Musique d'ambiance (http://www.youtube.com/watch?v=4tEtkbi1V2I&feature=PlayList&p=EF7B2C8AE4F52E83&index=20)
Tout d'abord, une explosion sourde se fit entendre au loin.
Puis, une colonne de feu s'éleva dans le ciel, immense et terrifiante, déchirant les ténèbres de la nuit orageuse.
Une grande place se retrouva entièrement encerclée par les flammes, flammes qui, étrangement, ne se propagèrent pas aux bâtisses croulantes alentours...
Quelle était donc cette sorcellerie ?
Les rares âmes qui trainaient encore dans les étroites ruelles, dangereuses et crasseuses, s'empressèrent de se terrer tels des rats.
La misérable populace des lieux se barricada chez elle, comme si une planche de bois faisant office de volet, suffirait à les protéger.
Une chape de terreur venait de s'abattre sur les bas-fonds de Nexus...
Soudain, après ce qui sembla être une éternité, l'intensité des flammes augmenta soudainement ! Les pavés jonchant les rues, les vitres, les fondations.. Tout se mit à légèrement trembler.
La colonne de feu vacilla, comme si sa base ne pouvait supporter un tel déchainement de puissance. Enfin, après de longues secondes angoissantes, le grondement s'estompa : Un bref instant, la colonne de feu se figea, comme si les flammes étaient sur le point de se cristalliser dans le ciel. Puis tout bascula..
La colonne de feu s'effondra sur elle même, dans un fracas incroyable : L'onde de choc fit trembler les bâtiments de l'autre côté de Nexus ! Un nuage sombre de poussières et de cendres, s'éleva alors dans le ciel nuageux, avant de retomber doucement, en mince particules noires, sur les toits et les pavés...
Bientôt, il se remit à pleuvoir, et l'eau commença à effacer peu à peu les traces de ce terrifiant évènement. Lentement, des volets s'ouvrirent, des silhouettes réapparurent derrière les fenêtres et des ombres recommencèrent à roder dans les ruelles.
La nuit reprenait ses droits, et les bas-fonds de Nexus sombrèrent à nouveau dans la misère et la violence ..
Musique d'ambiance (http://www.youtube.com/watch?v=lf4N2MjXBFw)
Mais tout n'était pas terminé.
Dans une des rues du quartier, lorsque le bruit de bottes parvint à leurs oreilles, des têtes se tournèrent vers une silhouette se découpant à travers le rideau de pluie et marchant à pas lents. Croyant d'abord à l'arrivée d'un homme, les témoins de la scène eurent une vision d'horreur : Un spectre blanc ensanglanté émergea des ténèbres !
Les habitants à leur fenêtre se figèrent de stupeur, les yeux écarquillés.
Les quelques rares trainards au dehors, s'empressèrent de s'écarter du passage de cette apparition morbide et fantomatique, et de disparaître dans les ruelles adjacentes ou dans l'encadrement d'une porte.
Cependant, les plus sensés constatèrent que c'était là un homme qui passait devant eux, et non un esprit démoniaque. Mais dans quel état ..
L'individu, aux cheveux d'albâtres teintés d'écarlate et à la peau extrêmement pâle, ne portait plus qu'un pantalon déchiré, roussis, et poisseux de sang ainsi qu'une ceinture et des bottes.
Son torse nu et musclé, son dos, ses bras, son visage : Toutes les parties visibles de son corps étaient recouverts de lacérations, de blessures, de brûlures.. Il était couvert de sang ..
Se tenant le flanc droit d'une main, un filet de sang coulant entre ses doigts et tombant en goutte sur le sol en traçant des arabesques macabres sur les pavés mouillés, la bouche entrouverte, haletant, l'homme marchait lentement, difficilement mais comme animé d'une volonté implacable, son regard braqué droit devant lui. Il ne semblait prêter attention ni aux gouttes de pluie qui dégoulinaient sur son corps et ses blessures, ni aux badauds incrédules qui le regardaient passer..
Mais ces derniers devinaient très vite l'identité de l'homme, lorsqu'à la lueur d'un rayon de lune ou d'une lanterne, son visage se dévoilait à tous, et notamment ses yeux : Deux pupilles fendus tel celles des chats.
Aucun doute, devant eux se tenait un sorceleur !
Un de ces tueurs de monstre, usant de sciences occultes pour arriver à leur fin, et ne chassant que contre espèces sonnantes et trébuchantes. Sans parler des histoires sur les enfants enlevés ..
Sur le visage de certains témoins de la scène, on pouvait décelé un rictus moqueur. Dans d'autres regards, on pouvait lire de la haine. Chez tous, on devinait de la frayeur ..
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Avancer droit devant, sans s'arrêter, sans faillir.
Serrer les dents et faire abstraction de la douleur des chairs lacérées et brulées.
Oublier les gouttes de pluies tombant sur les blessures, comme autant d'aiguilles se plantant dans le corps.
Maitriser sa respiration pour combattre les sentiments de peur et de panique qui menacent de prendre le dessus.
Un pied devant l'autre, l'homme aux cheveux d'albâtre avançait, le regard braquée sur la seule échappatoire : Sortir de cette fange putride où croupit tous les misérables et scélérats de Nexus. Ne surtout pas s'arrêter : S'asseoir pour se reposer et fermer les yeux, c'est prendre le risque de se retrouver la gorge tranchée avant même de pouvoir réagir.
Si seulement il pouvait arrêter l'hémorragie de sa blessure au flanc, là où une griffe l'avait transpercée …
Geralt sentait les regards braqués sur lui. Des ombres au coin d'une rue, ou derrière une fenêtre, qui l'observaient. De temps en temps, il surprenait un regard narquois. Cela ne l'étonnait pas. Tous les gens qu'il croisait durant cette nuit cauchemardesque, devinaient rapidement qu'il était un sorceleur.
Et comme toujours, il ne voyait que de la peur, du mépris et de la haine sur leur visage...
Et comme toujours, le tueur de monstre ne leur porta aucune attention ..
Soudain, un pavé mal agencé fit trébucher le guerrier aux cheveux d'albâtres, et il se rattrapa tant bien que mal en posant sa main sur un mur. La tête baissée, haletant, des gouttes de pluie coulant sur ses cheveux, il lutta contre la douleur en serrant les dents.
Une fois les tremblements de ses muscles atténués, le sorceleur releva la tête, s'apprêtant à repartir, mais il constata que des silhouettes s'approchaient...
Sortant des ruelles, ou de l'ombre d'un porche, une demi-douzaine d'hommes avancèrent vers lui, en l'encerclant. La pourriture de Nexus voulait se délecter d'une proie blessée et affaiblie.
Des loques en guise de vêtements, crasseux, mal rasés, les dents jaunes et pourries, la plupart arboraient un sourire goguenard et cruel.
Certains tenaient des bâtons, et Geralt perçut le reflet métallique d'un poignard...
Le plus grand d'entre eux, surement le chef de cette misérable bande, s'avança vers lui, affichant un sourire jaunâtre. Le tueur de monstre nota inconsciemment qu'il lui manquait deux dents. Il puait l'alcool. L'homme lança sur un ton moqueur et sadique, en jouant avec un gourdin.
«- Alors sorceleur, t'es tombé sur plus fort que toi on dirait ? Tu n'as vraiment pas de chance cette nuit : tu fais à nouveau une mauvaise rencontre .. »
Il éclata de rire, bientôt suivit par ses compagnons de misère. Mais soudain, son sourire disparut quand il constata que Geralt ricanait également. Il y eut un instant de silence avant que les pupilles fendus du sorceleur ne se posent sur l'homme, à travers les mèches argentées recouvrant son visage ensanglanté.
« - Crétin, c'est toi et ta bande qui venaient de faire une mauvaise rencontre .. »
Le visage de l'homme se tordit de colère et il leva soudain son gourdin pour frapper.
« Enfoiré, je vais te .. ! »
Musique d'ambiance (http://www.youtube.com/watch?v=hFaUgxihJUI&feature=PlayList&p=EF7B2C8AE4F52E83&index=26)
Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase que le poing du tueur de monstre venait de s'écraser sur sa mâchoire : Le colosse s'étala de tout son long sur le dos, un filet de sang coulant de sa bouche. Les autres hommes figés, regardèrent effrayés le sorceleur, couvert de sang, maintenant debout devant eux. Quelqu'un cria :
« - Tuons le ! »
Un premier scélérat voulut le frapper de son bâton. D'un bond Geralt plongea en dessous de lui et l'homme, emporté dans son élan, ne frappa que le mur de pierre contre lequel il se tenait un instant auparavant.
Il se retrouva au milieu du groupe, ahuri, et en profita pour asséner un formidable uppercut dans le ventre de l'un d'entre eux, qui se plia en deux, le souffle coupé. Mais les autres brigands se ressaisirent très vite et les chacals se jetèrent sur le loup blanc.
Cependant, ils oubliaient qu'il n'y a rien de plus dangereux qu'un animal blessé …
Le sorceleur esquiva un poing, et d'un coup de pied dans le postérieur, envoya son adversaire bouler plus loin. Un autre belligérant arriva sur sa droite, mais ce dernier ne reçut qu'un coup de coude en pleine face. Quelqu'un tenta de ceinturer Geralt par derrière. Le tueur de monstre se dégagea, saisit son adversaire, et d'un mouvement d'épaule, l'envoya, par dessus sa tête, s'écraser sur un autre homme.
Mais la vermine ne cessait de revenir à la charge...
Du coin de l'oeil, le guerrier aux cheveux d'albâtre, vit un poignard fendre l'air. Il bondit en arrière et évita le premier coup, puis fit un pas de côté, le poignard frôlant sa gorge.
Il profita de la situation pour saisir le bras du mécréant, à l'aide de ses deux mains, et l'immobilisa. Avant que ce dernier ne puisse se dégager, le sorceleur lui asséna deux violents coups de genoux dans l'aine : Le poignard tomba au sol dans un bruit métallique …
Geralt était encore au prise avec l'homme, quand il vit le chef de la bande, à nouveau debout, se ruait sur lui. Repoussant celui qu'il tenait, le sorceleur vit le gourdin décrire un grand mouvement circulaire. Il voulut sauter sur le côté pour esquiver, mais son corps lui fit défaut, trop affaibli, trop meurtri …
Musique d'ambiance (http://www.youtube.com/watch?v=rC1qNlfUI9c&feature=PlayList&p=5A428E0FA876C3CD&index=14)
Le gourdin frappa en plein dans sa blessure au flanc droit.
Geralt poussa un râle étranglé de douleur et se retrouva au sol, la vision blanchit par l'atroce douleur qui irradiait dans tout son corps.
Avant qu'il n'ait eut le temps de reprendre ses esprits, on lui asséna plusieurs violents coups de bottes dans les côtés et dans la tête. Le sorceleur essaya de se ressaisir, mais tout était trouble autour de lui. Il entendait des voix d'hommes mais aucun mot intelligible ne parvenait à ses oreilles. Tout son corps n'était plus que souffrance.
Allait-il finir ainsi, achever par une bande de pouilleux dans les quartiers miséreux de Nexus ?
Ses yeux à demi-clos se posèrent sur un objet brillant sur un pavé devant lui. Alors son instinct reprit le dessus...
Le chef de la bande, riant aux éclats en frappant le sorceleur à terre un instant auparavant, se figea soudain, la bouche grande ouverte. Du sang se mit à couler entre ses lèvres...
Les autres brigands hoquetèrent de frayeur, n'arrivant pas à croire ce qui venait de se dérouler sous leurs yeux : Le sorceleur, alors à terre, avait soudain bondit avec une agilité surnaturelle sur le colosse et lui avait planté dans la gorge le poignard qu'il avait ramassé..
D'un geste sec, Geralt extirpa le poignard en arrachant la moitié de la gorge de l'homme, qui tomba sur les pavés mouillés dans un bruit mât, et resta ainsi, les bras le long du corps ..
Pendant quelques secondes, la scène resta figer, jusqu'à ce que le tueur de monstre tourne la tête vers les hommes restants. Ces derniers reculèrent en laissant tomber leurs armes lorsque le regard du sorceleur se posa sur eux : Il n'y avait plus rien d'humain en lui.
Leur dernière once de courage s'évapora et ils s'enfuirent, en criant au démon ..
Musique d'ambiance (http://www.youtube.com/watch?v=IHueFxY4pHs&feature=PlayList&p=5A428E0FA876C3CD&index=0&playnext=1)
Geralt n'avait plus que la nuit et la pluie comme compagnes.
L'eau coulait sur sa peau et lavait son corps du sang et de la poussière qui le recouvrait.
Haletant, il retrouvait doucement sa vision normale et le contrôle de ses sens.
Tous ses membres tremblaient, sans qu'il ne puisse les contrôler.
Il laissa tomber le poignard ensanglanté sur le sol, sans un regard pour le corps gisant à ses pieds, et voulut reprendre sa route : Il ne devait en aucun cas rester là..
Mais le sorceleur n'avait pas fait trois pas qu'une douleur sourde lui transperça la poitrine.
Les yeux écarquillés et les dents serrés, il tomba à genou, une main étreignant l'emplacement de son coeur. Prit d'un violent hoquet, il cracha du sang sur les pavés, et respira bruyamment, comme s'il manquait d'air....
Il avait atteint ses limites. Non seulement son corps était meurtri de multiples blessures, mais il subissait maintenant les effets secondaires à l'ingurgitation de ses drogues : Le combat contre le démon l'avait poussé dans ses derniers retranchements, et il avait dut user des plus puissantes drogues qu'il possédait pour vaincre .. Ce faisant, il avait atteint le seuil critique de toxicité.
Geralt voulut se relever pour pouvoir enfin sortir de ce coupe-gorge, mais un effrayant constat s'imposa à lui : Il n'en avait plus la force !
Ne pouvant rien faire d'autre, il se traîna jusqu'à un mur contre lequel il s'appuya. Levant la tête vers le ciel orageux, seuls la sensation des gouttes de pluie tombant sur son visage lui permettait de savoir qu'il était en vie...