Il est seize heures. Le clocher résonne. (Physique) En bas, une jeune femme à la chevelure de ténèbres patiente d'un air agacé. Son visage aux traits fins reflète l'agacement. Ses yeux aussi sombre que l'encre de chine lancent des éclairs, et sa bouche aux lèvres généreuses est pincée par la réprobation. Son teint pâle accentuait les rougeurs sur ses pommettes hautes et arrogantes, et les ailes de son nez frémissaient comme si elle se retenait d'hurler quelque chose. Sa cage thoracique se soulevait rapidement, et l'on voyait sa poitrine bouger à ce rythme. Les bras croisés faisaient d'ailleurs ressortir la taille respectable de ses seins, à peine couvert par le décolleté ravageur d'une robe de style médiéval (mais en plus sexy). Des lacets retenaient les pans du décolleté contre son corps, empêchant sa poitrine d'en jaillir. Sa taille fine était soulignée par la robe moulante, alors que ses hanches arrondies se trouvaient couvertes et adoucies, cachant du même coup ses jambes galbées. Mais alors que la jupe se resserrait au niveau des cuisses jusqu'aux genoux, elle s'évasait sous ceux-ci et cachait des escarpins munis d'un talon d'une dizaine de centimètres qui frappait le sol d'un air impatient.
Finalement, n'y tenant plus, la jeune femme d'une vingtaine d'année hurla :
- Thaddeus ! Si tu magnes pas ton joli p'tit cul tout de suite, je viens te le botter pour que tu te grouilles !
(Mental) La patience n'avait jamais été son fort. Mais sa volonté la forçait à essayer, à tenter de retenir son irritation. Seulement, quand ça sortait, ça sortait. Et là, elle n'était pas loin d'exploser. Garder ses émotions n'était jamais très bon. Sauf qu'elle le faisait en tout temps. L'amour, la joie, le chagrin, la peur, l'irritation... Elle camouflait tout ceci sous un masque impénétrable. Une carapace de mépris et d'arrogance qu'elle s'était forgée et que bien peu avaient réussi à passer. Aux yeux du monde, elle paraissait folle même. Schizophrène sur les bords, démente, etc... Elle prenait un malin plaisir à les laisser le croire, masquant ainsi sa véritable intelligence et ses faiblesses. Et puis, l'avantage d'avoir une carapace ainsi, c'est que ça garde le mystère. Peu ont la chance de véritablement la connaître.
(Orientation sexuelle etc.) Mais Thaddeus était l'un de ceux là. C'était l'amant régulier de Dawn White. Elle ne savait pas au juste ce qu'elle éprouvait pour lui. Amour ? Haine ? Désir ? Ce qu'elle savait en tout cas, c'est qu'il était un sacré bon amant. Et un sacré bon ami. Mais il passait beaucoup plus de temps qu'elle à se pomponner dans la salle de bain, à se demander si l'homme viril n'était pas en fait une fille. Cela dit, elle ne risquait pas de le confondre avec une femme étant donné qu'il était bien pourvu au niveau de l'entrejambe, et qu'elle adorait ça. Certains pensent que ce n'est pas la taille qui compte mais ce qu'on en fait ? Et bien Dawn préfère quand même quand elle le sent... Non, non, elle n'est pas perverse. Juste ouverte et un peu libertine. Quoique jamais elle ne s'y essaierait avec une femme. Celles-ci ne provoquent aucun désir chez la jeune brune, même lorsqu'elles sont particulièrement belles.
- THADDEUS BLACK !
- Oui oui.. J'arrive..
- C'est pas trop tôt ! J'en ai marre de poireauter. J'ai un petit peu envie d'être à l'heure pour l'enterrement de mon père...
Elle se saisit de son bras et ils se dirigèrent vers le parvis de l'église. Ils habitaient à côté, mais quand même. Ce n'était pas une raison pour traînasser. Et ils avaient beau être des sorciers, ce n'était pas non plus une raison pour traînasser. Le patriarche White était mort deux jours avant. Il était un peau le chef de la communauté sorcière de Seikusu. Bien peu en connaissait l'existence, à part les sorciers qui en faisait parti. C'était un peu comme les Skull & Bones d'Harvard.
L'enterrement en lui-même fut rapide. C'est après, au moment où tout le monde prononçait un vibrant hommage pour le patriarche White, que ça traîna en longueur. Et vas-y que tout le monde y allait de sa petite larme. Même Dawn laissa voir combien ça la touchait. Mais ça ne dura que le temps de son discours.
Lorsque la cérémonie fut terminée, tout le monde se sépara. Dawn et Thaddeus filèrent dans le premier bar venu. Leurs baguettes (utile, mais pas nécessaire) était rangées dans leurs capes. Ils pouvaient aussi bien n'utiliser que les formules, mais le don de Dawn était si puissant qu'il fallait la canaliser. Elle tirait son pouvoir, non seulement de la nature, comme les autres sorciers, mais également de forces mystiques qui semblaient habiter Seïkusu. Ces forces qui semblaient venir d'un autre monde. C'est en partie pour cela qu'après des années de résidence à Boston les White étaient venus à Seïkusu.
Au petit matin, Dawn raccompagna un Thaddeus bien éméché à la maison. Elle-même n'était pas mieux, mais l'image qu'elle renvoyait était celle d'une femme sûre d'elle et à peine chauffée. Au réveil, le mal de crâne n'en serait pas moins douloureux. Heureusement, elle avait trois jours de congé. Elle travaillait en tant que journaliste dans un petit journal. Mais elle comptait bien monter en grade et un jour devenir rédactrice en chef d'un grand journal.
Mais pour l'instant, elle ne voulait qu'une chose. Coucher un Thaddeus devenu inconscient, et aller pleurer vite fait dans sa chambre à l'abri des regards indiscrets avant de s'endormir. Personne ne devait savoir qu'elle n'était pas une folle instable mais une petite chose sentimentale. Personne...
