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« le: dimanche 02 avril 2017, 13:51:59 »
Terra. Le soleil, comme à son habitude, frappait les pauvres âmes vivant en ces lieux de ses puissants rayons, réchauffant bien plus le corps que le cœur. Cet ennemi, à la fois destructeur et insaisissable, le mercenaire le connaissait très bien. Habitué de ses attaques, l'homme se contentait simplement d'encaisser, continuant sa route. Porté par le vent comme une feuille quittant son arbre, le protagoniste de ces quelques lignes profitait de quelques jours de calme pour se diriger vers Nexus, une ville grande, où les contrats ne manqueraient pas. La bourse de l'homme était relativement vide, de quoi se payer quelques nuits dans une auberge un peu sale et quelques repas chauds, rien de plus. Cette vie de nomade avait ses avantages, le voyage, l'inconnu, l'anonymat, mais malheureusement dès qu'on en venait aux besoins primaires de l'être humain, on voyait directement les bonus offerts par une vie de sédentaire. Était-ce, pour autant, une raison pour quitter cette vie et commencer une carrière de bureaucrate ? Ah ! La réponse était évidente. Même si une assiette pleine d'un plat de marque était une chose agréable à l’œil, dégainer sa lame et l'abattre sur un soldat effrayé par la brutalité de son adversaire, ça n'avait pas de prix.
Et, bordel, cela faisait bien trop longtemps que l'épée du mercenaire n'avait pas coupé des têtes.
Bref. Il marchait ainsi, seul, n'appréciant pas s'embêter de compagnons de voyage, observant la route devant lui. Enfin "route", c'était un terme peut-être trop évolué pour désigner une simple forêt. L'endroit lui permettait au moins de se cacher du soleil un minimum, protégé par les feuillages touffus des habitants de l'endroit. Malgré tout, l'homme allait devoir marcher encore quelque temps s'il désirait rejoindre la fameuse ville qui lui servirait de foyer pendant quelques jours.
Mais quelque chose... n'allait pas. Un espèce d'instinct, qui alertait souvent le mercenaire lorsqu'une bataille se préparait à éclater. Enfin, là encore, de la même manière que le terme de route pour la forêt, le terme bataille n'était pas forcément approprié. Disons que ce sixième sens permettait à l'homme de sentir lorsqu'un combat, quel que soit son origine ou son éventuelle conclusion, allait éclater non loin d'ici. Sans réellement qu'il le remarque, un rictus de satisfaction se dessine sur ses lèvres alors que sa main serre la garde de sa lame, presque prêt à dégainer l'arme pour fendre l'air. Ohhhh, oui. Ooooooooooh oui !
Alors qu'il continuait néanmoins sa marche, des bruits commencèrent à s'élever à travers les buissons, les arbres. À l'oreille, on pouvait comprendre des bouts de phrases, de mots. Une discussion ? S'arrêtant net, tendant l'oreille, Sanzô commença à vérifier d'où venait le bruit, pour mieux l'analyser. Petit à petit, les bruits augmentèrent de volume, de nouveaux apparaissant. Des pas, lourds, signes que les personnes présentes devaient porter des armures. Même s'il n'arrivait toujours pas à mettre le doigt sur le sujet de la discussion, les voix qu'il entendait de mieux en mieux étaient masculines. Ok, armures et voix d'hommes, soit de nouveaux mercenaires ou alors des soldats. Mais pourquoi son instinct s'était-il réveillé ? Quelle en était la raison ?
C'est à ce moment qu'il entendit l'un d'eux ordonner à son compère de "la" rattraper.
Oh. Le rictus de l'homme, toujours présent, s'agrandit. Voilà donc que des hommes armés désiraient profiter d'une jeune femme perdue au milieu de la forêt. Resserrant la poigne de sa lame, comme pour s'assurer que cette dernière était toujours attachée à sa ceinture, il accéléra le pas. Les bruits devenaient de plus en plus audible. Il accélère encore. Il comprend les mots, les sens, les phrases. Il court, avale chaque mètre à l'aide de grandes enjambées...
Et il saute.
Sortant d'un buisson, telle une bête sauvage, Sanzô prit la place sur la scène. Alors qu'il était encore en l'air, ses yeux balayèrent la petite zone rapidement. Trois hommes. Une masse, une épée, une arbalète. Puis, son regard se pose sur la silhouette qui fuit, sans réellement plus s'attarder sur elle. Après tout, son sauvetage n'était qu'une raison qui lui permettrait d'éteindre la vie de ces pauvres âmes qui allaient surement regretter de s'être attaqué à plus petit qu'eux. Dégainant sa lame, dans le bruit caractéristique de l'acier glissant dans le fourreau, le mercenaire s'élança vers l'homme le plus proche de lui, celui à la masse. Avant que ce dernier ne comprenne ce qu'il lui arrive, Sanzô abattit son sabre et son jugement, tranchant net la tête de son adversaire. Le sang gicle, coule, et le crâne désormais inanimé du pauvre malheureux tombe lourdement sur le sol avant de rouler quelques mètres plus loin, le cadavre sanguinolent tombant sur ses genoux pour ensuite s'écraser dans l'herbe.
D'un mouvement, le protagoniste retire le sang en trop présent sur sa lame avant de regarder les deux restants, les yeux pétillants d'envie de combattre. Celui à l'épée semble plutôt déconcerté, étonné et effrayé par la perte de son amie et se lance bêtement à l'assaut de la bête. Tenant son épée à deux mains, il lève son arme. Grossière erreur. Sanzô lui donne alors un simple coup de garde directement au visage, avant qu'il ne puisse tenter quoi que ce soit, l'hébétant légèrement en le faisant reculer. L’arbalétrier, de son côté, lance un hurlement plutôt ridicule en décochant un carreau en direction de Sanzô qui l'esquive d'un pas sur le côté, avant de décapiter l'ennemi encore entrain de se remettre du coup. Néanmoins, cette exécution, il la réalise en regardant le dernier survivant, effrayé, qui ne peut qu'observer son second compère... perdre la tête.
Sous le coup de la peur, ce dernier prit alors ses jambes à son cou, fuyant une mort certaine face au protagoniste. Ce dernier grommela, crachant simplement au sol en pointant sa lame ensanglantée vers sa direction.
« Espèce de lâche ! Laisse moi prendre ta tête, putain ! »
En le voyant disparaître finalement à travers les arbres, le mercenaire décide d'accepter la fuite et lève les yeux au ciel. Mollement, il secoue sa lame pour en enlever une partie du sang avant d'attraper l'habit d'un cadavre pour y frotter son épée, retirant le maximum de ce fluide corrosif sur le long terme. Soucieux de son matériel, il pousse un léger soupir de satisfaction une fois la tâche terminée pour ensuite rengainer son arme, dans ce bruit presque jouissif aux yeux de l'homme. C'est à ce moment qu'il se rappelle que ces enfoirés cherchaient à "s'occuper" du cas d'une donzelle.
« Hey, toujours là ? »
Il se tourne alors et observe ainsi la pauvre cible, qu'il regarde de bas en haut... Avant d'hausser un sourcil. Putain, c'est quoi cet accoutrement ? Il avait l'habitude de voir des gens porter de vieux habits usés, des pauvres n'ayant pas les moyens de se payer des habits décents, mais là tout de même. Il baille légèrement et s'approche alors de l'inconnu, détaillant un peu plus son physique de ses yeux couleur ambre. Attends, attends, attends. Y a une couille dans le potage. C'était vraiment une femme ? Il prend alors un air pensif, la main sous son menton et commence à mieux analyser la jeune femme... Ou le jeune homme. Ses traits sont fins, sa carrure ne semble pas être réellement masculine mais on peut néanmoins remarquer une poitrine inexistante et d'autres légers détails. Au premier coup d’œil, il serait plutôt logique et naturel de penser que ce charmant petit bout de personne était une femme, mais Sanzô n'arrivait pas vraiment à se décider.
Mais l'autre chose difficile à savoir était du coup l'origine de cette pauvre victime. D'où venait-elle ? Tekhos, comme proposé par les brigands ? Non, c'était généralement bien plus technologique, en tout cas des quelques souvenirs qu'il s'était fait durant les longues années de vagabondage. Mais bon, au fond, il s'en foutait particulièrement. Reposant sa main sur sa garde, il penche la tête sur le côté pour finalement parler de nouveau.
« J't'avoue que j'sais pas si t'es une bonne femme ou bien d'où tu viens, mais une chose est sûre, habillé comme ça tu f'ras pas long feu. Surtout si tu te diriges vers Nexus. » comme pour appuyer ses propos, il pointe du doigt les différentes affaires portées par Okio « Tout ça, c'un appel au viol pour des tarés comme eux, j'espère que t'en es conscient..e. »
Il pousse un profond soupir et réfléchit doucement... Avant d'avoir une petite idée. Il rigole doucement, un sourire se dessinant sur ses lèvres, signe qu'une plutôt belle idée semblait naître dans son esprit.
« ... Sauf si quelqu'un reste avec toi le temps que tu t'trouves de meilleurs habits. Et ça tombe bien, t'as devant toi Sanzô, mercenaire. J'comptais me rendre à Nexus, si t'as un peu d'or sur toi, j'peux tout-à-fait sécuriser ton voyage. »
Oui, autant en profiter. Et puis de toute manière, la jeune personne pouvait déjà se rendre compte de l'efficacité mortelle du protagoniste. Après tout, les cadavres privés de tête étaient toujours derrière eux, au sol, laissant leurs fluides vitaux s'échapper et teinter l'herbe verte d'un rouge sanglant. Oui, pour le coup, notre ami n'avait toujours pas capté qu'Okio venait d'une toute autre dimension, une autre planète totalement différente. C'est pour cela qu'il agissait simplement avec elle, comme si ce n'était qu'un habitant de plus qui pourrait très certainement lui offrir un peu d'argent pour une protection agréable et sûre.