Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Ad litem [Nancy Callahan]

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Félicia Hardy

Humain(e)

Ad litem [Nancy Callahan]

samedi 22 septembre 2012, 17:05:48

« Enfin, vous comprenez bien que ce n’est pas raisonnable, ce que vous avez fait... Oui, je sais, mais... Le gars est toujours à l’hôpital, oui, et... Il y a eu un dépôt de plainte, oui... Non... Ce n’est pas mon rôle de dire si vous avez bien fait ou non, mais vous n’arrangez pas les choses... Non, c’est sûr... Il faut aller voir votre psy’, Monsieur Konichimura... Je sais, mais vous devez bien admettre qu’il n’est pas très raisonnable d’attaquer avec une barre de fer un individu qui embrasse votre ex-femme dans sa voiture... »

Norman discuta encore pendant plusieurs minutes, avant de refermer le téléphone, et de soupirer longuement dans son bureau. On disait bien des choses des avocats. Qu’ils étaient crapuleux, qu’ils défendaient les pires salauds pour se faire du fric, qu’ils n’attendaient qu’on leur fasse un petit chèque, qu’ils étaient trop payés... On ignorait la vertu principale de l’avocat : l’art et la manière de savoir être patient. L’avocat resta dans son siège, avant de se lever, et d’aller dans le bureau adjacent, juste en face du sien, abritant celui de sa secrétaire, Kyoko. Il avait bien besoin d’un café, et vit, dans le couloir, que la cafetière était prête. Il attrapa le café chaud brouillant se tenant à l’intérieur, et entra dans le bureau. La secrétaire, qu’il connaissait depuis maintenant une année, leva la tête vers lui.

« Alors ?
 -  Il regrette, bien évidemment, et m’a dit qu’il irait voir son psy’... Putain, ça nous fout dans la merde, ça...
 -  Et comment va la victime ?
 -  Une dizaine de points et sutures. La femme a porté plainte, naturellement. »

C’était une affaire qui risquait donc de rejoindre le pénal. A l’origine, un divorce. Celui des Konichimura. Mariés depuis quinze ans. Leur relation s’était progressivement dégradée, ils avaient eu deux gosses, le premier ayant neuf ans, et le second sept ans. Outre le divorce en lui-même, la question de la garde s’était posée. Le juge avait prononcé une garde conjointe, en fixant le domicile des enfants chez la mère, mais en accordant au père un droit de visite et d’hébergement. Cependant, le père, qui était le client de Norman, était toujours amoureux de son ex-femme, au point de toujours la considérer comme sa femme, et de la suivre dans la rue, à la limite du harcèlement. Il la suivait à pied quand il l’avait vu avec un autre homme, en train de s’embrasser.

La matinée de Norman commençait bien, et il vida son café. L’homme portait un costume, mais avait retiré sa cravate, ainsi que le bouton du haut de sa chemise. Il faisait chaud ce matin.

Norman Jayden était un avocat de Seikusu, spécialisé dans le droit privé, essentiellement le droit pénal, mais aussi le droit de la famille, et parfois dans du droit des affaires, même s’il reléguait généralement tous les dossiers concernant les affaires à l’un de ses associés, Mishimo. Norman était aussi, outre être un simple avocat qui s’était fait détester des services policiers en poursuivant des flics abusifs, et en parvenant à obtenir la condamnation de certains d’entre eux, un agent de liaison au sein d’un organise onusien, le S.H.I.E.L.D. Sa position d’avocat lui permettait d’avoir de nombreuses informations à Seikusu, et il surveillait notamment une New-Yorkaise appelée Félicia Hardy, qui l’aidait parfois quand sa double profession l’exigeait.

« N’oubliez pas que vous avez un entretien d’embauche ce matin, Monsieur... »

Il hocha la tête. Kyoko était une bonne secrétaire, qui était secrétaire juridique dans ce cabinet depuis quinze ans. Norman avait remplacé un avocat qui partait à la retraite, et avait conservé Kyoko. Lors de leur première rencontre, elle avait été aussi nerveuse qu’une étudiante un soir d’examen, mais elle connaissait bien les ficelles du métier, en faisant un auxiliaire très utile. Norman faillit ajouter quelque chose, lorsqu’il sentit une boule de poils se frotter à sa jambe. Il baissa la tête, et remarqua la silhouette endormie de Cassiopée, la chatte de Kyoko.

Bien qu’il soit réputé, l’avocat dans lequel travaillait Norman était petit, avec une bonne ambiance... C’était suffisant pour autoriser une secrétaire à amener son chat le matin, afin de le nourrir. Cassiopée était discret, et Norman, en s’asseyant sur une chaise devant Kyoko, embarqua le chat, lui offrant quelques caresses.

« Mlle Callahan, c’est ça ? J’ai consulté son CV hier... Un parcours étonnant... Elle vient de loin...
 -  Comme vous, non ?
 -  Je n’ai pas grandi à Sin City, moi... Et la ville n’a pas une très bonne réputation, loin de là... »

Le cabinet avait reçu il y a quelques jours une lettre pour une demande d’embauche de la part de Nancy Callahan. Une belle jeune femme, qui avait donné, comme l’usage l’exigeait, un CV et une lettre de motivation. La secrétaire principale du cabinet, en lisant la lettre, l’avait renvoyé à Norman, puisqu’il était pénaliste, et que Mlle Callahan indiquait dans sa lettre rechercher un poste en tant que pénaliste. Norman étant le pénaliste de la boîte, la demande s’était retrouvée sur son bureau. Le cabinet, normalement, ne recrutait pas de nouvelles personnes, mais Norman mentirait en prétendant ne pas avoir une surcharge de dossiers. Les autres associés avaient réfléchi, puis, après quelques jours, avaient indiqué qu’on pouvait effectivement pouvoir faire de la place pour une nouvelle personne, si Norman l’estimait bonne pour l’assister.

En d’autres termes, l’entretien d’embauche de Mlle Callahan serait en huis clos, dans le bureau de Norman. Pas d’autres avocats, les associés lui faisaient confiance, depuis l’affaire Toshihiro. Nancy devait venir vers 10h, et Norman en profita pour consulter un peu ses dossiers dans son bureau. Il ignorait si Callahan connaissait son passé. Noran, avant d’être avocat, avait été un agent du FBI, et était même passé à la télévision quand il avait arrêté un tueur en série qui s’en prenait à des enfants, le fameux tueur aux origamis. Cette arrestation avait sonné le début de sa brillante gloire, à tel point qu’il avait reçu une offre qu’on ne pouvait pas refuser : la possibilité de rejoindre le S.H.I.E.L.D.

Dès que Nancy se présenterait à la secrétaire principale, cette dernière l’appellerait, et Norman irait l’accueillir.

Norman Jayden.

DC d’Alice Korvander.

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Nancy Callahan

Re : Ad litem [Nancy Callahan]

Réponse 1 lundi 24 septembre 2012, 13:32:17

Ce jour-là, je m’étais levée en avance. J’ai eu beau essayé de me rendormir, c’était peine perdue. Je suis restée ainsi allongée près d’une heure, observant les minutes s’égrener sur l’affichage au plafond que projetait le réveil. Puis je me suis levée, enfin. J’ai pris une longue, très longue douche brûlante. Je me suis dit que j’allais essayer de retranscrire ma vie par écrit. Pour que John Hartigan, un flic tout ce qu’il y a de plus honnête, puisse enfin être reconnue à sa vraie valeur. Pour laver son nom. Pour apprendre au monde ce qui s’était passé.

Après cette douche bienfaisante, je me sentais plus calme. Un café était à chauffer alors que je m’habillais. J’enfilais un jean stretch noir, taille basse, que j’assortis avec un débardeur blanc assez échancré. Puis je rajoutais une veste de tailleur pour me donner l’air sérieux, et je chaussais une paire d’escarpins dont le talon devait mesure près de huit centimètres. M’observant dans le miroir, je vis alors une ravissante blondinette, sérieuse mais avenante. Pour plus de professionnalisme, je remontais ma chevelure en un chignon sophistiqué d’où s’échappaient plusieurs mèches rebelles sur mes tempes. Puis je quittais la salle de bain pour aller chercher mon café et mes tartines de baguette que je beurrais avec soin.

Quand j’eus fini de me sustenter, et fait ma vaisselle, je m’installais à mon bureau et tirais un carnet neuf de l’un des tiroirs. Me saisissant d’un crayon, je tournais la première page et tentais d’écrire quelque chose qui tienne la route, sous forme de journal intime.

Citer
Cher journal.

Je m’appelle Nancy Callahan. J’ai aujourd’hui vingt-six ans. Dans mon enfance

Non. Ça ne va pas. Pas du tout. Dans un geste irrité, j’envoie valser crayon et carnet. Il faudrait que les gens aient vécu ce que j’ai vécu pour comprendre. Sinon, ils ne liraient que des mots. Une jolie fiction, diraient-t-ils sans doute. Mais pas Quelle tragédie, pauvre enfant. Pauvre homme, c’était un héros tout compte fait. Non, jamais ils ne pourraient comprendre rien qu’en lisant.

Soupirant de dépit, j’allais ramasser le crayon et le carnet puis les reposais sur le bureau. J’avais un entretien d’embauche à ne pas rater, dans un cabinet d’avocat plutôt bien reconnu. Il me fallait être décontractée. Je n’allais donc pas me prendre la tête pour si peu.

Laissant une fenêtre entrouverte pour aérer l’appartement, je le quittais peu après. Mon téléphone portable bien au chaud dans mon sac à main, accompagné d’un nécessaire à maquillage, de mon portefeuille et d’une petite bouteille d’eau. Ha, et dans une des pochettes du sac, il y a aussi un spray au poivre. Au cas où. Après tout, mon appartement se situait à la lisière du quartier de la Toussaint, il valait mieux être prudent ainsi.

En prenant les transports en commun pour me rendre au cabinet concerné, je songeais à ce que je savais de celui que j’allais rencontrer. Norman Jayden. Je l’avais aperçu à la télé quelques fois. Pour quelle affaire était-ce déjà ? Ah oui, le tueur aux Origamis. C’était un fameux coup de boost pour sa carrière, sans aucun doute.

Réprimant un bâillement, je quittais le tramway pour me diriger à pieds vers le bâtiment où j’avais rendez-vous. A l’intérieur, je souris à la secrétaire.

« Bonjour… Je suis Nancy Callahan. J’ai rendez-vous avec Mr Jayden, normalement… Peut-être suis-je un petit peu en avance… »
« Mlle Callahan. Je vais prévenir Mr Jayden de votre présence. »

La secrétaire prit donc son téléphone et appuya sur une touche pendant que j’attendais, tranquillement.

Félicia Hardy

Humain(e)

Re : Ad litem [Nancy Callahan]

Réponse 2 mardi 25 septembre 2012, 01:05:28

Mordant dans le bout de son croissant, Norman se pencha sur le dossier devant son nez. Il le regardait encore un petit peu, le travaillant, le peaufinant, étudiant les preuves, prenant des notes sur une feuille à côté. Chaque avocat avait son propre mode de fonctionnement, mais, dans chaque cabinet, on retrouvait généralement la même organisation des dossiers. Chaque client, chaque affaire, avait droit à son propre dossier, et chaque dossier comprenait plusieurs sous-dossiers, les couleurs des dossiers et des sous-dossiers indiquant le contenu. Un dossier rouge relevait du droit social, un dossier bleu du droit civil, et un dossier vert du droit pénal. A l’intérieur de chaque dossier, les sous-dossiers proposaient plusieurs couleurs : le vert clair comprenait tout ce qui se référait à la comptabilité, les factures, le bleu clair à tous les éléments de procédure, le beige à la correspondance, généralement entre l’avocat et le client, ou entre les différents avocats, et on trouvait également un dossier violet pour tout ce qui touchait aux faits : preuves, attestations, témoignages, un mic-mac bordélique. Le dossier pénal était généralement plus simple, car un dossier pénal comprenait généralement, à une écrasante majorité, des procès-verbaux. Pour la simple affaire que Norman étudiait, il y avait au moins 250 procès-verbaux, chacun étant numérotés par une lettre, D, suivie d’une série de chiffres. D012 pour le douzième procès-verbal, et D123 pour le cent-vingt-troisième procès-verbal. Quand on disait qu’il y avait beaucoup de paperasses chez les flics, on était loin du compte.

Norman relisait les procès-verbaux d’auditions de témoins, surlignant parfois quelques éléments, avant de les noter, et de réfléchir, d’établir des connexions, de percer les incohérences entre les auditions, de trouver tout ce qui était susceptible d’aider son client. L’affaire était toutefois mal partie pour son voleur, et Norman cherchait surtout à trouver un moyen de réduire la casse en limitant la peine. Le genre de choses qu’on apprenait pas à la fac’. Son voleur était un multirécidiviste, généralement pour des faits sans conséquence : injures envers agent, outrages, provocations, violences légères... Une grande gueule qui avait ici commis un « vol » en empruntant la voiture de sa voisine sans son autorisation (prétendait-elle), puis en la ramenant le lendemain. Il avait prétexté une urgence médicale sur sa petite amie, et, comme sa voiture était en réparation, il avait utilisé celle de la voisine. Le genre d’affaires passionnantes dont on n’entendait jamais parler dans les séries télévisées, mais qui constituait l’essentiel des affaires d’un avocat.

Il mangeait tranquillement un croissant, la secrétaire d’un collaborateur en ayant ramené, comme à chaque matin. Et Norman aimait bien les croissants. Les viennoiseries lui rappelaient l’époque où il travaillait au FBI, où il avait pris pour habitude d’en manger une avant d’aller sur une scène de crime. Une manière de s’encourager, de s’accorder une petite pause de douceur avant de plonger dans la crasse et la folie. La ligne interne sonna alors, et il décrocha le téléphone.

« Oui ?
 -  Une certaine Callahan-san demande à vous voir, Jayden-sama.
 -  Dites-lui de patienter, je ne serais pas long... »

Juste le temps de finir son croissant, et son procès-verbal. Il continua à croquer dans le croissant, et surligna un dernier passage. Il lui fallut entre cinq et dix minutes pour en terminer, et il referma tranquillement le dossier, et sortit d’une série de feuilles le CV de Nancy Callahan, ainsi que sa lettre de motivation. Il avait fait ses recherches sur elle, et, sur son écran d’ordinateur, une fenêtre était ouverte sur un article de presse du New York Times, aux archives. Il y parlait de la mort d’un flic corrompu de Sin City, John Hartigan, et d’une fille qu’il aurait kidnappé, Nancy Callahan. Hartigan avait été accusé d’être un violeur qui avait abusé d’une jeune femme à Sin City, et mutilé le fils d’un sénateur. Jayden n’avait pas eu le temps de trop se renseigner, notamment en appelant ses anciens collègues du bureau, et avait appris que cette jeune femme était Nancy Callahan.

Les vieux instincts de policier avaient refait surface. Dans un article du Washington Post, il avait trouvé une biographie d’Hartigan. L’agent de police y était dépeint comme « un policier exemplaire », un « modèle de vertu et d’intégration dans une ville tristement célèbre pour son taux de corruption ». Comment un flic à la Elliot Ness avait-il pu craquer au point de violer une gamine et mutiler le fils d’un sénateur ? C’était troublant, et Norman savait que, dans Sin City, les apparences étaient trompeuses. Il savait toutefois assez qu’il existait bien des démons qui avaient des visages d’anges, bien des individus intègres et honnêtes qui dissimulaient des saloperies dans leurs placards. Il le savait pour avoir passé des années à traquer des tueurs en série. Hartigan avait divisé la chronique pendant quelques mois. Erreur judiciaire pour certains, nouveau Ted Bundy pour d’autres.

Norman se leva, et alla dans les toilettes, essuyant ses mains. Il ne comptait pas en parler avec elle, mais ceci expliquait pourquoi son nom lui avait dit quelque chose. Il s’approcha de la salle d’attente, et aperçut Nancy Callahan. Norman eut un léger sourire.

« Callahan-san, je présume ? Je suis Norman Jayden, mais vous pouvez m’appeler Norman. Enchanté de vous voir. »

Il lui serra la main, un sourire accueillant sur les lèvres.

« Veuillez me suivre, je vous prie. »

La salle d’accueil était à l’entrée du cabinet, et il partit sur la droite, longeant un couloir, jusqu’à ouvrir une porte sur la droite, donnant dans son bureau.

« Allez-y, installez-vous. »

Il était aimable et accueillant, professionnel et neutre. Norman avait le physique-type d’un agent du FBI. Il s’assit derrière son bureau, observant brièvement le visage de la jeune femme. Elle était plutôt jolie. Naturellement, il se garderait bien de le dire à voix haute, mais il n’en pensait pas moins. Il regarda ses papiers, et mit devant son nez le CV de la femme, et sa lettre de motivation.

« Bien... Alors, alors... J’ai attentivement lu votre CV et votre lettre de motivation, mais ces deux morceaux de papiers, aussi intéressants soients-ils, restent bien légers pour me donner une idée sur une personne. Parlez-moi de vous. Vos motivations, vos désirs, ce genre de choses... »

L’entretien commençait, et Norman voulait commencer par cerner Nancy.

DC d’Alice Korvander.

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Nancy Callahan

Re : Ad litem [Nancy Callahan]

Réponse 3 jeudi 27 décembre 2012, 20:03:41

Je patientais de bonne grâce, discutant rapidement avec la secrétaire, avant d'aller m'asseoir sur une chaise au dossier inconfortable de la salle d'attente. Je pianotais légèrement sur mon téléphone portable, répondant par la négative à un texto m'invitant à une soirée dans deux jours, avant que l'homme que je devais rencontrer n'arrive.

Un sourire aimable aux lèvres, je me levais et lui serrais la main lorsqu'il la tendit.

« En effet, c'est bien moi. Je suis ravie de vous rencontrer monsieur. »

Bien sûr, j'aurais pu l'appeler Norman comme il l'avait proposé. Mais je ne se sentais pas suffisamment proche de lui pour cela. Peut-être plus tard, si j'étais prise et que je m'entendais bien avec lui.

L'ayant suivi, je me trouvais à présent dans son bureau. J'observais le tout rapidement, sans m'attarder sur les détails, et je constatais que contrairement à certains avocats que j'avais connu, son bureau était propre et clair.

M'étant assise, je gardais un sourire aimable sur les lèvres. Avoir une bonne apparence était nécessaire dans ce métier, et paraître avenant et courtois était un plus. Parce que les autres se méfiaient moins de vous, et étaient plus enclins à vous faire confiance.

La première question de Norman ne m'étonna pas le moins du monde. Je m'y étais préparée, bien entendue.

« Et bien, je pense que vous avez dû en entendre parler car l'affaire a fait les choux gras de la presse à cette époque, mais j'ai été enlevée par un psychopathe pédophile. J'ai surmonté le traumatisme depuis quelques temps, et ce qui m'a donné envie de faire ce métier, d'exercer cette honorable profession, c'était d'envoyer les ordures dans le genre de mon ravisseur en prison. J'ai pris exemple sur la probité de John Hartigan qui, bien que proche de la retraite et ayant un coeur défaillant, s'est jeté à corps perdu dans la lutte contre l'homme puissant et influent qui m'a retenue prisonnière. »

Je m'interrompis un instant, le temps de m'humecter les lèvres, et je repris :

« J'imagines que beaucoup de vos confrères doivent penser qu'un tel traumatisme peut influer sur mes plaidoiries. Et c'est exact. Mais je sais être professionnelle et je n'inclurais pas ma vie privée dans les procès qui ne me concerne pas. Je ne nie pas que ce sera dur pour moi de me trouver face à de telles ordures, mais croyez-moi, je suis efficace et impartiale. »

J'arrêtais ensuite de parler, attendant une autre question. Je ne rechignerais pas à parler d'Hartigan s'il le demande. Mais de Junior... Je pense que j'esquiverais les questions. Rien que de penser à nouveau à lui, j'ai des flashs de souvenirs qui me reviennent, et l'envie irrépressible de lui casser la gueule comme j'ai vu John le faire.

Félicia Hardy

Humain(e)

Re : Ad litem [Nancy Callahan]

Réponse 4 vendredi 28 décembre 2012, 16:38:15

Assis sur son fauteuil, son regard impénétrable derrière ses lunettes sombres, Norman écouta Nancy la répondre. Il ne dit rien, hochant parfois lentement la tête. Ses mains étaient jointes devant lui, croisées. Elle se tenait bien, droite, raide, légèrement penchée en avant, s’exprimant avec naturel, voire même avec un certain accent de passion. La manière dont elle parlait des prévenus, les traitant d’ordures, était en ce sens particulièrement significative. Norman, naturellement, avait entendu de cette histoire, non seulement parce qu’elle avait été très médiatisée, mais parce que, à cette époque, il avait aussi eu des raisons professionnelles de s’en approcher. Elle lui assura de son efficacité, ce dont il ne doutait pas vraiment, ainsi que de son impartialité, ce dont, en revanche, il avait de fort gros doutes. Norman ne voulait toutefois pas donner à cet entretien une allure d’interrogatoire de police, et se confia à son tour :

« Je connais cette histoire, oui, avoua-t-il. Avant d’être avocat pénaliste à Seikusu, je travaillais comme agent fédéral. Votre... Kidnapping avait suscité un vive émoi de la part de la presse, et le FBI s’était décidé à assister la police locale. »

Norman s’en souvenait très bien.

« A cette époque, nous avions déjà des doutes et de forts soupçons sur le fils du sénateur, mais la corruption, comme vous devez le savoir, a toujours été l’un des cancers purulents de cette société. Je n’ai pas eu l’opportunité de travailler sur ce dossier. »

A la place, on avait préféré confier l’affaire à un autre agent, qui n’avait pas eu les tripes de s’attaquer sérieusement à une pointure comme Roark. Il haussa les épaules, comme pour chasser cette histoire. Norman avait coincé d’autres pourritures.

« J’ai pris la liberté de me renseigner sur vous, dans la limite de ce qui est légalement autorisé, précisa-t-il. Et je me suis dit que vous étiez une femme qui n’étiez pas intéressée par l’aspect pécuniaire de notre profession. Je pense en effet que vous ne serez pas du genre à négliger un dossier. Néanmoins, je me pose plusieurs questions... »

Éludant les questions purement juridiques, qui ne l’intéressaient pas énormément, Norman préférait se concentrer sur l’essentiel.

« Le droit pénal, commença-t-il, en évoquant des vérités générales, ne sert pas qu’à poursuivre des prévenus. A fortiori quand nous sommes avocats pénalistes. Nous ne sommes pas le ministère public, et notre mission est de représenter notre client en justice. »

C’était le fameux mandat ad litem, qui permettait à un professionnel de tordre le cou à un principe juridique sacré : la représentation en justice. Ce mandat spécial permettait à un avocat de représenter les intérêts d’une partie devant le procès, afin de la protéger, sans figurer dans les listes limitatives procédurales. Une exception qui était à la fois admirée et décriée par les médias. Or, Norman savait que même les étudiants en droit, et les jeunes avocats, pouvaient confondre les notions. Et il avait peur que ce soit inconsciemment le cas pour cette jeune femme motivée se tenant devant lui.

« Ce n’est pas un métier facile, mais tout homme a le droit à être défendu. Et votre profession vous conduira forcément à devoir défendre des individus qui, à première vue, ne mériteraient pas vraiment qu’on les défende. Vous avez été victime en étant jeune d’un évènement traumatisant et marquant, et vous-mêmes convenez qu’il aura des répercussions sur la manière dont vous traiterez des dossiers. »

On pouvait avoir l’impression que Norman tournait autour du pot, mais il ne savait pas comment Nacy réagirait en parlant de son passé, et de sujets sensibles. Il voulait la tester, voir ses réactions.

« Un avocat pénaliste est avant tout là pour assurer la défense des prévenus. Et, si généralement, les prévenus ne commettent pas de faits qui soient aussi graves que ceux que vous avez vécu, il peut arriver que vous ayez comme client des individus qui, a priori, vous rebuteront. Il m’est personnellement arrivé d’être commis d’office pour gérer le cas d’un père qui avait commis une série d’actes incestueux sur sa fille. Comment réagiriez-vous dans de telles circonstances ? »

Norman avait tout à fait conscience que sa question n’était pas simple, car elle était au cœur du droit pénal, et des avocats pénalistes. C’était sans doute ça qui constituait la véritable spécificité de la matière : on pouvait être confronté à des choix moraux qui amenaient à remettre en cause votre vocation, et votre motivation. Car, si on ne souhaitait que défendre des innocents pour envoyer des pourritures en prison, être avocat n’était sans doute pas le métier le plus recommandé. Il n’y avait aucun piège dans sa question, il voulait juste voir la manière dont elle réagirait.

DC d’Alice Korvander.

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Nancy Callahan

Re : Ad litem [Nancy Callahan]

Réponse 5 samedi 29 décembre 2012, 00:42:48

« En effet, la partie pécuniaire n'est pas mon soucis principal. »

Je souris légèrement, et écoutait attentivement Norman. Il commença à parler de la mention ad litem. Je m'étais renseignée là-dessus alors qu'on ne la que brièvement abordée en cours. Il poursuivit, en se demandant si j'étais capable de défendre n'importe que client que je pourrais avoir. Je réfléchis un instant à sa question, pesant le pour, le contre, et mes réactions. Je ne vais pas mentir, travailler pour un violeur en série me rebuterais. Mais j'ai choisi ce que je voulais faire. Je sais bien que je vais devoir défendre des ordures devant le tribunal. Pas seulement des innocents.

« Comme je vous l'ai dit, rencontrer des ordures telles que Roark dans un tribunal me donnera envie de les enfoncer pour qu'ils aillent en prison, ou ailleurs. Mais j'ai une certaine conscience professionnelle. J'imagine que, plus souvent que je ne le voudrais, j'aurais à défendre des criminels vraiment coupable. Sans vous mentir, ça ne me fera pas plaisir. Mais je m'exécuterais. Je ne serais pas moins efficace avec un criminel qu'avec une personne innocente, même si je rêve de voir tout les criminels en prison. »

Je m'interrompis, réfléchissant encore un peu, puis je repris.

« Dans votre exemple, j'imagine que je me montrerais purement professionnelle. Ces hommes-là me rebutent oui, mais si je dois le défendre, je le fais. Mes émotions ne rentrent pas en ligne de compte lorsqu'il s'agit du travail. Je m'efforce de séparer vie privée et vie professionnelle. Et, même si je n'ai pas à le préciser, je prends des rendez-vous avec un psychologue depuis que cet.. Incident... Est arrivé. Il m'aide à tourner la page, à vivre dans le présent sans me morfondre dans le passé. »

Je suis saine d'esprit, mais je soigne ma tendance à voir Roark partout. J'ai déjà surmonté la mort d'Hartigan. Je sais au fond de moi qu'il était l'homme le plus intègre de la situation, et peu importe ce que bavent les médias. Il m'a sauvée. Il n'était pas corrompu.

« Je dois cependant rajouter que, si jamais l'un des clients que j'ai à défendre est un criminel de l'acabit de Roark Junior, je le défendrais, bien entendu. Je serais tout aussi efficace qu'avec un autre client. Mais que le jour où je le retrouve dans le camp adverse, je me démènerais pour le faire condamner. »

Félicia Hardy

Humain(e)

Re : Ad litem [Nancy Callahan]

Réponse 6 samedi 29 décembre 2012, 11:26:08

Sur le papier, tout était beau et clair. Les frontières étaient tracées. Nancy parlait avec la sincérité de la jeunesse. Dans la pratique, vie professionnelle et vie privée, surtout dans une profession comme celle-là, s’emboîtaient énormément. La première grignotait énormément sur la seconde, qu’on le veuille ou non. Avocat, ce n’était pas comme être un vulgaire comptable dans une entreprise, à travailler sur des tableurs en rentrant dans des chiffres pour s’assurer du bien-être financier de l’entreprise. Norman hocha toutefois lentement la tête, suite à la réponse de Nancy. Il ignorait qu’elle suivait un traitement psychiatrique .C’était le genre d’informations qui étaient protégées par la notion de vie privée, mais il n’était pas vraiment surpris. Même lui, qui n’avait pourtant pas eu le passé aussi traumatisant que celui de Nancy, avait du suivre une thérapie.

« Je vois... Vous découvrirez malheureusement bien vite que ce métier empiète beaucoup sur votre vie privée. Au-delà de toute considération morale ou psychologique, une simple référence temporelle suffit à s’en convaincre. Je ne vais pas vous mentir. Comme vous êtes jeune, et peu importe le cabinet où vous serez, vous vous taperez souvent les audiences au tribunal. Et vous découvrirez bien vite que ça n’a rien à voir avec ce qu’on en dit dans une série télé. »

C’était assez paradoxal. Plaider devant la cour, c’était ce que tous les avocats, ou presque, rêvaient de faire. Mais, en réalité, c’était relativement chiant, et assez inutile.

« Les tribunaux sont engorgés. Ça, on a du sans cesse vous le rabâcher à la fac’, en vous balançant toute une série de chiffres, mais vous n’en prendrez réellement conscience que votre audience, programmée à 15 heures, aura lieu à 21 heures du soir. Il est déjà arrivé à l’un de mes associés de devoir plaider à 23 heures. »

Norman réalisa qu’il était en train de parler à Nancy comme il le ferait à une jeune avocate fraîchement recrutée. Il n’allait pas se le cacher, cette femme lui plaisait. Et pas uniquement parce qu’elle était très belle. Elle était une battante. Bien des jeunes filles ayant vécu ce qu’elle avait vécu ne s’en seraient pas relevés, ou auraient choisi de vivre quelque chose qui, jamais, ne leur rappellerait leur passé. Au lieu de ça, Nancy s’était éduquée, non pas en tant que victime, mais pour se venger, en veillant à respecter les limites de la légalité, les règles. Il aurait été curieux de savoir quelles étaient les vraies raisons la poussant à vouloir faire ce métier, mais la poser aurait dépassé les limites de ce qu’il était censé poser comme questions.

« La question de la culpabilité d’un prévenu est une chose que vous vous pousserez forcément. Vous ne rencontrerez jamais un prévenu qui avouera être coupable des faits qui lui sont reprochés. Il ne le fera que pour négocier une peine avec le Procureur. Ce que vous risquez de réaliser, en revanche, c’est que les clients ne sont pas tous des psychopathes, et que vous risquez même de vous attacher à certains d’entre eux. On aime se dire que les émotions ne rentrent pas en ligne de compte, mais... Les choses sont parfois plus compliquées. »

Il ne pouvait pas en dire plus sans s’égarer dans un laïus. C’était une expérience empirique, à faire soi-même. Il haussa les épaules, et se racla la gorge.

« J’aurais une autre question, si vous le voulez bien. Supposons que vous ayez à défendre un meurtrier, et que ce dernier ait, lors de garde à vue, avoué les faits. Bien que cela soit en pratique impossible, nous allons admettre que ce meurtrier est vraiment coupable. Supposons maintenant que ces aveux aient été obtenu de manière complètement illégale lors de cette garde à vue, sans aucun respect des droits de la défense, sans expertise médicale préalable, et que votre client en soit ressorti avec des traces manifestes de coups et blessures. »

Norman brossait un cas très caricatural, très cliché, mais c’était volontaire. Ce genre de situations, où tout était évident, était trop parfait, trop simple, pour être réaliste.

« Que décideriez-vous de faire ? Invalider les éléments de preuve du parquet en plaidant qu’ils ont été obtenus de manière illégale, et permettre ainsi à un meurtrier, si ce n’est d’échapper à la justice, au moins de pouvoir profiter un peu plus longtemps de sa liberté ? Ou décideriez-vous que ce dernier mérite sa condamnation ? »

C’était une sacrée question, le genre d’interrogations qui faisaient débat dans la société civile. Aux États-Unis, c’était la fameuse affaire OJ Simpson qui avait cristallisé ce débat. Il était curieux de savoir ce que Nancy en pensait... Même s’il fallait avouer qu’il était un peu dur avec ces questions. Il aurait pu se contenter de questions classiques, juridiques, mais Norman préférait l’autre aspect du droit que celui qui était strictement juridique : la dimension sociale était pour lui bien plus importante.

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Nancy Callahan

Re : Ad litem [Nancy Callahan]

Réponse 7 dimanche 30 décembre 2012, 13:15:51

J'écoutais soigneusement Norman. J'étais là pour obtenir un boulot, mais en même temps, il me rappelait des notions vues en cours. J'hochais la tête à la mention des tribunaux engorgés, et me souvient en effet des tas de chiffres rébarbatifs que nos professeurs nous dispensaient. A cette époque, je me disais qu'un procès ne devait pas durer autant de temps, rapport à ce que l'on voyait dans les films. Mais ma maigre expérience de la chose m'avait vite détrompée. Rien n'est comme dans les films. Et souvent, les procès étaient bien longs et fastidieux. Mais j'ai continué dans cette voie que j'ai choisie. En mémoire d'Hartigan.

Le cas de conscience que posa soudain Norman me fit réfléchir soigneusement à ma réponse. Des aveux obtenus illégalement n'étaient pas recevables. Surtout si le prévenu avait été malmené. Le jury pouvait dire qu'il avait avouer des crimes qu'il n'avait pas commis pour que le matraquage cesse. Mais en même temps, s'il était coupable, ce serait une expérience déchirante que de devoir plaider en sa faveur pour tourner l'innocenter. Malgré tout, ma conscience professionnelle passait avant tout, n'est-ce pas ?

La question avait déjà été abordée en cours. Ou du moins, le cas présenté. Et si quelques uns de mes professeurs étaient pour le faire condamner quand même, trois d'entre eux (mes préférés) étaient pour faire les choses honnêtement et légalement. Qui avait raison, qui avait tort ? Difficile à dire. J'optais pour la position de mes professeurs préférés.

« Et bien, même si j'aurais tendance à le vouloir derrière les barreaux pour un bon bout de temps, ma conscience professionnelle me dicterait d'invalider ses aveux. Toutefois, ce ne serait pas de bon gré. Et j'aurais à coeur d'aider la police à trouver d'autres preuves plus solides. Mais si ces seules aveux étaient les preuves... Même si je ne les faisaient pas invalider, n'importe quel jury non-corrompu et logique le déclarerait innocent. Le bénéfice du doute, rapport à la manière d'obtention de ces aveux. "Et s'il avait dit ça pour qu'on le laisse tranquille ?" Sera forcément une question qu'ils se poseront. »

C'était dur d'avouer ceci, mais c'était la vérité. Et s'il n'y avait pas d'autres preuves accablantes que ces aveux... Je n'avais que très peu d'espoir quant à l'incarcération du criminel.

« Il me semble qu'il y a eu un cas similaire, aux Etats-Unis.. L'affaire d'OJ Simpson, si je ne me trompe pas. Non ? Il a été acquitté, durant un procès où les erreurs étaient flagrantes... Si le dossier avait réellement été en béton, que toutes les preuves compromettantes avaient été présentées au jury... Je doute qu'il en serait finalement sorti... »

J'avais en effet étudié ce cas à l'université, et je pensais que, si le procès avait lieu aujourd'hui, bien mené avec des avocats différents, OJ Simpson ne serait pas acquitté.

Félicia Hardy

Humain(e)

Re : Ad litem [Nancy Callahan]

Réponse 8 mardi 01 janvier 2013, 20:52:33

OJ Simpson... Impossible d’avoir fait des études de droit aux États-Unis sans avoir entendu parler de lui. Il existait ainsi des affaires immanquables dans la justice américaine. Norman avait aussi planché sur le cas de Caryl Chessman, un condamné à mort dont les œuvres littéraires, parues pendant qu’il attendait sa sentence, avaient suscité un véritable débat public, très médiatisé, sur la peine de mort. Surnommé le « Bandit à la lumière rouge », Chessman était un violeur multirécidiviste qui avait avoué devant les policiers ses crimes, et avait été condamné à la peine capitale. Ce qui avait divisé l’opinion, c’était que Chessman n’était pas un assassin, « juste » un violeur qui enlevait ses victimes. Simpson, quant à lui, était un cas différent, qui avait donné lieu à une solution finale incompréhensible : acquitté au pénal pour le crime de son ex-femme et du compagnon de cette dernière, ce dernier avait été reconnu coupable au civil.

« Le procès d’OJ Simpson continue encore à faire parler de lui. Il se situait dans un contexte particulièrement trouble aux États-Unis : la première moitié des années 1990’s, seulement trois ans après l’affaire Rodney King. Il ne fait néanmoins aucun doute, à mes yeux, qu’OJ Simpson était coupable. Mais c’est un cas très particulier, qui s’inscrivait dans un contexte aussi particulier. Vous apprendrez aussi, au fur et à mesure de votre profession, que le droit n’est pas une matière qui gravite toute seule. Elle est liée à beaucoup d’autres domaines, car elle heurte des domaines très sensibles, des sujets brûlants. C’est ce qui en fait sa richesse, selon moi, mais aussi toute sa difficulté. »

Ce genre de procès médiatique était par excellence casse-gueules, car il fallait tenir compte de l’opinion publique, très forte. Norman savait, par expérience, qu’un procès ne se limitait jamais qu’à des impératifs juridiques. Surtout en droit pénal. Loin de lui l’idée de prétendre que le droit pénal n’était pas une matière juridique, mais c’était une matière qui, par son importance, suivait un traitement assez particulier. Chaque État avait sa propre approche de la situation. Pouvait-on admettre une preuve irrégulière ? Certaines législations estimaient que si, d’autres s’y refusaient. Conscience professionnelle ou non, la question soulevait bien des enjeux.

« En tant qu’ancien agent fédéral, je puis vous certifier que toutes ces règles procédurales, particulièrement fortes aux États-Unis, m’embêtaient beaucoup. Je peux vous dire qu’à cette époque, je rêvais de déchiqueter la jurisprudence Miranda à mains nues. »

Rendu en 1966, l’arrêt Miranda v. Arizona, de la Cour Suprême, avait eu un fort impact sur la procédure pénale américaine, en forçant chaque officier de police, au moment de procéder à une arrestation, à prononcer devant un prévenu ces droits. C’était le fameux « Vous avez le droit de garder le silence... », qui était connue dans le monde entier, grâce à la bienveillance de séries télévisées comme Les Experts. N’importe quel officier de police était tenu au respect de ces droits. Ces droits étaient tellement populaires que même certaines séries télévisées non-américaines s’amusaient à les ressortir.

« Cependant, si les juges et le législateur entendent poser des règles procédurales, ce n’est pas simplement pour restreindre l’efficacité des services de police, et donner matière à grogner aux syndicats favorables à une conception ultra-répressive de la justice. Il s’agit d’éviter des abus. Dans notre cas de figure, la question qui se pose est de savoir si on peut tolérer que des policiers passent à tabac un prévenu pour obtenir des aveux. C’est la présomption d’innocence qui doit primer. Dans un État de droit, on ne saurait tolérer que les gardiens de la loi agissent comme des brutes épaisses. Ce n’est pas un système parfait, mais ne vous laissez pas abuser par l’image que les médias véhiculent. Des cas comme OJ Simpson, qui constituent des affaires complexes et houleuses, sont rarissimes. »

Généralement, la justice fonctionnait plutôt bien. Le Japon était un peu moins rigoureux que les Américains. Normal se racla lentement la gorge, avant de poursuivre.

« Vous constaterez tout cela progressivement, mais vous réaliserez aussi que, parmi tous vos clients, neuf clients sur dix seront condamnés. Parmi les neuf, vous constaterez également que la bonne moitié sont des habitués. Ôtez-vous de l’esprit que les prévenus reconnus coupables vont forcément en prison. Les juges sont de plus en plus réticents, compte tenu de la surpopulation carcérale, à prononcer du ferme. Ce sera généralement du sursis, et votre tâche consistera parfois à éviter que ces peines avec sursis s’appliquent. »

Norman prenait la peine de le préciser, car ce n’était pas vraiment quelque chose qu’on voyait énormément en cours. Lorsqu’il avait du faire des études de droit, l’étude du droit pénal s’était limitée à la description des infractions. Qu’est-ce que le viol ? Le meurtre ? Le crime contre l’humanité ? Le cas des peines n’était pas vraiment brossé, et, dans la pratique, il y avait une forte différence entre les médias et la réalité.

L’entretien, quant à lui, se poursuivit sur un terrain un peu plus juridique, un peu plus technique. Il dura encore une bonne demi-heure, et Norman prit quelques notes, pensivement, avant de le clore.

« Très bien. Je vous remercie beaucoup, Mlle Callahan. Je vous trouve très compétente. »

Il se releva.

« Le cabinet va se réunir cet après-midi. Nous discuterons de votre cas. Sauf circonstances exceptionnelles, vous devriez normalement recevoir dans les plus brefs délais un courrier qui vous permettra d’être ma collaboratrice. »

Il lui tendit la main, avec un léger sourire sur les lèvres.

« Mes félicitations. »

DC d’Alice Korvander.

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