dévoilant heureusement personne, que ce soit dans les cabines ou dans les urinoirs. Pam n'en fut pas surprise, et ne s'attarda même pas sur les différences existantes entre ces toilettes-là et celles des dames. En réalité, elle était déjà venue ici plus d'une fois - et de toutes façons, le moment aurait été mal choisi pour s'attarder sur des détails pareils. Alors, à la place, la blonde se laissa glisser contre la porte, des larmes coulant déjà sur ses joues rougies par l'effort et l'endurance de sa course. Elle sentait sa courte chevelure blonde, dégoulinante de sueur et d'eau, tremper sa nuque et le haut de sa tunique, la faisant frissonner.

Elle courait déjà depuis dix bonnes minutes, et quand on connaissait ses capacités physiques, c'était déjà un exploit en soi. Mais quand on considérait en plus le fait qu'elle tentait d'échapper aux brimades de l'équipe féminine de volleyball - qui l'avait reconnu comme l'une de leurs victimes préférées - cela devenait un exploit. Et si elle se trouvait dans ces lieux-là en particulier, c'était parce que les joueuses de volley n'avaient encore jamais eu l'idée de venir la traquer jusqu'ici. Ce n'était peut-être pas la plus glorieuse méthode pour s'en débarrasser, mais leur échapper était déjà une fin en soi.
De base, elle sortait simplement des toilettes pour filles, la pause de midi étant sur le point de se terminer. Mais les volleyeuses étaient venues mettre fin à ses plans, la retenant un long moment dans les commodités. Elles avaient tenté de la racketter, et la blonde avait été assez stupide pour ne pas céder... une erreur qui l'avait emmené à se retrouver de nouveau dans les toilettes, mais avec la tête dans une des cuvettes. Bien que la propreté des sanitaires de Mishima laisse beaucoup moins à désirer que dans la plupart des commodités occidentales, cela restait l'une des expériences les plus dégradantes qu'il soit.
Quand les sportives avaient finalement décidé de laisser tranquille leur victime, les cours avaient déjà commencés - ce qui expliquait qu'il n'y ait personne, ici, à l'heure actuelle. La jeune femme en était bien heureuse, et se préparait déjà à rester ici un long moment, dans une des cabines, à tenter de sécher un peu sa chevelure à l'aide des séchoirs accrochés au mur, en espérant que le bruit continuel n'attirerait aucune suspicion.
Et tant pis si elle devait justifier de son absence suite à cette décision, ou affronter les regards interloqués des rares garçons qui passeraient dans ces lieux entre-temps. Aujourd'hui, l'heure n'était de toutes façons visiblement pas aux interactions sociales saines.
Tout en poussant un gros soupir, la blonde serra ses genoux potelés contre sa poitrine, et enfouit sa tête dans le creux de sa jupe. Les battements de son cœur parvinrent à ses oreilles, l'organe se calmant peu à peu. Le bruit d'une goutte d'eau partant d'une de ses mèches et allant s'écraser contre le carrelage vint se mêler à cette symphonie rassurante... qui ne dura pas.
Quand Pam entendit quelque chose tomber contre le carrelage de la pièce, son cœur rata un battement. En relevant la tête, elle ne vint pourtant rien, mais elle réalisa qu'elle n'avait pas vérifié le fond de la pièce, là où se trouvait caché quelques urinoirs, dans l'idée d'offrir un peu d'intimité à d'éventuels timides ou complexés. Le fond de cette partie de la pièce partait vers la gauche, et n'était pas visible, formant une espèce de case d'où toutes les éventualités pouvaient débouler à tout moment.

Sans vraiment réfléchir au fait qu'une voix féminine ne collerait pas avec l'ambiance de la pièce, et parce qu'elle ne sentait plus assez de forces dans ses jambes pour se relever, Pam demanda, d'un ton incertain :


"...Q-qui est là ?"

13
Le coin du chalant / Re : (◡‿◡✿)
« le: samedi 04 février 2017, 23:30:03 »
Petit up pour ceux qui veulent, vu que je suis un peu de retour par ici !

(Les personnes avec qui j'ai entamé un RP peuvent se manifester si elles veulent toujours faire un bout de chemin avec ma perso... ^^
)

14
La sonnerie retentit avec violence, dans l'ensemble des bâtiments de l'établissement. Le bref silence qui s'en suivit fut rapidement interrompu par le raclement des chaises sur les parquets plus ou moins cirés, et le fracassement des portes qui s'ouvraient dans tous les sens, laissant échapper un flot d'élèves dont l'excitation faisait ployer la raideur d'un éventuel règlement à respecter.

Pam, de son côté, se leva lentement de son siège, prenant le temps de remballer soigneusement ses affaires, et de quitter la salle de classe dans les derniers, comme d'habitude.

Pour elle, la veille du week-end, c'était un jour comme les autres - à peine plus excitant par le fait qu'il signait l'arrêt d'une autre semaine. Pour les autres, le vendredi annonçait les sorties en ville, dans le parc s'il faisait beau, et sûrement dans une ou deux soirées étudiantes organisées au dernier moment. Pour la blonde, c'était surtout l'occasion de se remémorer que ce genre de choses, ce n'était définitivement pas pour quelqu'un comme elle - du moins, pensait-elle, n'ayant jamais vraiment eu l'occasion de tester ce genre de choses et de se forger un avis.
Le vendredi avait donc longtemps été un jour difficile pour la jeune héritière. Depuis qu'elle avait grandi et mûri un peu, ça devenait cependant de moins en moins dur d'accepter le fait que ce genre d'occasion était difficile à saisir de son côté. Pourtant, dés que la dernière cloche du vendredi sonnait et se faisait accompagner par ce flot d'excitation humain, l'étudiante ne pouvait s'empêcher de ressentir une toute petite pointe au cœur, et de quitter la salle où elle se trouvait avec la mine basse.

Lorsque Pam arriva devant son casier, la résignation avait cependant disparue de son faciès, et elle arborait finalement une mine tranquille et reposée, pensant à l'ensemble des choses qu'elle pourrait faire ce week-end - quelques bons sites internet à visiter, des animes sympathiques à regarder... peut-être même se permettrait-elle une sortie de son côté, aussi. Ce n'était pas comme si le manque d'argent ou de temps la retenait dans cette maison, qu'elle ne quittait à peu prés que pour aller en cours ou dans les autres lieux où l'on lui disait d'aller.
Songeuse, sa réflexion l'empêcha de s'apercevoir que quelqu'un s'était arrêtée prés d'elle et de son casier ouvert - ce qui déclencha une petite frayeur quand la porte se referma dans un cliquetis métallique. La lycéenne sursauta, surprise de cette soudaine présence humaine auprès d'elle.

Après analyse de la silhouette qui s'était arrêtée à sa gauche, la blonde laissa finalement un gentil sourire fleurir sur ses lèvres charnues.


« Ah, Saki-san !.. »

Le salut était timide, mais amical, avec moins de recul que celui auquel avaient droit les rares élèves de Mishima qui saluaient la demoiselle. Habituellement, celle-ci les contentait d'un geste de la tête. On se doutait donc bien que la blonde n'était pas forcément très douée pour les interactions sociales - ce qui l'encouragea à ne rien rajouter de plus intéressant, sentant déjà son visage se teinter légèrement.
La jeune fille qui lui faisait face, Saki Nogushi, suivait ses cours dans une classe proche de la sienne. Elles partageaient en revanche les mêmes cours dans le club de cuisine et s'étaient croisées plusieurs fois - et bizarrement, Pam n'aurait pas été capable de déterminer ce qui les avait poussé à entamer leur première discussion. Tout ce qu'elle savait maintenant, c'était que, sans pour autant partager de nombreux moments, les deux adolescentes se disaient régulièrement bonjour au détour d'un couloir de l'établissement, et prenaient toutes deux un peu de temps pour discuter, entre deux intervalles de cours. Ells n'échangeaient que des banalités, mais cela suffisait à Pam pour trouver leurs rares discussions intéressantes. Niveau interactions sociales, elle avait toujours été quelqu'un qui se contentait de peu - par choix ou par dépit, cela aurait été difficile à dire.


« ...Heu, comment vas-tu depuis la semaine dernière ? Je ne t'ai plus vu au club de cuisine... tu es tombé malade ?.. »

Des banalités, une fois de plus, mais que l'adolescente trouvait agréable à déverser - ce vendredi-là, au moins, risquait de se finir sur une note positive.

15
Salles de cours et bibliothèque / Re : Déjà-vu [Cassidy Green]
« le: mercredi 22 juin 2016, 23:40:42 »
En apprenant que l'intention charmait Cassidy, Pam sentit son anxiété descendre d'un cran. Elle avait vraiment eu peur de passer pour une demeurée, ou pire, pour le genre de personne qui apportait toujours des trucs et faisait se sentir le maître de maison redevable, alors qu'il n'avait rien demandé, à la base. Ayant été élevée dans une optique qui différait de celle des enfants de la classe moyenne, la blonde avait souvent peur d'avoir des manières qui pourrait la faire paraître bizarre, ou carrément snob. Couplé au fait qu'elle n'était pas forcément habituée aux interactions sociales de ce genre... ça pouvait faire des dégâts.
Mais pour le coup, aucune raison de paniquer. La blonde avança donc de quelques pas avec un peu plus de légèreté.

La chambre était bien plus petite que ce à quoi Pam était habituée, mais elle n'en avait pas espéré moins. Cassidy semblait être une personne minimaliste, tant au niveau de sa décoration que de son agencement. Le deuxième lit intrigua la blonde, mais elle se fit vite devancer par sa camarade, qui lui expliqua que personne ne vivait encore ici avec elle. Étant donné la situation, c'était déjà ça de pris.
...En parlant de ça, c'était encore un sujet à questionnement pour la jeune héritière. Bien qu'elle n'ait rien de la candide ingénue qu'elle paraissait être. Cassidy était au moins autant au courant qu'elle, et du coup... la finalité de la chose avait du sens.
Mais ce qui intriguait la blonde, c'était ce qui allait se passer entre le point A et le point B. Bien malheureusement, ce n'était pas quelque chose que l'on apprenait sur les sites et les vidéos coquines, ça.

Ses pensées furent perturbées par le doigt de l'hermaphrodite, qui se rapprocha de son nez, pour venir en retirer un bout de crème et le laper avec une délicatesse calculée. Pam ne savait pas si la chaleur qui envahissait ses joues était dû à la sensualité de ce geste, ou tout simplement à la honte de s'être baladé pendant trois quarts d'heure avec de la nourriture en plein milieu du visage. Avant d'avoir trouvé la réponse à cette question, l'étudiante se retrouva assise sur le lit, avec Cassidy à ses côtés. Ses mains posées sur ses cuisses pianotaient nerveusement sur sa peau blanche.


« Alors comme ça, tu vas sur des sites porno ? Tes parents le savent ? »

La question prit évidemment la blonde de court, mais au-delà de la couleur qui sembla envahir toute la partie supérieure de son corps, ses mains quittèrent ses cuisses pour s'agiter devant sa poitrine, comme pour chasser l'embarras accumulé en un coup de vent.

« Oh, évidemment que non, enfin !.. je veux dire, c'est pas comme si c'était quelque chose dont... dont on était fier, et puis... »

Une moue se forma sur les lèvres charnues de l'étudiante.

« ...Je crois qu'avec tout ce que j'ai pu voir, mon père ne s'en remettrait jamais... »

Bien qu'il ne soit jamais vraiment à la maison, faillit-elle rajouter, un peu plus amère qu'elle n'aurait souhaité l'être. Pam n'était néanmoins jamais seule chez elle, la maison grouillant toujours de gouvernantes, malgré l'âge avancé de la jeune fille et ses propres capacités à se gérer toute seule, disons-le clairement, plus qu'honorables. Du coup, la blonde farfouillait certaines parties inappropriées du web, bien calée sur l'immense lit à baldaquins qu'elle ne quittait presque jamais, son ordinateur hors de prix calé entre deux ou trois boîtes de biscuits secs, elle n'était jamais à l'abri d'une visite surprise. Elle osait à peine imaginer le sort de ses servantes les plus cardiaques en apercevant l'écran de son ordinateur - ou son propre sort, lorsque les dites servantes iraient en informer son géniteur dare-dare.

« ...On penserait sûrement que je suis folle, non ? questionna Pam, après un instant d'hésitation. Les gens ne font pas souvent des trucs comme ça, en vrai... »

Pendant un instant, l'embarras fut voilé par de la honte, la honte d'avoir des goûts différents par rapport à la norme - et surtout dans ce domaine. Elle s'était souvent demandé pourquoi les choses "normales" du genre ne lui plaisaient pas plus que ça, et s'était retrouvé à s'auto-convaincre que quelque chose ne devait vraiment pas tourner rond dans sa tête. Mais elle garda l'ensemble de cette réflexion pour elle, parce qu'après tout, Cassidy ne la connaissait pas plus que ça. Même si elle inspirait à Pam une certaine confiance - peut-être à cause du fait que son secret devait être tout aussi difficile à garder.

« Tu dois en savoir beaucoup sur la question, non ? A moins que tu ne l’ai jamais fait ? »
« ...B-ben... à part un peu toute seule... j'ai jamais rien fait avec quelqu'un d'autre, non... »

Après avoir détourné les yeux suite à cette nouvelle question un peu gênante, Pam regagna le regard de l'hermaphrodite, un petit sourire timide fleurissant sur son faciès.

« ...Tu trouves que j'ai l'air de quelqu'un qui l'a déjà fait ? »

Un de ses doigts s'enroula autour d'une de ses boucles, formant un ressort doré qui scintilla à la lumière de la vitre.

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