Le symbiote rouge [Valilouvée]

Dans la presse locale, le lendemain matin de la macabre découverte, on avait beaucoup spéculé. Pourquoi de telles exactions dans une une petite cafétéria à l'américaine paumée quelque part sur les docks ? Pourquoi cet établissement avait il été la cible de cette folie meurtrière ?
Bien sûr, dans le climat contemporain de tensions terroristes qui secouaient l'Ouest plus ou moins lointain, on était en droit de s'attendre à ce que ça arrive jusqu'au Japon. Pourtant, les jaunes étaient confiants -il y avait beaucoup de combattants pour la justice qui parcouraient le pays du Soleil-Levant et en particulier Seikusu, cette petite localité qui s'était retrouvée plongée dans l'horreur du massacre.

Dix-sept personnes retrouvée mortes. Des parents et leurs enfants, quelques pauvres gars qui sirotaient une bière tiède, deux ou trois serveurs et autant de cuisiniers qui préparaient les gros burgers et les frites noyées de ketchup. Cela s'était vraisemblablement passé en début de soirée. Certains avaient été perforés de part en part, d'autres tranchés comme des quartiers de viande dont on apercevait l'os. Un autre baignait dans ses tripes alors que son voisin avait été comme tailladé par un cutter fou. Un dernier avait même eu le cou brisé par un étau invraisemblable. "On" avait laissé la presse évoquer la piste terroriste pour donner à l'opinion publique du grain à moudre et "on" l'avait laissé dériver vers un acte de folie isolé pour les mêmes raisons. Chacun se faisait sa petite idée et ceux qui savaient, eux, faisaient des recherches.

Car la petite caméra de surveillance du Joe's Dinner avait enregistré quelques secondes d'images, qui avaient répondu à quelques questions et en avait soulevé d'autres.
L'objectif avait capturé la soirée qui se déroulait paisiblement sous son oeil de verre. Des gens qui mangeait tranquillement, des serveurs qui virevoltaient avec leurs plateaux, des gamins qui braillaient et des tentacules d'un rouge sanguinolent veinées de noir qui s'abattirent sur la paix ordinaire du lieu pour la ravager en un éclair. Si on avait pas le son, les images parlaient d'elles-même : une panique totale alors que les corps tombaient à terre après avoir été perforés et tranchés, des gerbes de sang s'étalant en giclées épaisses sur le mobilier et les cadavres. Personne n'avait été épargné. En moins de cinq minutes, la scène désespérément ordinaire s'était muée en une représentation du carnaval du meurtre.

Et à la fin apparaissait une silhouette. Les appendices meurtriers se retiraient paisiblement après leur frénésie bouchère, laissant une ombre se répandre sur le sol en se mêlant aux mares sanglantes qui s'y formaient.
De là, les personnes autorisées à voir la bande comprirent que la dénomination utilisée pour qualifier la scène avait été mal choisie. A aucun moment il n'avait été question d'un massacre.
Il s'agissait en fait d'un

CARNAGE

La bête était pourtant morte, de ce qu'on en savait. Tuée des mains de Sentry après que ce dernier l'aie envoyée dans l'espace. Le porteur du symbiote nommé Carnage ne pouvait pas avoir survécu. Bien qu'on ignorait si Carnage pouvait survivre dans le vide spatial, il était bien trop loin de la Terre pour y sévir à nouveau. Sûrement dérivait-il, gelé jusqu'à la plus petite molécule, quelque part au large d'Alpha du Centaure.

Alors pourquoi ? Pourquoi un symbiote identique s'était-il déchaîné à Seikusu, dans ce petit rade modeste du front portuaire ? Cette violence lui était familière, tout comme la méthode. On sentait toute la cruauté vicieuse d'une chose faite par et pour la tuerie alors que ses filaments tranchants fauchaient les chairs comme le moissonneur la luzerne. Son rire sardonique et dément s'entendait presque sur la bande muette alors que Carnage était encore hors cadre. Et puis ces pouvoirs -ces appendices qui s'ornaient à volonté de lames, griffes et autres objets de mort ne trompaient pas- désignaient parfaitement le symbiote psychopathe. Un monstre mû par le goût du sang, qui tétait le sein de l'immoralité et de l'immonde pour épancher une soif qui jamais ne cessait de le torturer.

Cette chose à forme vaguement humanoïde venait d'un autre monde mais paraissait davantage vomie par l'Enfer.

Et à présent, cette créature à la couleur du sang et de la nuit se retrouvait en liberté en plein cœur du Japon sans que personne ne sache ce qu'elle pouvait bien y foutre.

Le premier Carnage ("on" considéra rapidement qu'il valait mieux parler de second concernant l'être vu à Seikusu, en espérant que le premier n'aie plus cours) était issu d'une parcelle de Venom qui s'était mêlée au sang du très dangereux et très instable Cletus Kasady pour donner naissance au redoutable et très bien nommé Carnage. Le symbiote nouveau-né s'était ensuite illustré dans une traversée sanglante et brutale à travers New York. Spider-man avait même été contraint de s'allier à Venom pour endiguer la folie de Kasady... pour un temps seulement.
Les tribulations du symbiote écarlate s'étaient étalées sur de nombreux épisodes par la suite, jusqu'à leur conclusion stellaire entre les mains surpuissantes d'un super-héros plutôt remonté.

Était-il envisageable que le Carnage japonais soit simplement Cletus ? "On" se refusait à y croire. Kasady était lié au niveau moléculaire à son symbiote, qui se mêlait à son sang. Il n'était pas possible de les séparer sans les tuer. Et le symbiote, tout extra-terrestre qu'il était, ne pouvait certainement pas permettre à son hôte de survivre une fois déchiré en deux et balancé dans l'espace.
Alors qui ?
C'était là le mystère qui entourait Carnage de Seikusu. Les symbiotes se reproduisaient eux-même, en générant depuis leur propre être un nouveau symbiote qui s'inscrivait dans la lignée et développait son propre caractère tout en empruntant parfois des traits à celui de son hôte quand il ne le supplantait pas totalement ou ne l'enfonçait pas dans un délire psychotique plus ou moins latent. Généralement, le symbiote finissait par engloutir le "moi" de son porteur mais il arrivait qu'ils s'entendent et se coordonnent dans une curieuse (mais tout à fait productive) osmose. Carnage pouvait très bien été enceint à un moment donné et avoir abandonné sa progéniture qui se serait liée au premier être humain à proximité pour éviter de périr sous les coups de son papounet heureusement affaibli par la mise à bas.

L'hypothèse était des plus valables. Ce qui était inquiétant. A quoi bon se débarasser d'un Carnage pour en retrouver un autre en tous points semblable ? Troquer une menace pour une qui lui était équivalente ne changeait rien.
Seulement.... Peut-être que la donne avait changé. Quinze jours après le massacre du Dinner, on avait plus rien signalé. Seikusu avait son lot de meurtres mais aucun perpétré jusque là ne portait la patte de Carnage. Les corps, même passés au peigne fin, ne recelaient  pas de trace du symbiote qui tuait pourtant volontiers grâce à des extensions de son propre corps qui laissaient fatalement des résidus d'ADN.
Or là, point de Carnage. Si on pouvait douter qu'il se soit simplement envolé dans la nature, peut-être qu'il n'était pas l'exacte copie de son paternel. Le symbiote ne dominait peut-être pas l'hôte ni ne s'entendait avec, ce qui l'entravait durement dans ses actions et laissait une fenêtre pour le retrouver.

Du moins, avant que l'hôte n'y laisse sa santé mentale.

Finalement, en quoi un Carnage était si dangereux ? La question pouvait être légitime pour qui ne connaissait pas la créature. L'aspect tueur taré et aveugle parlait évidemment de lui-même, mais il y avait plus à considérer au vu de la nature même de Carnage.

On peut assimiler, grossièrement, un symbiote à une sorte de slime qui existait en tant que tel mais surtout en se fondant avec une structure organique qui s'en trouvait renforcée. Une force capable d'exercer une pression de plusieurs tonnes, une agilité largement accrue (assez semblable à celle de Spider-man, qui avait porté un temps le symbiote amené à devenir Venom et qui s'était approprié une partie de ses pouvoirs) et une capacité étonnante à adhérer à n'importe quelle surface. Carnage avait évolué par rapport à son géniteur et ce en se liant d'abord au sang de Kasady. Ainsi, il était de consistance plus "liquide", capable de modeler son corps pour s'en faire des armes qu'il pouvait même lancer, les projectiles se désagrégeant très rapidement une fois séparés du corps principal.

Un combattant cruel qui affectionnait ses griffes et ses incroyables crocs, jouait de ses tentacules avec ingéniosité et vice. Sans que cette belle panoplie, associée à une fascinante capacité à tuer, ne s'avère ses seules armes. Car Carnage pouvait aussi se camoufler sous une apparence anodine grâce à ses capacités de métamorphie qui pouvaient aller jusqu'à changer le sexe de son hôte temporairement en plus de lui offrir l'apparence qu'il se serait choisie, ou se fondre directement dans le sang de son porteur pour ne pas être repéré.

Difficile, dans ces conditions, de repérer le plus dangereux des criminels actuellement en cavale et qui risquerait bien de mettre la pauvre Seikusu à feu et à sang....

Le porteur du symbiote nommé Carnage ne pouvait pas avoir survécu

Je te rassure tout de suite ; il y a survécu

Re-Bienvenue parmi nous !

Bienvenue parmi nous et au plaisir de te lire !

Bienvenue

Ouh ! Bienvenue

Woop woop woop
Je m'occupe de toi  sous peu.
Edit : Validé ! Bon carnage ! : 3