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Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

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Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 15 vendredi 31 août 2012, 22:40:25

La conversation se poursuivait, Chipp lui avouant que l’avenir n’était pas quelque chose qui l’intéressait pour le moment. Alice pouvait le comprendre, vu les circonstances, mais elle trouvait ça assez triste. Ne pas s’intéresser au futur, c’était vivre au jour le jour, comme une espèce d’animal qui ne penserait qu’à assouvir ses instincts et ses besoins primaires. Si les Dieux avaient permis à l’humanité et aux autres espèces conscientes d’avoir, justement, une conscience, et la capacité d’avoir des raisonnements poussés, c’était précisément pour qu’ils fassent autre chose de leur vie que simplement vivre au jour le jour. Alice avait pitié de tous ces hédonistes et ces épicuriens dont la philosophie de vie se résumait à s’abâtardir progressivement en ne songeant pas aux conséquences. Chacun devrait contribuer à la société, car, pour elle, c’est ainsi que l’humanité se concevait : un ensemble de tout collectifs dans lesquels les moi individuels devaient s’insérer, pour parvenir à former un tout unique. Ceci étant dit, elle ne pouvait pas spécialement reprocher à Chipp d’être déboussolé et perdu. Il était dans un monde différent du sien, si tant est qu’on accepte de croire à son histoire. Qu’Alice lui fasse confiance ne signifiait nullement que la Princesse le croyait. Il ne représentait pas une menace, parce que ce n’était pas crédible, mais il pouvait toujours mentir à lui-même.

Il fallait le pousser à bout, essayer de trouver les incohérences. C’était le problème de Mala, mais Alice savait que peu de gens lui viendraient en aide. Chipp ne semblait pas dérangé, mais simplement perturbé. Et, comme il n’avait pas la nationalité sylvandine, Sylvandell ne pouvait pas l’aider. Si Alice s’intéressait à lui, c’était avant tout pour avoir autre chose à penser que la venue imminente de Cirillia, pour s’occuper l’esprit... Assez égoïste, dans un sens, mais on ne pouvait pas non plus lui reprocher le contraire. Alice avait le cœur sur la main, sa femme le lui disait fréquemment, mais elle ne pouvait pas s’occuper de toute la misère du monde. Sa place dans Terra était de s’occuper d’un royaume, un petit royaume, mais qui, pour elle, signifiait tout. C’était amplement suffisant.

Chipp lui posa bien des questions, et Alice tenta d’y répondre calmement, le laissant parler, avant de répondre :

« J’ignore à quoi ressemblent les dragons de Nargareth. Et il serait bien trop long de vous parler en détail de ceux de Terra. Pour résumer, il existe de nombreux dragons différents, que ce soit par leur âge, la couleur de leurs écailles, ou leurs tailles. Les historiens spécialistes de la question établissent qu’il y a plusieurs générations de dragons. Les dragons les plus anciens, qu’on surnomme, selon les sources, ‘‘dragons primaires’’, ‘‘dragons fondamentaux’’, ou ‘‘dragons ancestraux’’, sont considérés comme les pères des dragons, voire même comme les pères de Terra. Plusieurs historiens considèrent en effet que les dragons ont façonné le monde. Ces dragons primaires ont disparu. On ignore s’ils sont morts, ou s’ils sont tout simplement... Au repos, quelque part dans les profondeurs de Terra. A la place, il reste de nombreux dragons, qui sont généralement hostiles et dangereux. Un dragon, toutefois, n’est pas une simple créature. Ils ont une conscience très développée, sont fiers, dangereux, et mésestiment l’humanité. »

C’était très succinct, mais Alice ne pouvait pas non plus s’étaler pendant des heures. Elle lui expliqua brièvement que la couleur des écailles permettait de déterminer la force et le rang d’un dragon. Les dragons verts étaient les dragons les plus courants et les moins dangereux. Les dragons noirs étaient, inversement, considérés comme les créatures les plus dangereuses de Terra. Et il existait également les dragons dorés. Ceci amena Alice à parler de Sylvandell, et du culte que le royaume vouait à un dragon, le « Patriarche », ou « dragon d’Or ». Il était le plus vieux dragon de la région.

« Sylvandell a été fondée par Erwan Korvander, et ce dernier a pu fonder le royaume en créant un pacte entre lui et le dragon d’Or. En vertu de ce pacte, les Sylvandins peuvent chevaucher les dragons dorés qui l’acceptent, et utiliser les ressources de la chaîne. Sylvandell a été bâtie à proximité du Territoire des Dragons, et, à chaque fois qu’un Korvander naît, il doit renouer ce pacte ancestral. Le dragon d’Or ne reconnaît qu’un seul Korvander, et le fait en fonction de la qualité du sang royal des Korvander. C’est ce qui explique pourquoi Erwan a prescrit d’éviter d’avoir trop d’héritiers, afin de ne pas détériorer la qualité du sang des Korvander, et afin d’éviter des querelles successorales. Tywill Korvander est mon Père, et, il y a de cela de nombreux mois, le dragon d’Or m’a reconnu comme son héritier. Je serais appelée à devenir Reine de Sylvandell lorsque mon père ne sera plus en état d’assurer ses fonctions. »

Elle avoua cela avec le cœur lourd. La perspective de devenir un jour la Reine de Sylvandell la rendait folle d’anxiété. Comment succéder à quelqu’un comme Tywill, quand on était son exact opposé ? C’était une question à laquelle la petite Princesse n’avait pas la réponse, et, même si elle s’affirmait face à son père, il y avait encore bien du boulot à accomplir. Secouant la tête, elle préféra passer à autre chose, continuant à éclairer la lanterne de Chipp. Elle le mit juste avant en garde : s’il s’attaquait à l’un des dragons de Sylvandell, il risquait gros. Ces animaux étaient sacrés au sein du royaume.

« Un hélicoptère est un appareil qui vole dans le ciel. Son mécanisme est assez complexe, mais il utilise des hélices pour flotter dans les airs. Pour le reste... La disparité technologique entre Tekhos et le reste du monde a bien des explications. »

Là encore, ce serait un sujet assez long. Tekhos avait, de manière générale, préféré se tourner vers les sciences plutôt que vers la magie, et avait bénéficié de génies scientifiques, tout en évitant de sombrer dans une période d’obscurantisme religieux. Le rapport entre religion et recherche scientifique était intéressant, et avait, pendant des siècles, retardé le progrès scientifique, que ce soit sur Nexus, ou sur Ashnard. La religion fonctionnait en effet sur une approche dogmatique. Impossible d’avancer dans la religion ; on ne faisait qu’interpréter des règles indérogeables, car présumées divines. On ne pouvait pas critiquer le dogme, simplement l’admettre comme la vérité incontestable. Inversement, la démarche scientifique était une perpétuelle remise en cause des connaissances acquises, une critique permanente et constructive. Tekhos avait suivi cette voie, là où Nexus et l’Empire s’étaient fiés aux prêtres et aux croyants. A Tekhos, l’Ordre Immaculé avait été clairement restreint à certaines activités spirituelles, et bien moins influent que par ailleurs. Cet écart technologique considérable n’était pas particulièrement surprenant. A plus petite échelle, il existait aussi, sur Terre, des peuplades qui vivaient encore à l’âge de pierre, chassaient avec des lances, et ignoraient tout des apports technologiques du dernier siècle. Sur Terre toujours, il avait fallu seulement un ou deux siècles pour que la technologie explose, alors que, pendant des siècles et des siècles, les progrès scientifiques avaient été bien plus lents.

Alice expliqua tout cela à Chipp. C’était assez complexe à comprendre, mais fondé et logique. C’était la raison principalement avancée et reconnue pour justifier cet écart assez fort.

« Quant à la guerre... Elle dure maintenant depuis des années, et, bien que les deux camps s’en rejettent la responsabilité, elle a été démarrée par les Ashnardiens. »

Nexus s’était toujours vanté d’être un rempart contre l’agresseur ashnardien, cet envahisseur sauvage qui massacrait des civilisations entières, asservissait des populations, et avait des milliers d’esclaves pour entretenir une machine de guerre invincible et irrépressible. Là encore, les raisons de la guerre auraient mis des heures, et Alice alla donc à l’essentiel. L’Empire d’Ashnard était un Empire militaire, agressif, qui vivait dans des terres hostiles et peu fertiles. La mentalité des Ashnardiens était de tout conquérir, et, depuis des siècles, l’Empire grossissait ainsi, s’étendant, balayant les royaumes voisins, les annexant... Sylvandell avait suivi la marche. Le royaume était jadis adversaire de l’Empire, avant de l’avoir rejoint, et d’être l’un de ses plus actifs soutiens militaires, en raison de ses dragons, qui apportaient un avantage militaire décisif.

« Les méthodes de l’Empire sont peu honorables, mais, sr le long terme, on estime qu’elles sont bénéfiques pour les populations asservies. Bien des royaumes étrangers ont des coutumes et des pratiques que l’Empire a du combattre et condamner : l’excision, les sacrifices rituels, le cannibalisme, etc... L’Empire envahit bien des États, les détruit, mais les reconstruit ensuite, et les améliore. Contrairement à ce que soutient la propagande nexusienne, si on se contentait uniquement de tout raser, personne ne pourrait entretenir la machine de guerre ashnardienne. Terra est un monde hostile, dangereux, un monde de loups. On peut trouver les méthodes de l’Empire brutales et injustes, mais elles sont nécessaires... Et, de toute manière, les Nexusiens ne sont pas franchement mieux. »

La guerre n’avait pas éclaté du jour au lendemain. Les problèmes avaient commencé bien avant que l’Empire n’aille attaquer un royaume sous protectorat nexusien, déclenchant ainsi officiellement les hostilités. Elle avait commencé dans les négociations, elle avait commencé quand les soldats ashnardiens s’approchaient, que les Nexusiens soupçonnaient des espions ashnardiens, que les ambassades avaient été fermées, que la voie diplomatique avait échoué. Les réunions et négociations avaient toutes échoué. L’Empire voulait que Nexus accepte de former avec Ashanrd une organisation internationale pour unir leurs forces contre la menace tekhane. Officiellement, d moins, car les termes du traité offraient intelligemment à Ashnard un pouvoir important. Les juristes nexusiens avaient interprété ce « torchon » comme une « capitulation sans panache ». Il y avait eu des avenants, des modifications, mais le ton continuait à monter. On repérait des espions dans les deux camps, et les crieurs publics s’emportaient pour dénoncer les uns comme les autres. La guerre avait fini par éclater.

L’Empire avait lancé de grandes offensives, mais elles n’avaient jamais réussi à percer. Puissance économique, Nexus parvenait constamment à embaucher des troupes, à réparer ses surpuissants forts, et à repousser les hordes ashnardiennes. Nénamoins, la victoire de l’Empire semblait de plus en plus assurée, car on avait rouvert la diplomatie, afin d’inviter Nexus à se rendre. La révolution qi éclatait à Nexus affaiblissait énormément le régime, donnant lieu à des traîtres partout. Alice expliqua à Chipp que la reine actuelle était trop jeune pour diriger, et que ses conseillers étaient tous des escrocs, des traîtres, des bonimenteurs, et que la révolution nexusienne était un mensonge, une illusion financée par des opposants politiques. Nexus était rongée par la corruption et par l’affaiblissement du sentiment patriotique, qui amenait les nobles à se sentir de plus en plus individualistes. Difficile d’avoir foi envers une Reine qui préférait jouer à la poupée que d’écouter les doléances du peuple.

« Tout cela est très sommaire, nuança Alice. La situation de l’Empire n’est pas rose non plus, et je vous ai à peine parlé des Formiens. »

Il y avait tant à dire, tant qu’elle avait omis... L’Empereur fou, la guerre civile, les problèmes intérieurs... Il restait beaucoup à dire, mais, si Alic edevait le faire, elle y passerait des heures.

« Mais assez parlé de Terra... Parlez-moi de Nargareth, de vous, de votre place au sein de votre État, de ce dernier... Je suis sûre que vous pouvez me dire plus sur Nargareth que simplement mentionner le nombre de ses satellites naturels, n’est-ce pas ? »

Elle avait posé cette question avec un léger sourire. A Chipp, maintenant, de satisfaire sa curiosité !

Chipp Argan

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Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 16 mardi 04 septembre 2012, 02:10:52

Chipp avait écouté la Princesse. Sans l’interrompre, hochant la tête de temps à autre, acquiesçant lorsqu’elle lui annonçait des affirmations qui méritaient des réponses - comme cette avertissement concernant les dragons, sur le fait qu’il ne devait pas s’en prendre à eux. Il avait été attentif, et compréhensif, mais encore une fois, la masse d’informations était conséquente, et il regretta un peu d’avoir posé tant de questions d’un coup. Mais il avait parfaitement compris la totalité de ce qu’elle avait raconté, décidant d’éluder certains points qui ne l’intéressait pas outre mesure. Notamment cette histoire de technologie tekhane. Il ne se rendrait pas à Tekhos pendant son séjour, de toute façon. Il avait déjà du mal à s’imaginer sortir de Sylvandell vu la situation dans laquelle il était, alors voyager... C’était une idée presque utopique. Il était nettement plus intéressé par la réponse concernant la guerre. Étant lui-même un guerrier, un mercenaire, il était dans son élément alors qu’elle parlait des raisons ayant menées au conflit. D’autant plus qu’il connaissait le même genre de troubles. Les conséquences et les implications étaient loin d’être similaire entre la guerre dont parlait la Princesse et celle qui menaçait Nargareth, mais ça restait une guerre.

Il répondit à son sourire alors qu’elle posait à présent des questions sur lui. Il hésita une seconde avant de décider de jouer franc jeu avec la jeune femme. D’abord parce qu’il savait qu’en donnant plus d’informations et sur lui, et sur son monde, elle aurait tendance à le croire. Et aussi parce qu’elle semblait avoir confiance en lui, alors il le lui devait. Et... Peut-être aussi parce qu’il savait qu’il ne connaissait strictement personne à Terra, et qu’il partirait un jour ou l’autre. Ce qu’il disait ne pourrait être utilisé contre lui de quelque façon que ce soit. Il agrandit son sourire, avant de refermer le livre ouvert devant lui en commençant à parler.

« Et bien, commençons par moi. Il y a beaucoup de choses à dire, parce que j’ai une histoire compliquée dont je n’ai pas encore saisi tous les tenants et aboutissants, mais je pense pouvoir assouvir votre curiosité. »

Néanmoins, il ne savait pas trop par où commencer. Il inclina la tête légèrement, avant de hausser les épaules. Autant commencer par ce qu’il était. Mais il ne parlerait pas des démons, des tortures et de son amnésie de jeunesse. Ni de sa malédiction. C’était autant de faiblesses qui pourraient se révéler utile pour lui nuire, d’autant plus qu’il était plutôt sensible à ces sujets.

« Autant vous le dire tout de suite, je ne suis pas entièrement humain. Ma mère était un Ange. Elle est morte quand j’étais tout jeune, et je me suis retrouvé seul. Mon père était parti peu avant la mort de ma mère. J’ai quitté le domicile familial après sa mort, et j’ai été recueilli par un cirque. Ils m’ont élevé comme l’un des leurs. J’ai appris leurs arts. La danse, par exemple. Le lancer de couteau, le jonglage... Mais surtout la danse. J’en ai tiré mon propre style de combat à l’épée, d’ailleurs. »

Il était fier de cet héritage. Et cet apprentissage faisait de lui un guerrier hors du commun. Il n’y avait que peu de personnes dans son monde capable de rivaliser avec lui à l’épée. La magie, par contre, c’était autre chose. Il ne l’aimait pas trop. Il estimait lâche de se battre à distance avec des sorts.

« Une fois que j’ai eu l’âge requis pour voler de mes propres ailes, j’ai quitté le cirque, et j’ai commencé à voyager à travers le monde. Je voulais retrouver mon père, et trouver les assassins de ma mère. J’ai erré pendant longtemps. Je n’ai rien trouvé. Quant à mon père... Je l’ai même cru mort, et finalement, c’est lui qui m’a retrouvé. Il me cherchait également, en réalité. Quand il était revenu à la maison, qu’il avait appris la mort de ma mère et ma disparition, il avait mené ses recherches. Quand il m’a retrouvé, ça a été l’occasion pour moi d’apprendre la vraie nature de ma mère - je n’avais pas su, enfant, qu’elle n’était pas humaine. Et il a répondu à beaucoup de questions concernant ce passé. Je n’avais pas beaucoup de souvenirs de cette époque, et j’imagine que la mort de ma mère m’a causé un choc qui m’a fait délibérément refouler certains souvenirs. Il a répondu à mes questions, me disait que depuis toutes ces années, il avait enquêté également sur les gens qui avaient tué ma mère, sans rien trouver. Nous nous sommes mis d’accord pour nous séparer et continuer de chercher. Mais j’avais eu certaines réponses, et j’en avais assez d’errer. Je suis devenu mercenaire, louant mes services aux plus offrants... »

Il n’avait pas vraiment menti. Excepté sur la mort de sa mère - tuée par les démons. Et sur sa fuite. Il avait d’abord été capturé par lesdits démons, torturé, et maudit. Ensuite, les démons l’avait délibérément relâché pour qu’il accomplisse la prophétie démoniaque qu’ils attendaient depuis des siècles. Mais Alice n’avait pas à le savoir, pas encore.

« Jusqu’à une journée spéciale. Je venais de finir un contrat, je me reposais dans une taverne d’un petit village, et j’ai entendu l’appel d’un crieur. La Reine en avait envoyé dans tous les hameaux, villes, villages du continent, pour recruter des guerriers pour une mission de la plus haute importance. Travailler pour la Reine... Ca m’a paru une bonne idée. Le paiement serait conséquent. J’y allé, j’ai effectué la mission - en compagnie d’une dizaine d’hommes de tout horizon qui avaient répondu à l’appel eux aussi. Et en rentrant... Je me suis mis au service exclusif de cette femme. Depuis, je la sers, du mieux que je peux. »

Parfaite transition pour parler de l’histoire de Nargareth. Une histoire longue et compliquée. Mais peut-être pourrait-il rassurer Alice quant à sa capacité à être une bonne reine et à pouvoir succéder à son père. Elle lui avait semblé un peu hésitante en en parlant.

« Concernant Nargareth... Il y a une chose importante à savoir, d’abord. À l’origine, la terre était séparée en plusieurs petits continents. Chacun d’entre eux était le berceau d’une espèce différente. Nains, Elfes, Humains, Elfes Noirs, Lycanthropes, Vampires, Orcs. Il n’y avait aucun contact entre ces races. Ils restaient dans leurs territoires. Jusqu’à ce que, il y a plus d’un millénaire, un cataclysme secoue la planète. Un cataclysme d’origine inconnue - probablement magique. En l’espace d’une nuit, une seule et unique nuit, les sept continents se sont rapprochés, et ont fusionné pour ne former qu’une seule et grande terre. Inutile de vous dire que la planète a perdu des milliers d’âmes, cette nuit-là. La rapidité des mouvements a été telle que de terribles tremblements de terre, de tempêtes, ne balaient la totalité ou presque des habitants de Nargareth. Et depuis ce jour, nous vivons, toutes les races, sur le même grand continent. Pendant de longs siècles, les peuples ont essayé de perdurer, en survivant tant bien que mal. Les Elfes se sont cachés dans les plus grandes forêts, les Nains sont allés se terrer dans les montagnes, et ainsi de suite. »

Il ne lui donnait qu’une version édulcorée des choses. Après le cataclysme, l’établissement de toutes ces races avaient été lent. Le monde venait d’être amputer d’une grande partie de ses habitants, il fallait apprendre à vivre sur une unique terre... Et ça avait forcément mené à la suite.

« Ce qui a amené la guerre, évidemment. Autant de races antinomiques sur la même terre ? Le conflit a vite éclaté. Un siècle de guerre. Un siècle où le destin des peuples n’a été que le combat. Les races se sont battues, entretuées. Sans relâche. Et sans jamais que l’une d’entre elles ne cède. Ca a été une période réellement sombre pour Nargareth. Les rancunes entre les peuples avaient atteint leur paroxysme. »

La suite était l’exploit. L’arrivée d’une personne précise. Héroïque, presque, qui avait su faire parler la diplomatie.

« Si rien n’avait été fait, nous nous serions exterminé, et je n’aurai jamais vu le jour. Mais, un beau jour, il y a une cinquantaine d’année, un jeune roi a prit le pouvoir dans le royaume humain. Il n’avait pas beaucoup de personnalité, peu de caractère. Mais il avait prit pour épouse une jeune noble ambitieuse et pleine de qualités. La Reine Claire. Elle était devenue la vraie souveraine de notre royaume. Son mari lui a laissé toute latitude. Et elle a mit fin à la guerre. Envoyant des ambassadeurs et des diplomates dans tous les royaumes pour parler aux souverains, en les accompagnant elle-même, elle a mit un terme à la guerre par la seule force de sa persuasion et de sa personnalité. Elle a uni les peuples sous une seule bannière, et ils l’ont même élu Reine du continent. Les races ont commencé à se mélanger entre elles, à vivre ensemble. Depuis... Une paix durable règne. Voilà pourquoi j’ai fini par me mettre au service de cette Reine, qui est encore au pouvoir aujourd’hui, et maintient la paix à chaque instant. Parce qu’elle a réussi où tout le monde avait échoué. Parce que c’est une femme que chacun respecte. Et moi également... »

Malheureusement, toutes les belles histoires ont une fin, et celle-ci n’échappait pas à la règle. Le visage de Chipp s’assombrit, alors qu’il était plus ouvert, plus souriant auparavant. Là encore, il ne lui avait livré qu’un résumé des événements. Tout raconter dans les détails auraient été bien trop longs.

« Malheureusement... Il y a environ trois ans, les géographes de notre monde ont découvert une chose étonnante : une autre plaque de terre, de l’autre côté de la planète. Un autre continent, de la même taille que le nôtre, que personne n’avait vu auparavant. Qui semblait ne pas exister. Mais il était là. La Reine y a envoyé de petites expéditions. C’était la mission dont je vous parlais, à laquelle j’ai participé. Nous avons posé le pied sur ces terres. Elles semblaient inhabitées, et le climat était différent du nôtre. Des jungles humides, tropicales. C’est tout ce que nous avons vu. Nous sommes vite repartis. Nous devions seulement établir un contact avec les éventuels autochtones, mais nous n’avons croisé personne, alors nous sommes repartis. Il n’était pas prudent de s’enfoncer dans les terres. Mais, en revenant à la Capitale, nous avons apprit que les autres expéditions - qui avaient été envoyés sur d’autres côtes pour couvrir plus de terrain. - n’étaient jamais revenus. Les hommes et les navires avaient disparus. Morts et détruits, probablement. Ce qui indiquait probablement la présence de peuplades vindicatives. »

Il avait été atterré en apprenant la nouvelle. Les chances qu’ils aient été la seule expédition survivante étaient faibles, et ils avaient même été accusés d’avoir trahi la mission, et la couronne. Mais ça n’avait pas duré.

« Quelques jours plus tard... La Reine a subi une tentative d’assassinat. Et elle aurait été réussi, sans la présence de sa doublure, qui est morte à sa place. La nouvelle a secoué le continent tout entier. Qui avait bien pu en vouloir assez à Claire pour commanditer son assassinat ? Elle était aimée de tous, y compris des représentants des autres races qu’humaine ! C’est là que la situation a dégénéré. Les Nains ont accusé les Elfes, les Vampires ont accusé les Lycanthropes. Les vieilles tensions, les vieilles rancoeurs sont réapparues... Et c’est pourquoi la guerre menace de nouveau. Néanmoins, après enquête, il s’est avéré que le tueur venait du continent mystérieux. Mais ça n’a pas suffit à apaiser les doutes. Une nouvelle expédition devait se conduire là-bas, je devais en faire parti... Mais j’ai été envoyé ici, sur Terra, alors... Je ne la verrais probablement pas. »

Il soupira. Avant de baisser la tête. Il n’avait parlé ni des Anges, ni des Démons, parce qu’ils n’avaient pas leur place dans l’équation. Ils étaient liés à Nargareth mais venaient d’un autre plan. Les Anges et les Démons se menaient une guerre millénaire qui ne regardaient qu’eux. Ca, Chipp l’avait apprit par son père. Ce dernier avait aimé une représentante de la race angélique, et il avait été dans leur plan dans sa jeunesse, mais peu de personnes était au courant de l’existence de ces races. Elles tenaient du mythe pour la plupart des habitants de Nargareth. Mais Chipp, comme le peu d’autres personnes au courant, savaient que si les Démons vainquaient les Anges, ils prendraient le contrôle de la planète et des mortels, et ce serait le chaos. Mais c’était une autre histoire, une autre réalité. Chipp y était plongé jusqu’au cou, mais il n’avait pas à en parler. Ce serait également trop long...

« Voilà. Vous avez la réponse à la plupart de vos questions, j’imagine. Je me suis efforcé d’être clair et concis... Si des points vous semblent obscurs, n’hésitez pas à demander des précisions, j’essaierai de faire au mieux pour que vous compreniez tout. »

Il lui offrit un nouveau sourire, son regard rougeoyant planté dans celui d’Alice. Il avait sûrement oublié certaines choses ou était passé rapidement sur certains détails, mais en résumant l’histoire d’une planète, ce n’était pas très étonnant. Il espérait qu’Alice verrait la vérité dans ses propos. Peut-être aurait-elle tendance à croire à son histoire, au final. Pas seulement parce qu’il ne voulait pas d’ennuis. Mais parce qu’elle était authentique...

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 17 mardi 04 septembre 2012, 15:43:57

Il parla, et, silencieusement, elle l’écouta. Il commença par parler de lui, se décrivant comme le fils d’une ange, et ayant grandi dans un cirque. Elle n’en fut qu’à moitié surprise. En soi, il était plus fréquent qu’on ne le pensait que des anges décident de s’accoupler avec des mortels, et de fonder des familles. Sur Terra, les Cieux déconseillaient toutefois fortement ce genre de croisement, car on ignorait quelles pouvaient en être les résultats sur la descendance. D’après ce qu’elle savait, les Archanges recommandaient aux Anges voulant se lier avec des mortels de devenir eux-mêmes des mortels. On leur coupait les ailes, tout simplement, et l’ange devenait un simple humain. Cependant, les choses étaient peut-être différentes sur Nargareth. Alice n’osa pas lui demander de quoi sa mère était morte ; elle savait que c’était douloureux d’en parler. Oui, elle le savait même plutôt bien, vu qu’elle n’avait jamais connu la sienne. Comment quelque chose qu’on n’avait jamais connue pouvait vous manquer ? C’était pourtant le cas pour la Princesse, qui, de sa mère, ne pouvait se fier qu’aux témoignages qu’on en disait. Tywill, son père, n’en parlait quasiment jamais, car il avait probablement honte de ce qu’il avait fait. Même Alice ne connaissait pas tous les détails de cette histoire sordide.

Chipp avait choisi de quitter le cirque pour rejoindre les services de la Reine, et accomplir des missions pour elle. Notamment une... Mais il laissa son récit en suspens, en profitant pour décrire Nargareth. Était-ce un délire issu de son imagination, ou la vérité ? Il était difficile de le dire. Son histoire semblait cohérente, mais le délire d’un fou semblait toujours cohérent. Il ne fallait pas se laisser abuser, Alice le savait, mais, pour autant, son histoire était intéressante. Semblait-elle crédible ? Pas vraiment. Il y avait ce curieux phénomène qui avait permis de rapprocher les continents entre eux... Alice n’était pas géologue, mais, de ce qu’elle savait de la planète et du mouvement des plaques tectoniques, ce processus s’étalait sur des millions d’années. Soit on avait menti à Chipp, soit il était dans l’erreur, soit il s’était passé quelque chose d’inexplicable, un phénomène magique majeur qui aurait pu, à lui seul, expliquer ceci. Alice allait devoir faire des recherches, afin de déterminer si une telle chose était possible. Des mages avaient sûrement du en parler à l’académie impériale d’Ashnard... Mais ceci nécessitait de voyager jusqu’à la capitale. Quoi qu’elle fasse, la Princesse revenait toujours au même point : un voyage vers la capitale, voyage qui ne l’enchantait guère. Non suelement la capitale était éloignée, mais les Ashnardiens, soit la prenaient pour un monstre, soit voulaient à tout prix la courtiser. Qu’elle soit mariée ne changeait pas grand-chose, car, beaucoup de nobles, Sakura ne signifiait rien. C’était en soi exact, car elle était une ancienne esclave. Beaucoup de nobles voyaient ce mariage comme une excentricité sylvandine, et envisageaient de séduire Alice pour qu’elle divorce. Elle avait donc beaucoup de raisons de ne pas vouloir d’un voyage long et éprouvant, mais quelque chose lui disait que cette éventualité devenait de plus en plus probable.

Nargareth comprenait plusieurs ethnies, qui étaient rentrés en guerre. Soit... Des guerres raciales, Terra en avait aussi connu, selon les historiens, notamment entre les elfes et les nains, les « anciennes races ». Ces conflits étaient toutefois latents, maintenant. L’humanité s’était imposée, et, si les nains et les elfes éprouvaient encore des rivalités, il n’y avait plus de guerres raciales... Du moins, entre eux, car le racisme était invincible. Il s’instaurait maintenant plutôt entre humains et non-humains, de plus en plus d’humains percevant les non-humains comme de la racaille. Ce n’était pas vraiment le cas dans l’Empire, car l’Empire, d’ascendance démoniaque, était cosmopolite. Mais il existait des royaumes où c’était le cas, et où l’Empire tirait profit de cette situation en finançant, en entraînant, et en armant des mouvements terroristes non-humains, afin d’affaiblir les royaumes, puis arrêter ensuite plus facilement les terroristes, une fois le royaume vaincu. Cette stratégie faisait partie des stratégies modernes de la guerre que les Ashnardiens employaient. La guerre avait été stoppée à Nargareth par les efforts diplomatiques d’une seule femme, ce qui, là encore, surprit un peu Alice. Elle connaissait suffisamment les relations internationales pour savoir que la diplomatie n’était qu’un écran de fumée. Concrètement, des États ne songeaient à la diplomatie que quand l’option militaire impliquait des pertes trop élevées. Et, en tant qu’Ashnardienne, elle voyait surtout en la diplomatie une forme latente et passive de manipulation. Mais soit...

*Ne sois pas si sceptique, Alice. S’il y avait eu une guerre d’un siècle sans interruption à l’échelle planétaire, il est probable que les dirigeants soient beaucoup plus tournés vers la diplomatie que vers la continuation de la guerre...*

Ce n’était en tout cas pas le cas entre Nexus et Ashnard, qui étaient déjà en guerre quand Alice avait ouvert les yeux. Et cette guerre, par son ampleur, était planétaire. Deux des trois puissances majeures se faisaient la guerre d’arrache-pied, et l’option diplomatique semblait inconcevable. Chipp en profita pour revenir à sa mission, expliquant qu’il y avait un autre continent à Nargareth, un continent sauvage, et qui, visiblement, posait problème. Quelqu’un cherchait à assassiner la Reine, et réveillait les vieilles velléités, menaçant ainsi qu’une guerre n’éclate.

Avec toutes ces explications, Alice comprenait un peu mieux le problème de Chipp, mais ne savait toujours pas s’il fallait le croire ou non. Cette histoire ressemblait à un roman pour enfants, avec des péripéties, des intrigues, une belle reine à sauver, et des complots... Peut-être que Chipp l’avait lu dans un livre, et que son esprit fracturé s’était reconstruit autour de cette histoire. Ou peut-être qu’il disait vraiment la vérité. Dans l’indécision, autant lui accorder le bénéfice du doute.

« D’accord..., dit-elle après un bref moment, lui permettant de remettre de l’ordre dans son esprit. Je crois que, peu importe la manière dont on retourne cette histoire, une visite à la capitale est nécessaire. »

Que ce soit pour corroborer ou infirmer son histoire, Alice ne pouvait le faire d’ici.

« Malheureusement, une tempête vient d’éclater, et, quand c’est le cas, les ponts permettant de quitter Sylvandell sont fermés, pour éviter qu’ils ne se brisent. »

En conclusion, Chipp était coincé là.

« Vous pouvez continuer à vous instruire, si vous le souhaitez. Autrement, vous pouvez toujours visiter le royaume... »

Elle s’arrêta là, ayant l’impression de ressembler à une agence de voyage, et soupira lentement, puis reprit :

« Et, si vous voulez revoir Mala, n’hésitez pas à me le demander... Bien que vous ne soyez pas l’un de mes sujets, j’essaierai de vous aider. »

Chipp Argan

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Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 18 jeudi 13 septembre 2012, 18:14:06

Elle acquiesça après un moment de réflexion silencieuse, et le jeune homme inclina un peu la tête. Si elle l’avait cru inconditionnellement, il aurait été surpris. Sa réaction cadrait à peu près avec ce qu’avait attendu le jeune homme. Ç’aurait été un miracle qu’il en soit autrement. En tous les cas, il sourit lorsqu’elle parla du voyage à la Capitale. Effectivement, il n’imaginait pas pouvoir trouver des réponses à Sylvandell. Non qu’il n’avait pas conscience en la pertinence de leurs érudits ou de leurs mages, mais le problème qu’il avait amené avec lui ne pouvait se régler aussi facilement que ce à quoi ils devaient avoir l’habitude. Il hocha la tête pour appuyer les dires d’Alice. Et si la tempête le coinçait à Sylvandell un moment... Ca l’embêtait de devoir attendre, mais il n’avait pas le choix. En cela, autant qu’il utilise son temps efficacement. Elle lui suggéra plusieurs solutions, s’instruire encore, visiter le royaume, ou revoir la jeune femme qui était avec la princesse à son réveil. Il étudia les propositions, avant de refermer le livre qui était posé devant lui.

« Assez d’instruction. Après tout, je suis un homme d’actions qu’un homme d’éruditions, et vous avez répondu à mes questions les plus prioritaires. »

Il sourit, avant de remarquer l’air peu enjoué de la princesse. Soupirant, affichant une moue contrite, il s’inclina légèrement, parlant d’une voix douce et légère.

« Je suis vraiment navré des problèmes que je vous apporte. Et de vous imposer ma présence de la sorte. J’imagine que vous avez maintes choses à faire plus intéressantes que de faire la conversation à un homme étrange venu d’on ne sait où... »

Son visage s’éclaira d’un petit sourire d’excuses gêné. Il repoussa la chaise, continuant de fixer Alice.

« Pour réparer ça, je peux vous proposer mon aide. Si vous avez une tâche quelconque à me confier, n’hésitez pas. Même si je ne suis pas un de vos sujets, vous m’avez été d’une aide certaine, et si je peux me rendre utile en quoique ce soit... »

Il croisa les bras sur sa poitrine. L’esprit en ébullition, toujours. Qu’allait-il faire, dans l’immédiat ?...

S’il devait entreprendre un voyage long vers la Capitale, il lui faudrait se préparer. Si Alice avait raison, les terres de Terra étaient dangereuses, et même s’il était accompagné, la route risquait de s’avérer compliquée et pleine de dangers. Et il se sentait un peu faible depuis son réveil. La malédiction ne s’était pas manifestée, signe qu’elle semblait peut-être vivre ce changement de monde comme un événement imprévu pour la prophétie. L’entité qui habitait le jeune homme ne devait pas encore savoir comment réagir à la situation, mais il était évident qu’au moment où elle se manifesterait à nouveau, ce serait douloureux. En attendant, il fallait que Chipp soit prêt à parer aux éventuels problèmes qui se poseraient à lui pendant le voyage vers la capitale. Ainsi, il reporta son attention sur Alice.

« J’irai voir Mala plus tard, je pense. Peut-être aura-t-elle certaines réponses. Et si ce n’est pas le cas, peut-être pourra-t-elle pronostiquer que je dis la vérité, et que mon histoire n’est pas sorti d’un recoin de mon imaginaire. »

Il inclina la tête.

« En attendant, j’aimerai vous demander : auriez-vous, ici à Sylvandell, un terrain d’entraînement aux armes, ou quoique ce soit s’en approchant ? Depuis mon réveil, je suis un peu vaseux, un peu engourdi. Un peu d’exercices me ferait du bien, je pense. Si c’est possible. »

Tout en parlant, il avait empilé les livres qu’il avait emprunté, les soulevant avant de se diriger dans les rayons autour de la table pour les ranger précisément aux endroits où il les avait pris. Il espérait n’avoir pas trop importuné la princesse, et qu’elle pourrait répondre à sa requête. Et puis, elle était plutôt mignonne, et quelques minutes de plus en compagnie d’une jolie femme n’étaient jamais perdues...

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 19 samedi 15 septembre 2012, 01:29:51

La conversation touchait à son terme. Alice ne pouvait rien faire d’autre pour ce brave Chipp. Ce n’était plus en son pouvoir de l’aider. Elle pouvait lui offrir une carte pour aller jusqu’à la Capitale, mais elle se voyait mal l’accompagner jusqu’au cœur d’Ashnard. Il devrait accomplir ce périple seul. La Princesse ne pouvait pas le soutenir jusque-là. Alice se redressa lentement, alors que Chipp lui demandait s’il pouvait être utile à quelque chose ici. Elle ne répondit pas, car la réponse était logique, et coulait d’elle-même. Elle ne pouvait être que négative, en tout cas pour ce qui concerne les activités au château. On ne laisserait jamais un inconnu dans l’enceinte du Château. Même ici, dans la bibliothèque, il ne se passait pas dix secondes sans qu’un garde ne s’approche. Ce n’était pas tant Chipp qui était étroitement surveillé que la Princesse héritière. Sa constitution physique en faisait, selon les critères sylvandins, une femme fragile, une créature qu’il fallait protéger. Elle était le point fort et le point faible de Sylvandell. Sa mise en danger aurait de graves conséquences sur l’intégrité du royaume, sur sa survie et son existence. Et le Roi savait qu’Alice était par nature intrépide et aventureuse, un trait de caractère (l’un des rares) qu’elle avait malheureusement hérité de lui.

Chipp s’excusait pour gêner la Princesse, mais elle se contenta de hausser les épaules, balayant avec un léger sourire les inquiétudes du brave homme. Elle haussa simplement les épaules. Chipp ne s’en rendait pas compte, mais ses problèmes, originaux, rendaient aussi service à la Princesse. Le brave poursuivit sur sa lancée en lui demandant s’il y avait un endroit où il pouvait s’entraîner. Alice haussa les épaules et se racla lentement la gorge.

« Oui... Oui, il y en a, bien sûr... » lança-t-elle, reprenant ses esprits.

Allons savoir pourquoi, la Princesse était partie dans ses pensées. Elle revint au moment présent, essayant de ne pas montrer sa nervosité à l’approche de Cirillia, et parla un peu, commençant à exposer à Chipp des choses évidentes.

« Sylvandell est un royaume guerrier. Il y a quantité d’arènes dans la ville haute. Beaucoup sont ouvertes au public, et sont constamment l’occasion de défis et de compétitions improvisées. Alors, vous devriez facilement trouver de quoi vous entraîner, mais... J’imagine qu’il vous faudra votre épée, non ? Je vais mander à un garde de vous l’apporter. »

C’était bel et bien une marque de confiance, mais, à dire vrai, Alice ne risquait pas grand-chose... Partant de là, un individu cynique aurait tôt fait de dire que la confiance que la Princesse lui vouait était assez atténuée. Cependant, on n’était pas dans une comédie de basse-cour ici. Alice ne pouvait pas se permettre de faire confiance simplement au faciès ou aux histoires que les gens racontaient ; elle n’aurait pas fait une bonne dirigeante, dans ce cas. Elle poursuivit donc, réfléchissant à ses propos :

« Je veux bien vous fournir une carte de l’Empire, mais vous comprendrez que je ne peux pas faire grand-chose de plus. Il vous est loisible de partir à pied vers la capitale, mais vous devez savoir que nous en sommes très éloignés. Le mieux serait donc de vous procurer un cheval. Nous avons quelques écuries dans les plaines qui peuvent en vendre, mais il n’y a pas de chevaux sauvages dans le royaume. De plus, vous devez savoir que, statistiquement, un individu qui s’aventure seul, sans aucune protection, finit très rapidement par être esclave. »

Dans un monde féodal, l’individu en tant que tel n’avait qu’une importance virtuelle ; le plus important était le groupe, la corporation. Il fallait faire partie d’un cercle, d’un groupement, d’une corporation quelconque, afin de bénéficier de la protection de ce groupement. Chipp pouvait prétendre à la protection sylvandine, efficace dans l’Empire, mais il lui fallait pour cela être naturalisé Sylvandin. Alice ne lui avait expliqué qu’une partie des choses quand elle lui avait exposé la possibilité d’être naturalisé citoyen ashnardien. Elle avait volontairement simplifié, mais, même au bout du délai d’un mois, Chipp ne serait pas un citoyen, plutôt... Plutôt un simple réfugié. Pour devenir citoyen, il fallait encore remplir d’autres conditions L’obtention de la nationalité fonctionnait, sur le principe, comme dans n’importe quel État, à travers. Soit on pouvait l’attribuer, et il fallait alors dissocier entre le « jus sanguinis » et le « jus solis », soit l’acquérir, à travers plusieurs scénarios possibles : la naissance dans l’État, le mariage, ou la naturalisation. C’était par le mariage que Sakura avait acquis la nationalité sylvandine, et, partant de là, le droit de bénéficier aussi de la nationalité ashnardienne.

Tout ceci n’était pas bien compliqué, mais ça aurait fait beaucoup à avaler, aussi Alice avait-elle été à l’essentiel, en limitant ses explications juridiques au droit des apatrides et des réfugiés politiques. Elle poursuivit donc.

« Il y a deux formes de protection reconnues au sein de l’Empire : la protection publique, qui découle des collectivités publiques, comme Sylvandell, et la protection privée. La protection privée offre l’avantage d’être extraterritorial, car il s’agit de toutes les guildes et corporations, qui ont généralement des influences internationales. Cependant, elle est moins forte qu’une protection publique, mais, en ce qui vous concerne, le mieux serait que vous rejoigniez une guilde ou une corporation. Si vous êtes un si bon combattant, je pourrais vous donner l’adresse de quelques guildes qui ont des bureaux dans la partie basse de la ville. »

Alice le lui recommandait chaudement. Il fallait s’appeler Cirillia pour arpenter seule Terra. Et, encore, elle n’était pas totalement seule, puisqu’elle bénéficiait de l’aide de son frère. Chipp, lui, ne connaissait personne, et, à moins d’avoir un pouvoir secret colossal, son aventure sur Terra risquait de fortement s’écourter, s’il ne se trouvait pas une protection. Alice hocha lentement la tête, et se redressa.

« Vous aurez le temps d’y réfléchir. Je vais vous montrer les arènes de combat. »

Comme Chipp n’avait pas encore son arme, Alice choisit d’aller vers une arène de pugilistes. Des combats à mains nues. Elle sortit de la bibliothèque, et n’eut aucune difficulté à trouver la zone de combat. C’était une estrade en bois où un homme présentait un champion, un chauve musclé et baraqué.

« 500 pièces d’or, jeunes gens, à celui qui viendra à bout d’Hyptose le Terrible ! Les frais d’inscription ne sont que de dix pièces d’argent ! Avouez que c’est une affaire ! »

Alice eut un léger sourire en tournant sa tête vers Chipp :

« Je peux vous avancer la somme, si vous voulez... Du moins, sauf si vous désirez attendre qu’on vous ramène votre arme... »

Chipp Argan

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Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 20 samedi 15 septembre 2012, 04:17:18

Au moins, il avait réussi à la convaincre de lui faire assez confiance pour lui rendre son épée. De toute façon, même s’il avait de mauvaises intentions au sujet de la princesse, il n’était pas encore assez fou pour attenter à sa vie en plein milieu de son royaume, et en plein milieu de sa ville. Cela signerait son arrêt de mort, et il tenait encore beaucoup à sa vie. Il savait qu’elle serait irrémédiablement courte, et il ne comptait pas vraiment l’écourter un peu plus encore.
Il écouta ce que la Princesse avait à lui dire. Bien sûr, il n’avait jamais pensé qu’elle l’accompagnerait à la Capitale, ni quoique ce soit de ce genre. Il pensait déjà avoir usé assez du temps de la jeune femme. Et puis, ses idées n’étaient pas dépourvues de sens. Un cheval, par exemple, serait un excellent investissement. L’ennui étant qu’il n’avait aucune richesse. Par contre, la suggestion d’Alice concernant le fait de rejoindre une guilde pour bénéficier d’une protection ne le séduisait pas vraiment. Il comprenait que les dangers devaient être très nombreux dans le monde de Terra, mais c’était toujours le cas. Et il avait été un voyageur solitaire pendant de longues années. Il savait se débrouiller pour survivre en pleine nature, il était un guerrier accompli, et il avait toujours vécu plus ou moins seul. Il sourit cependant, ne révélant pas ses plans à la princesse. Il la suivit néanmoins alors qu’elle le guidait hors de la bibliothèque. Ils se retrouvèrent à l’extérieur, et le jeune guerrier songea à ce que la demoiselle lui avait dit. Si ces défis ou ses compétitions dont elle avait parlé étaient sérieux, il pourrait peut-être gagner assez d’argents pour acheter une monture et quelques provisions pour la route. Il chasserait la majeure partie du temps, mais il aimait partir avec un minimum de vivre au cas où il s’aventurerait dans des terres trop peu fertiles pour satisfaire à ses besoins vitaux.

Visiblement, la princesse avait choisi une arène pour les pugilistes. Étant donné que son épée n’avait pas encore été rapportée, c’était un choix judicieux. Chipp se débrouillait à merveille à mains nues, même si ce n’était pas sa discipline de prédilection. Après tout, il était un épéiste avant tout. Et en contemplant les alentours, il sentit son amour pour le combat le reprendre. Peut-être trouverait-il dans ce monde des adversaires à sa mesure... En attendant de pouvoir rentrer. Il ne connaissait que peu de gens, sur le continent d’où il venait, capable de rivaliser avec lui à l’épée. Cinq ou six personnes devaient être au même niveau que lui, et il connaissait les quatre guerriers qui surpassaient son niveau. Et trois d’entre eux voulaient le tuer. Une vie amplement joyeuse, en d’autres termes, d’autant plus que l’une de ces trois personnes étaient son père.

Il fut interrompu dans ses pensées par une voix qui s’éleva alors qu’ils s’approchaient d’une estrade en bois.

« 500 pièces d’or, jeunes gens, à celui qui viendra à bout d’Hyptose le Terrible ! Les frais d’inscription ne sont que de dix pièces d’argent ! Avouez que c’est une affaire ! »

Les yeux du jeune homme s’illuminèrent. 500 pièces d’or. C’était bien plus qu’il n’en fallait pour acheter une monture et des vivres. Avec cette somme, il pourrait partir serein. Malheureusement, il déchanta vite. Il n’avait pas de pièces d’argent pour l’inscription.
Alice vola à son secours, annonçant qu’elle pouvait lui avancer l’argent s’il le voulait. Il lui dédia un grand sourire avenant, la remerciant de toute la force de son regard rouge.

« Cela ferait de moi votre débiteur... Mais j’accepte. Et je vous garantis que je vous rembourserai quand j’aurai gagné. »

Il sourit à nouveau, avant de lever la main et de s’avancer vers l’estrade pendant que la jeune femme réglait l’inscription...

Et sa maladresse frappa pour la première fois depuis son arrivée à Terra. Au moment de poser le pied sur l’estrade, le bout de sa chaussure glissa sur le bord de la marche. Ainsi, il bascula en avant, et trébucha, son menton venant s’écraser contre le bois. Un craquement résonna, avant qu’il ne grogne de douleur en essayant de se redresser, laissant une trace d’hémoglobine à l’entrée où sa tête avait tapé. Des éclats de rire retentirent dans les spectateurs venus assister à la compétition, et l'annonceur du combat lança un commentaire désobligeant tandis que Chipp remontait, cette fois sans encombre, pour faire face à son adversaire.

Ce dernier affichait un visage confiant, sûr de lui après avoir contempler la maladresse du combattant qui souhaitait se mesurer à lui.

Le jeune guerrier amnésique croisa les bras sur sa poitrine, avant de poser ses mains sur son haut pour le retirer prestement, se mettant ainsi dans la même disposition que Hyptose, qui était torse nu.
Et lorsque l’étoffe quitta le torse de Chipp, les éclats de rire s’étouffèrent dans la gorge de ceux qui regardaient la scène. Ils purent tous contempler les innombrables cicatrices lardant le haut du corps du challenger. Il ne faisait aucun doute que les tortures qu’avait subi l’homme se trouvant devant eux surpassaient tous ce que la décence tolérait, et qu’il avait souffert plus que quiconque. Certains pans de sa peau nue donnaient même l’impression d’avoir été recousu ensemble, comme un ignoble patchwork. Il possédait également une gigantesque cicatrice barrant diagonalement son dos, qui surpassait toutes les autres en terme de longueur et de largeur. Une nouvelle fois, Chipp se félicita de la magie que lui avait apprise Orthos, son vieux mentor angélique, qui lui permettait de cacher son aile immaculée.

Il n’aimait généralement pas dévoiler ses cicatrices ainsi, et surtout pas devant un public, mais il savait que le mental jouait un rôle particulier pendant les combats, et il s’était ridiculisé assez pour perdre l’avantage avant même le début du pugilat. Avec la révélation de son corps meurtri, il espérait avoir rééquilibrer le tout. Il laissa son regard rougeoyant errer sur son adversaire. Ledit Hyptose était un homme tout en muscles, chauve et d’une taille supérieure. Il avait un visage dur, et ses yeux noirs lançaient des éclairs de défis. Chipp, lui était presque son opposé. Nonchalant, il était musclé également, mais son corps était plus svelte, sa musculature plus subtile qu’un gros paquet de pectoraux saillants. Il n’avait pas réellement l’air d’un guerrier, au premier abord, surtout avec la disparition de son haut. Habillé, il pouvait passer pour un combattant aguerri, mais une fois ses oripeaux disparus, son physique n’était pas si impressionnant. Séduisant - si on excluait les cicatrices - et agile, mais peu impressionnant. À l’inverse, il dégageait une force tranquille, un charisme que l’on ne pouvait négliger.

L’annonceur s’avança, alors que la foule semblait acquise au suivi du combat, qui semblait promettre beaucoup.

« Alors, pour 500 pièces d’or... Battez-vous, messieurs ! Le premier homme dans l’incapacité de se relever sera déclaré vaincu. »

À peine eut-il abaissé son bras qu’Hyptose chargea sans préambule. Chipp n’en fut pas surpris. Son adversaire du jour semblait être du genre à imposer son rythme et écraser son opposant par sa force physique pour ne lui laisser aucune chance de répliquer face à ses assauts furieux. Cela arrangeait le jeune guerrier. Il savait y faire avec ceux qui sous-estimaient sa puissance physique. Il esquiva un premier coup de poing qui fusait vers son visage, décalant son corps vers la droite. Il laissa traîner sa jambe, sachant pertinemment que l’élan d’Hyptose ne lui permettrait pas de s’arrêter à temps pour l’esquiver. L’autre butta sur son pied, basculant vers l’avant. Chipp sourit, persuadé d’avoir déjà mis à terre une première fois l’importun.

Une douleur cuisante explosa dans sa tête lorsqu’il sentit les phalanges de son adversaire s’écraser sur sa pommette, fendant la peau légèrement, le faisant légèrement décoller du sol. Il se réceptionna et recula de quelques pas, secouant la tête pour reprendre ses esprits. Il l’avait mal jugé. Hyptose n’avait pas trébuché, se rattrapant par une vivacité que le jeune homme n’aurait pu imaginer. Et ses coups étaient des coups d’enclume. Chipp essuya son sang sur sa joue du revers de la main, ses yeux rouges fixés sur son adversaire qui souriait doucement.

Une fois encore, il ne bougea pas, laissant Hyptose venir à lui. Il évita deux coups de poing, deux crochets qui n’atteignirent par leur cible. Il se déporta vers la gauche pour éviter un nouveau coup et placer un contre, tournant ses épaules vers son opposant. Son bras droit se leva, légèrement plié, et il banda ses muscles pour envoyer tout son poids dans sa frappe, se servant de la force de son ennemi contre lui. Le poing de Chipp cueillit Hyptose à la tempe, le sonnant une demi-seconde. Temps qui suffit à Chipp pour passer devant la montagne, et lui asséner une série de coups au niveau du ventre, afin de lui couper le souffle. Lorsqu’il sentit la garde du Terrible se relever, il se pencha légèrement en avant, et remonta le poing pour balancer un uppercut dans le menton du pugiliste, sous ses bras levés. Ce dernier ne broncha pas. Le coup avait bien porté, mais il avait eu la force nécessaire pour ne pas tomber. Surpris de l'inefficacité de l’assaut, Chipp laissa une ouverture, que saisit son adversaire pour lui balancer un direct en plein visage. Par un réflexe conditionné par des années d’entraînement, Chipp tourna la tête et encaissa le coup dans la joue pour minimiser les dégâts sans reculer toutefois, avant de repousser la main en se penchant à nouveau.

« Tu vas tomber ?! »

Boum, nouvel uppercut qui suivit le premier. Enchaîné avec un deuxième, de l’autre main, qui cette fois fit sauter une dent à Hyptose, dent qui s’envola jusqu’au sol, devant la foule. Et la montagne s’écroula plus loin.

Chipp recula, secouant la tête, jaugeant des dégâts reçus. Encore un ou deux coups de la sorte et il serait hors de combat, mais il espérait que son adversaire était dans le même état. Ce dernier remua, et se redressa tant bien que mal, les yeux voilés tout de même par la douleur. Et ce fut à ce moment que le réel revint à la charge.

La foule était en délire. Applaudissant et encourageant les deux combattants qui leur donnaient pareil spectacle. Chipp, concentré exclusivement sur son combat, ne l’avait pas entendu plus tôt, et cette clameur l’emplit de force et de confiance. Décidant d’en jouer, il leva les deux bras au ciel, entraînant un nouveau cri repris par tout ceux qui observaient le combat.

Hyptose venait de se redresser. Le combat pouvait reprendre... Et la fin en était proche.

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 21 samedi 15 septembre 2012, 12:11:57

Quand on remarqua la présence de la Princesse, les cris d’encouragement se turent brièvement, les badauds se tapant les épaules en regardant Alice s’approcher d’eux.

« Hey ! Regarde qui v’là ! C’est la Princesse !
 -  La Princesse...
 -  Elle est aussi belle que ce qu’on en dit ! »

Alice s’approcha de l’un des responsables de l’arène, rougissant légèrement, sortit une pièce. A peine s’était-elle approchée des badauds que plusieurs soldats étaient également venus. Ils auraient normalement du rester collés contre elle, mais, à chaque fois qu’ils faisaient ça, Alice s’énervait. Par conséquent, les soldats restaient à distance, tout en étant suffisamment proches pour rapidement rattraper la Princesse. Elle men tirait en disant que ça la laissait indifférente. Elle aimait bien qu’on parle d’elle, et sa beauté suffisait généralement à attirer tous les regards. Elle donna une pièce d’argent, et Chipp monta alors sur scène... Pour heurter une marche et tomber au sol, déclenchant l’hilarité du public.

« Ce doit être le nouveau bouffon !
 -  Mon gars, avertit l’arbitre, je sais qu’on se damnerait pour les beaux yeux de la Princesse, mais Hyptose ne rigole pas. Tu peux toujours renoncer. »

Alice ne dit rien, s’écartant un peu, et personne ne vint la voir. Les hommes la regardaient de temps en temps, louchant parfois sur sa poitrine, mais se dépêchant de ne pas trop la regarder. Ce serait irrespectueux, et les gardes pouvaient volontiers leur coller des contraventions s’ils louchaient un peu trop sur le corps de la Princesse. Alice avait un léger sourire en coin. Elle savait qu’elle était un objet de fantasmes, et le savait depuis qu’elle avait trouvé, grâce à ses servantes, une revue pornographique sylvandine qui affirmait, selon ses lecteurs, que la Princesse de Sylvandell était la femme sur laquelle les citoyens fantasmaient le plus.

Hyptose, de son côté, ne disait rien, regardant l’adversaire. Cet individu était l’une des récentes recrues d’une guilde de Sylvandell. Cette guilde était spécialisée dans les combats au corps-à-corps, et recrutait donc généralement dans les auberges, quand des pugilistes s’affrontaient. Ce genre de combat permettait de financer la guilde, et de la faire connaître. Hyptose se battait pour devenir compagnon de la guilde, et ainsi monter en grade. Chipp amusait la galerie, mais les rires et les quolibets cessèrent quand l’homme retira le haut de sa tenue. Alice eut une grimace en voyant le corps de l’homme, couvert de nombreuses cicatrices ici et là. Chipp avait du souffrir terriblement, et la Princesse croyait discerner dans le dos des cicatrices résultant de coups de fouets.

*Il n’a pas eu une vie facile...*

Cette constatation remettait en cause ce qu’elle croyait. Est-ce que Chipp venait vraiment d’un autre monde ? Il avait eu un lourd passé... Peut-être avait-il été torturé au point d’altérer sa mémoire ? Alice ne savait pas quoi en penser, et fronça les sourcils, tandis que le combat commençait. Hyptose chargea, prouvant que, malgré sa corpulence, il était aussi assez souple et rapide. L’entraînement de la guilde était un savant mélange entre une alimentation saine et stricte, et des entraînements physiques réguliers et rigoureux. Hyptose menait la danse, et Chipp esquivait. Alice, bras croisés, observait le déroulement du combat. Peu à peu, le public, qui doutait des performances de Chipp, en vint à l’encourager.

Le combat entre les deux était le plus long qu’Hyptose avait livré de la journée. Il perdit même l’une de ses dents, et chancela, manquant de tomber de l’estrade, ce qui aurait signé sa défaite. La tête lui tournait, et il secoua la tête, avant de retourner à l’assaut, crachant du sang sur le sol. Il avait mal, naturellement, mais tâchait d’occulter sa douleur, de s’en servir pour amplifier sa rage. Ce faisant, il était beaucoup moins attentif à sa propre défense, car il cherchait surtout à briser Chipp. Sa musculature était plus développée que celle du guerrier, et il savait qu’un coup au but suffirait à le tuer. Hyptose était un ancien pugiliste, un fils de bûcheron qui utilisait la paye de son père tous les Samedis soirs à l’auberge, afin de participer à des tournois amateurs. C’est ainsi que la guilde l’avait recruté.

« Cesse... De... Bouger !! »

Hyptose s’énervait, perdait patience, permettant ainsi à Chipp d’en finir plus facilement avec lui. Les attaques du guerrier étaient bien plus désordonnées, et il prenait de plus en plus de risque.

« Chipp ! Chipp ! Chipp ! Chipp ! » scandait la foule.

Le pugiliste grommela, et bondit sur Chipp. A nouveau, l’homme esquiva, mais Hyptose ne lui laissa pas le temps de se replier. Il bondit sur la droite, chargeant avec son épaule, et heurta Chipp, le renversant. La tête du guerrier jaillit hors du ring, et le colosse bondit sur lui, tendant ses mains pour l’attraper. Si près de la rupture... Hyptose commettait ici une erreur de jugement en se fiant essentiellement sur l’apparence de Chipp. Un gringalet aurait été suffisamment sonné par cette bourrade pour ne pas profiter de la situation, afin de renverser le colosse, qui fléchissait les jambes... Mais les blessures sur le corps de Chipp suffisaient à dire qu’il en avait bavé, et qu’il savait jouer avec sa souffrance. Pour le saisir, et le jeter hors du ring, Hyptose avait abaissé sa garde, fléchissant en effet les genoux. Une simple bourrade aurait suffi à le mettre hors du ring.

Chipp Argan

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Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 22 dimanche 16 septembre 2012, 01:05:03

Il allait gagner. Il avait toujours eu un excès de confiance sur ses capacités de combattant, mais il s’était tellement entraîné, tellement battu, qu’il savait pertinemment qu’un pugiliste de l’acabit d’Hyptose n’avait aucune chance, même s’il l’avait surpris au départ. Il avait pris le coup d’épaule dans le torse, lui coupant le souffle quelques secondes, le repoussant. Sa tête vola en arrière, et il remarqua du coin de l’oeil que son adversaire voulait profiter de son déséquilibre pour le saisir et le jeter hors du ring. Se faisant, il avait plié les genoux... Et laisser une monstrueuse ouverture dans sa garde.

Maintenant !

Le jeune guerrier fit pivoter ses pieds sur le sol pour retrouver son équilibre. Et le temps sembla s’arrêter. Les cris de la foule disparurent. Le vent se mit à souffler, accompagnant le mouvement de Chipp. Un mouvement impeccablement exécuté, et d’une rapidité presque surnaturelle. Il avait plongé vers Hyptose, avait lancé son bras, et son poing avait sèchement frappé le nez du combattant, le faisant exploser dans un gerbe de sang vermeil. Un coup vif, précis, sec. Mais il en faudrait plus pour achever l’homme. Chipp se pencha en avant, se mettant presque à genoux, et il saisit les jambes de la montagne de muscles sous ses épaules, forçant sur ses biceps pour soulever l’homme au-dessus de lui presque sans difficultés. Ce dernier bascula en arrière, et Chipp profita du fait qu’ils étaient juste au bord de l’estrade pour projeter Hyptose vers le bas, en dehors du ring. Le lâchant, ce dernier vint s’écraser sur la terre ferme, au pied de la foule.

L’action n’avait duré qu’une poignée de seconde. Et le grand guerrier chauve était immobile, perdu dans les limbes de l’inconscience. Chipp recula de quelques pas, laissant l’ambiance autour de lui revenir tandis qu’il levait un bras pour signifier sa victoire et remercier ceux qui l’avaient encouragé. Il avait mal, mais c’était monnaie courante pour lui, et l’adrénaline ne retomberait pas avant un long moment. Il avait gagné son passage vers la Capitale. Et il pourrait rembourser Alice.

Dopé par les cris alentours, le jeune homme se tourna vers la princesse, lui adressant un sourire rayonnant avant de s’incliner bien bas d’une révérence parfaitement exécutée. Il saignait encore au niveau du visage, et une de ses cicatrices sur son torse s’était ouverte, mais ce n’était pas un problème. Laissant l’arbitre vérifier l’état d’Hyptose et annoncer sa victoire, il retourna au centre de l’estrade de bois, s’étirant en levant les bras au ciel, un sourire aux lèvres, tandis que la foule continuait de crier de joie grâce au spectacle de ce beau combat.

Après quelques secondes, pendant lesquelles l’arbitre parlait encore, deux jeunes gens vinrent aider Hyptose à se relever. Chipp s’inclina pour le saluer, alors qu’il se faisait escorter plus loin, sûrement pour être un minimum soigné. Le jeune homme sauta ensuite de l’estrade pour rejoindre Alice, un sourire toujours aux lèvres.

« Vous ne m’aurez pas avancé pour rien. Avec ça, je peux me procurer un cheval et de quoi manger pour le voyage. Et surtout, je peux vous rendre ces pièces d’argents que vous avez dû payer pour m’inscrire. »

Il avait récupéré son haut au passage. L’avisant un instant alors qu’il le tenait en main, il fronça les sourcils, et épongea le sang sur son visage avec le vêtement, avant de le nouer autour de son torse pour stopper le saignement de sa cicatrice. De plus, dans les minutes qui allaient suivre, l’entité en lui se manifesterait pour soigner les quelques blessures qu’il avait récolté, et il ne voulait pas spécialement que la jeune femme assiste au phénomène. Les blessures sur son visage disparaîtrait un peu plus tard, et il aurait le temps de camoufler la magie avant que ça n’arrive. Ou, tout du moins, il l’espérait. Il lança un coup d’oeil amusé à la princesse.

« Et de nouveaux vêtements, aussi. »

Il contempla l’arène un moment, avant de hocher la tête et de l’incliner de côté légèrement.

« Malgré ça, j’avoue que le pugilat n’est pas ma discipline favorite. Je me sens bien plus à l’aise une épée à la main. Mais le jeu en valait la chandelle, je pense. »

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 23 lundi 17 septembre 2012, 11:00:01

Chipp comprit qu’il tenait sa chance, et Alice, même si elle n’aurait jamais osé l’avouer en public, sa position princière lui interdisant de prendre partie, était secrètement pour l’homme. Elle lui avait donné de l’argent, après tout ! Et, même si ça paraissait banal, cette victoire témoignait que Chipp n’était pas qu’un simple paysan. Les mots pouvaient mentir, mais pas le corps. Pour avoir réussi à regrouper ses forces après avoir été frappé par Hyptose, Chipp devait savoir se battre... Et pas se battre comme un paysan, mais comme un solide guerrier. Est-ce que ça suffisait à dire qu’il venait d’une autre planète ? Non, mais ça renforçait cette version. Il pouvait toujours s’agir d’un soldat qui avait subi un quelconqe traumatisme. Sa victoire sur Hyptose eut droit à l’ovation de la foule, tandis que la brute se relevait. On écarta Hyptose pour qu’il n’attaque pas Chipp, les pugilistes ayant parfois bien du mal à apprécier la défaite. Et il n’aurait pas été acceptable qu’Hyptose attaque un homme qui avait reçu l’argent de la part de la Princesse. Laguilde ne tenait pas à se fâcher avec le pouvoir en place. On n’était pas à Nexus, après tout.

Retournant près d’Alice, Chipp rayonnait, et se dépêcha de se rhabiller. A contrecœur, on lui remit l’or, car la guilde ne voulait pas d’histoires avec la Princesse. Il y avait effectivement de quoi acheter un cheval. Quant à la rembourser... Alice haussa les épaules, et s’empressa de faire quelques précisions :

« Pour toute transaction financière excédant une certaine somme, il est nécessaire d’aller convertir votre argent en dragons sylvandins. Ceci se fait à la mairie de la ville basse. Pensez à le faire si vous irez acheter un cheval, et... Profitez-en pour consulter les registres de vente, vous y trouverez les adresses des fermiers vendant des chevaux, et des indications sur ces derniers. »

Ce tournoi faisait exception, car il ne s’agissait pas, à proprement parler, d’une transaction financière... Du moins, pas au sens où les services fiscaux de Sylvandell l’entendaient. La conversion était nécessaire pour permettre à la monnaie sylvandine de ne pas être dévaluée, et pour éviter les fraudes, même si Alice avait toujours eu du mal à comprendre le fonctionnement du monde financier.

« Quant à me rembourser... Mettez cela sur le compte de la générosité princière, glissa-t-elle en souriant. Et ne vous en faites pas pour votre épée, le garde que j’ai envoyé devrait la récupérer rapidement. »

Le garde, en question, n’avait pas trop tardé, et remit à Chipp son épée. En regardant brièvement, il réalisa que l’homme avait étalé Hyptose, et les sourcils du garde se levèrent.

« Hyptose est un costaud, avoua-t-il. Vous ne devez pas être n’importe qui pour avoir réussi à le vaincre. »

C’était exactement ce qu’Alice se disait. Il était probable que les maîtres de la guilde du combat à mains nues ne tarderaient pas à venir voir Chipp, afin de lui proposer un poste. Alice était en train de le pistonner, en gros. Elle se retourna, et commença à s’éloigner de l’enclos. Les badauds hésitaient à approcher Chipp, afin d’en savoir plus sur ce type, mais la présence de la Princesse les encouragea à réfréner leurs curiosités...

« Il y a aussi des arènes pour le combat avec les armes. Si vous voulez vous entraîner, je vais vous conduire à une cour... »

Ensuite, elle le laisserait. Alice grimpa une petite colline menant vers l’une des casernes, et s’approcha d’une arène de combat, assez similaire à l’autre, à la différence près qu’elle avait des gradins... Et que bien des gens semblaient regarder... Dont un Commandeur ? Alice manqua s’étrangler en reconnaissant la silhouette d’Oberyn, debout sur l’un des gradins. Depuis quand un Commandeur assistait à un combat d’amateurs ?!

« Cette femme est le Diable en personne !
 -  Oh... Ohhhh ! »

Le public était en liesse, et la curiosité d’Alice fut à son comble. Une femme qui suscitait le regard d’un Commandeur ? Il ne connaissait qu’une seule personne au monde qui ait réussi à accomplir cet exploit. Secouant la tête, Alice se rapprocha, incrédule, et s’humecta les lèvres. Elle poussa quelques gardes, et entendit alors une voix qui la fit rougir et sursauter :

« C’est tout ce que t’as dans le ventre, minable ?! Retourne pleurer chez ta mère, gros cul ! »

Elle poussa un autre garde, et vit la scène... Elle en eut le souffle coupé en voyant une femme esquiver une épée, puis frapper avec le pommeau de son épée la tête de son adversaire, un soldat aguerri, l’envoyant tomber dans la crasse. La foule applaudit, et Cirillia, en simple tenue de cuir, sans son armure, les regarda brièvement, avant d’hausser les épaules... Puis de voir la Princesse. Alice rougit confusément, se rappelant alors instantanément les doigts de Ciri’ venant se glisser entre ses lèvres vaginales. Elle secoua la tête, et se força à regarder Cirillia, à soutenir son regard, tandis que cette dernière sourit, puis regarda l’assistance.

« Allez, Sylvandins ! J’ai fait un long voyage, et je suis un peu rouillée ! J’ai besoin de m’exercer ! Quelqu’un voudrait-il se dévouer à un combat ? »

Il y avait beaucoup d’hésitations. Alice regarda Oberyn, qui salua la Princesse en hochant la tête. Le Commandeur n’agirait pas. Une décision sage, et la Princesse comprit qu’il était avant tout là pour surveiller cette imprévisible femme.

Chipp Argan

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Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 24 lundi 17 septembre 2012, 20:41:15

Alice lui fournit des informations intéressantes quant à l’argent qu’il venait de gagner, et le moyen de trouver un cheval rapidement. Ces adresses éviteraient au guerrier de perdre du temps à chercher à l’aveuglette un éventuel vendeur d’équidés. Elle ajouta qu’elle ne souhaitait pas être remboursée, que son geste n’était que générosité. Chipp fut une petite grimace suivi d’un sourire à cette mention. Même si elle disait, il se sentait redevable. Elle ne l’aidait que bien plus qu’elle aurait dû, et même si elle ne souhaitait pas de remboursements, il gardait en tête qu’il avait une dette envers elle. Puis, le garde survint en lui rapportant son épée. Il répondit au compliment d’un sourire humble, avant de saisir la garde de son arme pour l’attacher à son baudrier, autour de sa taille. Il se sentait rassuré, avec son épée au côté. Il suivit la princesse, qui avait décidé de le mener dans une autre arène, une arène pour les épéistes. Ils gravirent une colline, arrivant sur les lieux. C’était différent. Il ne savait pas si c’était à cause de l’appréciation du public pour les disciplines martiales, mais l’endroit semblait plus visité et plus impressionnant. Il y avait non seulement des gradins, mais ceux-ci étaient complets, et il y avait beaucoup plus de monde.

Visiblement, l’effervescence et l’excitation de la foule étaient à son comble. À en juger par les cris et les phrases qu’il parvenait à capter dans le brouhaha de sons, Chipp en déduisit qu’une femme faisait forte impression. Il sourit, s’apprêtant à faire une remarque à Alice, lorsque cette dernière fila droit en direction des gardes qui l’entouraient. Elle en poussa quelques-uns, pour manifestement contempler elle-même l’objet de cette liesse populaire. Lorsqu’elle eut la vue sur l’intérieur de l’arène, elle resta ébahie. Chipp l’avait suivi de près, une main sur la garde de son arme, avant de regarder à son tour la personne qui semblait faire naître tant d’applaudissements. Il entendit une voix jaillir de l’endroit. Une voix féminine, hargneuse.

« C’est tout ce que t’as dans le ventre, minable ?! Retourne pleurer chez ta mère, gros cul ! »

Esquissant un sourire amusé, le jeune homme observa la suite des événements. Elle s’était occupée du soldat avec une aisance remarquable. Il allait louer les talents de cette femme à la princesse, lorsqu’il s’aperçut que cette dernière avait rougi lorsque son regard avait croisé celui de la combattante. Haussant un sourcil, des dizaines de questions assaillirent son esprit. Est-ce qu’Alice la connaissait ? Qui était-elle, pourquoi ce rouge à ses joues ?

« Allez, Sylvandins ! J’ai fait un long voyage, et je suis un peu rouillée ! J’ai besoin de m’exercer ! Quelqu’un voudrait-il se dévouer à un combat ? »

Au moins, il put savoir qu’elle n’était pas l’une des sujets de la princesse. Cette dernière détourna les yeux pour saluer un homme, un peu plus loin, qui lui rendit son salut. Probablement une personne d’importance dans l’entourage de la jeune femme. Mais pourquoi un homme important viendrait-il observer un combat d’arène tout à fait banal ? Une seule réponse : pour la jeune femme qui combattait. Apparemment, cette dernière avait une certaine importance. Inclinant la tête, Chipp réfléchit quelques secondes avant qu’une idée ne lui vienne. S’il pouvait attirer l’attention de personnages d’autorité autres que la princesse, cela pourrait lui être utile pour sa naturalisation, ou son voyage. Caressant du bout du doigt la garde de son épée, le jeune homme sourit et se pencha vers Alice.

« Princesse, je crois que je vais me dévouer. Je ne sais qui est cette femme et pourquoi elle vous cause tant d’émotions, mais... Je crois qu’il serait intéressant de combattre. »

Il leva une main, et sa voix grave porta jusqu’à la championne. Ou en tout cas, celle qui était en passe de le devenir.

« Je tente ma chance ! Laissez-moi passer ! »

Après avoir annoncé son intention de croiser le fer avec la jeune femme, la foule clama à nouveau, ouvrant un chemin pour que Chipp puisse s’approcher du lieu de combat. Il s’avança jusqu’à être placé devant elle, avant de s’incliner.

« Je reconnais un vrai talent chez vous, damoiselle. Permettez-moi de vous offrir une danse... »

Un son clair retentit dans l’arène, une note métallique qui résonna autour d’eux, alors qu’il tirait sa lame de son fourreau. La pointant vers le sol, il la souleva ensuite droit vers son visage, déposant ses lèvres sur le fer, avant de la tendre vers la jeune femme.

« En garde. »

Il sourit, joyeux, tremblant légèrement d’excitation. Il aimait se battre à l’épée, tellement plus qu’aux poings. Il plia un genou, glissa un bras derrière lui, et se mit de côté, adoptant une garde étrange se rapprochant de celle de l’escrime. Chose étonnante, étant donné qu’il portait une épée normale et non un fleuret. Cela ne manquerait pas de surprendre les spectateurs, la princesse, et son adversaire. Ils allaient découvrir un style de combat exotique, qu’il avait mit au point lui-même, et qu’il avait eu l’occasion de parfaire pendant de longues années...

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 25 jeudi 20 septembre 2012, 00:08:21

Le petit cœur de la Princesse battait rapidement la chamade. Cirillia ! Cirillia, ici ! Elle avait du faire plus vite que prévue. Elle entendit vaguement Chipp annoncer qu’il allait la défier, et elle se dépêcha surtout de rejoindre Oberyn. Le Commandeur portait une toge pour éviter qu’on ne le reconnaisse, avec un capuchon, mais la Princesse le connait depuis qu’elle était toute petite. Elle s’assit à côté de lui, tandis que Chipp montait sur l’estrade.

« Je ne vous avis pas vu aussi excité depuis fort longtemps, Princesse... » lâcha, amusé, le Commandeur.

Alice le regarda en fronçant les sourcils, réprobatrice, puis regarda à nouveau Ciri’. Pour une surprise, c’était une surprise, et elle était de taille ! La Princesse était tout simplement médusée.

« Fermez votre bouche, Princesse, enchaîna le Commandeur, c’est malséant. »

Alice rougit, et obtempéra, puis regarda Oberyn, et réussit enfin à retrouver l’usage de la parole :

« Depuis combien de temps est-elle là ?
 -  Elle est arrivée hier, en fin de journée...
 -  Et vous n’avez pas jugé bon de me prévenir ?!
 -  Je ne l’ai appris que ce matin, pour tout vous dire. Je crois qu’elle désirait s’entretenir avec vous, mais quelqu’un a du la provoquer ici... Depuis lors, elle ne cesse d’étaler les adversaires successifs qui se pressent pour la défier...
 -  Ça ne m’étonne pas d’elle... Elle n’a pas l’air d’avoir beaucoup changé...
 -  Je puis vous certifier qu’elle est toujours la même. »

Ceci fit rougir Alice comme une tomate, et Oberyn ne dit rien. Officiellement, personne ne savait qu’elle avait perdu sa virginité avec cette femme... Mais, en réalité, elle se demandait si tout le Château n’était pas au courant. Le Château royal était plutôt petit, et Alice avait appris depuis longtemps qu’y avoir des secrets était un exercice difficile. Elle faisait après tout l’objet d’une importante protection, qui la contraignait dans sa liberté, et réduisait son intimité au strict minimum. Alice contempla l’arène. Chipp adoptait une posture étrange, et Oberyn fronça les sourcils, intrigué.

« Cette posture de combat est curieuse » avoua-t-il.

Cirillia, de son côté, avait levé son épée, optant pour une posture offensive. La garde du Faucon, ou garde du Toit, qui consistait à tenir l’épée au-dessus du corps. C’était une posture offensive, car elle permettait d’attaquer et de contrer automatiquement. Ciri’ tenait l’arme au-dessus de sa tête, rendant ainsi très difficile de savoir où elle attaquerait. En hauteur, la lame descendrait très facilement, et permettrait de contrer toutes les attaques. C’était la posture préférée de Cirillia, et elle s’avançait assez lentement vers Chipp, sans chercher à l’attaquer. Ce fut Cirillia qui attaqua la première, son épée fendant l’air pour rencontrer celle de Chipp, et entamer le duel. Le style de combat de Ciri’ était très acrobatique, assez sauvage, rapide et vif.

« Vous voulez toujours l’avoir comme Commandeur ? demanda Alice.
 -  Ce choix ne m’appartient pas... Mais ceci ne veut pas dire pour autant que j’ai oublié mes précédents affrontements contre cette femme. »

Alice ne dit rien. Lors de son séjour à Sylvandell, Cirillia avait affronté dans les camps d’entraînements plusieurs Commandeurs, et s’était révélée être une femme particulièrement talentueuse. Le combat risquait de promettre.

Chipp Argan

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Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 26 jeudi 20 septembre 2012, 14:32:06

Le combat allait pouvoir commencer. La jeune femme se mit en garde. Levant l’épée au-dessus du corps. Chipp ne connaissait pas cette posture, mais il l’analysa rapidement, et un sourire serein éclaira son visage. Cet affrontement serait admirable, et difficile. Elle s’avançait vers lui, jusqu’à être assez proche pour lancer la première attaque. L’acier para le coup, et Chipp s’éloigna d’un saut gracieux vers l’arrière. Il se remit en garde, ses yeux rouges fixant la jeune femme devant lui. Un regard déterminé, confiant. Calme, également. Il était dans son élément. Ses muscles tremblèrent légèrement d’excitation. Sa voix s’éleva dans le brouhaha de l’arène, parfaitement perfectible malgré les cris et les encouragements de la foule.

« À mon tour, partenaire... »

Sa voix éraillée, excitée par l’ampleur du combat à venir, semblait pleine de douceur, alors qu’il annonçait son attaque. Il resta une seconde de plus immobile, réfléchissant à l’assaut...
Et il chargea.
Une seconde plus tard, il fut sur elle. À peine eut-il poser le pied dans sa zone d’attaque, qu’elle abaissa son épée pour interrompre son avancée. Il contra la lame, et riposta par une frappe de taille. Son adversaire contra la lame par une parade efficace. Chipp, à la seconde même où il sentit l’acier contre l’acier, tourna sur lui-même avant d’asséner un mouvement diagonale très ample en direction de la hanche de son adversaire. Une passe mortelle, mais prévisible. Il obligea ainsi Cirillia à contrer son coup, mais cette fois, il riposta plus rapidement. Reculant d’un pas, il saisit son épée à deux mains pour tenter un assaut de la pointe en direction de son ventre. Un coup d’estoc vif et sauvage, qu’elle esquiva d’un pas de côté. La lame effleura sa peau, et elle lança à son tour l’assaut. Deux coups rapides. Le premier passa à droite de la joue de Chipp, tandis qu’il mit son épée en opposition au second. Malheureusement, la vitesse des coups étaient telles que le premier sang fut versé. Une entaille s’ouvrit sous son oreille. Et la troisième attaque arrivait.

Mais celle-là, elle ne passerait pas. Chipp fixait l’épée adverse des yeux, et au dernier moment, il esquiva l’assaut. Profitant de l’élan de la jeune femme, il lâcha son épée, et saisit le poignet armé de Cirillia de sa main. L’attirant vers lui, il lui asséna un coup de genou dans le ventre, lui coupant le souffle une seconde. Il allait enchaîner lorsque son opposante le surprit. Elle avait subi le coup, mais elle encaissait tellement bien qu’elle lança un nouvel assaut. Pris au dépourvu, le jeune homme se pencha en arrière. La lame frôla son visage, ouvrant une petite plaie sur son front, tandis qu’il se laissait tomber en arrière. Tordant son dos, il posa ses mains au sol. L’une d’entre elle glissa sur le pommeau de son arme, par terre. Avant qu’il ne lance ses pieds vers le ciel, ces derniers frappant la lame de Cirillia, pour se redresser en un flip arrière. Il se remit en garde aussitôt, et repartit à l’attaque sans laisser le temps à la jeune femme de souffler.

Il avait un sourire aux lèvres. Au fond de lui, il le savait. Ils n’iraient pas jusqu’à se tuer l’un l’autre, et pourtant, le combat ressemblait à un dernier assaut à mort entre les deux adversaires.

Et le ballet débuta. Une valse presque mortelle. Douce brise enveloppant les deux danseurs. Tourbillonnante. L’essence même de la vie et de la mort semblait être captée par les voltiges des combattants. Un peintre pourrait personnifier le mouvement en laissant son imagination teintée la toile qu’il se représenterait en regardant cette rhapsodie d’acier, cette mélodie du fer. Le sable volait, tournoyant autour d’eux. Le sang vermeil, projeté parfois par les coups fins du maudit ou les assauts vifs et sauvages de la belle, semblait accompagner le bleu du ciel et le marron de la terre, soulevés par le combat. Alliance des couleurs pour tableau parfait.

Étincelles de métal vrillaient l’air de leur chaleur. Les deux duellistes ne voyaient venir les coups, agissant plus par instinct que par perception, ne sentant que la caresse des dieux du vent sur leur peau meurtrie par les coupures douloureuses des lames de son adversaire. Ils avaient l’impression de devenir le Vent en personne. Et contre la nature, aucune résistance n’existe, aucune n’est possible. Seule reste la contemplation de sa propre déchéance. Et, pour finir, de son propre trépas...
Deux nouvelles attaques portèrent, une de chaque côté. Et le sang macula le sol à nouveau. La foule était presque en folie devant la virtuosité du combat.

Ce n’était plus que l’homme contre la femme. Face à face, ils s’étaient arrêtés. Le temps était figé. Gravant sur le roc cette scène empreinte d’une majesté rarement atteinte. La belle, contre la bête. L’acier contre la peau.
Encore un coup au but. Équilibre parfait. Des coups plus puissants, cette fois. Plus dangereux, plus sanglants.

Le fluide carmin qui s’échappait des sections maculèrent le sol à nouveau, ainsi que le visage des deux adversaires. Arabesques de sang décoraient leurs peaux pâles, leurs joues glabres, s’enroulant autour de leurs yeux, l’écarlate de ceux de Chipp rehaussée par la teinte sanguine. Il recula, rompant l’afforntement. Cette fois, il avait besoin de souffler, et son adversaire aussi. Il se redressa un peu, effleurant ses blessures du bout des doigts.
La nature se tut.
Et le reste fut silence.

Chipp haussa les sourcils. La foule était silencieuse. Complètement accaparée par le combat, c’était comme si tous avait retenu leur souffle pour suivre chacun des mouvements, chacune des passes. Ainsi, plus d’encouragements, plus de cris. À peine un murmure, tant ils étaient subjugués.
Sans prévenir, Chipp partit d’un rire joyeux, avant de fixer la jeune femme qui lui faisait face et qui était dans le même état que lui.

« Un adversaire de ton niveau, il y avait longtemps. On s’amuse bien, hein ?... »

Il avait un grand sourire aux lèvres.

« Puis-je connaître ton nom ? »

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 27 jeudi 20 septembre 2012, 23:50:44

Le combat entre Cirillia et Chipp promettait d’être intense, mais Alice se mit à craindre pour l’homme. Cirillia était une guerrière redoutable, aguerrie, qui se battait avec passion, et qui avait en elle le sang de dragons, renforçant ainsi ses capacités naturelles. Elle était particulièrement forte, rapide, et savait rapidement lire le jeu d’un adversaire. Même pour un Commandeur, Cirillia était un adversaire de taille, ce qui expliquait en partie pourquoi la Commanderie Noire avait, en son temps, cherché à l’enrôler. Ciri’ avait été l’une des rares à refuser ce poste. Elle préférait être indépendante... Ce qui, compte tenu de son caractère, n’était pas forcément une mauvaise chose. Si Alice voulait Cirillia auprès d’elle, c’était par pure possession. Avec le temps, elle avait appris à apprécier la présence de cette femme forte, qu’elle voyait un peu comme un modèle, quand bien même elle n’oserait jamais se l’avouer. Elle frémissait de honte à l’idée que Ciri’ apprenne qu’elle n’avait jamais vraiment cherché à peaufiner les entraînements à l’épée que les deux femmes avaient eu. La guerrière lui avait expliqué que, pour être la Reine d’un royaume guerrier, il était nécessaire de savoir au moins se battre un minimum ! La formation d’Alice à l’épée avait toujours été une série d’échecs, mais, avec Cirillia, il y avait eu des résultats, des débuts prometteurs...

L’affrontement surprit Alice, car Chipp s’avéra être à la hauteur. Cirillia fut également surprise, car les seuls individus qui avaient réussi à l’égaler à Sylvandell étaient les Commandeurs. Or, ces derniers ne participaient généralement pas à ce genre de compétitions. Elle avait bien vu Oberyn, mais elle savait que ce dernier n’interviendrait pas. Il était simplement là pour voir comment Cirillia se comportait, et probablement pour intervenir en cas de casse. L’homme portait, sous son ample manteau, son armure noirâtre dragonique, et Cirillia savait très bien que, avec cette armure, Oberyn la surpasserait... Sans compter les capacités magiques du Commandeur.

« Ton homme se débrouille plutôt bien... »

Alice fronça les sourcils. Le combat opposait deux virtuoses, et Ciri’ avait un sourire amusé, contrant les attaques de Chipp, avant d’attaquer à son tour. Dès deux, Ciri’ était clairement la plus offensive, mais c’était son style de combat. Souple, ample, rapide, elle bondissait à droite et à gauche, changeant constamment de pieds d’appui, voire même de main pour se battre. Elle était une merveilleuse ambidextre, et n’hésitait pas à donner des bourrades, des coups d’épaules, voire même des coups de pieds. Tout était bon, et on sentait bien qu’entre ces deux duellistes, le courant passait.

« Rares sont les soldats qui peuvent tenir tête à cette femme sans avoir reçu une lourde formation...
 -  J’aurais un service à te demander, Oberyn... intervint alors Alice, ayant une idée derrière la tête.
 -  Hum ? »

Alice se mordilla les lèvres, tandis que Cirillia venait de donner un coup au visage de Chipp, forçant à reculer ce dernier. Elle attaqua avec son épée, en se positionnant de profil par rapport à Chipp, de manière à ce que sa lame frappe fort. Elle heurta avec rage la défense de l’homme, qui tint bon. Le public était muet de stupeur. On avait presque l’impression de voir deux Commandeurs en train de se battre... Si on faisait exception de la magie que les Commandeurs n’hésitaient pas à utiliser entre eux.

« Ce visage vous dit-il quelque chose ?
 -  Nope, répondit rapidement Oberyn.
 -  Et son style de combat ? Parvenez-vous à l’identifier à une école précise ? »

Oberyn dut réfléchir un peu, et étudia un peu plus attentivement la garde de Chipp, la manière dont il se positionnait, dont il tenait la lame. C’était un style de combat assez sauvage, exotique, qui faisait de lui une espèce de danseur. Il le sentait absorbé, détaché dans ce qu’il faisait, dans une espèce de transe. Un bon épéiste, qui ne commettait aucune erreur de placement.

« C’est le style de l’école orientale des Deux-Tigres, finit par dire Oberyn. Je ne sais malheureusement pas grand-chose sur eux ou sur leurs élèves...
 -  Cette manière de se battre ne t’évoque aucun autre style ? »

Ciri’ s’était reçu un coup dans le ventre, qui la fit chanceler. Elle tomba sr els fesses, et roula sr le flanc, évitant la lame de Chipp. Elle ne commit pas l’erreur de se redresser, mais s’appuya sur ses bras pour rouler à nouveau sur le flanc, revenant à la position qu’elle venait de quitter. Ses jambes se déplacèrent alors, balayant l’air, afin de renverser Chipp. L’homme parvint à esquiver de justesse, mais Ciri’ n’avait pas encore dit son dernier mot. Elle bascula le poids de son corps sur son dos, et bondit en l’air, ses jambes touchant Chipp à la poitrine.

« Non... Bien sûr, je peux aussi ne pas connaître certaines écoles, mais je ne vois que celle-là qui offre un style assez similaire. Ils comparent un duel à l’épée à une sorte de danse fluide.
 -  Je vois...
 -  Pourquoi cette question ? »

Alice n’ajouta rien, réfléchissant. Elle allait se renseigner sur cette école, et obtenir le registre des élèves sortis depuis ces dernières années. Si elle trouvait un profil se rapprochant de Chipp, alors elle arriverait à confondre ce dernier, et à savoir qu’il mentait. En revanche, si elle ne trouvait rien... Et bien, il était toujours possible qu’Oberyn ne connaisse pas une école particulière, mais la Princesse n’y croyait pas. Oberyn était l’un des Commandeurs les plus expérimentés et les plus instruits.

L’affrontement entre les deux semblait aboutir sur un statu quo curieux. Chipp était excité, confirmant qu’il était bien un soldat. Cirillia lui rendit son sourire, également amusée de se battre ainsi.

« Je m’appelle Cirillia. »

Ciri’ attaqua alors à nouveau, tenant cette fois l’épée par le bas. Elle se rapprocha de Chipp, sauta en l’air brièvement, prit appui sur le sable avec son pied gauche, et se retourna immédiatement, levant sa lame, optant pour sa rapidité. Chipp esquiva toutefois d’un pas de côté la puissante attaque, et tenta de frapper Ciri’, qui, emportée par son élan, choisit de se laisser tomber. Ses deux mains s’appuyèrent sur le sable, et elle s’en servit pour rebondir, soulevant ses jambes. Sa botte frappa l’homme à la joue, et Ciri’ se releva, ayant lâché son épée. Elle enchaîna un coup de pied renversé qui toucha Chipp à la joue, lui faisant cracher du sang, récupéra soin épée, et frappa à nouveau. Les lames s’entrechoquèrent violemment, un sourire amusé éclairant le visage de Ciri’.

« Et le tien ? »

Chipp Argan

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Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 28 vendredi 21 septembre 2012, 14:55:00

Il semblait à Chipp que la jeune femme utilisait un style assez similaire au sien, même si la différence était manifeste. Lui n’utilisait presque qu’exclusivement son arme, Cirillia usant également de ses pieds et ses poings pour prendre l’avantage. Mais ses mouvements, ses réactions, ses feintes... Elle était d’un niveau magistral, sauvage, rapide, vive. Elle bondissait, retombait, tournoyait. Elle était beaucoup plus agressive que lui. Mais le style de Chipp comptait autant d’assauts que de contres, et il aimait retourner les attaques de ses adversaires contre eux. Il se faisait même souvent toucher volontairement pour pouvoir porter un coup plus efficace. Leurs lames échangèrent quelques coups violents, s’entrechoquant une poignée de fois en projetant des étincelles sur la piste, avant qu’il ne la repousse pour répondre.

« Chipp. Chipp Argan. Enchanté, Cirillia. »

Un petit sourire aux lèvres, il inclina la tête, avant de porter un nouvel assaut. Il avait replacé sa lame comme si elle était au fourreau, et il en tenait la garde à deux mains. Il lança son attaque verticalement, frappant de haut en bas, et elle recula pour l’esquiver. Mais, au moment où le jeune homme vit le corps de Cirillia entamer son mouvement de recul, il usa de sa force pour rabattre l’acier vers le bas en avançant d’un pas, rendant l’esquive impossible, étant donné qu’elle n’avait pas anticipé le deuxième coup. Elle parvint tout de même à opposer son épée à l’assaut, mais la puissance du coup fut telle qu’elle entailla légèrement l’épaule de la belle. Chipp sauta ensuite en arrière pour éviter une riposte foudroyante qui faillit lui trancher la gorge.

Il souriait toujours, l’excitation parcourant ses veines autant que l’adrénaline lui faisant oublier toute douleur. Et il sentit au fond de lui la malédiction se réveiller. Elle n’agirait pas tant qu’il n’en donnerait pas l’ordre, mais l’intensité du combat excitait aussi l’entité qui habitait dans le jeune homme. Il la sentait battre presque au rythme de son coeur, il sentait son envie d’intervenir et d’aider le combattant avec sa magie. Mais il la refluait. Il ne comptait pas tuer Cirillia. Néanmoins, elle s’imposa à lui. Elle restait en retrait, parce qu’il l’empêchait d’agir, mais sa présence influa tout de même quelques changements.

Pendant quelques secondes, le jeune homme ferma les yeux. Surprise, Cirillia ne lança aucune attaque, et de toute façon, le processus prit si peu de temps qu’il ne s’en était presque pas écoulé avant qu’il n’ouvre les paupières. Pour révéler un changement notoire dans son regard. Ses iris rougeoyantes avaient disparu, et ses yeux étaient maintenant deux rubis écarlates, sa pupille comme la couche externe s’étaient teintées d’un rouge sanglant.

Il leva son arme, se remettant en garde. Petit répit, qui permit à la malédiction de s’affirmer d’une autre manière encore. Imperceptiblement au début, une légère aura noire s’échappa du corps du jeune homme. Comme de très légères volutes de fumée obscures suintant de chaque pore de la peau de Chipp, il semblait entouré par de belles arabesques tracées autour de lui par la magie. Adressant un sourire doux à Cirillia, qui manifesta une surprise manifeste, il parla.

« Pas d’inquiétude. La magie que je porte est tout aussi excitée que moi par cet échange, et elle nous le fait savoir... Mais cette danse des épées est bien trop belle pour que je la gâche en l’utilisant... »

En effet, elle se manifestait, mais elle ne changeait en rien les capacités du jeune homme. Ce qui aurait été bien différent dans un combat réel, où la mort déciderait du vainqueur. Alors qu’il attendait quelques secondes que ses paroles parviennent à la compréhension de Cirillia, il finit par lancer son attaque après avoir soufflé quelques autres mots.

« Par contre, je vais te montrer ma botte secrète... »

Souriant toujours, son esprit entièrement tourné vers le combat, concentré et prêt à réagir à chaque assaut, chaque attaque et chaque parade. Son âme analysant chaque possibilité de mouvements, chaque ouverture, même la plus minime... Il lança son attaque.

Elle commença par quelques coups banals, lancé tout de même à la perfection. Cirillia les contra tous, et au dernier d’entre eux, le jeune homme pivota sur lui-même, avant d’accélérer son tournoiement pour frapper en diagonale sur son flanc gauche. Étant gaucher, le coup serait forcément anticipé par la jeune femme, mais sa force et sa rapidité étaient telles qu’elle était obligée d’y opposer son épée. C’était la première phase de sa botte secrète. Les deux épées s’entrechoquèrent, mais Chipp ne se déroba pas, et enchaîna en tournant de nouveau, très rapidement, pendant que Cirillia se remettait en garde après avoir pris la force du coup dans son bras porteur. Et il porta exactement la même attaque. Qui fut contrée à nouveau. Deuxième phase.

Cette fois, la riposte fut foudroyante. Au moment où il sentit l’épée de Cirillia frapper contre la sienne, il réagit avec une rapidité supérieure. Il recula son bras armé, libérant sa lame juste assez pour que le mouvement de gauche à droite continue, avant de la faire changer de direction en se déhanchant avec grâce pour lancer une frappe d’estoc dans l’épaule droite de la jeune femme. L’action fut si rapide que cette dernière ne la vit pas venir, son épée toujours placée de telle sorte à contrer le coup précédent. Et la lame de Chipp s’enfonça dans son épaule, en haut de celle-ci pour ne toucher aucun points vitaux.

Les plus observateurs, durant cette botte, purent apercevoir la sueur de Chipp couler le long de ses tempes, et les veines de son bras gauche ressortir. En effet, cette botte secrète qu’il avait mis au point était inutilisable par la grande majorité des hommes. Pour une raison simple. Les deux premiers coups offraient des ouvertures non-négligeables s’ils n’étaient pas exécutés avec une vélocité suffisante. De plus, le troisième était encore plus difficile à réaliser. L’épée partant de gauche vers la droite avec une force colossale, il fallait pouvoir faire changer de direction la lame en un laps de temps très court pour frapper d’estoc à droite, et la puissance à déployer par le bras était si forte qu’un homme normal aurait le muscle disloqué. Néanmoins, Chipp pratiquait cet assaut depuis de longues années, et il l’avait mit au point pour tromper ses adversaires qui auraient pu sous-estimer son corps svelte. Un assaut imparable, en quelques sortes. Dans un combat à mort, il aurait usé de la lame plongée dans l’épaule pour trancher le bras de son adversaire, mais ce n’était pas un combat à mort, et Cirillia avait trop de talents pour qu’il aille jusqu’au bout.

Mais il mettait tout de même à rude épreuve le corps du guerrier, son bras lui causant maintenant une certaine douleur. S’il avait utilisé sa magie pour renforcer ses muscles, il n’aurait rien senti, mais il avait bien fait comprendre à Cirillia qu’il n’userait pas de magie pour ce combat. Reculant d’un pas en ressortant la pointe de son épée de l’épaule de la jeune femme, il recula de quelques pas, essoufflé.

« Alors... Qu’en dis-tu ?... »

Souriant toujours, mais atteint physiquement, il pouvait tout de même continuer le combat. Il sentait la malédiction réagir toujours plus fort, et il avait du mal à la contenir et à l’empêcher de lui venir en aide. Si la danse durait encore, il finirait par abandonner pour ne pas risquer de perdre le contrôle...

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : Âmes qui vivent [ Princesse Alice ]

Réponse 29 samedi 22 septembre 2012, 17:14:16

Le combat entre Chipp et Cirillia continuait à culminer, et Cirillia s’interrompit en sentant une espèce d’aura démoniaque s’emparer du corps de Chipp. Alice aussi vit les lueurs noirâtres tournoyer autour du corps de l’homme, des espèces de sombres vapeurs qui l’enveloppaient tels des nuages maléfiques. De la magie noire, indéniablement, et Oberyn s’agita un peu, prêt à intervenir. L’usage de la magie dans un duel physique de ce style était proscrit, a fortiori quand il s’agissait de magie noire. Sylvandell était assez superstitieux, et l’usage de la magie noire dans le royaume était soumis à de sévères restrictions. Or, l’aura qui se dégageait de Chipp semblait clairement malfaisante, et surprit les villageois observant le combat, qui se reculèrent craintivement. Cette torpeur disparut toutefois brièvement, et le combat put reprendre.

« C’est un individu bien mystérieux que vous avez ramené là, Majesté, commenta le Commandeur.
 -  C’est bien l’impression que j’ai... »

Alice fit la moue, ne comprenant pas ce que tout cela cachait. Qui était donc ce mystérieux Chipp ? Un soldat magique ? Ils n’étaient pas rares à Ashnard, mais il avait l’air tellement doué qu’il ne pouvait pas passer inaperçu... Il n’y avait que dans les contes qu’on ne trouvait aucune trace des grands guerriers, ces bretteurs qui parvenaient à défier des dizaines d’adversaires et à s’en sortir honorablement. Il était forcément passé par une école, avait eu un maître... Retrouver le passé de Chipp était difficile, et il fallait pour cela supposer que l’homme mentait, et ne venait pas d’un autre monde. Alice aurait besoin d’experts pour se renseigner sur son cas... Mais, en même temps, rien ne la forçait à en faire autant pour cet homme. Elle ne le connaissait pas, et il n’était pas l’un de ses sujets. Elle en avait déjà fait beaucoup pour lui.

*Même l’hospitalité a ses limites, Alice... Si tu continues à agir ainsi envers quelqu’un qui n’est même pas ton sujet, ceci pourrait créer une situation d’iniquité. Une souveraine se doit d’être juste envers ses sujets, ne l’oublie pas.*

Elle se sermonnait elle-même, tandis que le combat commençait à terminer. Chipp opta pour une attaque spéciale, Ciri’ parlant peu. La guerrière n’aimait pas trop la magie, qu’elle assimilait tout simplement à une forme de tricherie. Le premier Commandeur qu’elle avait rencontré, le Limier de Sylvandell, Sandor Clegane, l’avait après tout battu en utilisant la magie. Elle fit donc la moue, tout en retournant se battre, jusqu’à ce que Chipp emploie sa botte secrète, en trois temps. Deux attaques puissantes et rapides en tournoyant sur soi-même afin de briser la garde de l’adversaire, et un ultime coup, précis, qui s’enfonça dans l’épaule de Ciri’. Cette dernière poussa un cri de douleur, et chancela, le sang jaillissant de sa plaie pour teinter le sable. Elle porta sa main à l’épaule. Une simple égratignure, car Chipp avait visé juste au-dessus, mais il aurait pu faire bien plus mal. Le coup était parfait, et ce dernier s’écarta, posant une question à Ciri’, qui le regarda en fronçant les sourcils.

« Fin du combat ! » annonça alors l’arbitre en montant sur l’arène.

Ce combat n’était pas un combat à mort, et, en portant un coup décisif, Chipp avait remporté l’affrontement. Dans un véritable combat, l’issue aurait été incertaine, car Ciri’ aurait porté son armure, et non de simples vêtements en cuir pour le voyage. L’armure l’aurait protégé de cette attaque, et elle aurait tout à fait pu continuer à se battre. Elle pouvait d’ailleurs continuer à le faire, mais l’arbitre ne voulait pas d’un combat à mort. C’était un combat privé, qui était toléré sous d’étroites conditions, et les décès étaient toujours mal vus. La guilde ne voulait pas d’autres procès pour négligence.

Ciri’ eut un sourire, et retira sa main de sa blessure, poussant l’arbitre qui voulait savoir si elle désirait se faire soigner. Elle rangea sa lame dans son dos, là où elle avait l’habitude de ranger ses deux épées, puis regarda Chipp.

« Ton petit tour était pas mal, je dois le reconnaître. Mais il ne marchera pas à tous les coups. »

Une attaque parfaite, dans ce domaine, était impossible. Il y avait trop d’éléments à prendre en compte, et il existait toujours des parades. Ciri’ contempla brièvement sa blessure, puis estima que ce n’était pas grave, et monta l’estrade, se rapprochant vers Alice, qui se mit à rougir comme une tomate, et regarda partout, sauf vers la femme.

« Elle... Elle vient vers nous ?! dit-elle d’une petite voix.
 -  Je le crois bien ».

Alice rougit encore plus, rêvant d’être partout ailleurs, sauf ici. Elle rêvait d’être une petite souris, et de se faufiler sous les gradins. Ciri’ alla se camper droit devant elle, et Alice leva la tête, la femme lui masquant le soleil.

« Ci... Ciri’... »

Elle rougit à nouveau, se rappelant les mains de la femme se faufilant dans son intimité, alors qu’elle se cambrait sur leur lit, découvrant des sensations incroyables, inédites et insoupçonnables pour elle... Comme quand Ciri’ lui avait enfoncé ses doigts dans la bouche pour lui montrer, avec son tact habituel, que ce n’était pas de l’urine. Rougissante, Alice regarda ses pieds, et sentit alors les mains de Ciri’ se poser sur elle. Alice se retrouva alors blottie contre le corps de la femme, et eut un frisson de plaisir.

« Ciri’, tu... Tu m’as... »

Elle sentit la main de Cirillia glisser sur ses cheveux.

« Ça me fend le cul de le reconnaître, mais, oui, toi aussi, tu m’as manqué, petite blonde... »

Alice sourit, et releva la tête, les yeux rougis. Elle ne dit rien, et posa sa tête contre les seins de Cirillia.

« Il se défend bien, ton ami...
 -  Hmmm...
 -  C’est gentil de me l’envoyer quand je reviens... Je ne sais pas s’il faut interpréter ça comme un cadeau de rupture ou autre chose... »

La Princesse rougit à nouveau, et secoua la tête.

« Jamais, Cirillia... Je... »

Alice ne dit rien, réalisant soudain la situation, et s’écarta subitement de Ciri’, toute rouge et confuse.

« Et c’est qui, ce gars ? Sûrement pas un Commandeur... Son petit tour avec les ombres était assez sympa... »


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