Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Dark Sun [Stephen Connor]

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Etsuyama Sachiko

Humain(e)

Dark Sun [Stephen Connor]

samedi 29 septembre 2012, 22:35:47

Le centre commercial recelait de multitudes possibilités autre que de pouvoir faire ses courses de la semaine. Un exemple intéressant était qu'il y avait plusieurs salles de spectacles emménagés dans les souterrains. Construite il y a quelques années sous ordre de la mairie de la ville, elles étaient modernes et surtout spacieuses : une seule suffisait pour faire tenir un concert, une exposition ou une convention de BD ou d'animation japonaise.

Sachiko n'avait jamais été une grande mordue de manga. Elle n'était pas non plus férue du contenu des musées, et ne pratiquait aucun instrument. La voir dans ce genre de salle ne signifiait donc qu'une chose.

Elle était en affaires. Et une affaire qui valait gros, pour l'accepter en plein milieu d'un samedi après-midi.

Ses connaissances culturelles dans le monde de la boxe ne valaient rien. Elle était comme beaucoup de gens, à juste en connaître le principe de se taper dessus sans grand intérêt pour ceux qui n'aimaient pas ça. Ça lui était arrivé de regarder du catch à la télé, qui lui au moins offrait un minimum de spectacle et de distraction pour les timbrés qui n'en loupaient pas une miette. Mais la boxe, c'était bien plus réel, bien plus sincère au niveau de la violence. Le seul point commun entre les deux, c'est que l'on pouvait y trouver de véritables bombes sur le ring et c'était sûrement la seule raison que les filles glapissant à côté de la paparazzi avaient trouvé pour venir observer ce match.
Autour de la blonde, une foule s'était en effet rameuté en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Elle-même se trouvait dans les premiers rangs, avec un angle suffisamment bon pour capter la lumière et l'image la plus nette possible. La brève description qui avait été faite de sa cible - sans photo à l'appui par manque de moyens - ne correspondait pas aux deux participants actuels du match. Elle devait donc attendre encore pour dégainer le flash, qui était prêt autour de son cou.

Silencieuse et concentrée au milieu de tout cette adrénaline, la jeune femme se remémora les paroles de son employeur. Il lui faudrait prendre des photos de la cible sur le ring, puis le filer ensuite pendant le reste de la journée en quête de découvertes. Au moindre petit défaut, à la moindre petite erreur, il lui faudrait prendre un maximum de clichés. Et dans l'optique où Stephen se révélait comme quelqu'un de parfaitement sain (ce qui serait douteux vu le passé qu'il se traînait) il lui suffirait de par exemple le photographier en train de faire une connaissance ou d'acheter quelque chose, et d'ensuite en broder l'article le plus ignoble possible pour empocher les cinquante mille yens sans plus de scrupules. L'affaire était d'ore et déjà dans le sac pour notre petite voyeuse qui s'était spécialisé depuis longtemps dans la pratique d'espionner les gens, avec toute la discrétion que cela imposait. Elle avait même hésité à accepter le contrat tant il lui paraissait morne et inintéressant, mais elle avait besoin de ces yens pour aider sa mère à rembourser sa nouvelle maison. L'appel de l'argent était toujours le plus fort.

« Hé, tu crois qu'il va venir quand ? »
« Dans pas longtemps, il participe aux demi-finales... on va enfin pouvoir le revoir ! »

« Hiii ! ♥ »

La petite troupe féminine commençait à s'exciter. Une belle bande de pisseuses, ne pu s'empêcher de penser Sachiko. Mais peut-être qu'elles parlaient de celui que son appareil attendait. La lycéenne s’avança donc un peu vers les fangirls et risqua une intrusion.

« Excusez-moi... vous parlez de qui, là ? »
« Lucien Williams ! » lui répondit celle qui paraissait comme la plus vieille des trois. « Il va pas tarder à apparaître... il a intérêt en tout cas, on est venu ici exprès pour ça, nous ! »

* Ouais, moi aussi...* pensa la jeune femme en s'éloignant après remerciements. Elle avait failli prononcer ça tout haut, mais ce n'était pas le moment de se griller. Ça pouvait paraître paranoïaque, mais toute précaution était bonne à prendre.

Le match se termina finalement, tandis que les lumières baissaient et se teintaient de rouge. Une bunny girl passa pour annoncer le prochain match, vision digne des films hollywoodiens, tandis que le présentateur s'apprêtait à présenter les nouveaux candidats...
« Modifié: dimanche 30 septembre 2012, 00:07:27 par Etsuyama Sachiko »

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Etsuyama Sachiko

Humain(e)

Re : Dark Sun [Stephen Connor]

Réponse 1 dimanche 21 juillet 2013, 23:55:05

Les lumières s'éteignirent de nouveau, rallumées entre chaque match. Cette soudaine obscurité était annonciatrice du prochain round, et Sachiko s'épargna une salve de hurlements des pintades qu'elle venait de questionner, en se rapprochant des premiers rangs. La blonde montrait son appareil photo et son faux badge autour de son cou, pour indiquer son profil important de "photographe pro" tout préparé. Les gens la laissèrent passer en remarquant tout ces détails, et elle put se trouver une bonne place.

La paparazzi n'était pas là pour immortaliser les performances de sa cible, cela dit. Deux ou trois photos suffiraient, pour agrémenter le prochain article : un peu de précision, ça ne faisait jamais de mal. Ses doigts blancs serrèrent l'appareil et le soulevèrent, alors que les deux silhouettes s'approchaient dans les recoins des coulisses.

L'australien arriva et se fit présenter en premier. Puis, On annonça Stephen Connor.

Sachiko écarquilla les yeux, en voyant arriver celui qu'elle devrait filer pendant toute la journée.

Un profil de colosse, bien évidemment. Très charmant, il fallait bien l'avouer - peau brune, petit bouc et cheveux mi-longs... La jeune fille entendit encore les groupies crier de plaisir derrière elle, et elle comprit enfin ce qui pouvait leur faire user leurs cordes vocales à ce point. Ce Stephen semblait en effet éclairer la scène, mettre de l'ombre sur son adversaire... une impression renforcée par la branlée qu'il lui imposa, en peu de temps par rapport aux autres candidats. En observant ses muscles rouler sous sa peau cuivrée, Sachiko se lécha doucement les lèvres.

Et puis, elle se souvint de son appareil, toujours tendu à bout de bras, et prit en trombe quelques clichés, juste avant que le boxeur ne termine d'achever son adversaire. Ses doigts tremblaient, probablement à cause du fait que ses bras étaient tendus depuis un quart d'heure, en attente d'appuyer sur un quelconque bouton... elle s'était déconcentré, c'est tout. Pas vraiment son genre, mais il fallait dire qu'entre la chaleur et les hurlements des spectateurs, la fouineuse n'en pouvait plus.

Le match était terminé, Stephen fut déclaré vainqueur. Il n'avait même pas l'air étonné, s'applaudissait lui-même. Sachiko le considéra d'un air perplexe, se disant qu'il ne se prenait vraiment pas pour n'importe qui, celui-là. Puis, elle se glissa hors des rangs, s'attaquant à la deuxième partie de son plan.
Sans se préoccuper de qui pourrait la mater - ils étaient tous trop concentrés sur ce pourquoi ils avaient payé, de toutes façons - Sachiko s'appuya contre un mur prés de la porte des vestiaires, où était noté en gros et en rouge "ENTRÉE RÉSERVÉE AU PERSONNEL ET AUX COMPÉTITEURS". Le genre d'écriture qu'elle pouvait traduire par tout son contraire, en gros. Fouillant dans son sac, elle en sortit une tenue de bunny girl semblable à celle de la pouffiasse qui défilait sur le ring en ce moment-même, pour annoncer les prochains candidats. Ce fut enfilée en deux secondes, et avec cette efficace couverture, la blonde passa par la porte.

Les douches l'accueillirent, ainsi que le bruit de l'eau et une épaisse vapeur blanche, qui indiquait clairement que quelqu'un par ici profitait déjà d'une petite trempette. A en juger les vêtements et l'odeur musquée qui régnait dans les vestiaires, il s'agissait des douches pour hommes. Sachiko n'avait donc rien à faire ici.
Ce qui était parfait.
Repérant un bac où s'entassait des serviettes propres et pliées, la photographe y déposa son sac au fond, et s'y glissa ensuite, froissant tout le linge par la même occasion. Les quelques tissus épargnés finirent dépliés pour cacher le moindre centimètre de la silhouette de la blonde. Elle eut fini juste au bon moment : le bruit de l'eau s'arrêta, et un sifflement lui indiqua que quelqu'un approchait.

Elle avait tout d'une perverse, à mater partout entre deux piles de linge blanc. C'est probablement ce que se serait dit le boxeur... s'il l'avait repéré. Mais ce ne fut heureusement pas le cas : il était distrait, ne remettant même pas sa serviette en place...

*Quoi ? Mais c'est un détail complètement sans importance, ça !*

Elle n'avait pas envie de le voir le zizi à l'air, nom de nom ! Qu'est-ce qu'il lui prenait, au juste ?

*Seigneur, j'ai vraiment besoin de vacances...* pensa-elle, réprimant un soupir.

C'est sûr que quand on en arrivait au stade d'accepter n'importe quel travail, même celui d'épier des hommes entre deux linges dans des douches... c'est qu'on travaillait trop. Sûrement son cas. Franchement... de quoi elle aurait l'air, s'il la découvrait ?
En plus de ça, Sachiko s'aperçut vite que le déclencheur de son appareil faisait bien trop de bruit, même dans le silence ambiant des vestiaires. Elle ne put donc prendre aucun cliché, pestant d'avoir eu une idée si lumineuse sans même réfléchir aux circonstances techniques.
Il partit finalement, après s'être habillé. Sachiko sortit donc du bac avec agilité, habituée à s'extirper en deux secondes de cachettes aussi exiguës. S'habillant d'un manteau long pour masquer son déguisement, elle prit la porte sans se faire remarquer et entreprit de suivre discrètement le boxeur déjà en route.



Un sourire carnassier aux lèvres, la papazazzi acheva de questionner la jeune femme qui venait de quitter les bras de sa cible. Depuis le début de la soirée - où elle avait réussi à s'inviter, un vigile la prenant pour une serveuse à cause de son accoutrement... - elle se déplaçait dans tous les coins, restant la plus discrète possible, pour prendre en photo sous tous les angles le sportif et les minettes qu'il pelotait de plus en plus allègrement au fil de l'alcoolémie naissante dans son sang. D'ailleurs, les minettes en question avaient été faciles à soudoyer : de la première à la dernière, elles avaient toutes acceptées de porter un micro sur elles, moyennant une petite liasse de billets au début de la soirée, et un verre vers les minuit... ou rien du tout, tant elles étaient déchirées.
Les extraits vocaux étaient nombreux, et apparemment garnis d'allusions à la drogue, au sexe, à des petits magouilles qui trouveraient très facilement leurs jolis petites places dans son dossier. Satisfaite, Sachiko rangea son appareil et se leva en même temps que le boxeur...

Une heure du matin.

*Petit joueur...* ne put s'empêcher de penser la lycéenne.

Mais bon, jusqu'ici, tout s'était relativement bien passé.
En fait, ça ne commença à déraper qu'après qu'ils aient quitté le club, bien entendu.

Sachiko suivait tranquillement sa cible, optant pour la discrétion des rues étroites autour d'eux, où elle se faufilait en gardant un oeil ouvert. Mais au détour d'une ruelle, une lourde main se posa sur son épaule, la forçant à se retourner.
En voyant Fujiwara la tenir, la colère empreinte sur son visage, Sachiko fut assez surprise.


« Tu crois que je ne t'ai pas vu, nous mitrailler toutes les deux secondes dans ce club ? Ces putains d'armoires à glaces ne peuvent même pas faire correctement leur boulot, maintenant ? »
« Je... si vous ne me lâchez pas... »
« Oh, mais je vais te lâcher. Sitôt que tu m'auras filé tes négatifs... contrairement à toi, je fais pas chier mon monde, moi. J'ai juste envie de tranquillité. Tu comprends ce mot, ou quoi ? »

Il lui serra l'épaule plus fort, au fur et à mesure de ses paroles. Elle réprima un couinement, et se pencha vers son sac, comme pour prendre son appareil et ainsi donner son accord. Mais à la place des tant attendus négatifs, surgit une bombe lacrymogène de bonne taille, qui lâcha son souffle piquant en plein dans la tête de de l'homme d'affaires.
Fujiwara hurla dans le silence ambiant de la nuit, lâchant son épaule pour se tenir les yeux. Sachiko en profita pour déguerpir, dépassant en moins de deux Stephen qui ne comprenait probablement pas ce qui se passait.
Une idée lui vint alors, dans la plus totale improvisation.

Elle fit glisser un de ses talons haut hors de la portée de son pied, perdant ainsi le contrôle de sa course et de son équilibre. Sachiko se ramassa, en faisant bien attention d'épargner son sac après tout rempli de matériel coûteux. Encore étalée par terre, elle feignit de remettre son manteau en place et de ne pas réussir à se relever... alors que toute cette mascarade cachait en vérité ses mains rapides et expertes, qui changèrent en moins de deux la pellicule de son appareil pour la remplacer par une pellicule "alibi", si l'on puis dire. Après quoi, elle se redressa un peu, et feignit de lancer un regard terrifié derrière elle, alors que Fujiwara tentait toujours de la poursuivre, gueulant au boxeur de la rattraper...

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Etsuyama Sachiko

Humain(e)

Re : Dark Sun [Stephen Connor]

Réponse 2 vendredi 02 août 2013, 00:15:29

Son plan marchait à la perfection. Quand elle fut relevé du béton où elle était tombée, Sachiko prit une mine désorientée et innocente, réussissant même à faire perler des larmes au coin de ses grands yeux. Le boxeur était délicat avec elle, ce qu'elle se surprit à apprécier. Mais ça ne dura pas longtemps.

Sa large main attrapa son poignet délicat, et elle eut vite l'impression d'avoir glissé sa main dans un étau. Les petites gouttes au coin de ses paupières ne tardèrent pas à être justifiées. Elle émit un son aigu, alors qu'il lui murmurait des menaces dans l'oreille.
Des menaces déjà tant entendues... combien de fois lui avait-on parlé de cette manière. Le seul truc que la paparazzi n'avait pas apprécié, avait été de se faire comparer à une fille de joie.

Sa tentative de fuite ayant échouée lamentablement, elle fut ravie d'être enfin libérée de cette pression sur sa main. Massant son poignet, elle regarda les deux hommes avec colère. L'air de la pauvre fille désespéré avait duré jusqu'au moment où elle avait compris qu'ils étaient moins bêtes que ce qu'elle pensait. Inutile de faire plus de chichis.

« Ce n'est pas aussi simple, messieurs, expliqua-elle en tentant de masquer la colère dans sa voix. Si j'échoue dans ma mission et que j'accepte votre proposition, celui qui m'a commandé ces clichés finira par me retrouver et me le faire payer. Et de toutes façons, il n'y a rien dans cet appareil, vous l'avez bien vu. Je n'ai rien réussi à prendre de correct, j'ai été gênée par les gens durant toute la soirée. »

C'était dans ses cordes de mentir comme elle respirait, et heureusement, sinon elle n'aurait jamais fait long feu dans ce métier. Fujiwara était peut-être assez malin pour comprendre ce qu'il en retournait, mais sans preuves dans l'appareil, ils ne pourraient jamais prouver sa culpabilité.

« Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai un employeur à décevoir... » termina la blonde sans plus de fioritures.

Elle tourna les talons, son sac entre ses mains fines, sans leur adresser un regard de plus. Mais elle écoutait tout de même leurs bruits de pas...

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Etsuyama Sachiko

Humain(e)

Re : Dark Sun [Stephen Connor]

Réponse 3 vendredi 02 août 2013, 23:14:30

Elle l'écouta tout de même avant de partir, ne masquant pas un soupir exaspéré. S'il était si pressé de rentrer, ne pouvait-il pas abréger ? Rien de ce qu'il pourrait dire pour se justifier n'intéressait la jeune femme. Personne n'était jamais à l'écoute des justifications de quiconque, une fois que l'on avait prouvé pour de bon sa culpabilité. Un simple signe de tête pour finalement les saluer, la lycéenne tourna les talons et rentra vite prendre le dernier bus qui l'emmènerait à son appartement.

En se réveillant le lendemain matin, elle mit quelques temps à recomposer sa soirée, à comprendre ce qui s'était passé. Le goût amer de l'échec lui vint en bouche, alors qu'elle repensait à comment elle s'était faite sottement rattraper par ces deux hommes. Comme une débutante, oui ! Sachiko avait fini par s'en tirer, mais pas sans remontrances et sans un énorme bleu au niveau de son poignet droit. Sa peau marquait incroyablement vite.

Une fois son monologue mental terminé, ses yeux allèrent directement vers le cadran de son réveil.

« ... AH, purée- »

***

« Miss Dottie, vous êtes en retard. »

La voix grave de son employeur lui annonça ce fait comme une sentence, auquel la fouineuse ne put répondre que par un sourire gêné.

« Heu, il faut dire que votre kéké m'a fait traîner dehors jusqu'à assez tard... »

Son regard se posa vers la valise ouverte sur le bureau. Les liasses de yens semblaient l'appeler, et elle songea qu'enfin, elle pourrait remplacer la gazinière qui avait manqué lui péter au visage ce matin-là. Et tant d'autres choses, encore... c'était fou comme l'argent facile était si bien représenté, dans ce métier...

« C'était le but recherché. Les pervers déguisés ne rentrent pas à neuf heures du soir. Bien... pouvez-vous me donner les négatifs et les clichés ? »

L'homme attendait, une main tendu pour récupérer la prise que lui apportait sagement sa petite travailleuse. Sachiko fouilla dans son sac et ouvrit la poche intérieure où elle avait déposé la pellicule une fois rentrée chez elle. Sa pellicule brune brillait au fin fond du sac, presque du même brun que la peau de ce Lucien Williams, d'ailleurs.
... Il n'aimait que les vraies femmes, hein ? Quand la blonde y repensait, il avait eu un sacré culot de lui annoncer ça de but en blanc, après avoir fourré ses mains dans des soutiens-gorges taille quatorze ans.
... Bon, peut-être pas quatorze ans, mais c'est vrai que ces gamines n'étaient pas très représentatives de la puberté. Il avait semblé tellement abattue, de comprendre que sa carrière allait s'écrouler en l'espace de quelques semaines... tout ça à cause d'elle.

D'habitude, ça apportait un semblant de satisfaction à Sachiko, de savoir que ces vieux dégueulasses se feraient détruire grâce à ses petites pellicules. Mais elle se rendit compte en l'espace de quelques secondes, qu'elle ne croyait pas vraiment ce boxeur coupable. Trafiquer la réalité à l'aide du papier glacé était tellement simple, la photographe en savait quelque chose. Mais le sentiment de culpabilité qui lui comprimait la poitrine se renforçait, au fur et à mesure que ses doigts se rapprochaient de la preuve accablante...

« Non... »
« Pardon ? » lui demanda l'homme derrière le bureau.
« Je- heu, je n'ai rien sur moi. Je n'ai pas réussi à prendre quoique ce soit de... d'acceptable. »

Les sourcils de son employeur se soulevèrent d'abord de stupéfaction, avant de se contracter tout prés de ses yeux.

« Vous êtes sérieuse ? Après l'avoir filé toute la soirée, vous êtes incapable de me ramener ne serait-ce qu'un petit cliché ? »
« Il y avait beaucoup de monde dans mon champ de vision, expliqua la blonde avec rapidité. Trop de monde, en fait. Les terrains étaient tous obstrués, et... non, finalement, je n'ai rien de bon à vous proposer. »

L'homme ne semblait pas en croire ses oreilles.

« On m'avait pourtant assuré que vous étiez la meilleure, Miss Dottie. Je ne vous cache pas ma déception à votre égard. Je comptais beaucoup sur vos compétences, mais il faut croire que vous n'êtes pas assez expérimenté pour prendre votre boulot vraiment au sérieux. Soyez sûre que j'en ferais part à vos probables futurs clients... qui sont aussi mes collègues, après tout. »

Sachiko releva le regard. Quoi, ce con allait la discréditer devant ses futures rentrées d'argent ?! C'était tellement horrible... et injuste ! Alors qu'elle avait fait un super boulot !..

« Je suis sûre que nous pouvons trouver un arrangement... proposa la blonde, d'une voix trop désespérée à son goût. Je... donnez-moi une autre chance de le filer ! Je vous promets de vous rapporter de grosses pièces ! »

Pour un peu, elle se serait giflée. Mais pourquoi lui avait-elle proposé ça ? Elle avait d'autres gros projets, des tonnes d'autres choses à faire... et surtout, elle n'avait aucune envie de revoir ce type !!!
L'employeur dévisagea celle qu'il avait embauché, et soupira sans discrétion. Il finit par mettre le nez dans un agenda noir.

« ... Vous avez de la chance, la tournée de votre cible n'est pas encore finie. »
« Ah- »
« Néanmoins, vous avez vraiment intérêt à faire vos preuves, ce coup-ci. Plus d'excuses. Oh, et il va de soi que je ne vous fournis pas les fonds nécessaires à cette nouvelle "poursuite", cette fois-ci. »

Sachiko jeta un dernier regard vers la valise ouverte. Non pas que ce fut utile : son client la referma aussitôt.

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Etsuyama Sachiko

Humain(e)

Re : Dark Sun [Stephen Connor]

Réponse 4 mardi 27 août 2013, 23:10:53

« Sachiko, je ne sais pas si c'est une très bonne idée... »
« Arrête de t'inquiéter, va. Tu crois que je n'ai pas l'habitude de me faire discrète ? »

La photographe avait prononcé sa réponse avec ironie, en enfilant une perruque noire courte et un tee-shirt sur lequel était marqué le nom de la boîte. Elle pesta en constatant que - une fois n'est pas coutume ! - l'habit était trop petit et peinait à contenir son opulente poitrine.
Ces affaires appartenaient à la jeune fille à côté d'elle, déjà habillé avec l'uniforme de l'établissement où elle travaillait. Yumeko était une fille timide, qui ne bossait dans ce club prisé des célébrités que parce qu'elle avait besoin d'argent. Argent qui ne coulait pas à flots... Sachiko lui avait donc promis une petite fortune : en échange, sa copine réussit à la faire rentrer discrètement dans les vestiaires de l'établissement.

« Tu te rends compte ? Si quelqu'un s'aperçoit que tu n'es pas d'ici... tu ne me trahiras pas, dis ? chuchota Yumeko, mortifiée à cette idée. J'ai... vraiment besoin de ce boulot... »
« Fais-moi confiance. Pense plutôt à ce que tu dois faire, au lieu de t'imaginer le pire... »
« ...Je me rapproche de ce Stephen, une fois que l'on m'envoie danser... je lui fais un show et... je m'arrange pour lui proposer des, heu... services particuliers ? » récita la demoiselle, comme à l'école.
« Voilà. Même s'il refuse, tu insistes, et même si tu n'y arrives pas... arrange-toi pour que vous ayiez au moins l'air d'être proches, hein ? Une photo, ça parle de soi-même. »

Yumeko hocha la tête, rouge comme une tomate. Elles sortirent en tenue adéquate - les employées d'ici faisaient office de serveuse, comme de danseuses. Sans ses longs cheveux blonds, il fallait un petit moment pour reconnaître la sulfureuse paparazzi. Et si elle était de dos, c'était impossible. Il fallait donc simplement faire attention.
Elles passèrent toutes deux un long moment à se pavaner dans le club plein à craquer, prenant les commandes et faisant des mini-shows pour ceux qui offraient des pourboires. Cela dit, l'animation que provoqua la bagarre capta toute l'attention. Ce battle fit au moins une heureuse : la blonde rangea rapidement le téléphone portable qui contenait un petit film de la scène. Qualité médiocre, certes, mais toujours mieux que rien.

Puis, un show fut programmée en vitesse, pour s'excuser de la gêne occasionnée, probablement. Yumeko croisa le regard de son amie, qui leva un pouce et s'empressa d'aller se changer... mais un vigile l'attrapa avant qu'elle n'ait eu le temps de s'éclipser.

« Toutes les danseuses sur scène, aucune exception, Mam'zelle... » annonça-il d'une voix morne, conduisant une Sachiko plutôt embarrassée dans les coulisses.

Ce n'était pas prévu. Si Stephen l'observait assez longtemps, il la reconnaîtrait et ce serait fini de ce petit plan improvisée. Et puis, comment allait-elle prendre ses clichés en se dandinant sur la scène ?..
Mais elle fut bien obligée d'aller rejoindre toutes ces dindes qui commençaient déjà à se mouvoir, prés du carré VIP. Sans trop se mettre en avant, Sachiko dansa aussi, bien sûr. Elle tentait de ne pas trop se faire remarquer, bien que l'uniforme qu'elle portait ne laissait que peu de place à l'imagination... il y en avait déjà qui ouvrait de grands yeux... maudit soit ses deux gros arguments.
D'un oeil rapide, la fouineuse observait Yumeko qui se rapprochait peu à peu de Stephen, comme leur plan l'indiquait. Les joues brûlantes, elle se bougeait avec une certaine maladresse, mais qui rendait le tableau assez attirant, dans un sens. Son corps était svelte, comme ses formes, mais de l'avis général, elle restait une jolie femme. Ou plutôt fille - pour autant qu'en savait Sachiko, Yumeko n'avait en effet... que quinze ans. Il faudrait demander à cette boîte si elle connaissait bien les législations concernant l'âge de ses employées... elle plaça mentalement cette affaire sous le bras. Ça pourrait toujours lui rapporter quelque chose...

*...Bon alors, qu'est-ce qu'elle fiche ?*

Les minutes passaient, et Yumeko se contentait de danser tout prés du boxeur, de lui lancer des regards de temps à autre, mais sans jamais oser lui parler. A ce rythme-là, la caméra fixé dans le décolleté de son tee-shirt. Pestant contre la timidité et le manque de cran de cette petite idiote, la blonde se rapprocha peu à peu de sa compagne... et une fois assez prés, lui asséna, d'un pas de danse bien placé, un bon coup de hanche dans le dos. Prise au dépourvue, Yumeko perdit l'équilibre et tomba de la scène, dans un gémissement de peur. L'angle étant calculé, ce fut au sportif de la cueillir comme un fruit qui tombe de l'arbre. L'évènement ne prit pas trop d'ampleur - tout le monde était trop captivé par le reste des demoiselles qui suait sur la scène.
Étalé de tout son long sur le boxeur, la pauvre Yumeko se confondit en excuses, les joues rouges de confusion. Sachiko jubila, en remarquant que dans le feu de l'action, un verre avait été renversé sur les deux victimes de sa "perfidie". Le liquide avait rendu le tee-shirt de l'adolescente quasiment transparent. Quant au reste de la boisson, c'était sur le torse de Stephen qu'elle était allé se réfugier.

« Oh, je !.. pardonnez-moi, vraiment, Connor-san, heu... je- je vais vous aider, ne bougez pas ! »

Une aide à grands renforts de serviettes en papier, et de petites mains fines qui volaient sur la poitrine musclée du boxeur. Sachiko poussa cependant un juron, en entendant son acolyte prononcer le nom de leur cible : elle n'était pas censée le savoir. Personne ne venait ici en rendant son nom public, c'était après tout presque une boîte de strip-tease... bonjour la réputation, après. Elle espérait que cette gaffe n'attirerait pas l'attention de Stephen.

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Etsuyama Sachiko

Humain(e)

Re : Dark Sun [Stephen Connor]

Réponse 5 dimanche 27 octobre 2013, 00:02:38

Elle le laissa partir, presque sans retenue. Ce n'était pas dans le plan que de coucher avec lui, et heureusement, d'ailleurs. Elle en aurait bien été incapable.
Le boxeur disparu, Yumeko se dirigea vers un mur du fond de la pièce, et tapa dessus. Un bruit de fond lui répondit, quelqu'un qui tapait à son tour contre le placo du bâtiment. L'adolescente se pencha et repéra la grille qui, dans la pénombre, était presque indétectable. Elle sortit un petit tournevis de sa culotte et le passa à travers les trous du métal. Quelques secondes plus tard, Sachiko sortait de la canalisation. Cette scène irréaliste, digne d'un film américain, aurait pu faire rire sa camarade, si elle n'avait pas été aussi bouleversée.

La blonde avait filmé à la seconde prés cette scène redoutable de vérité calomnieuse. Cela montrait les penchants d'une personne sans rentrer dans la sex-tape, et cela restait donc tout public et parfaitement visible aux yeux de tous. C'était parfait, mais pourtant, la blonde ne rivalisait pas d'enthousiasme avec sa partenaire.

« Vraiment nickel, Yume-chan, t'as été parfaite sur ce coup ! » commenta-elle, se forçant à mettre de la joie dans sa voix.


La timide ne répondit pas, ce qui lui valut un regard interrogateur de la part de sa compagne.

« Yumeko, ça va ? Hé, je pense que tu as vécu des situations plus embarrassantes, non ? Ça risque de te faire de la pub auprès des garçons, cette petite scène... eux qui te croyaient trop timides pour montrer tes nichons, ha ha ! »
« Je... je ne sais pas si c'est bien qu'on ait fait ça, tu sais... »

La paparazzi s'arrêta de rire. C'était bien la première fois qu'elle entendait sa copine lui exprimer son avis de cette façon. Elle s'en détourna pour ranger son matériel dans son sac, lui tournant le dos.

« C'est-à-dire ? »
« Cet homme, il n'a vraiment pas l'air méchant... il aurait pu me forcer à, tu sais, faire plein de choses... au lieu de ça, il est parti... il a peut-être voulu me protéger. »
« Se protéger tout seul, tu veux dire. Il a voulu s'éviter les racontars d'une petite gamine un peu trop bavarde. Ça se voit que tu connais pas les hommes, toi... »
« Mais... mais il a vraiment été gentil avec moi... »

Sachiko ferma son sac d'un geste brusque. Elle était frustrée, sans savoir pourquoi.

« Purée, Yumeko... t'as quinze ans, tu le sais, ça ? T'es plus une enfant ! Il faudrait que t'apprennes un peu que dans ce monde, les gens s'occupent toujours de leur propre intérêt, merde ! »
« Mais... pourquoi est-ce que tu me cries dessus ?.. »
« Mais parce que tu vis vraiment dans ton putain de monde des bisounours, et que ça m'énerve ! Ce mec-là, il est comme tous les autres : il va pas aller se sacrifier pour une fille, quelle qu'elle soit ! »

La blonde était en colère, sans raison valable, et quand elle s'en aperçut, elle tenta de se calmer, baissant les yeux par terre. Quand elle les releva, Yumeko la regardait d'un air étrange.

« Sachiko ? »
« Quoi ?! »
« Est-ce que tu... est-ce que tu aimes bien cet homme ?.. »

La photographe ne trouva rien d'autre à faire que de regarder sa camarade avec de grands yeux. Un délicat nuage rose se répandit sur son visage, alors qu'elle observait Yumeko d'un air horrifié.

« Mais... N'importe quoi, enfin ! Pourquoi tu me dis ça ?! »

La plus jeune regarda longuement son aînée, qui était de plus en plus mal à l'aise. Puis, elle se contenta de hausser les épaules, et de se détourner à son tour.

« Tu m'excuseras, j'ai encore du travail, ce soir. Ne te fais pas remarquer en quittant les lieux. »

Yumeko ouvrit la porte, la referma derrière elle, laissant Sachiko dans la pièce. Celle-ci s'échappa discrètement, en pensant qu'en fin de compte, la petite serveuse n'était pas si jeune qu'elle le laissait paraître.

---

Sachiko se sentait étrangement abattue, ses preuves entre les mains, le lendemain matin. La cassette tournait sur son PC portable, convertie en disque pour plus d'ergonomie. Derrière son bureau, l'homme regardait la preuve sans rien dire, se régalant probablement du joli spectacle qu'offrait Yumeko. En pensant à ça, la blonde fut dégoûtée.
La vidéo terminée, l'employeur fronçait de plus en plus les sourcils.

« Alors, c'est tout ? »

La paparazzi se retint d'hausser les épaules, et se contenta d'une réponse cordiale :

« Ce que vous voyez là, sur cette vidéo, ça vaut bien une peine de plus de... »
« Quelle âge à cette demoiselle ? » l'interrompit l'homme.
« ... Quinze ans, il me semble. »
« Vous la connaissez personnellement ? Elle pourrait nous faire un témoignage qui décrirait quelque chose de plus... poussé ? »

Sachiko fut intérieurement horrifiée par cette proposition. Elle en avait vu d'autres, pourtant, mais imaginer Yumeko forcé à inventer des faits sordides plein de détails devant ce lubrique patron...

« Ce genre de questions n'est pas du tout professionnel, si je puis me permettre... » déclara-elle du bout des lèvres.
« Allons ! Personne n'ignore que le professionnalisme n'est pas légion dans le domaine où nous travaillons. »
« Je ne peux pas vous répondre. Je n'en ai pas envie, d'ailleurs. Je m'estime très professionnelle, et ce que vous dites m'insulte. »
« Qui ose parler d'insultes, ici ? Gronda l'homme. Je vous donne une seconde chance, vous promettez de me ramener les meilleures preuves possibles, et vous revenez avec une pathétique vidéo d'embrassades ! C'est vous, l'insulte à votre carrière, Mademoiselle ! »

Elle encaissait le coup, baissant la tête. Elle aurait bien dit ses quatre vérités à ce cher monsieur, mais il lui fallait garder profil bas pour espérer que sa réputation ne soit pas ternie par cet enfoiré. C'est dans ces moments-là qu'elle aurait espéré travailler ailleurs qu'au Japon.

« Je suis navrée que vous pensiez cela. »
« Ce que vous m'avez apporté de vaux rien. Je ne vous donnerai votre salaire que si vous m'emmenez cette demoiselle avec un témoignage plus enrichissant que votre stupide preuve en vidéo. »

Il avait un sourire lubrique qui ne fit plus hésiter la paparazzi : elle se leva, prit de l'élan, et lui asséna une formidable claque qui le fit tomber de sa chaise. Elle n'avait pas pu se retenir. Il réagit vite :

« Est-ce que vous venez de me gifler ? Pauvre malade, vous savez qui je suis ?! »
« Oui, vous êtes un gros porc dégueulasse, siffla la blonde entre ses dents. Qui aime mater les petites culottes des fillettes, et qui mériterait cent fois plus d'avoir sa gueule en première page des tabloïds, que cet homme que j'ai dû filer et pratiquement forcer à toucher mon amie ! »

Folle de rage, la blonde embarqua son ordi et le CD, ainsi que toutes ses affaires, et quitta le bureau. Avant de passer la porte, elle entendit :

« Sale petite pute ! Attends-toi à perdre de la clientèle ! »

Mais ça ne la retint pas, pas plus que toutes les insultes qui suivirent et que les vigiles qui voulaient lui poser des questions. Elle s'enfuit, rentra chez elle, et cassa tout ce qui lui passait par la main. Puis, épuisée, elle s'endormit par terre.

"Vrai ou faux, ça n'a aucune importance. Ce qui compte, c'est la calomnie. Les gens aiment le scandale."
FicheCoin du Chalant

Etsuyama Sachiko

Humain(e)

Re : Dark Sun [Stephen Connor]

Réponse 6 samedi 07 décembre 2013, 20:42:28

Effectivement, personne dans les pattes pour filer qui que ce soit, ce jour-là. Il semblait que les paparazzis furent en congé, et la plus connue avait disparue. Elle avait aussi disparue du lycée, ou des magasins, depuis deux ou trois jours. Ceux qui l'appelaient pour s'informer de son état tombaient sur la messagerie. Ils ne se formalisaient pas : elle devait être malade. Pas la peine de lui apporter les cours, elle en avait rien à branler.

Sachiko, elle n'était en effet pas en classe, ou dans la rue en train de s'allonger sous une voiture. Non, elle était dans son lit, son pyjama avec des nounours remplaçant son habituelle nuisette - celui qu'elle mettait pour les mauvais jours, et qui l'accompagnait d'une tasse de chocolat chaud. Et de Pilou, son canard en peluche.
Mais ni Pilou, ni le chocolat chaud n'enlevait à la jeune fille ce goût amer dans sa bouche. Vous savez, celui qui accompagne le sentiment d'échec, d'injustice, que personne n'aime et qu'on aimerait bien enlever aussi vite qu'une chemise un soir d'été.

Malheureusement, ce n'était pas aussi simple. Et il s'écoula deux jours entiers, avant qu'elle ne sorte de son lit.

On était samedi, et ça ne s'était pas trop amélioré. Mais l'adolescente avait envie de sortir, de voir du monde... de renouveau. Pour la première fois depuis longtemps, son appareil photo n'était pas dans son sac. Elle l'avait trouvé trop lourd à porter.

C'est ça, ouais.

En vérité, elle n'avait pas la moindre envie de faire la chasse au scoop. Les photos, les traques... tout ça. La limite avait vraiment été franchie, cette fois-ci. En tant que pro, elle les connaissait, les limites. Elle savait les contourner, poser un orteil dessus.
Son attitude avait vraiment été détestable. Elle y pensait en se renfrognant dans sa grosse écharpe rose, qui la protégeait contre le froid de décembre.
C'était limite si elle ne considérait pas d'arrêter tout ça... mais que se passerait-il, après ? Après tout, elle n'était vraiment bonne qu'à ça... se reconvertir dans la photo normale ? Mais qui voulait de photographes, de nos jours... il n'y avait que les gens pistonnés pour y penser. Elle, elle n'était pas pistonnée : elle n'était qu'une petite japonaise comme les autres.


"Mademoiselle, ça vous intéresse ? Ce soir, de huit heures à vingt-deux heures, au Supâto Ouest !"

Sans jeter un regard à la distributrice de tracts, Sachiko en prit un, à la place de son Starbuck qui n'avait plus vraiment de goût, de toutes façons.
La blonde s'assit ensuite sur un banc, et jeta un coup d’œil. Et elle faillit s'étrangler.


FINALE DU TOURNOI - STEPHEN CONNOR VS JAVIER MATADOR - CE SOIR A 20H30

... Le mec à côté d'elle ne comprit pas pourquoi cette jolie fille explosait de rire. Un rire qui passa vite aux larmes, d'ailleurs. Tout le monde finit par la regarder, au fur et à mesure qu'elle laissait échapper de gros sanglots rageurs. Et quand Sachiko s'en aperçut, elle s'enfuit, bousculant les distributeurs de tracts et faisant voler leur marchandise.

Les larmes ne se calmèrent qu'après une longue marche. La blonde s'assit alors de nouveau sur un banc.
Elle tournait en rond. Cette histoire était envahissante, et ça l'énervait beaucoup.
... En fait, il n'y avait qu'un moyen de résoudre le problème, mais c'était un peu suicidaire. Même pour elle.


***

Il lui fallait s'expliquer avec Stephen Connor. C'était la seule solution.
Un bon dialogue, une paire d'excuses, ça devrait suffire. Il n'avait pas l'air rancunier, comme type. Enfin, au fond, elle n'en savait rien, mais il valait mieux...

C'était ce qu'elle se disait, en y allant. C'était aussi ce qu'elle s'était dit, pendant ce match dont elle ne connaissait même pas le score, au final. Au final, elle avait juste regardé le boxeur en se demandant quand elle pourrait lui parler. Seul à seul.
... Si possible.

Et puis, rien du tout. Elle n'avait pas pu.
Trop honte.

Son téléphone portable regorgeait de photos prises pendant le match. Pure habitude, dirons-nous. Elle les avait imprimées, et elles trônaient sur son bureau.
Le lendemain, elle les avait mises sur le mur, histoire de se donner du courage. Il lui faudrait bien lui parler, alors autant se mettre des "aides-mémoires", non ?

La prochaine fois... la prochaine fois, ce serait la bonne.




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