[FINI] Le Talisman et la Louve [Shad Hoshisora]

Shad tenait à leur rappeler qu’elle était une forte tête, et, que toute soumise qu’elle soit, ce n’était qu’une apparence. Un comportement digne d’une Magoa, qu’elle prouva en mordant Maora. Cette dernière soupira en remuant la main, et Shad, cette courageuse Terranide, si courageuse et si brave qu’elle n’hésitait pas à errer en Enfer, un endroit où les petites Terranides n’avaient pas leur place. Onyxian la sentit forcer, et, lentement, Shad entreprit de se retourner, ce qui eut pour effet de retirer légèrement les verges de la Matriarche. La Succube, joueuse et patiente, la laissa faire, et vit ainsi le visage de Shad, contre elle. Elle l’aida à se redresser, et la tête de la petite Louve finit par atteindre les seins de la démone à la peau rouge.

« Hum... Brave petite Louve... »

Une main se crispant sur ses cheveux, elle laissait Shad sucer ses seins, remuant dessus, avec une énergie agréable et impressionnante. Malgré les deux verges qui étaient en train de pilonner son corps, elle s’évertuait à agir, à lui rendre la pareille. Son énergie était impressionnante, et les doigts d’Onyxian caressaient et se crispaient contre cet agréable cuir chevelu. Shad savait y faire, et elle s’appliquait à embrasser, à lécher, et à sucer chacun de ses seins et de ses tétons, faisant longuement soupirer Onyxian. Pour autant, la Succube ne restait pas inactive, car, avec son autre main, posée sur les fesses de la femme, elle remuait son corps de haut en bas, renforçant ainsi ses pénétrations et ses coups de reins.

Pour l’occasion, plus personne ne venait s’occuper de Shad, mis à part Onyxian. Elles étaient ensemble, toutes les deux, dans une sorte de câlin maternel et fusionnel, ponctué de soupirs, de gémissements, de coups de griffes. Contrairement aux humains, si frileux et si frêles, Onyxian supportait plutôt bien la douleur, et, même, l’appréciait. La douleur, en effet, avait quelque chose de jouissive, d’agréable, quelque chose qui, de fait, était, avec le plaisir, une composante fondamentale du sexe. Le sexe n’était rien sans souffrance et sans plaisir, car ils étaient les deux manières que la Vie avait pour s’exprimer, et le Sexe, lui, était une façon de sublimer la Vie, de la résumer à ce qu’elle avait de plus simple et de plus pure. Autrement dit, quiconque aimait le Sexe aimait la Vie. Et, en suivant cette philosophie, la Luxure, loin d’être un Péché Capital (aux yeux d’Onyxian) n’était que l’expression logique de la Vie. Les démons n’étaient guère très religieux, et Onyxian avait toujours traité avec dédain les religieux, estimant qu’ils étaient responsables de la Luxure. Sans eux, en effet, la Morale n’aurait jamais existé, et c’était bien la morale qui empêchait les êtres humains de laisser libre cours à leur passions et à leurs pulsions.

« Là, ma belle, làààà... Tu aimes ça, hein ? Téter et sucer de beaux seins... »

Onyxian était maintenant debout, sur son lit, et maintenait Shad tout contre elle, sa queue caudale continuant à remuer en elle, tout comme sa verge. Et, petit à petit, Shad était en train de se rapprocher des Magoa. Elle avait goûté à Alastar... Et, maintenant, c’était à la Matriarche en personne qu’elle goûtait, et Dieu sait qu’Onyxian était difficile à satisfaire. La redoutable Matriarche laissait Shad prendre son pied contre elle, et, au bout d’un long moment, les sexes érigés de la terrible démone à la peau rouge se détendirent, et sa semence siffla dans le corps de la femme. À cet instant, les bras d’Onyxian se resserrèrent un peu contre le corps de la jeune femme.

Elle balança sa crème en elle, et soupira longuement.

« Voilà qui fait du bien... N’est-ce pas, Shad ? »

Et Onyxian ponctua le tout par un tendre et sulfureux baiser sur ses lèvres.

Ses jambes se nouèrent autours du bassin de la Matriarche, supportant ses puissants coups de reins. A présent, nul ne venait apporter un peu de piquant à ce moment fusionnel entre les deux femmes. La Louve gémissait, encaissant du mieux qu’elle pouvait les deux verges d’Onyxian. Le changement soudain de position avait permis de leur octroyer une plus grande liberté de mouvement, ou du moins, les pénétrations se firent plus intenses, comme si elles ne l’avaient pas déjà été. L’esprit de la Terranide était en proie à un déferlement de plaisir et ses actions n’étaient dictées que par quelques gestes instinctifs. Ses lèvres refermaient sur les monts de chair de la succube s’affairaient à arracher à Onyxian des soupirs de bien-être. Sa queue caudale fouettait l’air de manière anarchique, frappant de temps à autres les jambes de la succube. Shad le sentait, elle n’allait plus tenir très longtemps et ses muscles internes se resserraient de plus en plus autours des lances de chairs de la matrone. Lorsque cette dernière lui lança une pique concernant le fait qu’elle adorait sucer et téter des beaux seins, la Lycane entre-ouvrit la bouche et mordilla la pointe des tétons de la succube, joueuse.

« Haaa, pu….. »

Les bruits obscènes propres à la copulation masqués tout autre son venant de la pièce et debout sur ce lit imposant drapés de soie rouge, observées par les servantes de la Matriarche, la Louve prenait son pied, allégrement. Elle sentait les deux verges grossirent en elle, palpitantes, prêtes à exploser et eut pour réflexe de raffermir sa prise autours du bassin d’Onyxian, comme si elle chercherait à l’empêcher de se retirer, qu’elle cherchait à ce qu’elle se lâche enfin. Ses lèvres quittèrent sa poitrine et migrèrent vers son cou où elle s’appliqua à le couvrir de tendres baisers remplacés de temps à autres par quelques légères morsures. Son corps tremblait contre celui d’Onyxian, transpirant à grosses gouttes, la Louve sentait qu’elle atteignait sa limite. Pourtant, elle nota également que les coups de bassins de la succube se firent  encore plus rapide et plus violent, tel un bouquet final. Et finalement, elle sentit la queue caudale et la verge se raidirent en elle, tressauter et lâcher leur contenu chaud et poisseux en elle.

La Terranide avait cessé tout mouvement, s’agrippant tout simplement à Onyxian, tremblante de plaisir sous cette énième vague de chaleur qui l’assaillait, lui offrant un nouvel orgasme pour terminer tout cela. Le déluge passé, les muscles de la Louve se détendirent, elle soupira d’aise, répondant au baiser d’Onyxian avec le peu d’énergie qui lui restait. Cette femme venait vraiment de la mettre à bout et tout ce qu’elle pouvait aspirer en cet instant était de faire une petite pause. Oh juste souffler cinq minutes ! Mais la Lycane craignait de ne pas pouvoir répondre aux attentes d’Onyxian si cette dernière souhaitait faire un second round. Pantelante, elle se mit à observer la chambre, croisant son regard avec diverses des convives. Elle devrait les embrasser, c’était le règlement non ? Mais pour l’heure, elle en avait cure. Tout ce qui l’importait était de savoir si elle avait réussi à passer l’épreuve d’Onyxian. Son regard se leva donc vers cette dernière et sans qu’elle ne prononce une seule parole, ses yeux azurés questionnaient la Matriarche : Avait-elle réussi ? Et surtout, qu’est-ce qui l’attendait à présent ?

Onyxian avait bien baisé. Même si la Succube répondait de moins en moins aux Invocations des mortels, ce n’est pas pour autant qu’elle était inactive au lit. De fait, conformément à ce qu’une Succube de haut rang se devait d’être, Onyxian couchait régulièrement, et son quotidien baignait dans le sexe et dans la luxure. C’était juste que, en tant que Succube Primordiale, elle ne s’abaissait plus à répondre aux invocations, laissant cela aux autres membres de son clan. Le pouvoir d’Onyxian était terrifiant, et confirmait qu’on sous-estimait beaucoup trop, en Enfer, le pouvoir des Succubes. Les pouvoirs magiques de la Succube étaient très impressionnants, faisant d’elle une guerrière terrifiante, et d’autant plus efficace qu’elle masquait ses pouvoirs. Une Succube était avant tout une démone intelligente, bien plus que la grande majorité des démons, souvent des imbéciles patentés raisonnant uniquement du point de vue de la force brute.

La Succube Primordiale relâcha Shad, et laissa cette dernière s’affaler sur le lit. Onyxian avait joui en elle, doublement joui, et les cuisses de Shad étaient humides, tâchant les couvertures du lit du nectar intime de la Succube, amenant sur les rougeâtres lèvres de la femme un léger sourire. Le regard de Shad croisa le sien, un regard qu’Onyxian comprenait très bien, car elle savait ce que Shad voulait. Ne répondant pas tout de suite, Onyxian s’assit sur le rebord du lit, et sa main caressa la tête de la femme, glissant le long de ses oreilles.

« Je comprends mieux pourquoi cet imbécile d’Alastar tient à toi, Shad... »

Onyxian était tenue à certaines règles, surtout au milieu des autres Succubes et de ses esclaves.

« Tu peux te reposer pour te remettre... Ta dette est maintenant honorée. Si tu veux quitter ce Palais pour rejoindre ton plan d’origine, tu as ma bénédiction. Mais, en attendant, je te conseille de te reposer. Ton corps n’est pas habitué aux sodomies, et je pense qu’une sieste ne te fera pas de mal. »

Et il était même conseillé de le faire, ne serait-ce que pour flatter l’égo d’Onyxian. Après tout, quand un amant s’écroulait après vos assauts fougueux, c’était beaucoup plus gratifiant que de le voir se relever pour demander une seconde couche, non ? Onyxian lui caressa encore un peu les oreilles, faisant preuve d’une étonnante douceur... Puis elle se releva.

« Bien... Passons au reste... »

La Louve tomba sur le lit sans chercher à amortir sa chute, le choc contre le matelas lui arracha un léger « ouf ! » et elle continuait à observer Onyxian, attendant, sachant très bien que la Matriarche savait ce qu’elle l’attendait. Mais de de réponse, Shad n’en reçu pas immédiatement, la laissant dans l’expectative. Elle vit Onyxian se déplaçait pour s’assoir sur le bord du lit, tendre sa main et lui caresser la tête, plus particulièrement ses oreilles, les flattant délicieusement. Un léger simili de ronronnement s’extirpa de sa gorge, il allait sans dire que la Terranide se sentait trop faible pour l’heure pour repousser une quelconque avance. Face à la première sentence, celle concernant Alastar, la Louve se mis à sourire d’un air amusé, répondant simplement :

« Je pense que je peux prendre cela comme un compliment. »

C’en était un n’est-ce pas ? En tout cas, cela y ressemblait fortement. La Louve en profita pour observer l’état de ses cuisses. Trempée, suintant de liquides corporelles, tâchant les draps du lit de la succube. D’un geste rapide de queue caudale, elle dégagea une partie de la semence présente contre sa peau, la faisant tomber sur le lit. Un bon bain après une bonne sieste ne lui ferait pas de mal. Et c’est justement ce qu’Onyxian lui conseillait justement de faire, se reposer. Au départ, la Lycane avait souhaité se lever du lit et rejoindre la chambre qui lui avait été attribué, mais d’un autre, elle sentait que cela risquait de fortement déplaire à Onyxian. De plus, elle ne pouvait nier qu’elle avait fortement mal au cul et marcher pour le moment semblait être une tâche bien douloureuse. Elle laissa donc sa tête reposer sur le matelas, soufflant.

« Je ne peux pas partir, vous le savez très bien, pas encore. »

Comment diable Onyxian avait-elle pu oublier que Shad était convoquée à une réunion dans le Palais Infernale ? L’Okami ne pouvait décemment par partir des Enfers pour l’heure et devait donc attendre que tout cela se passe. Oh, son état était partagé entre la crainte et la curiosité, ce n’était pas tous les jours qu’une telle chose vous arrivez !  La Matriarche des Magoa se leva finalement du lit, laissant là la Louve qui observa d’un air absent le plafond de la pièce. De toutes parts de la pièce, elle pouvait entendre les gémissements de plaisirs, les cris de jouissance provenant des succubes et des esclaves qui s’occupaient joyeusement et mutuellement.  Et dire qu’il y’a peu,  sa voix s’était mêlée aux autres. Mais pour l’heure, elle devait se reposer, sauf qu’elle ne souhaitait pas se réveiller avec une « surprise » dans sa bouche ou son visage.

Se relevant, elle parvint à se mettre assise sur son lit.  Shad balaya une dernière fois la pièce du regard, elle devrait s’accommoder à ces sons si particuliers. Enfin, ce n’était pas ce qui allait l’empêcher de piquer un somme. Inspirant, elle laissa la magie qui était en elle déferlait dans son corps et d’une Terranide, une Louve imposante pris la place. L’animal se coucha en boule sur le lit et laissa le sommeil la prendre. C’était là une façon de dire aux démons de la Luxure «  nan, je ne suis pas disponible ! ».

Entre temps, pendant que la Louve dormait d’un sommeil réparateur, « bercée » par les gémissements de plaisir, un messager arrivait au sein du Palais des Magoa pour annoncer à Onyxian que  l’audience aurait lieu d’ici quelques heures et qu’aucun retard ne serait accepté. Le message une fois délivrée et l’heure exacte donnée, le messager s’en alla prestement sans demander son reste.

« Plus je regarde cet endroit, et moins je comprends pourquoi tu aimes tant les regarder, Alastar... »

Depuis les passerelles surplombant les Cours, Alastar ne releva pas tout de suite. Debout au milieu des longues passerelles qui permettaient de rejoindre les différentes ailes du vaste palais des Magoa, il pouvait voir, en contrebas, le spectacle navrant et sinistre des corps enchevêtrés. Régulièrement, des panneaux s’ouvraient dans les coins, ouvrant la voie sur de sombres tunnels où des goules et autres serviteurs traînaient des corps nus pour les balancer dans la mêlée. Il s’agissait des âmes récupérées depuis les Limbes. Alastar pouvait entendre les soupirs, et sentait une odeur perpétuelle de crasse et de luxure qui s’échappait de cette immense orgie grouillante, crasseuse, et sale. L’odeur, il fallait bien dire, était infecte. Entre les corps en putréfaction, les déjections naturelles, et la sueur permanente, il y avait une sorte de cumul d’odeurs malsaines et nauséabondes.

La femme qui lui venait de parler, Araxan, était une Succube qui se tenait depuis une terrasse en hauteur. Elle était une puissante Succube, un membre du clan Magoa, proche d’Onyxian, et une amante d’Alastar... Comme le reste des membres du clan. Le Diablotin releva la tête vers elle, et haussa les épaules.

« Je me renseigne sur mes futurs partenaires... »

Araxan esquissa un sourire amusé et goguenard, les observant encore.

« S’ils le voulaient, ces rats pourraient se lever... Le sexe les englobe et les inhibe. On a beau dire tout ce qu’on veut sur la grandeur et la civilisation des Humains, face à leurs pulsions sexuelles, ils sont aussi primitifs que des animaux.
 -  C’est notre lot commun, ma chère... Mais j’admets que l’odeur est particulièrement désagréable. »

Il s’écarta un peu, et Araxan lui expliqua ensuite que l’audience devant le Palingène avait été annoncé. Ils avaient quelques heures pour rejoindre le Palais Infernal, et Alastar était requis, dans la mesure où il avait été le premier à voir Shad. L’homme acquiesça donc. C’était prévisible... Belzébuth n’avait pas traîné, ce qui laissait entendre que ce qui s’était passé le préoccupait. Qu’est-ce que tout cela cachait ? Alastar l’ignorait, et n’avait pas spécialement envie de le savoir. Contrairement à Onyxian, il ne nourrissait pas de profondes ambitions. Son seul désir était de creuser son trou tranquillement, et de continuer à butiner des minettes. Tout le reste était secondaire.

Alastar retourna dans le palais, et s’occupa en couchant avec plusieurs esclaves.

Un quart d’heure avant l’heure du rendez-vous, Le Diablotin se retrouva dans l’une des pièces du vaste palais. Onyxian était déjà là, en compagnie de Shad... Et de personne d’autre.

« Toujours aussi lent à venir, Alastar...
 -  J’avais quelques esclaves qui avaient besoin d’une correction disciplinaire... »

Onyxian ne se faisait aucun doute sur ce que cette « correction disciplinaire » signifiait.

« Nous allons rejoindre le Palais Infernal par un Portail, Shad, expliqua Alastar à cette dernière.
 -  Même en volant, il nous faudrait des semaines pour rejoindre le Palais Infernal. Je suis étonnée que Belzébuth nous convoque si tôt... »

Alastar haussa les épaules. Onyxian se dirigea ensuite vers une orbe magique se trouvant devant un grand miroir. Elle posa sa main dessus, se concentra, et utilisa la magie à l’intérieur pour que le miroir s’illumine. La surface translucide se voila pendant quelques secondes, puis montra une autre pièce. Le trio passa par là, et rejoignit le Palais Infernal, Alastar à côté de Shad, Onyxian devant.

Ils débarquèrent dans une petite pièce en marbre, face à un escalier intérieur montant vers une porte à double battant. Onyxian grimpa, et, alors qu’elle marchait, des torches s’allumèrent à gauche et à droite, éclairant leur chemin. Ils arrivèrent ainsi dans une énorme et gigantesque cour, avec, droit devant, un massif palais composé de multiples tours pointues, de drapeaux flottant au vent, et, derrière ce palais, d’une paroi rocailleuse immense avec une cascade de lave qui coulait derrière. C’était une cour grandiloquente, dédiée à l’ego surdimensionné des Princes Infernaux.

À droite et à gauche de la cour, il y avait, entre plusieurs structures, des colonnes en marbre, et d’énormes statues, gigantesques, représentant tous les Princes Infernaux. Il y avait des démons ailés qui patrouillaient, ou des gardes au sol.

« Bienvenue au Palais Infernal, Shad ! Structure centrale des Démons... Jadis, Satan dirigeait les Légions depuis cet endroit. En cette époque, cette grande cour, et les autres, abritaient les immenses Légions, et les structures pyramidales qui font le tour du Palais généraient d’immenses Portails permettant aux Légions de déferler dans les Plans Intermédiaires. Aujourd’hui, tout ce qu’il reste, ce sont des statues poussiéreuses et des cours vides. »

Le Palais Infernal était bâti au-dessus de rivières volcaniques, et, à travers les failles et les crevasses entre les cours, on pouvait voir ces dernières. Ils s’avancèrent le long de cette immense cour, jusqu’à rejoindre un massif perron, face à une immense porte, extrêmement longue, qui s’ouvrit lentement, en deux, dans un bruissement infernal, au fur et à mesure qu’ils grimpaient.

Une silhouette se tenait à l’entrée de ce Palais gigantesque... Le Chambellan. Il portait une longue cape rouge, une armure, un casque recouvrant son visage, et un livre dans le creux d’une de ses mains.

« Le Chambellan est le responsable des audiences devant Belzébuth... Une sorte de mélange entre un huissier, un greffier, et un Procureur, si tu veux un élément de comparaison. »

Le Chambellan était un démon qui avait toujours accompagné Satan, où il était alors un chroniqueur. On l’appelait aussi « Le Rédacteur », car il était l’un des rares démons à écrire, et ces actes étaient recensées dans les entrailles du Palais Infernal. Le Chambellan était immensément fort, et masquait sa puissance continuellement.

« Bien... Vous voilà. L’audience est presque complète. Shad Hoshisora, je présume ? »

Il avait tourné sa tête vers elle. Shad était alors nichée entre Alastar et Onyxian.

Cela faisait longtemps que la Louve n’avait pas aussi bien dormi. Son corps lupin se soulevait et s’affaissait au rythme de sa respiration qui pour le coup était relativement calme. De temps à autre, l’une de ses oreilles se mouvait ou sa queue se soulevait et s’abattait sur le lit avant de redevenir inerte. En d’autres termes, la Lycane était en train de rêver, de quoi ? Allez le savoir, mais force de constater qu’elle bénéficier d’un sommeil réparateur, ses songes n’étaient donc pas cauchemardesques. Et quid des bruits de plaisir qui l’entourait ? Elle n’y faisait plus attention, laissant là les succubes et leurs servantes se faire plaisir mutuellement dans la chambre de la Matriarche des Magoa. Elle, tant qu’on la laissait dormir un peu, elle s’en fichait pas mal, après tout, ce n’était pas comme si elle n’avait pas déjà cherché le sommeil avec un environnement plus que sonore autour d’elle. Finalement, on vint la chercher. Combien de temps la Louve avait-elle t’elle dormi ? Une heure ? Quatre ? Elle misait plus sur la probabilité de la première réponse, le temps qu’elle avait pu dormir semblait relativement cours.  Mais cela lui avait été largement suffisant. La lupine s’éveilla donc, s’étirant pour faire craquer ses muscles et descendit du lit, toujours parée de sa forme quadrupède, se dirigeant vers la porte et lorsqu’elle arriva à sa portée, elle reprit une apparence plus humaine, touchant la poignée de sa main, l’abaissant et sortant de la pièce, non sans un léger signe de la main en direction des succubes et esclaves présentes. Une manière de les saluer tout simplement.

Puis, la Lycane indiqua son  envie d’aller se laver. Fait qu’on ne pouvait pas lui refuser du fait qu’elle était encore couverte de semence et de sécrétion vaginale. Et autant dire que se rendre au Palais Infernal avec une telle apparence n’était pas quelque chose au goût de Shad. Elle fut donc autorisée à se rendre rapidement au bassin pour une toilette rapide et concise. Ce qu’elle fit avec joie, en profitant également pour revêtir ses habits. Au contraire d’Onyxian ou même d’Alastar, Shad n’appréciait que très peu le fait de se balader le cul et les seins à l’air. Elle laissait volontiers ce plaisir aux succubes et incubes, si cela pouvait leur faire plaisir. Son absence dura en tout une dizaine de minutes, comprenant le temps de passer d’un point à un autre du Palais des Magoa.  La Louve rejoignit donc Onyxian dans l’une des pièces qu’on lui avait indiquées, attendant avec la puissante succube l’arrivée de son frère. Frangin qui arriva avec quelques minutes de retards, mais bon, personne n’était parfait !  Quant à son excuse, il n’était pas difficile d’en comprendre la réelle signification. Après tout, on ne changeait pas si facilement la nature d’un être de la Luxure.  La Louve porta par la suite son attention sur le miroir dont la surface s’était mise à miroiter. Un portail, tout simplement. Elle en avait déjà fait l’expérience et ne craignez donc pas de traverser ce miroir à la surface ondulante, action qui fut faite rapidement, la menant en pleins cœur du Palais Infernale ou plutôt dans une salle close qui menait sur une immense porte à double partante qui menait elle-même à une gigantesque cours où la vue globale du Palais Infernale avec ses nombreuses ailes et tours étaient visibles. De quoi vous donnez l’impression d’être…rien.

« C’est…impressionnant, mais…vide »

Très vide même. Mise à part les quelques gardes au sol et dans les airs, le Palais Infernale étaient déserts. Mais la Louve gageait que la plupart des démons devaient se terrer dans leur palais où  ils pourront se complaindre dans leur richesse.  Shad marchait donc, située entre Alastar et Onyxian, suivant la route jusqu’à une deuxième porte imposante, située en haut d’un escalier. Du bas de ce dernier, la Louve pouvait entendre la porte s’ouvrir dans un grincement infernal, lui vrillant presque ses oreilles sensibles. De l’huile…Cette porte aurait bien besoin d’un peu d’huile. Non, de beaucoup d’huile !  Finalement, ils arrivèrent à la fin de leur ascension et se retrouvèrent devant un personnage dont la fonction fut présentée à Shad et lorsque ce dernier demanda confirmation quant à son identité, elle approuva d’un hochement de la tête, doutant cependant qu’une personne pouvait les tromper à ce sujet. Après tout, les âmes n’étaient-elles pas censées arrivées soit en Enfer soit au Paradis ? Dans cette optique, ces démons n’avaient-ils donc aucun moyen de s’assurer de l’identité exacte des personnes se trouvant à leurs côtés ?

Suite à cela, le groupe, mené par le Chambellan puis s’avancer au sein du Palais Infernal. Des torches éteintes sur les parois s’allumaient lors de leur passage avant de s’éteindre une fois qu’ils avaient avancés, laissant le couloir présent dans le dos plongé dans de sombres ténèbres. L’écho de leur pas n’était également pas possible à dissimuler. Ce palais était gigantesque, il l’était déjà vu de l’extérieur mais de l’intérieur,  tout cela semblait si irréelle. Le groupe termina sa route devant une porte en or massif, gardés par deux démons armés. La Terranide était presque à se demander si elle n’allait pas de charybde en scylla.

Le Chambellan les guida à travers les énormes couloirs du Palais Infernal. Ils étaient destinés à accueillir des démons faisant parfois plus de cinq mètres de haut. De longs tapis rouges étaient dressés ici et là, et, comme pour les cours, les couloirs étaient vides. Leurs pas résonnaient le long de ces murs immenses aux plafonds invisibles. C’était un endroit à la fois majestueux et austère, inquiétant, comme une relique du passé. Il y avait bien longtemps que le Palais Infernal n’avait pas été rempli. Comme Shad le soupçonnait fort bien, les Princes Infernaux avaient chacun leur propre palais, et chacun rivalisait de grandiloquence avec le Palais Infernal. Faire d’immenses palais était le petit défi millénaire des Princes, et on ne comptait plus les milliers d’esclaves morts, et encore morts, sur ces chantiers pharaoniques, dont le seul objectif était de s’occuper. L’Enfer, le véritable Enfer, ce n’était pas le soufre, le feu et les flammes, ni même les démons… C’était la répétition. L’Enfer, c’était le cycle éternel de la renaissance, les morts revenant à la vie ici, et, ainsi, vivant sempiternellement les mêmes choses pendant des milliers d’années. Il fallait tout simplement trouver un moyen de s’occuper. C’était fondamentalement pour cette raison que les Princes se faisaient continuellement la guerre, ou passaient leur temps à agrandir leur Palais.

*Mais le Palais Infernal répond à une logique différente.*

Tout en avançant derrière le Chambellan, Alastar expliquait à Shad les détaiuls architecturaux du Palais.

« Il se compose de sept ailes tournant autour d’un pivot central. Sept ailes pour les Sept généraux de Satan, et une aile centrale, celle dans laquelle nous sommes, où tous se réunissaient. Ceci peut sembler incroyable, mais, à cette époque, Satan dirigeait d’une main de fer ses Légions, et ce Palais était sa cour de justice. C’est là qu’il administrait sa justice à l’encontre de ses subalternes. On trouve encore, dans les archives du Palais Infernal, les décisions qu’il rendait. »

C’était une époque bien différente de ce qu’on observait maintenant. Le Chambellan les guida vers une grande porte, et cette dernière s’ouvrit en deux, les amenant dans une autre pièce, un immense hall. Des colonnes en marbre se tenaient à gauche et à droite, avec des mezzanines faisant tout le tour de la pièce, avec, tout au fond, un massif fauteuil et un double escalier intérieur derrière, menant à la mezzanine. Le grand fauteuil se trouvait sur une petite terrasse, et tenait plus d’un immense trône. Alastar leva la tête, et put voir, sur le plafond, une fresque infernale. Il y avait des invités dans des robes derrière les colonnes, des observateurs, et des gardes en armure formant un couloir, deux lignes à leur gauche et à leur droite amenant droit vers le Trône.

« Il est là… Je le sens. »

Onyxian faisait référence à l’un de ses plus vieux amants, un Prince qui avait régulièrement l’habitude de changer d’apparence, et qui, aujourd’hui, en avait choisi une parmi tant d’autres.

Asmodée était là. Le Prince de la Luxure tourna sa tête vers Onyxian, puis regarda ensuite Shad… Comment est-ce qu’une si petite Terranide avait bien pu faire pour se retrouver ici, face à Asmodée, face à un Prince Infernal ? Et, surtout, face à l’individu se tenant sur le Trône…

« SHAD HOSHISORA ! » résonna la voix forte et grave du Grand Général.

Une voix impressionnante émanant de l’individu assis sur le Trône… Puis une porte s’ouvrit à hauteur du Trône, et un individu de taille plus petite s’avança. Pour autant, il restait grand et compact, avec une épaisse peau rouge sombre et des séries de pics noirs sur le corps. C’était lui… Belzébuth. Il s’avança vers eux, regardant néanmoins Shad, et plusieurs secondes passèrent. On pouvait sentir l’incroyable et terrifiante puissante qui émanait du corps de Belzébuth.

« Je le sens en toi… La présence des Grands Anciens… »

Il s’adressait à Shad, et poursuivit rapidement :

« Oswald Mandus… Oui… Et ce talisman… »

Asmodée se racla alors la gorge, et se déplaça un peu.

« Noble et Puissant Belzébuth… Pourquoi nous avoir mandé ici ? Que vous importe cette petite Terranide ? »

La question avait du sens, mais même Alastar sentait que, en disant ça, Asmodée avait déjà la réponse à sa question.

« Ne te moque pas de moi, Asmodée… Cette Terranide… Ce talisman… Je le sens… C’est celui d’une Immortelle. »

Comment réagir face à une horde de démons qui vous jugent et qui vous contemplent ? La Louve était certaine qu’il en existait divers façons mais pour l’heure elle jouait la carte du silence et de l’observation. Son trajet au sein du palais infernal n’avait fait que renforcer son impression d’être rien et que, par un simple acte de volonté de la part d’un quelconque démon présent en ce lieu, son âme pouvait être aisément séparée de son corps.  L’écho de ses pas résonnait dans ces couloirs immenses et vides et avec la description que lui offrait Alastar, la Lycane put encore s’imaginer qu’elle ne voyait actuellement qu’une infime partie du Palais Infernale. S’y perdre semblait tellement aisé mais le chambellan les avaient guidés jusqu’à cette fameuse salle. Une salle immense où la moindre volonté de replis serait facilement mise en déroute.  La Lycane arqua un sourcil interrogateur lorsqu’Onyxian pris la parole mentionnant la présence d’un être dont elle sentait la présence. Un prince démoniaque fit son apparition, un prince dont la Louve n’avait aucune idée de son identité ni de son affiliation mais dont elle sentait le regard inquisiteur sur sa personne. Il était vrai que pour des êtres d’un si haut rang, voir une simple Terranide en ce lieu pouvait soulever de nombreuses questions. Mais que devait-elle penser elle ? L’Okami avait simplement l’impression que chacune de ses paroles seraient soupesées et jugées et qu’un mot de travers risquerait de lui coûter gros

« SHAD HOSHISORA ! »

Le cri fit raté un battement de cœur à la concernée qui sursauta sous la surprise avant de se tourner vers la source de l’appel, le trône. Malgré son apparence massive, la Louve n’arrivait pas à discerner correctement son apparence, mais ce ne fut cependant pas cet être qui s’avança vers elle mais un autre, à l’apparence bien plus démoniaque le précédent. Elle resta stoïque lorsqu’il s’approcha d’elle, ne pipant mot, le laissant parler, son regard s’abaissant simplement sur le talisman arachnéen lorsque  ce dernier fut énoncé. C’était à se demander si Elise savait que tout cela arriverait lorsqu’elle lui avait fait ce présent. Le démon que connaissait Onyxian pris la parole et permis ainsi à la Lycane de poser des noms sur les deux êtres devant elle. Au moins, elle savait à qui s’adresser si le besoin s’en faisait ressentir. Inconsciemment, ses doigts glissèrent sur la représentation arachnéenne formant le talisman. Des questionnements envahirent son esprit, devrait-elle s’en séparer ? Le donner tout simplement pour que Belzébuth s’en charge ? Pourtant, au fond d’elle-même, cette envie ne lui sied guère. Mais avait-elle seulement le choix ?  Face à ce flot de pensée, le talisman se mis à luire d’une légère aura cramoisie et l’araignée en son centre pris vie, filant tout simplement sur le corps de la Louve remontant le long de son buste, s’agrippant à son épaule pour finir sa course sur le dos de sa main droite, levant ses pattes en une semi position offensive et défensive. Singulièrement, c’était comme si l’araignée défiait les deux Princes des Enfers. 

La Louve gardait son regard sur cette dernière avant de tapoter le pendentif à son cou, rappelant sa locataire à s’y reloger. Les Immortelles, elle en avait entendu parler ces derniers temps, Onyxian elle-même lui en avait parlé en détail et sur le coup, la Lycane aurait apprécié qu’Elise soit là, car après tout,  ce qui se passait actuellement la concernée également et bien plus qu’elle n’aurait aimé le laissait croire. Des secondes de silences s’étaient écoulées et Shad sentait qu’elle devait parler. Oui mais pour dire quoi ? Sa queue caudale s’agitait dans son dos signe de son anxiété et du fait que son esprit était en pleine ébullition. Que pourrait-elle bien dire maintenant ? Ou que faire ?  Son regard passé d’Asmodée à Belzébuth jusqu’à Alastar et Onyxian avant de revenir sur celui qui présidait cette assemblée, Belzébuth lui-même. Sa langue finie par se délier, la laissant prononcer une seule phrase pour l’heure.

« Mes hommages ô puissants Belzébuth et Asmodée – Elle joignit cette salutation à une légère révérence avant de se relever- si vous voulez observer le talisman libre à vous, je suis également prête à répondre à vos questions, même si, je pense que cela ne sera guère nécessaire. »

Passant ses mains à son cou, la Louve en retira le pendentif, le gardant tout simplement dans sa paume. Si Belzébuth souhaitait l’observer plus en détail, il n’aurait qu’à tendre sa main et s’en saisir tout simplement. Quant aux questions, cela ne dépendait également que de son fait ou d’un tout autre démon présent. Mais pour Shad, les êtres présents ici n’avaient nullement besoin de la questionner, car tout laissait à penser qu’ils savaient déjà tout.

Belzébuth était à l’image de l’intendant du Gondor ; il gouvernait sans aucune réelle légitimité, uniquement parce qu’il avait été, jadis, le plus proche bras droit de Satan, celui qui commandait aux Légions, le général de bataille. Il était le Roi d’un royaume qui n’existait plus, et c’est ce que toute cette symbolique avec cette énorme statue exprimait. Que Shad n’ait pas encore fait une crise cardiaque tenait, pour Alastar, du prodige. Elle était une simple mortelle, issue d’un autre plan astral, faisant face à un Prince, Asmodée, et à Belzébuth en personne. Une vision de cauchemar pour bien des gens, un être abominable et démoniaque. Alastar lui-même se sentait intimidé à l’idée d’être ici. Le Palais Infernal n’était plus qu’une vieille relique d’un passé révolu, mais Belzébuth restait un démon extrêmement puissant. Le Seigneur des Mouches se dressait face à eux, sa puissance les écrabouillant totalement. Et... Que venait-il de dire ? Une Immortelle ? Alastar regarda brièvement Onyxian, et lut dans les yeux de cette dernière la même incompréhension.

Shad, si fière, choisit aussi d’opter pour le respect, un choix qu’Alastar approuva. Même lui ne pourrait pas la protéger du courroux de Belzébuth, et elle leur présenta le talisman. Le fameux talisman abritant une magie arachnéenne. Alastar s’en était déjà douté auparavant, mais il était maintenant convaincu que toute cette histoire dépassait de loin un simple talisman fait de magie arachnéenne. Il y avait un détail qui lui échappait. Shad tenait le talisman vers Belzébuth et Asmodée... Et les deux semblèrent hésiter à le prendre.

*Mais qu’est-ce qui se passe ?*

Belzébuth finit par approcher sa grosse main osseuse, et attrapa le talisman... Qui se mit alors à luire. Un rictus de mécontentement traversa les lèvres de Belzébuth, qui entreprit de soulever le talisman.. Puis un rayonnement s’échappa du talisman, et Belzébuth le relâcha alors en grognant. L’objet était devenu aussi chaud qu’un soleil miniature, et heurta le sol, en répandant une violente onde de choc. Alastar, ébloui, ferma les yeux en tournant la tête, et perçut alors une odeur de brûlé.

*Impossible !*

La main de Belzébuth était noircie... Comme si sa peau venait de brûler. Comment un simple talisman fourni par une Terranide dans une forêt sauvage pouvait faire cela ?

« Oui... Plus de doutes possibles, maintenant.
 -  Je ne veux pas de ce talisman chez moi ! lâcha soudain Asmodée. Il est trop dangereux de...
 -  SILENCE !! »

La voix de Belzébuth gronda subitement, une voix forte, qui se répercuta sur les murs et les colonnes de cette immense pièce. Asmodée serra les dents sans rien ajouter, et Belzébuth fixa le talisman, puis Shad, et fronça lentement les sourcils. Il lisait l’incompréhension totale dans les yeux de cette femme.

« Vous ignorez ce qu’on vous a donné ? Ce talisman... Des empereurs seraient prêts à vendre tout ce qu’ils ont pour l’avoir. Il a été conçu par une Immortelle. L’une des Treize. La magie qui les habite remonte aux fondations de l’existence elle-même. »

Onyxian et Alastar connaissaient leur place ici, et n’osaient pas parler, même s’ils avaient furieusement envie de poser des questions. De quoi est-ce que ce vieux fou était en train de parler ? Alastar était totalement largué, et était en train de se dire que, plutôt que de s’aventurer du côté des volcans il y a quelques jours, il aurait mieux fait de continuer à baiser ses esclaves. Le sexe était plus simple, il y avait moins de questions, et moins d’enjeux. Gérer un mari jaloux qui revenait plus tôt de sa journée de labeur pour voir sa femme et sa belle-sœur en train de s’envoyer en l’air entre les bras d’un Incube, Alastar pouvait gérer. Gérer un pouvoir magique remontant à l’aube des temps, c’était autre chose.

« Reprenez votre talisman, Shad Hoshisora. Cette... Cette Élise... Je suppose qu’elle ignore ce qu’elle est réellement. Vous êtes la seule à pouvoir utiliser ce talisman... Ou presque. Celui qui vous a attaqué voulait ce talisman, car, en l’étudiant, il pourra s’en servir pour retrouver la trace de cette femme. »

En disant ça, Belzébuth s’était assis sur un fauteuil devant le trône. Un fauteuil qui était grand, mais qui paraissait ridicule face à la taille imposante du trône de pierre.

« Treize Immortels qui, une fois réunis et réveillés, pourront venir à bout du Roi Cramoisi... Le Seigneur des Araignées veut empêcher cette prophétie de s’accomplir, et il a envoyé sur vous son plus terrible agent, son champion. »

Sûrement le type qui avait attaqué Shad dans les Terres de Feu.

« Vous avez récupéré le talisman d’une Immortelle, et défié les Grands Anciens... Je n’ai rien à gagner en vous aidant. Il veut vous tuer pour pouvoir récupérer le talisman, et, si j’étais plus raisonnable, c’est que je devrais faire, et le lui offrir... »

Alastar se crispa sur place, et posa ses mains sur les épaules de Shad, comme pour la protéger. Asmodée tenta alors d’intervenir, mais Belzébuth enchaîna rapidement :

« Je resterais neutre. »

Le Diablotin n’était pas sûr d’avoir tout compris... Si ce n’est que Belzébuth leur avait signifié de partir.

Il ne pouvait pas s’empêcher d’être légèrement déçu par ce tournant...

Asmodée s’approcha alors d’eux, et regarda Onyxian.

« Depuis quand Belzébuth est-il devenu un tel couard ? s’interroga Onyxian en le regardant.
 -  Tu n’as jamais eu ta langue dans ta poche, Onyxian... Mais, cette fois-ci, ta fierté t’aveugle. Il va venir récupérer ce talisman, et Il tuera cette Terranide. Et tu ne pourras rien faire contre ça. Fais preuve d’un peu de bon sens, et égorge-là toi-même. Peut-être que, de cette manière, quand Il viendra, Il choisira de t’épargner. »

Asmodée disparut alors, et Alastar, ébahi, regarda sa grande sœur.

« Ony...
 -  Silence, Alastar ! Sortons d’ici... »

Il n’existait aucune règle obligeant un démon à obéir aux ordres de son Prince. Et Asmodée avait clairement fait comprendre qu’il ne comptait pas agir. En soi, qu’il ne cherche pas à défendre Onyxian était compréhensible, car Alastar voyait mal un démon s’impliquer dans un litige ne le regardant pas de près... Mais en voir un donner des conseils, et disparaître aussi vite, c’était inhabituel... Tout comme l’é&tait le fait d’être convoqué devant Belzébuth, pour se voir ensuite rejeter dehors au bout de quelques minutes.

Alastar, pourtant, n’était pas encore au bout de ses surprises.

A peine avait-elle étati convoquée que l’Okami se retrouvait déjà remercier par Belzébuth non sans avoir reçu une menace de mort de la part d’Asmodée. Elle observa le médaillon qui semblait attirer les convoitises et qui avait réussi, elle ne savait comment, à blesser le Seigneur des Mouches lui-même. Elise avait-elle eu simplement la moindre idée du pouvoir qu’elle lui offrait en lui faisant ce présent ? Et devait-elle s’affirmer heureuse de savoir que Belzébuth resterait neutre quant à tout ce qui la concernait ? Il était évident qu’il n’allait guère prendre de partie, cela ne lui servirait à rien, mais la tuer aurait été tellement facile, face à leurs puissances, sa défense aurait été minime et vite écrasée. Pourtant, de nombreuses questions continuaient à lui tarauder l’esprit, mais ce n’était pas comme si elle aurait pu prendre la parole face à Belzébuth. Elle n’avait pu qu’écouter, espérant recevoir toutes les informations qu’elle aurait désiré, qu’Onyxian et Alastar auraient aussi aimé entendre, sans poser les questions appropriés. Une discussion unilatérale basée sur le hasard et la chance. Tout ce qu’elle avait pu apprendre était que le médaillon venait bien d’une Immortelle et qu’il était recherché pour traquer la trace d’Elise afin d’éviter une quelconque prophétie et qu’évidemment, elle risquerait de retomber sur l’homme qui l’avait entraîné dans les Terres de Feu. Le Champion du Roi Cramoisi, l’Empereur d’Ashnard.  Face aux conseils d’Asmodée à Onyxian concernant sa mise à mort, la Louve ne put s’empêcher de se demander pourquoi il ne le faisait pas lui-même si il tenait tellement à la mettre hors d’état. C’était là une façon de penser et d’agir qu’elle n’arrivait pas à saisir, la seule chose quelle pu comprendre c’était bien qu’Onyxian avait le choix entre la tuer ou la laisser vivre. Mais ce choix la Matriarche des Magoa le possédait déjà depuis belle lurette, ainsi « l’ordre » ou plutôt le « conseil » d’Asmodée ne changeait pas réellement la donne.

Retour à la case départ. Voilà ce qui pouvait se lire sur le faciès de la Louve. Qu’allait-elle devoir faire à présent ? Le mieux était qu’elle retourne à la Forêt des Toiles et qu’elle en parle directement à la concernée. Ou bien, si elle faisait cela,  ne risquerait-elle pas de conduire ses poursuivants droits sur elle ? Elel soupira, maudissant ce fait d’être pris dans un tel carcan au point de ses décisions. Son regard se porta sur les démons qui quittaient tour à tour la salle d’Audience. Tout ça pour ça. Tout ce bruit pour en avoir fini aussi rapidement et d’une façon qui ne résolvait en rien le problème initial. Mise à part celui de mettre fin à sa vie comme l’avait si bien évoqué le Prince de la Luxure. En y resongeant, la Louve nota que ses paroles étaient ampli d’une certaines…crainte ? Comment un être de sa puissance pouvait craindre un champion venant d’un autre plan ? A moins que ce dit champion était suffisamment fort pour terrasser un Seigneur Démoniaque dans ce cas, la Lycane pouvait s’affirmer heureuse et surtout chanceuse d’être encore en vie.  Elle se tourna finalement vers Onyxian et Alastar, incube qui l’avait surprise en posant ses mains sur son épaule afin de la protéger lorsque le verdict de Belzébuth était sur le point de tomber. Mais aurait-il pu faire quelque chose ? Mise à part se téléporter, la Louve n’y croyait pas trop.

« Je n’ai  plus qu’à rentrer n’est-ce pas ? »

Que pouvait-elle donc faire de plus ? Onyxian lui avait bien dit qu’elle ne souhaitait la garder plus longtemps au sein de son Palais au vue des ennuis qu’elle allait tirer sur un tel endroit. Il fallait bien avouer que sur le coup, la Louve était bien perdue, elle avait cependant une question qui lui vint à l’esprit une autre qui  la mettrais sans doute encore plus mal à l’aise.

« Mais avant..Pour savoir, ce fameux champion, c’est qui ou quoi au fait ? Un humain ? Un démon ? Autre chose ? »

Pour que  certains le craigne ici, il ne devait pas être un être lambda que l’on rencontre à chaque coin de rue. Et si elle devait retomber sur lu, elle était en droit de savoir son histoire non ? Savoir sa puissance ne lui servirait à rien, elle en avait déjà fait les frais et savait pertinemment qu’il pourrait la tuer lors de la prochaine rencontre, il était ainsi normal de savoir de la main de qui on pouvait mourir.

[Fuck c'est court comparé à ton paté D : ]

Alastar ne pouvait pas s’empêcher d’être dépité par ça. Une telle convocation, qui aboutissait sur rien. Belzébuth s’était recroquevillé comme les cuisses d’une nonne un soir de printemps, en refusant de s’engager dans une sorte de jeu lié au Roi Cramoisi (nom qui ne disait absolument rien au Diablotin) et aux Immortels. Le trio se dirigeait vers la sortie, quand Shad, sur un ton qui semblait également assez déçue, en arriva à l’unique conclusion : cette belle aventure en Enfer venait de se terminer. Qui que soit cette Élise, Shad n’avait plus qu’à retourner la voir afin d’essayer d’en savoir plus sur ce talisman, et sur ce qu’était cette femme. Le trio venait de sortir du vaste hall, et remontait dans le couloir, quand Shad demanda qui était l’homme l’ayant attaqué. La réponse fut assez rapide :

« Je n’en ai pas la moindre idée.
 -  Quelqu’un de suffisamment dangereux pour impressionner les Princes Infernaux, rétorqua alors Onyxian. Mais le Roi Cramoisi...
 -  Hmm ?
 -  Pas maintenant. Dehors. »

Onyxian savait des choses. Elle était la Matriarche, après tout. Le trio sortit donc, et se retrouva dans la grande cour d’entrée. Onyxian s’avança un peu, consciente que c’était maintenant ses explications qu’on attendait. Alastar savait que sa grande sœur était fourbe. Perverse, manipulatrice, cruelle... Autant dire qu’elle avait toutes les qualités requises pour exercer un rôle important dans les Cercles Infernaux. Et, en l’état actuel, elle avait, elle aussi, des éléments de réponse à fournir. Alors que le Diablotin attendait, la Matriarche se retourna vers eux, et parla :

« On l’appelait ‘‘Le Seigneur des Araignées’’... À l’époque du Grand Conflit. Il était alors au service de Satan, et était l’un de ses plus proches bras droits. J’ai toujours soupçonné qu’il y avait un lien de famille entre lui et Belzébuth. Mais il est possible que je me sois trompée... Il commandait aux araignées, et était un spécialiste en magie arachnéenne... J’ignore si cette Élise et la magie arachnéenne qu’elle emploie sont liés à la sienne... En tous les cas, Satan lui-même l’a banni et exilé durant le Grand Conflit, pour des raisons qui me sont encore obscures. Pendant longtemps, on a cru le Seigneur des Araignées mort, mais il avait réussi à se reconstituer avec l’arrivée d’Ashnard. Je suppose qu’il a fait partie des démons que les Premières Familles d’Ashnard ont invoqué pour les aider à construire leur Empire. Il s’appelait alors Ram Aballah... Il a été un temps Empereur d’Ashnard, avant d’en être banni. C’est tout ce que je sais. »

Alastar voyait déjà des hypothèses défiler dans sa tête. La magie arachnéenne était le seul lien entre cette créature cauchemardesque et cette Élise. Est-ce que c’était là l’explication ? Élise pouvait-elle être sa fille... Ou quelque chose comme ça ? Est-ce pour ça que l’Aballah la poursuivait ?

« En revanche, reprit-elle, j’ignore totalement qui est ce Champion, et...
 -  C’est un ancien Paladin, intervint alors une voix dans un coin. Un ancien champion de la Lumière qui a réussi à rejoindre le Mont Olympe, et à qui on a confié comme ultime mission d’occire le Roi Cramoisi. »

Onyxian grimaça. Elle n’aimait guère qu’on la dérange, mais elle ne tarda pas à identifier la femme qui venait de parler... Tout comme Alastar. Accoudée à un pilier, Jinx les regardait, bras croisés. Elle avait délesté son armure cérémoniale pour un séduisant pantalon bleu ciel moulant avec des morceaux d’armure sur son torse et sur ses bras.

« Je crois que vous avez soif de questions, et que tu les mérites bien, Shad... Alors, vous pouvez choisir de retourner chez vous, d’oublier cette histoire... Ou de me suivre. Car je suppose que votre entrevue avec l’autre antiquité n’a rien donné. »

Une impertinence typiquement humaine ! Onyxian grommela, et tendit sa main, formant un halo magique à côté d’elle, un vortex de téléportation.

« Cette histoire ne me concerne plus. Alastar... Bah, tu es suffisamment grand pour faire tes propres décisions ! »

Le Diablotin haussa les épaules. Onyxian soupira en comprenant ce à quoi son frère pensait, puis traversa le vortex, retournant dans le palais des Magoa.

« Toute cette histoire m’intrigue... Pas toi, Shad ? »

Quelle ironie du sort ! Les informations qui auraient dû être données lors de cette convocation auront été données par la Matriarche des Magoa en personne. C’était à se demander si toute cette histoire d’audience n’avait pas été qu’une vaste blague, une perte de temps. En réalité, Onyxian aurait pu facilement répondre aux questionnements de la Louve depuis le début. A moins que….Oui il lui manquait un élément important à la base, le caractère peu commun du talisman arachnéen que Shad portait autours de son cou.  La Louve ne pouvait nier que c’était grâce à sa courte entrevue avec Belzébuth qu’elle put  en savoir plus sur ce dernier, ou du moins confirmer qu’il provenait d’une des treize Immortelles. Décidemment, tout cela dépassait l’entendement. La Lycane tout comme Alastar écoutait les explications d’Onyxian concernant le Roi Cramoisi, un ancien roi qui contrôlait les araignées. Sur le coup, la Lycane ne put s’empêcher de se demander s’il n’existait pas un lien étroit entre cet être et Elise qui était surnommée la Reine des Araignées. Si te état le cas, cela pourrait répondre à nombreuses questions, ou non au contraire, cela donnait un nouveau lot de questions. Et la Louve ne put s’empêcher de se demander s’il n’y avait pas un quelconque lien de parenté entre les deux. Finalement, il serait de bon ton qu’elle aille rendre une petite visite à Elise prochainement.  Quand vint enfin l’explication du fameux champion, la Terranide dû s’affirmer déçue d’entendre les premières paroles d’Onyxian, paroles qui démontraient qu’elle n’avait aucune connaissance à son sujet. Mais la Matriarche n’eut guère le temps de finir sa phrase qu’une voix féminine l’interrompit et donna des éléments de réponses, du moins, une partie d’entre eux.

« Jinx ! Contente de te revoir. »

Une simple salutation quand la Louve s’était tournée vers la source des paroles et avait reconnu celle qui l’avait un peu entraîné quelques heures plus tôt. Voir Jinx était en partie un soulagement pour Shad car mine de rien, ici elle ne connaissait pas grand monde. Et qui pourrait  leur  apporter plus d’informations que la fille adoptive de Lucifer elle-même ? Si des questions étaient liés aux Enfers, c’était l’une des personnes plus à même d’y répondre. Cependant, la Louve nota rapidement qu’Onyxian n’avait que faire de tout cela et lorsqu’elle vit le portail de téléportation s’ouvrir, elle n’hésita pas un instant, restant sur place, tout comme le Diablotin.

« Quelle question Alastar ! J’en suis en partie concernée…. »

Qui ne serait pas intrigué par une telle histoire si sa vie était mise en jeu ? La Lycane observa le vortex de téléportation se refermer après le passage d’Onyxian et se retourna vers Jinx, reprennant les paroles qu’elle avait dicté quelques instants plus tôt :

« Donc ce champion était un paladin c’est ça ? Pour un fervent défenseur de la Lumière, le voilà  au service d’autres forces, est-ce l’œuvre du Roi Cramoisi lui-même ou des Grands Anciens ? »

Avec le temps, l’Okami avait noté que les Grands Anciens avaient fait couler beaucoup d’encres à leur sujet, et elle ne serait guère étonnée d’apprendre que le changement de voie de ce fameux « champion » serait en partie de leur fait.  Tout en attendant une réponse, le duo se mirent à suivre Jinx qui leur avait indiqué de se remettre en marche, avançant dans la cour principale du Palais Infernale. L’histoire de ce champion intriguait la Terranide, d’autant plus qu’à présent elle en connaissait une petite partie, ou du moins, elle savait qu’il était censé défendre le Bien et le Juste. Comment un être servant de telle cause avait pu sombrer dans les limbes de la cruauté ?

Jusqu’où cette histoire allait-elle aller ? Alastar avait entendu parler des Grands Anciens, et il avait cru comprendre que Shad, ce petit bout de femme qu’il avait serré dans l’un des bassins du Palais, avait croisé l’un d’entre eux à Nexus. Alastar avait entendu parler de cette histoire. Les démons s’inquiétaient sur tout ce qui concernait les Grands Anciens. De vieilles légendes disaient que, jadis, les Enfers avaient été un endroit assez beau, relativement agréable, et, en tout cas, loin de ce champ volcanique et de cendres continuelles. Si on continuait à en croire ces théories, tout avait changé lors de la Guerre contre les Grands Anciens, qui s’était terminée par leur défaite, et par l’ouverture de prisons interdimensionnelles, des « pocket universes » uniquement destinés à stocker ces Grands  Anciens. Cette bataille avait eu lieu dans le Multivers tout entier, et s’était terminé par la chute des Grands Anciens, et par un bouleversement du Multivers. Toujours à en croire ces théories, l’un de ces bouleversements avait été la destruction des Enfers par un Grand Ancien, un paysage transformé à jamais pour devenir la dimension sinistre et mortelle qu’elle était actuellement. Alastar ignorait si cette théorie était vraie ou non, mais il savait que les Princes Infernaux se renseignaient sur eux. Récemment, à Nexus, quelqu’un, un homme répondant au nom d’Oswald Mandus, avait tenté de réveiller l’un d’entre eux, Shub-Niggurath, en développant une étrange machine. Alastar s’était rendu à Nexus dans les semaines ayant suivi l’épisode de Mandus. Les rues entourant son abattoir étaient ravagées, car Mandus avait libéré sur la ville d’abominables hommes-porcs. Il y avait été en mission, sur ordre d’Onyxian, afin de se renseigner sur la Machine, et s’était notamment renseigné entre les cuisses de plusieurs femmes, qui lui avaient permis d’en savoir plus sur les évènements de la nuit. Une immense vague magique était sortie de l’abattoir, détruisant ce dernier.

Alastar avait donc mené ses recherches, et s’était rendue dans les ruines de l’abattoir, malgré les barrières de sécurité. Il s’était rendu dans ce qui restait de la Machine, et n’avait pas vu grand-chose. Entre ce qui avait été détruit et ce que la Garde Royale avait récupéré, Alastar n’avait eu que des miettes, d’anciennes cellules hermétiquement fermées, et les traces d’une magie ancestrale et sombre, une magie noire extrêmement noire. Il était retourné un peu bredouille avec Onyxian, mais avec la conviction qu’un Grand Ancien avait effectivement été mêlé à cette sombre histoire. Embrouillé dans ses pensées, il suivit Jinx et Shad, deux petites beautés, vers l’un des mausolées faisant le tour de la Grande Cour : celui de Lucifer.

« Les Grands Anciens... Non, ils ne sont pas derrière cet homme. Il est l’agent spécial du Roi Cramoisi, mais... Tout cela est assez compliqué, Shad. »

Le Diablotin voulait bien la croire. Le sexe était quelque chose de nettement plus simple, selon lui. Jinx s’approcha du mausolée, qui semblait totalement emmuré, et elle sortit de ses affaires une sorte de médaillon, qu’elle leva vers le visage de Lucifer, qui se trouvait sur le mur. Le visage s’illumina alors, et la porte s’ouvrit en coulissant, révélant un escalier. Des torches magiques s’allumèrent à gauche et à droite, et la femme s’avança la première. Quand Alastar passa, la porte se referma derrière eux. L’Incube n’était pas spécialement rassuré. Depuis que Shad était là, il était appelé à sortir de ses prérogatives... Bon, c’était une chose à laquelle il était habitué avec Onyxian. Même si la Matriarche adorait le torturer et le tourmenter, elle savait aussi qu’Alastar était un démon fiable et loyal, quelqu’un qui ne chercherait jamais à la supplanter, et ce tout simplement parce qu’Alastar n’aimait pas avoir de responsabilités. En ce monde, son seul désir était de coucher avec d’autres personnes.

Jinx les conduisit tout en bas, devant une sorte de grand miroir, et se concentra. C’était le même miroir de téléportation qu’ils utilisaient au Palais des Magoa, et elle passa à travers.

« Suivez-moi, nous allons tout vous expliquer. »

Le Portail les conduisit dans une sorte de jardin, sur un kiosque. C’était un agréable jardin, qui se trouvait au milieu d’un vaste palais, encerclé par des colonnes, des fenêtres, des balcons, avec, ici et là, des statues en marbre. Le ciel se composait d’une grotte sinistre avec de multiples stalactites.

« Nous sommes dans le Palais de Lucifer... souffla-t-il.
 -  En effet, Alastar... »

Alastar tourna la tête en reconnaissant cette voix, et sourit.

« Jiraya ! »

Jiraya Magoa était l’une des concubines de Lucifer... Et aussi une puissante Succube, l’une des multiples filles d’Onyxian. Elle avait été offerte à Lucifer par Asmodée, et était aussi belle que douée au lit. Elle lui sourit, et se rapprocha d’eux. Alastar l’embrassa tendrement sur les lèvres, puis Jinx et Jiraya s’embrassèrent aussi, sur la bouche... Et il en fut de même avec Shad. Une Succube saluait ainsi.

« Hum... Je sens l’odeur d’Onyxian sur toi, Shad... Coucher avec elle est un grand honneur. Et je suis ravie que Jinx ait pu vous emmener ici. Dès que nous avons appris que tu avais été récupérée par notre cher Diablotin, poursuivit-elle en ébouriffant les cheveux d’Alastar, j’ai convaincu Jinx de venir... Et de vous encourager à venir jusqu’ici.
 -  Tu as des explications pour nous ?
 -  Oh, bien sûr... »

En disant cela, elle regarda Shad, notamment son médaillon, et lui caressa la joue.

« Tu es une femme puissante, Shad... Et tes amies le sont toutes autant. Lucifer s’intéresse beaucoup à toi, Shad. Il sait que tu as affronté Mandus, que tu as défié Shub-Niggurath... Et aussi que tu es amie avec cette impénétrable Élise. Tu es l’une des rares personnes au monde à pouvoir entrer dans sa forêt et à lui parler. C’est un grand pouvoir, et, même si ça peut te sembler impensable, cette capacité pourra peut-être un jour tous nous sauver. »

Le Palais de Lucifer…comment diable avait-elle réussi à se rendre là-dedans ? La Louve avait suivi Jinx sans se soucier d’où ses pas la mèneraient faisant confiance à la fille adoptive de Lucifer mais maintenant qu’elle se trouvait en pleins dans son domaine, elle ne put s’empêcher d’avoir une petite boule au ventre. Oh certes l’endroit était grandiose et beau mais le ciel composé d’une grotte garnies de sstalactites eues tôt fait de lui rappeler dans quel endroit précis elle se trouvait. Et comble de l’ironie, il semblerait qu’Alastar ait une connaissance qui y réside ! La Louve observa la succube, qui était, elle ne pouvait le nier d’une grande beauté et lorsque vint son tour de la saluer, elle l’embrassa également. A force de vivre auprès des Magoa, même depuis à peine quelques heures, l’Okami commençait à retenir quelques codes de conduites des créatures de la Luxure Elle laissa Jiraya lui caressait la joue, son regard passant du sien au médaillon qu’elle portait à son cou et lorsque ses explications furent finies, elle ne put retenir un petit rire :

« Ce n’est pas ma personne qui intéresse vraiment mais ce que je porte autours de mon cou. » lâcha t'elle spontanément

Sans cela, sans ce médaillon, aurait-elle autant de valeurs ? Oh certes elle avait participé à la défaite de Shub-Niggurath dans les Bas-Fonds de Nexus, elle avait vu les monstruosités qu’Oswald Mandus avait pu créer, elle s’y était même confrontée risquant maintes et maintes fois de mourir mais d’autres personnes avaient également vécu tout cela, notamment un espion de la Couronne. Alors pourquoi n’était-il également pas sur le devant de la scène ? Pour la Terranide, il n’y avait qu’une raison à tout cela : Le médaillon qu’elle portait autours de son cou et qui semblait fort convoité. Un simple présent dû à un remerciement qui l’emmenait à rencontrer de tel être, voilà un fait qui était loin d’être banal !  Elle laissa ses doigts glisser contre le présent d’Elise, son index faisant le tour de l’araignée qui y était sculptée.  Son regard allait de gauche  à droite, comme si elle se remémorait un évènement de son passé. Il était vrai que depuis qu’elle avait eu ce présent, la Louve avait été surprise de voir de l’aide provenir de créatures dont elle avait une peur bleue il y’avait encore quelques mois. Elle ne contrôlait pas leurs apparitions, mais tout dépendait l’endroit, des araignées d’une taille considérable pouvaient lui venir en aide. Tout comme cette fois où grâce à des fils de soie, elle avait pu trouver un passage secret au cœur de la Machine.  Voir Elise pour lui en parler ne serait bien sûr pas une chose à négligée.

« La Forêt des Toiles n’est pas infranchissable. Un être doté de magie peut facilement l’anéantir à mon humble avis s’il ne laisse pas de temps Elise à préparer sa défense…sauf qu’il devra biens ûr s’attendre à recevoir toute une armée d’araignées sur lui une fois l’assaut lancée. »

Et les plus grosses n’étaient pas spécialement les plus dangereuses. L’Okami se rappela de cette petite araignée, cette si petite araignée qui avait été mise dans un cocon où un soldat avait été renvoyé dans son camp. Une araignée si petite mais au poison extrêmement létal et foudroyant. Nul doute que si elle avait atteint sa cible, Bhramin, l’homme chargé de tuer Elise n’aurait pas fait long feu.  Cet homme qui maîtrisait les arcanes noirs et qui s’était révélé être un adversaire fort redoutable. La Louve avait même faillit périr face à lui. A vrai dire, ce n’était pas la première qu’elle croisait la mort de près et tout semblait à croire que ce ne serait pas la dernière.

« Si tu me parles de ma faculté à me rendre dans la forêt d’Elise c’est bien pour une raison n’est-ce pas ? Cependant si je m’y rends, je risque d’indiquer son emplacement aux…êtres qui sont sur ma trace et donc sur celle d’Elise. A moins d’utiliser des sors d’illusion pour faire penser que je me trouve à un endroit où...je ne suis pas en réalité. »

Il devenait de plus en plus évident que faire une visite dans la Forêt des Toiles serait à cet instant tout indiqué pour la Lycane. Encore fallait-il qu’elle ait l’aval et surtout qu’elle puisse s’y rendre sans apporter un lot de monstre en tout genre au cœur de cet endroit, de ce sanctuaire que s’était fabriqué Elise.

« Ne sous-estime pas cette femme et la magie qui l’habite, Shad... Le seul moyen d’entrer dans cette forêt sans y être invité est de la brûler. Et je crois que, si Élise connaissait l’origine de son pouvoir, elle en deviendrait encore plus puissante. »

Tout cela intéressait Alastar. Non seulement Jiraya était belle (et l’époque où ils faisaient l’amour frénétiquement lui manquait), mais, en plus, ils parlaient d’une autre fille. Cette fameuse Élise... Une Terranide-araignée. Alastar n’aimait pas trop les araignées, et il était en train de s’imaginer une espèce d’horrible femme avec huit pattes poilues, un gros cul énorme et poilu, et une multitude d’yeux noirs et globuleux sur le visage. Une vision d’horreur bien éloignée de l’apparence réelle d’Élise, mais ça, il ne pouvait pas le savoir. Le Diablotin suivit Jiraya le long du jardin, cette dernière remontant vers l’une des entrées du Palais.

« Pour le reste, le Roi Cramoisi connaît déjà l’emplacement de cette forêt. Rien, ou presque, n’échappe à son Œil. Ou presque, car, s’il peut voir la cime des arbres de la Forêt, ses racines lui échappent. Toi, tu es la clef de ce labyrinthe, ce labyrinthe physique et magique où la magie d’Élise recouvre et voile tout.
 -  C’est à force de côtoyer Lucifer que tu te mets à parler par énigmes, Jiraya ?
 -  Tu préférais quand mes mots étaient plus crus, peut-être ? rétorqua-t-elle avec un sourire charmeur sur le coin des lèvres, en caressant sa joue.
 -  Je dois t’admettre que l’époque où tu soupirais mon nom, de ta voix chargée de désir, était des plus agréables... »

Jiraya se surprit à sourire, et ses lèvres se rapprochèrent de celles de l’Incube. Ils étaient en train de jouer ensemble, de jouer à un jeu de séduction et de romance, comme les Incubes et les Succubes aimaient tant le faire.

« Oh, allons, je suis sûre que le gros appareil que tu as ne doit pas s’ennuyer souvent... Et que ta tuyauterie ne doit pas rouiller...
 -  Parce que la tienne, si, peut-être ? »

La main de Jiraya caressait et flattait son sexe, et l’une des mains d’Alastar s’était nonchalamment posée sur son fessier, le pressant, sans aucune pudeur. Shad avait beau être à côté d’eux, ça ne semblait nullement déranger les deux démons de Luxure. Ils n’appartenaient pas à la Luxure pour rien, après tout, et, chaque jour qui passe, ils ne cessaient davantage de le montrer. Maintenant, ils jouaient ensemble, se flattant mutuellement.

« Je dois admettre que, entre les moments où je couchais avec des Terriens mous du genou pour manger leurs âmes et maintenant... Lucifer est un amant endiablé, Alastar. Quand il me prend, c’est comme si une armée entière était en train de me trouer dans tous les sens. Et, pourtant, il se montre aussi d’une grande douceur et d’une grande délicatesse. Il est un peu comme toi... Mais en mieux.
 -  Lui n’a pas la peau rouge...
 -  Et ?
 -  Ben... Tout le monde aime les gens à la peau rouge, c’est sexy ! »

Jiraya esquissa un sourire, et l’embrassa sur les lèvres... Puis s’écarta rapidement.

« Allons, dépêchons, Lucifer att...
 -  Lucifer n’attend plus, Jiraya... »

Alastar leva la tête en voyant une silhouette descendre du toit. C’était Lucifer, l’ancien Archange, et maintenant Prince infernal. L’être avait conservé sa forme angélique, et se posa à côté de Jiraya, avec des ailes noires impressionnantes. Il se posa sur le sol, juste à côté de Jiraya, et l’enlaça... Puis l’embrassa, avant de s’écarter d’elle.

« Shad Hoshisora... Nous avons enfin la chance de nous rencontrer ! C’est un grand honneur. »

Il se rapprocha d’elle, parlant d’une voix fluette et charismatique.

« Élise... Vous ne connaissez pas ses origines, n’est-ce pas ? Ni d’où vient sa force, sa magie... Elle était autrefois une simple paysanne, une jeune femme qui a été violée et laissée pour morte par des villageois locaux... Mais sa route a croisé une araignée. Elle a toujours pensé que cette araignée était le fruit du hasard... Que cette araignée qui l’a transformé en Reine des Araignées était une araignée formienne venue de loin... »

Où voulait-il en venir ? Alastar avait préféré sa conversation avec Jiraya, et cette dernière intervint alors.

« C’est moi qui ait glissé cette araignée dans la forêt. Et cette araignée n’était pas n’importe quelle araignée. Je pense que tu le comprends, maintenant, Shad... L’araignée qui a mordu Élise... C’était l’une des araignées du Roi Cramoisi. »