Premiers jours d'une escapade improvisée (Tinuviel Lastrim)

Deux jours. Cela faisait deux jours qu'Héléna s'était enfuie de chez elle, troquant son cocon familial douillet et protecteur que beaucoup envieraient, contre une simple promesse de liberté, pour une vie qu'elle espérait plus exaltante, où elle pourrait enfin s'émanciper et voler de ses propres ailes. Mais, finalement, c'était tout de même loin d'être aussi plaisant et palpitant que ce à quoi elle s'attendait, du moins d'après ses premières impressions. Jusque là, son expédition dans la nature était simple à résumer, elle avait profité de la nuit pour s'échapper en toute discrétion du manoir de ses parents, et traverser la petite bourgade qu'était Engelthal dans l'espoir de découvrir des horizons nouveaux, ceux de l'extérieur de la ville où elle a grandi. Néanmoins, la seule chose à laquelle elle eu droit, ce fut près de deux jours de marche, suivant un large sentier qui traversait une banale plaine, bien peu fréquentée, et qui conduisait à la ville-état de Nexus mais cela elle ne le savait pas. Une triste désillusion... Mais la princesse ne baissait pas pour autant les bras, mue par une volonté naïve et innocente qui paraissait inébranlable, et se sentait prête à surmonter toutes les difficultés qui tenteraient d'entraver sa route !

À commencer par la faim qui lui étreignait l'estomac, et la soif qui desséchait son gosier. En effet, dans sa fugue Héléna n'avait pas songé à prendre avec elle des rations d'eau, ou de nourriture, se contentant durant ces deux jours de vivre de fruits fraichement cueillis, et de quelques gorgées d'eau puisées à même la rivière devant laquelle elle passa, la veille. Habituée aux banquets fastueux servis dans le manoir des Von Koening, inutile de dire que ce brutal changement de régime la fit tomber de haut. Elle était certes bien consciente qu'elle n'allait plus pouvoir maintenir le même train de vie que celui qu'elle avait, mais là, elle ne s'attendait pas vraiment à ce que la différence soit aussi drastique, ni à ce qu'elle en souffre autant. Son ventre gargouilla vigoureusement, et la naïve princesse tenta de le calmer en pressant ses mains dessus, tout en regrettant de ne pas avoir pensé à profiter une dernière fois d'un délicieux repas servi par les plus grands chefs cuisiniers de la région. Mais ce n'était pas une simple question de mets raffinés qui allait l'ébranler, la jeune Von Koening restait courageuse, portée par l'espoir qu'elle finirait par trouver quelque chose, ou quelqu'un, qui saura la sustenter.

Elle soupira, fatiguée, en proie à un début de migraine dû à son inanition, et s'assit sur le rebord de la route, s'adossant à un arbre en poussant un nouveau soupir, plus long, et exprimant davantage la satisfaction. Ça lui faisait grand bien de pouvoir soulager un peu ses jambes. Elle les tendit devant elle, et fit légèrement balancer ses pieds, de gauche à droite, tout en les observant distraitement. Après un tel périple, ses belles ballerines étaient maintenant toutes usées, et leur blancheurs immaculées avait laissé place à une peu ragoutante couleur terreuse. Plus loin, par delà les hautes collines qui bordaient l'horizon, le soleil déclinait doucement, annonçant la fin d'une harassante journée, et le début d'une nuit qui s'annonçait fraiche, mais non moins dangereuse. Hubert, son majordome, l'avait clairement mise en garde à ce sujet, elle ne devait jamais ô grand jamais vagabonder la nuit, sous peine de croiser d'inquiétants personnages qui prendraient un malin plaisir à lui faire du mal. La nuit précédente, elle avait eu la chance de trouver une grotte, qui n'était certes pas d'un confort enviable, mais offrait néanmoins une sécurité qu'elle pensait décente. Mais là, elle n'aurait sans doute pas autant de faciliter à trouver un abri pour la nuit. Quoique... après tout, qui sait quelle sera la prochaine cachoterie du facétieux Destin ?

Tinuviel  était perdue dans ses pensées,  elle repensait à ce qu’il s’était passé ce matin alors qu’elle marchait tranquillement dans les rues de Nexus.
La soif, l’avait prise en traitre et pour la satisfaire, elle s’était finalement rendu à une taverne proche de la ou elle se trouvait.  L’établissement ne lui était pas familier, cependant elle n’était ici que pour peu de temps et cela ne la gênait donc pas.  Elle s’avança tranquillement,  commandant un verre au barman  alors qu’elle écoutait  tranquillement les conversations des gens sans pour autant  que l’on y prête attention.  Ce genre d’endroit était après tout propice aux rumeurs les plus folles et même si souvent il s’agissait de racontars d’ivrognes imbibés, il y avait parfois des faits intéressants.
Elle s’arrêta finalement sur la conversation de deux mercenaires.  Ceux-ci,  discutaient d’après ce qu’elle avait comprit d’une jeune fille qui recherchait de l’aide.   Ils avaient d’ailleurs refusés de s’occuper de sa requête préférant se remplir le gosier d’alcool à bas prix. Il lui manquait cependant un élément pour que cette histoire soit compréhensible  et elle préféra aller voir par elle-même.
Elle ne mit  pas longtemps pour retrouver la jeune fille qui se trouvait juste au coin de la rue.  La gamine, devait avoir un peu moins de six ou sept ans et elle pleurait à chaude larme. Hors, s’il y avait bien une chose que l’elfe ne supportait pas c’était bien voir un enfant malheureux.  Elle s’arrêta donc, demandant à cette pauvre demoiselle ce qui se passait.  Elle apprit donc que le père de cette jeune femme était dans un camp de brigand.  Ce pauvre homme s’était fait capturé d’après ce qu’elle avait comprit.   Elle accepta donc de prendre ce contrat contre très exactement trois pièces de cuivre.   Elfe comprit donc que ces maigres économies étaient celle de cette gamine et surtout pourquoi elle  était la risée des mercenaires.   Personne de sain d’esprit n’accepterait d’être payer une somme aussi dérisoire pour risquer sa vie  contre un camp entier de bandit.  Ou alors, il fallait tomber sur un mercenaire ayant des valeurs choses  exceptionnelles.
Elfe accepta donc cette mission,  elle se dirigea vers le camp, tentant d’abord de négocier avec ces hommes mais également d’en savoir un peu plus sur les raisons de son enlèvement.   L’argent bien sur.  Elle tenta donc de négocier, sans suces.  Elle soupira donc, avant de donner à ses brutes une bonne leçon.  Elle s’éclipsa ensuite, ne voulant pas que l’on en sache trop sur elle. Elle ne voulait pas qu’on lui tombe dessus, elle avait trop à faire  pour être dérangée. 

En y repensant elle aurait peut être dut rester, enfin ce n’était pas bien grave de toute facon, il était désormais trop tard pour faire machine arrière.

Elfe s’allongea dans l’herbe  avant d’être dérangée par… Une odeur.  Une odeur de parfum,  celle-ci était pourtant peu présente, mais cela intriguait l’elfe. Personne dans ce monde ne pouvait se payer de parfum hormis les nobles ou certains riches commerçants.  Elle tourna, la tête remarquant qu’une jeune femme se trouvait juste devant elle.   Elle devait avoir au grand maximum  dix sept ans  et l’elfe se demandait  ce que pouvait faire une fille comme elle dans un endroit si désert.
Elfe l’observa donc de loin.   Au vu de ses vêtements, elle était sans doute de la noblesse, il n’y avait que eux pour se parer de telle robe si peu pratique.  Elle resta donc quelques secondes en retrait avant de dire.

-Il y a une question que je me pose,  depuis quand les membres de la noblesse sortent ils sans escorte…  Étrange…
Elle savait que sa petite intervention provoquerait sans doute une réaction chez cette jeune femme. Cela serait sans doute drôle et elle n’avait pas envie d’en perdre une miette.

Héléna continuait à jouer négligemment avec ses pieds, son regard vide posé sur ceux-ci, ses pensées vagabondant ailleurs. Elle ne réagit même pas lorsqu'une légère bourrasque s'éleva brièvement, agitant sa chevelure sous ses yeux et lui brouillant la vue. Présentement, la princesse pensait à ce qu'elle allait faire, à où est-ce qu'elle allait passer la nuit. La probabilité de trouver en chemin une âme charitable qui saurait lui proposer un abri, et qui plus est avant la tombée de la nuit, était quasi-nulle, mais celle d'en trouver un par elle-même l'était encore plus. Mais elle n'eut pas le loisir d'y songer davantage, une voix féminine s'étant élevée non loin d'elle, la tirant brusquement de ses pensées.

- Il y a une question que je me pose,  depuis quand les membres de la noblesse sortent ils sans escorte…  Étrange…

Elle resta immobile quelques instants, à simplement cligner des yeux, assez surprise de ne plus être seule, tandis que les battements de son coeur semblaient s'être accélérés, tambourinant comme un cheval au galop. Au delà de la surprise, c'était de la peur qu'elle ressentait, comme si elle avait reçu la soudaine visite d'un fantôme, dont elle ne connaissait pas les intentions. Comme ce cher Hubert le disait, il était crucial d'apprendre à distinguer ses amis de ses ennemis, pour s'éviter d'inutiles ennuis. Elle inspira un grand coup, calmant ses émotions, et se tourna assez vivement vers son interlocutrice avant de s'exclamer, un peu irritée.

- La moindre des choses, si vous vouliez avoir une réponse, aurait tout de même été de vous annoncer, cela m'aurait évité une frousse inutile ! Je suis certainement passée à deux doigts de la syncope, par votre faute.

Elle inspira légèrement, replaçant élégamment les mèches de cheveux que la brise avait éparpillée, avant de poursuivre, calmée.

- Je suis Héléna. Héléna Von Koening, princesse de la principauté d'Engelthal. Et, comme vous venez de le remarquer, je n'ai effectivement pas d'escorte...

Elle marqua une pause, et réfléchit quelques instants.

- Ce qui est, je vous l'accorde, assez peu courant. Et, sans vouloir vous offenser, Ma Dame, les raisons qui m'ont poussée à agir de la sorte ne vous concernent pas vraiment...

L'arbre en dessous duquel la princesse était assise libéra l'une de ses feuilles, qui tomba avec légèreté devant elle. Elle l'attrapa au vol, l'accueillant dans la paume de sa main, sans l'abimer, et poursuivit, curieuse de savoir à qui elle avait l'honneur de discuter.

- Et vous, qui êtes-vous ? D'où venez-vous ? Que faites vous en ces lieux, à une heure aussi tardive ?

Héléna releva la tête, contemplant le soleil qui plongeait déjà par delà les collines. Bientôt, il ferait nuit, et il n'était pas prudent de s'aventurer si l'on n'avait pas les moyens de se défendre. N'oubliant pas la situation délicate dans laquelle elle se trouvait, la princesse lui demanda, manifestement dans le besoin, plaçant en elle son dernier espoir d'obtenir un quelconque secours.

- Savez-vous où est-ce que je pourrais trouver un abri pour la nuit ? On raconte que les routes ici ne sont pas sûres, et que de dangereux brigands rôdent à la recherche d'innocents à détrousser... ou à vendre sur le marché des esclaves.

Ainsi, elfe avait raison, cette jeune demoiselle appartenait bien à la noblesse.   C’était quand même étrange de croiser quelqu’un de son rang ici,  remarqué  elfe était bien là alors bon.   Elle aurait presque eut un sourire en voyant le visage de la jeune femme,   on aurait dit qu’elle venait de voir un  fantôme. Pourtant, elle était bien en chaire et  elle n’était pas moche en plus.  Enfin,  elle était bien  curieuse cette jeune princesse pour pouvoir  parler comme cela à une elfe.    S’attirer la fureur d’une elfe  et c’était une chose facile  était toujours extrêmement mauvais.   Bon,   heureusement pour elle, tinuviel était dans un bon jour et elle ne lui en tiendrait pas rigueur.
Elle pourrait peut être même l’aider  cette héléna,  un joli prénom d’ailleurs.  Elfe  avait en effet un endroit sure pour les gens qui recherchaient un abri  le temps d’une nuit ou plus.  Mais cela, il ne valait mieux pas dire ce qu’était cet endroit,  après tout, cette jeune princesse ne comprendrait sans doute pas.
-  Hum, voyons voir,  tu pose beaucoup de question jeune humaine.  C’est un trait de caractère que j’apprécie. Alors voyons voir ce que je peux faire pour toi…. Je suis tinuviel  Lastrim,  elfe du soleil et magicienne  rouge.  Ceci devrait répondre à votre première question.   A la seconde question,  je vous dirais  que je viens d’un pays bien loin d’ici.    Et pour répondre à votre troisième question,  je rentre chez moi.

Elfe n’avait cependant pas répondu à la question la plus importante,  pouvait elle oui ou non fournir un abri à cette jeune femme ?  La réponse était oui, sans doute,  cependant  elle ne savait pas comment réagirait cette jeune femme.  Remarquez, si jamais  quelque chose ne lui plaisait pas,  elle ne serait pas obliger de rester.   Elfe eut donc un petit sourire avant de lui dire doucement.

-Vous avez raison, ce n’est pas une bonne idée de rester de nuit  ici.  Mais croyez moi,  les marchands d’esclaves sont loin d’être la pire chose ici…  Je me souviens d’un loup garou qui… hum…  je pense que vous êtes encore jeune pour ce genre de chose.   Bref,  je pourrais éventuellement vous proposer de venir chez moi.  Cependant  je préfère vous prévenir,  je suis loin d’être du genre traditionnel.  Cependant si cela ne vous pose pas de problème princesse, alors  pourquoi pas.

Elle eut un petit sourire,   il était probable que la jeune femme ne s’attende pas à ce qu’elle trouve  un véritable harem  chez l’elfe qui allait  l’héberger,  et encore moins que celui-ci soit composé de créature aussi étrange et variée que celui de l’elfe.  Mais elle aurait l’occasion de s’y faire,  de toute façon,  elle n’aurait sans doute pas le choix.

Elfe sortit de sa poche un parchemin qu’elle jeta au sol avant d’y mettre le feu.   Il y eut un grand flash,  puis un portail de couleur violette  était à coté des deux femmes.  Il s’agissait d’un portail de téléportation,  le genre de portail permettant de franchir de grandes distances sans se fatiguer.  Ils coutaient  chers c’était une évidence mais le gain de temps gagné était si  important que l’elfe ne pouvait plus s’en passer.
Elle eut un sourire en voyant la tête de la jeune femme.
-Tu ne crains rien. Vois tu ce genre de sort est inoffensif, cependant il permet de voyager sur de longues distances instantanément.   Je rentre donc chez moi, libre à toi de m’accompagner ou non.

Elfe franchi donc le portail.  Ne laissant pas le temps à la jeune femme de dire quoi que ce soit. 
Une fois de l’autre coté,  celle-ci aurait le loisir de voir un grand couloir décoré avec gout  et comportant des traces de toutes les cultures existantes de telle façon à ce que l’on se sente ici, chez soi et ceci quelque soit la race. 
Elle, elle était déjà dans la pièce suivante,  occupée avec l’une de ses amantes.
La dame rouge était occupée à caresser le cou de l’une de ses amantes : Lorna.  Elle était dans les bras de la jeune femme, lui caressant doucement les oreilles,  la rassurant.  En effet,  ces derniers temps elle n’avait pas été très souvent présente et la belle demoiselle avait eut peur que elfe ne l’abandonne.

-Chut,  je suis la… Rassure toi ma belle, je ne te laisserais jamais tomber, tu le sais… aller,  ca va…

Elle  souriait doucement, caressant la tête de la jeune femme aux oreilles de renarde alors que celle-ci se calmait peu à peu.