Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Le Coup de Pistolet [Sentinel]

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Archie

E.S.P.er

Le Coup de Pistolet [Sentinel]

samedi 15 septembre 2012, 01:45:59

Avide de renforcer sa culture, qu'il trouvait encore trop réduite, Archie était allé, sur le conseil de son professeur de mathématiques, à une conférence à propos de la géométrie non-euclidienne. Ayant reçu une éducation scientifique solide, mais relativement classique, et adorant aller au fond des raisonnements, ce sujet semblait fait pour lui. Là où la plupart des étudiants seraient morts d'ennuis, ou simplement incapables d'appréhender la chose, son cerveau hyperactif, en ébullition, prenait un véritable plaisir à aborder le parallélisme sous un angle nouveau. Le long congrès passa à ses yeux bien trop vite. Il en ressortit songeur et ravi, la tête pleines d'idées, de projets, et de questions aussi. Avec une pointe de nostalgie, le jeune garçon se rappela qu'il n'avait cependant personne avec qui en discuter. Les gens de son âge ne s'intéressaient hélas guère aux pseudosphères et aux flots géodésiques... Depuis qu'il s'était évadé du centre, il n'avait jamais rencontré d'individus à la fois aussi accessibles et instruits que les chercheurs s'occupant de lui.

La nuit était tombée, et l'adolescent ne trouvait plus aucun taxi qui ne fut déjà occupé. Haussant les épaules, il se dit que ça n'avait qu'une importance moindre, le lycée où il couchait n'était qu'à une trentaine de minutes. Il devait pour cela couper par le quartier de la Toussaint. Tout en pénétrant dans les enchevêtrements de rues crasseuses et sombres, bordées de buildings insalubres, il se remémora à toute vitesse ce qu'il avait entendu sur l'endroit. Les informations ne tardèrent pas à se bousculer. Du peu qu'il regardait les infos à la télévision, il y avait presque tous les jours des agressions dans le secteur, souvent avec leur lot de morts. Les journalistes ne se délaissaient ces dossiers faciles que lorsqu'un événement de plus grande ampleur venait temporairement les occulter. C'était une source infinie de drames. D'après les fichiers qu'avaient lus Archie peu après s'être installé, le taux de criminalité incroyablement haut venait confirmer la triste réputation du district.

Pour autant, il ne s'inquiétait pas. Il se savait tout à fait capable de se débarrasser de n'importe quelle bande de voyous susceptibles de vouloir le racketter ; en expédier un dans les airs, se dit-il, suffirait probablement à effrayer tous les autres. C'est donc le pas léger et l'esprit vagabond qu'il marchait là où les lampadaires n'étaient plus allumés depuis longtemps. Jusqu’à ce qu'à la lumière des étoiles, il repère une ombre suspecte au coin d'un croisement. Prudent, il chercha à identifier la présence en focalisant son psyché sur la zone hors de vue. Sans difficulté particulière, le jeune garçon localisa et capta les pensées d'un homme. L'individu semblait se répéter mentalement la même phrase :

-Tu es facile à piéger, sujet ARCHIE.

L'adolescent eut à peine le temps de réaliser ce que la formule impliquait qu'il sentit comme une piqûre de guêpe à l'arrière du cou. Portant la main à sa nuque, il rétablit sa surveillance mystique normale, et constata que pendant qu'il était en train d'analyser avec précision l'espace devant lui, deux autres inconnus en avaient profité pour se glisser derrière lui. Ils portaient des pistolets mitrailleurs à la ceinture, et l'un d'entre-eux avait encore à la main un lance-fléchettes. Mais le pire était que peu à peu, les hommes devenaient indétectables pour son esprit. Leur trace psychique s'estompait à toute vitesse, pour ne plus devenir que des souffles de conscience incertains.

-Vos chances de victoires sont faibles, les avertit froidement l'enfant-cyborg. Malgré votre camouflage psychique.

Non, comprit-il alors, avec effroi. Il se trompait. Il avait été trompé. Les mystérieuses ombres ne devenaient pas invisibles pour sa télépathie, c'était sa télépathie qui devenait inefficiente. Paniqué, il essaya de repousser à la force de sa volonté l'un des individus. Ce dernier s'arrêta brièvement, évoluant un instant comme dans un liquide visqueux, puis reprit une démarche normale. La vague mentale aurait du l'envoyer voler à plusieurs mètres, et en lieu et place, il n'avait même pas l'air surpris. Archie se mordit la lèvre.

-Pas de ça avec nous, lança l'homme qui était sorti de sa cachette dans l'angle de la rue. Et surtout, pas de ça avec une bonne dose de FS6. Retour à la maison.

Disant cela, il s'avança et ceintura immédiatement le jeune garçon qui avait commencé à courir vers l'autre chaussée, et qui ne pouvait opposer de réelle résistance à sa force physique. Un de ses complice sorti un sac de toile noire, l'enfila sur la tête de l'adolescent, et serra l'élastique. Le dernier des agents, son téléphone à l'oreille, passa un coup de fil à ses partenaires, dont la voiture banalisée n'allait pas tarder à débarquer.
« Modifié: mardi 18 septembre 2012, 00:04:46 par Archie »

Sentinel

Re : Le Coup de Pistolet [Sentinel]

Réponse 1 lundi 17 septembre 2012, 20:58:15


Seikusu. Une ville tellement éloignée de tout ce que Ciara avait connu jusqu'à présent, une ville si différente de son village natal - oui, ce petit bout de patelin qui avait été son monde pendant plus de vingt ans lui paraissait être minuscule face à ce qui n'était qu'une petite ville de banlieue japonaise. Déjà qu'elle n'aimait pas beaucoup le changement, mais tout ici était matière à découverte. C'était une ville assez grande pour attirer les soucis, à croire que tout se regroupait dans les rues de Seikusu. Il y avait là d'étranges créatures, et des personnes terribles comme on n'en faisait dans les films. Aaah ! Qu'elle regrettait, parfois, sa petite ville où sa simple présence faisait réfléchir les criminels avant qu'ils ne fassent des conneries. Où les trafiquants de drogue et d'humains n'étaient qu'une légende à peine palpable dans un écran télévisé.

Mais Seikusu était une ville où il y avait tant de boulot que plusieurs personnes se masquaient pour rétablir l'ordre, la nuit. Ciara ne portait toujours pas de quoi cacher son identité. A vrai dire, cet artifice lui semblait superflu, même si elle comprenait qu'ici, on tienne tant à protéger les gens qu'on aime. Décidément, tout était bien différent de chez elle...

Ce soir, elle avait été suivre des cours de soutien en japonais. Une langue complexe, avec laquelle elle n'avait jamais vraiment été familière. Elle se débrouillait bien à l'oral, mais l'écrit, c'était une autre histoire. Pourtant, elle apprenait vite ; mais, la perfectionniste en elle, et le fait qu'elle ne voulait surtout pas décevoir son sensei ou ses parents, toujours aux Etats Unis, l'obligeait à se donner à 200%, et ainsi, elle continuait à suivre des cours qu'elle finissait par connaître par coeur. Et comme chaque soir, elle rentrait, un sac sur l'épaule, loin d'être fatiguée, et prête à intervenir si la ville avait besoin d'elle.

L'américaine s'arrêta net, alors qu'elle se trouvait aux abords du quartier le plus mal famé de la ville. le quartier de la Toussaint... Il y avait des bruits étranges - rien de réellement surprenant - mais quelque chose dérangeait Ciara. Sans prendre le temps d'hésiter, ses pas la menèrent tranquillement là où son instinct la guidait. Bingo : un enlèvement. La jeune femme se mordit la lèvre, et passa la lanière de son sac entre ses seins, histoire de ne pas le perdre en cours de route - quel sérieux déplacé en cette situation... Les mains dans les poches de son pantalon jean, elle se racla la gorge, pour attirer l'attention des ravisseurs... Et elle leur servit un sourire radieux, bien qu'un peu gêné, comme toujours.

- Excusez moi... Le kidnapping est interdit par la loi japonaise... Par n'importe quelle loi, en réalité. Relâchez le, s'il vous plaît.

Oh, hélas, son joli minois ne suffit pas à sauver la situation. Quel dommage... D'ailleurs, un des hommes de main, resté en retrait pendant l'opération de récupération, s'était approché dans son dos pour tenter de la maîtriser. Sans doute lui aurait-on trouvé une quelconque utilité, sauf que Ciara n'était pas du genre à se laisser faire, n'est-ce pas ? De toute façon, il aurait été très difficile de la maîtriser. Une inspiration profonde, et d'un mouvement fluide, elle attrape le bras de l'homme derrière elle. Un léger crac se fit entendre, et elle passa dessous pour se retrouver face à l'homme. Et une seule pensée la hantait la jeune femme : ne te donne pas à fond. Ce n'est pas parce que c'étaient des "méchants" qu'il fallait forcément leur briser les os d'un simple coup de poing... Aussi Sentinel prit elle le pas, et qu'elle faucha les jambes de l'homme d'un coup de pied fluide, tenant toujours le poignet de l'homme qu'elle lui plaqua dans le dos. Elle appuya, du genou, dans le milieu de son dos, pour lui couper le souffle. Et son regard bleuté était rivé vers les autres hommes qui tenaient toujours le pauvre gamin, saucissonné.

- S'il vous plaît. Dans votre intérêt, relâchez le.

Archie

E.S.P.er

Re : Le Coup de Pistolet [Sentinel]

Réponse 2 mardi 18 septembre 2012, 00:04:01


A 46 ans, Stanislav Siridov commençait à se faire vieux. Cela faisait maintenant presque 30 ans qu'il était au service de son pays. Il avait commencé en bas de l'échelle, conscrit volontaire pendant la guerre d’Afghanistan, avant de rapidement prendre du galon. Ses promotions, il était persuadé de ne pas les devoir à la chance, ou à de quelconques pistons. En fait, il n'y avait que deux choses qu'il pouvait remercier : sa patrie et lui-même. Et pour la première, il aurait sans hésité sacrifié la deuxième. Après une décennie d'expérience, encore jeune, il avait rejoint un commando d'élite. Le genre de groupuscule, qui, par nécessité, agissait vite et bien. A trente-huit ans, là où la plupart des militaires de son grade prenaient une semi-retraite paisible par le biais d'un confortable statut d'officier, lui n'avait pas voulu s'arrêter. Les défaites de l'armée, les crises politiques, les guerres civiles, rien ne l'avait fait dévier, ne serait-ce qu'un peu, de sa voie, de sa raison d'être. S'il avait survécu à tant de grands événements, ce n'était pas la loi d'une nation lointaine, et encore moins la présence d'une jeune femme, qui allaient l'entraver.

-Le kidnapping d'humain mademoiselle, fit-il courtoisement. Un japonais aurait détecté dans sa manière de parler un accent d'Europe de l'Est assez marqué, pour quelqu'un dont ce n'était pas la langue maternelle, le trait était moins évident. Hors, contrairement aux apparences, il ne s'agit que d'un monstre. Un monstre qui nous appartient. Nous nous assurons simplement qu'il ne cause pas de dégât à votre belle île du soleil levant. Sa voix grave savourait chaque mot de cette dernière phrase, comme s'il venait de déclamer un vers particulièrement recherché. Vous devriez nous en être reconnaissante.

Cependant, le soldat avait appris à ne pas sous estimer ses adversaires potentiels. Sa sacoche en travers de sa poitrine plus que plantureuse, son jean d'étudiante, elle n'avait rien de menaçant, malgré son origine certainement pas nippone. Et pourtant. Il avait lu soigneusement les dossiers sur la ville de Seikusu, et savait qu'elle concentrait tout le crime du pays. Sans que cela n'explique la multitude d'éléments étranges qui s'y déroulaient. De nombreuses disparitions, même de personnages importants, étaient restées insolvables. Dans un sens, cela lui était favorable. Personnage ne se soucierait de l'enlèvement d'un garçon qui n'était même pas inscrit sur les registres administratifs. Mais le mystère impliquait la prudence. Et Siridov n'avait aucune raison de prendre un risque en laissant la jeune femme libre de ses mouvements. Un signe bref de la main, sans desserrer l'étreinte qu'il exerçait sur sa proie, et son partenaire fut fixé. Il avait ordre de neutraliser l'intruse. Ce qu'il fit.

Ce qu'il tenta de faire. Même s'il n'était pas arrivé avec un angle favorable, comme c'était le cas, l'officier n'aurait pas parié une seconde sur la victoire de l'étudiante. Il connaissait ses hommes, la plupart, quoique jeunes, étaient sous son commandement depuis longtemps. C'était des gars efficaces, loyaux, pas du genre à se laisser casser la gueule par une pépé. En tous cas, pas en mission. Il n'y avait malheureusement pas d'autre terme pour décrire ce qu'y était arrivé à son sergent, il s'était tout simplement fait démolir par la poigne de son opposante. Siridov n'avait pas repéré dans son mouvement de faiblesse, et bien qu'il se savait faillible, et que l'obscurité n'aidait pas, il envisageait une explication prioritaire. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la jeune femme était sans doute plus forte que son assaillant.

Une goutte de sueur perla sur son front dégarni, mais il lui en fallait plus pour lui faire perdre son sang froid. D'abord, il devait garantir l'extradition d'ARCHIE, et ensuite seulement, assurer la sécurité de ses hommes. L'otage possible que l’intruse détenait ne l'intéressait pas, pas plus que ses menaces ne l'effrayaient. Dégainant d'une main le pistolet à son flanc, il donna un violent coup de crosse sur la tête de l'adolescent, qui poussa un gémissement de douleur et tomba à genou. Puis, imité par son partenaire, il pointa son arme sur l'étudiante. Par morale, il n'avait jusqu'alors pas prévu de la tuer, pour autant, il n'avait reçu aucune consigne sur d'éventuels dégâts collatéraux. A cette distance, il n'avait aucune chance de la rater.

-Je crains de devoir vous menacer à mon tour, mademoiselle. Nous n'avons pas pour objectif principal de vous blesser, je vous conseille donc de vous reculer calmement et de continuer votre chemin en faisant un petit détour. Il marqua une pause. N'allez pas gâcher votre vie pour quelque chose qui n'est même pas humain. Son sort ne vous concerne pas.

Si elle n'obéissait pas dans les prochaines secondes, ou si elle faisait un seul pas dans leur direction, le commando n'aurait pas la moindre hésitation. Dans le cas improbable où elle continuerait de constituer un problème, il savait pouvoir compter pleinement sur les renforts qui arriveraient dans moins d'une minute.
« Modifié: mardi 18 septembre 2012, 00:27:33 par Archie »

Sentinel

Re : Le Coup de Pistolet [Sentinel]

Réponse 3 vendredi 21 septembre 2012, 23:21:27


Le regard de Ciara s'était légèrement assombri aux premières paroles de l'homme. Un monstre... Il venait de capturer un monstre, et c'était ce qui rendait légitime le fait qu'il se montre inhumain envers sa "victime". La jeune femme ignorait tout de celui qui venait d'être capturé, tout ce qu'elle savait, c'est que quelqu'un qui était en danger, et pas vraiment consentant pour partir avec ce qui devenaient ses ravisseurs. Peut-être l'homme avait-il raison. Peut-être que celui qui allait être amené était un réel danger pour le monde. Peut-être était-ce aussi une pauvre victime innocente. Ciara ignorait tout de ce qui se passait, de qui étaient les protagonistes. Elle soupira, retira son sac, et après avoir regardé à gauche, puis à droite, le lança contre le mur à sa gauche.

- Je suis navrée, monsieur... J'ignore tout de vous, et de celui que vous enlevez. J'ignore si vous voulez réellement son bien, ou son mal. Et j'ignore aussi s'il est véritablement un danger pour la ville ou non. Mais je suis sure d'une chose : je ne peux pas laisser quelqu'un se faire enlever sans réagir. Je ne peux pas, c'est au dessus de mes forces, faire demi tour et rentrer chez moi comme si de rien n'était.

Elle était peinée à l'idée de devoir faire du mal à un homme qui, visiblement, ne faisait que ce qu'on lui avait demandé. Ciara arrivait à se dire que cet homme, finalement, n'effectuait qu'un contrat qui allait payer son loyer, ses factures... Oui, c'était une remarque très terre à terre, mais la jeune femme voyait toujours ce qui était bon chez les autres. Un méchant avait toujours une raison de faire le mal. Elle, elle était l'utopiste qui voulait les remettre dans le droit chemin.

- Posez vos armes, s'il vous plaît. Tout peut se faire sans la moindre eff...

Elle fut coupée dans son monologue par une balle... Evitée juste à temps, dans un mouvement réflexe trop rapide pour être simplement humain. Ciara se mordit la lèvre. Ce fut pourtant le début des hostilités. Le même homme, pas celui qui avait parlé mais l'autre, continua à appuyer sur la gâchette, et l'américaine roula au sol. De l'autre côté de la ruelle, elle entendit une voiture freiner au point de faire crisser les pneus sur le bitume. Décidément, tout était bien organisé. Mais elle ne laisserait pas le jeune homme à terre être embarqué. Elle prit un caillou, et lorsqu'elle se redressa, elle le lança vers le premier homme qui avait tiré. Sa rotule qui se brisa, sous l'impact de cette pierre lancée à une vitesse inhumaine, fit un bruit assez peu ragoutant.

Près de la voiture, elle entendit des armes dont on retirait le cran de sécurité, puis juste après, le premier homme qui hurla de douleur, et jura dans une langue qu'elle ne connaissait pas. Ciara adressa un dernier regard au chauve :

- S'il vous plaît, on peut régler ça sans d'autres blessés !

Mais non, ce n'était visiblement pas dans les projets de qui que ce soit. Ciara eut le temps de se mordre la lèvre inférieure, une fois de plus, avant de se décider... Et d'éviter la nouvelle salve de balles en s'envolant jusqu'au niveau du troisième étage des immeubles qui les entouraient. Elle profita de l'effet de surprise pour piquer à nouveau vers le sol, vers les hommes près de la voiture. Sentinel les balaya, en retenant sa force ; deux d'entre eux se retrouvèrent plaqués contre la voiture, les mains de la jeune femme serrées contre leur gorges. Quand elle vit que la tôle de la voiture s'était froissée, elle fit plus qu'attention quand elle envoya un coup de pied au troisième larron pour le désarmer, d'abord, puis pour l'envoyer rejoindre Morphée. Les deux têtes qu'elle tenait, elle les cogna l'une contre l'autre, avant de s'occuper du quatrième homme, arrivé entre temps. Lui ne chercha pas à faire dans la dentelle, et lui tira dessus. Ciara évita les premières balles, mais se réfugia rapidement derrière la voiture, avant de générer un bouclier devant elle. Bouclier qu'elle fit rapidement avancer pour qu'il aille assommer son assaillant.

Woosh. La tête lui tourna un bref instant, comme à chaque fois qu'elle utilisait l'énergie pure et qu'elle la modelait. Mais, pas question de flancher maintenant. Elle ne perdait pas de vue qu'elle devait sauver quelqu'un. Se tournant à nouveau vers le ravisseur, elle lança une ultime fois :

- Vous êtes sûr de ne pas vouloir le relâcher ? S'il vous plaît...

Zut. Elle avait presque eu l'air sûre d'elle, un instant.

Archie

E.S.P.er

Re : Le Coup de Pistolet [Sentinel]

Réponse 4 dimanche 23 septembre 2012, 23:51:32

Le soldat soupira. Comme tous les commandos, il avait suivi une formation de sniper, il avait même été tireur d'élite pendant quelques années. Il n'en avait néanmoins nul besoin pour ce qu'il s'apprêtait à faire. Il n'en prit pas moins son temps pour viser. Sa cible paraissait vouloir continuer à parler. Il ne l'écoutait même plus. Stabilisant son bras, il fut précédé de quelques centièmes de seconde par son partenaire, qui cherchait à atteindre la tête. Lui préférait viser le cœur. Certains voyaient cela comme un manque de confiance, mais il savait que même en cas d'imprécision, il était sûr de faire du dégât. Il ne laisserait rien au hasard juste par orgueil. Il appuya sur la gâchette avant que la balle de son coéquipier n'atteigne l'importune.

Guère difficile, puisqu'aucun des deux projectiles ne la toucha. Personne ne pouvait être aussi rapide, et pourtant, même lorsqu'elle s'envola, Siridov fut à peine surpris. Au moment précis où la jeune femme s'était remise à parler, il avait su qu'elle serait un problème. Une personne normale, même vindicative, aurait depuis longtemps arrêté de protester. N'importe qui de sensé aurait compris que la situation n'était pas prompte à la négociation. Quel genre de malchance s’abattait sur lui ? Quelle était la probabilité qu'un tel individu vienne l'empêcher de mener sa mission à bien ? Le militaire chassa sans mal le sentiment d'injustice qui aurait pu l'abattre. Là aussi, il n'ignorait pas qu'il s'agissait de considérations inutiles.

Il ne cessa cependant pas de tirer. Si sa cible évitait les balles, cela impliquait tout de même qu'elle les craignait, dans une certaine mesure. Au moins, un tel parage de plomb l'empêcherait peut-être d'approcher. Il ne comprit pas pourquoi, quelques secondes plus tard son collègue s'effondra, tout juste avait-il vu un projectile fuser. Pourtant, la jeune femme ne semblait pas armée. Il grogna et fit deux pas en arrière, accueillant avec un soulagement relatif l'arrivée de la Nissan Kix grise. Le véhicule transportait pas moins de quatre gars, surentraînés, comme les autres. Il ne lui fallu pas plus d'une phrase dans leur langue natale pour les avertir du danger. Un dialecte efficace, pratique, tout l'inverse du jobelin nippon, songea-t-il brièvement. Hélas, ici aussi, toutes les précautions prises se révélèrent inutiles.

Siridov ne perdit pas de temps, et se rua vers le coffre du 4x4. Il ne s'étonna même plus en entendant le chaos et les plaintes de ses hommes. Les moyens conventionnels ne fonctionnaient pas, alors il fallait trouver autre-chose. Surprendre l'ennemi lui semblait être sa seule chance de victoire. Il se jura que s'il survivait à cet affrontement, il formerait ses troupes à ce genre de situation. Soulevant un drap noir, ses mains s'enroulèrent autour de ce qu'il cherchait. L'objet était un long tube de métal, dont une extrémité se terminait par une sorte d'énorme rosace ouverte. Le tout pesait dans les 60kg. Il le souleva sans difficulté apparente, et le hissa sur son épaule.

L'adversaire était peut-être rapide, mais le rayon d'impact d'une telle arme n'avait rien à voir. Issu d'une technologie de pointe, le PERKUN avait été prévu dans le cas où ils n'auraient pas réussi à injecter le FS6 à ARCHIE. Ce modèle n'était pas réglé pour être immédiatement létal (le but n'était pas de capturer un cadavre), mais n'en était pas moins extrêmement incapacitant. Conçu pour contrôler les foules de densité moyenne, il ionisait un large faisceau d'oxygène et il y faisait ensuite passer une puissante onde électromagnétique. Jusqu'à 90 mètres, les brûlures qu'il provoquait étaient insupportables. A la distance où la jeune femme se trouvait, ses vêtements allaient très certainement s'embraser, puis ce serait peut-être le tour de sa peau. Entre-temps, ses nerfs devraient être saturés de douleur, il y avait même une chance que le processus la tétanise totalement, difficile de le dire, d'aussi près. Il aurait aussi du rendre les implants de l’adolescent inopérants.

Froidement, sans même répondre à la proposition de l'intruse, Siridov le pointa sur elle et enclencha la pièce d'artillerie. Un bourdonnement sourd emplit les environs, alors que l'air devant lui s'illuminait et commençait à vibrer. La voiture derrière laquelle l'intruse se trouvait ne pourrait absorber l'intégralité du rayonnement. La soldat lança un rapide coup d’œil à celui qu'il était venu capturer. Avec difficulté, Archie s'était relevé, et avait tenté d'enlever le sac qu'il avait sur la tête, avant de se rendre compte que le nœud était placé à l'arrière de son crâne, de façon à ce qu'il lui soit presque impossible de l'enlever seul. Aveugle, sans doute toujours sonné, il n'avait pas réussi à faire plus d'un pas maladroit. Il était encore loin de pouvoir s'enfuir.
« Modifié: lundi 24 septembre 2012, 01:07:51 par Archie »

Sentinel

Re : Le Coup de Pistolet [Sentinel]

Réponse 5 mardi 25 septembre 2012, 21:51:17

C'est là que les choses se compliquent... Ciara se demanda un instant ce que c'était que "ça", cette arme étrange sortie du coffre de la voiture. En tout cas, quoi que ce soit, c'était du lourd, et la jeune femme se demanda ce que de simples kidnappeurs faisaient avec du tel matériel. Leur cible était elle si dangereuse ? A ce point ? Ciara ne réfléchit pas trop longtemps, dès l'instant où un large rayon de lumière éclaira la ruelle, elle sut que ce n'était pas bon signe. Et quand elle sentit des picotements sur un bout de son avant bras qui dépassait, elle parvint à penser rapidement qu'elle allait sévèrement morfler.

La suite des événements ne lui donna pas tort. Avant même de réellement sentir la douleur, elle hurla. La jeune femme avait rapidement retiré son bras, mais pas assez vite. La brulure fut insupportable, et Sentinel se dépêcha de rouler, puis de s'envoler pour mettre de la distance entre elle et le rayon mortel. Elle serra les dents, et se persuada de ne pas être à la hauteur de sa tâche, que ses ennemis du jour étaient trop puissants. Dans ces cas là, il ne restait qu'une seule solution : fuir... Mais... Parce qu'il y avait toujours un "mais"... Elle ne pouvait pas fuir seule. Dans les airs, voletant pour toujours éviter le rayon sans doute mortel à trop grosse dose, Ciara fonça vers le sol, toujours en zig zaguant pour ne pas être touchée... Et fonça droit dans la ruelle. Celui qu'elle avait décidé de sauver s'était relevé, et sans prendre le temps de lui expliquer quoi que ce soit - pour le moment - elle l'attrapa sous les bras et s'envola avec lui entre les rues mal éclairées de la ville, afin d'échapper le plus vite possible à leurs poursuivants. Car nul doute que l'héroïne, à présent, risquait gros. Surtout que - détail futil auquel il ne fallait pa penser en cet instant - elle avait oublié son sac de cours dans un coin de la ruelle. En espérant que demain, il y soit encore...

Pour le moment, il fallait s'éloigner au plus vite, et Ciara poussa même le vice à gagner Kyoto, la ville la plus proche... Tout en rassurant le jeune homme qu'elle tenait, lui lançant en cours de route qu'il était en sécurité. Restait à savoir si la jeune femme, elle, l'était...

Elle se posa avec lui dans un parc au centre ville. Là, elle l'aida à défaire le noeud qui maintenait le sac sur sa tête et le laissa enlever la capuche. Restait à voir ce qui l'attendait : simple humain ou réel monstre ? Avait elle eu raison ou non de faire tourner court ce kidnapping ?

- Qui êtes vous ? Et qu'est-ce que ces hommes vous voulaient... ?"

Archie

E.S.P.er

Re : Le Coup de Pistolet [Sentinel]

Réponse 6 mercredi 26 septembre 2012, 23:35:11

Le FS6 : sans doute la contraction usuelle de la formule d'un composé dont le groupe fonctionnel reposait sur la liaison d'un atome de fluor et d'une structure type hexasulfure, songea Archie. Il avait visiblement pour but de le neutraliser. Si tel était le cas, son effet le plus évident aurait pu être de saturer certaines des synapses artificielles qui assuraient la communication entre son cerveau et ses implants, rendant celle-ci impossible. Ce fut la dernière pensée pertinente du jeune garçon, avant que le composé n'atteigne son efficacité maximale. Avec appréhension, il sentait le liquide brûlant parcourir ses veines, il sentait sa perception décliner, son esprit devenir moins clair. En l'espace de quelques secondes, son QI venait d'être divisé par deux, sa mémoire rendu largement inaccessible, floue. Sa raison si efficace jusqu'alors était réduite à presque rien, et elle se trouvait maintenant incapable d'endiguer la vague d'angoisse qui parcourut l'adolescent.

Crier, il aurait voulu crier, mais il n' y arrivait plus. Sa bouche était pâteuse, sa mâchoire engourdie, ses lèvres collées, et le sac qu'il avait sur la tête n'arrangeait pas son état. Sans même qu'il s'en rendre compte, ses glandes lacrymales déréglées déversèrent un flot de larme le long de ses joues, trempant la toile. Le coup qu'il reçu empira encore la situation. Des étincelles de douleur vive vrillèrent sa vue et obligèrent ses jambes à fléchir. Il s'effondra sur les genoux, heurtant le sol sans douceur. Un mucus blanc, puis un liquide carmin, virent obstruer ses voies nasales. Il ne savait plus comment respirer, sa bouche prit le goût cuivré du sang.

Son analyse de la situation était très sommaire, sinon inexistante. De l'autre côté d'une vitre opaque, il l'avait à peine compris, une femme se battait contre les hommes qui tentaient de le kidnapper. Il saisit quelques mots de la langue avec laquelle il avait grandi. De ce qu'il entendait des interjections confuses des soldats, elle volait et il était inutile d'engager un corps à corps contre-elle. Au final, il n'arrivait pas à s'y intéresser ou à se concentrer sur autre chose que lui-même. Il avait une impression de suffocation, mêlé avec une incompréhensible claustrophobie (lui qui craignait habituellement davantage les espaces ouverts). Il fallait qu'il se relève, qu'il court, qu'il enlève la cagoule qui le maintenait prisonnier, qu'il s’essuie le visage. Mais toute logique, toute coordination, l'avait quitté, ses doigts étaient gauches et mous, et Archie ne parvenait qu'à pousser de faibles gémissements de détresse.

Jusqu'à ce qu'il sente un rayon chaud l'atteindre tout entier. Chaud n'était pas le mot. Il n'était pas vraiment chaud, pas directement : il brûlait, la peau, les habits, sous les habits. Un courant électrique atroce remonta le long de sa colonne vertébrale et atteint une intensité maximum à l'arrière du crâne. La souffrance, cette fois, lui délia la langue, et il poussa une plainte plus sonore, de sa voix encore aiguë. Se recroquevillant sous le choc, il s'apprêtait à tomber de nouveau lorsqu'une poigne ferme le maintint debout... et le souleva même de terre. Ses tympans bourdonnant perçurent quelques mots rassurants. L'étreinte était douce, et quoique la douleur fut toujours présente, elle suffit à la calmer un peu. A le faire patienter jusqu'à ce que ses pieds touchent le sol.

Ce furent des réflexes de survie qui dictèrent les actions qui suivirent. Heureusement, sa sauveuse l'aida à se débarrasser du sac. L'adolescent toussa, cracha pour évacuer l'épaisse glaire carmin qui s'était accumulée dans sa gorge, et put enfin respirer presque correctement. De façon empirique, il se débarrassa aussi vite qu'il le put de son tee-shirt noir, qui, de par sa couleur, avait absorbé une grande partie du rayonnement et attaquait encore sa peau. Le geste révéla sur l'épiderme anormalement blanc de son torse juvénile, normalement couvert de tâches de rousseurs, de grandes marques rouges de brûlure qui suivaient les contours de son vêtement. Son visage, son cou et ses avants-bras, nus lors de l'exposition s'étaient empourprés légèrement moins. Plus toutefois que le reste de son corps qui, ayant été protégé par des habits plus clairs, affichait une teinte moins inquiétante.

C'était bien la première fois qu'Archie retirait son haut en présence de quelqu'un d'autre qu'un des scientifiques du projet l'ayant vu naître. En effet, tourner le dos, comme c'était actuellement le cas -la femme étant passée derrière lui pour défaire le nœud-, aurait aussitôt indiqué sa nature inhumaine. La position permettait d'observer facilement les nombreuses plaquettes de métal grises qui ressortaient de ses vertèbres, de son bassin à sa nuque. Néanmoins, ce n'était pas vraiment ce qui inquiétait l'adolescent, et il était de toute façon trop hagard pour réaliser la chose.

-Je... Archie... merci, balbutia-t-il.

S'il ne constituait pas de phrases, ce n'était pas par gain de temps, mais parce qu'il n'y arrivait pas. Le japonais, cette langue si obscure qu'il avait apprise en une semaine, lui semblait alors presque inconnue. Il ne retrouvait plus les structures grammaticales, et pourtant, étrangement, il avait compris la question de sa sauveuse. Le jeune garçon respirait par petites saccades, paniqué. Il tenta de chasser la morve et les larmes qui miroitaient sur sa face d'un revers de bras, tout en reniflant bruyamment. Il reconstitua ce qui lui restait de la scène, tout était si confus...

-Me ramener... prison.

Sentinel

Re : Le Coup de Pistolet [Sentinel]

Réponse 7 lundi 01 octobre 2012, 21:03:29


Il n'était pas humain.

Ciara resta un instant muette, stupéfiée, face au dos dénudé du jeune homme. Mais elle n'en fut nullement choquée ou écoeurée. Qui était-elle pour juger qui il était, elle qui n'était pas non plus vraiment humaine ? Etait ce sa "nature" non humaine qui avait fait que ces hommes le poursuivaient ? Ciara connaissait la réponse, ou la devinait aisément. Cependant, elle ne voyait pas en ARCHIE un monstre, juste un jeune homme désorienté et bien trop malmené ces dernières heures, sans aucun doute... Sans compter les brulures qui parsemaient son corps d'albâtre.

Un instant, ce fut la culpabilité qui lui étreignit le coeur. Elle n'avait pas fait suffisamment attention à la personne qu'elle avait voulu sauver. Cherchant dans ses poches, l'américaine en extrait un mouchoir parfaitement plié, et s'accroupit devant Archie pour le lui tendre, et l'aider à se débarbouiller. Et si seulement elle avait pensé à récupérer son sac - si seulement elle l'avait gardé sur elle ! Mais inutile d'avoir des regrets. Pour le moment, et bien... Elle ne savait pas trop ce qu'elle devait faire, ni comment réagir. Quelque part, elle se demandait si elle avait bien fait. Mais bien entendu, qu'elle avait bien fait ! Seulement, elle espérait que ça n'allait pas lui retomber dessus dans un futur très proche. Ciara posa une main apaisante sur l'épaule d'Archie, et prit son t-shirt au sol :

- Tu devrais t'asseoir pour te reposer un peu... L'herbe est fraiche, ça te fera du bien.", lâcha-t-elle doucement.

Avant de s'éloigner avec le t-shirt dans sa main. Un rapide coup d'oeil alentours lui indiqua une fontaine, et elle fit couler de l'eau pour mouiller le tissu. Elle l'essora avant de revenir vers le jeune homme, et le prévient :

- Attention... Tu risques de frissonner un peu.

Elle posa le tissu humidifié sur une zone brulée, puis une autre, pour tenter de le rafraichir un peu, et d'arrêter l'effet de chaleur. Des questions, elle en poserait plus tard. Pour le moment, il avait besoin de soins.

Le problème étant : de quel genre de soins ? Ciara s'était de nouveau accroupie devant lui, et tenta un sourire chaleureux... et rassurant. Les bras croisés sur les cuisses, elle l'observait comme une mère inquiète, et non intriguée par une bizarrerie de la nature. Ciara laissa quelques secondes de silence flotter, avant de finir par demander :

- Ca va aller ?

Archie

E.S.P.er

Re : Le Coup de Pistolet [Sentinel]

Réponse 8 mercredi 03 octobre 2012, 09:13:32

Une certaine sérénité se dégageait de sa sauveuse, qui faisait preuve à l'égard de l'adolescent d'une douceur presque maternelle, lui proposant même un mochoir. Ce calme relatif, par mimétisme émotionnel, suffi à rassurer Archie, et il parvint à renflouer sa panique. L'adrénaline dans ses veines retombait lentement, le laissant encore un peu stupéfait par la situation. Il remarquait enfin les bruits habituels d'un parc en pleine ville, cette ambiance où ne raisonnait aucun coup de feu. Ses oreilles bourdonnaient un peu, ayant été très proche d'un tireur en action, mais ce n'était étrangement que maintenant qu'il s'en rendait compte. Alors que l'impression d'avoir la moitié du corps dans un four en fonctionnement refusait de se dissiper, il obéit sans faire d'histoire, sans même s'interroger, à l'ordre de la jeune femme. Docile, il entreprit donc de s’asseoir sur l'herbe, grimaçant lorsqu'il dut plier ses genoux endoloris.

-Poverkhnostnyy ozhog, nichego serʹyeznogo, articula-t-il pour lui-même, réussissant à formuler l'ébauche d'un raisonnement cohérent, quoique ce fut en sa langue natale, qui sonnait à coup sûr est-européen... ne laissant pas beaucoup de doute sur l'origine partagée avec l'accent de Siridov.

Bien que l'inconnue blonde ait prit soin de le prévenir, il n'en frémit pas moins au contact du tissu trempé. Son corps se tendit un instant, ses épaules ses contractèrent, puis, finalement, il se détendit complètement. Cela faisait longtemps qu'on ne s'était pas ainsi occupé de lui, et encore plus longtemps encore que l'attention n'avait été prodiguée par une femme. Elles étaient rares parmi les scientifiques, le milieu subissant une écrasante domination masculine, et seuls des scientifiques lui avaient jamais consacré son temps.

Pour sûr, Archie avait connu de meilleurs jours, sa peau était encore frémissante, son crâne et nombre de ses articulations douloureux, mais il n'en appréciait pas moins le traitement. La main de la jeune femme derrière son tee-shirt mouillé, qui parcourait son corps. C'était une sensation agréable, un peu trop peut-être, puisqu'il sentit naître plus bas une chaleur qui n'avait rien à voir avec une quelconque brûlure. Malgré lui, il ne put s'empêcher de noter que sa sauveuse, une fois ainsi accroupie devant lui, lui donnaient toutes les raisons de ne pas détourner le regard de ce qui était à la hauteur de sa tête... L'adolescent croisa nerveusement les jambes, cherchant à trouver une position plus confortable et surtout dans laquelle son trouble serait moins visible. Ses joues avaient rosi, et si ce n'était pas immédiatement visible à cause de leur teinte déjà rougeâtre, elles n'étaient certainement pas la seule partie de son anatomie à avoir reçu un soudain afflux de sang. Tentant de cacher sa gène, l'urgence lui fit retrouver en un instant certaines structures idiomatiques japonaises :

-Merci. Je vais... euh, bien. Quel est ton nom ?

Débiter de telles banalités, qu'on apprenait usuellement dans les tout premiers cours de langue, l'aidaient mine de rien à reprendre possession du dialecte. Cela avait aussi le mérite de lui faire penser à autre chose qu'aux formes prononcées de la jeune femme. Il tenta d'exprimer des notions un peu plus complexes, cherchant ses mots les uns après les autres. Passée la confusion, il réalisait que son vocabulaire japonais était toujours présent, et que le mobiliser ne faisait que lui demander un effort supplémentaire, par rapport à d'habitude.

-Tu es très forte pour les avoir tous tués. Moi aussi, tu sais, je suis capable de ça. Je vole comme toi. Ça va revenir. Bientôt.

Il ignorait totalement quand le produit aller cessé de faire effet, il fallait d'abord que son corps l'évacue de sa circulation. Cela pouvait prendre des heures, mais il préférait être optimiste sur ce point. Il n'était de toute façon pas capable de l'estimer correctement, dans cet état. Le jeune garçon toussa, imbibant le mouchoir déjà souillé de quelques gouttelettes carmins supplémentaires. Avec plus d’appréhension, il prévint tout de même :

-Les soldats aussi, ils vont revenir. Il faudrait mieux que tu partes.
« Modifié: mercredi 03 octobre 2012, 11:44:11 par Archie »

Sentinel

Re : Le Coup de Pistolet [Sentinel]

Réponse 9 dimanche 07 octobre 2012, 23:44:16

Si Ciara était intriguée par le jeune homme qui était devant elle, elle tenta de le montrer le moins possible. Elle même n'avait jamais vraiment aimé être dévisagée comme une bête de foire, ou quelque chose du même genre. Elle n'allait donc pas l'assaillir de question. De toute façon, Archie semblait trop désorienté encore, pour pouvoir subir un interrogatoire, même simple. Pourtant, il lui avait donné son nom, et c'était lui qui commençait à s'agiter pour savoir qui elle était. Et parler même un peu de lui. Intéressant... Quoique, le rapport entre ce qu'il lui disait maintenant, et la "prison" dont il parlait tout à l'heure restait encore flou... Et Ciara n'aimait pas ce qu'elle pouvait en déduire. Aussi préféra-t-elle ne rien dire pour le moment, et elle se contenta de se présenter :

- Je m'appelle Ciara, je suis américaine. Tu te trompes sur un point, je n'ai tué personne. J'assomme, et dans le pire des cas, j'estropie, mais je ne tue pas. Ce n'est pas à moi de décider qui doit vivre, qui doit mourir : c'est le rôle de la justice...

Mais elle n'était pas là pour parler d'elle. Pas trop en tout cas. Ciara s'assit en tailleur dans l'herbe, en face du jeune homme, et jeta malgré tout un coup d'oeil autour d'eux. L'endroit qu'elle avait choisi était dégagé pour voir venir n'importe qui... Et si une attaque venait d'une planque quelconque, l'héroïne la sentirait venir et pourrait les protéger s'il le fallait.

En tout cas, il prétendait être doté de pouvoirs similaires aux siens, et Ciara se reprit à espérer ne pas avoir aidé une personne qui faisait mauvais usage de son don. Elle aurait de toute façon une réponse rapide, dès qu'il les retrouverait. Tapotant les doigts sur son genou, un peu nerveuse à l'idée que les soldats, et surtout cet homme avec cette arme terrible, ne reviennent, l'américaine eut un sourire qui se voulait pourtant rassurant.

- Ne t'en fais pas pour les soldats. On s'en est sortis une fois, pourquoi pas deux ? S'ils reviennent, je les affronterai à nouveau. Quand je me fixe un objectif, je fais tout pour l'accomplir, tant qu'il est juste à mes yeux. Tu me sembles être une cause à défendre."

Elle ponctua ces derniers mots d'un sourire et d'un léger froncement de nez. Une nouvelle fois, elle regarda autour d'eux, juste pour être sure. La nuit était calme, ici, et on entendait parfois le simple son d’oiseaux nocturnes, troublés par la sirène d'une voiture de police plus loin. Ciara regarda son propre bras, où elle avait été brulée. C'était superficiel - ça le semblait, en tout cas. La douleur cuisante était pourtant, toujours présente en sourdine. Ciara eut un frisson, et osa enfin demander :

- Mais que te voulaient-ils, ces gens ? Cette arme... Je ne sais pas ce que c'était, mais ils donnaient l'impression de vouloir te tuer plus qu'autre chose... Qui sont ils ?

Archie

E.S.P.er

Re : Le Coup de Pistolet [Sentinel]

Réponse 10 mardi 20 novembre 2012, 00:37:29

Des stries glacées se mirent à descendre le long de la nuque de l'adolescent, entraînant un léger vertige. Il eut brièvement l'impression d'être debout et sur le point de tomber. Heureusement, légèrement paniqué, il reposa les mains sur le sol, et se rappela aussitôt qu'il était déjà assis dans l'herbe. Il se sentait toujours un peu flotter, mais à mesure que la pression retombait, il retrouvait peu à peu une partie de ses capacités cognitives. S'il ne parvenait toujours pas à retrouver les éléments d'une précision extrême de sa mémoire photographique, les grandes lignes lui réapparaissaient assez nettement. Il commençait aussi à se repérer géographiquement.

-Le japonais pas, ma langue maternelle... Moi non plus. Attendez, Ciara. Je dois me concentrer.

Archie leva les yeux, contempla l’immensité du parc, et les baissa bien vite. Il avait toujours été un peu agoraphobe, trop d'informations à analyser d'un coup troublaient parfois sa pensée, et son état n'améliorait pas ce trait. Il s’essuya encore le visage avec le mouchoir qui n'avait plus du tout fière allure, et ferma les paupières. Le jeune garçon prit une grande inspiration, plaça les mains sur ses oreilles, tenta de sa calmer en harmonisant le rythme de sa respiration sur celle de son cœur, qui ralentissait enfin. Il fit la moue lorsque sa langue, faisant le tour de son palet, détecta la douloureuse fracture d'au moins deux dents cassées, résultant sans doute du coup de crosse. Sans vraiment s'en rendre compte, il pensa à haute voix, mécanique.

-Diagnostique : brûlures second degré profonde, 3% de l'épiderme. Nécessite désinfection, risque d'infection à moyen terme. Brûlures second degré superficiels, 12%  de l'épiderme. Bénin. Brûlure premier degré, 62% de l'épiderme. Bénin. Une prémolaire fêlée, deux molaire brisées, saignement buccaux. Bénin. Épistaxis. Bénin. Légère commotion. Bénin. Tension, rythme cardiaque élevé. Psychosomatique. Présence de la molécule FS6. Effets non-identifiés, hypothèse empirique : douleurs insoutenables, trouble des connexions neurales avec les implants cybernétiques, engourdissement des facultés cérébrales, forte réduction du potentiel métacognitif en particulier. Conclusion : pas de séquelle à long-terme, mais auto-défense impossible à assurer, risques d'agressions importants pour une durée indéterminée.

Comme s'il venait de sortir d'un sommeil profond, Archie cligna les yeux contempla à nouveau la jeune femme. Il paraissait relativement calme, rassuré, et si des larmes n'avaient pas continué à perler le long de ses joues, confiant. Ses phrases étaient déjà beaucoup moins hachées que le discours qu'il avait tenu une minute avant.

-Merci, lança-t-il pour la troisième fois. Mais tu sais, Stanislav Siridov ne mentait pas... Je ne suis pas humain. Il ne fait que son travail. Militaire, chasseur, pour le gouvernement, mission non-officielle. Démarché par le projet ARCHIE. Il rattrape les expériences ratées, enfuies. Moi. Je n'ai pas envie d'être enfermé encore... Inintéressant. L'adolescent secoua la tête en réponse à l'affirmation de son interlocutrice. Non. Ça ne m'aurait pas tué. Siridov, tireur d'élite, aurait pu m’abattre, plusieurs fois. Toi aussi peut-être. Pas sûr, je n'avais pas toutes mes capacités d'analyse. Scrupules de sa part ? C'est peu probable, froid, méthodique, efficace : admirable. Trop de risque de me toucher, sans doute. Me tuer, pas leur volonté. J'ai coûté trop cher. Mais ils vont revenir. Pas dans un lieu publique, incident diplomatique à éviter. Problème pour eux, peu probable que je me fasse avoir une seconde fois. Nécessité d'une intervention dans un délais court, avant récupération de mes facultés.

Archie cracha des débris d'émail qui lui grattaient l'intérieur de la bouche. Une lueur apparu soudain dans son regard, passant d'une personnalité à l'autre. La déconnexion partielle entre ses deux cerveaux induisait une schizophrénie légère.

-Alors tu es une héroïne, comme dans les comics, c'est ça, hein ? Super cool ! Je connais par cœur 7852 pages de bandes-dessinées... je crois. Il fronça les sourcils, sans perdre son enthousiasme. Je sais que je ne risque rien avec toi ! Tu vas me protéger alors, hein ? Hey, tu crois que je pourrais être un super-héros, moi aussi ?
« Modifié: mardi 20 novembre 2012, 00:51:55 par Archie »


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