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Sujets - Serenos I Aeslingr

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Le palais d'ivoire / L'Oiseau Noir et l'Or Blanc [PV: Elena Ivory]
« le: jeudi 01 février 2018, 07:28:38 »
1325 A.P.
Il y a vingt ans

Le port de Nexus était aussi animé que toujours. Serenos avait peine à y croire tant il y avait du monde. Le jeune Roi eut toute la peine du monde à quitter le quai où le navire marchand qui l'avait amené jusque là avait accosté, se faisant bousculer comme une brindille à droite et à gauche par tous les passants et officiers du port qui travaillaient avec acharnement pour faire circuler les marchandises et les passagers qui venaient d'arriver. Les ports de Meisa étaient certes très occupés avec le commerce fleurissant qu'il avait fait instauré en prenant le pouvoir en Meisa, mais au moins, lorsqu'il devait partir ou qu'il rentrait chez lui, le port était libéré juste pour lui. Mais pas ce jour-là. Cette fois-ci, Serenos allait visiter une très bonne amie, une personne qui avait ravi son coeur dans son adolescence, mais qui s'était récemment mariée. Comme il avait raté le mariage à cause de la guerre qui sévissait sur son continent à ce moment, il avait décidé qu'il était temps de présenter ses félicitations à la nouvelle mariée et à l'heureux élu qui avait gagné son coeur.

C'était la toute première fois qu'il visitait Nexus sans une garde rapproché, et pour être tout à fait honnête, il était très excité; pour une fois, il n'était pas en visite diplomatique. En fait, c'était la première fois qu'il visitait quelqu'un sans avoir en tête de nouer une alliance ou de participer à ce jeu ignoble auquel s'adonnait la noblesse. En comparaison, c'était comme aller visiter son voisin... sauf que celui-ci vivait de l'autre côté d'un océan.

C'est donc avec enthousiasme qu'il se présenta au poste d'identifiction... à la toute fin d'une file d'une centaine de personnes. S'il rechignait mentalement à l'idée de devoir faire la queue, il ne se sentait pas impatient. Au contraire; il suivit la file jusqu'à ce que ce soit son tour. Une étrange expérience pour un homme qui n'a jamais eu ce problème auparavant. Lorsque l'officier du port le fit approcher, il l'examina de haut en bas.

-Quel est le but de votre venue à Nexus, jeune demoiselle?
-Je suis un homme, monsieur...

L'officier haussa un sourcil étonné.

-Vous m'avez tout l'air d'une femme, pourtant.
-Je suis... de Meisa.
-Oh! Mes excuses, mon garçon. Moi et les éthnies, parfois.

Pour les Nexusiens, et assurément la plupart des gens du Continent, les jeunes Meisaens ressemblaient à de jeunes femmes, et il y avait une très bonne raison pour cela. Les Meisaens vieillissaient très lentement, ce qui leur accordait une jeunesse et une adolescence plus étirée. Les jeunes hommes comme Serenos n'avaient pas encore atteint l'âge où les caractéristiques masculines commencaient à se manifester; une voix aigüe, une silhouette élancée, des courbes qui ressemblaient à s'y méprendre à celles d'une jeune femme, il était tout à fait compréhensible que l'officier confonde les sexes. Et pourtant, en Meisa, il était également traditionnel que les adolescents mâles et femelles soient traités de la même façon. Les homme portaient donc des robes et étaient formés aux tâches ménagères jusqu'à ce que leur masculinité ne se manifeste. Dans certains, très rares, cas, il arrivait qu'un homme n'atteigne jamais cette maturité sexuelle, et donc conserve son apparence féminine jusqu'à la fin de sa vie. Il était donc traité par sa société comme une dame. Certains s'en accommodaient, d'autres cherchaient à prouver leur virilité par d'autres moyens, que ce soit la guerre ou les travaux physiques.

Sans prendre offense, le jeune Roi en civil se contenta de sourire.

-Je viens visiter une amie. Ce devrait être un séjour relativement court. Elle vient de se marier, voyez-vous?
-Heureuse nouvelle pour cette jeune femme, en ce cas, d'avoir un ami qui fait la traversée de l'océan pour la visiter!

Agréable officier que voilà. C'était plutôt déroutant, mais pas du tout déplaisant. Comme il était coutume de le faire, il examina le bagage de Serenos. Des vêtements de rechange, une bouteille de parfum, des cordes pour les cheveux, des bijoux dans une petite bourse, une lame de rasoir, des friandises... Serenos s'était préparé pour un voyage de courte durée.

-Tout me semble en règle, finit par dire le douanier. Possédez-vous une arme, jeune homme?
-Une seule, monsieur.

Serenos dénoua donc le cordon qui tenait en place le sac de toile pour dévoiler la garde de son épée, Ehredna.

-C'est une arme bien particulière à posséder, fit l'homme sur un air désapprobateur.
-Et la seule que j'ai emmenée, pour ma sécurité.
-Vous faites bien, concéda l'officier avec un air préoccupé. Les rues sont dangereuses par les temps qui courent. On ne sait jamais quand cela pourrait vous être utile. Très bien, je vous la laisse. Mais veillez à ne vous en servir qu'en cas d'extrème nécessité, jeune homme.
-Bien entendu!

Le jeune Roi s'empressa de cacher son arme et sourit à l'agent lorsqu'il lui remet son laisser-passer. C'était de nouvelles procédures pour les non-résidents dans beaucoup de pays pour éviter les conflits diplomatiques; tous les visiteurs devaient porter une identification sur eux pour qu'en cas de comportement inapproprié ou en cas d'arrestation, les ambassadeurs de leurs pays puissent organiser un procès. Après tout, tous les pays ne partageaient pas les mêmes lois ou les mêmes restrictions, et donc, dans certains cas, une plus grande compréhension et considération était accordée aux visiteurs.

Une fois libéré par l'officier, le visiteur s'empressa de quitter les lieux avec son bagage. Il avait fixé un rendez-vous avec la magicienne de la Cour pour avoir la possibilité d'entrer au palais sans être interrogé par la garde ou être forcé de dévoiler son identité. Jamiël avait fixé le rendez-vous au Square du Soleil, une des grandes agoras de la Cité qui n'était qu'à quelques minutes de marche du Palais d'Ivoire. Serenos refusait d'être en retard, surtout que la magicienne avait l'habitude de lui faire des sermons lorsqu'il séchait ses classes pendant son éducation chez les Mélisi. Et comme toujours, à peine eut-il mit le pied au Square qu'il l'aperçut, près d'une fontaine. Le Roi s'empressa de masquer sa présence par magie et se faufila à travers la foule pour se glisser dans un angle mort de la magicienne... et posa un baiser sur sa joue ainsi involontairement offerte.

-Toujours aussi ponctuelle, Sagiërm Jamiël, dit-il d'un ton ravi. Comme vous êtes changée!

Sagiërm était un titre de politesse qui désignait en Meisaen une femme de grande sagesse, d'une grande patience. Jamiël n'avait peut-être que quelques années de plus depuis la dernière fois qu'ils ne s'étaient vus en personne, mais elle était toujours aussi ravissante, quoi qu'assurément plus féminine que le souvenir de Serenos lui laissait croire. Elle était devenue une jeune femme superbe, alors que lui n'avait, tout au plus, que prit quelques petits centimètres de hauteur.

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Ville-Etat de Nexus / Nuit torride dans la Hauteville [Libre]
« le: dimanche 21 janvier 2018, 06:13:58 »
La pluie rageait depuis plusieurs jours déjà, abreuvant la terre, qui devint boueuse, glissante, tout simplement impossible à parcourir avec un pied certain. Ce n'était pas un climat habituel pour la saison des chaleurs de Nexus, et c'était justement ce qui avait trainé Serenos, le Roi lui-même, aussi loin des frontières de sa contrée natale. Quelque chose se tramait, en Nexus. Lorsqu'on était comme lui un être sensible à la magie, capter les ondes négatives de Nexus était d'une facilité déconcertante, mais ce qu'il avait ressenti, par delà les mers et la distance, c'était quelque chose de sombre.

Ce qui était évident, cependant, c'est que le traffic d'esclaves restait toujours très populaire à Nexus, et du coup, beaucoup de malheur et d'énergie négative émanait de la belle cité d'or. Le malheur, l'inégalité, la colère, la violence, tout existait et tout se propageait, autant à l'intérieur de la cité que dans ses campagnes. L'esclavage, aux yeux de Serenos, était une abomination que seules les nations faibles et sans honneur s'accordaient à apprécier, mais qui restait toujours aussi populaire sur le Continent, et ce n'était malheureusement pas son rôle de libérer les esclaves ou de monter une croisade contre les responsables de ce commerce.

Alors, que faisait exactement Serenos en Nexus? C'est une excellente question. Les raisons diffèrent selon l'histoire qu'il a donné à son entourage. La seule qui comptait pour lui était que depuis quelques jours, quelque chose dans ses tripes voulait qu'il y soit, comme si quelque chose de très important allait se produire. C'était peut-être vrai, après tout, car ce sentiment ne lui était pas étranger, voire même qu'il se produisait tellement souvent qu'il s'interrogeait parfois s'il n'avait pas un certain don de prophétie. Un besoin vicéral d'être exactement là où le destin voulait qu'il soit, pile au bon moment, pile au... ah tiens, non.

-Serenos Sombrechant, Roi de Meisa. Quelle belle surprise.

Serenos aurait pu reconnaître cette voix entre milles. Le templier Samson, une merde de premier plan et une fraude, une insulte au nom des hommes qui consacraient leur vie à lutter contre les maléficiens et les corrompus. Autrefois Chevalier-Capitaine au sein de l'Ordre du Temple Immaculé, Serenos et le Roi Liam Ivory avaient découvert ses "projets personnels"; le traffic de jeunes mages et magiciennes, envoyés contre leur gré dans des camps d'expérimentation magiques clandestins. Les deux Rois avaient depuis convenus que Samson n'était pas digne de son poste, et que les jeunes magiciens, même pour l'époque qui était très réservée sur la qualification des mages, méritaient de grandir en sécurité, et non d'être utilisés comme des objets.

-Je doute que cette surprise n'en soit vraiment une, Samson. Vos hommes sont trop bien positionnés et trop sûrs d'eux pour un coup de brigandage improvisé.

D'un doigt, Serenos pointa les trois sorties possibles, et des hommes se révélèrent, puis se rapprochèrent pour bloquer la moindre retraite, incluant le chemin d'où il venait. Serenos n'était cependant pas nerveux; il avait été formé pour combattre contre des templiers, même des renégats. Avec ou sans sa magie, il serait naif pour n'importe qui de s'approcher de lui.

-Vous savez que nous sommes très près du marché aux esclaves? Une attaque nocturne serait une excellente idée dans les bas-fonds, mais ici... vous êtes soit fou, soit préparé, Samson.
-Par votre faute, mage, j'ai perdu mon poste, mon nom, ma réputation. Un templier reste un templier, qu'il soit ou non au sein de l'ordre, savez-vous pourquoi?
-Parce que votre dépendance à la Pierre Bleue ne vous quitte qu'après des mois de sevrage? Parce que vous êtes trop faible pour vous recycler dans une profession digne? Choisissez, mais disparaissez de ma vue.
-Ce soir, mage, votre sang coulera! Soldats!

Et voilà exactement ce que Serenos attend de chaque confrontation avec un ennemi; le moment où il cesse enfin de placoter et qu'il passe enfin à l'action. La provocation a eu l'effet escompté, et les soldats se jetèrent dans sa direction. Des amateurs. Peut-être une brève carrière militaire, mais aucun n'avait l'entrainement dont il avait bénéficié.

Un des brigands agrippe le manche de son arme à deux mains et tenta de le frapper de sa lame. Un pas et il fut hors de la trajectoire de la masse. Ses pieds bougèrent rapidement et il réduisit la distance entre lui et son premier adversaire, dégainant son épée à une vitesse fulgurante pour trancher le bras de l'homme, lui arrachant un horrible cri de douleur, mais toujours moins strident que celui qu'il émit quand le Roi posa une main brulante sur son moignon sanglant pour cautériser la plaie. Le tuer serait simple, mais le laisser vivre avec sur sa chair le souvenir douloureux des conséquences de ses choix était une punition suffisante. Il le repoussa d'un coup de pied, puis fonça vers l'autre brigand. Un, deux, trois, il réduisit la distance, frappa son épée qui lui glissa des mains et lui porta un coup aux cuisses. Il sentit la chair et les muscles s'ouvrir sous son coup de lame, mais il ne s'arrêta pas pour autant. Il asséna un puissant coup de pommeau au visage du brigand, puis l'enjamba pour se ruer sur Samson.

Samson n'était pas comme ses collègues. Il était un ancien templier. Ses capacités martiales avaient été façonnées pour lutter contre des menaces plus importantes qu'un humain normal, mais il restait tout de même apte à lutter contre un autre avec une lame. Serenos ne perdit aucun temps pour passer à l'attaque, et pas sans renfort. Auparavant, l'exil avait suffit; cette fois, cet homme allait goûter à sa colère. Il jeta sa lame au sol et invoqua son énergie pour la transmettre dans tous ses membres.

-J'ai passé ma vie à prévenir les souverains et la Divine Holy contre les gens de ton espèce, grogna le Roi de Meisa. "Non, Serenos." qu'ils disaient. "Les templiers sont tous vertueux." qu'ils disaient. Et maintenant, misérable chiure d'âne décrépit, quelle vertu invoqueras-tu pour me convaincre de t'épargner?

Il n'eut évidemment pas le temps de répondre avant que le poing du Roi ne s'envole, renforcé par la puissance magique qu'il avait invoquée, et qu'il enfonçait son poing dans son torse et l'expédiait contre le mur. L'impact fit s'effondrer la paroi de mortier et de brique. De l'autre côté, de jeunes femmes aux bains le fixaient, nues.

-Mesdames, je m'excuse du dé...

Il remarqua bien vite leurs bracelets. Des esclaves. Elles étaient attachées au mur, nues, et leurs abdomens avaient été ouverts, leurs tripes tombant sur leurs jambes.

-Oh... Et merde...

***

ALEXANDER TREVELYAN

***
-Vous êtes sûr de votre source, Varric?
-Combien de fois vais-je devoir vous le répéter, Inquisiteur? Il est infaillible!
-Vous m'avez dit la même chose au sujet de votre autre source dans le Navarre!
-Là, vous visez bas, Cuivré. Comment j'étais sensé savoir qu'il était mort depuis des mois et que son meurtrier nous envoyait de fausses informations avec son seau?
-Vous n'êtes pas un auteur? Vous... Oh, et puis, laissez tomber, Varric.

L'Inquisition ne s'occupait pas souvent des cas de meurtre dans les cités où ils n'avaient que très peu de support, mais quelque chose avait piqué la curiosité d'Alexander dans cette histoire de sacrifices rituels, car quand ce genre de pratique était exécuté, les histoires sur la magie du sang ne tarderaient pas à émerger, et la magie du sang était une préoccupation de l'Inquisition, et plus spécifiquement des magiciens comme lui, car les résultats de ces pratiques étaient souvent catastrophiques. Pour leur enquête, Alexander avait demandé à Varric, son fidèle ami Nain, Dorian, le charmant Tévintide et Iron Bull, le puissant Qunari, de l'accompagner à Nexus. Varric était le meilleur camarade à avoir lorsqu'on s'aventurait dans des territoires urbains inconnus; sa facilité à se faire des amis était tout simplement incroyable. En contrepartie, Dorian était un Tévintide, et sa culture encourageait l'étude des magies interdites, ce qui faisait de lui l'expert en matière de magie du sang. Iron Bull était... eh bien, Iron Bull. Un géant qui gardait les ennemis loin, et les amis en sécurités.

Récemment, Varric avait entendu d'une source que le Roi de Meisa, un homme réputé pour son usage de la magie, était récemment arrivé à Nexus. Beaucoup de suspicions pesaient sur lui par rapport à sa pratique parfois non éthique de ses pouvoirs. S'il n'était pas à l'origine de ces massacres, il y avait peut-être un lien entre eux, et il était du devoir de l'Inquisition de s'assurer que personne ne serait blesser dans l'incident possible.

Le Roi se trouvait apparemment dans les quartiers de la hauteville, mais jusqu'à maintenant, leur recherche semblait ne porter aucun fruit.

-Peut-être devrions-nous demander de l'aide à la Reine? proposa Dorian.
-L'idée parfaite pour se retrouver encore une fois dans une intrigue politique à la noix.
-Allons, je ne faisais que proposer.
-Et moi, râler.

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Archives / Star Wars The Old Republic: LGJ
« le: dimanche 23 juillet 2017, 07:13:23 »
LA BANDE ANNONCE!
[Prière de ne pas modifier]

Spoiler (cliquer pour montrer/cacher)

Bonjour et bonsoir, mes valeureux amis et compagnons!

Je vous invite ici ce soir à vous lancer dans une aventure avec moi. Une aventure qui nous portera à travers les étoiles, par-delà la Galaxie et... probablement pousseront certains d'entre nous dans les bras d'élégantes Twi'lek.

Le but de cette invitation est simple; rassembler le plus grand nombre de joueurs sur le jeu de Bioware, nommé SWTOR, et nous lancer ensemble à l'assaut de l'empire!

Donc, à la base, nous serons du côté de la République.
Le groupe (Les Gardiens du Jugement) sera composé de toutes les classes, donc, vous êtes libre de choisir qui vous serez au sein de la communauté.

Chacun aura ses propres motivations pour vouloir quitter leurs anciens collègues pour en former de nouveau. Certains seront des Jedis déchus, mais toujours fidèles à la République, d'autres continuent de suivre les enseignements de l'Ordre mais se séparent de leur chaîne de commandement. Certains sont des militaires de l'UTIS, d'autres se sont rajoutés plus tard pour des raisons différentes. Et finalement, certains sont des contrebandiers indépendants, d'autres des membres des Faucons Écarlates. L'important dans chaque présentation est que le personnage ait des raisons claires de se joindre au groupe.

Le serveur désigné est The Mantle of the Force

Pour la présentation de votre personnage:

Son nom
Son prénom
Son âge
Son sexe
Sa classe et spécialisation

Et une histoire, brève ou non.

Pour le physique et le mental... le support visuel est là, et la personnalité se révèle en jeu 'w'

19
Territoire de Tekhos / Les Couveuses [C.E.A.R.E.S.]
« le: lundi 03 avril 2017, 16:49:13 »
Les Formiens étaient une race alien. Déjà une rareté considérant l'énormité de l'espace, la toute première forme de vie extraterrestre que Terra a croisé, le tout premier contact avec un autre monde, s'est soldé par une guerre qui dure maintenant depuis plusieurs décennies. Heureusement pour Terra, la société de haute technologie, appelée Tekhos, possédait d'or et déjà une technologie suffisante pour lutter contre la menace et avait pris sur elle la responsabilité de lutter et de protéger la planète des invasions formiennes sans que ces combats n'affectent les sociétés moins évoluées. Depuis, les domaines militaires et scientifiques ont formé plusieurs unités spéciales de combat et de recherches, ce qui a mené à un grand bond en avant dans le domaine des sciences et des armes, car les formiens possédaient une technologie encore plus poussées que celle que possédaient les Tekhannes.

Maintenant, comment Serenos, Roi de trois royaumes et n'ayant aucun lien avec Tekhos, s'est retrouvé dans un centre de culture et de reproduction formien? Pour une mission de sauvetage et de sabotage, bien sûr.

Malgré les efforts des Tekhannes, il n'était pas rare que certaines unités formiennes parviennent à quitter la Colonie, leur plus grand complexe colonial, pour s'attaquer aux sociétés moins équipées à la lutte. Plusieurs cas d'enlèvement en Meisa et en Narthi avait déjà attiré l'attention du Roi, mais ce n'est que lorsqu'un vaisseau est parvenu à entrer et à quitter son domaine qu'il comprit que ces enlèvements n'avaient rien d'un acte criminel habituel. Et le souverain de Meisa ne pouvait pas laisser ce genre d'incidents se reproduire. Pour la peine, avec l'aide de ses Conseillers, il avait réussi à trouver ce centre de culture, au nord d'Ayshanra, à peine à quelques kilomètres au large. Une base maritime.

Avec la technologie formienne, il aurait été impossible pour une armée de Meisa, de Nexus ou d'Ashnard de même entrer dans le complexe, mais pour un sorcier, la technologie ne rimait à rien sans des défenses appropriées. Les formiens avaient amassé une science formidable et redoutable, mais Terra possédait des ressources surnaturelles que la planète d'origine formienne ne possédait pas. Ainsi, c'est avec aisance que le Roi s'infiltra dans le complexe. Cependant, ignorant de la technologie formienne comme il l'était, le Roi avait accidentellement activé une alarme silencieuse qui avait mis toute la base sur ses gardes, et magie ou non, lorsque les formiens sortaient de leur stase, ils étaient beaucoup trop nombreux pour un homme seul.

C'est donc drogué et restreint que Serenos fut capturé par les extraterrestres, non sans avoir auparavant enflammé magiquement plusieurs spécimens formiens dans sa lutte, et enfermé dans ce qu'il pouvait résumer être une geôle. Contrairement à ce qu'il avait l'habitude de voir comme prison, celle-ci était… enfin, loin d'être complètement désagréable. On aurait dit un jardin à ciel ouvert, hormis que le ciel était un plafond lumineux et qu'il ne pouvait pas sortir du jardin à sa guise. Aux alentours, il y avait… plusieurs femmes. Toutes lourdement enceintes. Les mœurs reproductives des formiens n'étaient plus d'actualité depuis longtemps, mais il y avait quelque chose de… différents chez ces dames. Elles semblaient déconnectées, et pourtant satisfaisaient leurs besoins avec le plus grand soin.

-Ca doit être ça, une couveuse… se dit le Roi en examinant une femme.

Une Tekhane. Il le voyait à ses implants tekhans à la base de son crâne et sous sa chair. Une militaire? Oui, peut-être, mais pourquoi elle aurait été capturée et non tuée?… Une scientifique? Non plus. Mais pas une civile. De plus, il y avait quelque chose de bizarre avec elle... Hormis le fait qu'elle n'était pas enceinte, elle semblait… impatiente, comme si elle attendait son tour.

-Mais qui êtes-vous?

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Les contrées du Chaos / Dark Songs and Dragons [PV: Theorem & Ishtar]
« le: vendredi 29 avril 2016, 02:50:27 »
.

21
Les contrées du Chaos / Un esprit des bois? [PV : Ziggy]
« le: mercredi 27 avril 2016, 04:50:35 »
-J’vous l’jure, votre S’gneurie! Fit le commerçant sur un ton indigné. Un nesprit d’la forêt! L’a attaqué m’charrette quand que j’traversais l’sentier! Et pis, l’m’a fait peur, alors, j’laissé ma charrette dans l’bois et j’suis parti trouvé vôt’ garde, là, qui m’dit qu’ça existe pô, les zesprits d’la forêt! Mais l’existe, vrai comme j’vous vois!

Le marchand n’était clairement pas natif de Meisa; à son accent, il venait des milieux marchands d’Aranie, donc il fallut une grande concentration de la part du Roi pour comprendre son charabia qu’il essayait de faire passer pour du Lyriksa Ryel, la langue officielle du Royaume. De passage dans la grande cité commerciale de Vrahilel en préparatif des festivités d’été, il avait été interpellé par son altercation avec la Garde Civile par rapport à l’apparition d’un esprit étranger sur son domaine. Des rapports lui étaient déjà venus relatant l’apparition d’un esprit sur le sentier forestier qui coupait la Route Commerciale et qui s’attaquait aux voyageurs solitaires, mais cela semblait davantage tenir d’une excuse montée de toute pièce pour justifier les délais, mais pour qu’un commerçant abandonne toute sa marchandise derrière lui, soit l’esprit était vrai, soit quelqu’un se servait de cette histoire pour brigander les biens d’autrui et effrayer les passants.

Les bras croisés sur sa poitrine, le Roi écouta aussi patiemment qu’il lui était possible la description de l’esprit des bois. Un être de petite taille avec une silhouette humaine (ce simple détail lui arracha un haussement de sourcil incrédule) qui apparaissait de nulle part, comme sortit des fourrés ou bosquets aux abords de la route et qui essayait d’attirer ses proies dans les bois avec une voix de jeune fille, parlant d’un dialecte inconnu. Selon le marchand, l’esprit se parait des atours d’une jeune femme pour piéger ses victimes et les condamner à l’errance perpétuelle dans les bois. S’il avait été superstitieux, Serenos aurait également participé dans cette panique, prudent comme il était, mais pour avoir rencontré de vrais esprits, il savait que la plupart se désintéressait complètement des affaires des humains, voire certains ignoraient même qu’ils étaient existants. Le marchant avait peut-être rencontré une dryade et avait craint pour sa vie, mais une telle créature ne se serait jamais approchée des routes fréquentées, ne serait-ce que par timidité, ou simplement par peur de tomber sur des braconniers.

Quoi qu’il en soit, ces histoires avaient commencé à faire suffisamment de bruits pour que les voyageurs se refusent à traverser la forêt, et la garde n’était pas formée pour intervenir lorsque confrontée à des créatures surnaturelles. Il pourrait faire déplacer quelques magiciens, mais il craignait une approche un brin trop agressive contre un être potentiellement inoffensif dont les intentions auraient été incomprises, ce qui pourrait causer un inconfort avec les habitants des forêts, comme les fées ou les feux follets.

Lorsque le marchand finit de lui raconter son histoire et de lui décrire ce qui l’intéressait, le Roi le laissa circuler et informa un garde de le suivre avec une missive adressée au poste civil, pour que le pauvre homme puisse se faire dédommager pour ses pertes et puisse rembourser ses clients insatisfaits. Lorsqu’il fut finalement hors de vue, il fit signe à son escorte de prendre congé. D’abord réticents, ils n’obtempérèrent que lorsqu’il leur fit clairement comprendre que ces consignes n’étaient pas un requête, mais bien un ordre, se dispersant aux quatre vents pour retrouver soit la taverne la plus proche pour boire leur solde, ou alors pour retrouver leurs familles. Une fois seul, il prit la direction de l’écurie, d’un pas presque enthousiaste, sa curiosité ayant été piquée provoquant chez lui une exaltation trop rarement éprouvée. Peut-être allait-il rencontrer une toute nouvelle espèce? Qui sait ce que la nature a bien pu créer pour agrémenter la Création, après tout.

Une fois à l’écurie, il convoqua le palefrenier. Énervé d’être dérangé dans son heure de dîner, le jeune garçon fut tout simplement pétrifié de surprise lorsque, à peine fut-il sorti d’un boxe vide de l’écurie, ses yeux virent l’homme qui avait sa tête gravée sur tous les talents d’or des Trois Royaumes. Le Roi exigea qu’on lui présente une monture rapide et fiable pour le chemin jusqu’à la forêt, et qu’on lui fournisse une selle de voyage, et le jeune homme détala comme s’il venait de lâcher des chiens à ses trousses pour satisfaire son très important client, ne revenant pas avant une bonne dizaine de minute avec une de ses bêtes, un pur-sang Galarien, un étalon de trois ans à sa taille. En guise de paiement, le roi lui donna trois pièces d’argent en lui conseillant de garder la troisième pour lui-même et d’en faire un secret de son supérieur s’il désirait conserver la monnaie, puis il enfourcha l’animal. D’un bref coup de talon dans les flancs, il fit décoller sa monture du sol et partit au galop, passant très près de heurter un citoyen qui circulait par là.

La pleine qui séparait Vrahilel de la forêt fut parcourue très rapidement, d’une part parce que l’étalon était une monture en pleine forme, et d’une autre parce que Serenos était un excellent cavalier. En moins de trente minutes, il avait couvert toute la distance et put mettre le pied à terre à la lisière de la forêt, sur la Route Commerciale déserte. Une fois à terre, il posa une main sur la tête de sa monture et imprima dans son esprit le besoin de rentrer à l’écurie. Alors que la bête faisait demi-tour, il s’enfonca seul dans la forêt.

Il lui fallut bien une heure pour trouver la caravane. Cet idiot de marchant l’avait simplement abandonnée au beau milieu des bois, plutôt que de se servir de sa tête et faire traverser ses bêtes plus rapidement. D’ailleurs, parlant de bêtes… où étaient-elles? Il s’approcha du harnais et l’examina. Pas de trace de griffures ou de morsure sur les courroies de cuir, pas de traces de sang sur le sol, les bêtes de trait étaient simplement… parties. Et le harnais qui devait les retenir a été détaché. S’il y avait un esprit de la forêt, le voilà bien bienveillant, tout à coup. Serenos fit lentement le tour de la caravane et examina la marchandise. Tout semblait être là, mais après tout, il n’avait pas un inventaire; s’il manquait de la nourriture dans une caravane de vivres, il doutait pouvoir s’en rendre compte.

-Quoi que ce soit, ce n’est ni un brigand, ni un esprit… les esprits ne détachent pas les brides, et les brigands ne partent jamais sans tout emporter…

Il posa les mains sur le sol et ferma les yeux. Il n’était pas très habile à écouter la terre, et la géomancie était de loin sa matière la moins maîtrisée, mais même avec ses maigres talents, trouver une anomalie n’était pas très compliqué. Entre les bêtes sauvages et les arbres, il ne restait plus qu’à trouver ce qui n’avait pas sa place dans la forêt… et une créature qui marchait sur deux pattes en était un exemple. À une centaine de mètres au nord-est, il y avait une personne qui marchait. Ce n’était pas un chasseur, son pas n’était pas assez prudent, mais ce n’était pas un enfant non plus, bien que son pied soit léger. Le Roi se releva prestement et se mit en route, toujours les yeux fermés, utilisant ses sens pour suivre le son des pas qui lui venaient de la terre et pour éviter les obstacles. Il lui fallut une petite heure pour arriver assez près de la créature bipède pour qu’il ouvre les yeux. À quelques mètres de lui se trouvait une… jeune femme? À ses habits, déchirés, non seulement elle n’était pas du coin, mais en plus, elle n’était pas sortie de cette forêt depuis un bon moment.

-Mademoiselle? Que faites-vous seule dans ces bois? Vous êtes perdue? La questionna-t-il en langue commune du Continent, les mains légèrement levées pour signaler qu’il ne lui voulait pas de mal.

22
Les contrées du Chaos / Sorciers [PV: Kärnel]
« le: vendredi 16 octobre 2015, 07:46:00 »
Trentième échec sur trente. Serenos n’en revenait simplement pas.

- Non, Kärnel! La réprimanda le Roi en levant la main pour briser l’enchantement que son apprentie venait de lancer. Pour la centième fois, je ne veux pas que tu penses, prononces ou écrive un sort! Ce n’est pas un sort que je t’enseigne! Je veux que tu manifestes la magie, pas que tu l’influences!

Le concept était normalement enseigné au début de l’apprentissage, mais Kärnel était déjà une magicienne accomplie, avec ses propres notions de la magie. Malheureusement, Serenos enseignait la sorcellerie, qui était un art beaucoup moins axé sur les sortilèges articulés. Il s’agissait d’interagir instinctivement avec la magie, se l’attribuer et la manipuler par ses intentions, non pas par un code rigide. L’art de l’improvisation était la clé d’un bon sorcier, mais Kärnel ne semblait pas comprendre ce qu’il tentait de lui enseigner, et cela le rendait de plus en plus impatient et exaspéré. Il décroisa les bras et s’approcha de la jeune apprentie et lui caressa délicatement les cheveux avant de poser un délicat baiser sur son front.

- Arrêtons-nous là. Tu as besoin de repos. Pardonne mon découragement, je sais que je t’enseigne quelque chose de complètement différent de ce qu’on t’a appris.

Bâtir un instinct était, au bas mot, impossible. Il était aisé d’inculquer des réflexes, une manière de penser et de réagir à certaines situations. C’était une chose qu’elle devait apprendre par elle-même. Il prit délicatement les mains de la jeune femme et les plaça une devant l’autre. Sans y penser, sans même réciter ou mimer la moindre incantation, il fit passer entre les mains de son apprenti un courant magique qui se forma ensuite entre ses mains; une sphère lumineuse, sans chaleur, odeur ou consistance, apparut entre elles. Ce n’était pas un sort, c’était une manifestation de la magie. Une des nombreuses formes. Ce n’était pas un sortilège, comme il le lui avait dit, c’était quelque chose de plus basique, de plus primaire, comme lorsqu’on se trouvait dans un lieu sacré. C’était comme… consacrer un espace à la magie, et l’invoquer dans son état le plus basique. Ce n’était pas chose aisée, car c’était différent de la manipuler que simplement la manifester.

-Une fois que tu auras compris comment manifester la magie, tu seras capable de te l’attribuer et d’en changer la nature. C’est la première étape pour gagner le titre de sorcière, d’accord?

Il n’allait pas la faire travailler jusqu’à la journée suivante pour lui enseigner les bases. Elle avait déjà une maîtrise suffisante de la magie. Il avait juste souhaité qu’il ne soit plus l’un des rares sorciers de ce monde, qu’il puisse enfin éduquer un réel successeur à son savoir. Certes, l’Académie d’Anderran enseignait la magie à toutes les formes de magiciens qui avaient une soif d’apprendre et un code moral assez solide pour créer des spécialistes, mais seul un sorcier pouvait en former un autre, et il savait que Kärnel avait le talent. Parmi les nombreux signes qui accompagnaient un sorcier potentiel, le mutisme dont elle souffrait, qu’il soit psychologique ou physique, la menait déjà sur la bonne voie; quoi de mieux pour une sorcière qui n’a pas la voix de manipuler une forme de magie qui ne nécessitait pas de mots?

Le Roi s’approcha un instant du visage de Kärnel, risquant même de tenter un baiser, avant que la réalité de la vie du Roi s’abatte sur eux sous la forme d’un membre du Conseil des Relations International qui entra dans les quartiers de Kärnel, annonçant le début des négociations entre les Royaumes de Meisa et d’Anderran et celui d’Ilyade, tendant une pile de papiers que Serenos s’empressa de prendre dans ses mains. Remarquable invention qu’était le papier. Beaucoup plus robuste que le papyrus, plus légères que les tablettes de granit. Il soupira et regarda sa jeune apprentie avant de lui adresser un sourire désolé et de s’éloigner en direction de la sortie. Une fois hors de vue et à quelques couloirs plus loin, il s’autorisa un instant pour s’infliger une claque massive en plein visage, s’enfouissant la tête dans la main et passant ses doigts dans ses cheveux noirs.

« Par tous les dieux et leurs simagrées, Serenos Sombrechant, elle a la moitié de ton âge… »

Il continua son chemin en se traitant de tous les noms pour enlever le visage doux, innocent mais mature de la jeune Kärnel. S’il avait au moins dix ans de moins, peut-être que… Non, non, il devait arrêter immédiatement de penser à ce genre de choses. Non seulement existait-il une différence d’âge entre eux, mais il était son professeur, son maître, et de ce titre, il avait le devoir de ne pas la convoiter, car cela pourrait corrompre l’enseignement qu’il tentait de lui inculquer. Heureusement pour lui, il ne la reverrait pas avant leur Communion, une séance de méditation visant à apprendre à maitriser les flux internes de la magie.

Il se retira dans les jardins du Palais des Anciens et s’y chercha un coin tranquille où il ne serait pas dérangé accidentellement. Tirant d’une poche de son manteau une très longue pipe en métal ouvragé, il y enfourna un peu d’herbe onirienne et l’alluma à l’aide d’une flamme sortie du bout de son doigt à l’aide de la même manifestation de magie qu’il tentait d’enseigner à Kärnel, tirant sur le bec pour inhaler un peu de l’herbe, qui eut pour effet de relaxer son corps et augmenter drastiquement sa concentration. Il déposa la pile de papier sur le sol et s’allongea dans l’herbe, la pipe dans une main, la première feuille dans l’autre, et commença son étude de ce dossier qui promettait de lui prendre une bonne heure… ou deux.

Il se demandait parfois que ce que faisait Kärnel de ses temps libres. Il espérait qu’elle avait pris le temps de se faire des amis depuis qu’elle était arrivée en Meisa, mais il n’osait pas s’immiscer dans ses affaires privées de peur de lui sembler envahissant. Elle était comme lui, une femme solitaire, mais avec des gens de son âge, partageant son talent et son intérêt pour la magie, peut-être que quelque chose pouvait changer pour elle. Enfin, il l’espérait…

23
- Majesté, ils sont là!
- Tous à couverts! Archers!
- FEU À VOLONTÉ!

Serenos leva les yeux juste à temps pour voir déferler la Cavalerie des Wyrms Ashnardiennes. Le Roi agrippa la garde d’Ehredna de la main droite et leva le bras gauche.

-Mages! Préparez-vous! Chevaliers, en position! Attendez mon signal!

Les archers faisaient un excellent travail pour s’opposer à la cavalerie aérienne, mais les capitaines d’escadrons et les lieutenants avaient un avantage par rapport à leurs subordonnés; l’armure de leurs wyvernes comprenait une protection complète ainsi que des toiles protectrices. Même la plus affutée des flèches ne pouvait espérer franchir cette protection, mais Serenos avait prévu une parade à cela. Un bombardement humain.

- À L’ATTAQUE! MAINTENANT!

Et à peine eut-il beuglé son ordre que les mages s’emparaient par magie des corps de leurs camarades Chevaliers et les propulsait dans les airs, comme des marionnettistes soulevant leurs marionnettes au bout de leurs fils. Aux cris de guerre se joignit des rires et des cris de plaisir, alors que les chevaliers s’engageaient à un combat aérien avec leurs opposants, ne nécessitant nulle monture pour se maintenir dans les airs. Serenos se joignit à la ligne de front, ne relayant que sur ses propres pouvoirs pour maintenir son corps en altitude, et engagea un capitaine au corps à corps. Leurs armes se rencontrèrent une première fois lorsqu’il porta son premier coup, et ce test confirma la puissance du Roi par rapport à l’autre homme, car le bras de celui-ci fléchit sous la force de l’impact. Le Roi de Meisa enchaîna avec un coup de botte dans le buste, propulsant magiquement son corps à la rencontre du capitaine, pour le désarçonner. Malgré les courroies supposées maintenir ses jambes en celle, le coup suffit à faire basculer son opposant dans le vide; la sangle ventrale qui maintenait la selle en place venait de lâcher. Serenos posa alors le pied sur le dos du draconide, qui resta en vol stationnaire, perturbé par l’absence de l’esprit étranger qui avait depuis tant de temps maîtrisés ses faits et gestes. Serenos le débarrassa de deux coups de lame de ses rennes et de ses armures, avant de lui ordonner mentalement de partir. Le Roi de Meisa sauta à nouveau dans le vide, et regarda le combat se déroulant sur mer.

Les coups de canons lui suffisaient à comprendre que le combat arrivait à termes. Son vaisseau-amiral, le Corbeau Noir, se déplaçait rapidement sur les vagues, et ses hommes mitraillaient le Marteau d’Arthorius de leurs projectiles. Fascinante invention qu’étaient les canons, et Serenos se félicitait d’avoir obtenu les schémas de ces armes au Conseil Militaire d’Anderran. Si la flotte Anderranienne était incroyablement inférieure à celle de Meisa, qui était quand même une île et qui nécessitait donc d’une armada pour la guerre, ces puissantes armes avaient suffi à maintenir le Royaume à distance.

Il eut tout juste le temps d’élever un bouclier magique en forme de sphère pour protéger son corps d’une flamme magique qu’il comprit que les renforts ashnardiens venaient d’arriver. Il était donc inutile de poursuivre cette escarmouche. Usant de la magie comme d’un parachute, il se fit planer jusqu’à atteindre le pont du Corbeau Noir et fit signe à ses capitaines de se replier. Les trois navires de Meisa exécutèrent leurs manœuvres de replis, laissant derrière eux des barils explosifs pour couvrir leur retraite alors qu’ils se retiraient du champ de bataille, suivit par leurs chevaliers volants, qui couvraient leur retraite des derniers cavaliers-wyvernes de leurs armes.

Bien vite, les sons des canons se turent; les Ashnardiens abandonnaient leur poursuite à l’approche des eaux territoriales Pemendoriennes, où Ashnard n’était visiblement pas prêt d’envoyer ses soldats de sitôt. Les mages rappelèrent leurs compagnons chevaliers au navire, et s’ensuivit rapidement des cris de joie et des rugissements de victoire de l’escarmouche Meisaenne. Serenos lâcha un soupir de soulagement en constatant qu’il n’y avait eu que très peu de pertes parmi ses soldats. Sachant cependant qu’il ne pouvait garder ses troupes sur le territoire d’un autre royaume impunément, il fit parvenir aux trois capitaines de ses navires l’ordre de repli vers Meisa, tout en conservant le Corbeau Noir sous son commandement direct.

-Il est temps d’aller visiter la Reine Cécile vi Numendor, décida-t-il en hochant de la tête.

Une autre décision prise sur un coup de tête, mais qui devait être faite tôt ou tard. Le capitaine Maurice de Longforêt semblait un peu douteux de cet ordre, mais en bon soldat, il ne posa pas de question et donna ses ordres à ses matelots, qui s’affairèrent à ajuster les cordages et les voiles pour leur nouvelle destination. Serenos descendit du poste de commandement, et ouvrit la porte menant aux quartiers du capitaine. Lorsque le Roi naviguait, il était coutume de lui céder ces quartiers pour des raisons de confort, et c’était l’un de ses rares caprices; il préférait de loin dormir dans un vrai lit plutôt que de séjourner dans les quartiers des matelots.

***Trois jours plus tard***

-Vous ne le trouvez pas tendu, le Roi, les gars?
-Fichtre, il n’a de cesse de regarder le port depuis qu’il y a envoyé le capitaine.
-Hé! Si vous avez le temps de ragoter, vous pourriez frotter le pont, bande de pipettes!

Les matelots baissèrent à nouveau la tête sur leur travail et frottèrent plus vivement le sol alors que le quartier-maître passait derrière eux avec une mine sombre. Le capitaine était parti au petit matin demander l’autorisation d’amarrer le navire au port Pemendorien, et depuis, aucune nouvelle. La quatrième heure de Midi était déjà passée, et le capitaine n’était toujours pas revenu. À la cinquième, le Roi se leva de son banc.

-Au Port. S’ils veulent faire attendre le Roi de Meisa et d’Anterran, ils apprendront que ma patience a des limites.

Et les hommes acquiescèrent, plus soucieux pour leur capitaine que pour la patience du Roi, mais d’accord avec lui sur la méthode à suivre. Le Corbeau Noir reprit son allure et s’approcha du port, sur lequel commençait à se masser une troupe de soldats. Un comité d’accueil ou une farce, je ne saurais dire marmonna le Roi. Il ne sous-estimait aucunement les services d’informations d’Alancor; sitôt le Corbeau Noir, avec le drapeau du Sombrechant flottant fièrement au vent attaché à son mât, en vue du port, ils savaient qui était à leurs portes, donc, il savait qu’ils ne l’accueilleraient pas chaleureusement. Mais l’hostilité était une mesure de sécurité qu’il avait appris à apprécier chez les inconnus; cela voulait dire qu’il avait autant le droit de se méfier d’eux qu’eux de lui.

Le navire accosta sans problème, malgré les appréhensions de l’équipage; des flèches enflammées ou quelque chose, voilà à quoi ils s’attendaient, apparemment à tort. Les marins se jetèrent  du navire pour poser le pied au port dans une admirable démonstration d’agilité et d’acrobatie. Les marins Meisaens semblèrent tout de même vexer certains habitants du port, car tout muscle dehors, vêtus d’un pantalon bouffant et de bottes, ils ne semblaient avoir aucune gêne à exhiber leur physique puissante. Deux marins firent alors tomber un grand escalier, et de cet escalier descendit le Roi de Meisa, ses cheveux longs et noirs volant aux quatre vents, lui qui n’avait pas pris la peine de couper ses cheveux depuis qu’il était parti en mer. Il posa le pied sur terre et lâcha un soupir de satisfaction de ne plus sentir le sol tanguer sous ses pieds au gré des vagues. Enfin le plancher des vaches.

Le Roi n’eut pas vraiment le temps d’apprécier le sol qu’un homme s’approchait, entouré de gardes, en vociférant des jurons, frappant le sol si fort de ses pas raisonnaient jusqu’au navire. Le Roi n’aimait franchement pas la tournure que les choses semblaient prendre, mais fit tout de même signe à ses hommes de baisser leurs armes. Il était inutile de commencer inutilement des hostilités. Plusieurs épées furent rangées dans leurs fourreaux avec grande méfiance, mais tous obéirent sans s’objecter. L’homme s’arrêta devant le Roi.

-Comment osez-vous poser le pied sur mon port sans autorisation?
-Nous avons demandé l’autorisation avant de le faire. M’est avis que mon capitaine vous a…
-Vous n’avez aucun droit ici, étranger! Il s’agit des terres de la Reine Cécile d’Alencor, vous n’êtes pas…
-Monseigneur, je vous conseille de vous calmer, fit le Roi d’un ton plus calme, tout en restant très menaçant. Causer un incident diplomatique n’est certes pas votre intention, ni la mienne. Par contre, si vous ne changez pas votre ton en ma présence, je doute que votre Reine n’appuie votre conduite. Qui plus est, ma visite est tout ce qu’il y a de plus pacifique. Votre port, comme vous vous plaisez à l’appeler, est l’accès principal à vos terres, et j’ai fait parvenir ma requête dans les règles. Maintenant, où est mon capitaine?
-Votre… Capitaine?
-Oui, mon capitaine. Un homme de grande taille, la peau sombre, une tête à faire peur…
-Nous avons effectivement arrêté un espion qui…

Serenos semblait sur le point de frapper son interlocuteur. Mais il s’en abstint.

-Je vous demanderais courtoisement de me rendre mon subordonné et de nous libérer le passage. J’ai matière à discuter avec votre Reine, et je ne crois pas qu’il serait sage pour vous de me contenir ici. Je ne suis pas le Roi, ici, j’en ai assurément le savoir, mais je ne crois pas que votre rang vous autorise à décider si, oui ou non, je puis me rendre à Alencor pour présenter mes respects à Sa Majesté.

Qui qu’il soit, l’homme semblait être d’accord pour ne pas prolonger la discussion et fit signe à un homme, qui s’empressa de tourner les talons et se mettre à courir. Au bout d’une demi-heure, il revint avec le capitaine. Le commandant naval salua son Roi avant de prendre son congé, remontant à bord du Corbeau Noir avec une étincelle de fureur dans l’œil que le Roi ne manqua pas de détecter. Assurément, il était outré. Serenos s’assurerait de réclamer réparation auprès de la Reine en temps et lieu. Il suivit ensuite l’officier dans son bureau et y remplit les papiers d’autorisation. Décidément, il ne pouvait visiter quelque endroit que ce soit sans causer des vagues. Mais bon, quand on était un étranger, roi ou pas, les gens se méfiaient. Mais de là à arrêter un marin sans lui poser la moindre question… quelque chose se passait dans ce royaume. Et cela piquait la curiosité de Serenos comme une tique.

Une fois les papiers remplis et frappés du sceau de l’officier de port, le Roi quitta le bureau avec sa copie et la fit parvenir à son capitaine, tout en conservant son papier de droit de passage. Il glissa à l’autorisation un ordre spécial pour le capitaine « Rentrez en Meisa. Si je n’envoie pas de nouvelle d’ici une semaine, vous avez consigne d’informer le Conseil de Guerre. » On était jamais trop prudent, et il se méfiait de cet officier.

Il quitta donc le port, entouré de sa garde rapprochée, incluant Alessa, la Matriarche des Gardiennes Meisaennes. Il ne faisait pas confiance à beaucoup de gens, mais lorsqu’il s’agissait de cette femme, et seulement elle, il ne craignait pas d’être trahi. Alessa mourrait pour lui, s’il le fallait, parce qu’elle ne laisserait personne d’autre qu’elle-même lui passer une arme dans le corps, tout en attendant l’heure où il ne serait plus utile au Royaume pour passer à l’acte. Et elle ne changerait pas d’idée, parce qu’elle voulait voir Grymauch sur le trône avant de voir Serenos au bout d’une lance. Une chose qu’il lui avait garanti de ne jamais voir si elle tentait ou laissait faire quoi que ce soit.

-À pied? Demanda-t-elle en penchant la tête sur le côté.
-Un Roi ne voyage jamais à pied, rétorqua-t-il en levant les mains.

Comme suivant sa commande silencieuse, les six voyageurs furent soulevés par une force invisible, et aussi vif que l’air, traversèrent le ciel tel une envolée d’oiseaux.

-Savez-vous au moins où aller, votre Majesté?
-Si tu vois une grande route, la plus grande ville se trouve à son autre bout. Et puis, les ports ont une route principale qui dirige toujours les commerçants vers la capitale sans détour, pour éviter les pertes de chargement et les détournements de marchandise. Sauf à Ashnard, puisque les brigands ashnardiens paient une taxe à l’Empereur, soi-disant.

Et Serenos avait raison; en suivant la route commerciale, il était aisé de trouver la cité où résidait sa Majesté la Reine Cécile. Pour éviter une soudaine attaque d’archers, il usa à nouveau de la magie pour cacher leur présence ainsi que leurs corps aux yeux des hommes, pour se poser directement devant le palais… où les attendait beaucoup de magiciens, qui les avait senti venir à des kilomètres à la ronde. Encerclés de toute part, Serenos lâcha un soupir, au même moment qu’Alessa, tout en levant les mains en l'air, bien qu'ils ne doutaient, ni l'un ni l'autre, qu'ils auraient pu prendre la fuite avant même que ces mages n'aient prononcé leur premier mot de sortilège.

-Et maintenant, ô mon Sage et Omniscient Roi?
-Eh, bon, ça va, hein.
-Si on déclenche une guerre, ce sera de...
-J'ai dit "ça va". On saura, que c'est de ma faute, ronchonna le Roi en cherchant du regard lequel de ces magiciens semblait être le chef de clan.

24
Le coin du chalant / Stories of a Mad King
« le: lundi 05 octobre 2015, 01:31:42 »
RPs Actifs et résumés

Encore Foiré!
Featuring: Alecto Nemed



Qui a dit que tous les espions étaient compétents à leur ouvrage? Assurément pas Alecto!

Envoyée par sa maîtresse dans une terre qu'elle ne connaissait que peu et s'y faire passer pour une domestique dans le but d'obtenir quelque artéfact magique que le souverain des Trois Royaumes, Serenos Sombrechant, soi-disant possédait. Sous les directives de sa maitresse, elle entra le bureau du Roi et s'empara d'un parchemin. Malheureusement, la malchance voulut que, dans sa maladresse, elle cause les rayons à s'effondrer, se retrouvant coincée sous des piles et des piles de livres. Fort heureusement pour elle, le Roi de Meisa entra son bureau, le trouvant dans un fort piteux état, et se rendit compte de la présence de l'esclave, qu'il tira du fouillis qu'elle avait causé. Maintenant, la pauvre esclave est face-à-face envers l'homme qu'elle venait de cambrioler; comment allait-elle s'en tirer? Comment allait-elle ramener sa prise à sa maîtresse?


Les Royaux
Featuring: Akila et Sameeha



Quelques mois plus tôt, le royaume de Misendrill connut son plus grand désastre et sa plus grande honte quand, une nuit, le Roi du royaume, pour sauver sa propre vie, sacrifia ses richesses et ses propres filles. Cette décision, si elle permit à la royauté de rester en place, ne manqua pas d'outrager un grand nombre de nobles, de chevaliers et même de civils lorsque les rumeurs se mirent à circuler sur la disparition des princesses. Sachant que l'armée du royaume ne pouvait pas organiser une chasse à l'homme sans enfreindre les règles imposées par leurs affiliations, un chevalier se tourna plutôt vers un pays qui n'avait que faire de ces règles; les Trois Royaumes. Il rencontra le souverain de ces contrées, le Roi Serenos, dans un de ses avant-postes sur le continent. Alors que le conflit entre les Trois Royaumes et Nexus ne semblait avancer ni d'un côté ni de l'autre, le Roi accepta de porter secours aux princesses.

C'est dans une petite contrée actant comme un grand marché d'esclaves que Serenos dénicha les kidnappeurs et leur prise. Le Roi et ses hommes exécutèrent sommairement les esclavagistes et libérèrent les esclaves. Maintenant, ils devaient les ramener avec eux, sur plus de mille lieues. Est-ce que les princesses feront confiance à ce roi étranger pour les protéger? Est-ce que le Roi réussira à atteindre destination sans causer un autre conflit? Quelles embûches encore inconnues se terraient dans les ténèbres?


Une histoire du Passé
Featuring: Ghanor Lonefury



De longues années avant de devenir Roi, et l'homme qu'il est aujourd'hui, le Prince Serenos de Meisa, un jeune homme aux atours élégants et délicats, fut affecté par l'Empereur d'Aranie à des missions diplomatiques dans les Terres du Nord. Alors qu'il cherchait à se clarifier l'esprit, il tomba nez à nez avec un homme-loup, sorti de nulle part. Celui-ci avait des connaissances d'un temps que le jeune prince ne connaîtrait pas avant plusieurs années. Mais assurément, le contrebandier, Ghanor Lonefury, ne partagera pas son savoir sans un paiement qui conviendrait à ses goûts.

Les Trames

The Slavery Act's Aftermath

Serenos a déclaré l'Acte de l'Esclavage, une loi qui interdit de maltraiter ou de négliger ses esclaves, en vue de l'abolir complètement dans quelques années. Cependant, ce n'est pas tout le monde qui est content de cette nouvelle loi; beaucoup de propriétaires d'esclaves lui reprochent de se mêler de choses qui ne concernent pas l'État, puisque les esclaves sont depuis des temps immémoriaux considérés comme des propriétés, non des personnes. Comme de fait, Serenos fait l'acquisition d'un/une nouvel/le "esclave", qui peut autant être un simple ajout au service du Palais ou un assassin déguisé.

All Hail the Queen!

Monde dystopique où Serenos aurait perdu au cours de la révolution et que sa demi-soeur, Morgiana, aurait pris sa place sur le trône de Meisa et d'Anterran, saisissant au passage le contrôle du Lien et soumettant le peuple à sa volonté. Condamné au cachot où il a grandi, Serenos perd à moitié la raison et est complètement asservi à la nouvelle Reine par un nombre incalculable de sortilèges qui lui infligent de terribles supplices s'il se dresse contre la Reine, lui assurant de ce fait sa complète soumission. Cependant, il existe des cellules rebelles qui désirent délivrer leur Roi, principalement d'anciens militaires et de jeunes magiciens qui sont persécutés par la Reine, et certains tentent encore de le délivrer.

[Ce RP permet d'interpréter plusieurs personnages; la Reine Morgiana, le bourreau ou même un héros qui tente de délivrer le Roi]

Remembering the Dead, Celebrating the Living

La Fête des Morts est une occasion annuelle dans les Royaumes-Frères qui se déroule sur trois jours. Pendant la première journée, on salue les morts, et les deux jours suivants, il s'agit de fêtes et de bals dédiés à célébrer les vivants. Serenos participe exceptionnellement à la fête. Il y rencontre une vieille connaissance de la guerre, une femme, et ils célèbrent les festivités ensembles, se remémorant les bons et mauvais moments ensemble. Sont-ils toujours amis? La vieille connaissance a-t-elle des reproches envers Serenos? Serenos en a-t-il envers elle? Ont-ils tous deux des griefs avec lesquels ils ne peuvent obtenir leur paix?

The Scholar King

En tant que Roi, Serenos a le devoir de protéger son peuple, mais en tant qu'érudit, il se donne l'exceptionnelle responsabilité d'également protéger ses citoyens des menaces magiques, qui peuvent prendre toute sorte de forme. Bien que cela signifie principalement combattre les autres magiciens et les utilisateurs d'artéfacts magiques, cela peut aussi signifier interagir avec des créatures surnaturelles qui peuvent être potentiellement dangereuses, mais également les protéger s'ils sont en danger. Il se doit aussi d'investiguer les lieux où la magie est très présente pour évaluer si elles représentent un danger. Finalement, il est aussi le seul à pouvoir interagir avec la société et la technologie tekhane. Dans une de ses enquêtes, il fait la rencontre d'une personne, amie ou ennemie, qui se retrouve être poursuivi par quelque chose... de dangereux. Beaucoup de danger dans cette trame.

The Wanderer King

Parfois, et particulièrement en temps de paix, Serenos a pour habitude de quitter ses terres pour explorer le monde par-delà les mers. Ses destinations peuvent l'emmener sur des terres éloignées, ou même sur des lieux très reconnus, tels Nexus et Ashnard. Serenos se dépare alors de son identité de Roi, voyageant qu'avec l'épée qui ne le quitte tout simplement jamais, sa magie et son intellect. Cependant, être hors de chez lui est souvent l'occasion pour ses adversaires de tenter leur chance pour le mettre à mort. Même incognito, la vie d'un Roi n'est pas sans danger.


25
« La folie des grandeurs, commenta le Roi en regardant l’île du crâne.

L’île était dotée d’une incroyable géographie, avec ses montagnes volcaniques et ses jungles denses, tout ce qui était nécessaire pour la création d’un repaire de magicien; reculé, difficilement accessible et dangereux. Il n’aurait pas eu tant de magie dans l’air qu’il se serait peut-être interrogé sur cet endroit, mais rien d’autre ne faisait ainsi changer la couleur de ses iris pour le doré. Il ne pouvait pas se tromper. Quoi qu’il y ait sur cette île, c’était puissant, vivant et méfiant. Mais il ne sentait aucune aura hostile provenant de la terre ferme, donc, il pouvait assumer qu’il n’avait pas été repéré. Il posa une main à sa ceinture et en sortit une flûte de verre, qu’il déboucha du pouce avant d’en avaler d’une traite le contenu. Aussitôt, il sentit son pouvoir s’engourdir, assez pour passer pour un simple humain. Il grommela néanmoins au goût abject de la substance, mais comme le voulait le vieux dicton d’alchimiste, si c’est mauvais, c’est bon, et donc, pas question d’altérer la recette. Du moins pas avant d’être au Palais.
 
- Vous croyez qu’elle s’y trouve, votre Majesté? Demanda Noah, son écuyer.
- Si elle n’y est pas, il sera toujours temps de reprendre les recherches, répondit le Roi en laissant tomber le petit récipient à potions dans la mer. Rentre au port au plus vite. Si je ne trouve rien, je t’y rejoindrai. Si je trouve quelque chose… et que je ne reviens pas, tu préviens Meisa.

L’écuyer hocha de la tête. Serenos l’aimait bien, ce petit. Il remplaçait parfaitement Frederick, bien qu’il ne sache pas tenir son silence. Il ébouriffa affectueusement la tête du jeune homme avant de faire tomber son manteau et sa veste, se retrouvant en tunique à manches courtes. Il s’assura qu’Ehredna restait bien en place à sa ceinture, et par mesure de sécurité, il l’attacha à son fourreau avec une petite chaine d’argent. Il la glissa ensuite à sa ceinture, qu’il ajusta pour qu’il ne la fasse pas tomber par mégarde. Il prit un brin d’élan puis s’élança vers le rebord du petit bateau et sauta à l’eau d’un plongeon.

Le contact avec l’eau glacée lui arracha un grondement de surprise et de protestation. Il ne s’attendait pas à ce que la mer soit aussi froide! Mais étant loin de la terre ferme, il aurait dû s’y attendre. Mettant de côté l’inconfort de l’eau froide, il entama la dernière étape de son infiltration et saisit entre ses lèvres une autre fiole. Grâce à une herbe spéciale qui produisait instantanément de l’oxygène au contact de l’eau, il se débarrassa du risque de se noyer sans avoir besoin d’émerger et commença à nager en direction de l’île. Il était peut-être inconvenant pour un Roi de se déplacer de lui-même pour une mission d’infiltration, mais Althea seulement savait ce qui pouvait arriver s’il avait envoyé quelqu’un d’autre faire le travail.

Il n’était pas dupe, Melisende se rendrait compte de sa présence bien assez tôt. Une décade n’était pas suffisante à une Ancienne pour oublier la signature magique unique d’une personne qu’elle avait côtoyée et même éduquée dans les arts de la sorcellerie, et lorsqu’elle le détecterait, il lui faudra jouer avec finesse. Il nagea sans problème jusqu’à terre, et posa le pied sur la plage, crachant la fiole de respiration aquatique au sol sur lequel elle tomba en poussière. Il détacha Ehredna du fourreau et fit rouler ses épaules en s’avançant vers la jungle. Il fit à peine un pas dans la direction qu’un trait d’arbalète passa à deux pouces de sa tête. Il lâcha un soupir dépité. « Évidemment, elle a des gardes. Mais maintenant, je sais qu’elle est ici. » Pensa-t-il, à demi-satisfait de cette conclusion. Une silhouette étrangère sortit de l’ombre des arbres, révélant un homme, qui tenait dans les mains l’arbalète qui avait tiré. Il s’arrêta à la sortie de la jungle, ses yeux vides rivés sur l’étranger qu’il avait tenté d’éliminer.

« Faites demi-tour, étranger, l’intima l’homme, un grand gaillard aux cheveux bruns, aux épaules d’armoire à glace. Ce sont les terres de la Maitresse. Vous n’y êtes pas le bienvenu.
- Mon garçon, je ne suis le bienvenu nulle part, répliqua Serenos en levant sa lame. Vous devriez poser cette arme. J’ai pour règle de ne pas blesser un homme désarmé. Mais si vous la pointez encore une fois vers…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que l’esclave leva son arme une nouvelle fois et orienta son carreau vers le Roi, visant sa poitrine. « Il ne vise pas la tête… il veut s’assurer de me toucher. Ce n’est pas un amateur. » Comprit Serenos. « Mais moi non plus. »

Lorsque le trait fut décoché, le Roi leva sa lame devant lui. Il ajusta l’angle de son arme et saisit de sa main ganté le plat de sa lame. Le trait frappa son arme, et fut dévié par l’angle, l’envoyant dans les flots derrière le Roi, qui se mit à courir aussi rapidement que ses jambes lui permettaient en direction de son adversaire, essayant de réduire le plus possible la distance qui les séparait. Il n’avait aucune chance de gagner contre une arbalète à distance, mais au corps à corps, il n’avait rien à craindre de cette arme. De plus, l’arbalète avait un défaut très handicapant; elle prenait un temps fou à être rechargée. Pour gagner un peu de distance, l’esclave se mit à courir en direction opposée tout en faisant tourner la manivelle qui tendait la corde. Lorsqu’il fit volte-face, un nouveau carreau prêt à être tiré, Serenos n’était pas là. Il n’eut qu’à peine le temps de se retourner, par contre, qu’il fut surpris par l’épée du Roi, qui rencontra le bois fragile de son arbalète et la fit sauter des mains de son propriétaire, avant que Serenos ne la lâche. Le poing du monarque heurta puissamment le visage du géant, et celui-ci tomba à la renverse, mais pas sans que l’Usurpateur lui entoure le cou de son bras et lui assène, une fois au sol, une copieuse série de coups de poing au visage, lui brisant les os du nez et des joues sous leur impact. Le colosse tenta de se défaire de Serenos, mais celui-ci lui saisit le bras d’une jambe et se garda hors de portée de l’autre, jusqu’à ce que ses coups aient raison de la connexion entre la réalité et l’esprit de son adversaire, qui sombra bien vite dans les ténèbres de l’inconscience.

Le Roi s’assura que son adversaire était bien hors d’état de nuire avant de relâcher son étreinte sur sa gorge. Il remarqua alors un collier autour du puissant cou de l’esclave et il le lui arracha brutalement, le jetant au loin avec dégoût. La simple vue d’un dispositif d’esclavage lui donnait envie de vomir. Agité et nerveux, il prit le temps de se calmer avant de reprendre la route, une fois qu’il eut prise ferme sur ses émotions. Il regarda alors son épaule, qui saignait légèrement. Il avait bien dévier le trait, mais pas assez pour l’éviter complètement. Il gronda un peu.

« Je n’ai plus la force de mes vingt ans, ca, c’est sûr. » Soupira le royal quadragénaire.

Il massa son épaule endolorie par les coups répétés puis récupéra Ehredna sur le sol, la rangeant prestement dans son fourreau avant de reprendre sa route, redoublant de vigilance. La forêt était peuplée d’une faune incroyable, à commencer par des humains, mais aussi des satyres, des esprits naturels liés au monde physique, et encore bien d’autres. Il passa même à un cheveu d’être repéré par une Lamia qui se désaltérait par-là, et il dût agir rapidement pour neutraliser un Terranide de type Lupus pour éviter qu’il ne sonne l’alerte.

***

Le jeune homme passa ses doigts fins et pâles sur les épaules de Melisende, remontant ses doigts vers sa nuque pour ensuite lui agripper sa chevelure d’ébène. Il se pencha alors vers sa nuque et y posa des baisers aussi glacés que son âme. Devant la Sorcière se dressait un énorme miroir enchanté qui lui montrait le visage, certes plus âgé et plus mûr mais toujours aussi unique, de Serenos. Ses yeux brillant d’un or pur démontrait que le sang qu’elle lui donna jadis s’était, de toute évidence, ajusté à son hôte. Pour Xeos, voir le visage de son géniteur vieillir ainsi était un plaisir malsain qu’il consuma sans la moindre gène, puisqu’il ne faisait que confirmer que ses manigances portaient leur fruit; Serenos vieillissait et faiblissait, alors que lui ne cessait de gagner en puissance. Le Traître posa ses mains sur les hanches nues de la sorcière, humant son délicieux parfum, tout en la laissant regarder le miroir.

« Votre clémence ne semble pas avoir été appréciée, ô Melisende. Voyez mon père qui est de retour, pour vous enchaîner à nouveau. Ne vous avais-je prévenu de sa ténacité? Ne vous avais-je prévenu contre votre pitié? Peut-être a-t-il même découvert notre secret, qu’en pensez-vous? Peut-être n’est-il pas là pour vous enchainer, mais faire ce que vous n’avez su faire? »

Xeos ne la provoquait aucunement, car ses mots avaient bien peu de poids. Ce qui lui importait, c’était de réaliser les dessins de son maître et de gagner Melisende à sa cause. Jusqu’à maintenant, elle s’était montrée indécise, voire indifférente à ses propositions, mais il avait l’éternité devant lui pour la convaincre. Entretemps, il se contentait de lui tenir compagnie, de la tenir sur ses gardes et surtout sous sa coupe; Xeos avait un étrange pouvoir, un pouvoir puissant, qui provenait, selon ses dires, de l’être qu’il servait. Lui-même n’en parlait que peu avec Melisende, car la nature de son maître pouvait la mettre particulièrement hostile à l’idée de joindre leurs forces, puisque son maître avait eu des parts dans ce qui avait causé la déviance de Melisende, la colère de ses semblables et surtout son emprisonnement. Évidemment, le Maître n’avait pas jugé bon de garder ce genre de souvenirs chez elle, et l’en lui avait privé, mais avec les stimuli suffisants, tout peut être renversé, à commencer par un sortilège.

Serenos était l’un des derniers êtres vivants de ce monde possédant le sang des Ashanshi, les Anciens comme les appelaient les profanes, et ce uniquement grâce à Melisende qui lui a sauvé la vie. Cette partie-là, sincèrement, même le Maître ne l’avait pas prévue; pourquoi Melisende était-elle allée contre le plan et l’avait-elle sauvé plutôt que de l’achever? Encore aujourd’hui, Xeos ne pouvait que spéculer. Surtout qu’il n’y avait aucune trace de l’enfant qu’ils avaient conçu en paiement pour sa survie. Même Melisende l’ignorait, mais quelque chose laissait Xeos supposer qu’elle s’était servie de la magie justement pour le garder hors de sa propre portée. Que manigançait Mélisende? Quel était son but? Toutes ces questions enrageaient le puissant jeune Érudit autant qu’elles lui donnaient davantage envie de posséder Mélisende, qui ne faisait que lui filer entre les doigts, aussi farouchement indépendante que le vent, et insaisissable que l’air.

« Quoi qu’il en soit, vos esclaves auront raison de lui avant qu’il ne trouve votre repaire. Veuillez m’excuser, mais je dois faire mon rapport à mon maître. »

Révérencieux et courtois, le jeune homme s’inclina devant la maîtresse de l’île et sortit de la pièce.

***

« Tu vas finir dans mon estom… »

Serenos planta une aiguille dans la peau écailleuse de la Lamia, lui coupant la parole. Elle alla protesté, mais soudainement, sa bouche lui tomba, grande ouverte. Ses yeux devinrent soudainement très lourds, tout comme son corps, et elle tomba sur le sol, prise d’une fatigue soudaine et terrassante. Elle émit quelques ronflements suite à sa chute, profondément endormie. L’anesthésique était une puissante drogue fabriquée à partir de la Poussière du Marchand de Sable, une plante relaxante utilisée principalement pour endormir les patients en vive douleur, mais qui avait assez de puissance pour endormir un éléphant en quelques secondes, et pouvaient donc être létale à une telle dose. Heureusement pour elle, les lamias avaient une résistance naturelle aux poisons, et ne risquait donc pas de mourir d’une surdose, et Serenos n’était pas là pour faire un massacre, mais pour trouver Melisende. Il pensa se remettre en route, mais le poison de la Lamia commençait à faire effet, et il tomba contre la queue de la dame-serpent.

« …Bon…sang… » dit-il tres lentement.

26
Nom : Sombrechant
Prénom : Serenos
Surnom : L’Usurpateur, Son Honorable Altesse Royale Serenos I, Roi de Meisa, Souverain des Terres du Nord et Empereur de l'Aranie Unifiée.
Âge : 45 ans (en parait dix de moins en raison de sa longévité)
Sexe : Masculin
O.S : Bisexuel (Gynesexuel) avec préférence pour les femmes
Race : Humain avec héritage Ashansha.


Histoire


Les bâtards n’ont jamais eu la vie aisée. Quand ils naissent dans les familles du peuple, ils sont soit abandonnés, marginalisés ou tués sans que quiconque ne ressente la moindre culpabilité. Une erreur de jeunesse. Quand ils naissent dans la royauté, alors, c’est une catastrophe. Les traditions interdisaient l’infanticide, ainsi que les lois, autant celles des hommes que des dieux. Mon père biologique, Talion XVI, était le Roi de Meisa, et mon prédécesseur sur le trône, lorsque je fus conçu, mis au monde puis abandonné sur le bas de la porte du palais royal par ma mère biologique, dont j’ignore et ignorerai toujours le nom. Si ma généalogie fut un temps remise en question et condamnée comme étant une farce de mauvais goût la première semaine de mon arrivée au Palais des Anciens, Talion ne douta jamais de notre lien de sang. Peut-être cela fut son seul moment de bon sens à mon égard, car à partir de ce moment, il brisa ce qui aurait pu être un lien fort, quelque chose qui aurait justifié que le reste de ma vie ne soit pas teinté de mépris pour mon géniteur, car horrifié d’avoir dans sa généalogie un enfant doté du Don, le puissant Roi de Meisa me fit immédiatement enfermer dans les oubliettes pour m’y laisser disparaître dans les méandres de l’histoire, en espérant que personne ne vienne jamais à découvrir mon identité, hormis une poignée de gens, sélectionnés pour leur discrétion (ou par l’obligation à la discrétion sous risque de terribles représailles), qu’il m’affecta comme gardiens.

Ce n’est pas par honneur ou par tendresse que Talion m’a épargné. Il n’avait aucun autre fils, sa femme, la Reine Cyrelle, ne lui ayant accordé que des filles, mes demi-sœurs, donc son héritage patrimonial était en danger s’il me mettait à mort. Il m’assigna une nourrice et un tuteur, simplement pour que je ne meurs pas de faim et que mon esprit puisse se développer, s’il venait un jour à trouver une utilité à son bâtard, et passa de nombreuses nuits de son règne à tenter de mettre au monde un fils avec la Reine, et les maîtresses qui avait obtenu la bénédiction de la Reine. Heureusement pour moi, cela fut sans succès. Quelle bénédiction pour moi que dans sa haine de la magie, il ne s’était pas tourné vers un de mes semblables; un sort pour influencer le sexe d’un fœtus n’était pas bien cher à obtenir.

Quatre murs, voilà ce qui fut ma chambre, ma classe et mon aire de jeu. À deux ans, je ne pouvais m’en rendre compte, puisque je ne faisais que découvrir cette cellule, mais même à deux ans, on finissait par se rendre compte que les quatre murs étaient toujours les mêmes. J’aurais pu devenir un sauvage, sans éducation ni savoir, si ce n’était pas d’Histocratus, mon vieil mais néanmoins sage enseignant. Histocratus n’était pas ce qu’on pouvait appeler un pédagogue très habile, mais ses connaissances et ses histoires me firent découvrir un monde que je ne pouvais voir de ma cellule. Je dus être bon élève, puisqu’il intercéda en ma faveur auprès du Roi pour avoir le droit d’apporter du matériel, tel un Projecteur de Lumière et des livres imagés pour poursuivre mon éducation.

J’en vins à comprendre, avec le temps, que je ne vivais pas dans cet endroit. Toutes les histoires parlaient de chevaliers qui partaient à l’aventure, qui exploraient des endroits fantastiques. Alors, pourquoi n’avais-je pas le droit de franchir le pas de la porte de fer qui me séparait du monde extérieur? Quel crime avais-je bien pu commettre pour être ainsi condamné à la solitude et l’isolation? « Aucun ». Aucun autre crime qu’être né aux mauvais parents dans les mauvaises circonstances. Et plus j’apprenais ce que ce concept impliquait, plus je comprenais que sortir de cette geôle ne changerait rien. Il me fallut attendre l’adolescence pour qu’on me révèle mon propre nom et mon titre. Passer de « Petit » à Serenos aurait dû être une bonne nouvelle… mais finalement, tout ce que j’avais, c’était ce nom, au final.

Une offre vint alors de l'Empereur d'Aranie, à savoir un otage en échange d'une paix et potentielle alliance. Ne voulant pas sacrifier l'une de ses filles légitimes, je fus légalement élevé au rang de Prince du royaume et je fus envoyé vivre au cœur de l’Empire. L'Empereur de l'époque était un homme honorable, comme j'en rencontrerai peu au cours de ma vie.


L’Empereur prit un soin particulier à m’éduquer convenablement. Contrairement à mon père, il ne nourrissait aucun déplaisir envers les bâtards. Un jour, il me dit que les enfants ne sont pas responsables de leur conception, et tous naissent innocents des crimes de leurs pères. Une phrase que je m’efforçai de garder à l’esprit au courant de mon règne. Comme ses propres fils de sang, je fus entraîné au maniement des armes, à l’équitation, au commandement de troupes, ainsi que les arts diplomatiques, tels que l’écriture, la lecture, la philosophie et même l’étiquette, bien loin des quelques modalités que mon père m’avait autorisé à apprendre. J’étais bon élève, et l’Empereur récompensa ce dévouement par une affection presque filiale, m’invitant régulièrement lors de ses chasses et je fus régulièrement convié à sa table. C’est dans cet environnement que je passai de l’enfance à la maturité. Si à mes dix-huit ans, comme tous mes frères meisaens, je ne présentais pas encore mes traits masculins secondaires, j’étais jugé un homme par l’Empire, et mes talents furent rapidement mis à profit.

Pendant près de quatre ans, je fus l’homme de main de mon Empereur; comme ses autres fils, je me vis confié une compagnie et je fus envoyé dans l’Empire pour garder la paix. Nombre de brigands tombèrent, des criminels furent exécutés et la loi maintenue par ma main, et ma réputation grandit au rythme de mes succès, ainsi. Je fis également la rencontre d’Hadrian Jihal, qui devint à la fois mon ami, mon compagnon et, pendant un temps, mon amant. Le guerrier surpassait toutes mes espérances en matière d’intelligence et de force, à la fois un tacticien génial, un militaire aguerri et d’un poète charismatique, et grâce à lui et à son savoir, mes opérations sur le territoire d’Aranie ne furent presque exclusivement que des succès. Je m’empressai de suivre son exemple, et ma réputation comme meneur d’homme suivit.

Cependant, comme toute histoire, cette période bénie et couronnée d’excellence ne put durer. L’Empereur tomba rudement malade, et malgré les efforts de ses guérisseurs, sa vie allait bientôt s’éteindre. Nous abandonnâmes notre patrouille pour que je puisse me présenter à son chevet, mais malgré notre marche pressée, je ne pus regagner la capitale assez rapidement. L’Empereur, mon protecteur et ami, s’était éteint tout juste quelques heures avant mon arrivée. Je me recueillis à son chevet, et je pleurai mon bienfaiteur. Mon deuil fut interrompu par une annonce qui ne présageait rien de bon; le prochain empereur avait été nommé, et il s’agissait de Maeje. Connaissant les ambitions du nouvel empereur, je m’empressai de faire parvenir un message à mon père; l’Empire allait chercher à s’étendre.

Attendant une réponse, je pris part à l’organisation des funérailles impériales, notamment l’organisation de la procession du cortège funéraire. Les funérailles Aranes étaient très cérémonieuses et riches en tradition, qui exigeait une préparation impeccable au risque de la voir bâclée, et pour un homme aussi honorable et bon que l’Empereur, il n’était pas question que je faille à la tâche. Des lettres furent envoyés à tous les grands noms du royaume, incluant des hommes de modeste naissance reconnus par l’Empereur comme étant des paragons de vertu qui représentait son idéal de l’Aran comme il devait l’être; droit, chevaleresque, ainsi qu’hardi et intelligent. Mon travail fut interrompu lorsqu’une division de gardes fit irruption dans mes quartiers et tentèrent de me capturer. Je remerciai ma passion, car cette même nuit, je la partageais avec Hadrian, et sans son secours, mon histoire aurait probablement pris fin à ce moment-là. Nous tuâmes nos assaillants, mais prîmes soin d’en garder un pour l’interroger, découvrant que le futur empereur avait découvert ma lettre à mon père et avait décidé de me mettre à mort. Cette nuit-même, je quitta la capitale, et le nouvel empereur me décrivit comme un traître, ordonnant ma capture et mon exécution.

Malgré ma disgrâce, je parvins à prendre le contrôle de ma compagnie; quelques archers, une cavalerie légère et des fantassins, et nous fuîmes l’Aranie pour les Terres du Nord. Pendant mon trajet, je m’arrêtai chez le Duc d’Elthem, qui me proposa un marché; il me fournirait plus d’hommes et même des vivres pour le voyage si je parvenais à chasser ce qui semblait s’être logé dans les confins d’une mine abandonnée, supposément riche en or et pierres précieuses, mais inexploitable puisque tous les mineurs disparaissaient mystérieusement. C’est dans les confins de cette mine que je découvris une des plus importantes personnes de toute ma vie. La Grande Pécheresse, la Divine Punition, la Sorcière des Morts, la plus puissante utilisatrice de la magie encore jamais répertoriée à ce jour, Mélisende, ainsi que l’épée qui serait la mienne pour le reste de mes jours; Ehredna, l’arme capable d’enchainer jusqu’au plus puissant adversaire par les liens de la magie. En échange de mon aide pour la sortir de sa prison magique plurimillénaire, elle accepta de me porter assistance jusqu’à la fin de la guerre.


La situation dégénéra, et comme prévu, Maeje déclara une guerre, qui dura plus d’une décade. Mon père refusant d’accorder des troupes à la défense des Terres du Nord, le Duc, Hadrian, Melisende et moi-même dûmes prendre en main la défense, espérant des renforts qui ne vint jamais. Au courant de nos batailles, moi et Mélisende développèrent une relation que je qualifierais d’amoureuse, bien que je suspecte aujourd’hui qu’elle nourrissait quelque plan à l’époque. Même si le territoire envahi appartenait au Haut-Roi Harald le Balafré, celui-ci n’avait déjà plus le contrôle de son territoire en raison des dissidences. Certains Nordiens ne croyaient pas pouvoir gagner un conflit avec l’Empire et préféraient se soumettre, alors que les autres n’avaient pas les ressources nécessaires pour participer à l’effort de guerre, forçant le Roi, trop peu populaire, à l’inaction. En raison du manque de soutien, le front recula de plus en plus, car si nous arrivions à limiter les pertes grâce à des frappes éclairs et évitant les combats directs, l’Empire avait une armée très conséquente et parvint à nous repousser. De désespoir, je me présentai devant la fille du Haut Roi pour qu’elle intervienne auprès de son père. Celui-ci m’accompagna jusqu’au front pour évaluer les dégâts, et devant la force de l’Aranie, il s’apprêta à rencontrer un des officiers Arans pour offrir sa reddition. Feignant la soumission, je l’accompagnais jusqu’à la Passe, où Melisende déclencha à mon ordre une avalanche dans laquelle je fus également pris. L’avalanche ne suffit pas à prendre la vie du Roi, et je l’étranglai de mes propres mains après un combat; aussi lâche soit-il, il refusait de mourir sans se battre.

À la suite de l’assassinat du Roi, Laryë, sa fille, et moi-même organisèrent la combinaison de nos troupes, puisqu’en tant que fille unique de son père et une meneuse d’hommes émérite, elle était également héritière de ses forces armées, et, avec le temps, nous gagnèrent de plus en plus de support, jusqu’à ce que la guerre prenne fin avec la mort de Maeje pendant la Bataille des Quatre Corbeaux, une bataille qui fut couronnée de succès grâce à l’arrivée des troupes Meisaennes dans le conflit, des troupes qui furent placés sous mon commandement par un décret royal de mon père. Sans empereur, l’armée désorganisée de l’Aranie fut graduellement repoussée, puis je pris la charge de la capitale d’Aranie, que j’assiégeai pendant sept mois avant que les ressources de la ville ne soient complètement épuisées et que les portes me soient ouvertes. Avec le support d’Hadrian et celui, moins volontaires, des autres nobles d’Aranie, je montai sur le trône impérial.

La fin de la guerre d’Aranie signa non seulement mon entrée officielle dans le monde politique, mais également la mort inexpliquée de mon père, Talion XVI, pendant les célébrations de la victoire. Si tous les regards étaient rivés sur l’opportuniste bâtard qui s’était non seulement emparé des Terres du Nord et de la totalité de l’Empire d’Aranie en l’espace de quelques mois, j’étais probablement l’un des rares à savoir que je ne pouvais être possiblement responsable d’une tentative d’assassinat, puisque je ne comptais pas prendre le contrôle de Meisa en raison de son instabilité politique. Cependant, il me fallut démontrer mon innocence en trouvant le coupable. Le Chevalier Errant fut celui qui me tira de ce très mauvais pas en apportant à la Chambre des Nobles une preuve irréfutable de l’implication d’un parti qui ne m’était pas du tout lié; un poison qui ne pouvait être produit que dans des circonstances précises qui pouvait être celui ayant causé le régicide. On remonta la piste de ce poison jusqu’à deux membres de la Garde Royale, qui furent interrogés et qui avouèrent avoir effectivement administré le poison à mon père, le tout sous les ordres de la Princesse Moregane, nommée depuis peu Princesse Régente, ma demi-sœur et ainée des héritiers du trône, et seconde dans la ligne de succession du trône de Meisa.

Comme il était impossible de prouver l’implication de la Princesse dans un Coup d’État faute de preuve accablante, la faute fut rapportée sur les deux gardes qui furent inculpés de régicide et condamnés à la peine capitale. Même moi, avec mon autorité, je n’aurais pu possiblement m’interposer dans cette décision sans causer de dangereuses répercussions. Une fois l’affaire « élucidée », je fus sacré Roi de Meisa et officialisé Haut Roi des Terres du Nord, et l’un des plus puissants monarques du Continent Inconnu de l’histoire, avec la puissance de trois royaumes à ma botte.

Cependant, une telle puissance ne venait pas sans une opposition aussi forte. Dès ma prise de possession du trône de Meisa, je créais le Code de Loi et établis que tous étaient égaux devant ma Loi, autant les Seigneurs que les paysans et les esclaves. Je fis de nombreuses réformes qui donnèrent le Royaume de Meisa que nous connaissons aujourd’hui. Mais ces reformes venaient avec leur prix, un prix que je ne m’attendais pas à être aussi élevé.


Malgré la révolte qui grondait parmi les nobles et mes tentatives de les remettre dans le droit chemin, j'eus droit à quelques bonheurs. Ma relation avec ma Reine, Laryë, fut l'une des premières choses que je tentai de réparer. La guerre nous avait beaucoup distancé, et les efforts que nous avions tous deux mis semblaient n'avaient rien fait pour améliorer notre vie de couple. J’eus trois fils et deux filles de Larÿe. Grymauch, Aldericht, Cyric, Annabelle et Aurore. Lorsque Grymauch atteignit l’âge de 5 ans, le jour même de son anniversaire, j’essuyais une tentative d’assassinats par un groupe d’inconnus s’étant infiltré dans mon palais. Nous survécûmes à cet assaut, et nous apprîmes qu’au même moment, un mouvement politique rebelle, dirigé par un groupe de nobles et avec le support de Myriam, avait dévoilé son intention de renverser mon règne et de placer ma sœur sur son trône « légitime ».

Avec l’aide de Mélisende, je repoussai des vagues incessantes de rebelles venant des quatre coins de mon royaume, sans jamais pouvoir complètement endiguer la rébellion. Pendant ces conflits qui dura deux courtes années, je frappa finalement la puberté Meisaenne, gagnant non seulement en taille, mais en muscles et en virilité, une chose qui sembla amuser grandement la magicienne.

Le malheur voulut que je détourne mes yeux du Palais des Anciens lorsque soudainement, les assauts prirent fin, sans explication. Je me lançai alors dans une chasse à l’homme pour débusquer mes opposants, avant qu’un sombre pressentiment ne m’amène à réaliser que je venais de tomber dans un piège vicieux qui me porta un coup dévastateur. Malgré mes pouvoirs, je ne regagnai Eist’Shabal que trop tard, et je découvris à mon retour le corps ensanglanté de Larÿe, avec dans les bras le fœtus de notre enfant à venir. Devant ce portrait macabre, je ne me rendis guère compte de la présence d’un autre groupe d’assassins, plus experts et habiles que ceux qui m’avaient assailli quelques semaines plus tôt, et dans ma négligence, je fus fatalement touché par les poignards de mes ennemis. Alors que je gisais, agonisant, dans les jardins du Palais, Mélisende se présenta à moi avec une offre; en échange d’un enfant, elle m’offrirait non seulement son pouvoir, mais également son sang, me sauvant la vie. Dévoré par la haine et la soif de vengeance, j’acceptai son offre. Elle me remit suffisamment en forme pour obtenir de moi ce qu’elle désirait, et nous consumâmes notre pacte la nuit venue. Mélisende disparut la semaine même, sans m’expliquer ce qui allait désormais faire partie de mon être. Lorsque je guéris, je me sentis différent. Plus puissant, plus vivant, plus… conscient, même. Je sentis en moi un contrôle supérieur à tout ce que j’aurais pu imaginer sur la magie, au point où je me risquai même de sortir une arme que je n’aurais jamais pensé être capable de maîtriser; le Catalyseur, Eglendal, une source de puissance qui servait à la fois d’alimentation pour le royaume de Meisa, autant dans ses sols que dans la magie environnante.

Avec l’aide de mes nouvelles capacités, je débusquai et tuai tous mes opposants, jusqu’à mettre définitivement fin à la rébellion par le fil de l’épée. Ma puissance fut démontrée à un tel point que j’obtins le titre de Tyran pour avoir mis fin à toute opposition par la force des armes, quoi que je ne levai plus jamais les armes contre mon peuple suite à cet événement. Ma vengeance était certes assouvie, mais il me restait encore beaucoup de choses à apprendre sur mes nouveaux pouvoirs.

J’appris la véritable nature des changements qui m’avaient été fait. Mélisende n’était pas humaine, et que ce soit son sang ou sa magie, il semblait que je ne le sois plus entièrement moi-même. Le sang qu’elle m’avait transfusé était si vieux que Jamïel suspecta d’être celui d’une race antérieure à la race humaine, et même celle des elfes. À force de recherches, et avec l’aide de nombreux historiens et chercheurs, nous vîmes avec un nom pour cette race. Les Ashanshi, Ashansha au singulier. Ce nom nous était venu d’une très vieille inscription gravée au socle d’Eglendal. Si leur nature nous échappait encore, Jamïel et moi étions convaincus que cette race possédait une affinité extraordinaire avec la magie, ce qui expliquait pourquoi je me sentais si fort en présence d’une source d’énergie et pourquoi mes pouvoirs étaient accentués depuis ma mutation. Leurs capacités n’étaient répertoriées nulle part, mais de ce que j’ai pu tester jusqu’à aujourd’hui, et de ce que je sais d’eux grâce à mon lien avec Ehredna, c’est que leurs talents pouvaient affecter jusqu’à la création elle-même, et les rendait réceptifs à des signaux qui laissaient le commun des mortels indifférents.

Je n’ai jamais su ce qui était advenu de Mélisende, ou de mon enfant avant la onzième année de mon règne, une date qui coïncidait étrangement avec le naufrage de la famille royale de Nexus, et l’éveil d’une puissante menace.

En 1328, la deuxième nuit du quatrième mois de la Saison des Tempêtes du calendrier de Meisa, je fus assailli d’une série de visions cauchemardesques. J’ignore encore s’il s’agissait de prémonitions ou d’un message capté par mes nouvelles capacités, mais j’y vis la naissance d’une calamité sous forme humaine. Je vis la mort et la destruction. À mon réveil, je n’étais pas dans ma chambre dans mon palais. J’étais… autre part. Dans le monde astral, je crois, puisque tout me semblait à la fois irréel et pourtant bien réel en même temps. Et elle était là. Mélisende. Je fus pris d’enthousiasme, et pourtant, mes sens me mirent immédiatement sur mes gardes. Je compris alors que cette Convocation était un piège. Nous luttâmes dans le monde des rêves, et peu importe mes questions, elle se refusa à me répondre, et son silence ne fit que multiplier ma rage. Je ne comprenais pas. Je voulais comprendre, mais elle ne me révélait rien. Dans les derniers instants du combat, elle réussit à me porter un coup important, mais j’usai de mon Don pour la première fois depuis longtemps et invoqua le pouvoir d’Ehredna; dominant la conscience de la Sorcière, je pris possession de son esprit et je le scellai du même sceau qui l’avait confinée aux mines du Duc d’Elthem. Conscient que je ne possédais pas la puissance requise pour la contrôler indéfiniment, je commis un acte que j’espère ne plus jamais avoir à faire; j’ai utilisé Eglendal et le conditionna pour qu’il absorbe toute la puissance de Mélisende en lui-même, la laissant constamment affaiblie. Je fis condamner et sceller la Salle du Catalyseur par plusieurs méthodes physiques et magiques, assurant l’accès à cette pièce à une seule et unique personne; moi-même. Mélisende fut incarcérée sous le crime de haute trahison, de tentative de régicide, d’enlèvement et d’usage illégal de la magie à des fins dangereuses. Encore aujourd’hui, je la garde sous haute surveillance et me rend régulièrement dans sa prison pour m’assurer que le sceau ne faiblissait pas.

À travers l’esprit de la Sorcière, j’appris beaucoup de choses sur la nature de ce monde. J’appris l’existence de deux êtres primaux, que les Ashanshi appelaient Althea et Althenos, la Créatrice et le Destructeur. J’appris également la raison pour laquelle la Sorcière avait été scellée; elle avait violé les règles de sa société et usé de magie noire pour lutter contre la Première Purge, une guerre totale entre les sbires d’Althenos et tous les êtres vivants. La raison derrière cette purge m’échappait, mais selon la sorcière, Althenos voulait recréer le monde, considérant que celui-ci était souillé par l’existence du libre-arbitre qui causait, au final, du tort à la Créatrice, qui souffrait de l’énergie noire que les êtres vivants, principalement les humains, pouvaient produire lorsqu’ils étaient dévorés par la haine et la colère. Évidemment, je n’eus pas la possibilité de fouiller l’esprit solidement fermé de Mélisende, car malgré l’état second dans lequel je l’avais plongée, elle restait tout de même très puissante dans l’art de l’esprit, et m’y aventurer me laissait vulnérable à ses pièges.

En 1330, deux ans après son emprisonnement, avec l’aide de mon fils rebelle Cyric, Mélisende parvint à se libérer de sa cellule. Causant d’énormes ravages et manquant presque de me tuer, elle s’assura de bien faire comprendre à tout le monde qu’elle était non seulement très mécontente de son incarcération, quoi qu’elle dû la trouver drôlement courte par rapport à la première, mais qu’elle avait de quoi répondre à la prochaine offense qu’elle encaisserait. J’ignore d’ailleurs pourquoi elle ne m’a pas tué sur le champ. Elle aurait pu le faire. C’était dans ses moyens. Et pourtant… Plutôt que de me tuer, elle m’a volé un fils.

Nous voilà en 1344.

Et je n’ai pas dit mon dernier mot.


Physique


L’environnement et la génétique meisaenne ont fait des habitants de Meisa des êtres possédant une longévité plus longue que la moyenne des êtres humains. Bien que physiologiquement humain, l’horloge biologique de ces gens tourne beaucoup plus lentement, d’où l’absence d’empressement ou d’anxiété chez ce peuple qui semblait, parfois, plutôt béat. Serenos étant Meisaen de par son père, il a hérité de ce ralentissement, qui marque ses débuts en même temps que la puberté, ce qui lui donne un âge remarquablement plus jeune que ce qu’il aurait dû avoir s’il avait vu le jour hors de Meisa.

Parmi ses signes distinctifs, on peut compter les yeux particuliers du Roi de Meisa. Naturellement bleu roi, ces yeux ont la fascinante particularité de changer de couleur, passant du bleu au doré lorsqu’il est en présence de magie, ou à proximité d’une personne (ou d’un environnement) où celle-ci se retrouve très concentrée. Malgré une vue parfaite, il lui arrive de s’affubler d’une paire de lunettes, non pas pour corriger sa vue, mais pour l’entraver et réduire sa performance. En effet, sa vue a été améliorée par le Sang Ancien à un tel point que regarder de trop près, à une distance de 20 mètres, par exemple, pouvait lui donner de sérieuses migraines, en raison du nombre très élevé d’information que ses yeux pouvaient percevoir et que son cerveau ne pouvait traiter sans s’épuiser. Autre la couleur dorée, ses yeux prennent une couleur argenté lorsqu’il fait agir la magie internement, comme pour régénérer une blessure reçue ou pour améliorer ses propres performances physiques.

De complexion pâle, Serenos a le physique Anderran standard, c’est-à-dire une taille moyenne entre 1m75 et 1m90 et des yeux pâles. Son corps est celui d’un guerrier aguerri, donc musculeux, mais également porteur du fardeau des anciennes batailles. Comme n’importe qui, s’il est blessé de manière permanente, il en ressent les effet pour toujours. Son bras gauche, par exemple, n’est pas aussi fort que son bras droit et il doit le ménager au possible. Il arbore également une impressionnante collection de cicatrices. En contrepartie, il a hérité des meisaens sa chevelure noire, naturellement raide (pas de frisés en Meisa), bien qu’il néglige tant son apparence qu’il est constamment vu avec des cheveux en bataille. Grand amateur d’exercice physique, il ne les garderait pas impeccable bien longtemps de toute façon. Serenos pèse 158 lbs, le tout en muscle.

Psychologie

On peut décrire Serenos comme bien des choses. Certains le diront fou, d’autres vanteront sa soif de savoir et sa curiosité. En bref, Serenos est un scientifique. Il s’intéresse à la magie de la même manière qu’un chimiste s’intéresse aux différentes manières d’obtenir une nouvelle recette. Cependant, il a tracé très tôt les limites qu’il se refusait de franchir concernant la magie; il refusait les expérimentations humaines ou sur des créatures vivantes, et il ne jouait pas avec la mort. Les raisons étaient évidemment d’ordre éthique, et n’engageait que lui, mais il imposait ce genre de règles à tous les magiciens, refusant qu’on s’amuse avec la vie et la mort.

Serenos, en tant que Roi, est un souverain qui se veut bienveillant. Grand réformateur, il était également un défenseur de l’équité et de la liberté individuelle, ce qui l’amena à abolir l’esclavage en Meisa. Bien que cela prit du temps, ceux qui choisissaient d’abandonner leur liberté, nommés Serrk, pour se consacrer à un Milhan le faisait de leur propre choix, mais ce n’était qu’un esclavage de nom, car il y avait toujours possibilité de partir ou de regagner sa pleine liberté sur un coup de tête. Il établit de nombreuses lois, et en abolit d’autres, et instaura une époque de grands changements qui pouvaient parfois prendre les petites gens de court, mais dans lequel il espérait qu’ils apprendraient à évoluer. Il se départit également d’un grand nombre de pouvoirs et de responsabilités pour permettre au royaume de se gérer sans qu’il ne doive tout superviser.

Le Roi de Meisa est également un homme très doux de nature. Bien qu’il affectionne le combat et tester ses limites, il est doux autant en amour qu’avec ceux qui gagnent son amitié. Sans être le père parfait, il est dévoué envers ses fils et ses filles, avec lesquels il partage un lien qu’il chérit sincèrement. Il est courtois avec les dames, et sympathique envers les hommes, mais il semble toujours se distancer de ce qui pourrait l’affecter davantage. Il a peur de tomber amoureux, tout comme il craint d’être haï, malgré ses actes qui pourraient porter à croire le contraire. Serenos recherche l’approbation de son entourage, ainsi que le réconfort d’un chaleureux foyer, une chose qui lui a constamment été refusé à la fois par son statut de bâtard et d’Érudit.

Serenos a également un point faible envers celle qui est responsable de son état actuel, Mélisende. Dû à leur relation d’antagonisme, il n’a jamais vraiment su pourquoi elle s’était autant dévouée à lui pour ensuite le trahir. Quelque part en lui, il nourrit autant de haine que d’affection pour la Sorcière Ashansha, et souhaiterait parfois arranger leur situation, bien qu’une telle chose était certainement impossible pour eux, à ce point. Depuis son évasion, il est constamment à l’affût d’informations la concernant et la cherche assidument.

Du à son incarcération de jeunesse, Serenos est également claustrophobe. Être enfermé ou être dans un espace fermé le met profondément mal à l’aise et lui cause des crises sévères de panique. Pour cette raison, il préfère de loin dormir à la belle étoile plutôt que dans une petite chambre d’auberge sur le bord du chemin. Il est également incapable de supporter colliers ou bracelets pour cette même raison. La panique le prend avec une telle force qu’il en perd le contrôle de lui-même.

Encore bien des choses sont à savoir sur Serenos… Mais ce sera à vous de le découvrir.

Autres :

Arcaniste –
En tant qu’Arcaniste, Serenos est un très puissant jeteur de sort. Son potentiel est cependant limité par la Corruption, une énergie néfaste qui se manifeste lorsqu’un mage persiste à se servir de la magie dans un but contraire à la nature, incluant le meurtre.

Projection Astrale –
Serenos est capable d’entrer dans un état supérieur de conscience qui le transporte mentalement dans le plan astral, lui permettant d’interagir avec les esprits, les dieux, voire même les personnifications des concepts et des idéologies.

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Vous nous quittez déjà ? / Quand le Roi s'enferme dans son Palais
« le: vendredi 30 janvier 2015, 04:24:55 »
Bon, bah, je ne vais pas étaler tous les détails, mais ma femme ayant eu un grave problème, je serai certainement beaucoup moins présent dans mes RPs. La raison est que comme je suis quelqu'un de très empathique, l'humeur des gens qui m'importent m'affecte beaucoup plus que, en toute honnêteté, je le souhaiterais. J'ai besoin de passer un peu de temps avec mon épouse, qui traverse une passe très difficile, et cela se ressentira par mes absences sur ce forum.

Pour ma part, je traverse une période où mon propre style d'écriture me dégoûte, et mes fréquents soucis de cohérence dans mes rps m'enragent terriblement. Je citerai par exemple certaines passes de mes rps avec la Princesse Alice Korvander, également connu sous plusieurs autres noms sur ce forum. Qui plus est, je crois que je vais recommencer à me plonger dans la lecture, pour enrichir à nouveau mon style. J'ai donc l'intention d'entamer de nouveau la lecture de la trilogie du Seigneur des Anneaux, car Tolkien, plus qu'un écrivain que je révèrerai jusqu'à la fin de mes jours, possède un style d'écriture qui me donne davantage le sentiment de conter une histoire que de rédiger un livre, ainsi que plusieurs titres de fantasy qui me permettra de peaufiner mes théories sur le monde magique, j'entends évidemment un jour ramener de véritables règles entourant la magie dans mes histoires.

Je vais également commencer à travailler sur un projet qui me tient à coeur, l'établissement d'une encyclopédie entourant le monde dans lequel Serenos évolue. Je pensais m'inspirer du Legendarium de Tolkien pour créer mon univers, et peut-être un jour finir par écrire mon putain de roman. Si vous avez connaissance de livres, disponibles ou non en ligne, j'apprécierai énormément que vous me fassiez part de vos connaissances (je tiens à préciser que la série A Song of Ice and Fire (communément connue sous le nom de la série du Trône de Fer) n'est pas une série de laquelle je compte m'inspirer. J'aime beaucoup l'histoire et le style de l'auteur, mais ce n'est pas ce que je recherche).

Évidemment, je suis également à la recherche de collaborateurs dans l'établissement de cette encyclopédie où quelques partenaires pourraient enrichir le monde d'Ayshanra de leurs connaissances, et de leur talent de conteur. Je recherche également des dessinateurs et des graphistes qui pourront créer de leur plume les êtres de mon monde. Bien que je ne possède aucune façon de payer ces bienfaiteurs, si un jour, je parviens à faire publier ce livre, ils auront un dédommagement à la hauteur de leur investissement, ainsi que ma gratitude la plus sincère.

Sur ce, je vous remercie de votre attention, et vous souhaite une bonne continuation.

PS: Je tiens à préciser que je resterai quand même présent sur le forum pour tout ce qui est de socialiser, parce que je ne me barre pas. Ma boite à MP est toujours ouvertes aux propositions, et même si je ne ferai pas de suite des RP, je considérerai les requêtes, d'autant que cela me ferait même plaisir. De toute façon, je suis un enquiquineur né, si Law me voyait partir, son orgasme n'aurait de fin que celle du monde, ce qui me ferait trop de peine.

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Serenos de Meisa avait une sacrée réputation. Pour certains, c’était un Roi hors pair, qui avait guidé un peuple entier de déshérités dans une terre sainte et qui avait réussi à établir entre différentes cultures une paix durable sur le même territoire. Pour d’autre, c’était un ami proche, un seigneur qui ne tournait jamais le dos à quelqu’un dans le besoin, malgré les situations les plus dramatiques ou les enjeux politiques que ses actes pouvaient entrainer. Combien de fois avait-il exterminé des esclavagistes Ashnardiens? Combien de fois avait-il privé une famille noble d’un membre de leur famille à cause de la corruption de celui-ci? Combien de fois est-ce qu’il avait provoqué des incidents diplomatiques pour une seule personne qui avait besoin que quelqu’un lui tende la main? Loin de n’avoir que son peuple en tête, il voyageait régulièrement entre les différents royaumes pour veiller inlassablement sur la condition de certains. Mais malgré ses bonnes intentions, malgré ses actes de bonté, il ne pouvait ignorer le nombre d’insatisfaits qu’il causait par ses actes. Des nobles voyaient leur fortune s’effondrer par sa faute, des travailleurs perdaient leurs emplois, et des esclaves perdaient parfois des maîtres qui, à  leurs yeux, étaient beaucoup moins malveillants que d’autres, et pour cette raison, il ne pouvait pas ignorer que beaucoup de gens le détestaient, jusqu’à voir son passage comme étant de mauvais augure. Il ne pouvait pas vraiment leur prouver tort, mais il ne pouvait rien faire d’autre qu’agir comme il l’a toujours fait, car pour lui, aucune autre option n’était envisageable pour protéger ses gens, même si cela lui en coûtait.

C’est d’ailleurs pour cette raison que ce jour-là, le Roi était entouré d’une centaine d’hommes, certains simples travailleurs et paysans, d’autres miliciens entrainés et furieux. Le Roi n’ignorait pas la raison de leur présence, et il savait que cette embuscade n’était pas de celles qui avaient été planifiées des semaines à l’avance. C’est aussi pour cette raison qu’il ne dégaina pas Ehredna pour se défendre. Il attendit patiemment de voir qui allait poser le premier geste. Finalement, ce fut un enfant, un gamin d’à peine huit ans, qui lui lança la première pierre. Le Roi la dévia avant qu’elle ne l’atteigne, mais cela fut la première étincelle qui allait bientôt enflammer la rage du village. Il refusait leur peine, il refusait de porter leur fardeau, parce qu’il ne se jugeait pas coupable de leur malheur. À ses yeux, s’il leur avait porté tort, ce n’était pas par malice, mais leurs revenus ne provenaient pas des poches d’une personne qu’il jugeait vertueuse. Un homme s’approcha alors en hurlant, sa hache de travail levé au-dessus de la tête. Lorsqu’il l’abaissa, le Roi avait déjà fait un pas de côté, et lui avait frappé la tête d’un coup de poing ferme, puis fit un bond arrière pour éviter d’être empalé sur la fourche d’un autre villageois, qui fut désarmé et assommé d’un coup du manche de son arme improvisée. Serenos se refusait l’usage de la magie contre les petites gens, car il savait son pouvoir capable de tuer ceux qui n’avaient pas la résistance nécessaire pour se protéger de sa force. Il désarma encore un autre homme, répétant le processus, mais bientôt, le cercle de ces gens s’était dramatiquement réduit, et même avec ses réflexes surhumains, leur lynchage commençait à faire effet, car certains chanceux eurent l’occasion de le toucher, et un réussi même à lacérer profondément son flanc. Le Roi se mit alors à reculer, se dirigeant lentement mais surement vers la rivière du village.

L’eau lui arrivait à peine au genou là où il se trouvait, mais fort heureusement, cela ne l’empêcha pas de continuer à se défendre contre ces hommes. Il ne planifiait pas les vaincre ou causer des morts, mais il pourrait sans problème leur donner la satisfaction d’avoir réussi à repousser le méchant Roi hors de leur village en simulant une défaite. Il n’avait cependant pas prévu que certains de ces villageois étaient armés d’arcs et de flèches, aussi ne put-il éviter quatre projectiles volant qui le frappèrent à l’épaule, à la poitrine, à l’abdomen et à la jambe, tous avaient touché la cible; probablement des chasseurs de gibier. La douleur n’était pas particulièrement intense, car il avait déjà beaucoup plus souffert, mais cela lui arracha quand même un grondement. Plutôt que de poursuivre cette bataille inutile, le Roi se rapprocha d’une cascade et se laissa tomber en bas. Il n’avait cependant pas calculé la présence de rochers au pied de la cascade, et il se heurta brutalement la tête.

Parfois, on pouvait voir l’immortalité comme un cadeau. C’est vrai, dans la plupart des situations, être immortel pouvait nous sortir d’un très mauvais pas, par exemple, après avoir atterri sur la tête, et avoir la nuque brisée par l’impact. Combiné à un pouvoir de régénération des plus impressionnants, cela permettait aussi d’économiser beaucoup de temps sur les explications interminables des « comment vous êtes-vous blessé? Comment avez-vous survécu? » et autre chose, mais au final, si le Roi de Meisa était parfois très heureux de son don, d’autres fois, celui-ci lui rappelait qu’à chaque fois qu’il passe à un cheveu du trépas pour revenir à la vie, c’était comme s’il perdait une nouvelle chance de passer de l’autre côté. Sa nuque prendrait maximum une dizaine de minutes pour se régénérer, mais s’il ne trouvait pas un moyen de regagner la surface avant que ses poumons ne se remplissent d’eau, il lui faudrait attendre que quelqu’un le pêche au fond de l’eau, ce qui pouvait prendre des jours à des années, et attendre tout ce temps ne l’intéressait pas vraiment. Avant de sombrer dans le noir, le Roi usa d’un sortilège de flottaison et le lia à son énergie vitale pour satisfaire ses besoins en énergie. C’est à ce moment-là que le Roi dût abandonner la flamme vacillante de sa conscience, incapable de se maintenir conscient plus longtemps en raison du choc.

Ce fut le courant qui le porta, loin, vers les terres qui n’appartenaient ni à Ashnard, ni à Nexus. Un autre royaume indépendant, sans doute. La seule chose de sûre, c’est qu’il avait fini sa course contre une berge, les lèvres bleues à cause de la température de l’eau. Son cou s’était réparé entretemps, mais son corps s’était abîmé dans les rapides et cascades de la rivière, couvert de blessures ouvertes et d’ecchymose. Mais il était bien vivant. En admettant qu’il puisse être tué, évidemment.

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Le palais d'ivoire / Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]
« le: mardi 25 mars 2014, 02:18:12 »
[Une semaine pour en venir là, j'espère que c'est aussi bon que le temps que j'y ai passé ><]

Il faisait nuit noire sur les îles Melisi, car en raison de la nouvelle lune, il n’y avait presque aucune source de lumière autre que les chandelles dans les couloirs. Les serviteurs se promenaient régulièrement pour récupérer la cire et changer les chandelles, mais il ne s’inquiétait pas outre mesure de leur présence. L’homme en capuchon glissa un pendentif dans les mains de la magicienne. Celle-ci ne devait probablement pas comprendre pourquoi il lui confiait un objet d’une telle importance.

« C’est pour la petite, lui dit-il à voix basse. Je ne serai probablement pas dans les environs avant qu’elle n’ait grandi.
-  Tu vas lui manquer…
Ne t’inquiète pas. À cet âge, elle ne se souviendra pas de mon visage ni de mon nom.
-  Quand reviendras-tu?
Je ne sais pas. Quand les circonstances nous réunirons, certainement.
-  Tu es sûr que tu ne regretteras pas?
Si. Mais grâce à toi, j’ai pu la voir une semaine… Je suis satisfait. »

Les deux cachottiers se regardèrent un long moment puis l’homme à capuche recula un instant avant de lui ouvrir les bras. La magicienne se jeta à son cou alors qu’il l’enlaçait à la taille avec force. Dans son élan, la magicienne fit tomber la capuche de l’étranger, dévoilant les traits d’un jeune homme aux traits tirés par le manque de sommeil, avec des cernes sous ses beaux yeux bleus. Il ferma un instant ceux-ci en serrant la magicienne contre lui, lui caressant affectueusement les cheveux, avant de mettre fin à cette étreinte. L’homme lui adressa un sourire tendre.

« Tu as fait tant pour moi, Jamiël. Avec toi pour prendre soin de l’héritière de Liam, je pars l’esprit tranquille et le cœur léger.
-  Tu mens mal, Serenos. Ma Dame avait raison; pour peu que tu mentes à un ami, tu détournes les yeux. Mais je te remercie de l’effort. »

Le Roi n’eut pas à forcer pour sourire; un sourire de regret, certainement, mais un sourire tout de même.

« Que ferais-je du pendentif?
Il est à elle, maintenant.
-  Comment l’ouvrira-t-elle?
Elle trouvera bien comment un jour. »

Sur ces mots, le Roi se mit en route, disparaissant dans l’ombre de la nuit, laissant derrière lui la jeune Jamiël, avec dans les mains un bijou d’argent et d’or sur lequel figurait le Sombrechant et le Lion. Elle l’examina un moment, cherchant comment il était possible d’ouvrir l’objet, mais elle se heurta simplement à une forte résistance de la part de celui-ci. Elle étira un sourire bref et disparut à son tour derrière la porte de sa nouvelle demeure.

***

Nexus. La belle Nexus. La cité d’Or et d’Ivoire. Revoir les rues distinguées de cet endroit donnait une vague impression de retour chez soi au Roi de Meisa. Les rues bondées, les enfants qui couraient en hurlant dans toutes les directions, les marchands qui tentaient de se faire entendre au-dessus de tout ce bazar, et les trucs de magie qui relevaient davantage d’un talent de coordination et de poudre aux yeux qu’à un véritable don surnaturel, tout cela lui rappelait encore l’époque bénie où ses amis étaient encore confortablement installés sur le trône. L’arrivée d’une troupe militaire avait rendu les citoyens très anxieux, mais beaucoup se détendirent lorsqu’ils virent entrer en ville une troupe de soldats en tenue civile et sans leurs armes. Avec le Roi en tête, la procession passa lentement dans les rues, se dirigeant lentement mais inexorablement vers le palais d’ivoire. Au passage de l’homme et de son armée, les citoyens s’écartaient de leur chemin. Visiblement, ils comprenaient que ces hommes étaient là pour une raison, mais il y avait une angoisse générale par rapport à l’arrivée d’une troupe de Meisa dans leur cité. Le Roi pourtant souriait. Il ne saisissait pas lui-même sa propre joie, et se doutait qu’elle lui provenait de ce sentiment de revenir d’un long exil. Partout, il voyait la grande cité, presque comme il l’avait laissée.

La preuve néanmoins que la corruption était de retour  se montra à lui lorsqu’il atteint la place du marché. Partout, il y avait de grandes estrades où de « fiers » marchands d’esclave exhibaient de jeunes femmes et de jeunes hommes dans le but de les vendre. Et pas seulement des adultes; il voyait encore de jeunes enfants, à peine en âge de raisonner d’eux-mêmes, être placé devant tous ces inconnus, vêtus d’un morceau de chiffon recousu à toute vitesse. Le Roi serra des dents et se tourna vers les Meisaennes avant de leur murmurer des directives. Les jeunes femmes hochèrent de la tête et se dispersèrent dans la foule en direction des marchands. Serenos ne pouvait pas lui-même se mêler des affaires de Nexus tant que son autorité à la Cour Royale ne lui serait pas restitué et qu’il puisse agir en toute légalité, ce qui ne l’empêchait pas, cependant, d’envoyer de jeunes demoiselles acheter à prix fort une bonne partie des esclaves. De l’argent? Non. Le Roi ne paierait pas un sou pour ces gens. À la place, il s’agissait d’une fausse monnaie qui aurait tôt fait de disparaître au moment des comptes. Le Roi n’avait aucun scrupule à ruiner des gens qui satisfaisaient leur avarice sur le dos des faibles, bien qu’il ne douta pas un instant que certains d’entre eux étaient probablement des criminels, mais comme un voleur subissait une peine d’emprisonnement et un meurtrier la peine capitale, ces criminels n’avaient que fait la bêtise de causer du tort au mauvais genre de personne.

L’esclavage en Nexus était un acte abominable aux yeux du Roi. Après tous les efforts qu’il avait mis avec le Roi de Nexus et sa femme, il avait tant espéré que cette résurgence ne se produise jamais. Malheureusement, les vieilles habitudes ont la vie dure, et pour cette raison, il n’y avait que dans les quartiers aisés qu’il était possible d’être protégé des esclavagistes. Depuis des années, Serenos et les Meisaens attaquaient incognito les convois d’esclaves provenant des villages mis à sac par des brigands et des marchands d’esclave moins scrupuleux, parfois même ceux qui sont renvoyés à Nexus par des régiments militaires victorieux dans quelque campagne, ne réclamant aucun de leurs attentats et les faisant passer pour des opérations clandestines d’un mouvement anti-esclavagisme quelconque, sans nom. Mais malgré ses efforts pour décourager l’esclavagisme, celui-ci était à son apogée, à un point tel qu’il ne restait maintenant plus que quelques citoyens parvenant à se maintenir la tête hors de l’eau et les familles fortunées qui n’avaient pas les fers aux poignets et chevilles. En voyant la tête dépitée des marchands d’esclaves qui voyaient entre leurs mains leur argent disparaître peu à peu, le Roi s’autorisa à apprécier ce plaisir malsain qu’il pouvait tirer du malheur de ce genre de personne en continuant sa route en direction du palais. Il ne s’inquiétait plus pour les esclaves; dès l’instant où ses Meisaennes les auraient escortés en Meisa par les Relais de Téléportation, où ils seraient réhabilités à vivre une vie propre et sans maître, les esclavagistes n’auront aucune autre option que chercher à nouveau des proies ou changer de métier, mais ce ne serait pas de sitôt; ils devraient probablement faire face à la colère de leurs créanciers. Bon débarras, pensa le monarque sans se soucier davantage de leur misérable et pathétique existence.

Lorsqu’il arriva enfin devant le palais des Ivory, le monarque sentit une bouffée de nostalgie le prendre, s’exprimant dans un long soupir. Il leva finalement un pied devant lui et marcha pour la première fois depuis plus d’une décade sur le sol de pierre blanche du palais. Non pas qu’il craignait les répercussions d’agir contre le bannissement imposé par le conseil de régence, puisqu’en Meisa, sa puissance se voyait plusieurs fois décuplée, mais simplement parce que par son absence, il ne se retrouvait pas mêlé aux problèmes de Nexus tant qu’un Ivory ne serait pas à nouveau assis sur le Trône. Il s’étonnait encore que la succession d’Elena au trône n’avait pas résulté par une guerre civile entre les loyalistes et le Conseil de Régence, saluant au passage l’intelligence et la diplomatie de Jamiel au niveau politique; c’aurait été de lui, nombres des nobles auraient perdus leur tête pour que la sienne récupère la couronne. Ce qu’il avait fait, d’ailleurs, pendant la Rébellion Meisaenne.

***

Arthuros cessa enfin de fixer le monde par la fenêtre du donjon. Il avait entendu les rapports selon lesquels Serenos serait arrivé en ville, mais il s’était attendu à ce que celui-ci prenne le chemin direct pour atteindre le palais plutôt que de faire un détour par la grande place, bondée à cette heure de la journée. Posant la plume dont il se servait pour écrire ses nombreuses observations, l’espion du Roi se tourna finalement vers Jamiël. Parmi les quelques femmes qu’Arthuros avait rencontré au cours de sa vie, Jamiël était une qu’il parvenait assez inexplicablement à réellement respecter et apprécier. Probablement pour son intelligence redoutable et sa bienveillance, mais surtout parce que même sans le moindre support, elle avait réussi à faire ce que beaucoup de gens pensaient impossible à réussir; elle avait réussi à mettre la jeune Elena Ivory sur le trône et à, plus ou moins, rendre sa gloire à un Nexus décadent. Il se tira donc de sa chaise, s’approcha de la Dame et mit un genou en terre à côté de sa chaise.

« Dame Jamiël? Le Roi Serenos de Meisa est arrivé. »

Grand homme à la carrure svelte, aux cheveux noirs et aux yeux brillants d’une intelligence et d’une vivacité surprenante, le Conseiller Arthuros de Meisa, précédemment l’une des nombreuses victimes de la peste qui avait sévi sur l’archipel, avait déjà prévu l’éventualité où son Roi et maître prendrait la route de Nexus sur quelque chose d’important se produisait en Sylvandell, aussi avait-il quitté Meisa quelques jours après le départ de son monarque pour gagner le Royaume des Ivorys et faire un résumé sommaire de la situation s’étant produite en Meisa à la Reine et à la chère amie de Nöly. Cependant, il n’avait qu’une vague idée de ce que le Roi aurait pu rencontrer pendant son voyage en Sylvandell, aussi ne put-il éclairer les lanternes de ces dames par rapport à la véritable menace que représentaient les opposants rencontrés au Royaume.

Pour un cercle très restreint de personne, Arthuros n’était pas qu’un conseiller et diplomate Meisaen. Jamiël et Elena étaient membres de ce petit groupe qui savaient que derrière ce masque se trouvait un redoutable assassin qui était prêt à tout pour protéger la famille royale de Meisa ainsi que leurs amis. Maître de la diplomatie du couteau et du poison, sa présence était souvent associée à une mort prochaine ou alors à une menace de la même origine. Il avait autrefois été le gardien de Nöly pendant les quelques visites que celle-ci avait pu se permettre en Meisa, et une des armes de Liam lorsque ses armées et son bras ne suffisaient pas à mettre fin à un conflit.

Il se demandait souvent comment la ravissante magicienne parvenait à s’empêcher de dormir après de telles périodes de veille. Pour Serenos, il se doutait qu’il se nourrissait constamment de l’énergie d’Eglendal tant qu’il y avait du travail à faire, mais pour une femme coincée dans un monde où on ne pouvait survivre au sommeil qu’à l’aide de solutions alchimiques qui vous requinquait tout en vous bousillant les boyaux, il se demandait vraiment d’où elle tirait une telle vitalité.

« Vous devriez fermer les yeux une heure ou deux, ma Dame. Plus tard, cela va sans dire, mais à veiller autant, vous allez attraper le mal. »

Le ton de l’Assassin trahissait une sincère inquiétude pour la santé de la femme. Il savait qu’elle refuserait. Elle refusait toujours, lorsqu’il y avait matière à travailler. L’assassin royal était de ces personnes qui aimaient tellement travailler qu’il se sentait dépérir s’il n’avait pas quelque chose à faire, mais Jamiel, elle travaillait sans relâche, mais pas pour elle-même. Comme Serenos, elle pavait le chemin pour quelqu’un d’autre, pour quelqu’un qui pourrait vraiment changer les choses. Elle avait un but devant elle, qui demandait qu’elle s’investisse de toutes ses forces. L’assassin poussa un long soupir et décida de la laisser tranquille, se dirigeant vers la porte, derrière laquelle il disparut. Il y avait encore quelques bouches à faire taire et des oreilles à boucher, et il n'avait plus beaucoup de temps pour le faire.

***

« Allez à la caserne. Je crois qu’on pourra vous y loger le temps que je discute avec les dirigeants. Hé, ne videz pas la réserve d’hydromel. Vous êtes encore en service. »

La préparation de l’hydromel en Nexus venait des échanges d’autrefois avec les barbares du Nord. Dans les contrées froides, l’alcool était très apprécié pour réchauffer le guerrier loin de chez lui, et elle avait un goût bien particulier. Bien que l’industrie de l’hydromel ne fut pas bien populaire, la réputation de celle-ci était excellente, et les Meisaens payaient très chers pour en obtenir, en raison du manque d’abeilles domesticables en terre Meisaennes. Le Roi salua ses hommes d’un geste de la main avant de regarder le palais avec un brin d’appréhension. Il ne savait pas ce qu’on avait dit de lui à la jeune Reine, et si elle accepterait de le rencontrer. Jamiel n’hésiterait pas, car ils se connaissaient depuis longtemps déjà. Presque une vingtaine d’années, sinon plus.

Il regarda un moment son accoutrement puis fit un geste négatif de la tête. Il n’était pas présentable pour sa première introduction à la Reine de Nexus. Il fit un petit détour par le quartier des serviteurs. Il leur demanda un miroir et, suivant leurs indications, fit quelques détours dans les locaux pour trouver ledit miroir. Une fois dans la pièce, il s’assura de fermer la porte derrière lui. Il lui restait encore dix bonnes minutes avant de devoir se présenter devant le trône. Il se placa donc devant le miroir et examina son reflet. En première étape, il chassa de son corps la poussière du voyage, soulevant dans la pièce un petit nuage de saleté. Il examina son manteau et d’un geste de la main, il répara les déchirures et étirements du tissu pour lui rendre son apparat originel. Il examina ensuite ses vêtements. Maintenant qu’il n’était plus en voyage, il ne voyait plus la nécessité de trimbaler sa combinaison de combat. Il se servit à nouveau de la magie pour retirer rapidement cette tenue pour passer plutôt un pantalon noir sur mesure ainsi qu’une tunique à manches courtes. Le vêtement moulait confortablement son corps, laissant voir ses muscles dessinés, tout en protégeant sa dignité; le vêtement ne lui collait pas à la peau, et donc restait parfaitement naturel. Il fit apparaître une ceinture de cuir et la passa à sa taille, avant d’y glisser Ehredna. Sans sa tenue de combat, il se sentait un peu vulnérable, mais il devait admettre qu’il appréciait une tenue plus décontractée. Il jeta un bref regard à son manteau et évalua que sa fourrure pouvait être déplacée, aussi modifia-t-il la texture du vêtement par magie. À la place d’un manteau épais adapté aux froides nuits sur les routes et aux intempéries, il se retrouva avec une tenue un peu plus noble, un peu plus royale. Il regarda sa tête un bref instant puis il marmonna un sortilège pour leur rendre la longueur qu’il adoptait à l’époque de Liam et Nöly. Autrefois, il appréciait avoir de longs cheveux principalement parce qu’il trouvait distrayant le trouble qu’il pouvait mettre sur le visage à la fois des hommes et des femmes, mais après la mort de ses amis, il s’était coupé les cheveux en signe de deuil, qu’il portait encore depuis, mais maintenant qu’il était de retour en Nexus, il était certainement plus prudent de ne pas montrer trop ouvertement qu’il représentait encore un des vestiges du règne des anciens monarques, et à ce titre les idées qu’ils avaient pour ce royaume.

Une fois présentable, il se décrocha enfin du miroir. Il était bientôt l’heure convenue aux rencontres diplomatiques, et il tenait à passer en premier puisqu’il en avait beaucoup à dire, et surtout parce qu’en titre de Roi, cela lui casserait bien les pieds de devoir passer en dernier. Bref. Il trouva sans peine le chemin de la salle du trône; après tout, il avait autrefois été engagé comme mage de la cour à Nexus, il avait l’habitude de courir un peu partout dans ces interminables couloirs à la demande de tel ou tel membre de la famille royale. Une fois devant la salle du trône, il adressa un regard aux gardes et ceux-ci pressèrent contre les grandes portes menant à la salle du trône.

« Voici sa Majesté Serenos Sombrechant, Roi de Meisa! » lança l’annonceur.

Le monarque s’avança le long du tapis rouge. Autour de lui, les quelques nobles rassemblés chuchotaient entre eux en lançant des regards malveillants vers lui. Il était habitué à leur hostilité; les nobles, peu importe leur nationalité, étaient tirés du même moule, et le Roi ne leur accordait très peu sinon aucun intérêt. Ses yeux étaient en fait rivés sur Elena et Jamiel.

Un instant, il fut frappé par la ressemblance de la première avec son père, le Roi Liam, mais dans son regard, il dénotait cette même douceur mélancolique qu’il avait vu dans celui de sa mère; les yeux d’une femme dont le monde était à la fois lourd, mais riche. Il la fixa un long moment, en silence, comme s’il évaluait quelle réaction serait adaptée à cette rencontre. Le silence fut long, ou du moins le lui sembla-t-il, mais finalement, il brisa ce silence quand, dans un sourire des plus chaleureux, il se plia dans une révérence courtoise, avant de se redresser et de planter ses yeux dans les siens..

« Je n'aurais jamais cru qu'un jour, je me retrouverai à nouveau devant la fille de Liam et Nöly. Elena, ma chère enfant, vous avez grandi merveilleusement bien. Ah, tant de choses que j'aimerais vous dire.»

Galamment, il lui prit la main et lui baisa l'annulaire, en signe de loyauté et d'amitié. Le Roi de Meisa y portait d'ailleurs sa chevalière, sur laquelle figurait les armoiries de la famille royale ainsi que son sceau. Après cette formalité, et en toute politesse, il lui adressa un sourire, puis il se tourna vers Jamiël. Leurs regards se croisèrent, et le Roi perdit son masque de formalité, mais seulement pour elle.

« Les années n'ont pas d'emprise sur ta beauté, à ce que je peux voir, Dame Jamiël. Si tu savais à quel point tu m'as manqué, mon amie. »

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Les landes dévastées / Roi et Reine [Opala]
« le: mardi 14 janvier 2014, 02:05:57 »
Le Royaume de la Reine Opala. Le Roi n’avait jamais mis les pieds dans cette partie des Landes Dévastées, principalement en raison d’autres affaires plus urgentes à gérer en Meisa et aussi parce qu’il faisait suffisamment chaud en Eist’Shabal pour que l’envie de prendre du soleil ailleurs ne le prenne.. Cependant, avec le grossissement des troupes Ashnardiennes qui laissaient présager une attaque à venir, le Roi savait que les pays indépendants, ceux qui ne reconnaissaient ni l’autorité de Nexus ou de l’Empire, étaient probablement les premières cibles de l’ennemi, et pour cette raison, il avait quitté le confort du Palais des Anciens pour rejoindre par bateau la partie occidentale du désert, dans la petite ville d’Arthemes, où il fit l’acquisition d’une carte des oasis et d’une monture. Malgré ses talents pour la magie arcanique, dont la téléportation, il ne pouvait se matérialiser sur un territoire inconnu; il lui fallait au moins y connaître une personne pour pouvoir fixer une cible. Les cartes ne suffisant pas, il devait faire la route à pied, et comme il n’était pas pressé, il avait pensé à prendre ce voyage comme occasion de mettre un peu ses conseillers au travail, leur rendant leur titre de Conseil Régent pendant son absence et leur permettant ainsi de s’assurer du bon fonctionnement de Meisa. Sa première déception était l’absence de chevaux dans cette partie du désert; on lui confia à la place un chameau. Une vraie sale bête. Kermesh, qu’il se nommait. L’animal était visiblement très intelligeant, mais cette espèce avait la fâcheuse habitude d’être la cible de nombreuses farces qui décourageaient le souverain en lui de monter un animal aussi… amusant. Mais faute de mieux, il dut se résigner, et donc, c’est avec cet animal particulièrement réfractaire qu’il entama son périple vers le royaume de Curiyan Iracciyam.

La traversée du désert n’était pas sans risque, et il le savait. Il avait surtout l’habitude des vers géants qui attendaient le voyageur solitaire pour satisfaire leur détestable appétit. Kermesh, bien chargé des sacs de vivre et des gourdes d’eau bien remplies, trainait de la patte derrière le monarque au manteau blanc, et celui-ci se rendit bien compte de l’énorme corvée qu’allait être cet animal.

Pendant trois jours chauds comme des fourneaux de cuisine et trois nuits froides comme le pic d’Espoir, la plus haute montagne de Meisa, en plein hiver, le monarque de Meisa dût tirer comme un forcené sur cet animal pour le contraindre à avancer, bravant deux belles tempêtes de sable sans même prendre une heure pour s’arrêter, ne laissant le temps à sa monture que de se réhydrater et de mâchonner les provisions qu’il avait prévues pour elle, alors qu’il progressait lentement vers le domaine d’Opala. Pendant ces trois jours, il avait pris le temps de se remémorer toutes les coutumes, habitudes et surtout le langage parlé en Curiyan Iracciyam. Il se rappelait des histoires dans les tavernes, surtout sur la nudité presque omniprésente dans ce royaume, et également une sexualité très banalisée; certains rapportaient que pour certaines filles, perdre sa virginité était un but, comme c’était le cas chez les jeunes hommes en pleine puberté. Il trouvait le concept légèrement déconcertant, car si la libération sexuelle n’était plus d’actualité en Meisa, les femmes de chez lui refusaient de se donner à un homme si elles ne le jugeaient pas digne d’elles, et ces femmes, surtout les Meisaennes comme Alessa, avaient des critères plutôt élevés, du coup, avoir le même empressement d’être déflorée lui semblait… à la limite du vulgaire. Malgré tout, l’ouverture d’esprit de Serenos l’empêchait de faire un cas de cette liberté; n’était-il pas lui-même défenseur de ces mêmes droits?

Après ces trois longs jours de marche, il put enfin s’arrêter, car là devant lui se dressait la cité cachée de Curiyan Iracciyam, coupée depuis si longtemps du reste de Terra que sa propre existence avait été inconnue jusqu’à tout récemment, après l’arrivée des premiers voyageurs s’étant perdus dans les chauds déserts pour tomber enfin sur cet endroit que nul n’avait vu avant eux. Le Roi de Meisa avait déjà visité l’Égypte des Terriens, mais il devait admettre qu’il était beaucoup plus impressionnant de voir une telle cité bien vivante et antique plutôt que les ruines de jadis. Kermesh aussi semblait bien content que son voyage fut enfin terminé, car à peine le Roi avait-il fait son premier pas dans l’enceinte de la ville que la bête se mit à geindre pour qu’il la débarrasse et qu’elle aille rejoindre le gérant de la compagnie ayant loué cette sale bête au monarque. Bien content que cette créature lui soit enfin retirée, il cracha au sol en signe de mépris et récupéra ses affaires que son insolent camarade de route avait bien pris soin de laisser tomber au sol. Sans plus attendre, il se dirigea vers le palais royal. Des gardes tentèrent de l’arrêter, mais lorsqu’il découvrit son visage et se présenta, ils se regardèrent tous deux et l’un d’entre eux quitta son poste pour aller prévenir la Reine de la venue du visiteur.

Myrès était un bon garde. Bâti non seulement par son entrainement mais né d’une lignée d’hommes et de femmes de caractère, il avait était l’un des meilleurs combattants de Curyian Iracciyam et le digne protecteur de la porte du palais royal. Sa plus grande force était son indéfectible loyauté envers sa Reine, et pour cette raison, il n’acceptait jamais de laisser son poste. Lorsque l’étranger s’était présenté devant sa porte, il envoya Aaron, son frère, chercher la Reine. Le colosse de muscle toisa l’autre homme, dont le visage masqué par son capuchon ne lui laissait pas confirmer son identité.

« Découvre-toi, étranger. Roi ou pas, on se découvre lorsqu’on se présente face à la Reine.
-  Surveille ta langue, soldat. Tu t’adresses à un Roi, pas à un esclave, fit une voix derrière lui.


« Seigneur Shal’akem! Je vous croyais absent, monseigneur!
-  Je l’étais, mais en tant qu’ambassadeur de notre Royaume en Meisa, il me fallait revenir pour que sa Majesté ne soit pas reçue indignement.
-  Mais Seigneur, il ne se découvre pas, c’est peut-être…
-  Myrès, le Roi Serenos vient d’un autre royaume. Sa peau est beaucoup plus sensible que la nôtre aux rayons du soleil. Serais-tu impoli au point de lui demander de se découvrir devant Râ sans la moindre préparation? Il brûlerait sur place, mon pauvre ami!

S’il ne comprenait pas du tout ce qui se passait, le Roi conserva son silence de moine en laissant l’ambassadeur raisonner son camarade en égyptien ancien, langue qu’il n’avait tristement jamais pris la peine d’apprendre au cours de ses rares voyages dans les pays voisins. Il sembla soudainement un peu découragé, mais surtout, son manteau allait finir par lui arracher sa dernière goutte de sueur; il lui tardait d’être enfin à l’ombre. Les deux hommes s’obstinèrent un long moment, sans qu’il ne sache ce qu’il voulait de lui, jusqu’à ce que Shal’akem se tourne vers le Roi et tende la main vers le manteau de celui-ci. Comprenant enfin ce que l’autre soldat lui voulait, le Roi se débarrassa de son manteau et découvrit sa peau pâle qui fit immédiatement reculer l’autre homme d’horreur devant un teint aussi surnaturellement blanc. Le soldat se mit à prononcer des prières alors que le Roi suivait l’ambassadeur sans vraiment prendre la peine de faire réellement attention aux prières de l’homme.

« La Reine ne devrait pas tarder à vous recevoir, votre Altesse.
-  Je désirerais prendre un bain et me rafraichir avant de me présenter devant votre Reine. Il s’agit de ma première visite, et j’aimerais faire bonne impression. Le voyage fut long et pénible, j’aimerais prendre une heure de repos.
-  Bien entendu, Majesté. Désirez-vous de la compagnie pour votre bain? Nos esclaves sont très habiles de leurs mains, vous en ressortirez vingt ans plus jeune.
-  N’y voyez aucune offense, mais je préfèrerais être seul.

Il ne voulait pas admettre qu’il décourageait fortement l’esclavage de créatures intelligentes, qu’elles soient humaines ou pas, pour ne pas vexer ses hôtes, mais ce n’est pas pour autant qu’il se laissera dorloter par des esclaves, aussi bien traités soient-ils. Shal’akem le dirigea vers une des nombreuses salles de bain et le laissa entrer, seul, avant de s’éclipser. Le Roi s’assura d’être bien seul avant de retirer sa combinaison de combat, laissant tomber Ehredna au sol ainsi que ses sous-vêtements avant de glisser un pied dans l’eau. Un frisson lui parcourut la jambe ainsi que le dos et la nuque au moment où il entra en contact avec le liquide tiède, tant il lui sembla agréable. Il descendit dans le bain, parfaitement nu, et grogna de satisfaction lorsqu’il sentit ses muscles se détendre enfin. Un savon avait été déposé à côté de l’énorme baignoire et il entreprit de se frotter vigoureusement afin de se débarrasser du sable qui lui collait à la peau, avant de se pencher et frotter sa tête avec pour se débarrasser des autres saletés qui avaient fait de sa tête leur nid. Hors de question qu’il ne se présente devant la reine d’un autre royaume en ressemblant à un roturier de dernière classe. Une fois bien savonné, il enfonça tout son corps ainsi que sa tête dans l’eau, se laissant flotter à quelques centimètres du fond. Ne nécessitant pas d’air, le Roi trouvait cette position incroyablement relaxante.

Une fois l’invité royal dans les bains, l’Ambassadeur Shal’akem avait cru bon de le laisser tranquille. Le garde qui l’avait prévenu de l’arrivée de ce personnage s’était ensuite empressé de révéler à la Reine la même information. L’eunuque avait un long parcours politique derrière lui avant d’avoir été envoyé en Meisa en tant qu’ambassadeur, et pour cette raison, il était au courant de nombreuses rumeurs au sujet du Roi de Meisa qui circulaient dans la noblesse nexusienne et ashnardienne, ainsi était-il au courant des nombreux actes de cruauté dans lesquels cet homme avait baigné, et il ne voulait surtout pas que sa Reine se mette en danger en sa présence. Il ne nourrissait à l’égard de cet étranger absolument aucune confiance. Après trois bonnes minutes à marcher dans les couloirs, il se retrouva devant la chambre de la Reine et y entra en se faisant tout de même annoncer.

« Majesté, le Roi de Meisa prend présentement son bain et il semblerait vouloir prendre un peu de temps avant de vous rencontrer. Avez-vous lu mon rapport sur les rumeurs de la noblesse? »

Il espéra sincèrement que ce fut le cas. Même si les rumeurs pouvaient être fausses, elles étaient la principale source d'informations du milieu politique.

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