Quel beau chat ! {Darthestar~Belgrif}

La toute première réplique de Darthestar imposa cette fois à la taverne un silence total. Même le musicien renonçait à faire entendre sa musique tant la totalité de l’attention venait de se focaliser sur le voyageur et le chat noir. Alors que les dernières notes de flûte mouraient dans un coin et qu’au niveau du comptoir un verre posé avec hâte cognait contre un autre, Belgrif, déjà en train de s’éloigner, venait de se stopper tout net lui-aussi. Il était en cet instant de dos, à quelques pas de la table, et demeura dans cette position. Impossible donc de lire sur son visage ou de se faire une idée immédiate de l’efficacité des mots de l’homme sur lui et son orgueil. On pouvait toutefois supposer qu’au pire, son attention était acquise et qu’au mieux, il était véritablement pétrifié sur place.

A mesure que Darthestar poursuivait, la tension montait. Ici et là, on murmurait, tout bas. Les expressions des autres clients, devenus public de la joute verbale, étaient d’une grande variété. Hasard avait, c’était évident, de farouches partisans. Ceux-là affichaient déjà de l’agressivité, prêt à mettre dehors l’impudent qui osait manquer de respect à l’admirable Terranide. Parmi eux, la souris, forcément, qui n’avait pas trainé à sortir son couteau, si bien que son imposant compère mi-loup avait jugé bon de poser une main ferme sur son épaule pour qu’il ne puisse se lever. Hasard avait aussi ses détracteurs. Ceux-là semblaient heureux qu’enfin quelqu’un remette à sa place l’insupportable vantard. Et puis, il y avait les curieux qui étaient ravis de l’animation naissante et se demandaient qui allait en fin de compte l’emporter. La liste ne serait pas complète sans les peureux qui ne voulaient pas que ça dégénère. Enfin, il y avait les mix, ou les indécis comme vous voulez, qui appartenaient à plusieurs catégories précédemment citées. Ha, j’oubliais aussi ceux qui s’en foutaient mais ils n’étaient pas nombreux et, le silence devenant écrasant, ils s’étaient également plongé dans un mutisme relatif.

Une chose apparaissait comme évidente et le voyageur n’allait pas en être surpris. Il y avait une grande différence entre lui et son adversaire aux yeux des autres. Lui, il était inconnu. On ne pouvait le juger que par ses mots et son présent comportement. C’était exactement l’inverse pour Hasard qui, ici, jouissait d’une indéniable notoriété. On l’aimait, on ne l’aimait pas, mais on avait au minimum entendu parlé de lui et, chose importante, de ses actes.

L’homme était habile dans l’art de la réplique. Les mots, le ton, tout y était ajusté pour un effet maximal. On sentait vraiment sa volonté de blesser cet égo si exécrable dont faisait preuve le félin. Mais la colère n’a jamais été une bonne conseillère. Avant même que Belgrif ne réplique, Darthestar put se rendre compte de son erreur. Il lui suffisait pour ça d’observer les regards braqués sur lui. Certains d’entre eux semblaient lui dire silencieusement : « toi, tu parles sans savoir. » Le plus inquiétant, c’était qu’une partie de ses regards appartenaient non pas aux alliés du chat, mais à ses adversaires. Il s’agissait donc d’une pensée assez générale et non partisane. Son attaque, aussi violente qu’elle puisse être, était donc mal ajustée. Elle aurait à merveille convenu à quelqu’un qui parlait sans prouver. Or le chat noir n’était pas de ceux-là.

N’en demeurait pas moins qu’une attaque hasardeuse pouvait tout de même faire mouche. Le Terranide ne s’était-il pas figé sur place ? Après tout, le plus gros des efforts de son invité était de froisser sa fierté démesurée et donc, on pouvait l’imaginer, assez sensibles. Alors que Darthestar se taisait, même les quelques murmures s’effacèrent. Ce fut à cet instant précis, alors que le silence était le plus complet, que la tension fut à son apogée. Et Belgrif n’avait toujours pas bougé. Toujours de dos par rapport à l’homme vampirique, il laissa passer quelques secondes d’immobilité.  Tout était en suspend, c’était délectable. Tout d’un coup, ou plutôt non, lentement, Hasard refit face à Darthestar. On entendit même ses pas légers sur la pierre. Son visage s’était fendu d’une consternation comique d’exagération. Il porta les deux mains à son court museau pour mimer le choc.

-Hoooo !!

Même la voix était comique. Haut perchée et particulièrement ridicule, elle raisonna dans la salle, amplifiée par le silence. Elle avait un peu de la sainte-nitouche apercevant l’indécence d’une poitrine féminine dénudée.

-Je l’ai vexé !! poursuivit-il, sur le même ton, comme si c’était la fin du monde, tout en déployant une main démonstrative vers l’objet de la raillerie.

Cette fois, ce fut un tonnerre de rires. Le vacarme fut si fort que le pauvre petit chat puant le poisson quitta, affolé, les jambes de Darthestar pour se réfugier tout tremblant dans le coin le plus sombre, le plus isolé. Le plus irritant, ce fut peut-être la voix de la souris qui surpassait par l’aigu toutes les autres.

Le voyageur pouvait désormais se rendre compte que ses mots avaient glissé sur son adversaire sans parvenir à l’atteindre. En vérité, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Il était seul responsable de se retour cinglant. A l’image de l’escrimeur impatient, il avait frappé de front en ne sachant presque rien de celui en face de lui. Il avait ouvert sa garde pour pratiquement s’offrir à la défaite. Belgrif avait simplement profité de l’occasion décidément si belle.

Et oui, il n’était pas qu’un vantard invétéré. Il était aussi un comédien sachant bien des choses sur l’art du spectacle. Il savait amuser les foules. Il n’avait pas peur d’être ridicule pour porter plus loin le comique. L’ébranler par les mots n’était donc pas une chose aisée, bien au contraire. Darthestar n’était pas le premier à attaquer de la sorte le chat noir. Et il ne serait pas le dernier. Et le pire, dans tout ça, c’était que le matou jubilait intérieurement. Il adorait pousser les gens, comme ça, à la faute.

Darthestar était désormais dans une affreuse impasse. Il avait attaqué Hasard sur son territoire et sur son point fort à la fois. Maintenant, il aurait beaucoup de mal à remonter la pante car le public avait maintenant prit partie. S’il devenait violent, il se discréditait en prouvant qu’il ne pouvait répliquer verbalement. S’il partait, il en allait de même, tout comme s’il restait silencieux. Pourtant, ultime preuve que le chat n’avait pas peur de lui, ce fut Belgrif qui lui offrit l’échappatoire, enfin d’une certaine façon.

-ASSEZ !!! tonna-t-il, tout en brandissant les bras.

Il ramena progressivement le silence. Quand le volume autour de lui fut raisonnable, il reprit, sérieux maintenant, à l’intention de l’homme.

-Sachez que je ne me suis jamais donné aucun titre. Ce sont les autres qui me les donnent. Et je crois avoir ici autant de titres que de personnes présentes. Pour lui, je suis le Prince des Voleurs. Pour lui, je suis un fou à la langue bien pendue. Pour lui, là-bas, qui se cache derrière sa bouteille, je suis, je cite « un putain de chanceux qu’à des couilles en or. »

Encore quelques rires pendant que le chat désigne tour à tour des personnes dans la salle, en commençant par la souris.

-Forcément, tout ça, ça ne vient pas qu’avec des mots. On peut dire que le jour, je parle, et la nuit, je fais. Bon, évidement, de temps en temps, je dors aussi, ça m’arrive.

Nouveaux rires de la part du public.

-Et vous, l’espèce de vampire machin chose, vous faites quoi au juste ? Vous marchez, ho, la belle affaire, mais encore ? Ha oui, vous caressez des chats aussi, va falloir que je me tienne à distance !

Nouveaux rires. Inutile de le préciser mais les moqueries étaient juste là pour les autres clients.

-Mais à part tout ça, seriez-vous prêt à vous mesurer à moi ? Non, pas ici. J’ai autre chose en tête, de plus amusant et qui vous laisse toutes vos chances si, bien sûr, vous êtes à la hauteur.

Sa tirade avait eu le don d'une douche froide au travers de la pièce. Plus personne, absolument plus personne ne pipait mot à la première phrase, et l'on aurait pu croire que les mouches se soient tues tant le silence était parfait dans la pièce et peut-être même dans les salons un peu plus loin. Hasard avait cessé sa fuite, immobile désormais sur les planches de bois qui constituaient le sol de cette taverne, alors qu'une bonne partie de la salle le regardait ainsi pétrifié. Le vampire sentait que sa simple phrase était déjà, pour beaucoup de monde ici, une atteinte peu commune faite au félin, et qu'alliés comme ennemis avait là du mal à accepter l'affront produit par l'homme, sois par orgueil, sois par désir de l'avoir fait avant le voyageur.

La suite n'eut pour don que d'envenimer la chose, mais le voyageur faisait fi des regards et des réactions qu'entraînaient ses mots. Tout au plus entendait-il parfois quelques soupirs lui étant adressé, lui promettant menaces ou inconscience, mais malgré tout les mots s'envolaient, nuée d'oiseaux plus voraces les un que les autres dés qu'il s'agissait de manger le coeur d'orgueil d'un énorme félin. Tranchants, sévères, les syllabes débitées par le vampiroïde, qui étaient désormais les longues et douces notes qui avaient remplacées la flûte du troubadour, emplissaient la conscience de tous, échauffant les esprits et faisant sortir couteaux, lames, masses, et équipements de tout genre au cas où une rixe venaient à se déclenchée.

En faite même si tous semblait s'accorder sur le faite que le voyageur ne connaissait rien sur le bonhomme, même si chacun le regardait en se disant qu'il était un malade qui actuellement se mettait bien trop de monde à dos, le vampiroïde souriait doucement. Il savait qu'en de nombreux sens tout les mots qu'il envoyait à l'homme n'avaient aucuns autres fonds que celui d'être assez fort et gênant pour que le félin daigne revenir prendre place face à lui. Oh non Darth n'avait pas fait une seule erreur, car dés le départ il savait très bien ce qu'il faisait, et cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Aucuns regards, aucuns murmure injurieux ou porteur de menace n'eut la capacité d'ébranler la solide discussion du vampire, pas une seule information ne fit dévier sa langue de son but initiale. La puissante obstination de l'homme prouvait à elle seule qu'il agissait en son âme et conscience, et que la moindre attaque qui lui serait portée rencontrera sûrement une contre-attaque violente !

Pourtant l'attitude du vampiroïde n'était pas en accord avec l'assaut cinglant qu'il envoyait à la starlette de cette taverne. Il était souriant, avec un air serein et doux, et il caressait le petit chat sur ses jambes avec un air de vieux papy à la retraite. Ses actions étaient d'ailleurs tellement aux antipodes l'unes de l'autres que ça ne pouvait que paraître plus grossier e insultant pour Belgrif, le vampiroïde ayant alors l'air de complètement se moquer de ce qu'il disait, comme si c'était une vision évidente des choses et apparentes pour tous. L'animal miaulait et ronronnait de plaisir, en accord avec la libération que Darth ressentait en parlant tout seul au milieu de cette taverne bondée et pourtant désespérément vide de réactions. Oh oui quand l'un des matous se sentait au mieux de sa forme, l'autre restait de marbre dans un coin de la salle, entre une table et une porte, entre la honte et l'affrontement.

Silencieusement pourtant, quand Darthestar eut finit son petit jeu, le félin se décida à se retourner. Lentement, il revint vers sa table et se mit devant lui, fière, prêt à répondre. Tout était là, quoique dise le félin, quoiqu'il fasse, il avait été assez touché pour se sentir l'obligation de surenchérir auprès du vampire, et de réussir par quelques tours peut-être à lui coller une joute verbale supérieur à la sienne afin de lui sucrée son amour propre. Mais dans le fond, avouons-le, quand votre adversaire reviens alors qu'il se croyait vainqueur, n'est-ce pas déjà un grand round de gagner ? Le vampiroïde n'avait point besoin de plus, et regarda tranquillement Hasard commencer à faire son cinéma.

-Hoooo !!

Il en aurait peut-être pouffé de rire mais le duel avait commencer, il devait ne pas réagir aux réactions de son adversaire. Il s'occupait du petit félin avant de s'occuper du grand, le câlinant doucement alors que la voix de pucelle allait continuer sur sa lancée. Décidément il avait un certain répertoire de voix, très horripilant certes, mais on pouvait lui reconnaître ça dans le fait qu'il était bon acteur. Enfin la suite vient vite après une petite pause de suspens pour mieux déclencher ce qui suivra :

-Je l’ai vexé !!

Un véritable fracas accueillit la parole du chat, venant bien sur faire sursauter le matou qui était sur ses jambe pour que ce dernier aille se cacher dans un coin sombre. Darthestar, vexé ? Nullement, et c'est bien son petit sourire actuel qui le prouvait. Oh certes tous ici devait être trop ivre de la représentation précédente pour pouvoir l'avouer ou le reconnaître, aveuglé soit par les yeux clos d'un fous rire tonitruant et générale, soit par une désormais quasi concordance avec ce que venait de dire Hasard, comme quoi le voyageur était vexé. Mais entre tous son sourire n'était dédié qu'à un seul, il n'était dédié qu'au gros chat qui venait d'amuser la galerie par un détour de phrase sans beaucoup d'originalité.

Il avait user une technique infantile, que tous font un jour car elle est efficace et simple. Darthestar ne cautionnait pas ce genre de chose mais il se permettait de garder le félin en ligne de mire pour une bonne raison, un adversaire à sa hauteur est toujours plaisant, et il sentait que pour l'un comme pour l'autre l'intérêt était renouvelé, non par un lien de discussion amicale ici, mais bien par une certaine relation de conflit qui se résumait en un mot, un duel face à un adversaire qui semblait vouloir en battre un autre sur un terrain où tout deux étaient forts !

Alors certes Darthestar c'était alors mit dans une position assez déplaisante et franchement à son désavantage, mais il ne s'en souciant guère et gardait son petit sourire, signe de son assurance totale actuelle. Abaissant sa main vers le sol il invita le chat à le rejoindre un fois que les rires se soit un peu calmer, et celui-ci revient doucement pour venir se frotter à sa main, sans pour autant remonter encore sur ses jambes, non pas de peur pour Darthestar, mais surtout parce que l'animal était encore un peu fébrile et mal à l'aise quand à ce qui se passait, ce qui après tout était bien normal. Là où un félin avait peur, l'autre était muet depuis son jeu, et un vampire restait serein.

-ASSEZ !!!

L'éclat de Hasard résonna dans la taverne et fit sursauter à nouveau le petit chat odorant, même si ce coup-ci il préféra se terré sous ma chaise plutôt que loin de moi sous un meuble. Bon après tout il faisait ce qu'il voulait. Bon l'avantage de la réaction du grand chat était que la foule autour d'eux avait enfin cessé leurs rigolades, et on retrouvait enfin le plaisir d'un silence. J'aurais pu agir alors mais je sentait que le félin n'avait pas demander le calme pour que je parle mais bien pour pouvoir répondre enfin véritablement à ma tirade ! Oh quel joie, enfin, je commençais à croire qu'il ne ferrait que faire rire autrui ! Je le gratifie d'un simple sourire, il doit sentir que je n'attends que sa réponse.

-Sachez que je ne me suis jamais donné aucun titre. Ce sont les autres qui me les donnent. Et je crois avoir ici autant de titres que de personnes présentes. Pour lui, je suis le Prince des Voleurs. Pour lui, je suis un fou à la langue bien pendue. Pour lui, là-bas, qui se cache derrière sa bouteille, je suis, je cite « un putain de chanceux qu’à des couilles en or. »

Les rires ne rejoignent son apparence que par le sourire qu'il affiche. Le chat quand à lui reste sous ma chaise et ne bouge pas, peut-être qu'il regarde Hasard je ne sais pas, mais il est assez plaisant de ce dire qu'il reste malgré tout auprès de moi. Quand un chat est auprès de toi, les autres restent aussi dans le coin non ? Enfin comme il se le disait plus tôt, de nombreuses de ses piques n'avaient pas de fond, et cela ne l'affectait guère. Il avait ramener le terranide auprès de lui et c'est tout ce qui comptait, pour la suite il saurait la gêrée.

-Forcément, tout ça, ça ne vient pas qu’avec des mots. On peut dire que le jour, je parle, et la nuit, je fais. Bon, évidement, de temps en temps, je dors aussi, ça m’arrive.

Oh que oui le félin était doué dés qu'il s'agissait de parler, tout le monde semblait le savoir et Darthestar en était le plus ravi, même si il ne le laissait pas voir. Il aurait été plus qu'ennuyeux de devoir s'affronter avec pour adversaire un mou du bulbe qui ne savait pas aligner trois lettres et qui n'aurait point pu lui faire démonstration de ses capacités.

-Et vous, l’espèce de vampire machin chose, vous faites quoi au juste ? Vous marchez, ho, la belle affaire, mais encore ? Ha oui, vous caressez des chats aussi, va falloir que je me tienne à distance !

Les rires continuent et c'est le moment que choisit l'autre félin pour remonter sur mes jambes et se frotter à moi. Cela ne doit pas aider pour la crédibilité mai peu importe. Je laisse le félin se replacer, et attend les dernières phrases de Hasard, sentant dans son ton et dans l'inflexion de sa voix que les choses ne sont pas terminée. Allez voleur, offre moi ta dernière réplique que je puisse enfin me permettre de répondre à tes sarcasmes, que nous puissions enfin nous voir comme des rivaux, j'ai hâte !

-Mais à part tout ça, seriez-vous prêt à vous mesurer à moi ? Non, pas ici. J’ai autre chose en tête, de plus amusant et qui vous laisse toutes vos chances si, bien sûr, vous êtes à la hauteur.

Enfin la voilà la fatidique question ! Et dire qu'il avait fallu le provoquer pour le mener à cela ! Le sourire de darthestar s'élargit, montrant alors ses grands crocs à toutes personnes assez proches pour le remarquer. Reprenant les caresses du félins il fit deux mouvement de tête pur faire craquer son cou, puis il regarda à nouveau Hasard pour pouvoir reprendre leurs jeu. Seul Hasard pouvait voir les yeux de Darthestar. Des yeux rieurs, d'un bleu froid et intense, qui exprimait l'amusement et l'intérêt de ce voyageur pour la proposition enfin amenée sur le tapis.

- Il faut dire qu'en Prince, vous avez toutes les qualités indéniables pour être l'orateur, mais si ce n'était que cela, j'aurais appelé un membre d'une compagnie théâtrale pour faire rire la clientèle de cette taverne. Un peu de latin aurait peut-être même pousser le comique à son grand maximum et vous aurait accorder une standing ovation de la part de tout les occupants des sièges de ce coin rafraîchissant.

Oui il ne comptait pas démarrer trop vite, mais sa voix était assurée, claire, et une nouvelle fois se posait complètement en contraire de la voix de Hasard. D'un côté il y avait la grande comédie, de l'autre on pouvait presque croire à un côté diplomate et haut gradé. Et étrangement dans les deux cas les habits juraient avec les paroles. En tout cas le vampire imposait, par son calme et la maîtrise des choses. Il venait de concéder une chose à son adversaire, preuve d'une certaine acceptation, tout en continuant à lui tirer dessus, reprenant alors de la notoriété.

- Mais quoi de plus mauvais que de payer pour un service, alors que l'on peut l'offrir gratuitement à tous lors d'une discussion simple ... Vous m'avez dit vexé ? Je doute même avoir été piqué parce que vous avez essayez de me faire, mais par contre je note une chose particulière... Est-ce un intérêt renouvelé qui vous a amener à ma table pour tenter de me voler dans les plumes ? Pour un chat c'est normal, mais attaquez les poulets, et non pas les aigles !

Il se releva alors, en décalant la chaise avec un fort bruit, jouant aussi son rôle. Le bruit du chat tombant se fait entendre dans le silence palpable de la pièce, et Darthestar sourit doucement face à son adversaire alors que le plus petit des bêtes poilus se faufile entre ses jambes. Un fin miaulement se fait entendre, coupant un peu la tension du moment, mais le vampire fais désormais face au terranide, le gouvernant de plusieurs têtes, pourtant la situation n'as rien d'un terme de supériorité, mais bien d'égalité, Darthestar reconnaissant en le félin un homme d'égal teneur.

- Mais en somme je répondrais à vos questions Hasard, je marche, oui comme tous, pourquoi, vous ne marchez pas sur deux pattes vous ? Je caresse les chats et il va falloir que vous vous teniez à distance ? Quel dommage ! Je ne vous ai pas encore gratouillé entre les oreilles, vous pouvez demander au petit, ça lui fait beaucoup de bien !

Ces piques là avaient le même but que celles qu'avaient produite Hasard un peu plus tôt, autrement dit finement insinué que son adversaire ne faisait pas trop le poids, n'était qu'un petit. Cela servait surtout à amuser les voleurs car Hasard devait bien sentir que malgré tout il y avait une grande forme de respect envers lui chez Darthestar. Le vampire néanmoins ne fit pas plus que cela et envoya alors sa dernière envolée, une réponse à leur discussion de départ. Une réponse peut-être même présente depuis le début de leur rencontre :

- Mais de tout ce qui est dit le plus important est une chose, je ne suis point vexé, et ma pique ne vous a pas touché simplement parce que l'un comme l'autre attendions juste les quelques mots que vous avez prononcé Hasard. Vous mesurez à vous ? Oui, qui sait, rien que par ces mot vous montrez de l'action en plus de l'intellect ! J'attends votre défi, et je crois qu'il va me plaire.

Son sourire s'élargit, cicatrice d'un amusement aux deux crocs argentés.... En disant ses derniers mots, le vampiroïde faisait presque peur, et les moins téméraires en auraient presque sentit le souffle du vampire sur leurs coups, le fuyant immédiatement. Un miaulement vient rompre le silence, mais ce coup-ci la tension ne baisse pas.

-Bien, très bien ! Je n’en attendais pas moins de vous ! déclara Hasard avec un enthousiasme toujours quelque peu emprunté à l’art du théâtre.

En vérité, il ne cessait jamais d’être un acteur. Et ce n’était pas parce qu’il semblait redevenir sérieux qu’il en était vrai pour autant. Tout en lui, dans son caractère, était faux, né d’un rôle ou d’un autre, d’une inspiration, d’une pensée. Son ancien naturel s’était dilué par tant de manque d’authenticité si bien que, privé de base ou plutôt, celle-ci étant devenue invisible, par absence du vrai, le faux passait pour vrai et au fond, l’était plus ou moins. Vous pouvez alors vous insurger en me rétorquant que pareille réflexion est absurde. Voilà, le mot est dit : absurde. Pour tant se perdre, pour tant chercher l’intense, le plaisir par le risque, l’amusement par l’intérêt immédiat, Belgrif était peut-être faux mais c’était un vrai dément.

Darthestar commençait à cerner légèrement le Terranide. On va dire légèrement car si d’aventure c’était d’avantage, soit il n’aurait pas réagit ainsi, soit il était lui-même fou. Défier un dément était loin, très loin d’être conseillé. Le suivre, également, n’était pas indiqué. En fait, quelqu’un de sage aurait assurément prit ses distances, tout simplement. Mais le voyageur en avait décidé autrement, à la plus grande joie des autres clients qui voyaient la confrontation se concrétiser. Etait-ce par désire de la découverte ? Etait-ce pour prouver quelque chose ? En attendant, le sombre félin ne se donna pas la peine de répondre aux moqueries. Il avait déjà éludé les précédentes, il faisait de même maintenant. Il ne justifia pas d’avantage sa prise de position, laissant l’autre à ses supputations. Il trouvait plus amusant de concentrer sa verbe sur l’énonciation du fameux défi, avec tous les effets de style requis en public, cela allait de soi.

-Ho, oui, vous allez aimer ! Ça va être… magistral ! Et encore, le mot est faible ! poursuivit Belgrif avec une vibrante conviction.

Sa voix résonnait, presque impérieuse, dans le silence et la tension de la grande salle. Les regards, maintenant, convergeaient sur lui, lui qui se déplaçait tout en parlant vers le comptoir. Les quelques personnes qui obstruaient le passage s’écartèrent à son approche. Quand il put s’adosser au bar, nonchalant forcément, de nouveau face à son adversaire du soir, il enchaina.

-Comme certains savent, parce que décidément il est difficile de garder des secrets par-ici et, il est vrai, que je ne fais pas tout pour rester discret… Des ricanements parcoururent l’assemblée. …donc, comme certains savent, je projetais de cambrioler le manoir du Duc d’Olbir Neston cette nuit. En fait, est-ce que quelqu’un ici l’ignorait, mis à part notre brave Darthestar ?

Hasard parcourut du regard les clients. L’un d’eux finit par se manifester d’une façon assez vacillante car il avait, selon toutes vraisemblances, déjà un peu abuser sur l’alcool.

-Moi, moi j’savais pas !
-En même temps, toi tu sais rien ! répliqua un autre, déclenchant de nouveaux rires.

Belgrif sourit, pour ne pas changer. En fait, il devait bien y avoir une bonne dizaines d’autres personnes dans l’ignorance mais aucune n’avait jugé bon de se signaler et ainsi de se livrer aux moqueries de ses voisins de table.

-Et bien, coup de théâtre, je change mes plans !
 
De nouveau le silence. Petite pause pour ménager l’effet de révélation. C’était amusant toute cette soudaine interrogation dans les regards. La Taverne était accrochée aux babines du matou et il aimait ça.

-Car oui, Darthestar est un grand, ou il se croit grand ! Le Manoir d’Olbir Neston et sa demi-centaine de gardes, c’est pas assez pour lui, pour nous ! Alors, brûlons les étapes, visons plus haut, encore plus haut que la galerie de tableaux hors de prix du Duc ! Car oui, c’est possible ! Rien n’est impossible !

Le discours de plus en plus animé aurait pu être celui d’un politicien en campagne électorale. Il provoqua des murmures dans la salle et attisa l’interrogation, la curiosité des personnes présentes. Hasard, reprit, plus bas, presque solennelle.

-Je ne pense pas que vous l’ayez vu, Darthestar, en gagnant la cité ; mais il y a une tour, un peu isolée de Nexus, une tour belle et haute, plantée fièrement au milieu de jardins splendides. N’ayez crainte, vous n’aurez pas à la chercher, notre jeune souris va se faire une joie de vous y guider. Cette tour est la demeure de la belle Maelle Nazar. On la surnomme la Sorcière Rouge.

Les murmures enflèrent. « Mais il est fou, » on put entendre dans un coin, alors que dans l’autre on semblait déjà prêt à parier. Le chat ne se laissa pas interrompre cette fois. Et il ne tarda donc pas à reprendre.

-Maelle Nazar est aussi riche que puissante. Son domaine est gardé par ses golems, ses esclaves, ses pièges magiques, ainsi que par elle-même. Et elle n’est pas tendre avec les voleurs. Le défi est simple : voler à la Sorcière Rouge sa boule de cristal qui se trouve, d’après ce qu’on peut savoir, tout en haut de la tour, au cœur d’un sanctuaire à la gloire des arcanes. On partira en même temps, du même point. Mais pour la suite, tous les moyens son bon pour gagner. Le vainqueur sera celui qui retournera ici-même, à l’Enseigne Perdue, avec la boule de cristal. Tel est le défi que je vous propose.

Et se défi n’était donc pas à livrer que contre Belgrif mais aussi contre la Sorcière Rouge. Il n’y avait qu’à observer l’attitude de la clientèle pour savoir qui semblait le plus puissant des trois parti en présence. En fait, même une opération collaborative entre Hasard et le voyageur relevait déjà presque du suicide, alors une confrontation… c’était de la pure folie. Et c’était tout l’intérêt.
 
-Alors, serez-vous mon adversaire ?

Son cher chat se frotte doucement à sa jambe. Il y a prit goût à cet amusant félin, miaulant quand les autres se figent d'effroi, se frottant à lui quand les premiers venus ne feraient que le fuir, cherchant vite un abri pour protéger leur chair et leurs secrets des yeux du voyageur. La provocation de Hasard avait créé en lui un sentiment complexe de satisfaction malsaine, et depuis que l'idée du jeu était lancée, Darthestar se sentait dans un état encore inconnu pour lui, une espèce d'euphorie contenue dans laquelle se trouvait tout son désir de remporter le futur jeu ! Sa dernière phrase n'était qu'un court et petit exemple de son envie qu'il cachait à grande peine, même si son expression faciale témoignait de l'amusement qui était né, et la grimace de ce cher vampire n'était pas pour rassuré les personnes présentes à la scène.

-Bien, très bien ! Je n’en attendais pas moins de vous !

Toujours pas sorti de son rôle, le félin de grande taille continuait de faire son acteur de théâtre, ses inflexions de voix et sa gestuelle semblant faitent pour toujours créer une mise en scène palpitante, un drame passionné, une tragedie où tout coeurs fondent en larmes. Il avait lancer sa phrase comme l'aurait fait un shakespeare désireux de créer l'émoi dans toute une salle, appelant à une nouvelle scène, ou à un entracte dont le long silence titillerait l'impatience des spectateurs, ou au contraire leurs permettrait de reposé un peu leurs têtes afin de mieux recevoir les fantasques révélations qui suivront cet appel à un renouveau de l'histoire présente.

L'un comme l'autre se regardait, le plaisir se lisant sur leurs bouilles, comme deux gosses avec des épées en bois prêt à partir chasser les dragons, les chimères et les mythes qui encore aujourd'hui restent obscures. De par ce que Darth avait comprit, rien que l'idée de suivre le félin était une folie, une entreprise coupe-gorge qui mettait plus souvent autrui dans les problèmes que ne leurs promettait richesses et reconnaissance ! En un mot, Darth sentait bien que de faire face au félin, dans un défi qui plus est, et avant tout pour la simple satisfaction personnelle était une action aussi follement idiote que d'aller se balader dans un des vieux donjons qui parcourt les plaines sauvages aussi nu qu'un ver.

-Ho, oui, vous allez aimer ! Ça va être… magistral ! Et encore, le mot est faible !

Voix haute, petit mouvement de patte vers le ciel, accent théâtrale pour le mot magistral. Il ne quitte pas son jeu et lui promet une partie que le voyageur sait déjà, depuis longtemps, très intéressante. Allons cesser de tourner autour du pot Hasard, allons y enfin à la description de notre grande histoire, de ce passage immédiat et soudain dans une demeure aux hautes tours afin d'y dérobé tel ou tel pièce d'une collection incroyable. Mais voyez par vous même, votre public est déjà toute ouïe, captivé, sur les nerfs même à un tel point qu'ils n'en peuvent plus de vous entendre usé de figures de styles pour décrire votre futur action. Vous êtes un trop bon orateur pour pouvoir abandonner vos spectateurs à un ennui grandissant qui les obligerait à vous couper pour vous empêchez de tergiverser et d'y aller enfin franchement, non ? Dans le fond il était dommage pour le vampiroïde que le passage des provocations soit désormais clos car il avait là de quoi lui porter un sévère coup de couteau, qui ricocherait certes sur la carapace de son indifférence, mais qui lui ferait perdre soudainement de nombreux partisans. Debout face au félin, le vampire laisse un petit sourire en coin naitre au bord de ses lèvres suite à sa pensée mais ne fais rien de plus. Attendons la suite !

Hasard continuant donc son petit jeu, il reste silencieux au milieux d'une salle muette alors qu'il se dirige tranquillement vers le comptoir, créant un assez amusant mouvement de tête de la part de tout les membres de sa caste attablé dans le lieux, donc pour dire plus simplement, pas une personne est encore à vaquer à son occupation tant le terranide et son hôte ont eu le don de se mettre en avant en cette soirée. Avec une lenteur qui ne manque pas d'en faire mordiller certain l'intérieur de leurs joues à cause de la frustration, le terranide s'adosse tranquilement au comptoir et reprend sa petite scène de théâtre, comblant enfin l'impatience de certains, et la satisfaction des autres.

-Comme certains savent, parce que décidément il est difficile de garder des secrets par-ici et, il est vrai, que je ne fais pas tout pour rester discret… Donc, comme certains savent, je projetais de cambrioler le manoir du Duc d’Olbir Neston cette nuit. En fait, est-ce que quelqu’un ici l’ignorait, mis à part notre brave Darthestar ?

Les ricanements qui se firent entendre en disait bien long sur le fameux instinct de discrétion de Hasard parmi les siens ! Les malandrins de toutes sortent réunis en ce lieu riaient donc un peu tout en s'échangeant quelques mots, surement sur la nature du forfait et sur les rumeurs que cette tentative engendrait parmi autrui. Darthestar de son côté gardait son air souriant, ne souhaitant pas rentrer dans le jeu de son adversaire, étant donné qu'il devait présenter une façade de contradiction avec son futur rival. En tout cas un homme dans l'assemblé se leva, bouscula son camarade et fit raclé la table sur le sol avec un crissement désagréable, ayant manqué de tomber:

-Moi, moi j’savais pas !

Apparemment cet homme ne semblait pas être de la plus chaste nature une fois une bouteille à l'odeur vinassée débouchée. Rien que l'audace de sa réaction en fit rire quelques uns, et en tout cas assez pour qu'un autre homme voulant passer au premier plan riposte :

-En même temps, toi tu sais rien !

De nouveaux éclats de rires fusent au travers de la pièce alors que l'audacieux poivrot rosit un peu plus et se rassoit très discrètement à sa table ... En fait il manque de tomber mais la pluparts des occupants déjà riants ne se rendent pas compte de ce loupé assez mémorable. De son côté Darthestar remarque à peu près tout, les gens qui rient moins par gêne, qui rient trop par gêne ... Les mensonges sont partout apparemment, mais mon futur camarade de vol un peu lassé des rires qui se répandent décide de mettre fin à tout cela :

-Et bien, coup de théâtre, je change mes plans !

Coup de théâtre, c'est l'expression qui convient ! Et après un monologue en latin aurons nous le dénouement ? Un peu ironique mais Darthestar commençait à vouloir entendre ce sur quoi ils se disputeront la victoire. La réaction n'était pourtant pas la même chez les habitants des bas-fond qui, stupéfait, était désormais tout ouïe, attendant la parole du matou comme si c'était les mots de Dieu qui allait s'écouler de ses lèvres. Encore une pause pour le suspens mais là tout le monde était si proche de la conclusion qu'attendre un peu ne provoquait que l'effet désiré, à savoir être quasiment au bord de la crise cardiaque tant attendre était dur.

-Car oui, Darthestar est un grand, ou il se croit grand ! Le Manoir d’Olbir Neston et sa demi-centaine de gardes, c’est pas assez pour lui, pour nous ! Alors, brûlons les étapes, visons plus haut, encore plus haut que la galerie de tableaux hors de prix du Duc ! Car oui, c’est possible ! Rien n’est impossible !

Les voleurs étaient tous en transe, sauf certains qui commençait à durement appréhendé le projet du terranide. Voyons quel cible serait plus dangereuse et plus prestigieuse que le comte ? Quelle personne possède une telle fortune et une puissance assez colossale pour normalement ôté l'envie à quiconque de s'y attaquer ? Parce que oui c'était les premières questions à se poser quand Hasard commençait à s'amuser. Questions que même Darthestar avait en tête vu qu'il avait remarqué l'étonnement unanime et les descriptions chuchotés à voix basses de la magnifique collection du comte. C'était du grand spectacle qu'allait lui offri le félin, Darthestar en était bien heureux !

-Je ne pense pas que vous l’ayez vu, Darthestar, en gagnant la cité ; mais il y a une tour, un peu isolée de Nexus, une tour belle et haute, plantée fièrement au milieu de jardins splendides. N’ayez crainte, vous n’aurez pas à la chercher, notre jeune souris va se faire une joie de vous y guider. Cette tour est la demeure de la belle Maelle Nazar. On la surnomme la Sorcière Rouge.

L'effet de ce pseudonymes fut surprenant, toute la salle se perdant désormais en murmures, en mines suspectes et en apparence déformée par un sursaut vite camouflé. Une sorcière, ou une mage, de toute manière quelqu'un maitrisant des talents magiques qui n'allait surement pas être aisé d'éviter ou de contre-carrer. Ça n'allait donc pas être facile, et ses dons de pisteurs/chasseurs seront mis à rude épreuve. Tant mieux dans un sens, il fallait juste qu'il aille se munir de quelques éléments simples mais efficace avant de se laisser guider par l'enfant.En tout cas il allait quand même se permettre de lui demander quel sera leurs but dans cette entreprise, mais il n'eut même pas le temps de bouger les lèvres que la réponse lui vint, ce coup-ci sans grand suspens :

-Maelle Nazar est aussi riche que puissante. Son domaine est gardé par ses golems, ses esclaves, ses pièges magiques, ainsi que par elle-même. Et elle n’est pas tendre avec les voleurs. Le défi est simple : voler à la Sorcière Rouge sa boule de cristal qui se trouve, d’après ce qu’on peut savoir, tout en haut de la tour, au cœur d’un sanctuaire à la gloire des arcanes. On partira en même temps, du même point. Mais pour la suite, tous les moyens son bon pour gagner. Le vainqueur sera celui qui retournera ici-même, à l’Enseigne Perdue, avec la boule de cristal. Tel est le défi que je vous propose.

La peur se lisait dans les yeux des membres de la taverne, ainsi qu'une désapprobation sourde qui lui était directement offerte. En quelques mots les yeux des malfrats disaient : "Ne fais donc pas ça c'est de la folie pure". Folie pure est une bien belle expression d'ailleurs. Son chat tâcheté se frotte une dernière fois à sa jambe avant que le vampiroïde ne choisisse de croiser les bras dans un geste assez classique chez lui et penche la tête en souriant. Puis de sa voix assez grave, un grand sourire sur ses lèvres, il réplique à la dernière demande de son adversaire.

-Alors, serez-vous mon adversaire ?

-Et comment ! Nous serons donc en compétition pour obtenir l'un des biens les plus précieux d'une mage ? Eh bien soit mes anciennes capacités ne furent pas mise à l'épreuve depuis longtemps, et j'ai ici l'occasion de les user à un escient qui me convient parfaitement.

Consternation, sourdes préventions, les malandrins ont désormais oubliés toutes peurs et se sont mis à faire leurs très nombreux paris sur les trois futurs adversaires. Il ne fut pas trs surprenant pour le vampiroïde de constater qu'apparemment la sorcière était grande favorite, puis suivit par Hasard. Darthestar quand à lui n'était qu'un bout infime des paris, considéré surement comme l'homme qui se fera crâmé au premier pige magique sur lequel il passera. C'est bien, faites donc vos paris, il est possible que les plus grandes surprises surviennent durant cette course folle vers l'orbe. En tout cas, le voyageur replace bien son chapeau sur sa tête et s'approche de Hasard avant de lui filer quelques pièces de manière assez surprenante au premier abord :

-Payez ma collation, si je dois accomplir une telle mission je dois me préparer, mon matériel et ce que je portes dans mon sac étant bien trop obsolète pour une action de haut vol. Je reviendrais sous peu, donc si mon guide peut m'attendre aux portes de la taverne je vous en serais gré ! Quand à vous Hasard, je suppose que je vous retrouve devant les murailles de la tour ? Avec la hâte de vous revoir pour notre duel, je vous dit à tout à l'heure.

Sur ces mots le vampiroïde partit sous les yeux attérés des membres de la taverne, certain allant même jusqu'à la porte pour regarder ce fou se diriger vers les grandes rues afin de faires les dernières emplettes qui lui sont nécessaire. Il allait falloir ruser pour déjouer les pièges magiques de la sorcière, et il allait encore plus falloir être assez vif et rapide pour ne pas se trouver englué dans une zone dangereuse ou face à des ennemis particulièrement gênant. Aussi l'accoutrement actuel du voyageur, sans parler de son équipement, n'allaient surement pas convenir à de tels jeux d'adresse. C'est pourquoi ses dernières économies allaient être utilisées pour avoir des éléments convenables. De toute manière ce qu'il comptait acheter n'était pas particulièrement chère, il fallait juste espérer qu'il en resterait dans les boutiques encore ouvertes.

Il revint deux bonne heures plus tard avec 80% de ce qu'il voulait. Sa tenue se composant désormais d'un pantalon ample et d'un débardeur, le reste ayant rejoint son sac. L'homme en était du coup transformé, son corps entrainé apparaissant alors à la lumière faible qui venait du crépuscule, et une cascade de cheveux légèrement ondulés lui tombant jusqu'aux épaules. Aucune arme n'était visible sur son corps, et pour cause il n'en avait point d'autres que ses poings. Par contre se trouvaient accrochés à sa ceinture de multiples ustensiles qui pour beaucoup ressemblait à un attirail de marché au puce plutôt qu'à un équipement digne de ce nom : des billes de plombs, du sable, une fiole contenant un liquide à l'air peu avenant, de la corde, un sifflet, un grappin non-liés à la corde et un autre sac contenant des billes standards.

Il rejoint tranquillement son guide devant la taverne, à la surprise des malandrins restés pour voir si cet homme prendrait le temps de revenir pour aller se tuer à la tour de la sorcière rouge. Eh bien oui, et malgré l'animosité du gosse envers le vampiroïde, ce qui n'était pas étonnant vu qu'il avait osé provoqué son idole, le voyageur, la souris et son garde du corps partirent tout troit en direction du territoire hors de la ville même, en direction d'une tour mortellement dangereuse. Darthestar prenait cela d'un air serein, et le souriceau semblait conservé son incroyable foi en Hasard, comme si celui-ci était le dieu des voleurs, prenant des choses plus rare que les étoiles et plus précieuse que la vie. Cette idée fit naitre un nouveau sourire sur le visage du vampiroïde qui sentait désormais la fraicheur nocturne souffler sur la grande ville.

Un pas après l'autre, il allait vers l'un des plus gros défis de sa vie.

-On y est, marmonna le jeune Terranide Souris.

Mené par ce guide, qui ne fut donc pas des plus agréables et qui ne cessa d’étaler les innombrables qualités de son idole, tentant par la même occasion et de façon plus ou moins subtiles, de prouver que l’issue du défi ne faisait aucun doute, Darthestar quitta les sordides quartiers de Nexus pour aller bien au-delà des murs de la ville. Si au départ les bâtiments restaient tout aussi serrés les uns au autres, témoin d’une expansion urbaine débordante des portes même de la cité, chose assez classique et certainement vue en d’autres lieux mais ici plus marqué qu’ailleurs, la végétation commença à s’intercaler entre les maisons à mesure que la marche s’était prolongée. Les maisons avaient fini par devenir des fermes et de vastes champs s’étaient offert aux regards des deux individus. La souris avait continué jusqu’à s’engager dans un bois rendu bien sombre par la nuit tombée.

A présent, minuit devait être passé. Le petit Terranide venait juste de s’immobiliser à l’entrée d’une minuscule clairière. La lune était masquée par un nuage vagabond, seule la lumière des étoiles éclairait l’endroit d’une délicate nuance argentée. La canicule du jour durant s’était muée en une agréable fraicheur. Il avait fallut attendre si tard pour qu’enfin la température se prête à la marche. Le vent était léger, la météo apaisée. Point de pluie ou d’orage à redouter. Pas d’avantage de brouillard sur lequel compter car en fait, vu le contexte, les caprices du temps auraient été plutôt bienvenus. Au moins, la lune, même si elle venait à se découvrir, n’était qu’un fin croissant. La nuit était sombre.

Hasard était là, même si au premier regard on aurait pu jurer le contraire. Un mouvement trahit sa présence alors qu’il quittait les ombres des bois pour se présenter dans la clairière. Il était arrivé en premier, mais il n’avait en réalité pas tant d’avance que ça. Une grosse dizaine de minutes, tout au plus. Lui-aussi avait changé de look. Son costume, tout aussi ample que le précédent, était par contre d’un noir profond. Il devenait difficile de faire la différence entre son pelage, de toute façon presque invisible sous l’étoffe, et l’étoffe elle-même. Le chat semblait n’être qu’une silhouette et son regard d’émeraude n’en était que mieux mis en valeur. On aurait presque dit que ses yeux étaient lumineux. Un sac jeté sur l’épaule et quelques reliefs sous son habit montraient la présence de son propre équipement. Il toisa Darthestar, s’avança encore de quelques pas, puis s’immobilisa alors que la souris semblait vouloir dire quelque chose. Il lui intima le silence d’un geste. L’enfant protesta.

-Mais, Hasard ! Tu me l’as promis !
-Le hasard a décidé que, cette nuit, je ne soit pas accompagné mais défié. Inutile d’insister. On n’en a déjà parlé. Ta nuit sera la prochaine.
-C’est pas juste !
-Mais c’est comme ça. Retourne à l’Enseigne Perdue. Il doit y rester des curieux. Dis-leur que le défi a débuté.

La souris ronchonna mais ne fit pas plus de difficulté. Bientôt, elle disparaissait par-delà les troncs et Belgrif, après un instant de silence, s’adressa à son adversaire de la nuit.

-Ainsi, vous êtes de parole. Vous êtes venu. Et vous avez eu le bon sens de vous préparer en conséquence. Parfait. Le match risque d’être intéressant.

Le ton était moins détestable mais ce n’était là que le résultat d’un nouveau rôle, celui du voleur. Le félin désigna les arbres derrière lui.

-Le domaine de Maelle Nazar se trouve dans cette direction, à moins de cinq minutes de marche. Sachez que même si j’ai entendu beaucoup de choses sur la Sorcière Rouge, rien n’est vraiment utile et de toute façon, tout doit être faux ou déformé. Cette femme sait bien garder les secrets. C’est aussi pour ça qu’elle intrigue. Peu de monde a passé le portail de son jardin. Bref, sur ce point, nous sommes à égalité ou quasiment. Notre tâche est faite d’inconnue. Puisque nous sommes adversaire, rien ne nous oblige à rester ensemble, bien au contraire.

Hasard eut un sourire.

-Et bien voilà, le défi est lancé. Mais si vous avez encore deux ou trois trucs à me dire…

La souris était sans doute le pire guide que Darthestar n'ai jamais connu. Intarrisable d'éloge envers son prince des voleurs adulé, on pouvait se demander vraiment si une groupie serait moins amen à la cause de sa star adoré. Aussi le petit rongeur passait son temps à offrir à Darthestar les nombreuses qualités de Hasard, son adversaire, ainsi que de nombreuses histoires témoignant de sa si grande maitrise du vol et de la rapine, de ses mouvements d'experts et de ses exploits les plus grand, les plus stupéfiant et les plus évocateur de ce que le souriceau voulait faire entendre au vampiroïde : Lui le pauvre voyageur n'arrivait pas à la cheville de son rival dans cette course à l'orbe. À vrai dire il était clair pour tout le monde ici que de par son "métier", Hasard était bien avantagé par rapport au vampiroïde. Ce que par contre beaucoup ignorait et seul Hasard était encore capable d'avoir remarqué, c'est que ce cher Darthestar avait déjà des capacités athlétiques hors du commun et en ce sens la course n'était pas entièrement en sa défaveur.

Aussi prit il le temps d'écouter la souris, mais non pas pour estimer son adversaire, mais bien pour pouvoir en apprendre au plus que possible sur sa manière de faire. La souris, très loquace et surement peu capable de retenir sa langue dés qu'il s'agissait de son Hasard, lui offrait un nombre incalculable d'information intéressante et pour le moins précises sur les manières d'agir de son adversaire, ainsi que la plupart des rumeurs qui circulaient sur sa manière de se sortir des coups durs. Et en cela, c'était une mine d'idées pour le vampire, ainsi que la capacité de mieux connaitre un des partis en présence pour ce duel acharné en pleine nuit. Enfin, l'apport de la souris quand aux connaissances sur la rapine offrait à Darthestar la capacité d'imaginer un peu ce qui pouvait l'attendre comme réponse à leur tentatives ... Il pouvait hypothéqué sur la présence des pièges et où ils seront placés. Quand aux gardes, si ils étaient assez discret, ils n'auront surement aucuns soucis à se faire.

De ville ils étaient passés à faubourg, de faubourgs ils étaient passés aux fermes environnantes. La tour était en effet très excentrée, probablement pour des raisons de tranquilité et de sécurité. Pourtant cela en faisait une cible isolée, ce qui laissait entendre qu'à elle seule, l'occupante des lieux avait surement du mettre en place des protections titanesques pour pallier au manque d'aide directe qu'elle pouvait recevoir. C'était particulier pour Darthestar de penser à toutes ces choses aussi naturellement mais apparemment ce n'était pas si difficile de prévoir, la chose la plus importante restait après de pouvoir le faire sur le terrain, et surtout de mettre les choses en oeuvres pour pouvoir atteindre son but sans pour autant finir en pâté pour chat. Enfin pour l'instant il essaya de se calmer et de reposer un peu sa tête avant d'avoir à l'user à plein régime pour pouvoir survivre.

-On y est

De petites fermes isolées nous étions passés à une forêt assez dense, qui nous mena enfin jusqu'à un lieu particulier, une clairière ouverte dans l'obscurité dense, où seulement quelques rayons d'une lune en croissant parvenait à éclairer une courte zone herbeuse, premier pour l'instant où il ne fallait pas mettre les pieds. Désormais bien assez près de la tour, Darthestar imaginait déjà bien que quelques patrouilles puissent se trouver dans les environs, ou même que les arbres eussent des oreilles. Enfin si c'était le lieu de rendez-vous il ne pouvait que concevoir qu'il était sur, un voleur expert ne faisaient pas de sottes décisions juste pour pouvoir s'amuser ou parce qu'un duel allait s'entamer. La précaution se devait de rester un maitre mot dans ce genre de métier. Sauf qu'après, ce genre de métier n'était pas pris par des fous tels que Hasard.

Ce dernier d'ailleurs venait de sortir des ombres qui pour l'instant le dissimulait ! Comme quoi lui même devait commencer à être sur ses gardes pour rester sous le couverts des bois sans offrir la moindre chance à qui que ce soit de normal de le détecter. Sa sortie fit sourir le terranide souris qui l'accompagnait et l'enfant s'apprêtait à aller à sa rencontre quand c'est le félin lui-même qui vint vers nous, d'un pas lent et silencieux. Tenue noire comme la sienne, allegée, mais là où le voyageur avait privilégié une certaine disponibilité immédiate de son équipement, lui semblait avoir préféré les dissimuler en grande partie pour pouvoir rester à un effet de surprise. Sa dextérité devait surement compenser la moindre disponibilité des outils. En tout cas alors que le terranide souris allait parler, Hasard le coupa sans prendre de gants, indignant par là le jeune terranide.

-Mais, Hasard ! Tu me l’as promis !
-Le hasard a décidé que, cette nuit, je ne soit pas accompagné mais défié. Inutile d’insister. On n’en a déjà parlé. Ta nuit sera la prochaine.
-C’est pas juste !
-Mais c’est comme ça. Retourne à l’Enseigne Perdue. Il doit y rester des curieux. Dis-leur que le défi a débuté.

L'idée déplaisait fortement au petit terranide, mais il ne fut pas difficile dans un sens. Après tout comment ce gamin aurait-il pu dire non à son incroyable idole ? La réponse était simple, il ne le pouvait absolument pas, et reparti donc bien triste sous les ordres de mon adversaire. Je pris le temps de le regarder s'éloigner en companie de son garde du corps et soupira doucement, un peu rassuré de savoir que cet enfant ne participeras pas à cette folle entreprise. Il eut un instant de réflexion succinte avant de se mettre de nouveau en face de Hasard afin qu'ils se mettent en route, et qu'ils s'accordent sur la loi du début de cette escapade en terrain mortel. Le chat ne se fit pas attendre pour répondre :

-Ainsi, vous êtes de parole. Vous êtes venu. Et vous avez eu le bon sens de vous préparer en conséquence. Parfait. Le match risque d’être intéressant.

-Je ne sais si il sera intéressant, mais le danger est clair. Votre sorcière semble assez puissante pour se permettre le luxe d'une protection assurée que de sa main, aussi mieux vallait pour moi de m'équiper en conséquence ... Je voulais d'ailleurs vous préciser qu'ayant entendu votre souriceau me parler énormément de vous, j'en connais désormais un peu plus, aussi vous rendrais-je la pareille ... Je ne suis certe pas un voleur mais je fut pendant longtemps un chasseur, aussi je doute que nous soyons si différents dans nos compétences. Maintenant que vous êtes prévenus, parlons de notre défi !

Le félin ne se fit pas prier et lui montra un chemin au travers des arbres de la forêt où nous nous trouvons. Il suppose qu'il a très bien compris ses paroles mais qu'il ne souhaite pas les relever immédiatement. Il a du avoir sa dose d'informations comme le voyageur à eu la dose des siennes. De toutes manières tant que le duel ne débute pas ces informations sont inutiles pour tout deux :

-Le domaine de Maelle Nazar se trouve dans cette direction, à moins de cinq minutes de marche. Sachez que même si j’ai entendu beaucoup de choses sur la Sorcière Rouge, rien n’est vraiment utile et de toute façon, tout doit être faux ou déformé. Cette femme sait bien garder les secrets. C’est aussi pour ça qu’elle intrigue. Peu de monde a passé le portail de son jardin. Bref, sur ce point, nous sommes à égalité ou quasiment. Notre tâche est faite d’inconnue. Puisque nous sommes adversaire, rien ne nous oblige à rester ensemble, bien au contraire. Et bien voilà, le défi est lancé. Mais si vous avez encore deux ou trois trucs à me dire…

Il retourne dans sa tête ce qu'il vient de lui dire. Pas une seule information ? Très bien au moins le démarrage ne seras pas attaché à des on-dits et leur vigilance sera optimale. Tout pour convenir au voyageur. Le seul souci qui reste désormais c'est l'adversaire en elle-même. Était-elle présente dans sa tour, avait-elle déjà entendue leurs présence à tout les deux ? Ou avait-elle même été prévenue de l'arrivée des deux malandrins ? On ne pouvait jamais expecter quoique ce soit avec les êtres de magie, et c'était surement le plus terrible danger pour tout les deux :

- Une ou deux choses à dire ? Évitez de mordre la poussière je ne veux pas perdre un prestigieux adversaire ! Quand à cette chère demoiselle Nazar je suis désolé pour elle mais elle perdra un bien ce soir ... Personellement si je l'obtient je lui rapporte donc soyez sur de l'obtenir si vous voulez en faire votre collection. Bon courage Hasard.

Et sans ajouter un autre mot il partit vers la tour, rapidement, évitant les zones de lumières. Pour l'instant se presser ne servait à rien, et même si sa disparition fut rapide, une fois au couvert des bois et des ombres, il prit lson temps pour arriver à la tour et évaluer la situation. Sa vie ne tenait qu'à un fil court désormais pour cette soirée, et il allait lui falloir plus qu'une vigilance extrême et ses qualités naturelles pour s'en sortir. Il allait surement lui falloir aussi un petit peu de chance ... Et il espérait une intervention de sa magnifique déesse pour ne pas l'amener à la mort.