Je suis lasse de rester à ne rien faire à l'Olympe. Comment puis-je récupérer des forces si je reste confinée sans pouvoir apparaître à mes fidèles ? Car je sens... Je sens l'éveil de la foi chez quelques uns. Certains savent qui est-ce qu'ils honorent. D'autre non. Je voudrais tant être auprès d'eux, leur insuffler bonheur et gaieté, vigueur et fraîcheur... Mais je ne le peux. Zeus, roi des Dieux, a ordonné mon confinement à l'Olympe. Pour être certain que je ne partirais pas, du moins je le suppose, il -ou si je me trompe, quelqu'un- a posté des faunes à l'entrée de mon temps. Hier, mine de rien, je suis allé me balader, mais au moment où j'ai voulu franchir les limites de l'Olympe, voilà que deux de ces gardiens m'ont rattrapée et ramenée à l'intérieur des frontières d'Olympie.
En ressassant le passé, la jeune Déesse finissait de se baigner. Ses prêtresse étaient allé lui chercher une toge. La précédente avait été un peu malmenée par ces faunes. Finissant de nouer ses cheveux, Hébé posa un pied hors de l'eau. Sitôt après, une prêtresse s'avança pour la sécher avec une serviette en coton d'Olympie. Elle se laissa vêtir, son regard se posant sur la pièce principale de son temple. Un grand bain était placé près de la pièce où elle se retirait pour dormir, avec une pente progressive. Un peu plus loin, un espèce de corridor menait à une autre salle, où était rangées toutes les tenues de la déesse. En revenant dans la pièce principale, on aperçevait l'entrée du temple, et l'extérieur. Les colonnes de marbre servaient de porche. Quelques pas sur le côté, et une autre pièce se substituait à la première. Une sorte de bibliothèque. Et on pouvait continuer longtemps ainsi. Jusqu'à se retrouver face au trône, placé de manière à dominer la pièce entière.
Je finis par me passer une huile à la mangue sur tout le corps avant de m'enrouler dans ma toge. A mes pieds, rien. De petites sandalettes de cuir sont posée plus loin, mais j'aime la sensation du marbre frais sous mes pieds. Je fais quelques pas, franchit l'entrée de mon temple, et lorgne les faunes d'un regard peu amène. Puis je rentre à nouveau, allant me réfugier dans ma bibliothèque. Alors que je me plonge dans un livre sur les aventures d'Heracles, mon époux, je sens une étincelle vibrer en moi. Deux jeunes mariés ! Leur nuit de noce est proche. Je souris, en leur envoyant des ondes apaisantes, protectrices, et surtout, assez de vigueur pour durer toute la nuit et être comblés. Mais ça ne me suffit pas. Je pose alors mon livre, et ferme les yeux.
La déesse semble sereine. Son aura prend une couleur pêche, pour des yeux avertis. Elle scintille un moment dans l'air, et se volatilise. Saviez-vous qu'Hébé maîtrisait la téléportation ? Enfin, dans le temps. Car, si l'on suit attentivement les particules, on les voit tout à coup retomber, à mi-chemin du village terranide où elle voulait se rendre. Elle n'aurait pas dû envoyer tant d'ondes aux jeunes mariés. La voilà trop épuisée pour se téléporter correctement. Son regard déterminé montre qu'elle est fermement décidée à aller voir ses fidèles. Au diable Zeus, qui son père. Au diable les règles. Elle a besoin de sa puissance pour rayonner à nouveau, et remplir l'Olympe de ses cris de joies, de ses rires, de ses farces.
Je suis... Désappointée. Et en même temps... Furieuse. Je n'ai même pas fait la moitié du chemin. Fronçant les sourcils, je me maudis de ne pas avoir enfilé mes chaussures tout à l'heure. Car le chemin risque d'être long. A mon avis, je vais faire demi-tour. Parce que j'arriverais sûrement trop tard au village terranide pour leur offrir tout ce que je peux. Pour convaincre mes fidèles. Oui, faisons demi-tour. Les faunes vont être bien surpris de me voir revenir. Enfin, si j'y arrives. Pieds nus, sur la lande aussi fraîche qu'un roc en cette nuit sans lune, c'est un long chemin qui commence...