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Messages - Nathaniel Cross

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Ville-Etat de Nexus / Re : Un butin atypique [Nathaniel Cross]
« le: vendredi 11 avril 2014, 00:23:58 »
C'était un cadavre animé qu'Einekken et sa petite troupe avaient remonté sur le pont du Trident baigné par le soleil de midi. Emacié et sale, l'homme à la barbe brouissaleuse et aux cheveux sûrement pouilleux n'avait guère fière allure. Il s'était annoncé au gré du cliquetis mollason des chaînes qui devaient être plus épaisses que lui et c'étaient les deux hommes que le cambusier avait entraînés avec lui qui le soutenaient. Les jambes aux genoux cagneux de Brolin n'étaient visiblement plus assez forte pour porter son poids et bien qu'il tentait de rester debout, la gravité attirait sa faible masse irrésistiblement. Cross haussa un sourcil en contemplant cette parodie d'homme pendant que Percy lui exposait ce qu'il savait de son singulier chargement. Un sataniste, ce type là ? Nate n'y croyait pas vraiment. Pas qu'il eut le pouvoir d'étiquetter avec assurance chaque homme qui passait devant son oeil, mais les satanistes avaient une "aura" particulière. Le mal, disait-on, reconnaissait le mal. Barbe-d'Os ne voyait rien de bien maléfique chez le prisonnier et il y avait fort à parier que le capitaine pirate en appelait plus à Satan et toute sa piétaille au cul baigné de soufre en une semaine que l'inconnu l'avait fait durant toute sa vie. L'explication personnelle de Williams semblait à Cross bien plus crédible mais soudainement moins lucrative. Voilà qui le chiffonnait, mais le bedonnant capitaine marchand n'y était pour rien.

- Mouais. On m'paiera moins cher pour un simple baiseur d'gamine effarouchée. Je te l'prends quand même, cap'taine Percy. Je m'en accomoderais ou j'le passerai sur la planche. J'te laisse les deux gardes. Fais les bosser, ça compensera tes déserteurs. Il se retourna pour s'adresser à ses hommes. On dégage, garçons !

Alors que Cross s'apprêtait à lancer ses pas en direction de son navire, Brolin tomba inconscient et ne fut rattrapé que de justesse par ses deux geôliers. Ils l'insultèrent en tentant de le remettre sur ses pieds, ce qu'ils comprirent être peine perdue au bout de deux essais infructueux. D'un regard, les pirates interrogèrent leur capitaine, qui se contenta de cracher sur le pont du Trident en écrasant un juron. En voilà un qui aurait intérêt à valoir au moins les onguents qui allaient servir à le remettre d'aplomb, auquel cas son sort serait à peine plus enviable que celui d'un rat de cale coincé sur un navire tout propre.

- Am'nez moi ça au Doc. Et qu'il me le rende au moins capable de s'occuper des seaux d'chiasse ! Monsieur Einekken, aidez donc les gars à s'occuper d'ça.

Le terranide se contenta d'hocher la tête avant d'attraper Brolin pour le jeter sur son impressionnante épaule comme un de ces sacs à patates qu'il amenait des réserves du bord à la cuisine. Il prit, comme son capitaine, le chemin vers le Rider et les deux n'eurent aucun mal à retourner sur le galion aux voiles noires. Les derniers hommes les rejoignirent alors que les manoeuvres de séparation s'amorçaient, ponctuées par le raclement des grappins qu'on détachait du Trident pour les ramener sur le navire pirate. Cross rejoignit son navigateur et son second pour donner ses ordres, tandis qu'Einekken disparaissait dans les coursives intérieures du Rider pour se rendre dans la cabine du médecin de bord, le Doc Troisrivières. Le petit -en taille, mais pas en expérience- pirate tout rabougri qui laissait toujours une main traîner sur le cul d'une des filles du bord avait des méthodes curatives bien à lui, et la scie à amputation plus agile que la queue excitée d'un puceau. Arrivé dans l'antre mal éclairée du Doc, Einekken déposa sans égard le corps inerte de Brolin sur la table dont Troisrivières se servait pour ses interventions de fortune. Le cambusier transmit l'ordre du capitaine avant que lui et le médecin ne conviennent d'une partie de carte pour les jours à venir, le petit vieux proposant qu'ils jouent leurs rations respectives en rhum. L'échange dura quelques minutes, avant que le doc ne se retrouve seul avec son patient.

Durant les jours qui allaient suivre, Troisrivières allait s'évertuer à obéir à son supérieur. Il remettrait d'aplomb le prisonnier avec un de ses onguents puants (dont la composition des plus douteuses faisaient que les autres pirates évitaient soigneusement de se blesser pour ne pas s'en retrouver badigeonnés) et un retour lent à une nutrition plus décente que celle à laquelle il avait eu le droit tant dans les cales du Trident que dans la prison qui avait sûrement précédée. De quoi rendre Brolin capable de parler et bouger, ce qui ferait en sorte que son sort soit plus facile à déterminer pour le bon capitaine Cross qui allait en attendant s'enfiler son mousse pour fêter la belle prise de ce début de journée.

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One Shot / Re : Prête-toi au jeu [PV]
« le: jeudi 10 avril 2014, 23:23:08 »
Les pirates de Cross étaient tous blessés, certains plus gravement que d'autres. Pourtant, aucun d'eux ne se plaignait alors qu'ils retrouvaient leurs postes respectifs à l'instar de fourmillants marionnettistes qui s'attelaient à actionner un titan de bois aux entrailles de fontes et de boulets rouges. Ils ahanaient avec force et profondeur, tirant sur leurs poumons esquintés par les relents de poudre noir, crachant sur le pont et à l'eau des glaviots épaissis par le sang qui remontaient dans leur bouche. Certains geignaient avant de tuer la fin de leur plainte d'un juron immonde sorti d'un port plus pourri qu'une jambe de bois et se redonnaient de l'assurance en faisant jouer leurs muscles. Ceux qui tombaient de fatigue ou fauchés par une mort tardive étaient remplacés par des marins un peu plus valides qui ne manquaient pas de glisser dans les flaques rougeâtres qui s'infiltraient entre les planches éprouvées du pont. Tous risquaient d'y passer, tous manqueraient plus ou moins de se tuer à la tâche pour seulement faire tenir au Rider son cap suicidaire. Faire front à un navire aussi solide que celui de Jambes Rouges quand l'un des flancs de votre propre navire venait d'être balayé par les tirs d'un tierce bâtiment, c'était partir à la guerre avec une dague profondément fichée dans l'estomac.
L'espace d'un instant, un doute flotta au-dessus de l'équipage tout entier. Barbe-d'Os se livrait il à un baroud d'honneur désespéré pour prouver à tous qu'il avait des joyeuses plus conséquentes que celles de tout son équipage après avoir été mit à mal par une femme, tout capitaine pirate qu'elle fut ?

Nathaniel avait passé son sabre à sa ceinture dès que ses bottes avaient retrouvé le bois du pont supérieur de son si précieux navire. En quelques enjambées, il avait retrouvé le pilote qui avait fièrement défendu la roue de son gouvernail. Jack Daniels avait été attaqué alors même qu'il actionnait l'échine du Rider pour ne pas que la Vierge parvienne à le distancer, mettant sa vie en jeu tout en continuant à diriger la fierté de son vieux compagnon de mer. Et il avait tenu bon, bien que son torse dénudé eut à compter de nouvelles estafilades qui deviendraient bien assez tôt de disgracieuses cicatrices. Sa joue gauche entre autre avait été fendue en deux jusqu'à l'oreille par le fil d'une dague dont il était parvenu à désarmer son possesseur pour la lui planter dans les couilles avant de l'égorger de son sabre. Quand Cross était arrivé à son niveau et l'avait interrogé du regard, Daniels s'était contenté de dire qu'il aurait du mal à mâcher pendant quelques temps et son capitaine s'était esclaffé de bon coeur. Pas le temps de l'envoyer au doc' et, de toute façon, le navigateur aurait refusé tout net.
D'un coup d'oeil en arrière, Nate s'était rapidement assuré qu'Alvilda était bien sur ses talons et la garce avait prouvé qu'elle ne manquait pas de tripes. Son vaisseau était à l'agonie mais elle l'avait lancé aux côtés du Rider, s'apprêtant à prendre Jambes Rouges en tenailles. Laissant là la vision de l'étrave de la Vierge défigurée, il allât se poster contre le garde-fou qui surplombait le pont principal.

- Ne mollissez pas ! Si vous devez mourir aujourd'hui, garçons, crevez ! Mais emportez avec vous dix des hommes du Rouge ! C'est votre dette envers moi, tas de fils de pute : dix têtes pour une seule des vôtres ! Gardez les à la main quand vous irez serrer la poigne du Diable, que les Enfers gardent à jamais en mémoire la sauvagerie des pirates du Storm Rider !

- VOUS AVEZ ENTENDU LE CAPITAINE, MACAQUES ? ACTIVEZ, LÉCHEURS DE FENTES, TRANSPIREZ ! JE VEUX POUVOIR BAISER SUR LE CADAVRE DE JAMBES ROUGES PENDANT QUE VOUS VOUS BAIGNEREZ DANS SES RÉSERVES DE RHUM !

Comme une créature de légende surgie dans un halo lumineux, elle s'était dressée sur le pont au milieu des hommes et des femmes. Sa tenue de cuir était partiellement maculée de larges sillons de sang et le blanc de sa chemise arborait la teinte de sa crinière d'un rouge volcanique obsédant. Presque obscène. Le tissu alourdi sculptait ses seins ronds et fermes dont le volume était souligné par l'étoffe poisseuse qui y reposait. Son bras meurtri était en écharpe dans un morceau de linge crasseux, pourtant ça n'affaiblissait pas son aura dantesque. Telle une valkyrie descendue d'un ciel noirci par l'orage pour récupérer les âmes des Einherjar, Miss Fortune avait surgit hors du ventre du Rider comme un as de la manche d'un tricheur. Sa voix avait cinglé l'air à la suite des propos de son capitaine et leur avait conféré un poids encore supérieur. Comme si ses invectives avaient été des cris de guerre, ils galvanisèrent l'équipage qui fit résonner sur l'océan un "AYE, CAP'TAINE !" lancé à la force de plusieurs centaines de poumons. Dès lors, plus aucun doute ne fut à même d’appesantir le coeur des marins. Rien n'était impossible pour le capitaine Cross et Poséidon lui-même avait à le craindre lorsqu'il se trouvait aux côtés de son second.
Nate accorda à Fortune une œillade fière et complice, qu'elle lui rendit avec insolence alors que la voix d'une Doubhée déchaînée éclaircissait leurs ordres. Face au Rider fonçait la masse inquiétante du navire du Rouge, qui ne sembla presque plus qu'un détail. Ce dégénéré boiteux n'était pas l'adversaire, oooooh non. Il était juste l'entracte dans le combat mortel qui opposait le Storm Rider à la Vierge du Cap, un acteur inutile dans une pièce où il n'avait pas de rôle. Ainsi, il était plus que temps de le sortir de scène.

- Madame Fortune, je veux ma première bordée frontale ! Anéantissez moi la proue de cet enfant de putain ! Monsieur Daniels, préparez vous à virer, je veux son flanc !

- A BÂBORD, PARES A TIRER A MON COMMANDEMENT ! ARTILLEURS, SORTEZ LES PIÈCES DE PROUE ! PREMIÈRE BORDÉE, FEU A VOLONTÉ !

Le Rider avait pour avantage huit canons des plus particuliers, très peu courants sur les mers de Terra et d'ailleurs. Huit pièces placées non pas sur les flancs du navire avec les autres mais à la proue et à la poupe du bâtiment. Quatre pour chaque direction, des plus petits modèles que les autres. Plus difficiles à manœuvrer et recharger au vu de l'emplacement exigu dans lequel ils reposaient, ces canons n'étaient dévoilés qu'en certaines et rares occasions. Toujours utilisés pour créer la surprise, ces pistoles impitoyables se dévoilaient quand s'actionnaient les trappes dérobées qui leur étaient dédiées. Sous l'ordre de Fortune efficacement relayé aux artilleurs déjà prêts à l'action, les gueules d'un noir de fond de mine surgirent sous la figure de proue du Rideur. Le squelette moqueur aux oripeaux troués qui dévoilaient ses côtes et ses hanches décharnées sembla sourire de plus belle quand les boulets foncèrent, annoncés par le quadruple coup de tonnerre de leur déflagration. Sous les projectiles chauffés au rouge, l'avant du navire de Jambes Rouges explosa en une myriade folle d'éclats de bois qui semblèrent suspendus en l'air quelques courtes secondes avant qu'ils n'aillent percer la surface tumultueuse des eaux, quelques mètres plus bas.

Cross avait misé sur la chance et des réactions prévisibles : il avait eu raison. La sortie des canons avant avait incité le navire opposé à dévier légèrement de sa trajectoire pour minimiser les dégâts, que le Rider n'avait pas cherché à rendre réellement handicapant. La proue était une partie solide que des boulets d'un calibre moyen n'avaient que peu de chance d'entamer, mais le navire de Nate avait besoin d'un coup de pouce pour passer sur le flanc de Jambes Rouges avant que ce dernier ne le percute en manquant de l'envoyer saluer les marins qui baisaient avec les algues des grands fonds. Dès que les canons avaient fait feu, Nathaniel avait ordonné à Daniels de virer de bord et le navigateur avait su profiter de l'ouverture de cap pour faire en sorte que la coque du Rider vienne lécher celle moins esquintée de sa jumelle démoniaque.

 - PAR LE FOND, avait vociféré Cross à la seconde où la distance avait été suffisante. PAR LE FOND !

- FEU A VOLONTÉ !

Plus encore que contre la Vierge du Cap, la poudre se mit à parler. Elle ne murmura pas, non. Elle hurla à plein poumons, délivrant un vacarme apocalyptique par la bouche des armes dans laquelle on l'avait entassée. Les canons du Rider n'avaient pas été les seuls à délivrer leur impitoyable sentence. Les marins avaient eu le temps de s'armer de mousquets rechargés par une équipe prévue à ce seul effet, qui n'avait eu le temps d'acter qu'entre le moment de la séparation avec le bord de la Vierge et l'arrivée sur le navire de Jambes Rouges. A la suite des ordres d'une Fortune qu'aurait dit ressuscitée, les fusils avaient été distribués et pointés vers le pont de l'assaillant. Toutes les manœuvres avaient été abandonnées pour que l'équipage se livre comme un seul homme à un tir simultané. Les cracheurs de fonte vomissaient leurs projectiles pour détruire le navire, les mousquets le faisaient eux pour réduire à néant les hommes. Nathaniel savait que cette passe d'arme serait décisive. La distribution des cartes avait fait que le Rider avait présenté à Jambes Rouges son profil le moins abîmé et donc le moins vulnérable, mais aussi qu'il serait contraint de virer une fois l'échange achevé. Pour éviter de rencontrer la route de la Vierge, Cross devait accomplir un demi-tour qui exposerait son flanc douloureusement balafré. Ainsi, même si les canons de ce bord dévoré par l'avidité d'Alvilda se tiendraient prêts à cracher à leur tour, le capitaine savait pertinemment que le Rider ne supporterait pas une nouvelle charge de ce bord. Il devait donc impérativement museler son ennemi pour espérer l'achever sans plus de dommages supplémentaires.

La vraie bataille, ce n'était pas contre lui que Cross estimait la livrer.

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One Shot / Re : Prête-toi au jeu [PV]
« le: jeudi 10 avril 2014, 11:23:16 »
Le Rider était un navire ancien au bois éprouvés par maints affrontements nautiques. Ses capitaines successifs avaient veillé à toujours entretenir ce galion d'exception à la coque renforcée et aux canons puissants, n'hésitant pas à passer une bonne partie de leur butin dans les travaux de rénovation et d'amélioration du bâtiment. Cross avait accepté cette charge en même temps que son tricorne et n'avait jamais manqué à son devoir de capitaine, s'occupant du navire comme du marmot geignard au cul couvert de merde qu'il n'aurait jamais. Ainsi, le Rider était rarement prit au dépourvu lors d'une bataille et la robustesse qui faisait la fierté des marins le manœuvrant avait très largement contribué à la légende d'insubmersibilité qu'on prêtait au navire, qui tirait son nom de sa prétendue capacité à littéralement chevaucher les tempêtes. Racontars enjolivés par les marins, ces histoires avaient pourtant un fond certain et bien réel de vérité que l'équipage de la Vierge du cap allait pouvoir constater. Les salves de canonnades s’échangeaient à présent avec férocité entre les deux bords, les boulets crachés par les queues de fontes attachées à la Vierge emportant à chacune de leur éjaculation poudreuse des morceaux de bois. Les planches s'écrasaient sous la puissance des boulets qui faisaient gémir la coque du Rider. Certaines meurtrières à canon avaient été emportés par des tirs précis de l'adversaire, détruisant une pièce d'artillerie ou deux dans un fracas apocalyptique de fragments boiseux arrachés à la cohérence de la construction. Le souffle et le choc avaient emporté plusieurs marins de l'équipage de Cross, mais les artilleurs du Rider rendaient avec plus de force les outrages qu'on leur faisait. Les gueules canonnières de Barbe-d'Os était puissantes et bien utilisées, leurs boulets rendant chaque coup à la vierge avec encore plus de volonté de destruction. Oui, les volées vomies par le Rider étaient moins rapides que celle de son ennemi. Mais elles causaient bien plus de mal quand elles fracassaient le flanc du bateau de l'Ombre. Leurs dommages s'équivalaient presque, mais le maître-canonnier Paddy comptait bien prendre l'avantage. Là-haut, ses compagnons et son capitaine se battaient avec l'ardeur d'un jouvenceau perforant sa première chatte. Il était pour lui hors de question que ses artificiers ne leur rendent pas hommage.

Au-dessus de la tête de Pat Paddy et de ses manœuvres de canon, les hommes de Cross continuaient de s'acharner pour la défense de leur navire et de leur honneur. C'était une cacophonie abrupte et presque compacte de sons rageurs qui s'entremêlaient sous les hurlements des canonnades et de leurs impacts, tandis que les pirates des deux bords s'affrontaient avec la même hargne. Les sabres d'abordage se retrouvaient à grincer lames contre lames quand ils ne meurtrissaient pas un corps et les pistoles surgissaient des ceintures pour délivrer leur unique projectile. Aucun marin n'avait la possibilité de recharger et n'utilisait son coup de feu qu'avec parcimonie et discernement, au risque de littéralement griller sa cartouche et un pourcentage de survie non-négligeable. Les moucheurs qui officiaient sur le Rider étaient peu nombreux -six en tout- mais bien entraînés. Armés des meilleurs mousquets, ces tireurs étaient perchés sur les mâts et enchaînaient les cartons sur les hommes du bord opposés. Manzana, entre autres, avait prouvé au capitaine que les moucheurs avaient leur intérêt à la bataille. Excellente tireuse, elle couvrait tout autant Nate que les autres officiers qui échappaient parfois à la mort de l'instant juste parce que la rouquine avait aligné un forban passé dans leur dos.

Dans l'équipage de Nathaniel Cross, tous étaient égaux. Ainsi, les femmes se battaient avec une rage équivalente à celle des hommes. Comme par exemple Malibu Cocotte qui faisait danser ses deux sabres longs au gré de ses cris qu'on aurait par moment cru semblables à des hululements de bataille. A l'instar de la basanée, Pasoa faisait jouer avec une allégresse non dissimulée la multitude d'arme qu'elle se plaisait à avoir sur elle. Mais il n'était pas uniquement question de sexe. Différentes races étaient représentée à bord du Rider et on pouvait voir des terranides mâles et femelles user de leurs attributs naturels pour décimer les rangs d'Alvida, leurs cris d'animaux sauvage trouvant écho dans les répercussions sonores des coups de canon qui faisaient trembler les deux navires. On s'affrontait dans les cordages ainsi qu'au fil des étraves étroites, on trébuchait sur le cadavre de compagnons quand on ne s'enfonçait pas avec quelques comparses dans les entrailles du navire adverse pour aller déloger les rats qui s'y terraient. Un groupe mené par ce fou-furieux de Briquet-de-tempête avait d'ailleurs cherché à rejoindre les cannoniers de la Vierge pour les passer par le fil de l'épée et ainsi épargner la coque du Rider mais était tombé sur une résistance inattendue à mi-chemin.

Barbe-d'Os se taillait une voie dans le sang et les blessures, évoluant sur la Vierge à travers les rangs de marins de cette dernière qui cherchaient à lui barrer la route. Cross avait bien des défauts, qui ne se retrouvaient pas dans le feu de la bataille. L'homme se prétendait aussi habile avec son sabre qu'avec sa queue et vu la démonstration qu'il faisait du premier en ôtant la vie des malheureux qui estimaient pouvoir l'arrêter, il y avait fort à parier qu'il fut effectivement un excellent reproducteur. Sa lame filait dans l'air pour ne jamais rencontrer que de quoi trancher. Gorges et torses se scindaient dans une giclée rouge quand il frappait d'estoc et de taille, piquant de la pointe acérée de son arme quand il ne tranchait pas. Son sillage n'était que blessures et gémissements d'agonie, ces dernières parfois abrégée par un des marins qui couvraient le capitaine. Son but à lui n'était autre que l'Ombre et Cross ne s'était attendu à aucun moment que ce soif facile. Alvida comptait -comme lui- sur un équipage fidèle qui connaissait son affaire. Ainsi aucun pirate ne lui aurait laissé le champ libre et s'était par la force qu'il devait progresser vers la jeune femme. Son oeil unique ne la quittait pas et son attention focalisée sur elle était protégée des profiteurs par la brute épaisse qu'était le cambusier, Einekken. Le terranide avait quitté ses réserves pour sortir l'ancre tâchée de sang avec laquelle il exprimait sa rage. Ayant rejoint le capitaine qui comptait déjà sur Rikard et La Barbouze pour le couvrir, la bête poilue s'en donnait à coeur joie.

Cross ne manqua pas de voir Alvida se faufiler dans ses voilages comme un petit singe sur une attraction de cirque. Ses intentions lui semblèrent claires comme de l'eau de roche, le poussa à agir en conséquence. C'était une manoeuvre intelligente de la part de l'Ombre, des plus dangereuses pour Barbe-d'Os. Il apostropha le premier marin venu, lui ordonna dans une vocifération d'aller trouver le maître-d'équipage pour lui faire manœuvrer le Rider de façon à ce qu'il reste au plus près de l'ennemi. Le pirate acquièsa et prit le chemin vers la Sèche, son avancée couverte par Rikard. Hors de question de laisser l'ordre se perdre au bout d'une lame rouillée !
Retrouver et mettre au pas la capitaine devenait néanmoins pour Cross et ses hommes une nécessité absolue. Lui, Einekken et La Barbouze accélérèrent donc la cadence pour arriver au pied du mât. Le groupe fut peu à peu disloqué par l'insistance des marins d'Alvilda à protéger leur capitaine, si bien que Cross se retrouva seul face à une Crimson toute disposée à lui tenir tête. Et la garce s'y entendait, menant jeu égal avec un Cross qui ne se déboutait pas. Leurs armes se rencontraient au prix de passes qui, si elles s'étaient achevées correctement, auraient été certainement des plus meurtrières. L'échange se fit de plus en plus intense, fatiguant Crimson. Sa légère baisse de régime ne pouvait échapper à un Cross survolté, qui s'apprêtait à anéantir sa défense pour lui perforer la poitrine au moment où une troisième lame s'interposa, sauva la femme au grain de peau caramel.
Le sourire d'Alvilda rencontra son pareil sur le visage tâché de giclures ensanglantées de Nate.

- Et alors, tu es devenu avare de conversation ? Je profiterai bien du vent qui tourne pour te faire visiter la sentine. Avec les rats, tu t’y plairais. Mais on a un autre problème.
- Je m'apprêtais justement à t'faire découvrir le discours de ma lame, mais tu as joué les petits macaques fuyards. Tu avais la merde au cul en te retrouvant face à véritable mâle, fillette ? Une fois enchaînée dans ma soute à te balancer au bout d'ma queue, tu goûteras au roulis d'l'océan.
- Sud-ouest, le pavillon de Jambes Rouges. Tu sais pourquoi il s’appelle comme ça. Et ce n’est pas l’envie qui me manque de te faire bouffer l’océan par le fond, mais on ne sera pas trop de deux face à lui. On aura le temps de s’étriper sagement après.

Cross fronça l'oeil, jaugeant Alvilda. La gamine ne semblait pas mentir, pour ce qu'il lisait sur ses traits. Sa petite bouche à barbouiller de crème virile ne pissait pas le mensonge et le capitaine tendit l'oreille de son mieux. Sa vigie sifflait, tentant péniblement de se faire entendre par-delà le fracas du combat dont l'intensité n'avait aucunement faiblit. On signalait l'arrivée d'une nouvelle voile depuis un moment et une présence sur le côté des deux capitaines dont les lames se léchaient vint confirmer à Cross les dires de son pendant féminin. Béatrice, un de ses matelots, était parvenue jusqu'à lui pour lui délivrer le message oral de la vigie. Ce qu'elle fit après une seconde à récupérer le souffle qui lui manquait.

- Le pavillon de Jambes Rouges, cap'taine ! Il fonce vers nous ! Le maître d'équipage attend vos ordres !

Barbe-d'Os avait gardé son oeil valide dans le regard d'Alvilda, jaugeant à présent davantage la situation qui s'amorçait que la véracité des propos de l'Ombre. Lui aussi connaissait Jambes Rouge et son navire. Le danger que représentait cet enfant de putain à l'apparence aussi sinistre que la réputation aurait put être correctement affronté dans des conditions normales, mais le Rider était blessé de la bataille qu'il livrait. Les voiles tarderaient à prendre le vent, puisque la Vierge s'était positionnée de façon à l'en priver pour en jouir... Mais la Vierge ne serait jamais assez rapide pour fuir Jambes Rouges et Alvilda le savait aussi bien que Cross. Les deux étaient pris au piège et visiblement contraints de présenter front uni. Autour d'eux, le tumulte du combat s'était un peu calmé : la nouvelle de l'arrivée de Jambes Rouges avait fait prendre conscience aux pirates des deux pavillons que l'heure était plus grave que ce simple règlement de compte. Nate cracha à terre avant de donner une impulsion sur sa lame, repoussant l'Ombre en arrière. Il n'attaqua toutefois pas et préféra beugler ses ordres. Béatrice était pourtant tout à côté, mais tous les marins présents devaient comprendre que l'heure n'était plus à la guerre. Plus entre eux, pour le moment au moins.

- DÉTACHEZ LE RIDER DE CETTE PUTAIN ! QU'ON ARME LES CANONS DE L'AUTRE FLANC POUR SE TENIR PRETS A SALUER JAMBES ROUGES PAR UNE BORDÉE DE BOULETS ! A LA MANŒUVRE, GARÇONS, PRÉPAREZ VOUS A COULER UNE LEGENDE !

Béatrice hocha vivement la tête avant de filer à toutes jambes en direction de son navire tutélaire, prête à transmettre les ordres de son maître de bord à l'officier qui remplaçait temporairement Fortune. Les autres pirates de Cross se retiraient du combat avec prudence, considérant qu'Alvilda n'avait pas encore ordonné les manœuvres de son propre équipage. Un coup en traître restait envisageable, bien que Cross l'estimait assez intelligente pour ne pas saborder dans l'oeuf leur alliance momentanée. Vu l'état de son navire et de ses hommes, l'Ombre n'avait pas de réelle chance d'échapper à la menace dont l'étrave fendait les flots avec assurance, sa voilure de plus en plus visible annonçant le malheur imminent. Pas plus que le Storm Rider, pour tout dire. Il se retourna vers Alvilda.

- Je vais t'donner le temps de te placer sur son autre flanc, petit singe. Une fois ce rat d'cale envoyé par l'fond, je t'apprendrais à faire obéïr ton équipage. Et si t'es bien attentive à la l'çon, je te fourrerais bien profond. Sans attendre sa réponse, Cross fit volte-face pour se retrouver face à son navire. A VOS POSTES, ENFANTS DE PUTAINS !

Et les pirates de Barbe-d'Os de s'éxécuter pour de bon, rejoignant la sûreté relative du navire qui représentait leur petit univers. Ils furent tous prompts à rebrousser chemin, s'aidant des grappins et des cordages ballants pour échapper à la Vierge qui n'était heureusement pas trop éloignée du Storm Rider. Nate les imita après avoir abandonné la proximité d'Alvilda, atterrissant sur le pont supérieur de son navire d'où il put clairement discerner sans longue-vue la voilure menaçante du bâtiment de Jambes Rouges, dont le grand-mât était orné de son pavillon noir. Il ne s'attarda pas davantage et fit une fois encore retentir sa voix puissante, ordonnant que les derniers grappins soient récupérés et que les blessés soient évacués dans le local du doc. Les corps seraient mis dans les cales pour que le tri en soit fait plus tard, le pont devant être dégagé au plus vite pour que les marins puissent manœuvrer sans être gênés.
Le Rider allait constituer la première cible de Jambes Rouges puisqu'il était positionné pile sur sa trajectoire et Cross était tout à fait conscient que l'assaut -mené ou supporté- serait des plus périlleux. Il allait falloir malgré tout compter sur la Vierge du Cap pour se sortir de ce mauvais pas, ce qui fit maugréer Barbe-d'Os.

Se fier à un autre pirate relevait autant du suicide que de la bêtise.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Un butin atypique [Nathaniel Cross]
« le: jeudi 10 avril 2014, 09:41:12 »
Les pirates du Rider débarquèrent sur le Trident comme autant de rats affamés sur un morceau de bectance qu'ils comptaient bien dépouiller de toute substance. Les margoulins et leurs sales gueules filèrent dans les gaillards d'avant et d'arrière, descendirent dans les soutes et entreprirent d'abord de mettre la main sur les tonneaux de rhum. Les denrées de première nécéssité d'abord, purement et simplement. Un pirate digne du pavillon qui battait au-dessus de son navire prétendait -et croyait- qu'il pouvait survivre en se contentant de biberonner des litrons de rhum. En manquer était une catastrophe, mais en retrouver ainsi que ça risquait d'être le cas à bord de ce navire s'apparentait à un cadeau des dieux marins. "Poséïdon est aussi généreux que la queue du capitaine est longue", disait-on dans ces cas là. Dès qu'ils commençèrent à transférer les précieux tonneaux d'une soute à l'autre, les hommes de Barbe-d'Os lui prêtèrent en riant grassement un membre plus long que son sabre d'abordage.

La conquête du Trident par les hommes de Nathaniel Cross permettait de profiter de l'aspect hétéroclite de son équipage. Une majorité d'humains certes, mais quelques terranides se trouvaient aussi à faire partie des forbans qui pillaient le Trident. Et les femmes n'étaient pas en reste, aussi bonnes à baiser qu'elles l'étaient à abattre les voiles et à aider aux manoeuvres du galion. Nate savait que les donzelles étaient un argument de poids pour faire virer de bord les marins les moins scrupuleux, mais il savait aussi ironiquement qu'ils seraient très certainement les seuls à ne pas pouvoir prétendre aux faveurs dévergondées des demoiselles. Personne n'appréciait les traîtres et ce de n'importe quel côté du pavillon noir et ces individus auraient à travailler dix fois plus que les autres pour gagner la confiance de leurs compagnons... Quand ils y arrivaient, ce qui était plus rare que courant. Pour ceux qui relâchaient les efforts, c'était la revente à un marchand d'esclaves ou la planche selon le manque de valeur mercantile.

Barbe-d'Os s'était balancé au bout d'un cordage pour se rendre sur le navire marchand, rejoignant Percy qu'il salua simplement en feignant d'abaisser légèrement son tricorne. Ordure ou pas, Nate avait un minimum de valeur et dans l'absolu aucune façon de se montrer désagréable. Après tout, ce qu'il infligeait au capitaine avait plus d'impact que n'importe quelle insulte ou autre manquement à la bienséance, cette dernière ne rencontrant que peu d'intérêt pour les pirates. Tandis que ses hommes râtissaient chaque recoin du Trident, Nate acceptait la conversation avec Percy qui désirait un minimum de vivres pour pouvoir se rendre jusqu'au prochain port. Alors qu'il lui disait qu'il acceptait de  laisser à bord du Trident de quoi accomplir un voyage de retour, son oeil guetta l'apparition des chevaliers. Voilà bien quelque chose que le capitaine ne s'attendait pas à voir à bord d'un simple navire marchand ! A côté d'eux, le ballet des tonneaux de rhum roulés d'un bout à l'autre du pont évoluait avec un rythme à présent bien orchestré, à peine cassé par le passage des pirates chargés eux de sacs de victuailles et autres coffrets d'effets personnels dérobés tant sur les matelots que dans leurs affaires. Quelques traîtres -rares et jeunes- montèrent à bord du Rider pour y être accueillis par les vociférations de Fortune et de Doubhée alors qu'on annonçait à Barbe-d'Os qu'une porte restait close.

- Tu me fais des cachotteries, marchand ?
- Notre navire abrite un prisonnier... Un traître nexusien. Il n’y a rien d’autre dans cette pièce. Ce sont les chevaliers qui ont la clef, pas moi.

Dans un sourire en coin passablement agaçant, Nathaniel tourna la tête vers les deux chevaliers en question, qui ne se montrèrent pas vraiment réticents à lui donner la clé qu'ils lancèrent sur le sol. Ultime once de fierté pour des gaillards qui n'avaient pas vraiment tenus à la défendre, se rendant sans résistance. Ce fut la grosse main bleue et poilue du cambusier qui la ramassa en grondant comme un animal sauvage à l'attention des deux gardes. Einekken tenait de l'autre main sa fidèle ancre de combat et sa stature des plus imposante sembla faire frissonner plus d'un des matelots de Percy. Barbe-d'Os désigna Emma au terranide, qui s'approcha d'elle de son pas lourd.

- Faites lui ouvrir la cellule, monsieur Einekken. Assurons nous que le bon capitaine Williams ne cherche pas à nous jouer un tour pendable ! Et ramenez moi ce prisonnier.

Einekken hocha la tête aux ordres de son capitaine et emmena Emma en la prenant par le bras de sa poigne d'ogre, désignant deux des pirates qui se trouvaient là pour venir avec lui. Si le terranide ne s’intéressait pas vraiment aux femmes (personne toutefois sur le Rider n'était assez suicidaire pour le lui faire remarquer), les deux acolytes semblèrent des plus décidés à profiter de la cale pour la trousser et baladaient déjà leurs mains sur Emma en se gaussant.

- Pas touche à la donzelle, garçons, à moins qu'elle ne réclame !

Ils grognèrent de dépit plus qu'ils ne signifièrent l'obéissance à leur capitaine, mais Einekken se chargea de les rappeler à l'ordre. On entendit un "Aye !" d'assentiment avant que le groupe ne descende ouvrir la cellule pour remonter le prisonnier, tandis qu'on informait Barbe-d'Os que le pillage était pour ainsi dire terminé. Le capitaine pirate ordonna de laisser assez de vivre pour une semaine, acceptant même de laisser un ultime tonneau de rhum. La bonne prise du jour, soit le contenu entier du Trident, l'avait rendu d'excellente humeur. Ses ordres dispensés, Nathaniel revint à Percy.

- Avec ce qu'on te laisse, capitaine Percy, tu pourras t'rendre au prochain port. C'pas dans les règles d'la pirat'rie que d'laisser un navire entier quand on l'aborde, mais je m'sens l'âme charitable.

En fait, Nate avait une toute autre idée en tête. Il savait pertinemment que les hommes du Trident diraient partout que Barbe-d'Os leur avaient laissé la vie sauve après les avoir pillés et cela finirait par venir à l'oreille de pirates qui ne chercheraient plus qu'à en remonter à Cross. De nouveaux adversaires en somme qui, une fois vaincus, viendraient augmenter son prestige. Selon Cross et pour cette raison, on avait jamais assez d'ennemis. Et puis, plus personnellement, Nate ne voyait aucun motif pour ne pas respecter le pavillon blanc. D'après lui, certaines règles devaient perdurer. Si on salissait par le sang chaque drapeau immaculé, il n'y aurait plus personne pour raconter les exploits des pirates !

- Entre nous, garçon, je préfère Nexus à Ashnard. Votre reine est tout à fait troussable, ce qui lui apporte toute l'affection de ma queue. Mais avoir à mon bord un de ces pisse-froid de l'empire peut toujours servir. Ça se revend bien, sur les marchés. Mais j'suis curieux, matelot : qu'est-ce que tu fous avec pareille cargaison ? On n'met pas un traître sur un pauvre navire marchand.

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One Shot / Re : Prête-toi au jeu [PV]
« le: mercredi 09 avril 2014, 19:59:34 »
Sous les pas des matelots qui fourmillaient sur le pont comme autant d'insectes à leur ruche, le bois craquait et gémissait du passage. Les uns vérifiaient la charge de poudre de la pistole qui avait été distribuée par un petit groupe dont ça avait la mission désignée -il aurait été stupide de laisser des armes à feu sous les mains de gaillards plus excité qu'une vierge devant sa première queue si on voulait éviter les massacres stupides à la suite d'une querelle bénigne- et les autres prenaient leur poste après avoir cintré un sabre dans leur ceinture et glissé une dague rouillée par l'iode entre leurs chicots noirâtres ou dans le montant d'une de leurs bottes -quand ils en avaient. Les gabiers s'activaient dans la voilure, filant comme d'habile petits singes à travers les cordages entrelacés qui permettaient leur évolution dans les hauteurs du galion. Ils réduisaient les voiles pour que le navire perde en vitesse, lui permettant ainsi d'approche de la Vierge sans risquer de lui rentrer dedans tout en voguant à la même vitesse. On se bougeait aussi dans les entrailles animées du Storm, les canonniers et autres artificiers chargeant leurs pièces de poudre et de boulets pour être prêts à faire feu si le capitaine en donnait l'ordre. Bien que les trappes qui parcouraient la coque pour délivrer les gueules de fonte noire étaient encore closes alors que la distance se réduisait drastiquement entre les deux bâtiments, Pat Paddy le maître-canonnier avait préparé son coup. Un seul ordre de lui et les matelots désignés ouvriraient les battants pour délivrer une première volée de boulets. Dissimulés dans les flancs du Rider, les artilleurs se tenaient prêts à agir. En cas d'affrontement, ils savaient que leur vitesse serait décisive : leurs homologues de la Vierge s'apprêtaient sûrement à faire de même. Le premier équipage à ouvrir le feu prendrait donc un avantage décisif.

Fortune avait terminé ses sermons et était revenue sur le pont principal pour affiner ses ordres, aidée en cela par Doubhée qui alpaguait ses équipiers avec morgue. Hommes et femmes s'affairaient sur un pied d'égalité au sein du navire aux voiles noires, punies et félicitées sur un pied d'égalité. Le fait que plusieurs donzelles occupaient des rôles d'importance au sein de l'équipage renforçait ce dernier, puisque les femmes savaient que leur travail était plus méritoire que la cambrure de leurs reins. Les hommes quant à eux se montraient hardis à la tâche, leur machisme refusant de céder un seul once de terrain à leurs compagnes de bord. Et si dissensions il y avait parfois, elles ne portaient que très rarement sur le sexe : les marins de Nathaniel Cross avaient intégré depuis longtemps le fait que l'appareil génital ne faisait pas la valeur d'un pirate, du moins à bord du Rider. Quant aux hormones, leurs montées étaient réprimées avec sévérité pour éviter tout débordements et ne s'exposaient que quand le capitaine l'y autorisait (cela arrivait rarement en mer, toutefois) où lorsque les protagonistes étaient assez malins et discrets pour s'ébattre sans se faire prendre. Dans le cas contraire, ils goûtaient à la trique. Et pas celle qu'ils auraient préférée. La punition était aussi rude que les récompenses étaient douces, lorsque l'on servait sous le pavillon de Barbe-d'Os.

Les navires se retrouvèrent au même niveau au moment où Fortune retrouvait sa place la plus habituelle, soit le côté de Cross. La seconde avait d'abord été la plus fidèle amie du pirate et ses compétences avaient toujours prévalu sur sa plastique dans l'esprit de Nate, bien qu'il aimait à profiter des deux à égale mesure. Mais à la différences des parties de baises âprement disputées, Nathaniel n'aurait voulu d'autre partenaire qu'elle pour commander à son bâtiment. Fortune était une pirate fiable, qui connaissait mieux la mer que certaines femmes les replis de leur intimités. Cross ne fit pas de geste particulier quand elle le rejoignit, le borgne préférant garder son attention sur Alvida. L'Ombre s'était saisie d'un cordage pour aller se balancer de son pont à l'un des garde-fous du Storm Rider, sur lequel elle veilla à rester perchée. D'un bord à l'autre, les équipages se toisaient et les lames n'attendaient qu'un déclic pour glisser hors des passants de cuir élimés qui les retenaient.
Cross répondit au salut d'Alvida de la même façon moqueuse, gardant son sourire narquois tandis qu'elle lui passait son message.

- Allons, Alvida ! Les impériaux ne chassent que les véritables pirates, pas équipages de cul-rouges comme le tien. Voilà pourquoi elle n'est pas venue réclamer ta mort, fillette ! Viens donc à mon bord et je te montrerais la vie de forb...
- La Buse, non !

Ce ne fût pas tant l'injonction qui coupa Cross que la poussée que lui infligea Fortune. La rousse avait réagit en un éclair quand elle avait vu le mousquet pointer son capitaine et elle n'avait pas tardé à le percuter pour l'envoyer sur le côté quand le coup de feu claqua férocement dans l'air sec. La bille d'acier perfora l'épaule du second du Rider qui s'effondra en arrière sous le tir, les pirates sous son commandement regardant la scène avec des yeux médusés. Ils ne pouvaient attaquer sans un ordre direct du capitaine, qui ne tarda pas à vociférer d'une voix vibrante de colère. Puisque Alvida voulait la guerre, Nathaniel Cross lui apporterait la fureur barbare de la bataille.

- A L'ABORDAGE ET PAS DE QUARTIERS ! ENVOYEZ MOI CETTE COQUE DE NOIX PAR LE FOND !

Il n'en fallut pas plus pour déchaîner l'excitation de pirates qui étaient restés plusieurs jours inactifs, sans compter que Fortune était un officier apprécié. Dure mais juste, le second était respectée sur le navire qu'elle aimait tant et personne à bord du Rider n'imaginait un seul instant laisser sa blessure -peut-être fatale, pour ce qu'ils en savaient- rester impunie. Manzana tira le premier coup de feu, avant même que les crochets d'abordage ne soient lancés depuis le Storm. Le moucheur avait dirigé son fusil depuis longtemps déjà sur La Buse et n'avait attendu que le signal pour presser la détente. Elle toucha sa cible et se mit à recharger aussi vite qu'elle le put depuis sa position haut-perchée sur le mât, réservant sa prochaine gousse de poudre pour Alvida. Toujours abattre la tête en premier, même si elle avait voulu venger Fortune avant tout. Manzana savait très bien que son capitaine ne lui reprocherait pas son manquement à une règle élémentaire.
Les autres matelots avaient lancés grappins et cordages pour s'élancer à l'assaut de la Vierge du cap en brandissant leurs sabres et en donnant de la pistole pour éclaircir les rangs. Les premiers d'entre eux déferlèrent sur le navire ennemi pour y rencontrer le début de la résistance adverse, qu'il comptait bien faucher.

Plus bas contre la coque, les trappes des canons s'ouvrirent dès les ordres transmis, soit quelques très courtes secondes après que Cross les eut aboyés. Dans un bruit mât s'étaient relevées les ouvertures pour dévoiler les canons et leur oeil d'un noir menaçant. Trente-trois pièces d'artillerie, soit toutes celles qui couraient le long de ce côté du Rider- se mirent alors à faire feu quasiment en simultanée et la première volée de boulets allât percuter la coque opposée qui éclata par endroits dans un déluge de bois arraché à son ensemble. Le bruit de la cannonade avait été semblable à celui d'un orage crépitant, sans que cela ne semble déranger personne.
Sur le pont supérieur, Cross avait été rejoint par Beth le mousse, qui eut pour ordre prioritaire de traîner Fortune au médecin de bord. La brune acquièsa et chargea sa supérieure sur l'épaule avant de tenter de se frayer un chemin sur le capharnaüm guerrier et sauvage qu'était devenu la surface du Rider, bien évidemment abordé lui aussi. Dans le tumulte, Nathaniel se saisit lui aussi d'un cordage comme l'avait fait Alvida et avait dégainé son sabre en se lançant dans le vide pour atterrir sur la Vierge. L'avaient suivi entre autres Ed la Barbouze et le nain Rikard, qui avait troqué sa bouteille contre une épée effilée afin de monter à l'assaut à la suite de son capitaine, beuglant un "Yaaaaaaaar !" qui promettait à ceux et celles qui se trouveraient devant lui de belles plaies sanguinolentes.

- L'Ombre est à moi, garçons !
- Aye, cap'tain !

Et Nate fonça sur le pont de la Vierge qui venait de le recueillir, ses bottes filant sur le bois esquinté et ruisselant de sang alors que déjà ses canonniers rechargeaient leurs armes. Sa lame ouvrit des ventre et des gorges tandis qu'il remontait vers Alvida, que son oeil unique ne se résolvait pas à perdre de vue. Comme ses hommes, Nathaniel Cross était au combat un chien enragé qui comptait bien profiter du manque de pitié annoncé par ses ordres pour faire payer à Alvida l'attaque de La Buse. Et puisque cette petite pouliche d'Ombre se faisait de plus en plus reconnaître à travers les ports qui battaient le pavillon noir orné d'os, Cross allait en profiter pour calmer un peu son ascension.
Sur ses arrières, les jumeaux Cola et Limonade s'assuraient qu'il n'y aurait pas de forban pour le prendre à revers. Le tumulte de la bataille qui se jouait là équivalait à la colère qui brûlait dans le ventre de Cross.

L'Ombre serait bientôt tâchée de sang pour sa traîtrise et la blessure de Fortune, Barbe-d'Os le jurant sur le nom de tous les océans.

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One Shot / Re : Prête-toi au jeu [PV]
« le: mercredi 09 avril 2014, 11:27:34 »
Il arrivait souvent que la vie à bord d'un navire pirate s'avère calme. Il se passait parfois près d'une semaine ou deux sans que la route d'un galion comme le Storm Rider n'en croise aucune autre. Ni impériaux nexusien contre qui faire tonner les canons, ni navire marchand à piller, ni bâtiment battant pavillon noir qu'il aurait fallut affronter pour affirmer la place de tête de Barbe-d'Os et de son équipage de trompe-la-mort dans les échelons de la piraterie. Rien que le roulis des vaguelettes qui s'écrasaient sur la coque maintes fois éprouvée du Rider dont l'étrave fière taillait dans le vif des océans au rythme des nautiques accomplis. Ce jour là était semblable aux trois qui l'avaient précédé. Calme et tranquille, il était baigné par un soleil d'été qui n'empêchait pas un zéphyr généreux de gonfler les voiles noires si caractéristiques du navire de Nathaniel Cross. La température haute invitait au repos et les pirates s'y adonnaient quand leur quart était achevé, paressant mollement dans les hamacs qui jonchaient les quartiers du gaillard d'avant quand ils ne traînaient pas sur le pont pour discuter en partageant un godet de leur ration de rhum. Ceux qui étaient contraints au travail brossaient le pont, couraient dans les cordages pour vérifer les voiles ou se retrouvaient pendus par un système de poulies au bastinguage pour aller entretenir la coque.

Nathaniel Cross était sur le pont supérieur, à discuter avec Doubhée "la sèche" Tardis. Son long manteau rouge était comme toujours ouvert sur son torse aux dessins musculaires saillants, qui n'avaient pas d'intêret pour son maître d'équipage. La Sèche préférait de loin lécher des chattes que bouffer des queues et Barbe-d'Os n'avait à ses yeux que l'attrait d'être un excellent capitaine à qui il lui plaisait d'obéïr. Tous deux devisaient de la répartition des tâches par équipes pendant que Miss Fortune, la désirable seconde de Cross, vérifiait elle le cap à tenir en compagnie de Jack Daniels, pilote et timonier. Finalement, Doubhée et Fortune se retirèrent ensemble du pont supérieur et Nate se retrouva à échanger avec Daniels quelques propos salés sur le derrière des deux pirates qui venaient de s'éclipser. Pilote et capitaine se gaussèrent sur la relation lesbienne qui allait sûrement occuper la prochaine heure du second et du maître d'équipage quand une petite rumeur parvint jusqu'à leurs oreilles. Souriant, Nathaniel abandonna Daniels pour aller se poster au bastinguage et écouter.

Un des matelots, Canad Adry, avait lancé comme à son habitude une chanson. Les couplets avaient rapidement été repris par l'ensemble du bord et bien que chacun continuait de vaquer à sa tâche avec la même ferveur, tous avaient repris en choeur "Don't forget your old shipmate" et le Riders'était transformé en une chorale presque bon enfant. Le rythme du chant trouvait ses racines sur les coups ponctuels portés sur le bois du navire, qui semblait ainsi participer à sa façon. Même Barbe-d'Os s'était prêté au jeu et sa voix s'était mêlée à celle de ses hommes (et de ses femmes, ne l'oublions pas), multipliant l'entrain de ces derniers à pousser la chansonnette.
Ce fut au cours des deux dernières phrases de l'ultime couplet que Fortune revint précipitamment au pont supérieur pour rejoindre son capitaine. Le corset de cuir qui réhaussait sa poitrine déjà généreuse avait été à moitié ouvert et la chemise au décolleté défait offrait une vue imprenable sur son sein droit dont Nate profita avec gourmandise. Visiblement, Fortune et Doubhée avaient été interrompues.

- La vigie annonce une voile, cap'taine. Qui bat pavillon noir.

Barbe-d'Os fronça le sourcil de son oeil valide alors que son second lui indiquait du doigt la direction sur la mer. Nathaniel saisit alors sa longue-vue et prit quelques secondes pour confirmer les dires qui venaient directement du nid-de-pie. Le gabier posté là-haut, Tekila Coca avait l'oeil vif. Le pavillon qui battait au loin n'était pas un jolly roger inconnu de Nate.

- Alvida l'Ombre. En voilà bien une que je ne pensais pas croiser dans ces eaux.
- Il risque d'y avoir de la castagne, à ton avis ? Elle réajusta son corset en parlant.
- Pas son genre, pour autant que je sache. Mais c't'un forban pur jus, alors préparons nous à la saluer selon les règles.

Fortune hocha la tête en guise d'assentiment et laissa là son capitaine. Le Storm Rider avait retrouvé le calme habituel de son pont, même si les conversations quant au navire qui était apparu par-delà la ligne de l'horizon se montraient animées. En bon marins, les pirates de Barbe-d'Os attendaient les ordres de leur capitaine, sachant pertinemment qu'il ne se contenterait pas de croiser au loin d'un autre galion. Nathaniel Cross ne craignait pas l'affrontement ni les autres pirates, deux raisons qui laissaient entendre que les deux navires ne se contenteraient pas de s'ignorer. Quand Fortune se mit en place pour donner les ordres du capitaine, toutes et tous se retrouvèrent perchés à ses lèvres. Dès qu'elle aurait parlé, il faudrait agir en conséquence, vite et bien. Pendant ce temps, Nate ordonnait au pilote de maintenir le cap vers La Vierge, qui se rapprochait toujours un peu plus.

- TENEZ VOUS PRÊTS AU COMBAT, BAISEURS DE SIRÈNES ! MADAME TARDIS, JE VEUX CES SINGES ARMES ET PRÊTS A SE BATTRE ! ON NE FAIT QUE SALUER, MAIS NOUS RÉPONDRONS A CES RATS SI ILS NOUS DÉFIENT ! POURQUOI LES MOUCHEURS NE SONT PAS ENCORE PERCHES SUR LES MATS ? EN PISTE, TAS DE MACAQUES ! VOUS ETES ENCORE A M'ECOUTER ? MONSIEUR RIKARD, RANGEZ MOI CETTE BOUTEILLE DE RHUM OU JE VOUS LA CARRE DANS LE FION !

Fortune criait beaucoup, beuglant ses ordres et ses insultes avec une prestance que le bord appréciait. Elle sauta en contre-bas pour aller s'occuper elle-même de donner quelques coups de triques à quelques matelots trop longs à se mettre au boulot pendant que Cross lui regardait la Vierge du Capqu'il pouvait à présent contempler sans sa longue-vue. Les canons d'Alvida n'étaient pas apparus, mais Nate ne doutait pas que -comme les siens- ils seraient prompts à sortir de leurs trappes pour délivrer leurs boulets. Le branle-bas avait sûrement été ordonné sur le navire adverse aussi, parce qu'aucun bon pirate ne pouvait avoir entièrement confiance en un autre. Néanmoins, Cross et Alvida n'étaient pas en compte et n'avaient apparemment rien qui puisse les pousser à s'affronter.
Mais peut-être que la capitaine de la Vierge avait, elle, une autre vision des choses. Puisque les deux bâtiments seraient très vite à la colle, Nathaniel ne doutait pas être vite fixé quant aux intentions du bord d'en face.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Un butin atypique [Nathaniel Cross]
« le: mercredi 09 avril 2014, 10:01:08 »
La lentille de la longue vue du capitaine Cross, braquée sur le navire marchand depuis quelques minutes maintenant, brilla d'un bel éclat alors que les rayons solaires lui caressaient le verre. En bon maître de navire, Barbe-d'Os gardait un oeil sur les objectifs qu'il avait prit en chasse. Il fallait être prompt à donner des ordres adaptés à une situation qui aurait brutalement changé au cours des manoeuvres. Parfois, certains navires comptaient à leur bord des magiciens qui lançaient à distance des sorts, parfois certains capitaines qui se savaient pourtant vaincus d'avance ordonnaient un branle-bas de combat "pour l'honneur" ou tout autre connerie du même calibre qui finissait par éplorer des veuves et faire de nombreux orphelins. Cross se battait toujours lorsqu'on le provoquait, comme n'importe quel pirate digne de son Jolly Roger. Et tant pis si il devait écraser d'honnêtes marins ou d'anciens camarades pirates sous sa botte pour remporter la victoire : lui aussi avait sa fierté, quand bien même elle était celle d'un fieffé forban.

L'oeil sur le Trident, Cross constata que les canons du navire ne sortaient pas de leurs trappes. Sans s'en étonner outre mesure, le capitaine remporta son attention sur le pavillon des marchands. Il reconnut d'abord des armes nexusiennes qu'il aurait bien été incapable d'identifier avec plus de rigueur mais se sentait déjà pousser des ailes à la simple idée de faire une nouvelle fois la nique à l'empire. "Dommage que ce n'soit là qu'des marchands", pensa t'il. Se battre contre les soldats impériaux faisait toujours oublier les petits soucis du bord, en l'occurence ici le manque de rhum qui ne manquerait pas d'ici quelques jours de plomber l'ambiance à bord du Storm Rider. De combat d'ailleurs il n'y aurait sûrement pas. Le pavillon caladan s'affala pour laisser place à un pavillon bien plus explicite à l'oeil valide de Barbe-d'Os, soit le blanc. Le message international de paix. Fortune, qui était revenue à son côté, l'interrogea.

- Que décident-ils, cap'taine ?
- Ils battent pavillon blanc, répondit Cross en abaissant sa longue-vue pour regarder son second. Préparez vous pour l'abordage en conséquence, Miss Fortune.

La sulfureuse rousse hocha la tête, quittant la proximité de son capitaine pour aller se mettre à la rembarde qui encadrait le pont supérieur, devant le gouvernail manoeuvré par le timonier qui maintenait le cap vers le Trident. En contrebas, sur le pont principal où s'affairaient prestement des matelots motivés par leurs maîtres de quart, on tendit l'oreille aux nouveaux ordres du capitaine, qui allait s'exprimer par la langue de son bras droit.

- ILS BATTENT PAVILLON BLANC, MES GAILLARDS ! VOUS SAVEZ CE QUE CA VEUT DIRE, TAS DE MACAQUES ? ON NE TUE QUE SI ILS REMUENT UN PEU TROP FORT DE LA QUEUE ! QUE LES CANONS RESTENT PRÊTS A CRACHER LEUR FOUTRE NOIR ! MADAME TARDIS, ÉQUIPEZ MOI CES SINGES POUR L'ABORDAGE ! JE VEUX DES MOUCHEURS PRETS A TIRER DEPUIS LES MATS ET LE PONT SUPÉRIEURS !

Doubhée Tardis, maître d'équipage du Rider et donc lien entre le commandement et le reste des marins, hocha la tête aux ordres de sa supérieure et se mit à beugler les siens à travers tout le navire qui se mit à fourmiller. Les hommes et les femmes de bord s'activaient à préparer cordages et crochets d'abordage quand il ne chargeaient pas de poudre leurs pistoles à silex. Conformément aux ordres, personne ne tuerait ni ne saccagerait si tant était que les abordés ne cherchaient pas à les entourlouper. Ça arrivait plus souvent qu'on ne le pensait et les pirates se montraient donc toujours en mesure de se battre pour éviter un traquenard. Les moucheurs -sorte de tireurs d'élite armés de mousquet- se mirent à leurs postes pour tenir en respect les membres du commandement adverses qui se trouveraient sur le Trident. Si les choses tournaient mal, Manzana et ses deux compères seraient sûrement assez habiles pour amputer les marchands de leur tête.

Le Rider accomplit sans peine les derniers nautiques qui le séparaient de sa cible du moment. Réduisant l'allure en arrivant au niveau du Trident, le bâtiment pirate se retrouva rapidement "à la colle" avec le navire nexusien. Dès lors que la distance fut suffisante, les premiers crochets d'abordage sifflèrent avant de se ficher à divers endroits du Trident. Pas dans la coque, mais simplement le long des coursives. Pour preuve d'une relative volonté de paix, les pirates sous le commandement de Cross n'investissèrent pas le bateau tout de suite, attendant que le capitaine se présente à celui du navire opposé. Ce qu'il fit depuis le pont supérieur d'où il était aussi intelligible que visible, son indécrottable manteau rouge flottant mollement dans la brise iodée. La main négligemment posée sur le pommeau de son sabre et le tricorne vissé sur la tête, Nathaniel Cross apostropha le commandement du Trident.

- Je suis Barbe-d'Os, capitaine du Storm Rider. Qui est le maître de votre bord ?

Il attendit que le ou la concernée se présente à lui, avant de continuer les dires d'usage.

- La bonne nouvelle, matelots, c'est que tout l'monde ici respectera l'blanc du pavillon. Pas de mort inutile. Le contenu de vos cales est à nous, ainsi que les forbans qui voudraient embrasser une vraie vie d'pirate !

Si quelques marchands voulaient passer du côté obscur de la vie maritime, ça leur était toujours possible. Cross espérait des femmes, libidineux qu'il était. Ceci étant, les traîtres à la marine marchande si ouvertement déclarés étaient rare et Barbe-d'Os ne comptait pas vraiment dessus. Dans les voiles et sur les ponts, les marins du Rider étaient suspendus aux lèvres de leur capitaine. Pas qu'il savait particulièrement galvaniser son oratoire, mais personne à bord n'avait oublié le cruellement rationnement de la denrée principale à bord : le rhum. Fortune, comme toujours à côté de lui, lui glissa un léger coup de coude en mimant rapidement l'action de boire. Cross acquièsa à sa manière, soit en faisant claquer le plat de sa main sur l'une des fesses cintrées de cuir moulant de sa seconde. Quelques sourires lubriques et édentés s'illuminèrent ça et là, considérant que nombreux étaient les marins (hommes et femmes) du Rider à fantasmer de pouvoir accomplir eux-même ce simple geste sur le formidable derrière de Fortune.

- Et nous gardons tout le rhum ! Les pirates poussèrent en choeur une exclamation joviale. Allez, garçons, troussez moi cette putain !

Les pirates répondirent par un puissant "AYE, CAP'TAIN !" avant de partir à l'abordage. Grimpant sur les cordes qui reliaient les deux navires, les premiers d'entre eux eurent tôt fait de mettre le pied sur le bois du Trident, attendant pourtant quelques secondes avant d'aller se répandre comme des rats parmi les coursives étroites du navire. Parfois, certains capitaines pourtant pris au piège sonnaient la défense à la dernière minute. Si ça n'arrivaient pas, ils commenceraient un pillage en règle. 

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Ville-Etat de Nexus / Re : Un butin atypique [Nathaniel Cross]
« le: lundi 06 janvier 2014, 14:50:07 »
Dans la cabine du capitaine Cross, trois lurons se tenait face à son bureau. Sur le meuble au vernis écaillé et aux nombreuses stries et cassures -vestiges de repas, de bataille à l'épée et autres ébats sexuels- reposaient cartes et sextant tout à côté d'une dague qui était fichée là sans raison apparente. C'était une des petites manies de Cross que de lancer coutelas et autres projectiles tranchants à travers ses quartiers et ce sans qu'il ne sache trop pourquoi. Nate appréciait simplement le bruit de l'acier effilé se fichant dans le bois, son qui avait des accents d'inéluctabilité. Ce "schlack !" sec l'apaisait et l'aidait à réfléchir. Et lui rappelait aussi la hache des bourreaux qui avaient manqué une fois ou deux de lui faire perdre la tête.
Fortune avait pénétré dans la cabine de son capitaine quelques minutes auparavant, accompagnée d'Einekken le cambusier et de Jack Daniels le pilote du Storm Rider. Suite à de nombreuses semaines en mer pour se livrer à une expédition qui s'était avérée moins fructueuse que Barbe-d'Os ne l'avait d'abord pensé, il lui fallait des prochaines manoeuvres et du cap à tenir. Ainsi, avant de se décider, le capitaine avait convoqué les personnes les plus à-même de répondre aux questions qui aiguilleraient ses décisions. Nate les avait reçu affalé dans son fauteuil et les pieds croisés sur son bureau, jouant avec sa dague qu'il avait fiché dans le bois pour entamer la discussion. Le second fut son premier interlocuteur.

- Notre balade du côté des îles du Cap Bleu n'a pas été très brillante, cap'tain. Ça ferait du bien aux hommes d'rentrer sur Port Victoria.
- A combien est-on de Victoria, monsieur Daniels ?
- Si les conditions météo s'maintiennent, trois semaines, capitaine. Quatre si le temps se dégrade.
- Einekken, état des cales ?
- On a pour deux s'maines eud'vivres, cap'taine. Et moins qu'ça en rhum, grogna le terranide. Y reste plus d'foutue flotte qu'eud rhum, cap'taine.
- Ça, c'est une mauvaise nouvelle. Et une excellente raison d'rentrer. Cap sur Port Victoria, madame Fortune ! Einekken, allez m'annoncer à l'équipage qu'on réduit les rations de rhum.
- Aye, cap'taine ! firent ils tous en choeur.

Si Einekken et Daniels sortirent sans attendre de la cabine, Fortune attendu qu'ils aient disparus pour prendre à part son vieux compagnon. Et elle tapa des deux poings sur la table, lui faisant arquer du sourcil.

- Tu veux que je te dise, Cross ? T'es qu'un foutu connard ! Si môssieur Cross n'avait pas parié la moitié de not' chargement d'rhum aux dés, on ne s'exposerait pas à un risque de mutinerie !
- Y m'semble pas que tu disais non pour croquer ta part ce soir là, Fortune. Va donc coller ton superbe petit fion sur le pont de MON navire pour donner MES ordres.
 
Pour tout assentimment, la volcanique rousse attrapa la dague et la fit se ficher tout à côté de la tête de Nate, qui suivit la trajectoire de l'arme de son oeil valide. Il siffla devant la qualité du tir et s'en montra plus amusé qu'offensé, Fortune maudissant tous les dieux marins de lui avoir collé pareil crétin comme capitaine. Et pourtant, elle n'en aurait pas voulu d'autre pour la diriger. Elle prit la porte et la referma avec fracas derrière elle, laissant Nathaniel seul. Le capitaine allat alors fouiller un des tiroirs de sa chambrée pour en tirer une bouteille de rhum de sa réserve personnelle et s'en coller une rasade dans le gosier que la porte s'ouvrit avec fracas pour laisser passer la tête de Fortune, décidément partie pour l'emmerder.

- Voile en vue, cap'taine !
- Les affaires reprennent ! Passez devant, madame Fortune. Et tortillez un peu du cul en remontant, ça fait toujours passer le rhum.

Elle manqua de l'envoyer paître mais s'en abstint -lui accordant tout de même un doigt d'honneur- et obéit, remontant sur le pont au niveau du gouvernail. Nathaniel la suivit et découvrit les marins accoudés au bastingage, qui devisaient en riant grassement quant à la nature du navire dont on apercevait au loin la voilure. Nathaniel s'arma de sa longue vue et resta à observer un instant avant qu'un sourire de très bon augure pour l'équipage ne vienne illuminer son visage.

- Voyez vous ça, un marchand nexusien... Voilà qui devrait remplir les cales et les tonneaux de rhum ! Préparez vous à l'abordage ! Sortez les canons, préparez les mousquets ! Les gars, on part au ravitaillement !

Une exclamation vive secoua le Rider, avant que Fortune ne s'avance. C'était son rôle que de donner plus de corps et de précisions aux ordres du capitaine et les maîtres d’œuvres attendaient qu'elle parle pour répartir leurs hommes sur les tâches nécessaires à l'accomplissement des directives même si certains pirates étaient déjà partis accomplir leur besogne tandis que le navigateur changeait de cap pour faire voile vers le navire ciblé.

- VOUS AVEZ ENTENDU, TAS DE FILS DE PUTE ? A L'ABORDAGE ! CHARGEZ LES CANONS, ÉQUIPEZ LES HOMMES ! CASCADA, GIBBS, CHOQUEZ MOI CES ÉCOUTES ! MONSIEUR ADRY, IL VOUS FAUT MON PIED AU CUL POUR MONTER SUR CES CORDAGES ? AFFALEZ MOI CES VOILES, MACAQUES !

D'ici une petite dizaine de minutes, le Rider serait sur le Trident tous canons dehors et hommes parés à l'abordage. La chance qu'avaient ces marins, c'était que Cross ne faisait que rarement des massacres inutiles. Bien sûr, si les marchands ambitionnaient de se battre, les pirates du Rider ne feraient aucun quartier jusqu'à ordre contraire. Mais dans l'absolu, si ils se rendaient, Barbe-d'Os n'irait pas pousser le vice jusqu'à tuer sans raison. En d'autres termes, il revenait au capitaine du navire qui allait être assailli de choisir son destin et celui de ses hommes. Après tout, le pavillon noir qui claquait au vent était assez explicite quant aux intentions du capitaine qui l'arborait.

9
Le coin du chalant / Re : A l'abordage !
« le: samedi 04 janvier 2014, 13:42:56 »
Up o7

10
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: samedi 04 janvier 2014, 13:16:55 »
Ah, coquine ! Tu veux me faire dresser le mât, hein ? J'adore les femmes dans ton genre, garce !

13h18

11
Archives publiques / Re : Foire aux questions[NEW]
« le: samedi 04 janvier 2014, 13:16:08 »
Nan, l'endroit n'est pas prévu à la base pour accueillir des traces de civilisation.
Néanmoins, ça reste possible moyennement quelques aménagements magiques et technologiques, je suppose ^^ Si ils sont justifiés dans la fiche avec la description du cabaret, ça me semble jouable.

J'aurais dû poster ça sous SP, m'enfin ça a valeur de post de modérateur et ça, c'est bien o/ 

12
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: samedi 04 janvier 2014, 12:56:20 »
*Saute par-dessus le portillon*

Je t'aborde par où, matelote ? :D

12h57

13
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: samedi 04 janvier 2014, 12:17:35 »
Faire la queue, c'est le cas de le dire...

YO-HOOOOOOOOOOOOOOO o7

12h19

14
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: vendredi 03 janvier 2014, 23:40:13 »
Toi tu compte pas, t'es du côté des fraudeurs.

23h41

15
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: vendredi 03 janvier 2014, 22:52:37 »
T'es bonne avec la barbe, ma bitch ♥

22h54

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