Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Elena Ivory

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Le Palais d’Ivoire était une impressionnante superstructure médiévale. On le voyait à des kilomètres à la ronde depuis la mer. Un édifice colossal qui impressionnait toujours. Kami, elle, ne dit rien, et le seul commentaire qui sortit de sa bouche eut lieu quand ils rejoignirent la falaise, pour signaler qu’il y avait du vent. La remarque arracha un léger sourire sur les lèvres de Ronald.

« Il y a toujours du vent ici. »

La route menant au Palais était jonchée de gardes, et d’autres individus qui montaient ou descendaient. Le tout avait été très aménagé, avec des escaliers et des pentes permettant aux chevaux de grimper. Des drapeaux flottaient le long des murs situés à droite et à gauche de la palissade en pierre, claquant au vent. Par-delà les meurtrières et les ouvertures, on apercevait la mer, on entendait le roulement des vagues, les flots se brisant contre les récifs escarpés. Pour vivre à Nexus, il fallait aimer la mer, tout simplement. Le duo rejoignit ensuite la cour d’entrée, un immense patio avec deux fontaines, plusieurs statues, et une série de drapeaux plantés sur des poteaux métalliques, flottant dans le vent, claquant sous l’effet du vent.

Le Palais avait à son entrée une longue voûte avec des portes latérales, et une énorme porte centrale. Ronald descendit de son cheval, et laissa des pages se charger de conduire les chevaux vers les écuries royales. De grandes ouvertures à gauche et à droite avec des bancs permettaient de voir le paysage, magnifique. La côté nexusienne était jonchée de falaises et de criques, et le port de Nexus, une très longue façade maritime, s’étalait le long de ces criques, passant sous les falaises, à travers des grottes creusées par l’Homme.

« Bon... Suivez-moi, Kami. »

Ils rentrèrent dans le hall d’accueil, une vaste pièce très éclairée, avec de grands rideaux le long des fenêtres, et de nombreuses personnes, attendant, cherchant à savoir où se rendre. Nexus avait beau être une cité médiévale, le Palais d’Ivoire disposait d’une organisation très bureaucratique, avec de multiples services, des bureaux, et des fonctionnaires chargés de renseigner les administrés, et de les amener aux bons endroits. Toute une organisation qui avait arraché à Ronald bien des cheveux. Aisément reconnaissable, il contourna les attroupements sans hésiter, puis grimpa une série de marches, jusqu’à rejoindre des couloirs un peu plus calmes.

Le Palais était un endroit assez aisé. Les couloirs étaient bien éclairés, décorés, agréables, avec de la moquette ou du parquet brillant. Des tableaux ici et là, des plantes vertes, de multiples ornements, sans parler de certains grands couloirs de renom, abritant des tapisseries très onéreuses. Ronald rejoignit une élégante double porte aux serrures dorées, et s’y glissa, entrant dans un élégant salon avec plusieurs bibliothèques, des fauteuils rembourrés, une cheminée... Et un chat qui dormait paresseusement.

« Je vous en prie, installez-vous. Vous devez avoir froid, non ? Les vents qui sont ici surprennent toujours nos invités. »

Ronald tendit la main, et généra une boule de feu, qui fila dans l’âtre de la cheminée. Le feu s’embrasa, surprenant le chat, qui s’étira lentement.

« Je vais aller la chercher, faites comme chez vous. »

Chercher qui ? Ronald restait volontairement facétieux, et s’écarta. Le petit chat, de son côté, bondit rapidement sur place, et se rapprocha du fauteuil où il y avait Kami, soit parce que le fauteuil se trouvait près de la cheminée, soit parce qu’il était intrigué par elle. Kami n’avait plus qu’à attendre. Elle pouvait néanmoins se renseigner auprès des livres. Il s’agissait essentiellement de romans, des récits d’aventure, des contes, des histoires romancées...

Et, au bout d’un bon quart d’heure, la porte s’ouvrit de nouveau... Mais, cette fois, ce n’était pas sur Ronald, mais sur une personne un peu plus petite, avec des cheveux bruns, une élégante et simple robe...

Elena Ivory esquissa un léger sourire devant Kami Kato.

« Bonjour à vous, Madame Kato... »

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Le palais d'ivoire / Re : L'Oiseau Noir et l'Or Blanc [PV: Elena Ivory]
« le: lundi 05 février 2018, 00:53:57 »
Allongée sur le lit, sentant le vent caresser ses cheveux, ses seins légèrement visibles sous la couverture du lit, cheveux défaits, Nöly Ivory observait le corps nu de son amant, fixant l’horizon en ayant les mains posées sur la balustrade. Nu, Liam Ivory fixait la mer, ne semblant visiblement guère se soucier du fait qu’il était nu comme un ver, ce qui amusait Nöly plus qu’autre chose. Vu la forte chaleur régnant dans cette petite chambre, Liam avait proposé de lui-même d’ouvrir la chambre, et laissa ainsi les rayons du soleil éclairer leurs corps en sueur. Nöly était toujours aussi magnifique, avec ses longs cheveux défaits. Liam tourna son visage carré vers elle, et l’observa brièvement. Un rayon de soleil éclairait son visage, et il en resta coi, muet devant tant de stupeur.

« Tu crois que je vais avoir un enfant ?
 -  Je serais déçu, si ce n’était pas le cas... »

La main de Nöly caressa tendrement son ventre. Un enfant... La femme qu’elle était devait bien admettre qu’elle attendait ce moment avec impatience. Il y avait certes la nécessité royale d’assurer une continuité au trône, mais, au-delà de ses obligations royales, Nöly avait juste envie de sentir la vie grouiller dans son ventre. Liam se rapprocha alors, et bondit sur le lit, venant l’arracher à ses pensées en lui volant un baiser.

« Liam... Ce n’est pas raisonnable !
 -  Ah oui... ? Mais je croyais que c’est ça que les Mélisaines aimaient...
 -  Liam ! Tu sais que je suis... Hmmmm... »

Nöly griffa les épaules de l’homme, en cherchant, quoique très faiblement, à le repousser, avant de gémir encore. Liam Ivory n’était pas encore réputé comme étant le « Lion de Nexus », mais, aux yeux de Nöly, il avait déjà l’étoffe d’un redoutable lion...



Le Square du Soleil était un agréable parc s’organisant autour d’un kiosque ressemblant à une forme de soleil, d’où le nom du square. Un endroit agréable situé dans les beaux quartiers de Nexus. Des gens de haute stature y déambulaient, généralement des courtisans, des bourgeois, des individus attendant patiemment ici de pouvoir se rendre à des rendez-vous au Palais d’Ivoire. Depuis les bancs du square, on pouvait d’ailleurs voir les hautes tours immaculées du Palais, qui se dressaient fièrement dans le ciel.

En ce matin, un agréable vent marin ensoleillait la journée, revivifiant les muscles et les cœurs. La mage Jamiël était particulièrement heureuse. Le mariage entre Nöly et Liam était un succès, et la guerre contre l’Empire d’Ashnard approchait de la fin. Les accords de paix organisés au sein des baronnies du royaume central de Gilead devaient permettre de mettre un terme à plusieurs décennies de conflits. Ce n’était maintenant plus qu’une question de jours avant que les colombes blanches n’apportent dans le pigeonnier les rapports faisant état de la signature du traité de paix. Jamiël était donc particulièrement heureuse, et ce d’autant qu’elle allait voir un vieil ami. Nexus comptait bien profiter de la signature du traité pour relancer de nombreux accords, et ainsi parvenir à rétablir l’ordre dans les contrées centrales de Terra, et aider Gilead à reconstruire les multiples terres dévastées par les conflits ashnardiens.

Jamiël sourit en le voyant approcher. D’une allure très féminisée, Serenos avait aussi bien changé, et elle l’embrassa aussi.

« Serenos ! C’est un plaisir de vous revoir ! J’espère que vous n’êtes pas perdu dans Nexus, cette ville est immense ! Même moi, qui y suis depuis plusieurs années, il m’arrive encore de m’y perdre ! »

Elle lui sourit tendrement, révélant ses multiples dents blanches, et enchaîna :

« Comment vous portez-vous ? Le voyage s’est bien passé ? »

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Si Kami s’amusait à charcuter les portes, les devis risquaient de monter... Mais Ronald décida de laisser ça de côté. Il offrait juste l’occasion à Kami d’exprimer ses idées, et, partant, sa personnalité. C’était une manière de l’aider à être moins impressionnée à l’idée de se trouver ainsi, à quelques pas du Saint des Saints, du légendaire et millénaire Palais d’Ivoire. Ronald hocha donc la tête.

« Oui, vous avez tout à fait raison. Passons aux choses sérieuses. Et puis, je pense que vous devez être impatiente, n’est-ce pas ? »

Le Palais d’Ivoire était la première destination touristique de Nexus. Ronald en avait jadis interdit l’accès au public, ce qui avait suscité de vifs émois, le temps de revoir l’ensemble du dispositif sécuritaire mis en place au sein du château. Mais, depuis lors, de nombreuses ailes du Palais étaient accessibles au public. Ronald était donc sûr que Kami avait envie de voir si le Palais était à la hauteur de ce qu’on devait en dire là d’où elle venait. Ronald se releva donc, et attrapa les tasses de café, puis entreprit de proprement les nettoyer avec un chiffon, avant de les déposer sur un plateau en argent dans un meuble, refermant le tout.

« Rassurez-vous, le Palais d’Ivoire est à la hauteur de sa réputation. »

Ronald sortit donc, et alla près des écuries. Il laissa à son agent le soin de fermer la maison, et grimpa sur son cheval, et laissa Kami le suivre. Ensemble, les deux cavaliers quittèrent la belle propriété, et rejoignirent les rues de la ville. Nexus, comme à son habitude, foisonnait d’activité. Régulièrement, des chariots étaient arrêtés le long d’entrepôts ou de boutiques, les charretiers livrant aux commerçants et aux artisans leurs commandes. Des artistes itinérants chantaient le long des rues.

« Jadis, la ville étouffait sous la crasse, expliquait Ronald. Nous nous sommes dotés d’un système d’égouts permettant l’évacuation des eaux usées. »

Des gens sortaient de fait de chez eux, et vidaient leurs bassines sur les gouttières situées le long des trottoirs. Nexus avait beau être une cité médiévale, elle était organisée de manière très moderne. Plus la ville s’était étendue, et plus il avait fallu repenser, en profondeur, son urbanisation. Des maisons avaient été détruites pour permettre de construire d’énormes boulevards.

Les deux cavaliers s’approchaient justement de l’un de ces boulevards, longeant une très belle propriété avec des terrasses qui faisaient l’angle à plusieurs étages. Pour Kami, qui venait d’une ville d’importance moyenne, une telle activité devait être assez impressionnante à voir, sans doute... Mais le meilleur était pour la fin.

« Je n’oublierai jamais la première fois que j’ai vu le Palais d’Ivoire. Nous arrivons au bon moment, les nuages se dégagent... »

Le long des ombres des immeubles, on pouvait voir le soleil... Et, quand le duo dépassa l’immeuble, et rejoignit le boulevard, qui donnait droit vers le Palais d’Ivoire, une lueur éblouissante les frappa. Ronald fronça les sourcils, habitué à ce spectacle... Mais pas forcément Kami. Pendant un bref moment, on pouvait avoir l’impression que les tours du Palais étaient faites en or massif, car les rayons du soleil, par quelque procédé architectural ou magique, s’y reflétaient quand le soleil perçait.

Le Palais d’Ivoire se dressait devant eux, au sommet d’une falaise, construction pharaonique composée de hautes tours se dressant en hauteur. Quand la brume marine tombait sur la ville, on avait le sentiment que le Palais flottait en l’air, la falaise disparaissant sous le brouillard. Les grandes tours, magnifiques, millénaires, se dressaient fièrement, les drapeaux de Nexus, de la Couronne, et les fanions de toutes les maisons, claquant au vent. Immense construction, le Palais était visible depuis la mer, où ses tours flamboyantes constituaient le meilleur guide possible pour les marins, même si le port comprenait de multiples phares.

Ronald laissa à Kami les quelques secondes nécessaires à ses yeux pour s’acclimater à la brillance soudaine des tours, et pour mieux voir le Palais. Une première muraille était aux pieds de la falaise, et, ensuite, une seconde se trouvait de l’autre côté, en haut de la falaise. Et, derrière ce second rempart, une grande cour pavée é&tait là, avec quelques fontaines, et les fanions de Nexus et d’autres royaumes et provinces alliés.

« La première fois que je l’ai vu, je ne l’imaginais pas aussi grand. Admirez-le, Kami, contemplez-le. Le Palais d’Ivoire ! Source de pouvoir, fierté et malheur de Nexus ! Le Palais d’Ivoire ! »

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Ville-Etat de Nexus / Re : La Vraie Nexus [Luria Flowashield]
« le: jeudi 25 janvier 2018, 00:43:43 »
Observant silencieusement la scène, Adamante s’amusait beaucoup de la scène. Luria était tendue comme une corde de violon, semblant s’attendre à tout moment à voir la jeune Elena disparaître, capturée par un quelconque malfrat. Langley en aurait probablement mangé aussi son chapeau sur place, mais Adamante savait ce qu’elle faisait. Il était très important qu’Elena découvre vraiment Nexus, non seulement en sa qualité de souveraine, mais aussi, et surtout, en son titre personnel. Derrière le Palais d’Ivoire, on ne menait pas une vie épanouissante, et c’était pour cela que Nöly et Liam s’évertuaient à rencontrer fréquemment les Nexusiens, Nöly en se rendant dans les quartiers populaires, Liam en rencontrant les soldats, les ouvriers, les dockers. Historiquement, les Ivory les plus incompétents avaient toujours été ceux s’enfermant dans le Palais d’Ivoire, dans leur tour d’ivoire. Officieusement, on disait d’ailleurs que c’était à cause de ça, de ce sentiment de coupure et de supériorité, que le fort royal s’appelait ainsi. Il était donc important de casser les habitudes.

Et, à titre plus personnel, Elena avait tout simplement besoin de faire des activités ludiques, de se détendre, de profiter de sa vie. Elle chantait donc joyeusement, confirmant qu’elle était bien la fille de Nöly... Nöly, qui organisait des fêtes populaires pour son anniversaire, Nöly, qui buvait parfois tellement qu’elle se retrouvait à terre, avec sa culotte visible... Nöly avait toujours été une bonne vivante, autant bonne gestionnaire que croquant la vie à pleines dents.

Adamante se rapprocha de Luria, et posa une main sur son épaule, en lui souriant encore.

« Ne vous inquiétez pas, Luria... Vous savez comment nous avons découverts ce passage ? C’est Nöly elle-même qui l’avait découvert, et qui l’empruntait pour sortir... Elle en avait parlé dans un carnet que Langley n’a jamais lu. Liam sortait avec elle, parfois. Ce genre de fêtes... Je suis sûre que, si Langley était là, il adorerait voir ça... Nöly adorait être en compagnie des marins. »

Elle était une Mélisaine, après tout. La mer était dans les veines des gens des îles. Elena n’était pas différente. Difficile de détendre encore Luria, mais, fort heureusement, Elena finit par redescendre, et bondit dans les bras de Luria, sans qu’on ne comprenne trop comment... Elle gloussait joyeusement, son béret légèrement enfoncé sur sa tête, et releva son visage.

« Eh bien, tu as l’air de t’amuser, toi, dis-moi...
 -  Yep ! Allez, Luria, je suis sûre que vous avez participé à ce genre de choses il y a quelques années ! »

Elena la poussa alors, cherchant à l’amener sur la piste de danse. Adamante utilisa alors un sortilège d’Air, et Luria partit brusquement en avant, se retrouvant emmenée par la jeune Reine, qui continua à danser, emportée par son élan.

*Fort heureusement, nous avons bientôt terminé, ton supplice approche de la fin, Luria...*

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La sécurité personnelle de la Reine, un éternel sujet de discorde au sein du Palais. Ronald ne comptait pas rentrer dans les détails avec Kami, surtout que lui-même n’avait pas de solution idéale. D’un côté, il fallait qu’Elena se rapproche de son peuple pour pouvoir incarner la digne Ivory qu’elle était. De l’autre, il fallait qu’elle reste dans un endroit sûr pour s’assurer que rien de dangereux ne lui arriverait. Ronald avait entièrement conscience de ce paradoxe, et n’avait aucune solution. Inutile d’en parler à Kami, toutefois, car la jeune femme était déjà suffisamment nerveuse comme ça sans lui faire comprendre, ouvertement, qu’Elena allait sûrement davantage la voir comme une espionne que comme une amie.

*Enfin, il n’y a aucun risque qu’elle la repousse, ou qu’elle la houspille... Je crois.*

Ronald avait donc traité le problème avec humour, ce qui, somme toute, était toujours surprenant venant de sa part. Il était plutôt du genre sérieux, et, avec sa balafre au visage, on le voyait mal plaisanter. De fait, le rire de Kami était plutôt nerveux, mais Ronald sentait bien qu’elle avait besoin de se détendre un peu. Elle venait d’une contrée paisible, après tout, une ville bien moins importante que Nexus. Pour elle, tout ça devait être un sacré dépaysement, et c’était aussi sur ça que Ronald comptait... Car, comme Kami, Elena avait aussi connu ce changement, en passant du monastère de Saint-Antoine à Nexus. Ronald avait été l’un des rares Nexusiens à savoir où Elena s’était trouvée pendant les premières années de sa jeunesse, ce qui n’avait d’ailleurs pas été sans mal. Les séances au Conseil de régence avaient été tendues, la plupart des conseillers le sommant de communiquer l’emplacement de la Reine. Quoi qu’il en soit, c’était probablement cette ressemblance entre Elena et Kami qui avait conduit Raito à envoyer la jeune fille.

*Comme moi, Raito doit se douter que le principal problème d’Elena, au-delà de la question de la sécurité, c’est sa solitude...*

L’Intendant répondit finalement aux questions pratiques de la jeune femme assez rapidement :

« Oui, vous aurez un atelier. Quant à l’équipement, je m’occuperais de vous procurer tout ce dont vous avez besoin. Vous êtes à Nexus, maintenant, rappela-t-il. S’il y a une pièce que je ne peux vous procurer, je doute que vous pourrez l’obtenir ailleurs. »

Kami lui posa ensuite une nouvelle question, liée à la forme des serrures, leur taille ou leur esthétisme. Ronald l’observa, masquant sa surprise, et se dépêcha de fabriquer une réponse convenue, comme pour montrer qu’il s’intéressait à cette question :

« Eh bien... Je suppose que vous prendrez les mesures qui convient. Je vous laisserai aviser pour leur forme, c’est vous la professionnelle sur cette question. »

Ronald ménagea quelques instants, puis reprit, décidé à rester sur le plan technique, car y voyant là l’occasion d’amener Kami dans sa zone de confort, et, en somme, de l’amener à se détendre :

« Pardonnez du reste mon inculture, mais que voulez-vous dire par la taille ? Enfin... La taille de la serrure correspond nécessairement au trou fait dans la porte pour y mettre la serrure, non ? Donc... Comment comptez-vous modifier la taille ? »

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Très rapidement, Ronald sentit la détermination de la jeune femme vaciller au fur et à mesure qu’il lui énonçait les dures réalités de la situation à Nexus. Peut-être que lui-même en faisait un peu trop, mais, après tout, Ronald était connu pour sa paranoïa. En même temps, et comme à chaque fois qu’il se disait ça, il se rappelait que la dynastie royale avait été décimée, que Nexus était en train de s’effondrer sur place, croulant de toute part sous les menaces, et que l’héritage de Liam et de Nöly Ivory était plus fragile que jamais. Et en même temps... En même temps, Ronald se disait aussi que la fille du Lion avait un caractère suffisamment trempé pour tromper ceux qui ne voyaient en elle qu’une jeune faible, une petite paysanne éduquée par des moines. À chaque chose, malheur était bon. En étant éduquée par les moines, Elena avait appris ce qui faisait défaut à tous les nobles et les aristocrates que Ronald connaissait : l’humilité. Cette même humilité qu’il apercevait chez Kami, qui en venait même à décliner son offre, ce qui ne manqua pas de le faire légèrement sourire.

« Allons, allons, je ne vous ai pas encore donné les bons côtés, Kami. »

L’Intendant royal savait ménager ses effets, et poursuivit ensuite, tout en sachant que ce qu’il allait dire n’allait sans aucun doute pas suffire à éclipser totalement les doutes de la jeune femme :

« Vous aurez une chambre au sein du Palais. Tous frais payés. Nourritures, vêtements, nous avons même des salles de bains très modernes. »

Un anachronisme lié à l’usage de la plomberie dans certaines riches maisons de la ville. Un héritage tekhan qui trouvait son origine il y a quelques années, quand les Nexusiens avaient développé tout un système d’égouts dans la ville, avec l’aide d’ingénieurs tekhans. Ce système avait été pensé pour lutter contre les épidémies de peste et de maladie, l’hygiène déplorable d’une cité immense, où chacun jetait ses détritus à la rue, propageant ces infections. Les Tekhanes avaient fini par s’investir, car les épidémies étaient remontées jusqu’à eux, par le biais de navires marchands ou touristiques. Depuis lors, Nexus avait fait d’importantes excavations urbaines, afin de construire des égouts, et les ingénieurs et architectes nexusiens en avaient profité pour se renseigner sur le fonctionnement de la plomberie, de l’eau chaude. Nexus s’était depuis dotée, pour les plus fortunés, de chaudières artisanales, fonctionnant avec de l’eau qu’on chauffait à l’aide de gemmes enflammées.

Le Palais d’Ivoire disposait donc de ce genre d’équipements. En filigrane, Ronald était en train de dire à Kami qu’elle disposerait d’une chambre qu’on aurait pu réserver à un haut-diplomate.

« Et un salaire plus que décent, cela va sans dire. Pour le reste... Honnêtement, votre rôle se résumera à vérifier des serrures et des verrous. La sécurité de la Reine, à proprement parler, ne relève que de moi. »

Ronald resta encore silencieux pendant quelques secondes.

« C’est vous que je veux, fit-il alors. Je savais que Raito enverrait quelqu’un qui serait parfait. Je n’accorde pas de l’importance qu’à la compétence uniquement. La loyauté m’est en fait tout aussi indispensable, surtout que, si vous acceptez ce poste, je vous confierai la révision des serrures de la zone la plus dangereuse de tout le Palais... »

Les douves ? Les cachots ? La salle de torture ? Ronald ménagea encore son effet, avant de reprendre :

« Les appartements privés de la Reine. Ce sera terrible, vous n’avez pas idée... »

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Comme elle l’annonça elle-même, Kami ne connaissait que les grandes lignes. Une famille décimée, l’instabilité politique, le chaos et l’anarchie à chaque coin de ruelle. Ronald la laissa parler. Sans doute devait-elle commencer à se demander ce que tout cela signifiait. L’homme prenait son temps. Il ne s’attendait nullement à un double jeu, mais la prudence était toujours de rigueur. En réalité, il lui semblait impossible que cette femme soit entre les mains de l’ennemi. S’il voulait lui décrire la situation actuelle de Nexus, c’était surtout pour qu’elle comprenne mieux ce qu’il attendait d’elle.

« La mère d’Elena, feue la Reine Nöly Ivory, a eu bien du mal à mettre au monde une héritière. D’aucuns commençaient à s’en moquer dans le dos du couple royal. Le Lion de Nexus, Liam Ivory, qu’on disait si adroit de son épée, était-il incapable d’user promptement de sa lance ? Ou est-ce que la Reine était stérile ? Nöly Ivory venait des Îles Mélisi, vous savez. Pour beaucoup, le fait que les Mélisains aient pu avoir une Reine était un affront. »

Les Îles Mélisi formaient un archipel officiellement indépendant, mais économiquement sous la tutelle de Nexus. Un très agréable archipel au large des colonies maritimes nexusiennes, entretenant d’étroites relations avec la cité-État, tant commerciales que militaires. La situation ne s’était guère améliorée depuis pour les familles conservatrices de Nexus, car Adamante, la magicienne si proche de la Reine, était précisément originaire de Mélisi. D’ailleurs, les Mélisains eux-mêmes avaient gardé la jeune Elena pendant plus de dix ans dans un monastère, ce qui n’avait pas été sans provoquer de vives tensions.

Ronald poursuivit son résumé historique :

« La vérité, voyez-vous, et qui n’est connue que par fort peu de gens, c’est que la Reine était empoisonnée. Un poison très particulier, très rare, et indéniablement de très grande qualité, puisqu’il ne tuait que les ovules de la Reine, sans porter atteinte à sa santé. Il a fallu l’expertise des elfes du Bosquet pour pouvoir la soigner. L’enquête menée à l’époque a révélé que le poison était infusé dans le thé que la Reine prenait chaque matin. Nous avons recherché les pages qui livraient le thé, interrogé les fournisseurs, les gardes, tous ceux susceptibles de pouvoir empoisonner la Reine... Finalement, tout ce que nous avons trouvé, ce sont des cadavres et des disparitions, et aucune réponse. »

Ronald ménagea une courte pause, faisant de l’ordre dans ses pensées. Il avait passé des heures, des nuits entières même, à éplucher les pistes, à envoyer ses agents pister de simples pages, à chercher des traces d’un complot ashnardien.

« À qui profite le crime, Madame Kato ? Qui aurait pu commettre une telle forfaiture ? Ashnard est le coupable idéal... Trop idéal, si vous voulez mon avis. Il y a les elfes, aussi. Ceux-ci n’ont jamais pu accepter que Nexus devienne humaine, et continuent encore à chanter de vieilles lunes, l’époque où ce palais était une construction elfique. Ou alors, ce peut être des familles conservatrices, qui ont décidé qu’il était temps de se débarrasser des Ivory, voire les grandes familles bourgeoises, les puissantes guildes marchandes, dont les monopoles économiques étaient mis à mal par les réformes économiques de la Couronne. À qui profite le crime ? »

Cette question, Ronald se l’était longuement posée. Les suspects ne manquaient pas, les pistes non plus...

« Récemment, Nexus a connu de forts troubles. Outre les révoltes de réfugiés, ou les soulèvements épisodiques d’esclaves, des hommes-porcs ont déferlé dans les bas-fonds de la ville. Un épisode singulier, qui m’a amené à la conclusion que je m’étais assagi. »

Une histoire des plus sinistres, et que la Couronne avait, dans la mesure du possible, essayé d’étouffer. L’histoire d’un abattoir, celui de l’honorable Oswald Mandus, qui avait usé sa richesse pour créer cet abattoir au cœur des bas-fonds, afin de redynamiser le quartier en permettant d’offrir du travail aux ouvriers, aux réfugiés, aux migrants. Un abattoir qui était la bouche d’un enfer immonde, d’une construction infernale souterraine, la Machine, construction hideuse transformant ses prisonniers en horribles mutants, fonctionnant grâce au sang et à de sombres arcanes magiques, et dont la finalité ultime était d’ouvrir un Portail, une porte vers les profondeurs abyssales de la Création.

La preuve ultime que Ronald avait eu faux sur toute la ligne, que toutes ses hypothèses étaient fumeuses, et que, si son enquête n’avait jamais pu progresser, c’est parce qu’il avait tapé tout en-haut de sa liste de suspects, sans envisager les autres possibilités.

« Nexus est bien plus fragile que l’image qu’elle en donne, Madame Kato. C’est un colosse aux pieds d’argile, gangréné par la paupérisation de ses quartiers, la corruption, le délitement de ses institutions. Notre Reine est méprisée, bouc-émissaire parfait, accusée d’être l’esclave des Mélisains. Si vous êtes ici, Madame Kato, c’est pour conduire la tâche la plus importante qui soit, car vous avez raison sur ce point... Si la Reine s’éteint, Nexus s’effondrera. Et je n’ose imaginer l’étendue des conséquences d’un tel scénario. »

Son ton était devenu légèrement plus grave, comme pour attester du sérieux de la situation.

« J’ai besoin de vous pour assurer la sécurité du Palais d’Ivoire, acheva-t-il finalement, de vos compétences pour vérifier et améliorer le fonctionnement de nos serrures et de nos dispositifs mécaniques visant à sécuriser le Palais. C’est une mission bien plus importante que ce qu’il semble de prime abord, et, surtout, risquée... Car, croyez-moi, Madame, ceux qui ont empoisonné Nöly sont les mêmes que ceux qui ont provoqué un cyclone ayant ravagé la famille royale. Ce sont les mêmes qui continuent à agir, et qui, j’en suis persuadé, veulent tuer la Reine. Et ça, il n’est pas question que cela arrive, n’est-ce pas ? »

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Les petits gestes ne mentaient pas. Le café était à Nexus un signe de grande richesse, comme le sucre. En effet, la région tempérée nexusienne ne comprenait pas de caféiers. Les arbres et plantes permettant d’avoir de la caféine venaient donc des colonies nexusiennes. Le café était donc, pour l’heure, un privilège réservé aux puissants de la cité-État, même si le café tendait à se développer sur le marché noir. Venant des colonies, le café était un produit assez taxé, ce qui en expliquait la richesse. Autrement dit, Kami se tenait devant un homme de haute stature, ce qui rendait d’autant plus étonnant le lieu de cette rencontre, cette grande maison vide. Du moins, c’est comme ça que Ronald penserait, s’il était à la place de Kami. Qui était cet homme peu avenant au visage tuméfié, avec une posture raide, et qui jurait avec le décor ? Ronald n’avait pas l’allure des aristocrates, il n’en avait pas la panache, ni la stature. Lui était un Paladin d’Haven, habitué à vivre dans des conditions modestes, spartiates.

Il versa donc du café dans deux belles tasses en argent, puis retourna s’asseoir. Kami confirma être pour la première fois à Nexus, et lui indiqua ce que, en effet, il savait déjà : son identité.

« Effectivement, reconnut-il. Votre mentor, Maître Raito Oshiba, qui, d’après sa lettre, vous a formé depuis votre enfance... Ce qui est plutôt rare venant de sa part. J’ignorais qu’il avait encore la patience d’éduquer de jeunes enfants. J’espère qu’il ne vous en pas a trop fait baver... Ou inversement. »

Ronald sourit légèrement, ce qui était suffisamment rare pour qu’on le signale. La lettre précisait le caractère turbulent de Kami, ainsi que ses pouvoirs psychiques. Un don précieusement utilisé par les Horlogers pour leur permettre de faire des assemblages complexes. Raito Oshiba décrivait Kami comme « une horlogère tout à fait compétente », ce qui n’était pas peu dire venant de lui.

« Vous venez d’une région reculée, aussi ne suis-je pas surpris si mon nom ne vous dit rien. Pour vous l’expliquer rapidement, je suis l’Intendant du Palais d’Ivoire, ainsi que le Commandant de la Garde d’Ivoire. À ce titre, j’ai en charge la protection du Palais d’Ivoire, la gestion du personnel, l’organisation de ses défenses... Et, à titre plus personnel, eu égard à mes liens d’amitié et de camaraderie avec feu Liam Ivory, ancien Roi de Nexus, surnommé ‘‘Lion de Nexus’’, j’ai été chargé, suivant testament authentique, d’assurer la sécurité et la protection de Sa Majesté la Reine Elena Ivory, Reine de Nexus, Protectrice du Royaume, et dernière héritière à ce jour de la dynastie millénaire des Ivory. »

Ronald se tut ensuite, laissant le temps à Kami de méditer cela, et but une gorgée de café. Il était chaud, assez fort. Ronald le préparait en personne, et, vu son passé de Paladin, et son tempérament, son café était en conséquence.

« Si je vous ai fait venir dans un tel secret, c’est pour des raisons bien précises, mais je peux vous assurer que le voyage en vaudra la chandelle. »

L’homme ménagea à nouveau une courte pause, puis fixa silencieusement la jeune femme.

« Avant d’aller plus loin, dites-moi... Que savez-vous de la situation politique actuelle à Nexus ? Qu’est-ce qu’on dit sur la cité-État depuis votre forteresse ? »

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Nexus était une ville colossale, très grande. On pouvait mettre la journée entière à la traverser d’un bout à l’autre, et on pouvait passer sa vie à vouloir en explorer chaque recoin. Une véritable cité-État, qui accueillait un nombre très élevé d’étrangers. Une ville cosmopolite, carrefour mondial de flux économiques mondiaux, fournissant en matières premières les grosses usines énergétiques tekhanes, commerçant avec l’ensemble du monde civilisé. Le siège d’une immense flotte, aussi bien marchande que militaire. Nexus, ville millénaire, siège historique de la plus vieille monarchie de Terra, à en croire les légendes. Une ville revendiquée par les elfes, qui accusaient les humains de leur avoir volé cette cité magnifique, recélant des trésors architecturaux. Une ville d’artistes, une ville de poètes, une ville au rayonnement culturel central, qui se targuait d’être le phare des Contrées du Chaos, dardant de ses lumières éclairées des landes sauvages et païennes, ravagées par les attaques de monstres, les guerres, la tyrannie, et la pauvreté.

Mais Nexus était aussi une ville fragile. Sous les lumières de sa splendeur, les ombres s’étiraient, noircissant les rues et les ruelles étroites de la ville. Avant-hier, le royaume millénaire avait tremblé sur ses fondations en étant décapité. La hache du bourreau avait sectionné le cou de l’État ancestral, arraché peau, tendons, et os, ne laissant qu’une mince veine, un filament très fin, qu’on aurait pu couper d’une pichenette, une brindille qui avait réussi à pousser, et à revenir à la maison. Aujourd’hui, la Reine était de retour, et sa protection était une raison d’État. Une question centrale, car sa survie était la seule barrière empêchant Nexus de sombrer dans une querelle qui ruinerait et dévasterait le pays.

Quand la tempête avait emporté les parents d’Elena, ses oncles, ses cousins, ses grands-parents, et les autres membres de sa fratrie, de nombreuses maisons avaient vu leurs vieilles ambitions resurgir, plus vivaces que jamais. Depuis aussi longtemps qu’historiens et scribes le relataient, les Ivory avaient toujours régné sur Nexus. Une dynastie royale légendaire, qui avait durablement marqué l’Histoire de Nexus, à tel point que toute autre famille avait oublié à jamais l’idée de régner sur cet État. Et puis, après le cyclone, des pensées nouvelles étaient venues. Nexus avait déjà connu des tentatives de putsch, la volonté de certaines familles nobles de vouloir renverser les Ivory. Ces pensées avaient fleuri assez rapidement, et, quand la confirmation de la survie d’Elena avait été produite par le Grand Confesseur de l’Ordre Immaculé, les ambitions nouvellement naissantes avaient dû s’éteindre tout aussi rapidement… Mais, une fois l’ambition naissante, elle ne s’éteignait jamais vraiment.

Pour toutes ces raisons, Ronald « Scar » Langley n’avait jamais cessé de veiller sur la protection d’Elena Ivory. Cet homme au visage scarifié n’était pas n’importe qui. Il était le Commandant de la Garde d’Ivoire, et avait été chargé par Liam Ivory, feu le père d’Elena Ivory, d’assurer sa protection. Lui et Lima furent d’anciens camarades, des Paladins formés à Haven, qui avaient guerroyé et combattu ensemble. Le Lion de Nexus avait toujours eu une profonde confiance en Langley, et avait donc, dans son testament, chargé Langley de veiller sur Elena. Et il n’était pas exagéré de dire que Langley était paranoïaque. Il avait remanié en profondeur le personnel du Palais d’Ivoire, diligentant sur chaque membre du personnel, gardes, pages, cuisiniers, des enquêtes poussées, cherchant les traîtres potentiels. Il avait entrepris de verrouiller l’essentiel des nombreux passages secrets du Palais d’Ivoire, et sécurisé lourdement l’ensemble.

C’était pour ça que Ronald se tenait là, dans une élégante maison. Il était assis dans un bureau, une tasse de café devant lui, et observait les courriers qu’il avait reçu, ainsi que les rapports de ses espions. L’Horlogère était arrivée… Il connaissait cet ordre. Les Horlogers… Un nom bien particulier, quand on y pensait bien, et assez ingrat. Car ces maîtres-artisans ne se spécialisaient pas que dans l’horlogerie. Ils étaient des maîtres en matière de fonctionnement mécanique, et, en l’état, ce qui intéressait surtout Ronald, c’était leurs capacités de serrurerie. Il avait été très mystérieux dans sa missive, évitant de trop en dire, conscient que des espions se tenaient à l’affût. Ou peut-être était-il juste paranoïaque.

*Je ne dois jamais oublier que nos ennemis, quels qu’ils soient, ont pu aller jusqu’à empoisonner Nöly pendant sa grossesse, l’empêchant de procréer.*

Nexus était immense, les ennemis étaient là. Hier encore, une vaste conspiration avait été découverte, une énorme usine morbide utilisant la chair humaine et le sang pour créer des monstruosités porcines et ouvrir un Portail destiné à libérer un Grand Ancien*… Là, sous leur nez ! Ronald n’avait pas cru qu’une telle chose pouvait être possible, et pourtant… Cette actualité brûlante avait conduit Ronald à se rapprocher de cette organisation. Il n’était pas sûr de pouvoir se fier entièrement à eux, et s’était donc adressé à Raito Oshiba, Maître-Horloger en qui il avait une confiance relative… Ce qui n’était pas peu dire, émanant de Ronald Langley.

On toqua à sa porte. Un homme entra, l’un de ses agents.

« Votre invitée est là, Messire. »

Ronald hocha imperceptiblement la tête, et reposa sa tasse.

« Faites-là entrer. »

L’homme acquiesça, et se retourna, puis rejoignit le hall d’entrée. La jeune femme était là, telle une petite souris devant ce vaste hall. Le manoir semblait être en plein déménagement. Les meubles étaient recouverts de draps blancs, comme pour les protéger de la poussière. En réalité, la propriétaire de la maison était morte de syphilis. Elle laissait derrière elle plusieurs héritiers qui se partageaient la part du gâteau. La Couronne avait des parts là-dedans, et le litige était actuellement porté devant les juridictions civiles. Dans cette attente, la Couronne, pour éviter des dégradations ou des vols de la part de tel ou tel héritier, avait réquisitionné l’immeuble, une ordonnance judiciaire ayant autorisé cette prise de contrôle provisoire.

Ronald s’en servait comme couverture. L’endroit était inhabituellement vide. De fait, il ne semblait y avoir personne ici, à l’exception de Ronald et de son second. Il faisait froid, l’immeuble n’étant pas occupé.

« Venez, Madame » l’invita l’homme.

Il retourna sur ses pas, jusqu’à rejoindre la porte du bureau de Ronald, et l’ouvrit, faisant signe à la femme de passer. Ronald, assis sur son fauteuil, la jaugea rapidement du regard, et se leva poliment, tendant sa main vers elle.

« Bonjour, Madame Kato. Bienvenue à Nexus. »

Il se rassit ensuite, et attrapa sa cafetière.

« Un peu de café, peut-être ? Je m’appelle Ronald Langley. C’est la première fois que vous venez à Nexus ? »



* : Cf. RP « A Machine For Pigs ».

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Ville-Etat de Nexus / Re : La Vraie Nexus [Luria Flowashield]
« le: mardi 02 janvier 2018, 16:22:47 »
Au sein d’une auberge populaire, le ton pouvait rapidement monter. L’alcool montait à la tête, et pouvait donner lieu à des pugilats, mais, généralement, le ton était plutôt festif. Contrairement à ce qu’on pouvait imaginer, les soirées nexusiennes populaires étaient parfois très sympathiques, la preuve que la violence n’était pas l’apanage des pauvres. Les marins étaient particulièrement enjoués, et leur bonheur se transmettait au reste de la population. Ils étaient contents de rentrer ici, et, si jamais ils avaient su que la Reine danserait parmi eux, ils ne l’auraient sans doute pas cru. Adamante faisait d’ailleurs, avec Luria, la plus noble du groupe, et sa seule présence dénotait dans cet endroit. En fait, plus le temps passait, et plus la magicienne se demandait comment Luria avait entendu parler de cette auberge. Certes, le Poney Fringant n’était pas non plus un bouge infâme, une gargote mal famée des bas-fonds, mais c’était quand même un milieu assez populaire. Venant d’une capitaine aussi sérieuse et stricte…

*Je me demande bien quelle autre surprise vous dissimulez, Capitaine Luria…*

En attendant, Luria se retrouvait embarquée par la tempétueuse petite Reine. Adamante avait déjà pu constater que la musique, surtout populaire, était un véritable exutoire chez elle. Elle grandissait perpétuellement en oubliant qu’elle était une enfant, en étant désespérément considérée comme une adulte, dans l’environnement surprotecteur de Langley. Parfois, il fallait juste qu’Elena se lâche. Luria essayait vainement de mener une bonne conversation avec elle, en évoquant Hinata Kaguya et son mariage prochain. Mais Elena sautillait déjà sur place, et le pire était encore à venir.

L’orchestre improvisé opta en effet pour une ballade très populaire à Nexus, « Tom o’Bedlam ». Elena regarda Luria, les yeux émerveillés, et commença à lui répondre :

« Euh, oui, oui, je dois lui envoyer un faire-part, et je… »

Un accord de violon résonna alors, et Elena, qui reconnut cet air, tourna brusquement la tête. Les premiers accords joués, elle se mit à taper dans sa main, tandis que l’un des marins se mit à grimper sur une table, et à scander la première strophe de la ballade :

« To fiiind my Tom of Beeeedlaaam / Ten thousand years I traaaaveled / Mad Maudlin goes on dirty tooooes / To save her shooooes from gravel… »

Le marin se tut alors pendant quelques seconds, et regarda le public, attendant la reprise, qu’Elena entama à cœur joie :

« Still I sing: Booooonny boys, bonny mad boooooys / Bedlam boys are bonny / For they all go bare and they live by the air / AND THEY WANT NO DRINK NOR MONEY !! »

Le brave chanteur reprit ensuite sous les applaudissements de la foule, Elena continuant à se lancer porter. La ballade était un mélange entre le chanteur individuel et le public, le public répétant les refrains, sous les rythmes du chanteur. Il n’était pas rare d’entrer le « Tom o’Bedlam » dans les cavernes, c’était même un grand classique du genre. Cette soirée festive n’y dérogeait pas, et Elena, de son côté, avec son allure de moussaillon, se retrouva rapidement entraîné par un marin, qui la prit par la main, et la fit tournoyer sur place, avant de la soulever et de la relâcher.

Elena se retrouva finalement sur l’une des tables, à chanter haut et fort…

De quoi donner des sueurs froides au Capitaine Luria !

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Ville-Etat de Nexus / Re : La Vraie Nexus [Luria Flowashield]
« le: lundi 11 décembre 2017, 13:51:54 »
La mer, c’était quelque chose d’inscrit dans l’ADN de tout Nexusien qui se respectait. Il suffisait de consulter un livre d’Histoire pour voir combien le passé de Nexus était intimement lié à la mer, au commerce maritime. Nexus avait tiré toute sa puissance de sa flotte, de ses colonies maritimes, et des routes de navigation que ses marins avaient su protéger et sécuriser. Bien plus que la terre, la mer était l’élément de prédilection des Nexusiens, et, ce faisant, les marins avaient plutôt bonne réputation. Quand un équipage revenait d’une longue tournée, il fallait s’attendre à ce qu’une auberge s’enflamme, et se mette à danser, et les serveuses à finir culbutées dans des chambres. Le capitaine du navire, s’il ne participait pas à la danse collective, comme le voulait la coutume, n’avait pas manqué d’apparaître depuis les hauteurs, pour donner son assentiment à ce qui allait suivre. Sans le capitaine, les matelots se lâchaient. La tradition était faite ainsi.

Quant à Luria, elle se retrouvait paniquée devant ce coup de théâtre inattendu. Mais il était hors-de-question de retirer Elena de la foule ! La petite Reine était toute heureuse, préférant clairement ce genre d’ambiances aux soirées très protocolaires qui avaient lieu au Palais d’Ivoire, et où tout était réglé avec une minutie incroyable. Ici, les marins dansaient, festoyaient, viraient sur place, buvaient, rotaient, et pétaient, suant sur place. Des mains se joignaient à d’autres, des corps tournoyaient, dans une danse rythmée où ceux qui ne dansaient pas observaient la scène, tapant joyeusement dans leurs mains.

*Elle passe son temps à recevoir des rapports alarmants sur la pauvreté et la morosité ambiante à Nexus... Autant qu’elle voit ce qui ne figure pas dans les rapports et les comptes-rendus...*

Pour l’heure, Adamante souriait devant la panique de Luria. Il est vrai que les Flowashield n’étaient pas une grande famille de renom, Luria n’avait donc pas reçu de cours de danse, contrairement à Elena, qui avait néanmoins appris des danses très classiques.

« On ne vous demande pas de savoir danser, Luria, juste de vous laisser aller. »

Adamante dut la pousser un peu, et Luria se retrouva devant Elena, qui virevoltait sur place.

« Vous me rejoignez, Luria ? Allez, laissez-vous aller ! »

En l’occurrence, les danses consistaient généralement à attraper la main de l’autre, et à tournoyer sur place. Autant dire que ce n’était pas l’ambiance d’une discothèque tekhane, avec des corps électrisés se frottant les uns contre les autres. On riait, on chantait, et Luria dut vite constater que le plus difficile était d’éviter de se faire écraser les pieds par les autres danseurs. Elena dansait donc sur place, et, quand la musique se termina, une chanson plus douce eut lieu : « Leave Her Johnny » ! Un marin se mit à parler, en levant la tête, d’une voix forte et passionnée :

« I thought I heard the Old Man say:
"Leave her, Johnny, leave her."
Tomorrow ye will get your pay,
And it’s time for us to leave her.
»

Il entama alors le couplet, et fut rejoint à ce moment par les autres marins :

« Leave her, Johnny, leave her !
Oh, leave her, Johnny, leave her !
For the voyage is long and the winds don't blow
And it's tiiiiiime for uuuuuus to leave her.
»

Elena souriait, les yeux perdus dans ses souvenirs, et se pinça les lèvres, avant de regarder brièvement Luria :

« Vous avez déjà voyagé, Luria ? J’ai toujours eu envie de le faire... »

Et ce même si ses parents étaient morts en mer...

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Ville-Etat de Nexus / Re : La Vraie Nexus [Luria Flowashield]
« le: samedi 25 novembre 2017, 02:21:55 »
Adamante aurait pu tenter de modifier directement l’apparence d’Elena pour plus de simplicité, mais ce n’était pas facile. On ne transformait pas aussi facilement une autre personne que soi-même, et la magicienne tenait à garder toutes ses facultés. De plus, elle connaissait bien Raiko, ayant déjà fait l’amour avec elle (ce qu’elle se gardait bien de dire à Elena), et était donc, partant de là, très largement en mesure de reproduire plus facilement le corps de la femme, son intonation, ses expressions. Elle n’avait plus qu’à espérer ne pas tomber sur une proche de Raiko, mais la chose était peu probable, tant Raiko fuyait ce genre d’endroits. La magicienne savait que Nexus était dangereuse, et, tout comme Luria, elle était partagée entre le souci de protéger la Reine, mais aussi celui, tout autant légitime, qu’elle ne soit pas trop coupée de son peuple. Elena avait beau faire sa bougonne, Adamante la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle était ravie d’être ici.

*Elle a grandi dans un monastère, dans une petite cellule de moine... Tout ce luxe, ça n’est pas son monde. Pour elle, le Palais d’Ivoire n’est qu’une grande prison aux barreaux dorés.*

La magicienne ne voulait pas de ce fardeau pour Elena. Il était donc essentiel qu’elles organisent ce scénario, et qu’Elena puisse découvrir Nexus. De fait, tout en marchant, la jeune Reine regardait autour d’elle, ses yeux grand ouvert. Elle voyait ainsi la ville dans tout ce qu’elle avait à lui montrer. Même la nuit, Nexus était très vivante, et elles avançaient dans des quartiers assez animées, où on entendait des rires, des morceaux de chansons, des artistes de rues, des couples... Le trio longea une petite rivière avec une série d’élégants restaurants et autres auberges avec des terrasses illuminées. Des gens parlaient et buvaient bruyamment, s’esclaffant tout autant. Ici et là, il y avait des jongleurs, des cracheurs de feu, ou des musiciens.

Elena ne pouvait que sourire, sentant que ce quartier était très éloigné des sinistres bas-fonds de la ville sur lesquels elle lisait continuellement des rapports inquiétants. Luria n’avait pas envie de traumatiser la Reine, visiblement, ce qui expliquait ses choix. Elle la guida ainsi jusqu’à une auberge : « Le Poney Fringant ». Elena lut le nom en souriant, et les trois femmes filèrent à l’intérieur. Il y avait autant de monde dedans que dehors, et Luria les guida jusqu’à une table dans un coin. Elena nota la présence d’une mezzanine en hauteur. Les servantes étaient des femmes parfois rondelettes, qui rigolaient volontiers, servant du vin à profusion, tandis que, derrière le comptoir, on tournait de la viande sur des broches.

« Le Poney Fringant » était une auberge très agréable. Elle n’avait pas l’affluence du « Coucher de Lune », la plus grande auberge de Nexus, mais attirait son lot de fêtards. Elena, qui allait répondre à Luria, tourna soudain la tête en entendant des coups de tambour, et avisa une longue table, au fond, où, devant une serveuse qui rougissait benoîtement, un équipage de marins s’était mis à chanter l’une de ces chansons qu’on pouvait entendre en pleine mer :

« What shall we do with a drunken saaaailor,
What shall we do with a drunken saaaaaaailor,
What shall we do with a drunken saaaaaaaailor,
Early in the mooooooooooorning !!
»

Et, soudain, Elena vit l’un des marins saisir la main de la servante, et faire quelques pas avec elle. Il suffisait de voir ses joues rouges et son regard pétillant pour deviner qu’il avait bu plus que de raison.

Les marins poursuivirent ensuite sur leur élan :

« Wey–hey and up she rises,
Wey–hey and up she rises,
Wey–hey and up she rises,
Eaaaaaarly in the mooooooooorning
»

Drunken Sailer était assurément l’une des musiques de marins les plus connues, et Elena, pour le coup, en avait totalement oublié la proposition de Luria. Adamante souriait d’ailleurs en la voyant remuer lentement la tête. La musique se termina ensuite, mais, maintenant que les marins étaient lancées, ils se lancèrent a cappella dans un autre morceau, lorsque le premier d’entre eux scanda le premier vers de Randy Dandy-O, s’exclamant d’une voix forte, en mettant son chapeau sur sa poitrine :

« Now we are ready to head for the Horn... »

Et les autres enchaînèrent ensuite d’une voix forte, grave et forte :

« WAY, HEY, ROLL AN’ GO ! »

Puis les marins poursuivirent :

« Our boots an' our clothes boys are all in the pawn,
To be rollickin' randy dandy O!
»

Comme quoi, l’équipage n’avait pas besoin de musique pour électriser la foule. Et, tandis qu’ils chantaient, Adamante nota que les conversations avaient peu à peu cessé, et qu’une écrasante majorité des gens de l’auberge s’étaient levés, confirmant par là que la mer était dans l’ADN des Nexusiens. Et, quand l’équipage termina, Elena fit partie de ceux qui les applaudirent chaudement.

« Au monastère, une fois, des marins étaient venus, confia Adamante à Luria. Ils avaient chanté, et je me souviens encore de l’émerveillement d’Elena à ce moment. »

Visiblement, ce n’était pas une soirée très reposante qui les attendait, car, après l’improvisation des marins, le tavernier tapa joyeusement dans ses mains :

« Musiciens ! s’exclama-t-il sur un ton particulièrement jovial. EN PISTE, MILLE TONNERRES ! Pour nos glorieux marins revenant de la grande aventure !
 -  Le navire offre la tournée générale ! » s’exclama une voix venant d’une mezzanine.

Un homme élégant et distingué, assurément le capitaine du navire, ou son propriétaire, ce qui déclencha un concert de vivats et de sifflements, et de chopes résonnant sur le bois... Puis des musiciens approchèrent alors, et se lancèrent dans une musique endiablée.

« J’espère que vous savez danser, Luria, car, vu comment notre jeune mousse frétille sur place, il va falloir s’y coller... »

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Ville-Etat de Nexus / Re : Le Champion et la Reine [Pv: La Reine Ivory]
« le: lundi 06 novembre 2017, 00:33:50 »
Elena n’avait jamais douté de la loyauté des gens d’Alserac, mais, même malgré ça, les voir spontanément mettre le genou à terre, en lui renouvelant leur allégeance, n’avait pas manqué de faire battre son cœur. Comme on le disait, les gens de la province étaient bien plus respectueux de la Couronne que les métropolitains de la capitale. Elena avait largement eu raison d’entreprendre ce voyage militaire, qui lui servait, non pas tant à surveiller ses vassaux, qu’à leur montrer qu’elle tenait à eux, si jamais les choses venaient à se compliquer. La Reine ne se faisait guère d’illusions, elle avait beaucoup d’ennemis, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du royaume. Et, parmi tous ces ennemis, aucun ne l’inquiétait davantage que la fameuse Monarchie de la Rose. D’après ses informations, c’était elle qui était à l’origine de la mort de ses parents, elle qui avait déclenché le cyclone qui avait détruit le yacht royal... Tout ça pour la tuer. La Monarchie de la Rose, le bras armé d’un ancien Empereur ashnardien ayant sombré dans la folie, le Roi Cramoisi. Une menace supérieure à celle d’Ashnard, qui impliquait une vieille prophétie, faisant d’Elena l’ennemie du Roi Cramoisi, destinée à réunir, autour d’elle, treize Immortels, qui, ensemble, arriveraient à vaincre le Roi Cramoisi.

Ce soir, dans sa chambre, Elena ressassait ces informations. Adamante était avec elle. Même si le Commandant Maxime avait donén à Adamante une chambre proche, la magicienne avait toujours pour habitude de venir veiller sur Elena, installant d’ultimes protections magiques. Un luxe de protection indispensable, car Elena était la dernière des Ivory. Si jamais elle venait à disparaître, alors la stabilité politique que les Ivory avaient toujours incarné, à Nexus, s’effondrerait également.

« Alserac, c’est vraiment les profondeurs de Nexus, Elena...
 -  Ce sont ces régions qui ont fait la fortune de Nexus, riches en matières premières et en ressources magiques.
 -  De ce point de vue, Alserac offre bien des richesses. Ce n’est pas qu’une simple terre frontalière, ses mines sont des valeurs précieuses. »

Elena hocha la tête. Elle savait que des bateaux venaient depuis le lac d’Alserac jusqu’à Nexus pour y vendre les biens que la région produisait. En réalité, c’était un excellent lieu de villégiature. Depuis le balcon de la chambre, Elena avait une vue incroyable sur la région. La vallée d’Alserac était une belle forêt s’étalant au milieu d’épaisses montagnes enneigées à gauche et à droite. Un spectacle somptueux à voir, surtout quand le soleil se couchait. Adamante avait d’ailleurs installé des glyphes de protection sur le balcon, avant d’entretenir la cheminée.

« Voilà... Comme ça, tu vas pouvoir passer une bonne nuit, Elena.
 -  Merci de t’occuper autant de moi. »

Adamante esquissa un léger sourire, tout en se dirigeant vers la porte.

« Mais c’est à ça que je sers. »

Elena écrivit quelques notes dans son journal, avant de finalement se coucher à son tour. Les draps étaient propres, le lit confortable, et elle ne tarda pas à s’endormir, sans savoir que, dehors, une créature ophidienne se rapprochait, filant le long des remparts pour se rapprocher discrètement de l’impressionnant donjon d’Alserac...

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Ville-Etat de Nexus / Re : La Vraie Nexus [Luria Flowashield]
« le: mardi 31 octobre 2017, 23:05:51 »
Elena ressemblait en réalité à un garçon ! C’était vraiment très impressionnant ! Bien sûr, la tenue était propre, même si elle faisait un peu négligée. Après tout, si elle devait se faire passer pour un docker, il ne fallait pas qu’elle sente un délicieux parfum de noble. Elena n’avait clairement pas l’habitude de porter des vêtements aussi serrés, et, pendant la traversée du passage secret, elle tira à plusieurs reprises sur son pantalon, trouvant assez désagréable de le sentir remonter comme ça contre elle. Luria, de son côté, lui expliqua que Nexus n’était pas aussi bienveillante que ce qu’Elena semblait le croire, ce à quoi la jeune filel hocha la tête :

« Je ne suis pas aussi coupée du monde que ça ! Je sais ce que les rumeurs disent sur moi, comment certains m’affublent en secret... Mais je veux le voir de mes yeux ! Tous les rapports du monde ne valent pas la propre expérience qu’on peut se faire. »

Ceux qui n’aimaient pas Elena l’appelaient « La-Bâtarde ». Un terme injurieux et offensant, qui réveillait une vieille rumeur affirmant qu’Elena était le fruit d’une relation adultérine entre Liam et une servante, ou entre Nöly et un gigolo, selon qu’on attribuât la stérilité à l’un ou à l’autre.... Voire aux deux, faisant alors d’Elena une fille n’ayant aucune goutte de sang royal dans les veines. Des termes offensants qui exprimaient surtout le manque de légitimité et d’autorité dont souffrait actuellement Elena. Alors, Luria ne lui apprenait rien en disant ça.

Le trio traversa un long couloir ancestral et légèrement poussiéreux, jusqu’à rejoindre un escalier en colimaçon, qui les conduisit à une antique caverne érigée de stalactites. Luria menait la marche, jusqu’à rejoindre une petite cave abandonnée, sentant fortement le moisi, et sans porte apparente. Puis Luria posa la main sur le mur, et une porte apparut, les menant dans une discrète impasse. Elena, nerveuse, lui emboîta le pas, et posa ses pieds sur le sol nexusien. Luria referma le mur derrière elles, et expliqua à Elena d’être prudente, en faisant attention là où elle marche.

Elena, elle, avait le cœur qui battait nerveusement la chamade. Dehors... Elle était dehors ! Elle se pinça les lèvres, fébrile, et rejoignit la première rue, regardant autour d’elle. Même la nuit, Nexus était encore éveillée, et elles étaient dans l’un des beaux quartiers. Rien à voir avec les bas-fonds. Ici, le sol était pavé, après avoir traversé les quelques ruelles encroutées. Luria avait décidé de marcher vers le marché, et Elena hocha la tête, se raclant la gorge en essayant de prendre une voix rauque.

« Je... Je vous suis, je... »

Elle éternua soudain en sentant quelque chose titiller ses cordes vocales, et se retourna vers Adamante.

« Hey ?! Qu’est-ce que tu as fait ? s’exclama Elena, sans réaliser que son timbre de voix avait changé.
 -  Je t’ai donné une voix plus masculine. Quant à moi... »

Adamante avait pris un élixir de polymorphisme, prenant ainsi la forme d’une étonnante apparence, sombre, mais non mois dénuée de charisme.

« Je suis Raiko, une Élémentaliste qui profite de Nexus en compagnie de son apprentie et... De son commis. »

La main gantée de « Raiko » alla tapoter la tête d’Elena, qui fronça légèrement les sourcils, en décelant le ton railleur d’Adamante. Luria avait exposé son plan, et Adamante l’avait perfectionné.

« Nous ferons comme vous dites, Luria, en cas de capture. Mais nous n’aurons rien à craindre des gardes, j’ai pris toutes les précautions possibles pour cette expédition. La priorité est surtout de s’assurer que notre matelot ne reste jamais seul. »

Elena croisa les bras.

« Je ne suis pas totalement incompétente, vous savez, et je...
 -  Incompétent ! Et tu es mon commis, alors, silence, ou je te transforme en crapaud ! »

Elena fronça les sourcils, trouvant qu’Adamante y prenait quand même un peu trop goût... Ce qui amena « Reiko » à lui caresser encore les cheveux, et lui fit un léger clin d’œil.

« Reiko existe vraiment, c’est une amie, mais elle se trouve à l’île de Thanedd en ce moment, alors... Tout se passera bien, mes chéries, on va faire découvrir à notre jeune mousse tous les recoins de Nexus ! On vous suit, Capitaine ! »

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Ville-Etat de Nexus / Re : La Vraie Nexus [Luria Flowashield]
« le: dimanche 15 octobre 2017, 00:52:07 »
Elena avait très rapidement manifesté l’envie d’être dans Nexus. C’était son pays, après tout ! Tous les jours, depuis les balcons du Palais d’Ivoire, elle voyait l’immense cité-État s’étaler à perte de vue, mais, à chaque fois qu’elle voulait se déplacer, elle y allait toujours avec une compagnie d’une quinzaine de gardes. Il existait donc une véritable coupure entre Elena et le peuple, peuple qu’elle ne voyait que lors des séances de doléances, séances où elle n’avait d’ailleurs aucun pouvoir réel de décision. Tout cela était très frustrant pour Elena, ce qu’Adamante savait... Et Luria également. Mais même Adamante ne pouvait mener à bien les plans d’Elena sans une aide de la Garde Royale. Elle s’était donc rapprochée de Luria, et, malgré ses hésitations, la Capitaine avait fini par accepter, sous de très strictes conditions.

Luria tendit à Elena un long manteau noir, que la jeune Reine attrapa.

« Ma chère Luria, je crois que tu as encore des leçons d’infiltration à avoir. Avec un tel manteau, notre Reine attirera toute l’attention sur elle ! Heureusement, j’ai trouvé un ensemble qui lui sera parfait ! »

Elena fronça les sourcils.

« Je n’aime pas quand tu prends ce ton... Et ce sourire. »

Adamante souriait, en effet, et sortit rapidement un paquet, puis sortit divers vêtements. Elena fronça les sourcils en voyant une chemise d’ouvrier, un pantalon à toile, et... Un béret !

« Heureusement, Elena, tu as les cheveux très courts. Avec ce béret sur ta tête, et des vêtements amples, tu ressembleras à un parfait mousse !
 -  Hein ?!
 -  C’est une couverture parfaite ! Mais il faudra que tu prennes une voix rauque, tu t’en sens capable ? »

La jeune Reine soupira en secouant la tête. Il n’y avait vraiment qu’Adamante pour faire des trucs comme ça. Ceci étant dit, Elena reconnaissait avoir une poitrine moins développée que la sienne. Personne ne ferait attention à elle, dans une telle tenue. Enfin, quand même... Elle attrapa la tenue, et, avant de filer dans une pièce à côté pour se changer, se retourna quand même vers Adamante pour la sermonner un peu... Ou, tout du moins, pour se donner l’illusion de le faire :

« Et puis, tu ne devrais pas te moquer de moi comme ça, je suis quand même la Reine ! »

Quelques instants plus tard, Elena les retrouva. Elle avait aussi une solide veste avec des redingotes, qui permettaient de mieux masquer ses seins.

« Un vrai matelot ! »

Il fallait bien admettre que le déguisement était plutôt bien fait. Elena posa son béret sur sa tête, puis observa les deux femmes, prête à partir. Luria commença donc à ouvrir le passage, et le trio s’enfonça dans une galerie souterraine, Adamante les éclairant avec une boule magique blanche. Assez rapidement, Luria, tout en se rapprochant d’escaliers, demanda à Elena ce qu’elle avait envie de visiter.

« Je ne sais pas trop... Juste... Voir Nexus, pour le moment. Tu vois, Luria, je vis constamment dans un palais trop grand pour moi, je me noie dans mon lit, et je ne sais rien de ma ville. Je veux savoir comment les gens vont. Il n’y a que comme ça que je pourrais mieux gouverner, tu ne crois pas ? »

On voyait bien en elle toute l’éducation monastique qu’elle avait reçu, et qui lui avait appris ce qui faisait grandement défaut à bien des souverains : l’humilité.

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