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« le: lundi 06 mai 2013, 00:29:04 »
Si Ermengarde se considérait à peine comme faisant partie de la vie des Carrisford, eux l'avaient depuis longtemps acceptés au sein du cocon famillial. Elle était adopté depuis son premier jour de service, mais peinait toujours à y croire, préférant garder une limite professionnelle pour ne pas trop s'éprendre de ses propriétaires. Mais de côté-là, ce fut un échec.
Car elle aurait fait n'importe quoi pour son maître, y compris mettre son instinct de survie de côté. Pour quelqu'un qui provenait d'une race aussi bestiale et téméraire que la sienne, c'était déjà une grande preuve de self-control, que de la voir traîner dans cette forêt.
Elle aurait fait n'importe pour que cette famille, si bienveillante à son égard, ne s'éparpille pas dans le chagrin d'un passé resplendissant.
C'est ce souhait plus que tout autre qui l'avait poussé à accepter de sortir de chez elle, alors qu'en temps normal, il lui fallait déjà prendre sur soi pour sortir s'occuper du jardin du manoir ou faire les courses.
Pendant l'hiver dernier, son Maître était tombé malade. La saison passé, ses maux avaient perdurés. On était à la fin du printemps, et il n'avait pas pu quitter le lit depuis longtemps. Aussi fortunés soient-ils, les Carrisford n'avaient trouvé aucun médecin capable de corriger ce malheur.
Le don qu'avait Ermengarde l'avait informé très tôt de la rareté de cette maladie, mais elle n'avait pas osé en informer l'épouse ou les enfants, de peur qu'ils ne s'enfoncent encore plus dans leur malheur déjà bien trop grand. De son côté, elle avait recherché un moyen de chasser ce fléau terrible, et la réponse avait résidé dans un grimoire poussiéreux, ainsi que dans la bouche d'un sorcier de l'Antiquerie.
Sans un bruit dans la nuit, la terranide était sortie du domicile, En emportant une fiole de cette potion qui lui permettait d'obtenir des jambes en un clin d’œil, et en ne laissant qu'une simple note sur laquelle elle décrivait sa découverte et demandait pardon pour son impertinence. C'était en effet la première fois depuis le début de son service qu'elle sortait sans autorisation.
Néanmoins, en abordant la lisière de la forêt qu'elle cherchait, Ermengarde avait commencé à ressentir de l'appréhension. Elle était arrivée jusqu'aux terres sauvages par le biais de transports qu'elle avait payé avec son propre salaire... mais sitôt arrivé ici, elle ne pourrait pas éviter les monstres divers et variés qui devaient peupler cette forêt. Sa force principale résidait dans ses tentacules, mais elles n'étaient pas encore réapparues... cela n'adviendrait que dans plusieurs heures. Les créatures n'attendraient probablement pas si longtemps...