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« le: jeudi 09 août 2012, 00:36:02 »
La proie se réveilla en gémissant comme un animal blessé. Ce qu'elle n'était pas, pas pour Mithra en tout cas : son coup n'avait pas été si fort que ça, enfin !.. mais il fallait dire qu'elle ne contrôlait pas sa force. Il suffisait de demander aux charognes dans le trou.
Ivy lui parlait, la remerciant, faisant fausse route. Mais la hyène ne l'écoutait pas. Toujours occupée à tailler le silex d'une épaisse lance presque prête, assise par terre, son regard furtif observait le corps de la maîtresse de la Nature. Le plus intriguant en était sans doute la couleur. Du vert. Du vert partout. Ça marquait un rapport avec l'humain de base très limité, même si cette femme ressemblait de prés ou de loin à une simple femelle, seul changeait la couleur de sa peau et sa nudité. Mithra était habituée à se balader parfois en tenue d’Ève, vu qu'elle se moquait bien des codes de la société instaurée depuis des lustres et qui de toutes façons n'était pas la sienne. Appartenir à cette même société instruisait d'ailleurs à regarder un corps nue avec une certaine pudeur, marquant du même coup des limites à ne pas dépasser. La terranide brisait cette règle, comme toutes les autres, en fixant les courbes d'Ivy et en les analysant sous toutes les coutures, se concentrant sur les seins, les hanches, les fesses ou les cuisses, voire même les mollets.
Pour elle, ce n'était pas forcément une invitation à la sexualité, mais plutôt une façon de noter là où se trouvait le plus de viande et le moins d'os, comme un cuistot observerait un quartier de bœuf avant de le découper avec précision.
Étrangement, le regard de la sauvage ressemblait beaucoup à celui qu'Ivy avait déjà du voir : le genre de regards qu'avait les hommes qui considéraient eux aussi les femmes comme des quartiers de bœufs... mais sans vouloir les manger, au sens propre du terme. L'appétit sexuel n'était jamais qu'une métaphore de l'appétit classique, après tout.
Aucune des questions que posa la super-vilaine n'obtint de réponses. Mithra lui avait déjà foncé dessus en la propulsant à terre, profitant de son esprit encore un peu égaré. Quelques cordes, quelques nœuds, et elle se retrouvait ligotée comme un vulgaire gigot, avec le petit plus maison : un sac de toile sur la tête, histoire de ne plus l'entendre. La terranide n'appréciait pas forcément les cris et les larmes, ou même les paroles tout simplement, trop habituée au calme d'une zone vierge de civilisations et d'êtres intelligents, excepté sa personne.
La façon dont elle avait ligoté Ivy lui avait probablement échappé, mais sur un corps nu, ça constituait une excellente base pour un bondage classique. Elle ne l'avait jamais remarqué, mais le tableau, soudainement, lui plut. Elle décida de ne pas suivre son idée de base (c'est-à-dire de jeter sa victime dans le tas de charognes infâmes pour la laisser y mourir et devenir un bon petit repas) mas plutôt de l'accrocher, tête en bas, à un des crochets de boucher du plafond.
Une fois cela fait, elle se contenta de s'asseoir de nouveau, en recommençant son travail sur le silex. Mais en observant aussi ce corps se mouvoir entre ses liens. Ça constituait un joli spectacle qui la fit sourire, et se passer la langue sur les lèvres, faisant briller ses crocs blancs.