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Les bas fonds / Re : Pandemia [Sela]
« le: vendredi 23 octobre 2015, 23:09:38 »
Un bruit assourdissant les entourait, et tout semblait aller très vite. Luria jeta un rapide coup d’œil à Brolin, expertisant rapidement son état. Ils n'avaient pas le temps pour les diverses interrogations que la jeune femme lui réservaient, et même si elle avait terriblement envie de tuer le monstre patibulaire qui l'observait maintenant avec un étrange intérêt, ils devaient partir au plus vite.

Brolin allait mal, pas besoin d'être médecin pour le comprendre. Il saignait, avait certainement quelques côtes de cassées ; mais il arrivait toujours à marcher et avait réussi à ménager les divers coups que le monstre lui avait généreusement donnés. Et il parvenait à marcher sans encombre. D'ailleurs, il ne se fit pas prier pour prendre les devants. Après une légère grimace – due à la surprise de la voir ici ou à l'effort qu'il fit pour se relever, nul ne sait – il lui intima qu'ils devaient partir au plus vite, et la commandante était plus que jamais d'accord.

Une début d'émeute se faisait déjà ressentir plus haut ; des gens se bousculaient plus que d'ordinaire, certains tombaient même dans l'araine où le graveir attendait, affamé et en colère d'avoir vu sa proie s'enfuir en courant.

Suivant Brolin, Luria rebroussa chemin et ils tentèrent ensemble de passer à travers la foule qui ne comprenaient qu'à moitié la raison de l'émeute, tout en tâchant de ne pas se perdre de vue. Luria brûlait de sortir de cette marée vivante, et bouscula sans ménagement quiconque se trouvait sur son passage.

Enfin ils parvinrent hors de la cohue. Bientôt ils rejoignirent la plus grande entrée de l'immense grotte. Luria ne connaissait pas le chemin mais savait qu'ils pourraient trouver un endroit tranquille pour discuter plus loin. Maintenant qu'il était sauvé, ils devaient empêcher ce qui était en train de se tramer, et Brolin avait certainement des informations qui lui avaient coûtées de tomber dans cette sombre araine.

Pourtant, à peine entrés dans la galeries que les deux se firent arrêter par un groupe de jeunes hommes armés, qui ne semblait ne pas leur vouloir que du bien. Leurs regards s'attardèrent sur les courbes de la jeune blonde, la détaillant beaucoup trop à son goût – sous leurs regards, elle se sentait mise à nue. Au sourire pervers qui trancha le visage de l'un, elle se redressa légèrement et tendit discrètement la main à son arme.

Voyant Brolin se tendre lui aussi, près à attaquer, Luria s'avança d'un pas, lui faisant signe de se calmer. Elle n'avait pas besoin d'armes pour des individus comme eux.

-Ca m'étonnerait bien. Dégagez le passage, abrutis.

Elle leur lança un regard dégoûté qui ne sembla pas les faire réagir. L'un explosa de rire comme à une des meilleures blagues qu'il eut entendue.

-J'y crois pas ! C'est qu'elle a du répondant, la salope...

Il s'avança vers elle, lui jetant un regard appuyé sans se soucier de Brolin qui assistait à la scène.
La jeune femme vit rouge. Il n'en fallait pas plus pour la mettre hors d'elle – elle détestait être sous-estimée.

Elle n'utilisa pas son poignard, mais lorsqu'elle en eut fini avec lui, l'homme était à terre, évanoui. Les deux autres n'étaient cependant pas restés bien longtemps, ayant remarqué que la jeune femme prenait le dessus.



Sela était sur le qui vive, entièrement concentrée sur le visage qui lui avait tant manqué, qu'elle avait tant regretté... Tant aimé et haï. Un idée qu'elle ne voulait même pas empêcher se formait dans son esprit. Qui que soient ces gens, peu importait leur pouvoir ou leur influence, elle ne laisserait personne prendre ce qu'elle avait mit tant d'années à construire. Personne ne la priverait de cette ville et de cette vie sans qu'elle ne se batte pour la préserver.

Elle n'avait pas hésité une seconde à prendre sa décision ; et maintenant, peu de choses pourrait la faire changer d'avis. Et certainement pas Stanborn. Maintenant, il semblait qu'elle ne le prenait que pour sa seule source d'information, et non plus pour l'homme qu'elle haïssait tant.

Mais cela ne dura pas longtemps. Trop occupée à tenter d'enregistrer les informations qu'il lui fournissait, Sela n'entendit pas le léger bruit des rideaux qui tapissaient les murs de la chambre. Elle était si concentrée qu'elle n'avait pas remarqué la forme étrange qui déformait le tissu, et elle n'avait pas fait assez attention pour voir que cela bougeait.

Pour l'instant, elle se demandait juste à quel point elle pouvait rendre crédible ce que lui disait Stanborn, hésitant entre croire qu'il devenait fou pour une raison quelconque, inventant une terrible théorie du complot contre la couronne pour la récupérer, elle... A moins qu'il est raison et que les vagues doutes qu'elle nourrissait sur l'accident qui avait tué le couple royal soient bien réels.

Mais une voix la coupa dans ses réflexions.

-Vous avez décidément la langue bien pendue, Lord Stanborn...

Sela se retourna brusquement, surprise mais consciente qu'elle s'était déjà tendue durant leur échange. Comme si elle avait pressenti que cet homme se trouvait déjà là, dans cette pièce, et qu'il ne leur voulait pas de bien.

Homme était assez peu représentatif de la véritable nature du personnage. Son apparence n'était certes pas rassurante, mais pire encore ; il dégageait une telle aura que la mercenaire fut surprise de ne pas l'avoir remarqué plus tôt. Elle sentit cette sensation si bonne et familière qui finit par l'envahir : l'adrénaline filtrait ses veines. Automatiquement, elle détailla l'être menaçant qui ne semblait pas faire attention à elle ; il n'était pas vraiment humain... Il était comme elle. Un humain dérangé par un pouvoir contre-nature. Elle sentait sa magie, extrêmement puissante, plus qu'il ne l'imaginait sûrement. Si elle pouvait le toucher, elle en saurait plus... Mais c'était très certainement une mauvaise idée que de vouloir s'approcher de lui d'une telle manière. Elle pouvait peut-être être immunisée contre les mauvais sorts, mais elle ne pouvait rien contre une lame en acier plantée dans ses entrailles.

Ces pensées filèrent dans son esprit, durant l'espace de quelques secondes. Secondes que Stanborn utilisa pour se lever, se composer une expression de frayeur et appeler quelques gardes à la rescousse. Gardes qui ne pourraient certainement rien contre la créature qui voulait leur mort ; mais au moins serviraient-ils pour le retarder.

-APRES TOI !

Ainsi Sela pourrait lui éviter quelques boules de feu et il pourrait la guider dans son habitat immense qui avait du changer depuis sa dernière visite.

Sela sauta à la suite de Stanborn, se réceptionnant sur ses pieds et mains, juste assez rapide pour éviter la boule de feu qui fila au-dessus d'elle et explosa. Elle jeta un coup d’œil en haut et ouvrit deux grands yeux.

-MERDE ! Il se divise, Bane !

En effet, quatre silhouettes noires se dessinaient de part et d'autres du jardin, les encerclant vicieusement. Apparemment, leur ennemi pouvait se cloner, et Sela craignait que ce ne fut pas son seul avantage. Elle aurait aimé en savoir plus, car elle ne savait pas à quoi s'attendre, ce qui ne lui plaisait absolument pas.

Pas certain qu'ils feraient le poids.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Unique [Sela]
« le: dimanche 16 août 2015, 22:28:23 »
L'esclavagiste observa d'un œil absent la jeune aveugle tremper ses lèvres dans la boisson avant de commencer à boire, appréciatrice. Une partie de son esprit replongeait dans les méandres de sa mémoire, des temps passés ensemble et étrangement, beaucoup plus de bons souvenirs qu'elle aurait pu croire. Oui, elles avaient vécu bien des choses côtes à côtes, combattues l'une pour l'autre et l'autre pour l'une. Bien que Sela eut un don pour trouver des personnes qui lui faisaient parfaitement confiance, leur relation avait était tissée sur les bases d'une alliance loyale, qui s'était indubitablement transformée en une amitié solide.

La jeune rousse sourit à ses mots, visiblement plus détendue qu'à son arrivée. Sela était d'un naturel charmeur et chaleureux, sans jamais se départir d'un certain charisme qui lui valait maintenant d'être à la tête d'un commerce dominant et prospère. Mais en la compagnie de Fiore, elle semblait se départir de cette fibre dirigeante, plus joviale et détendue, elle aussi.

A sa réponse du moins, elle fronça légèrement les sourcils et écarta son verre doucement. Elle s'était attendue à une telle réponse mais ce que sous-entendait son amie ne lui en plaisait pas plus. Elle savait Fiore d'un naturel sauvage et aventurier, même si elle préférait certainement se le cacher de temps à autres. Sela n'avait jamais vraiment eut l'envie d'une vie d'aventures ; mais la vie l'avait menée jusqu'ici... De même que Fiore, mais c'était différent. Elle ne pouvait rester des années sans action, et sûrement cela la frustrait-il d'être sur la touche et chassée.

Quand bien même, l'esclavagiste se refusa à lui proposer une alternative qu'elle aurait facilement pu lui offrir. Elle aurait pu l'intégrer à son commerce d'esclaves et lui procurer une place de choix dans son groupe, mais elle pressentait que cela aurait vexé l'ex-mercenaire. Elle aurait cru que Sela avait pitié, et cela, cela lui aurait été insupportable. Et la jeune esclavagiste comprenait.

Quoi qu'il en soit, Sela soupira doucement. Ses souvenirs revenaient à l'époque où elles s'étaient connues.

-Une vie d'aventures et de danger... Nous y avons été propulsées, et d'une manière ou d'une autre, nous n'en avons été que plus renforcées.

Son ton avait prit une douloureuse connotation nostalgique. Elle reprit ses pensées.

-Mais on ne peut pas nous empêcher d'avancer. Si tu as besoin d'un peu d'action, je serais heurese de partir en ta compagnie, pour me battre à tes côtés une nouvelle fois.

C'était une proposition sans engagement, spontanée et un peu rêveuse. Oui, rien ne serait plus facile que de revivre leur temps à elles deux. Leurs souvenirs.



6 ans plus tôt

Sela jeta un furtif coup d’œil aux alentours. Bien que la nuit perçât, son regard aguerrit ne manquait pas d’interpréter les ombres. Elle vivait la plupart du temps de nuit, et elle traînait sans arrêt dans les bas-fonds de la ville souterraine où s'agitaient les eaux usées.

Ce qu'elle retira de son examen furent une veille bâtisse abandonnée, trois chats errants à la poursuite de quelque rats chétifs et une femme de corpulence moyenne, qui devait être aussi vieille que Sela, physiquement du moins. Dans les ombres nocturnes, la jeune fille distinguait une chevelure d'une rousseur éclatante, des habits de cuir près d'un corps sculpté et fort, et... Un bandeau sur les yeux. C'était bien la bonne description de son contact. Cette inconnue était une guerrière, cela se sentait comme il se voyait, mais pas une guerrière telle que Sela... Non, Sela, elle, se battait comme les assassins le font : discrètement, furtivement ; du poison sur un poignard, de la poudre dans un verre ou une tête au creux de son coude qui convulsait.

La jeune femme qui se présentait à elle se battait autrement. Fièrement, l'épée au bout du bras, un bouclier contre l'autre, elle faisait front. Dans sa stature droite et fière, dans sa démarche décidée et rapide, tout lui hurlait qu'elle était de ce type. Peut-être faisait-elle partie de l'armée ? C'était hautement probable.

De plus, Sela remarqua qu'elle était aveugle. Elle devait donc redoubler d'attention. Elle n'aimait pas les imprévus, et une guerrière aveugle en était définitivement un.

La bâtisse, quant-à-elle, lui rappelait étrangement le lieu où elle avait grandit. Dans une maison de ce genre, abandonnée aux rats et aux chats, aux averses et la moisissure. Elle avait tout reconstruit et avait trouvé de quoi vivre, dans un foyer aussi peu avenant que celui-ci qu'elle avait transformé en maison.

Là s'arrêtèrent enfin ses observations, qu'elle avait obtenues en un seul regard jeté sur l'allée. Elle se tourna furtivement vers la silhouette qui lui parlait de sa voix douce, et suivit son contact dans la pénombre. Qu'est-ce qu'une femme de l'armée pouvait bien lui vouloir, à elle, mercenaire sans cœur et assassine douteuse? Bien que la situation lui paraissait improbable et particulièrement louche, elle suivit d'un pas vif la rousse à l'intérieur de la maison. La curiosité l'avait piqué.

Moins d'oreilles qu'à l’extérieur ? Rien de moins sûr. Elle regretta de ne pas avoir fait le tour de l'endroit pour s'en assurer ; elle devrait faire confiance à cette femme aveugle qui n'avait peut-être aucune idée de ce dans quoi elle se jetait maintenant. Bientôt elles furent à l'interieur, dans un pièce sombre qui semblait être un salon.

Finalement, la jeune mercenaire jeta ses premiers mots dans l’atmosphère tendue qui séparait les deux femmes.

-Je suis La Louve, et je vous écoute.

Cela n'engageait à pratiquement rien, d'écouter. C'était une simple formulation, lancée d'une voix claire et portée par la brise froide, à peine audible qu'à ceux qui savent écouter. Elle attendait que la guerrière réponde par cette même formulation, concluant un pacte sous entendu qui impliquait que chacune savait pourquoi elles étaient là. Si elle dérapait sur le moindre mot de cette formule-là, Sela aurait des doutes.

Elle attendit donc dans un silence religieux.

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Les bas fonds / Re : Pandemia [Sela]
« le: vendredi 14 août 2015, 23:16:12 »
L'endroit était étrangement immense, et c'était à se demander comment tant de place pouvait vivre sous les pieds des Nexusiens qui parcouraient inconsciemment la ville tous les jours. La jeune femme serait certainement restée debout, les bras ballants, se laissant dominer par la grandeur et le danger illégal de l'endroit, si elle n'avait pas plus important à faire.

De là où elle était, elle avait une large vue de la grotte. Elle était sortie d'un tunnel très étroit, pour déboucher sur une plateforme en hauteur. Il s'agissait en réalité de gradins, directement reliés au réseau de sous-terrain.

D'ici, elle pouvait voir l'ensemble des quatre arènes où se déroulaient simultanément quatre combats. Autour de chaque arène, des centaines de gens pariaient, se disputaient pour savoir quelle vie serait épargnée, ou non ; passionnés par le jeu qui se déroulait sous leurs yeux exorbités. A l’intérieur, des esclaves se battaient.

Brolin se battait.

Luria étouffa un cri, mais personne ne semblait faire attention à elle. Tous étaient trop concentrés sur les combats et sur l'argent mis en jeu.

En son fort intérieur, elle s'y était attendue ; pourtant elle aurait préféré ne pas avoir trouvé Brolin que de le voir piégé dans cette arène. Il fallait qu'elle trouve un moyen de le faire sortir. Pourtant, si elle faisait ça, elle risquait de provoquer une émeute, et être poursuivie à travers les tunnels glauques dont elle n'avait qu'un mince connaissance. Et alors, ils seraient deux à mourir ici.

Mais elle ne pouvait décidément pas l'abandonner à son sort. Il avait apparemment déjà beaucoup encaissé, comme le démontrait le sang qui coulait le long de son front, et le fait qu'il peinait à se relever. Luria n'était pas dupe : il ne faisait pas le poids face au monstre furieux contre lequel il se battait à mains nues. Elle ne pouvait pas assister à sa mise à mort sans ne serait-ce que tenter quelque chose pour le sauver.

La jeune femme n'attendit pas plus longtemps pour s'élancer à travers la foule. Elle avait un plan, suicidaire et particulièrement simple ; mais un plan tout de même. Elle allait venir dans cette arène et tuer cet énorme monstre, malgré tout le dégoût qu'il lui inspirait. Ensuite ils se sauveraient... et ils verraient bien.

Ses pas déterminés se frayaient brutalement un chemin à travers la foule qui ne prêtait pas attention à son avancée. Bientôt elle parvint à se qui semblait être l'entrée de la quatrième arène où se battait Brolin. Ou plus exactement, se faisait battre. Luria prit une inspiration. Tiens bon, murmura-t-elle, comme si il pouvait l'entendre. Deux gardes se trouvaient là, gardant l'entrée sombre où l'on pouvait accéder directement à l'arène. La jeune femme n'hésita pas.

Elle profita que les deux hommes étaient distraits par la foule et les jeux, plaisantant ensemble, insouciant d'un quelconque danger -qui voudrait entrer dans une arène où un immonde graveir faisait la peau à un misérable humain?- pour entrer en action.

Pris par surprise, les deux hommes furent à terre en un rien de temps. Ils n'étaient pas morts, mais assommés pour un bon bout de temps ; l'un avait le bras cassé, l'autre saignait du crâne. La jeune femme dépassa sans plus tarder les deux corps inconscients.

Avec un peu de chance, elle pourrait tuer le monstre et partir de l'arène sans trop d'émeute. Pour peu que tout le monde croit qu'elle faisait réellement partie du spectacle, ce dont elle n'était pas assurée.

Quelques pas plus tard et un autre homme à terre, elle dépassa les prisonniers à qui elle jeta la clef de leurs chaînes et rejoignit d'un pas décidé l'arène.

Lorsqu'elle apparut, elle fut accueillie par les cris de stupeur de la foule et le regard tuméfié de Brolin.



Malgré la haine et la déception qui perçaient dans le cœur de la mercenaire, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à ce qu'il disait, de vouloir le croire et d'accepter ses excuses et ses mots sans rien ajouter. Une partie d'elle même aurait aimé être aveugle, revenir en arrière et pouvoir être avec lui, tout oublier.

Mais elle ne le pouvait pas. Elle ne voulait plus être blessée comme elle l'avait été lorsqu'elle c'était retrouvée seule à nouveau, abandonnée de son amant, son partenaire, de lui. Lui qui avait disparut, l'avait laissée sans repaires.

Elle n'avait pas pu tourner la page sans de chercher à comprendre.

Alors elle avait cherché. Elle avait cherché  pourquoi elle avait attendu tant de temps cette nuit là, attendu jusqu'à ce que la peur et l'anxiété la rongent et l'épuisent. Et elle avait trouvé. Ce qu'il lui disait là, elle l'avait apprit par elle-même. Sela aurait pu le traiter de menteur, à l'instant, le blesser en lui disant qu'il mentait à ses fins, pour la ramener – après tout, ce ne serait pas la première fois – et rester farouche. Mais elle savait qu'il avait raison. Pourtant, même après avoir découvert la vérité, elle ne lui avait jamais pardonné.

Il l'avait abandonnée. Peu importait une quelconque menace ; peu importait que des gens veuillent s'en prendre à elle – d'ailleurs, beaucoup de gens souhaitaient sa mort – ensemble, ils étaient invincibles. Ensemble, ils auraient tué la menace et dépasser la difficulté.

Au lieu de quoi il était parti, cédant à la pression, sans rechigner à la perdre. Tel le feu démoniaque qui avait brûlé ses parents, la laissant dans le pire endroit du monde, seule ; il était parti sans un au revoir, laissée sur la touche.

Alors elle restait debout près de lui, froide, désespérément silencieuse. Les sensation squi l'envahissaient la mettait en colère. Le silence s'étendit encore, lourd et tendu.

-Je le savais, lâcha-t-elle soudain. La suite lui vint sans qu'elle ne prenne la peine de réfléchir à ses mots, sortant de son cœur. Quand j'ai su que tu ne reviendrais pas vers moi, j'était bouleversée. En colère. Frustrée, déçue, pire que déçue. Alors j'ai cherché à comprendre. Pourquoi avoir fait ça ?  J'étais persuadée que tu ne pouvais pas trahir la confiance que j'avais placée en toi, que tu ne pouvais pas m'avoir abandonnée pour de l'argent ou plus de pouvoir.

Elle marqua une pause et reprit, plongée dans ces souvenirs qu'elle aurait aimé oublier.

-J'ai donc cherché, longtemps. Et j'ai fini par trouver. J'ai tué, torturé, je me suis mis tant de gens à dos... Simplement parce que j'avais confiance en toi. Une confiance si profonde et aveugle que je préférais faire tout ça que d'affronter la vérité. Au final, j'ai eu raison... et tord. Je ne t'ai pas pardonné, et je ne le fais toujours pas.

Alors que faisait-elle là ?

Soudain, son regard qui s'était attardé sur un objet quelconque, brouillé par les pensées du passé qui l'avait assaillit, soudain ce regard vint se planter dans celui de l'homme. Non, il ne l'avait pas fait appeler pour s'excuser. Même si il n'arrivait pas à s'en empêcher.

Elle sut pourquoi il l'avait fait venir grâce à ce qu'il dit par la suite. Ou plus exactement par la panique qui fit tressaillir les beaux yeux de Stanborn. Sans pouvoir l'empêcher, voir cette lueur dans le regard habituellement si froid de l'homme qu'elle connaissait bien la fit paniquer à son tour. Elle sut qu'il ne surjouait pas, pas cette fois-ci.

Bane avait peur.

L'horreur envahit peu à peu la jeune femme à ses mots.

Elle s'approcha lentement de lui, pas sûre de bien comprendre, de vouloir comprendre.

-Qui va détruire la ville, Bane ? Comment ?

Sa voix était étrangement douce en comparaison de ses précédents mots. Comme si elle voulait l'apaiser pour qu'il lui dise ce qu'il essayait de retenir. En réalité, c'était l'appréhension, voire pire, de la peur qui traversa Sela.

-N'essaie pas de me le cacher... Pas cette fois-ci. Je ne le supporterait pas. Il faut que tu me la vérité.

En réalité, il ne le fallait pas. Elle pouvait très bien suivre son conseil, sans même se poser la question de sa véracité, mais... Mais si cela était vrai, ce dont elle ne doutait étrangement pas, elle ne pouvait pas quitter la ville. Tout était là.

Toute sa vie, des cendres où étaient morts ses parents, jusqu'aux marchés où elle vendaient ses esclaves en passant par les bas-fonds qui l'avaient accueillie et assistés à ce qui avait fait d'elle ce qu'elle était maintenant, tueuse aguerrie et femme d'action... Non, elle ne pouvait pas abandonner tout cela. Elle ne pouvait pas abandonner Nexus et ses habitants, sa vie entière. Son instinct la poussait : elle devait savoir.

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Place publique / Re : Vente et tentations [PV Stephen Connor]
« le: dimanche 09 août 2015, 18:21:49 »
La mercenaire sentait le corps du démon s'approcher encore, comme pour suivre le mouvement de sa main tandis qu'elle réfléchissait. Alors que son esprit était ailleurs, son corps se tendait, se cambrant imperceptiblement sous l'attaque des gigantesques mains du colosse qui étranglèrent gentiment sa taille. Un son étrange sortit de sa gorge, étouffé, léger, qui n'avait rien à voir avec la réflexion qu'elle se faisait alors.

Et maintenant ? Était-elle tentée de se questionner, maintenant que le démon et elle s'étaient mis d'accords sur leur arrangement. Mais elle n'avait pas envie de s'attarder sur cette question. La main d'Helel s'aventura sous son menton, douce et forte, inquisitrice. De même que son deuxième bras, dont la main venait agréablement s'étaler dans le creux de ses reins. Elle était particulièrement sensible à cet endroit, étrangement, et elle fronça légèrement les sourcils. Son corps se détendit encore.

Elle ? Lui faire confiance ?

Elle s'approcha, assez pour que leurs fronts se collent, et un sourire perplexe déforma la courbe de ses lèvres. D'un geste agile, elle descendit sa main le long du vêtement du démon, non pas pour atteindre son bas-ventre, mais pour attraper une lame coincée contre son propre corps, retenue par une ceinture de ruban rouge. D'un autre mouvement, elle la coinça sans douceur contre la jugulaire du monstre.

- Ne croyez pas pouvoir être convaincu, parce que je ne suis pas fiable.

En réalité, elle était sûre qu'il pouvait facilement détruire ce poignard, la battre, la tuer, sans qu'elle ne puisse même se défendre. Mais ils savaient tous les deux qu'il n'était pas question de cela, en aucune manière. Parce qu'il n'avait pas tellement eut envie d'arrêter son mouvement, trop perturbé par ce corps sensuel coincé contre lui, chaleureusement plaqué contre son torse de brique.

Elle se souleva lentement sur ses demi-pointes, s'approchant encore de son visage, mais il la dominait toujours de sa taille. La raison de son geste était multiple. Tout d'abord, elle n'aimait pas l'idée même qu'il suppose que lui offrir son corps sur un plateau d'argent était un gage de confiance. De plus, lui dire qu'il ne devait pas se fier à elle était un bon moyen d'éviter de quelconques reproches dans le futur. Même si elle mentait en disant ces mots – car elle tenait généralement sa parole – c'était somme toute son assurance à elle. Un message qui, derrière sa menace puérile, était on ne peut plus claire.

Puis elle lâcha le poignard qui tomba à leur pieds dans un choc inaudible.

- Et il y a de la force dans ces muscles, grogna-t-elle doucement.

Malgré tout, elle s'approcha encore, puis se plaqua complètement contre lui sans aucune retenue, sans se départir d'une certaine nonchalance. Elle plaqua ses lèvres contre les siennes et passa la main qui avait tenu l'arme sous la nuque du géant au regard brûlant dans un sourire. Elle pouvait toucher ? Elle en avait bien envie. Elle n'avait aucune intention de nier ses pulsions, surtout quand elle sentait que « l'homme » en face y répondait. Peu importait que ce corps ne lui appartienne pas, par ailleurs – plus elle était proche, plus elle en apprenait sur sa nature. Mais elle se coupa à ses informations pour un moment.

Elle ne pouvait qu'apprécier la douceur de ses lèvres charnues, la chaleur de son haleine, et la résistance de son corps contre le sien. Elle ne voyait pas comment ses intentions pouvaient être plus claires, alors que le poignard gisait toujours sur le sol, près de leurs corps enlacés.

5
Ville-Etat de Nexus / Re : Unique [Sela]
« le: lundi 27 juillet 2015, 13:11:51 »
Elle savait son amie aveugle, bien entendu, mais elle savait aussi qu'elle avait ses propres... moyens de reconnaissances sur les lieux qui l'entouraient. Leurs grandeurs, la richesse qui en découlait ne devaient pas lui échapper, comme le fait qu'elles soient seule dans la grande pièce ou que l'air qui passait doucement entre les portes ouvertes, faisant tranquillement se mouvoir les rideaux de soie leur caressait le visage.

Il ne fallait pas sous-estimer cette femme au combat, et Sela ne l'avait jamais fait.

Elle fut aussi heureuse de voir un sourire franc se dessiner sur le doux visage de son amie et ancienne partenaire de front dans de nombreuses occasions. Fiore avait fait partie intégrante de l'armée Ashnardienne ennemie, auparavant, pourtant ; elle ne tenait pas celle-ci dans son cœur. Maintenant Sela savait qu'elle s'était retirée, vivait seule et par des moyens plus simples. En somme, une vie tranquille.

La jeune esclavagiste eut un rire clair à ses mots. Tout comme elle était particulièrement attachée à la boisson, elle ne refusait jamais un verre d'alcool, pas même à elle-même. Elle prit alors place en face de Fiore, élégante et forte, mais c'est surtout cette force qu'elle irradiait qui pouvait percuter son ancienne amie. Depuis les dernières années, Sela avait prit en plus de cette force, plus d'agilité encore, et une souplesse d'esprit à toutes épreuves, entraînée et dans la fleur de l'âge.

Elle tendit le bras vers une petite table basse posée non loin, servit deux verres d'une bouteille d'alcool disposée à ses soins et tendit un des deux verres à son invitée, l'effleurant légèrement pour lui rendre la tâche plus simple. C'était un bon alcool, fruité, un d'une valeur sûre que Sela pratiquait lorsqu'elle n'était pas dans sa meilleure humeur.

Fiore était elle aussi resplendissante à sa manière. Son visage était éclairé, ses magnifiques cheveux cascadaient fièrement sur la courbure de ses épaules, chatoyants d'une couleur pure que sa propriétaire n'avait pas même l'occasion de voir. Son habit aussi, volatile et féminin, semblait avoir été choisi avec précision, et il épousait parfaitement ses formes.

-Tout ce que je peux dire, c'est que tu es resplendissante.

Sela n'était certainement pas du genre à cacher sa réussite, quitte à paraître presque vantarde à certains moments. Mais il fallait la comprendre : cela avait été un des principaux buts de sa vie, sortir de la misère dans laquelle des gens l'avaient fourrée, s'extirper par ses propres moyens des bas-fonds où elle avait été jetée, comme si cela avait suffit pour ruiner sa vie. Et bien, cela n'avait pas marché, et elle le démontrait tout les jours un peu plus, s'enrichissant et faisant marcher un commerce qui allait en grandissant. Mais même si elle portait toujours cette fierté en elle, c'était bien loin d'être de la vanité.

-Ça, je ne saurais dire, dit-elle après avoir avalé un gorgée de son élixir, un sourire doux au lèvres qui pouvait transparaître dans sa voix. Je me suis enrichie, j'ai trouvé une place parmi ces riches commerçants avec qui je traite tous les jours. C'est ma réussite. Mais je pense que tu as aussi eu la tienne, et que tu l'apprécie encore aujourd'hui.

Elle parlait par ceci de sa tranquillité, et des vengeances qu'elle avait eut contre ses ennemis. En cela, Sela était plus malheureuse qu'elle. Elle n'avait pas encore eut sa revanche sur lui.

-Mais que fais-tu de ton temps libre, dis-moi ? Je sais que tu te caches d'eux. Et que sais comment te protéger. Mais avances-tu ?

Elle souhaitait aborder avec elle un sujet plus fâcheux, mais qui lui tenait à cœur. Elle voulait savoir si Fiore était complètement heureuse, aujourd'hui. Ou si il lui manquait quelque chose pour vivre vraiment et pleinement. De l'action, un vrai job, des connaissances avec qui s'entourer ? Sela pouvait peut-être lui procurer tout ceci. Elle n'oubliait pas son amitié.




6 ans plus tôt.

L'adrénaline courrait dans ses veines. Couteaux en mains, lame à chaque coin de son corps, Sela esquiva le coup, l'homme fut déséquilibré et emporté dans son élan tandis que la jeune femme se déportait légèrement sur la droite pour le laisser passer. Mais un autre lui fonçait dessus, elle se retourna vivement et projeta son poignard en avant, envoyant son poing à l'autre qui se relevait. La lame s'enfonça dans le corps du premier, le poing percuta une côte du deuxième. Sela retira la lame du corps, se retourna vers son deuxième agresseur lui trancha la gorge, puis envoya son pied au survivant qui tenait son ventre en sang, le talon de la mercenaire percutant là où elle l'avait poignardé. On entendit un bruit inquiétant de côte qui se brise et l'homme ne put retenir un cri de douleur, alors que Sela se retournait vers lui et lui assénait un coup qui lui fut fatal.

La jeune femme se releva doucement. Elle portait un masque ensanglanté. Elle se tenait droite dans un tunnel suintant, enfouie dans les sous-terrains mal famés des bas-fonds. Elle essuya sa lame sur le tissu de sa tenue pourpre et se dirigea d'un pas sûr vers la sortie du tunnel, tournant froidement le dos à ses agresseurs morts. Un cadeau signé Al-Owal, elle avait reconnu leurs méthodes de combat ; il ne servait à rien de les interroger car ils n'étaient pas du genre à parler beaucoup. Elle avait été entraînée par sa propre fille. Elle prit soin de se changer dans le salon de Stanborn avant de continuer sa route.

Elle avait un rendez-vous aujourd'hui, semblait-il. Quelqu'un avait su où la contacter, et le message lui était parvenu par Stanborn lui-même. Apparemment, le nom de La Louve avait couru et dépassé sa propriétaire. Elle ne connaissait pas la femme qui demandait à la voir ; elle n'avait pas dit grand chose sur elle, sûrement portait-elle une identité secrète tout comme elle portait son masque de louve.

Sa jeunesse intrépide, alors qu'elle arborait fièrement ses 19 ans, ne semblait pas avoir peur de l'inconnu. Elle avait hâte de savoir à qui elle avait affaire. Ce n'était pas rare qu'on lui quémande des services, elle était connue pour faire le sale boulot et transmettre des messages pour le moins... douteux. Mais elle n'en était pas moins intriguée.

C'est d'un pas engagé qu'elle se rendit donc au lieu convenu du rendez-vous : une lieu qu'elle n'avait pas elle-même choisi. Lorsqu'elle se présenta, cachée sous son masque, la femme était déjà là.

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Place publique / Re : Vente et tentations [PV Stephen Connor]
« le: samedi 25 juillet 2015, 21:54:27 »
Sela avait senti. La chaleur de ses mains rudes embrassant la forme de ses épaules, son regard plein de chaleur et de vivacité, ses lèvres charnues délicatement humidifiées, et son souffle chaud qui semblait la percuter. Elle ne niait jamais les pulsions de son corps, et il semblait que ce démon avait tendance à les raviver, par sa magie ou simplement le fait qu'il soit là, devant elle, attrapant dans ses grandes mains le poignet réticent de l'esclavagiste.

Mais elle n'avait pas de mal à les ignorer le temps de conclure ce qui semblait bien être un pacte. Peut-être le fond de son regard la trahissait-elle, la légère courbe de ses reins qui se creusaient ou les muscles de sa bouche qui se contractaient. Mais à part cela, rien n'avait changé, elle était toujours cette femme au visage malléable et à la voix froide et calme qui se tenait face à cette créature avec laquelle elle était engagée.

Et effectivement, ce qui s'était passé était réellement étrange. Elle posa des yeux tout autant intrigué sur sa poigne. Elle avait déjà passé des accords par le passé, mais jamais du même ordre démoniaque. Et la dernière fois qu'elle avait passé un accord tel que celui-ci, l'autre l'avait piégée. Elle avait pu se débarrasser à la fois du contrat et de celui avec qui elle avait signé, grâce à son pouvoir, mais c'était un insecte comparé à celui avec qui elle traitait aujourd'hui. La dernière fois, le fil avait disparu. Aujourd'hui, il s'accrochait à elle, tenace.

Elle sentait le torse du démon se coller subtilement contre elle, comme si elle ne le verrait pas, que son corps même n'y réagirait pas. Mais pourtant elle gardait le regard sur son poignet, délicatement emprisonné entre les doigts du démon. Elle n'aimait pas qu'il voit cela, elle aimait garder ses atouts cachés. Pourtant elle ferma un instant les paupières – si Helel avait voulu la tuer, il l'aurait fait depuis bien longtemps ; couper sa vision si proche de lui aurait pu relever du suicide dans d'autres circonstances – et expira doucement. Son corps se relâcha et elle laissa la magie s'infiltrer en elle, même si elle détestait cela, elle la sentit parcourir ses veines et la changer profondément, presque imperceptiblement. Quand elle rouvrit les yeux, quelques secondes s'étaient écoulées et le fil blanc avait disparu.

Elle ne fit aucun commentaire.

Sela tourna son regard vers celui du démon, ou plutôt le releva. Il était disproportionnellement grand, se dit-elle, mais malheureusement cela ne semblait pas interférer avec une agilité certaine dans ses mouvements. La légende des colosses trop lents qui se ne savaient pas se mouvoir ne semblait pas s'appliquer à Helel.

Elle ne fit absolument rien pour se détacher de lui, bien au contraire. Inconsciemment, elle s'était même sûrement rapprochée. Lorsqu'elle parla, ses mots étaient presque un chuchotement distinct, mais il en découlait toujours une certaine fierté et force qu'on ne pouvait leur enlever.

Elle laissa sa main se plaquer lentement contre son torse. Ce contact lui révélait toutes sortes de choses sur le démon. La puissance de sa magie. D'où elle venait. Comment l'utiliser.

Elle laissa ses informations de côté pour réfléchir à ses mots. Bonne foi, pour un démon, elle trouvait ça ironique.

L'idée lui vint de lui demander de le retrouver. Trouver qui avait tué ses parents.

Mais c'était ridicule, et elle le savait bien. Elle devait élaborer une stratégie, s'enfermer durant des heures dans cette pièce sombre et étouffante, penchée sur toutes sortes de cartes... Elle ne pouvait pas demander une telle chose sans réfléchir au préalable.

-Alors le voici : je veux que vous me rameniez un homme du nom de Thom Greenwhish.

Elle fit courir ses doigts le long d'un de ses pectoraux, les yeux baissés vers son mouvement, puis regarda Helel.

-Il y a un an, il s'est lancé dans un trafic d'esclaves illégal, dans les bas-fonds. Il a disparu, et je ne sais pas ce qui est advenu de son commerce. Mais j'ai besoin d'avoir une... petite conversation avec lui. Si vous arrivez à me le ramener, il n'y aura pas de meilleur preuve de confiance. Cela vous convient-il ?

Question de pure forme, vu qu'il n'avait à priori pas le choix. Quant-à Greenwish... Il avait été un de ses coéquipiers, lorsqu'elle était sortie des bas-fonds de Nexus pour se lancer dans la chasse aux esclaves. Un de ses plus proches amis. Et il l'avait trahie, des années plus tôt, avec un autre de leur équipe. Il avait volé tout ce qu'ils avaient amassé, brisant le groupe qu'elle avait peiné à former pour sortir de sa misère. Plus tard, Sela les avait retrouvés, et elle avait tué l'un des deux hommes, laissant Greenwish lui échapper... Mais il avait des connaissances multiples et elle pourrait en tirer quelque chose avant de le tuer lui aussi. Elle avait bien des plans en tête, mais elle avait eu d'autres chats à fouetter. Peut-être que le démon pouvait lui fournir l'occasion de le rencontrer plus tôt que prévu...

Elle demandait à voir.

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Les bas fonds / Re : Pandemia [Sela]
« le: vendredi 24 juillet 2015, 21:38:22 »
Luria n'était pas accompagnée. Longeant silencieusement les allées des bas-fonds, elle observait, entièrement vêtue de noir mis à part sa tête et sa longue chevelure blonde qui cascadait sur ses épaules malgré l’élastique qui les tendait. Ses couteaux étaient cachés, mais elle n'aurait aucun mal à les dégainer en cas de besoin immédiat. Pour l'instant, elle suivait une piste.

Brolin avait été bien moins consciencieux qu'elle. Se balader dans les tréfonds les plus glauques de Nexus sans même songer à cacher son appartenance à la Milice urbaine, il fallait être fou. Ou inconscient. Nul doute qu'il ne tarderait pas à se faire repérer et attraper. Le pire était, quand elle y songeait, qu'il est décidé d'enquêter seul sur l'affaire. Pratiquement personne, hormis elle, ne savait où il traînait ; quelle meilleure chance de se faire tuer dans l'ombre ?

Non pas que Luria connaisse particulièrement bien Borlin. Ils n'avaient jamais été bien proches, mais ils avaient échangé quelques mots. Et Luria voyait en lui sa seule aide pour suivre les traces que lui avaient fournies Adamante, la magicienne personnelle de la Reine Elena.

L'affaire était complexe. La Milice ne souhaitait aucunement se mêler aux affaires des bas-fonds. Elle ne l'avait jamais fait, et il semblait qu'elle ne le ferait jamais. Si l’État ne voulait pas se pencher de trop près sur les quartiers les plus pauvres de sa ville, Lura elle obéissait avant tout aux ordres d'une amie, et à ceux de la Reine. Quelque chose de sombre se tramait ici, elle en avait le pré-sentiment, mais personne ne semblait vouloir arrêter ce mystère avant qu'il n'éclose, sauf Adamande et Brolin. En soit, elle ne désobéissait à personne. Et elle savait se débrouiller assez subtilement pour ne pas être attrapée ici, ni même rétrogradée.

Mais pour trouver qui fomentait le complot qu'Adamante redoutait, elle avait besoin de Brolin. Lui aussi devait avoir senti quelque chose, ou ne serait-ce que trouvé un indice qui pourrait être utile à la Couronne. Maintenant elle cherchait le chevalier et quelques indices traînant dans ces tunels.

Voilà ce qu'elle faisait par ici.

Aux aguets, Luria écoutait attentivement le silence. Plus elle avançait, plus le bruit sourd de fond se clarifiait, s'intensifiait ; et elle le suivait par instinct. Elle ne savait pas où trouver Brolin dans ses sous-terrains obscurs, mais elle le dénicherait, ou trouverait des renseignements quelconques avant de partir d'ici.

Soudain, elle entendit un frottement si léger que seule une personne surentraînée aurait pu le percevoir. Elle se retourna vivement, à temps pour voir une silhouette féminine filer. Elle hésita à la suivre sans faire de bruit mais se détourna, suivant l'instinct qui lui soufflait de suivre le brouhaha.

Quelques secondes plus tard, elle débouchait sur un grotte immense où semblait se dérouler un véritable tournoi, profondément enfoui dans les souterrains de Nexus.



Sela se tenait droite, froide, alors qu'elle sentait le vent chaud de la mer s'engouffrer dans la pièce et danser dans ses mèches. Mais la colère grondait en elle. Une colère si grande qu'aucun compliment n'était à même de la réduire, qu'aucune excuse n'était plus valable.

Alors elle écoutait, sentant sa haine bouillir au fond d'elle ; mais pire encore, une haine froide contre lui, une haine qui se partageait entre de multiples autres sentiments. Le regret, le regret qu'il l'ai abandonnée, le regret de voir ce qu'il était devenu à présent ; déchirée entre le sentiment qu'elle pouvait toujours, peut-être, faire de lui l'homme qu'il était avant de rencontrer la cour et d'atteindre l'objectif futile qu'il s'était lancé depuis toujours.

Mais pour l'instant, elle devait garder son attention sur ce qui se passait dans cette chambre, lui assit, s'excusant, évoquant un passé qu'elle avait à la fois aimé et détesté.
Non, elle n'allait pas le tuer. Elle le savait au fond d'elle. Quand bien même l'aurait-elle voulu, jamais elle n'aurait pu. Si elle avait su franchir le pas, il serait mort depuis bien des années, mais les voilà maintenant, se rencontrant après tout ce temps de peine et de haine qu'elle avait apprit à ranger dans un coin de son cœur où nul n'avait plus accès.

Elle eut un rire froid à ses mots, mais ne fit aucun commentaire. Ils ne riaient qu'à moitié. Et maintenant il s'excusait, puis lui dévoilait comment lui avait "protégé" son affaire, ses activités et son pouvoir, combien elle devait lui être redevable, elle qui s'en était toujours tirée seule, créant des liens par son seul pouvoir, grandissant sans l'aide de personne... L'avait-il appelée pour cela ?

Elle lui jeta un regard dégoutté. Si son but était de l'amadouer pour la faire revenir parmi ses courtisanes, la tromper une fois de plus, la trahir et la manipuler comme il savait si bien le faire, il était particulièrement mal tombé.

Elle s’apprêta à répliquer d'un ton onctueux lorsqu'il continua sur sa lancée. Une opportunité... ? Sela s'approcha du siège qui faisait face à Bane, y posant une main délicate et nue, une main si dangereuse... Elle était à distance raisonnable, mais maintenant elle le voyait d'autant plus près.

Personne n'était plus opportuniste que Sela.

-Tu sais que je ne laisse jamais une opportunité m'échapper, Stanborn. Mais comment pourrais-je te faire confiance à nouveau ?

Il ne le savait pas, mais cela n'arriverait plus jamais. Sela ne pardonnait pas, ne serait-ce qu'une seule fois. Les exemples étaient rares, et confirmaient cette règle.

Elle s'approcha encore, se détachant d'un geste félin du premier siège pour s'approcher du second où se tenait Barne. Bientôt elle fut proche de lui, se tenant debout, la main posée sur le côté droit du siège. Elle devait légèrement tourner la tête à sa gauche et la baisser vers l'homme pour le voir bien en face.

-J'ai eu confiance, fut un temps. Qui me dit que tu ne me trahiras pas de nouveau ? Souffla-t-elle.

Elle descendit légèrement son bras en prononçant ces mots, tournant sa manche d'un mouvement naturel et sobre. Dessous, un poignard à manche blanc brillait à l'éclat de la lune.

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Place publique / Re : Vente et tentations [PV Stephen Connor]
« le: mardi 21 juillet 2015, 20:12:53 »
Le démon afficha un air satisfait suite à sa réplique sceptique, certainement parce que celle-ci était justifiée. Si les créatures de son espèce étaient réputées pour être vicieuses et opportunistes, alors la légende était confirmée ; pourtant Sela ne savait pas si le contentement d'Helel était de bon augure pour elle ou non. Elle restait sur ses gardes, comme toujours, grand démon ou simple humain indolent.

Le rapport que Sela entretenait avec toute forme de magie était particulier. Elle en avait une large connaissance, dans la simple mesure où elle savait la reconnaître et l'identifier – son fonctionnement, son usage et l'orée de ses limites. Elle en avait la compréhension d'une amie vieille comme le monde. Pourtant elle ne lui faisait nullement confiance. Son instabilité, son changement constant, la rendait incontrôlable pour elle, une humaine de bas rang. Elle n'avait aucun moyen de l'utiliser autre que de la retourner contre elle-même ou d'user de stratagèmes détournés, car la magie semblait littéralement fuir à son approche.

Elle continua à observer le démon, s'arrachant à ses pensées hésitantes. Elle croisa lentement les mains sur ses jambes elles aussi emmêlées, se penchant un peu plus en avant. Quelques secondes s'étaient écoulées seulement alors qu'elle prit le temps de répondre à sa réplique :

-J'espère que vous avez raison sur ce point, Helel.

Mais elle en doutait. Elle avait été femme à se faire tromper, de nombreuses fois, d'où le fait qu'elle ai développé une appréhension et un scepticisme constants.
Le démon se releva de son siège avec une certaine grâce qui contrastait avec son allure imposante ; mais qui lui allait à merveille. Et sans pouvoir faire quoi que ce soit, pas même prévenir son mouvement, il disparut de son siège pour venir doucement se placer derrière elle, dans l'ombre que la tente leur procurait.

La seule réaction que l'esclavagiste afficha fut un léger haussement de sourcil, semblable chez elle à une moue déconcertée pour qui savait lire ses traits. Mais elle se reprit bien vite, sans broncher ni même bouger, résistant à l'envie de se retourner pour lui faire face. Bien qu'il ne soit en rien menaçant ainsi derrière elle, elle le sentait dans ses attentions ; elle ne pouvait s'empêcher de se méfier.

Savait-il qu'elle savait pour sa nature ? Sela n'en était pas sure, mais ne cherchait pas non plus à se cacher de lui. Elle pouvait tenir ces informations de n'importe où, après tout. Elle sentit ses lourdes mains se poser délicatement sur ses épaules douces et mates. Les intentions du démon devinrent néanmoins plus claires lorsque celui-ci s'approcha encore en lui dévoilant son moyen pour qu'elle lui fasse confiance, même si il ne savait pas que ce ne serait jamais assez pour elle.

Son contact était très agréable, elle ne pouvait le nier ; elle sentait le parfait contrôle qu'il avait de ses bras et mains. Alors elle tourna enfin sa tête vers le démon dont elle sentait la présence près de son cou. Elle croisa son regard et planta le sien dans ses yeux bruns brillants qui l’observaient sans vergogne. Son corps et ses bras allaient contre ses caresses doucereuses, appuyant ainsi du fait qu'elle l'écoutait et prenait conscience du contrat qu'il agitait sous son nez.

Enfin elle détourna le regard pour le poser sur la feuille parcheminée. Jusqu'à présent, l'esclavagiste n'aurait pas su dire si elle lui faisait réellement confiance, et son scepticisme avait augmenté encore lorsqu'il lui avait parlé de ce contrat. Pourtant maintenant qu'elle voyait ce bout de papier transpirant l’irréalité magique qu'elle savait si bien reconnaître, elle savait qu'il disait vrai : c'était là plus qu'un simple bout de parchemin.

Mais son hésitation étaient toujours bien présente. Les termes étaient simples et clairs, et elle était encline à les accepter. Mais cela marcherait-il sur elle ? La magie semblait ne pas vouloir d'elle, et elle arrivait de plus en plus souvent à la rejeter. Il semblait alors impossible qu'un contrat tel que celui-ci la cèle contre sa volonté. Mais elle le sentait puissant. Plus puissant qu'elle ? Elle n'avait même pas conscience de l'étendue de son propre pouvoir. Mais peut-être que si elle en avait la volonté... ?

Sela resta là quelques secondes, se débattant dans ces pensées confuses qui brouillaient son esprit. Pour l'instant, elle devait prendre une décision. Elle saisi alors sans hésiter la plume qu'il lui tendait. Elle se promit d'apprendre à utiliser la propre puissance de son pouvoir pour qu'un jour, si le besoin se présentait et la tromperie se dévoilait, pouvoir déchirer sans remord ce parchemin qui la tentait.

Elle promena un instant la plume contre ses lèvres, contemplant le démon de l'air indéchiffrable qu'elle prenait lorsqu'elle décidait de quelque chose. Puis elle ouvrit enfin la bouche  pour prononcer quelques mots simples.

-Je vous crois, au moins autant que ce contrat magique.

Puis elle inscrivit d'un geste lent mais sûr sa propre signature à côté de celle du démon. Elle se leva doucement en se retournant vers Helel qui la surplombait largement, attendant patiemment qu'elle lui tende le parchemin. Ce qu'elle fit.

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Les bas fonds / Re : Pandemia [Sela]
« le: jeudi 16 juillet 2015, 20:12:20 »
Sela avait hésité. Pas bien longtemps, elle devait se l'avouer, mais sa rancune était puissante. Alors lorsque la petite Jonquis était entrée dans sa chambre privée, au début de la soirée, annonçant un messager spécial et urgent, elle avait directement été sur ses gardes, comme toujours. Elle redoutait tout type d'urgence, et elle fut d'autant plus tendue lorsqu'elle vit l'homme qui se présenta à elle. Sa tenue sombre, étrange, lui évoquait d'anciens souvenirs, tout comme le masque morbide qu'il portait, qui lui cachait une partie du visage. Pourtant, il semblait bien qu'il avait pour seule mission de délivrer son message à Sela. Elle eut beau observer discrètement comme elle en avait l'habitude ses moindres gestes, de sorte que rien ne lui échappait ; cet espion n'était pas venu pour glisser quelque poison dans son vin.

Mais elle fut bien plus étonnée encore par le message qu'il délivra. Elle avait eut de nombreux amis, de par sa nature et son don, pourtant... Avec ce qui s'était passé durant l'après-midi, un seul lui revint distinctement en mémoire. Elle s'empressa alors de récupérer le rouleau de papier que l'étrange arrivant lui apportait, et le messager s'inclina alors profondément avant de disparaître, furtivement accompagné de Jonquis.

Elle s'était alors assise lourdement sur son large lit défait, déroulant sans plus tarder le message. Les mots étaient clairs, et la signature plus encore. Lui voulait la revoir, pour une raison inconnue, et réapparaissait ainsi dans sa vie. Combien d'heures avaient elle passées, profondément seule, à résister à l'envie d'aller le rejoindre et d'oublier ce qu'il lui avait fait ?

Des doutes n'avaient pas tardé à insinuer dans son esprit. Pourquoi la mandait-il maintenant, aujourd'hui, alors que la réussite la faisait tant briller ? Peut-être était-ce un piège, une vengeance parce qu'elle l'avait fui ? Après tout, il aurait bien été du genre à lui en vouloir. Elle savait de quelle manière il s'était attaché à elle, et la voir disparaître du jour au lendemain, comme elle l'avait tant de fois menacé, sûrement l'avait-il mal prit. 

Pourtant quelque chose en elle avait déjà pris sa décision. Peu importe si elle filait dans un piège, si elle se jetait dans la gueule du loup ; son message démontrait une certaine urgence, sous-entendue et d'une bienséance typiquement aristocratique certes, mais le ton était bien là. Et elle était certaine d'une chose : il y avait quelque chose qu'elle ne savait pas là-dessous, une information qui lui manquait, que ce soit la clef de cette vengeance ou le « pourquoi » de son empressement. Et sa curiosité était piquée à vif, au-delà même de cette envie pressente de le revoir, une envie qu'elle n'assumait certainement pas.

Alors voilà qu'elle traversait maintenant un couloir lugubre des bas-fonds, un endroit qu'elle connaissait parfaitement pour y avoir passé une grande partie de son enfance et de son adolescence. Elle avait une connaissance presque parfaite des diverses canalisations, débouchés et raccourcis, de son architecture – pour en avoir fait de multiples plans, en prévision d'attaque ou de rendez-vous -, et il lui arrivait encore maintenant de s'y rendre pour diverses affaires et échanges, bien que son marché soit fondamentalement légal.

Le couloir qu'elle empruntait à l'instant était sombre et à bas plafond. Elle ne se souvenait pas avoir autant grandit depuis la dernière fois qu'elle avait marché ici, ni que certaines voix est été coupées.

D'ici on entendait la rumeur d'une immense salle où devait certainement se dérouler quelques jeux, certainement des combats illégaux où énormément d'argent se jouait. La plupart du temps, il s'agissait d'un ennemi qui était livré dans l'immense cage, une arène, où il finissait invariablement par mourir tué par un monstre sanguinaire quelconque. Il fallait être prudent, et éviter par tous les moyens de se faire attraper.

Sela avait pris ses précautions, par habitude et parce qu'elle connaissait bien les dangers du lieu. Elle portait un habit près du corps, une ceinture lui cinglant la taille où étaient rangées ses armes et un bas ample et souple.

Bientôt cependant elle déboucha sur un couloir plus large, sortant de nulle part. Elle avait emprunté ce passage de nombreuses fois, mais elle se doutait que l'endroit devait avoir changé : et c'était le cas. Elle trouva bientôt ce qui servait d'entrée à ce lieu étrange, si loin des vastes appartements dans lesquels elle habitait, très ouvert et où on respirait l'air de la mer. Elle ne tarda pas à se faire annoncer, et apparemment, on l'attendait. Un homme l'emmena rapidement à travers des couloirs entièrement refais qu'elle ne reconnaissait plus, mais dont elle ne manqua pas de retenir les sorties et les tournants dans les moindres détails.

La porte s'ouvrit et elle le vit alors. La première chose qui frappa Sela fut son accoutrement, riche et complexes dans des tons de bleu et d'or, plein de froufrou dépassant de ses manchettes. Il avait coupé ses cheveux, pourtant son expression était pratiquement la même qu'à son départ, perçante et sûre d'elle, hautaine.

Ils restèrent un moment à se jauger du regard, s'observer simplement sans un mot. Elle, se questionnant toujours sur sa visite ici, repoussant l'idée qu'il veuille la trahir. Et lui, se confortant dans sa position : maintenant qu'il l'avait devant lui, fière et froide, digne et légèrement revancharde, il était sûr de ne pas vouloir la voir mourir. Tant pis pour ce pressentiment qui lui soufflait : danger.

Puis elle brisa éffrontément le silence par quelques mots qui semblèrent claquer dans l'athmosphère de la pièce:

-Je suppose que je devrais te demander : "comment vas-tu depuis la dernière fois "?

Elle lui fit un sourire tout sauf joyeux, suintant d'ironie.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Unique [Sela]
« le: mercredi 15 juillet 2015, 20:48:27 »
Les cheveux ébouriffés, habillée à la va-vite, Sela se tenait debout dans une large pièce fumante. Les baies vitrées offrait un courent d'air agréable, mais très rare, ainsi qu'un malheureux vis-à-vis sur les autres résidences du quartiers.

Penchée sur la table ronde, les deux mains de part et d'autre d'une grande carte énigmatique, elle était littéralement plongée dans une réflexion connue d'elle seule, repensant à sa rencontre avec un certain démon et des futures quêtes qu'elle préparait activement.

Sa résidence était immense. Comparable à un palais, elle se situait dans un des quartiers les plus riches de Nexus, agréablement installée au milieu de dizaines d'autres habitations, empilées et emboîtées avec une science vieille de plusieurs millénaires. Cependant, elle ne vivait bien entendu pas seule, d'où le fait que ses quartiers soient si immenses, pouvant recueillir un grand nombre d'invités en très peu de temps, si l'occasion se faisait ressentir.

Ici vivait l'entièreté de sa troupe, les 7, comme on avait coutume de les appeler. Même si il leur arrivait souvent de partir pour diverses raisons. C'était ici aussi qu'elle dressait la plupart des esclaves qu'elle avait sélectionné, dans une salle spécialement conçue à cet effet, totalement vide – à quelques détails près. Le palais contenait aussi des bains, menant à un extérieur plus vaste. C'était une architecture complexe, car tout semblait mener à cette grande terrasse extérieure, dévoilant par la même occasion une vue imprenable sur une côte de Nexus.

Seulement deux pièces étaient inaccessibles au public : la pièce dans laquelle elle se tenait et organisait ses plans, et ses appartements où elle prenait repos.

La demeure était grande, spacieuse, et il fallait pour la trouver gravir de long escaliers et contourner d'autres habitats encore : c'est ce qui lui permettait une ouverture sur le ciel et une vue sur la mer imprenable ; ainsi qu'une hauteur de plafond vertigineuse, le tout dans un agencement luxueux et riches.

Quoi qu'il en soit, la jeune esclavagiste se réveilla soudain de sa torpeur lorsqu'une petite voix s'éleva dans le silence brumeux de la pièce.

-Madame, n'oubliez pas que vous avez la visite de Dame Fiore prévue dans la journée.

Sûre de son message, la petite fille resta là un instant, comme si elle attendait quelque chose. Il s'agissait de Jonquis, une gamine que Sela avait tirée des bas-fonds pour en faire sa messagère. Elle n'avait confiance qu'en elle pour ce genre de travail, discrète comme une ombre et fidèle à sa maîtresse.

-Merci, Jonquis.

Sela se dégagea de ses plans dans un souffle court : elle ne s'était pas rendue compte qu'elle avait passé l'entièreté de la matinée sur ses plans, depuis tôt dans la journée. Elle en avait pratiquement oublié le rendez-vous qu'elle avait fixé avec son ancienne alliée, avec qui elle avait conversé au détour de quelques lettres. Elle avait été heureuse de recevoir de ses nouvelles ; elle la considérait à l'époque comme une véritable amie et avait espéré qu'elle s'en sortirait comme elle-même. Elle ne savait pas vraiment si c'était le cas, mais elle en saurait plus aujourd'hui. La perspective de la revoir mit l'esclavagiste relativement de bonne humeur et elle sortit en trombe de sa pièce étouffante, se dirigeant vers sa chambre en mandant une servante pour lui préparer un bain.

Il lui fallut une heure pour se remettre dans le courent de la vie réelle, dont elle avait été coupée, plongée dans ses projets.

Posée dans le large salon, elle attendait alors sagement sur l'un des sièges, l'esprit occupé à imaginer comment Fiore serait maintenant. Bientôt, Jonquis arriva en courent, silencieuse comme la brise, accompagnée de la grande rousse qu'elle avait connu si longtemps auparavant. Sela eut un sourire franc, avant de se lever gracieusement et de s'avancer vers elle. Elle espérait sincèrement que le lieu qu'elle habitait ne l'avait pas impressionnée d'une manière ou d'une autre, mais l'activité qui y bouillonnait devait être entraînante.

-Bienvenue ici, mon amie. Fais comme chez toi.

« Ami » était un terme courant dans son milieu mais qui lui tenait à cœur en cette occasion. Elle s'avança vers elle et l'entoura de ses bras, la serrant brièvement comme à une vieille amie. Pour Sela, c'était ce qu'elle représentait. Elles avaient tant vécu et donner l'une pour l'autre qu'il ne pouvait en être autrement. Son geste était d'une sincérité flagrante et elle ne pensa même pas qu'elle pourrait la vexer ainsi.

-Je suis heureuse de te voir. Comment vas-tu ?Assieds-toi par ici – elle désigna le vaste endroit -, veux-tu quelque chose à boire ?

C'était coutumier chez elle, elle aimait l'alcool et un verre traînait toujours près d'elle.

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Les bas fonds / Re : Pandemia [Sela]
« le: dimanche 12 juillet 2015, 19:07:34 »
Stanborn... Un nom commun, au final. Mais pas choisi au hasard, loin de là.

Maintenant qu'elle était enfin seule, l'esclavagiste pouvait se livrer sans hésitations aux pensées qui l'avaient traversées plus tôt. Un verre d'alcool à la main, les glaçon tintant, elle se souvenait.

Sela l'avait senti, au discourt de la fugitive. Tout concordait trop pour qu'il ne s'agisse pas d'une seule et unique personne. Au final, elle n'était pas étonnée.

Pourtant, continuant à se fier seulement aux mots de Nemu, l'esclavagiste avait écouté les indications plus ou moins précises que la femme possédait sur les sous-terrains de Nexus, observant avec détachement les traits invisibles qu'elle marquait au sol de ses mains ravagées. Mais lorsqu'elle lui indiqua clairement la planque de l'homme, les doutes de Sela se transformèrent et se précisèrent. Après une négociation à sens unique, elle pu obtenir une description physique de l'homme qui semblait tant terrifier la jeune femme. Riche, qui malgré le milieu, s'habillait de luxueux vêtements ouvragés, en faux noble qu'il était. Il portait mi-courts, d'un violet presque bleui, comme la couleur de ses yeux mesquins.

Tout dans sa description ne pouvait correspondre qu'à un seul homme. Mais Sela le connaissait sous un nom singulièrement différent : Bane. Était-ce un autre pseudonyme ou son véritable nom ? C'était une autre affaire.
Cet homme, Sela le connaissait bien. Et pour cause.



Ils s'étaient rencontrés sept années plus tôt, exactement. A l'époque, Sela n'avait que dix-huit ans, et elle se faisait de mieux en mieux reconnaître dans son milieu, tuant et se renseignant pour des gens qui la payait pour cela. Un milieu sombre, fade, plein de désespoir, où régnait la terreur et l'envie de pouvoir. La jeune femme qu'elle était à l'époque ne faisait pas défaut, mais elle nourrissait déjà d'autres ambitions : sortir de ce milieu lugubre et retrouver l'homme qui avait tué ses parents.

Pour ce faire, elle emprunta la voie du sang et de la douleur, celui d'une minuscule souris qui trotte dans la pénombre des canalisations de Nexus, à la recherche d'une information en or, mise à la botte des plus grands manipulateurs des réseaux où croupissait -et croupit toujours- la corruption. Déjà à cette période, le nom de Bane grondait comme une menace à ceux qui voyageaient contre ou avec lui. Peureuse de rien dans ces bas-fonds grouillants, la jeune informatrice n'hésita pas à lui rendre sa petite visite. Cachée, elle attendit longtemps dans l'espace sombre et caverneux qu'il habitait alors, espace qu'elle avait prit soin de violer maintes fois pour se repérer au moment où elle le rencontrerait.

Ainsi La Louve rencontra Bane, et celui-ci ne manqua pas d'observer le talent indiscutable de la jeune femme, et l'avenir qui semblait se dessiner devant elle. Pourtant, et même si il ne lui fit pas tout de suite confiance, il ne put que s'attacher à elle, à sa manière. Comme nombres d'autres avant lui.

Cherchant à la ranger de son côté, à l'asservir comme il l'avait fait avec bien d'autres jeunes femmes de son gabarit, il la rendit peu à peu dépendante de lui, d'une manière que seul lui maîtrisait à la perfection. Bientôt, la jeune femme sembla ne plus rien lui cacher, lui cédant toujours plus facilement les précieuses informations qui arrivaient à ses oreilles discrètes.

Ainsi, durant plus de deux années consécutives, Sela se donna à cet homme étrange, qui vivait caché du reste du monde. L'image de ses longs cheveux sombres et ses yeux violets brillants d'intelligence était toujours gravée dans son esprit, de cet homme sombre et mystérieux qui ne laissait pas de place à la pitié. Elle parvint elle aussi à le comprendre en sa compagnie, briser cette carapace de fer qui reflétait bien autre chose que la réalité ; un homme brisé et profondément vexé par la vie qui se vengeait contre tous ceux qui osaient bien croiser son maudit chemin.

Pourtant, peu à peu, sous les incitations toujours plus nombreuses de La Louve, il s'ouvrit au monde, se montrant en public et effaçant petit à petit l'image de l'homme caché que l'on avait de lui ; et il changea, changea de comportement envers celle qu'il considérait comme sienne de droit. Il n'était plus l'homme bougon et fermé qui la côtoyait constamment. Certes, jamais il ne s'était départit de sa cruauté et d'une certaine malveillance, mais il n'avait jamais été pour autant si aristocrate et dédaigneux. La manière qu'il avait d'apprendre ce dédain si typique des nobles, se prenant pour l'un d'eux et la négligeant, elle, avait particulièrement tendance à l'agacer.

Peu à peu, elle se mit en colère, mais lui répliquait toujours de sa cravache et de son flegme cruel. Auparavant, il la trouvait drôle, comme une petite bestiole mignonne qui se prélassait à ses pieds, mais dorénavant, il la méprisait franchement. Elle connaissait bien des secrets sur sa personne, même si il ne lui avait jamais rien révélé de son propre chef. Mais il la négligea, se détourna d'elle, trouvant la cour plus intéressante.

Sela détestait les nobles.

Alors, d'un jour à l'autre, elle disparut. L'homme la chercha, longtemps, désespérément, enragé, puis abandonna l'affaire, se renfermant d'autant plus dans le rôle qu'il jouait et lui collait à la peau. Il changea certainement de nom alors. Elle était partie, loin, bien loin, conquérir des terres jusque là inconnues. Bien plus tard, il entendit parler d'elle, l'esclavagiste en expansion. Ses prémonitions s'étaient avérées exactes, et elle réussissait, mais la haine qu'il lui vouait s'était calmée et transformée en un dédain certain. Il avait peut-être fini par accepter son départ comme une fatalité, une autre trahison que la vie lui avait portée. C'est pour cela qu'il se refusa à lui offrir sur un plateau en or la possibilité d'entrer dans le marché noir des esclaves illégaux, sans savoir qu'elle l'aurait certainement refusé.

A présent que l'image de cet homme lui revenait, elle ne savait que faire. Devait-elle aller le rencontrer, comme la première fois, sans seulement savoir si elle y gagnerait chose ? Et plus important encore : devait-elle  résister à cette tentation qui semblait naître en elle, vicieuse et irrésistible, cette envie de revoir son visage pour en reconnaître l'expression?

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Place publique / Re : Vente et tentations [PV Stephen Connor]
« le: mercredi 08 juillet 2015, 13:54:18 »
La jeune femme écouta les mots graves du démon, intriguée.  Elle pouvait facilement se rendre au Désert du Crépuscule, même si un voyage tel que celui-ci demandait une préparation minutieuse. L'esclavagiste ne put s'empêcher de se demander pourquoi Helel n'y allait pas lui même. Après tout peut-être avait-il le pouvoir de se rendre où il voulait, dans ce cas-là il n'avait qu'à se déplacer et la tâche ne lui prendrait pas plus d'une demi-journée. Mais peut-être était-ce plus compliqué.

Pourtant Sela se garda bien de lui poser la question. Même si elle était sceptique, elle savait déjà qu'elle ne lui refuserait pas cette mission-là. Ce serait pour elle une occasion de visiter ces contrées-là de plus près, peut-être d'organiser quelques chasses et d'entraîner ses troupes. Peu importait au final la véritable valeur de l'objet en question, car elle le saurait bien assez tôt en étant en contact avec le-dit objet. Et elle sentait que le démon ne gagnait rien à l'envoyer dans un piège.

-Je pense pouvoir m'en charger. Il faudra me décrire précisément l'objet, en quoi il est distinguable des autres. Je pense qu'avoir l'endroit exact ou un certain périmètre de recherche serait plus qu'utile.


Ces dispositions misent en place, Sela se détourna légèrement de ces questions pour s'intéresser au prix. Le démon supportait toujours son regard qui cherchait constamment à comprendre. Les yeux de cet être brillaient d'une lueur étrange, au-delà même de son aura puissante, on aurait dit que le démon prenait la situation avec une certaine distance. Presque ironique, sans se détacher d'un sérieux conforme à la situation. Depuis combien de temps vivait-il ?

Néanmoins elle détourna le regard pour le diriger sur la bourse qu'il venait de faire sortir d'une de ses longues manches. Elle semblait lourde, et la jeune femme fronça légèrement les sourcils en la voyant disparaître ainsi. Bien qu'elle n'était pas surprise de le voir ainsi exercer sa magie, elle n'aimait pas cela. Rien n'avait jamais été plus réel pour elle que l'argent et son manque ou sa richesse, à certaines périodes de sa vie. Elle n'aimait pas cette magie.

Alors lorsqu'elle comprit qu'il lui proposait un service de ce genre-là, levant ses grand bras imposants comme pour illustrer ses dires, la jeune femme ne cacha pas son scepticisme. Elle n'avait pas confiance en cette magie. Mais après tout, pourquoi croirait-elle plus en un or qui pouvait disparaître aussi facilement comme quelques secondes plus tôt ?

Elle prit le temps de réfléchir, emmenant son verre à la bouche sans quitter le regard du démon. Un coin de son esprit tentait toujours de le comprendre, de l'analyser, sans même s'en rendre compte. Puis elle déposa son verre au sol, vide sinon de quelques glaçons restant, tintant au sol dans le silence qui s'était de nouveau installé entre eux.

Des réponses à ses questions ? Elle possédait des milliards de questions, et leurs réponses emmènerait inlassablement d'autres questionnements encore. Il aurait fallut qu'elle engloutisse des bibliothèques entières pour être rassasiée. C'était une offre vicieuse, alors elle préféra entendre par là qu'il lui offrait un vœux en échange de son service.

-Vous me donneriez un nombre restrictif de vœux ? Et comment saurais-je que vous ne mentez pas, ou que ce que vous me donnerez n'est pas que du vent ?

C'était une question ridicule en soit, car inutile : comment pourrait-il prouver qu'il tiendrait parole ou qu'il lui donnerait ce qu'elle souhaitait ? Impossible, à moins qu'il appelle à une certaine magie qu'elle ne connaissait que très peu et qui le lierait à elle de manière irréversible. Mais elle voulait gentiment le mettre à l'épreuve, ou du moins qu'il précise son offre, et tant pis si cela restreignait d'une quelconque manière les possibilités qu'il lui offrait.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Un défi à la hauteur ? [Pv]
« le: lundi 06 juillet 2015, 22:55:23 »
Oui, Sela le comprenait maintenant : il voulait bel et bien jouer. Jouer dans le sens, s'amuser. Pas dans celui : manipuler. L'esclavagiste percevait des choses, des choses qui venaient à elle. Cet être n'était pas humain. Pas ESPer non plus. Il n'était pas banal, mais plus du genre à ne pouvoir faire qu'un avec le vent, la pluie, l'air ; assez vieux pour être totalement détaché d'un quotidien qui tournerait encore et toujours, et immortel pour ne plus avoir peur à propos de sa propre vie.

Un dieu, lui souffla une voix intérieure. Ces déductions, pour elle parfaitement naturelles, étaient en réalité le fruit de sa propre logique accompagnée d'un pouvoir qu'elle ne comprenait pas réellement car trop encré dans sa nature, dans ses réflexes, qu'il faisait autant partie d'elle que le fait de respirer ou de commander à ses muscles de bouger.

Elle ne répondit rien, s'approchant très doucement, de sa démarche féline. Sur ses gardes. Si il disait ne pas leur vouloir de mal, il pouvait toujours changer brusquement de point de vue et se mettre à tuer sans la moindre raison, soutenu par des pouvoirs qu'elle ne connaissait pas encore et contre lesquelles elle ne pouvait peut-être rien.

-Si seulement nous prévoyons en effet un vol... Qu'est-ce qui vous ferait croire que nous voudrions l'aide d'un inconnu tel que vous ?

La jeune femme avait bien noté les armes que l'homme -le dieu- cachait sous ses manches, les ayant bien en vue et se rapprochant plus pour pouvoir les intercepter au cas où il les dégainerait. Alors lorsqu'elle entendit le doucereux bruit d'une lame qu'on dégaine -il s'agissait d'Eza, qu'elle sentait en ébullition depuis qu'elle était entrée-, elle se tint à l’affût, s'apprêtant à se retourner vers son amie pour lui intimer l'ordre de remballer son arme. Et lorsqu'elle vit l'intrus lui glisser un clin d’œil avant d'agir, elle ne put qu'ouvrir la bouche, mais trop tard :  la lame vint déjà s'enfoncer dans le siège mité, à quelques centimètres à peine de la main de la jeune rousse, qui regardait l'objet avec un franc étonnement, le temps de comprendre. Puis elle remballa son arme en écoutant les paroles du dieu, bougonnant.

Wolf s'était levé, n'aimant pas qu'on touche à Eza, et Run regardait le dieu d'un drôle d'air. Karf, lui restait tendu, près à utiliser sa propre puissance pour terrasser ce nuisible individu. Mais pire encore restait : Zenöm qui regardait impassiblement la scène. Son pouvoir était certainement plus grand que celui du dieu. Néanmoins, l'esclavagiste ne voulait pas de sang dans cette auberge ce soir, et encore moins d'un être dont elle ne connaissait pas encore si elle pouvait en retirer quelque chose.

Elle leva donc la main en direction de sa troupe.

-Pas pour l'instant, mes frères, mes sœurs.

Puis elle se tourna vers le nouveau venu, et un sourire se dessina sur ses lèvres.

-Et bien, vous voyez ; nous ne vous voulons aucun mal. Alors que pensez-vous qu'il va se passer, maintenant ? Vous allez nous tuer et vous enfuir ? Simplement partir ? Ou bien encore continuer à jouer ?

Son pouce s'était glissé dans la ceinture qui cinglait sa taille nue, ses Saï attendant patiemment.

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Les bas fonds / Re : Pandemia [Sela]
« le: lundi 06 juillet 2015, 22:50:56 »
A demi allongée dans un grand coussin aux motifs dorés, l'esclavagiste attendait, grande et belle dans un espace où elle semblait être reine. De son air détaché, elle tenait un verre dont elle faisait tinter les glaçons, dans l'attente. Toute l'après-midi et le lendemain encore, elle serait chargée d'observer les futurs esclaves un pas un ; afin de les trier et de décider où et de quelle manière elle les vendrait.

C'était une partie intéressante, pour peu qu'on ai des nerfs solides ; et c'était le cas de Sela. On apprenait toutes sortes de choses, elle parvenait souvent à détecter quels sortes de pouvoirs certains possédaient, mais encore des informations utiles dans le milieu dans lequel elle était sensée vivre.

Elle dut attendre peu de temps encore lorsque la femme de tout à l'heure lui fut amenée. Lavée, les cheveux attachés, enroulée dans un linge beige-blanc conçu expressément pour les hommes et les femmes que Sela capturait. Maintenant, son visage était clair et elle sentait propre. Mais rien ne pouvait enlever l'expression de terreur, de haine et de désespoir qu'elle affichait continuellement.

Les gardes l'emmenèrent bien au centre de la tente dans laquelle elle attendait. Derrière Sela se trouvait le reste de sa troupe, eux aussi assis sur des coussins agréables. Ils discutaient, mais peu d'entre eux resteraient jusqu'au bout. Les six attendaient que leur chef prenne la parole.

-Bien.

Cela pouvait tout et rien dire à la fois. La femme était à moins d'un mètre de Sela, se tenant un peu voûtée, prête à exploser mais attendant d'avoir l'autorisation pour parler. Apparemment, le passage aux douches semblait lui avoir apprit la contenance.
Sela se fit plus douce que tout à l'heure. Elle n'aimait pas effrayer plus que de nécessaire les esclaves qu'elle capturait. Il fallait trouver ce parfait équilibre entre sévérité et douceur qui faisait naître une certaine admiration chez ses esclaves et ses Hommes au bout d'un certain temps.

-Assieds-toi. Quel est ton nom ?

Méfiante, elle s'approcha du grand coussin dans les même couleurs neutres qui lui était destiné.

-Nemu, Madame.

Sela hocha la tête, satisfaite. Au moins l'étrangère ne cherchait pas à la couvrir de paroles incessantes. Elle apprenait rapidement. Nemu était une ESPer bas-de-gamme. Son pouvoir était relativement faible. Elle avait la capacité d'agrandir ou de rétrécir durant un certain laps de temps un objet quelconque. Cela pouvait peut-être s'avérer pratique dans certains occasions, mais c'était assez peu vendable. Sela songea que cela pouvait plaire à certains hommes à l'organe de petite taille...

Elle quitta ses pensées-là pour se concentrer sur la nouvelle venue.

-D'accord, Nemu. Dans ce cas, confie-moi ce que tu sais, et je jugerai par moi-même si cela vaut ta liberté. Et je tiendrais ma parole.

La femme sembla être perdue un moment entre la colère et la peur, oubliant même de réfléchir. Elle resta bouche ouverte un moment, puis elle répondit précipitamment, comme pour donner plus de valeur à ses mots :

-Il... Jvais tout vous dire. Le... Le réseau de fisstesh vit sous terre, dans les canalisations de Nexus et... Tout le commerce vit là-b...

-Est-ce tout ? La coupa l'esclavagiste. Elle lui lança un regard à la fois froid et déçu. Elle connaissait tout ceci, elle s'y était même déjà rendue. Tu ne sais même pas qui est le chef de l'organisation ?

La femme sembla se recroqueviller dans son siège, la peur se noyant dans ses yeux. Apparemment, elle avait cru que cela suffirait.

-D'accord. Il s'appelle...

Elle se tut un instant, regardant autour d'elle puis enfonçant son menton entre ses genoux, comme pour diminuer l'impact de sa trahison.

-Stanborn, il s'appelle Stanborn. Sa voix n'était plus qu'un minuscule filet de voix où se mélangeaient terreur et confusion. C'est lui qui a mit en place la came, dans la 23ème canalisation, sortie ouest. J'le sais parce qu'on a vécu ensemble pendant pas mal de temps il... Il avait beaucoup de femmes.

Elle eut un frisson, les bras entourant ses jambes, comme si elle parlait plus à elle-même qu'à Sela et ses sbires.

-Il est riche, mais il est méchant, très méchant. Horrible. Et intelligent. Tout le monde le savait, tout le monde le sait, alors personne n'ose rien faire. Moi je suis partie de là, j'ai fui, et il a essayé dme poursuivre, mais j'étais trop rapide. Jme suis perdue, des fois, plein de fois, et tout ça pour.. Rien... !

Elle sembla sortir de sa rêverie, se rendant soudain compte des dizaines d'yeux qui la regardaient. Elle ouvrit grand les yeux, se rendant compte des mots qu'elle venait de prononcer et de la trahison qu'elle venait de commettre.

-M...Libérez-moi maintenant, vous avez promis de me libérer ! S'il-vous plait !

Elle se remit à pleurer, tête contre terre, secouée de cris suppliants. L'esclavagiste s'était tue, réfléchissant. Maintenant qu'elle savait cela, en quoi cela lui était utile? Ça pouvait lui rapporter gros... Revendre ces informations au plus offrant, ou les utiliser pour agir et remporter bien plus ? A moins qu'elle puisse se lier avec cet homme pour faire affaire ?

-Très bien, je te libère, à une seule condition : dessine-moi exactement où se trouvent ses possibles QGs, que se soit dans les souterrains ou à Nexus.


La femme sembla hésiter un moment, la bouche ouverte, puis elle ferma les yeux, déchirée entre son envie d'être libre et celle de ne pas trahir cet homme qui l'avait asservie. Mais elle finit par acquiescer, les dents serrées. 

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Ville-Etat de Nexus / Re : Un défi à la hauteur ? [Pv]
« le: dimanche 05 juillet 2015, 11:51:57 »
Cette histoire se déroule deux ans avant la story-line présente de Sela et Cimbaeth. A cette époque, « l'entreprise » que montera la Chasseuse n'est qu'un embryon qui tente de survivre, au début de son expansion. Et il n'est à n'en point douter que cette aventure-là joue un rôle décisif dans la réussite que connaîtra Sela et sa bande quelques mois à peine plus tard.



Depuis quelques temps, l'heure semblait tourner affreusement vite. Toujours occupée de part et d'autre de Nexus, tiraillée et demandée, la jeune esclavagiste ne savait plus où donner de la tête.

Cependant, elle gardait toujours une attitude calme, posée, réfléchie, comme si elle maîtrisait le temps et qu'il était à ses ordres. Personne ne semblait soupçonner le surmenage dont elle était l'heureuse victime. Mais c'était avec joie qu'elle vivait, et qu'elle se promenait dans cette vie si remplie qu'elle en oubliait presque les problèmes qui la tourmentaient habituellement.

C'est de son pas vif qu'elle pénétra dans la petite ruelle bondée. Elle était seule, rapide et furtive, arborant une démarche souple qu'elle avait acquise au fil des années. Elle était en retard ; elle en avait parfaitement conscience, cependant, personne n'en tiendrait compte. C'était une sorte de coutume chez elle, elle semblait toujours arriver cinq minutes après que tout le monde se soit rassembler, comme pour leur montrer qu'elle leur faisait totalement confiance. Car ainsi elle savait qu'elle était attendue et respectée.

En effet, elle avait passé la matinée auprès d'un proche du Grand Baron, ou du moins était-ce le nom qu'il se donnait. Cet homme, haut placé, dirigeait plusieurs bordels réputés disséminés aux endroits phares de Nexus. Elle avait signé avec un de ses conseillers un contrat qui lui permettrait certainement de payer sa petite troupe et le nouvel arrivant, un de ses anciens amis des bas-fonds qu'elle avait retrouvé et en qui elle avait toute confiance. Maintenant ils étaient six. Elle cherchait activement un septième membre, certainement le dernier selon ses plans.

Quoi qu'il en soit, elle avait donné rendez-vous au cinq dans un bar rustique, mal famé, mais dont elle connaissait bien le gérant. Ils avaient été en affaire, des années auparavant, quand elle était encore La Louve et qu'elle n'avait pas assez d'argent pour manger et dormir au chaud.

Elle pénétra dans l'arrière boutique, saluant avec chaleur la fille du gérant qui jouait aux cartes sur une vieille table miteuse. Elle devait avoir douze ans, et elle ne leva même pas la tête mais répondit tout de même en agitant la main, plongée dans son jeu. Elles se connaissaient bien, du temps où Sela passait plusieurs jours d'affilée ici, s'y sentant mieux que dans sa vieille maison abandonnée et froide.

Enfin, elle arriva devant une porte entrouverte, d'où s'échappaient des chuchotements. Sela resta un instant pour écouter, réfléchissant à la morale qu'elle allait leur faire pour ne pas se montrer plus discrets. Et si quelqu'un les surprenait ? Agacée, la jeune femme s'apprêta à entrer, lorsqu'elle surprit un autre bruit encore, un bruit sec et saccadé. Comme quelqu'un qui frappe à une fenêtre... Intriguée, elle resta là, et écouta la voix qui s'éleva soudain du silence qui s'était fait. Une fenêtre qui s'ouvre... Quelqu'un les avait entendu. Sela n'attendit pas plus pour ouvrir grand la porte. L'attention, semblant déjà être suspendue, sembla soudainement se figer complètement pour se concentrer sur elle. Elle sentit Zenöm et Run se tendre, et Karf et Wolf attendre et Eza bouillonner. Calme, comme à son habitude, elle ne cacha pas son étonnement pour autant, soulevant un sourcil face à la scène.

Un homme, aux yeux fourbes et aux traits durs, affichait un air épanoui. Légèrement voûté, comme pour sauter par la fenêtre à la première occasion, il les regardait d'un air malicieux. L'esclavagiste avait horreur des imprévus, et cet homme semblait incarner à lui seul la notion même de l'imprévu. Un homme... ? Rien de moins sur. Il ne lui disait rien qui vaille.

-Ils parlaient de vol, eux... ? Elle leur lança un regard tout sauf bienveillant. Qu'ils ai été aussi indiscrets vaudrait bien des réprimandes, et même si elle n'aimait pas ça, il faudrait bien un jour les éduquer aux confidences et aux sournoiseries qui se propageaient dans Nexus. Si les murs avaient des oreilles, les hommes aussi.

-Cela m'étonnerai. Cependant, entrer dans une pièce privée de manière aussi peu commode est très impoli. Que voulez-vous ?

L'esclavagiste, sans perdre contenance une seconde, s'avança doucement vers l'intrus. Elle était sur son terrain de chasse, terroriser et manipuler ; elle savait faire. Cependant elle doutait que ce traitement réussisse pour cet être étrange et inopportun. Par sa réplique elle changeait l'origine du fautif, lui retournant la faute ; elle incluait une convention qu'elle maîtrisait entre eux ; elle réparait partiellement les dégâts d'une mauvaise conversation surprise en demandant l'autre à s'expliquer sur sa venue ici ; et elle se plaçait comme leader et protectrice. Mais surtout : elle lui signifiait que si il voulait jouer, elle pourrait riposter.

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