Tekhos Metropolis / Re : Le Shogunate [Claire Stokes]
« le: mardi 08 septembre 2015, 19:37:08 »L’eau chaude de la douche s’écoulait et venait effleurer la peau légèrement hâlée de la jeune femme, ses mains posées contre les parois, semblant perdue dans ses pensées. Elle ressassait encore et encore ses dernières opérations, cherchant toujours les erreurs qui auraient pu être évitées et surtout les dommages collatéraux. Sa main droite gantée passait le long de ses courbes, appliquant le doux savon parfumé sur sa peau et se rinçant quasi-instantanément. Enivrée par les arômes délicates de vanille, elle s’en imprégnait en humant humide l’air autour d’elle. Un soupir d’aise s’échappa d’entre ses lèvres, murmurant.
« C’est si bon d’être tranquille… »
Le téléphone portable dans le salon se mit à vibrer, mais, bien trop loin pour l’entendre ou le ressentir, elle n’en prit pas connaissance immédiatement. Encore et encore, le cellulaire mobile trembla sur la petite table en verre, jusqu’à ce qu’il glisse et tombe sur le tapis. Après une bonne dizaine d’appels, ce fut le fixe et la sonnerie alerta Claire encore sous la douche. Peu hâtive, l’eau s’arrêta d’un geste las de sa main gauche pour ensuite marcher sereinement jusqu’à sa pièce principale. Les gouttelettes dégoulinaient le long de ses cheveux, de ses bras et de ses jambes si alléchantes, venant heurter et humidifier le sol.
Un coup d’œil rapide sur l’appareil lui permit d’identifier rapidement la personne qui tentait désespérément de la joindre. Ses yeux roulèrent et fixèrent le plafond. Visiblement, elle hésitait à répondre mais pour que ce soit son supérieur direct qui tente de la joindre un jour de repos… ça devait être important. Très important. La jeune femme se pencha et appuya sur le bouton du haut parleur.
« Commissaire ? » demanda-t-elle tout simplement en se jetant sur le canapé.
« Lieutenant Stokes ! Je sais que je vous dérange un jour de repos mais nous avons besoin de vous sur le terrain immédiatement, nous avons déjà perdu beaucoup de femmes et certaines sont dans une mauvaise posture ! » enchaina rapidement une femme au bout du fil.
« Soit. Et vous ne pouvez pas envoyer Rebecca ? Ou bien Justine ? Sans parler de toutes mes autres camarades… » répondit-elle sans trop de vigueur.
« Elles sont soit sur le terrain, soit mortes. Vous vous doutez bien que je ne vous appellerai pas si je n’avais pas besoin de vous sur le champ, alors, enfilez votre uniforme et demandez à votre IA de vous briefer ! » ordonna le commissaire en raccrochant sans que Claire ait eu le temps de répondre.
« Tu as entendu, Ambre ? » lâcha-t-elle en se lovant contre un coussin, le câlinant comme avec un chat.
« Affirmatif. Visiblement, nous avons affaire avec un dangereux gang, le Shogunate, qui cherche à s’emparer des autres et à régner sur tout le domaine du crime, passant par l’assassinat, la prostitution, la drogue, etc. J’ai déjà préparé la moto pour votre sortie, madame… » retentit une voix de femme, sans doute de l’IA, dans toute la pièce.
D’un pas léger et méthodique, la femme aux cheveux écarlates s’avança vers une armoire qu’elle ouvrit à l’aide d’un code, d’un scan de la rétine et d’un échantillon de sang. Les portes déployées, elle enfila sa tenue. Une combinaison dernière génération et unique pour chaque porteuse, augmentant considérablement la force, l’agilité et la rapidité. Le casque, lié au reste, fournissait une intelligence artificielle conçue et programmée en fonction de l’acquisitrice, afin de garantir une meilleure efficacité sur le terrain, voire même en dehors des missions.
Le statut du lieutenant Stokes n’était vraiment pas clair, à la frontière entre la police et la défense, l’agent jouait dans les deux camps en fonction des besoins. Toutefois, il va sans dire que l’équipement possédé n’était pas d’origine commune et officielle. Le Lieutenant et ses camarades exécutrices furent les pionnières. Une fois prête et armée jusqu’aux dents, Claire sortit de son appartement, emprunta un ascenseur menant directement à son garage personnel. Elle s’assit sur sa moto et le contact se mit automatiquement une fois ses fesses posées sur la bécane.
« Que la fête commence… » soupira-t-elle un sourire aux lèvres.
Ses mains se posèrent sur les poignées et la seconde d’après, le bolide s’élança à travers à long tunnel qui donnait directement sur une autoroute. A plus de quatre cent kilomètres par heure sur la voie rapide, la femme et la machine semblaient en parfait harmonie malgré la neige, zigzagant entre les voitures civils. Il faut dire que les crampons aidaient à maintenir !
« Ambre, donne-moi les dernières informations que tu as » ordonna-t-elle tout en pilotant.
« Il semblerait que de nombreuses policières soient décédées sur le champ-de-bataille. Plusieurs sont prises sous un feu nourri d’une mitrailleuse lourde et- »
« Indique-moi les coordonnées de cette plateforme infernale et le chemin direct jusqu’à elle ! »
« Coordonnées mise à jour. Je ne recommande toutefois pas un affrontement frontal avec une telle- »
« Stand-by » coupa la conductrice.
L’IA s’arrêta de parler et plus les secondes passaient, plus le point rouge se rapprochait. Cette étape qui n’était autre que la mitrailleuse lourde. Il ne restait plus qu’une longue ligne droite. Claire mis les gaz à leur maximum, atteignant facilement une vitesse à plus d’un demi millier de kilomètre par heure. Alors que quelques dizaines de mètres séparaient l’agent et la remorque, elle sauta de sa moto prototype qui vint s’écraser contre l’arme à feu automatique et le camion. Une belle explosion retentit et pulvérisa le véhicule, ses occupants et l’arme montée.
La jeune femme aux cheveux écarlates, qui sortaient de son casque, atterrit un peu plus loin, les bras et les jambes écartées pour amortir sa chute. Telle une plume. Sa tête se tourna lentement vers le petit groupe de femmes qui se faisait canarder un peu plus tôt. D’un hochement de la tête, Claire assura que la voie était désormais libre.