"Trop belle" rime avec "Irréelle".

Il sentait le sang battre à ses tempes si fort qu'il en avait les oreilles qui bourdonnaient et cela nourrissait encore un peu plus la rage qui brûlait en lui. Dagon ne s'en rendait pas compte mais alors qu'il marchait vers son rendez-vous arrangé les gens s'écartaient devant lui tant sa démarche, ses traits et au final l'ensemble de son être semblait irradier de fureur à peine contenue. Les passants se retournaient parfois pour s'assurer qu'il n'avaient pas rêvés, que ce type était bien passé devant eux sans les voir, portant en lui tout le ressentiment du monde mais la plupart fuyaient son regard encore plus que sa proximité, une voix impérieuse retentissant en eux, ce genre de voix silencieuse que les plus aptes à la survie écoutent lors des grandes catastrophes.
On eu dit à en juger par les mouvements de foule autour de lui que la proximité de Dagon aurait pu faire naitre un cancer, ou qu'il vous puisse faire éclater une artère cérébrale d'un simple regard, et ça les gens le sentaient bien.

Il faut dire qu'il avait toutes les raisons d'être plongé dans cet état. Son immortalité aidant il avait passé par de nombreuses épreuves, subit d'innombrables moments de peines et en l'espace de quelques heures il lui semblait que des années de mauvais Karma venaient de se cristalliser sur lui telle une gangue inextricable. Déjà il était sur Terre et il détestait ça ! L'air y était pollué, irrespirable pour un être habitué à Terra, et puis les Humaines l'irritaient, ils était chétifs, faibles, mortels... et le renvoyaient à sa propre condition physique, celle d'un immortel scellé dans une apparence aussi frêle et insignifiante qu'eux, ce qui à la fois blessait l'Ego du Dragon mais aussi le terrorisait insidieusement.

Était-il mortel lui-aussi sous sa forme d'humain ? Il savait qu'il pouvait ressentir la douleur, saigner, s'affaiblir... mais la malédiction d'Aphrodite avait-elle été poussée jusqu'à le laisser vulnérable à un trépas accidentel ?

Aphrodite, déesse mille fois honnie dont la simple évocation pouvait changer la rage de Dagon en débordement brûlant de bile acide, en hurlements d'injures. Il avait envie de tout ravager, de redevenir comme avant et de tout brûler, tout ce que son regard pourrait embrasser jusqu'à atteindre l’horizon et le baigner de flammes purifiantes qui laveraient aussi ses pensées.
Chose hélas impossible. Alors il ne restait qu'à espérer, essayer de contrer le destin qui l'avait fait tomber en disgrâce de dragon à Humain. Contrecarrer Aphrodite, une déesse, peine perdue mais qu'il s'acharnait à effectuer avec de bien piètres résultats, et ce jusqu'à ce jour-même. Car si il était venus ici ce n'était pas pour la joie secrète de pouvoir haïr le monde qui l'entourait mais bien car il avait entendu une rumeur intéressante...

Ici-bas une femme se faisait louer, par une sorte de maquereau, et l'on disait qu'elle était parfaite... vraiment parfaite, d'un physique de déesse.
Dagon ne connaissait qu'une déesse au physique parfait au point d'en devenir presque dérangeant : Aphrodite elle-même. Et si il s'agissait d'un de ses avatars terrestre et bien...
Il ferait quelque chose.
Il improviserait bien le moment venu, il saurait comment abimer cela, comment le briser, le détruire, ou il trouverait à force de s'y employer.
SI, bien sur, il ne se trompait pas de personne.

Car si prendre forme sur terre et séduire hommes et femmes dans son sillage ressemblait bien à la façon de faire d'aphrodite Dagon l'imaginait mal subir les humeurs d'un maquereau. Il avait dut passer par cet homme, un dénommé "James" et il ne lui avait pas fallut plus de six seconde pour le haïr lui-aussi, et ce rien qu'à sa voix via un téléphone. Cet homme était arrogant, pédant, prenait le monde de haut et Dagon ne supportait pas qu'on le considère comme inférieur à quoique ce soit. Et cette façon de haranguer sur la dénommée "Jessica" ! Non mais il fallait l'écouter parler d'elle pour comprendre à quel point on pouvait avoir envie de lui arracher la langue ! De plus le prix demandé pour une "rencontre privée" était énorme, et en bon Dragon Dagon était proche de ses ressources fiduciaires... et devoir débourser autant le rendait malade !

Tout cela formait son état d'esprit quant il pénétra dans le cabaret où il devait retrouver la dénommée "Jessica" et, peut-être, percer à jour son ascendance olympienne. Vêtu de sa tenue de cuir, et l'air encore aussi furieux qu'avant son entrée ici, il faisait tache dans le décor cosy et un brin précieux de l'endroit. Il vint seulement se poster près de la scène et attendit là que la belle ne se montre, à l'heure espérait-il... il la reconnaitrait facilement, après tout les rousse à la physique parfaite n'étaient pas des créatures très courantes mais des rousses au physique absolument sans le moindre défaut, au point de faire naitre des frissons d’appréhension... ça n’existait pas.

Et l'impossible se remarque assez vite quant on l'a juste devant les yeux...

-Jessica !

La toon était rentrée depuis peu chez son créateur. James. C'était rare qu'elle vienne dans sa maison de "convalescence" comme il disait, faisant croire à sa femme trop crédule, que c'était pour décompresser un peu, sous ordre de son médecin. Tu parles. Et sa femme qui était bien trop molle pour se douter de quoi que ce soit. Donc, rarement elle mettait les pieds dans ce lieu qui était en somme un endroit de débauche où il se plaisait à lui faire tout et n'importe quoi. Parfois, il poussait le vice tellement loin que la toon s'en retrouvait presque gênée malgré le fait que normalement elle n'en ressentait pas. Elle était même souvent dégoûtée, alors que normalement, elle ne pouvait pas. Cet homme arrogant alors qu'il n'avait pas lieu d'être. Avec un physique pareil, qui pourrait l'être !

-Oui monsieur ?
-MAÎTRE ! Tu dois m'appeler Maître !

D'une voix plus sensuelle, bien qu'elle la gardait en toute circonstance, elle reprit, s'approchant de son pas félin de James, glissant ses mains dans sa chemise. Elle savait que cela le calmait et que la plupart du temps, il devenait un peu plus doux dans ses rapports avec elle.

-Il ne faut pas vous mettre dans de tels états master...vous savez ce que le médecin à dit...
-Ce charlatan ? Si je l'écoutais je finirais ma vie dans une chambre d'hôpital à boire de l'eau et bouffer de la verdure pour bovin. Et je ne pourrais plus " Une main se glissa sous la jupe de la toon et remonta entre ses cuisses, tandis qu'il l'attirait sur lui " te caresser comme tu aime...

Le vieux pervers respirait fort. C'était désagréable pour elle. C'était si désagréable d'ailleurs qu'elle en avait parfois des nausées, mais se retenait, continuant dans son rôle. Elle gémit doucement.

-Oui master...vous êtes le seul à savoir ce qui me fait de l'effet...

Déjà, elle sentait la bosse sous ses fesses rebondies, sa main gantée toujours sous la chemise, caressant ce torse velu. Basculant la tête en arrière, elle frissonnait, tenant à merveille son rôle. Elle le sentit chercher à tâtons l'ouverture de sa culotte, mais il s'arrêta bien vite, l'air presque assombri.

-En fait, je t'ai appelé pour autre chose...
-Oui ?
-Tu as un client ce soir...

Client. Elle détestait qu'il l'utilise comme une prostituée. C'était dégradant pour elle. Mais Jessi' s'abstenait toujours du moindre commentaire, car après tout, elle n'était pas censée avoir de sens de l'honneur ou d'éthique. Elle fit donc mine de ne pas être vexée et se lova contre lui, embrassant son cou et soufflant.

-Et qui est-ce ?
-Je ne sais pas. Un riche je pense. S'il a eu les moyens de t'acheter pour cette nuit. Tu lui sors le grand jeu c'est compris !
-Oui...comme toujours Master...

Jessica était elle réellement mécontente de ne pas avoir à simuler ? Après tout, en toon, normalement elle devait ressentir presque à chaque coït, du plaisir. Mais avec lui...elle le haïssait tant tout au fond de son être, qu'elle en était arrivée à ça...comme une femme humaine. Se dégageant de lui, elle posa un baiser du bout des lèvres sur son crâne et se dirigea vers sa voiture, afin de rejoindre le bar prisé où elle avait son rendez-vous. Dans la voiture, elle en profita pour changer sa tenue, sa petite jupe et son chemisier se muant peu à peu en une robe échancrée dans le dos, avec des lacets (^ ^) tout du long de sa cuisse qui était savamment dévoilée par le tissu de couleur rouge, sa couleur de prédilection.

Un soupir lorsqu'elle se gara et elle se dirigea vers la porte du club. C'était affreusement vide. Étrange pour elle qui avait l'habitude des foules dans ce lieu. Même Pete n'était pas là. Son gorille, qui n'avait aucune connaissance sur son créateur. Et heureusement. Jessica enfila les escarpins à talon qu'elle tenait dans la main tout en arrivant dans les coulisses. James avaient du faire venir un barman et quelqu'un pour s'occuper de la lumière et des bandes sons. Dieu sait. Elle pensait avoir à faire à un de ces vieux richards qui sont au bout du rouleau, ne banderont bientôt plus sans leur petite pilule bleue...

La musique commence et elle s'avance, écartant le rideau de sa jambe, petit coup de hanche et la voilà lancée.

-You had plenty of money in 1922. You let other women make a fool of you...Why don't you do right,
like some other men do?

Et en s'avançant, elle ne discernait pas grand chose, étant sous le spot, qu'une silhouette paraissant bien épaisse. Un gros lard ? Continuant, elle descendit de scène. L'homme était seul, elle n'aurait donc pas à faire le tour des tables. Arivée dans son dos, elle colla ses opulents orbes de chair contre le haut de ses omoplates, ses mains glissant sous sa tenue de cuir, caressant ce torse qu'elle fut surprise de sentir si dur et épais. Intéressant...

-Get out of here, get me some money too.

Ses lèvres charnues étaient proches de son oreille et elle chuchotait presque, faisant le tour de sa personne pour se poser en face de lui, appuyée de manière provocante contre la scène tandis que la musique s'estompait et qu'elle terminait sur le refrain. Ensuite elle attendit un instant, ses atouts bien en avant. Le grand jeu...

-Alors c'est vous...le mystérieux client ?

Elle était agréablement surprise de voir qu'elle n'avait pas à faire à un vieux gros lard, mais bien à un type qu'elle même aurait pu aborder dans la rue...mais par contre, elle sentait quelque chose dans l'air qui n'était pas vraiment pour lui plaire. Mais quoi...elle n'aurait su dire.

Il ne s'attendait pas vraiment à ça... en fait il ne s'attendait pas à grand chose à dire vrais, il avait du mal à cerner la suite de cette rencontre, qu'Aphrodite se retrouve face à lui ou qu'il s'agisse d'une parfaite inconnue il ne savait pas comment il allait réagir ni comment une éventuelle confrontation pourrait se dérouler.
Mais plus encore il n'était pas préparé à Jessica. Qui pourrait l'être en même temps ? Le temps de parcourir l’immensité de ses longues jambes quant on découvrait sa silhouette on était déjà pénétré par le personnage de cette rousse incendiaire dont l'allure piégeait les regards. Il y avait en elle une perfection insolite, une sorte d'aura sensuelle qui résonnait de façon déplacée ici bas.

Non, en tout les cas ce n'était pas Aphrodite mais au final Dagon ne parvenait plus à se décider si il devait s'en réjouir ou s'en frustrer. Car si il venait en effet pour confronter la déesse l'ayant réduit à rien moins qu'un humain il se trouvait maintenant face à une entité tout autre mais non moins... passionnante. L'échange était-il équivalent ? Oui et non. Et au final tant pis, il n'arrivait plus à réfléchir et ce point lui importait peu.
Seul demeurait le présent, les secondes qui s'écoulaient et laissait Jessica, rousse "crooneuse", ajouter sa voix de velours au déhanché prometteur de son corps de sirène, finissant de charmer son auditoire, certes réduit mais totalement conquis.
C'en était presque vexant, de se faire ainsi charmer si facilement.

"-Oui... c'est bien moi,enchanté." répondit-il après un laps de temps pour se tirer de son envoutement.

Chose difficile, comme si la silhouette et la voix n'avait pas suffit la belle avait joué du contact de ses mains trop douce sur la peau de Dagon, et de l'appui de ses seins dans le dos du maudit. Le contact l’électrisa plus qu'il n'aurait dut ; il avait déjà trouvé des mortelles humaines attirantes ou touchantes à leurs façons mais il n'avait jamais encore ainsi succombé aux charmes d'un être si bassement humain. En tant que Dragon ses critères de séductions étaient d'ordinaires plus... farouches, écailleux et flamboyants pour réussir à ainsi le fasciner.
Mais Jessica, même sans écailles, ailes ou souffle ardent semblait à même de transcender les barrières des genres et des espèces pour se résumer à une pure attirance physique, peut importe les gouts des gens devant elle. Et finalement Dagon tilta enfin... cette femme n'était pas une humaine, ni une terrane... elle ressemblait trop à une femme fatale pour être juste cela, elle était trop parfaite pour exister, trop archétypale, comme si on sortait le plus pur fantasme masculin de l'esprit collectif de milliers de mâles pour le transposer dans le monde réel.

"-Enchanté de vous rencontrer Jessica." Dit-il enfin, dégrisé du charme de cette jeune femme maintenant qu'il pensait avoir saisit l'essentiel de sa Nature. "-Je ne m'attendais pas à vous voir ainsi... enfin je m'exprime mal, je devrais plutôt dire que je n'imaginais pas rencontrer une personne telle que vous ici."

Et c'était vrai, il attendait Aphrodite était-ce nécessaire de le répéter ? Il ne savait plus trop comment réagir du coup, mais il avait payé à prix d'or de rencontrer Jessica et il comptait en profiter de son mieux. Autant pour rentabiliser son investissement que par ce que la belle le fascinait, même une fois son "secret" percé à jour.

"-Je ne sais trop comment se passent vos soirées quant votre patron vous loue..." continua t-il avec une moue de dégout en prononçant le mot "patron", James lui ayant laissé un souvenir amer en mémoire, "...mais j’aimerais déjà parler un peu avec vous, vous prendrez bien un verre ?"

Lui-même se sentait bien de commander un peu de thé, ou de lait... il ne buvait jamais d'alcool, cela le rendait malade à mourir.

"-Ensuite vous pourrez vous asseoir à coté de moi et me laisser réentendre votre belle voix... en me disant comment une chanteuse aussi gâtée que vous peut dépendre d'un patron qui m'a eu l'air aussi abject par téléphone ?"

Envolée la colère et la hargne, il ne restait qu'un intérêt sincère pour Jessica et son histoire. On ne rencontrait pas souvent d'êtres aussi uniques et intéressants et Dagon se sentait curieux de mieux la connaitre. À dire vrai il se sentait aussi totalement attiré par elle, mais il sentait que de vouloir la ramener sur Terra et l'enfermer chez-lui serait une bêtise. Elle était assez belle pour devenir le joyaux de son trésor, là-bas, dans son antre. Mais en même temps... Elle dégageait une impression d’inaccessibilité, comme si rien, jamais, ne pourrait la posséder totalement ni la contraindre, comme si en fait n'appartenant pas à cette réalité elle n'y avait aucune attache.

Jessica, posée là, avec élégance, sensualité, les bras croisés sous son opulence mammaire, regardait son client dans les yeux. Sa position avait pour effet de faire ressortir plus encore son décolleté, ses seins semblant menacer de sortir d'un moment à l'autre de leur fourreau de satin fuchsia. Elle avait passé une de ses jambes par dessus l'autre, mettant un peu plus en valeur sa peau satinée sous le feu du projecteur qui renvoyait une lumière vive sur scène, mais qui se dissipait lorsqu'on éloignait son regard du plateau et qui tamisait ainsi, savamment l'endroit. Pas assez sombre pour cacher la perfection de la toon, juste assez cela dit pour permettre à l'imagination de faire le reste.

-J'aimerais l'être également...

Le grand jeu. Elle n'arrêtait pas de penser à cela. Il fallait qu'elle le lui sorte. Mais c'était comme si...oh pas qu'elle ne veuille pas faire son job, mais pour le coup, c'était réellement comme si ce type l'énervait. Oui, certes, il était beau. Beau et...et quoi ? Rien. Absolument rien. Dans l'état actuelle des choses, il était juste beau à dévorer des yeux, mais aussi comestible que l'aurait put être une vieille paire de chaussette. Ou alors, pouvait elle le comparer à une amanite tue mouche ? Champignons à l'allure aussi délicieuse que sa chaire pouvait être mortelle.

Ainsi, n'était elle donc pas enchanté d'être en ce lieu ? Non. Une fois encore, ce n'était pas cela. Juste que. He bien. Comment appréciez d'être à un endroit alors qu'on a payer pour qu'il en soit ainsi ? Pire encore, pourquoi apprécier d'être là, alors que celui qui fait appel à vos services s'attendaient à autre chose. La surprise qu'il semait dans ses paroles n'étaient pas uniquement en rapport avec ce que dégageait la toon. Non. Elle savait que ce ne pouvait être uniquement cela. C'était tout autre chose avec. Jessica n'était pas stupide.

-Telle que moi...est-ce que vous attendiez quelqu'un d'autre ?

Normalement, téméraire, elle ne l'était pas. Bien au contraire, les toons, dans leur ensemble, bien que rare, sont des créatures qui ne connaissent pas la rébellion, la froideur et encore moins l'antipathie. alors Dagon avait bien peu de chance d'être tombé là sur une des seules toon qui devenaient un peu plus humaine chaque jours. Et qui dit humaine, dit potentiellement soupe au lait. Et sa phrase étrange, qu'il ne s'attendait pas à elle alors que c'est elle qu'il avait payé était des plus perturbante. Quelqu'un d'autre aurait pris Dagon pour un fou.

-Si c'est le cas, je peux m'en aller.

Comme elle y allait fort. Tout avait pourtant l'air d'aller si bien. Tout avait si bien commencer, malgré ses apréhensions. Sa petite danse, sa voix. Elle avait su le charmer, mais la sensation de départ ne parvenait pas à se retirer, à partir avec toutes l'amertume qu'elle lui laissait en bouche. Très certainement, Dagon venait d'offrir le luxe de se sentir vexée, à la toon.

-Je prendrai bien un verre. Ais-je le choix ? Le client est roi...n'est-ce pas ?

Elle avait haussé un sourcil. Dagon s'en prenait plein la face, mais aux yeux de la belle, ce n'était pas cher payé. Se décollant de la scène, elle avança un peu en direction du bar.

-Suivez-moi, monsieur...

Elle lui fit signe. Comme il avait probablement pu le remarquer, ils étaient seuls. Et dans un tel cas, c'était elle-même qui faisait en général office de barmaid. Marchant devant lui, elle ondulait des hanches semblait il, se déplaçait avec une souplesse qui n'était pas à envier à une chatte. Sa chevelure rousse à la texture étrange accompagnait ses mouvements, jusqu'au bar où elle l'invita à s'asseoir. Une fois en position, elle haussa son sourcil unique, l'autre étant caché par son épaisse chevelure.

-Que prendrez-vous ?

Et lentement, la magie opéra à nouveau, ses sens se calmèrent peu à peu, sentant enfin que le client n'avait d'yeux plus que pour elle, oubliant ce qui, au départ, semblait avoir causé un tel dysfonctionnement. Oh. Elle saurait bien se faire pardonner d'avoir été si franche, si froide, pour ne pas dire carrément glacial.

Jessica n'avait pas que sa plastique sans défauts et son allure charmeuse pour désarçonner Dagon, non. Maintenant la belle mêlait ses humeurs à son physique afin de finir de perdre le Dragon qui, sans avoir le temps de réaliser quoi que ce soit, se fit poliment mais fermement rembarré. Le temps de comprendre ce qui venait de se passer et d'accuser le choc et la montée, acide, d'une bile pleine de mauvaises pensées il préféra ne pas répondre directement, se bornant à pincer les lèvres et taire son courroux. On ne parlait pas ainsi à un Dragon, et la Toon avait beau ne pas le savoir et n'en être même pas consciente cela ne suffisait pas à l'excuser dans la fierté froissée de Dagon.

"-Vous ne pouvez pas vous en aller, vous n'avez pas le choix d'être ici je vous le rappelle. Par contre vous avez le choix de boire ou pas, sur ce point au moins je vous laisse seule juge."

Le ton glacial qui servit ses mots était là pour rappeler qu'en effet Jessica n'avait pas son mot à dire, marchandise tractée entre son possesseur, James, et Dagon, son client. Il avait voulu se montrer agréable, bienheureux de la surprise de rencontrer cette charmante rousse au lieu de l'insipide déesse Blonde tant honnie mais si Jessica voulais faire la forte tête il saurait démontrer que lui aussi savait se faire odieux.
Il la rejoins néanmoins au bar, la laissant passer du rôle de chanteuse à celle d’hôtesse tout en tachant d'étouffer les braises de la contrariété qu'elle avait sut faire naître. Après tout il se savait soupe au lait et savait aussi essayer de se modérer quant le moment en valait l'effort.
Hors pour l'instant Jessica valait, à ses yeux, un tel déploiement de volonté.

-Je prendrais... un verre de lait, si vous avez. Ou sinon n'importe quoi qui soit sans alcool.

Il guetta la réaction de la rousse, souvent on le regardait avec un air amusé quant il faisait part de ses préférences en terme de boisson, mais c'était ainsi les boissons alcoolisées le rendaient malade à crever, et il se souvenait qu'un de ses amis, au japon, avait souffert de fortes déconvenues en croisant des jarres de Sakés et un Dieu nommé Susano-o. Prudence était donc mère de sureté sur la question des alcools.

"-Hormis cela je crains qu'on ne soit parti sur de mauvaises bases. J'avoue qu'en effet je croyais rencontrer une de mes  insipide connaissance car on m'avait vanté la beauté d'une dame de compagnie. Mais au final je me suis trompé et me suis abusé moi-même car vous êtes trop belle pour être la pâle personne que je croyais, et surtout vous avez... du répondant et plus d’étoffe que celle que je cherchais. La surprise a donc eu du bon, pour mon cas."

Voilà de quoi mieux expliquer les raisons de ses mots maladroits un peu plus tôt. Il n'y avait pas de quoi s'offusquer du point de vue du Dragon sur une telle méprise, surtout que, sincèrement, il pensait ce qu'il disait sur Jessica et sa capacité à surclasser, dans les goûts du Dragon, la Déesse Aphrodite.

"-Mais en tout les cas je vous interdit de penser que je puisse être déçu de vous avoir rencontré. Je suis charmé de mon erreur et il serait agréable si je me trompais plus souvent de la sorte quant j'en arrive à croiser des créatures aussi fascinantes que vous."

Puis, à brûle-pourpoint...

"-Je dis "Créature" car vous n'êtes pas tout à fait Humaine n'est-ce-pas ? ...je sens... non je crois deviner que vous êtes... autre chose... vous êtes trop belle pour une mortelle, et trop attirante pour exister en fait. Je dois vous sembler impolis de parler aussi franchement mais c'est ainsi que je suis, et pour rester cru je serais aussi très curieux de vous entendre me dire comment il se peut que vous me sembliez si..."

Il se tut, longtemps, semblant chercher ses mots en vain. Il ne trouvait pas de terme pour la définir et commençait à douter qu'il en existât d'assez ajustés pour elle.
Puis, finalement, le déclic.

-"...Si peu à votre place dans ce monde. Vous dénotez avec ce qui vous entoure, vous n'êtes pas assez terne, trop brillante, trop remarquable pour vous fondre sur terre. Alors quoi ? Je suis fous ou j'ai raison ? Répondez-moi donc.

Est-ce que le visage d'une toon pouvait laisser percevoir des sentiments haineux, dégoûté, des mimiques propres à l'être humain ? Il faut croire que oui. Car lorsque la phrase de Dagon fut entendue, une moue de mépris s'était furtivement faite une place sur la commissure de ses lèvres. Mais elle avait disparue presque aussitôt, laissant à nouveau la docilité passive de la toon prendre le dessus.

[AWN je rep demain >< avant de partir en "vacance" sinon je vais te faire du caca]