Le Grand Jeu

Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Discussion démarrée par: Sam le jeudi 10 juin 2010, 15:39:39

Titre: Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le jeudi 10 juin 2010, 15:39:39
Un dossier fut lancé dans la direction de Sam. Le choc entre la table métallique produisit un CLAC sonore, dans la salle d’interrogatoire où le seul son qui fut audible dans l’immédiat après cela fut le bruit du dossier qui glissait, n’arrêtant sa course qu’en rencontrant le pied de la jeune femme. Lentement, les yeux froids comme la glace de Sam se levèrent sur l’inspecteur de police. Il était en nage après l’avoir poursuivie sur trois bons kilomètres, elle en rollers, slalomant entre les usines, ridant sur les gouttières et anciens conduits vapeur, lui courant à côté, cherchant à l’immobiliser soit à coup de taser, soit à coup de matraque. Sauf que… Il n’arrivait jamais à l’approcher d’assez près pour lui en filer un coup. Il ne l’avait eue que par un malheureux (pour elle) concours de circonstances qui avait conduit un cailloux à se coincer dans ses roues. Elle s’était vautrée lamentablement, glissant sur un bon mètre et s’arrachant tout le côté gauche du corps, côté sur lequel elle était tombée. Son tee-shirt, en plus d’être en lambeaux, était aussi maculé de sang. Ils avaient à peine consentit à lui filer un morceau de papier toilette pour enrouler sa main. Pourquoi ? Pour qu’elle arrête de saigner et qu’ils puissent prendre ses empruntes digitales et lui faire signer des papiers sans qu’elle ne foute de sang partout.
Et là… Elle était avachie contre le dossier de sa chaise, en léger mouvement de balancier, les pieds nus sur la table métallique. Elle regardait ses ongles peints en violet foncé, s’étonnant elle-même de la tenue de ce dernier. Elle se dit mentalement qu’elle ne volerait plus que le vernis de cette marque.


« Alyn Ad… »

-C’est Sam.

L’inspecteur avait à peine commencé, qu’il n’avait même pas eu le temps de décliner le nom complet de la jeune femme, avant qu’elle ne l’interrompe. Ses yeux bleus s’étaient levés avec lenteur de ses ongles pour se poser sur lui, le pénétrant avec intensité. Il se racla la gorge, mal à l’aise devant cette femme à l’allure particulière et surtout avec cette assurance teintée d’une amertume que seule donne l’expérience. Elle semblait bien trop jeune, avoir grandit bien trop vite. Et pourtant… Il n’insista pas sur son nom et Sam retourna à la contemplation de ses ongles.

« Vous êtes suspectée du meurtre d’une femme de cinquante ans, mère de deux enfants. On a trou… »

-J’veux un avocat.

« … Trouvé des cheveux vous appartenant dans la maison. Elle était… »

-Vous êtes sourds ou vous le faîtes exprès ? J’veux un avocat. Alors tant que j’en aurai pas, vous pourrez vous brosser, c’même pas la peine de me parler…

Colérique, elle envoya le dossier la concernant dans la figure du policier, les feuilles se mettant à voler dans la pièce de taille réduite. Il fulminait. Sam elle, détourna la tête et croisa les bras. Si elle n’avait été déjà amochée, et une fille, l’inspecteur lui aurait collé son poing dans la figure. Encore une faiblesse des hommes que de se croire en toute circonstances supérieur aux femmes. Laissant les feuilles éparpillées, fulminant de colère en sachant que c’était le droit le plus strict des suspects que d’avoir un avocat, il ouvrit la porte sèchement.

« Vous avez les moyens d’en payer un ? »

-Non !

Lança Sam, d’un ton beaucoup plus léger, continuant de regarder ses ongles. Elle était plus que contente que ça soit la municipalité qui lui paie son avocat. Au moins, ça serait toujours ça de pris.

-Ah et… Amenez moi une balle rebondissante, soyez gentil.

Le claquement de la porte fut le seul échos à sa demande auquel elle eut droit. Un sourire narquois étira ses lèvres et elle leva son regard vers le plafond. Il devait être dans les trois heures du matin. Elle espérait qu’ils lui dégotteraient un forcené du travail. Si elle devait commencer ses rapports avec celui ou celle qui deviendrait son ou sa meilleur(e) ami(e) pendant tout le temps que durerait cette mascarade, elle aimait autant que cette personne n’entre pas d’emblée hargneuse à cause de l’heure tardive à laquelle les indélicats inspecteurs l’avaient sortie du lit.

-Sugar… Hmmm Honey Honey

Elle se mit à chantonner, une petite chanson des Archies pour se mettre un peu de baume au cœur. Et puis, elle adorait les sucreries, ces saloperies qui vous filaient des caries, vous coupaient les lèvres et vous niquaient les dents.

Tic, tac, tic, tac… Plus qu’à attendre ledit avocat.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le jeudi 10 juin 2010, 16:52:21
       Quelle nuit magnifique! Les constellations piquetaient le ciel de velours noir, narguant les pales lumières de la ville qui s'étendaient en toiles d'araignée multicolores... C'est sans doute ce qu'aurait pensé William s'il n'avait rien de mieux à faire que de regarder les étoiles et s'il avait une âme de poète. Dieu merci, ce n'est pas le cas. L'avocat était dos tourné à son immense baie vitrée, éclairé d'une lueur fantomatique par son écran d'ordinateur. Les cliquetis ininterrompu des doigts sur le clavier était la seul chose que l'on pouvait entendre dans le bureau de l'avocat qui était loin de la ville et de son boucan puisqu'il culminait à 150 mètres au-dessus.
       Soudain une sonnerie retenti. Le cliquetis s'arrêta et l'avocat décrocha le combiné.

       -William Dolan, annonça-t-il d'une voix impatiente.

       -Bonjour maître Dolan, ici le commissariat, répondit la voix déformée qui s'élevait du haut-parleur.

       -Le terme approprié serait plutôt "bonne nuit", inspecteur Kiyomasu.

       -Oui, veuillez m'excuser mais j'ai cru comprendre que vous ne dormiez pas. Je vous appelle pour vous annoncer que vous avez été commis d'office pour une affaire.

       William se leva de son siège sous le coup de la colère. Il n'avait vraiment pas que ça à faire. Cette nomination tombait très mal et bien sûr, il est interdit de refuse cette tâche.

       -Qui, gronda Dolan.

       -Hé bien une jeune fille qui se nomme...

       -Je vous demande qui est celui qui m'a désigné pour cette affaire, explosa le juriste.

       Moment de silence à l'autre bout du fil, puis le commissaire annonça d'un ton ébranlé qu'il s'agissait du bâtonnier. L'ordure. Ça, il allait lui payer au centuple.

       -Pourriez-vous passer au poste? Demanda le commissaire avec une timidité risible. Elle refuse de faire sa déposition sans la présence d'un avocat et chaque minutes est précieuse pour la bonne marche de l'enquête.

       Dolan répondit à sa requête par un rire authentique. L'avocat riait réellement à gorge déployée. C'était soit ça, soit insulter l'officier de tous les noms, et ça bien sûr ce n'était pas digne de lui.

       -Je passerai à 8h, fit-il lorsqu'il eut fini de rire.

       Sans attendre la réponse il raccrocha et se remit devant son ordinateur. Il secoua la tête et gloussa encore une fois avant de se remettre à taper sur son clavier. William se demandait si le policier avait réellement imaginé qu'il sortirait en plein milieu de la nuit pour assister des bons à rien qui n'arrivent même pas à tirer les vers du nez d'une suspecte.

* * *

       8 heures. Comme promis Dolan arriva au commissariat. Il était chez lui ici, même si tout le monde n'était pas de cet avis. Il serra quelques mains mais la plupart des visages étaient fermés. Une chose dont qu'on ne pouvait pas reprocher à ces braves gardiens de la paix puisque Dolan libérait avec une facilité déconcertante les criminels qu'ils s'étaient acharnés à mettre sous les verrous. L'inspecteur vint l'accueillir lorsqu'il fut avisé de sa présence. Il lui serra la main, le regard fuyant, encore un  peu gêné de leur conversation d'hier. Cet homme est un poltron et un faible. William avait eu à faire avec lui dans le passé. Malléable et naïf à souhait. Il n'avait même pas l'intelligence de détester Dolan.

       -Merci d'être venu maître Dolan, je vous ai préparé un entretien avec votre cliente, déclara l'officier.

       -J'aimerais lui parler seul dans un premier temps, si ça ne vous dérange. Je ne connais rien de l'affaire et j'aimerais avoir sa vision des choses avant tout.

       Les sourcils de l'inspecteur prirent la forme d'accent circonflexe. Il hésitait à dire ce qui crevait les yeux. En effet, c'est évident que le témoignage de l'accusé est le moins objectif qu'il lui sera donné d'entendre. Cependant, l'inspecteur eut la présence d'esprit de ne pas le rappeler à Dolan, s'évitant ainsi une nouvelle humiliation - publique cette fois-.

       L'avocat équipé de sa petite mallette et d'un costume noir aux reflets verts nacrés, poussa la porte de la salle qui servait habituellement aux interrogatoires et se présenta devant sa cliente.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le jeudi 10 juin 2010, 17:32:45
Après le coup de fil à l’avocat, l’inspecteur était revenu voir Sam. Enfin voir… Disons qu’il était entré dans la petite salle d’interrogatoire avec deux renforts, belle preuve de courage avait commenté Sam, agrémentant le tout d’un rire gras et criant dans le commissariat –L’inspecteur a des Cojones ! Des vraies !, évidemment, on l’avait regardée comme la folle tordue qu’elle était alors que les deux renforts tentaient de la faire taire en la brusquant dans une cellule qui servait en temps normal aux dégrisements. Compte tenu de son jeune âge et du caractère lunatique et imprévisible de la jeune femme, ils décidèrent de la laisser seule. Elle n’avait pas le droit à de l’intimité, répondre à des besoins corporels mineurs était donc un problème. Enfin… Disons qu’il l’aurait été si Sam n’avait pas été Sam. Aussi, puisque sa cellule était équipée d’un lavabo, à peine ses geôliers avaient-ils refermé les écrous qu’elle avait ôté sa loque de tee shirt, n’arborant pus qu’un soutient gorge de dentelle noire, pour laver le morceau de tissus et en ôter les tâches de sang. Curieusement, les allés et retours des flicaillons se faisaient plus réguliers jusqu’à la cellule de Sam. Autant dire franchement qu’ils la mataient autant qu’ils le pouvaient. Sam avait beaucoup de vices, des défauts à ne plus savoir qu’en faire, mais elle était remarquablement bien foutue. Et impudique avec ça. Elle ne leur fit pas le plaisir cependant d’enlever plus que son tee shirt. Son short étant noir, elle n’avait pas besoin de le nettoyer en urgence lui. Par contre, elle enleva ses bas résille et les balança au premier qui passait par là.

-Vous direz à vot’ chef qu’il m’en doit une paire !

Avait-elle lancé avec, dardant son regard intense sur le pauvre sous-fifre qui passait par là. Elle avait ensuite étendu sa loque sur le bidet et s’était étendue elle aussi sur le lit de camp fourni avec la suite présidentielle. Une main sous la tête, tournée vers le plafond, elle pensait à sa si jolie chambre réaménagée dans son usine désaffectée. Elle était innocente, elle n’avait tué personne. Et avant ça, déjà qu’elle ne portait pas les flics dans son cœur mais maintenant qu’ils l’avaient enfermée pour rien, ça n’était pas prêt de s’arranger… Enfin, elle ferma les yeux et s’endormit sans problèmes tout de même.

Le lendemain, elle avait eu du mal à émerger. Le bruit de la cellule qu’on ouvre ne l’avait même pas faite bouger, aussi les flics durent-ils la secouer pour la réveiller. Ils lui laissèrent tout de même, trop aimable, quelques minutes pour se rendre « présentable » pour son avocat, et elle put repasser son tee shirt plein de trous, réajuster son maquillage qui avait à peine coulé, vraiment elle avait volé du maquillage top, et… Détacher ses couettes. Ca changeait sa physionomie d’une façon radicale et elle le savait. Autant mettre toutes ses chances de son côté. C’est donc avec un visage énormément adoucit qu’elle s’estima prête pour rencontrer son avocat(e). Ils la conduisirent dans la salle d’interrogatoires un peu avant huit heures et elle reprit sa position de la veille, pieds et jambes nus sur le bureau, puisqu’elle n’avait plus de bas, la chaise en légère position de bascule, et les longs cheveux de Sam retombant en une cascade d’encre dans son dos et sur les bras qu’elle avait croisés sous sa poitrine. Son dossier fut posé sur la table métallique et tout le monde sortit.

Enfin, la porte s’ouvrit et le premier réflexe de la jeune femme fut d’hausser un sourcil. C’était un homme. Un homme, ça d’accord. Mais depuis quand les avocats étaient-ils charismatiques ailleurs qu’au cinéma ? Sans gêne, Sam le détailla. Et puis, toujours sans le moindre problème de franchise, avant que les présentations ne fussent faîtes, avant même qu’ils n’aient eu le temps de fermer la porte, elle se pencha un peu plus en arrière et siffla pour interpeller l’inspecteur.


-Vous m’avez gâtée là ! C’est pas mon anniversaire pourtant.

Elle lança un regard éloquent à l’inspecteur qui s’avança dans le but de lui faire fermer son caquet à cette petite dinde, sauf que Sam se releva et ils se retrouvèrent face à face. L’inspecteur n’était pas très grand, aussi Sam, qui elle l’était assez, n’avait pas à lever les yeux pour le menacer du regard.

-Et bien Inspecteur… Mon avocat attend…

Un large sourire, mesquin et mauvais étira les lèvres de Sam. Elle paraissait suffisamment fourbe pour faire bien pire qu’humilier le policier, certains faits relatant de coups portés aux parties génitales dans son dossier, aussi l’inspecteur lâcha le morceau et s’en alla, claquant la porte derrière lui.
Sam quant à elle secoua la tête négativement, alors que son sourire se faisait moins malsain et plus enjoué, amusé pour tout dire. Elle se rassit et attendit sagement que le jeune homme qu’elle ne connaissait pas en fasse de même. Elle jugea inutile de se présenter, de toutes façons tout était marqué dans le dossier. Autant ne pas gâcher de salive.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le jeudi 10 juin 2010, 23:45:09
       Hé bien... C'est la première fois qu'on l'accueil de cette façon. Ses yeux verts rivés sur le policier qui se tenait à un pouce de sa cliente, il attendait simplement que le poltron face volte face pour commencer à travailler. Ce qui se produisit. L'officier de police sortit de la pièce dans un claquement de porte que Dolan qualifiait de frustré.
       Les mires de l'avocat glissèrent enfin sur le jeune fille qui s'était sagement rassis. Ses cheveux noir comme l'obsidienne, ses yeux bleus, son visage agréable et son piercing. L'auscultation s'arrêta pourtant là. Le regard du jeune homme ne s'aventura pas plus bas, car il avait déjà tout vu pendant le duel silencieux avec l'inspecteur.

       William remit en place ses lunettes ; un geste qui trahissait un certain embarras pour ceux qui le connaissent bien et un simple tic pour les autres, car le visage de l'avocat restait imperméable à toute émotion. Il posa son attaché-case contre le pied de la table qui séparait les deux protagonistes et tira la chaise avant d'y poser son séant. Il ne disait toujours rien mais ne quittait pas la jeune fille des yeux. Le juriste attira le dossier vers lui et se décida enfin à détourner le regard pour le consulter. Il le feuilleta rapidement, parcourant en diagonal toute les feuilles pendant quelques minutes, puis il finit par s'en désintéresser complètement et reporta son attention sur la jeune fille.

       -Je m'appelle William Dolan. Je suis votre avocat commis d'office suite à votre demande, fit-il d'un ton égal.

       Il passa une main dans ses cheveux, dont les mèches se tortillèrent comme des anguilles entre ses doigts. Le regard perçant se planta dans les yeux bleus de son interlocutrice, cherchant on ne sait quoi dans l'iridescence de ses iris.

       -Délinquante, voleuse, bagarreuse, énuméra-t-il d'un ton distant, comme s'il parlait de quelqu'un d'autre. Meurtrière, c'est le niveau au-dessus et je ne pense pas que tu l'ais déjà atteint. Alors? Tu me racontes ce qui s'est passé ou j'essaye de le deviner?

       William attendit la réaction ; bonne ou mauvaise, ça n'avait pas vraiment d'importance. Tout était bon à prendre pour dresser un profil de sa cliente. C'était évidemment la première chose à faire lorsque l'on voulait parler efficacement avec quelqu'un. Le point positif, c'est qu'elle avait l'air de le trouver à son goût. Au moins, ça faciliterait les échanges.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le vendredi 11 juin 2010, 11:37:37
Ca aurait facilité effectivement les échanges avec n’importe qui, mais pas avec Sam. Elle était bien trop pragmatique pour se laisser avoir par de la poudre aux yeux. Certes, elle trouvait l’avocat très attirant, il avait un physique qui lui plaisait beaucoup. Mais c’était une jeune fille pratique, et surtout désenchantée. Rien n’aurait pu lubrifier les rapports entre son avocat et elle, pas plus avec lui qu’avec un autre, pas même la faiblesse qu’elle avait reconnu avoir pour ses beaux yeux. Aussi était-elle égale à elle-même. Elle regardait dans les coins de la pièce pendant que William la jaugeait et prenait connaissance de son dossier. Je m’en foutiste comme à son habitude, bien indifférente à l’aide que William pourrait lui apporter. De toutes façons, il ne faisait aucun doute quant aux capacités d’avocat du sieur Dolan. Il était forcément nul. Depuis qu’elle était arrivée à Seikusu, les flics l’avaient prise en grippe. Normal en même temps, le lycée avait appelé plusieurs fois pour se plaindre d’elle, mais chaque fois qu’ils arrivaient sur les lieux, elle était déjà partie. Ils savaient que c’était elle ça aussi, mais n’avaient aucune preuve et personne ne voulait témoigner contre elle alors… Raison de plus pour eux de la voir enfermée. Alors pourquoi lui donneraient-ils un bon avocat qui aurait des chances de la faire sortir ? Ca serait vraiment la chose la plus stupide à faire. Sam n’avait pas beaucoup de considération pour l’intellect du personnel policier mais quand même… A ce point là ? Ca serait d’un ridicule…
Donc, William Dolan était forcément un mauvais avocat. Cependant, il avait fait le déplacement quant même, et puis ça n’était pas sa faute à lui si elle se trouvait là. Alors elle décida de ne pas tout de suite lui sauter à la gorge. Pas encore. Mais elle se préparait toute éventualité. Et c’était perceptible. Ses muscles n’étaient jamais détendus malgré une apparente non chalence. Elle était telle une biche, sans arrêt sur le qui vive, sans arrêt aux abois, à l’affût du moindre danger pouvant s’abattre sur elle. Derrière ses airs de dure à cuire, qu’elle était soit dit en passant, une partie d’elle, inconsciente, était craintive.
Sam reposa ses pieds sur le sol et appuya ses avants-bras sur la table, se penchant légèrement en avant et dardant sur William ses yeux de glace pour le jauger comme lui l’avait fait auparavant. L’examen dura une bonne minute, pendant laquelle ne dit strictement rien, avant que sa tête ne s’incline et qu’un sourire s’étale sur son visage.


-Savez-vous les raisons qui les font m’accuser ? Ils ont trouvé mes cheveux sur la brosse de la mère là, celle qui est morte, et je n’ai pas d’alibi. Ca leur suffit. Ils veulent m’enfermer à vie, voire me tuer s’ils arrivent à avoir la peine de mort. A quoi ça servirait que je vous donne ma version des faits puisque tout le monde ici est convaincu de ma culpabilité ? Vous comptez m’appeler à la barre pour témoigner ? Soyez réaliste… J’aurais à peine le temps d’en placer une que le procureur dira que je mens…

Elle prouvait, par cette petite tirade, à quel point son amertume vis à vis de la société la rongeait, à quel point elle refusait d’accorder sa confiance et la désillusion qu’elle avait du système en place. Elle tendit la main et s’empara de son dossier, qu’elle referma.

-Ne vous prenez pas la tête avec ça. Dîtes leur que je n’ai rien voulu vous dire, et rentrez chez vous. Vous aurez moins de travail et moi je me serai éclatée une dernière fois à faire chier ces pourris.

Elle sourit de nouveau d’un air narquois et envoya valser son dossier derrière elle, avant de remettre ses pieds sur la table.

-Bonne journée à vous Maître Dolan, et pardonnez le dérangement. C’est tombé sur vous comme ça aurait pu tomber sur n’importe quel avocat !
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le vendredi 11 juin 2010, 13:10:39
       Ça oui. Il aurait été ravi de reprendre sa mallette et s'en aller comme il était venu, laissant derrière lui cette fille et le dossier relativement lourd qu'elle représentait. Cependant, le bâtonnier l'avait désigné pour être avocat dans une affaire de meurtre ; la spécialité du cabinet Dolan. Qui plus est, cette affaire sera rendu publique et William ne pouvait pas se permettre de perdre un tel procès. Il en va de sa réputation. Que diraient les membres de la pègre s'ils voyaient que Dolan ne peut même pas faire libérer une si délicieuse et si innocente enfant que Addams Alyn ? Ils diraient que son cabinet n'est pas fiable. Alors non, Le juriste n'allait certainement pas abandonner une affaire simple et qui pourrait lui porter préjudice s'il la perdait.
       La bouche de William s'étira en un rictus narquois, mais à la différence de celui de Sam, ce sourire ne se reflétait pas dans ses yeux clairs. Il porta une main à son cœur et poussa un soupir théâtrale.

       -Votre manque de foi en notre magnifique système juridique me consterne mademoiselle, fit-il d'un ton ironique. Vous semblez avoir une bien mauvaise opinion de notre société. Je ne peux que vous approuver, mais je vais aussi vous aider à tirer profit de ses défauts.

       Les yeux de l'avocat s'éclairèrent enfin. Il était dans son élément et en vérité il aurait vraiment apprécié que la jeune fille soit coupable. C'était toujours plus amusant de faire libérer des coupables et déjouer ainsi la toile complexe de la justice. On se sent grandi lorsqu'on trouvé les failles d'un système et qu'on expose celles-ci à la vue de tous pour montrer que ledit système est imparfait. Tout le monde savait que William libérait des gangsters qui méritait cent fois plus que le gibet. Tout le monde se doutait qu'il devait y avoir des billets échangés sous la table mais personne ne faisait rien. Les gens sont très fort pour se plaindre mais lorsqu'il faut agir, il n'y a plus personne.

       -Vous m'avez l'air absolument bouleversée à l'idée qu'on pourrait vous jugez coupable, déclara l'avocat avec une ironie suintante. Je vous rassure, vous allez sortir d'ici, par contre j'aimerais que cela me coute le moins possible, et donc votre coopération serait la bienvenue.

       En effet, William pouvait théoriquement libérer n'importe qui, tant que ce n'était pas une affaire d'état bien sûr, les griffes de Dolan n'étaient pas infiniment longue. Cependant, cela coutait soit de l'argent, soit des faveurs. Hors de question de débourser un centime pour une affaire où il a été commis d'office. Donc autant régler ça à la régulière. Une bonne plaidoirie fondée sur des arguments imparable. Mais aussi, une petite promesse au juge de l'invité à une quelconque réception officiel pour que ce petit bourgeois gentilhomme se complaise en la compagnie de personne beaucoup plus puissante que lui. Ce dernier petit détail assurait à William qu'il n'y aurait pas cet ennuyeux suspens lorsque le juge rend son verdict. Pas de soulagement ou de petites exclamations satisfaites de la plèbe qui témoigne de la justice rendu. Seulement, des murmures de colères, un regard fuyant du juge corrompu, l'exultation du suspect, et un criminel en liberté.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le vendredi 11 juin 2010, 13:55:58
Sam sembla s'égayer. Sembla seulement, car ses yeux ne pétillaient pas même si son visage affichait un grand sourire. Elle se redressa, comme victime d'une révélation, serrant les poings sur la table d'interrogatoire.

-Un avocat verreux! Naaaan ils ont osé m'en filer un!

Aussi subitement qu'il était apparu, l'air guilleret de Sam disparu, remplacé par son expression cynique blasée habituelle. Elle avait du mal à croire qu'ils aient réellement été assez stupides pour lui coller un avocat assez fin pour la tirer de là, et pourtant... William Dolan avait l'apparente assurance de celui qui gagne tout en tous temps, et est prêt à tout pour ça, même à user de moyens détournés, controversés. En ça, Sam n'avait aucun problème. Le truc, c'est que ces mecs là marchaient à la carotte et qu'elle n'avait rien à offrir. Ils n'étaient pas des enfants de choeur, aussi elle doutait sérieusement qu'il fasse ça par altruisme. Quant à l'intérêt... Elle comprit finalement. La pub. Trois petites lettres pourtant tellement importantes... Il ne voulait pas de tâches sur son dossier, sans doute impeccable. Il ne voulait pas de mauvaise pub, et surtout pas à cause d'une personne non coopérative. Sans aucun doute, ayant compris cela, une personne gentille aurait tout de suite déballé le fin mot de l'histoire.
Sauf que... Sam n'était pas gentille. Et puis, au delà de ça, les personnes dégoulinantes de bons sentiments ne font pas marcher leur tête, aussi elles se seraient arrêtées sur la bonne volonté de William, en croyant sans doute qu'il était prêt à parier sa chemise sur leur innocence... Mais, nouveau hic, les gentilles personnes ne se retrouvaient pas à la place de Sam. Et Sam, elle, était là où elle est parce qu'elle l'avait choisi, parce qu'elle l'avait voulu. Elle aimait faire chier le monde. Elle aimait rentrer dans le lard des gens et les pousser à bout. Tout valait mieux que l'indifférence.
Elle leva ses doigts peints en noir et les posa sur ses joues, feignant l'horreur sauf qu'une fois encore, aucune émotion ne traversait son regard. Il était... Comme vide.


-Oh mon Dieu oui, je suis bouleversée! Une bande de gros lards impuissants m'ont attrapée, moi une pauvre fille de 19 ans...

Et encore une fois, son visage changea pour n'arborer que l'expression blasée qui la caractérisait.

-Si vous êtes si doué que ça, faîtes moi sortir sans ma version des faits. Qu'est-ce que ça peut faire de toutes façons? Et puis je veux pas dire, mais elle est vraiment pas difficile à deviner... Je vais vous donner un indice.

Elle lui fit signe d'approcher et se pencha, prenant des faux airs candides de conspiratrice.


-La mère avait deux gosses, deux gars, un de 26 et un de 22 ans... Qu'est-ce que je pouvais faire chez eux?

Elle se recula vite, prenant cette fois l'air d'une fausse prude ayant révélé un secret qu'il ne fallait pas, mettant sa main devant sa bouche avec des yeux grands ouverts, feignant la crainte d'en avoir trop dit.

-Oups, ça m'a échappé...

Fit-elle avec une voix niaise à souhait. Enfin, elle redevint "elle-même" et se tassa sur sa chaise. La réponse était simple. Elle s'était envoyée en l'air avec les deux fils de c'te grosse bonne femme. Pendant qu'elle était pas là et dans son lit en plus, c'est pourquoi son ADN se retrouvait partout dans la pièce. Les policiers auraient même volontiers interrogé les deux garçons, mais ils étaient injoignables. Et de toutes façons, Sam sait qu'ils auraient menti. Ils mentent tous. Aucun n'assumait d'avoir couché avec elle, elle avait l'air trop... Trop quelque chose pour qu'on puisse se vanter de l'avoir tronchée. A l'opposé de ça, il y avait ceux qui s'en vantaient alors qu'ils ne l'avaient jamais fait. Mais ça c'est une autre histoire.

-Si vos p'tits copains de la police prenaient la peine de me considérer comme une gonzesse à un autre moment que quand ils peuvent avoir vue sur mes miches, ils l'auraient compris tout seuls ces mongoles. Et ni vous ni moi ne serions ici maintenant. Bon sinon, j'peux sortir avant midi là vous croyez? J'ai envie d'un grecque.

Reprenant son attitude non-chalante, elle laissa sa chaise basculer légèrement en arrière alors que ses pieds revenaient se poser sur la table et qu'elle mettait ses mains derrière la tête en oreiller.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le vendredi 11 juin 2010, 16:47:31
       Sale petite emmerdeuse... Quelle plaie! Dire qu'il allait se coltiner ça pendant toute la durée du procès. Tiens! Parlons en du procès. Si elle se comportait comme ça devant la cour, ça serait la fin des haricots. Dolan pensa un instant à lui injecter de l'anesthésiant pour fauve – ce qui serait on ne plus adéquat – mais il abandonna l'idée en considérant le fait qu'il fallait qu'elle passe à la barre. Finalement, Dolan avait perdu son assurance. Si cette fille se moque de tout et surtout d'elle-même, alors elle est totalement imprévisible et incontrôlable.
       Pourtant, elle avait les même yeux que Dolan finalement... Ils étaient à moitié mort. C'est la seule chose qui inspirait à l'avocat un soupçon de sympathie, le reste lui inspirait une haine tenace et immortelle. C'est le statu quo de Dolan ; il respectait les femmes tant qu'elles se comportaient comme tel. Un système de pensé archaïque et tout à fait stupide, il en avait conscience, mais les femmes étaient la seule part de magie dans le monde gris de l'avocat. Il ne pouvait se résoudre à se séparer de l'unique chose qui arrivait encore à l'émerveiller.
       William avait toujours ses yeux verts plantés dans ceux de sa cliente. Comment peut-on être si belle et si chiante? Quoique si elle avait été moche, elle ne se permettrait peut-être pas d'être aussi antipathique. Cette fille doit être un vrai piège à garçons. Même si l'avocat ne l'aimait pas beaucoup il fallait reconnaître qu'elle était absolument magnifique. Si en plus, elle savait se servir de ses appâts, elle devait être redoutable.

       -Non, vous ne pourrez pas sortir, avoua Dolan. Normalement, j'ai l'habitude d'obtenir une dérogation auprès de la cour pour que mon client attende sagement le jugement à son domicile. Mais, vu que vous êtes une vilaine fille, j'ai peur que vous filiez avant le procès. Mais pas d'inquiétude. Notre grand système juridique est d'une rapidité fulgurante et le temps que la police rassemble les preuves, que le dossier soit ratifié par le conseil, que ces messieurs les magistrats trouvent un créneau horaire satisfaisant, que le procureur obtienne le délai qu'il va sans doute demander – William s'interrompit pour prendre une grande inspiration suite à cette longue énumération – je pourrai défendre votre cause et vous faire sortir. Ça prendra environ deux mois sans compter la durée du procès. Durée pendant laquelle vous serez placé en détention préventive.

       William s'attendait à ce qu'elle s'énerve. On s'énerve toujours après le messager des mauvaises nouvelles même si ce n'est absolument pas sa faute. Pourtant on peut concevoir pour une affaire aussi grave que le meurtre d'une mère de famille, que les délais soient aussi longs. L'avocat ne s'en plaignait pas vraiment, plus il avait de délai et mieux il était préparé. Et en plus, ce n'est pas lui qui moisi en prison, alors pourquoi s'en soucier?

       -J'ai peur de vous dire ce que vous savez déjà mais tout le monde se fout éperdument que Addams Alyn fasse de la prison pour un crime qu'elle n'a pas commis. Si les "mongoles" n'ont pas pensés à ce que vous pouviez bien faire dans cette habitation, c'est qu'il ne veulent pas entendre parler de votre innocence. D'ailleurs personne ne veut en entendre parler. Vous détestez la société et la société vous le rend bien.

       Dolan termina son discours sur un sourire malsain. Il n'avait pas bluffé. A aucun moment. Les délais pour le démarrage d'un procès pénal était réellement ceux qu'il lui avait donné. La justice est lente, très lente. Sachant que la durée maximale de détention provisoire pour un crime est de dix-huit mois, l'estimation de Dolan restait encore très optimiste. Le plus amusant, c'est que les innocents sont dédommagés pour leur années passé en prison alors qu'ils n'avaient rien fait. Cette clause avait toujours bien fait rire William.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le vendredi 11 juin 2010, 17:28:42
Les yeux de Sam s'étaient détournés de William quand il avait commencé à parler. Elle l'écoutait, évidemment, mais c'était plus fort qu'elle. Inconsciemment, elle le comparait à un désagréable bruit de fond qu'elle entendait en parallèle. Un "blablablabla" ininterrompu, crissant, insupportable. Elle n'avait relevé son regard incisif pour l'ancrer dans le sien que lorsqu'il l'avait qualifié de "vilaine fille", ses doigts la démangeant de lui prouver que non, elle n'était pas vilaine mais bien pire que cela. Cela dit, elle n'en fit rien, et laissa l'avocat poursuivre sur sa lancée et lui débiter une liste incroyablement longue de prérequis à sa sortie. Sam n'en avait pas l'air, mais elle était intelligente parfois, aussi elle n'avait pas besoin des précisions de William pour deviner qu'elle resterait longtemps enfermée. Mais bon, pour la forme...

-Deux mois?! T'es sérieux là?!

Les sourcils de Sam s'étaient haussés, ses yeux s'étaient plissés. Finalement, tout n'était que poudre aux yeux, illusions et faux semblants. Où était le faux? Où était le vrai? Ils étaient partout, et se rejoignaient en une seule et même personne, source de contradictions et d'instincts primaires. Puisque Sam ne se considérait comme rien de plus ni rien de moins qu'une bête...
Bien vite, son expression d'incrédulité agacée laissa la place à ce même air blasé habituel. Elle soupira bruyamment et leva les yeux au ciel, se disant que finalement, elle ferait mieux de sortir à l'aide de ses dons naturels. Ca serait pire après, mais au fond qui s'en souciait? Si elle commençait à montrer l'étendue de ses talents, ils ne seraient pas nombreux à lui courir après. Les humains supportant mal en général la température que généraient le coeur des étoiles. Question colère cependant, elle semblait encore relativement zen. Mauvaise pioche donc.

Par contre, là où son masque blasé se fissura, c'est lorsqu'il prononça son vrai nom. Elle se leva d'un bond, rejetant sa chaise contre le mur derrière elle et ancra ses mains sur la table de métal, ses yeux fermement ancrés dans ceux de Dolan. Tout, de sa posture à son expression était menaçant. Mais ses orbites restaient encore vide, malgré l'expression hargneuse et mauvaise qu'avaient pris ses traits. Ses cheveux contrastaient le tableau, et adoucissaient au grand damn de Sam, quoiqu'à ce moment là elle s'en fichait, sa physionomie lui ôtant une bonne part de crédibilité. C'était ignoble pour elle, mais elle s'était toujours refusée à les couper de plus que quelques centimères. Pour éviter les pointes fourchues.


-C'est Sam...

Gronda-t-elle, à la manière d'une lionne impitoyable en colère. Dolan avait pensé se servir d'anesthésiant pour fauves? Il ne croyait pas si bien dire. Elle resta ainsi à le regarder, donnant l'impression qu'elle allait lui sauter à la gorge pour l'étriper ses yeux se plissant légèrement. La menace était réelle. Mais finalement, avec des mouvements incroyablement lents, elle se redressa et ramassa sa chaise à l'aide de son pied, avant de la faire pivoter pour se rassoir avec style et reposer ses pieds sur la table.

-Bon, et sinon... Qu'est-ce que j'dois faire au juste pour sortir plus vite? J'ai vraiment envie d'un grecque là, je déconne pas. En plus 8h du mat' passé là, normalement c'est l'heure de mon repas du soir.

Et voilà, c'en était finit de son coup de sang. Elle était redevenue blasée et égale, ne pensant, apparemment, qu'à se remplir la panse et à profiter de la vie. Apparemment. Notez la nuance...
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le dimanche 13 juin 2010, 10:53:03
       William restait imperturbable. Une adolescente en colère parce que son papa ne veut pas lui acheter de scooter. C'est ce à quoi la jeune fille lui faisait penser. Ses yeux bleus dépourvues de haine, ses longs cheveux noirs cascadant jusqu'à la table en fer. Tout cela était très jolie, mais peu intimidant. Dolan se contenta donc d'attendre qu'elle se calme. Ce qu'elle fit tout en lui signifiant que la prochaine fois, il valait mieux l'appeler Sam. Bien évidemment, l'avocat n'avait absolument aucune idée qu'il avait été très proche de se faire rosser. Mais pour lui, il est inconcevable qu'une femme se batte. Même s'il sait que cela arrive, cette information n'arrive pas à rentrer dans son crane. Si Sam lui avait décochée une droite, cela lui serait tombé dessus comme une averse en plein ciel bleu.
       C'est donc un Dolan complètement inconscient d'être passé à deux doigts de sa première raclée par une femme, qui s'exprima d'un ton peu impressionné.

       -Lors du jugement, les juristes prononceront votre nom plusieurs fois et en entier, fit-il en insistant sur ses deux derniers points. Évitez de leur faire les gros yeux... Sam.

       William s'apprêtait à ajouter une pic mais il sut se contrôler assez tôt. L'énerver n'est vraiment pas une bonne stratégie, même si nier son nom était plutôt étrange. Ce comportement était intriguant. Lorsque l'on renie son vrai nom, c'est souvent qu'on veut, soit oublier sa vie passé, soit que l'on considère que son ancien moi est mort. Cependant, William n'était pas vraiment quelqu'un de très curieux lorsque ça ne le concerne pas directement et cette information ne lui sera d'aucune utilité pour l'affaire.

       Sam était calme maintenant... Enfin façon de parler. Disons qu'elle était redevenue apathique. Elle lui demandait comment faire pour sortir au plus vite... "Vendre votre cul" fut la première réponse atrocement vulgaire qui effleura l'esprit de Dolan, mais c'était tellement vrai. Pourtant, il se contenta sagement d'opter pour la réponse la plus diplomatique.

       -Si vous avez des économies, vous pouvez toujours payez votre caution, expliqua-t-il. Vous serez en liberté surveillée jusqu'à votre jugement. Vous n'aurez pas le droit de quitter une zone définie, mais c'est toujours mieux qu'une cellule de 20 m²...

       La voix du juriste mourut alors que son regard dériva. Celui-ci était fixé sur son côté gauche mais pour y arriver, il avait fallut passer sur sa poitrine, plutôt généreuse. William tritura une nouvelle fois ses lunettes et un sourire carnassier s'étala sur son visage. Le sourire d'un prédateur qui croit avec ferveur que l'on va lui lancer un bout de viande.

       -Avez-vous été maltraitée par la police? Demanda-t-il avec un intérêt accrut. Que ce soit par négligence ou par des violences directes.

       S'il ne s'agissait pas d'une nouvelle bravade, alors la police avait emprisonner sa cliente sans la nourrir. Et la blessure qu'elle avait au flan gauche, elle n'avait pas due se le faire toute seule. William espérait, avec un certain plaisir morbide, que la jeune fille ait été maltraitée. Il demanderait immédiatement un constat du médecin et ça ferait indirectement un point positif pour l'affaire. Dolan attendait sa réponse avant de faire venir l'inspecteur. Il en avait plus ou moins fini avec elle et il avait vraiment hâte de passer à la rédaction de la déposition qui promettait d'être très drôle.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le dimanche 13 juin 2010, 11:29:40
-Je les attendrai à la sortie... De toutes façons, ils feront ce qu'ils voudront, je ne leur répondrai rien s'ils ne m'appellent pas par mon nom. C'est Sam, ou leurs questions resteront sans réponses.

William omettait une troisième possibilité quant au refus de la jeune femme qu'on l'appelle par son prénom. Rien de bien compliqué ni de sorti de derrière les fagots, juste la possibilité selon laquelle c'étaient bien les deux motifs auxquels avait pensé le juriste qui étaient la source de son utilisation d'un pseudonyme. Et comme il le pensait, Sam considérait effectivement que tout ce qu'elle avait été jadis avait disparu. Avec ses parents était mort son côté jovial et plein d'entrain. Avec son frère était mort tout ce qui faisait qu'elle avait espéré et le reste de son doux caractère. Il n'en restait qu'un résidu concentré de désillusion et d'amerité, une créature régie par ses instincts, ses envies et caprices. Et Sam se sentait beaucoup mieux ainsi qu'en larmoyante jeune fille qui avait tout perdu. Ce petit bout de femme qui n'avait plus aucune famille proche vivante devait disparaître pour le salut de la santé mentale de la survivante. C'est ce à quoi elle s'employait depuis des années, à faire taire, à étouffer, à emmurer dans un puit l'odieuse petite fille qui criait, pleurait, hurlait son désespoir et son chagrin, quelque part au fond de sa tête. Et chaque fois qu'on l'appelait par son vrai nom, c'était une brique du mur que Sam avait pris tant de soin d'élever autour d'elle qui sautait. Cela, elle ne le permettrait pas. Jamais. Jamais la petite fille ne reviendrait prendre le contrôle de sa vie et transformer son corps en loques à force de pleurer. Jamais elle ne serait une pitoyable créature, démunie et sans défenses. C'est pourquoi elle mettait tant de hargne à défendre son pseudonyme, son "nouveau elle".

-Je n'ai pas le moindre sou... Et je doute, allez savoir pourquoi, que les banques soient prêtes à me prêter de l'argent pour que je sorte de prison...

Mine de rien, elle y avait pensé aussi à vendre ses charmes. Pourtant, elle ne s'était jamais ouvertement prostituée... Elle faisait bien de la danse exotique quand elle manquait de trop d'argent mais la prostitution... Ca n'avait toujours été qu'avec des partenaires qu'elle avait choisi. Si elle pouvait leur extorquer des cadeaux ou autre en échange d'un paiement en nature... Mais là, non. Les policiers étaient trop vilains pour elle, c'était hors de question. Elle préférait défoncer sa cellule plutôt que de se réduire ça.

Le regard de l'avocat sur ses blessures la fit plisser légèrement les yeux. Un sadique? Peut-être... Mauvaise pioche donc, Sam ne faisait pas affaire avec les sadiques, qu'elle considérait comme des tordus finis. Ou pas d'ailleurs.


-Celui qui m'a attrapée m'a filé des coups de matraque après que je sois tombée.

Elle se mit debout et souleva délicatement un pan de son tee shirt en charpie, montrant sa taille à l'avocat. Sur sa peau de porcelaine, des ecchymoses violacées se détachaient, un peu comme un motif. Elle se tourna et lui montra ses reins, abaissant légèrement son micro-short, où cette fois la marque violacée était toute en longueur. Quand elle se retourna pour se rassoir, on pouvait aussi voir des bleus sur ses jambes, quelques uns sur ses bras mais surtout, s'il avait été attentif, il aurait pu voir une marque de strangulation dissimulée sous ses colliers. Ces marques là cependant, elle n'en parla pas.

-J'ai rien mangé et j'ai rien bu depuis que l'autre m'a coursée là. Vous auriez pas un gâteau s'il vous plaît? Vu que mon grecque ça sera pas pour tout de suite...

Morose, elle recula sa chaise et croisa ses bras sur la table métallique avant d'y poser son menton.

-Je vais retourner en cellule là, c'est ça?
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le dimanche 13 juin 2010, 18:06:38
       Le sourire de William s'évanouit lorsqu'il découvrit d'où venaient les blessures. Si elle s'était blessée pendant l'arrestation, ce n'était pas exploitable devant les tribunaux. Si elle avait été violentée après, ça serait un autre débat mais là, l'avocat ne pouvait pas en tirer profit. C'est donc un regard déçu qu'il posa sur les ecchymoses de la jeune fille et même ce bref spectacle qu'elle lui offrait en lui montrant diverses parties de son corps, n'arrivait pas à le dérider.
       Sam n'y était pas du tout, William n'est pas un sadique. Il se moque totalement des blessures de sa cliente en tant que telles. La seule chose qui l'intéressait était de pouvoir les exploiter à son avantage. Mauvaise pioche si on peut dire.

       -Non, vous allez rester ici le temps que j'aille vous chercher à manger, déclara-t-il d'une voix qui laissait encore filtrer sa déception.

       Sur ses mots, William se leva de sa chaise et prit son attaché-case. Il actionna la poignée de la porte en fer qui émit un grincement de protestation. Puis, après s'être retourné et avoir lâché un "ne faites pas de bêtises" accompagné d'un sourire complice, il claqua la porte derrière lui.

       -Alors?

       C'était l'inspecteur. Il regardait Dolan avec une curiosité naïve. Comme s'il allait partager ce qu'il avait appris avec sa cliente! Certes... Il se trouve qu'il n'a rien appris de très intéressant. C'est donc sans un mot qu'il se dirigea vers le distributeur du commissariat. L'inspecteur le suivait comme son ombre et lorsque sa présence devint un peu trop pesante pour William, il consentit finalement à lâcher une brève réponse.

      -Elle est prête pour sa déposition.

       -Ah... vous serez présent? Demanda l'officier avec un soupçon d'espoir dans la voix.

       L'avocat lui décocha un regard qui ne laissait aucun doute sur le sujet et il entreprit d'essayer de faire fonctionner le distributeur de sandwichs. Au final, il ne savait même pas ce qu'il prenait et la jeune fille devrait s'en contenter.

       -Au fait, inspecteur, commença-t-il sans daigner regarder son interlocuteur. Je comprends aisément qu'il faille parfois molester les suspects pour les mettre aux arrêts, mais était-il nécessaire d'essayer de l'étrangler?

       L'homme devint alors cramoisi et ses joues gonflèrent comme celles d'un crapaud. Un spectacle qui aurait pu être comique s'il n'avait pas été également navrant.

       -Mais... on la pas touché maitre Dolan, s'offusqua le bonhomme. C'est vrai qu'elle se débattait comme un harpie donc on a du la calmer – et vous ne pouvez pas nous reprocher ça – mais ni moi, ni mes hommes n'avons essayés de l'étrangler.

       William ne répondit rien. Armé de son sandwich, il se dirigea de nouveau vers la salle d'interrogatoire. L'inspecteur toujours vexé fit un signe à l'un de ses collègues qui le rejoignit avec l'ordinateur portable qui servirait à noter la déposition. Le trio entra donc dans la salle où l'attendait la suspecte. Le greffier s'installa sur une chaise en retrait, prêt à écrire tout ce qu'il entendait. William donna le repas enroulé dans son emballage à la jeune fille affamée et s'installa à côté de sa cliente pour garder un œil sur l'inspecteur qui s'apprêtait à l'interroger.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le dimanche 13 juin 2010, 20:07:17
Bon, bah la cellule, ça serait pas pour tout de suite. Sam posa sa joue sur son bras, tournant la tête à Dolan et à la sortie et de ce fait, ne vit pas le sourire qu'il lui fit. Elle se contenta de libérer une de ses mains, celle contre laquelle sa joue ne reposait pas, et leva son pouce.

-T'inquéquette de rien, j'ai la bitrude.

Blague à part, Sam n'avait pas du tout l'habitude. Enfin oui et non. Qu'on lui dise de ne pas faire de bêtises? On le lui avait seriné pendant longtemps quand elle était petite. Mais curieusement, plus personne ne prenait la peine de lui faire ce genre de recommendations ces temps-ci. Dû au fait qu'elle vivait dans une usine refaite en sk8park? Au fait qu'elle sache bien mieux ce qu'elle voulait que le commun des mortels? A son assurance ou sa témérité? Peut-être tout simplement qu'elle n'avait juste plus personne pour lui donner ce genre de conseils, pour la simple et bonne raison que plus personne ne se souciait plus de la voir se rompre le cou ou terminer, comme dans le cas présent, en prison.
Pendant que Dolan n'était pas là, Sam regarda le mur. Elle devait s'avouer qu'elle aurait presque tué, ahahah procès pour meurtre, pour retrouver son lit. Un lit rond, aux multiples coussins... Son trésor, l'endroit où elle se sentait d'une part en sécurité puisqu'elle était la seule à en connaître l'accès, mais aussi le plus à l'aise. Enfin, elle devait se faire à l'idée qu'elle ne le reverrait pas de si tôt son lit...
Ses doigts se portèrent à son cou. Elle frémit malgré elle. Sa joue fut la seconde inspectée, et elle dû s'avouer que ce crétin d'inspecteur avait pensé à tout. Elle soupira. De toutes façons, si elle se mettait à dire que ce pachiderme avait essayé de l'étrangler, personne ne la croirait, et tout le monde s'en ficherait.

Elle ne changea même pas de position quand la porte s'ouvrit. Cependant, elle se redressa lentement en se rendant compte que l'avocat ne venait pas seul, mais accompagné de l'inspecteur et d'un greffier. Sur son visage, une expression de déception mêlée de dégoût fut clairement décelable. Loin de prendre le sandwich, elle l'ignora superbement et se leva.

Froide, méthodique et inflexible, elle n'avait plus rien à voir avec la délinquante qu'elle était. Droite comme elle se tenait, avec un port altier, elle savait donner la pleine mesure de son charisme quand elle le jugeait nécessaire. Et à cet instant, rien ne lui donnait plus envie de gerber que la scène à laquelle elle était obligée de participer.


-Comme c'est aimable à vous Maître Dolan d'avoir invité ces personnes à notre petite fête... Et comme c'est dommage que je n'aie pas la moindre envie de leur adresser la parole, dusse-je passer le reste de ma vie, écourtée par la peine de mort, en prison...

Les deux hommes à côté de l'avocat ne pipèrent mot, leur bouche s'entre-ouvrant juste légèrement. Elle avait du vocabulaire?!

-Je n'imposerai pas une tâche sur votre CV Maître Dolan, vous n'aurez plus à me défendre. Bonne journée.

Elle comptait se défendre elle-même. Après tout, elle n'avait rien à espérer d'un homme auquel elle avait clairement dit qu'elle ne voulait pas parler aux policiers et qui cherchait tout de même à le faire à la moindre occasion. Elle attendrait de voir la psychologue et espérait tomber, là au moins, sur quelqu'un de compétent qui saurait établir que malgré les petites infractions mineures qu'elle perpétrait, elle n'avait absolument pas l'âme d'une meurtrière. Impassible, le regard vide de toute émotion, elle tendit ses poignets au policier, qui s'empressa de lui passer les menotes. Il les serra, comme d'hab depuis hier soir qu'elle y avait droit, beaucoup trop mais elle ne broncha pas, n'esquissa pas la moindre mimique, attendant que l'homme bedonnant la ramène dans sa cellule.
Elle se trouvait stupide d'avoir demandé un avocat à présent, et même d'avoir espéré tomber sur quelqu'un avec qui elle aurait pu discuter de cette affaire à huis clos, sans que tout le monde ne soit au courant de ce qu'elle faisait au moment du meurtre. Mais non, apparemment c'était trop demander... Autant ne rien demander alors... Plutôt mieux utiliser son temps à réfléchir sur un moyen de sortir d'ici sans tuer personne. Ca serait le comble.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le dimanche 13 juin 2010, 23:37:51
       -C'est noté?

       Le greffier qui était le nez sur son ordinateur mit un certain temps avant de comprendre que c'est à lui que maitre Dolan s'adressait. Lorsque ce fut fait, il le regarda un instant interloqué, puis il acquiesça faiblement. L'inspecteur haussa un sourcil interrogatif à l'adresse du jeune avocat. Il n'avait pas très bien compris ce que voulait dire Dolan et il n'était sans doute pas le seul. C'est pourquoi ce dernier se fit un plaisir d'expliquer la situation à l'assistance.

       -Ma cliente vient de me renvoyer de mes fonctions, expliqua-t-il sans prendre la peine de masquer sa satisfaction. Cette affaire n'est donc plus de mon ressort. Bonne chance messieurs.

       L'avocat se leva et prit sa mallette tandis qu'un policier ramenait la jeune fille dans sa cellule, conformément à sa volonté. William était déjà sorti de la salle et fut bien vite rattrapé par l'inspecteur qui l'interpella. N'avait-il pas été assez clair? N'était-ce pas évident que dorénavant l'avocat n'avait plus rien à voir avec lui? Il s'arrêta cependant, laissant l'officier revenir à sa hauteur.

       -La déposition est obligatoire, maitre Dolan, l'informa inutilement celui-ci. L'enquête n'avancera pas si nous n'avons pas la version des faits de la suspecte.

       -Bien sûr que si, rétorqua Dolan. Si elle refuse de relater sa version des faits, le tribunal jugera en fonction des preuves que vous avez apporté dans l'affaire. Preuves qui sont accablantes d'après ce que j'ai compris. De plus, son refus d'obtempérer influencera le jury dans ce sens. Peine capitale probable ou la prison à vie si mon successeur est compétent, ce dont je doute.

       L'inspecteur resta un instant interdit devant la réaction de l'avocat. Il semblait plutôt motivé dans cette affaire et il ne comprenait pas à quoi était dû ce revirement de situation. Dolan était-il vexé d'avoir ainsi été renvoyé par une gamine? C'était fort probable en effet. Le "grand" maitre Dolan congédié par une gamine. Voilà qui ne doit pas satisfaire son égo.

       -Très bien, se résigna l'officier. J'obtiendrai une lettre de mademoiselle Addams qui sera adressée au bâtonnier pour rendre votre renvoi officiel. Merci d'être venu tout de même.

       -Je vous en prie inspecteur. Tout le plaisir est pour moi.

       William se retourna vers lui et lui décocha un sourire qui ne présageait rien de bon.

       -A propos. La caution a-t-elle été établie par le juge?

       -Euh... hé bien, oui, mais...

       -Bien, l'interrompit l'avocat. Je vais la payer.

       L'inspecteur écarquilla les yeux. Qu'est-ce qu'il fabriquait? Une manœuvre d'avocat véreux? Pourtant, l'officier avait beau retourner le problème dans tout les sens, il ne comprenait définitivement pas où voulait en venir maitre Dolan, alors qu'il avait dit lui-même qu'il ne trempait déjà plus dans cette affaire. Toutefois, il sut se ressaisir, car il était hors de question que cette peste soit libérée. S'il faisait ça, on pouvait être sûr qu'on ne la reverrait pas de sitôt. Elle allait filer en douce et ne se pointerait jamais au procès.

       -C'est impossible monsieur Dolan. Avec les nouveaux éléments que j'apporte à la cour, je doute que le juge accepte une remise en liberté provisoire. D'après l'article 224...

       -Alinéa 2, l'interrompit encore le juriste. "Les criminels ne peuvent et ne doivent prétendre à la liberté provisoire pour en bénéficier en aucun cas". L'effraction n'est pas un crime et ne rentre donc pas dans l'application de cette loi.

       -C'est un crime, s'insurgea le bonhomme qui commençait sérieusement à s'énerver. Elle a été présente sur les lieux du crime et nous disposons de preuves qui attestent sa culpabilité.

       -C'est au juge de statuer la-dessus et pas vous. C'est maitre Mototsugu qui s'occupe de cette affaire il me semble. Un très bon ami à moi.

       Dolan afficha un sourire satisfait. Le genre de rictus qui fait s'étouffer de rage celui à qui il est destiner. Le visage de l'officier prit une teinte cramoisie alors qu'il jeta un regard furieux à l'avocat corrompu qui le narguait. Ces deux hommes ne jouaient pas dans la même cour. Lorsque l'un organise un barbecue avec ses collègues et ses voisins, l'autre participe à des soirées mondaines qui réunissent tout le gratin de cette ville pourrie jusqu'à la moelle. Pendant, que le gardien de la paix court après un criminel, l'autre n'a qu'à trouver un vice de procédure et passer un coup de fil pour le libérer avant même que le brave officier ait repris son souffle. Ainsi va la vie. La caution allait être validée et payée, et Alyn Addams remise en liberté. Comment et pourquoi. Ça, ça ne regardait que William Dolan.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le lundi 14 juin 2010, 00:23:03
Contrairement au greffier et à l'inspecteur, Sam avait parfaitement saisit où William Dolan voulait en venir avec sa question, son air impérieux et ses manières détachées. Il débarrassait ses épaules du manteau de cette affaire, sans doute trop lourd à porter pour lui, avec panache cependant elle devait le lui concéder. Il avait beau ne pas s'être montré à la hauteur de ses maigres espérances, Sam ne pouvait lui reprendre la classe et le détachement avec lequel il se délestait de son sort. Aucun doute qu'il fut verreux celui-là. Et Sam ricana alors qu'un policier tirait sur sa paire de menottes pour la faire avancer à sa suite.

Alors qu'elle regagnait sa cellule avec lenteur, son esprit se mit à divaguer. Avait-elle quelque chose à se reprocher dans cette histoire? Non, pas à sa connaissance. Aux Etats-Unis, là où elle était née et avait grandit, elle avait déjà vu des avocats suffisamment forts pour établir l'innocence d'un présumé coupable, sans la version des faits de ce dernier. Elle s'avoua avoir espéré, en voyant ses manières et sa façon de tout prendre avec une certaine hauteur, que William Dolan était de cette trempe. Sauf qu'apparemment... Non. Il l'avait mise au pied du mur et ça l'avait révulsée. Elle avait horreur qu'on la mette devant le fait accomplit.

Les pieds de Sam finirent de glisser sur le sol froid du comissariat, elle n'avait pas de chaussures, et elle gagna directement le petit lit de camp qui était mis à disposition des taulards. Elle s'allongea, sur le dos, et glissa ses mains sous sa tête en guise d'oreiller. Rester positive. Elle allait pouvoir finir sa nuit. Ou pas. A peine avait-on  fermé les écrous de sa cellule qu'ils furent rouverts.


"Aly..."

Sam releva vivement la tête et darda sur celui qui s'apprêtait à prononcer son prénom un regard froid et transperçant comme la glace, dont ils avaient la couleur. Il rosit, déglutit, et se reprit.

"Sam... Vous êtes libre. Enfin... Placée en détention provisoire. Vous serez assignée à votre domicile jusqu'au procès."

Si au début les yeux de Sam s'agrandirent de surprise, elle fut bientôt chassée au profit de l'amusement. Et d'ailleurs, elle ne put s'empêcher de pouffer lorsqu'il parla du procès. Elle n'irait pas bien évidemment. Elle irait ailleurs, Dieu seul savait où. Elle même s'en moquait du moment qu'elle pouvait avoir un peu la paix. C'est donc avec un regain d'énergie qu'elle sauta sur ses pieds, enfila les rollers qu'on lui tendait et prit à peine le temps d'aller signer les papiers qu'on lui tendait, qu'elle gribouilla tous du pseudonyme de "Sam" (autant leur laisser croire qu'elle était analphabète alors qu'il n'en était rien) avant de quitter les lieux. On lui avait dit que sa caution avait été payée, mais pas par qui. Et elle ne chercha pas à savoir qui l'avait fait. On l'avait fait, c'était tout ce qui lui importait. Une fois hors du comissariat, elle s'étira, heureuse de retrouver l'air frais, si joviale d'ailleurs qu'elle délaissa sa cigarette. Le plus curieux, c'était qu'elle n'avait aucune dépendance à la nicotine. Elle n'avait pas fumé de tout son séjour en prison et ne montrait aucun signe de manque. Elle haussa les épaules et joignit finalement ses doigts dans son dos pour prendre la direction de son usine. Son lit, son lit, son lit... Un lit de princesse ou hindoue ou orientale. Elle adorait ses goûts en matière de déco. Et après cette expérience, et une bonne douche, nulle doute qu'elle allait se vautrer sur son matelas pendant au moins toute une journée!

Alors qu'elle roulait tranquillement en prenant la direction de l'ancienne zone indus de la ville, elle retira ses multiples colliers, en faisant des bracelets de fortune et passant sa main sur la maque de strangulation avec une mimique de douleur. Cet inspecteur n'y était pas allé de main morte avec sa corde... Elle garderait sans doute cette marque un bon moment. Quant à celles de son flanc et de sa main, elle désinfecterait ça rapidement sous la douche, ça irait bien. De toutes façons, elle allait pouvoir se tenir tranquille pendant quelques temps. Enfin... Faire mine de se tenir tranquille. Elle ne pouvait de toutes façons rester chez elle. Elle vivait seule, il fallait bien qu'elle se nourrisse après tout. Donc leur assignation ne valait rien si elle devait se laisser mourir de faim.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le lundi 14 juin 2010, 13:00:12
       William croqua dans son sandwich et feuilleta une fois de plus son dossier. C'était le rapport de police et les charges qui pesaient sur mademoiselle Addams. Et non, il ne travaillait pas gratuitement, il ne faisait que s'informer par pure curiosité. Ce n'est pas parce qu'on se tient au courant et que les automatismes juridiques surgissent tout seuls pour résoudre l'affaire comme s'il était encore l'avocat de la jeune fille, que l'on doit croire qu'il travaille par charité. De toute façon, William Dolan n'a pas à se justifier auprès du lecteur. Il fait ce qu'il veut pendant sa pause du midi.

       Quoiqu'il en soit, le procès n'aura jamais lieu puisque la jeune fille ne viendra pas. Le juriste imaginait déjà l'odieux scandale que cela allait provoquer. Mais qui donc à bien put payer la caution d'une meurtrière? Il faut être irresponsable. Qui sait combien d'autres victimes innocentes cette tueuse allait faire?
       Les journalistes n'auraient pas à chercher très longtemps d'où vient l'argent de la caution. Dolan se ferait une joie de leur dire lui-même. Un peu de pub pour le cabinet ne ferait pas de mal. Juste au cas où il y aurait encore des imbéciles qui douteraient que William est une ordure irrécupérable.
Tout est bien qui fini bien non? Le méchant Dolan a libéré une criminelle du joug de la justice ; Quel panache! Pourtant, cette histoire avait un arrière goût d'inachèvement dont William n'arrivait pas à se débarrasser. Mademoiselle Addams allait être en cavale pendant toute sa vie, alors qu'il serait si facile de la faire disculper. Même au-delà de ça, il y avait encore beaucoup de mystères qui entouraient la jeune fille. Les marques sur son cou et son obstination à ne pas vouloir raconter ce qu'il s'est passé. William essaya de chercher d'autres raisons professionnelles qui le pousseraient à reprendre l'affaire en main mais il avisa qu'il avait déjà pris sa décision.

* * *

       -Vous voulez qu'on vous accompagne monsieur Dolan? Demanda une voix dur et grave.

       Appuyé contre sa berline noir, William regardait la zone industrielle désaffectée. Un paradis pour les gangsters en tout genre qui venaient faire leurs transactions à l'abri des regards indiscret. De l'avis de Dolan, il s'agissait d'un endroit relativement calme par rapport au quartier de la Toussaint, car ici, c'était le domaine du crime organisé. Bien sûr, ça n'empêchait pas les malfrats d'y trouver refuge pour commettre les exactions où squatter les bâtiments. Alyn en faisait partie.

       -Je ne veux pas vous vexer messieurs, mais vous risqueriez de lui faire peur, rétorqua le juriste à ses hommes de main.

       Les mires émeraudes glissèrent sur les gorilles qui l'avaient accompagnés. Ils étaient tellement baraqués qu'on se demande comment le tailleur avait pu leur faire un costume. Lunettes de soleil bien entendu, petites moustaches ou cheveux tirés en arrière. Ils étaient une parfaite caricature d'agent de sécurité. Il ne leur manquait que l'oreillette. Sauf que ces gaillards de faisaient pas vraiment les 35 heures et ne cotisaient pas à la caisse des retraites. Ils avaient tous un casier judiciaire. Certains étaient des Yakusa, les autres, de simple gros bras de banlieue.
       Les gorilles se regardèrent un instant et admirent qu'une escorte n'était pas franchement une bonne idée lorsque l'on cherche quelqu'un qui risque de nous trouvez avant. L'avocat partit donc seul en direction des usines, de son habituelle démarche qui donnait l'impression que où qu'il aille, tout lui appartenait. Il n'était absolument pas anxieux de faire une mauvaise rencontre. La raison? Simplement à cause du petit objet circulaire qu'il triture au fond de sa poche.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le lundi 14 juin 2010, 16:24:00
Regagner son chez elle avait été d’un réconfort sans nom pour Sam, et sans même devoir expliquer ce qui s’était passé ! C’était, en fait, un carton plein pour la jeune femme. A relever qu’elle n’avait pas eu même à sortir un rond de sa poche. Toutes ses habitudes allaient donc reprendre. Elle continuerait à voler ici et là, à corriger ceux qui s’en prendraient à elle, à faire du skate et du roller sans s’occuper de ce qu’on pourrait penser d’elle et à faire de la danse exotique pour s’offrir quelques petits extras qu’elle ne pouvait voler. Les glaces par exemple. Celles des stands dans les galeries marchandes. Elle en était, plus que friande, addicted. Certains, que Dolan croiserait peut-être au coin d’une usine, étaient plus volontiers accros à l’héro, la coke ou toutes ces saloperies du même genre. Sauf que Sam non. Elle n’avait jamais consommé que du cannabis et de l’ecsta, une fois, mais elle n’aimait pas perdre tout contrôle. C’était même vital pour elle que de rester maîtresse de ses réactions. Dieu seul savait ce qu’elle serait susceptible de dire droguée… Et puis il fallait avouer qu’elle était très contente de casser tous les clichés. C’est vrai qu’en la voyant, on ne peut penser qu’une chose. En regardant ses bras, on ne peut que chercher les marques rouges, témoins implacables de ses plaisirs coupables. Sauf qu’il n’en était rien. Certes, elle était marquée et avait des bleus. Mais rien qui ne laissait croire qu’elle versait dans ce genre de délires. C’était très contradictoire, elle prouvait ainsi qu’elle n’allait pas au bout de la spirale autodestructrice comme on le lui avait dit. Mais elle s’en carrait l’oignon. De toutes façons, une vie entière de psychanalyse ne serait d’aucune utilité à la jeune femme, qui avait bien d’autres choses à faire que de s’épancher, larmoyante, sur une épaule feignant la compassion.

Bref, fin de cet aparté. Quand Sam avait franchit le seuil de sa chambre, de pacha, ni une ni deux, elle quitta ses rollers, laissa ses vêtements et bijoux sur le sol et fila prendre une douche. Une loooooongue douche pour la laver des heures pénibles qu’elle avait passées dans sa crade cellule. Elle n’avait ensuite même pas pris le temps de manger qu’elle était allée s’écrouler dans son lit. Autant vous dire qu’elle ne vit pas la pendule faire un tour. L’après-midi était déjà bien avancé quand elle émergea, difficilement, du cocon de chaleur et de douceur que constituaient ses draps et oreillers. Seulement, elle n’était pas du genre paresseuse. Au contraire, elle était proche de l’hyper-activité. Aussi rejeta-t-elle ses couverture et passa rapidement un pantalon de toile délavé, craqué en divers endroits (cuisses, genoux, mollets) qui finalement découvrait la peau de Sam autant qu’il la cachait, assortit avec un tee shirt aux manches longues en résille, manches retenues par des bagues passées à ses majeurs, sous lequel elle arborait un simple soutient-gorge. Elle releva ses cheveux en queue de cheval, passa ses rollers et sortit.

L’air frais de la nuit tombante lui fit du bien, et le bruit régulier et monotone de ses roues sur le macadam était on ne peut plus rassurant. L’air ailleurs, elle rêvassait, regardant le ciel qui prenait peu à peu des teintes orangées à bleutées puis violacées. Elle profita de sa tranquillité pour se faire plaisir et rider sur les rampes, tenter des choses plus audacieuses que les autres… Mais point trop n’en faut, elle se dépensa à peine. Sa dernière gamelle n’ayant pas encore finit de cicatriser.

Nonchalante et prête à rentrer chez elle, elle arrivait aux abords de l’entrée de la zone industrielle quand, un peu plus loin, Sam aperçu une voiture, une berline hors de prix, gardée par deux gorilles. Elle ne savait pas pourquoi, mais ça ne lui disait rien qui vaille. Les mafieux passaient souvent par ici, ça n’était pas ça qui la dérangeait. Mais d’habitude, ils restaient enfermés dans leur voiture et se contentaient soit de jeter des corps, soit des mourants, soit des gens presque morts de trouilles car leur devant du blé. Quoiqu’ils en soit, ils ne restaient jamais à un endroit où ils pouvaient être vus. Prudente, Sam entra dans l’usine la plus proche et monta sur le toit. Cet endroit, c’était chez elle. Elle connaissait les moindres recoins, savait parfaitement comment s’en sortir le cas échéant. Passant de toit en toit, elle chercha quelque chose dans le décor qui n’aurait pas été habituel. Et elle ne tarda pas à trouver.

C’est avec une surprise teintée d’amertume qu’elle reconnu la silhouette de son ancien avocat se découper dans l’une des « rues » de la zone. Elle le suivit un moment des yeux, son air assuré ne lui échappa pas, pas plus que la petite brise qui faisait onduler ses cheveux. Elle s’interrogeait. Qu’est-ce qu’il venait faire ici ?
La tête de Sam se secoua ensuite négativement, alors qu’elle sautait sur une gouttière, en sautait et  se réceptionnait avec souplesse, fléchissant les genoux pour ne rien se casser, à quelques centimètres devant l’avocat.


-Bonsoir Maître Dolan. Si je peux me permettre, ce n’est pas un lieu adéquat pour une personne de votre condition, si vous me permettez cette remarque… Vous cherchez quelque chose peut-être ?

Ne restant pas à sa place, elle se mit à rouler, tournant lentement autour du jeune homme, sans le quitter des yeux et guettant sa réponse. Elle se doutait que son lieu de vie approximatif avait été indiqué dans son dossier, mais il aurait dû lui être retiré. Même, elle l’avait renvoyé. De ce fait, la curiosité de Sam était intacte. Que faisait-il ici ? Il défendait sûrement quelqu’un d’autre, en fait.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le mardi 15 juin 2010, 12:56:23
      La nuit commençait à tomber. Le soleil déclinant zébrait le sol de béton d'ombres obliques. Les sinistres bâtiments laissés à l'abandon semblaient poser un regard mauvais sur l'homme qui contrastait tant avec la pauvreté des lieux. Le vent quand à lui, se faufilait entre les édifices dans un grondement hostile, faisant onduler les mèches noirs de l'avocat. A ce décor lugubre s'ajoutait les pousses d'herbe qui perçaient le sol goudronné par endroit, en une promesse solennelle que la nature avait encore un droit de regard sur cette zone abandonné. Il y avait également des tags sur presque tout les murs, signe que des tributs indigènes, friand de diverses substances à sniffer ou à s'injecter, avaient pris possession des lieux.

       Seul le vent perçait le silence. L'avocat n'entendait absolument rien d'autre, comme s'il n'y avait pas âme qui vive à plus de 5 km. Cette atmosphère commençait à devenir non pas angoissante, mais énervante. William s'était peut-être bercé d'illusions en pensant pouvoir trouver Alyn dans ce labyrinthe de bâtisses chancelantes. A peine présenta-t-il les premiers signes de découragement, qu'un bruit de roulement le fit s'arrêter. Ça ressemblait à un skateboard et ça se rapprochait. Lorsque la jeune fille lui atterrit sous le nez, dire que Dolan avait été surpris aurait été un doux euphémisme. Il fit un pas en arrière, bien sur ses appuis et sa main glissa toute seule vers sa poche de pantalon. Un mouvement d'autodéfense qui fut aussitôt interrompu lorsque William reconnut celle qu'il cherchait. Il se rembrunit et s'en voulut d'avoir eu une réaction aussi vive – qui sera sans doute puni par un sourire triomphant de la jeune fille -, mais William était toujours sur le qui-vive lorsqu'il se baladait dans les endroits malfamés. De plus, la plupart du temps il était encadré par ses hommes de main.

       Alyn lui demanda se qu'il pouvait bien faire ici. Et, à vrai dire, William se le demandait aussi. Ce dernier restait droit et ne se donna pas la peine de suivre des yeux, la jeune fille qui lui tournait autour – au sens propre bien entendu -. Lorsqu'elle passait devant lui, il croisait l'espace d'un instant ses deux mires d'un bleu-gris sous le crépuscule. Très joli.

       -C'est vous que je cherchais, lui révéla-t-il. On m'a dit que vous habitiez ici – le regard incisif du juriste balaya le paysage délabré une nouvelle fois – C'est très coquet... Auriez-vous une minute à m'accorder? Voir plus si affinité.

       Aucun sourire en coin, ni de regard amusé ne vint appuyer cette supposée plaisanterie. Son ton était toujours égal et parsemé de quelques accents toniques qui feignaient un manque d'intérêt pour ce qu'il disait. En résumé, William Dolan incarnait l'apologie de la désinvolture.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le mardi 15 juin 2010, 13:54:42
Ainsi, elle était parvenue à surprendre le juriste. Intéressant. Moins que son mouvement de recul, qui était une conséquence, Sam releva le fait que William Dolan, malgré son air assuré et bravache, ne prévoyait pas tout et pouvait encore être mis devant le fait accompli. Il ne semblait pas aussi blasé dans la surprise, certaines choses lui faisaient encore de l’effet. Quant au mouvement dans sa poche, sans doute y avait-il là-dedans une arme capable de le défendre contre un quelconque agresseur ? Sam le supposait. Sans être suicidaire, une personne réellement désinvolte n’aurait même pas fait attention à l’arrivée de la jeune femme. Ou une personne habituée à ce genre de « farce » du moins. Que de petits gestes qui en disaient pourtant long sur l’avocat. Et plus encore sur ce que Sam supposait être dans sa poche. Aussi, plutôt que de fêter sa victoire, son visage se rembrunit. Voulait-il terminer ce que les flics avaient commencé ? Voulait-il réussir là où ils avaient échoué ? La poche de sa veste n’était pourtant pas déformée, ce qui laissait supposer que la chose qui se trouvait à l’intérieur n’était pas lourde. Quant à esquisser la forme d’une arme… Peut-être une toute petite arme à feu ? Un canif ? Un papillon ? Une fiole de poison ? Du chloroforme ? Quoique ce fut qui se trouvait dans cette poche, Sam n’avait pas confiance. Si faire des surprises aux autres était dans ses cordes, elle-même détestait être surprise. Elle aimait anticiper, prévoir, être prête à toute éventualité, et se faire prendre en défaut lui était insupportable.

Sa bouche n’esquissa qu’un maigre sourire, le premier depuis qu’elle était apparue devant lui. Il lui avait échappé lorsqu’il avait qualifié la zone industrielle de « coquette ». Si elle ne s’était pas retenue, elle lui aurait rit au nez. Ainsi ça ne le choquait pas qu’elle vive dans cet endroit ? Admettons. C’était pourtant on ne peut plus différent de son vrai chez elle. Chez elle, où elle se sentait obligée de l’inviter après une requête comme la sienne. En effet, s’ils devaient discuter de son affaire, elle ne tenait pas à ce que tous les junkies du coin soient au courant de ses petits problèmes…


-Je vous en prie, assez d’ironie. Cet endroit est immonde… Appelons un chat, un chat.

Immonde, crasseux, dégueulasse… La planque idéale. Personne ne mettait plus les pieds ici, à part ceux qui trempaient dans des affaires louches, quelques ados qui voulaient se faire des frayeurs, et les habitués du « Club » de Sam ; c’est-à-dire ses « potes », disons plutôt ses sous-fifres, et tous ceux qui aimaient faire du skate board et autres sports de glisse, sur fond de musique bien forte à ruiner les tympans, c’est à dire très peu de monde. Et ce peu de monde là, Sam savait très bien qu’ils tenaient trop à la planque sûre et gratos qu’elle leur offrait pour qu’ils la balancent. C’était comme un havre de paix. Pas de condés, pas de règles si ce ne sont celles de Sam qui étaient relativement légères, pas de prise de tête. Mais là, c’était fermé. Et oui, la patronne était passée par la case « prison » entre temps. Elle pensait rouvrir à d’ici quelques heures.

Cessant de tourner autour du juriste, Sam resta à quelques pas de lui, trop loin pour qu’il puisse tenter quoique ce soit sans qu’elle n’ait le temps de s’en rendre compte et de contrer, le cas échéant, mais suffisamment près pour qu’ils puissent parler sans hausser la voix.


-Venez avec moi. J’espère que marcher ne vous pose pas de problèmes.

Elle n’ajouta rien de plus et prit la tête de la marche, guidant William à travers les «rues» et les usines. Elles se ressemblaient toutes, c’était à se demander comment Sam s’y retrouvait. La force de l’habitude, tout simplement. Elle s’était fait des repères simples et discrets. Et puis, pour une fille, elle avait un super sens de l’orientation. Ca lui permit de faire tourner William en rond pendant un temps appréciable, uniquement pour le perdre et qu’il ne puisse retrouver le chemin de sa propre usine désaffectée. Pour ceux qui ne connaissaient pas, le moyen d’y aller était pourtant très simple. Chaque mur était couvert d’une flèche qui indiquait sa direction. La seule chose, c’était que c’était de la peinture qui ne se révélait qu’à la lumière U.V. Indétectable pour les non initiés donc.

Quoiqu’il en soit, ils finirent par arriver devant l’usine de Sam. Elle entra et referma la porte derrière elle, la claquant au nez de l’avocat en laissant filer un -Attendez moi là. Quelques instants plus tard, du bruit fut audible au-dessus de la tête de William.


-Faîtes attention !

Et, devant lui fût déplié l’escalier de secours, inaccessible pour qui n’est pas déjà monté à l’intérieur. Trajet connu de Sam seule. C’était plus ou moins s’enfermer dans une tour d’ivoire, mais… Justement, c’était le but.

-Ca grince mais ça ne craint rien. Montez.

Après ces quelques encouragements, la tête de Sam disparu à l’intérieur de l’usine afin de lui permettre de délacer ses rollers. Elle les laisserait près de « l’entrée », comme toujours. Après tout, elle était la seule à squatter ici. Tout était nickel, très bien entretenu et propre. Un long couloir garnit de quelques portes s’étendait devant eux. Les anciens quartiers de l’administrations, réaménagés en lieu à vivre par Sam. Ils avaient tout laissé, par tout elle voulait dire micro-onde, réfrigérateur et matériel électroménager, de la salle de repos à l’entretient. Sam n’avait dû voler, ou acheter quand elle ne pouvait pas voler, que peu de choses finalement.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le mardi 15 juin 2010, 17:33:36
       Dolan acquiesça simplement lorsque Alyn convint que la zone industrielle était immonde. Un endroit parfait pour ceux qui veulent fuir les humains ou leur loi. Cependant, ces lieux rares étaient épargnés car le monde les ignorait, tout simplement. Il suffisait que l'on se rappelle de leur existence ou qu'ils nous le rappellent d'eux-même, pour qu'ils soient rasés et remis au service de la société. Triste? Non, pas vraiment.

       William ne se rendait même pas compte que la jeune fille avait mise une distance de sécurité entre eux. L'avocat n'avait pas pour habitude qu'on le craigne physiquement, et lorsqu'il était contraint d'intimider une personne trop stupide pour ne redouter que la violence, il faisait appelle à ses molosses. En d'autres termes, Dolan n'est pas le genre d'homme qui se salit les mains. Il est blanc comme l'agneau qui vient de naitre.
       L'honnête juriste suivit donc la jeune fille à son rythme. Elle devait sans doute l'emmener dans son repère ou un coin tranquille. Sauf que des coins tranquilles, il y en a partout ici, alors ça ne servait à rien d'aller aussi loin. L'homme de loi conclut donc qu'elle l'emmenait chez elle. D'ailleurs, il ne fit aucun commentaire lorsqu'il avisa qu'elle lui faisait faire des tours pour rien. Elle voulait sans doute le perdre et l'empêcher de prendre des points de repère... Ça marchait. William s'était perdu après le septième tournant mais vu qu'il n'avait aucune envie de retourner chez Alyn dans le futur, ça ne le dérangeait pas plus que ça. Il était d'ailleurs surpris qu'elle l'emmène chez elle, il imaginait plutôt des marches d'escalier ou un pneu en guise de salle de conférence. Enfin, c'était peut-être ce que la jeune fille appelait "chez elle".
       Tiens? Apparemment, on est arrivé. Alyn ouvrit la porte et... non... il ne rentre pas. Les mèches de cheveux secouées par la bourrasque de la porte qui se referme sur son nez, fut la seul chose qui bougea chez William. Il attendit donc, comme on lui avait si gentiment conseillé, et leva la tête lorsque la frimousse de la jeune fille se dessina au bord de la fenêtre qui le surplombait. Un escalier en fer se déplia devant lui dans un ramdam de cliquetis.

       William jaugea l'escalier du regard, mit sa main sur la rampe et appuya légèrement avant de vérifier l'état de sa paume. Il ne testait pas la solidité de l'escalier mais s'assurait que celui-ci ne suinte pas trop la rouille. Rouille qui pourrait salir son costard ; ce qui serait très regrettable sur le moment. L'avocat se décida enfin à monter l'escalier qui émit des grincements de protestations à chacun de ses pas, et se fut avec un soulagement non dissimulé qu'il mit le pied dans l'antre de Sam.
       L'avocat ne prit pas la peine de masquer sa surprise, qui se traduisait ici par un haussement de sourcil. C'était propre et bien entretenu par rapport au reste du quartier. William n'avait pas vraiment pris la peine de s'imaginer l'endroit où vivait Alyn mais s'il l'avait fait, l'image d'un squatte dégueulasse remplit de seringue et de dopés, serait la première chose qui lui serait venu à l'esprit. Comme quoi l'apparente anarchie qui semblait régir Alyn Addams avait ses limites.

       Ce qu'il voyait confortait Dolan sur les raisons qui l'avaient poussé à venir ici. Un endroit aussi douillet, on a pas envie de le quitter si facilement. Ce que la jeune fille sera obligé de faire si elle ne se pointe pas au procès. Bien sûr, la police ne sait pas où elle habite mais comme elle connait au moins la zone où elle sévit, Sam se fera coincer un jour ou l'autre. Même avec ça, la convaincre ne sera pas aisé.

       -Moi qui pensait que vous vouliez rester en cellule parce que c'était plus confortable que chez vous, fit-il remarquer. Je vais devoir revoir mes théories.

       William esquissa son premier sourire de la journée. Il regardait autour de lui avait un air mi-rassuré, mi-fasciné. Puis, il braqua de nouveau son regard vert sur Sam. Celui-ci avait changé depuis leur première rencontre au commissariat, mais rien de très notable. Il y avait seulement un peu moins de dégout au fond des orbites émeraudes du jeune juriste.

       -J'ai appris que quelqu'un avait payé votre caution, commença-t-il. Une très mauvaise idée si vous voulez mon avis, puisque vous ne viendrez pas au procès. Et, ça aussi c'est une mauvaise idée.

       Il n'y avait pas de reproche dans la voix de Dolan et il ne prit pas la peine de lui décocher un regard réprobateur en agitant le doigt comme un pédagogue mécontent. Il parlait toujours comme si ses propos n'avaient absolument rien à voir avec lui.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le mercredi 16 juin 2010, 10:57:54
  Appuyée d’une main contre un mur, l’autre baissée sur ses pieds, Sam finissait de défaire ses rollers quand William prit pied sur le linoléum du couloir. La paire de patins trouva sa place appuyée contre le mur, Sam n’arobrant plus qu’une paire de chaussettes noires toutes simples, sans fioritures d’aucune sorte. Elles étaient usées, mais pas trouées. C’était déjà ça.
La jeune fille se redressa et fit volte face pour que William et elle soient face à face. Quand bien même elle l’aurait voulu, l’expression de surprise trahie par un haussement de sourcils sur le visage du jeune homme n’échappa pas à la délinquante, dont les yeux étaient fixés sur la bouille du juriste. Elle se doutait bien qu’il devait être surpris. Après tout, qui ne le serait pas ? L’aspect physique de Sam était plus que négligé, ses vêtements n’avaient rien de propret, ses cheveux étaient coiffés d’une façon anarchique… Cependant, quelques détails montraient qu’elle n’était pas aussi trash qu’elle en avait l’air. En effet, son maquillage était toujours impeccable, elle ne lui laissait jamais le temps de baver, ses dents parfaitement blanches et entretenues, ses cheveux toujours démêlés et elle était toujours propre. Jamais d’odeur corporelles nauséabondes ne venaient contredire ce tableau, non. Sam était toujours nickel derrière ses vêtements difformes et déchirés. Et finalement, plus que ce que tout le monde voit, ça aurait dû être ces détails qui auraient dû taper dans l’œil du juriste et le prévaloir de la surprise qu’il eut en mettant le pied chez elle.

La réflexion à laquelle eut droit une fois que l’avocat eut trouvé de quoi se remettre d’aplomb la conforta dans ses réflexions. Il l’avait vraiment prise pour une dégueulasse, toxicos et insane. Sauf que c’était loin d’être le cas. Elle se contenta de pouffer, très brièvement, un éclat étouffé en fait, à la remarque du jeune homme et lui tourna le dos, le guidant dans le couloir pour lui ouvrir une porte sur la droite. Elle alluma la lumière et il se retrouva dans une salle toute simple, avec une table et des chaises, qui avait dû servir pour certaines réunions dans le temps. Elle ne répondit pas tout de suite aux paroles de l’avocat, trouvant stupide d’aborder ce sujet dans un couloir alors qu’ils auraient pu le faire assis et au calme.


-Je vous en prie, asseyez-vous Maître Dolan.

Suivant sa propre invitation, Sam gagna une des chaises et s’y assit. Elle ne lui proposerait rien à boire ni rien à manger, pour la simple et bonne raison que son frigo était vide. Dommage non ? Prenant le temps de réfléchir à ce qu’il venait de lui dire, elle dû s’avouer plus intriguée de l’avoir vu faire un tel déplacement pour lui dire ça, alors qu’il n’était plus en charge de l’affaire, plutôt que de la laisser assumer ses actes. Perplexe, elle glissa, c’était un tic, ses doigts dans ses cheveux et défit l’élastique qui les retenait. Ses yeux quittèrent le visage du Juriste dans le même temps, rejoignant plutôt le lien de plastique qu’elle venait de récupérer, alors que ses cheveux tombaient sur ses épaules comme une cascade d’encre. Elle resta à fixer ses doigts jouer avec.

-Pourquoi êtes-vous là Monsieur Dolan ? Votre visite me distrait, vous n’êtes à proprement parler pas désagréable, mais j’avoue que vous m’intriguez. Vous avez été démuni de mon dossier non ? Alors pourquoi prendre la peine de venir encore tenter de m’orienter vers la route la plus sûre pour moi ? Quel est votre intérêt là-dedans ?

Après sa pluie de questions, elle avait relevé ses yeux de glace grisée pour dévisager l’avocat. Elle n’était pas stupide. Elle savait que rien de tout ça ne serait arrivé si elle avait dit d’emblée ce qui s’était passé pour elle au moment des faits. Sauf qu’elle n’en avait pas la moindre envie. Pourquoi ? Ca la regardait. Tout comme les raisons de Dolan le regardaient lui. Sauf que Sam était curieuse.

Sans le quitter des yeux, elle finit par reposer son élastique sur la table et sa tête s’inclina légèrement sur le côté, avant d’être secouée.


-Ne répondez pas. Ca ne serait pas équitable. Nous allons jouer si vous le voulez bien. Vous allez me poser une question. J’y répondrai. Et ensuite, ça sera à mon tour de poser une question. Bien sûr, ça n’a d’intérêt que si on ne répond que la vérité. Comme ça nous serons sur un pied d’égalité. Ca vous va ?
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le mercredi 16 juin 2010, 13:41:45
       La première chose qu'avait pensé Dolan en voyant la jeune fille? Un rebut de plus. Une droguée qui s'est encore plongée dans quelque chose de plus gros qu'elle et qui perdra sa morgue après 20 ans de prison. Une jeune fille perdue avec un passé tragique qui a provoqué sa descente aux enfers, négligée et abandonnée par une société qui se moque bien des faibles. Voilà un petit résumé de ce qu'avait traversé l'esprit du juriste lorsqu'il avait croisé le regard iridescent d'Alyn Addams. Ensuite, il y a différentes manières de réagir à ce constat. William s'était arrêté la-dessus par manque d'intérêt, d'une part, et par manque d'utilité. Ce qu'il voyait, c'était ce que tout le monde voyait et ça ne servait à rien de creuser. Efficacité optimale. William ne voulait pas savoir qui était Alyn, car ce qu'elle dégageait était plus exploitable au tribunal que ce qu'elle est vraiment ; alors pourquoi se fatiguer?... Toutefois, La situation avait quelque peu changée maintenant. La relation qu'entretenait William avec Alyn n'était plus professionnel. Il allait falloir s'y habituer.

       William suivit la jeune fille à travers le couloir, fixant son regard déviant sur les cheveux noir comme la nuit qui le précédait. Ils arrivèrent dans une salle de réunion et un petit détail tout bête attira l'attention du juriste. Alyn actionna l'interrupteur... et la lumière fut. Son squatte avait même l'électricité, il était encore mieux que William ne l'imaginait. Bien sûr, il ne lui demandera pas où sont les factures.
       Il prit place sur une chaise suite à l'invitation de son hôte et posa une main sur la table. Dolan n'avait même pas remarqué qu'elle ne lui avait pas proposée à boire. En fait, il ne s'attendait pas à un tel niveau d'hospitalité et était agréablement surpris, encore une fois. William la regarda défaire ses cheveux qui se répandirent sur ses épaules. En effet, ça changeait sa physionomie du tout au tout.
       Dolan encaissa la cascade de question qu'elle déversa sur lui sans sourciller. Il se doutait bien qu'elle allait lui poser ces questions un jour ou l'autre et il ne tombait pas vraiment des nues. Pourtant, ces questions étaient autant de cactus qui entravaient sa route. Il allait devoir être prudent s'il ne voulait pas se piquer.
       Cependant, un sourire illumina le visage de Dolan lorsqu'elle lui proposa son jeu. Il l'adorait avant même d'y avoir joué et il va de soi que le juriste respecterait strictement les règles établies. De toute façon, il avait beau faire le tour des questions qu'elle pouvait lui poser, il n'y en avait pas beaucoup de dangereuses. C'est donc avec un certain enthousiasme que William accepta le challenge.

       -Un jeu très intelligent, Sam, concéda-t-il. Je l'aime déjà. Si j'ai bien compris, je crois que c'est à moi de commencer.

       Les mires vertes s'ancrèrent dans le bleu des iris de sa partenaire.

       -J'aimerais savoir qui vous a fait les seules marques que vous ne m'avez pas montré lorsque je vous ai demandé si vous aviez été violentée.

       Du doigt, il pointa son cou, sans la lâcher des yeux. En effet, William avait une petite idée sur l'identité de l'agresseur mais ce qui l'intéressait par dessus tout, c'était l'expression qu'allait adopter Alyn lorsqu'elle entendrait sa question et lorsqu'elle y répondra. La réponse en elle-même n'avait pas autant d'intérêt que ce que dirait son jolie visage.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le mercredi 16 juin 2010, 15:03:21
Apparemment, son idée de jeu à double sens plaisait à l’avocat. Sam ne parvenait pas à distinguer d’hypocrisie, de mensonge (quoique l’hypocrisie est une forme de mensonge) ou encore d’ironie dans la réponse que lui fournit William et le sourire auquel elle eut droit. Si les cheveux de Sam changeaient sa physionomie, chez l’avocat, c’était son sourire qui s’en chargeait. Armé d’un sourire, son visage n’avait tout simplement plus du tout le même rendu. Ca n’était pas plus ou moins agréable que lorsqu’il ne souriait pas, Sam devait concéder au Maître qu’il était un bel homme (d’où la boutade de la jeune fille lorsqu’elle l’avait vu pour la première fois), c’était juste différent. Comme elle avec ses cheveux. Attachés, elle paraissait bien plus dangereuse, comme une plante empoisonnée, et Sam aimait à se dire qu’elle était effrayante. Détachés, ils lui donnaient bien plus l’air d’une inoffensive poupée de porcelaine. C’était chacun son truc après tout.

Elle eut même droit à un compliment houhou ! Aurait-elle été plus expansive en matière se sentiments, elle aurait dansé sur la table. Mais… Ca n’était évidemment pas le cas, et la seule marque visible de son plaisir à voir son idée flattée fut un petit sourire en coin. Visiblement, William allait de découvertes en surprises avec Sam et elle ignorait si les surprises étaient plutôt agréables ou s’il se montrerait plus taciturne et renfrogné en voyant le nombre d’erreurs de jugement qu’il avait fait concernant Sam. Jusque là, point d’agressivité. Elle pouvait donc sans trop s’avancer supposer que le Sieur Dolan semblait plus ouvert que ce qu’elle avait pensé au premier abord. Et puisqu’il était partant pour jouer, il n’y avait plus qu’à… Elle lui fit un petit signe de main pour l’inviter à commencer, et attendit sa question en soutenant son regard intensément vert.

Et puis, telle une épée de Damoclès, la question tomba. D’abord, Sam ne réagit pas. Elle ne cilla pas, rien. Et puis, un petit sourire fendit ses lèvres couleur lit de vin.


-Ah… Vous les aviez remarquées donc…

La tête de Sam se pencha légèrement en avant, alors que ses doigts s’attelaient à détacher la multitude de colliers qui les masquaient. Tous finirent sur la table qui servait de bureau, et c’est avec une expression tristement blasée qu’elle tourna la tête, légèrement rejetée en arrière afin qu’il puisse observer plus en détail et à loisir les marques dans son cou. Ce qu’il fallait noter bien que ce ne soit absolument pas flagrant, c’était que cette marque était en fait deux marques. L’une superposée à l’autre et donc à peine visible.
D’abord, il y avait des marques de mains. Des mains d’hommes, larges, qui prenaient presque tout son cou, de sa mâchoire à ses épaules. Ces mains avaient imprimée dans sa peau pale une large ecchymose violette. Et par dessus, moins visible mais plus à la fois, une autre marque. Elle détonait en fait un peu plus sur le fond violine de l’autre, car encore un peu rouge et marbrée de quelques traces de légères griffures.


-Deux hommes. Le mari de la femme tuée et votre ami l’Inspecteur.

Elle aurait aimé ajouter un commentaire comme « sous les rires gras et pervers de ses suppléants » mais ça aurait été déborder de la question, et ça n’était pas l’objectif. Elle gardait un air tranquille, serein. On avait essayé de la tuer, assurément ces marques n’étaient pas là pour faire joli, et elle réussissait à garder son calme et à gérer ça aussi bien que si on lui avait proposé d’aller manger un grecque. A partir de là, deux options. Soit elle intériorisait tous ses sentiments, quels qu’ils soient, soit elle s’en fichait royalement. Dans un cas, on prenait le risque de la voir craquer un jour sous le trop plein et entreprendre des actes désespérés, dans l’autre ça ferait d’elle une créature sans conscience ni soucis, des autres comme d’elle-même. Quelle option serait la plus terrible ? Difficile à dire. Et Sam ne le dirait probablement pas.

Les doigts de la jeune femme filèrent jusqu’à ses colliers pour jouer doucement avec, alors que son regard cherchait à nouveau celui de l’avocat.


-Pourquoi avez-vous payé ma caution ?

Sam ignorait que c’était William qui avait payé, mais elle faisait ce qu’on appelle prêcher le faux pour avoir le vrai. Et puis ça ne servait à rien de lui demander si c’était lui pour lui demander pourquoi après. Sam aurait ainsi deux réponses en une. Ou la confirmation que ça n’était pas lui, et peut-être si l’avocat était généreux, le nom de la personne qui l’a fait.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le mercredi 16 juin 2010, 19:08:47
       Les mires vertes de l'avocat glissèrent sur le cou gracile de la demoiselle. Maintenant qu'elle avait retirée ses bijoux, il put discerner un détail qui était invisible la dernière fois, masqué par les colliers et l'éclairage tamisé de la salle d'interrogatoire. Il n'y avait pas une marque de strangulation mais bien deux. Une marque de main facilement reconnaissable, et une autre... une corde. La première marque avait pour but de tuer. La deuxième par contre, il en doutait franchement. Pourquoi l'officier de police aurait voulu la tuer? Non, il voulait sans doute l'immobiliser pour faire... ce qu'il avait à faire. Alyn est une très jolie femme. Ça ne le surprenait pas qu'un inspecteur lubrique et gras pense avoir tout pouvoir sur une délinquante comme elle. De toute façon, elle avait tuée et serait exécuté, donc il n'y avait pas de mal à profiter d'elle. Agir autrement serait du gâchis, non? Répugnant personnage!

       -Mon "ami" l'inspecteur et moi auront quelques mots à échanger la prochaine fois que nos routes se croiseront, promit William.

       William était peut-être ouvert. Et si on croit en dieu, on pourrait même subodorer qu'il est tolérant, mais pour croire à cette dernière affirmation, il fallait vraiment avoir la foi. Cependant, William détestait les hommes qui ne partagent pas ses valeurs morales, aussi restreintes soient-elles. L'officier risquait d'être le sujet d'une polémique ces prochains jours, car William croyait à ça théorie même si Alyn ne lui avait pas ouvertement avouée. Il ne s'autoproclamait pas chevalier vengeur de la jeune fille. Non. La justice qu'il représente ne se venge pas ; elle corrige. Quoique le juriste risquait de ressentir un plaisir inconvenant à rouler cet homme dans la boue. Mais c'est si jouissif! Comment en vouloir à Dolan?

       Maintenant, c'était à son tour de répondre à une question. Il l'attendait avec autant d'impatience que la réponse à sa dernière question. Décidément, ce jeu était un régal et l'homme de loi s'amusait comme un petit fou. Il attendit donc... La question fut posée... et il éclata de rire. Un rire assez pur pour quelqu'un de sa trempe et qui laissait, pour une fois, transparaitre son jeune âge. Il opina du chef avec un réel plaisir et tapota brièvement dans ses mains en guise d'applaudissement.

       -Je vois que vous n'avez pas choisi ce jeu pour rien. Vous savez y jouer, affirma-t-il, tout sourire, empreint d'une bonne humeur rare.

       Voilà. Elle avait déjà la première réponse à sa question "2 en 1". Quand à la deuxième, elle était un peu plus compliquée et il prit son temps pour y répondre. Son sourire ne quittait toujours pas son visage et il se mit à pianoter sur la table en fer alors qu'il cherchait la réponse la plus adéquat.

       -J'ai fait mon métier en payant la caution. C'est à dire, libérer les criminelles. Je vous ai ainsi donné l'opportunité de fuir la justice qui vous aurait probablement condamnée. Pourquoi l'ai-je fait alors que vous m'aviez renvoyé et que je n'en tirais aucuns bénéfices? Il y a plusieurs raisons. Tout d'abord, je ne suis pas rancunier. Ensuite, j'avais besoin de retrouver votre confiance perdue pour la suite. Je l'ai aussi fais un petit peu pour embêter notre ami commun l'inspecteur. Et enfin, parce que vous m'êtes précieuse.

       William accompagna sa dernière phrase d'un sourire louche. Celui de l'homme d'affaire froid, calculateur et sournois. Il en avait besoin pour instaurer une ambiguïté à cette phrase qui était noyée parmi les autres, car c'était ça la réponse, tout simplement. Le reste ne servait qu'à masquer sa force, tandis que le sourire masquait sa signification. Alyn savait jouer à son propre jeu? Lui aussi.

       -Qu'est-ce que vous ne vouliez pas dire aux policiers? Demanda Dolan.

       Le juriste ne souriait plus. Si elle acceptait de répondre, ce qui n'était pas acquis, un sourire ferait tache. Il s'amusait bien avec Alyn mais il ne perdait pas ses objectifs de vue. Il voulait partir d'ici avec tous les éléments qui lui permettraient de gagner son procès et il devait ensuite la convaincre de ne pas fuir le jugement.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le jeudi 17 juin 2010, 10:00:19
Une petite discussion avec son ami l’inspecteur ? Ainsi il avait deviné ? Pour l’inspecteur tout du moins, parce qu’en ce qui concernait l’autre trace, celles des mains, il était impossible, aussi perspicace fut-il, que William Dolan trouve le fin mot de l’histoire avec aussi peu de renseignements. Trop de scénarii étaient envisageables avec trop de protagonistes. Sur les devants de la scène, nous avions évidemment Sam et la mère décédée. Et, en rôles secondaires méconnus du grand publique, il y avait évidemment le mari de la femme, dont Sam venait d’avouer qu’il avait essayé de la tuer, et ses fils. Disparus dans la nature. Que pouvaient bien avoir en commun des cinq personnes qui aurait eu pour macabre dénouement le meurtre de la mère de famille ? Sam le savait. Sam savait tout. Elle connaissait les preuves avancées contre elle, et si elle refusait en partie de dire ce qu’elle savait, c’est parce qu’elle était persuadée qu’ils verraient dans les marques de strangulation une autre preuve de sa culpabilité. Elle voyait ça d’ici. « Le mari vous a surprise en train de tuer sa femme et il a tout de suite essayé de vous tuer pour vous en empêcher ! » Sauf que sa femme était déjà raide depuis plusieurs heures quand il avait essayé de l’étrangler.

Quoiqu’il en soit, la délinquante n’était pas contre à ce que quelqu’un fasse au moins payer sa perversité à l’inspecteur de police. Contrairement à ce que pensait Dolan, ça n’avait pas été jusqu’au viol, ils n’en avaient pas eu le temps, mais c’était passé rasibus et les pervers agents de police avaient tout de même eu le temps de bien la tripoter. Elle en frémit d’ailleurs de dégoût à cette pensée. Sam n’était ni timorée ni pudique, mais elle aimait choisir ses partenaires et détestait qu’on lui impose quelque chose. Or là, elle n’avait pas eu le choix, ni pour l’un ni pour l’autre. Ce qui s’était passé dans cette voiture était dégoûtant, bien plus que tout ce qu’avait pu faire Sam auparavant, puisque, aussi méchante soit-elle, elle n’avait jamais été jusque là avec qui que ce soit elle. Elle n’était pas perverse, loin s’en faut. Ni même nymphomane. Elle aimait juste jouer. C’est tout. Il y a différents jeux, différents gains qui motivent plus ou moins à participer au jeu… Mais toute joueuse qu’elle était, il y avait encore énormément de limites qu’elle n’avait pas franchies. Massacrer des hommes dans un bar, leur refaire le portrait, oui. Allez assez loin pour les tuer, forcer quelqu’un… Non.

En tous cas, William semblait prendre beaucoup de plaisir à ce jeu, et Sam s’enorgueillit de dérider un avocat comme lui au point de le faire rire. Et en plus, elle avait vu juste sans le savoir ! C’était bien Maître Dolan qui avait payé sa caution. Et bien, que de chance pour cette petite dinde vivant dans une usine désaffectée… Le rire de Dolan fit s’élargir quelque peu le sourire de Sam, alors qu’elle inclinait légèrement la tête en signe d’appréciation. Proposer un jeu auquel elle n’aurait pas su jouer aurait été bête non ?

Vint ensuite la réponse que Sam n’était pas certaine d’apprécier à sa juste valeur. Les premières raisons trouvèrent plus ou moins leur sens, sans qu’elles ne représentent un grand intérêt. Par contre, elle comprit aisément que la dernière des raisons que cita le Maître était la plus importante. Elle ne saisit cependant pas la moindre ambiguïté. Pour elle, il n’y avait pas lieu d’être. A part un intérêt professionnel, ou juste curieux, Sam ne pouvait en avoir aucun. Aussi, il était évident pour elle que William s’attendait à ce qu’elle fasse quelque chose pour lui, ce qui ne sembla pas ravir la jeune femme. Ses doigts se refermèrent sur ses colliers alors que son sourire disparaissait et qu’elle les renfilait. Elle détestait qu’on la prenne pour une conne, ce qu’elle ressentait à l’instant avec William. Mais c’était à son tour de poser une question, et Sam se reconstitua un masque d’impassibilité alors qu’elle relevait la tête et croisait calmement l’une de ses jambes sur l’autre.

Attentive à la nouvelle question, le sourire de Sam revint, joint à un petit soubresaut de poitrine. Elle allait jouer sur les mots et gagner des questions. Aller droit au but n’était pas à proprement parler pour Sam savoir jouer à ce jeu, puisque les détournements étaient aisés, surtout quand, comme elle, on ne voulait pas répondre. Peut-être que si l’avocat avait continuer à gagner doucement mais sûrement sa sympathie, elle lui aurait révélé le fin de mot de l’histoire. Néanmoins, la désagréable impression de n’être considérée par lui que comme un objet dont il se débarrasserait une fois ses petites affaires terminées n’allait pas du tout dans son sens.


-La vérité, tout simplement.

Elle répondait à la question sans y répondre, sachant pertinemment que Dolan devrait être plus précis s’il voulait des réponses plus précises. Elle respectait les règles, ne mentait pas, n’éludait pas et n’esquivait pas la question. Elle restait juste volontairement vague. Et son sourire, un peu mesquin un peu satisfait, resta sur ses lèvres.

-Jusqu’à quel point comptez-vous vous servir de moi pour atteindre votre but Monsieur Dolan ?

Plus de complaisance dans les yeux de Sam. Son sourire était toujours là mais une fois encore, des petits signes de déception trahissait son apparente sérénité. Ainsi, même pour quelqu’un qui bravait le quartier mal famé de l’ancienne zone industrielle, il n’y avait rien à espérer. Une fois que l’avocat serait parti, il ne ferait aucun doute que la jeune fille s’enfoncerait encore d’avantage dans l’apathie, l’amertume et la désillusion.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le jeudi 17 juin 2010, 12:41:08
       Et bien on dirait que ça marche. Vu l'évolution du sourire d'Alyn, on pouvait dire qu'elle n'avait pas prise dans le bon sens sa déclaration. Il avait d'ailleurs tout fait pour. Cependant, cette réussite n'arrangeait pas vraiment ses affaires. Dolan devait absolument gagner sa confiance et cette question avait été un point négatif, mais sur le moment il ne voyait pas trop comment s'en sortir avec moins de casse. Ce petit impondérable ne l'empêchait pas de toujours aimer ce petit jeu, et ça même lorsqu'elle décida de ne pas répondre à sa question. Évidement, le jeu avait une faille et on pouvait agir de la sorte avec presque toutes les questions, en les éludant sans réel effort.
       Dolan se remit à sourire devant cette pirouette. C'était de bonne guerre, et de toute façon, ce jeu n'était profitable qu'à lui seul. En effet, William n'avait pas de secret pour Alyn. En tout cas, pas de secret qu'il ne serait dangereux pour lui de révéler. Les vrais secrets de Dolan ne concernaient pas l'affaire et ne viendront jamais sur la table. Toutes les questions qu'elle lui a posé, elle aurait pu le faire sans l'aide de ce jeu. Par contre, le contraire n'était pas aussi sûr, et pour cette raison, ce jeu est une bénédiction. La preuve : même avec le jeu, il peinait à lui arracher les informations.

       La question d'Alyn était si simple à contourner que ça ne devenait même plus drôle. D'ailleurs, elle ne voulait rien dire, ça ressemblait plutôt à une remarque, une façon d'exprimer sa déception. Quoiqu'il en soit, le jeu tournait toujours et il fallait bien donner une réponse, non?
       William n'avait pas besoin de se débarrasser de la question. Ce n'était pas le but du jeu. Cependant, pour répondre à une question aussi vague il fallait s'attarder sur chaque détail de cette dernière, car la question impliquait une affirmation fausse: Dolan ne se servait pas d'elle pour arriver à ses fins. Mais admettons... Finalement, tout le monde se sert de tout le monde. Donc admettons que cette conversation ne soit qu'une manipulation pour faire cracher le morceau à la jeune fille. Dans cette optique, le but serait donc d'obtenir les éléments nécessaires à sa libération, et dans une vision plus générale: la libérer. La question ainsi reformulée serait donc: A quel point William compte manipuler Sam pour lui faire cracher le morceau?

       -La question est imprécise jeune fille, avertit Dolan. La réponse ne fera que vous embrouillez... comme la précédente d'ailleurs. - Il fixa son regard intense et froid dans les yeux de son interlocutrice – Aucune limite.

       C'était sa réponse. Pas de limites, il n'y en a jamais avec Dolan. Maintenant, il fallait voir si Alyn avait prise en compte son avertissement, car dans le cas contraire la conversation risquait de s'arrêter là. Au cas où la jeune fille ne se levait pas pour lui demander, avec courtoisie, de foutre le camp d'ici, William posa sa question.

       -Qui as tué la victime dont on vous accuse le meurtre?

       Si Sam voulait qu'il y aille par petit bout, ainsi soit-il. Malheureusement, elle risquait d'être à court de questions avant lui, s'il optait pour cette méthode. Mais, il était bien obligé puisqu'Alyn esquivait les questions vagues.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le jeudi 17 juin 2010, 14:42:01
Un large sourire, quoique pour le coup vraiment ambigu, vint orner les lèvres de la jeune femme. Pourquoi souriait-elle ainsi ? Avec des airs satisfaits, amusés, mais également emprunts d’une malice complètement inappropriée dans une telle situation ? A question simple, réponse simple comme le montrait leur jeu. Et la réponse à son sourire n’était autre que celle que William venait de lui fournir.

-Réponse idéale…

Commenta-t-elle alors qu’elle souriait de plus belle. Il n’y avait rien de pire, ou presque, que les gens qui ne prenaient pas la peine d’aller jusqu’au bout des choses. Et si William avouait qu’il n’avait pas de limites, Sam pouvait en conclure qu’il ne se laisserait pas décourager au premier obstacle, et donc qu’elle pourrait s’amuser à lui mettre autant de bâtons dans les roues qu’elle le voudrait. Oui, voilà qui était excellent et très prometteur. La jeune femme acceptait de se prêter aux tests de Dolan, mais ils ne pourrait les faire sans lui-même accepter de se soumettre à ceux de Sam. Et le jeu promettait d’être on ne peut plus divertissant.

Alors que l’éclat des yeux grisés de Sam faisaient échos à ceux émeraudes de William Dolan qui ne semblait pas décidé à vouloir détourner le regard le premier, la tête portant les yeux de glace s’inclina légèrement sur le côté. Elle se mit à comparer les deux parties prises du jeu en cours. Dans sa tête résonnait la voix d’un présentateur de match de catch ainsi que les hurlements d’une foule fictive. « Ding ding ding ! A ma gauche, William Dolan, Avocat verreux de son état, toujours propre sur lui et à l’air impénétrable d’un serpent endormi! Mais gare à l’eau qui dort ou il pourrait vous en cuire ! A ma droite, Sam la Grunge ! Sulfureuse et scandaleuse, attention à ne pas marcher sur la queue de cette tigresse, ou sur les lacets dépassant de ses chaussures, ou vous finirez en charpie ! Ces deux titans vont à prés… »

Le film mental qui défilait devant les yeux de la jeune femme prit soudainement fin, interrompu par la voix du Juriste qui posait une nouvelle question. Comme semblant sortir d’un lac après une longue séance d’apnée, Sam inspira un grand coup et cligna des yeux rapidement plusieurs fois, se redressant et secouant légèrement la tête.


-Pardon ?

Elle ferma les yeux et inspira un grand coup, avant de lever son index, signe visant à demander à Dolan de patienter quelques instants.

-Le vrai coupable… Oui.

Calmée et réintégrée dans l’ambiance du jeu, ses yeux se rouvrirent d’un coup, retournant s’ancrer dans ceux de l’avocat.

-Celui dont mon cou porte la marque.

Un petit sourire, retenu cependant, revint se hisser sur la bouche de la délinquante. Ils étaient deux à avoir imposé leur marque dans le cou de la jeune fille. Le mari, authentique meurtrier, et l’inspecteur. Partant de là, si on se disait que l’homme de loi était blanc comme neige dans cette affaire, le choix du coupable était vite fait. Sauf… Sauf que l’inspecteur n’était pas blanc comme neige. William le soupçonnait déjà d’avoir violé Sam, du reste c’était lui qui l’avait arrêtée et lui encore qui manifestait un désir très vif de la voir condamnée à mort. Elle faisait donc pour lui un bouc émissaire de premier choix. Alors que le mari n’était même pas venu porter plainte contre elle. Néanmoins se posait la question des mobiles. Et là… Que ça soit de l’inspecteur ou du mari, avec les éléments qu’avait Dolan, la question restait entière…

On notera aussi l’utilisation de la formule directe « dont mon cou porte la marque », en supposant que Sam calcule suffisamment bien son coup et ses paroles, on peut voir ça comme un indice supplémentaire à savoir que les mains de l’authentique meurtrier sont directement visibles, donc que le cou de Sam porte directement ses empruntes, alors que l’inspecteur lui avait utilisé une corde et que c’était cet objet qui avait laissé sa marque. Effectivement, c’était le but de Sam. Mais c’était plutôt tordu, et sans douter des capacités intellectuelles de l’avocat, Sam resterait très impressionnée s’il déchiffrait cet indice comme tel du premier coup. Ou alors, peut-être qu’il était comme elle, on ne peut plus friand d’énigmes et de jeux d’esprits, ce qui était loin d’être impossible.

Sam se décida à baisser les yeux alors que son sourire s’élargissait de nouveau. A elle de poser une question.


-Pourquoi mon dossier et pas celui d’une autre personne ?

Pas de piège cette fois, juste de la curiosité.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le jeudi 17 juin 2010, 15:56:10
       William soupira alors qu'Alyn lui donnait sa réponse. Pas qu'il n'en était pas satisfait, mais parce que notre pauvre avocat n'est pas Sherlock Holmes. Et à l'instar de ce personnage il n'allait pas analyser la réponse de Sam à la loupe pour déceler dans la syntaxe un indice qui lui donnerait l'identité du meurtrier. L'erreur est humain, et la jeune fille aurait très bien pu aller un peu vite dans sa prononciation sans vouloir laisser d'indice. Non, William ne s'arrêta pas sur ce genre de petit détail, à part quand il regard un bon film policier où chaque indices comptent. "Mmmmh, nous avons trouvé dans le building de monsieur Dolan de la rouille provenant de cages ainsi que des poils d'animaux. Il fait donc du trafic de bêtes sauvages prohibées. Élémentaire mon cher Watson" "C'est cela, oui. C'est cela...". Dans la vraie vie, c'est un peu différent, il y a tellement d'explications pour toutes choses... Donc en résumé, l'avocat ne tirait rien du petit indice que Sam lui avait laissé; En revanche, il doutait franchement à la base, que le policier puisse tuer quelqu'un. C'était une chose de faire passer ses pulsions sur une fille sans défense, mais de là à tuer... D'ailleurs, quand on y pense, l'inspecteur avait insister pour faire la déposition de Sam. Un comportement qui aurait été stupide s'il avait été le meurtrier. En générale, l'attitude de l'inspecteur ne collait pas avec le fait qu'il soit l'assassin. C'était donc le mari.

       L'avocat avait l'impression que le stock de questions s'amenuisait du côté d'Alyn. Ou alors, elle suivait un schéma qui lui échappait. Pourquoi son dossier? Cette question était très proche de : Pourquoi avoir payez sa caution? Or, s'il lui donnait la même réponse ça n'allait peut-être pas lui plaire. Un peu d'originalité, que diable!

       -Je n'aime pas abandonner une affaire même lorsqu'elle m'a été imposée. Au début, c'est la publicité qui m'intéressait mais seulement parce que je pouvais perdre de la crédibilité si je ne gagnais pas. Maintenant, que vous m'avez libérez de mes obligations, cette motivation n'a plus lieu d'être. Pourquoi pas un autre dossier? Par ce que je me fous éperdument des autres, tout simplement.

       Pour plus de précision, elle n'avait qu'à se référer à la réponse de sa première question. Quoiqu'il en soit, William ne voyait pas trop l'intérêt de cette question. Il espérait ne rien avoir raté dans sa signification, mais il lui semblait bien qu'elle s'approchait trop de sa première question. Le juriste haussa les épaules et réfléchit à sa propre question. Le plus difficile était de faire des questions qui ne fassent pas de ramifications comme la précédente. Une question qui l'éclaire au lieu de le faire douter. Une question qui limite les hypothèses au lieu de les multiplier.

       -Pourquoi celui qui a laissé les marques de main sur votre cou, a essayé de vous tuer?

       Avec cette question il confirmait sa théorie, ou pas, et avançait à petit pas. Mais, William n'était pas sorti de l'auberge. Ses théories étaient plutôt timides et sujettes à beaucoup de "si". En effet, William étant d'un naturel méfiant, il ne disait pas amen à tout ce que lui racontait Alyn. Il y avait fort à parier qu'elle lui disait la vérité maintenant, mais pour ce qu'elle lui a révélée au commissariat, rien n'était moins sûr. Elle avait tendance à provoquer les gens et les pousser à bout. Mais de la à mentir? William ne la connaissait pas assez bien pour prendre position sur ce sujet. Ou alors, plus que des doutes c'était peut-être un espoir. L'espoir qu'Alyn n'est pas véritablement couchée avec les deux fils de la victime. Étrange qu'il pense toujours à ce petit détail, non?
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le jeudi 17 juin 2010, 16:38:39
En effet, la question de Sam était proche de la précédente, mais William ne satisfaisait toujours pas la curiosité de la jeune femme. Elle voulait savoir ce qui rendait son dossier intéressant pour lui, en quoi elle était précieuse. Ce que ça pouvait bien lui faire qu’elle aille moisir en prison ou pas… C’était ça qu’il fallait comprendre à sa question, mais sans doute l’avait-elle mal formulée. Tant pis, elle changerait son fusil d’épaule et laisserait cette question sans réponse. C’était frustrant, mais qu’importe. Elle savait pertinemment que ça ne l’empêcherait pas de trouver le sommeil.

Avec une lenteur qui entrait en parfaite contradiction avec la contrariété qui assaillait Sam, la jeune femme croisa les bras sur sa poitrine, se laissant aller dans le dossier de son fauteuil. Soit, point la réponse qu’elle espérait mais en jouant à la plus maligne, ça n’avait rien d’étonnant que William joue au malin lui aussi.

S’en suit une autre question qui rappelle de pénibles souvenirs à Sam, qui pourtant ne tressaillit même pas. Elle ne cilla pas non plus alors que des flash passaient devant ses yeux. Elle, qui commence à manquer d’air. La poigne d’un homme mur autour de sa gorge, qui la maintient contre la tôle rouillée d’une vieille usine pas très loin… Elle n’est d’ailleurs pas encore retournée dans ce coin là, craintive à l’idée qu’il se reproduise la même chose. Elle n’avait dû son salut cette fois qu’à l’intervention de deux de ses « amis » qui étaient arrivés par derrière son agresseur et l’avaient assommé alors que le corps de Sam s’était affaissé, et qu’il s’apprêtait à terminer ce qu’il avait commencé. Ses amis l’avaient ensuite récupérée et emmenée chez elle, et avaient laissé son agresseur dans la zone indus. Sam ne savait pas ce qu’il était devenu, du reste elle s’en fichait. Tout ce qu’elle savait, c’était que quelques heures après, elle se vautrait en rollers et permettait ainsi à l’inspecteur de la tabasser avec sa matraque. Quant à ce qui s’était passé avant…


-Il voyait un danger en moi.

Toujours rien de très clair. Sam détourna la tête. C’était très humiliant de repenser à ce qui s’était passé ce soir là. Ca aurait dû être une soirée comme les autres. Sam aurait dû voir l’aîné des deux frères tant que leur mère n’était pas là. Elle n’avait jamais aimé Sam. Comme n’importe quel parent en fait. Elle se plaisait bien d’ailleurs pourtant avec ce petit fils de bourges. Ca devait être pour ça que leur relation devenait « régulière ». Ils avaient joué un peu aux jeux vidéos. Et puis tout s’était enchaîné. D’une façon horriblement glauque et malsaine.
Sam se secoua mentalement et chassa ces flash de ses yeux, où pourtant les images semblaient imprimées sur sa rétine. Elle afficha un petit sourire et ses bras et ses jambes se délièrent. Sa main trouva la table à laquelle elle s’agrippa quelque peu.


-Quels sont les grands criminels avérés desquels on vous doit la sortie de prison ?

Une question complètement hors sujet. Tout simplement parce que Sam s’était lassée et avait lâché le morceau, contrairement à Dolan qui avait encore beaucoup de choses à apprendre concernant cette affaire. Autant s’intéresser à l’avocat donc. Elle était patiente quand elle le voulait, et se disait naïvement qu’elle parviendrait peut-être à lui tirer les vers du nez s’ils venaient à se revoir.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le jeudi 17 juin 2010, 18:05:04
       Crache le morceaux bordel! Quoi ce n'est pas une question? Mince alors. C'est pourtant ce que l'avocat mourrait d'envie de lui dire en ajoutant une nouvelle marque à son cou. Heureusement, qu'il avait tout le temps nécessaire et qu'il n'était pas dérangé... Aussitôt dit, aussitôt fait. L'avocat sentit la poche intérieure de sa veste vibrer périodiquement. Le portable n'avait même pas eu le temps de sonner une troisième fois que William l'avait sorti de sa poche, avait regardé de qui il s'agissait et l'avait éteint sans autre forme de procès. Il mit le téléphone dans la poche de son pantalon, avec le petit objet circulaire dont il n'avait plus l'utilité. Puis, sans prendre en compte cette interruption, il écouta patiemment la question d'Alyn.

       Il avait vu juste, elle n'avait plus vraiment de question à lui poser sur l'affaire puisqu'elle dérivait sur un sujet plus personnel. Un terrain un peu plus dangereux pour William mais là, il semblerait qu'il soit passé à travers les mailles du filet. L'information qu'elle lui demandait n'était pas un secret. Tout le monde dans le domaine du droit connaissait la réponse à cette question. Cependant, William était un peu joueur. Il afficha un air feignant l'étonnement comme s'il ne comprenait pas ce qu'elle voulait dire.

       -Des criminels? S'offusqua-t-il. Tous mes clients sont d'une honnêteté irréprochable et c'est pour cela que la justice, dont je salue la clairvoyance, les a libérée.

       Une fois sa petite comédie terminée, il esquissa un sourire. William ne se le cachait pas, il était très fier de ce qu'il faisait et contourner la loi était pour lui un sport ludique et enorgueillissant. Enfin, ce qu'il venait de dire, c'est ce qu'il aurait répondu à des journalistes curieux, mais là, il s'agissait d'Alyn. Ce n'est pas qu'il lui faisait confiance, mais à qui irait-elle raconter ça?

       -Plus sérieusement, commença-t-il d'air un peu plus grave. Le tout premier était un Yakusa du nom d'Ajiro. C'est celui qui m'a permis d'étendre mon influence et qui a commencé ma réputation, bonne dans le milieu du crime et mauvaise selon l'opinion publique. Maintenant, mon cabinet réunit tout une batterie d'avocats et si tu veux une liste de toute la vermine qui a échappée à un juste châtiment, cela risque de prendre pas mal de temps.

       Avec nonchalance, William balança quelques noms au hasard. Ceux qui lui revenaient à l'esprit et qui faisaient partis des gros bonnets. Quand à sa propre question il y avait déjà réfléchit. Il fallait maintenant accélérer les choses, car il se doutait bien que Alyn, lassée, mette bientôt un terme au jeu. Il avait donc décidé de tenter quelque chose et tant pis si ça ne fonctionnait pas. De toute façon, il comptait bientôt passer à la phase deux du plan, quitte à revenir sur le sujet plus tard.

       -Et si vous me racontiez toute l'histoire depuis le début?

       "D'accord", "ok", "oui", "non", "va te faire voir". C'était un peu toutes les charmantes possibilités de réponses qui tendaient désespérément les bras à la jeune fille. Cependant, William est un avocat. Son boulot, c'est de feuilleter les grimoires de la très sainte institution, qu'est la justice, et de trouver des textes de loi ambigüe afin de libérer quelqu'un qui ne mérite pas de l'être. Trouver des preuves, c'est bon pour les flics, et tirer les vers du nez, c'est bon pour les tortionnaires. Même s'il avait quelques compétences dans ce domaine, il doutait franchement qu'Alyn soit ravie de les expérimenter. Si William voulait simplement une confession, il aurait assommé la petite peste et mise dans le coffre de sa voiture. Il en a les moyens bien entendu. Seulement, il voulait aussi qu'elle assiste au procès.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le jeudi 17 juin 2010, 19:26:37
Et voilà qu'il lui jouait la comédie... Au moins, cette réponse dérisoire avait eu le mérite de faire sourire la jeune femme. Elle n'entendait rien ni à la politique ni à la justice, connaissait moins de la moitié des 10 Commandements, quoiqu'elle était aisément capable de citer "Tu ne tueras point", avait dit le papi éternel avec sa grande barbe blanche, et du reste elle était loin de s'intéresser à tout ça. Néanmoins, savoir quel genre d'énergumènes William Dolan pouvait faire libérer lui permettait de mieux se rendre compte de son niveau sur la chaîne "alimentaire". Et apparemment, bien qu'elle n'ait jamais eu la prétention d'arguer le contraire, elle était bien loin de la tête de la chaîne... Elle devait être quelque part entre le commun des mortels et ceux qui en paient d'autres pour tuer les gens. A peu de chose près.

Elle remarqua, non sans une certaine surprise d'ailleurs, que l'avocat l'avais tutoyée. Marrant. Peut-être une demi-heure, ou plus même, qu'ils discutaient et qu'ils en étaient encore au vouvoiement, alors que Dolan était passé à la seconde personne du singulier spontanément. Elle masqua un faible sourire derrière ses doigts, qui ne tarda pas à s'évanouir rapidement cependant.

La question de l'avocat ne la surprit pas. C'était trop de bribes cédées. Il voulait la version longue, en avait marre des extraits et trailers. Ce qu'il voulait, c'était le film en entier. Mais pouvait-il le regarder? La tête de Sam s'inclina sur la gauche, elle ne disait toujours rien, se contentant de le fixer avec intensité, puis bascula sur la droite. Elle réfléchissait, le jaugeait.
Et puis, un profond soupir. Le soupir d'une bête qui rend les armes. Le soupir de quelqu'un qui déclare forfait. Sam baissa les yeux et se recela dans le dossier de son siège.


-Et si vous en restiez au tutoiement avec moi?

Elle releva brièvement les yeux vers Maître Dolan, avant de se redresser. Avant de lui dire quoique ce soit, elle tenait à poser ses conditions, et pas n'importe lesquelles.

-Je vais tout vous dire. Par contre, vous ne devrez rien laisser filtrer.

Elle ne craignait pas qu'il en parle à son prochain avocat, puisque n'ayant pas les moyens de s'en payer un autre que celui commis d'office, Sam avait décidé d'assurer elle-même sa défense. Suicidaire, sans doute. Mais elle préférait passer pour telle plutôt que pour autre chose.

-Et ne me mettez plus jamais devant le fait accompli.

Elle parlait évidemment de l'incident qui avait conduit Sam à renvoyer William, celui d'aller convoquer les policiers sans lui demander son avis pour la faire parler sous la pression. Sam détestait ça... A un point qu'il n'était pas facile d'imaginer, et encore moins à expliquer. Raison pour laquelle son visage ne riait plus du tout. Elle était sérieusement effrayante quand elle fixait quelqu'un comme ça. Un regard de tueur, sournois, vil... Du moins, quand elle se mettait à observer quelqu'un avec cette tête là, ladite personne se taisait et s'acharnait à mettre le plus de distance possible entre lui et Sam. Cette dernière détourna du reste son regard de celui de l'avocat pour observer ses doigts pianoter nerveusement sur la table.

-J'avais... Une relation, avec l'aîné des deux fils. Lui et moi, on s'entendait bien. Très bien même. Du coup, il y a de ça environ deux mois, on a décidé de se mettre ensemble. Au début, on se voyait quand il avait pas cours. A sa fac, ou encore dans les cafés. Et puis, comme ça devenait sérieux, on a décidé de se voir aussi chez lui. Jamais chez moi.

Elle redressa la tête en s'interrompant deux minutes, lançant un regard éloquant à l'avocat, sous entendant "Vous devez comprendre pourquoi, qui voudrait savoir que la fille avec laquelle on est habite seule dans la zone indus?". Et elle reprit.

-Sa mère ne m'aimait pas, son père était poli et son petit frère s'en moquait. Il y en avait pour tous les goûts. Enfin bref... On se voyait de plus en plus souvent, c'est pour ça que y'a des traces de moi partout dans la maison. Comme des fois je restais dormir, il me laissait utiliser les trucs de sa mère genre la brosse à cheveux. On prévoyait pas toujours les fois où je restais...

Souvenir relativement heureux, elle sourit, amusée et nostalgique à la fois, en profitant pour reprendre son souffle et poursuivit.

-Le soir où ça s'est passé, on a été dans sa chambre. On a joué aux jeux vidéos. Et puis il m'a dit qu'il avait une surprise pour moi. J'aime pas les surprises mais bon... A ce moment là, son frère est entré. Je lui ai demandé quel rapport entre son frère et une surprise?

Un pseudo éclat de rire désabusé, elle baisse les yeux et détourne la tête.

-Il m'a dit, texto, que la petite coquine que j'étais ne cracherait certainement pas sur un plan à trois... Sauf que... Déjà l'inceste, ça me donne envie de vomir. Et les plans à trois, c'est vraiment mais alors vraiment pas mon truc. Sans oublier le fait que j'étais hyper déçue. Je pensais compter assez pour qu'il soit récalcitrant à l'idée que je couche avec d'autres que lui, mais non. Pauvre fille naïve... Bref. J'ai voulu m'en aller. Ils m'ont entravé les mains et attachée.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, sa voix ne trahissait aucune émotion. Elle était juste blasée de devoir parler de tout ça, vu qu'elle aurait largement préféré tout garder pour elle et oublier cette histoire.

-Hem... Ils ont commencé à faire ce qu'ils avaient à faire, sans oublier de me baillonner au cas où puisque je commençais à leur crier des injures et que j'allais leur refaire leurs petites faces de rats s'ils arrêtaient pas, quand la porte de la chambre dans laquelle on était s'est entrebaillée. Les deux frères ont rien vu, ils étaient penchés sur moi. Mais moi je l'ai vu. Le père était derrière la porte. Et il nous regardait. Je croyais qu'il viendrait m'aider en me voyant en train d'essayer d'envoyer des coups à ses fils. Mais non... En fait, il a juste baissé son pantalon et s'est mis à se masturber.

Charmant tableau, n'est-ce pas? Enfin... A croire que les fils avaient de qui tenir question perversion. Sam semblait tellement désabusée pour une femme si jeune... C'en était effrayant.

-Et puis... Leur mère est rentrée. Personne ne l'avait entendue. Elle a surpris d'abord son mari, et ensuite ses fils. Je ne sais pas exactement comment elle a réagi, j'ai juste entendu son mari lui dire qu'il allait lui expliquer... Et puis il y a eu un bruit de chute. Entre temps, les deux frères s'étaient arrêtés et commençaient à me détacher. Moi je pensais qu'à me tirer de cette maison de fous... Et puis j'ai entendu un gémissement. Comme les deux frères en fait. Et des bruits de coups. Horribles, attroces...

Sam ne l'aurait jamais avoué, mais là elle avait eu la trouille. D'ailleurs, ça devait être perceptible à l'expression de son visage alors que le film défilait devant ses yeux au fur et à mesure qu'elle en parlait.

-Je voulais sortir par la fenêtre, j'avais même commencé à l'ouvrir, quand le mari a fait irruption dans la salle. Il m'a attrapée par les cheveux et tirée en arrière pour m'empêcher de m'en aller. Les deux frères étaient des pervers, mais pas des meurtriers. Eux aussi avaient la trouille de leur père. Alors ils ont essayé de calmer le jeu. Moi j'en ai profité. Je me suis sauvée... Je ne voulais pas rentendre les bruits de coups... Alors j'me suis précipitée hors de la chambre, j'ai dévalé les escaliers et je suis sortie. J'ai vu le corps de la mère étendu en bas... Y'avais du sang partout... J'ai même pas vérifié si elle était encore en vie, je suis partie en courant. Vers chez moi. Vers ici.

Un frisson lui remonta le long de la colonne vertébrale, la faisant légèrement trembloter l'espace d'un instant.

-J'étais presque arrivée par ici, j'avais encore quelques détours à faire quand il m'est tombé dessus. Il est arrivé par derrière, j'ai juste senti ses mains se refermer autour de ma gorge et serrer... Serrer encore. Mon dos a été collé contre la surface froide de tôle d'une des vieilles usines. Et je suis tombée dans les vappes. Enfin presque. Je sais que deux gars sont arrivés, ont assomé le type qui m'étranglait et m'ont ramenée chez moi. Ils se sont pas embarrassés, ils sont repartis tout de suite après. Moi j'ai réccupéré comme j'ai pu, et c'est quand je remettais le nez dehors que votre ami m'est tombé dessus, et que j'ai eu droit au reste... Voilà, vous en savez autant que moi...

Enfin presque. Elle avait tu qu'elle connaissait les deux types qui avaient assomé le troisième et lui avaient sauvé la vie. Elle ne voulait pas mêler ses sous-fifres à ça. Ils avaient déjà été assez chouettes pour lui éviter de crever comme une chienne, elle n'allait pas en plus les faire tremper dans son histoire complètement glauque... Quant à son refus de parler auparavant, elle n'estimait pas utile de préciser que c'était à cause des commentaires qu'un témoignage pareil susciterait. Par exemple, le fait qu'elle n'ait pas voulu du rapport à trois. Ou encore comment elle expliquait qu'un fils de bonne famille se soit réellement intéressé à elle? Autant de questions auxquelles elle n'avait pas la réponse, mais qu'elle ne voulait absolument pas se voir posées.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le jeudi 17 juin 2010, 21:38:14
       Ça pour une histoire glauque, c'est une histoire glauque. William était resté impassible pendant toute la durée du récit, ne trahissant aucune émotion, même s'il se trouve qu'il en avait. Pas de peine, ou de pitié, mais beaucoup de haine. Il la sentait monter en lui, s'insinuant comme un venin dans ses veines, lui murmurant des promesses de violence et vengeance. Cette haine se voyait dans ses mires vertes qu'il laissait fixer sur Alyn. William avait bien envie de voir ces trois hommes mourir, mais ce ne sera pas pour cette fois. Il s'était posé la question de savoir où pouvait bien être passé le père et les deux fils. Où donc ces prétendus témoins avaient-ils pu aller? Ils avaient fuis bien sûr. Le père avait tout d'abord essayé d'étouffer l'affaire en tuant le seul témoin de la scène, Alyn. Il avait sans doute prévu de faire disparaître le corps et la faire accuser du meurtre. La jeune fille restant introuvable, l'affaire n'aurait jamais pu être élucidée. Un très bon plan, c'est ce qu'aurait fait Dolan aussi. Cependant, ce plan parfait avait échoué et la seule solution qui lui restait était de fuir aussi loin que possible avec ses fils ou peut-être même tout seul.

       Dolan était surpris qu'Alyn lui fasse assez confiance pour lui révéler tout cela. Une confiance qu'il ne trahira pas bien entendu. Il lui fallait retrouver le père maintenant, ou bien ses fils. C'était le seul moyen pour que la jeune fille n'ait pas à raconter sa mésaventure à la cour. Bien sûr, cette dernière voudra l'entendre et son refus catégorique jouera en sa défaveur, mais ça n'avait pas d'importance si Dolan lui apportait le véritable coupable. Enfin... Ce n'était pas lui qui allait lui courir après bien entendu. Pour cela, il avait ses employés qui se ferait une joie de le ramener sans l'abimer plus que nécessaire ; tant qu'il est vivant et entier. Ça ne devrait pas être trop compliquer. Un père de famille... Qu'est-ce qu'il connait à la cavale? La piste qu'il avait laissé derrière lui devait se voir aussi bien que le nez au milieu de la figure. William ne semblait pas excessivement optimiste en supposant qu'il l'attraperait en peu de temps. Et pour ce dernier, c'était la peine capitale. Pour les deux fils, la sentence sera un peu plus légère, mais il y a toujours moyen de s'arranger.

       Maintenant, il fallait convaincre Alyn de se présenter au procès. Dolan n'avait pas besoin d'elle pour faire inculper les trois hommes, mais elle était nécessaire pour la blanchir totalement. Ce qui est - même si l'avocat semblait l'avoir oublié - son objectif initial.
       William mit un certain temps avait de parler. Il pianotait sur la table, l'esprit dans le vague, réfléchissant à la manière dont il allait s'y prendre pour sa chasse à l'homme. Au bout d'un moment, il fixa Alyn avec une expression mitigée. Il aurait voulu lui dire combien il était désolé pour tout ce qu'elle avait subi. Il aurait même bien voulu la réconforter, car même la plus forte des femmes ressort marqué au fer rouge d'une expérience comme celle-là. Malgré cela, il restait là sans bouger, incapable de la moindre compassion.

       -Heureusement que les deux gars était là pour t'aider. Les jeunes du quartier m'ont l'air très serviables, fit-il pince-sans-rire.

       Il lui jeta un regard éloquent qui montrait qu'il n'était pas dupe et qu'elle ne lui avait pas tout dit à ce sujet, mais un demi sourire vint lui assurer qu'il n'avait pas besoin de le savoir.

       -Au fait, tu peux me tutoyer si tu veux. Je sais que ça ne se voit pas mais j'ai 26 ans après tout.

       William se leva de sa chaise et commença à faire les cent pas dans la pièce. Il fronça les sourcils d'un air embarrassé et remit ses lunettes en place. Raaah! Voilà pourquoi il déteste s'occuper des innocents. Avec les coupables, il est bien plus détaché. "Hey Dolan! je viens massacrer une dizaines de mecs qui me devaient du blé. Tu comptes me faire sortir en plaidant la légitime défense ou le suicide collectif. Ahahahah!". Très drôle... Mais au moins, ça ne parvenait pas à le toucher. En effet, les histoires dramatiques sont beaucoup moins tristes lorsque tu es du bon côté du révolver. Oh bien sûr, William avait parfois des remords mais il se consolait en agitant ses billets durement gagnés. Alors qu'ici, seule la valeur morale de l'affaire motivait Dolan et pour qu'une telle récompense fonctionne il fallait qu'il s'ouvre, qu'il absorbe la douleur pour exulter au moment de la vengeance. Par vengeance, il entendait, bien sûr, "la sanction de la justice" mais tout le monde l'appelle comme il veut. Pour tout dire, l'avocat n'était pas habitué à cela. Il n'était pas fait pour ça. Et de toute façon qu'est ce qu'il pouvait bien faire? "Tiens Sam, prends mon épaule pour pleurer et sache que je serais toujours là pour toi". Et vas-y que je tapote le dos en donnant des Kleenex. Pitié... Rien que d'y penser, il avait envie de vomir. Ce genre de chose c'est bon pour les petits minets, mais pas pour Dolan.

       Il se décida finalement à faire face à la jeune fille et s'approcha d'elle. A défaut de la consoler, il opta pour un ton apaisant où perçait une haine contrôlée... Une promesse.

       -Je vais m'occuper de tes agresseurs... Tous. Ça ne changera rien à ce qui s'est passé mais c'est agréable. Crois-moi.

       La vengeance ne résout rien. Elle n'efface pas les peines et les soigne encore moins, mais ça fait du bien. Les pacifistes peuvent protester autant qu'ils veulent. On ne pouvait pas nier éprouver une joie sauvage et bestiale lorsque la personne qui nous à fait souffrir, partage toute l'étendue de nos souffrances et la comprend...
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le vendredi 18 juin 2010, 00:43:14
Plus son récit avançait, et plus Sam voyait la haine gagner en intensité dans les pupilles si joliment vertes de William. Elle se demandait, du moins une voix timide dans sa tête le faisait, si cette haine lui était destinée à elle. Et cette petite voix, lointaine, en cherchait encore les raisons. Certes, ce qu'elle avait fait était mal... La non assistance à personne en danger peut-être? C'était peut-être ça... Oui, c'ét... La petite voix se tut, chassée à grands coups de pieds dans le train par l'imposante volonté de Sam, qui n'entendait pas se laisser distraire par ce genre de réflexions stériles. Elle s'était pourtant promis de ne plus jamais se prendre la tête. Et elle tiendrait cette parole. De toutes façons, les sentiments et autres fanfreluches du genre étaient faîtes pour les midinettes qui n'avaient rien d'autre pour occuper leur triste et ennuyante mais surtout vide petite cervelle. Celles qui tombaient amoureuses, c'était pur, ça les élevait... Sam, elle, le peu de fois où elle a ressentit ce genre de trucs, ça lui faisait le même effet que lorsqu'on lui retirait une chaise de sous elle alors qu'elle allait s'assoir, et ses fesses rencontraient durement le sol. C'était chacun son truc de toutes façons, toutes ces donzelles empruntes de bons sentiments n'avaient rien à voir avec elle, il fallait s'y faire.

C'était d'ailleurs autant un bien qu'un mal, puisque si Sam n'était pas comme elles pour les bonnes choses, elle n'était pas non plus comme elles pour les mauvaises choses. Aussi, si ça lui arrivait d'être perfide et sournoise, elle n'utilisait jamais la bassesse dont les femmes pouvaient être capables. La seule chose qu'elle s'autorisait était les coups dans les testicules si atteinte à sa personne il y a. Pour le reste, elle était aussi franche que peut l'être un homme et aussi forte, avec la tête aussi froide. Le caractère de Sam était donc à double tranchant, quoique la partie la plus exposée étant la plus problématique...

Le manque de réaction de Dolan à la fin de son récit la conforta dans son hypothèse erronée selon laquelle sa haine était dirigée contre elle. De même que la petite "blague" qu'il lança concernant la chance qu'elle avait eu, qu'elle interpréta à tort comme un regret de la part de l'avocat qu'elle ne décède pas entre les mains du mari de la victime. Elle n'en montra rien, mais elle était vexée. Elle venait de lui offrir la version exacte des faits qu'il avait si durement lutté à obtenir et il ne trouvait rien de mieux à faire que de se moquer et de ne la traiter que comme un sujet risible, dont l'existence n'avait finalement aucune espèce d'importance.


-D'accord...

Répondit-elle simplement à l'offre de Dolan pour le tutoiement. Elle l'observa ensuite faire les cent pas, se demandant à quoi il pouvait bien penser. Elle se demandait aussi en fait pourquoi était-il encore là. Il avait eu ce qu'il voulait non? Alors pourquoi ne s'en allait-il pas?

C'est une mine perplexe qu'elle leva dans la direction du juriste lorsqu'il lui affirma qu'il s'occuperait de ceux qui l'avaient agressée. Nouvelle interrogation. A quoi s'attendait-il maintenant? A ce qu'elle exulte? Qu'elle lui saute au cou et le remercie en pleurant dans son cou que ça avait été horrible et qu'elle ne voulait plus jamais que ça lui arrive? Non. Tout comme Dolan n'était pas du genre à donner des kleenex, Sam n'était pas du genre à les réclamer.


-Je te crois... Mais je ne suis pas sûre d'en avoir envie.

Déterminés, les yeux de la jeune fille s'ancrèrent une fois de plus dans les pupilles d'un vert si intense de l'avocat.

-Le plaisir que je pourrai tirer d'une telle vengeance ne vaudra jamais le désagrément que me causeront toutes les réflexions qui l'entoureront. Je les entends d'ici... "Qui pourrait vouloir d'elle? Un jeune homme de bonne famille... Une catin, voilà ce qu'elle est... Et menteuse avec ça! Horrible perfide... Perverse et trompeuse!" Dois-je continuer ou as-tu saisi l'idée, Maître Dolan? Quoique tu fasses, quoique tu prouves, j'aurai toujours à subir leurs quolibets et leurs insupportables braillements et  insultes... Je préfère qu'ils courent, ou pas d'ailleurs peut-être sont-ils morts... Mes secouristes ont laissé le corps assommé dans la zone, s'il a encore tous ses organes c'est qu'il a une chance inespérée... Plutôt que de me retrouver face à une foule plus importante que je ne pourrai le supporter. Il y a des limites à ma bonne volonté...

Ses yeux toujours dans ceux de l'avocat, elle ne suppliait pas. Elle énonçait. Après tout, elle venait de lui révéler toute l'affaire, où était le mal à maintenant lui confier les raisons pour lesquelles elle n'avait jamais voulu dire la vérité? Et la vérité, c'était que Sam se moquait bien de ce qu'on pouvait penser d'elle. Ce qui la faisait enrager, c'était qu'ils portent aux nues des hommes méprisables. Elle n'était certes pas une colombe, loin de là, mais elle n'était pas foncièrement mauvaise. Oui, elle se batait et elle volait. Mais en dehors des grosses sociétés et des pilliers de bar un peu trop collants, elle ne faisait de mal à personne elle...
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le vendredi 18 juin 2010, 17:59:53
       Alors c'est pour ça? Depuis le début sa hantise est d'affronter le regard des autres. Elle ne supporte pas qu'on la prenne pour ce qu'elle n'est pas et qu'on la rabaisse à partir des préjugés. Dolan n'aurait pas imaginé ça, sans doute parce qu'il n'a jamais été dans son cas. Il a toujours été dans les hautes sphères de la société et les seuls préjugés qu'il subit ne sont pas pour lui déplaire : le méchant Dolan n'a pas d'âme et ne ressent rien. Ça, ça le fait bien rire. Mais dans le cas d'Alyn c'était un peu plus complexe à supporter. En fait, elle est beaucoup plus sensible qu'il ne l'avait imaginé. Bien sûr, il savait depuis le début que sa désinvolture et sa vulgarité n'est qu'une carapace mais il ne s'attendait pas à ce qu'elle avoue sa fragilité... Même si elle ne s'en est peut-être pas rendu compte. Ça aurait peut-être fait sourire William dans d'autres circonstances, mais il n'y avait pas de quoi rire. Il aurait vraiment apprécié éviter le procès et régler ça tout seul. Les coupables auraient été "punis" et Alyn n'aurait pas eu besoin de se montrer devant la foule, mais les mécanismes juridiques s'étaient mis en marche. Il fallait qu'il aille jusqu'au bout maintenant, ou du moins, il fallait LA convaincre d'aller jusqu'au bout.

       Malgré cette intéressante petite réflexion sur le caractère d'Alyn, sa réponse provoqua une nouvelle bouffée de colère chez l'avocat. William était si proche du but et ce refus l'éloignait de ce qu'il pouvait toucher du doigt. Il avait percé le mystère de l'affaire, il ne pouvait pas échouer sur le reste. Ce n'était pas possible, la défaite est une notion étrangère pour lui. Ce n'est pas de l'orgueil mal placé, c'est simplement une doctrine de vie. Aucunes limites...
       Sous le coup de sang, il toisa la jeune fille de toute sa hauteur et émit un bref rire désabusé.

       -Et tu comptes faire quoi, Sam? T'enfuir à l'étranger ou trouver une nouvelle zone industrielle?

       William secoua la tête. Ce n'était pas la meilleure façon de s'y prendre. La provoquer ne servait à rien mais il n'avait pas pu s'en empêcher sur le coup. Il se calma très rapidement et reprit son habituelle expression fermée. Un soupir s'échappa de ses lèvres fines qui fini par mourir lorsqu'il croisa les bras et vint s'appuyer sur la table, juste à côté d'Alyn.

       -Il n'y aura pas de réflexions, car dans ton cas tu peux demander un procès à huis clos, lui confia-t-il. Il n'y aura que les magistrats et aucuns commérages. Je serai là pour te défendre et je peux t'assurer que personne ne t'insultera ou ne remettra en doute ta parole, ce n'est pas toléré dans une cour de justice.

       Qu'est-ce qu'il pouvait dire de plus? William comprenait la réticence d'Alyn à être jugée par de vieux hiboux décatis, mais si elle ne le faisait pas, elle allait être en cavale. Si cela arrivait, l'avocat considèrerait qu'il a échoué. Ce n'est pas tout d'être innocente, encore fallait-il le prouver – quoique théoriquement c'était plutôt le contraire -. En même temps... Il n'allait tout de même pas la trainer au tribunal par l'oreille. Quoique...

Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le vendredi 18 juin 2010, 19:43:52
Moins qu'un excès de sensibilité, c'était surtout un profond agacement pour Sam que de se voir qualifiée de choses qu'elle n'était pas. Surtout que dans un tribunal plein, elle doutait d'avoir le temps de casser la figure de tous les bonimenteurs et autres racailles, rascasses risibles qui arpentaient les palais de justice. Elle supportait mal l'hypocrisie, c'est tout... Ou alors, William avait raison et elle était plus fleur bleue que ce qu'elle pensait. Brrr, répugnante hypothèse...

En tous cas, quoique ce fut, Sam resta impassible devant l'accès de colère du jeune homme. En fait, ça l'amusait de le voir s'énerver ainsi. Certes, elle se demandait pourquoi ça semblait autant le contrarier qu'elle foute sa vie en l'air, du moins c'est ce qu'il croyait, alors que pour elle, les opportunités étaient multiples. Elle n'avait jamais précisé être bien à Seikusu, ni jamais envisagé d'y rester toute sa vie. Elle n'avait pas peur de relever ses manches pour se mettre au travail, et était d'une farouche indépendance. Donc quoiqu'en pense William, Sam était certaine de pouvoir s'en sortir. Sans compter ses aptitudes si spéciales... L'avocat ignorait encore que Sam maîtrisait la pyrokinésie. Elle cacha à peine son large sourire derrière le bout de ses doigts et se leva pour faire face à l'avocat, réduisant la distance qui les séparait. S'il aimait la provoquer, ils pouvaient être deux à jouer ce petit jeu.


-Je t'ai renvoyé une me semble non? Pourquoi est-ce que tu t'investis autant dans mon cas? Qu'est-ce que tu as à gagner? Je veux dire... Ta réputation ne sera même pas entachée, et tu ne risques pas de me voir débarquer en pleine nuit chez toi pour te demander des comptes... Alors explique-moi ce ça peut te faire qu'on se lance à ma poursuite?

Elle était proche de Dolan. Peut-être un peu trop en fait. Sans doute l'avocat serait-il gêné. Elle leva les yeux au ciel et pivota pour appuyer ses reins contre la table, ses jambes tendues retenant son poids et les bras croisés sur sa poitrine. Comme ça, plus de risque de malaise.

Quant aux questions posées à l'avocat, elle doutait qu'il y réponde. Ou plutôt non. Elle doutait qu'il lui dise ce qu'elle voulait entendre. Ou si elle ne le voulait pas, disons qu'elle en avait besoin pour conforter son hypothèse selon laquelle il la haïssait. C'était peut-être pour ça d'ailleurs qu'il tenait tant à la faire assister à ce procès. Il savait très bien ce qu'elle risquait et il trouvait amusant de l'y confronter, pour son petit plaisir personnel. C'était fourbe et mesquin, d'une façon que normalement seules les femmes sont capables d'imaginer de telles humiliations. Avec les mecs, c'était très simple. Ils fracassaient la tête du type qui les avait énervé en publique et le tour était joué. Les femmes étaient bien plus cruelles. Il fallait que l'humiliation soit plus douloureuse qu'un fer rouge posé sur la peau. Ca devait être quelque chose qui ferait souffrir à peine le doigt de la pensée effleurerait la marque du souvenir...

Malgré elle, le visage de Sam se décomposa quelque peu. Elle ne regarda plus l'avocat dans les yeux, mais à la dérobée. Et elle avait été suffisamment stupide pour lui dire le fond de l'histoire du meurtre... Si elle avait su, elle se serait tu...
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le vendredi 18 juin 2010, 22:15:37
       En effet, William pensait sincèrement qu'elle allait gâcher sa vie. Il ne concevait pas du tout que l'on puisse vivre lorsque l'on est poursuivit par la police. Mais comme il s'agit de l'opinion d'un homme qui est obliger d'amasser le plus d'argent et de pouvoir possible pour être heureux, on peut lui pardonner son manque d'ouverture d'esprit. Cela étant, il fallait absolument qu'il lui évite son sinistre destin. Mais ce qui énervait le plus Dolan c'est que selon lui, Alyn n'avait qu'à supporter un procès pour être définitivement débarrassée de ses problèmes avec la justice. Pénible certes, mais toujours moins pénible que de se faire poursuivre par la police.

       Lorsqu'Alyn se leva et vint se mettre face à un Dolan coincé par la table, ce dernier se raccrocha tout d'abord à son regard bleuté et ne lâcha plus. Une technique ancestrale qu'il avait adopter il y a fort longtemps pour éviter de regarder autre chose. Et oui! Être gentleman, ce n'est pas qu'un état d'esprit, c'est aussi un savoir-faire. Cependant, William avait une très bonne vue panoramique et savait très bien observer quelque chose sans pour autant avoir la fovéa braquée dessus. Une petite lueur de désir s'embrasa dans ses prunelles vertes. Pas un regard libidineux de marin qui n'a pas vu de femme depuis des mois, mais une petite flamme facilement reconnaissable pour les demoiselles qui ont l'habitude de les voir s'allumer. Et bien sûr, pas de rouge sur les joues, nous parlons de William Dolan tout de même. Quoiqu'il en soit, la flammèche s'éteignit aussitôt lorsque Sam vida l'équivalent d'une barrique d'eau sur le foyer incandescent.
       Encore cette question. Il avait réussi à l'esquiver deux fois mais là ça allait être dur de reproduire ce miracle une nouvelle fois. De plus, William n'aimait pas mentir... Enfin si, mais que lorsque c'est drôle. Mentir pour fuir une vérité, ça n'avait rien de très glorieux. Non, le mensonge est un art dont il ne faut pas abuser. Toutefois, il n'y avait pas de mal à gagner du temps.

       -Navrée de vous décevoir chère madame mais votre caution a été payé si vite que je suppose que vous avez oublié d'écrire au bâtonnier – le grand gourou de mon ordre, précisa-t-il en aparté – et donc vu que ce n'est pas officiel, je suis toujours ton avocat. Merveilleux, non?

       Alyn s'était mise à côté de lui. L'avoir en face de lui n'était pas désagréable surtout que la vue était à son goût, mais peut-être que ça la gênait d'être aussi proche. Va savoir, cette femme lui a réservé tellement de surprise que ça ne le choquerait même pas qu'elle soit prude. William n'en mettrait pas sa main à coupée. Il lui jeta un regard furtif, comme pour s'en assurer puis fixa obstinément son regard sur le mur d'en face.

       -Quand à savoir pourquoi je fais ça...

       Sa voix mourut alors qu'il cherchait ses mots. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire pourquoi il fait ça, nom de dieu. Elle ne pouvait pas tout simplement le lâcher? Maintenant, il était obligé de trouver un moyen de répondre sans qu'on ait envie de sortir les violons.

       -En fait je te l'ai déjà dit tout à l'heure, fit-il remarquer. Tu m'es précieuse. Je tiens à toi.

       Et bien, il n'était pas mécontent d'avoir fini de parler. Il avait eu l'impression d'avoir un rat mort sur sa langue lorsqu'il avait prononcé ces dernière paroles. Instinctivement, l'avocat se raidit, prêt à encaisser tout et n'importe quoi. De la simple moquerie, jusqu'au pain dans la figure.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le vendredi 18 juin 2010, 23:31:39
Aussi incroyable que cela puisse paraître, Maître Dolan parvenait même à faire sourire Sam lorsqu'elle celle-ci était vexée... Voire plus que vexée. Et ça lui donnait envie de haïr l'avocat, autant que lui-même devait la haïr. Elle ignorait s'il disait ça pour plaisanter, l'embêter, ou si c'était tout simplement la vérité, mais elle dû s'avouer n'y prêter pas beaucoup d'attention sur le moment.

En fait elle avait été troublée de voir dans les yeux de Dolan ce genre de regard qu'habituellement seuls les personnes recherchant plus qu'une simple discussion avec elle pouvaient avoir. Elle ne doutait absolument pas de l'honorabilité de l'avocat, là n'était pas la question, mais il lui avait semblé si froid, si distant... Et n'oublions pas qu'elle était intimement convaincue qu'il la détestait. C'était donc on ne peut plus déroutant que de déceler un infime soupçon de désir émanant d'une personne censée ne pas vous porter dans son coeur... Cela dit, peut-être Sam s'était-elle fait des idées. Sans doute d'ailleurs. Elle ne le saurait jamais.

Mais moins que le regard de Dolan, c'était sa propre réaction qui la surprenait. Depuis quand était-elle prise de ce genre de considération puérile? Ca n'avait pas de sens... A moins que la personnalité qu'elle avait emmurée vivante à la mort de son frère ne se soit échappée du puits dans lequel elle l'avait scellée...? Seigneur non, tout mais pas ça. Chassant cette horrible perspective loin, loin, dans les tréfonds de ses pensées, Sam se força à redevenir elle-même. Juste à temps pour voir William hésiter quant à la formulation de sa réponse.

La jeune femme haussa un sourcil. Ainsi, il pouvait manquer d'assurance? Lui? Intéressant... Et puis la réponse redoutée arrive et les belles résolutions de Sam s'envolent. Elle n'avait pas la moindre envie de rire de lui, et encore moins de le frapper. En réalité, elle était consternée. La seule relation "stable" qu'elle avait eue, c'était avec le pervers bourge du meurtre. Et même lui ne lui avait jamais dit ce genre de chose. Le plus beau était que William avait faillit s'étouffer en le lui disant, la laissant supposer que, à l'instar de Mr Darcy face à Elizabeth Benett dans Orgueil et Préjugés la première fois qu'il lui avait avoué vouloir se marier avec elle, William aurait préféré éprouver n'importe quoi plutôt que ça... Mais il n'était pas Mr Darcy. Et Sam n'était pas aussi bien élevée qu'Elizabeth. Elles n'avaient pas le même vécu, et tout simplement pas la même façon d'aborder la vie.

Or, en ce moment et en cette heure, Sam voulait croire que les motivations de Dolan étaient plus louables que ce qu'elle avait d'abord pensé. Plus que cela, elle en avait sans doute besoin. Tout simplement parce qu'elle avait dû accuser en très peu de temps une foule d'épreuves, toutes plus atroces les unes que les autres, et qu'un peu de tendresse après les tentatives de viol et de meurtre sur sa personne lui ferait un bien fou... Mais ça évidemment, elle ne voulait l'admettre. Pire que ça, elle se refusait même à le réaliser. Aussi, elle ne su trop comment réagir.

Elle releva légèrement la tête et la tourna vers l'avocat, ses sourcils légèrement froncés en une mimique interrogative. Elle prit le parti de tabler sur son incompréhension. Il était plus facile et plus viable de feindre d'avoir mal compris plutôt que de se voir humiliée en adoptant une attitude qui n'était ni attendue, ni désirée.
Si elle ne demanda rien, ses yeux bleus trahissaient les interrogations multiples qui l'assaillaient. Sans avoir l'air niaise, elle cherchait simplement à s'assurer d'avoir bien entendu.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le samedi 19 juin 2010, 11:05:55
       Hé bien, pas de rire désagréable, ni de "c'est pas bien d'essayer de vous taper votre cliente, monsieur Dolan". Encore une fois le juriste était surpris. Il avait même commencé à échafauder un plan pour s'en tirer avec honneur et dignité. En fait, William était quelque peu nerveux, c'est la première fois qu'il fait face à une femme si imprévisible et avec autant de caractère. En effet, notre juriste est habitué aux oies blanches de bonne famille, donc même s'il n'en avait pas l'air, Alyn le déstabilisait. C'était sans doute à l'origine de l'attirance qu'il ressentait.

       Ne sentant aucune réaction à ses côtés, Dolan se permit un regard vers Alyn. Elle le regardait avec une sorte d'expression incrédule sur son beau visage. Ses yeux iridescents criaient les milles questions muettes qui tourmentaient la jeune fille. Instinctivement, l'avocat lui renvoya sa mimique. Il semblerait qu'il n'avait pas été très clair. Ses yeux roulèrent feignant une réflexion intense puis dans un "Eurêka" presque théâtrale, il donna un petit coup de rein pour s'extraire du bord de la table où il était appuyé. Il s'approcha alors d'Alyn, jusqu'à la toucher. Les mains du jeune homme partirent en quête des siennes et glissa le long de ses bras dans une caresse légère, presque vaporeuse. Prenant tout son temps, il regarda ses mains évoluer sur la peau blanche avec un air détendu mais toujours inexpressif, comme un artiste qui jouit seul de son art sans avoir besoin de l'extérioriser. Il se permit toute fois, un petit sourire lorsque ses mires vertes glissèrent de nouveau sur le visage de la jolie Alyn Addams. En effet, c'était elle qu'il voyait sans cesse et ce n'est que par un self-control sans faille que William réussissait à l'appeler Sam à haute voix. Cependant, toute ses pensées était tournées vers le vrai nom de la jeune fille. C'était elle qui hantait le juriste, elle qu'il était venu voir aujourd'hui. C'est uniquement pour elle qu'il avait payé la caution et qu'il potassait pour la faire libérer.

       Le bras gauche de Dolan s'enroula autour de la taille d'Alyn, évitant ainsi les meurtrissures sur son flanc. Il raffermit sa prise et partit en quête de ses lèvres. Dans un premier temps, Il les effleura doucement comme pour s'annoncer, puis les posa bel et bien sur les deux arcs pulpeux. Une décharge électrique se répandit dans son corps, alors qu'il goutait aux lèvres sucrées d'Alyn. C'était la tension qui s'échappait, car si embrasser Alyn ne posait pas vraiment de problème, pour ce qui est de Sam, c'était un peu comme plonger dans un conteneur à verre ; à vos risques et périls.
       William poussa son baiser plus loin, s'enhardissant à mesure qu'une douce frénésie le possédait. Il ouvrit la bouche. La langue ainsi libérée s'en alla rejoindre sa sœur, la cajolant de mille manières, la poussant à sortir de sa réserve. Sa main libre quand à elle, partit à l'aveuglette et elle rencontra en chemin celle de la jeune fille. Ses doigts se glissèrent entre les jointures de l'extrémité féminine, épousant parfaitement sa forme. Il serra, avec une douceur infini. Douceur qu'il mettait aussi dans son baiser et dans le bras qui enserrait sa taille dans un carcan voluptueux.

       William se souvenait vaguement d'avoir oublié quelque chose. Impossible de mettre le doigt dessus mais ça ne devait pas être si important. En tout cas, ça ne devait pas être aussi agréable que ce qu'il était en train de faire. Non, ça c'est une certitude. Il avait eu envie d'embrasser Alyn au moment même où ses mires vertes s'étaient posées sur elle. Maintenant, il était aux anges.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le samedi 19 juin 2010, 12:13:36
Que Sam le veuille ou non, sa détermination à cloîtrer sa personnalité plus douce et naïve flanchait. Elle pouvait le voir, alors qu'elle perdait le contrôle de ses pensées et différents sentiments qui l'assaillaient. En temps normal, William avait bien supposé, elle aurait raillé l'avocat pour un tel aveu avant de se montrer brutale et de prendre ses lèvres comme on arrache un sparadrap. Sans la moindre douceur, d'un mouvement rapide et sec. Sauf que là, non. Non seulement elle n'avait pas la moindre envie de se moquer, mais en plus elle était sensible ces quelques mots. D'une façon qu'elle trouvait intolérable, mais contre laquelle elle ne pouvait pas, car elle ne le voulait pas, lutter. Au contraire, pour une fois elle voulait se montrer humaine, féminine et douce. Elle voulait inverser les rôles et ne plus être celle qui impose. Que Sam le veuille ou non, Alyn s'était échappée de sa prison de pierre et quoiqu'elle fasse, c'était trop tard. Le deux mode de pensées que la jeune femme avait eues jusqu'à maintenant étaient en train de fusionner, combinant la détermination de Sam et sa débrouillardise à la tempérance d'Alyn.

C'était un moment très particulier, dont Sam prenait pleinement conscience alors que les mains de l'avocat couraient sur ses bras, faisant s'accélérer le rythme des battements de son cœur. Sam n'avait jamais été passionnée. Elle avait toujours été directe. Alors comment expliquer que la douceur du juriste alors qu'il prenait possession de sa taille lui faisait tellement d'effet? Et puis elle en eu assez d'analyser les choses, d'en chercher le pourquoi du comment. Ca ne servirait à rien si ce n'est gâcher ce qu'elle vivait et elle n'en avait pas la moindre envie.
La tête de plus en plus vide, c'est presque avec soulagement qu'elle sentit la bouche de William s'emparer de la sienne. D'abord elle cru discerner une certaine hésitation, peut-être de la réticence?, à voir leurs lèvres jointes mais Sam était déjà toute à leur étreinte. Ses yeux s'étaient fermés, sa tête inclinée légèrement et c'est avec un doux plaisir qu'elle accueillit le vrai baiser cette fois, plus franc et honnête, d'une douceur délicieuse. La jeune femme rendait à William la tendresse de son baiser avec une aisance déconcertante. Elle savait donc ne pas être une brute? Il fallait le croire, à sentir les caresses qu'échangeaient leurs langues, mues toutes deux en une valse des plus suaves et des plus grisantes.

Lentement, les bras de Sam se joignirent à l'étreinte, saisissant l'avocat par la taille d'une main, alors que l'autre glissait dans sa nuque, passait à travers ses cheveux pour que les doigts de la jeune femme puissent caresser à même la peau le juriste avec la même parcimonie que lui montrait à son égard.
La main à la paume remarquablement chaude de Sam, posée sur la taille de William, ne tarda pas à être délogée par celle de l'intéressé, leurs doigts s'entrelaçant alors comme s'ils cherchaient à imiter leurs langues. Sam était surprise pour une fois de se voir un minimum accordée physiquement avec un homme. Les amants de la délinquante étaient habituellement des hommes trop grands pour elle, trop costauds, voire les deux, ou encore à l'inverse, trop maigrelets. Dans le cas de William, il était juste un peu plus grand qu'elle, pour un peu plus puissant. Il avait une taille adéquat pour que la jeune femme ne se sente ni menacée, ni étouffée alors qu'il la serrait contre lui. Un peu comme s'ils étaient à égalité.

Faute d'être douée d'anaérobiose, Sam manqua d'air. Le baiser était délicieux, il faisait se propager une douce chaleur dans la totalité de son être, des orteils aux racines de ses cheveux d'obsidienne, mais il fallait qu'elle respire si elle voulait voir cette expérience renouvelée. Aussi, à contre-cœur, Sam interrompit-elle l'échange de leurs bouches. Ce fut le seul contact qu'elle rompit cependant, le remplaçant en venant acoler son front avec douceur contre celui du juriste. Gardait les yeux fermés, et William put la sentir frémir légèrement. Elle reprit sa respiration l'espace de quelques instants, et s'enhardit au point de venir voler un bref baiser au juriste, avant de dévier, faisant glisser ses lèvres des siennes pour aller embrasser le carré de sa mâchoire, puis descendre un peu plus bas dans son cou, laissant la pulpe de sa bouche et son souffle caresser doucement en de petits passages lents et délicats la peau si fine et si sensible à cet endroit du jeune homme.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le samedi 19 juin 2010, 16:25:19
       Elle ne le repoussait pas. William avait peur qu'elle ne partage pas ses sentiments mais les douces caresses sur sa langue lui prouvaient bien le contraire. Elle lui rendait son baiser qu'il avait si peur qu'elle refuse. William, sans cesse sur le qui-vive, choisissait ses mots et ses gestes avec attention pour ne pas réveiller la Sam qui sommeille. Mais maintenant, Il était détendu et se laissait tout simplement aller à l'ivresse du désir qui lui enflammait les sens. Il faut dire aussi qu'Alyn savait y faire pour allumer le feu au poudre. Très loin de rester passive, la jeune fille s'activait avec véhémence. Ses lèvres douces couraient sur la peau fine de son cou, flattant cette partie si sensible de baisers délicats. William ferma les yeux, appréciant les caresses, sans bouger, de peur qu'elles ne cessent. Alyn d'habitude si sauvage, sa tendresse n'en était que plus appréciable.

       Les mains de William se posèrent délicatement sur les flancs de la jolie jeune fille. Elles glissèrent sur le tissu jusqu'à atteindre ses hanches divines. De là, il put contourner la vigilance de ses vêtements et s'introduire sous son T-shirt. Elles remontèrent ainsi sur la peau douce. Tandis que dextre louvoyait entre les meurtrissures héritées de ses précédentes mésaventures, sénestre palpait, caressait, captait chaque frémissements de la belle. Les deux mains se rejoignirent au niveau de la chute des reins et descendirent jusqu'au galbe de son fessier rebondit. Il l'agrippa alors avec fermeté et souleva le corps frêle d'Alyn. Il la déposa sur la table de sorte que son visage soit juste au niveau du sien et en profita pour dévorer une nouvelle fois ses lèvres vermeilles, mais avec plus de passion cette fois. William avait terriblement envie d'elle et ça se ressentait à son baiser torride. Les langues virevoltaient dans un ballet aérien improvisé et désordonné. Les deux corps se repaissaient l'un de l'autre dans un combat silencieux et sans reddition possible.

       Avec une lenteur calculée, ses mains se mirent de nouveau à patiner sur la glace chaude et lisse de la jeune fille. Les doigts inquisiteurs furetaient ici et là, s'enroulant dans l'écrin de son nombril ou redessinant la pureté de ses courbes. Mouvements aléatoires et incohérents muent par la seule volonté de toucher et de s'approprier le trésor qu'il détenait tout contre lui. Les cinq complices de la main indiscrète de l'avocat, s'aventurèrent même sur les cuisses de la jeune fille, profitant sans vergogne des failles du tissu pour s'insinuer là où il n'aurait pas dû pouvoir pénétrer. L'autre, pendant ce temps, s'était séparer de sa sœur pour explorer le haut de son buste longeant le tissu qui l'empêchait d'atteindre son but, à la recherche d'une faiblesse qui n'existait pas. On pouvait presque l'entendre pester.
       Laissant les deux membres à leurs déboires ou leurs réussites, William était tout entier à Alyn, appréciant chacune de ses caresses et les lui rendant avec ferveur. Soudain, il se rappela de ce qu'il avait oublié. Ce n'était pas une urgence mais ça aurait été dommage de l'oublier si la jeune fille décidait de prendre l'initiative. D'un geste fluide et naturel, il plongea la main dans sa poche et serra un petit objet dans sa paume. Puis, d'un geste vif il l'envoya bouler dans un coin de la pièce et reprit ses activités manuelles comme si de rien était.

       Le petit anneau bleu atterrit sur le sol dans un petit "gling" aiguë, et roula sous un meuble là où il ne dérangerait personne. Il s'agissait d'une bague que certain pourrait qualifier de jolie car elle semblait faite dans un cristal bleu ressemblant au saphir. Un objet original, si on peut dire, car il n'y avait aucunes fioritures, juste un bleu transparent. Le bijoux fini sa course contre le mur, dérangeant au passage le repos d'une petite araignée. Cette dernière, curieuse et téméraire, s'approcha doucement de l'intrus et lorsqu'elle fut arrivée à moins de 30 centimètres, un éclair silencieux la foudroya sur place. C'était ça l'assurance vie de William lorsqu'il était seul, un artefact qui foudroyait tout être vivant s'approchant à moins de 30 centimètres de l'anneau, sauf lui bien entendu. Il avait bien fait de s'en débarrasser. Ça aurait été dommage qu'Alyn prenne un coup de jus, non?
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le dimanche 20 juin 2010, 18:50:50
Effet de son imagination ou bien des baisers doux et sensuels qu'elle laissait dans son cou, Sam l'ignorait. Tout ce qu'elle avait constaté, c'était que William avait semblé se détendre quelque peu, voire se montrer plus entreprenant. C'était surprenant de la part d'un jeune homme qui paraissait si froid au premier abord... Si on avait posé la question à la délinquante en aparté lors de leur première sur les chances qu'elle avait de vivre un tel moment, elle aurait gagé sur quelque chose comme... Une chance sur un million. Avec ce genre d'hommes, être jolie ne suffisait pas en règle générale, il fallait quelque chose de plus. De la classe, une certaine élégance. Chose que n'avait pas Sam. Elle avait un certain charisme, une présence. Mais pas de quoi rivaliser avec une femme de salon, surtout après la chute qui lui avait meurtri la chair la veille...

Cela dit, le juriste se montrait doux et délicat, et jamais il n'appuya sur ses plaies ou ne fit quoique ce soit qui lui fit mal. En sentant ses mains aller et venir autour, sans jamais s'attarder lorsque par hasard son doigt rencontrait une disparité sur sa peau laiteuse, Sam n'en put douter. Il faisait très attention à ce qu'il faisait, et elle sentit un élan de gratitude pour lui gonfler sa poitrine. Beaucoup n'auraient pas eu cette délicatesse et se seraient rués sur elle sans même la moindre ni prévenance ni douceur. C'était le genre d'énergumène auquel Sam avait souvent affaire, et rencontrer un homme qui ne fut pas de cette trempe là lui faisait un effet de chaud et de froid. D'un côté, il y avait le plaisir exprimé sous forme de frissons, frémissements et soupirs provoqués tous par William, de l'autre il y avait la crainte d'avancer en terrain inconnu. Comme lorsque les archéologues marchent sur un sol aux dalles de pierres et redoutent le piège ancestral des dalles qui dégringolent si on a le malheur de ne pas marcher sur la bonne... C'était un peu grisant aussi, et ça diffusait dans l'organisme de Sam des quantités appréciables d'adrénaline.
Et le fait que William la touche à même sa peau ne faisait rien pour atténuer ça.

Assise sur la table, les cuisses de la jeune femme entrèrent dans la partie. L'une remontait haut avec souplesse et venait enserrer la taille du juriste, pour l'acoler contre elle, alors que l'autre filait s'emmêler quelque peu avec ses jambes pour lui caresser la cuisse et le mollet de la plante de ses pieds nus, à travers son pantalon. Elle n'en négligeait pas les baisers pour autant, rendant passion pour passion et force pour force dans leur étreinte si délicieuse. Néanmoins, Sam ignorait si le désir de William serait suffisant pour l'entraîner à aller au bout des choses. Autrement, elle les aurait faits quitter cette pièce pour sa chambre, option qu'elle garda en tête. Si les choses suivaient leur cours et n'étaient pas interrompues, elle l'y entraînerait. Mine de rien, c'était la première fois que quelqu'un posait les pieds dans cette partie de l'usine à part Sam depuis l'emménagement définitif de cette dernière. En même temps, tous les accès à cet endroit étaient inaccessibles. Par l'intérieur, Sam avait ruiné l'escalier et par l'extérieur, l'escalier de secours était à plus de trois mètres de haut quand elle refusait de le faire descendre. Une véritable tour d'ivoire... Où ils ne risquaient pas d'être interrompus inopinément, si ce n'est par leurs volontés mutuelles le cas échéant.

Toute à leurs baisers et aux contacts multiples de leurs corps serrés l'un contre l'autre, Sam remarqua à peine l'anneau voler. Quand bien même elle l'aurait clairement vu, en d'autre occasion, elle aurait été tentée de poser certaines questions au juriste, des questions bateau du style "qu'est-ce que c'est?" mais dans un moment pareil, il était évident que les pensées de la jeune femme étaient à cent milles lieues d'ici et que le petit objet jeté par William était bien le dernier de ses soucis.
Avide de recueillir d'autres baisers, les lèvres de la délinquante cueillir de nouveau celles de l'avocat. Le bout de sa langue y jouait doucement, quand ses dents ne mordillaient pas sensuellement sa lèvre inférieure. Quant aux mains de Sam, elles se glissèrent sur les épaules de l'avocat et commencèrent par se glisser entre elle et sa chemise, pour mieux l'ôter de ses épaules. Sans la froisser, avec dextérité, Sam la posa près d'eux sur la table. Ce fut ensuite le tour de la cravate de l'avocat, que les doigts consciencieux de la jeune fille défirent avec habileté, pour mieux la faire glisser de son col et rejoindre la veste, déjà enlevée.
Ensuite vinrent le tour des boutons. Là les lèvres de Sam relâchèrent celles de Dolan, pour retourner dans son cou profiter du terrain de jeu qu'elle s'offrait, toujours un peu plus large, un peu plus grand à chaque bouton défait. Sam y allait avec lenteur, elle était caressante, langoureuse et sensuelle. Rien à voir avec la grosse brute qu'elle pouvait être à d'autres moments. Comme si, contrairement à d'autres, le sexe lui permettait de montrer qu'elle n'était pas que ça finalement, et qu'elle avait bien plus d'un masque.

Quand ce n'étaient pas ses lèvres qui capturaient la peau immaculée de l'avocat, c'était ses dents. Quand ce n'étaient pas ses dents, c'était le bout de sa langue qui venait participer aux festivités. Et quand ce n'était pas sa langue, c'était tout simplement ses lèvres et son souffle qui caressaient par leur unique passage la peau du jeune homme, cherchant à exacerber son sens du toucher.
Quand Sam ne pu plus se pencher pour suivre l'avancement des boutons défaits, elle fit remonter sa bouche avec lenteur, suivant le même chemin que pour la descente. Mais plutôt que de retourner s'emparer de la bouche de l'avocat, le visage de Sam dévia et remonta plutôt vers l'oreille de William, la tranche de ses dents capturant son lobe et le mordillant avec douceur alors que le dernier bouton se rendait.
Les mains de Sam purent alors se glisser entre elle et la peau de l'avocat, parcourant son torse, ses épaules et sa carrure comme si elles cherchaient à enregistrer leurs dessins par coeur.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le lundi 21 juin 2010, 21:30:37
       Si Alyn se demandait si le jeune homme aurait assez de désir pour aller jusqu'au bout, elle allait bientôt en être convaincue. Les caresses, l'étreinte fougueuse et ce corps collé au sien. Il fallait être sous une bonne dose de bromure pour rester de marbre à ses invitation à la luxure. Ce qui n'est pas le cas de notre avocat fétiche. La jeune fille lui enflammait le sang comme jamais, et pour cause, William avait rarement à faire avec des femmes aussi entreprenantes. Ça ne lui déplaisait pas, au contraire même, mais il avait l'habitude d'avoir un contrôle sur tout ce qu'il touchait, y compris les demoiselles. Un peu de changement était appréciable.
       William n'avait jamais rencontré une femme comme elle. Bien sûr, ça ne veut pas dire grand chose puisque tout être humain est sensé être unique. Au début, il lui aurait volontiers mis sur le front, l'étiquette de la rebelle de base, mais si on en croit la situation présente, l'étiquette avait été enlevée. En effet, le juriste n'avait aucune attirance pour ce genre de fille. Alyn l'avait attirée dans sa toile d'une tout autre manière, et sans s'en rendre compte bien sûr. Sa perspicacité et sa résistance psychologique avait impressionné un Dolan qui ne s'attendait absolument pas à ça. Additionné à son charisme; il n'avait pas pu se contrôler bien longtemps. Elle était ensorcelante.

       Effectivement, le couple allait bientôt avoir besoin d'une chambre, mais ce n'était surement pas Dolan qui aurait la volonté d'interrompre Alyn. L'avocat ferma les yeux laissant ses autres sens s'exacerber. Il percevait tellement plus. L'odeur fruité qui émanait de la jeune fille, cette irrésistible odeur qui rend les hommes capable du pire pour obtenir ne serait-ce qu'un fragment de celle qui libère ce doux parfum. Le toucher, lui aussi s'exprimait, profitant de l'absence de la vue pour envoyer tout un chapelet de sensations au jeune homme. La violence des dents, la caresse du souffle, l'humidité de la langue et l'enveloppe des lèvres sur sa peau. Tout un panel de sensations exquises qui venaient se perdre dans sa tête et ébranlaient sa raison. Parfois, ses doigts tressautaient lorsque les lèvres de la jeune fille effleuraient une zone sensible, lui faisant même oublier ce qu'il faisait. La sensation passait et William se vengeait, à sa façon. Il titillait une intimité avec plus d'insistance ou bien agaçait une zone sensible plus longtemps. Ce jeu était plus qu'appréciable. Il avait accueillit les jambes de sa déesse avec gratitude. Elles l'enserraient dans un carcan d'érotisme qui montait à la tête du jeune homme, le rendant un peu plus sauvage, sans perdre de sa douceur. Ses gestes étaient plus affirmés et ses caresses sans tabous. Il poussa un léger râle de plaisir lorsqu'Alyn commença à le déshabiller tout en s'attaquant à son cou de plus en plus mis à découvert. Finalement, elle arriva à ses fins et put palper tout son saoul le torse de Dolan. William était relativement musclé. "Relatif" est le bon mot pour modérer cette déclaration car son torse était ciselé, les muscles ronds, travaillés en salle de sport de toute évidence. Ces derniers ne servaient qu'à soulever les demoiselles et peinaient aux efforts d'endurance. Quoiqu'il en soit, l'esthétisme était au rendez-vous et c'est bien la seule chose qui préoccupait Dolan quand à la fonction de sa masse musculaire. Alyn pouvait donc regarder et toucher, car ça ne servait qu'à ça.

       William ouvrit les yeux. Il avait la main maintenant. Avec affection, il quémanda un petit baiser et ses mains agrippèrent le T-shirt. Il le fit glisser le long de son corps, alors que le convoi de tissu interrompait leur baiser. Le T-shirt rejoignit ses compagnons, cravate et veste, sur la table. Avec un demi-sourire d'avocat, s'apprêtant à faire quelques sournoiseries, il défit avec dextérité l'agrafe du soutien-gorge, et de son autre main, il appuya sur le sternum de la jeune fille pour la coucher sur la table. Une fois que la patiente fut prête à être examinée, le juriste se pencha sur elle et commença le début de ce qu'il allait être une grande épopée, sur son ventre. Il posa ses lèvres à la frontière du pubis délimitée par le pantalon, puis traça un sillon avec sa langue, jusqu'au nombril. Il s'amusa un peu avec ce dernier, le titillant avec sa langue insidieuse, et l'abandonna enfin à son triste sort. Les lèvres remontaient toujours bivouaquant parfois sur des oasis de peau douce et chaude, le temps de se repaitre de son goût, puis repartaient vers le nord. Les deux mains de l'avocat suivaient, tapis sur les flancs de la jeune fille prêt à s'attaquer à tout ce qui pourrait gêner la lente progression de sa bouche. Ce qui arriva... L'obstacle n'était pas très effrayant, car agonisant. Dolan retira le pauvre soutien-gorge qui ne soutenait plus grand chose puisqu'il avait ôté l'agrafe. Le sous-vêtement dépossédé de ses fonctions rejoignit ses confrères vaincus sur la pile de vêtement qui commençait à grandir.
       Que d'hésitation! Il y avait un choix à faire. En effet, il y avait bien deux éminences de peau douce, agrémentées d'un petite cerise rosée qui ne demandait qu'à être happée. Seulement, une seule aurait ce privilège. Il prit son temps pour réfléchir, bercé par les lentes oscillations de la poitrine qui montait au rythme du flux et reflux de la respiration d'Alyn. William choisit finalement le sein gauche. Ce n'était que justice puisque le côté gauche meurtrie de la jeune fille n'avait pas eu sa ration de douceur. Il le prit donc en chasse, grimpant lentement la pente qu'il lui imposait. Une fois ascension terminée, il prit en bouche sa récompense et la tortura pour la peine. Il croquait, puis cajolait. Il suçotait, puis embrassait. Le sein gauche subissait tout les traitement tandis que l'autre, jaloux devait se contenter des moqueries de ses doigts. Ils couraient sur l'auréole puis agaçaient le tétons avant de redessiner l'éminence avec une précision quasi géométrique.
       La bouche se retira malgré tout, aussitôt remplacée par la main dextre qui s'efforçait déjà de lui faire oublier l'absence de la langue facétieuse. On sentait déjà que le voyage allait se terminer, car les lèvres se hâtaient de parcourir la peau brulante semblable à un tapis de fleur, jusqu'au cou de la jeune fille. Elles y passèrent un long moment reproduisant à la perfection ce que William avait jadis subit, puis elles remontèrent les derniers centimètres de peau albâtre qui les séparaient de leur âmes sœur. Dolan posa ses lèvres sur celles d'Alyn et s'abandonna dans un long baiser, s'abreuvant à sa bouche après une longue traversée fantastique.

       William avait parcouru tout le buste de sa compagne et en connaissait chaque recoin. Seuls vestiges de son passage, ses mains continuaient à s'affairer sur la poitrine rebondie, prenant plaisir à épouser ses formes et à les cartographier avec minutie. Tandis qu'il se laissait hypnotisé par le baiser langoureux, son initiative et sa volonté disparaissaient comme du sable soufflé par le vent. C'était maintenant à Alyn de jouer.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le mardi 22 juin 2010, 10:36:46
Instant érotique, moment charnel, intense, doux mais aussi corsé. Sauvage et tendre à la fois… Que de grisantes sensations, qui gagnaient encore en agrément combinées les unes aux autres. William avait commencé par doucement éveiller le désir de Sam, la titillant, son action pouvant être comparable au grattage d’une allumette. De quelques étincelles, d’une petite flamme sans prétention, l’envie de la jeune femme était devenu un véritable brasier, comparable à ceux qui détruisent des hectares de forêt au cœur de l’été, de ceux qu’on ne parvient à vaincre qu’au prix d’heures d’efforts interminables, rudes et dangereuses. Presque un combat perdu d’avance. Au mieux, on pouvait le contenir. Mais il ne s’éteignait jamais qu’une fois à cours de comburant. Or, le comburant de Sam pour l’heure c’était William. Et loin de chercher à étouffer la flamme de désir que la jeune femme avait pour lui, il l’attisait au contraire, l’entretenait et le faisait gonfler toujours plus. Dans le but qu’elle perde tout contrôle d’elle-même ? Quoiqu’il fasse, ça n’arriverait jamais. Aussi intense soit ce moment et chargé d’électricité, il était aussi tellement suave, épais comme du miel, et ôtait toute envie à la jeune femme d’être violente. Bien au contraire, elle désirait se complaire dans la sensualité et l’érotisme plutôt que de se laisser à une folie bestiale. Et l’avocat semblait abonder dans le sens de la délinquante, ce qui ne gâtait rien. Aussi quand elle en aurait l’occasion, Sam l’entraînerait dans sa chambre. Son lit serait toujours plus confortable et moins froid que la table de cette salle, quoique sa peau chauffait déjà tellement sous les doigts de Dolan qu’elle sentait à peine la différence de température entre le bois laqué et ses fesses, sur lequel elle avait été posée.

Les doigts de Sam se donnèrent à cœur joie de parcourir les muscles finement dessinés que lui offraient le torse et les abdominaux de William. Ils en dessinèrent les contours avec application, alors que Sam gardait la tête dans le cou du jeune homme et abreuvait ses poumons de son parfum, un peu musqué d’une façon discrète mais masculine, et puis elle dû céder la main de l’initiative. Main que William récupéra au vol. Bientôt, la pile de vêtements ôtés de leurs possesseurs gagna en volume. Son tee shirt alla se confondre avec la cravate et la veste de l’avocat, alors que leurs lèvres étaient déjà toutes les unes aux autres, malgré l’interruption inopinée provoquée par le passage du dernier arrivé sur la pile des rebus de tissus. Dire que la peau de Sam était brûlante était un doux euphémisme. Rosie à certains endroits, elle était bien plus que cela, si c’était possible. La différence de température entre elle et la pièce, une fois son tee shirt ôté, lui donna la chair de poule.
Et puis, après son haut, ce fut à son soutient gorge d’être attaqué. Il ne tarda pas à rendre les armes, impuissant face à la dextérité de l’avocat, qui pourtant ne lui porta pas le coup de grâce tout de suite. William  préféra faire s’allonger Sam, qui suivit l’impulsion donnée par la main du jeune homme avec un petit sourire. Ses cheveux s’étalèrent autour d’elle, créant ainsi comme un tapis d’ébène sur lequel détonnerait sa peau blanche.
Et puis l’action gagna encore en intensité. La jeune femme fermant les yeux au moment où les lèvres du juriste retrouvaient sa peau. Son ventre bougeait à peine sous lui, frémissant simplement aux douces caresses de la langue qu’il lui dispensait. La boule de chaleur et de désir qui occupait son ventre, de l’intimité jusqu’aux reins, vit sa taille et les sensations de chaud, d’effervescence, qu’elle diffusait dans l’organisme de Sam augmenter, à l’instar de leur intensité.
Sam respirait doucement, sans faire de bruit presque, même si sa poitrine se soulevait et s’abaissait d’une façon plus rapide que la normale, comme si ses pommettes rosies n’étaient pas suffisantes comme signe extérieur de l’envie que suscitait chez elle William Dolan. Elle s’étonnait d’ailleurs de ne pas respirer plus vite alors que son cœur, prisonnier de la cage de ses côtes, tambourinait durement contre elles. Elle se cambra légèrement quand ce fut au tour de sa poitrine d’être possédée par la bouche de son amant, s’étant à peine rendu compte que son soutient-gorge lui avait été finalement complètement ôté. Les yeux fermés, la bouche légèrement entrouverte, des soupirs de plaisirs, joints à de discrets gémissements émanèrent de la bouche de la délinquante. Son dos retrouva doucement la couverture de ses cheveux, alors que Sam rouvrait les yeux et déglutissait, tandis que l’avocat faisait quitter ses lèvres de sa poitrine. Le passage prolongé dans son cou la fit frissonner, la chatouilla agréablement, et les mains de la jeune femme, restées en retrait jusque là, revint dans la partie, passant sur le tissus de la chemise de William pour remonter sans son cou et ses cheveux pour s’y agripper avec douceur alors que leurs bouches se joignaient à nouveau, Sam saisissant cette occasion pour se redresser.

L’initiative lui était rendue, ce serait on ne peut plus difficile de surpasser la performance de l’avocat. Mais elle ne se rendrait pas sans se battre.

Mise à moitié nue par les bons soins du juriste, Sam se serra contre lui, portée par la force de son envie, acolant sa poitrine contre son torse découvert. Sa bouche gardait encore celle de l’avocat en sa possession, sa langue même recherchant encore la compagnie de son homologue avec empressement et gourmandise. Quant aux mains de Sam, elles finirent par quitter les cheveux de William et s’infiltrèrent entre sa chemise et sa peau, décrivant les mêmes gestes emprunts de douceur qui lui avaient déjà retiré sa veste. La chemise se rendit elle aussi face à un tel traitement, et la pile de vêtements délaissée gagna une fois encore en nombre. C’est ce moment que choisit Sam pour les interrompre, avant qu’il ne soit réellement trop tard.

Son bassin se serra contre celui de Dolan, exerçant d’abord une douce pression, qui fut insistante sans trop l’être, juste pour lui laisser de quoi alors la place de glisser entre la table et lui, pour qu’elle reprenne pied au sol. Evidemment, elle poursuivait autant qu’elle le pouvait leur embrassade, boudeuse à l’idée que cette dernière puisse s’interrompre. Posées d’abord sur la taille du jeune homme, les doigts de la délinquante remontèrent lentement le long de ses côtes, sur ses épaules et glissèrent le long de ses bras pour s’entrelacer avec ceux de William.  Alors seulement, le flot de baisers que Sam lui dispensait furent interrompus, pour glisser quelques mots à son oreille dans un souffle chargé de promesses.


-Suis moi…

De toutes façons, elle ne lui laissa pas vraiment le choix de refuser. L’une de ses mains lâcha la sienne mais l’autre gardait jalousement son homologue dans son étreinte. Sam entraîna le juriste dans les couloirs de son usine, lui faisait parcourir quelques mètres avant d’ouvrir une porte sur la gauche. Un nouvel interrupteur actionné, ce n’était pas elle qui payait l’électricité, et de petites lumières incorporées discrètement dans des murs aux tons chauds, diffusant une lumière douce et tamisée s’allumèrent. Il y en avait une de chaque côté d’un grand lit dont la parure de draps était à l’image des murs, en accord avec eux, aux tons chauds et invitant. La totalité de la chambre était de style oriental, des bibelots et cadres en passant par le mobilier. Ca montrait chez Sam un certain goût pour l’exotisme et une nouvelle fois qu’elle n’était pas qu’une brute épaisse. Si elle avait vraiment été cette brute, ses murs étaient été couverts de graffitis, sa chambre un véritable foutoir avec des posters de groupes anarchistes et autres. Là non. Ca sentait l’encens, tout était nickel, le lit était fait et tout était parfaitement entretenu.

Néanmoins, elle ne laissa pas à William le temps de détailler la décoration de sa chambre. Ses hanches ondulant légèrement devant lui avec sensualité, elle le guida jusqu’à son lit et le fit s’y asseoir avec la même douceur que celle qui la caractérisait depuis le début de leur échange plus intime, avant de poser un genou de chaque côté de ses cuisses, s’asseyant à moitié sur lui. Les yeux bleus de Sam cherchèrent à retrouver ceux si intenses de l’avocat alors que l’acier de ses iris brillait de l’envie de poursuivre leurs échanges. Avec lenteur, ses doigts s’emparèrent des lunettes de Dolan, replièrent les branches et les posèrent sur une petite table de nuit en acajou sur sa gauche. Alors elle put profiter à loisir des yeux de son amant, les doigts de la jeune femme se hissant jusqu’aux joues de William pour les caresser alors qu’elle se serrait contre lui et retournait, après quelques instants, l’embrasser avec autant d’envie et d’empressement que si ça avait été son oxygène, dont elle aurait été privée, en apnée, depuis qu’ils avaient quitté la table de conférence.
Le reste du corps de la jeune femme s’anima alors, avec une lenteur exaspérante puisqu’elle porta son bassin près de celui du juriste et l’acola contre son homologue, bougeant d’une façon particulièrement frustrante tout contre lui puisqu’à peine perceptible, décrivant ainsi des frottements intenables puisqu’ils obligeaient le sens du toucher à s’exacerber au maximum pour tenter de les percevoir avec plus d’intensité.

C’est dans ces conditions que Sam repassa la main à William.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le mardi 22 juin 2010, 22:21:19
       William poussa un soupir ravi. Il restait tellement de chose à faire et de terrain à découvrir. Dire que sur ce dernier point il n'en était qu'à la moitié. C'est un peu comme si Dolan avait passé une journée fantastique et se rendait compte avec enthousiasme qu'il n'est que midi. Un sourire s'étala sur son visage, étirant des lèvres qu'Alyn ne voulait pas lâcher. William commençait à en être dépendant. Dépendant de sa langue douce mais ferme qui caressait la sienne dans un ballet langoureux digne du lac des cygnes. Son souffle chaud passait comme un voile de douceur contre ses joues rosies, donnant le rythme de cette lente démonstration de volupté. Il ne sentit même pas sa chemise sur ses épaules. Il ne sentait que les mains fines et douces voguer sur son torse, chahutées par des vents imaginaires et capricieux, comme des feuilles mortes sur de l'eau. Elles venaient caresser ses muscles, affrontant la houle des abdominaux ou traversant les eaux calmes et placides de son dos. La chaleur s'accumula dans son corps et sa respiration se fit plus forte, sans pour autant s'accélérer. L'avocat ne savait jamais à quoi s'attendre, parfois surpris lorsqu'une main traversait une zone plus sensible que sa voisine, il frémissait puis attendait la prochaine vague de sensation avec plus d'impatience encore.

       Soudain, la jeune fille vint se coller contre lui. William se rendit alors compte qu'il avait toutes les propriétés d'un scanner vivant. Il sentait tous les détails du corps de sa partenaire qui se calquaient sur sa peau et aurait pu en faire le croquis exacte. Une légère pression des hanches et William comprit le message. Il se poussa légèrement, de quoi laisser la place à sa partenaire de reprendre pied sur terre. Leur baiser ne fut pas interrompu, William dut seulement baisser légèrement la tête au contraire d'Alyn qui levait le menton pour suivre le mouvement de leur lèvres soudées. Pendant ce temps, les bras fins et agiles de sa complice venaient se glisser autour des siens, à la manière d'une plante grimpante bien décidée à s'unir à lui. Puis, ce fut le choc. Les lèvres se séparèrent ; l'avocat ouvrit les yeux et aspira une grande goulée d'air froid et sec. L'atmosphère semblait immonde à côté de l'univers chaud et accueillant où il avait élu domicile. Maintenant, William savait ce que ressentait un poisson hors de l'eau ; l'atmosphère pouvait être bien agressive.

       "Suis-moi". Les mots glissèrent à ses oreilles comme une évidence qui ne souffrait aucun refus. Comment désobéir? D'ailleurs ça ne lui était même pas venu à l'esprit. William comprenait enfin pourquoi Ulysse hurlait, attaché au mât de son navire, tandis que son équipage, sourd à ses suppliques, ramait pour les éloigner de la baie des sirènes. Le chant et les promesses était trop tentantes. Comment résister à un tel appel... Évidement, c'était lui tout craché que de se comparer à un héros grec, mais il est difficile d'échapper à la mégalomanie lorsqu'on s'appelle William Dolan. Il suivit donc sa sirène sans rechigner, guidé par sa main. Il n'avait aucune idée où ils allaient et il s'en fichait éperdument. Si on lui demandait quel distance il avait parcouru en suivant ainsi Alyn, il n'aurait jamais été capable de donner une réponse cohérente. Son regard était fixé sur les hanches de la jeune filles qui se balançaient à la manière d'un métronome. Il ne savait pas où il était, mais l'atmosphère était moins agressive que dans la salle précédente. De douces odeurs d'encens venaient flatter ses narines et les lumières tamisées apportaient une atmosphère de chaleureuse à la pièce. Il se permit un regard curieux. C'était sans doute la chambre de la jeune fille. Normalement, il aurait encore dû être surpris, car la chambre détonnait encore avec le style de Sam. Le ton était chaud et tout était propre et ordonné. Pour dire la vérité, elle était bien mieux que la chambre actuelle de Dolan. Chez lui, l'ordre n'était pas vraiment une priorité ; une façon de compenser avec son train de vie rigide.
       La vision de cette chambre chavira lorsqu'Alyn l'attira sur le lit. Elle s'assit à demi sur lui ses jambes de chaque côté. La jeune fille se pencha et une crinière de cheveux noirs comme la nuit cascada sur lui. William lui sourit. Elle était magnifique. Un pure merveille de la nature qui se tenait devant lui. Elle eut alors la bonne idée de lui enlever ses lunettes. Il ne les sentait même plus et n'aurait jamais pensé à les enlever lui-même. Comme on peut s'y attendre, William n'avait pas besoin de plisser pas les yeux pour apercevoir quelque chose sans ses lunettes. Elles ne lui servaient que pour lire. Quoiqu'il en soit, sans ses instruments de travail ses yeux verts flamboyaient d'autant plus dans le cadre de ses cheveux de jais. Les mires bleus iridescentes cherchèrent son regard. Les deux couleurs s'affrontèrent dans un duel de désir réciproque. Puis, William retrouva son univers chérit lorsqu'Alyn se précipita sur sa bouche. Les échanges langoureux reprirent donc leur cours, avec la même douceur. Franchement, qui aurait parié sur des ébats doux et sensuels avec ces deux là?

       Alyn fit ensuite quelque chose qui pouvait très bien mettre le feu à son usine, même si William n'a pas ses talents de pyrokinésie. Des mouvements lents, frustrants. Ce corps le narguait impitoyablement. L'adrénaline se déchargeait dans son corps à chaque taquinerie du bassin de la jeune fille, chargeant ses muscles d'une énergie nouvelle qui ne demandait qu'à s'exprimer. Au bout d'un moment, c'en était trop pour le jeune homme qui prit la jeune fille sans pour autant toucher aux meurtrissures - ce détail ne lui échappait jamais – et la fit basculer sur le côté de façon à ce qu'il soit sur elle, prenant de nouveau la main. Il se redressa sur ses genoux et contempla la jeune fille. Elle avait bien exploitée son tour mais Dolan riait déjà en pensant aux exactions qu'il allait commettre au nom de la luxure. Commençons...

       William avait tout d'abord pensé à infliger au bas du corps le même traitement que pour le haut, mais ce que venait de faire Alyn avait consommée toute la patience de l'homme de loi. Il lui fallait ce corps et il allait le prendre, tout simplement. Il réussit tout de même à tirer les dernière gouttes de retenu qui lui restaient et laissa la jeune fille sur le dos alors qu'il descendait une nouvelle fois, ne pouvant s'empêcher, au passage, de congratuler la poitrine qui lui tendait les bras. Ceci fait, il attrapa les bords du pantalon et le fit glisser le long de ses jambes. Ces dernières se dévoilaient sous les yeux émerveillés du juriste qui découvrait une œuvre d'art. Il remonta le pantalon vers le haut obligeant les jambes à suivre le mouvement et à se dresser devant lui. Lorsqu'il eut fini, celles-ci se reposèrent naturellement contre lui, les mollets posés en équilibre sur son épaule. Il regardait, caressait comme un contrebassiste son nouvel instrument. Aucunes aspérités ne venaient déranger ses mains allors qu'il parcourait les jambes albâtres de long en large. Il jeta un coup d'œil à Alyn, comme pour s'assurer que ses deux perfection lui appartenaient bel et bien, et lui décocha un magnifique sourire. Il planta ses mires vertes dans les siennes et la défia du regard. Toujours avec ce regard provocateur, sa main s'inséra entre les deux jambes et descendit lentement, s'insinuant entre les deux cuisses... jusqu'à ce qu'elle touche le fond. Du tissu bien sûr, encore ce satané tissu noir qui bloque l'accès au plus intéressant. Qu'à cela ne tienne, d'une seul main il le crocheta au niveau de l'entrejambe, touchant au passage l'intimité d'Alyn. Il réprima un frisson au contact de cette partie si attirante, puis remonta le poisson qu'il avait ferré. Sans cesser son regard arrogant, il retira le sous-vêtements qu'il jeta avec mépris sur le lit, ou peut-être même parterre... William s'en moquait totalement. Il reposa enfin les jambes avisant qu'avoir les jambes relevé ne devait pas être confortable à la longue. Il les mit de chaque côté de son corps, les obligeant à s'écarter et dévoiler tout ce qu'elle cachait. Pourtant, William ne regardait pas. Ses yeux était toujours fixés sur ceux d'Alyn, avec toujours la même insolence. Il porta ses doigts à sa bouche et les mouilla sans complexe, comme un potier mettrait de l'eau sur ses mains avant de commencer son travail. D'ailleurs la comparaison n'était pas si éloignée de la vérité.

       Les doigts se présentèrent devant l'entrée de l'intimité, mais il nous faut tout d'abord présenter les protagonistes de la pièce qui allait se jouer. Nous avons donc pouce, index, majeur, annulaire et auriculaire. Certains sont plus agiles et talentueux que d'autres, mais il font tous leur part du travail. Bien... le rideau s'ouvre. Les doigts se présentèrent donc sur les lèvres - pas celles de la bouche nous l'aurons compris -. Elles apprécièrent un moment la configuration des lieux, dansant un petit moment sur les aspérités qui se déformaient sur leur passage. Tous les sujet furent abordées, du ballet sur le vestibule, jusqu'au lynchage du petit bouton si sensible. Autant dire que la pitié n'était pas de rigueur avec ce dernier. Lorsque la fleur fut totalement éclose, les doigts se regroupèrent à l'entré. L'index partit en éclaireur, hésitant et attentif aux réactions de l'environnement. Il ne s'attarda pas, pressé de raconté ses aventures à ses collègues. Ce fut ensuite le tour du majeur, le plus long, qui s'enfonça dans Alyn. Arrivé au fond il se tortilla comme un ver, puis caressa les murs vivants qui se convulsaient autour de lui.

       William retira sa main. Ce sera tout pour aujourd'hui. Il fixait toujours Alyn, concentré sur ce qu'il faisait, le feu mordant et frustrant qui le tenaillait avait été remis en cage par la volonté du juriste. L'acte 1 était terminé, place à l'acte 2. William se pencha sur l'intimité de la jeune fille, respirant les vapeurs enivrantes que celle-ci émanait. Le parfum n'était pas vraiment descriptible. Il brouillait les sens et le remplissait d'un désir sauvage. Avant que ses vapeurs ne lui montent à la tête, il plongea sur la fleur et gouta son nectar au lieu de se perdre dans son parfum. Sa langue parcourut toute la zone, en humidifiant chaque recoins, puis elle commença sa danse. Le bout de chair chaud et humide qui autre fois caressait langoureusement la langue de sa compagne jouait à un tout autre jeu maintenant. Elle dessinait, traçait, passait, repassait sans vergogne sur l'intimité torturée, ne laissant derrière elle qu'un sillon de salive mêlé au nectar de la fleur. Parfois, elle allait jusqu'au petit bouton tournant autour comme un requin puis l'assaillait une fois, deux fois et repartait comme elle était venu, laissant sa victime espérer en vain qu'elle ne reviendra pas. Quelle naïveté! Le manège dura longtemps. En faite, il dura jusqu'à ce que William soit rassasié des gémissements et du nectar dont il semblait assez friand.

       William se retira enfin et remonta jusqu'au visage d'Alyn. Il lui mordit gentiment le bout de son nez, la gratifia d'un sourire et s'abandonna une nouvelle fois au délice de ses lèvres. A croire que c'était sa signature, car un chapitre était passé et l'initiative est de nouveau cédée à la jolie demoiselle.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le mercredi 23 juin 2010, 11:27:09
Franchement, qui aurait parié sur des ébats doux et sensuels avec ces deux là? Certainement pas Sam en tous cas. Si William, lors de leur première rencontre, de la première fois que sa stature s’était découpée dans l’encadrement de la porte du commissariat où on la retenait prisonnière lui était d’emblée apparu comme étant un très bel homme, sain et vigoureux, et que très vite les yeux verts de Dolan avaient su se hisser à la première place du podium des plus beaux yeux qu’elle eut jamais rencontré, ces considérations n’en restaient que superficielles au possible. Un corps qui en apprécie et en veut un autre, rien de plus. Il n’y avait rien derrière, aucun bagage ni embarras psychologique, juste deux bouts de viande se livrant l’un à l’autre pour des plaisirs de la chair et uniquement ça. Une des relations les plus courtes, ça n’aurait même pas été un soir après un verre ou plusieurs, non. Ca aurait été abrupt, incongru mais intense. Tout ça, Sam l’avait pensé. Avant qu’il ne se présente et n’ouvre la bouche. Là, ses fantasmes s’étaient arrêtés. La jeune femme était très terre-à-terre, très pragmatique. Elle ne voyait pas l’intérêt de rêver si elle ne pouvait espérer avoir.
Et William, au moment où il s’était présenté, où il lui avait dit être son avocat et le peu d’émotion, l’absence totale d’émotion en fait, qu’il avait manifesté lors de ce premier échange avait ôté toute réalité aux désirs muets qui avaient traversé la tête de la jeune femme avant qu’il n’ouvre la bouche.

Il faut dire aussi que les différences entre Dolan et Sam sont on ne peut plus nombreuses, pour ne pas dire qu’ils sont de parfaits contraires. William aspire au bonheur matériel, amasse argent et pouvoir, est propre sur lui, ordonné et strict dans son apparence et avec ses relations au premier abord –au premier abord seulement puisqu’il n’a plus rien de strict avec Sam. Quant à elle, elle était brouillon dans ses relations et son apparence, quoique sans être négligée à l’excès. Elle se moquait d’avoir plus d’argent, tant qu’elle pouvait manger, elle ne vivait que pour elle et son plaisir immédiat, alors que William tablait plus sur le long terme. Il ne se serait pas donné la peine d’être avocat autrement, si ?
Aussi différents soient-ils tous les deux, ils se retrouvaient tout de même dans quelques points. La détermination d’abord, autant dire qu’ils étaient têtus tous les deux, l’amour du jeu et l’esprit combatif, qu’ils avaient démontré pendant la petite partie de questions/réponses, et bien sûr une attirance réciproque, le désir de l’un pour l’autre que l’autre renvoyait à l’un. On dit que les contraires s’attirent. Il faut cependant qu’ils ne soient pas contraires à cent pour cent, car Sam n’aurait eu aucune volonté propre, elle en aurait été bien moins intéressante. Elle n’aurait même pas été là en fait, et aurait sans doute été ce que William avait nommé un peu plus tôt « une oie blanche » et l’intérêt de leur rencontre aurait été nul. Or, là, il était tout sauf nul. En l’espace de deux rencontres, William avait su déverrouiller à lui seul plus de serrures, ouvrant les portes qui menaient à ce que Sam était vraiment, que n’importe qui avant lui en l’espace de dix ans. C’était une plus qu’honorable performance, mais qui effraierait sans doute Sam lorsqu’elle se rendrait compte qu’elle s’était presque mise à nue, dans tous les sens du terme, devant lui. Mais pour l’heure, elle était toute à lui, à ses mains, ses doigts, sa bouche… Et pensait à tout sauf à se prémunir des intrusions de l’avocat, bien au contraire. Peut-être, sans doute d’ailleurs, finirait-elle par être rongée de regrets et tempêter contre elle-même, mais William avait trop bien su attiser l’envie qu’elle avait de lui pour qu’elle s’arrête en si bon chemin.

Echange de bons procédés, après que Sam se soit amusée à titiller les envies de l’avocat, c’était à son tour d’en faire de même. Les mouvements de reins de la jeune femme atteignirent leur objectif, elle le constata à l’échange de position, alors que le juriste la faisait basculer sur le dos, reprenant ainsi les dés, c’était à son tour de jouer. Les yeux de Sam n’étaient plus dénués de vie, comme ils l’avaient été un long moment durant leurs entretiens. Non, maintenant ils brillaient et pétillaient d’un éclat nouveau, comme un phœnix qui serait revenu d’entre les morts, renaît de ses cendres comme le disait la formule originelle. Pour combien de temps, là était toute la question. Toujours est-il que lesdits yeux s’ancraient dans ceux du juriste dès que l’occasion se présentait. Et quand ceux de William fuyaient les siens, ils se rabattaient sur d’autres parties de l’anatomie du jeune homme. Glissant sur les traits délicats de son visage, sur ses lèvres qu’elle prenait tellement de plaisir à embrasser, sur le carré masculin de sa mâchoire… Sans le passer au crible d’une façon critique, disons plutôt qu’elle tentait de repaître chacun de ses sens avec une partie de l’avocat. L’odorat de son odeur, la vue de sa carrure, le goût de sa bouche, l’ouïe de ses murmures et soupirs, et le toucher de tout son être. Elle se demandait si c’était ce que faisait William également, alors qu’il la regardait après l’avoir allongée sur le dos.

En tous cas, cet instant passé à se regarder dans le blanc des yeux ne dura pas bien longtemps, et bientôt, l’avocat retourna s’occuper de la poitrine de Sam, sans s’y attarder cette fois-ci, mais rien que son passage avait suffit à donner la chair de poule à la jeune femme. Chair de poule qui s’intensifia et s’agrémenta d’un frisson lorsque son pantalon commença à lui être ôté. William n’eut pas beaucoup d’efforts à fournir pour atteindre son but, le pantalon ayant bien une taille voire deux de plus que celle que faisait Sam. La raison à cela ? Elle aimait nager dans ses pantalons, tout simplement. Une fois la barrière des hanches passées, ce travail là ayant déjà été fait à moitié puisque le pantalon était taille basse montait à peine suffisamment pour cacher les fesses de la jeune femme, ses cuisses puis ses mollets furent exposés au regard minutieux de Dolan. Et enfin, le pantalon tomba, défait comme le reste des vêtements de Sam, pas de taille à lutter contre les doigts de l’avocat.
Les jambes de la jeune femme étaient longues et fines, mais puissantes, nerveuses, toutes en muscles. Normal pour une pratiquante journalière de rollers et autres sports de glisse. L’avantage sur ce sport « du pauvre » - car pratiqué dans la rue ? - étant que contrairement à l’équitation, sport de riches établi, il était très loin de donner ce qu’on appelle communément « une culotte de cheval ». Bien au contraire, le roller était un sport très complet qui musclait les mollets, les cuisses, les fesses et les abdos. La seule chose à laquelle on devait faire attention étant les chutes et les reins. Les reins car si l’activité est pratiquée d’une façon inadaptée, ça peut être douloureux. Mais Sam était rodée, elle ne risquait donc rien et chaque heure de pratique affinait ou entretenait juste sa silhouette. Silhouette qui avait déjà plu à plus d’un, qui n’avait plus besoin de faire ses preuves. Et apparemment, ça ne serait pas William qui irait dire le contraire. La tête de Sam s’inclina quelque peu sur le côté, histoire d’embrasser l’avocat du regard sans être gênée par sa poitrine qui se soulevait au rythme de ses respiration et s’intercalait d’une façon désagréable quoique brève entre le juriste et elle. Le beau sourire de William trouva échos dans celui en coin que se permit la jeune femme. Non, décidément ça ne serait pas lui le premier à se plaindre de sa plastique, quoique Sam attendait toujours ce moment, qu’elle accueillerait avec fatalité et résignation car « On ne peut pas plaire à tout le monde » lui avait-on toujours seriné.

Les yeux des deux jeunes gens se fondèrent une nouvelle fois les uns dans les autres, se rendant provocation pour provocation, défi pour défi. Si William la défiait du regard et de ses mains, le visage de Sam le mettait au défi lui aussi… Non pas de continuer, elle aurait alors fait planer la menace d’une vengeance, mais d’arrêter. Oui, elle le défiait d’arrêter. Puisqu’elle espérait que justement pour ne pas lui donner raison et victoire, il continuerait. Psychologie inverse muette que tout un chacun était à même de pratiquer dans l’intimité, ou même pas d’ailleurs.
Loin de s’arrêter, et ce pour le plus grand plaisir de Sam, William poursuivit, allant crescendo dans l’intensité et l’insistance de ses caresses. Au début, alors que ses doigts se contentaient de l’effleurer, la jeune femme pouvait maintenir le regard de l’avocat, frémissant juste à certains contacts. Et puis quand les choses avaient commencé à devenir « sérieuses » et que la main de Dolan se faisait plus insistante et tout simplement que ses mouvements se faisaient de plus en plus érotiques, Sam peinait aussi à garder le lien visuel entre elle et William. Ses doigts à elle glissèrent sur ses draps et s’y cramponnèrent, les froissant au passage alors qu’elle rendait les armes devant la dextérité de William et les attentions desquelles il la comblait. Il avait gagné, elle ferma les yeux, ses dents se desserrèrent, sa bouche s’entrouvrit et sa tête se rejeta en arrière. Toute à son plaisir, elle se rendit à peine compte que la main du juriste avait laissé place à la langue, tout ce qui importait était le plaisir qui envahissait son corps, lui faisant tourner la tête et comprimait ses organes de l’intérieur, comme s’il cherchait à les remplacer tous. Sam ne s’entendit même pas gémir. Elle perdait le contrôle sur ses sensations et ses réactions, haletait, soupirait…

Et puis c’en fut terminé. William quitta son intimité et Sam rouvrit les yeux, reprenant corps dans la réalité. Elle sentit son bassin retomber doucement sur le lit, elle s’était donc cambrée de plaisir sans le voir, et déglutit. Elle peinait à reprendre son souffle quand le visage de l’avocat se redessina dans son champ de vision. Une nouvelle fois, les yeux de la jeune femme se fermèrent alors que son nez se retrouvait prisonnier de la tranche des dents du juriste, la bouche de Sam s’étirant en un petit sourire avant qu’elles ne se retrouvent emprisonnées à leur tour, condamnées sans doute pour la moqueries qu’elles avaient eu l’audace d’avoir vis à vis de leur supérieur le nez. Le baiser offert par William donna l’opportunité à Sam de se calmer un peu, de se rafraîchir légèrement les idées pour pouvoir passer à la suite. Le problème étant que plus on arrosait un feu, plus il reprenait avec vigueur si la somme d’eau versée n’était pas suffisante pour le noyer directement. C’est précisément ce qui se produisit avec la délinquante. A force de vouloir faire redescendre sa température, elle ne faisait que s’agacer elle-même et parvenir à se donner plus de vigueur encore, si c’était possible.

Les bras de Sam vinrent s’enrouler autour de Dolan, une main descendant dans ses reins et l’autre remontant dans ses cheveux alors que, les yeux clos, Sam fermait les yeux et pressait légèrement la bouche de l’avocat contre la sienne, pour savourer ce baiser fort en fougue et en passion. Envieuse de retrouver sa camarade, la langue de Sam glissa sur les lèvres du jeune homme, comme frappant à leur porte, avant de s’immiscer entre elles pour prendre son homologue par surprise. Sam se servit de cette diversion pour inverser les positions. Ses bras relâchèrent l’avocat et ses mains s’ancrèrent plutôt une de chaque côté de son visage. Elles servirent d’appuis à Sam qui prit place à califourchon, assise sur le bassin du juriste et le sien se remettant à décrire les mouvements qui l’avaient électrisé un peu plus tôt, alors que son buste se redressait lentement, contraignant William à en faire de même s’il voulait garder en sa possession la bouche de la jeune femme.
L’une des mains de Sam se glissa ensuite dans le dos du jeune homme pour l’attirer contre elle, le faisant s’asseoir, tandis que l’autre s’attaquait à la boucle de ceinture et aux boutons du pantalon du juriste. Une fois que ces maigres résistances furent tombées sous le joug impitoyable des mains de la jeune femme, elle invita William à se rallonger, suivant elle aussi le mouvement de son corps. Elle lui vola un nouveau baiser, bref et au sourire étiré. Ses lèvres glissèrent alors sur la peau du visage du juriste, effleurant de son passage les angles de sa mâchoire, le creux de son cou, celui de son épaule. Elle embrassa cette dernière lascivement, puis reprit sa langoureuse descente, revenant sur le torse et déposant quelques baisers au passage, ici et là, aux endroits qu’elle avait relevés sensibles lors de l’exploration de ses doigts, s’attardant même à ces endroits. Le nombril aussi eut droit à son lot de cajoleries, et Sam n’arrêta sa lente progression qu’une fois que ses lèvres rencontrèrent la barrière de tissus qu’elle ne lui avait toujours pas enlevée. Elle tint à réparer cet impair.

Ses doigts se glissèrent entre le tissus et la peau de l’avocat, au niveau de sa taille, et tirèrent lentement pour faire descendre les deux couches successives qu’étaient le pantalon et le sous-vêtement du juriste. Penchée sur son travail, Sam embrassa au fur et à mesure la peau dévoilée, et bien sûr la verge de William ne resta pas ignorée ni snobée de ces attentions. Sam se redressa un peu cependant pour finir d’enlever les vêtements de William, ce qui n’était pas pratique à moitié baissée. Elle avait terminé son labeur hors du lit, et debout face au juriste, l’un et l’autre pareils à Adam et Eve dans leur tenue. Regagnant la couche avec lenteur, c’est à quatre pattes qu’elle vint surplomber Dolan sa bouche avide de retrouver la sienne après quelques baisers glissé dans son cou. Le corps de la jeune femme ne resta cependant pas perché bien longtemps. Avec lenteur, l’une des jambes de Sam s’intercala entre celles de William alors qu’elle s’étirait et passait de la position à quatre pattes à celle allongée. Bientôt, sa poitrine retrouva le torse de l’avocat, s’écrasant contre lui, mais pas seulement. Leurs ventres aussi furent en contact, leurs bassins, leurs cuisses, leurs jambes… C’était comme si Sam cherchait à accoler le plus de surface possible de son épiderme contre celui de William. Elle avait rarement cherché ce genre de choses, d’habitude elle se contentait de peu, mais là elle-même voulait bien faire, donner beaucoup, plus qu’elle ne recevait.

Serrée donc, blottie en fait, contre l’avocat, sa délinquante de cliente lui rendit le monopole des actions, les dés, elle-même, et tout ce qui serait indispensable à son tour de jeu, puisque le sien venait de se terminer.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le vendredi 25 juin 2010, 13:49:07
      Sam pouvait avoir William quand elle voulait. En théorie c'est assez simple. Il suffit d'avoir une plastique correct et lui sauter dessus en attisant son désir avant qu'il ne vous repousse gentiment. Rien de plus facile puisque l'avocat étant un membre du sexe masculin, il désire après tout ce qui possède une poitrine et des fesses rebondies. Du coup, il n'y a pas vraiment de gloire pourrait-on penser, mais dans ce cas là vous n'aurez qu'une simple partie de "baise". Dans ce cas de figure, sa partenaire avait ce qu'elle voulait, une partie de jambes en l'air sauvage et égoïste. Pas de douceur, pas de partage et surtout pas d'attention. On oublie les caresses et les baisers ; tout ce qui rend ce moment intime et fusionnel. Un peu tout le contraire de ce qui se passait avec Alyn. William voulait son plaisir et lui donner tout ce qu'il y a de bon en lui. Il tentait désespérément de se frayer un chemin jusqu'à son cœur pour y instiller sa propre essence, le convertir à sa cause. L'homme ne se contentait pas de son corps, il voulait tout. Son avidité sans bornes pour tout ce qui caractérise la jeune fille s'embrasera dans sa tentative de faire fusionner leurs corps et leurs âmes. Une tentative couronnée de succès évidement... Nous parlons de William Dolan.

       William qui n'avait pas opté pour la solution la plus rapide. Il faisait donc l'amour. Une pratique souvent négligée qui impose de faire intervenir certains sentiments – raison pour laquelle elle est négligée – mais pas forcement l'amour, ou du moins, pas sous la forme qui nous vient tout de suite à l'esprit. L'amour est le sentiment le plus vaste qui existe et pourtant, on a eu l'idiotie de le confiner en un seul et même mot. Une stupidité telle que l'on se demande pourquoi ça ne choque que Dolan. Mais soit. Faisons avec ce que nous avons. C'est donc dans cette optique, en ayant pris conscience de toutes les nuances que ce mot pouvait impliquer, les yeux dans les yeux, à ce moment précis de partage charnel... "Je t'aime Alyn Addams".

       D'un habile diversion, les deux corps se retournèrent. William sentit les mains douces et fines prendre son visage. Ses paupières se fermèrent et lorsqu'il les ouvrit, Alyn avait pris l'ascendant, le surplombant légèrement. Une aubaine pour le juriste qui avait le nez dans les jolies ovales de sa partenaire. Mut par la gourmandise, il s'apprêta à en aspirer un lorsque des lèvres l'interceptèrent pour lui offrir en échange de leur grâce, un baiser rieur. Une fois de plus elle provoqua Dolan par ses lents mouvements de bassin que son pantalon léger n'arrivait pas à atténuer. La sensation était animale. Le bassin qui ondulait de cette manière que seules les femmes peuvent reproduire et cette sensation sur son intimité lui enflammait son désir comme jamais. Puis sa bouche descendit jusqu'à son cou et continua son progression toujours plus bas. Les lèvres aussi légères qu'un papillon voltaient sur son torse, laissant une trace moite sur chaque site visité. En réponse, certains muscles de son torse étaient parcourus de spasme dû aux décharges de plaisir qui se déclenchaient à chaque passage des lèvres. Le périple fut stoppé par la barrière de tissu qui commença lentement à glisser le long des jambes de l'avocat. La lente procession du pantalon et du sous-vêtement fut précédé par une cascade de baisers. William les yeux tournés vers le plafond, les bras en croix, haletait dans l'expectative de ce que son bourreau allait lui faire. Il poussa un léger grognement qui se mua en soupir lorsque sa bouche arriva sur l'endroit le plus sensible de l'avocat. Il le sentit gonfler immédiatement sous les caresses de la jeune fille. Puis, elle dut interrompre ses baisers pour régler définitivement son compte au reste des vêtements de William. Finalement, Alyn le rejoignit, à quatre pattes, roulant les épaules à la manière d'un fauve. Inutile de dire que ce petit défilé l'excita grandement le juriste. Elle se lova tout contre lui, peau contre peau, sa cuisse à l'intérieur de son entrejambe lui donna l'impression que ce dernier allait exploser. C'était enfin son tour. Alyn allait récolter ce qu'elle avait semée.


       William n'en pouvait plus. Il attrapa le galbe des fesses de sa compagne et roula sur le côté pour inverser une nouvelle fois les positions. Sa bouche prit d'assaut celle d'Alyn, puis ses dents agrippèrent sa lèvre inférieure. La langue du juriste habile avec les mots, montrait sa dextérité en titillant le piercing qu'elle portait. Tandis qu'il jouait avec, ses mains s'affairaient à prendre possession des jambes de la jeune fille. Il les écarta, libérant le passage. La virilité chercha un instant, seule, l'ouverture qui lui permettrait de concrétiser leur union. Lorsque celle-ci fut calée et en position, William lâcha la lèvre de la jeune fille et lui coula le baiser le plus tendre dont il était capable. Il entreprit ensuite de s'insérer dans son intimité, jusqu'à la garde et poussa un soupir de contentement en sentant les parois douces et humide réagir son intrusion. Il se sentait aspiré et cajolé dans cette endroit qu'il n'avait qu'effleuré. Le désir brulant, sauvage et frustré se métamorphosa alors qu'il goutait au paroxysme de la passion. La frustration avait disparue et faisait place à un sentiment de plénitude totale. Il commença alors à accélérer le rythme des va-et-vient, donnant à leur échange amoureux plus de passion. Le rythme était régulier suivant docilement celui de la respiration d'Alyn pour se donner une référence temporelle dans une atmosphère qui se libérait totalement de l'emprise du temps. Puis, le plaisir commença à le submerger, il se sépara des lèvres de la jeune fille et vint se perdre contre son épaules. L'oreille contre son cou il entendait les à-coups du cœur de sa compagne, le plongeant dans une transe que lui fit peu à peu perdre le sens des réalités. Ses mouvement devinrent anarchiques et désordonnés, un peu moins académique. Ils fluctuaient entre des phases d'accélération intenses où le plaisir était le seul juge de ses actions, puis des moments de relaxations où la bouche de William s'égarait sur le visage d'Alyn.

       Les contacts entre les deux protagonistes se firent plus brulant lorsque la sueur se mêlait à la partie. Une fine couche commença à envelopper l'avocat soumis à l'effort. Le liquide faisait briller les courbes de ses muscles en pleine activité. Ses mains, elles, ne savaient plus quoi faire. Elles erraient sur le corps d'Alyn, sans but. L'une d'elles partit même se perdre dans ses longs cheveux noirs. Elle s'enroula entour d'une mèche et s'y immobilisa, apparemment satisfaite de son sort. C'est dans cette phase que l'initiative est cédée.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le lundi 28 juin 2010, 10:27:27
La magie propre à la femme est de parvenir à faire plusieurs choses à la fois. Et en cela, il était indéniable que Sam était bel et bien une femme. Aussi s’activait-elle à donner du plaisir à William, à en prendre également, autant qu’elle réfléchissait, se prenait la tête pour peu de choses comme les femmes savent le faire. En l’occurrence, il s’agissait de quelque chose que les hommes justement disaient rarement à la légère la plupart du temps. Et en ça, Sam était masculine puisqu’elle même ne l’avait jamais dit qu’à ses parents et à son frère. Il n’avait pas la même signification, les mêmes conséquences… Et plus troublant encore, elle ne s’était pas révoltée quand il l’avait appelée par son prénom authentique. L’association des deux lui faisait vraiment bizarre. Elle n’était pas certaine que l’avocat réalise dans quelle galère il s’empêtrait en lui disant ces mots simples. Le plus déstabilisant étant qu’elle ne se souvenait pas avoir réclamé une telle déclaration. Peut-être l’avait-elle fait inconsciemment. Elle aurait dû y penser avant, maintenant c’était trop tard. Il allait falloir qu’elle demande un autre avocat aussi maintenant… William la connaissait bibliquement à présent, et à l’entendre, il était impliqué dans l’affaire au-delà du raisonnable. Si Sam ne doutait pas des capacités de l’avocat à faire abstraction et à être compétent en toutes circonstances, elle doutait de ses propres capacités à se montrer « professionnelle ». Et le pire de tout : elle était effrayée. Effrayée à l’idée que ça ne lui cause que des problèmes supplémentaires, effrayée à l’idée d’être plus dépendante de lui qu’il ne le serait d’elle, effrayée d’apprendre qu’elle n’avait été qu’un jouet… N’auraient-ils été enlacés, elle aurait fui, prenant ses jambes à son cou et partant aussi loin que possible de toutes cette volupté, de ces contacts tous plus invitants les uns que les autres et de ces yeux verts qui lui donnaient le tournis, comme si elle avait tourné très vite très vite sur elle-même, les bras écartés en regardant vers le ciel.
Elle tombait d’une chaise encore, contrairement aux midinettes qui se voyaient élevées par l’amour. Sam elle, tombait. Et se cassait le nez. Pire encore puisque Sam le supportait, l’avait supporté du moins, sans broncher et pouvait s’en relever avec facilité. Mais elle ignorait ce qu’il en serait maintenant qu’elle n’était plus certaine d’avoir envie d’être la terreur de la zone industrielle.

Pas de raideur trahissant la tension et les questionnements qui assaillaient Alyn. Ses mouvements restaient fluides et sensuels, sans hésitation, sans retenue, sans fausse pudeur. Si ce n’était ses yeux qui semblaient plus perplexes à certains brefs instants, rien ne laissait supposer qu’intérieurement, elle était l’équivalent d’une île soufflée par les laves d’un volcan entré en éruption. Des ruines. Des ruines qui seraient bientôt remplacées par une végétation luxuriante, si on lui laissait sa chance…

Toujours est-il que si une partie de son esprit était ailleurs, l’autre partie, la plus conséquente, et son corps étaient ancrés dans la réalité et dans l’instant présent, tout entiers à leurs caresses et baisers et au juriste, qui venait une fois de plus d’inverser les positions. Nouveau baiser, entre William et Alyn cette fois, qui ne put s’empêcher de sourire légèrement lorsque sa lèvre fut captive et son piercing agacé. Dolan n’eut aucun mal, avec cette diversion ou pas, à contraindre les cuisses de la jeune femme à s’écarter afin de lui livrer l’accès à son intimité, qu’elle lui offrit bien volontiers du reste. Les yeux de la délinquante, bouillants d’envie, s’ancrèrent dans ceux de l’avocat, alors qu’elle positionnait doucement son bassin, afin d’en faciliter l’accès à celui du jeune homme. Les deux jeunes gens échangèrent un nouveau baiser, chargé en tendresse et douceur comme chacun de leurs gestes depuis qu’ils avaient partagé leur première embrassade, la jeune femme sentant son amant aux portes d’elle-même.
Et puis le baiser fut rompu et au soupir de William se joignit un gémissement discret d’Alyn, qui éprouvait au moins autant de plaisir à sentir sa hampe comme happée par elle, alors qu’elle cambrait ses reins afin de permettre au juriste une possession totale de son corps.
Ainsi l’un dans l’autre, le désir et le plaisir perdait un peu de empressement, mais faisait gagner au juriste et à la délinquante des sensations tout aussi agréables. L’intérieur d’Alyn était chaud et accueillant, les parois caressaient le membre de William à chaque mouvement. C’était une sensation délicieuse et grisante que de le sentir se mouvoir en elle. Elle se mit à décrire des mouvements de reins antagonistes à ceux du jeune homme, son cœur se mettant à battre toujours plus vite, il lui semblait qu’il avait quelques ratés. Les bras de la jeune femme quant à eux s’étaient noués autour du torse de William, et Alyn avait enfouit sa tête dans le creux du cou du juriste, le faisait ainsi profiter des échos de ses soupirs et gémissements de plaisir. Ils se faisaient nombreux, William pouvait entendre la voix de la délinquante s’élever et soupirer son plaisir à chacune de ses poussées, aussi archaïques fussent-elles.
Le plaisir montait, et Alyn frémissait. Elle se sentait proche du paroxysme mais ne désirait pas l’atteindre pour le moment. Elle n’aimait pas venir trop vite, elle préférait prolonger au maximum les douces sensations que lui procuraient les allées et venues d’une verge.


-William…

Un prénom, chuchoté comme un gémissement au creux de l’oreille de son possesseur, comme si elle cherchait à le prévenir de ce qui allait se passer. D’un petit mouvement de jambes et de bassin conjugué, William et Alyn roulèrent de nouveau, la jeune femme reprenant le dessus. Elle se redressa avec lenteur, laissant ainsi le loisir au juriste d’apprécier la vue sur ses appétissants trésors, avant de reprendre ce que le jeune homme avait commencé.
Ses mouvements de reins étaient amples et lents, ils faisaient perdre de son urgence à l’orgasme qui avait menacé de surprendre la jeune femme, mais la sensation provoquée par eux, contraignant le membre de Dolan à se retirer presque entièrement pour toujours revenir plus profondément en elle était fantastique.
Les reins cambrés, La tête tantôt rejetée en arrière, tantôt inclinée sur le côté, les mains d’Alyn caressant le torse musclé pour le plaisir des yeux de William, les gémissements de la délinquante reprirent de plus belle. Chacun son tour de fournir des efforts, chacun son tour de se voir contraint de suer pour le plaisir de l’autre, enfin du moins, Alyn espérait sincèrement que le parti qu’elle prenait depuis le début de prendre des initiatives ne mettait pas de frein, aussi léger soit-il, aux ardeurs de Dolan. Ca, seul le temps nous le dira.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le jeudi 01 juillet 2010, 01:30:00
       L’avait-il dit à voix haute ? Mince ! Autant dire que William ne savait plus trop ce qu’il faisait. Ces mots étaient sortis tous seuls, alors qu’il croyait les avoir pensé. A priori, cela avait été pensé trop fort. Pourtant, William n’y avait pas prêté attention. Il faut dire aussi que ce n’est pas les réactions inexistantes d’Alyn qui allaient crever la bulle de son rêve et lui faire prendre conscience de la gravité de ces paroles. Toutefois, dans l’hypothèse où elle aurait réagi, William n’est pas homme à se laisser déstabiliser pour si peu. Il ne regrettait pas ce qu’il a dit puisque c’était la vérité. Pourtant, il doutait fortement qu’Alyn comprenne la signification de ce mot. Comment le pourrait-elle d’ailleurs ? L’amour contient trop de sensations, de sentiments et de mystères pour être contenu dans un misérable petit mot de deux syllabes. En ce qui concerne Dolan, l’amour ne s’empare pas de lui ; il ne le gouverne pas et ne le rend pas aveugle à tout autre chose. Comme n’importe lequel des sentiments qu’il éprouve, l’amour est maitrisé, tempéré et ne lui faire pas faire les folies spécifiques aux amoureux transis. William était prêt à sacrifier ceux qui lui sont chers s’il n’a pas d’autres choix. Dans le cas contraire, il ferait un bien piètre méchant. C’est ce genre de choix difficile et insensible qui lui donne le droit d’arborer ce titre avec fierté. En effet, quelle gloire y a-t-il à être mauvais lorsque l’on n’éprouve rien ? C’est facile d’être insensible et cruel lorsque l’on n’a pas de conscience et qu’on ne distingue pas le bien du mal. William n’avait rien à voir avec ces méchants du petit écran. C’est un choix et une volonté qui le guide, et non sa nature. Cette dernière avait malheureusement tendance à s’exprimer lorsque son corps était collé à Alyn et que les nuages de son souffle torride venaient lui embrumer les sens.

       La jeune fille réagissait agréablement à ses assauts répétés. Elle ondulait, se cambrait avec une souplesse qui émerveillait toujours le juriste, comme tout ce qui est féminin. Il caressa les angles impossibles que formaient son bassin avec ses flancs, le genre de figure que seul un corps de femme pouvait faire et qui avait le don de nourrir son appétit sexuel. Toujours reliée à lui, elle se tortillait pour faciliter l’accès à son intimité, amplifiant les allers et venus de la colonne de chair brulante. Bercé par les soupirs de son amante, William sentait l’extase venir. La chaleur s’amplifiait au niveau de son bassin et formait comme une boule qui grossissait lentement. Chaque caresse, chaque frottement sur son sexe sensible, faisait grossir cette boule qui ne demandait qu’à éclater et à se libérer dans son corps, à la manière d’une majestueuse explosion de plaisir concentré.
       C’est alors qu’Alyn eut la bonne idée d’inverser les positions. Elle accompagna sa manœuvre en lui susurrant son prénom à l’oreille. C’était sans doute la première fois qu’il apparaissait par le biais de ses lèvres délicates. Le juriste n’était même pas sûr de lui avoir déjà dit. En tout cas, ce genre de questionnement ne resta pas plus d’une demi seconde dans le crâne de l’avocat, chassé par une vision des plus charmante. La jeune fille le surplombait, exhibant ses attributs au feu de ses mires vertes. Puis, elle se mit à bouger. Les mouvements étaient plus lents et il ne décidait plus de leur fréquence. Il sentait bien que la jeune fille n’avait pas encore jouie, et il était bien sûr hors de question qu’il vienne avant elle, car si ce triste scénario arrivait… et bien, il n’avait qu’à tout recommencer, depuis le début, encore, encore et encore. Heureusement, c’était plus facile de se contenir et de se contrôler lorsque l’on n’est pas tenté de libérer une furie nourrit par l’extase. En effet, les mouvements lents et amples d’Alyn faisaient retomber l’orgasme qui menaçait de l’envahir. La boule de plaisir se résorbait lentement, le laissant avec l’enivrement de ses sensations. Pourtant, William n’était pas dupe. Elle n’avait pas disparue et menaçait de le surprendre à la moindre occasion. Durant, cette phase de calme où les ardeurs se calmaient pour un temps, William avait tout le loisir de voir, de toucher et de sentir le corps qui le surplombait. Puis, l’ardeur revint à la charge, lui ordonnant de reprendre les rênes de cet échange.

       Par fantaisie ou par simple envie de changement, William se redressa sur ses genoux mais ne laissa pas Alyn s’étendre de nouveau sur le lit comme un banal échange de position. Il s’en assura en prolongeant un baiser qui ne pouvait pas être interrompu. Lorsqu’elle fut assise sur ses genoux, il glissa ses bras sous ses jambes et positionna ses mains sur ses fesses, de manière à pouvoir la soulever facilement et sans inconfort. Puis, il la fit glisser de haut en bas, la soulevant pour mieux l’empaler sur lui. Les mouvements étaient lents car il la portait à demi. Il posa sa bouche sur la gorge de la jeune fille ; celle-ci glissa à la manière d’une aiguille de gramophone sur un disque de zinc. La musique obtenu était, cependant, de meilleure qualité, et terriblement plus excitante. Il continua à la faire basculer de haut en bas avec la même lenteur que précédemment, profitant de cette position qui semblait lui donner tout pouvoir sur les événements. Elle bougeait sur lui, et William la faisait se mouvoir. Ce contrôle total n’était pas pour lui déplaire et avec Alyn, ces moments restaient assez rares. Non, ce n’est pas exact. Ces moments sont rares avec Sam ; il faut donc en profiter. Mais au bout d’un certain temps, les mouvements étaient trop lents pour Williams qui commençait à s’enhardir. Des mouvements de bassins prirent le relais de ses bras fatigués. Il n’avait qu’à la soulever légèrement pour se donner toute l’amplitude dont il avait besoin. Le rythme était plus soutenu et il le fit perdurer, abandonnant son visage entre les seins de la jeune fille. Les légers claquements de la peau contre la peau étaient la seule chose qui donnait une idée du rythme qu’imposait William. Quoiqu’il en soit, la cadence n’était plus synchronisée avec les lentes inspirations de sa belle, qui s’étaient d’ailleurs accélérées, mais qui ne pouvaient toujours pas suivre. La respiration de William s’accéléra également, peinant devant l’effort. Pourtant, il refusait de ralentir. Lorsque le feu dans ses bras devint insoutenable, il relâcha la jeune fille sur le dos et la suivit sur le matelas. Le tempo ne faiblissait pas et il s’escrima jusqu’à ce que les gémissements qui s’échappaient de la bouche d’Alyn, laissent la place à des exclamations plus éloquentes.
 
       La boule de plaisir, la concentration de tous les délices que lui avait procurée sa nymphe, revint à l’assaut. William avait conscience que le point final de ces ébats était proche. La fatigue et la jouissance était en concurrence. Finalement, le juriste sentait qu’il atteignait le point de non retour et redoubla d’efforts. La boule grandit, puis se craquela. Il sentait l’orgasme se répandre dans son corps, puis il explosa littéralement depuis son bas-ventre et se répercuta dans son corps. L’onde de choc traversa chacun de ses membres, les électrisant au passage. William se vida longuement en elle, le nez enfoui dans sa nuque, respirant à pleins poumons les multiples senteurs que son corps excité exhalait. Il restait un instant sans bouger étourdi par l’orgasme qui venait de le transpercer. Puis, à tâtons, comme un aveugle, il chercha les lèvres d’Alyn, seule oasis de fraicheur qui était à porté. Il s’y abandonna dans un baiser doux, mêlant salive et sueur en guise d’épilogue à ces ébats.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le jeudi 01 juillet 2010, 14:42:09
Alyn ne comprenait justement pas la signification de ces deux syllabes, mais elle en connaissait les conséquences et implications. Et si le sens qu’entendait William à ce sujet lui échappait, elle n’était pas sans ignorer que c’était toujours une source de complication, à moins de s’appeler Laura Ingalss et de vivre dans une petite maison dans la prairie… Ou encore d’être une de ces créatures douées pour la vie à deux, à la peau douce, qui buvaient du kir royal et étaient pompette au bout de deux gorgées… C’aurait peut-être été le cas d’Alyn si sa volonté n’avait pris le dessus il y a de ça… Pfiou… Une bonne dizaine d’années au moins. Ne jamais sous estimer les enfants. Ils ont le visage de l’innocence mais tous ne le sont pas.
Mais bref. L’avocat ne risquait pas de se voir embêté par Alyn d’une quelconque façon tant qu’il était réglo, qu’il ait dit l’aimer ou pas. Elle n’était pas du genre à courir après ces déclarations, les mon cœur mon amour lui portant sérieusement sur le… Cœur justement et lui donnaient la nausée. Elle préférait les histoires passionnelles, presque auto-destructrices, plutôt que ces démonstrations dégoulinantes de bons sentiments. Pour elle, ça n’était pas ça l’amour en tant que tel. Tout comme à ses yeux, il n’y avait pas qu’une manière d’aimer. Il y avait la façon d’aimer sa mère, son frère, sa famille. Et puis il y avait les amis, l’amour vache, les relations ambiguës… Les je t’aime bien, je t’adore etc. Bref, autant de nuances possibles. Mais finalement, l’amour entre un homme et une femme comme l’entendait Alyn se résumait à bien peu de choses. Un désir réciproque en toute occasion et une présence dans les cas extrêmes. Par cas extrêmes, elle n’entendait évidemment pas la panne d’une gazinière, non. Un cas extrême c’était plutôt « Y’a un type qui me tire dessus là, need back up please ». Ca c’était une situation extrême. Le reste du temps, c’était chacun pour soit, de son côté blablabla… Le peu d’expérience qu’avait Alyn de la veut à deux et de ce que ça impliquait était impressionnant en soit. Mais elle avait ça de bien qu’elle n’harcelait jamais ses anciens amants, sauf s’ils diffamaient sur son compte. Là, par contre elle voyait rouge. Enfin, ils n’en étaient pas encore là et c’aurait été bien dommage que des réflexions de ce genre les coupent dans leur élan. Ce qu’elles ne firent pas, puisqu’Alyn était à cent mille lieues de penser à ça à cet instant.

Alyn allait et venait, avec une lenteur calculée, jouant de ses reins et faisant ainsi se mouvoir la virilité de l’avocat aussi loin en elle que le lui permettait cette position. Evidemment, ces gestes lents et répétés n’avaient pas pour but d’apporter la jouissance, à l’un ou à l’autre, c’était plus comme… La mi-temps d’un match ? Une petite pause, qui n’ôtait rien à la sensualité de l’instant, pour permettre aux deux esprits de se calmer l’espace d’un instant afin de prolonger leurs ébats ? Plutôt. La jeune femme n’était pas vraiment friande de ces pratiques, parce que tout simplement, la plupart du temps elle n’était pas certaine de jouir. Elle préférait donc ne pas laisser la température et l’excitation redescendre, par crainte qu’elle ne puisse remonter. Or, là c’était différent. En quoi ? Là est toute la question.
Toujours est-il que, même si ça n’était qu’un moyen de faire lentement reculer la vague des plaisirs de l’orgasme, Alyn prenait beaucoup de plaisir à cette pratique.
A ne pas faire durer trop longtemps cependant, sinon le plaisir se muerait en impatience et ça serait désagréable. Les deux jeunes gens furent préservés de cela de toutes façons par l’intervention  à point nommé du juriste qui troqua la passivité à laquelle Alyn l’avait contraint pour une nouvelle position où le rôle de passive lui serait cette fois confié à elle.
Le baiser que lui donna le juriste lui fut rendu, alors que les bras de la jeune femme venait s’enrouler avec une douceur calculée autour de son cou, alors qu’elle se redressait et manœuvrait son corps afin de permettre à William de prendre ses aises facilement et sans douleur. Cette position était encore plus délicieuse que la précédente, puisqu’elle permettait à Alyn de sentir encore mieux les mouvements de l’avocat, qui lui-même pouvait s’enfoncer encore plus loin que précédemment.
La poitrine de la jeune femme se soulevait et s’abaissait lentement, alors que sa tête se laissait partir en arrière, cambrant la totalité de son dos dans son élan et offrant ainsi gorge et poitrine aux bons soins de la bouche du juriste. Il su d’ailleurs en profiter et en faire bénéficier Alyn, dont l’excitation, qui était restée stationnaire durant un moment, se remettait à grimper dangereusement. Moins que des gémissements, ce furent des soupirs qui s’échappèrent de sa gorge. Leurs mouvements étaient langoureux et emprunts d’un érotisme certain, créant une ambiance voluptueuse qu’elle ne voulait en aucun cas déranger par des cris disproportionnés et décalés. Et puis, avec les assauts de William, l’empressement revint.

La pause était terminée, cette fois ils voulaient, ils avaient besoin, d’évacuer la tension accumulée dans leurs muscles et dans leur chair, cette tension qui était née de leur attirance réciproque. Ils étaient humains, ils faillaient comme tels. Des regrets ? Aucun de la part d’Alyn. Le visage aux yeux fermés et à la bouche entrouverte, mu visiblement par une expression de plaisir était très éloquente.
Lentement, les soupirs laissèrent la place à de petits gémissements. Ils s’élevaient et disparaissaient aussi vite, chaque poussée de reins de William en faisait naître un nouveau, qui était achevé par son successeur, et ainsi de suite. Alyn se mit à respirer bien plus fort alors qu’elle se sentait proche du paroxysme de son plaisir. Une fois encore, la position changea pour en revenir à celle par laquelle ils avaient commencé et par laquelle tout allait se terminer.
Chacun des muscles de la jeune femme était tendu, dans l’attente de la douce délivrance que leur apporterait l’orgasme salutaire, ses reins plus cambrés que jamais. Ses cuisses trouvèrent encore cependant la force, elle-même tirée de l’envie, pour aller s’enrouler tel un étau de chair autour de la taille du juriste.
Elle respirait beaucoup plus vite à présent, et les soupirs qu’elle avait commencé par exhaler n’étaient plus que de pâles souvenirs comparés aux cris de plaisir que Dolan lui faisait pousser, d’une voix toujours plus forte, toujours plus aiguë. Tantôt était-ce le nom de l’avocat qui était psalmodié, tantôt c’était la supplique de ne pas le voir s’arrêter.
Tels des boas affamés, les bras d’Alyn se resserrèrent lentement autour du cou de William, ses mains allant se perdre dans sa nuque et ses cheveux pour mieux l’enlacer contre elle.
Et puis les efforts fournis finirent par payer.

Son souffle se perdit, coupé net. Quand il revint, ce ne fut que pour haleter en gémissements lascifs. Dans son corps, c’était l’effervescence qui prenait fin. Elle avait eu l’impression qu’on avait mis son sang à bouillir avant de l’éteindre d’un seul coup, d’une seule grande rasade d’eau. L’orgasme que William venait de lui prodigué, né dans son bas ventre, s’était insinué partout, répandant sa douche chaleur dans son sillage telle une onde de choc. D’un coup, la tension était retombée, seuls subsistaient encore dans la chair d’Alyn les dernières particules de jouissance, réminiscences du plaisir donné.

Son dos courbé reprit lentement sa position normale, les fesses de la jeune femme retrouvant mollement le matelas sous elle alors que l’étreinte de ses bras se faisait moins pressante. Les lèvres de Dolan se joignirent aux siennes, elle les lui offrit sans se faire prier, tandis que ses cuisses imitaient ses bras et desserraient partiellement leur étau. Le cœur de la délinquante battait encore rapidement contre ses côtes, et elle gageait qu’il ne se calmerait pas avant plusieurs minutes. Elle se demandait si William en percevrait les bruits sourds. Elle le gardait contre elle, rassurée par le poids de son corps sur le sien. Indépendamment du partenaire, c’était un moment qu’elle appréciait beaucoup, où beaucoup de choses n’avaient plus cours, où beaucoup de choses n’existaient plus. A cet instant de vulnérabilité, quand la vague de plaisir a déferlé et tout emporté sur son passage, il n’existait plus ni différences sociales, ni conséquences, ni quoique ce soit. Il y avait seulement deux personnes, encore unies. La magie prenait fin au moment même où l’un des deux se mettait à bouger et se retirait de l’autre. Certains le faisaient dès les ébats clôturés, d’autres prenaient un peu plus de temps et partageaient un baiser, comme Alyn et William présentement.

Après le baiser, la jeune femme enfouit sa tête dans le cou du juriste et remonta un peu le fil des évènements, sans bouger. Elle tenta de retrouver comment ils en étaient arrivés là déjà ? Ah oui. Une question muette après une phrase ambiguë, un baiser échangé et à partir de là tout avait dérapé. Elle ne se montrait pas si facile à convaincre habituellement. Non, en fait d’habitude elle contraignait les gens à ce qu’elle voulait elle. Elle faisait le premier pas. Pourquoi ne pas l’avoir fait ? Peut-être parce que l’avocat et elle n’évoluaient pas dans les mêmes cercles et que quoiqu’elle fasse, elle ne serait jamais assez bien pour lui. Ah, pour se faire troncher, si. Il suffisait d’avoir la plastique adéquate : check, Alyn l’a. Mais pour le reste ? Y’a pas de reste. Ils avaient fait l’amour, bon. Et après ? Ca n’avait été que l’évacuation d’un désir tout à fait humain entre deux personnes consentantes. Et après ? Après, deux options. Soit Sam le virait de chez elle avec pertes et fracas en lui interdisant de remettre les pieds chez elle, soit elle le laissait être son avocat. Maintenant que la tension sexuelle aurait disparu, rester avec lui devrait être plus facile. Peut-être. Elle allait se méfier en tous cas. Sans être paranoïaque, elle voulait voir si le comportement du jeune homme allait changer vis à vis d’elle maintenant qu’il avait eu ce qu’il voulait. Il ne risquait aucune revanche, que pourrait-elle bien lui faire de toutes façons, mais un changement de comportement la ferait tout juste disparaître. Si elle avait pu commencer quelque chose de neuf à Seikusu, elle pouvait très bien commencer quelque chose de neuf ailleurs.

Autant de réflexions nourries en un laps de temps très court, à la vitesse de l’éclair, avant que la tête d’Alyn ne retombe mollement dans les oreillers. Ses yeux bleus, rendus plus qu’iridescents par ce qu’ils venaient de faire s’ancrèrent sur le visage de Dolan, tandis que ses lèvres charnues s’étiraient en un petit et doux sourire. Elle n’osait pas bouger plus, de peur de casser quelque chose que toutes les super glues du monde ne pourraient recoller. En attendant de savoir sur quel pied danser, c’était toujours mieux que de prendre des risques. Surtout quand il y avait beaucoup à perdre.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le samedi 03 juillet 2010, 13:16:40
       C’est une sage décision que prenait Sam. Garder un air fier quoiqu’il arrive, voir presque désinvolte face à l’homme imprévisible qui vient de se décharger de son désir. C’était peut-être ce qu’il voulait depuis le début, et maintenant que c’était fait, que son appétit de chasseur était satisfait, il allait simplement partir. Cette scène n’était pas sans rappeler le coup d’œil interrogatif qu’Alyn avait lancé à l’avocat juste avant qu’il ne l’embrasse. Elle protégeait son honneur au cas où elle se serait fourvoyée, car un rejet et un espoir brisé était les rares choses qui faisaient peur à la délinquante. Mais ça faisait moins mal si on préservait les apparences, n’est-ce pas Alyn?


       C’est silencieux. William aimait appeler ce moment : Le recueillement. Il se situe juste après l’acte amoureux. Le taux d’hormones tombe en chute libre et un état mélancolique se met lentement en place. C’est un peu comme si vous commenciez à vous habituer au paradis et qu’on vous renvoyait sur terre. Les hommes avaient plusieurs moyens de gérer cet état d’esprit. Soit ils repoussaient leur partenaire et se mettait en quête de solitude, soit au contraire il cherchait du réconfort auprès de celle-ci, ou bien, comme Dolan, ils se mettaient à réfléchir à toute vitesse pour oublier cette micro dépression et ne pas succomber à ce genre de réactions corporelles totalement indigne d’un grand esprit comme William Dolan.
       Après ce baiser et ce bref câlin, William se retira d’Alyn et lui épargna son poids en se déportant sur le côté. Il laissa cependant son bras trainer sur son corps, couché sur le flanc pour l’admirer sans le feu de la passion. C’était un regard dépourvu d’envie, juste et objectif. Le verdict était le même que lorsque William était sujet au vapeur du désir : elle était superbe. Pourtant, ce n’était pas l’axe principal de ses réflexions. Lui aussi, essayait de se remémorer ce qui les avait poussé dans les bras l’un de l’autre et se souvint sans grande surprise que c’était lui. Il se souvint aussi de ce qu’il était venu faire ici. Un petit effort fut nécessaire pour faire ressurgir ce souvenir. Ah ! Oui, c’est vrai. Il était censé apprendre toute l’histoire de l’affaire et la convaincre d’aller au procès. Cela lui paraissait si loin et si facile avec le recul. Au fond, il savait qu’il n’en était rien, mais c’est le sentiment qui lui venait dans cet état où il se fichait de presque tout. Même d’Alyn ?

       Ensuite, il restait encore à décider ce qu’il allait faire maintenant. Même si la réponse lui semblait évidente, il ne fallait pas la prendre à la légère. Il pouvait soit l’envoyer balader et perdre l’affaire, ou il pouvait lui expliquer calmement que cela avait été agréable mais qu’on s’arrêta là. Cela lui permettrait de garder l’affaire, mais William ne portait que peu d’intérêt à ce genre d’échappatoires. En fait, sa prise de décision était freinée par l’appréhension de la réaction d’Alyn. Quand était-il de son côté ? Qu’est-ce qu’elle ressentait ? Les agissements de Dolan devaient-ils aussi prendre en compte les possibles réactions d’Alyn afin de préserver sa dignité ? … Trop de questions. Voila qu’il se met à penser comme une femme, c’est à dire : essayer de prendre en compte tous les facteurs possibles avant de prendre une mauvaise décision suite à l’oubli ou au mauvais traitement de ces facteurs qui incombe à un manque évident d’intelligence. En résumé, les femmes essayent de prévoir toutes les possibilités sans prendre en compte qu’elles n’ont pas les capacités pour ça. Les hommes quand à eux n’essaye pas cette méthode puisqu’ils n’y ont même pas pensés. Question : Lequel des deux sexes est le plus stupide ?

       La main de William remonta jusqu’à la joue de la jeune fille qu’il caressa d’un air pensif. Si ce n’était pas déjà fait, il fit gentiment tourner sa tête vers lui, afin de capturer une nouvelle fois l’iridescence azur dans l’émeraude. Sa voix s’élevait à peine plus haut qu’un murmure pour ne pas briser le silence sacré qui s’était imposé.

       -Nous sommes plutôt incompatible et la liste des raisons qui font que ça peut s’arrêter là est trop longue pour être citer. Pourtant, j’aimerais bien essayer.

       Dolan n’osait pas ponctuer sa phrase d’un sourire, car son humeur allait dépendre de ce qu’Alyn allait répondre. Un vote positif avait été donné, mais ce genre de suffrage ne se remportait qu’à l’unanimité.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le samedi 03 juillet 2010, 19:02:53
Moins que sauver les apparences, il fallait lutter contre elles. La seule façon de se faire le moins de mal possible, c'est de se convaincre soit-même qu'on a tiré les ficelles jusqu'au bout et qu'on a eu ce qu'on voulait. Il fallait nier l'espoir qui avait l'espace de quelque instant noué la poitrine et fait tourner la tête, et se dire qu'on n'avait toujours voulu que ça ne soit que ça. Sans oublier de se réserver un petit éclair de génie qui rappellerait à notre bon souvenir que ç'avait été trop bête de fonder quelque espérance sur une histoire pareille. Après deux rencontres houleuses pfff... Qu'est-ce qu'on pourrait faire de ça? Et, comme c'aurait été à prévoir, le côté doux et tempéré d'Alyn aurait laissé la place à l'endurcissement, une fois encore. Il n'y aurait eu que cela pour la protéger de toutes façons. Ca, et la rancune.

Alyn ne rompait pas plus le silence que William. Ses yeux l'avaient suivi se déporter, et prendre place sur son lit, son lit qui lui avait été uniquement réservé jusqu'à maintenant. Intérieurement, Alyn grinça des dents. Elle avait laissé à l'avocat l'occasion de réaliser une percée encore inédite jusqu'à maintenant. D'habitude, elle squattait les chambres de ses partenaires, et s'en allait avant que le soleil ne se pointe, laissant juste un petit mot "C'était super, à toutes!" et basta. C'était dur d'inverser les rôles en fait.
Mais le pragmatisme ayant toujours guidé la jeune femme, elle savait très précisément ce qui allait se passer. Aussi attendait-elle, dans une angoisse qu'elle repoussait difficilement, que William lui dise que c'était bien, mais que ça allait s'arrêter là. Franchement, regardez-le et regardez-la... No comment. Elle n'était pas dupe, elle savait très bien comment les choses marchaient.
Les yeux tournés vers le plafond, elle attendait et il ne disait toujours rien. Pourtant, ses doigts sur sa peau suffisaient à faire naître chez elle la chair de poule, et le froid de la pièce s'abattant sur elle après l'amour, elle frémissait, tremblotait légèrement. Quant à son souffle, il reprenait, laborieusement, un rythme normal.

Et Alyn avait encore le temps de tirer dans plans sur la comète. Ce genre de moments, passés dans l'attente, quand on redoutait quelque chose, semblaient passer très vite et s'étirer à l'infini. C'était comme de se retrouver au coeur d'un trou noir, étiré de toutes parts, sur un temps apparemment infiniment long pour qui regarde alors que pour le prisonnier, tout s'écoule à la vitesse de l'éclair. Qu'allait-elle répondre une fois qu'il lui aurait dit que c'était bien, mais que blablabla? Rien sans doute. Elle allait virer sa main de sur elle, se lever et aller prendre une douche. Lui dire que la sortie c'était par là-bas et au revoir, à une prochaine Maître Dolan. Elle repasserait au vouvoiement d'une façons tout à fait naturelle, et bien entendu elle ne se présenterait jamais à l'audience. Ou alors, elle irait décharger officiellement William de ses obligations et dire qu'elle préférait se représenter seule. Comme ça, elle ne lui devrait rien et aurait moins l'impression d'avoir été une prostituée. Payer les honoraires de son avocat en nature... Ahahahah la blague...

Les tergiversations de la jeune femme cessèrent cependant quand sa joue accueillit les doigts de celui sur qui portait les débats qui assaillaient son esprit en son sein. Elle ne luta pas, autant le regarder dans les yeux pour la magnifique scène finale, néanmoins, par anticipation, ses yeux avaient perdu leur éclat. Ils étaient redevenus mornes et vides. Ils gardaient leur lumière, mais ils ne reflétaient plus les émotions ou encore l'interrogation qui avait saisit Alyn avant que toute cette histoire ne parte en vrille. Elle ne voulait pas lui accorder le luxe, en plus, de la voir sensible à un rejet.

Et puis la sentence tomba. Le début ne surprit absolument pas Alyn, qui serra discrètement les dents pour ravaler la rancœur qui menaçait déjà de déborder, noyant son cœur et le reste. Mais la suite... La dernière phrase. Quatre mots. Improbables. Impossibles. Incongrus. Non, c'était une vanne, pas possible.

Alyn se trouva tellement con sur le coup que ses sourcils se haussèrent et sa bouche s'entrouvrit très légèrement. Si William doutait, jusqu'à présent, qu'on lui ait déjà réservé ce genre de surprise, il eut la réponse sous les yeux en images. Non, jamais. Bon, elle n'avait jamais vraiment été dans cette situation, étant beaucoup plus souvent dans la position de la partie dont l'avis prédomine. Mais là, tout était inversé. Ca donnait un sentiment de vulnérabilité insupportable à Alyn.
Enfin. Elle remballa le "T'es sérieux là?" qui menaçait de jaillir de sa bouche, comme une exclamation incontrôlée qui aurait pu être mal interprétée et déglutit. Elle se rendit compte, au passage, que son cœur avait reprit un rythme emballé qui ne lui plaisait pas. Et son fucking self control, il était où? Aux abonnés absents, apparemment.

Elle cligna plusieurs fois des yeux, histoire de se remettre un peu de tout ça, mais ne trouva malheureusement pas le courage de répondre la stricte vérité à l'avocat, à savoir que... Ca lui plairait aussi, d'essayer.

Stricte vérité, c'était évident, à voir son air surpris, ses yeux qui s'étaient mis à briller et qu'elle avait détournés... Des fois, il fallait mettre au diable sa réserve et prendre des risques. Et si Alyn était particulièrement téméraire question risques physiques, elle était la pire des poules mouillées concernant les risques sentimentaux. Pour la simple et bonne raison qu'elle se savait très capable de se remettre de coups de poings, d'os brisés et autres, mais bien incapable de résister encore une fois au genre d'évènements qui l'avaient déjà secouée. Ses parents, son grand frère... C'bon, elle avait déjà donné dans le mélodrame, hors de question d'en faire une Bridgett Jones ou autre naufragée de l'amour. Les catastrophes ça va bien 5 minutes.

Elle n'avait plus qu'à croiser les doigts et espérer que ça n'était pas une bête feinte, prêcher le faux pour avoir le vrai... Une technique qu'elle avait en horreur. Pour le coup, si elle sentait qu'on l'avait bernée, Alyn verrait rouge et montrerait en live à William jusqu'à quel point elle pouvait être différente de toutes les poules de salon avec lesquelles il avait l'habitude d'évoluer.

Dolan attendait, et Sam ne savait quoi répondre. Elle était tiraillée entre ce dont elle avait envie, l'attrait de la nouveauté et sa peur irraisonnée de la douleur. C'était comme de se retrouver au bord d'un précipice en plein rêve. On savait qu'on ne risquait rien si on sautait, mais la peur de sauter était toujours là elle. Elle déglutit et releva ses yeux bleus pour les ancrer dans ceux de l'avocat. Ils exprimaient une désarmante sincérité.


-Je ne sais pas si c'est une bonne idée...

Savoir, ça non elle n'en savait rien. Mais elle ne pensait surtout pas que c'était une bonne idée. Avoir envie de quelque chose de déraisonnable, voilà bien un trait de caractère typiquement humain... Elle se détourna de William et s'assit au bord de son lit, lui exposant son dos.

-Voilà comment ça va se passer... On va s'amuser un temps, puis tu vas te lasser et tout partira en vrille quand tu comprendras quelle erreur tu as faite... Je connais la chanson.

Désabusée, elle prit dans sa table de nuit un élastique et s'en servit pour se faire une queue de cheval. Elle avait besoin d'une douche...
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le jeudi 15 juillet 2010, 19:40:22
       C’est perdu d’avance. Ce genre de romance entre deux personnes si différentes ne sert qu’à alimenter les rêves des petites filles. A force d’être bercé par des stupidités comme celles-ci, qui s’étonne encore que les femmes se fassent sans arrêt berner par les hommes ? A croire qu’on éduque les petites filles à coup de prince charmant et de douceur simplement pour qu’elles deviennent des proies faciles pour la gente masculine. Heureusement, elles finissent toutes par plonger dans les eaux glaciales de la vraie vie et à jeter leur couronne de princesse. C’était évidemment le cas de Sam qui a forcement été cette petite princesse qui croit que l’amour est assez puissant pour illuminer toutes les parts d’ombres de la vie des adultes. La princesse pensait que le monde qui l’entoure allait se changer en féérie. Ou du moins, c’est ce qu’elle espérait, tellement fort qu’elle se permit d’y croire. L’amour, une essence presque physique dont le pouvoir infini peut tordre la réalité et la transformer en incarnation du bien. Alyn s’était débarrassée de cette vision naïve et dangereuse. Quand ? Comment ? Cela avait été douloureux ? Ca la regarde. Nous avons toutes notre propre histoire. Malgré cette purge de tous ces comptes de fées et de ces sentiments écœurants, elle devait avoir quelques séquelles. Il vaut mieux, car ce qu’était en train de lui proposer Dolan n’avait rien de logique… pour elle.

       En effet, William voyait les choses différemment. Outre le fait qu’Alyn ne le laisse pas indifférent, il voulait se prouver qu’une histoire avec elle pouvait fonctionner. Il le devait pour rendre sa vie logique. Oui, car si son statut d’homme d’affaire l’empêchait d’avoir la délinquante, cela entrait en contradiction avec ces objectifs : avoir tout ce qu’il veut. Ce serait un comble si les moyens qu’il met en œuvre pour cela, finissent par le priver de libertés. Il devait montrer qu’il était maitre de sa réussite et non le contraire. Pour cela, il devait parvenir à aimer Alyn Addams. C’était un choix.
       C’est malsain, n’est-ce pas ? Pour les férus de romantisme, on peut tout de même avancer que amour est un choix et un engagement. On choisit d’aimer ou de ne pas aimer. Nous croyons aujourd’hui à ce mythe qui veut que l’amour ne se commande pas, que c’est quelque chose qui arrive sans que l’on ne sache trop comment et que l’on ne contrôle pas. En fait, même notre langage souligne son caractère incontrôlable. Nous disons : "Je suis tombé amoureux" comme si un obstacle imprévu nous avait fait perdre l’équilibre. Je marchais tranquillement et badaboum ! Je tombe amoureux sans que je ne puisse rien y faire. Mais la vérité c’est que ce n’est pas cela, l’amour. L’amour ne vous tombe pas dessus par hasard. Certes, l’attirance est incontrôlable, de même que le désir. Mais l’attirance et le désir ne sont pas l’amour. L’amour est un choix. On peut donc avancer que la façon de penser de William n’est pas si catastrophique que ça.

       Le juriste ne savait pas quoi dire non plus. Ce que disait Alyn était vrai et ce n’était, en effet, pas une bonne idée de sortir avec elle. Il observa l’élastique qui s’enroulait autour de la crinière d’Alyn comme un chronomètre qui laissait filer les secondes qui lui permettaient de dire quelque chose, car il savait qu’elle allait bientôt partir et son unique chance avec. Puis, la réponse lui vint assez facilement. Lorsque l’on ne peut pas convaincre quelqu’un, il suffit de partager la vérité. Non pas seulement la lui dire, mais bien la partager.

       -Tu as raison, approuva l’avocat. Après tout, tu ne me connais pas. Je me lasse peut-être des filles et je les jette comme un disque que l’on a trop écouté. Pire, je pourrais me servir de toi pour le procès qui est peut-être plus important que je n’essaye de te faire croire. Ou bien, peut-être que ce n’est que de la vengeance, pour m’avoir renvoyé au commissariat. Il est également possible qu’il y ait une raison qui t’a échappée, et je soupçonne que c’est ce dont tu as le plus peur. Dans tous ces cas là, ta souffrance est la seule conclusion possible.

       Bien évidemment, rien de ce qu’il disait n’était vrai. William ne faisait que clarifier l’esprit d’Alyn en lui exposant toutes ses peurs. Il passait peut-être à côté de certaines mais cette franchise lui permettait de poser à plat son problème. Les paroles sont du vent. La plupart des hommes auraient tentés de la persuader avec des promesses. Ca pouvait marcher mais William, lui, voulait la convaincre, et non la persuader. La différence est très importante. A méditer.

       Dolan s’approcha de la jeune fille qui lui tournait le dos et passa gentiment un bras autour d’elle. Son visage vint s’emboiter dans le creux de son épaule, comme s’il avait spécialement été créé pour lui.

       - Il y a aussi un autre scénario possible, la rassura-t-il à voix basse. Je ne te demanderais pas de t’ouvrir à moi. Je n’ai pas le droit de t’imposer ce risque. Apprends simplement à me connaître et tu décideras ensuite. Je suis quelqu’un de patient.

       La patience. C’est sans doute la qualité qui sert le mieux Dolan.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le vendredi 16 juillet 2010, 09:35:37
William était malin. Tenter de convaincre Sam en lui exposant la situation et lui concédant franchement quel genre de craintes elle pouvait avoir en les exposant à haute voix était bien plus avisé que de vaines promesses. Il faut savoir que les hommes n’ont strictement aucune crédibilité pour elle, elle ne les porte pas en haute estime, ne les voyant que comme des sacs à gamètes mâles, tout juste bon à la reproduction. Discours de vieille fille amer ? Non, celui d’une princesse qui n’avait pas eu le temps d’enlever elle-même sa couronne mais à laquelle on l’avait arrachée. Trop jeune d’ailleurs. William ne soupçonnait pas à quel point ça aurait pu lui être préjudiciable de lui promettre monts et merveilles. Là, avec l’annonce des pensées qu’elle n’arrivait pas à mettre en ordre dans sa tête, il avait gagné de la faire hésiter. Avec des promesses, elle lui aurait ri au nez et l’aurait chassé de chez elle avec pertes et fracas. Il n’y avait rien de pire que les paroles qu’on ne tenait pas et rien de plus pathétique que les discours des hommes lorsqu’il tentait d’avoir une femme. Les seules paroles de ce genre qui trouvaient grâce à ses yeux étaient les prises d’engagement. Par exemple, les… Je veux vivre avec toi, ce genre de trucs. Le pragmatisme de Sam l’avait conduite à relativiser l’amour. Pour elle, ça n’était plus « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », non ça c’était complètement obsolète. N’importe quelle femme, n’importe quel homme pouvait avoir beaucoup d’enfants, ça n’était plus synonyme d’amour malheureusement. Non, maintenant l’amour c’était avoir les deux noms joints sur la boîte aux lettres, accepter d’aller faire les courses ensemble, compromis et concessions. Voilà ce que c’était. Or, Sam n’avait pas du tout la carrure d’une femme au foyer. Ca n’était pas ce qu’elle était, et elle n’était pas non plus une femme de salon. En bref, elle n’était rien de ce qui collait avec William Dolan. Elle était farouche et indépendante, si elle savait se tenir mais rien que la vue de son piercing suffisait à la discréditer en société. Que pouvait espérer l’avocat de cette relation ? Elle l’ignorait, et finalement il avait raison. Elle ne comprenait pas pourquoi et c’est ça qui lui foutait les boules.

Elle commença par ne rien lui répondre, ne sachant quoi dire à part « tu as raison » et elle ne voulait pas le lui concéder aussi facilement. Sans réagir, elle se laissa surprendre par le bras qui s’empara d’elle et la tête qui s’insinua dans son cou, distillant des paroles qui s’immiscèrent dans ses oreilles avec la douceur du miel. Il n’y avait rien à décider, cette relation était vouée à l’échec, quoiqu’ils puissent faire… Du moins, Sam essayait de s’en convaincre.

C’est dur pour une pensée aussi volatile que l’alcool de lutter contre des sensations physiques et palpables. Voilà à quelle conclusion était parvenue Sam en laissant ses doigts caresser le bras qui l’enlaçait du poignet jusqu’au coude. C’est un défi de tous les instants, où sans conteste les sensations ont l’avantage. Alors Sam différa sa décision. Ils n’étaient pas aux pièces après tout, William avait concédé être patient. Le meilleur moyen d’avoir une révélation, c’était de ne plus réfléchir à un problème. Sam se contenterait donc d’aller à la pêche à quelques éclaircissements.

Se dégageant doucement de l’étreinte de Dolan, Alyn s’empara de sa main et l’attira dans son sillage.


-Viens…

Ils sortirent de sa chambre, nus tous les deux, impudiques, en même temps ce coin étant privé ils ne risquaient pas de se faire surprendre, et après quelques déambulations dans les couloirs, guidés par la jeune femme, ils parvinrent dans une salle de bain luxueuse, entièrement en bois. C’était la douche personnelle du patron, un excentrique à ce que Sam avait compris. Elle n’avait rien eu besoin de toucher. Il y avait une baignoire dans un coin, une douche stylisée en reproduction d’une cascade naturelle, délivrant une eau, lorsqu’on l’activait, directement à 37°C. C’est sous cette dernière que la jeune femme entraîna William, ouvrant les robinets et acculant le jeune homme contre le mur. Une main en appui de chaque côté de sa tête, ses yeux dardés sur lui exprimaient la méfiance.
Sam avait beaucoup de choses à lui dire, mais ne voulait pas le noyer de mots. Elle cherchait donc des formules adéquat pour faire court. Le fait est qu’elle ne concevait pas les relations à sens unique. Si elle en apprenait plus sur William Dolan, il fallait que lui-même en apprenne d’avantage sur Alyn Addams. Il n’y a que comme ça qu’ils pourraient avoir une chance infime. C’était justement le problème. Il en savait plus sur elle déjà que ce qu’elle n’en savait sur lui. Il avait lu son dossier. Il n’y avait certes pas d’analyse psychologique mais toute son histoire. Alors qu’elle-même savait juste que Dolan était un avocat véreux qui faisait sortir de prison des criminels. Avec beaucoup d’argent.

Sam avait beaucoup de vices, mais elle n’était pas intéressée. Ca ne serait donc pas elle qui lui réclamerait sa carte de crédit pour faire du shopping ou des cadeaux à tir la rigaud. Bien moins qu’une Colombe, elle se rapprochait plus de l’aigle. Curieux volatile n’est-ce pas ? Et pourtant.


-Tu me perturbes…

Voilà qui était abrupt… Mais un bon début.

-D’habitude, je prends les initiatives. Si les autres suivent, tant mieux. Sinon, tant pis. Mais avec toi, tout est inversé…

Elle n’ajouta pas que ça lui faisait bizarre, mais le cœur y était. L’eau dégoulinait sur elle et sur lui, contraignant certains des cheveux d’Alyn, emprisonnés dans l’élastique, à s’en défaire, les plus courts notamment, pour encadrer son visage, collés le long de ses tempes et descendant jusqu’à ses joues, son cou et plus bas encore, par l’eau. Mais malgré cela, elle restait impassible, à l’exception de ses pupilles qui restaient fixées sur l’avocat.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le mardi 27 juillet 2010, 18:47:27
       Il semblerait que William ait encore oublié quelque chose. Ce qu’il tenait dans les bras n’était pas qu’une belle jeune femme plutôt finaude pour son âge et blessée par son passé. C’est aussi une bombe à retardement qui peut lui exploser au visage à tout moment. Pour l’instant Dolan avait une chance insolente à courir dans un champ de mines sans avoir de mauvaise surprise. Il aurait très bien pu lui promettre monts et merveilles. Ce n’était pas une solution exclue. Mais heureusement, il semblait avoir coupé le bon fil. Chance ou un talent inné ? William parierait sur la deuxième solution. L’avenir décidera s’il avait raison.

       Elle hésitait… William déteste ça. Lorsque la décision ne lui appartient pas. Il ne supporte pas d’être dans l’expectative à attendre une réponse qu’il ne peut plus influencer. Cela lui arrive souvent, il faut bien le dire, mais la fréquence ne joue pas sur le fait que c’était désagréable. Dolan écoutait la respiration d’Alyn, à l’affut de la moindre interruption qui serait le prélude à sa prise de parole. Les doigts qui courraient sur son avant-bras étaient un signe encourageant. C’était déjà ça.
       Alyn remua légèrement, exprimant ainsi sa volonté de s’extraire en douceur de son étreinte. Le « viens » qui suivis fut accueillit par Dolan comme une sorte d’invitation au deuxième tour. Il n’avait pas encore gagné, ni perdu. Il avait seulement droit à une deuxième chance. L’avocat la suivit sans résister bien qu’il éprouvait une certaine gêne à être ainsi dévêtu. Ce n’était pas seulement de la pudeur. C’était simplement que William avait plus de charisme lorsqu’il était habillé. Pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, un costume métamorphose totalement un homme et lui donne une prestance évidente. Sans cet outil de travail, William ressemblait plus à un étudiant qui s’acoquinait avec une camarade de classe plutôt qu’au juriste respecté qu’il était. C’est donc avec une certaine appréhension qu’il se laissa trainer par Alyn, en lançant des regards alertes aux fenêtres et aux lucarnes qui pourraient laisser filtrer sa nudité à des yeux indiscrets.

       Lorsqu’il entra dans ce qui ressemblait à une salle de bain, il dut réprimer un « Wow ! » qui aurait pourtant amplement mérité sa place. La pièce était plus luxueuse que la salle d’eau de William. Plus luxueuse dans le sens où elle était plus belle et non par rapport à l’argent investie. Pour l’avocat, tout devait être fonctionnel chez lui. Le style était en option. Ce qui ne l’empêchait pas de l’apprécier chez les autres et notamment chez une fille qu’il croyait pauvre. Il faut croire que la débrouillardise et la chance compense largement.
       William réprima un frisson lorsque l’eau chaude se mit à couler sur lui. La température de son corps n’avait pas encore repris une température normale après ces ébats hauts en couleur et tout lui paraissait froid. Ses mires vertes furent vite emprisonnées par le regard magnétique de sa compagne qui l’avait plus ou moins rabattue, comme un bovin effrayé, au fond de la douche. Bien qu’elle le regardait en contre-plongée et que ses bras soient relativement inclinés pour passer par dessus ses épaules, elle ne perdait rien de son potentiel d’intimidation. William pour sa part ne savait pas trop quoi penser. Il s’amusait de l’indécision d’Alyn puis se rappelait que son verdict était important. Son partage entre sérieux et distraction devait donner un drôle d’effet sur son visage. Cette expression indescriptible fut remplacée par une moue pensive lorsqu’elle eut fini sa petite tirade. La tête baissée, il ne sentait pas l’eau qui aspergeait son crane. Elle dégoulinait docilement sur sa masse capillaire qui pendait de chaque côté sa tête comme une couronne d’ébène inversée. Mais lorsqu’il se redressa pour donner une réponse à la jeune fille, une mèche qui semblait être à l’affut de la moindre distraction, se colla contre la figure de l’avocat tel une balafre noirâtre qui lui parcourait la joue.

       -La seule initiative que j’ai pris c’est lorsque je t’ai embrassé, réalisa-t-il simplement. Rien de plus normal, « Les fleurs ne chassent pas les papillons ».

       C’était une formulation élégante pour dire qu’Alyn n’était pas une femme qui avait besoin de draguer pour s’attirer la faveur des hommes. C’était tout à fait normal que ce soit lui qui ait pris l’initiative sur ce coup là. Quand au reste, il n’avait pas l’impression d’avoir monopolisé l’initiative plus que de mesure… à moins qu’il y soit tellement habitué, qu’il ne s’en rende même plus compte.

       Curieusement, il avait du mal à soutenir le regard de sa compagne. D’habitude, ce genre de regard avait le dont de l’amuser mais là, il le rendait mal à l’aise. Sans doute parce qu’il avait totalement baissé sa garde. Oui, vous avez bien compris. William n’est plus méfiant, ce qui à le don de le rendre un peu plus naturel. Il glissa lentement le long de la paroi de la douche et attrapa à l’aveuglette un gel douche qui attendait dans un coin. Ce n’était qu’un habile subterfuge pour s’échapper de la prison de bras mais pour faire bonne mesure, il comptait tout de même s’en servir. Le bouchon sauta hors de son encoche avec un « pop » discret et il badigeonna ses mains de savon avant de se mettre à masser le dos d’Alyn qui commençait déjà à mousser. Doit-on préciser que c’était encore un subterfuge pour passer derrière elle ?

       -Si cette situation te gêne, tu n’as qu’à prendre l’initiative. Je te la laisse de bon cœur, proposa-t-il en s’affairant sur le corps de sa belle avec un plaisir dissimulé. Satisfait ta curiosité, bien qu’il est très probable que tout ce que tu supposais déjà à mon sujet soit vrai.

       William n’a pas de secret. C’est vrai. La franchise dans la vie privée est une vertu que Dolan affectionne et utilise avec largesse, car il savait très bien qu’aucune des questions qu’on pourrait lui poser ne serait préjudiciable. En effet, il y avait peu de chance qu’Alyn lui demande s’il faisait du trafic d’esclaves nekos dans les fondations de son building ou bien pourquoi il ne ressentait pas les effets de la magie. Le seul mensonge qu’il pourrait proférer serait une réponse à une question à propos de ses origines.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le vendredi 20 août 2010, 10:18:45
Les fleurs ne chassent pas les papillons? Cette réflexion laissa muette Alyn. Avait-elle l'air d'un papillon? Avait-elle seulement l'air d'une fleur? Elle n'était ni l'un ni l'autre et n'avais jamais voulu être l'un ou l'autre. Elle ne portait pas des new-rock parce que les escarpins coûteux ne faisaient pas sa pointure, non non non... Elle portait des new rock et des doc Marteens parce qu'elle en avait envie, qu'elle était comme cela pour le moment et pas autrement. Alors la comparer à quelque chose de fragile, quelque chose d'éphémère, quelque chose de joli, quelque chose avec quoi elle n'avait rien à voir, de près ou de loin, avait de quoi la laisser pantoise. Elle n'était pas comme toutes femmes que l'avocat avait l'habitude de fréquenter, et toutes les occasions seraient bonnes pour le lui faire remarquer.

Aussi, lorsqu'il l'esquiva et se défit de la maigre prison quoiqu'intimidante que constituaient ses bras comme un lézard esquive les doigts qui tenteraient d'attraper sa queue en courant collé au mur, elle ne chercha pas à le retenir et l'aida même à faire ce dont il avait envie, laissant ses bras retomber le long de son corps avant de les croiser sur sa poitrine.

Cette situation était inconfortable. Sam avait la désagréable impression d'avoir le cul entre deux chaises, incapable de faire ce qui devait être fait, parce qu'elle n'en avait pas envie. Elle ne se reconnaissait plus. D'habitude, elle prenait ses décisions comme des envies de pisser, ça passait ou ça cassait, elle s'en moquait royalement. Carpe Diem comme dirait l'autre, et on verra bien. Memento Mori et autres morales épicuriennes à deux balles étaient pourtant la philosophie de sa vie. 24 heures avant encore elle n'aurait pas hésité à envoyer bouler l'avocat juste après leurs ébats, alors quoi? Elle se ramollissait. C'était troublant et terriblement agaçant.

Sa tête se baissa, elle se passa une main dans la nuque. un pop sonore et une odeur de noix de coco emplit bientôt ses narines. Son gel douche sent comme ça, elle l'a piqué à la superette du coin. Comme tous ces petits trucs essentiels à la vie, brosse à dents, déodorant etc. Tout ce qu'elle pouvait économiser en volant, elle ne se privait pas pour le faire. Remarque, ça serait très pratique si elle et l'avocat s'amourachaient. Elle pourrait mener une vie royale, même pas peur des flics, William la ferait sortir illico.

Mais non, ça n'était pas son genre. Alyn avait une liste de défaut longue comme le bras, mais elle n'avait pas pour habitude de se décharger de ses responsabilités. Enfin pas pour des trucs comme ça, ça dépendait des fois. Mais pour ça, non. Elle n'était une profiteuse et ne vivait qu'aux crochets de la société, pas des gens qui avaient fait l'effort de lui tendre la main. Et un peu plus que le main... No Comment.

Bientôt, les doigts de l'homme qui occupait ses pensés se firent sentir en contact avec sa peau. Elle poussa un profond mais discret soupir et tourna à demi la tête pour le dévisager du coin de l'oeil.


-Que tu me la laisses ou pas ne changera rien. Je ne suis ni une fleur ni un papillon, je suis un prédateur... Je n'ai rien de fragile ou de doux et je suis loin de m'amuser en jouant les vierges effarouchées. La seule raison qui fait que tu m'as embrassé le premier et pas moi, c'est parce que toi et moi on n'est pas du même monde et que je te voyais déjà m'envoyer paître si j'essayais. Quant à ma curiosité...

Elle dû réprimer des frissons, que faisait naître chez elle l'avocat en passant ses mains sur des endroits plus sensibles que d'autres, Alyn étant particulièrement chatouilleuse.

-Elle ne te concerne pas. Du moins, pas directement. Je pense que je la satisferai oui, mais progressivement et pas à coup de harcèlement vis à vis de toi...

Ce fut à son tour de se dérober aux soins de William, et comme il avait esquivé ses bras, elle esquiva ses mains et se tourna pour lui faire face, pour pouvoir le dévisager comme si elle cherchait la vérité vraie aux tréfonds même de son âme. Il avait cette capacité à se rendre si imperméable... Et elle avait besoin de savoir.

-Est-ce que c'est par orgueil et fierté que tu me proposes cette alternative?

Après tout, tous les moyens sont bons. Peut-être l'avocat n'avait-il pas eu ce qu'il voulait. Pas tout à fait du moins. Peut-être que ce qu'il voulait, c'était juste lui faire beaucoup de mal. Alors oui il avait eu son corps, mais finalement peut-être que ça n'était qu'un bonus. Peut-être qu'en réalité, tout ce qu'il voulait, c'était la briser. La rendre complètement folle de lui, prête à tout, pour finalement la rejeter et la laisser tomber. Et pourquoi?

Et pourquoi? Tout ça pour se venger de cette petite peste insolente qui avait eu l'audace de le renvoyer au commissariat, et ce alors qu'on les attendait au tournant, alors qu'il avait été commis d'office... Humiliant. Et plus elle y réfléchissait, plus Alyn se disait que c'était ça le truc. La raison pour laquelle il ne s'était pas dégonflé. La raison pour laquelle leurs deux mondes s'étaient mélangés pour le temps d'une étreinte.

Le regard pénétrant de Sam se voila.


-Si ce sont ce genre de trucs qui te motivent, avec moi tu peux les oublier. Je ne suis pas une marionnette.

Maintenant que le doute se distillait en elle, comme un venin, un poison, qui contaminait tous ses organes sur son passage, du cerveau à la rate en passant par le coeur bien évidemment, les choses seraient nettement moins faciles... Pour l'un comme pour l'autre.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le dimanche 22 août 2010, 20:31:36
       Les mains enduites de savon glissaient sur la peau de la jeune fille qui s'imprégnait d'un parfum de noix de coco dont William sentait périodiquement les effluves. C'était un tout autre plaisir de caresser ce corps qui lui appartenait il y a de cela quelques minutes. Il aurait souhaité que ses caresses à sens unique durent aussi longtemps qu'il le souhaite mais le flot de paroles coulaient toujours de la bouche d'Alyn ; insidieux compte à rebours qui lui donnait une estimation du temps passé. William écoutait ce qu'elle disait bien entendu. Il se permit même un petit sourire en coin lorsqu'elle s'insurgea du fait qu'il l'avait comparé à une fleur. Maitre Dolan aurait parié son cabinet que cette métaphore allait la faire grincer des dents. Le sourire disparut avant qu'elle ne le voit – fort heureusement pour son matricule – et William retrouva son masque d'impassibilité.

       Le juriste était à la fois surpris et flatté que la jeune fille pense qu'il l'aurait l'éconduit si elle avait essayée de le courtiser. Ça aurait été sans doute vrai si... … Si quoi d'ailleurs? Si elle ne lui avait pas montrée sa vivacité d'esprit? S'il n'y avait rien d'autre que Sam et qu'Alyn s'était faite totalement dévorée? ... Oui, sans doute. Dans ce cas, en effet, William ne se serait pas intéressé à elle. Quand au fait de savoir qui à fait le premier pas ça n'avait pas vraiment d'importance pour lui. Pourquoi? Parce que c'est un homme et qu'il ne se rend pas compte à quel point contrôler la situation en amour est important pour une femme. C'est toujours mieux de jeter que de se faire jeter. On a l'impression qu'on s'est servi de son partenaire comme un vulgaire sex-toy et qu'en aucun cas il n'a souillé notre corps. Voilà l'argument sans faille de la femme qui se tape tout ce qui bouge sans pour autant se sentir sale. Elle n'est pas une proie. Non. Elle est la prédatrice.
       Cependant, William était bien loin de comprendre ce qui se passait dans la tête d'une femme et grand bien lui fasse. Il se mit plutôt en alerte lorsque Alyn lui fit face. Qu'allait-elle lui dire pour qu'elle ait besoin de se retourner? A peine eut-il fini de se poser cette question qu'il en avait la réponse. Cette dernière lui fit d'ailleurs écarquiller les yeux. L'étonnement passa bien vite et il fut tenté de répondre par une plaisanterie mais le regard que la jeune fille posait sur lui l'en dissuada. Son air grave lui permit d'ailleurs de considérer sa question sérieusement. Ce n'était pas si aberrant. Il pouvait, en effet, tenter de se convaincre lui-même qu'il n'était pas un coureur de jupon en proposant d'aller plus loin alors qu'en réalité, il n'en a aucune envie. C'était une théorie intéressante mais elle était totalement fausse. William ne se satisfaisait pas des relations sans lendemain. C'est comme si on trempait les lèvres dans un bon vin et qu'on nous retirait le verre aussitôt. On sait juste que le vin était délicieux sans en avoir profité. C'est frustrant!

       -Non, ce n'est pas par orgueil et par fierté que je te propose cette alternative, répondit-il en la regardant dans les yeux.

       Il passa ensuite une main dans ses cheveux trempés et soupira.

       -Et bien, voilà une réponse aussi inutile que la question puisque tu te doutes bien que mentir n'est pas vraiment un problème pour moi. C'est même un métier en fait.

       Son ton était un peu las comme s'il discutait depuis des heures d'un problème qu'il ne parvenait pas à résoudre et qui le gênait prodigieusement. Sa main contourna la jeune fille pour éteindre le flux d'eau qui coulait sans interruption depuis qu'ils étaient entrés dans la douche. Le silence religieux qui s'en suivit donnait un peu plus de gravité à la scène.

       -J'ai des moyens beaucoup plus rapides et moins prenants pour faire souffrir les gens, fit-il avec une pincée d'agressivité dans la voix. Franchement, si je te considérais comme une moins que rien, tu serais bien arrogante de croire que je m'investirais autant pour me venger de toi. En fait, je t'aurais laissé moisir dans ta cellule et je me serais simplement assuré que tu y croupisses pour le restant de tes jours. Ça, c'est une vengeance rapide et efficace qui ne me prendrait pas beaucoup de mon précieux temps.

       C'est vrai. Quelle arrogance Sam! Croire que William Dolan se donnerait la peine de monter un plan alambiqué et à long terme dans le seul but de se venger d'une petite souillon. Si le juriste n'aimait pas cette "petite souillon", il en rirait à gorge déployée. Cependant, il ne riait pas...
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: Sam le samedi 28 août 2010, 19:08:55
Sam était fatiguée. Elle était fatiguée de devoir réfléchir, compter, planifier, se méfier... Elle était épuisée de chercher des réponses à ses questions, d'essayer de voir en William Dolan quelque monstre de l'enfer uniquement intéressé par sa perte... Elle avait toujours gagné ce genre de match, contre des faibles d'esprits où elle n'avait jamais eu vraiment à lutter tant ils étaient prévisibles et expressifs. Mais l'avocat était différent, et à la vérité, quitte à se faire éconduire, Sam préférait que ce soit par lui. Enfin, par un homme comme lui. Après tout, rien ne serait plus naturel, il avait de la classe, de la culture, de l'argent... Rien que Sam n'avait. De ce fait, elle pouvait d'ores et déjà s'estimer exceptionnellement heureuse qu'il ait daigné la regarder comme une femme et non comme une chose, et qu'il fasse l'effort de tenter de la raisonner et de vivre quelque chose de plein avec elle.

Et puis il fallait l'avouer, cette conversation l'ennuyait. Elle aimait les échanges passionnés et passionnels, pas les longs discours. Dans ce genre de cas, on en revenait vite au serpent qui se mordait la queue et c'était agaçant au possible. De plus, Sam en avait assez d'être paranoïaque. Donc retour aux morales épicuriennes. Elle vivrait au jour le jour ce qu'elle devait vivre avec William. Si ça marchait, et bien ça serait parfait, si ça n'était pas le cas, tant pis. Elle aurait au moins eu le mérite d'essayer, d'avoir le courage de changer quelque peu ses habitudes. Elle prouverait ainsi qu'elle n'était pas si bornée et que peut-être, mais vraiment peut-être, son cas n'était-il pas désespéré?

William Dolan serait le grand gagnant de l'histoire, il n'y avait aucun doute à cela, mais quand l'adversaire se moque de perdre ou de gagner, qu'il préfère simplement voir le chemin parcouru et non l'objectif, la victoire, même si elle est entière et totale, a de quoi perdre quelque peu de sa saveur. Quoique ces réflexions étaient à cent lieues de la pensée de la jeune femme à ce moment là. Elle gardait plutôt les bras croisés sur sa poitrine et se contentait d'afficher un sourire devenu non prédateur mais tranquille à l'avocat. Il était mignon de croire que de simples murs auraient suffi à la garder en cage. Elle ne lui dirait rien à propos ce son pouvoir évidemment, pas plus qu'il ne lui révèlerait ses petites affaires d'esclavagiste, mais quoiqu'il en soit, elle ne parvint pas à chasser son sourire de son visage. Peut-être l'avocat s'en offusquerait-il, croyant à tort qu'elle se moquait de lui, alors qu'en réalité elle se confortait dans sa psychologie.

Toujours est-il qu'après son petit monologue, Sam décroisa les bras qu'elle laissa retomber le long de son corps et baissa la tête et les yeux sur le sol de la douche, avant de se rapprocher de William. Elle acceptait de perdre le contrôle de la situation, jour à marquer d'une pierre blanche. Lorsqu'elle releva ses iris bleus vers l'avocat, ils n'exprimaient que malice et point de méchanceté, ni de dureté. Rendue proche du jeune homme, elle passa ses bras autour de son cou et glissa ses doigts jusqu'aux mèches noires de sa nuque, trempées, qu'elle caressa pourtant avec douceur.


-D'accord.

Un mot simple pour une jeune femme et le sourire qu'elle lui fit tout aussi simple alors qu'elle se hissait sur la pointe des pieds, l'avocat étant plus grand qu'elle, pour laisser ses lèvres s'emparer des siennes. Certains diraient qu'ils scellaient un pacte d'un baiser, Sam dirait que c'était juste le début d'une nouvelle expérience. Bonne ou mauvaise, seul l'avenir le lui dirait et elle n'était en réalité pas pressée d'arriver à destination. Tout ce qu'elle voulait, c'était d'aller de découvertes en découvertes. Elle prendrait le temps d'appréhender Dolan s'il le lui permettait, tout comme elle lui laisserait le temps de l'apprivoiser si lui-même en avait envie... Et advienne que pourra.
Titre: Re : Comment on fait? (Privé)
Posté par: William Dolan le dimanche 29 août 2010, 21:18:10
       William accueillit le sourire de sa belle pour ce qu'il était ; une marque d'harmonie. L'armistice venait d'être signée entre deux esprits qui se méfiaient l'un de l'autre. Les soupçons avaient disparus et les deux jeunes gens pouvaient enfin se libérer de leurs doutes. Peut-être qu'Alyn n'arrivera jamais à percer l'avocat à jour, et peut-être que lui-même n'arriverait jamais à la débarrasser de son cynisme, mais ça n'avait plus vraiment d'importance maintenant. Ce qui importe vraiment est qu'il sont ensemble maintenant. Le futur était brumeux et impossible à clarifier alors à quoi bon faire des plans pour s'en protéger.

       Dolan s'attendait à une tirade mais bien que ce simple mot "d'accord" n'était pas ce qu'il prévoyait, cela lui fit beaucoup de bien de l'entendre. Sa mâchoire affaissée sous le coup de la surprise se reprit bien vite et se transforma en un sourire de bonheur. C'était tout ce qu'il avait besoin d'entendre car il avait gagné. Gagner quoi? Simplement le droit d'appartenir à Sam autant qu'elle lui appartiendrait. Une victoire sans perdant, que rêver de mieux. Il lui rendit donc son baiser en l'enlaçant tendrement; le pacte venait d'être scellé. Ce baiser avait un goût d'exultation et c'est tout naturellement qu'il le laissa dégénérer en une étreinte fougueuse. Il caressa la chevelure à demi mouillée de sa partenaire, la pressant contre ses lèvres avec une passion dévorante.

       Ce qu'allait donner cette relation hors du commun, il n'en avait aucune idée mais il avait le sentiment qu'Alyn allait lui apporter plus de bonheur que de tristesse ou même de colère. Elle était incontrôlable, mais ça il le savait déjà. Pour une fois il tenterait pas de tout prévoir. Alyn n'était pas un profit. Le simple fait d'avoir son corps contre le sien lui suffisait à espérer ce qu'il y avait de mieux. Ses mains se posèrent sur ses fesses galbe et il la souleva pour que la jeune fille soit à sa hauteur. Il avait dans l'idée de concrétiser cette union tacite par quelque chose de plus concret qu'un baiser, aussi merveilleux soit-il. Il entreprit donc de lui faire l'amour une seconde fois et tant pis pour la douche...


       C'est lorsque tout va mal que l'histoire commence et quand tout va bien que l'histoire fini. Personne ne dit ce qu'il advient de la princesse une fois que le prince charmant l'a sauvée du terrible dragon. Il doit surement y avoir une raison. Sans doute que ce qui se passe après la fin est beaucoup moins féérique que l'histoire elle-même. C'est pour cela que celle-là s'achève ici. Personne ne verra la chute des espoirs et des rêves. Tout le monde continuera de croire au miracle. C'est la magie de l'être humain après tout.