Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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" Tu en créves, et vite " ( Pv )

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Amy Beckett

Humain(e)

" Tu en créves, et vite " ( Pv )

samedi 16 juin 2012, 14:51:56


Dans un soubresaut, Amy se retourna dans son lit. La pièce était plongée dans une parfaite obscurité, comme si la lune elle-même avait daigné s'inviter dans la chambre de l'avocate . À tâtons, la jeune femme chercha son mobile. L'heure. 18h27. Un soupir, et elle s'enfonça davantage dans les couvertures.

Elle était revenue de France le matin même. Une échappée très belle, qui lui avait permis de parfaire son français. Et ses goûts en vin, par la même occasion. Amy cultivait un certain raffinement qui l'obligeait à fréquenter les lieux les plus en vues. Paris en faisait, bien évidemment, partie. Aussi s'était-elle offerte, après une affaire brodée d'or et de magouilles, ce voyage de deux semaines. Grâce à cela, elle s'était souvenue de pourquoi elle aimait tant cette contrée. Écumant les boutiques de haute-couture pour s'offrir des tenues toujours plus élégantes, se ruinant presque dans de fabuleuses caves à vins, et dégustant la gastronomie française sans jamais s'en lasser, Amy avait bien profité de ce tendre pays.

C'est de revenir au Japon qui l'avait épuisé. Retrouver toutes ces affaires, tout ce mauvais vin, toutes ces choses qui ne lui manquait guère lui avait coupé l'appétit, et avait fait redescendre d'un cran son sourire rêveur. Au point qu'elle avait ingurgitée deux antidouleurs pour s'endormir comme une masse, après avoir vu l'espace autour d'elle trouble pendant quelques minutes, ayant la sensation que le cosmos l'avalait toute crue tandis que les étoiles lui picoraient le corps. L'avocate adorait les effets secondaires, en général. Ils étaient toujours surprenants. Loin d'être une de ces junkies qu'elle méprisait sans s'en cacher, la jeune femme se plaisait, parfois, à prendre quelques médicaments susceptibles de la faire planer. Certains diront que c'est pire que tout, mais elle, elle s'en calait pas mal. Des leçons, elle n'avait à en recevoir de personne. Bref, elle venait de se réveiller après un lourd sommeil de huit heures, durant lequel elle n'avait pas rêvé. Son esprit s'était offert une nuit sans songes, comme pour se reposer lui aussi. Il y avait bien droit. Dés que tout recommencerait, elle savait pertinemment qu'elle n'aurait plus aucune minute à elle.

Un nouveau grognement, et Amy appuya sur l'interrupteur, laissant une lumière tamisée lécher les murs, tandis qu'une douce musique enflait dans l'air. Elle chassa bien vite un sentiment nauséeux qui la prenait d'assaut, pour s'appuyer contre le mur, encore emmitouflée dans sa couette. Et elle s'alluma une cigarette. La saveur piquante du tabac la fit grimacer, tandis qu'elle sommait, via une sonnette, une de ses domestiques de venir. Depuis son retour, l'avocate vivait dans la demeure familiale des Beckett, avec ses parents, ses cousins et quelques amis proches de celle qu'elle nommait ironiquement « sa tribu ». Les Beckett étaient des gens aussi dangereux qu'influents. Et leur fortune, bâtie sur des années de magouilles et d'expériences politiques plutôt bien réussie, n'était pas à remettre en question. Dans cette demeure aux allures de Maison Blanche du crime, Amy avait conservée sa chambre d'adolescente. Celle dans laquelle, actuellement, elle fumait, tout en comptant le nombre de valises et de sacs qui jonchaient le sol de sa chambre. Se déplacer en jet privé avait ses avantages. D'une main, elle ouvrit sa serviette, posée sur le bord de son lit, pour en extraire de la paperasse. Désormais, le japonais lui abîmait les yeux. Elle grimaça, et posa le dossier «  Voile de la Nuit » à côté d'elle, sur ce lit deux places bien confortable.

La domestiques déboula silencieusement, un plateau dans les mains.

- John (un des cousins d'Amy) a pensé que vous auriez faim. Et, suite à la conversation que vous avez eu sur le chemin du retour, il m'a demandé de vous donner cela.

La trentenaire européenne aux visage rond qui servait de domestique aux Beckett depuis leur arrivée au Japon tendit à Amy une enveloppe, qu'elle s'empressa d'ouvrir.

- Je vous remercie, Marthe. Ce sera tout.

Dés qu'elle quitta la pièce, l'avocate extirpa de l'enveloppe une carte de visite, et un mot griffonné par son frère.

«  Tu disais qu'il n'y avait pas de bon vin au Japon, hier, pendant le vol … Et j'ai envie de te faire mentir. Rendez-vous à 19h30 là-bas. »

La carte de visite, aussi soignée de mystérieuse, dévoilait une adresse. La jeune femme laissa un sourire amusé éclore sur ses lèvres roses, et s'extirpa immédiatement de son lit. Le temps de se doucher, d'enfiler une tenue digne de ce nom – un élégant tailleur YSL et une paire de talons noirs vernis – et elle rejoignit sa voiture, une berline noire qui semblait inaccessible à la moindre trace de saleté ou d'usure. Elle indiqua à son chauffeur le lieu du rendez-vous, tout en ajustant sa tenue. Le décalage horaire semblait s'afficher sur son visage, aussi prit-elle soin de se remaquiller pour s'offrir une figure humaine. Un rouge à lèvres pimpant, du font de teint pour masquer deux légères cernes qu'elle jugeait aussi grosses que ses joues, et elle se sentit bien mieux. Après dix minutes de route, elle sortit enfin du véhicule, se tenant face à ce lieu aux allures de club privé. Sa tenue, dont le prix ferait rougir n'importe qui de bien portant, et son nom lui permirent d'entrer sans souci dans le lieu, appréciant l'endroit. C'était bien tenu, élégant, aux allures d'un bar chic des années Charleston. Il y avait une cave, où dormaient paisiblement des bouteilles de vins – dont la plupart venait de France – et on  proposait même des cigares. Qu'Amy refusa poliment. La première fois qu'elle avait fumée un cigare, elle avait cru décéder. Si elle recommençait, aucun doute que ses poumons ne le lui pardonnerait jamais.

Un rapide coup d’œil à sa montre lui indiqua qu'il était 19h50, et que John n'était pas là. Dans le lieu, elle discernait quelques silhouettes silencieuses. Un instant, elle songea à un guet-apens, et sa main vint se plaquer, comme par réflexe, contre sa taille. Un Beretta 9 mm s'y reposait, près à servir. Elle avait reçu ce pistolet, et un autre Beretta silencieux pour ses 20 ans. Après un lent soupir, Amy se posa à une table, s'enfonçant dans un fauteuil très confortable, attendant qu'on lui offre la carte des vins. John ne viendrait pas. Elle en avait l'habitude, désormais. L'avocate tritura le nœud autour de son col, avant de pousser un nouveau soupir, mais relativement discret cette fois. Son cousin passait son temps à l'inviter à des rendez-vous auxquels il ne venait pas, lui assurant qu'elle y ferait une rencontre du destin. Ce à quoi elle ne croyait guère. Et puis, elle devait discuter avec John de cette organisation, ce Voile de la Nuit sur lequel elle enquêtait. Lui seul était au courant. La musique qu'elle avait entendu, dans sa chambre, plus tôt, lui trottait dans la tête.

- "La vie c'est comme une overdose
Tu prends tout tout de suite
Tu en crèves et vite ♫ "

Chantonna t'elle, tout en s'installant mieux dans son fauteuil, à l'instant même où un homme lui offrait la carte des vins, avec un sourire simple qu'elle apprécia.
« Modifié: samedi 16 juin 2012, 18:11:25 par Amy Beckett »
A M Y



Aucune règle n'existe, les exemples ne viennent qu'au secours des règles en peine d'exister.


( André Breton )


Great White

Re : " Tu en créves, et vite " ( Pv )

Réponse 1 lundi 18 juin 2012, 12:48:01

- C'est terminé, monsieur. Non, il ne s'est pas montré bavard. H-hm. Bien sûr.

Les longs doigts fins parcouraient l'agenda à la couverture de cuir tandis qu'en bruit de fond, les gouttes épaisses qui s'écrasaient mollement sur le carrelage de la salle de bain rythmaient presque la conversation téléphonique. L'index s'arrêta à la page du jour, qui comportait simplement une adresse ainsi qu'un prénom rapidement griffonné à côté de l'heure. "Amy". Tapotant le papier, deux doigts repartirent aux feuillets précédents pour trouver un petit trieur contenant diverses cartes de visite. Coinçant son cellulaire entre son oreille et son épaule, le Grand Blanc parcouru plus rapidement les petits cartons aux entêtes diverses avant de s'arrêter sur celui qu'il cherchait. Une fois encore, le prénom se présentait à ses yeux, accompagné cette fois de la mention d'un cabinet d'avocats et d'un nom qu'il connaissait un peu pour sa réputation. En coin, ses lèvres daignèrent s'étirer d'un sourire quelque peu sinistre tandis qu'il se saisissait d'un stylo posé non loin pour griffonner l'adresse annotée comme ordre du jour.

- Il en savait peu, je pense. Croyez moi, il n'aurait pas réussi à me cacher ce que je voulais lui soutirer. Un associé, possiblement. H-hm. Non, je ne rentre pas encore. Une demoiselle à rencontrer, monsieur. Hm. Evidemment. Bonne soirée, monsieur.

Le bruit sec du clapet qui se refermait pour clore la discussion résonna un instant dans le silence de l'appartement qui n'était toujours brisé que par l'écoulement qui ponctuait inlassablement la scène. Le prédateur se retourna après avoir fourré son téléphone dans la poche de sa veste qu'il referma d'un bouton dans le même temps, ses yeux froids contemplant le corps qui gisait dans la baignoire. Une main ensanglantée pendait mollement à l'extérieur et le sang qui s'en écoulait avait fini par dessiner au sol des arabesques changeantes qui se mouvaient au gré des gouttes qui rejoignaient l'éphémère toile de maître. John n'irait pas à son rendez vous, mais le Grand Blanc savait qu'Amy le lui pardonnerait, en vérité. On pardonne tout à un homme dont on a extrait un à un les organes, après tout.
Le commanditaire de la traque avait été Monsieur Aurea, qui avait eu vent de la curiosité un peu trop insistante de la proie. Shin avait été envoyé en guise d'avertissement à caractère définitif, chargé dans le même temps de prendre connaissance des informations qui avaient pût filtrer de çi - de là. John n'avait pas étanché la soif de réponses du tueur qui l'avait conscienceusement éventré puis vidé tout en veillant à le garder en vie le plus longtemps possible, mais il avait eu le mérite de faire taire pour un moment sa soif de sang.
John avait un certainement un associé et c'était le prénom d'Amy qui était arrivé entre deux râles d'horreur. Cette Amy qu'il n'avait pas pû identifier plus clairement avant de succomber à ses meutrissures était probablement son rendez-vous du jour et Shin avait décidé de parier là-dessus tandis qu'il vérifiait le port de son élégant costume avant de sortir tranquillement de l'appartement, un petit paquet à la main.

Le Grand Blanc connaissait Beckett pour sa réputation au barreau. Elle n'était pas simple proie, elle était elle aussi un prédateur qui jouait dans un domaine différent de la chasse. Elle était arachnide, tendant ses toiles pour mieux emprisonner ses proies. Pour les piéger, les dévorer lentement. Elle était donc tout à fait indiquée pour lui et si l'homme s'était abstenu d'en parler, c'était parce qu'il refusait qu'un autre vienne prétendre à la compagnie de l'Araignée. Déranger un carnassier en pleine parade nuptiale n'aurait pas été une idée lumineuse.
Grimpant dans sa Mercedès, il fila tranquillement vers le Club. Le tueur serait en retard, oui. Mais il saurait se faire pardonner.

Ce fût sans mal qu'il fût autorisé à entrer. Son allure et son regard ouvraient bien des portes, quand ce n'était pas la mention de quelques anciens commanditaires qui avaient contribué à ce qu'il se fasse un nom. Avant de pénétrer dans les salons, Shin vérifia son impeccable noeud de cravate ainsi que ses boutons de manchettes. La présentation comptait toujours la première fois et il accordait à sa proie d'être une femme de goût. Il aurait été bien impoli que de songer à la décevoir sur une mauvaise mise, mais le Grand Blanc présentait toujours superbement dans son costume italien taillé au plus juste. Une fois rassuré quant à son apparence, le japonais attrapa un des maîtres d'hôtel et lui glissa quelques mots avant de lui remettre le paquet qu'il avait emporté depuis la tanière de sa proie. L'hôtelier se contenta d'acquièser avant de disparaître dans les coulisses, laissant Shin entamer sa nage dans les nouvelles eaux.

Comme si elle était une goutte de sang parfumant le sel de la mer, Amy l'attira tout de suite et son sourire revint, aussi sinistre que discret. Il s'accorda le temps de la détailler, d'apprécier son sens du style et cette aura si particulière qu'elle dégageait. Sentit elle le regard malsain du Requin se darder sur elle tandis que ses yeux détaillaient la carte ? Shin se posa à peine la question tandis qu'il approchait d'elle, se penchant finalement à une distance raisonnable.

- Petrus 75. Il accompagne magnifiquement la viande rouge et ses légers retours de fruits rouges sont un ravissement lorsqu'il est dégusté seul.  Mais comme je vous invite à ma table, vous n'aurez pas à boire sans accompagnement.

Le Petrus était hors de prix, valant très facilement une paie relativement confortable. Mais ici, qu'importait ? Leurs vêtements respectifs auraient eu de quoi rembourser les dettes d'une famille moyenne. Superbe acteur, Shin s'était paré d'un sourire qui aurait pû passer pour sincère si son regard ne conservait pas cette absence, ce détachement animal. Après tout, le requin ne changeait pas d'expression en face de la viande et se contentait de l'avaler. Après l'avoir goûtée.
Sa main aux doigts graciles se présenta à Amy.

- Shin Kawada. J'espère que vous saurez me pardonner cette approche, mais je ne voulais pas dîner seul et vous êtes ici la personne la plus à même de me tenir compagnie. Ne soyez pas cruelle et acceptez, voulez vous ?

Yeux dans les yeux, les chasseurs s'apprêtaient à se traquer et déjà autour d'eux, le monde n'existait plus. La seule question qui incombait alors que le Grand Blanc entamait sa ronde autour de l'araignée était la suivante : qui, finalement, chasserait qui ?

Amy Beckett

Humain(e)

Re : " Tu en créves, et vite " ( Pv )

Réponse 2 lundi 18 juin 2012, 17:51:54


Amy ne sursauta pas. Son regard se contenta de se lever vers cet inconnu, tandis que le reste de son corps ne souffrait d'aucun geste. Elle était légèrement voûtée, appuyée sur ses coudes, la carte coincée entre les doigts. A l'instant même où il lui avait parlé, il avait brisé ses pensées. Pensées qui tournaient autour d'une cigarette qu'elle rêvait de fumer, là, immédiatement, pour faire passer le temps, qui était si long et si lourd qu'il semblait lui tirer les cheveux. Une de ces menthol dont la fumée immole la gorge, alors que la menthe glace la langue. Ce contraste faisait d'ailleurs de chacune de ses cigarettes un moment délicieux. Mais, là, dans l'instant, l'idée de troquer une maigre clope contre une délicieuse bouteille de vin lui plaisait grandement. Elle reposa la carte avec précaution, ne détournant pas le regard. L'avocate avait cette fichue manie de regarder longuement les gens dans les yeux, sans jamais les baisser. Elle scrutait, analysait, diagnostiquait chaque être vivant qui remuait autour d'elle, palpant presque ses palpitations. Autant vous dire que quand deux lames de rasoirs lui tranche les pupilles, l'honnête homme détourne le regard. Cependant, l'homme qui se tenait au bout de cette main tendue ne semblait pas ignorer le regard de cette jeune fille si bien vêtue, qui puait le luxe à des kilomètres à la ronde. Amy le jugea homme de goût. Et elle s'appuya légèrement sur sa main pour quitter sa place, l'arme frottant à nouveau contre sa taille. L'avocate fut surprise de constater que les mains de cet inconnu étaient bien plus grandes que les siennes.

Un geste gracile, et elle se retrouva face à lui, admettant silencieusement qu'il la dépassait de plus d'une tête. Dieu qu'elle était petite … Parfois, elle haïssait ce trait de son physique. Mais elle devait bien admettre que l'on se méfie peu d'une femme qui mesure la même taille qu'une adolescente, surtout quand celle-ci arbore une tenue coûteuse et un parfum qui valait bien quelques mois de loyers à une étudiante parisienne. La comparaison fit sourire sa conscience. Elle aurait presque une allure de petite fille gâtée. Amy lui rendit un sourire poli, même si elle était gênée. Elle ne l'avait pas sentie arriver, n'avait aucunement deviné sa présence. Et cela l'agaçait.

- Je ne saurais me montrer cruelle, Mr Kawada
, dit-elle finalement, tout sourire.

Ce sourire qui planait sur son visage était empli de chaleur et de gentillesse. Un sourire de femme ravie, séduite. Un leurre. Amy se méfiait de tout le monde, même si elle ne laissait jamais cela se deviner sur ses traits. Dissimuler ses émotions à la perfection était le résultat de longues années de théâtre, et surtout de pratique. C'était même une règle d'or de son « clan », John le lui répétait suffisamment. Oh, ce John … Tant pis, elle ne comptait pas l'attendre. Elle serait d'ailleurs plutôt ravie qu'il débarque, la surprenant attablée avec un homme élégant. Si cela devait arriver, elle ne manquerait pas de lui adresser une grimace enfantine et revancharde.

Le nom du vin qu'il avait choisit le revint en tête, et elle n'en fut que plus séduite. Il avait de bon goût en vin, un costume sur-mesure, un sourire plaisant. Un peu plus, et Amy se serait laissée aller au jeu de la séduction … Mais ce regard qu'il avait planté dans le sien n'était pas celui d'un riche héritier fréquentant les bons endroits et dégustant les bons vins. Elle aurait pu y voir son propre regard s'y refléter.

Amy le suivit jusqu'à sa table, ne faisant aucun faux-pas malgré les talons qu'elle s'échinait à porter, où elle s'installa sans ajouter aucun autre mot. La parcimonie, que ce soit dans les mots ou dans les actes, était presque une directive, tandis qu'en faire trop ou se murait dans un mutisme était une grave erreur. L'élégance impliquait de la justesse. Elle n'était pas une vulgaire femme du peuple, mais une Beckett au sang bouillonnant. D'une main, elle tâta sa coiffure, vérifiant que celle-ci ne flanchait pas. Un geste de coquetterie dont elle usait facilement afin de se faire passer pour jeune ingénue. Habituellement, cela marchait plutôt bien. C'est alors qu'elle s'installait plus confortablement sur sa chaise, restant aussi droite qu'une reine reste digne, qu'elle parla à nouveau.

- Il est regrettable de dîner seul dans un tel endroit, n'est ce pas ?

Elle avait lancée ces mots en rigolant doucement, cette remarque la visant autant que lui. Après tout, cela faisait plus d'une demi-heure que l'attente lui rongeait l'esprit. Mais elle ne s'inquiétait guère pour John, s'imaginant déjà lui raconter que, pour une fois, il avait presque eu raison de l'abandonner ainsi. J'ai bien dit « presque ». Un instant, son regard vint se poser dans le sien, non pas à la manière d'une jeune femme qui joue aux jeux de l'amour, mais plutôt à la manière d'un prédateur qui veille, intraitable, implacable. Au fin-fond des pupilles d'Amy, on ne pouvait décidément lire aucune douceur, aucune naïveté. Plutôt une lueur glaciale et incisive.
A M Y



Aucune règle n'existe, les exemples ne viennent qu'au secours des règles en peine d'exister.


( André Breton )



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