Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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[FINI] Gravité [Yamagashi-sensei]

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Mélinda Warren

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    Petite vampire qui aime mordre des fesses <3

[FINI] Gravité [Yamagashi-sensei]

mardi 26 juin 2012, 23:37:46

Liste des PNJ

 - Clara ;
 - Shii.

Sur le capot d’une voiture, Clara était en train de rêvasser lentement. Yeux clos, elle avait le dos couché sur le pare-brise, et étouffa un bâillement. La journée avait été épuisante. Elle s’était levée à onze heures et demie du matin, et avait décidé de traîner un peu dans le lycée et les environs pendant l’après-midi. Sentant le soleil lui éclairer le visage, Clara se releva, et s’étira. Elle s’était tout simplement endormie ! Son dos, du coup, lui fit un mal de chien. Il fallait bien avouer que le pare-brise d’une voiture n’était guère attirant pour dormir. Elle ignorait d’ailleurs à qui était cette caisse. Sûrement à un prof’... Clara, après tout, s’était couchée vers 8h du matin. Quand Shii était allée travailler, en fait... Le regard noir de cette dernière lui avait clairement fait comprendre que la petite avait été vexée, et, même si Clara aurait aimé dire que ce regard l’avait laissé indifférente, c’était bien loin de la réalité.

Son portable se mettant à vibrer, elle glissa sa main dans son chemisier, allant le récupérer entre ses seins, accrochée à sa peau par le soutien-gorge. Un message de ses copines. Elle esquissa un léger sourire, mais déclina l’offre de les rejoindre. Aujourd’hui avait été une petite journée, et elle avait décidé d’être calme en allant au lycée, c’est-à-dire qu’elle n’avait encastré personne dans un casier, commis aucun racket, ni forcé les habituels intellos à lui faire ses devoirs. Réputation oblige, elle avait quand même du, avec quelques amies, humilier un jeune lycéen. Il fallait s’entraîner pour ne pas perdre le rythme ! Fort heureusement, Shii ne l’avait pas vu. La dernière fois que cette dernière avait vu Clara plonger un camarade de classe dans une poubelle, elle était devenue rouge comme une tomate, et il avait fallu l’intervention de Mélinda, et attendre une bonne semaine, pour que Shii daigne à nouveau l’accepter dans son lit.

*Ce que cette conne peut être chiante... Et je m’emmerde, putain ! Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à me la sortir de ma tête ?!*

Ouais, c’était galère. Pas facile, la vie, parfois... Clara sortit une cigarette, et commença à l’allumer. Dehors, les lycéens sortaient. Une joyeuse bande de moutons qui étaient persuadés que leur vie serait plus épanouie en apprenant des conneries inutiles au lycée. Pour Clara, rien ne valait le système D, l’école de la rue. La branlette intellectuelle, les cours chiants, ce n’était pas pour elle. Elle commença à fumer, tandis que certains lycéens, curieux, la regardaient, assise sur le capot d’une voiture, balançant ses cendres sur cette dernière. En voyant un qui semblait loucher sur sa poitrine, Clara nota qu’un bouton s’était défait, révélant une partie de son soutien-gorge en dentelle.

« Tu veux ma photo, connard ? Va te faire enculer par un dromadaire, et dégage, ducon ! »

Elle appuya cette phrase d’un doigt d’honneur bien senti, et le lycéen, rougissant jusqu’aux oreilles, fila. C’était la dernière heure de la journée, et, en toute logique, Shii devait sortir. Clara devait lui parler. Pour lui dire quoi, elle l’ignorait, mais elle l’avait senti en embêtant l’autre dégénéré dans les couloirs. Avec sa conscience qui la triturait, lui mettre sa culotte sur la tête, ou le forcer à lécher le sol, c’était bien moins marrant ! Bien sûr, la conscience de Clara ne la harcelait pas pour ces histoires d’humiliation. De la même manière que Reese dans Malcolm, elle se plaisait à se dire que, le jour où tous ces grosses têtes auront un manoir immense avec une piscine, ils ne devraient pas oublier que la pauvre cloche en train de laver leur voiture était celle qui leur a rendu la vie impossible. Chacun marquait la vie de son passage comme il le pouvait. Clara le faisait en emmerdant toutes ces lopettes d’otakus qui préféraient passer leur temps à bouffer des chips en lisant des conneries comme One Piece ou Naruto, plutôt que d’aller faire de la muscu’ pour perdre des kilos en trop et leur apprendre à séduire les femmes.

*Dans le fond, je suis une prof’...*

La lycéenne aux cheveux roses regarda la foule d’étudiants qui sortaient, et jeta sa cigarette en apercevant une forme aisément reconnaissable. Un tailleur assez sombre, une longue chevelure de feu, un visage angélique, et elle sentit une boule se former dans le creux de son ventre.

C’était elle. La salope. Pour rester polie.

C’était à croire qu’un Dieu pervers avait estimé amusant de mettre sur ses pas cette femme. Hitomi Yamagashi. Senseï enseignant l’anglais. Une pétasse doublée d’une pouffiasse. Oui, quand il s’agissait de la décrire, Clara ne manquait pas d’imagination. Cette femme avait mis Mélinda en pétard. Et encore, « pétard » était un faible mot. Il avait fallu refaire une bonne partie de tout le papier du manoir, et remplacer de nombreux vases. Clara en avait eu des ampoules et des coupures sur les mains à force de ramasser les débris de vases que leur charmante maîtresse balançait.

Après la visite d’Hitomi, tout avait été comme avant, sans être comme avant. Personne n’avait vu Mélinda pleurer, à l’exception de Liana, mais cette dernière n’avait dit à personne ce qui s’était passé dans la chambre où Mélinda s’était isolée. Après le départ d’Hitomi, Mélinda était ressortie au bout d’une demi-heure, environ, tenant dans ses bras la neko. Elle avait mangé avec ses « esclaves » dans une impression surréaliste, et s’était ensuite défoulée sur Bran. Pour le reste... Mélinda était restée telle qu’elle, mais avec parfois des crises d’humeur incompréhensibles, où on l’entendait hurler comme une folle après quelques-unes de ses pensionnaires. Au lit, elle avait même eu des pannes sexuelles. Mélinda, une panne sexuelle ! Elle n’arrivait alors plus à jouir, et dormait seule... Ou, plutôt, essayait de dormir.

En somme, ces quelques semaines n’avaient pas été particulièrement plaisantes, et, pour Clara, la faute en revenait exclusivement à cette petite pute qui était venue au manoir leur pourrir la vie. Quand Shii était allée lui courir après, Clara avait perçu ça comme une trahison, peu importe les raisons avancées par cette dernière. Et, même si Mélinda avait décrété de ne plus parler de cet « incident », ça n’avait pas empêché Clara de se venger à sa manière. Avec ses amies, elles avaient décidé de harceler Hitomi, de lui faire payer au centuple cet affront, en utilisant toutes les armes à leur disposition. Elles avaient taggué les murs de sa classe, et envoyé de nombreux mails sur l’Intranet du lycée, en expliquant à tout le monde combien Hitomi était une « salope ». La méchanceté d’une femme à la fierté brisée, sa mesquinerie, étaient sans bornes. Elles avaient fracturé son casier personnel, le remplissant de saloperies.

*Et encore, on a été trop bonnes avec elle...*

La voir à côté d’elle, en train d’avancer... Grognant, Clara haussa le ton pour qu’elle l’entende :

« C’était une petite journée, hein, Hitomi-senseï ? Vous comptez rattraper ça ce soir, je suppose... »

Ménageant une petite pause, elle poursuivit :

« Combien de queues vous comptez enfourner, cette fois ?! Une salope dans votre genre, ça doit en donner des émules à une pute, non ? »

Quand on vous disait qu'elle n'y allait pas de main morte... Clara n'avait aussi pas oublié la menace que cette pétasse leur avait balancé dans la gueule en sortant du manoir. Qu'on s'en prenne à Clara ne la dérangeait pas, car elle était assez forte pour le supporter, mais, qu'on s'en prenne délibérément à Shii, ça, c'était inadmissible. Et, à vrai dire, c'était sans doute surtout pour ça que Clara rêvait de gâcher autant que faire se peut la vie de cette fonctionnaire.
« Modifié: mardi 10 mars 2015, 01:12:14 par Princesse Alice Korvander »

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Yamagashi Hitomi

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Re : Gravité [Yamagashi-sensei]

Réponse 1 mercredi 27 juin 2012, 01:49:07

D'habitude je n'aime pas faire de classement, mais je place sans hésiter ma rupture avec Kyle en deuxième position des épreuves les plus dures de ma vie. Le top cinq se résumant assez vite : la fertilité et ce qui a suivi, Kyle qui passe la porte de chez moi, Mélinda qui part en pleurant, l'agression que j'ai subie le premier soir avec Gabriel, et en cinquième mon départ d'Irlande quand j'avais six ans. Après avoir encaissé comme un bloc de béton insensible la première semaine, j'ai méchamment dégusté. Heureusement que maman était là pour éponger mes larmes les dix-huit premières heures. J'ai pleuré pendant tout le vol du retour, puis encore à l'appartement. Mais j'en suis sortie petit à petit, tant bien que mal.

Cramer la saloperie de lettre qu'il m'a envoyée a bien aidé, je pense, d'autant que je l'ai fait pour une bonne raison. Supprimer la tentation de filer chez lui pour la lui faire bouffer : je vois ça comme une bonne raison. De toutes façons j'évite de penser à lui trop souvent. Je ne veux pas revenir vers lui, du moins pas encore. Gabriel aussi m'a bien aidée, entre les galipettes et ses petits cours d'auto-défense je dois bien avouer que je me défoule. Il y a une autre personne qui m'a bien aidée, une inconnu parfaite dont le nom commence à se faire connaître : Brigit Dé Danann. Mais ça, c'est une autre histoire. Ma petite poupée de chiffon à la robe noire et au sourire triste aussi m'aide bien. Elle passe plus de temps entre mes bras qu'aucun homme ou aucune femme.

Même au lycée je commence timidement à sortir la tête de l'eau. Le problème c'est que j'ai deux ancres phénoménales aux pieds : Shii et Clara. Il suffit que je vois la première pour avoir un pincement au cœur, et que la deuxième me voit pour que mes oreilles se mettent à siffler. Comme si je n'avais pas assez de mal à supporter la façon dont tout s'est terminé. Au moins Shii continue de venir en cours même si ses notes ont du mal à se maintenir. Je n'ai qu'à lire ses copies pour voir à quel point elle est mal et que ça continue. Le dernier devoir d'invention, que j'ai imposé à la classe uniquement pour lire sa petite histoire, a été assez ambigu. Elle n'a pas vraiment laissé paraître, elle a plutôt brouillé les pistes un peu trop bien.

En tous cas la douleur s'apaise et la tension ne fait que grimper. Si Clara s'était faite choper pour tout ce qu'elle a fait, car je sais très bien que c'est elle, même la fortune de Mélinda aurait eu du mal à lui éviter un procès avec l'établissement. Pas avec moi, de mon côté je l'évite ou je l'ignore autant que possible. Elle s'acharne à me pourrir la vie mais comparée au reste elle n'a pas le gabarit. Chose rare, je ne cherche pas à me cacher à moi-même que je ressens de la pitié pour elle. Beaucoup plus dérangeant : cette pitié ricoche vers Shii qui doit vivre avec elle au jour le jour.

En tous cas une journée de plus se termine à Seikusu. Je vais rentrer chez moi, plier mes devoirs de prof, et comme Gabriel est "en chasse", feuilleter le magazine que j'ai acheté en venant travailler. J'ai hâte de lire la dernière nouvelle de Brigit, voir si son niveau d'Anglais est à la hauteur de son pseudo, et aussi de lire l'article qui va avec. Il paraît que son premier roman est en préparation. Il faut bien que je m'occupe, surtout en ce moment, alors entre mon petit programme sportif, le stand de tir sur lequel Gabriel m'emmène parfois, et les conquêtes que je recommence doucement à accumuler, je m'intéresse à la star montante de la Dark Fantasy. Des histoires de complots, de trahison, de coucheries, de monstres, d'amours impossibles ou contrariés, de secrets dangereux : c'est bon pour ce que j'ai.

Au moins, aujourd'hui, je n'aurais croisé... Merde, elle est là. Elle glande, forcément, en se foutant bien de se faire virer pour absentéisme ou insulte envers l'une de ses professeurs. Pourtant Shii aurait déjà dû l'avertir qu'elle est sur la corde raide. Elle m'inquiète vraiment, cette fille. Elle prend trop Mélinda comme modèle, et une fois encore elle n'a pas le gabarit. Si ça devait lui jouer des tours elle le sentirait passer.

En attendant je fais comme avec les chats sauvages de mon enfance : je ne la regarde pas, je passe au large et avec de la chance...

" C’était une petite journée, hein, Hitomi-senseï ? Vous comptez rattraper ça ce soir, je suppose... "

Pas de chance. Tu supposes bien, bonjour chez toi.

" Combien de queues vous comptez enfourner, cette fois ?! Une salope dans votre genre, ça doit en donner des émules à une pute, non ? "

Je ne sais pas précisément pourquoi c'est cette réplique qui me fait m'arrêter et pousser un long soupir. Elle m'a fait bien pire, elle a même braqué mon casier. Heureusement que j'habite assez près du lycée pour ne rien y laisser d'important. Et quand elle a ravagé ma salle de cours. Heureusement que je lui sers d'excuse pour ne plus y mettre les pieds. Je me suis sentie coupable après avoir refusé qu'on m'ouvre une salle dont les murs ne portaient pas mon nom entourés d'insultes et de dessins d'une rousse qui n'était pas à son avantage. Le seul jour où j'ai retenu Shii une vingtaine de secondes après le cours, pour lui dire qu'elle n'avait pas à se sentir coupable des agissements de son amie. et encore, j'ai dit "amie" parce qu'il fallait bien dire quelque chose.

J'en ai peut-être tout simplement marre que le Clara hospital se foute de ma charité. Le nombre de gens qui nous regardent est de loin le plus gros problème que je vois. Clara a sa sale réputation, si elle se jette sur moi personne n'interviendra. Me mettre par terre ne serait pas forcément facile malgré ma jupe plus serrée que la sienne, mais je serais seule. En revanche si j'ai le dessus : je peux dire adieu à ma licence de prof quoi qu'il arrive.

Je me retourne avec un grand sourire, à quelques mètres d'elle. Je me paies royalement sa tête. Je vais sans doute le payer cher, ou elle va se défouler un bon coup et se calmer. Je me refais doucement une vie qui ressemble à quelque chose, je ne vais pas la lui sacrifier en rentrant dans son jeu trop franchement. Dans le fond elle ne peut pas grand-chose contre moi. Je laisse tomber ma serviette de cours au sol en espérant que ça suffira à la lui faire oublier. Si elle fourre son nez dedans je risque d'être beaucoup moins calme. J'avance même d'un pas pour bien la distraire de ce détail. J'arrête tout de même de sourire, pour un peu moins la provoquer. Pas encore.

" Vas-y, Clara, lâche-toi ! Tout le monde nous regarde, je suis sûre qu'il y en a même qui filment. Tu peux me vomir dessus si ça te branche. Ou je peux m'allonger pour que tu me pisses au visage ? À moins que tu préfères garder ça pour demain ? "

Je suis aussi conne qu'avant, mais je n'ai plus peur de subir. Je braque un regard détaché dans le sien.

" Tu m'as donné cent cinquante occasions de te faire virer, ou de te coller les flics aux fesses. Utilise ta tête à autre chose que colmater ton cou, Clara : tu es un moustique, au pire tu me grattes. Mais tu n'as pas les armes pour me blesser. "

C'est le moment de fermer ma grande gueule et d'encaisser la tempête. Mais il faut croire qu'elle m'énerve quand même assez pour je lui tende une perche.

" Tu n'es pas Mélinda. "
« Modifié: mercredi 27 juin 2012, 01:57:33 par Yamagashi-sensei »

Mélinda Warren

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Re : Gravité [Yamagashi-sensei]

Réponse 2 jeudi 28 juin 2012, 00:49:19

En sortant du lycée, Shii n’avait pu retenir un bâillement. La vie d’une lycéenne était fort difficile. Elle s’était levée à sept heures du matin pour une longue journée du cours, et avait eu la surprise de voir Clara venir se coucher, alors qu’elle était en train de se faire un petit-déjeuner. Une image qui, sans qu’elle puisse ne se l’expliquer, l’avait agacé.

« On a un contrôle de maths ce matin ! s’était-elle exclamée.
 -  ’Rien à foutre... » avait répondu Clara d’une voix affaiblie.

Que répondre face à ça ? Et puis, ce n’est pas comme si c’était surprenant, c’était Clara. Alors, pourquoi est-ce que ça avait déplu à Shii ? La brave lycéenne s’était torturée la tête pour trouver une réponse durant le cours d’Histoire, et les cours avaient fini par l’absorber et par noyer cette question... Surtout le contrôle de maths. Contrairement à plusieurs de ses camarades, Shii se refusait à inscrire sur sa calculatrice les théories et autres formules pour résoudre les équations et les différents problèmes des exercices, et ce même si leur senseï leur avait dit de le faire. Shii était trop rigide pour se le permettre, et préférait apprendre les formules, plutôt que de devoir dépendre d’une stupide machine électronique.

Shii avait fini sa journée, et se dirigeait vers la station de métro. Le métro la conduirait dans les hauteurs de Seikusu, où elle pourrait finir le trajet en bus. De manière générale, la jeune lycéenne évitait les bus. A cette heure-là, ils étaient surpeuplés, étouffants, et il y avait toujours un petit malin qui en profitait pour vous caresser les fesses. Les gens étaient tellement malpolis !

*Et il faut que je me dépêche, je dois avancer sur ma dissert’ de philo. Elle ne va pas se faire toute seule...*

« La recherche de la beauté est-elle une quête vaine ? » A croire que le prof’ avait choisi un sujet de choix ! Il fallait juste espérer que Mélinda ne lui demanderait pas des informations. Elle aimait bien les questions philosophiques, mais sa logique... Et bien, la logique de Mélinda était tortueuse, philosophiquement parlant. Si elle tombait sur cette question, il n’y a nulle doute qu’elle y répondrait par un long et gros « NON » longuement appuyé.

Un nouveau bâillement traversa ses lèvres, et elle aperçut alors un regroupement de lycéens près de la sortie. Sur le coup, Shii ne vit pas trop ce qui se passait, et regarda, curieuse, jusqu’à reconnaître une femme assise sur le dépôt d’une voiture, qui en fixait hargneusement une autre... Et, en voyant une tête avec une chevelure rousse dépasser du lot, Shii comprit qu’il y avait une dispute entre Clara et Yamagashi-senseï. Estomaquée, Shii se rapprocha rapidement. Elle savait que Clara n’avait jamais pu admettre que leur senseï les largue comme de vieilles chaussettes. Clara recherchait en effet avec les professeurs ce lien de proximité que Shii fuyait, et elle avait vu en Hitomi une espèce de modèle implicite à suivre, si tant est qu’elle venait même à ses cours de manière ponctuelle. Malheureusement, quand Hitomi leur avait dit qu’elle ne voulait plus de cette vie, Clara l’avait mal pris. Elle avait été blessée, blessée comme Shii, et, quand Hitomi avait annoncé qu’elle pourrait se venger sur Shii en se servant de Clara, Shii avait interprété ça comme un signe de colère, et n’y avait pas tenu compte, mais Clara...

Shii ignorait toutes les vacheries que Clara avait faite, mais elle n’était pas idiote. Elle savait, mais elle n’avait jamais cherché à l’en dissuader. Non pas qu’elle approuve les actions de Clara, mais il était tout simplement inutile de la résumer. Dans sa logique d’adolescente brisée, Hitomi s’était jouée d’elles, et c’était suffisant pour se venger. En s’approchant, Shii finit par entendre, entre les murmures des badauds assistant à la scène, une phrase sèche d’Hitomi :

« Tu m'as donné cent cinquante occasions de te faire virer, ou de te coller les flics aux fesses. Utilise ta tête à autre chose que colmater ton cou, Clara : tu es un moustique, au pire tu me grattes. Mais tu n'as pas les armes pour me blesser. »

Shii serra les dents, et Hitomi choisit de continuer, d’enfoncer le clou :

« Tu n'es pas Mélinda. »

Il y eut quelques murmures d’approbation. Pour ceux qui connaissaient Mélinda Warren. Soit, à bien y réfléchir, une bonne partie des lycéenes. Shii tenta de s’approcher de Clara. Cette dernière affichait un sourire goguenard, et finit par répondre :

« Les flics aux fesses ? Mais vous n’avez qu’à les appeler, senseï ! Je me demande quelle version ils préféreront : la lycéenne perturbée... Ou la prof’ qui couche avec ses élèves. Vous vous croyez meilleure que nous, hein ? Vous déshonorez toute votre profession, et... ! »

Clara s’interrompit quand elle vit Shii, et fut pour le coup surprise. Prenant son courage à deux mains, cette dernière s’avança, tandis qu’un groupe compact se massait. Agacée, Clara les regarda et hurla :

« C’est une réunion privée ! Si j’en vois encore un qui me mate d’ici une minute, il aura droit à une place dans la poubelle ! Foutez le camp, bandes de merdeux ! »

Ce fut largement assez pour les convaincre. Clara regarda ensuite Shii, alors que les lycéens s’écartaient prudemment.

« Arrête, Clara... la supplia Shii.
 -  Arrêter quoi ?! Je ne fais que dire la vérité. Elle me menace, elle me prend pour de la merde, mais j’ai de quoi l’envoyer en prison, cette salope ! Y a jamais de fumée sans feu, comme on dit ! »

Shii en devint écarlate. Elle voyait la rage bouillonner dans les yeux de Clara. L’attaquer en insistant sur le fait qu’elle n’était rien, c’était frapper là où ça fait mal, et, si ça faisait pleurer Shii, ça rendait Clara encore plus hargneuse. Ne sachant plus quoi dire, Shii regardait tour à tour Hitomi et Clara... Jusqu’à ce qu’une voix ferme et autoritaire résonne derrière Hitomi, une voix que Shii identifiai facilement, et qui fit sursauter Clara :

« Ça suffit, Clara. »

DC d’Alice Korvander.

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Yamagashi Hitomi

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Re : Gravité [Yamagashi-sensei]

Réponse 3 jeudi 28 juin 2012, 13:45:53

Je croise les bras sur mon ventre. Je sais que ça va sans doute l'énerver encore plus, mais je ne peux vraiment pas retenir un petit sourire pendant que Clara me prend de haut. Un scandale sexuel au lycée de Seikusu ? Brillante perspective, qui ne manquerait pas de mettre la ville à feu et à sang. Il n'y a pourtant pas que de l'ironie dans mon sourire. La lycéenne perturbée. C'est très clair depuis le début, mais c'est la première fois qu'elle avoue sa faiblesse. Bien sûr c'est à demi-mot, et elle n'aurait aucun mal à s'en cacher. Reste qu'elle s'est découverte un tout petit peu et que ça me touche. Je ne vais pas m'avancer pour autant. Venir gentiment me mettre en position de faiblesse ne m'a jamais rapporté que des coups : j'ai déjà donné.

Je suis le regard de Clara quand elle s'interrompt, et pour la coup mon sourire retombe. Il ne manquait qu'une personne pour rendre la scène parfaitement douloureuse : Shii. Le dernier vrai lien qui nous enchaîne toutes les deux, et sans doute la plus grande cause de la rancœur de Clara à mon égard. Bien sûr j'ai blessé Mélinda, je ne sais pas dans quel mesure mais c'est un fait. Seulement Mélinda ne met plus les pieds au lycée, elle ne me voit plus et je ne veux pas savoir si elle en a envie. Shii, je la croise tous les jours, j'endure sa présence trois heures par semaines. Je l'aime, et Clara aussi, mais quoi qu'on fasse elle ne peut qu'en souffrir.

Quitte à ce que ça fasse mal autant en tirer quelque chose. On est toutes les trois, c'est l'occasion de régler les comptes une bonne fois. Mais on aura du mal à discuter tant que Clara sera dans cet état.

" C’est une réunion privée ! Si j’en vois encore un qui me mate d’ici une minute, il aura droit à une place dans la poubelle ! Foutez le camp, bandes de merdeux ! "

Au moins ça disperse la horde de hyènes qui nous entourait, prête à nous dévorer pour ensuite aller chier des ragots un peu partout. Je préfère ne rien dire pour l'instant. Shii n'est pas venue pour rien, et un instant j'espère qu'elle montrera le même courage face à Clara que face à moi, le jour où j'ai quitté le manoir en larmes. Mais ce ne sera pas le cas. Elle supplie et se laisse écraser, j'espère pour elle que si elle se relève pour se battre, il ne sera pas trop tard.

" Arrêter quoi ?! Je ne fais que dire la vérité. Elle me menace, elle me prend pour de la merde, mais j’ai de quoi l’envoyer en prison, cette salope ! Y a jamais de fumée sans feu, comme on dit ! "

Je devrais sans doute me justifier, essayer de me défendre même si ce serait tout à fait inutile. Encore que Shii viendrait peut-être à mon secours. Je préfère ne rien dire, et ne rien faire. Ce n'est pas de gaieté de cœur. Lui crier dessus n'a servi à rien, pas plus que de prendre la distance que m'offre ma condition de professeure. Si je la laisse se débrouiller dans la fosse aux lions, si je l'abandonne pour de bon, elle se détachera peut-être enfin de moi. Et si ça ne suffit pas j'en remettrais une couche, pour toute les deux. L'important c'est que Shii ne soit plus entre les tirs, qu'elle regagne son camp et que tout soit réglé.

De mon côté je me débrouillerai pour encaisser ça comme tout le reste. Je vais m'envoyer en l'air un peu plus haut, cogner un peu plus fort dans le sac de frappe, vider quelques chargeurs de plus au stand de tir et torturer plus méchamment ma petite Danu dans mes nouvelles. Puis ça se tassera doucement.

" Ça suffit, Clara. "

Je sursaute, pour un peu je décollerais du sol. Finalement je vais peut-être avoir besoin que Shii vole à mon secours. S'il y a bien une voix que je ne pensais, que je ne voulais pas entendre, c'est celle de Mélinda. Cette fois elle va m'étrangler pour de bon. Je ne sais pas comment elle a vécu notre rupture, mais la connaissant un peu ça a dû être un calvaire. Alors quand elle va se rendre compte que je ne le vis pas si mal que ça, elle va me déchiqueter.

Je prends une grande inspiration. Courage, Hitomi ! De toutes façons tu peux pas y couper ! Après tout qu'est-ce qu'elle pourra me faire de si terrible ? Avec tout ce que je dois relativiser en ce moment j'ai de la marge. Et Mélinda a laissé un éclat de métal rouillé dans mon cœur, d'une façon ou d'une autre je vais l'en arracher. Je le peux, je le dois. Je me retourne. Elle est plantée à distance respectueuse, dans un uniforme scolaire, et elle ne respire pas la joie de vivre. Puisqu'il faut bien commencer, j'y vais à petits pas.

" Bonjour, Mélinda. "

À tout petits pas. Je m'efforce de lever un petit sourire qui se veut chaleureux.

" Je suis contente de te voir. "

Il suffit de le dire pour que ça devienne un peu vrai. En fait non, c'est tout à fait vrai. Après ce que je lui ai fait je me suis inquiétée pour elle. À sa façon elle était seule pour encaisser, alors que j'avais quelques personnes sur lesquelles me reposer. Et je n'avais pas à cacher mes faiblesses, à quiconque, alors même si j'ai dégusté elle a dû endurer bien pire. Et malgré toute la confiance arrogante qu'elle m'a toujours montrée, je ne pense pas qu'elle ait pu se relever toute seule.

Mélinda Warren

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Re : Gravité [Yamagashi-sensei]

Réponse 4 jeudi 28 juin 2012, 22:24:06

Après le départ d’Hitomi, Mélinda avait vécu des semaines chaotiques. Il y avait eu plusieurs phases, qui ne s’étaient pas chronologiquement suivies, mais entremêlées. : la Mélinda hystérique, engueulant ses esclaves pour un rien, la Mélinda solitaire, taciturne, enfermée sur elle-même, et déprimant, la Mélinda impuissante, qui n’arrivait plus à rien au lit, et même la Mélinda alcoolique. Cette phase avait été la dernière de son espèce de déprime qui avait eu des répercussions jusqu’à la gestion du harem. Car le monde des affaires ignore les peines de cœur, et ce que Mélinda avait ressenti quand Hitomi l’avait abandonné rentrait dans cette catégorie. Elle s’était jurée de ne plus revoir cette insupportable femme, elle avait voulu la haïr, la détester au point de la torturer et de la maudire, mais la réalité, malheureusement, avait été bien moins vorace. Mélinda s’était juste sentie vide. La trahison de cette femme lui avait cruellement rappelé ce vieux dicton : ce n’est que sur le trône qu’on se rend compte qu’on est seul. Elle devait continuer à donner le change pour les autres, pour ses protégés qui comptait sur elle, pour ses créanciers, qui consultait scrupuleusement les bilans comptables du harem, pour ses clients et ses fournisseurs, qui se verraient mal donner des esclaves à dresser à une femme qui n’était pas capable de bien se tenir, pour ses protectrices. Difficile de dire que tout va bien et qu’on est au top, quand, intérieurement, on a l’impression que votre cœur est parti en charpie.

Et voilà qu’elle se tenait là, cette femme. Cette femme à qui Mélinda avait promis mille maux. Cette insupportable femme à qui elle avait offert le plus précieux des cadeaux, et qui l’avait rejeté pour les beaux yeux d’un abruti. Fort heureusement, Mélinda n’avait jamais su qui était cet homme qui lui avait ravi cette femme. Elle n’aurait pas su quoi faire avec lui : le massacrer, le remercier, ou le plaindre. Si un seul homme avait en effet suffi à ce qu’Hitomi l’abandonne, c’est qu’elle ne devait pas représenter grand-chose aux yeux de la prof’. Contrairement à ce qu’elle avait cru, contrairement à ce qu’elle avait pensé percevoir...

*Elle s’est joué de moi, et elle m’a bien baisé* songea avec amertume la vampire.

Pour autant, Mélinda remontait la pente. Quand on avait touché le fond, on ne pouvait de toute manière que le remonter. Le fond, elle l’avait atteint en cette soirée où elle avait avalé la moitié de sa cave à vins. Mélinda ne s’était pas sentie aussi mal depuis au moins les deux derniers siècles, et elle s’était défoulée sur une pauvre fille qui était enchaînée dans sa cave. Défoulée au point qu’elle l’avait tué, et ressuscité. Les détails de cette nuit infernale étaient encore flous pour elle, mais, quand on avait engendré une fille sans le réaliser, il était temps de se remettre en question. Mélinda avait décidé d’arrêter son « caprice d’humaine attardée », pour reprendre les propres termes de Kaileesha, et s’était forcée à penser à autre chose. Comme trouver un moyen d’amener sa fille à lui faire pardonner ce qu’elle avait fait, ou éviter que tous ses clients ne la lâchent. Elle avait donc mis une croix sur ses excursions au lycée pendant plusieurs semaines, le temps de relever la barre.

Elle pensait désormais que revoir Hitomi la laisserait de marbre. Qu’elle aille crever la gueule ouverte avec son amant, ça lui faisait une belle jambe ! Elle s’en était convaincue, persuadée, mais, quand elle avait entendu Clara hurler, et qu’elle s’était approchée, voir le corps de cette femme honnie lui avait fait l’effet d’une violente douche froide. Et elle avait à nouveau senti cette désagréable piqûre au cœur. Ça ne faisait pas mal, mais ça blessait quand même. Mélinda avait parlé sur un ton froid, détaché, mais non moins autoritaire, et Clara s’interrompit, avant de rougir et de baisser les yeux. Ce ne serait pas suffisant pour la calmer, mais ce serait un bon début.

Clara haïssait les professeurs. Hitomi avait été la seule exception, mais cette exception s’était envolée. Quand Mélinda avait retrouvé Clara, cette dernière n’était qu’une coquille vide, une jeune fille défoncée par la drogue, et qui était dans un état pathétique. Elle dormait dans les poubelles, dans des vêtements sales, crasseux, avec du maquillage excessif sur la figure. Elle avait ensuite appris que le lycée l’avait exclus pendant un mois, et elle n’avait pas osé rentrer chez ses parents. Mélinda l’avait pris sous son aile, et Clara allait maintenant sensiblement mieux. Ce tas immonde et puant était devenu une belle femme. Autoritaire et insupportable, certes, mais on ne pouvait pas non plus attendre de Mélinda des miracles.

Si c’était le cas, Hitomi serait comme elle. Une vampire. Et non une simple prof’ qui se mettait à trembler comme une feuille en sentant dans son dos la présence de cette femme qu’elle craignait. Et à juste titre. Semblant prendre son courage à deux mains, Hitomi se retourna, et Mélinda essaya de conserver un visage fermé, impassible, qui n’incitait pas vraiment à la conversation.

« Bonjour, Mélinda », tenta de lâcher Hitomi d’une voix guère assurée.

La vampire la regarda sans rien dire, plongeant son regard dans le sien.

*Je suis Mélinda Warren. J’ai tué mon père, et j’ai dressé mon frère. Je peux le faire. Une simple humaine ne peut m’effrayer.*

Mélinda fixa donc Hitomi, tandis que Shii, rouge, restait dans un coin, et que Clara ruminait en silence. Hitomi poursuivit, en tentant de sourire. Un sourire qui donna immédiatement envie à Mélinda de lui arracher la joue pour qu’elle ravale ce sourire d’hypocrite.

« Je suis contente de te voir. »

Un volcan bouillonnait à nouveau dans le corps de Mélinda, et son regard s’assombrit. Ses ongles s’agrandirent légèrement. « Contente » ?! Par les sept Enfers, est-ce qu’elle avait bien dit « contente » ?!

*Et elle se fout de ma gueule, en plus ! Mais vas-y, Hitomi, continue à me prendre pour une conne, et peut-être que je serais suffisamment énervée pour te tuer rapidement !*

Shii sentit le vent tourner, se racla la gorge, et parla alors de la seule chose qui était capable de faire perdre à Mélinda sa contenance :

« Comment va Akira ? »

Touchée. La question fit mouche, et le regard de Mélinda se voila légèrement. En oubliant Hitomi, elle tourna la tête vers Shii, et soupira. Akira... Sa fille. Difficile de ne pas se sentir concernée quand on parlait d’elle. Cette dernière se refusait à sortir du manoir depuis maintenant trois semaines, et la famille s’inquiétait. Enfin, la famille... Le lycée et sa tante. Mais Akira avait interdit à Mélinda d’aller voir sa tante pour lui dire où sa fille se trouvait. Il y avait des avis des recherche, des spots publicitaires. On la disait enlevée par un violeur, un psychopathe, et la police avait ouvert une enquête. Chaque jour qui passait rendait cette situation de plus en plus difficile. Les politiques s’en étaient mêlés. Le Ministre de l’Intérieur avait même été à Seikusu, inquiet du taux record de disparitions de jeunes étudiantes dans le secteur, et le Maire avait fait une allocution, dans laquelle il avait affirmé que retrouver Akira serait la priorité des services de police.

Et Mélinda ignorait comment résoudre ce problème. Elle haussa donc les épaules.

« Elle est têtue. »

Mélinda s’approcha ensuite de Clara, contournant Hitomi. Voir cette femme lui faisait bien plus mal qu’elle ne voulait l’admettre, et Mélinda avait de toute façon bien d’autres problèmes sur les épaules que cette femme. Hitomi appartenait au passé. Elle s’était casée, et bien soit. Mais qu’elle ne vienne pas remuer la queue devant Mélinda en essayant de se la jouer « copine-copine » après le coup qu’elle lui avait fait. « Je préfère qu’on arrête de se voir ». Mélinda se souvenait encore mot pour mot de ce bout de phrase.

« Clara. »

Cette dernière releva la tête, tout d’un coup nerveuse.

« J’aimerais que tu arrêtes ton numéro, Clara, enchaîna la vampire.
 -  Je... lança Clara, déstabilisée, et surtout furieuse.
 -  Je sais ce que tu ressens fit Mélinda en caressant l’une de ses joues avec tendresse, mais ça ne sert à rien. Tu ne fais qu’entretenir des rancœurs inutiles. Laisse-les partir. »

Clara secoua la tête, mais elle ne savait pas quoi dire, car elle savait que Mélinda avait raison. La vampire hésita brièvement, et décida d’enfoncer le clou.

« Il faut savoir mettre les choses en perspective. Hitomi n’est pas Hitochi. »

A l’évocation du nom de son père, Clara se mit à trembler violemment. Elle serra les lèvres, baissant à nouveau les yeux, rouge. Si ça avait été quelqu’un d’autre, elle l’aurait insulté, voire même frappé. Mais voilà, ce n’était pas n’importe qui, c’était Mélinda, et elle était incapable d’être agressive envers elle. En somme, sa carapace céda, et elle continua à trembler, avant que Mélinda n’enfouisse sa tête contre son buste. Clara put ainsi verser ses larmes sans qu’on ne puisse les entendre.

Réalisant alors qu’Hitomi était toujours là, Mélinda tourna sa tête vers elle, et lâcha, amère :

« Ton mec risque de s’impatienter... »

Une manière assez polie de lui dire de dégager. Mélinda avait tenu à sortir Hitomi de sa vie, et n’avait donc pas fait d’enquête sur elle. Elle ignorait donc totalement que la belle romance entre Hitomi et cet inconnu, un super-héros déchu qu’on croyait mort, s’était brisée comme un bateau de pêche se fracassant sur un récif. Si elle l’avait su, elle aurait probablement trouvé toute cette histoire d’une sinistre ironie.

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Re : Gravité [Yamagashi-sensei]

Réponse 5 vendredi 29 juin 2012, 03:35:54

Je m'en doutais. Je n'ai qu'à ouvrir la bouche pour la mettre en colère. J'en viens à me demander si Shii ne me sauve pas la vie pour de vrai en changeant de sujet. Apparemment Mélinda s'est trouvée un nouveau soucis sentimental qui deviendra peut-être aussi gros que moi, si ce n'est pas déjà le cas. Je ne sais pas qui est cette Akira, pour que Mélinda la trouve têtue elle doit avoir son importance. J'ai été têtue, moi aussi, et ça n'a réussi à personne. Enfin ! J'ai fait le point sur tout ça, enfin à peu près. Bien assez pour me passer de l'avis de la Vampire, qui me répondra sans doute d'un coup de griffes.

En passant près de moi Mélinda ne me regarde même plus. Soit je la laisse indifférente, soit elle le feint comme une championne. Je préfère ne pas me poser la question. Je veux pas courir après ses sentiments pour finir encore en miettes. Je la suis des yeux sans un mot. Je suis prête à me mettre à vif pour peu qu'elle me rende la pareille. Mais elle est bien trop fière pour ça, surtout devant Shii et Clara. D'ailleurs cette dernière semble enfin se décider à se laisser aller. Et je détourne le regard, toujours en silence. J'oublie déjà. Je n'ai rien vu ou entendu, et certainement pas Clara qui pleure comme une gamine dans les bras de Mélinda. Ça ira rejoindre la longue listes de secrets que je ne trahirai pas, parce qu'ils ne sont pas les miens.

D'ailleurs moi je n'en ai plus. Je suis enfin au clair. J'aurai encore des haut et des bas, mais ça ne les concerne plus. Qu'elles essaient de s'en convaincre ou que ce soit vrai elle n'ont plus besoin de moi. Sinon elle n'auraient qu'à le dire. La Vampire m'envoie cordialement me faire pendre ailleurs.

" Ton mec risque de s’impatienter... "

Je croise à peine son regard mauvais avant de baisser le mien, avec un sourire en coin. Un sourire triste.

" Mouais... Sans doute... "

Ça mal, atrocement mal, surtout venant d'elle. Je l'ai sacrifiée à ce mec, et il m'a poignardée en plein cœur avant de fuir lâchement. Il n'est même pas venu me voir, pour se battre ou se rendre. Ça la ferait sans doute bien marrer, parce qu'elle n'aurait pas pitié de moi. Je me goure peut-être encore. Un dernier regard à Clara, un plutôt ses cheveux. Un autre pour Shii. Puis de nouveau les yeux de Mélinda qui ne retiennent pas vraiment sa rancœur. Puis je me retourne, et mon sourire retombe.

Au moins l'armistice est signé, il semble. Je vais ramasser ma serviette de cours. Mais quand je l'ai enfin entre les mains, je ne peux pas m'empêcher de la serrer contre mon ventre. Ma main droite passe doucement dessus alors que je sens un larme qui monte et s'échappe pour rouler sur ma joue. Finalement je leur dois bien ça. Et comme je n'ai pas moins souffert qu'elles dans l'histoire, je me le dois à moi aussi. J'essuie ma petite larme d'un revers de la manche avant de me retourner.

" Je regrette vraiment ce que je vous ai fait, à toutes les trois. "

Je me retiens de me mordiller la lèvre et de cligner des yeux, d'autant que je les braque sur Mélinda. Vite, avant que ma gorge commence à trop se serrer.

" Et si ça peut vous consoler, mon mec ne doit pas s'impatienter... En tous cas plus pour moi. "

Je leur tourne le dos avant de renifler un coup, et de cligner des yeux. Je sens les larmes rouler, et mon cœur s'emballe. Pas d'au revoir, pas d'adieu, pas plus d'excuses ni de plaintes. Gabriel va encore devoir gérer une crise de fuites lacrymales ce soir, et il ne suffira pas d'un morceau de musique pour me faire retrouver le sourire. Il encaissera, et j'encaisserai. Quelque part j'espérais encore pouvoir réparer les dégâts, mais toutes ces histoires m'ont au moins appris à être moins naïve. Et à ne plus fondre en larme dès que j'ai un pincement au cœur. J'ai coûté au monde son Sentinel Prime. Alors si Mélinda Warren a résisté au cyclone Hitomi, tant mieux.

On est peut-être une belle bande de pauvres connes, ou je suis la seule. En tous cas je devrais tenir jusqu'à l'appartement avant de m'effondrer, cette fois. Comme toujours, un pied devant l'autre... En attendant que le sol se dérobe.

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Re : Gravité [Yamagashi-sensei]

Réponse 6 vendredi 29 juin 2012, 14:20:35

« Mouais... Sans doute... »

C’était dit sans conviction, et Mélinda commença à se demander si... Hitomi échappa alors à son regard en se retournant, et récupéra sa serviette, la serrant contre elle. L’image était... Troublante. C’était une chance qu’Hitomi ait tourné le dos. Une chance, car elle ne vit pas cette lueur traverser le regard de Mélinda. Ce n’était pas de la pitié, ni même de la rancœur. C’était de la compassion. Toute la détermination de Mélinda sembla vaciller, lui donnant l’impression d’être un colosse aux pieds d’argent. Il aurait suffi d’un geste, d’un signe, pour qu’elle bondisse sur elle. La prof’, si forte, si fière, si heureuse, semblait alors tellement... Tellement fragile, tellement seule. On ne pouvait pas cacher grand-chose à Mélinda, et, quand Hitomi parla, ce fut avec une voix gonflée par l’émotion. Elle se retourna à nouveau, et le regard de Mélinda se fit à nouveau dur. Sans qu’elle ne puisse se l’expliquer, elle n’avait pas envie qu’Hitomi sache ce que la vampire pensait. Et voir ses joues rouges, voir ce petit tracé délicat sur sa tête, lui fit comprendre que la senseï était également douée pour masquer ses manipulations. Moins que Mélinda, mais il avait fallu les yeux acérés d’un vampire pour deviner qu’elle avait pleuré. Sans aucun doute, dès qu’elle serait seule, elle se viderait comme une fontaine.

Cette idée était insupportable, mais, au-delà de ses sentiments pour elle, Mélinda ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable. Oui, alors même que c’était Hitomi qui l’avait jeté, la vampire se sentait responsable. Cette histoire ne manquait pas d’une singulière ironie, d’une application très particulière de la justice. Hitomi avait misé gros. Et elle avait tout perdu. Elle était maintenant bonne pour l’agence des cœurs brisés.

« Je regrette vraiment ce que je vous ai fait, à toutes les trois. »

Clara persifla, guère convaincue, Shii rougit, et Mélinda resta de marbre. Des regrets, chacune en avait. Mélinda comme Hitomi. La première regrettait de ne pas avoir été assez ferme avec elle. Le regard d’Hitomi était plongé sur celui de Mélinda. Dans le désespoir, on essayait toujours de se raccrocher aux autres. Mais il était trop tard.

*On ne peut revenir sur ce qui a été dit, Hitomi. Des mots ont été dits, des promesses brisées. Il est trop tard, Hitomi. Tu as misé sur le rêve, et la réalité t’a rappelé. Mauvaise pioche.*

Hitomi tint alors à préciser ce que Mélinda s’était déjà doutée, confirmant ainsi ce que la vampire pensait :

« Et si ça peut vous consoler, mon mec ne doit pas s'impatienter... En tous cas plus pour moi. »

Est-ce que c’est lui qui l’avait plaqué ? Vu comment elle en parlait, elle avait l’air toujours amoureuse de lui. Mélinda sentit un bref accès de rage intense la traverser.

*Et si jamais il revient te lécher les pieds ?! avait-elle envie de lui hurler à la figure. Imagine que je fasse comme si tu ne m’avais pas claqué la porte au nez, que j’accepte de te pardonner, et qu’il revienne... Qu’il revienne te dire à quel point il a été con ? Recommenceras-tu à tourner casaque avec moi ? L’erreur est humaine, dit-on, mais, quand on récidive, c’est qu’il y a de la malice derrière.*

Mélinda avait envie de lui dire de rester, de la retenir. Franchement envie. A vrai dire, ça la démangeait jusqu’au bout des ongles. Mais elle ne le fit pas. Elle ne dit rien, et laissa Hitomi s’éloigner, Hitomi qui pleurait, qui maudissait les Cieux, sa propre connerie, son mec, elle-même, et peut-être aussi Mélinda. Elle la laissa partir, et se sentit tout d’un coup vide. Cette rencontre... Elle l’avait appréhendé, et ça ne s’était pas passé aussi bien qu’elle l’avait espéré. Dans le fond, elle était surtout déçue par toute cette histoire. Il ne lui était toutefois plus permis de faire confiance à Hitomi, et ce quand bien même elle en avait envie. Cette dernière l’avait trahi, trompé, largué, au nom de l’amour, de son ego, de sa fierté, de la connerie humaine, ou de quoi que ce soit d’autre. Toujours est-il qu’elle appartenait maintenant au passé, et qu’il n’était jamais bon de réveiller les fantômes du passé. Les squelettes devaient rester à leur place.

« On rentre » finit-elle par décider.

Clara et Shii se regardèrent, et acquiescèrent silencieusement. Mélinda se retourna à son tour, et s’éloigna. Elle ne pleura pas. Elle avait déjà assez pleuré pour les cinq siècles à venir.

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Le lendemain, 10h02
Lycée Mishima, toilettes


« Allez, Shii, dépêche-toi, bordel !
 -  On est en retard !
 -  La ferme, et applique-toi !
 -  O-Oui. »

La sonnerie avait en effet résonné depuis deux minutes. Cinq minutes avant la fin de la récréation, Clara était descendue dans la cour retrouver Shii. Il avait fallu d’un signe pour que Shii la suive dans les toilettes. Étant très grand, le lycée avait plusieurs toilettes, alors elles en avaient choisi un assez isolé. Prudemment, Clara s’était assurée qu’il n’y avait aucune classe qui avait un cours là, et elle avait ensuite retiré son haut, afin d’enfiler sa tenue de sport.

A dix heures, elles avaient deux heures de sport avec Hardy-senseï, et Clara arriverait en retard. Fort heureusement, la senseï était plutôt cool avec ça. Les dix premières minutes étaient surtout, en sport, la période où on se changeait, et où on ne foutait rien. Shii se posta dans le dos de Clara, alors que cette dernière se mit en soutien-gorge. Elles se regardèrent fugitivement, et Shii rougit, se rappelant de leur nuit.

Mélinda avait tenu à oublier la soirée avec Hitomi en leur faisant l’amour. Et elle n’y avait pas été de main morte, renvoyant aux cimetières ses périodes de panne. Les trois femmes avaient fait l’amour pendant plusieurs heures, mais Mélinda avait tellement donné sur la pauvre Clara que ses cicatrices s’étaient légèrement rouvertes. Clara avait toutefois juré, entre deux coups, de respecter le mot de Mélinda, et de foutre la paix à Hitomi. Au moins provisoirement. Néanmoins, elle n’avait pas pu faire sa grasse matinée. Son dos l’élançait, et, si elle avait réussi à masquer ça pendant le cours de biologie, en sport, ce serait plus compliqué. Shii avait donc sorti une pommade dans l’une des salles de bains du manoir, un baume qui atténuerait la douleur, mais ce n’était pas Clara qui pouvait se le mettre.

Les deux femmes étaient ainsi dans les toilettes pour soigner Clara. Shii ne dit rien en voyant son dos, et le triste état dans lequel il était. Il était parcouru de cicatrices, de traits et de traces d’impacts. Des coups répétés avec la boucle en fer d’une ceinture avaient durablement marqué sa chair. Le spectacle était assez effrayant, et Shii était, avec Mélinda, la seule personne autorisée à voir ces marques. La lycéenne ne s’en formalisa donc pas, et commença à appliquer la pommade sur les zones sensibles, faisant soupirer Clara à chaque fois.

« Dé-désolée...
 -  C’est... C’est rien.
 -  Tu sais, je crois que le mieux, ce serait que tu vois un méd...
 -  Non ! »

A cette simple idée, Clara se retourna vers sa camarade, et la plaqua contre le mur, son dos étant ainsi visible à quiconque passerait par la fenêtre.

« Je refuse que quiconque le sache ! »

Or, il semblait probable que la liste des rares personnes connaissant le secret de Clara s’agrandirait rapidement.

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Re : Gravité [Yamagashi-sensei]

Réponse 7 vendredi 29 juin 2012, 17:34:46

Je n'ai pas tant pleurer que ça hier, mais ça n'a pas suffit pour autant. J'ai passé une nuit horrible à m'accabler encore de tous les maux de la Terre. Et j'enrage. Il faut que je me défoule, et heureusement aujourd'hui j'ai un gros trou dans la matinée. Je suis libre de dix heures à midi, et je compte en profiter. Je vais faire un tour au complexe sportif du lycée, les clubs d'art martiaux ont leur salle de sport, et surtout leurs sacs de frappe. J'ai besoin de cogner comme une sourde sur quelque chose qui ne m'en voudra pas. Mélinda, Kyle, l'autre enfoiré qui bave sur Sentinel Prime... Je ne suis pas du genre violente mais je sature, méchamment.

" Non ! "

Je me fige en entendant cet éclat de voix. Clara, je l'ai assez entendue crier pour la reconnaître. Je devrais passer mon chemin, la laisser se débrouiller, faire comme si de rien n'était. En gros garder la journée d'hier comme point final. Trop conne, je suis déjà en train d'ouvrir la porte des toilettes. Et je me fige à nouveau en découvrant les deux lycéenne surprises. Surtout Clara. Bordel ! Mais dans quel état est son dos ! Je me reprends vite et entre en refermant la porte. C'est signé Mélinda, ça. Au lieu de me cracher ses quatre vérités au visage elle a préféré se passer les nerfs sur ses petites poupées. Je ne tombe pas à la renverse, loin de là : je suis bien trop en colère.

Clara ne doit pas vraiment en vouloir à sa maîtresse, reste qu'elle a pris pour moi. Je laisse tomber ma serviette de cours, et le petit sac à dos avec ma tenue de sport. Et je ne cache pas à quel point j'enrage.

" Vous la fermez ! Toutes les deux ! "

Elles sont en tenue de sport, et je me doute bien qu'elles veulent cacher les marques. Cette fois c'est clair, et rien à cirer de qu'elle me fera : je vais aller voir Mélinda. Je vais lui rentrer dans le lard s'il le faut, mais je lui ferais vomir sa rancœur. Et je vais aussi bien lui spécifier à quel point elle est conne et imprudente. C'est d'ailleurs ce que je fais en tirant mon survêtement de sport de mon sac pour l'envoyer à Clara. Je ne crie pas.

" Si tu vas en cours de sport tu pisseras le sang dans son T-shirt au bout de dix minutes. T'es plus à une journée près. Met ça et rentre te reposer. "

Il ne manquerait qu'elle se fasse bêtement repérer en cours de sport. Clara est une tête de mule quand elle s'y met, je le sais par expérience. Qu'elle veuille s'acharner à endurer un cours de sport dans son état n'a rien d'étonnant. Qu'elle refuse aussi de voir le risque que ça représente non plus. Dire que je suis en train de couvrir les sévices que Mélinda lui a fait subir. Faut vraiment que j'ai l'esprit large, et que je les aime toutes les trois, pour ne pas traîner de force Clara à l'infirmerie. Et encore, vu l'état de son dos, ça m'étonnerait qu'elle puisse vraiment se défendre.

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Re : Gravité [Yamagashi-sensei]

Réponse 8 samedi 30 juin 2012, 01:18:42

Un frisson de douleur parcourut le corps de Clara quand la pommade passa sur l’une des plaies réveillées. Elle en serra les dents et les poings, la douleur remontant le long de son corps. Oui, c’était douloureux, mais elle ne voulait surtout pas le dire à Mélinda. Si cette dernière réalisait que certaines de ses galipettes intensives réveillait ses blessures, elle changerait sûrement, et Clara ne voulait pas de ça. Elle ne voulait pas qu’on se retienne à cause d’elle. Surtout pas. Lire de la pitié dans le regard des autres. Surtout pas dans celui de Mélinda. Elle tenait trop à ses galipettes nocturnes, même si elle devait ensuite en chier. C’était d’ailleurs pour ça qu’elle avait quitté le manoir. Si elle était restée, Mélinda l’aurait vu, et, même si la vampire assurait avoir traversé sa phase de déprime intense, elle était encore assez fragile.

*Parfois, il faut tout simplement serrer les fesses, et attendre que ça passe...*

C’est précisément ce que Clara faisait, mais, malheureusement, la situation se compliqua. La loi de Murphy énonce que, quand quelque chose peut mal tourner, cette chose va infailliblement mal tourner. Il y eut ici une parfaite application, puisque quelqu’un vint les déranger, et eut droit à un gros plan sur le dos meurtri de Clara. Cette dernière en perdit contenance, ne sachant plus quoi faire, et se retourna rapidement, un air de panique traversant son visage, tandis que Shii, en voyant Hitomi, fit un pas en arrière, également effrayée, s’écrasant contre le mur. On aurait dit deux fautives surprises à se caresser dans les toilettes.

« Vous la fermez ! Toutes les deux ! »

Shii rougit jusqu’aux oreilles, et Clara était trop bouleversée pour dire quoi que ce soit. Elle ne savait pas quoi dire, et sentit la panique monter encore un peu plus. C’était encore pire que se recevoir une gifle en pleine poire. Hitomi tenait quelque chose de gros. Le ton qu’elle avait employé était suffisamment autoritaire pour imposer le silence, et Clara reprenait lentement ses esprits. Hitomi ne criait pas, mais le ton était sec, et son regard était assassin. Shii ignorait sur quel pied danser, car elle se doutait que la senseï ferait de mauvaises interprétations. Mais, si elle disait la vérité, Clara lui en voudrait à mort. Et Shii tenait à elle.

Hitomi lança alors à Clara un survêtement de sport, qui semblait indiquer que la senseï comptait faire du sport. Clara regarda le survêtement, puis regarda à nouveau Hitomi.

« Si tu vas en cours de sport tu pisseras le sang dans son T-shirt au bout de dix minutes. T'es plus à une journée près. Met ça et rentre te reposer. »

Se reposer... Clara eut un léger sourire, et retrouva l’usage de sa langue :

« Je ne veux pas de vos fringues », lâcha-t-elle d’un ton acerbe.

A vrai dire, Clara ne voulait pas du tout d’Hitomi, ou de quoi que ce soit de cette femme. Elle jeta son survêtement par terre, enfila son débardeur, sans tenir compte des remarques de la femme, et la regarda à nouveau, une flamme de rage brûlant dans ses yeux :

« Vous en avez pas assez, de pourrir nos vies ?! FOUTEZ-MOI LA PAIX, et allez crever ! ‘Pas étonnant qu’on vous ait larguée. Je veux pas de votre pitié de merde ! »

La lycéenne ouvrit la porte en grand, et sortit. Shii et Hitomi restèrent seules, et Shii baissa timidement les yeux. Clara en avait oublié son sac, et Shii le prit, dans un silence de mort.

« Elle... Elle ne pensait pas ce qu’elle disait... » glissa-t-elle.

C’était évident, mais Shii ne voyait pas quoi dire de plus. Elle espérait qu’Hitomi ne la presserait pas trop. Pouruqoi diable avait-il fallu qu’elle tombe sur elles ? Précisément à ce moment ?

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Yamagashi Hitomi

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Re : Gravité [Yamagashi-sensei]

Réponse 9 samedi 30 juin 2012, 02:43:12

Décidément il n'y a vraiment jamais eu moyen de me faire comprendre par Mélinda ou ses disciples. Qu'elles refusent une aide qui vient de moi, je peux le comprendre. Entre la rancœur, la fierté et tout le reste je ne suis pas étonnée. Mais qu'elle me parle de pitié alors que je l'ai presque envier chier, ça dépasse les limites de la bêtises. Et je n'ai pas pitié d'elle. Je suis trop occupée à serrer les poings quand pour rattraper Clara quand elle passe près de moi pour sortir.

Fidèle à elle-même Shii ne sait plus ni quoi faire ni où se mettre. Je vais ramasser mon survêt' alors qu'elle se décide à ouvrir la bouche.

" Elle... Elle ne pensait pas ce qu’elle disait...
- Si elle veut me dire ce qu'elle pense elle est assez grande. "

Je ne sais pas si elle voit la différence entre la tension que j'avais essayé de feindre devant le manoir, et celle bien réelle qui me fait bouillir en ce moment. Je sors en trombe des toilettes, à mon tour. Le bâtiment est désert et ce n'est pas étonnant. À mi-chemin entre le complexe sportif et le lycée proprement dit. Il abrite les salles des clubs de théâtre, d'art plastique ou autres. Quand il y a du monde ça s'entend forcément. Alors je n'ai pas à hésiter.

Je pars en courant et je rattrape vite Clara. Sans le moindre soucis de ce qu'elle peut dire ou faire je la tire et l'envoie contre le mur. Dos au mur, de quoi relancer la douleur tout ce qu'elle a pu prendre. De la pitié ? Ça non, du moins pas vraiment. Et je pousse sur ses épaules la garder contre le mur.

" Maintenant tu vas m'écouter, pauvre conne ! Si tu sors de ce bâtiment dans cet état t'es finie ! Tous tes souffre-douleurs vont savoir que t'es pas aussi dure que tu le montres ! Ils vont savoir que t'es pas plus blindée qu'eux ! Tu les impressionneras plus ! Et là : j'aurais pitié de toi ! Parce que tu vas te faire démolir ! "

Elle est en débardeur, tout le monde peu voir les marques sur ses épaules et dans le bas de son dos. Les élèves pensent que le lycée est une sorte de prison, sur certains points ils ont parfaitement raison. Pour ceux qui règnent par la force, la moindre faiblesse peut être fatale. Bien sûr je ne pense pas que quelqu'un va attenter à sa vie : ce serait déjà fait. Mais si elle laisse voir sa faiblesse elle tombera de son piédestal, droit vers les bas-fond. Et même là elle sera une paria. À son âge j'étais encore la gaijin, j'étais la mieux placée pour voir les grands se casser la gueule parce qu'ils tombaient jusqu'en-dessous de moi.

" Et si c'est un prof qui te vois : il va te traîner de force à l'infirmerie ! Tu devras expliquer aux flics comment tu t'es retrouvée dans cet état ! Crois-moi, Clara : la plupart des profs te détestent ! Ils détestent Mélinda et ils savent bien que vous fricotez ensemble ! Alors vont sauter sur l'occasion de vraiment vous pourrir la vie ! Ils auront pas de pitié ! "

Ça a marché pour moi, ça m'a fait relever la tête quand je me contentait de serrer les dents en attendant que ça passe. Et ça m'a surtout appris que si d'autres m'aidaient à me relever, c'est parce qu'ils ne supportaient plus de me voir persister dans ma bêtise. C'est la pitié qui m'a rendu pitoyable à une époque, et pas l'inverse. Je ne laisserais pas la même chose arriver à Clara, peu importe qu'elle me déteste.

" Moi non plus j'ai pas pitié de toi, Clara ! Je suis en colère ! T'as pas le droit de me faire ça ! T'as pas le droit de baisser ta garde devant eux ! Pas après tout ce que tu m'as mis dans la gueule ! "

Je lui balance le survêtement au visage.

" Tu te casses si tu veux ! Mais tu vas les enfiler, mes fringues ! Ou je te jure que c'est moi qui te tire à l'infirmerie par la peau du cul ! "

J'essaie de me convaincre que je n'avais pas le choix, que lui dire que je tiens à elle n'aurait pas suffit. Mais je m'en veux, je me déteste. Je recule au milieu du couloir en attendant sa réaction. Cette fois je n'ai pas joué, les menaces étaient réelles. Qu'elle me mette au défi ! Si je dois les mettre à exécution avant d'aller enfin me défouler sur un sac de frappe en imaginant que c'est moi : je le ferais.

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Re : Gravité [Yamagashi-sensei]

Réponse 10 dimanche 01 juillet 2012, 14:22:35

*Bordel, bordel, bordel... Calme-toi, calme-toi, merde ! Elle l’a vu ! Elle l’a forcément vu ! Oh putain, c’est bien ce dont j’avais besoin...*

Clara en vint à maudire Shii, et même à maudire Mélinda. Et surtout Hitomi. Par l’Enfer, mais pourquoi est-ce que c’était cette foutue salope qui avait débarqué ? Pourquoi elle ? Clara en était perturbée, et n’arrivait plus à penser consciemment. Ce fut à ce moment qu’Hitomi lui tomba dessus. Lorsque le dos de Clara heurta le mur, elle en poussa un inaudible cri de souffrance, et ferma les yeux, au supplice, avant que la femme ne lui parle. Oublié, le ton policé entre l’élève et la senseï. Hitomi vint à la menacer de plusieurs choses, mais, en gros, ça pouvait se résumer à un truc : cafter. Elle la menaçait de cafter, et en tirait les conséquences. Clara perdrait sa réputation de grosse dure. Si c’était handicapant, c’était toutefois le cadet des soucis, et son esprit se reconnecta quand elle entendit Hitomi dire quelque chose :

« Et si c'est un prof qui te vois : il va te traîner de force à l'infirmerie ! Tu devras expliquer aux flics comment tu t'es retrouvée dans cet état ! »

La menace était à peine voilée, car Hitomi, après tout, était bien une prof’. Les ‘‘flics’’... Eux n’auraient aucune difficulté à retrouver son nom, et, à partir de là, à savoir qu’elle était une fugueuse. Et alors... A cette idée, le cœur de Clara sembla flancher, et une panique sans nom la traversa. Infrmerie... Infirmerie, infrmerie... L’infirmerie la mènerait à la police, et la police la mènerait à ses parents. Clara perdait le contrôle. Et Hitomi en rajoutait, lui envoyant son survêtement en pleine figure.

« Tu te casses si tu veux ! Mais tu vas les enfiler, mes fringues ! Ou je te jure que c'est moi qui te tire à l'infirmerie par la peau du cul ! »

Clara la regarda, et réagit rapidement. Elle sortit d’une poche un petit objet, et poussa Hitomi, la plaquant contre le mur d’en face, et planta contre sa gorge une lame en acier, tout en hurlant :

« NON ! »

La lame de son couteau à cran d’arrêt s’enfonça contre la chaleureuse peau d’Hitomi, et Clara tremblait, avant de planter son regard dans le sien, et de lui hurler à la figure :

« Mélinda m’a fait jurer de ne plus te faire chier, mais, si jamais tu appelles les flics, connasse, je peux te jurer que je te crèverai ! Tu crois que je sais pas où tu vis ? Tu crois que je sais pas ce que tu fais ? Tu crois que ce con de flic et tes cours de sport te protègeront dans la rue ? Que tes petits entraînements à taper sur des punching ball sauveront tes fesses ?! Fais la conne avec moi, Hitomi, et même Mélinda ne pourra pas te sauver ! Je te crèverai, salope ! Alors, tu me fous la paix ! »

Clara serra encore un peu plus, et coupa légèrement Hitomi, avant de rétracter sa lame, et de la regarder, une lueur de haine dans les yeux. Pour le coup, Clara avait eu vraiment envie de l’égorger. Qu’est-ce qui l’en avait empêché ? Les scrupules ? D’éventuels remords ? La présence de Shii dans le couloir ? La menace que la mort de cette femme n’amène les flics ?

« Je veux pas de vos fringues. J’veux rien de vous, en fait. Soyez fidèles à vous-même et à vos convictions, et foutez-nous la paix ! »

Rangeant son couteau, Clara s’éloigna alors, bien décidée. Elle n’allait pas aller en sport, finalement. Shii, muette, avait observé à toute la scène, et réalisa qu’elle se tenait encore entre les deux, dans une position qu’elle ne souhaitait nullement, et qui lui rappelait cette soirée, cette soirée où Hitomi avait rompu avec Mélinda. L’Histoire avait la fâcheuse habitude de se répéter. Or, Shii s’était jurée de ne plus jamais se trouver dans une situation similaire. Elle s’exprima pourtant, et lâcha :

« Vous... Je pense savoir ce que vous devez ressentir, mais... Enfin... Vous devriez en parler avec... »

Elle n’acheva pas. Il était difficile de parler, car elle avait l’esprit embrouillé. Elle regarda l’heure. Trop tard. Bien trop tard pour parler. Elle secoua la tête, et poursuivit :

« Elle est au manoir... Et je dois aller en cours... Croyez-moi, c’est le mieux que vous ayez à faire... »

Des trois, Mélinda était sans doute la plus à même d’expliquer concrètement à Hitomi ce qui se passait dans la tête de Clara, et ce qu’elle avait vécu. Shii ne connaissait pas toute l’histoire, et, de toute manière, ce n’était sûrement pas à elle d’en parler. Elle aurait trop l’impression de trahir Clara et la promesse qu’elle lui avait faite.

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Re : Gravité [Yamagashi-sensei]

Réponse 11 dimanche 01 juillet 2012, 16:04:29

Sentir la lame froide sous ma gorge me fait frémir, seulement frémir. Elle ne me fait pas sursauter, pleurer ou fermer les yeux. Au contraire mes yeux sont grand ouverts et plantés dans ceux de Clara. Je la fixe, sans réfléchir, de me trancher la gorge immédiatement. Et je n'ai pas à réfléchir pour comprendre : ce serait tout simplement trop beau. La seule chose qu'il me reste, c'est la promesse que j'ai faite de ne plus jamais attenter à mes jours. J'ai méthodiquement bousillé tout le reste. Et soudain je sens la délivrance qui me caresse comme la plus douce des amantes. Je défie Clara du regard uniquement parce que je suis trop en colère pour la supplier.

Elle me hurle dessus, elle me crache au visage son mépris et ses menaces. je ne veux qu'un chose : qu'elle ferme sa gueule et qu'elle m'ouvre la gorge. Qu'elle nous fasse ce plaisir à toutes les deux. Je ne suis plus bonne à rien, je n'ai même pas le mérite d'être une épave. Je n'arrive même plus à me laisser couler. Alors qu'elle me plante ! De quelque manière que je m'y sois prise je n'ai jamais réussi à aider cette fille, je n'ai jamais réussi à lui montrer que je tenais à elle. Je n'ai fait que du mal à tout le monde. Depuis que j'ai naïvement cru que je pouvais m'améliorer je ne suis devenu qu'un poison. Alors qu'elle fasse ce qu'elle dit : qu'elle me crève. Je ne supporte plus d'arriver à supporter tout ça.

Mais elle ne le fait pas. Elle recule, puis elle se tire, comme tous les autres. Finalement j'ai réussi, j'ai fait fuir tout le monde. Pour ceux qui tiennent encore je ne suis plus qu'un poids, je leur pourri l'existence à chaque seconde qu'ils passent avec moi. Et je me pourris aussi, en m'acharnant à survivre comme si de rien n'était. Je souhaite à Shii de ne pas vraiment savoir ce que je ressens, et de ne jamais le savoir.

" Vous devriez en parler avec...
- Mélinda... "

Elle me lâche l'endroit où la trouver, et une vague excuse pour fuir à son tour. Je recule jusqu'au mur et laisse ma tête s'y poser. Seule, vide, triste, funeste. C'est tout ce que je suis, une malédiction ambulante. Je ne suis bonne qu'à blesser et à détruire, et depuis quelques temps je caresse l'idée d'accepter ça d'apprécier mon œuvre. Sombrer définitivement, devenir un spectre de mauvais augure et abandonner la morsure douloureuse de la conscience. Après tout pourquoi pas ? Pourquoi m'acharner à écouter ceux qui ne m'ont jamais écoutée ? Pourquoi essayé de rendre plus supportable un monde qui ne m'a fait que du mal ? Pourquoi ne pas me venger, puisqu'il me suffit de vivre pour blesser les autres ? Quelle dette ai-je encore envers ceux qui ne veulent pas me laisser payer ?

Je retourne dans les toilettes pour récupérer mes affaires. Mais je ne repars pas immédiatement. J'ouvre ma serviette de cours pour en sortir quelque chose. Ma petite poupée au sourire triste, dont je n'ai dit qu'à une seule personne ce qu'elle représentait. Un secret, que ma grand-mère a emporté dans la tombe. Ce petit jouet qu'on a fabriquée toutes les deux, ensemble, pendant la dernière journée qu'elle a passé sur Terre. Je l'ai caché à ma mère pendant plusieurs jours, je ne lui ai jamais raconté son histoire. Ce secret-là ne pouvait concerner personne, ni faire le moindre mal. Ma petite poupée qui semblait toujours désolée de mes malheurs et souriait pour me remonter le moral. Aujourd'hui j'ai l'impression qu'elle se fout de ma gueule.

" C'est pour ça que tu ne cries pas ?... Tu as peur que je prenne ta place ? "

Allez parler de ces choses-là, même à de vrais Irlandais ! Allez surtout leur dire que ça ne vous effraie pas, bien au contraire ! Je n'ai jamais vu cette histoire comme une malédiction, du moins pas avant de passer une semaine à errer dans les bois comme un fantôme, sur mon île de merde. Pas avant le silence. Est-ce que c'est de ça que je voulais me distraire ? J'ai écrit, j'ai couru, j'ai parlé, j'ai pleuré, je me suis gavée de musique et de films, j'ai réfléchi à m'en fondre le cerveau. Tout ça pour ne pas avoir à admettre qu'il y a un destin, et que je ne peux pas y échapper.

Parler à Mélinda ? Quel intérêt ? Au mieux on s'est amusée ensemble puis j'ai tout foutu en l'air. Elle ne s'est même pas... Mes yeux grand ouverts se croisent eux-même dans le miroir. Elle ne s'est même pas vengée, du moins pas sur moi. Et si elle voulait me blesser c'était bien la meilleure façon de s'y prendre. Hitomi, grosse conne ! Ils ont tous fait ça. Kyle, Mélinda, Gabriel, Liam : le peu qu'ils m'ont fait ne les a défoulé que le temps se prendre à d'autres, et pas forcément eux-mêmes. Et je suis la seule à voir le résultat, il me fixe à travers le miroir avec une colère que je n'arrive même pas à évaluer. Pourtant je la ressens, je ne ressens même que ça.

Soudain mon visage se ferme, je fourre ma poupée dans ma serviette, je récupère mon sac et je file. Je traverse le lycée à grand pas sans me soucier du peu de gens qui me saluent ou essaient de capter mon attention. Puis je pars en direction du manoir de Mélinda. Je marche en ruminant ma colère, en cherchant ce que je vais bien pouvoir lui dire. J'essaie d'imaginer quels mots je vais employer pour lui faire comprendre, cette fois. Je ne lui laisserai qu'une chance. De toutes façons elle n'a pas besoin de comprendre. Elle fera ce que je veux, je trouverai bien le moyen de l'y forcer. Si elle ne veut pas le faire pour moi, elle le fera contre moi.

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Re : Gravité [Yamagashi-sensei]

Réponse 12 lundi 02 juillet 2012, 21:41:20

Tandis que Shii allait tristement au cours de sport, et que Clara allait, tout aussi tristement, hors du lycée, Mélinda, elle, allait tristement essayer de tisser avec sa fille des liens. Pour le coup, Hitomi n’avait rien à voir là-dedans. Aujourd’hui, Mélinda n’irait, ni au lycée, ni dans son harem, car elle tenait à resserrer toujours un peu plus les liens avec Akira. Sa fille la détestait, et ce n’était pas très agréable pour Mélinda, qui aurait préféré qu’elle l’aime. Elle continuait à voir le don que Mélinda lui avait fait comme un poison, une sinistre malédiction qui lui gâchait la vie. La vampire savait qu’elle devait être patiente, elle savait que, tôt ou tard, Akira comprendrait qu’elle n’était pas maudite, loin de là. Malheureusement, Mélinda n’était guère une femme patiente. Elle se tenait donc dans son manoir quand une femme déboula. Seule, solitaire, mais avec dans les yeux cette détermination qui vous donnait l’impression qu’elle allait monter sur un ring et faire 10 matchs d’affilée sans sourciller. Elle était comme une armée allant assiéger le plus imprenable des forts : la forteresse Mélinda. Son manoir perdu dans les hauteurs des quartiers chics de la ville allait être l’occasion des règlements de compte et des non-dits.

Pour chevalier, il n’y avait qu’un seul homme. Un ancien flic retraité. Edgar Jennings. Il n’avait jamais aimé la retraite. On s’ennuyait, on passait son temps à regarder des inepties à la télé, des feuilletons débiles, et la solitude vous crevait tellement qu’on adoptait un chat, et qu’on finissait vieux et gâteux dans une maison de retraite. Non, le tableau n’enchantait guère Edgar, d’autant plus que sa retraite n’était pas énorme. Alors, quand on avait sonné à sa porte, et que des individus lui avaient proposé ce boulot, Edgar n’avait pas eu le cœur de dire non. Plusieurs raisons avaient justifié son choix. Pour commencer, le salaire, qui était, sans être mirobolant, suffisamment accueillant pour lui permettre de financer un plan d’épargne dans sa banque pour acheter une petite maison dans les montagnes (son plus grand désir). Ensuite, le fait d’avoir une activité professionnelle. Edgar n’était pas comme tous ces Occidentaux qui n’aimaient pas le travail. Élevé dans une tradition confucéenne, il voyait en le travail un accomplissement personnel et social, l’occasion, non seulement de servir à quelque chose à la société, mais aussi l’occasion de s’éduquer, et de ne pas sombrer dans la décadence morale. Tout en gardant soigneusement ses opinions pour lui, Edgar était secrètement plus ou moins convaincu que la plupart des problèmes que la jeunesse rencontrait actuellement venait de cette espèce de culture occidentale du plaisir et du laxisme, qui considérait le travail comme un fardeau, alors que ce dernier devait être salutaire. L’occasion de travailler avait ainsi conduit Edgar à prendre des douches, à s’habiller proprement, et à retrouver une certaine élégance que la retraite n’encourageait plus forcément. Enfin, la dernière raison qui avait conduit Edgar à rapidement accepter cette proposition avait été la possibilité de revoir tous les jours sa petite-fille : Kaori. Il savait que cette dernière était une travailleuse, et peu lui importait ses soirées, tant qu’elle continuait à lui montrer ses bonnes notes.

Edgar était donc un homme consciencieux, qui s’était entretenu avec la propriétaire des lieux, une espèce de gamine s’appelant Warren. Mélinda Warren. Il n’avait pas su trop quoi penser d’elle, si ce n’est qu’elle lui avait semblé très prétentieuse. Pas vraiment condescendante, mais elle avait dans son regard hypnotique une espèce de froide assurance. Une femme forte. En la voyant, Edgar s’était senti revigoré, presque honoré qu’une telle femme ait daigné poser son regard d’émeraude sur lui. Bien qu’il ait toujours aimé sa femme, et ce jusqu’à ce que la maladie l’emporte, en voyant cette femme, il s’était senti... Étrange. C’était une femme envoûtante.

Etouffant un bâillement, l’homme se contentait de lire le journal local. La une était, encore une fois, concentrée sur ce clown bariolé qui faisait hurler les jeunes femmes : Optimus Prime, ou quelque chose comme ça. Un bouffon échappé d’un cirque, pour Edgar. Contrairement à ce qu’on pouvait croire, les super-héros étaient très loin d’être populaires au sein de la police. Comment pouvait-on aimer des clowns habillés dans des pyajmas flashys qui faisaient passer la police pour des incompétents ? En l’occurrence, la une évoquait une grande manifestation organisée par le biais des réseaux sociaux, notamment Facebook, pour Optimus-machin.

« Grmmmblll... ‘Tualité de merde... » bougonna Edgar.

Il reposa le journal, et sortit de sa cabine en bâillant. L’endroit était calme. Le manoir était entouré d’arbres, et la route qui y montait dessinait une espèce d’arc, entourée d’arbres. Il suffisait juste de réduire la taille du manoir, et de l’excentrer un peu, et on avait le rêve d’Edgar. Dehors, l’homme avait sorti une tasse de café, et la buvait, évitant de tremper sa moustache. Avec sa légère moustache, il était l’archétype du grand-père sympathique, quoique parfois un peu bougon. Les filles du manoir l’aimaient bien. Et c’était réciproque.

Il fut donc assez surpris quand il vit une femme remonter la route, s’avançant nerveusement. Elle était seule. Très belle, mais... Il était un ancien flic, alors il avait toujours en lui ces vieux réflexes de policier. Lire la gestuelle des autres. Et, celle-là, vu comment elle avait marché, elle avait l’air... Déterminée, résolue, en pétard, mais également... Effrayé ? Hum... Edgar la regarda s’approcher. Il ne l’avait encore jamais vu, et il se demandait ce qu’elle faisait là. Elle était trop vieille pour être une lycéenne. Jennings s’approcha donc d’elle, après avoir reposé sa tasse, et tendit une main vers elle.

« C’est une propriété privée, Madame. Vous ne pouvez pas rentrer ici. »

Le ton était courtois et poli, mais ferme. Mélinda n’avait annoncé aucun visiteur aujourd'hui.

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Re : Gravité [Yamagashi-sensei]

Réponse 13 mardi 03 juillet 2012, 15:03:13

Je commence à me dire que lutter ne sert à rien, que je ne peux plus revenir en arrière. Gabriel aura été le seul à vraiment trouver comment me défendre, et il n'aura pas réussi. Kyle et Mélinda sont trop forts pour lui. Après tout le mal que je me suis fait à travers eux, je ne pourrais jamais guérir. Alors que je marche vers le manoir de Mélinda c'est de plus en plus clair. Je n'aime pas ce que je suis en train de devenir, ça me fait peur. D'un autre côté je n'ai qu'à me dire qu'il est déjà trop tard, et embrasser ce que je suis devenue. Ce n'est pas si horrible dans le fond, c'est même d'une normalité rassurante.

J'ai de la peine pour Gabriel, je me force à en avoir pour ne pas le trouver ridicule. Il est seul à m'avoir comprise assez pour réussir à m'aider, et il a vraiment fait beaucoup d'efforts. Au final il n'a pas réussi, pas comme il le fallait. Et s'il s'en rend compte il se le reprochera. Dommage pour lui, je ne serai plus là pour le rassurer, seulement pour l'accabler un peu plus par ma seule présence. J'ai changé. Je suis devenue trop blindée, trop forte, et trop pleine de colère. Je suis devenue ce que Mélinda a tenté de paraître avant de craquer sous mes yeux. Pire encore : je suis devenue un monstre. Et je ne suis même pas arrivée dans sa rue que cette idée me fait moins peur. Pourquoi aurais-je peur ? C'est dans la nature des choses : la souffrance forme les bourreaux. Je commence même à hésiter, à caresser des idées bien tentantes.

Je pourrais la laisser se démerder, au moins le temps de mettre en place ma vengeance. Je ne suis qu'une pauvre petite humaine, une professeur d'Anglais sans ambition destinée à crever, et peut-être vieillir entre temps. Alors pourquoi ne pas rentrer dans le moule, devenir aussi égoïste et méchante que les autres. De toutes façons je ne changerais pas le passé, comme je me suis habituée à la douleur je n'ai plus vraiment besoin d'aller contre. Si personne ne veut me faire payer le mal que j'ai fait sans le vouloir, rien ne m'empêche de devenir mauvaise. Je le suis déjà, dans ma tête, les idées se forment et elles m'excitent.

Je peux tous les faire payer. Les autres m'ont donné toutes les armes pour les abattre et à travers eux c'est le monde entier qui va prendre. On ne change pas le passé, tout ce que j'arriverai à leur faire sera irréparable. Ce sera acquis, parce que je vais le faire bien. Je vais commencer par Shii, par sa famille. J'ai été gentille et compréhensive assez longtemps, je saurai m'en servir pour faire revenir ses parents à elle. Surtout sa sœur si injustement privilégiée. Puis ensuite Clara. Si elle craint tellement la police il doit y avoir une raison. Et de Clara je passerai à Mélinda. Il y a une Akira dans sa vie, une nouveauté qui l'a détournée de la colère qu'elle me porte en une fraction de seconde. Et il y a une Akira qui a disparu récemment, une lycéenne. La police et sa famille cherchent encore une piste à cor et à cri.

Mais avant d'en venir là, j'aurais déjà abandonné Gabriel pour le punir de ne pas m'avoir sauvée de moi-même. Je serais revenue entre les bras de Kyle. Je mettrai toute la cruauté du monde à torturer amoureusement le cœur qu'il m'a confié. C'est peut-être la meilleure idée que j'ai eu, finalement ? Je pourrais devenir monstrueuse, et l'entraîner avec moi ? Après toutes les années qu'on a passées à se soucier des autres, chacun de notre côté et à notre façon, on mérite bien d'être ensemble ? La monde pleure déjà un protecteur dont il n'a pas pris assez soin. Le pauvre gars sous le costume n'aura eu droit qu'à moi pour combler sa vie, à celle que j'étais, que j'aimais, que je méprise maintenant. Et on est encore amoureux, non ? Alors le monde peut aller se faire voir.

Bien sûr tout ça ne ressemble pas à Hitomi Yamagashi. Non, la gentille sensei d'Anglais ne ferait jamais ça, elle ne le penserait même pas. Elle est trop sensible, trop compatissante. Trop faible. Ou du moins elle l'était avant qu'on la laisse s'enfermer dans son désespoir. Ils ne l'ont pas vue venir, ils se sont à peine défendus avant de fuir. Ils n'ont pas tenu pour elle, ils ne se sont pas battus et n'ont rien réclamé. Ils ne lui ont pas montré qu'ils l'aimaient et qu'ils avaient besoin d'elle. Il n'ont pas compris à quel point elle avait besoin d'eux. Ils se sont tu, ils ont menti, ils l'ont trahie. Alors la gentille sensei d'Anglais, sensible et compatissante, s'est sentie trop seule et abandonnée, elle s'est su trop faible. Mais elle a lutté jusqu'au bout, elle s'est débattue comme elle s'était jurée de le faire.

Puis elle a abandonné, elle s'est effacée. Je ne sais pas si c'est arrivé d'un coup, ou si ça a vraiment commencé quand j'ai rencontré Kyle. Peut-être que je me suis débattue toute ma vie ? Ça n'a plus d'importance. Ce qui est fait est fait. Mais je vais quand même aller voir Mélinda, lui montrer ce qu'elle a fait de moi, ou m'a laissée devenir. Lui faire regretter de ne pas m'avoir retenue de force ou tuée quand elle le pouvait encore, quand elle le devait. Ce qu'elle a perdu, comme Kyle, en se cachant derrière des mots creux avant de fuir. Ce qu'elle aurait évité en me disant simplement qu'elle m'aimait comme j'étais, au lieu de m'imposer de changer. Parce qu'elle ne m'a jamais laissé le choix, seulement du temps pour me résigner. Finalement j'ai changé, je peux bien lui montrer le résultat avant de lui faire affronter les conséquences.

" C’est une propriété privée, Madame. Vous ne pouvez pas rentrer ici. "

À peine arrivée devant la grille, ce vieux débris me tombe dessus. Bien sûr ce n'est pas à cause de son grand âge : des gens assez débiles pour qu'on doive leur expliquer ce qu'est une propriété privée, il y en a à la tonne. Mais c'est assez décevant, je m'attendais à tomber sur les même gorilles que la dernière fois. Pas sur un vieux sorti de sa retraite de misère. Finalement j'aurais dû accepter la proposition de Mélinda le soir-même. Je n'arriverai jamais à me venger sur assez de monde du fait que je vais finir comme ça.

Je ne vais quand même pas m'en prendre à un vieux, un inconnu. Non, je veux quand même rester fière de moi. Il faut m'avoir aimé pour mériter ma méchanceté. Donc avec cet homme, je me fais toute miel.

" J'ai bien peur qu'il me faille rentrer quand même. Je dois parler d'urgence à mademoiselle Warren. Cela concerne certaines de ses pensionnaires. Vous seriez vraiment un amour si vous lui disiez qu'Hitomi est là. Ça concerne Shii et Clara. "

Est-ce que je le fais ?... Mais pourquoi je me pose la question ?

" Et Akira aussi. "

Même si elle n'a rien à voir avec lycéenne disparue, ça devrait suffire à la faire sortir de son trou... Je crois qu'au fond de moi, la gentille sensei espère encore se faire remettre à sa place. Mais je doute qu'il soit encore temps.

Mélinda Warren

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Re : Gravité [Yamagashi-sensei]

Réponse 14 mardi 03 juillet 2012, 22:17:44

« J'ai bien peur qu'il me faille rentrer quand même. Je dois parler d'urgence à mademoiselle Warren. Cela concerne certaines de ses pensionnaires. Vous seriez vraiment un amour si vous lui disiez qu'Hitomi est là. Ça concerne Shii et Clara. »

Edgar le comprit instantanément. L’instinct. Le meilleur ami de tout flic. Il le sentit dans ce regard trop insistant, dans ce ton un peu trop doucereux. Il ne savait pas qui était cette femme, mais elle apportait des emmerdes. Edgar fut tenté de lui dire de partir. Ses instructions étaient claires, et il tenait bien trop à ce métier pour ne pas les respecter. On n’accepte personne qui n’est pas invitée, ou qui ne figure pas sur la liste des personnes admises. Généralement des copines. Et, même dans ce cas de figure, il fallait tout de même l’autorisation, soit de Mélinda, soit des responsables, en son absence. On ne rentrait pas comme dans un moulin.

« Et Akira aussi »  ajouta la fameuse Hitomi.

Une grande sœur, peut-être ? Elle avait l’air un peu trop canon pour être une senseï, même si la serviette et la tenue semblaient aller en ce sens. Edgar fit la moue, et haussa les épaules.

« Veuillez attendre, s’il-vous-plaît. »

Edgar rentra dans sa cabine, et ouvrit un classeur comprenant une liste de noms. La fameuse liste. Il alla chercher à « H », mais ne vit aucune « Hitomi ». Comme il s’y attendait. A partir de là, Edgar serait dans son bon droit en lui disant de partir, mais, d’un autre côté, elle avait cité trois des filles du manoir, même si Edgar ne connaissait pas Akira. Et avait précisé une « urgence ». S’il la rejetait sans même en avoir parlé avec sa patronne, et si c’était effectivement important, il serait bon pour retourner regarder des feuilletons débiles l’après-midi.

Edgar se releva donc, et attrapa un téléphone mural. Il appuya sur une touche, et attendit qu’on réponde. De l’autre côté du fil, Mélinda mettait à mal les défenses de sa rancunière fille à l’aide d’un long câlin quand son portable sonna. Pestant, la vampire le récupéra, traînant sur une table, s’extirpant du lit où Akira affichait un léger sourire. Elle vit l’expéditeur : « PORTAIL ». Grognant, Mélinda prit l’appel.

« Qu’y a-t-il, Edgar ?
 -  Une femme demande à s’entretenir avec vous.
 -  Je croyais vous avoir déjà...
 -  Elle s’appelle Hitomi, et dit être venue pour vous parler d’urgence de... Clara, Shii, et Akira. »

Diable... Ça faisait beaucoup en une seule phrase, même pour Mélinda ! Hitomi qui refaisait surface... Super ! Mélinda en avait bien besoin, tiens, avec sa fille qui pétait les plombs en refusant de sortir. Il avait fallu que Shii l’ouvre hier... Elle avait mentionné Akira, et Hitomi était bien trop intelligente pour ne pas avoir vu qu’il y avait là une faille à exploiter.

*Tu me jettes, tu te foires comme une merde, et tu reviens me faire chier, Hitomi ? Tu crois que je n’ai que ça à faire d’assumer tes petits caprices ?*

D’un autre côté... Mélinda appréciait toujours Hitomi, et, dans une certaine mesure, elle s’estimait en grande partie responsable de leur détérioration. Elle avait été bien trop coulante avec cette femme. Refuser de la voir, ce serait être lâche, ce serait admettre qu’une simple humaine pouvait la malmener. La malmener, elle, une vampire ! Autant dire qu’un humain avait peur du regard accusateur d’un chat, dans ce cas.

« Madame ? » tenta de s’enquérir Edgar, visiblement inquiet de ce silence prolongé.

Mélinda se mordilla les lèvres. Hitomi avait du faire des recherches. La presse parlait souvent d’Akira. Une belle petite lycéenne qui disparaissait du jour au lendemain, il y avait de quoi énerver les gens. Certains dressaient déjà le parallèle avec d’autres disparitions similaires, comme le cas Konoe, un mystère jamais résolu. Hitomi avait potentiellement les moyens de venir compliquer la vie déjà fort troublée de Mélinda.

*Autant éviter d’avoir une nouvelle ennemie... Je m’en voudrais d’envoyer cette petite dans les convois du Rayon.*

Elle se releva alors.

« Faites-là entrer. Je l’attendrais dans mon bureau. Elle connaît le chemin. »

Elle raccrocha, et se retourna vers Akira, en soupirant lentement. Le passé avait une fâcheuse tendance à revenir constamment se rappeler à elle. Pour elle qui était une femme tournée vers l’avenir, c’était problématique.

Les grilles du manoir s’ouvrirent alors, et Edgar sortit de la cage.

« Elle vous attend dans son bureau. Elle dit que vous connaissez le chemin, donc je ne vous accompagnerai pas. »

Mélinda, effectivement, se tenait dans son bureau. Il suffisait de monter au deuxième étage par les caliers centraux, et d’ouvrir la porte au fond du premier couloir qui apparaissait. Le bureau avait une fenêtre qui donnait sur le jardin et sur la forêt. Mélinda se tenait assise sur un fauteuil en cuir, seule, quand Hitomi arriva. Mélinda attaqua d’emblée :

« Quel bon vent amène ta présence en ces lieux, Hitomi ? » lâcha-t-elle, sur un ton qu’elle voulait décontracté.

Il ne fallait surtout pas lui montrer qu’elle éprouvait encore quelque chose pour elle ; sa fierté ne l’aurait jamais admis !

DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

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