One Shot / Re : Avant l'ombre, le soleil luira. [Libre]
« le: jeudi 08 mai 2014, 01:39:51 »Eh, pas de panique, Ophélia. Le vampire te prendra quoi qu'il arrive.
Il est fier de lui, le vampire. Il est n'est plus lui même. Il se voit déjà sur elle, elle sous lui. Il l'imagine déjà couiner sous ses assauts. Il se demande si, finalement, cette banquette ne ferait pas l'affaire. Il la taquine encore un peu par ses propos, et il tente sa chance, l'air de rien.
Une gifle fouette sa joue : il cligne des yeux, surpris. Cette petite main si douce vient de le – *SBRAF*. Une douleur brûlante envahit le côté gauche de son visage, dont l'expression haineuse semble soudain refléter exactement celle de la marquise. Cette petit pute. Un troisième soufflet veut s'abattre sur lui, il l'arrête net. Le poignet de la jeune femme se retrouve prisonnier dans l'étau de sa main qui se resserre de plus en plus sur lui. Il est toujours incrédule qu'elle ait osé porter la main sur lui. Il devrait briser cette brindille qui lui sert de membre... La joue du vampire le brûle et le démange. Ça l'exaspère, ça le rend fou, de sentir ses yeux s'humidifier malgré lui ! Un réflexe naturel et incontrôlable lui a presque tiré les larmes, le forçant à battre des cils et à détourner le regard. C'est incommodant, inacceptable !!... Tout en la fixant à nouveau, il tord le bras de l'indocile et l'abaisse lentement, faisant valoir sur elle sa force irresistible. Il pourrait lui faire tellement mal... il l'aurait déjà fait, si elle n'était pas si parfaite... Toute autre serait déjà entrain de geindre en le suppliant de lâcher. Il aurait fait craquer l'articulation sous sa poigne, il lui aurait appris le respect.
Seulement, là, non. Impossible. Il n'est même pas sûr de lui faire vraiment mal. Il pourrait, bien sûr, et c'est cette pensée qui le calme. L'espace de quelques secondes, il la sent en son pouvoir et sa colère s'apaise un peu. Un peu.
Il desserre les doigts et la laisse aller... sans toutefois omettre de lui démontrer sa supériorité physique encore une fois. D'une vigoureuse poussée de la paume sur son plexus, il la rejette arrière, l'envoyant s'affaler brutalement sur le sofa.
Une légère douleur s'est emparée du cœur de Vlad. Là où le chaos de ses émotions capricieuses aurait du réveiller des palpitations effrénées, un poids comprime ses côtes. Sa cage thoracique se soulève par trois fois en se gorgeant d'air ; non pas que le vampire ait besoin d'oxygène, mais il obéit à un reflex, un vieux résidu de l'époque où il était un jeune homme bien vivant. A chaque inspiration, il reprend un peu la maîtrise de lui-même. Il ne lui faut d'ailleurs que quelques secondes pour retrouver son aplomb et toiser à nouveau la marquise, le visage presque détendu.
<< Sachez que je vous exècre, Comte. Et maintenant, déguerpissez de ma vue. Vous m'insupportez. >>
Sa mâchoire se crispe une demi seconde, pas plus. Il fait passer son livre d'une main à l'autre, jette une coup d’œil à la couverture, comme s'il prenait soudain la conversation à la légère. Puis il ramène son regard à son interlocutrice, dans un haussement de sourcil peu concerné.
<< Très bien. Vieillissez donc en paix. >>
L'ouvrage sous le bras, il se détourne et quitte la pièce sans empressement particulier, puis ferme calmement la porte derrière lui, laissant le bruit de sa clôture résonner doucement dans le silence de la bibliothèque, où ne reste plus que la marquise assise en vrac.
Les jours qui suivent, le jeune comte se montrera d'une jovialité à toute épreuve. D'un enthousiasme réfléchi lors de ses discussions avec le compte, la démarche légère et enjouée lors des promenades, déridant régulièrement le vieux noble par ses traits d'humours. Dès le troisième jour, le marquis proposera une partie de chasse au compte, dont ils reviendront tous deux à demi-hilares. Ruloc rentrera essoufflé, le visage rougit par le froid, mais visiblement détendu et heureux. Vlad, lui, ne semblera pas atteint par la fatigue ou le froid. Il sera toujours pâle et inébranlable, tel ne statue de marbre.
<< Il faudra que nous chassions à nouveau ensemble, comte ! >> lancera l'hôte alors qu'un domestique apportera à table une pièce du cerf abattu durant leur jeu barbare. Vlad acquiescera avec un sourire.
En permanence, il traitera la marquise avec une indifférence polie, ne lui adressant la parole que pour quelques banalités, ou lorsque la situation l'y poussera. Si bien qu'un spectateur naïf pourra le croire totalement indifférent aux charmes de cette dernière.