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Altenberg
« Les voilà. Tenez les lignes, ne rompez pas la formation.
- Rrrrrrr...
- Les bêtes sont agitées, Monsieur !
- Ne rompez pas la formation ! répéta l’homme.
- Ils arrivent vite...
- C’est la légendaire cavalerie nexusienne. Admirez-les, Messieurs, ils sont le fleuron de leur armée. »
BOM ! BOM ! BOM ! BOM ! BOM !
Dans l’air, les tambours résonnaient, et un léger vent faisait remuer les bannières des officiers. Devant eux, s’échappant des remparts éternels et dorés de l’imprenable Altenberg, un triangle blanc s’étirait, grossissant rapidement en se rapprochant à vive allure, emportant derrière lui une série de lignes. On pouvait voir des griffons impériaux voler dans le ciel, formant la couverture aérienne. On entendait le grincement des trébuchets, le sifflement des énormes blocs de rochers découpant l’air en deux pour se fracasser sur les remparts et les formidables tours nexusiennes. Les longues capes ashnardiennes flottaient derrière leurs chevaux, et les soldats se préparaient à avancer, à fondre sur la cavalerie royale nexusienne.
On disait Nexus au bord de l’asphyxie. On disait la légendaire cité-État en train de sombrer dans la guerre civile. On disait la victoire d’Ashnard proche. On disait que les légendaires forts nexusiens, ces bastions imprenables qui avaient brisé tant de fois les hordes ashnardiennes, n’étaient plus que des châteaux vides et dénués d’âmes. On disait que les Nexusiens étaient divisés entre eux, qu’ils n’attendaient qu’une reprise des négociations pour se rendre aux Ashnardiens, que la guerre entrait dans sa dernière phase. En somme, on disait beaucoup de conneries.
Altenberg était tout, sauf vide. Le légendaire fort était l’ennemi suprême des Ashnardiens, une provocation constante. Nexus adoptait, contre Ashnard, une stratégie défensive, qui était risquée, mais qui, jusqu’à présent, tenait. Cette stratégie consistait en une série de lignes de fronts organisés autour de puissants forts formant une ligne imprenable, un damier éparpillé de forts, de fortins, de forteresses. Pour avancer dans le chaos nexusien, il fallait prendre chaque fortin, chaque citadelle, ce qui nécessitait de s’éparpiller, afin d’éviter que l’ennemi ne s’en serve pour isoler votre armée, et ainsi couper les lignes de ravitaillement. Ceci retardait la marche ashnardienne, et nécessitait de déployer des milliers et des milliers de soldats. Néanmoins, il fallait prendre une superforteresse. Il suffisait d’en prendre une pour déstabiliser toute la défense nexusienne, et permettre d’atteindre Nexus. C’était le point fort, mais aussi la faiblesse, de tout le dispositif nexusien. Si un superfort tombait, Ashnard n’affronterait plus aucune résistance sérieuse jusqu’à Nexus, une ville qui ne pouvait soutenir un siège très longtemps, en raison de sa forte population. Historiquement, Ashnard n’avait réussi qu’à percer une fois un superfort. Une victoire à la Pyrrhus, les Ashnardiens avaient perdu tellement d’hommes qu’ils n’avaient même pas pu avancer de plus d’une lieue avant de devoir sonner la retraite.
Les choses seraient-elles différentes maintenant ?
Cela faisait maintenant deux mois qu’une immense armée avait traversé Terra, partant d’Ashnard vers Nexus. Il y avait eu quelques escarmouches isolées, et plusieurs forts étaient tombés. Des fortins, de petites forteresses en pierre qui s’étaient écroulés rapidement, retardant suffisamment les Ashnardiens pour permettre à Nexus de s’organiser. En temps de guerre, ces ducs et ces barons, si divisés, s’unifiaient d’une seule voix. La guerre était le plus fort élan patriotique du monde. Vérifiez-le. Quand est-ce que les gens se sentent le plus solidaires ? Quand est-ce que la solidarité s’exprime ? Quand on est riches et aisé ? Non, c’est quand on est dans le doute, dans la peur, dans la misère, qu’on se rapproche des autres. C’était humain. La guerre était un facteur social d’équilibre.
L’Empire en avait assez de cette guerre interminable. Voilà pourquoi les conseillers impériaux avaient nommé à la tête de cette immense armée l’un de leurs plus jeunes Maréchaux, très prometteur, celui qui avait brisé une révolte : le Maréchal Coehoorn Van Emreis (http://img81.xooimage.com/files/c/2/9/coehoorn-34095a8.jpg). Juché sur un immense cheval noir, Coehoorn attendait le moment de sonner la charge contre les Nexusiens. Face à eux, il y avait le fils aîné du seigneur de Nexus, qui était en tête, Léopold de Cordillan (http://img94.xooimage.com/files/7/9/1/l-opold-de-cordillan-3b0f0b2.jpg).
« Attendez... Attendez... »
On voyait le soleil briller sur les armures blanches des chevaliers. L’Ordre soutenait les Nexusiens d’Altenberg, ce qui n’était pas étonnant. Les Ashnardiens faisant face aux Nexusiens n’étaient pas que des humains, mais aussi des démons. Il y avait des Lycans énormes, que des humains attachaient par de lourdes chaînes, des cerbères, des Drow chevauchant de grosses araignées, et même des Orcs sur des Warg (http://4.bp.blogspot.com/-9GvyjVuqBAI/TlfC6PGWvrI/AAAAAAAAAEA/oSa-Y-PXiZE/s1600/warg_concept_900.jpg). Le sol tremblait sous les sabots. Coehoorn ferma lentement les yeux, et murmura quelques phrases.
« SUUUUUUUUUUSSSSSS !! hurla Léopold.
- CHAAAAAAAAAAAAAARRRRRGGGGEEEEEEEEEEEEEEEZZZ !! » tonna Coehoorn.
Les trompettes rugirent dans la plaine, les tambours sonnèrent, les chaînes libérèrent les Lycans... Et ce fut la cavalcade. Le sol se mit à trembler encore plus, et Coehoorn s’élança à son tour, entouré par ses proches gardes impériaux, son énorme et puissant cheval foulant le sol. Léopold était en tête, brandissant une épée lumineuse, et l’abattit dans une gerbe de sang, tandis que les elfes accompagnant les Nexusiens balançaient une pluie de flèches, fauchant les Ashnardiens.
A quelques centaines de mètres de là, dans sa tente, Alice entendait les tremblements du sol, les bruits de la bataille, et priait silencieusement. Yeux clos, mains jointes, elle murmurait ses nombreuses prières à l’intention des Dieux principaux qu’Ashnard vénérait dans ce genre de situations. Elle n’avait pas eu le choix. Son père, Tywill Korvander, avait tenu à ce qu’elle vienne, afin de s’endurcir, de voir ce qu’était la guerre. Le camp de Sylvandell était perdu au milieu de nombreux camps ashnardiens, et formait d’ailleurs une enclave au sein d’un autre immense camp. Dans sa tente, Alice était sanglée dans une armure de plates complète et légère (http://img94.xooimage.com/files/d/7/7/248596-3b0f13e.gif), et priait à voix basse. Elle avait commencé par prier le Dragon d’Or, et optait pour d’autres Dieux liés, de près ou de loin, à la guerre. De cette manière, elle espérait obtenir la bénédiction des Dieux pour cette bataille cruciale.
« Ô Dieux, accordez à notre Armée votre bénédiction. Récompensez leur dévotion, leur courage, leur détermination. Je loue votre Aide, Déesse Xalya. »
Alice priait même les divinités mineures, comme pouvait l’être une demie-déesse. Elle priait avec une véritable conviction. Alice était une femme très pieuse.